FAR CRY PRIMAL CCHASSE, PÊCHE,

HASSE, MASTER OF ORION LE RETOUR STARDEW VALLEY QUAND ON

ON DE MAMIE SUPERNOVA EN CHANT IER N’A QUE LABOUR EN TEST
NATURE ET TRADUCTIO EN TEST

- V A C A N C E S À S E R F - C H E V A L I E R
- 1 5 M A R S 2 0 1 6
N ° 3 3 5

L E M A G A Z I N E Q U I A D O U B E L E J EU VID
ÉO
ZELDA
A 30 ANS
ET ON S’EN BRANLE

K I N G D O M
À VENIR

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LE G U E U X Q U I V E U T
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RCS Bobigny B 422 797 720 – 44-50 Avenue du Capitaine Glarner – Saint-Ouen Cedex. Photos non contractuelles, voir conditions sur site.
 LE MAGAZINE QUI ADOUBE LE JEU VIDÉO
Numéro 335 | 15 mars 2016

Édito Plume pudding

C ommençons par rappeler les faits.
Début mars, Tim Sweeney, le fondateur
d’Epic Games, a rué dans les brancards façon
grand-oncle bourré à la fin du repas de Noël.
Dans une tribune publiée par The Gardian,
il a accusé Microsoft de vouloir prendre en
otage le jeu vidéo sur PC et de transformer
ce qui était jusqu’ici une plateforme ouverte
en écosystème semi-fermé façon Google
Play. En cause, le nouveau standard UWP
(Universal Windows Platform) poussé par
Microsoft, qui permet de développer des
applications cross-platform PC/Xbox One/
Windows Phone distribuées via le Windows
Store. La crainte de Sweeney est que
Microsoft se livre à une concurrence déloyale
envers les autres plateformes de distribution,
comme Steam, en interdisant l’exécution de
programmes non-UWP ou en décourageant
fortement leur installation, à la manière de
ce que fait Android avec les applications non
issues du Store. Bon. Tentons d’examiner
la situation en gardant la tête froide. Est-il
possible qu’un jour Microsoft verrouille
complètement l’exécution de programmes
non issus de son Store, façon Apple ? Aucune
chance, ce serait suicidaire : la grande force
de Windows, face à Linux notamment, est
le nombre incroyable de jeux et de logiciels
disponibles. Est-il possible qu’il se contente
38 Au coin du jeu : Fleur, Antonin
et les jeux vidéo
40 Cabinet de curiosités
41 Que sont-ils pas devenus ?
42 Autopsie Half-Life 2
44 News Online
de décourager
leur installation,
par exemple avec
un pop-up « êtes-vous sûr de vouloir prendre
le risque d’installer un logiciel non certifié
Windows Store » ? C’est déjà plus probable.
Microsoft cherche par tous les moyens à
peupler son Store sur lequel, à l’exception
d’Office et autres programmes maison, on
ne trouve toujours aucun logiciel majeur.
Or, devant le succès… comment dire…
54
modéré de la Xbox One et des Windows
Phone, Microsoft a tout intérêt à pousser les À venir
innombrables développeurs Windows à créer 46 Kingdom Come
des logiciels cross-platform qui valoriseront 50 TrackMania Turbo
tout l’écosystème Microsoft. On a tendance 52 Deathwing
à l’oublier mais Windows, seule plateforme 53 The Technomancer
commerciale entièrement décentralisée, est 53 Seasons After Fall
aujourd’hui une exception. Dans un monde 54 Call of Cthulhu
où la concurrence entre Google, Apple et 56 Styx : Shards of Darkness
Microsoft est de plus en plus tendue, ça 57 Space Run Galaxy
risque de ne pas durer éternellement. 58 The Surge
59 Remnants of Naezith

Sommaire En chantierr
60 Factorio
62 Master of Orion
64 The Ship :
04 News Remasted
66 Overfall

Tests
sts
12 Far Cry Techno
Primal
16 Stardew
rdew
20 68 News Hardware
72 Le Tour du Périph’ 62
Valley 74 Configs de Canard
18 Shardlight
rdlight 27 Deponia : Doomsday 75 SteamOS
19 Plants
nts vs. 28 Heaven’s Hope
es : Garden
Zombies : 30 Pokkén Tournament
Warfaree 2 12 32 Au doigt et à l’œil À part ça
20 Grim Dawn 78 Je vis des hauts et des bas :
24 Devil Daggers Napoleonic Wars
25 The Walking Dead : Michonne Dossiers 80 Panier garni : Cusader Kings 2
+ Life in Bunker 34 Locomalito : un ami qui vous veut du bien 82 Canard Peinard Grillez-en une
26 The Deadly Tower of Monsters 76 Clash Royale : le coffre et la demande
Canard PC | 03
NEWS D E L A M Ê M E FA Ç O N Q U E L E S M A R T P H O N E P R É V I E N T A U T O M A T I Q U E M E N T Q U A N D O N M O N T E T R O P L E V O L U M E D U C A S Q U E , U N " WA R N I N G " V O U S I N D I Q U E R A , Q

comme une odeur Gode Quantum

de faisandé Vous vous souvenez de

Quantum Break ? Si oui,
c’est assez impressionnant
de vrais acteurs comme
Dominic Monaghan ou
Lance Reddick. Ces scènes

dans l’air vu comme le jeu de

Remedy a l’air générique
mais ça arrange nos
étant susceptibles de
changer selon les actions
du joueur, Remedy a

O
n a bien réfléchi entre botter en touche… Maintenant, affaires. Alors qu’il faisait choisi de les streamer,
nous, et on pense que ça c’est trop tard, on va y avoir la joie de la partie console histoire de battre Ubisoft
a dû se passer à peu près droit, et ça sortira le 31 mai. du magazine depuis qu’il et Electronic Arts au

News
comme ça : interrogé sur avait été également concours du DRM le plus
l’avenir de Dead Island 2 par un annoncé sur débile. Il faudra donc être
type un peu trop curieux (sans Windows 10, le titre connecté à Internet pour…
doute pas un journaliste de jeu gardait jalousement regarder des cinématiques.
vidéo, donc), un responsable de une petite surprise Plus rigolo encore : il
Deep Silver s’est retrouvé gêné avant sa sortie. Voyez- devrait être possible de
aux entournures, incapable vous, les séquences télécharger l’intégralité
de donner ne serait-ce qu’un de jeu seront des vidéos sur la version
début de nom de studio qui entrecoupées de Xbox One du jeu, mais pas
travaillerait dessus depuis cinématiques sur la version Windows 10.
que Yager a été conduit filmées avec On n’arrête pas le progrès.
vers la sortie par le service
de sécurité l’été dernier.
Le type a dû paniquer
et bredouiller un
Bonjour et bienvenue
truc, genre oh dans le plus petit
là là, ça bouge télex du monde, qui
méchamment du
côté de la licence
contient une toute
Dead Island. petite information. Il
Et improviser y aura des tournesols
une drôle d’idée :
une « Definitive
dans Farming
Edition », réédition Simulator 2017 et, nous
HD du jeu de 2011 et sommes en mesure de vous
son extension Riptide,
pour PC, PS4 et Xbox
LE
CONŽRMER
ILS
TOURNERONT

One. Ah, s’il s’était contenté la tête pour suivre le soleil.
de parler de la météo pour
Joyeux anniversaire !
ondé en 1996 par Peter Molyneux,
Tout le monde la croyait F Lionhead avait été racheté par
Microsoft en avril 2006, pour ses
morte dès sa naissance, les dix ans. Et pour ses vingt ans, l’éditeur,
magasins la soldaient toute jamais avare de beaux cadeaux, lui offre une
fermeture. Dans le cadre d’un très impersonnel
l’année à -80 % (dans l’espoir « remaniement des studios européens », Microsoft
d’en vendre un exemplaire, allez, a décidé de mettre à la porte les employés du
studio danois Press Play (réalisateur du chouette
juste un, un seul, s’il vous plaît, Kalimba) et d’« entamer une discussion avec les
pour alléger le stock, tenez si employés de Lionhead en vue d’une fermeture ».
vous en achetez un je vous offre Le TPS multijoueur free-to-play Fable Legends,
sur lequel bossait Lionhead, est annulé au
un second, ça me fait plaisir), eh passage, à la surprise totale de ses développeurs
bien ça y est, la PlayStation TV qui avaient sorti une grosse mise à jour pour
la bêta fermée deux jours plus tôt. Connu
EST
OFŽCIELLEMENT
MORTE
#E
FUT
surtout pour Fable et Black & White, Lionhead
bref mais pas du tout intense. n’avait rien produit de bon depuis des années.

04 | Canard PC
U A N D V O U S P R E N D R E Z P L U S D E 1 8 S E L F I E S PA R J O U R , Q U E V O U S S O U F F R E Z D ' U N G R AV E D É F I C I T D E L A P E R S O N N A L I T É E T R I S Q U E Z L A C R I S E D E N A R C I S S I M NEWS

La boîte en kit
Battue à plates coutures (une expression qui
ne veut plus rien dire mais qui est tout de
même restée dans le langage courant, est-ce
donc à ça que servent les réformes de la
langue française ? Répondez maintenant !)
par la PlayStation 4, la Xbox One pourrait
malgré tout rester parmi nous bien plus
longtemps que prévu. Pourquoi ? Parce que,
selon Phil Spencer, le boss de la division Xbox, algré les ventes décevantes 1,5 million de dollars pour un portage de
la maison Microsoft réfléchit à des mises à
jour matérielles pour la console. Le but serait M de Rock Band 4 (qui ont
carrément entraîné une
Rock Band 4 (et du Rock Band Network)
sur PC. Le montant minimum pour
d’upgrader la console comme n’importe vague de licenciements chez obtenir le jeu est de 49 dollars, contre
quel PC (ce qu’elle est déjà) plutôt que de Mad Catz, on vous en parlait dans le dix dollars de plus en accès anticipé à la
sortir de vraies nouvelles machines. En plus, numéro précédent), les développeurs sortie et sûrement deux fois moins lors
Microsoft a de l’expérience dans le domaine : de Harmonix ne se laissent pas des soldes Steam qui suivront. Et si vous
ils avaient déjà tenté le coup sur Xbox 360, démonter. Ils ont donc débarqué sur faites l’erreur de backer le projet, vous
avec un lecteur HD-DVD optionnel externe. Fig, la plateforme mi-crowdfunding, pourrez toujours vous consoler avec une
Bon, un détail : personne ne l’avait acheté. mi-investissement qui a déjà vu passer clé pour A City Sleeps, un shoot-them-up
la campagne pour le financement signé Harmonix qui nous est tombé des
de Psychonauts 2, afin d’y demander mains après 10 minutes de jeu. Miam.

Et tu tapes, tapes,
tapes… Tape… Allez,
ordure, TAPE !
Alléluia ! Notre magazine a peut-
être trouvé la solution parfaite
pour régler les problèmes de
productivité de ses rédacteurs.
Ça s’appelle The Most Dangerous
Writing App et c’est en quelque
sorte le Rogue-like des traitements
de texte : choisissez une durée de
temps de travail et assignez-y un
rédacteur qui a tendance à trop
traîner sur Twitter ou sur des sites
de phrénologie pour qu’il rende
À en croire l’offre d’emploi qui son papier prévu pour avant-hier.
vient d’apparaître sur le site S’il s’arrête de taper pendant
cinq secondes, tout le travail
de Blizzard, le studio serait à la accompli s’efface définitivement.
recherche d’un artiste spécialisé Une merveille open source
(cpc.cx/eQR), que vous pourrez
DANS
LaŅCLAIRAGE
AŽN
DE
TRAVAILLER
personnaliser en mettant un peu
sur un « projet non annoncé » les mains dans le cambouis. Par
exemple si vous êtes du genre
qui concerne Diablo. Add-on, progressiste qui préfère pousser le
délai à dix secondes pour permettre
nouveau jeu, sextoy démoniaque à vos forces vives de se curer le
rétro-éclairé... tout est possible. nez entre deux paragraphes.

Canard PC | 05
NEWS ERAIT DIRE AUX GAMERS FACÉTIEUX QUE LES MICRO-TRANSACTIONS NE SERAIENT QUE L'ÉQUIVALENT, POUR LE JOUEUR PONCTIONNÉ DANS L'OS, D'UN "WAY-TO-PINEE
A
lors là, voyez-vous,
on est bien embêtés.
On tenait une news
géniale, pleine de sang
et de fureur, où un développeur
aurait volontairement saboté
son jeu pour faire la nique à
son éditeur. Il y a quelques
jours, de nombreuses versions
de Spintires accusaient bugs
ET
CRASHS
ĩ
RŅPŅTITION
)L
A
SUFŽ

d’une poignée de joueurs un peu
paranos et au courant des griefs
opposant Pavel Zagrebelny (le
développeur) et Oovee (l’éditeur)
pour se vautrer dans la théorie
06 | Canard PC
Luckey Luke
On savait déjà que Palmer Luckey, le
fondateur d’Oculus VR, avait un nom de
desperado. On sait maintenant qu’il a la
répartie de Billy the Kid. Interrogé par
des journalistes à propos d’une éventuelle
compatibilité Mac OS de son casque à
vomi, Palmer « four fingers » Luckey a
répondu : « La balle est dans le camp d’Apple.
Le jour où ils sortiront un bon ordinateur,
notre casque le supportera. » Puis il est
parti dans une critique acerbe des GPU
mous du genou utilisés par les Mac. Enfin,
après avoir expliqué que même un Mac
Pro à 6 000 dollars n’atteignait pas les
performances graphiques recommandées
par Oculus, il a enfourché son destrier noir
et est parti au galop dans le soleil couchant.
du complot. En effet, les joueurs
se sont mis à imaginer que
Zagrebelny aurait inséré des
« bombes à retardement » dans le
code de son jeu, pour le saboter
à distance et emmerder Oovee
à cause d’une histoire de gros
sous. Très vite, les deux parties
ont démenti toute tentative de
sabotage en expliquant qu’il
s’agissait tout simplement d’un
bug classique qui avait pourri
certaines versions du jeu à cause
d’un dispositif antipiratage mal
réglé. Une tempête dans un
verre de gadoue, en somme.
Je peux pas, j’ai piscine
uand on parle d’E3, il y a deux
Q catégories d’éditeurs : les
enthousiastes précoces, qui tiennent
absolument à vous faire savoir dès
maintenant que leur conférence aura lieu le
13 juin 2016 à 4 heures du matin tapantes
(merci Bethesda, c’est noté), et les ronchons,
qui en ont marre du bruit et des gens et
préfèrent rester au chaud sous la couette.
Seront donc absents de l’E3 cette année des
petites boîtes comme Electronic Arts (qui
organisera en parallèle son propre événement
en face du salon, une tactique adoptée il y a
quelques années par la Ouya, avec le succès
que l’on sait), Disney, Wargaming ou encore
Activision Blizzard. Miracle de la paresse :
l’entreprise de Bobby Kotick est même
parvenue à convaincre Sony de montrer Call
of Duty XIII sur son stand PlayStation.
AHN LUSTH A REFILÉ QUELQUES TÊTES DE CHEVAL DE SON STOCK AUX MEMBRES DU FBI POUR QU'ILS LES DÉPOSENT DANS LE LIT DU PRÉSIDENT D'APPL NEWS
Rain Games, le studio
norvégien à l’origine du très
sympathique Teslagrad, vient
d’annoncer World to the West,
un adorable jeu d’action qui
se déroule dans le même
univers et où il faudra alterner
entre quatre personnages
pour résoudre des énigmes.
Dieu que c’est mignon.
Pour cinqq dollars,
t’as plus rien
Connaissez-vous Fiverr ? C’est un
site où des utilisateurs échangent de
menus services contre une poignée
de dollars : créer un logo pour un
site, corriger un texte ou bien…
écrire une critique Steam. Le site
PCGamesN.com a mené l’enquête
sur ce marché de la review à cinq
dollars. À quelques exceptions
près, les « critiques » contactés
ont répondu que leurs avis étaient
totalement indépendants et qu’ils
ne pouvaient garantir qu’ils seraient
positifs – précisant toutefois qu’il
faudrait vraiment que le jeu soit
catastrophique pour échapper au
gros pouce vert. Bien sûr, lorsque
PCGamesN a examiné l’historique
des comptes Steam en question,
il n’a trouvé que des critiques
dithyrambiques de jeux nullissimes
ou inconnus. Pendant ce temps,
dans sa tour d’ivoire, le seigneur
Gaben contemple son royaume
corrompu en se lavant les mains.
NEWS QQUE DOC TB, NOTRE SPÉCIALISTE DU HARDWARE, AVAIT ENCORE DONNÉ UNE EXCUSE À LA CON POUR NE PAS VENIR : "JE PEUX PAS, J’AI WATERCOOLING", A-T-IL DI
L’adorable Jotun, sorti il
y a quelque temps sur nos
machines de bourgeois,
débarquera cet été sur
Xbox One, PlayStation 4
et Wii U, comme ça, tout le
monde est content (sauf
les possesseurs de Ouya,
comme d’habitude).
L’importance
des maux
D’après ceux qui ont arpenté
la bêta de The Division,
la présence d’un onglet
« boutique » dans l’interface
serait annonciatrice de
micro-transactions et de
pay-to-win. Petit problème,
un community manager
du titre a expliqué que
celui-ci « ne contiendra pas
de micro-transactions »,
conformément à une
interview où un développeur
noyait le poisson : « Je ne
sais pas s’il y a une définition
globalement acceptée du mot
micro-transactions, mais vous
ne paierez pas pour gagner,
avancer ou n’importe quoi
d’autre dans ce genre. Nous
avons des plans pour des
DLC et, visiblement, vous
paierez pour ça. Mais en
dehors de ça, il n’y aura pas
de micro-transactions, telles
que je les définis. » D’ailleurs,
permettez-moi de préciser
que ceci n’est pas une news,
telle que je laa définis.
08 | Canard PC
Un pour tous,
tous pour un
C’est par un communiqué
de presse anodin de la
CNIL que l’information
parvient sur mon
bureau : à cause d’une
erreur de la part de son
fournisseur d’accès à
Internet (Numéricable),
un usager des autoroutes
de l’information a été
identifié 1 531 fois pour des
délits de contrefaçon par
la Hadopi et inculpé sept
fois. Le malheureux a été
perquisitionné à répétition,
d’autant qu’il a aussi été
nommé à tort dans une
affaire de pédophilie. En
d cause : le système mis en
place par Numéricable,
ous vous souvenez F-35 dans l'escadrille. Encore qui automatisait les
V du F-35, le super
avion de chasse dont
mieux, le radar se met parfois
à déconner sans raison et ne
demandes d’identification
des adresses IP en
le développement a retrouve un fonctionnement provenance de la Hadopi
déjà coûté 1 300 milliards au normal qu'une fois éteint et et de la police… et qui
contribuable américain ? On rallumé, comme une vulgaire en cas d’erreur renvoyait
savait déjà qu'il accumulait tablette Android chinoise. toujours le même abonné
les problèmes techniques, L'entrée en service du bestiau est au lieu de signaler un
on apprend aujourd'hui que toujours prévue pour 2018 et on problème. Magie de la
son informatique déconne attend avec impatience la sortie Hadopi : malgré tous ces
à bloc. Prenez le système de des premiers simulateurs sur PC. signalements, le valeureux
partage des données, utilisé Même s'ils sont complètement abonné (resté fidèle à
lorsque plusieurs avions volent bugués, les développeurs son FAI malgré tout)
ensemble : chaque cible est pourront toujours dire que c'est n’avait visiblement pas
affichée sur l'écran de contrôle une reproduction fidèle perdu son abonnement
autant de fois qu'il y a de du comportement de l'appareil. Internet pour autant.
Frisbee or not to be
À l’époque où je bossais avec des enfants, parfois on
faisait une partie d’ultimate : un jeu qui opposait deux
équipes de sept se faisant des passes au frisbee. Quelle
ne fut donc pas ma surprise quand, à l’occasion d’une
interview du directeur financier d’EA, Blake Jorgensen,
j’ai appris que l’équipe d’ultimate d’EA gagnait dans
les 650 millions de dollars par an. Et puis à force de
recherche, j’ai découvert qu’il s’agissait en réalité de
l’ultimate team, autrement dit le mode de jeu, ambiance
cartes à collectionner et surtout micro-transactions
à gogo, intégré à Fifa, Madden NFL, NHL et bientôt,
UFC 2. Qui fait donc office de poule aux œufs d’or pour
EA, puisqu’il représente à lui seul la moitié des revenus
du « contenu supplémentaire » (1,3 milliard de dollars
par an pour des season pass de Star Wars Battlefront ou
des maps de Battlefield). En même temps je comprends,
une fois qu’on a dépensé 60 euros dans un jeu, on a
envie de continuer à aider les développeurs après.
U 8 M A R S , P O U R L A J O U R N É E D E L A F E M M E , L E S H O M M E S A U R O N T L E D R O I T D E L E U R L Â C H E R L A P O R T E S U R L A T R O N C H E P L U T Ô T Q U E L A L E U R T E NI NEWS

Le conseil
d’administra-
tion de
Gameloft
(composé
essentielle-
ment de
membres
de la famille
Guillemot,
bref les
proprios) ayant
rejeté l’offre
de rachat
de Vivendi,
Vincent
Bolloré en
Citoyen de l’espace a réhaussé
le montant.
Incroyable mais vrai : No Man’s Sky n’est pin’s (woohoo), une boîte (trop fort) et une statuette de Et (tant qu’à
officiellement plus un vaporware, il a une date de vaisseau spatial. Pas mal, pas mal, mais ça reste un peu
sortie, une description officielle, un prix, des bonus timide pour un jeu d’exploration spatiale, surtout face
asticoter les
de précommande (n’oubliez pas : ne précommandez à la concurrence. Pourquoi ne pas proposer à l’achat Guillemot,
jamais)… Le jeu d’exploration spatiale de Hello (et en quantité limitée tant qu’à faire) des vaisseaux autant y aller
Games sortira donc le 21 juin sur Steam et PS4 pour in-game ? Ou tenez, une assurance-vie pour votre à fond) en a
la modique somme de 60 euros. Ou 150 dollars (frais personnage et votre vaisseau ? No Man’s Sky est vendu
de port non inclus) pour l’édition collector, avec un comme un jeu de survie, après tout, ça peut être utile.
PROŽTŅ
POUR

prendre
quelques
(4#
NaEST
PAS
JOUER La prochaine fois actions de plus
que vos parents ou votre dans Ubisoft,
conjoint vous reprocheront tranquillou.
de passer trop de temps sur des
es
La réalité dépasse souvent la forums internet débiles au lieu
u
fiction, et c’est ainsi que les de faire quelque chose de votre vie,
précommandes du casque vous pourrez leur raconter l'histoire
oire
de réalité virtuelle de HTC, DE
#HRISTOPHER
0OOLE
#E
GARĹON

ON
Obduction, le
le Vive, nous ont permis de surtout connu pour avoir créé le board
découvrir un prix supérieur à 4chan, autoproclamé « trou du cul nouveau jeu
toutes nos anticipations les plus du web », vient d'être embauchéhé des créateurs
délirantes. À 799 dollars (contre PAR
'OOGLE
#OMME
QUOI
TOUS
S de Myst dont
599 pour l’Oculus Rift), très les chemins mènent à Rome,,
justement convertis en 899 euros même ceux pavés d'images on évoquait
(c’est parfaitement logique puisque scatopornographiques. l’avenir
1 euro vaut 1,10 dollar à l’heure où incertain dans
nous écrivons ces lignes), auxquels
s’ajoutent plus de 70 euros de frais de le Canard PC
port, il en coûtera donc 972 euros à n° 328, semble
un résident bourguignon (ou franc-
comtois ou breton) pour s’équiper
Seppuku d’erreurs pour un seul reportage finalement
en réalité virtuelle compatible Le Japon, terre de traditions où l’on peut vous trancher la main pour avoir sur de bons
Valve. Auxquels il faudra ajouter un donné votre carte de visite dans le mauvais sens, se remet difficilement rails. Le studio
grand salon, si possible sans trop de de l’erreur grossière qui vient d’être faite. En effet, à l’occasion d’un a en effet
meubles sur lesquels se cogner. Cela reportage dans une salle d’arcade, des journalistes ont interviewé un
n’a pas empêché 15 000 personnes quidam, en le présentant comme « un homme d’environ 50 ans » et sans récemment
de se ruer sur le site pendant les dix s’apercevoir que celui-ci n’était autre que Shuhei Yoshida. Soit l’un annoncé une
premières minutes. Ici, on continue des fondateurs de Sony Computer Entertainment qui venait pour sortie au
de mesurer notre enthousiasme promouvoir son dernier gadget de réalité virtuelle. Coup de bol, le grand
en picogrammes. (Pour encore patron préfère l’humour au sang et vient de retoucher sa bio Twitter, mois de juin
plus de mauvaise foi, cf. p. 68). pour y faire apparaître « Shuhei Yoshida : un homme d’environ 50 ans ». prochain.
Canard PC | 09
NEWS ET TRÈS DÉCU PAR SA PROPRE PERSONNE, ALAIN DELON AURAIT EXPLIQUÉ QU'IL AVAIT DÉFINITIVEMENT CESSÉ TOUTE RELATION AVEC LUI-MÊME

ERRATUM :
Dans le test de Superhot
du dernier numéro
de Canard PC, nous
indiquions que le jeu
était vendu 15 euros et «
qu’à ce prix, c’est un peu
de l’arnaque. » Il s’agit
d’une erreur de notre
part, le test ayant été
rédigé avant la sortie du Il y a plusieurs
jeu et l’annonce de son numéros de cela,
prix de vente définitif.
En réalité, Superhot est nous évoquions
vendu 23 euros et à ce la tentative
prix, c’est vraiment de d’Electronic Arts
la grosse arnaque.
de déposer le
nom « Ghost » et
Lemmings Robolution de la contestation
d’Ubisoft qui
être humain n’est-il en réalité qu’une
mettait en avant
L’ évolution du lemming ? C’est en tout
cas la conclusion que l’on peut tirer sa licence Ghost
d’une récente expérience menée par Recon. Eh bien,
l’institut de recherche Georgia Tech
(GTRI). Dans le cadre d’un vaste programme
c’est de l’histoire
voué à étudier les rapports de confiance ancienne, tout
qu’entretiennent les humains vis-à-vis des a été résolu
robots, des chercheurs du GTRI ont demandé à
un groupe composé principalement d’étudiants
« à l’amiable »
de suivre un spécimen manifestement pas et rien n’aura
très malin, avant de simuler un incendie et été déposé.
de voir les étudiants continuer à suivre ledit
robot, malgré ses instructions sans grand
À part peut-être
rapport avec le bon sens et la proximité des menaces
d’une sortie de secours. Il semblerait que les de mort, mais
robots aient désormais été investis d’une telle
autorité que le jour de leur grande révolte, ils
on n’est pas
n’auront même pas besoin de pistolet laser. au courant.

La bourse ou la vie
toppez les rotatives ! La nouvelle tombe à quelques heures du

S bouclage : « Paradox Interactive är en av Sveriges snabbast växande

spelutvecklare. Vd Fredrik Wester, som äger drygt 39 procent… »
Ah pardon, vous ne lisez pas le suédois ? Même pas un peu de patois
stockholmois ? OK, alors je vous résume cette phrase tirée du magazine
Di Digital : le boss de Paradox Interactive, le sémillant Fredrik Wester,
annonce que sa boîte va entrer en bourse, du moins pour une partie (non
majoritaire) du capital. Ce genre d’opération permet à la société d’engranger
un paquet de cash, mais elle est souvent périlleuse – demandez donc aux
frères Guillemot, qui sont en train de se faire croquer Ubisoft par Bolloré,
ce qu’ils en pensent… Paradox devrait utiliser l’argent pour accélérer son
développement et s’aventurer sur deux nouveaux terrains : la console et
le mobile. Que les choses soient claires : si les prochains Crusader Kings
et Hearts of Iron nous arrivent en version « casual gamer » sur iPhone
et Nintendo DS, je m’immole par le feu devant l’ambassade de Suède.

