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c EDP Sciences, 2011 M atériaux
DOI: 10.1051/mattech/2011110
www.mattech-journal.org
&Techniques
Key words: Abstract – A novel self-healing concrete thanks to bacteria incorporation. Increased
Concrete; cracks; self-healing; permeability due to micro crack networking may substantially reduce the durability of
bacteria concrete structures due to risk of ingress of aggressive substances particularly in moist
environments. In order to increase the often observed autogenous crack-healing potential
of concrete, specific healing agents can be incorporated in the concrete matrix. The aim
of this work was to study the crack-healing capacity and functionality of a specific and
novel two-component bio-chemical self-healing agent. The self-healing agent consisting
of bacterial spores and calcium lactate is embedded in porous expanded clay particles
which act as reservoir particles and replace part of regular concrete aggregates. Upon
crack formation bacterially mediated calcium carbonate formation results in physical
closure of micro cracks. Experimental results showed that the crack healing potential and
functionality were significantly improved by the incorporation of the self-healing agent
in the matrix. Hence, 82% of cracks were totally healed in bacteria-based specimen, while
the crack-healing decreased to 61% in control specimen. Moreover, oxygen consumption
measurements confirm that bacteria are still active 9 months after the specimens casting.
Reçu le 11 juillet 2011 We therefore conclude that this novel bio-chemical self-healing agent shows potential for
accepté le 11 juillet 2011 particularly increasing durability aspects of concrete constructions in wet environments.
a fissuration du béton, phénomène agressifs dissous dans l’eau, tels que les
Tableau 1. Proportions utilisées pour la prépa- dans un sceau en plastique. Chaque se-
ration des éprouvettes en mortier.
maine, les éprouvettes sont retirées de l’eau
Table 1. Mixing proportions of mortar specimens. et les observations au stéréomicroscope
Composition Masse (g) (Leica MZ6) sont effectuées. Les images (ré-
Ciment (CEM I) 384 solution 2592 × 1944) sont acquises avec une
Eau 192 caméra Leica DFC 420 et sont exportées sous
Granulats fins (0,125–1 mm) 929 format TIFF. Les largeurs de fissures sont en-
Billes argile expansée (1–4 mm) 292 suite mesurées à l’aide du logiciel Image J.
Nous suivons sur chaque éprouvette la ci-
catrisation de 5 fissures (soit une longueur
fois sous vide avec une solution de lactate
totale de 53 mm).
de calcium (80 g L−1 ) et d’extrait de levure
(1 g L−1 ). Cette étape est suivie de l’impré-
gnation finale avec la suspension de spores 1.4 Mesures de la consommation
bactériennes. Après chaque imprégnation, en oxygène
les billes d’argile expansée ont été séchées
5 jours à 37 ◦ C. L’agent cicatrisant ainsi ob- La conversion métabolique du lactate de cal-
tenu contient 6 % en masse de lactate de cal- cium par les bactéries consomme de l’oxy-
cium et 1,7 × 105 spores × g−1 bille. gène. Un microcapteur optique à oxygène
(micro-optode) a été utilisé pour quantifier
la consommation en oxygène par les éprou-
1.2 Préparation des éprouvettes
vettes de mortier (avec ou sans bactéries). La
concentration en oxygène est mesurée dans
Les éprouvettes de mortier, de dimension
la colonne d’eau au dessus de la surface de
4 × 4 × 16 cm, sont préparées avec du
l’échantillon, et la consommation détermi-
ciment Portland ordinaire (CEM I 42,5N,
née par le gradient de concentration en oxy-
ENCI, Pays-Bas), du sable, et les billes d’ar-
gène dans la couche limite de diffusion selon
gile expansée imprégnées (éprouvette avec
la 1ère loi de diffusion de Fick :
bactéries) ou non (éprouvette témoin). Les
proportions utilisées sont présentées dans le dC(z)
tableau 1. J = −DO2 (1)
dz
Chaque éprouvette comporte une tige en
acier zingué (4 mm de diamètre, 26 cm de avec DO2 = coefficient de diffusion de O2
long) le long de son axe central horizontal, dans l’eau, C(z) = concentration en O2 à la
5 cm de tige dépassant de part et d’autre de profondeur z.
l’éprouvette. Les éprouvettes sont démou- Nous utilisons un micro-capteur de type
lées après 24 h et emballées hermétiquement Oxy50M (Pyro-Science, Allemagne) permet-
dans un film plastique (pour éviter l’éva- tant une mesure de 0 à 700 µM d’O2 . Les
poration de l’eau), et conservées à tempéra- profils sont acquis de 5 mm au dessus, jus-
ture ambiante 56 jours. Après la période de qu’à la surface de l’échantillon, avec un pas
conservation, la tige en acier est étirée grâce à vertical de 20 µm. Les mesures sont effec-
l’application d’une force de traction contrô- tuées sur 10 éprouvettes de mortier avec ou
lée par ordinateur, provoquant ainsi la for- sans bactéries (conservées 9 mois dans l’eau)
mation de multiples fissures sur les éprou- et fraîchement fracturées.