10 | Canard PC
 T
Test

12 | Canard PC

Far Cry Primal
Cro-magnon des sources
Si je devais résumer Ubisoft en une phrase, ce ne serait pas « le plus grand éditeur français » ou
bien « la boîte qui a été liquidée par Bolloré en 2017 et reconvertie dans la fabrique de chaussettes
de ski ». Non, ce serait « ce studio qui préfère embaucher des linguistes pour recréer trois dialectes
de proto-indo-européen plutôt que des designers pour corriger les failles de gameplay de son jeu. »
M
algré la normalisation générale,
malgré la déclinaison ad nauseam
d’Assassin’s Creed plus médiocres
chaque année, Ubisoft a su
garder un grain de folie, un côté
mi-visionnaire mi-obsessionnel qu’on ne trouve plus
guère chez les autres grands éditeurs. Imagine-t-on
Activision ou Electronic Arts décider subitement
de transposer Call of Duty ou Battlefield à la
préhistoire ? Bien sûr que non, le risque financier
serait trop grand. C’est pourtant ce qu’a fait Ubi,
comme ça, sur un coup de tête. Adieu veaux,
vaches, cochons et AK-47, bonjour mammouths,
rhinocéros laineux et lances en os de yak. Au mépris
du danger et de tout bon sens, ce nouveau Far Cry
se déroule donc au mésolithique, 10 000 ans avant
Ubisoft a su garder un
grain de folie avec ce
Far Cry préhistorique.
qu’un célèbre poupon nazaréen ne fasse le couillon
dans une mangeoire. Cela dit, même s’il convient
de saluer le courage d’Ubisoft qui aurait pu se
contenter de nous pondre un nouveau clone de Far
Cry 3, il faut être honnête : Primal n’est pas un pari
aussi risqué qu’on pourrait le croire de prime abord.
Une émission de Jean-Jacques Gourdin.
Tout d’abord, les mécanismes de Far Cry ne
nécessitaient pas beaucoup de modifications pour
être transposés à l’âge de pierre. Cela fait déjà
deux épisodes que leur gameplay consiste pour
partie à chasser des animaux et à les éviscérer
pour fabriquer bandoulières et autres carquois.
Mais surtout, si Primal s’éloigne des sentiers battus
par Far Cry, il n’en vise pas moins un marché
particulièrement porteur en ce moment : le jeu
de survie à monde ouvert. En effet, malgré un
semblant de scénario, le gros du gameplay de Primal
consiste à explorer librement la vallée d’Oros, belle,
grande et variée. En chemin, on croise des PNJ,
TEST PC
par Louis-Ferdinand
Sébum
on chasse des animaux, on cueille des plantes, on
récolte différentes variétés de bois et de pierre.
Comme dans tout bon Far Cry, les matériaux ainsi
accumulés servent à fabriquer des consommables
(soins, pièges…), de l’équipement (sacs pour
porter plus de munitions ou d’objets…) et, grande
nouveauté, des armes. En effet, contrairement aux
épisodes précédents où les pétoires devaient être
ramassées ou achetées, ici tout ce dont dispose
Takkar, notre héros des âges farouches, a été
fabriqué à la main, comme dans une boutique Genre : ĀųŸƋ
Artisans du Monde. Vous voulez une meilleure ŞųåĘĜŸƋŅųĜÏ
massue ? Eh bien, récupérez du petit bois, de la ŸĘŅŅƋåų
peau animale et du silex. Cette importance nouvelle Développeur :
du crafting, qui n’est plus un vague prétexte pour ŽÆĜŸŅüƋaŅĹƋųæ±Ĭ
occuper le joueur (pourquoi diable se faire chier à Š±Ĺ±Ú±š
fabriquer une gibecière en peau de mouton quand Éditeur : ŽÆĜŸŅüƋ
on vit au XXIe siècle et qu’on pourrait en acheter
une au marché ?) placé au cœur du gameplay,
est l’une des trois excellentes idées de Primal, la
suivante étant la gestion du feu.
Une aventure de Julie Lascaux. Si vous avez déjà
joué à un Far Cry, vous vous souvenez sans doute de
son excellent système de propagation des flammes.
Une fusée de détresse atterrissant dans l’herbe
sèche peut dégénérer en feu de forêt gigantesque.
Primal pousse l’idée encore plus loin. Il est possible
d’embraser n’importe quelle arme à l’aide d’un peu
de graisse animale ou de toute source de feu croisée
dans le monde. Un bête gourdin enflammé peut
servir à s’éclairer la nuit, à se réchauffer dans les Plateformes :
zones enneigées, à cramer les ennemis, à détruire {œĜĹÚŅƵŸØ
des obstacles végétaux ou à faire fuir les animaux {Ĭ±Ƽ„Ƌ±ƋĜŅĹĉØ
sauvages. Enflammez une flèche ou une sagaie et £ÆŅƻkĹå
vous pourrez foutre le feu à un village ennemi sans (SRǻK
même avoir besoin d’approcher. Enfin, troisième VIGSQQERH³Ic
et dernière nouveauté largement vantée par les {ÚåģŅƚåƚų
développeurs, la possibilité d’apprivoiser les bêtes 8³P³GLEVKIQIRXc
sauvages. N’importe quel prédateur, du chien Ŏƅ:Ņ
sauvage à l’ours des cavernes, peut être domestiqué. 1ERKYI
Il suffit pour cela de lui jeter un appât, de presser škƤĵæŸŅĬĜƋĘĜŧƚ±ĜŸ
un bouton pour le calmer pendant qu’il mange et ŸŅƚŸěƋĜƋųæüų±ĹÓ±ĜŸ
pouf, voilà, la bête apparaît dans un petit menu DRM : ƚ{Ĭ±Ƽ
façon Pokedex depuis lequel il est possible d’appeler
le poilu pour qu’il nous file un coup de main au
combat ou à la chasse. Chaque bestiau dispose de
Canard PC | 13
TEST PC FAR CRY PRIMAL

trois scores de caractéristiques (force,

vitesse et discrétion) ainsi que d’une
capacité spéciale, comme de tuer sans
faire de bruit, de détecter les ennemis
à proximité ou de récupérer du loot
supplémentaire.

Takkar ta gueule à la récré. Crafting,

feu, dressage. Ces trois systèmes, aussi
différents soient-ils, reposent sur un
même principe : faire de tout élément du
monde à la fois un obstacle et un outil
potentiel. Contrairement à la plupart des
jeux et aux précédents Far Cry, il n’y a
aucune raison dans Primal de revenir à
la civilisation, ici un village dans lequel
on ne trouve d’ailleurs aucun marchand.
Il faut constamment aller de l’avant
et apprendre, peu à peu, à conquérir
la nature sauvage. Les élans sont trop
dangereux ? Il faut pousser jusque dans
les terres du sud pour trouver de la pierre
dure, qui nous permettra de fabriquer une
sagaie assez résistante pour les blesser. Le
climat des montagnes est trop froid ? Il
faudra combattre des loups et utiliser leur
peau pour fabriquer des vêtements plus Chasse à court. À l’exception notable choisi entre son gameplay survivaliste et
chauds. Même les PNJ les plus importants, du deuxième épisode, les Far Cry n’ont son goût pour les poursuites à la Benny
guerriers et artisans prêts à enseigner jamais été des jeux particulièrement Hill, Primal a fait fausse route. On se
à Takkar leurs précieuses compétences hardcore et ont toujours assumé leur remémore les premières parties de chasse,
(fabrication d’objets, techniques de côté bac à sable bourrin. Leur intérêt celle du tutoriel, où l’on traquait un
combat avancées…), doivent être trouvés était ailleurs : dans leurs fusillades animal blessé en suivant ses traces de sang
à grand renfort d’acrobaties et de coups particulièrement violentes, dans leur jusqu’à retrouver sa carcasse exsangue.
de gourdins. Cette approche entièrement scénario astucieux, dans la capacité On se demande pourquoi Ubi n’a pas
basée sur l’exploration, ce monde qui de leur gameplay émergent à produire gardé ce rythme posé tout au long de la
révèle ce qu’il a à offrir à mesure que le une foule d’anecdotes hilarantes. Sur ce partie. Pourquoi les développeurs ont
joueur le découvre, où seuls quelques « dernier point au moins, Primal ne déçoit tenu à créer un monde aussi densément
points d’intérêt » affichés sur la carte pas. Les premières fois qu’on course une peuplé, où l’on ne peut pas faire trois pas
font office de journal des quêtes, est une poule d’eau à coups de massue, qu’on sans tomber sur douze sangliers et cinq
immense réussite. Pour peu qu’on y joue voit les membres de trois tribus rivales guerriers ennemis, où les troupeaux sont
en désactivant le HUD, la carte et les se mettre sur la gueule avant de courir si nombreux qu’il est possible de chasser
assistants, Primal nous offre deux ou trois dans tous les sens, prises en sandwich en fonçant au milieu et en tapant au
heures bluffantes où il nous plonge dans entre une meute de loups et un ours gourdin dans tous les sens – il ne reste
une nature sauvage, extraordinaire… brun, on rigole bien. Et puis, peu à peu, plus ensuite qu’à voir ce qu’on a assommé
Jusqu’à ce que le masque tombe. on se lasse. On se dit qu’à ne pas avoir et ramasser la viande par terre.

14 | Canard PC
 Notre Avis :
ŅĵĵåÚĜƋĬå
ĵƚŞŞåƋÚåŸ
ĵ±ųæϱčåŸÚ±ĹŸ
ĬåĀĬĵ±ƴåÏĬå
ųŅÆŅƋ±ŸƋĘĵ±ƋĜŧƚåØ
ĔƤfais-le ou ne le
fais pas, il n’y a pas
d’essaiƤĕţeƴåÏFar
Mamouth écrase l’esprit. Primal, sachez-le,
Ma du jeu. C’est comme si Primal s’acharnait à se Cry PrimalØŽÆĜŸŅüƋ
e désespérément facile, même dans le mode de
est saboter lui-même. À quoi bon faire fuir les loups ±域±Ƽæţ)ŸŸ±Ƽæ
difficulté le plus élevé. Une fois sa sagaie et son en agitant une torche enflammée, idée pourtant ÚåųåĹŅƚƴåĬåųĬ±
arc entièrement upgradés, ce qui ne lui prendra géniale, puisqu’il est possible de les massacrer par ĬĜÏåĹÏåØ域±Ƽæ
qu’une poignée d’heures, Takkar devient une paquet de douze ? Quel attachement émotionnel ĵéĵåÚåųæĜĹƴåĹƋåų
véritable machine à tuer, capable d’étaler n’importe est-on censé ressentir envers un animal que l’on Ĭå8{„ºĵŅĹÚå
quel animal avec une facilité dont auraient a apprivoisé puisque, le jour où il crève, on peut ŅƚƴåųƋåĹĵåƋƋ±ĹƋ
rêvé les protagonistes des épisodes précédents, le ressusciter à tout moment d’un simple clic de ĬűåƻŞĬŅų±ƋĜŅĹĬĜÆųå
qui disposaient pourtant de lance-grenades. Et souris, ce qui ravale la pauvre bête au rang de ±ƚÏŊƚųÚåƋŅƚŸ
ne parlons pas des ennemis humains. Entre la power-up réutilisable ? Beau gâchis. ĬåŸĵæϱĹĜŸĵåŸţ
possibilité d’esquiver les attaques adverses (il est a±ĬĘåƚųåƚŸåĵåĹƋØ
bien plus facile d’éviter une lance qu’une balle), Dura lex, silex. Mais pire que le gâchis, il y a ƋųŅŞåĵŞéƋųæ
le très faible drop des flèches qui garantit des l’ennui. Car en dehors de son monde ouvert dont Ú±ĹŸĬűĘæųĜƋ±čå
headshots silencieux à 25 mètres, la possibilité il prend vite soin de ruiner le potentiel, Primal ÚåŸæŞĜŸŅÚåŸ
de récupérer les munitions utilisées ou d’en ne nous met pas grand-chose sous la dent. Son ŞųæÏæÚåĹƋŸØ
crafter d’autres instantanément, les sagaies qui scénario, qui aurait pourtant pu permettre de ĜĹϱޱÆĬå
one-shottent n’importe quoi, l’omniprésence de très farcryesques réflexions sur l’origine de la Úű±ŸŸƚĵåų
la viande qui permet de regagner tous ses points violence, est d’une platitude qui force le respect : ģƚŸŧƚű±ƚÆŅƚƋ
de vie aussi souvent qu’on le désire, la chouette trois tribus se font la guerre, l’une plus primitive ŸåŸĹŅĵÆųåƚŸåŸ
domestique qui lâche des bombes incendiaires que la nôtre, l’autre plus avancée, et c’est à ÆŅĹĹåŸĜÚæåŸØ
sur les camps ennemis, les boss cons comme des peu près tout. Les missions, primaires comme PrimalåŸƋƚĹ
briques qu’on peut tuer simplement en tournant secondaires, sont dignes d’un MMORPG : æƋų±ĹčåĵæĬ±Ĺčå
autour et en décochant des flèches enflammées, « Takkar, va là-bas prendre objet », « Takkar, ÚåŸƚųƴĜƴ±ĬĜŸĵååƋ
viens ici tuer chef ennemi ». L’amélioration du ÚåÆŅƚųųĜűčåŧƚĜ
village, qui permet de débloquer compétences Ÿ±ÏųĜĀåĬåŸŞŅĜĹƋŸ
et équipement avancés, nécessite de grinder üŅųƋŸÚåĬ±ĬĜÏåĹÏåØ
Primal semble s’acharner bêtement des quintaux de ressources.
Rapidement, on oublie tout ça. On fuit les PNJ,
üƚŸĜĬĬ±ÚåŸåþϱÏåŸ
åƋŸÏæűųĜŅŸ
à se saboter lui-même. les quêtes, on part se promener dans les bois à
la recherche, malgré tout, d’un instant de grâce
ĵ±ĬĜĹŸØ±ƚŞųŅĀƋ
ÚåĹŅƚƴå±ƚƻ
au milieu de ce Disneyland préhistorique. Un ĵæϱĹĜŸĵåŸƋųŅŞ
Primal est d’une facilité déconcertante. Ce ne oiseau abattu d’une flèche précise. Une partie ŸĜĵŞĬåŸåƋųæŞæƋĜƋĜüŸţ
serait pas un mal (aucun gameplay n’est mauvais de chasse où l’on envoie son lion apprivoisé à
par essence, il y a de la place en ce bas monde la gorge d’un mammouth laineux avant de le
pour les défouloirs crétins comme pour le reste) féliciter d’une caresse et d’un bout de viande. Un
si cette approche ultra-casual, où l’on ne se sent de ces moments où, caché sous tous ses défauts, Environ
jamais en danger, ne réduisait pas à néant l’intérêt
des mécanismes qui font la force et l’originalité
on discerne le jeu exceptionnel que Far Cry
Primal aurait pu être.
60 €
Canard PC | 15
TEST PC

Stardew Valley
Le bonheur est dans le pré
Ma compagne est passée derrière moi lorsque je testais Stardew
Valley*PPIEcVIKEVH³Pƶ³GVERPƶEMVTIVTPI\IIXQƶEHMXnMais à quoi
tu joues là ? Y a pas de tanks, pas d’avions de chasse, pas de torpilles
spatiales... Tu joues à Animal CrossingƐŇƣƐŭƣŇĞƭůc~5YMWIPPIWƶIWX³PSMKR³I
IRQEVQSRRERXnTu as changé, ackboo... tu as changé...~
par ackboo

C
’est vrai que Stardew Valley, ça n’est pas du tout
mon style de jeu. C’est même ma kryptonite : des
graphismes 2D tout plein de pixels et couleurs
joyeuses, des vaches, des lapins, des fleurs, des petits
villageois gentils, une musique de jeu Nintendo… En théorie,
je n’ai absolument rien à faire dans cet univers enfantin. Et
pourtant, j’en suis à plus de 20 heures de jeu et j’adore. Tenez,
là j’écris le test, mais une partie de mon cerveau continue de
se demander si je dois planter des tournesols à la prochaine
saison, si j’ai bien arrosé mes tulipes et si la petite nana que
je drague dans le village voudra bien se marier avec moi.
Le charme de la province. Stardew Valley est un RPG à fin
ouverte pompant avec entrain le concept de Harvest Moon sur
Super Nintendo. Scénario : le héros vient d’hériter d’une ferme
abandonnée à côté d’une petite bourgade peuplée d’une trentaine
d’âmes. But du jeu : aucun. C’est à vous de vous faire votre propre
histoire. L’activité la plus évidente, c’est bien sûr de développer la
ferme. Armé de petits outils (bêche, faucille, hache, piolet), votre
petit perso pixellisé retourne la terre, y plante des graines achetées
à l’épicerie du village et les arrose tous les matins. Vous les récoltez
au bout de quelques jours et vous les revendez contre des pièces
d’or et achetez plus de graines pour une nouvelle récolte. C’est tout
con mais c’est étrangement agréable. Au bout de quelques jours, on
peut commencer à fabriquer quelques objets pour se simplifier la
vie : un coffre, des petites barrières, un épouvantail, des arroseurs
automatiques… Tout est mignon. Tout est beau, coloré, serein,
gentil. Les oiseaux picorent des graines. Le vent fait pencher les
arbres. Mon chat se prélasse sur le porche de ma maisonnette.
C’est gnangnan comme pas possible mais purée que ça détend.
Tissu social rose bonbon. Jouer à Jojo-le-fermier n’est qu’une
partie de Stardew Valley. Il y a des tas d’autres activités dès qu’on
sort de son lopin de terre. Dans le village d’à côté, une trentaine
de NPC vivent paisiblement. On les croise sur la place du village,
ils vous balancent quelques lignes de dialogues bien cul-cul du
genre « Il fait beau aujourd’hui » ou « J’ai pêché un gros poisson dans
la rivière ». Personne ne vous parlera jamais de Donald Trump, des
frondeurs de gauche ou de la crise des migrants. Quel bonheur.
En interagissant avec ces NPC, en leur offrant des cadeaux pour
leur anniversaire ou en effectuant des quêtes basiques du genre
« ramène-moi un radis pour que je fasse une soupe », on se lie d’amitié
avec eux. Il y a des fêtes organisées dans le village (concours de
danse, chasse aux œufs de Pâques…) qui renforcent encore les
liens avec cette petite communauté. Certains habitants sont
même des candidats au mariage : choyez-les et vous pourrez les
ramener à la ferme en tant que mari ou femme. Pas de Tinder,
pas de « plan cul super chaud dans ta région », juste des relations
humaines qui dégueulent de bons sentiments et de gentils
clichés. Je ne comprends vraiment pas pourquoi j’aime ce jeu.

16 | Canard PC
 ,IRVIRPG paysan
cul-cul-la-praline
)³ZIPSTTIYV
ConcernedApe
(États-Unis)
“HMXIYVĘƚÏĩĬåĀŸĘ
5PEXIJSVQI
PC Windows
(SRǻK
VIGSQQERH³I
ƚĹƤŞåƋĜƋ{ÚåģŅƚåƚų
8³P³GLEVKIQIRXc
300 Mo
1ERKYIVO
uniquement
)72Steam

Aujourd’hui, j’installe un poulailler. Il y a plein

d’autres choses à faire dans Stardew Valley. Ce
sont des petits morceaux de jeu vidéo qui, pris
séparément, n’ont rien d’extraordinaire, mais qui
ensemble forment une ambiance, un rythme, une
véritable petite vie rurale. Vous pouvez aller pêcher
du poisson sur la jetée et le vendre au magasin d’à
côté. Vous pouvez explorer les bois pour y récolter
des fleurs et légumes sauvages. Et il y a aussi la
mine, la zone de combat du jeu dans laquelle, armée
d’une petite épée, il faut explorer des dizaines de
niveaux pour buter des petits monstres rigolos
et ramasser du minerai. En fait, il y a toujours de
quoi s’occuper dans Stardew Valley : moissonner les
champs, récupérer les œufs de votre poulailler ou le
miel de vos ruches, vendre une pierre précieuse au
forgeron, ramasser des coraux et des coquillages sur
la plage, remettre en état la salle municipale, crafter
de nouveaux meubles pour la maison, progresser sur
un des nombreux petits arcs scénaristiques offerts
par les NPC… Le piège, c’est que les sauvegardes
se font uniquement le soir, lorsque le héros se met
au lit. Alors au réveil on se dit toujours : « OK,
aujourd’hui j’installe le poulailler, je coupe 150 rondins
de bois pour me fabriquer des coffres et je file un hareng
à Sébastian, puis j’arrête. » Mais on n’arrête jamais.
Un vrai jeu de 7 à 77 ans. Il y a bien quelques
défauts dans cet univers si accueillant. L’interface
La vallée de Stardew n’est pas gigantesque, mais
elle regorge de détails et de zones annexes à
déverrouiller. C’est d’autant plus remarquable que
le jeu a été réalisé par un développeur solitaire.
3SXVI&ZMWc
Stardew Valley est
incroyablement
pourrait être plus pratique, surtout lorsqu’il niais, bêbête, lent,
s’agit de jongler avec un inventaire de vingt items mignon, serein,
qui ne sont pas tous accessibles par la barre de relaxant. C’est un
raccourcis. Et les trajets, parfois, semblent un peu paisible simulateur
longuets à cause d’un personnage qui n’avance pas de bonheur
très vite, même en activant le « always running » rural, un petit
dans les options (ce que vous ferez tout de suite). RPG dégoulinant
Mais Stardew Valley a tellement de charme. Je de guimauve
n’ai pas d’enfant (Dieu m’en préserve), mais si qui comblera
j’avais un môme ou une gamine de 7-10 ans sur pleinement ceux
les bras, je sais que nous serions tous les deux qui voulaient un
devant le PC. Mon bambin s’extasierait à chaque jeu à la Harvest
écran et dirigerait le héros au clavier avec ses Moon sur PC.
petits doigts maladroits. Moi, je lui traduirais
les dialogues (ils sont uniquement disponibles
en anglais) tout en consultant la Wiki du jeu
afin d’optimiser mes rendements agricoles et Environ
construire une ferme de millionnaire. Ce serait
une si belle scène de bonheur familial.
15 €
Canard PC | 17
TEST PC

par Maria Kalash

Shardlight ,IRVIc aventure

à l’ancienne
la peste aux étoiles )³ZIPSTTIYVc
³HMXIYVc
Chez vous je ne sais pas, mais ici c’est la saison des coups de vieux. Prenez Dave Gilbert Wadjet Eye
et sa micro-entreprise d’édition de jeux Adventure Game Studio. Mais si, tous les point Games (États-
cGPMGOªKVSWTM\IPWIXTIXMXWFVEWHIGIWHIVRM²VIWERR³IWPIWGemini Rue, les Blackwell, les Unis d’Amérique)
Primordia, les Resonanceƾ'SRªZSXVIEZMW±EJEMXGSQFMIRHIXIQTWUYƶMPIWXPª$)M\cERW 5PEXIJSVQIc
PC Windows
(SRǻK
recommandée :
un ordinateur
doté d’une souris
et d’un écran
8³P³GLEVKIQIRXc
500 Mo
1ERKYIc
VOST anglais
)72cSteam ou
aucun sur GoG
)72ccpc.cx/eRW

L
es shardlights, ce sont des
petits fragments de verre
dopés à l’uranium. Sous
la lumière des UV, ils rayonnent
d’une lueur verte, glauque. Dans
la grande ville ravagée par la
bombe une vingtaine d’années
auparavant, c’est devenu la
source de lumière pour les
humains qui tentent de survivre.
Dans le nouvel ordre qui s’est
institué, il y a les gagnants et les
perdants. Les aristocrates, qui Notre Avis :
ont accès à tout, et les autres. Amy appartient à la jeu, un tout petit nombre de puzzles vient renforcer Pour qui apprécie
seconde catégorie. Pour espérer survivre à la maladie l’épaisseur des mystères qu’Amy s’apprête à percer. les gros pixels des
qu’elle vient de contracter, elle accepte un contrat productions Wadjet
du gouvernement. En guise de salaire, elle obtiendra La lutte des crasses. Comme dans Resonance, Eye, il y a de quoi se
un ticket de loterie. Une tombola dont le gagnant Primordia ou Technobabylon, quelques-unes des régaler. Une histoire
remporte… une dose de vaccin. précédentes productions Wadjet Eye, la dystopie sert intéressante, des
de cadre à l’évolution d’un personnage. C’est du coup personnages forts
La mécanique du splendide. Dans ce monde hostile, un peu surprenant qu’Amy prenne des décisions sans et une ambiance
Amy tient le coup et vivote. La mécanicienne a des vous. Elle décide de s’allier aux uns ou de rejeter les ÚåĀĹÚƚĵŅĹÚå
amis, un appartement, des voisins. Vous leur parlez et autres, sans vous demander votre avis de joueur. Mais servent un propos
vous vous déplacez au clic gauche, le clic droit permet n’ayez crainte, c’est ensemble que vous déciderez du plutôt nuancé. Du
d’observer, et passer sa souris en haut de l’écran fait fin mot de l’histoire. Pour ceux qui regretteraient coup, on regrette
apparaître l’inventaire, sur fond vert shardlight. d’avoir déjà terminé ou qui souhaiteraient tâter du ŧƚåĬ±ĀĹØƚĹŞåƚ
Amy Cooper frappe par sa normalité. Dénuée de doigt l’univers peuvent jouer gratuitement à Rebirth précipitée, arrive
super pouvoirs ou de connexions, elle se débrouille et The Reaper, développés par Ben Chandler et si vite.
et elle prend quelques décisions dans un monde Francisco Gonzalez, les développeurs de Shardlight,
trop grand pour elle. Il s’agira de repérer des objets à l’occasion d’une jam (cpc.cx/eOy). Mais cela
dans les décombres, de les utiliser au bon moment, n’empêchera pas les charmantes aventures d’Amy
de parler aux bonnes personnes et de s’intéresser à Cooper de finir un peu trop vite, après à peine Environ
leur sort. En dehors de la combinaison d’objets assez
logique, parfois brutale, qui constitue l’essentiel du
plus de cinq riches heures de jeu, et de manière un
tantinet expéditive.
15 €
18 | Canard PC
Plants vs. Zombies : Garden Warfare 2 par Netsabes

Le pot de terre et le pot de fer 2 : la vengeance Genre : TPS multi

YVQSR³GVERYRIVSWIXMVIHIWFSYPIWHIJIYWYVYR^SQFMIREMR Développeur :
HERWYRQIGLEYRZMIMPPEVHFEPERGIYRHVSRITIVVSUYIXHERWPIW Popcap (Canada)
EMVWUYMWITVIRHHIWXMVWHI)(&TEVYR³TMHIQEºWƾ'SRGƶIWX Éditeur :
TEWIRGSVIEYNSYVHƶLYMUYƶSRZEQITVIRHVIEYW³VMIY\ªPEV³HEG *PIGXVSRMGc&VXW
Plateformes :
5(c;MRHS[W<FS\
4RI5PE]XEXMSR
(SRǻK
recommandée :
5(cHINSYIYV
8³P³GLEVKIQIRX
,S
1ERKYIVF
DRM : Origin

I
l y a deux ans, EA sortait Plants vs.
Zombies : Garden Warfare, un TPS
multi en 12v12 avec les personnages
de Plants vs. Zombies. Le premier Garden
Warfare, malgré son originalité et sa
bonne humeur, présentait deux défauts
majeurs : un système de progression qui
donnait l’impression que des micro-
transactions allaient être ajoutées (ce qui
fut le cas) et un déséquilibre permanent
entre les deux camps. Bien sûr, ce dernier était au
cœur même du gameplay asymétrique du jeu (les
plantes, faibles et rapides, étaient équipées d’armes
automatiques, tandis que les zombies, costauds et
lents, avaient des armes à moins longue portée et à la
vitesse de tir moindre, mais causant plus de dégâts),
mais se voyait exacerbé par des cartes trop ouvertes,
forcément au détriment des zombies. Je suis ravi de
vous annoncer que Popcap n’a pratiquement rien
corrigé de tout cela. Le système de progression (à base
de paquets de cartes à collectionner) reste conçu pour
les micro-transactions… Et tiens donc, alors que j’écris
ces lignes, le jeu est sorti depuis à peine 15 jours que les
voilà déjà arriver. Pour le premier épisode, EA avait au
moins fait mine de temporiser, attendant deux mois
après la sortie avant de lâcher ses comptables dessus.
La rose arrose. Concernant l’équilibre des parties, il
reste catastrophique. Popcap a fourni un gros effort
sur les maps, qui offrent beaucoup moins de lignes de
Warfare 2 propose trois nouveaux personnages par
camp, dont deux qui, chez les plantes, massacrent tout Notre Avis :
sur leur passage. Résultat, lors de toutes mes parties en :±ųÚåĹœ±ųü±ųåƤƖ
ligne, j’ai assisté au même phénomène : on comptait est la copie
déjà 12 joueurs côté plantes quand je les rejoignais, conforme du
donc je débarquais chez les zombies, généralement premier épisode,
moins nombreux. Dès la fin des matchs, les deux présentant les
tiers des joueurs de mon camp abandonnaient, mêmes défauts,
espérant réapparaître côté plantes dans une autre une poignée de
partie, et ainsi de suite. Un patch rééquilibrant le nouveautés et
jeu a été annoncé ; peut-être sera-t-il sorti quand un mode solo à
vous aurez ce magazine entre les mains mais pour ŞåĜĹåŞĬƚŸæƋŅýæţ
l’instant il a déjà une semaine de retard, et le seul Et pour ça, EA
disponible est celui qui ajoute les micro-transactions. pense pouvoir en
Le pire, c’est qu’à l’instar du premier épisode, Garden demander 30 euros
Warfare 2 fonctionne par moments comme prévu : de plus que pour le
les affrontements y sont temporairement chaotiques ŞųæÏæÚåĹƋţ
et farfelus, les gadgets et pouvoirs secondaires des
nouveaux personnages ajoutent une bonne dose de
variété aux combats… bref, pendant un instant ou Environ

tir évidentes, mais à côté de cela, il s’est complètement deux, on s’amuse. Il ne manque pas forcément grand- 60 €
planté sur les nouvelles classes de personnage. En chose pour que Garden Warfare 2 passe du bon côté de sur PC,
70 € sur
plus de celles disponibles dans le premier épisode la barrière, mais l’obstination d’EA à ne rien changer à consoles
(on peut d’ailleurs importer sa progression), Garden sa formule n’améliore pas le jeu, bien au contraire. (pardon ?)

Canard PC | 19
TEST PC

Grim Dawn
Diablo laïc
Depuis quelques années, on peut lire partout que Grim DawnIWXncplus maturec~
que ses concurrents. S’agit-il d’un jeu qui vous susurre du Simone de Beauvoir
à l’oreille pendant que vous pataugez dans le sang frais ? Son scénario vous
pousse-t-il à vous interroger sur la morale, la justice et l’inégalité des richesses
au sein de notre société bourgeoise ? Pas vraiment. Apparemment, la maturité,
ce serait plutôt d’éviscérer des monstres mais avec une petite larme au coin de
l’œil, parce que quand même, c’est très triste ça, d’éviscérer des monstres.

par Izual

L
es récoltes pourrissent, les coupe-jarrets pullulent le long
des routes, l’ambiance est au post-apocalyptique mâtiné de
western… L’univers de Grim Dawn n’est pas jojo. Si vous
n’avez jamais osé terminer le bouquin de votre classe de
lecture en CE1 de peur que le chien meure à la fin, alors là oui, il
est même mature et terrifiant. Tandis que si vous êtes quelqu’un
de normalement constitué, vous trouverez sans doute son univers
plutôt lambda. Trop lambda, même. Sans doute un peu idéaliste
et fleur-bleu, je m’attendais à ce que ce Diablo post-apo’ me mette
une tronçonneuse et un lance-flammes dans les mains avant de
me demander de charcler du pillard dans une bagnole déglinguée.
Au final, je me suis retrouvé avec la même hache à deux mains
que dans le premier hack & slash venu, à ferrailler contre les
mêmes monstres difformes et à évoluer dans des souterrains qui
auraient pu être creusés par des nains. Et si je place ce constat
brutal en tête de mon papier, ce n’est pas entièrement par cruauté.
C’est pour qu’on soit bien conscient que, contre toute attente,
Grim Dawn ne cherche pas à nous happer grâce à son univers.
Il revendique son classicisme d’entrée de jeu, tout de go, et il
vous balance des zombies à la figure alors qu’il sait très bien que
vous en avez déjà buté des millions dans Torchlight 2. Parce qu’il
a confiance en ses capacités. Il est comme ça, Grim Dawn.
Les classes des titans. Et Grim Dawn peut avoir confiance
en lui : son système de progression, élément aussi vital pour
un hack & slash qu’une balance truquée pour un maraîcher,
a été entièrement repompé sur un autre titre, Titan Quest.
Bon, le jeu avait été créé par la même équipe que Grim Dawn,
ce qui doit alléger pas mal la culpabilité des vilains plagieurs.
Dès votre premier gain de niveau, vous choisissez donc votre
classe – sorcier pyromane, assassin aux lames agiles, etc. – mais
vous pouvez par la suite sélectionner une autre de ces classes
pour compléter la première, de façon à avoir deux arbres de
compétences où répartir vos points. Au final, le système assez
flexible permet des spécialisations poussées mais aussi une
certaine polyvalence, notamment pour les joueurs qui adorent
un versant de leur classe principale et qui vont chercher à le
renforcer grâce à un bout de l’arbre d’une autre. Les joueurs en
quête de nouveauté seront déçus de retrouver un système déjà
éprouvé, mais on a aussi le droit de les traiter de rabat-joie et
de les laisser dans leur coin vu l’efficacité de ce bi-classage.
Diablo grenadine. Grim Dawn apparaît donc d’abord comme
un hack & slash prometteur où, sans surprise, le héros doit
éclater des grappes de monstres, ramasser les objets rares sur

20 | Canard PC
 Genre :
hack & slash
)³ZIPSTTIYVc
éditeur :
Crate Entertainment
(États-Unis)
Plateforme :
PC Windows
(SRǻK
VIGSQQERH³Ic
PC de joueur
8³P³GLEVKIQIRXc
3,1 Go
1ERKYIVO
DRM :
Steam (mais les
dév’ ont promis
qu’ils seraient sur
GOG un jour)

leurs cadavres et passer aux groupes suivants puis au boss de
la zone. Les mécaniques restent très classiques, leur exécution
généralement correcte – objets variés, contenu de haut niveau
à foison, mode hardcore où votre personnage n’a qu’une seule
vie, et ainsi de suite. Après pas mal de combats, on remarque
aussi une petite prise de risque côté baston, où l’accent est plutôt
mis sur l’attirail du joueur au détriment de la complexité de ses
tactiques – un parti pris qui déplaît au Sun Tzu qui sommeille
en moi, mais qui reste défendable dans un jeu basé sur le loot.
On relève bien quelques défauts de conception, comme cette
absence totale de challenge jusqu’aux alentours du niveau 12
si vous ne jouez pas en mode difficile, mais dans l’ensemble,
Grim Dawn fonctionne. On se surprend à essayer nos nouvelles
aptitudes avec entrain, à défoncer des crânes dans l’allégresse et
à chercher des sessions multijoueurs pour parcourir le monde en
bonne compagnie – surtout qu’après un long tunnel d’adversaires
monstro-zombies, on se retrouve enfin à affronter des bandits
humanoïdes, un changement de cadre assez bienvenu.
Titan au mitard. Et puis, au bout de quelques heures de jeu,
le plaisir de jouer les brutes se dissipe. Le déclic, de mon côté, a
coïncidé avec le moment où j’ai perdu tout espoir de voir l’univers
du jeu devenir vraiment post-apo’ au lieu de se contenter d’un
médiéval-fantastique parfumé à la poudre à canon. C’est là que le
manque d’inspiration de Grim Dawn m’a sauté aux yeux. Avec son
bestiaire trop classique et ses niveaux stéréotypés du genre prison
ténébreuse et labo de savant fou, l’univers sans saveur du jeu le
handicape plus qu’autre chose. Pire : les cartes sont fixes et non pas
générées procéduralement, un vrai retour en arrière en termes de
rejouabilité qui aurait soi-disant permis au studio de porter plus de
soin à la cohérence des zones, ce qui n’est pas flagrant. Les combats
non plus ne sont pas exempts de défauts, certes mineurs, mais tout
de même agaçants : la lisibilité est aux fraises, les massues à deux
mains décrites comme « très lentes » frappent aussi vite qu’un
sabre « très rapide » de Diablo, les boss sont des sacs à PV ignobles
et les monstres six fois plus nombreux que ce qu’on attend dans
un hack & slash, avec beaucoup de chair à canon. À côté de ça, il

Canard PC | 21
TEST PC GRIM DAWN

L’homme le plus « classes » du monde

Au niveau 2, votre personnage devra
choisir entre six classes qui détermineront
ses aptitudes, ses forces et ses faiblesses.
L’occultiste est un invocateur porté sur les
malédictions et le poison, le démolisseur
est un ingénieur-sorcier qu’il ne faut jamais as
laisser seul avec une boîte d’allumettes, s,
le shaman se concentre sur la tape à
deux mains tout en demandant de l’aide de
à la foudre, et ainsi de suite. Plus tard
dans l’aventure, le choix d’une deuxième me
classe permet au joueur d’acquérir dess
sorts dans une nouvelle branche ou de e
compléter sa spécialisation dans un type pe
d’attaques. En plus de ce bi-classage, la
répartition de quelques points dans des es
ÏŅĹŸƋåĬĬ±ƋĜŅĹŸ±ƚĀĬÚåĬ±ޱųƋĜåƴĜåĹÚų±
consolider un aspect du personnage sur
lequel vous voudriez mettre l’accent.

3SXVI&ZMWc
S’il avait au moins
assumé son côté
post-apo’, Grim
Dawn aurait pu être
un chouette hack &
slash d’ambiance.
Au lieu de ça, il
est condamné à
devenir du rab’
générique de
Path of Exile et
Diablo III, un titre
plutôt correct
mais vachement
classique, qui se
rate sur trop de
points pour devenir
incontournable.
Sur le papier, il a
bien suivi la recette
faut aussi reconnaître des qualités aux bastons, même fait mieux. Rassurez-vous, je ne m’apprête pas à du hack & slash.
avec des coups qui peuvent envoyer valdinguer déterrer la vieille momie Diablo II, laissons-la reposer Après y avoir joué,
les ennemis à quinze mètres, des animations de en paix. Mais impossible de jouer à Grim Dawn sans on constate que
mort rigolotes et des ennemis qui s’entre-tuent penser à un autre titre, plus récent, Path of Exile. Grim Crate Entertainment
parfois sans prévenir tellement ils ont la dalle. Dawn souffre beaucoup de la comparaison avec le jeu a quand même
de Grinding Gear Games, plus beau, plus profond et oublié quelques
Grim contre l’humanité. Alors voilà, Grim plus complexe. Surtout, Path of Exile a, lui, le bon goût ingrédients dans
Dawn n’innove pas des masses, fonce dans le du gratuit – ou le goût mi-figue mi-raisin du free-to- la marmite : le
classicisme la tête la première et en plus se permet play, si vous préférez. Toujours est-il que j’aurai du mal ŸŅƚÿååƋĬű±ƚÚ±Ïåţ
de rater certains trucs. Quelles conclusions en à recommander Grim Dawn alors qu’une alternative
tirer ? Que s’il s’agissait d’un précurseur du hack gratuite existe. Les fans du hack & slash et ceux qui ont
& slash et que la concurrence était inexistante, raclé tous les titres du genre peuvent sans problème
il pourrait prétendre aux plus sincères louanges. l’acheter, histoire de s’injecter une bonne dose de neuf Environ
Malheureusement, d’autres jeux ont déjà tenté de
remplir le même cahier des charges, et ont parfois
dans les veines. Aux joueurs moins fanatiques, on
conseillera plutôt ses concurrents plus aboutis.
25 €
22 | Canard PC
TEST PC

par Kahn Lusth

Devil Daggers Genre : Fast FPS

)³ZIPSTTIYVc
Les dagues aux doigts éditeur :
:SYWZSYWWSYZIRI^HIW+5UYMSRX³X³TVSHYMXWHERWPIWERR³IW$1ƶSFPMKEXMSRHIWXVEǺIV „Ņų±ƋĘƤŠeƚŸƋų±ĬĜåš
comme un dingue, de « bunny hopper » comme un dieu et de placer ses tirs à la perfection Plateforme :
TSYVWYVZMZVITPYWHIXVSMWQMRYXIWWYVXSYXPSVWUYƶSREZEMXPIQEPLIYVHIZSYPSMVNSYIVIRPMKRIc$ {ƤœĜĹÚŅƵŸ
Eh bien, Devil Daggers est une lettre d’amour au genre... écrite sur un timbre poste. (SRǻK
recommandée :
n’importe quel PC
8³P³GLEVKIQIRX
220 Moc
1ERKYIškƤŠ±ĹčĬ±ĜŸš
DRM : Steam

P
as de musique, ni de
décor. Je suis là, planté
devant une dague qui
flotte dans les airs, à peine
éclairée d’un halo lumineux.
Je m’approche et en prend
possession, ce qui me révèle
les alentours, résumés à une
petite plateforme ronde qui
flotte dans le vide et surtout,
des ténèbres insondables.
Machinalement, j’effectue un
clic gauche pour comprendre que maintenir ce dernier
me permet de mitrailler des dagues, tandis qu’une
courte pression me permet de tirer en large cône, à la
manière d’un fusil à pompe. Ah, trois pylônes viennent
d’apparaître et ont lâché chacun une grosse nuée de
crânes qui OH PUTAIN DE MERDE ÇA VA TROP
VITE ! Une simple touchette aura suffi à me tuer,
révélant ainsi l’écran de fin et son tableau des scores
mondial. Je ne suis pas loin du numéro 30 000 et je
me sens un peu honteux, non pas à cause de mon score
pitoyable mais parce que, l’espace d’un instant, j’ai
détesté ce qui me rendait autrefois joyeux. Je suis en
train de vieillir.
Clique, meurs, recommence. D’un simple clic,
je relance la partie. Cette fois, je commence à
comprendre quelques petites subtilités, comme le
fait de tirer sur la gemme rouge qui orne les pylônes
pour les détruire instantanément. J’insiste, je cours
dans tous les sens en poussant des petits cris, jusqu’à
ce qu’un de ces foutus crânes cornus, moins nombreux
que les crânes normaux mais plus solides, me fasse la
24 | Canard PC
Notre Avis :
Devil Daggers est
un très bon FPS,
peau. Je suis désormais classé aux alentours du numéro mais succinct au
25 000. « Bordel, c’est quand même pas un FPS à la con possible. Malgré
qui va m’apprendre la vie ! », me dis-je en vidant ma son prix cadeau, on
canette et en relançant une nouvelle partie. Cette fois, le recommandera
je découvre qu’on peut faire une sorte de rocket jump, surtout aux
en se tirant un coup de fusil à pompe dans les pattes amateurs de
et que les sauts en diagonale sont vachement utiles speedruns et autres
pour gagner en vitesse. Je tourne en rond, je tiens bien prouesses, qui
plus longtemps et crève en touchant un pylône comme mouilleront leur
un con. Cette fois, c’en est trop. J’écrase la canette chemise en partant
contre mon front et je lance le replay du numéro un, à la chasse au
pour essayer de comprendre. Il vise impeccablement score. Les autres
malgré l’absence de réticule, laisse les pylônes en vie n’y verront qu’un
pour augmenter son score grâce aux nuées de crânes jeu vide et répétitif,
qu’ils envoient. Il se balade. Pire encore, à force de ce qui me rend très
tuer, son arme devient de plus en plus puissante et tire triste.
désormais dans un son strident, proche de celui d’une
cocotte-minute. En réalité, il ne semblera souffrir que
dans la dernière minute, lorsque la plateforme sera
saturée de monstres en tous genres. C’en est fini de lui, Environ
tout comme des réflexes de ma jeunesse et pourtant,
j’ai toujours envie de jouer.
5€
 The Walking Dead :
T Life in Bunker
Michonne
M Abri raccourci
Episode 1 : In Too Deep
Je suis la Ténébreuse - la veuve - l’inconsolée
I /10
l paraît que c’est dans les vieux
pots que l’on fait les meilleures
soupes, et je suis bien d’accord, à
condition cependant que les oignons
n’aient pas pourri et que les carottes
ne soient pas blettes. Telltale remet
donc le couvert avec son adaptation
des comics de Robert Kirkman, The
Walking Dead, et propose au joueur
pas encore écœuré par la recette
de se plonger dans les aventures
maritimes de Michonne, personnage
au charisme magnétique. Taiseuse,
dure-à-cuire, mais aussi pleine de
fêlures, elle porte à elle toute seule le
premier épisode de cette mini-série,
censée servir de trait d’union entre
les saisons 2 et 3 du jeu. On y vit
les aventures de l’avocate lorsqu’elle
quitte temporairement le groupe
de Rick Grimes dans les comics,
pour ceux qui suivraient ça de
Par Maria Kalash
Genre : point & click & QTE
)³ZIPSTTIYV³HMXIYVc
Telltale Games
(États-Unis de Californie)
Plateformes :
PC Windows, Mac,
PS3, PS4, Xbox One et
360, iOS, Android
Langue : VOSTFR
DRM : Steam
Prix : 15 euros la saison
de 3 épisodes
près. Telltale ne change absolument
aucun des ingrédients de sa formule
gagnante depuis 2012 : vous allez
alterner les phases de QTE (où il
vous faudra marteler les touches a et
e de votre clavier que vous aurez pris
soin de passer en qwerty), quelques
maigres phases d’exploration et des
dialogues où vous devrez décider
des répliques de Michonne dans des
moments de pression. Les acteurs
sont impeccables, Telltale fait l’effort
de fournir des sous-titres français à
côté de la plaque, mais on commence
à éprouver un sentiment de lassitude
non négligeable. D’ailleurs, Telltale
ne s’y trompe pas : l’épisode bat des
records d’expéditivité et
se boucle en à peine plus
d’une heure. Dans l’absolu
ce n’est pas mal, mais perso
je n’ai plus vraiment faim.
Par Guy Moquette
I
l est fréquent qu’un jeu ne dévoile sa vacuité
qu’une fois le didacticiel passé. Dans de rares
cas, il accomplit l’exploit de provoquer un
ennui confinant à la somnolence dès l’explication
des principes de base. C’est comme ça : on n’a pas
encore achevé le tuto de Life in Bunker que l’on
comprend qu’il recycle les mécaniques reprises à
des dizaines, des centaines même, de jeux qui les
exploitaient mieux que lui, en ajoutant un petit
côté Dungeon Keeper pour s’attirer la sympathie
ou la curiosité des badauds qui croisent son
chemin. À la surface de la planète, c’est la grande
saison des champignons (atomiques), on se
retrouve avec le destin de survivants bloqué à
l’intérieur d’un abri souterrain, et la charge de
le développer en attendant que ce petit monde
puisse sortir prendre l’air. On ne va pas faire
durer le suspense si vous voulez prendre soin
d’une petite colonie, on pourrait vous citer
des dizaines d’excellents jeux (à commencer
par Banished et Rimworld) qui font tout bien
mieux. Ce machin bricolé à la va-vite est allé
faire un tour dans les années 1990 pour en
ramener des modèles 3D offensants et une
interface qui laisse des traces (psychologiques,
mais également de souris dans le mur, pour être
précis). Life in Bunker est un sandwich au pain,
un plat de nouilles trop cuites sans beurre. Un
truc fadasse, qui ne fait même pas l’effort d’être
suffisamment raté pour provoquer des fous-
rires, et dont la seule gloire est d’être un poil
plus profond que Fallout
Rien
Shelter. Ouais, c’est moche.
Genre : anodin
)³ZIPSTTIYV³HMXIYVcFlox Studios (quelque
part dans un ancien pays du Pacte de Varsovie)
Plateformes : PC Windows, Mac
Langue : VO
(SRǻKVIGSQQERH³Iune bibliothèque
Steam de jeux tous terminés trois fois
DRM : Steam ou aucun (Humble Store)
8³P³GLEVKIQIRX130 Mo
Prix : 16 €
Canard PC | 25
TEST PC

par Pipomantis

The Deadly Tower of Monsters ,IRVIc nanar

)³ZIPSTTIYVc
My tailor is kitsch ACE Team (Chili)
Le savriez-vous ? Dans le commentaire audio du DVD d’Asterix & Obélix : Mission “HMXIYVcAtlus
Cléopâtre, Alain Chabat meuble les silences entre les anecdotes de tournage avec 5PEXIJSVQIWc
des lectures de recettes de cuisine. PC Windows, Mac
(SRǻK
recommandée :
PC de joueur
8³P³GLEVKIQIRXc
1 Go
1ERKYIc VOSTF
)72cSteam

T
he Deadly Tower of
Monsters est – comme
son nom ne l’indique Notre Avis :
pas vraiment – un hommage Terriblement
au cinéma de science-fiction charmant et
des années 1940-50, où des sympathique, The
spationautes en collants Deadly Tower of
avec un bocal autour de la Monsters n’est
tête croisaient des aliens pas un mauvais
au cerveau hypertrophié et bougre. Certes
des moustiques de dix-huit maladroit et pas
mètres au garrot. Dès ses toujours bien
premières secondes, le titre malin, notamment
d’ACE Team (Zeno Clash, lorsqu’il noie le
Rock of Ages) annonce la couleur et fait blablater le montre à la hauteur. Et c’est ici qu’ACE Team se prend joueur sous des
réalisateur du film dont vous êtes le héros, comme un peu les pieds dans le tapis. Il faut dont gravir cette combats répétitifs
un commentaire audio qui viendrait narrer vos fameuse « Tour Mortelle des Monstres » et génocider et machinaux, on
aventures. Une idée pas vraiment toute neuve qui la quasi-totalité des espèces aliens qui vous tomberont lui pardonnerait
tape un peu trop souvent à côté (Prince of Persia ou sur le râble. Malheureusement, les combats manquent presque ses
Bastion l’ont déjà exploitée, et avec plus de brio) mais cruellement d’énergie, à cause de leurs armes trop errements tant
qui, de temps à autre, arrive à arracher un sourire molles et leurs animations rigides. Pourtant, les il semble vouloir
au joueur. C’est ce genre de petits détails, aidés par développeurs se sont un peu creusés avec la possibilité bien faire. Une
une direction artistique aussi débile que géniale (les de tirer en contrebas sur des ennemis qui grimpent friandise douce-
« monstres » non-humanoïdes sont animés à 20 FPS également le long de la tour ou ces séquences en chute amère que vous
pour émuler la stop-motion de l’époque) qui donnent libre, plutôt grisantes et réussies. Certains combats de pourriez tout à
une personnalité forte à The Deadly Tower of Monsters. boss arrivent également à casser un peu la monotonie ü±ĜƋƴŅƚŸŅýųĜų
Singes géants, dinosaures, hommes-insectes et autres mais malheureusement, la répétitivité du gameplay et en dessous de
rats-cerveaux (si, si) s’ébrouent joyeusement dans son manque de dynamisme nous plongent un peu trop ŎLjƤåƚųŅŸţ
cette grande fresque kitsch qui porte fièrement son souvent dans l’ennui. On traverse de longs segments en
idiotie en étendard. pilote automatique, à taper comme un sourd sur des
ennemis en carton-pâte jusqu’à la prochaine séquence
La série B d’ACE en folie. C’est bien mignon de un peu rigolote. C’est un peu triste mais, dans ces Environ
plonger le joueur dans cette délicieuse parodie de
SF old school mais encore faut-il que le gameplay se
moments-là, j’ai un peu regretté qu’il n’y ait personne
pour me lire des recettes de cuisine.
15 €
26 | Canard PC
Deponia par Guy Moquette

Pour ne pas rester sur sa fin Genre : point & click

Développeur /
éditeur : Daedalic
« Attention, je suis, je suis... TOP ! Je suis une trilogie de jeux vidéo qui possède une galerie
Entertainment
de créatures oscillant entre le bizarroïde et le trognon. Les relations sentimentales de
(Allemagne)
mon protagoniste principal sont connues pour être compliquées. La conclusion du
Plateformes :
ƒŹŇĞžĞìķåƐæŤĞžŇÚåƐ±Ɛü±ĞƒƐĚƣŹĮåŹƐķåžƐü±ĻžØƐŭƣĞƐžåƐžŇĻƒƐžÏ±ŹĞĀæžƐåƒƐŇĻƒƐåĻƒ±ķæƐÚåžƐďŹìƽåžƐ
{ƤœĜĹÚŅƵŸØa±Ï
ÚåƭĮ±Ɛü±ĞķƐŤŇƣŹƐåĻƐÚåķ±ĻÚåŹƐƣĻåƐ±ƣƒŹåØƐĥåƐžƣĞžũũũƐůƐIåƐžƣĞžũũũƐů »
(SRǻK
recommandée :
n’importe quel PC
8³P³GLEVKIQIRX
3 Go
1ERKYIšk„‰8
DRM : „Ƌå±ĵ