vettes (12 à 14 fissures par éprouvette). La
largeur des fissures est comprise entre 0,05
et 1 mm. 2 Résultats
100
Fraction totalement cicatrisee (%)
80
60
40
20
0
0 20 40 60 80 100
Temps de cicatrisation (jours)
il n’apparait pas très judicieux de classer et Tout d’abord, les éprouvettes avec ou
comparer les fissures entre elles par leur lar- sans bactéries présentent un comportement
geur moyenne. Nous avons donc mesuré, similaire à la cicatrisation des fissures de
pour chaque fissure, la largeur à intervalle l < 0,18 mm. Il s’agit ici de la cicatrisation
régulier, tous les 0,4 mm, chaque semaine les autogène de la matrice, et pour ce groupe
mesures étant prises exactement au même de fissures aucun effet des bactéries sur la
endroit. Le taux de cicatrisation est alors dé- cicatrisation des fissures n’est observé.
terminé selon l’équation (2) : En revanche, ces observations changent
pour les fissures plus larges, l > 0,18 mm.
li − lt
%cicatrisation = × 100 (2) Dans un premier temps, nous ne constatons
li pas de différence pendant les 20 premiers
avec li : largeur initiale, lt : largeur mesurée jours de cicatrisation entre les éprouvettes té-
au temps t. moin ou avec bactéries. De plus, les observa-
Nous avons réalisé 150 mesures au total tions directes au stéréomicroscope montrent
par éprouvette ; ce qui correspond au suivi la formation d’un précipité blanc à la sur-
de la cicatrisation de 5 fissures distinctes sur face des fissures. Ce précipité bouche com-
chacune d’elles. plètement les fissures les plus fines (largeur
Wiktor et Jonkers [28] ont montré que, l < 0,07 mm) [28].
dans des conditions opératoires similaires, Cependant, après 40 jours d’immersion
la cicatrisation autogène des éprouvettes de dans l’eau, la cicatrisation des fissures dif-
mortier est limitée aux fissures n’excédant fère très nettement entre les deux types
pas 0,18 mm de largeur. La figure 1 repré- d’éprouvettes (Figs. 1 et 2). En effet, l’éprou-
sente la fraction totalement cicatrisée (me- vette témoin ne présente qu’une faible quan-
sure = 100 % de cicatrisation) en fonction tité de précipité nouvellement formé. Cette
du temps pour deux groupe de fissures : dernière demeure ensuite constante jus-
l < 0,18 mm et l > 0,18 mm. qu’à 100 jours, et certaines fissures restent
568
V. Wiktor et H.M. Jonkers : Matériaux & Techniques 99, 565–571 (2011)
Fig. 2. Observation au stéréomicroscope de la cicatrisation des fissures : (a) éprouvette témoin avant
cicatrisation et (b) après 100 jours de cicatrisation, (c) éprouvette avec bactéries avant cicatrisation
et (d) après 100 jours de cicatrisation.
Fig. 2. Stereomicroscope images of crack-healing process in control mortar specimen (a) before and (b) after 100
days healing, in bio-chemical agent-based specimen (c) before and (d) after 100 days healing.
largement ouvertes. En revanche, pour sable a une distribution plus étendue pour
l’éprouvette avec bactéries, une précipita- le témoin [0,18–0,92 mm] que l’éprouvette
tion continue et massive est constatée après avec bactéries [0,48–0,84 mm]. De plus, l’ef-
40 et 70 jours d’immersion. Au-delà, la for- fet bénéfique de l’activité bactérienne sur la
mation du précipité semble se stabiliser capacité de cicatrisation des éprouvettes est
(Figs. 1 et 2). observable sur ces figures (Figs. 3a et 3c).