M
« ass Effect ? Ah
là là là non, il
y avait un piège, il
s’agissait en fait de Deponia.
Heureusement, vous ne Notre Avis :
repartez pas les mains vides, Dans la droite
nous vous offrons l’encyclopédie lignée de ses
Larousse en 28 volumes des prédécesseurs
lieux communs dans les jeux Deponia : Doomsday
vidéo. » est un point & click
En 2013, Goodbye Deponia solide alternant
clôt la série de point & énigmes tordues
click développé par les Allemands de Daedalic. Au temps pour lui. À ce stade, vous aurez compris et humour plus ou
À l’époque, même Maria Kalash s’avouait déçue du que les paradoxes temporels et autres réalités ĵŅĜĹŸĀűƚÚţ„ŅĹ
sort (trop doux) réservé à son détestable anti-héros alternatives seront au programme. Pour le reste, plus grand exploit
Rufus. La plupart des autres joueurs conspuent, c’est du Deponia pur jus. Pur jus de chaussette, reste tout de même
pour d’autres raisons, une fin jugée bancale / même, si l’on se réfère à l’habituelle profusion de de se moquer
inadmissible / cruelle / « trop dég’ je vais retenir ma mini-jeux de qualité très inégale (heureusement autant de lui-même
respiration jusqu’à en avoir une autre ». Daedalic a tous escamotables) et à l’humour mi-pouet pouet, que des joueurs
vu l’opportunité de faire d’une pierre deux coups : mi-scato qui s’invite, une fois encore, à la fête. Dieu scandalisés par
sortir un nouvel épisode et répondre aux suppliques merci, il ne s’agit pas tout le temps de péter dans Ĭ±ĀĹÚåGoodbye
des joueurs traumatisés. Deponia : Doomsday une baignoire pour détendre l’atmosphère : comme Deponiaţ%åŞåƋĜƋåŸ
démarre sur un contrat très clair : vous êtes déçu car ses prédécesseurs, Doomsday est plutôt bien écrit, moqueries qui
vous attendiez une happy end ? Eh bien voilà, grâce arrache régulièrement quelques vrais sourires sincères frôlent même
aux voyages dans le temps, vous avez le pouvoir de devant ses situations grotesques (il m’est même arrivé parfois le doigt
modifier le cours des choses. Retour en arrière, bien de pouffer, je le confesse) et continue d’abreuver les d’honneur, mais
avant les événements des titres précédents, quand pervers masochistes du genre d’énigmes tordues et toujours avec le
Rufus projette de quitter sa planète dépotoir pour de combinaisons d’objets frôlant l’aliénation mentale. ŸŅƚųĜųåţ
atteindre la station spatiale paradisiaque d’Elysium. On est même enclin à lui pardonner ses errances sur
Ce même Rufus qui a, comme c’est pratique, des le simple souvenir de nos manipulations génétiques
visions de son futur. Et qui va mettre la main sur idiotes sur Elysium, de nos exploitations délirantes
une machine à remonter le temps, dont il va user et, des portails temporels dans le dernier quart du jeu Environ
forcément, abuser en bon être irresponsable, stupide
et égoïste qu’il est.
ou sa constante fascination obsessionnelle pour les
ornithorynques.
30 €
Canard PC | 27
TEST PC

par Maria Kalash

Heaven’s Hope Genre : EZIRXYVI

point & click
paradis vaut bien une messe Développeur :
1IH³ZIPSTTIQIRXHINIY\ZMH³SGƶIWXWSYZIRXYRIEǺEMVIHITEXMIRGIHeaven’s Hope, Mosaic Mask Studios
NIcPƶEZEMWZYªPE,EQIWGSQIR‡Pƶ³TSUYINƶEZEMWWSYVMTSPMQIRXHIZERXPƶI\TSW³UYI &PPIQEKRI
QƶIREZEMXJEMXYRQSRWMIYV.PJEYXHMVIUYƶMPTVIREMXPETIMRIHIQIWMKREPIVPIWQSQIRXWSÄMP Éditeur :
JEPPEMXVMKSPIVGIPEIÆX³X³KVSWWMIVHIQETEVXHIRITEWGSST³VIV *YVSZMHIS2IHMIR
Plateforme :
5(c;MRHS[W
(SRǻK
recommandée :
GEVXIKVETLMUYI
dédiée
8³P³GLEVKIQIRX
,S
DRM : Steam

T
alorel est un ange.
M’enfin un ange en
carton : d’abord il
est tombé du ciel, ensuite
il a cramé ses ailes et perdu
son auréole. À ce train-là,
autant dire tout de suite qu’on
n’est qu’un type normal et Notre Avis :
vaguement amnésique. Mais Heaven’s Hope
Talorel entend dans sa tête les occupera le fondu
voix de deux copains restés au d’aventure point &
Paradis, Azael et Salomé, du coup on s’éloigne un peu Mais désuet d’une autre époque que celle des décors. click une dizaine
du neurotypique. Échoué dans une verte campagne Le plus étonnant dans tout ça, c’est la façon dont le jeu d’heures, ce qui
européenne du milieu du XIXe siècle en proie au s’excuse parfois de ce qu’il vous fait faire. Comme ce est très honnête. Il
fondamentalisme catholique d’une dénommée moment où, dans un puzzle, Salomé intervient pour lui arrachera aussi
Greta, Talorel va faire de son mieux pour récupérer vous dire « nan mais en fait si ça t’embête on le résout quelques jurons
son auréole et de quoi regagner les Cieux, tout en pour toi hein ». Comme si les développeurs s’étaient d’agacement,
évitant les foudres de l’inquisitrice. Il lui faudra donc rendu compte au dernier moment de l’intérêt limité rapport à sa
tailler bavettes et hosties avec les habitants du coin, du passage, mais ne pouvaient pas l’enlever faute de lui jouabilité parfois
rendre des services en échange d’indulgences, et, avoir prévu un remplacement. aléatoire, et
occassionnellement, résoudre un puzzle. un nombre de
L’auréole, parce qu’il le vaut bien. Ce manque de rires et sourires
Talorel est hardi. Il s’agit d’un jeu d’aventure point cohérence se fait sentir tout au long de l’aventure et inversement
& click d’un confondant classicisme. L’inventaire en donne le sentiment qu’en fin de compte, personne proportionnel
bas de l’écran vous permet de stocker une collection chez Mosaic Mask (dont c’était le premier jeu) ne à sa sensibilité
d’objets hétéroclite, une carte autorise les voyages croyait vraiment à ce qu’il faisait. C’est dommage, aux questions
rapides et allège un peu le fardeau des milliasses certains personnages adorables sont sous-employés, d’inclusivité
d’allers-retours auxquels vous n’échapperez pas, et tandis que l’on n’échappe jamais aux caricatures culturelle.
un journal de quête dessiné, ainsi que les conseils lourdaudes (le marchand sorti des Mille et une nuits
de Salomé et Azael, vous évitent de vous sentir trop qui pleurniche sur le nombre d’enfants – en constante
con, surtout après une interruption un peu longue. augmentation – qu’il a à nourrir ou la vendeuse
Le tout a pour décor d’assez jolis, quoique vieillots, de soieries chinoises qui planque une opiumerie). Environ
environnements peints. Les personnages, eux aussi,
arborent un charme désuet dans leur conception.
L’ensemble parvient à rester à peu près agréable à
condition de fermer les yeux sur ses maladresses.
20 €
28 | Canard PC
TEST CONSOLE

Testé sur Wii U

Genre : combats de
coqs électriques
Développeur :
Pokkén Tournament
Bandai Namco
Entertainment
Tabassez-les touss !
(Japon) En Allemagne, Pokkén Tournament s’appelle tout ut simplement
Éditeur : The Poké thodiques et
Pokémon Tekken. J’ai d’abord pensé que, méthodiques
Pokémon Company ny carr
carrés, nos chers voisins mangeurs de Wurstst refusaient
Plateformes : toutes sortes de fantaisie et souhaitaient appeler
eler un chat un
arcade (Japon GLEX/ InZEVMSPI~IR
GLEX/ƶEMIRWYMXIETTVMWUYInTSGOIR~WMKRMǻInZEVMSPI~IR
uniquement), Wii U allema
allemand, ce qui devient tout de suite beaucoupup plus drôle.1
Langue : VOSTF

par Pipomantis

V
ariole T
Tournament,
t donc,
d estt le
l
dernier crossover signé Bandai
Namco, après Street Fighter X
Tekken (un jeu de combat idiot et
rigolo, malgré ce qu’en pensent les esprits
chagrins), et en attendant Tekken X Street
Fighter qui, pour le moment, n’a peut-être
pas dépassé le stade de « blague rigolote
sur un coin de nappe ». On y incarne
comme toujours un fringant dresseur
(ou une dresseuse) qui va embarquer
un animal sauvage et le forcer à se
battre contre d’autres animaux qui n’ont
sûrement rien demandé. Du ragondin
électrique au dragon orangé en passant
par le chandelier hanté (oui, bon), Pokkén
Tournament propose 16 bestioles jouables,
accompagnés de 15 couples de pokémon
dits de « soutien » que l’on pourra
invoquer pendant les échauffourées. Et
c’est à peu près tout pour ce qui est de la
série de Nintendo. Hormis la présence Fighter ou Mortal Kombat, hein. Pikachu de travailler des stratégies comme peut
des animaux et leurs attaques les plus Fighters, donc, scinde ses matchs en deux le demander un Street Fighter. Ici, peu
connues, on ne trouve presque rien dans parties distinctes. La première (dite importe l’adversaire que l’on a en face
le gameplay qui rappelle la série de RPG « phase de terrain ») se joue avec des de soi, on va réciter peu ou prou les
de Nintendo. Le problème, c’est qu’on déplacements libres en 3D, où les bestiaux mêmes combos, en changeant parfois
ne trouve pas grand-chose de Tekken antagonistes se tournent autour et de pokémon de soutien pour varier les
non plus. Oui, il y a quelques combos essaient de se toucher à distance. L’autre plaisirs.
simplistes à apprendre par cœur et on phase (« duel ») oppose les deux pokémon
peut faire rebondir ses adversaires contre sur un plan en 2D, comme dans un jeu de Du rififi chez Rafflesia. Dracaufeu
les murs qui délimitent l’arène, mais baston plus classique. Malheureusement, Tatapoum Baston souffre également
la comparaison avec les jeux de baston bien que certaines attaques diffèrent beaucoup de son héritage de jeu
de Namco s’arrête là. Ce qui n’est pas selon la phase de jeu et que l’on apprend d’arcade, qui vient étonnamment
forcément un défaut, notez, puisque ça vite quel coup permet de passer de l’une plomber le solo ET le multijoueur, de
donne à Pokkén Tournament l’occasion à l’autre, le système reste confus, peu deux manières différentes. Comme
de trouver son propre style et, pourquoi agréable et, surtout, un peu superficiel. dans de nombreuses adaptations de jeux
pas, de créer un nouveau genre de jeu de On sent que les designers ont voulu tenter d’arcade dans les années 1980-90, Pokkén
baston. la nouveauté, mais la mayonnaise ne Tournament souffre d’un contenu solo
prend pas vraiment. Il faut dire que le jeu particulièrement aride, où l’on enchaîne
C’est l’heure du du-du-du-du-du- n’est pas vraiment sauvé par son système des matchs comme autant de perles sur
duel (ah non, c’est pas ça). Bon, je ne de combat. Bien que chaque pokémon soit
voudrais pas vous décevoir ou gâcher une doté de nombreuses attaques originales 1. Il est d’ailleurs étonnant de voir qu’aux Pays-
quelconque surprise mais on va attendre et intéressantes, on n’a jamais vraiment Bas, où variole se dit littéralement « pokken », le
un peu avant d’annoncer la mort de Street l’impression de créer un plan de jeu ou titre du jeu est resté inchangé.

30 | Canard PC
un collier pour pouvoir,
pou de temps en
temps, regarder une cinématique sans
énergie qui fait avancer un scénario
plan-plan. Vous pourrez aussi acheter des
coupes de cheveux et des fringues pour
votre dresseur que vous ne verrez jamais
en 3D et… et c’est à peu près tout. Passons
maintenant au mode versus. Les combats
se déroulant en partie avec une caméra
derrière le joueur, chaque combattant
doit avoir son propre écran pour suivre
l’action pendant les phases de terrain.
Ce qui ne pose aucun souci en arcade,
où chacun est posté devant sa borne,
devient beaucoup plus agaçant sur Wii U,
puisqu’un des joueurs se voit obligé de
jouer sur l’écran de la mablette. Rien de
scandaleux non plus, mais pour un jeu
qui se veut compétitif (et qui sera présent
au tournoi EVO cette année), c’est loin
d’être optimal, surtout quand les jeux de
baston Naruto gèrent ce point depuis des
lustres sans souci. Et je sais bien que je
suis le premier à excuser Street Fighter V
pour son contenu solo famélique (tandis
qu’en plus, Pokkén Tournament propose
un mode défi le jour de sa sortie, lui)
mais le titre de Capcom est absolument phases et laa maniabilité, le jeu reste un
inattaquable dans ses mécaniques de base poil trop technique pour qu’on puisse
alors que Namco Bandai accouche dans la le lancer en toute insouciance au cours
douleur d’un système un peu casse-gueule d’une soirée entre amis. Trop confus
et confus. pour être pleinement accessible, trop
superficiel pour être joué par les pros,
Bulbagarre, je te choisis ! C’est Pokkén Tournament ne sait pas vraiment
vraiment dommage, Monstres de Poche : où il habite. Tout ce que je sais, c’est
Crêpage de Chignon 2k16 aurait pu être qu’il n’habitera pas longtemps dans ma
un chouette jeu de baston. Les combats Wii U. 
font parfois preuve d’un dynamisme
insoupçonné (la plupart des furies sont Notre Avis :
très classe, par ailleurs), deux joueurs un
peu entraînés peuvent tout à fait échanger
Pokkén Tournament est un mystère. Le
de belles passes d’armes et le titre permet
cul entre environ 75 chaises, il se cherche
quand même de sélectionner un Pikachu
constamment entre sa nature de jeu
luchador absolument adorable. Mais
d’arcade, ses velléités compétitives
comparé à ces quelques qualités, tout le
et son univers sous-exploité. Sans
reste de Pokkén Tournament est trop…
être honteux, il aura beaucoup de
fadasse. On ne se prend jamais vraiment
mal à tenir qui que ce soit en haleine
au jeu, le mode solo n’encourage pas du
pendant des dizaines d’heures.
tout à jouer avec stratégie (l’intelligence
artificielle se fait généralement rouler
dessus) et donne de mauvaises habitudes
pour les parties en ligne et le versus local
se montre particulièrement inconfortable.
De plus, entre les changements de
Environ 60 €
Canard PC | 31
T AU DOIGT ET À L’ŒIL LES JEUX SUR TABLETTE ET SMARTPHONE
Test

bientôt si vous bientôt si vous

êtes sages n'êtes pas sages

Alike Studio, 260 Mo, 4 € Gram Games, 70 Mo, Blue Byte, 2,1 Go, 5 €
free-to-play (version (mais il y a aussi des micro-

Love you to bits WERWcTYFTSYVǘ XVERWEGXMSRWIRFSRYW

par NETSABES
Merged! Assassin’s
P as de bol : la copine robot de Kosmo a été éparpillée
à travers toute la galaxie par un trou noir. Le brave
par PIPOMANTIS
Creed :
astronaute que l'on incarne va donc parcourir l'univers
à la recherche des 25 morceaux, à travers autant de Q uand j’ai parlé à Netsabes
de mon envie de tester Identity
niveaux. Love you to bits est un petit point & click un peu Merged!, il m’a dit : « C’est un par NETSABES
trop classique se déroulant dans de petites zones bien jeu de réflexion sans réflexion nul
séparées. La plupart des puzzles sont évidents, la faute comme tu les aimes. » C’est qu’il
au faible nombre d’objets et d’interactions disponibles, est sévère, ce M. Sabes. Sauf qu’il
et le jeu se termine donc bien trop vite malgré est difficile de lui donner tort
d’interminables allers-retours. Pourquoi s’embêter à en sur ce coup-là. Merged! est un
parler, alors ? Parce que Love you to bits, développé par adorable match-3 qui consiste à
les créateurs de Tiny Thief, regorge d’inventivité, chaque poser des dominos sur un terrain
niveau proposant de nouvelles (et généralement bonnes) de jeu et faire coïncider au
idées et variations de la formule. Et pour couronner moins trois chiffres identiques
le tout, les visuels et animations du jeu sont pour qu’ils fusionnent en une
atrocement mignons. Certes, Love you to bits
reste court et basique, mais des point & click
aussi bien réalisés, j’en voudrais plus souvent.
seule case, frappée du chiffre
supérieur. En effet, on y trouve
finalement peu de stratégie et le
Q uelle mouche a bien pu
piquer les honorables
Teutons de Blue Byte pour qu’un
tout est assez répétitif mais nom beau jour, ils décident, au lieu
de nom, je me suis fait avoir de sortir un nouvel Anno, de
par l’enrobage délicieux du titre tenter de transformer Assassin’s
de Gram Games. Graphismes, Creed en « RPG » mobile ? Je
animations et bruitages en font mets des guillemets parce qu’eux
un titre tout à fait distrayant et moi n’avons pas la même
sur lequel je me vois bien passer définition de jeu de rôle : pour
quelques nuits, alors moi, on y joue un rôle dans un
qu’objectivement, il récit à choix ; pour eux, il y a de
n’en mérite pas tant. l’XP, des classes, un inventaire
et ça suffit comme ça, merci
bien. AC Identity est donc
une transposition maladroite,
malhabile, du gameplay classique
de la série sur écran tactile, avec
des missions très courtes dans
des zones pas gigantesques, où
de toute façon les contrôles
imprécis donnent envie de se
pendre. Seul petit plaisir :
y retrouver les villes
italiennes ensoleillées
d’Assassin’s Creed 2.

32 | Canard PC
 3SSHPIGEOIXYHMSW2S
JVIIXSTPE]
ZIVWMSRWERWTYF
TSYVǘ
Clocks
par PIPOMANTIS
par PIPOMANTIS
P arce qu’il ne faudrait pas non
plus favoriser outre mesure les
jeux conceptuels ou les « RPG » tirés
de grosses licences Ubisoft, Clocks
est un jeu à un seul bouton. Chaque
niveau contient un nombre donné
de petites horloges blanches qui
tournent à toute vitesse et colorent
l’une d’entre elles. Celle précisément
qui, quand vous appuierez sur le
gros bouton « SHOOT » en bas de
l’écran, tirera une balle depuis son
aiguille, de préférence vers une de
ses congénères. Le but est donc de
ZIVWMSRWERWTYFªTEVXMVHIǘ
détruire toutes les montres à l’écran,
le moindre tir dans le vide étant
synonyme de game over. Alors oui,
ça reste assez éloigné de The Banner
Saga ou Lara Croft Go mais que
voulez-vous, parfois il suffit d’une
toute petite bonne idée
bien exécutée pour qu’on
se prenne au jeu.
Ryan McLeod, 40 Mo, free-to-play
Blackbox : Think
outside the box
par NETSABES
I l y a trois
mois, dans
Canard PC
n° 329, je vous
parlais de
Progress to 100,
un petit jeu
iOS original
mais court, qui
vous forçait
à utiliser à peu près toutes les
fonctions de votre machine
portable siglée Apple. Blackbox
joue dans la même catégorie, 'YǺWXYHMS2SJVIIXSTPE]
sauf que lui ne vous explique
jamais quoi faire : il se contente
de vous mettre devant une série
Timing Hero
par PIPOMANTIS
de casse-tête, à vous de trouver
la façon de les résoudre. Parfois
il faudra changer la luminosité
ou le volume (je spoile un peu,
C ’est fou, à la base, Timing Hero était le jeu
parfait pour moi. Un gameplay simple (il suffit
d’attaquer ou d’esquiver dans la bonne direction au
mais je vous rassure, ce ne sont bon moment), une réalisation rétro avec un chouette
que les plus évidents), tantôt pixel art monochrome et une bande-son tout aussi
il faudra lancer Blackbox à old-school, qui rappelle les sympathiques RPG que
des jours ou horaires précis… pouvait avoir le Game Boy en son temps. Et puis, pas
Seule règle : ne pas toucher de bol, j’ai lancé le jeu. Si le gameplay et la réalisation
l’écran. Le plus souvent, vous ne sont aussi réussis que prévu, la répétitivité des
trouverez la solution que par ennemis a été le premier d’une longue série de petits
pur hasard (c’est mon cas), ce qui cailloux dans ma chaussure. Sont ensuite arrivés un
peut rendre ce jeu un tantinet gros enrobage free-to-play (avec l’obligation d’acheter
frustrant. Intéressant, des « gemmes » pour enlever la pub), un univers vide
inédit, souvent bien et vain, une interface imbitable et, fin du fin,
trouvé, mais tout de une traduction française qui contient au bas
même pénible. mot 40 % de phrases en espagnol. Mes pompes
sont pleines de gravier maintenant, c’est malin.
Canard PC | 33
À PART ÇA
Ddossier
LOCOMALITO
UN AMI QUI VOUS
VEUT DU BIEN
Juan Antonio Becerra Vilchez. Vous ne connaissez
sûrement pas ce nom mais,lui,il vous aime déjà.
Depuis plus de dix ans,ce graphiste espagnol développe
dans son coin des jeux en pixel art qu’il distribue
gratuitement sous le nom Locomalito. Comme il était
temps de vous parler de ce bon samaritain évoqué ici
ou là dans nos pages au fil des années,on lui a posé
quelques questions pour mieux cerner le personnage.
T
« his is a free traditional game. » Ces six mots, que
l’on retrouve au lancement de la majorité de ses
productions, pourraient suffire à définir l’inté-
gralité du travail de Locomalito. Du fin fond de sa
« grotte dans le sud de l’Espagne », comme
il le dit sur son compte Twitter, Vilchez mène
tranquillement sa barque avec une philosophie
claire et saine qui tient en quelques points.
Des titres au gameplay simple, mais courts
et difficiles pour coller à l’esprit des jeux
Choisir son
prochain jeu
à l’instinct et au
gré de ses humeurs.
d’arcade d’antan, avec une difficulté unique
méticuleusement réglée, plein de secrets cachés un
peu partout, un score comptabilisé et des petits 8-bit Killer 2008
bonus (flyers, bande originale) offerts avec chaque
jeu. Mais de tous les aspects de la philosophie Locomalito, les
deux plus importants sont, d’abord, le nombre d’influences qui
l’habitent (ce qu’il assume avec bonheur : « Je suis ravi d’avoir des
milliers d’inspirations différentes – et tout le monde devrait l’être –
34 | Canard PC
par
Pipomantis
donc, dès que c’est possible, je rends un petit hommage à l’une d’entre
elles dans un de mes jeux »). Et, ensuite et surtout, la gratuité
totale.
Le nerf de naguère. Car voilà, que vous vouliez
tirer sur des monstres en fausse 3D dans 8-bit
Killer, sauver le royaume de Castille des forces
démoniaques dans Maldita Castilla ou jouer
à un étonnant remake de Jet Set Willy
au XIIIe siècle sur fond de massacre des
Cathares par l’église catholique dans le
sud de la France (L’Abbaye des Morts), ça
ne vous coûtera pas un rond. Sans pour
autant faire montre d’un altruisme
aveugle (son site est quand même
ouvert aux donations), Juan Vilchez ne
conçoit pas ses jeux comme des pro-
duits. Il préfère dire qu’il partage avec
plaisir le fruit de son travail, « comme une
grand-mère partage avec ses petits-enfants
un gâteau sur lequel elle a travaillé ». Depuis
le début des années 2000, il bosse en tant que
graphiste pour un petit studio monté avec des
amis et œuvre sur ses propres jeux dans son coin,
le soir et le week-end. Les donations des joueurs
mettent un peu de beurre dans les épinards mais, de son propre
aveu, ne sont pas suffisantes pour en vivre : « Depuis le début
du projet, je mets les donations dans une "boîte différente", unique-
ment liée aux projets de Locomalito. Garder mon ordinateur et mon
 Certains
jeux ont
carrément
eu droit
à de
véritables
éditions
physiques,
comme
cette borne
de Maldita
Castilla,
ou une
cassette
Spectrum
de L’Abbaye
Endless Forms Most Beautiful 2012 des Morts.

espace de travail à jour, faire tourner mon site, gérer les

copyrights, ce genre de petites choses. Oh, et évidemment
m’offrir quelques sorties avec ma femme, qui est sûrement
mon plus fervent supporter. »

Chili con carnet. À côté de son lit, Juan Vilchez

a posé un petit carnet dans lequel, chaque nuit ou
presque, il griffonne dessins et idées au hasard :
« Je prends rarement le temps de m’asseoir pour
réfléchir à de nouveaux projets vu que j’en ai déjà
plein mes carnets. Je dessine juste des trucs et, quand
j’ai beaucoup d’idées qui tournent autour du même
thème, j’imagine le jeu qui va autour. » Choisir son
prochain jeu à l’instinct et au gré de ses humeurs,
une méthode qui a permis à Locomalito de créer
des titres de genres très différents (shoot-them-up
horizontal ou vertical, jeux de plateforme, first per-
son shooter…), même s’il ne laisse pas tout au hasard
pour autant : « Quelques jours après avoir eu mon
idée, je dessine un faux screenshot censé dépeindre une
séquence de jeu. Quand le résultat me plaît, j’enchaîne
avec quelques sprites, un décor basique et je me mets à
coder. Si je trouve que le projet a toujours du potentiel,
Petit extrait
du carnet
magique
de Vilchez,
ici pour The
Curse of je décide de m’y mettre pour de bon. Je planifie environ 75 %
Issyos. de mon développement et laisse 25 % à l’improvisation, pour
pouvoir rajouter des idées sans trop changer la structure ou la
longueur du jeu. » Un développement entre organisation
et chaos, où tout avance à petits pas : un sprite ce jour-ci,
un bout de code ce jour-là… pas vraiment gênant quand
on ne s’impose pas de date de rendu : « C’est plus facile
de progresser si l’on ne pense pas constamment à la finalité,
lointaine, du projet. Je ne me presse jamais pour sortir un jeu.
Une grande partie de sa cohérence globale et de ses petits ré-
glages minutieux se font dans la dernière ligne droite, quand
le titre a l’air fini mais pourrait être encore meilleur avec un
peu plus d’amour. »

T’as le look, Loco. Ce n’est un secret pour personne :

de nombreux développeurs utilisent le pixel art comme
une béquille leur permettant de sortir des jeux plus vite
et à moindre coût. Vilchez, le graphiste professionnel
qui utilise Iconomaker (un éditeur d’icônes à 20 euros)
pour créer et animer tous ses sprites, a jeté son dévolu
sur les gros pixels pour d’autres raisons : « Je défends le
pixel art basse résolution en tant que style mais je n’y suis
Gaurodan 2013 pas enchaîné. J’imagine que, ne l’utilisant pas beaucoup dans

Canard PC | 35
À PART ÇA
D
dossier
LOCOMALITO
mon boulot de tous les jours, je le trouve
intéressant dans mes jeux. Et puis, quel que
soit le style graphique, pixel ou pas, j’aime
quand ça manque de détails. Ça aide le
joueur à imaginer ce qu’il veut, du visage
d’un personnage à ce qui peut se cacher
derrière un décor noir. » Difficile aussi de
parler de Locomalito sans évoquer ses
deux partenaires. D’un côté on trouve son
ami proche Gryzor87, qui a composé les
musiques de quasiment chaque jeu, elles
aussi disponibles gratuitement. « Il fait
toujours partie du développement, vu qu’on
se partage et commente tous nos projets.
De plus, nous sommes tous deux très attachés
à notre liberté et essayons de toujours avoir
un contrôle total sur nos œuvres. C’est
aussi pour ça que nous les partageons toutes
gratuitement. Quand tu n’as pas de date
butoir, pas de client, de financeur ou de
patron, c’est plus facile de rester concentré
sur le travail. » De l’autre côté, un peu
plus au nord-est de l’Espagne, on trouve
Marek « Beedool » Barej, l’artiste polo-
nais qui s’occupe de dessiner les superbes
jaquettes de chaque nouveau titre. Ce
dernier travaille d’ailleurs actuellement
sur son propre jeu. « Et cette fois, c’est
moi qui l’aiderai pour le code », enchérit
Vilchez. Et d’ajouter : « Je travaille certes
tout seul la majeure partie du temps mais
sans leur aide, mes projets seraient moins
bons ou, pire, n’existeraient même pas. »
Gordon Freeware. Quand on lui
demande s’il connaît d’autres déve-
loppeurs qui partagent sa philosophie et
sa vision du jeu vidéo, Locomalito donne
sans hésiter le nom de Daniel Remar.
Ce développeur suédois embauché chez
Ludosity (Ittle Dew, Card City Nights)
prend lui aussi ses week-ends pour créer
des petits jeux distribués gratuitement,
dont le très célèbre Iji. Les noms d’Anna
Anthropy (Mighty Jill Off, Mind Fuck)
et de Terry Cavanagh (VVVVVV,
Super Hexagon) sont également cités :
36 | Canard PC
Hydorah 2010 Viriax 2011
L’Abbaye des Morts 2010
« Ils partagent la plupart de leurs travaux
gratuitement et, même s’ils ont aussi des
jeux commerciaux, on remarque vite qu’ils
ne vont jamais se compromettre pour coller
au marché. » On en profite alors pour
lui demander s’il n’a jamais, lui non plus,
voulu mettre un prix sur ses jeux : « J’y ai
pensé, bien sûr, mais vendre un jeu, c’est plus
compliqué que juste coller une étiquette avec
un prix dessus. La "bureaucrazy" nécessaire
est un gigantesque obstacle que je cherche à
éviter, plus encore vu que je développe tout
ça sur mon temps libre. Je n’écarte pas l’idée
de bosser sur un projet commercial à l’avenir Maldita Castilla 2012
mais vu ma situation actuelle, je préfère
continuer à me concentrer sur mes idées de
jeux. » Après dix années à développer au-
tant d’excellents titres gratuits et quelques
mois seulement après la sortie du dernier
(The Curse of Issyos, voir encadré page
ci-contre), quel regard porte Juan Vilchez
« nous sommes très
attachés à notre
liberté et essayons
de toujours
contrôler nos
œuvres. »
sur son parcours ? « Je ne regarde pas They Came from Verminest 2012
beaucoup en arrière mais quand je le fais, je
vois que j’ai accompli mon rêve de gosse au
moins dix fois, sans compter la tonne de bons Sources supplémentaires :
souvenirs et d’amitiés créés pendant ces an- Entretien : Locomalito - Pierre Gaultier cpc.cx/eR9
nées. Je crois que je suis devenu une meilleure The Locomalito Interview - Konstantinos “Gnome”
personne grâce à ça. Bon, je suis toujours loin Dinopoulos cpc.cx/eRa
de mon objectif de 9 999 jeux sortis, mais
je fais de mon mieux ! », dit-il, alors qu’il a Merci à Locomalito pour s’être prêté au jeu de
déjà deux nouveaux projets sur le feu. l’interview malgré un emploi du temps chargé.
MENU MAXI BEST-OF
On a beaucoup parlé du monsieur mais finalement peu de ses jeux. Voici
une petite sélection totalement subjective,piochée sur le site de Locomalito.

Maldita Castilla - 2012

On en parle beaucoup dans ce dossier
et pour cause : Maldita Castilla est
l’œuvre la plus connue de Locomalito.
Dans cet hommage appuyé à Ghosts’n
Goblins, on incarne Don Ramiro,
chargé de repousser les forces du
mal qui s’attaquent au Royaume de
Castille. Avec son ambiance sombre
mais cartoonesque, le titre jouit d’une
ambiance très particulière, mais c’est
surtout son gameplay réglé comme du
papier à musique qui le fera connaître,
jetant un joli coup de projecteur sur son
développeur.

The Curse of Issyos - 2015

Dernier projet en date pour Juan Vilchez, The Curse
Hydorah - 2010
of Issyos vous propose de revisiter la Grèce antique
Vous avez englouti un
de Jason et les Argonautes, avec ses squelettes
nombre indécent d’heures
épéistes et ses manticores fantasmagoriques.
(et de pièces de monnaie)
{±ŸĵŅĜĹŸÚĜþÏĜĬåŧƚåŸåŸÏŅĬĬìčƚåŸØĬåƋĜƋųåųåŸƋå
dans les bornes de Gradius
tout à fait abordable pour les joueurs patients et
ou R-Type quand vous étiez
méticuleux, qui y trouveront une vraie-fausse suite à
gamin ? Alors Hydorah
des jeux des années 1980 comme Rygar ou Rastan.
est sûrement fait pour
vous. Ce shoot horizontal
ÚĜþÏĜĬåĵ±ĜŸü±ĹƋ±ŸƋĜŧƚå
possède une grosse
quinzaine de niveaux à choisir de
manière non linéaire, généralement
ponctués par des combats de
boss bien ardus. Joli, maniable et
accompagné par une fantastique
BO de Gryzor87, Hydorah est une
petite perle.

8-bit Killer - 2008

Quatre années avant que
Vlambeer ne foute la honte à
tous les FPS de sa génération
avec Gun Godz, Locomalito
sortait 8-bit Killer. Dans
ce petit Doom-like sans
prétention, Vilchez a tenté
de transposer à la première
personne le rythme des
run and gun de l’époque
comme Contra ou Bionic
Commando. Le résultat est
assez étonnant, avec des
déplacements rapides et des
combats assez lents. Une
chouette curiosité.
L’Abbaye des Morts - 2010
Développé en quelques nuits pendant des vacances
dans le Languedoc (véridique), L’Abbaye des Morts
retrace l’histoire tragique du massacre des Cathares
par l’église catholique au XIIIe siècle et l’utilise
comme cadre pour un titre à la Jet Set Willy. Des
graphismes qui sentent bon le ZX Spectrum, un
gameplay comme on n’en fait plus depuis vingt
ans... L’Abbaye des Morts n’est peut-être pas le
plus jouable du lot, mais sa personnalité en fait un
excellent représentant de l’esprit Locomalito.

Canard PC | 37
PLUME PUDDING AU COIN DU JEU
Au coin du jeu
Fleur, Antonin
et les jeux vidéo
Quels rapports entre Fleur Pellerin, ex-ministre
française de la Culture, et Antonin Scalia, juge de la
(SYVWYTV´QIHIW“XEXW9RMWV³GIQQIRXH³G³H³c$
Pas énormément à vrai dire, sinon que j’ai envie
HIQƶIRWIVZMVTSYVMPPYWXVIVPIWVETTSVXWHMǽGMPIW
et parfois paradoxaux que la société politique
entretient avec les objets culturels.
par Ivan Le Fou
C
’est un article du journal Le Parisien qui nous
l’a appris après son éviction du ministère de
la Culture : Fleur Pellerin était surnommée
« ministre des jeux vidéo », péjorativement bien sûr.
Fidèles à la traditionnelle philosophie des défen-
seurs d’une citadelle qu’ils imaginent perpétuel-
lement assiégée, les acteurs du jeu vidéo s’en sont
automatiquement émus. En première ligne, le très
éruptif patron de Focus Home Interactive, Cédric
Lagarrigue, y est allé d’un classe « bande de nazes ».
Les représentants des syndicats SNJV (développeurs
français) et SELL (éditeurs) ont déploré le « mépris
de certains défenseurs de la Culture avec un grand
C » et appuyé leurs remerciements à l’ex-ministre
(« #MerciFleur », vraiment ?).
Curieusement, alors que de toute évidence,
« ministre des jeux vidéo » est l’expression claire d’un
mépris intellectuel (teinté probablement – vu notre
classe politique – de mépris social et génération-
nel, mais cette pure hypothèse n’engage que moi),
les arguments des défenseurs furent exclusivement
économiques : « créateur d’emploi et de croissance »,
« aider cette industrie à rester compétitive », « plus
rapide développement à l’international »… Terrible
position qui consiste à répondre « Je crée des em-
plois » lorsqu’on vous taxe indirectement de médio--
crité intellectuelle. Défendre le jeu vidéo de cettee
façon revient à jouer une fois de plus le match trèss
français de l’industrie culturelle contre l’Art, commee
une caricature biaisée des débats aussi ancestraux x tous les spectacles, rend-il service aux majuscules
qu’absurdes qui hantent ce ministère : théâtre privéé
contre théâtre public, multiplexe contre cinéma--
thèque, etc.
« Et Antonin Scalia dans tout ça ? », me demanderez--
vous. Ce juge, nommé il y a trente ans par Reagan ett
champion depuis d’une interprétation très restric--
tive de la Constitution des États-Unis, était consi--
déré comme extrêmement conservateur, pour nee
38 | Canard PC
pas dire franchement réactionnaire lorsqu’il pre-
nait position sur l’avortement, le port d’armes ou
les droits des homosexuels. Mais contrairement
à ce qu’on pourrait penser, une telle personnali-
té ne représenta pas l’allié espéré par les hommes
politiques qui menèrent une guérilla morale et
sanitaire contre les jeux vidéo dits « violents »
entre 2005 et 2010. L’ESA (Entertainment Soft-
T ibl
Terrible ware Association, lobby américain du jeu vidéo)
position qui nous a rappelé que le juge Scalia fut au contraire
un artisan déterminant dans le jugement de 2011
consiste à qui accorda au jeu vidéo la protection du premier
répondre amendement de la Constitution concernant la li-
berté d’expression.
« Je crée des Était-il pour autant un amateur de jeu vidéo ?
emplois » Fichtre non. S’est-il préoccupé, sous prétexte de
la matière qu’il examinait, de goût, de morale, ou
lorsqu’on des rapports entre l’Art et la Marchandise ? Point
du tout, seulement du droit et de la Constitution.
vous taxe On pourrait souhaiter de la même manière que la
indirectement priorité d’un(e) ministre concerne l’administration
et la réglementation.
de médiocrité Pour autant, est-ce qu’une ministre qui se ridi-
intellectuelle. culise à la télévision en démontrant qu’elle ne sait
se servir ni de son téléphone ni de sa télévision, est
une bonne ministre pour l’industrie culturelle  ?
Probablement pas. Inversement exiger d’un(e)
ministre qu’il ou elle – à force de fiches et d’assis-
tants – fasse semblant d’avoir lu tous les livres et vu
de l’Art et de la Culture ? On peut en douter.
« Lire Dante, a écrit Antonin Scalia, est sans
aucun doute plus édifiant culturellement et intellec-
tuellement que jouer à Mortal Kombat, mais ces dif-
fférences intellectuelles et culturelles n’ont pas valeur
constitutionnelle. » Il est sans doute encore un peu
optimiste d’espérer qu’elles n’aient pas valeur minis-
térielle non plus.
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(SRJSVQ³QIRXªPEPSM.RJSVQEXMUYIIX1MFIVX³WHYNERZMIVZSYWHMWTSWI^HƶYRHVSMXHƶEGG²WIXHIVIGXMǻGEXMSRHIWHSRR³IWZSYWGSRGIVRERXIR³GVMZERXªRSXVIWM²KIWSGMEP
5SYVXSYXVIRWIMKRIQIRXSYTVSFP²QIFSYXMUYI%TVIWWIRSRWXSTJV
PLUME PUDDING CABINET DE CURIOSITÉS

Cabinet de
curiosités
Les vies dansent
PA R M A R I A K A L A S H

Dans le grand exercice de défrichage qui m’occupe ici chaque

quinzaine, les moments de vaches maigres alternent avec les
périodes de vache grasse. Parfois je joue à deux cents jeux et mes
yeux saignent, parfois j’ai des listes d’attente et je ne parviens pas
à choisir. Et parfois ils surgissent. Je ne peux alors rien faire.

 Olav & the lute

Le luth final

A Normal Genre : Je suis à peu près certaine

Lost Phone
Allô, maman, bobo
Genre : Her Story téléphonique
)³ZIPSTTIYVWcElizabeth Maler, Rafael
Martinez-Jausoro, Estellation, Dimitri
Landais (France)
Site web : cpc.cx/eQK
Il y a des gens qui ont tout
compris. Une idée simple, efficace,
clairement énoncée, c’est déjà la
moitié du travail de fait. « Vous
venez de trouver un téléphone.
Découvrez la vérité. » Pour peu
que la réalisation soit à la hauteur
de ces prémisses, on est bon…
et divulgachâge : c’est le cas.
Vous venez donc de découvrir le
téléphone de Sam. Vous faites ce
que n’importe qui ferait dans la
même situation : vous regardez
les derniers messages, histoire de
savoir qui appeler pour signaler
votre rencontre avec l’objet (en
tout cas c’est comme ça que je l’ai
roleplayé). Mais là, les SMS vous
apprennent un truc : le propriétaire
de l’ordiphone a disparu depuis
quelques heures. En pleine fête
d’anniversaire. Vous allez donc
dérouler le fil de l’histoire de
Sam, à la recherche d’indices,
dispersés dans les messages, les
dossiers et les applications. Alors
si on veut chercher la petite bête,
non, les énigmes ne sont pas bien
compliquées, l’histoire un peu
téléphonée, les SMS un peu trop
proprets pour des textos d’ados.
Mais malgré les contraintes et
le temps limité dans lequel il a
été conçu, A Normal Lost Phone
parvient à se montrer captivant,
extrêmement touchant par
moments et cohérent.
aventure de n’avoir jamais parlé de
)³ZIPSTTIYVc
Shelly Alon Olav & the lute (si c’est le
(Allemagne) cas, merci de contacter
Site web : un neuropsychiatre et de
cpc.cx/eQL
faire évaluer l’état de ma
mémoire). Alors que je
suis certaine d’y avoir joué, au moins
deux fois maintenant, et d’avoir chaque
fois passé un bon moment en compagnie
de ce petit bonhomme qui se promène
à l’envers (je ne suis pas certaine que ce
ne soit pas un bug). Olav tombe dans
une grotte étrange, il y trouve un luth et
une sorte de métier à tisser gigantesque.
Il se met alors en tête de remettre ce
dernier en état de fonctionnement, des
fois que ça lui permette de dé-tomber
de la grotte. Le voilà donc parti le petit
Olav, à l’aide de votre souris, le luth à la
main, à travers la caverne. Le luth vous
permet de composer de petites mélodies.
Et certaines mélodies, oh surprise,
ont un effet. Et jouées à l’envers, elles
produisent l’effet inverse. Un peu comme
si un enregistrement de Un-Break My
Heart de Tony Braxton passé à l’envers
en soirée avait le pouvoir de doper les
ventes de mouchoirs en papier. Bref,
c’est très mignon, ça prend 20 minutes
à tout casser, ça stimule les envies de
beauté et d’harmonie totale, il n’y a
donc pas de raison de s’en priver.

40 | Canard PC

QUE SONT-ILS
PAS DEVENUS ?
par ackboo et Guy Moquette
Il n’y a plus de jeunesse, ma bonne
dame. Regardez le jeune Don’t Starve :
à peine quatre ans et déjà papa de
deux rejetons. Shipwrecked, le petit
dernier, a fait l’objet d’un article dans
le numéro 330 alors on l’oublie pour le
moment pour mieux s’intéresser à son
aîné, Together. Plus d’un an s’est écou-
lé depuis que Maria Kalash a évoqué
cette excroissance multijoueur du
titre de Klei, vendu en stand-alone
(offert aux joueurs qui avaient acheté
le jeu original auparavant, il faut tout
de même le noter) et en accès antici-
pé sur Steam. On ne peut pas dire que
le projet a été nourri aux hormones
de taureau transgénique depuis tout
ce temps, mais il avance. « Doucement
mais sûrement ! », comme disait tout le
temps ma mamie, dont je n’ai jamais
vraiment su si elle parlait de la cuis-
son au four du poulet dominical ou
de son trajet vers le caveau familial.
Dans « Que sont-ils pas devenus ? », Canard PC prend le pouls
des jeux en cours de développement et leur met des petits
coups de bâton dans les côtes pour voir s’ils bougent encore.
Do Starve
Don’t
Together
Tog
Développeur :
Déve
Klei Entertainment
E (Canada)
Statut
Statu : ±EZEQIVGMIXZSYWc$
Aper pour la dernière fois :
Aperçu
Cana PC no 309
Canard
DST a connu pas mal d’améliorations
(de l’équilibrage pour s’adapter aux
contraintes multijoueurs pour l’es-
sentiel, la personnalisation des per-
sonnages…) et de l’ajout de contenu,
en partie héritée du DLC du jeu de
base Reign of Giants  : les quatre sai-
sons – qui apportent une vraie varié-
té dans les manières de mourir dans
d’atroces souffrances –, les zones sou-
terraines ou la possibilité de dompter
et monter des beefalos.
Don’t Starve Together est en tout cas
aujourd’hui dans un état qui mérite-
rait un «  Sans Danger, foncez, c’est
trop de la balle » dans la rubrique « En
Chantier » et il n’y aurait rien à redire
si le studio décrétait demain qu’il est
terminé. Fait rare : on n’est finalement
pas si pressé de le voir quitter la sec-
tion accès anticipé de Steam des fois
que ses développeurs se piquent d’en
étoffer encore le contenu.
QUE SONT-ILS PAS DEVENUS ? PLUME PUDDING
HEARTS OF IRON IV
)³ZIPSTTIYVc Tout le monde parle beaucoup de
Paradox (Suède) Stellaris, le 4X spatial que Paradox
Statut : Interactive est en train de bâtir
en bêta privée sur les fondations de l’excellent
Aperçu pour Crusader Kings 2. À tel point qu’on
la dernière fois :en finirait par oublier que le studio
Canard PC no 313 suédois bosse aussi sur un autre
titre majeur, Hearts of Iron IV. Et
que ce wargame 1939-45 planétaire devrait sortir
en 2016, contrairement au très lointain Stellaris…
La dernière fois que nous avons tripoté Hearts of
Iron IV, c’était début 2015 à l’occasion d’une visite
dans les studios. Depuis, les nouvelles se font rares.
Johan Andersson, le grand manitou du game de-
sign chez Paradox, continue de poster sur Internet
ses carnets de développement, abordant des sujets
tels que la gestion des plans de bataille (ils seront
beaucoup, beaucoup mieux faits que dans Hearts
of Iron III) ou encore l’industrie, qui a d’ailleurs été
entièrement repensée début 2016 pour des raisons
d’équilibrage.
Car le jeu, malgré une sortie prévue à l’origine pour
la fin 2015, est toujours en phase de cuisson à feu
vif. Une bêta fermée a démarré en février et devrait
durer plusieurs mois. La presse n’y a pas accès, ce
qui me donne envie de rouler sur la Suède avec trois
divisions de Panzer. Et l’éditeur n’annonce toujours
pas de sortie officielle (il se contente d’un « courant
2016 »). Ce n’est pas forcément une mauvaise nou-
velle. D’une part, les intoxiqués des jeux Paradox ont
encore de quoi s’occuper avec Crusader Kings 2 et
Europa Universalis 4 – les derniers gros DLC pour
ces jeux datent d’il y a seulement quelques semaines.
D’autre part, le précédent Hearts of Iron était sorti
dans un état déplorable, alors on ne va pas reprocher
à Paradox de bien prendre son temps pour nous dé-
buguer correctement ce nouvel épisode.
Canard PC | 41
PLUME PUDDING AUTOPSIE

Autopsie Dans Autopsie, Canard PCųåƴĜåĹƋŸƚųĬŲĘĜŸƋŅĜųåŠĜĹšÏŅĹĹƚåÚŲƚĹƤģåƚÏæĬìÆųåţ

&YNSYVHƶLYM:EPZIF³R³ǻGMIHIWSTMRMSRWJEZSVEFPIW

Half-Life 2 HƶYRIFSRRITEVXMIHIWNSYIYVW5(6YIPUYIWNIY\
GYPXIYRIFSYXMUYIFMIRJSYVRMIVIQTPMIHITIXMXW
TVM\YRISYHIY\P³KIRHIWJE±SRnGLI^:EPZIMPcRƶ]cE
MENSONGES ET PIPEAUTAGES TEWHIQEREKIV~IXZSMPªYRIFSRRIV³TYXEXMSR
HIJEMXI2EMWMPRƶIRETEWXSYNSYVW³X³EMRWM
CHEZ VALVE SOFTWARE par Netsabes

N
ous sommes au printemps 2003. Valve Software, une petite
boîte de Seattle fondée par des anciens de Microsoft, n’a rien
sorti depuis Half-Life, en 1998. Les deux extensions, Opposing
Force et Blue Shift, ont été développées par le tout jeune studio texan
Gearbox Software (fondé par des anciens de 3D Realms), et sur ce
que la jeune génération appelle « les forums web » – certains osent
dire qu’elles étaient meilleures que l’original. Au fil des ans, Valve n’a
fait que récupérer des équipes de mods célèbres : le Team Fortress de
Quake, devenu Team Fortress Classic une fois repackagé dans le moteur
de Half-Life (lui-même dérivé de celui de Quake), puis les créateurs
de l’ultra-populaire Counter-Strike, ceux de Day of Defeat… Valve les
republie, les améliore, les booste, mais ne semble plus rien produire
d’original. À l’époque, le studio est surtout connu pour les déboires de
ses deux projets suivants, Team Fortress 2 et Counter-Strike : Condition
Zero, une nouvelle version du mod multi, avec cette fois du solo en
plus. Les deux ont à ce moment des allures de vaporware : TF2 a
été aperçu pour la dernière fois en 1999, tandis que CSCZ a chan-
gé maintes fois de développeur. Débuté chez Rogue Entertainment
en 2000, il est ensuite brièvement passé par Valve, puis par Gear-
box, avant d’atterrir enfin chez Ritual Entertainment et Turtle Rock
Studios, vous parlez d’un bazar. Bref, Valve n’a pas la cote.

Pied de nez ou pied de biche ? Et pourtant, quand, en avril 2003,

les premières rumeurs de Half-Life 2 commencent à pointer le bout
de leur nez, immédiatement les esprits s’échauffent. Tout d’un coup,
tout le monde attend HL2 et rappelle que, du temps de Half-Life, les
FPS c’était quand même autre chose, en répétant en boucle les mêmes
anecdotes sur l’IA des soldats et en occultant évidemment la dernière
partie du jeu, sur Xen. Maîtrisant parfaitement sa communication,
Valve dévoile fin avril le retour de Gordon Freeman et annonce
même une date : le 30 septembre 2003, même pas six mois plus tard !
En mai, on a droit aux premières vidéos, très brèves, et en juillet, le

42 | Canard PC

public peut découvrir ce qu’a vu la presse à
l’E3. Cette longue vidéo était notable pour
deux raisons. La première, c’est qu’elle était
initialement distribuée uniquement sur
Steam, qui vivait alors ses premiers jours,
et qu’elle permettait donc à Valve de tester
son système de distribution de contenu (pas
fou, Valve avait tout de même coupé la vi-
déo en quatre fichiers répartis sur plusieurs
jours, pour être sûr que le système tienne la
charge). La seconde, c’est qu’elle était inté-
gralement pipeautée.
Les promesses de Source. Alors oui, les
éditeurs qui font n’importe quoi avec leurs
démos E3, ce n’est pas très original ; après
tout c’est du marketing, tous les coups ou
presque sont permis. N’empêche, Valve
avait poussé très loin le bouchon, montrant
des séquences entières « jouées » durant
plusieurs minutes. Aucune n’avait au final
été intégrée et la plupart présentaient des
choses impossibles à réaliser dans le jeu.
Comme l’IA des soldats avait l’air maligne
dans la démo ! Et le moteur physique qui
permettait de bloquer une porte avec des
objets (porte que les IA explosaient en-
suite), ça ouvrait tant de possibilités  !
Encore aujourd’hui, la vidéo vaut le coup
d’œil tant elle pue le foutage de gueule, for-
cément volontaire puisque à l’époque, Valve
affirmait à qui voulait l’entendre que Half-
Life 2, c’était pour dans deux mois. Et pour-
tant, fin juillet, comme une fleur, Vivendi
Universal Games1, l’éditeur de Valve, an-
nonce que Half-Life 2 ne sortira pas à la
date du 30 septembre initialement prévue.
« First time I’ve heard about it », me dit Gabe
Newell (du temps où il répondait encore
à mes e-mails), qui nie donc tout retard.
1. Vivendi Universal Games, qui englobait Sierra
et Blizzard, a plus tard été englouti par Activision,
et n’a donc aucun rapport avec le Vivendi qui
tente aujourd’hui de boulotter Ubisoft.
Comme toutes les images de ces pages, ce screenshot
åŸƋĬűƚĹÚåŸŞųåĵĜåųŸÚĜŸƋųĜÆƚæŸޱųš±ĬƴåţŅĹØĜĬ
manquait peut-être une ou deux textures sur les murs
åƋŅĹæƋ±ĜƋ±ĬŅųŸºŧƚ±ƋųåĵŅĜŸÚåĬ±ŸŅųƋĜå±ĹĹŅĹÏæåţţţ
Durant les semaines suivantes, a alors lieu Retour à la normale. Bien sûr, ça n’a
un ballet assez absurde entre les services pas duré. Half-Life 2 a fini par sortir, plus
de communication de Vivendi Universal d’un an plus tard, en novembre 2004 (un
Games (« mais si c’est repoussé ») et ceux de jeu bien plus classique que ce qu’annon-
Valve (« mais non »). Par exemple, le 8 août, çaient les vidéos de 2003), de même que
l’éditeur annonce une sortie pour le 13 no- Counter-Strike : Condition Zero (en mars
vembre 2003, tandis que le 27 août, Valve 2004). Vivendi Universal Games et Valve
(qui, forcément, paraît de moins en cré- ont violemment rompu peu après, le FBI a
dible) maintient une sortie pour le 30 sep- réussi à arrêter le hacker de Gabe Newell
tembre. (un Allemand de 19 ans qui, au tribunal, n’a
écopé que d’une tape sur les doigts), Steam
Le grand vol du code source. Le 20 sep- est sorti et petit à petit, l’entreprise de Gabe
tembre, soit dix jours avant la sortie, Valve Newell a refait sa réputation et surtout
confirme une nouvelle fois son intention de sa fortune. Ils ont même fini par mettre
tenir cette date et donne même des détails en ligne Team Fortress 2, en même temps
sur le téléchargement via Steam. De son que Half-Life 2 : Episode Two, la dernière
côté, Vivendi Universal Games évoque un
vague « début 2004 »… Et puis paf, trois
jours plus tard, Valve se rend : Half-Life 2
est bel et bien repoussé, mais promis, il
sortira pour Noël, quoi qu’en dise leur
éditeur ! Sauf que l’affaire est un peu plus
compliquée : une semaine plus tard, Gabe
Newell annonce que son Outlook a été pi-
raté début septembre et on découvre vite
que c’est tout le réseau de Valve qui a été
infecté. La preuve : un hacker balance sur le
Net le code-source de Half-Life 2… qui per-
met aux plus téméraires de constater que
le jeu est bien loin d’être terminé. Qu’im-
porte : désormais, dans la communication
de Valve, le retard de Half-Life 2 est imputé
au piratage, et qu’importe s’il n’avait pas
la moindre chance de sortir en 2003. En
réalité, en interne, Newell savait dès juillet,
avant même la publication des vidéos du aventure de Gordon Freeman, fin 2007.
jeu, qu’il ne pourrait pas tenir ses engage- Leur dernier jeu solo, Portal 2, remonte à
ments. Ça ne l’a pas empêché de mentir par cinq ans, et Valve, désormais, préfère les
la suite, jusqu’à enfin trouver une excuse très rentables « services en ligne » (Dota 2,
passable, bien que complètement hors- Counter-Strike, Team Fortress 2) aux jeux
sujet. Ajoutez à cela les retards perpétuels vidéo solo à la durée de vie limitée. Quant à
de Counter-Strike : Condition Zero et de Half-Life 3, il reste (et risque de rester) aux
Team Fortress 2, et Valve, après avoir fait abonnés absents : maintenant que Valve a
rêver quelques mois les joueurs, passe de trouvé la façon de toujours satisfaire ses
nouveau pour une bande de bras cassés qui clients, il ne peut plus prendre le risque de
a eu de la chance et qui sait recruter. les décevoir.
Canard PC | 43
PAR KAHN LUSTH
PLUME
PLUM
PLUME
E PUDDING
PUDD
PUDDIN
ING

NEWS
ONLINE
La leçon
du jour
Potins de Chambre

James Harding est un ancien joueur pro qui a profité de l’explosion du
streaming (un mort et huit blessés, tout de même) pour se reconvertir en
commentateur officiel de Dota 2. Connu pour son côté pince-sans-rire
so british, Harding a cessé de travailler pour Valve en 2015, avant de faire
son grand retour à l’occasion d’un tournoi de Dota 2, appelé Shanghai
Major. Plutôt rapide, le retour s’est terminé après une journée et demie
de boulot, puisque le commentateur s’est fait virer avec pertes et fracas.
Du côté des spectateurs, on aura surtout noté une production bancale à
base de caméras laissées à l’abandon et de plantages de flux, pendant
que Harding s’évertuait à blaguer sur le fait qu’il ne sait « désormais plus
rien au sujet de Dota 2 ». Finalement, des explications ont été apportées
sur Reddit par Gabe Newell, expliquant que « James est un âne » avec
qui Valve ne souhaitait plus travailler et que son retour s’expliquait par
le fait que certains employés avaient lourdement milité en sa faveur.
Puis Gabe a précisé que 2GD (la boîte de production de Harding) était
également renvoyée du Shanghai Major, probablement pour l’incompé-
tence dont ils ont fait preuve. De son côté, Harding s’est bien entendu
défendu des accusations en expliquant que son licenciement découlait
d’une absence d’atomes crochus avec l’employé de Valve qui encadrait
ce tournoi. Il semblerait donc que la firme de Bellevue souhaite donner
une certaine « respectabilité » à ses shows e-sport, à tel point que les
sales gosses n’y auraient désormais plus leur place.