Nous constatons un effet notable de l’ac- Ainsi, 82 % des fissures sont totalement ci-
tivité des bactéries sur la capacité de cicatri- catrisés lorsque les bactéries sont présentes
sation des éprouvettes. Ainsi, 70 % des fis- contre 61 % seulement pour le témoin.
sures l > 0,18 mm sont totalement cicatrisées Nous observons également que, pour la
pour l’éprouvette avec bactéries, alors que ce fraction partiellement cicatrisable, le déca-
taux est seulement de 35 % pour l’éprouvette lage entre la distribution de largeur de fis-
témoin. sure avant (Fig. 3b, barres non pleines) et
Nous notons également qu’une période après 100 jours de cicatrisation (Fig. 3b,
d’une vingtaine de jours environ, après l’im- barres pleines) est environ de 0,15 mm pour
mersion des éprouvettes, est nécessaire aux l’éprouvette témoin, alors que pour l’éprou-
bactéries pour être actives (production mas- vette avec bactéries (Fig. 3d) ce décalage est
sive de précipité). de 0,35 mm environ. Ainsi, bien que par-
Les figures 3a et 3c montrent la distri- tielle, la cicatrisation de ces fissures est une
bution de largeur de fissures avant cicatri- fois de plus, meilleure avec les bactéries que
sation (barres pleines), respectivement pour pour le témoin, reflétant une meilleure ca-
l’éprouvette témoin et celle avec bactéries. pacité de cicatrisation de l’éprouvette avec
Les barres non pleines représentent la frac- bactéries.
tion non cicatrisée après 100 jours et les lar- Enfin, la figure 4 montre que seules les
geurs initiales. Néanmoins, ces fissures étant éprouvettes avec bactéries consomment de
partiellement cicatrisées après 100 jours, la l’oxygène, et ce même après neuf mois de
nouvelle distribution est représentée sur les conservation dans l’eau. Cela signifie que les
figures 3b et 3d par les barres pleines ; les bactéries sont bien actives à l’intérieur de la
barres non pleines sont les largeurs initiales matrice, et donc que la capacité de cicatrisa-
correspondantes. tion plus importante observée pour l’éprou-
Nous remarquons d’après les figures 3a vette avec bactéries par rapport au témoin
et 3c, que la fraction partiellement cicatri- est bien due à la présence et à l’activité des
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16.0 16.0
(a) Eprouvette temoin - avant cicatrisation (b) Eprouvette temoin (100j)
Fraction partiellement cicatrisee apres 100j Fraction partiellement cicatrisee - largeurs initiales
12.0 12.0
8.0 8.0
%
%
4.0 4.0
0.0 0.0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Largeur fissure (mm) Largeur fissure (mm)
16.0 16.0
(c) Eprouvette avec bacteries avant cicatrisation (d) Eprouvette avec bacteries (100j)
Fraction partiellement cicatrisee apres 100j Fraction partiellement cicatrisee - largeurs initiales
12.0 12.0
8.0 8.0
%
4.0 4.0
0.0 0.0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Largeur fissure (mm) Largeur fissure (mm)
Fig. 3. Distribution de largeur de fissures pour l’éprouvette témoin (a) avant et (b) après 100 jours
de cicatrisation, éprouvette avec bactéries (c) avant et (d) après 100 jours de cicatrisation.
Fig. 3. Crack width distribution in control mortar specimen (a) before and (b) after 100 days healing, in
bio-chemical agent-based specimen (c) before and (d) after 100 days healing.
0.05
oxygène(umol/m2/s)
0.03
3 Conclusion
0.02
Consommation
consommation en oxygène par les échan- [12] W.H. Zhong, W. Yao, Constr. Build. Mater. 22
tillons contenant l’agent cicatrisant confirme (2008) 1137-1142
que cette importante capacité de cicatrisa- [13] C.M. Dry, Cem. Concr. Res. 30 (2000) 1969-
tion est bien due à l’activité des bactéries. 1977
D’autre part, les résultats ont aussi révélé [14] C. Joseph, Experimental and numerical
que ce nouvel agent cicatrisant était fonc- study of the fracture and self-healing of ce-
mentitious materials, Ph.D. thesis, Cardiff
tionnel après plus de 9 mois, ce qui repré- University, Cardiff, 2008
sente une nette amélioration par rapport à [15] H.M. Jonkers, Self-healing concrete: a biolo-
l’étude précédente (7 jours). gical approach, Springer, 2007, 195-204
[16] H.M. Jonkers, E. Schlangen, A two com-
ponent bacteria-based self-healing concrete,
Remerciements Crc Press-Taylor & Francis Group, Boca
Raton, 2009, 119-120
Les auteurs remercient le Centre pour Matériaux [17] H.M. Jonkers, A. Thijssen, G. Muyzer, O.
de Delft (DCMat) pour son soutien financier sous Copuroglu, E. Schlangen, Ecol. Eng. 36 (2010)
la forme du projet SHM08704, “ Bio-chemical self- 230-235
healing agent to prevent reinforcement corrosion
[18] V. Wiktor, H.M. Jonkers, Bio-chemical self-
in concrete ”.
healing agent to prevent reinforcement cor-
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