En vrac
Robe Grise / Grise Robe

Exclusif, moins 10 % sur le trop cher Colin Johanson vient de

quitter ArenaNet. Pour ceux
qui ne le connaissent pas, cet
homme officiait en tant que
I l y a peu, les joueurs de Black Desert étaient devenus fous furieux. La raison ?
« Les salopards de Daum ont osé ajouter un cash shop sur leur jeu et tant pis si
bien d’autres l’ont fait avant, ce sont eux qu’on va pendre sur la place publique. » D’un autre côté,
réalisateur de Guild Wars 2
et désormais, son poste sera
beaucoup se sont notamment plaint – à juste titre – des prix pratiqués, puisqu’il est possible repris par Mike O’Brien, le
d’obtenir un costume et une skin d’arme pour la modique somme de 32 dollars. Non, je n’ai pas patron du studio.
oublié la moindre virgule dans ce prix. Toujours est-il que Daum, qui se disait « être à l’écoute »
des retours, vient de passer à l’action en baissant le prix des fameux ensembles à… 29 dollars. Après 14 ans de bons et
C’est tout fier que le studio annonce ainsi une baisse générale de 10 % sur les cosmétiques en loyaux services, le pan
vente dans sa boutique. À titre purement personnel, je prédis donc que la colère des joueurs sera console de Final Fantasy XI
diminuée d’environ 10 %. sera mis à mort le 31 mars.
Selon les dernières volontés
du condamné, une cérémonie
sera tenue en son honneur,
The Elder Scrolls Online présidée par des soubrettes
équipées d’épées géantes.
Phase une : le déni
Parce que le Temple du
P arfois, il suffit d’un simple article pour qu’un petit bonhomme vienne danser
dans votre tête en criant « J’avais raison ! J’avais raison ! ». Aujourd’hui, ce qui
rend ce petit bonhomme si heureux est une longue interview de Matt Firor par le
Mal Élémentaire ne
permet pas d’ancrer
site Metro.co.uk. Enfin, l’échange aura surtout été long pour le réalisateur de The Elder Scrolls Online, qui suffisamment
dit sans pouffer que le succès du jeu « est un peu passé sous les radars ». Puis, toujours sans éclater de rire, Neverwinter dans le
Matt la Déconne affirme que son titre n’est pas un MMO en livrant de véritables contre-sens comme : fan service, Cryptic vient
« ESO n’est pas vraiment un MMO traditionnel et nous n’utilisons pas vraiment ce terme au bureau. C’est d’annoncer qu’Icewind Dale
d’ailleurs ce qui le distingue des autres jeux. Si vous voulez jouer en solo, comme vous l’avez fait avec les autres y fera son apparition vers
jeux Elder Scrolls, vous pouvez le faire. Si vous voulez jouer d’une manière super grindesque avec des donjons et l’automne prochain. D’après
des boss à tuer en groupe, vous pouvez vous réunir avec d’autres joueurs et le faire aussi. » Surtout, que personne mes calculs, ça nous laisse
ne lui parle de Guild Wars 2 ou Star Wars : The Old Republic. Ça pourrait lui faire un choc. Baldur’s Gate pour l’été
2017.

44 | Canard PC
 Chez pépé
En vrac
Toi, tu vas avoir des problèmes Chose promise,
chose due, Camelot
Unchained vient
d’embaucher
A ussi surprenant que cela puisse paraître, Ultima
Online continue d’exister, à tel point que ses
développeurs viennent d’annoncer un événement
93 vers le début de l’été avec plein de contenu, pour
que vos aventures en Britannia restent intéressantes,
ainsi que quelques modifications de confort que
de nouveaux
développeurs, après
qui prendra la forme d’une invasion de Myrmidex. nous n’avons pas pu inclure dans la mise à jour 92 et avoir passé son stretch
Un nom bien étrange qui cache des bêtes à l’aspect surtout, une boutique très attendue qui permettra de goal « Envoyez plus de
d’insectes, avec d’énormes mandibules qui… ouais, rendre l’acquisition de vos objets favoris plus facile développeurs ! ». La
bon, tout le monde s’en fout. Le plus surprenant que jamais ! » Ah, je crois que les joueurs de Black prochaine étape, située
reste sans doute le discours qui accompagne la Desert viennent de tous tourner la tête en direction 125 000 dollars plus loin,
nouvelle et dessine la prochaine mise à jour du d’Ultima Online. Ben là mon gars, il est trop tard permettra l’ajout de
jeu : « Notre objectif est de publier la mise à jour pour demander pardon. nouvelles animations.

Chez les cols blancs

Coup de
dur chez
Soupirer n’est pas jouer
les mous

L a gamification est un terme qui est presque entré

dans le langage courant, tant tout le monde voit
cette pratique comme l’outil qui devrait bientôt
supplanter les cartes de fidélité toutes pourries.
Conan PC Et non, je ne dis pas ça parce que j’en ai marre de
voir la caissière insister à chacun de mes passages,

D écidément, utiliser la
licence Conan semble
être une piste parfaite
pour se remplir les poches
à bon compte. Après un
jeu de société produit par
Monolith qui a empoché
plus de trois millions, c’est
au tour de Modiphius de
proposer un jeu de rôle
papier, issu du même
univers. Et si je vous parle
de tout ça, c’est parce que
ses créateurs semblent
prêts à bouffer à tous les
râteliers, au point d’être
entrés en partenariat avec
Funcom. L’intérêt ? Créer
un guide supplémentaire
qui sera entièrement dédié
au MMORPG, permettant
aux amateurs de D20
de retrouver des lieux
emblématiques d’Age of
Conan comme Tortage,
mais aussi des PNJ et bien
sûr, l’équipement que l’on
chasse dans le tréfonds
de ses donjons. Toutefois,
rien ne dit qu’à l’image du
jeu vidéo, le jeu de rôle
permettra de faire enfler
le tour de poitrine de nos
personnages en payant un
peu plus.
lorsque je lui explique avec des mots gentils que
je ne veux pas de sa merdouille en plastique, juste
bonne à pister mes achats. Quoi qu’il en soit, Arc
(le Steam de Perfect World) vient de découvrir
à son tour les bienfaits de la gamification en
incorporant un système de quêtes journalières,
associé à des récompenses. Concrètement, le
logiciel vous propose des trucs comme « jouer
à Royal Quest » ou « se connecter à Arc pendant
huit jours consécutifs » afin d’obtenir des points
d’expérience. Puis, lorsque votre attitude servile
vous permet de passer un niveau, le jeu logiciel
vous récompense avec 500 points Arc qui
pourront être échangés contre les monnaies
de singe de n’importe quel autre logiciel jeu de
l’éditeur. Bordel, je m’amuse tellement que je
n’arrive même plus à discerner le jeu du logiciel.
Bravo messieurs-dames, il ne manque plus que des
prix calés sous les seuils psychologiques pour que
je vous fasse don de mes organes.
En vrac
Suite au rachat de Darkfall par Big Comme quoi, regarder les publicités
Picture Games, le jeu sera rebooté et peut avoir du bon, puisque les lecteurs
verra la mention « Rise of Agon » s’accoler d’IGN ont vu passer un bandeau expliquant
à son nom. Pour le moment, nul ne sait si qu’Overwatch agrandit les pénis et sortira
cela affectera la version actuelle du jeu ou le 24 mai prochain. Oh et, bien entendu, tous
si un nouveau titre existera à ses côtés. les médecins le détestent.
Une manifestation de Paladins en colère, une assemblée générale de copropriétaires
inquiets au sujet du housing ou une fête qui tourne mal sur votre MMORPG ? Envoyez
vos screenshots et explications à clicclac @ canardpc.com et gagnez la possibilité
d’avoir la chance d’être choisi pour possiblement apparaître dans les News Online.

Canard PC | 45
A A venir

Kingdom Come :
Deliverance
Un jour, mon royaume viendra
Par Kahn Lusth

46 | Canard PC
 À VENIR PC

En anglais, « kingdom come » est
une expression qui désigne l'arrivée
du règne ou encore l'heure de gloire.
En bref, un moment où l'on peut se
la péter à 300 km/h sous prétexte
d'avoir réussi un truc important. Et ce
titre est loin d'être choisi au hasard,
puisque le jeu raconte l'histoire d'un
ǻPWHIJSVKIVSRUYMEXSYXTIVHYHERW
une guerre, en plus d'être développé
par des gens qui ont déjà levé près
de trois millions de dollars, grâce à la
QEKMIHYǻRERGIQIRXTEVXMGMTEXMJ
et son framerate est des plus instable, mais
il est impossible de nier que Warhorse
réalise un travail d’orfèvre en modélisant
tout le territoire à la main. Oui, même les
arbres ont été posés avec amour par des
développeurs qui doivent certainement
lutter chaque jour contre la dépression.
Et le résultat est là, puisque du plus
petit des chemins à la plus vaste des
forêts, Deliverance respire déjà la vie et
l'envie de courir tout nu dans les prés.
Genre : RPG Dans de telles conditions, on comprend
)³ZIPSTTIYV³HMXIYVc mieux pourquoi le jeu s'étoffera au fil
Warhorse Studios des épisodes et démarrera sur un terrain
(République tchèque) d'une quinzaine de kilomètres carrés.

C
Plateformes : S'agit-il du bon pari ? Seul le test pourra
'est à l'occasion d'une bêta qui {ƤœĜĹÚŅƵŸåƋXĜĹƚƻØ nous le confirmer mais, en attendant,
doit être entre les mains des £ÆŅƻkĹåØ{„ĉ je ne compte plus les « Ooooooh ! »
généreux « donateurs » à l'heure Sortie prévue : 2016 et les « Aaaaaaah ! » que la rédac a
où vous lisez ce magazine, que
Warhorse a souhaité nous rencontrer. Plus
précisément, ce serrage de pognes était
surtout un prétexte pour faire le point
sur les avancées du titre, avant de nous
filer un accès anticipé à la fameuse bêta
pour que l'on puisse y jouer chez nous,
comme des princes et des dandys. Pour
faire simple, Kingdom Come : Deliverance
sera le premier épisode d'une série de jeux
de rôle en monde ouvert qui relatera une
seule et même histoire, depuis le pétage
de plombs d'un souverain jusqu'à notre
hypothétique vengeance, en guise de
bouquet final. Ici, c'est donc en bouseux
que le joueur commence cette bêta, à la
recherche de bandits qui ont mis un village
voisin à sac comme de gros bâtards.

Warhorse réalise un
travail d’orfèvre en
modélisant tout le
territoire à la main.
1UOI
QUOI
DANS
LES
ŽEFS
Mais avant
même de chercher ne serait-ce qu'une
pointe d'indice, il faudra tout d'abord
raccrocher sa mâchoire. Vous vous
souvenez du « Woooooow… » que vous
avez poussé, la première fois que vous êtes
sorti à l'air libre dans Oblivion ? Eh bien, ‰ųìŸÏŅĵŞĬåƋØĬŲĜĹƴåĹƋ±ĜųåÚƚ
Kingdom Come pourrait bien vous faire le ŞåųŸŅĹűčåŅýųåŎĉåĵŞĬ±ÏåĵåĹƋŸŞŅƚų
même effet, lorsque vous commencerez ĬŲæŧƚĜŞåĵåĹƋŧƚĜŸåčìųåޱųĵŅųÏå±ƚƻØ
à arpenter ses vallées. Pourtant, le soft ĵ±ĜŸæč±ĬåĵåĹƋޱųÏŅƚÏĘåŸţ
souffre encore pas mal de bugs d'affichage

Canard PC | 47
À VENIR PC DELIVERANCE

XåŸ{cI±ƚųŅĹƋĬåƚųŸ
ŞųŅŞųåŸųŅƚƋĜĹåŸţFÏĜØ
ĵ±Ú±ĵåƴ±ŞƚĜŸåų
ÚåĬŲå±ƚţ ƤĵŅĜĹŸ
ŧƚŲåĬĬåĹåŸŅĜƋ
ޱųƋĜåŞŅƚųƴĜÚåųĬå
ϱϱÚåŸŅĹčųŅŸ
ÚæčƚåƚĬ±ŸŸåÚåĵ±ųĜţ

Et manant dans ta gueule ?

Face à un PNJ récalcitrant,
le jeu peut nous proposer
entre une à quatre
méthodes de persuasion.
La première consiste à
convaincre le personnage
par les mots, en se
contentant d'un simple jet
de Discours. Plus directe,
l'Intimidation suit le même poussés, après s'être agglutinée derrière des bandits dont il semble faire partie.
principe en utilisant une mon écran pendant quelques minutes Pour cela, plusieurs méthodes possibles ;
éventuelle mauvaise et pendant que le jeu nous sortait une la plus évidente reste d'interroger les
réputation comme bonus, petite musique qui n'aurait pas dépareillé villageois pour comprendre ses habitudes
IRTPYWH´XVIMRǼYIRG³ITEV
notre équipement. Car c'est
bien connu : on négocie
toujours mieux avec une
grosse épée dans les mains.
dans les films de Conan le Barbare.
#EST
OUśR
OU
CEST
NON
Et si se promener
pourrait représenter une activité à part
entière, il ne faudrait pas oublier qu'on
et retrouver sa planque. Souvent généreux
et entièrement doublés, les dialogues sont
déjà bien agréables, tant pour le petit
côté « potins locaux » qui s'en dégage
parfois que pour les indices qu'ils peuvent
‡cPMRZIVWI.QTVIWWMSRRIV
se réserve aux gentils,
puisque la méthode – quasi-
identique à la précédente –
utilise une bonne réputation
IRKYMWIHIFSRYW*RǻR
Soudoyer permet comme
son nom l'indique de
délier les langues grâce
au pouvoir de l'or. Mieux
encore, le choix d'une
bonne ou mauvaise réponse
peut apporter un bonus ou
malus, indépendamment
de la méthode utilisée.
Un exemple ? Une sœur
cherche à cacher son
frère, ce qui nous permet
de comprendre que
nc.RXMQMHIVc~EZIGYRI
menace de mort sera très
probablement inutile, tandis
que « Impressionner » en
parlant de sa protection sera
plus avantageux.
48 | Canard PC
est là pour « gifler du Suzerain », comme
on dit dans les banlieues chics à chaque
fois qu'un vent de révolte souffle à Les
Républicains. Sans surprise, il faut suivre
une quête principale qui nous demande
ici de retrouver un certain Reeky pour lui
défoncer les genoux l'interroger au sujet
contenir. Résultat, il n'est pas rare de
passer cinq à dix minutes à discuter avec le
mendigot du coin qui finit par se rappeler
que Reeky a souvent de la sciure sur ses
bottes et qu'il aime claquer le fessier de la
malpropre du village. Vous savez, la fille
que personne n'aime, sauf quand il faut
coucher avec elle. Or, contrairement à bien
des RPG qui pointent le moindre élément
important de leur gros doigt dégueulasse,
Kingdom Come fait dans la finesse,
grâce à des « marqueurs intelligents »
qui se contentent souvent d'indiquer
grossièrement une zone et nous laissent
nous débrouiller seuls, une fois sur place.
C'est agréable, bien plus immersif que la
moyenne et pourtant, toujours nécessaire
puisque certains morceaux de quête
pourront apparaître ou disparaître, en
fonction de nos choix. À en croire les
développeurs, Reeky peut se faire trucider
par des bandits de passage avant qu'on
ne le retrouve et autant vous dire que la
simple hypothèse d'un monde qui tourne
sans nous me donne déjà la fièvre.
 ŽĹåÏĘŅŸå
åŸƋŸƞųåØĹŅƚŸ
ĹŲ±ƚųŅĹŸޱŸ
ÆåŸŅĜĹÚŲƚĹ
mod pour
ųåĹÚųåĬåŸĹƚĜƋŸ
ŞĬƚŸĹŅĜųåŸţ
Estrille, es-tu là ? Et quand vient le
moment de distribuer les claques, parce
que Reeky vous énerve ou qu'un malandrin
traite votre maman de gourgandine,
Kingdom Come se pose entre la simplicité
d'un Elder Scrolls et le réalisme d'un Mount
& Blade. Au corps à corps, le joueur doit
viser un ennemi que son personnage suit
automatiquement du regard, puis choisir
l'orientation de sa garde avec la souris.
Créer un jeu de
rôle aussi ouvert
et organique que
possible.
Pour y voir plus clair, une sorte d'étoile à
cinq branches apparaît alors par-dessus le
viseur et indique si notre arme est en haut,
à gauche, à droite ou encore plus bas sur
les côtés. L'intérêt d'un tel système consiste
bien sûr à nous faire chercher la faille
dans la garde adverse, mais aussi dans son
armure puisque les dégâts sont localisés. Et
c'est compter sans le principe voulant qu'un
coup se pare plus facilement si notre arme
est déjà bien placée… à condition que notre
endurance le permette encore, puisque
cette dernière s'épuise au fil des beignes
et ne remonte que dans la limite fixée par
les points de vie restants. Sur le papier, le
combat promet donc d'être bien pensé,
mais j'avoue nourrir encore de nombreux
doutes sur son efficacité, notamment à
cause d'une rigidité de mouvements dont
on se passerait bien. Dommage, car même
si Warhorse affirme haut et fort que la
baston n'est qu'un élément de gameplay
parmi tant d'autres, elle n'en reste pas
moins importante, comme le prouve la
bataille finale de cette bêta qui fout déjà la
honte aux petites escarmouches de Skyrim.
#HAUD
LES
MARAUDS
Enfin, à force
d'abattre sa masse sur la couenne des
manants et de taquiner la gueuse (ou le
gueux, vous faites ce que vous voulez),
le personnage finira inévitablement par
prendre du niveau. Ici, le système se
veut aussi ouvert que possible, puisque
l'absence de classes et les compétences
qui progressent au fil de leur utilisation
devraient autoriser toutes sortes de
fantaisies, du bon gros barbare au voleur
qui se fait passer pour un noble chevalier.
Loin de réinventer la roue, ce concept
s'inscrit pourtant dans une volonté
de créer un jeu de rôle aussi ouvert et
organique que possible, où l'immersion
passe avant tout le reste. Cela explique
sans doute la présence des jauges de faim
et de sommeil, contraignant à se reposer
et se nourrir de temps à autre, sous peine
de voir nos petits nœils se fermer tout
seuls. Oui, les développeurs donnent un
peu l'impression d'avoir pensé à tout et
surtout, de prendre à contre-pied tous
ces jeux de rôle qui gardent toujours le
petit confort du joueur en ligne de mire.
Ici, attendre quelques heures prendra du
temps, réveiller un PNJ sans raison valable
pourrait faire baisser notre réputation et
se balader en pleine nuit sans une torche
est pratiquement inenvisageable… un peu
comme le fait de ne pas s'impatienter, face
à ce qui pourrait être une œuvre majeure
du jeu de rôle en monde ouvert.
Canard PC | 49
À VENIR PC
TrackMania Turbo
Party pour un tour
Le saviez-vous ? Les élèves qui sont en 6e
au collège aujourd’hui n’étaient pas nés
quand le premier TrackMania est sorti.
C’était en 2003, à l’époque Pompidou était
président et la télévision couleur n’existait
pas. Que de chemin parcouru depuis !
B
on, TrackMania, tout le monde connaît.
Des circuits façon Hot Wheels avec
des tracés pas possibles, dess bagnoles
pression de
qui foncent à 300 km/h, une impression
ues et un
vitesse folle, des sauts gigantesques
dédain total pour les concepts de « freinage »
ou de « réalisme »… La formule a fait ses
preuves puisque le studio françaiss Nadeo
ues années)
(racheté par Ubisoft il y a quelques
Turbo ne
continue d’en vivre. Cet épisode Turbo
va rien bouleverser, il se contentee de broder
sur le même thème en rajoutant une tonne
de contenu. Lisons tout de suite lee menu.
Deux nouveaux, deux anciens. ns. Quatre
environnements (et donc quatre bagnoles offrant
des styles de conduite différents) sont livrés
avec le jeu, dont deux que nous connaissons
déjà : Stadium et Canyon. Là, aucune surprise.
Stadium se joue dans un… stade, oui, bravo, avec
la classique Formule 1 survitaminée qui vire bien
à plat. Canyon se pratique lui dans des… canyons,
merci, avec une bagnole qui part facilement en
dérapage. La direction artistique a été musclée
sur ces environnements, qui proposent des décors
plus détaillés, des tas de panneaux publicitaires
dans toutes les langues, des ballons de baudruche
50 | Canard PC
Par ackboo
Genre : qui flottent un peu partout… Il y a nettement plus
cours’eud’bagnole de choses à voir en bord de piste. C’est toujours
Développeur : très mignon et ça tourne à 60 FPS, du moins sur
c±ÚåŅƤŠ8ų±ĹÏåš la version PlayStation 4 que nous avons essayée.
Éditeur : Ubisoft Les deux autres environnements, Valley et Lagoon,
Plateformes : sont eux inédits. Valley est assez proche de Canyon,
{ƤœĜĹÚŅƵŸØ£ÆŅƻ aussi bien au niveau de l’ambiance que du pilotage,
kĹåØ{Ĭ±ƼŸƋ±ƋĜŅĹĉ là aussi très orienté drift. Lagoon est un décor de
Sortie prévue : jungle tropicale, avec une végétation luxuriante,
ĀĹĵ±ųŸƖLjŎƅ des paysages de baies thaïlandaises, des porte-
containers échoués… C’est splendide et ça implique
un pi
pilotage très spécial : la voiture est survireuse,
pas évidente
é à prendre en main quand on vient de
jouer deux heures d’affilée sur Stadium ou Canyon.
Elle ttourne comme une dingue, avec un petit
rayon de braquage, et j’ai mis pas mal de temps
avant de commencer à maîtriser ce nouvel engin.
Trac
Track and Field, Tony Hawk,
Micr
MicroMachines...
Com
Comme dans n’importe quel TrackMania,
l’activ
l’activité solo principale va consister à débloquer
les 20
200 nouveaux circuits du jeu en réalisant des
chron
chronos pour débloquer des médailles. On retrouve
le même
mê classement de difficulté par couleur (comme
pour les pistes de skis). Vous commencerez donc sur
des parcours blancs qui se bouclent en 15 secondes
et donnent l’impression d’être un dieu du pilotage.
Puis vous finirez dépressif et alcoolique au bout de
votre 892e tentative infructueuse pour débloquer
une pauvre médaille de bronze sur les éprouvants
circuits rouges et noirs. Le multijoueur sera du
même acabit, on pourra comme d’habitude se
connecter à un serveur et tourner avec d’autres potes
avant de défoncer le clavier parce que Toto_du_78
vous a grillé de 0,004 seconde sur la ligne d’arrivée.
 )ĹʱƚƋºÚųŅĜƋåØƴŅƚŸƴŅƼåDŽĬåŸģ±ƚčåŸÚű域åĹÏåÚƚĵŅÚåBŅƋ„å±ƋØŧƚĜŞåųĵåƋºĘƚĜƋ
ģŅƚåƚųŸÚåƋŅƚųĹåųĬåŸƚĹŸ±ŞųìŸĬ埱ƚƋų域ƚųĬ±ĵéĵåĵ±ÏĘĜĹåŞŅƚų±ĵæĬĜŅųåųĬåƚųƋåĵŞŸţ
Entre deux sessions sérieuses où les trajectoires
seront optimisées au nanomètre, TrackMania
Turbo offre aussi un tas d’autres nouveaux
modes multijoueurs que les jeunes d’aujourd’hui
qualifieraient de « rigolol ». Ils constituent la
vraie nouveauté de cet épisode. Le plus simple
reste de vous en dresser une petite liste :
• Smash est un mode « à la Track and Field »
(je cite ici les mots du lead game designer) dans
lequel l’accélération se fait en écrabouillant
le bouton le plus rapidement possible.
C’est marrant mais ça nique les doigts.
• Bonus rajoute du Super Mario Kart dans votre
TrackMania. En passant les checkpoints, on
récupère des items qui réduisent la gravité,
augmentent ou diminuent la taille de la
voiture, permettent de tirer des projectiles
vers l’avant ou l’arrière… Sympa, même si ça
ne vaut pas un vrai Super Mario Kart.
• Stunt, un mode « à la Tony Hawk », permet de
réaliser des rotations durant les sauts pour faire
grimper une jauge de turbo. C’est très technique
parce que les rotations ne sont pas évidentes à doser.
Parce que le jeu n’était
sûrement pas assez
délirant, certains
départs de circuits se
font désormais depuis
• Un mode « à la Micro Machines » se joue à un câble d’hélicoptère.
quatre sur le même écran, le but étant de ne
pas se faire distancer en sortant du champ
de la caméra (vous perdez alors une vie
sur cinq). C’est très original et il est même
possible de jouer avec des collisions pour un
résultat encore plus bordélique. J’ai trouvé ça
super difficile et je n’arrêtais pas de perdre.
• Un mode Split Screen permet à quatre
joueurs de jouer chacun sur un quart de
l’écran, sans aucune perte de fluidité.
• Dans le mode Hot Seat, huit joueurs peuvent
passer l’un après l’autre pour tenter d’améliorer
le meilleur temps de la session tout en gérant
une jauge d’essence. C’est parfait pour du
multijoueur en local, vous pouvez faire
tourner huit joueurs avec une seule manette.
C’est moi
qui l’ai fait
• Dans le mode Double Driver, bien con, deux ŅĵĵåÚűʱÆĜƋƚÚåØ
joueurs pilotent la même bagnole, chacun ce TrackMania
influant sur 50 % de l’amplitude des contrôles. åŸƋĬĜƴųæ±ƴåÏƚĹ
C’est mon favori, celui sur lequel nous avons le ü±ĹƋ±ŸƋĜŧƚåæÚĜƋåƚų
plus rigolé. Il faut se synchroniser avec l’autre ÚåÏĜųÏƚĜƋØÚĜŸŞŅĹĜÆĬå
pilote et, bien évidemment, rejeter la faute åĹĵŅÚåŸĜĵŞĬåŅƚ
sur lui lorsque la bagnole se crashe dans le ±ƴ±ĹÏæØƋųìŸÆĜåĹ
décor. Ça va être formidable à jouer bourré. ĀÏĘƚſĵéĵåƚĹ
ĹŅƴĜÏåŸåų±ϱޱÆĬå
Le Trackmania de l’apéro. TrackMania ÚåŸŅųƋĜųƚĹޱųÏŅƚųŸ
Turbo sortira fin mars, avant qu’il ne soit testé ų±ĜŸŅĹűÆĬåĵåĹƋ
dans le prochain Canard PC. Je vais donc me ĜĹƋæų域±ĹƋåĹĵŅĜĹŸ
permettre de vous donner un début d’opinion : ÚåŎLjĵĜĹƚƋåŸţ
les contrôles sont parfaits, les circuits excellents, XűæÚĜƋåƚųŞåƚƋ
la réalisation impeccable, mais le vétéran de ±ƚŸŸĜčæĹæųåųƚĹ
la série n’y trouvera rien de révolutionnaire ޱųÏŅƚųŸ±ƚŞĜüåĹ
s’il se contente de jouer en solo. Ce nouvel ŧƚåĬŧƚ域åÏŅĹÚåŸØ
épisode se révélera surtout intéressant pour ޱųü±ĜƋŞŅƚųĵåƋƋųå
ces gens bizarres (et souvent névrosés) qui ƋŅƚƋĬåĵŅĹÚåŸƚų
aiment la convivialité ou le partage. C’est avec ƚĹŞĜåÚÚűæč±ĬĜƋæ
trois ou quatre potes autour de la console ŞåĹÚ±ĹƋĬåŸޱųƋĜåŸ
pour jouer en Hot Seat ou en Split Screen que ĵƚĬƋĜģŅƚåƚųŸţ
TrackMania Turbo devrait justifier son prix
quand même assez élevé de 36 euros.
Canard PC | 51
À VENIR PC
Space Hulk : Deathwing
Le FPS à l’alien fraîche
Le « What’s Next ? » de Focus, ou le
n6YSMcIWXETV²W$~HERWYRIXVEHYGXMSR
PEQIRXEFPIIWXYR³Z³RIQIRXSVKERMW³
TEVPƶ³HMXIYVTSYVJEMVIPITSMRXWYVWSR
GEXEPSKYIHINIY\IRH³ZIPSTTIQIRX‡GIXXI
SGGEWMSRRSYWEZSRWHSRGTYFPSUYIVPIW
GV³EXIYVWHIDeathwingHERWPIGSMRHƶYRI
TM²GITSYVIRWEZSMVYRTIYTPYWETV²W
YRIERR³IHIFSYPSXWSYWRSWVEHEVW
L
a promesse de Streum On est plutôt simple
à décrire. Dans les ténèbres d’un futur
lointain où il n’y a que la guerre et Games
Workshop qui brade ses licences, Deathwing
place le joueur dans la grosse armure d’un psyker
Space Marine. Cet espèce de magicien du futur
appartient au chapitre des Dark Angels et plus
précisément à sa première compagnie qui donne
son nom au jeu. Pour faire simple, vous œuvrez
dans l’ombre pour protéger un lourd secret,
à base de : « Non, aucun Dark Angel n’a jamais
rejoint le Chaos mais si on en trouve un, on va le
faire se repentir à coups de masse énergétique dans
les dents. » Or, comme les scénaristes pensent
toujours à tout, il se trouve qu’un Space Hulk
(un agglomérat d’épaves de vaisseaux) contient
de précieuses informations sur le sujet, en
plus de méchants aliens qui ont boulotté nos
prédécesseurs. Dans les faits, Deathwing est donc
attendu comme un FPS où l’on dirige ses équipiers
à la manière d’un Brothers in Arms allégé, tout en
faisant face à des aliens dont l’IA pourrait nous
jouer des tours. Contournements, fuite, petite
52 | Canard PC
Kahn Lusth
En matière de level design,
Deathwing devrait alterner
de grandes pièces ouvertes
et des couloirs plus étriqués
que le... nan, laissez tomber,
c’est trop vulgaire.
lambada pour nous attirer et autres fourberies sont
,IRVIc ainsi au programme, accompagnées d’une montée en
FPS tactique XP qui permettra de débloquer de nouvelles armes
(et un peu RPG) pour notre équipe ou encore, de nouveaux pouvoirs
)³ZIPSTTIYVc pour notre psyker, comme une chaîne d’éclairs sur
Streum On Studio fond de Jean-Michel Jarre. Autant vous dire que,
(France) sur le papier, ce titre me fait bouillir le sang.
“HMXIYVc
Focus Home Repent, motherfucker ! Mais dans les faits, les choses
Interactive sont hélas un poil moins prometteuses, même si cette
5PEXIJSVQIWc présentation m’a permis de constater certaines avancées.
Windows PC, Pour commencer, c’est l’interface qui semble s’être payé
Xbox One, PS4 un bon lifting et fait désormais plus futuriste que le jeu
SVXMITV³ZYIc vidéo des années 1990. De petites fenêtres flottantes
« Bientôt » apparaissent sous nos yeux, l’arme est accompagnée
d’un compteur de munitions holographique et tout
est fait pour qu’on se sente comme un Ironman dans
l’espa En revanche, si le punch des combats semblait
l’espace.
amél
amélioré, j’avoue avoir encore de gros doutes sur son
effica
efficacité. Certes, les armes claquent plus fort et les
effet qui accompagnent le moindre coup de feu sont
effets
peau
peaufinés. Toutefois, le résultat pourrait manquer
cruel
cruellement de ragdoll débridé, de sang qui repeint les
murs et toutes ces finesses qui font le charme bucolique
d’un Warhammer 40k. Et puisque nous parlons des
Term
Terminators, sachez que ceux qui vous accompagnent
so plus que deux, afin être moins bordéliques à
ne sont
gérer dans un jeu qui se veut plus orienté sur l’action
s la tactique. Un point compréhensible, mais
que sur
n
qui n’empêche pas Streum On d’affirmer que le mode
coop sera probablement jouable à cinq. C’est bien,
coop’
mais rien de tout ça ne nous explique pourquoi le
traile de Deathwing débute sur un rap, avant de se
trailer
term
terminer sur des trompettes de mariachis…
The Technomancer
Mars à l’ombre
Par Izual
Z
acharie est un type malin : il a vite compris
que ses parents étaient bourrés au moment de
lui trouver un prénom et que pour survivre
dans les colonies humaines miséreuses de Mars, il
faudrait autre chose qu’un nom de caniche. Alors
Zacharie se fait appeler le Technomanceur et il
parcourt toute la planète à l’ambiance post-apo’
pour rosser les malpolis qui osent se moquer de son
prénom. Il faut dire qu’il a quelques facilités : non
seulement sa faction de départ est une dictature
militaire qui rappelle les heures glorieuses de
l’URSS, mais il est aussi membre d’un ordre de
chevaliers-magiciens qui utilise l’électricité pour
pimenter les soirées, un peu comme Claude François.
Les mésaventures de Zacharie l’amèneront dans
quelques grandes zones (pas de monde ouvert) où il
devra traiter avec plusieurs groupes, et il pourra se
spécialiser dans plusieurs styles de combat comme
le bâton électrique, la dague électrique ou encore
la massue électrique. Mais tout ne sera pas réglé
par les bzzzt et les zzzapp : The Technomancer est
un jeu de rôle, et vous aurez donc tout un panel
d’attributs, de dialogues à choix multiples, de
compétences de crochetage et de charisme à votre
disposition pour venir à bout du scénario, qui
détaillera votre quête pour restaurer le contact
avec la Terre – en espérant qu’ils ne soient déjà
pas tous desséchés sur la planète bleue.
,IRVIc{:ĵ±ĜŸƚĹŞåƚ
Æå±ƋěƋĘåĵě±ĬĬŧƚ±ĹÚĵéĵåƤ
XåģåƚæƋ±ĜƋĬŅĜĹ
)³ZIPSTTIYVc „ŞĜÚåųŸŠ8ų±ĹÏåšƤ d’être aussi
“HMXIYVcFocus Home beau quand on
FĹƋåų±ÏƋĜƴåƤ l’a vu tourner
5PEXIJSVQIWc{œĜĹÚŅƵŸØ ÏĘåDŽ8ŅÏƚŸØÏå
£ÆŅƻkĹåØ{„ĉƤ qui montre que
SVXMIcTV³ZYIc2016 ŞĘŅƋŅŸĘŅŞŞåƚųåŸƋ
ƚĹĵæƋĜåųÚű±ƴåĹĜųţ
Seasons After Fall
Renard en retard
Par Netsabes
M
ais est-ce qu’il va finir par
sortir, ce jeu ? D’abord
présenté en 2010 puis
mis en pause et enfin repris après
la sortie de l’excellent Tetrobot and
Co. il y a deux ans, Seasons After Fall
se fait attendre. Cette fois, c’est sûr,
ce sera pour la fin du printemps.
Ou la fin de l’été. Enfin, cette année
en tout cas. Le jeu de renard finaud
des Montpelliérains de Swing
Swing Submarine a un souci : sa
(magnifique) direction artistique
décidée très tôt, qui donne du coup
l’impression que le jeu n’avance
pas d’une présentation à l’autre. Et
pourtant, il progresse : à chaque
fois, les effets sont plus raffinés, les
animations plus nombreuses et plus
réussies… Mais reprenons. Dans
Seasons After Fall, vous contrôlez (en
2D vue de côté) un renard cherchant
,IRVIc
balade en forêt
)³ZIPSTTIYVc
Swing Swing
Submarine
ŠºƤaŅĹƋŞåĬĬĜåųØ
en Suède)
“HMXIYVc
Focus Home
Interactive
5PEXIJSVQIWc
{œĜĹÚŅƵŸØ
a±ÏØXĜĹƚƻ
ŠåƋƤŞĬƚŸƋ±ųÚ
sur consoles)
SVXMITV³ZYIc
2016
sa voie dans une forêt touffue, où
il rencontrera les esprits locaux
et gagnera le droit de changer de
saison à loisir. Ces pouvoirs, en
retour, lui permettront de revisiter
la forêt pour atteindre des zones
jusqu’alors bloquées, par exemple
en faisant tomber de la neige pour
créer de quoi grimper plus haut,
en faisant pousser à l’automne des
champignons magiques qui peuvent
servir de plateforme ou d’ascenseur,
ou encore en utilisant la chaleur
de l’été pour faire fondre les glaces
de l’hiver. Seasons After Fall se veut
bien moins difficile et cérébral que
Tetrobot and Co., l’idée étant cette fois
de créer un jeu narratif avec quelques
casse-têtes et un peu de plateforme
(qui, là encore, ne devrait pas
poser trop de difficultés). Résultat
dans quelques mois, enfin.
Canard PC | 53
À VENIR PC
Call of Cthulhu
Bouffé par le Mythe
Depuis très longtemps, et comme en
témoigne le numéro de Noël 2012 dédié
au Mythe1, la rédaction de Canard PC
est remplie de névrosés de Lovecraft.
La récente arrivée de Miss Katonic, la
maquettiste du bout du monde, n’a fait
qu’empirer la situation et il y a aujourd’hui
dans les locaux plus de tentacules qui
traînent que dans les plus hardcore des
hentais. Alors quand un studio se met en
tête de développer un RPG s’inspirant autant
de l’œuvre de Hectolitre Politburo Lovecraft
que de l’excellent jeu de rôles papier L’Appel
de Cthulhu, on se tait, on tend l’oreille et on
frétille un peu du pseudopode.
D
epuis que les écrits de ce bon vieux
H.P. L. sont passés dans le domaine public,
il faut bien reconnaître que l’on trouve tout
et n’importe quoi en matière d’adaptation. Avec
un goût très prononcé pour le n’importe quoi, on
ne va pas se raconter de salades. Ce qui devrait
normalement inciter à la plus extrême prudence.
Dans le cas de Call of Cthulhu, on a tout de même
envie de mettre le scepticisme de côté. Pas tant
parce que l’on parle du studio français Cyanide,
pas réputé pour sa constance à enchaîner les
chefs-d’œuvre – ni les bouses, notez, c’est déjà
pas mal – que parce que ses deux représentants
ce jour-là, Jean-Marc Gueney et Maximilien
Lutz, ont eu la bonne idée de dire exactement ce
qu’un intégriste du Mythe comme votre serviteur
a envie d’entendre en pareille circonstance.
54 | Canard PC
Par Guy Moquette
Entre eux deux, la folie. Parmi tous les détails
Genre : RPG intéressants glanés lors de cette rencontre, il
d’investigation y a la présence à l’écriture de Mark Morrison,
Développeur : auteur à qui l’on doit plusieurs scénarios et
Cyanide (France) campagnes du jeu de rôle papier, à commencer
Éditeur : Focus par l’extraordinaire Terreur sur l’Orient-Express.
Home Interactive Il y a également ce premier trailer du jeu,
Plateformes : évoquant immédiatement Amnesia (référence
PC Windows, PS4, pleinement assumée par le studio) avec sa vue
Xbox One à la première personne, sa lampe à pétrole à la
Sortie prévue : flamme vacillante, et une perception de la réalité
2017 à géométrie variable. « L’œuvre de Lovecraft, ce
n’est pas seulement de l’horreur et des tentacules,
explique le game designer Jean-Marc Gueney,
comme pour mieux flinguer mon introduction.
C’est avant tout une confrontation à une terrifiante
réalité par un homme du commun. Et la manière dont
il sombre dans la folie à mesure qu’il s’approche de la
vérité. » Selon l’état de sa jauge de santé mentale,
le joueur n’aura donc pas la même perception de
son environnement. De l’aveu des développeurs,
le but est de « lui faire douter de la réalité de ce
qu’il verra et entendra ». Quant à la vue FPS, qui
pourrait laisser suggérer la présence d’armes
à feu… « Oh oui, il y en aura une. Mais elle ne
permettra que de gagner un répit dans certaines
situations et, l’essentiel du temps, de faire prendre
conscience au joueur de sa vulnérabilité… » Sous-
entendu : ceux qui ne savent pas encore que vider
un chargeur sur une créature du Mythe n’est pas
franchement utile vont rapidement le découvrir.
1. Il est encore disponible en vente par
correspondance, c’est fou ça ! cpc.cx/eLl

Pieds et poings R’Lyeh. Même le protagoniste de Call of
Cthulhu ressemble à l’un de ces personnages pré-tirés du jeu de
rôle : Edward Pierce, vétéran de la Première Guerre mondiale
est devenu détective privé dans le Boston de 1924. Engagé
par un homme qui a perdu sa fille et son petit-fils dans un
incendie et qui estime que l’enquête criminelle a été bâclée, ses
recherches l’amènent sur l’île de Dark Water, un lieu où, comme
on dit dans ces cas-là, « on n’aime pas trop les étrangers ».
Un petit coup d’œil à la fiche de personnage d’Edward permet
de distinguer, outre sa vilaine balafre ramenée d’Europe,
ses différentes caractéristiques : investigation, persuasion,
infiltration, criminologie, traumatologie. Oui, si Cyanide a
l’intention de respecter l’esprit du jeu de rôles, il n’en garde pas
son système de règles, pas franchement adapté à un jeu solo et
globalement linéaire. Aïe, le mot qui fâche… Si Cyanide admet
effectivement que Call of Cthulhu se présentera comme une
succession de situations – comme un enchaînement de petits
scénarios composant une campagne, avec récupération de santé
mentale entre chaque –, le studio insiste sur le vaste choix
mis à disposition du joueur dans les différentes approches et
sur l’importance accordée à l’exploration et aux dialogues.
Pour rencontrer des abominations près de chez toi...
Sur ce dernier point, ils prennent en exemple la capacité de
persuasion : « Elle comprend à la fois le charisme et l’intimidation.
Le joueur pourra parfois tenter de convaincre une personne de parler,
parfois lui forcer la main. » Et ces différents PNJ, dont on nous dit
qu’ils auront chacun une personnalité précise, un background
et des motivations qui leur seront propres, ne réagiront
pas tous de la même manière. Et souvent, ce choix aura des
répercussions à long terme : « Il sera ainsi parfois possible d’avoir
recours avec succès à une intimidation. De précieuses informations
seront récoltées tout de suite, mais le PNJ aura pu se braquer et être
moins collaboratif, voire hostile, lors d’une rencontre ultérieure. »
Tandis qu’une méthode douce possiblement moins productive
à court terme en raison de la méfiance de l’interlocuteur
pourrait, à l’inverse, porter ses fruits et rendre ce même PNJ
mieux disposé à faire confiance à Pierce un peu plus tard.
… envoie FHTAGN au 81‫ݴ‬1ࢺ Quelques dizaines de secondes
de bande-annonce et une trentaine de minutes à papoter
avec les deux représentants du studio sont évidemment
loin d’être suffisantes pour préjuger de la qualité d’un titre
prévu pour l’année prochaine. Mais il y a au moins un truc
à peu près certain : on trouve dans l’équipe de Cyanide
de vrais passionnés au goût sûr2, qui ne se contentent pas
de voir dans l’univers lovecraftien une licence porteuse
qui a le bon goût d’être libre de droits. Des gens qui,
quand ils parlent des futurs compagnons (Pierce pourra
en compter trois sur un total provisoire de six différents)
à envoyer en mission pour ramener des renseignements
ou récupérer des objets, évoquent les différentes phobies
que le détective pourra contracter en fonction du type de
situation qu’il vit, ou abordent la modélisation, forcément
délicate et nécessairement subtile, de la folie dans leur
jeu, laissent penser qu’ils ont au moins pris le projet par
le bon bout. Le pseudopode n’a pas fini de frétiller.
2. Ils ont cité L’Antre de la Folie de John Carpenter comme meilleure œuvre
cinématographique inspirée par Lovecraft ; moi, il ne m’en faut pas plus.
Canard PC | 55
À VENIR PC
Styx : Shards of Darkness
Dans l’ombre d’un doute
Il est petit, tout vert et ne sent pas très
bon. C’est ? C’est... Non, il ne s’agit pas de
Bloublou, le poisson rouge oublié depuis
six mois dans l’aquarium de votre voisine
partie en « vacances » au Cap d’Agde mais
de Styx, le gobelin tellement méchant
UYƶSRǻRMXTEVPƶEMQIVGSQQIYRKIRXMP
P
our rappel, le premier Styx était un jeu
d’infiltration bovais. Non, aujourd’hui
encore, je ne sais toujours pas s’il faut le
ranger dans la catégorie « bon » ou « mauvais ».
D’un côté, le fait de mettre le joueur aux
commandes d’un gobelin pour justifier tifier un jeu
ée. Le héros est
d’infiltration est une excellente idée.
une petite ordure, ce qui change agréablement,
et son faible gabarit nous permet d’appréhender
u’il est possible
différemment l’infiltration, puisqu’il
habituels,
de se cacher dans des endroits inhabituels,
par exemple sous une table. Et pour ur finir, Styx
peut utiliser quelques pouvoirs en n puisant
dans une jauge d’ambre, ce qui lui permet
entre autres de faire apparaître un n clone
teindre des
dont on prend le contrôle pour atteindre
endroits autrement inaccessibles ou distraire
les gardes. Soit un bon petit jeu, mais qu’une
réalisation moyenne condamna aux ux limbes du
jeu vidéo. En cause, des fautes de game design
impardonnables, comme des gardes es qui ne
réagissent pas quand des torches s’éteignent
56 | Canard PC
Par Kahn Lusth
sous leur nez ou ne s’inquiètent pas bien longtemps de
,IRVIcĜĹĀĬƋų±ƋĜŅĹ découvrir Dédé, leur ami de toujours, égorgé dans un
)³ZIPSTTIYV coin. Dommage car sans ces erreurs grosses comme
Ƽ±ĹĜÚå„ƋƚÚĜŅ un nez de gobelin, Styx serait un excellent titre.
Š8ų±ĹÏåš
“HMXIYVc Et Styx, et Styx, et colégram. Aujourd’hui, les
8ŅÏƚŸBŅĵå développeurs entendent donc remettre le couvert avec
FĹƋåų±ÏƋĜƴå un nouvel opus qui, promis juré craché, corrigera les
5PEXIJSVQIWc bêtises de son prédécesseur en améliorant sa recette.
{Ø£ÆŅƻkĹåØ{„ĉ Si les corrections attendront un test pour que l’on en
SVXMITV³ZYIc dresse la liste, sachez toutefois que Styx n’est plus un
2016 gros manchot de l’escalade. C’est du moins ce que j’ai cru
comprendre, en le voyant suspendu à un balcon et passer
un angle droit sans devoir remonter. Ce point mis à part,
les véritables nouveautés reposeront sur un contenu
plus riche et varié. Maintenant, notre gob’ aura affaire
aux nains, à des insectes géants et peut-être d’autres
surprises, en plus des traditionnels humains. L’intérêt ?
Pousser le joueur à changer sa façon de jouer, lorsqu’il
se retrouve face à un nain qui peut le repérer à l’odeur
ou un cafard aveugle mais qui entend le moindre de ses
mouvements. Et, comme on peut l’imaginer, ces ennemis
nous emmèneront dans des lieux qui modifieront aussi
notre approche, tel un village sous le soleil ou des grottes
tortueuses. L’ultime nouveauté sera le craft qui permettra
de débloquer de nouvelles recettes au fil des niveaux,
afin de fabriquer des potions aux effets particuliers ou
encore une arbalète de poing que l’on imagine utile pour
faire des trucs et des machins. Au final, on peut croire
dans le potentiel de cette suite, mais il faudra tout de
même voir si ses créateurs peuvent mener leur projet à
terme sans s’emmêler les pinceaux une fois de plus.
Space Run Galaxy
EEuropa
Eur
uroopa
ur p Truck Simulator
pa
Pour connaître les idéaux d’une civilisation,
GƶIWXWMQTPIcMPWYǽXHƶ³XYHMIVGIUYƶIPPIGVSMX
voir dans le ciel. Les Grecs imaginaient un
monde supralunaire incorruptible et invariant,
les chrétiens y cherchaient le royaume de Dieu,
les années 1960 rêvaient d’une utopie post-
raciale pleine de Sulu et d’Uhura. Depuis Reagan
IX8LEXGLIVGƶIWXHMǺ³VIRX1ƶIWTEGIIWXEZERX
tout un endroit où faire du blé. Autant vous
HMVIUYƶIRFSRIRJERXHIWeighties, né deux ans
avant Elite et Vive la criseUYERHNIVIKEVHIPI
GMIP³XSMP³NIGSQTXIPIW³XSMPIWIROMPSIYVSW
C
ela explique sans doute pourquoi j’attends
Space Run Galaxy avec impatience. Certes,
ce n’est pas la seule raison. Le premier Space
Run, sorti en 2014, fait partie de ces rares jeux
indés qui non seulement reposent sur un concept
original mais savent en tirer tout le potentiel.
Pour ceux qui l’auraient raté à l’époque, il s’agissait
d’une sorte de tower defense mobile. Chargé de
transporter des marchandises d’un point à l’autre
de la galaxie pour faire des thunes, le joueur devait
installer différents modules hexagonaux sur son
vaisseau (sorte de plateforme autopropulsée)
pour se défendre face aux astéroïdes, pirates
et autres saloperies croisés en route. Si les
premières missions étaient simples, elles viraient
rapidement au casse-tête : trouver le bon équilibre
entre réacteurs (nécessaires pour livrer les
marchandises dans le meilleur délai possible),
boucliers, canons divers et autres modules n’était
pas une partie de plaisir. Il fallait en permanence
démonter des modules pour en installer d’autres
et, rapidement, faire des compromis pour espérer
livrer au moins une partie du cargo à bon port.
Par Louis-Ferdinand Sébum
Han Solo et en multi. Le gameplay de Galaxy
reste peu ou prou le même lors des missions,
Genre : même si l’on trouve un plus grand nombre de
tower defense synergies entre modules et de nouveaux ennemis
Développeur : moins crétins. La grande nouveauté de cet épisode
Passtech Games reste toutefois l’ajout d’un vaste méta-jeu. Fini
(France) les missions linéaires et scriptées du premier
Éditeur : Space Run, on a désormais droit à des missions
Focus Home procédurales dans une galaxie ouverte, persistante
Interactive et, surtout, multijoueur. Les modules et le vaisseau
Plateforme : sont conservés d’une mission à l’autre et il est
PC Windows possible d’acheter équipement, hexagones et
Sortie prévue : même vaisseaux « clés en main » dans les systèmes
printemps 2016 stellaires visités lors des livraisons. Certaines
planètes étant spécialisées dans certains types
d’équipement (attaque, défense, soutien…), le
joueur a une raison supplémentaire d’explorer
l’univers. Encore mieux, le joueur qui se voit
confier une livraison qui ne l’arrange pas, parce
qu’elle l’envoie dans des coins où il n’a rien à
faire, peut créer sa propre mission et confier son
cargo à d’autres joueurs. Libre à lui, s’il le désire,
d’offrir une rémunération pour attirer des livreurs
potentiels. Salaire ou pas, exécuter des missions
pour d’autres humains rapporte des matériaux
de crafting uniques qui permettent de fabriquer
des modules non accessibles autrement. Un
bon moyen d’encourager les joueurs à coopérer
– l’autre étant la possibilité de voir, à tout
moment, quelles sont les missions qu’effectuent
nos amis Steam, et de leur proposer un coup de
main si nécessaire. Tout cela a l’air aussi original
que bien parti. Coup de bol, ça sort avant l’été.
Canard PC | 57
À VENIR PC
The Surge
Vert solitaire
D’après le lead game designer de The Surge,
PIL³VSWHYNIYIWXncun employé chargé de
résoudre des problèmes écologiquesc~/IJEMW
semblant de noter cet élément de l’intrigue sur
mon carnet avant de regarder à nouveau l’écran
de présentation, où un zombie en exosquelette
WIJEMXH³GETMXIVEYQS]IRHƶYRIXVSR±SRRIYWI
9RIGLSWIIWXWÆVIPƶ³GSPSKMI±EEGLERK³
A
fin de comprendre pourquoi Nicolas Hulot
s’est soudain mis à décapsuler du mort-
vivant, il faut revenir quelques minutes
en arrière, au début de la présentation. C’est là
qu’on m’a mis au jus : le jeu commence lors de votre
premier jour de taff et que, pour manutentionner
correctement dans l’usine titanesque où vous êtes
affecté, vous avez dû subir une greffe d’exosquelette.
Sauf que l’IA qui gère l’usine pète un câble, qu’elle
verrouille tout, qu’elle rend mabouls les ouvriers
transformés en zomblards et que vous vous retrouvez
coincé dans un environnement des plus hostiles.
Un premier jour de boulot plutôt chouette, en
somme – à mon arrivée à Canard PC, j’avais dû
écrire un guide sur Hearthstone, de quoi relativiser
la malchance de notre Eva Joly masculin. Quoique.
Deck13 Interactive est le studio co-responsable
de Lord of the Fallen, un ersatz de Dark Souls pur
jus, et The Surge semble bien parti pour reprendre
la même recette dans un univers futuriste un peu
glauque. Jean-Vincent Placé devrait donc affronter
une cohorte d’ennemis dont même les plus faibles
pourraient le descendre s’il ne fait pas assez gaffe,
le tout au cours d’un grand voyage à la Dark Souls
avec son lot de zones secrètes, d’embranchements
à explorer et de pseudo-discrétion pour éviter
d’attirer l’attention d’un cyborg en patrouille.
58 | Canard PC
Par Izual
Genre :
Dark Souls
dans le futur
)³ZIPSTTIYVc Lee courant alternatif. Puisque tronçonneuse et
Deck13 Interactive ifi
pacifisme vont rarement bi bl parlons
bien ensemble, l
(Allemagne) des combats. Ils promettent d’être nombreux, mais
“HMXIYVc aussi techniques et plutôt gratifiants. Tout sera basé
Focus Home sur l’endurance, cette jauge magique qui empêchera
Interactive votre personnage de trop enchaîner les roulades ou
Plateformes : de lancer des assauts sans interruption. De toute
PC Windows, façon, vous aurez intérêt à vous arrêter de taper
Xbox One, PS4 deux minutes pour réfléchir : l’atout principal de
Sortie prévue : 2017 The Surge, ce sera la possibilité de démembrer les
ennemis. Et justement, une partie de leur corps
sera leur point faible – pour les ouvriers zombies
en exosquelettes dont je parlais plus haut, ce sera
les jambes, tandis qu’un boss en forme de robot-
araignée géant devra se faire trancher les pattes une
à une pour être vaincu. Si au début vous n’aurez
pour tout arsenal que vos outils de soudure ou votre
scie à moteur, quelques améliorations ramassées
sur les cadavres ennemis vous permettront d’aller
porter votre projet écologique jusque dans les zones
les plus dangereuses. Il faut aussi rajouter à tout
cela une idée assez chouette, celle d’acheter des
implants crâniens pour modifier votre interface :
l’un vous permettra de voir la santé des ennemis,
un autre focalisera sur leur point faible, et ainsi
de suite. Entre ces quelques innovations plutôt
prometteuses et sa direction artistique soignée, The
Surge a le potentiel pour devenir un excellent jeu.
 Remnants of Naezith
on lui a mis le grappin dessus
On se rappelle toujours de ce qu’on était
en train de faire autour de 18 ans. Les
fêtes dantesques avec les potes, les
révisions studieuses pour le baccalauréat,
l’insouciance et la fougue de l’âge auquel on
tient encore l’alcool… Et puis il y a Tolga Ay.
T
olga Ay est un jeune homme qui, à l’âge
de 18 ans, a décidé de bosser sur son
jeu pour apprendre le C++ et affiner ses
compétences en programmation. Sauf que là où
les post-ados de son âge s’entraînent généralement
à faire un clone de Super Mario ou un casse-
briques simpliste, Ay a préféré voir grand et
régler son pas sur ceux de Super Meat Boy et
Dustforce. Oui oui, ce jeune homme de 18 balais
veut, dans le calme le plus complet, programmer
un platformer ultra hardcore. Avec un grappin,
tant qu’à faire, histoire que ça soit bien compliqué
à développer et que la hype entraîne une
gigantesque déception lors de la sortie du jeu.
Sauf qu’en fait, Tolga Ay est un développeur
extrêmement talentueux et que, malgré de petits
hoquets ici et là, Remnants of Naezith est bien
parti pour être un jeu de plateforme hardcore,
exigeant mais surtout sacrément jouissif.
Sonic Commando. Remnants of Naezith, c’est
avant tout un but simple et sobre : arriver à la fin
de chaque niveau en un seul morceau. Mais vous
savez ce qu’on dit : « Dans un voyage ce n’est pas
la destination qui compte mais toujours le chemin
parcouru, surtout s’il l’est à coups de grappins, de
boosts et de doubles sauts. » Bon, je transforme un
Par Pipomantis
peu l’adage (big up à Philippe Pollet-Villard, ma
,IRVIc référence pour les citations surannées) mais le
Super Vite Boy moindre bout de level design est une excuse pour
)³ZIPSTTIYVc virevolter entre des scies, frôler des lasers du bout
Tolga Ay (Turquie) des fesses et se régaler. La physique du grappin est
5PEXIJSVQIc excellente et propose ENFIN de se balancer ou de
PC Windows se faire tracter en fonction de la situation. Ça a l’air
SVXMITV³ZYIc tout bête mais c’est ce choix, ce refus flamboyant
2016 du compromis dégueulasse imposé depuis des
années par l’infâme industrie du AAA1, qui rendent
le titre si agréable. De fait, le grappin sert plusieurs
fonctions et devient un petit couteau suisse
qui, à l’aide des nombreux mouvements donnés
au joueur (double saut, dash, walljump), offre
une liberté d’action et de mouvement rarement
vue dans ce genre de « petites » productions.
Cerise sur le gâteau, la maniabilité est un vrai
bonheur et, après un léger temps d’adaptation,
on contrôle notre héros avec un plaisir et une
aisance impressionnants. Un ressenti mis en valeur
par la fluidité des animations et un level-design
qui cache déjà de beaux moments de génie ici
ou là. Et si vous avez peur que le développeur
ne suive pas et sorte son jeu avec vingt missions
un peu bateau, le titre possède déjà un éditeur
de niveaux. Encore vilain comme tout mais déjà
très simple à utiliser, nul doute qu’il permettra
aux plus déviants de créer de vrais monuments
de sadisme. En espérant que la version finale soit
aussi réussie que cette alpha est encourageante.
1. Oui, je suis toujours aussi énervé par ces filins qui
tractent comme des cons et qu’on veut nous faire
passer pour des grappins mignons et gentils.
Canard PC | 59
 E
Tous les quinze jours dans En chantier, vos rédacteurs se penchent sur des jeux
vendus en cours de développement : accès anticipés, alphas ou bêtas payantes.

en chantier

Ge
Genre : Minecraft
automatisé
aut
Développeur /
Dé
éditeur : Wube
éd
So
Software LTD
(Ré
(République tchèque)
Pla
Plateformes : PC
Wi
Windows, Mac, Linux
(S
(SRǻK
VIG
VIGSQQERH³Ic
car
carte graphique
dé
dédiée
8³P
8³P³GLEVKIQIRX
Ça c’est un type sur Internet qui prouve qu’il 250 Mo
åŸƋŞŅŸŸĜÆĬåÚåƶƋĜųÚåĵ±čĹĜĀŧƚåŸÏʱğĹåŸ
1E
1ERKYIVF
ÚåĵŅĹƋ±čåƋŅƚƋåĹŞųæŸåųƴ±ĹƋĬ±āŅųåĬŅϱĬåţ
Pri
Prix actuel :
IRZ
IRZMVSRccIYVSW
Ça c’est un étranger Sit
Site : démo disponible

Factorio sur Internet qui a cpc

cpc.cx/eRJ
bâti une station So
Sortie prévue : ǻR
de lancement de DR
DRM : Steam ou aucun
Chaîne de vie par Maria Kalash satellites. sur Factorio.com

Certains jeux n’existent que
pour permettre au joueur de les
maîtriser. Pour ce sentiment de
totale domination qui rappelle
l’époque où l’on faisait un mètre dix
mais où notre puissance face à une
armée de bonshommes en pâte à
modeler était sans limites. Et puis
à l’inverse, il y a des jeux créés
TSYVRSYWVETTIPIVRSXVIMRǻRMI
TIXMXIWWIRSXVIMRWMKRMǻERGIRSXVI
statut de petit caca riquiqui qui
jamais ne parviendra à quoi que ce
soit dans la vie.
L
es quelques jours que j’ai passés
sur Factorio pour les besoins de
ce papier (la grippe a fait des
ravages à la rédaction, au départ on
avait programmé un journaliste doté de
capacités intellectuelles et de troubles
obsessionnels adaptés au jeu) marqueront
mon existence du sceau de l’inanité. J’ai
en effet très vite pris conscience que le
temps que j’y passerai ne pouvait être
qu’insuffisant. Que c’est à peine si j’aurai
le loisir d’effleurer du bout du doigt
la machine superbement huilée qui se
dressait devant moi. Mon insignifiance
n’a eu d’égale que ma frustration. Après
plus de trois ans de développement et
100 000 joueurs séduits sans l’aide du
tentaculaire Steam, uniquement à la
force du gameplay, l’arrivée de Factorio en
accès anticipé sur la plateforme de Valve
ne ressemble pas à celle de la plupart de
ses petits copains, les jeux de survie en
monde ouvert. C’est qu’il est déjà touffu,
complexe, encore en développement certes,
mais déjà assez mûr pour justifier qu’on
y consacre des centaines d’heures. Après
de longs moments de souffrance, j’ai fini
par comprendre comment aborder ce
monument tout en conservant un semblant
de santé mentale : comme un oignon.
La tournée du factorio. Avant de
lancer une partie libre, il faut s’attaquer à
la première couche de l’oignon et jouer à
la campagne, qui fait office de didacticiel.
Si vous faites cela, vous aurez pendant
quelques minutes l’impression d’être
en présence d’une sorte de très vilain
Minecraft en 2D vu du dessus. Votre
personnage se déplace avec les touches zqsd
(ou celles que vous voulez, les contrôles
sont entièrement personnalisables) sur
une planète inconnue. Il doit ramasser des
ressources, vous l’aiderez en cliquant à la
souris sur ce qui se trouve à proximité : du
bois, de la pierre, du charbon, du cuivre et
du fer. Il peut alors se fabriquer une petite
pioche, pour miner plus vite, et un petit
four en pierre, pour fondre ses minerais
en plaques de métal. C’est à peu près à ce
moment-là, après 3 minutes de jeu donc,
que Factorio s’éloigne de Minecraft (cité
par Michal Kovařík comme sa source
d’inspiration) pour devenir Factorio.
Contrairement à son prédécesseur, vous
n’allez pas passer votre vie de joueur à
fabriquer des trucs à la main comme un
vulgaire péon. Dans Factorio, le maître-mot
c’est l’AUTOMATISATION.
Une quantité
de choses à gérer
et à digérer.
Analyse d’usine. Et voilà comment vous
allez devenir ingénieur-logisticien-supply
chain manager-grand ordinateur. Vous ne
minerez pas à la force du clic droit, mais
installerez dès que possible une petite
mine thermique. Le charbon extrait, vous
n’allez pas le transporter à dos d’homme
jusqu’à la fonderie, mais sur un tapis
roulant. Ces tapis roulants, au début vous
les fabriquerez un par un dans votre petit

60 | Canard PC

Ça c’est moi,
posant à côté
de mon premier
radar.
Ça c’est moi à côté
d’une centrale
solaire. Ce n’est
pas moi qui l’ai
construite.
inventaire, qui vous montre ce qu’il vous
est possible de crafter. Et puis comme il
vous en faudra des kilomètres, vous allez
automatiser leur fabrication aussi. Les
premières heures, vous découvrirez toutes
ces machines, vous laisserez submerger
par la quantité de choses à gérer et à
digérer. Vous allez vous retrouver avec
des tapis roulants qui ne roulent plus, des
bras articulés montés dans le mauvais
sens, des fours sans charbon, trop d’écrous
et pas assez de plaques de métal, des
coupures d’électricité incompréhensibles…
Il m’est arrivé de recommencer quatre
fois le même morceau de campagne
didacticielle pour arriver à un résultat
plus simple, plus élégant, à mesure que je
commençais à entrevoir comment tout
cela fonctionnait. Comme tout se fabrique
à partir d’ingrédients simples et qu’avec
un peu de persévérance, on finit par tout
maîtriser, les développeurs ont ajouté un
autre facteur de complexité : la recherche
technologique. Pour pouvoir fabriquer
une petite usine d’assemblage, il faudra
d’abord rechercher la logistique. Pour
bâtir des tourelles défensives, l’armement.
Viendra alors le moment de prendre
conscience des manœuvres alambiquées
dans lesquelles il vous faudra vous plonger
pour automatiser la fabrication des petites
fioles colorées destinées à la science. Eh
non, on ne peut pas directement se lancer
à corps perdu dans la construction de la
base de ses rêves. C’est la deuxième couche
de l’oignon.
Échecs et automates. Dans la
troisième, vous allez remettre en question
toute votre existence, toutes vos capacités
intellectuelles. Rire de votre vous d’il y a
trois heures, celui qui était tellement fier
d’être parvenu à organiser une chaîne de
production de circuits imprimés. Vous
n’éprouvez plus que du mépris pour ce
sous-humain que vous étiez alors, qui
n’avait pas la moindre idée de comment
optimiser un tant soit peu sa logistique.
Vous prenez peu à peu conscience du
degré de subtilité des mécaniques de
Ça c’est moi, peu
de temps avant
de fondre en
larmes.
Factorio. Vous vous mettez à utiliser les
deux bords des tapis roulants de manière
intelligente, vous passez des heures à
étudier les designs mis en place par des
gens beaucoup plus malins que vous sur
Internet. Vous vous lancez dans de longs
calculs avec des étrangers sur Reddit à
propos du débit des tuyaux qui apportent
l’eau à vos centrales. À ce stade, les aliens
qui attaquent votre base parce que vous
saccagez leur planète comme un humain
pollue la terre ne servent plus qu’à justifier
vos super tourelles laser et vous envisagez
sérieusement de poser des congés sans
soldes afin de recommencer une partie de
zéro avec les mods qui rendent les trains
intéressants parce que les trains c’est
cool. À ce moment enfin, dans une petite
centaine d’heures, Factorio vous procurera
ce sentiment de totale domination, de
maîtrise. Votre vie aura un sens.
En l’état :
J’hésite un peu à mettre « sans
danger » car Factorio me paraît
excessivement dangereux. Perso,
j’ai pris pleinement conscience que
j’étais nulle et qu’à moins de la subite
émergence de centaines d’heures
de liberté dans mon emploi du
temps, je le resterai.
C’est bien triste car
chaque progrès
dans la maîtrise
de Factorio
est une source
colossale de
satisfaction. Sans danger
Canard PC | 61
EN CHANTIER
Master of Orion
Le (bon ?) goût d’autrefois par Guy Moquette
,IRVIc Ce week-end, j’ai joué à Master of Orion.
4X spatial Coucher cette phrase sur le papier, c’est
)³ZIPSTTIYVc facile. Mais croyez-moi : la prononcer à
NGD Studios haute voix, c’est s’exposer au risque de se
(Argentine) prendre un violent coup de pied au train
“HMXIYVc qui propulse plus de vingt ans en arrière,
WG Labs dans la peau de cet être plus jeune, maigre,
(Biélorussie) idéaliste (et, espérons, un peu plus con aussi)
5PEXIJSVQIc qu’aujourd’hui qui rentre de l’école avec sa
PC Windows pile de disquettes échangée contre un devoir
(SRǻK de maths, insérant chacune d’entre elles
VIGSQQERH³Ic dans un lecteur capricieux, le geste rendu
PC de joueur fébrile par l’enivrante promesse de passer un
8³P³GLEVKIQIRXc week-end entier à conquérir l’univers.
2 Go
1ERKYIcVO (la VF
C
sera présente dans e week-end, donc, j’ai joué à Master of Orion.
Ĭ±ƴåųŸĜŅĹĀűĬåš Plus de vingt ans après, il y a moins de
5VM\c environ 46 € disquettes, moins de fébrilité (seulement trois
)72cSteam minutes à regarder le plafond le temps de télécharger
les 2 Go d’installation avec la fibre optique) et aussi,
il faut le reconnaître, un poil moins d’ivresse. C’est
qu’entre-temps, le jeune couillon qui voyait le genre
du 4X arriver à maturité sous ses yeux a grandi, vieilli
et surtout joué à cinq générations de Civilization, à
Imperium Galactica, à Galactic Civilizations et tous les
62 | Canard PC
autres clones, hommages, spin-off engendrés depuis.
Alors quand débarque ce Master of Orion, sorte
de réinterprétation HD des célèbres et fondateurs
jeux de Microprose sortis en 1993 et 19961, avec ses
mécaniques archiclassiques à peine dépoussiérées,
ses quelques concessions faites à la modernité et ses
deux ou trois castrations notables (ils sont passés où,
les héros et la capture des vaisseaux ?), on ne peut pas
dire que la jauge d’extase monte dans le rouge.
World of Stars. Le retour de Wargaming.net dans
le petit monde du jeu traditionnel – en opposition
aux free-to-play qui ont fait autant sa renommée
que son replet compte en banque – se fait donc
via sa nouvelle filiale, WG Labs, dont le slogan
« Innovations in gameplay » sonne bizarrement vu
à quel point son premier poulain, Master of Orion,
a les pieds enfoncés dans le ciment de la tradition.
Ah, la tradition… C’est vrai que ça sonne bien,
comme mot, ça fait noble et respectueux. Mais à y
réfléchir un instant, le terme désigne aussi bien les
pratiques éprouvées, la transmission de valeurs, les
baguettes qui se la pètent, l’authenticité ou l’excision,
ce qui nous fait une belle jambe. Alors pour le dire
1. Notez que, par charité chrétienne,
on n’évoquera pas Master of Orion 3.
autrement, Master of Orion est un 4X qui
aurait fait un bond dans le temps, depuis
les années 1990 jusqu’à aujourd’hui.
Extérieurement, il est toujours jeune et
fringant : graphismes mignons, doublages
réussis, interface soignée… C’est de l’accès
anticipé très propre, comme on aimerait
en voir plus souvent. En revanche, à
l’intérieur, c’est un petit vieux un peu
largué.
Planètes pas sans bavures.
Attention, ne me faites pas dire ce que
je n’ai pas dit : dans sa version actuelle,
Master of Orion n’est pas un mauvais
jeu. Parfaitement incomplet, certes (des
conditions de victoires manquent, seules
six races sur dix sont présentes, les races
personnalisables et des pans entiers du
jeu, comme l’espionnage, n’arriveront
que plus tard…). Bancal par bien des
aspects, au premier rang desquels l’IA
complètement amorphe qui se montre
capable de nous regarder bombarder
sa planète-mère avec ses yeux de bovin
sans faire intervenir sa grosse flotte
capable de nous péter la gueule, mais
qui sera l’objet, nous promet-on, d’un
gros travail d’ici la sortie. Mais, au-delà
de ces défauts imputables à son statut
d’accès anticipé, on retrouve tous les
fondamentaux du 4X. L’exploration,
la diplomatie, les choix de recherches
– pas aussi radicaux que dans les titres
originaux, mais certaines technologies
amènent à décider de leur application,
par exemple entre un nouveau moteur
et une nouvelle arme pour les vaisseaux
– ou l’inévitable course à la colonisation
de planètes plus ou moins accueillantes
ou riches en minerai qui constitue tout
le sel du premier tiers d’une partie qui se
respecte. Avec quelques particularités,
tout de même, telle la répartition
de la population sur les différents
emplacements générateurs de recherche,
nourriture et production, dont le
rendement va decrescendo, ou encore la
gestion de la pollution.
Space opera-bouffe. Oui, tout cela
promet de plutôt bien fonctionner une
fois le développement achevé. Mais, à
moins d’une grosse surprise, un lapin
sorti du chapeau à la dernière minute
par WG Labs, ce classicisme confinant
à la copie-carbone d’un bon vieux Civ’
manque du petit truc qui permettra à
l’amoureux de 4X qui s’est déjà goinfré,
excusez du peu, de GalCiv’, de Endless
Space et de Distant World au cours de ces
dernières années, de s’y investir. Pourtant,
on sent l’envie de bien faire. Tenez,
prenez la personnalisation des vaisseaux.
Une fonctionnalité assez classique, mais
qui, contrairement à la gestion assez
sommaire de l’économie et des planètes,
semble particulièrement profonde dans
Master of Orion. Sur un châssis, le joueur
peut disposer d’un capital de « place »
pour intégrer un tas d’armes différentes,
des missiles aux lasers, en décidant
de leurs arcs de tir et de leurs options
de bonus, les moteurs, les boucliers,
les blindages, jusqu’aux dispositifs de
brouillage de capacités ennemies et de
systèmes de défense antimissiles et aux
baies permettant de lancer des vagues de
chasseurs et bombardiers. Il y a de quoi
s’y perdre, c’est prometteur et excitant…
Jusqu’à ce que la prise en main de ces
vaisseaux personnalisés intervienne sur la
carte tactique des combats.
Ce n’est pas tant que le passage de
l’historique système de tour par tour au
profit du temps réel (pausable) me hérisse
particulièrement, loin de là. Mais à l’heure
actuelle, les cartes étriquées et le faible
panel d’ordres à donner à sa flotte donnent
l’impression de ne pas exploiter le dixième
des subtilités tactiques suggérées plus
haut. Là encore, le studio annonce avoir
encore du travail sur cet aspect du jeu,
alors on se gardera de tout jugement
hâtif. Et vous, de tout achat hâtif, ce serait
mieux.
En l’état :
Attendez, attendez, attendez.
Attendez que toutes les
fonctionnalités manquantes à
Master of Orion soient intégrées,
parce que ça ne sert à rien de
lancer une partie bancale, même
pour voir. Attendez que l’IA puisse
faire autre chose que regarder
TEWWIVPIWXVEMRW&XXIRHI^IRǻR
de déterminer votre propre attente
vis-à-vis d’un 4X spatial car il est
à peu près certain que pour le
vétéran du genre,
il risque de ne
pas rendre
l’attente de
)ĻÚĮåžžƐ„Ť±ÏåƭƞƐ
ou Stellaris
moins longue.
Attendez, quoi. Attendez
Canard PC | 63
EN CHANTIER

Genre :
FPS du Colonel
Moutarde
The Ship : Remasted
)³ZIPSTTIYVcc
³HMXIYVc
Un jeu tellement coule par Kahn Lusth

Ĭ±DŽĜĹč:ųĜþĹ
J’ai beaucoup aimé The Ship, pour la livres sterling ne l’ait rendu invisible en dehors de
(Royaume-Uni)
simple raison que ce jeu était un véritable la Grande-Bretagne. Les cons. Les joueurs n’en ont
Plateforme : eu, bien évidemment, rien à foutre et le studio s’est
PC Windows générateur d’anecdotes. Ah, les potes
retrouvé coincé avec un premier titre dont les termes
(SRǻK explosés à coups de rames sur les
du contrat lui interdisent toute modification et une
VIGSQQERH³Ic chiottes, abattus à la machette dans leur suite impossible à produire. Dans ce cas, plus qu’une
PC de joueur sommeil ou simplement enfermés dans le seule solution : recréer The Ship et agiter l’énorme
8³P³GLEVKIQIRX sauna, j’en rêve encore. Mais aujourd’hui, drapeau de la nostalgie en criant « Youhou ! Vous vous
1,2 Go le jeu revient avec une perruque et tente souvenez comme c’était bien ? ».
1ERKYI de se faire passer pour son cousin. Allez,
VO ((anglais) rentre chez toi, The Ship. Tu es saoul. « Multi » joueur(s). Au programme, une croisière
Prix actuel : où les passagers sont les victimes du jeu pervers d’un
environ
envir 20 € homme masqué qui les oblige à identifier et tuer leur

C
Sortie prévue
p : ’est en novembre 2011 que Blazing Griffin
mai 2016
m rachète les droits de The Ship, auprès
DRM : d’Outerlight qui n’en avait certainement
Steam
plus grand-chose à foutre, après le bide de Bloody
Good Time. Suite à cela, les nouveaux propriétaires
de la licence ont donc lancé vers la fin 2012 un
financement participatif pour développer une suite
steam punk du titre, baptisée The Ship 2 : Full Steam
Ahead. Hélas, la campagne s’est méchamment plantée
en ne récoltant que 18 000 livres de promesses
de dons, pour un minimum fixé à 128 000 livres.
Avant de sortir des radars, les développeurs ont
tout de même tenté un ultime coup de poker sur
Steam Greenlight, craignant qu’un Kickstarter en
cible, tout en se débarrassant de leur chasseur. Dès
l’écran d’accueil, The Ship : Remasted suit l’exemple
de son aîné, reprend sa musique et ses sons, mais
nous laisse galérer pour trouver d’autres joueurs
sur l’Internet omniscient. En réalité, le titre est loin
d’être prêt pour le multijoueur en ligne, puisqu’une
bidouille lui fait croire que les serveurs distants sont
présents dans le réseau local. En conséquence, la
limite maximale de 16 joueurs s’effondre à 4, pour
peu que l’on ait le malheur de jouer sur le Net. Mais
pour en arriver là, il faudra trouver des gens moins
dupes que le soft, car en plein samedi après-midi,
Remasted ne comptabilise que trois joueurs qui
auraient joué dans l’heure précédant mon arrivée,

64 | Canard PC
contre 55 chez son prédécesseur. Si avec
ça, les développeurs ne glissent pas des
antidépresseurs dans leur machine à
café…
Ça ne me bot pas des masses. C’est
donc face à des bots que l’on fait ses
premières armes dans l’espoir qu’un jour,
les clients soient un peu plus nombreux.
Pour l’instant, le jeu nous permet
d’arpenter quatre cartes dans trois modes
différents. Dans le premier (et l’unique,
diront les puristes), la Chasse, chaque
joueur se voit désigner une cible à abattre
au début de chaque round. Il suffit alors
de fouiller le navire pour y trouver une
arme, puis d’exploser sa proie aussi
discrètement que possible, puisque celle-
ci peut aussi nous tuer sans recevoir le
moindre malus. Ainsi, on marche l’air de
rien pour s’approcher, puis on comprend
que sans joueurs pour nous accompagner,
le titre perd toute sa dimension
psychologique. Et ce ne sont pas les bots
qui pètent régulièrement les plombs en
courant avec une arme à la main qui me
feront dire le contraire.
Dormir ou mourir, il faut choisir.
Pourtant, les occasions de meurtres ne
manquent pas, chacun devant composer
avec une jauge de faim, de soif, de
sommeil, de distractions et de sociabilité,
imposant de dormir, manger, discuter
avec les PNJ, prendre sa douche et faire
régulièrement son popo. Facile ? Pas
vraiment, étant donné que brandir une
arme sous le nez d’un vigile nous envoie
illico en prison et ce, pendant plusieurs
dizaines de secondes. Et afin d’éviter
que tout le monde ne se contente de
décrocher les haches de pompier pour se
fendre la gueule, le classement final ne
se fait pas en fonction des morts mais
grâce aux gains générés par « l’originalité
» des armes utilisées. Par exemple, plus
les joueurs se servent d’un pistolet et
plus sa récompense devient ridicule,
tandis que les équipements délaissés vont
voir leur cote grimper en flèche. Bien
entendu, rien ne vous empêche d’ignorer
l’excellent mode Chasse pour jouer en
élimination, où chaque assassinat vous
assure une nouvelle cible, jusqu’à ce que
tout le monde soit mort, ou encore en
deathmatch, sans intérêt. Après tout,
qui suis-je pour vous juger ? Une figure
patriarcale imaginaire et digne de
confiance ? Allons.
Un homme à l’amer. Ceux qui ont
déjà joué à The Ship doivent déjà s’en
douter : Remasted ne sera donc qu’une
version HD. Quoique, en parlant de
« haute définition », il faut avouer que
le titre ne brille pas pour sa plastique,
avec ses polygones qui manquent à l’appel
et ses éclairages souvent simplistes. En
fait, seules les textures nous rappellent
encore que sa date de sortie est située aux
alentours de mai prochain. Oui, Blazing
Griffin devrait distribuer sérieusement
les coups de fouet pour sortir son
titre dans un délai aussi court, avec ses
onze cartes, la possibilité de nager, des
ascenseurs enfin fonctionnels, rajouter les
sons qui manquent, corriger la physique
et rendre les coups de latte un peu plus
viscéraux. Sans parler des bugs plus ou
moins amusants qui hantent actuellement
le soft, par exemple des personnages qui
sortent leurs couverts de table pour aller
aux toilettes, un inventaire qui devient
parfois inutilisable et le framerate qui
peut s’effondrer à 2 FPS, sur un simple
changement de niveau. Eh oui, The Ship a
toujours été un excellent jeu incompris et
quelque chose me dit que ça n’est pas près
de changer.
En l’état :
Faut-il attendre un jeu qui se
contente d’ajouter une poignée de
polygones et des textures HD à la
VIGIXXISVMKMREPIc$5VSFEFPIQIRX
pas, surtout si vous avez déjà essoré
le premier The Ship5SYVPIWEYXVIW
Remasted pourrait être l’occasion
de découvrir un excellent titre, à
condition que les
développeurs
parviennent
à terminer le
boulot dans le
tout petit délai
qui leur est
imparti. Attendez
Canard PC | 65
EN CHANTIER

Ge
Genre :
RP / Rogue-like
RPG
)³
)³ZIPSTTIYVc
éd
éditeur : Pera
Ga
Games (Turquie)
Pla
Plateformes :
PC Windows, Mac
(S
(SRǻK
VIG
VIGSQQERH³Ic
n’im
n’importe quel PC
8³
8³P³GLEVKIQIRX
570 Mo
1E
1ERKYI
VO
VOST anglaise

Overfall Pri
Prix actuel :
en
environ 10 euros
Jeu, tue, îles... par Guy Moquette DR
DRM : Steam

La requête a beau ne pas déborder
HƶSVMKMREPMX³HMǽGMPIHIVIJYWIVHI
WEYZIVPIQSRHIYVXSYXUYERHGƶIWX
HIQERH³KIRXMQIRX*XIRGSVITPYW
UYERHSRIWXWSMQ´QIHMVIGXIQIRX
VIWTSRWEFPIHYQIVHMIVIRETTVSGLI
de carte du monde enclenche une petite
saynète qui amènera tantôt un gain de
ressource, tantôt une situation qui pourra se
régler diplomatiquement ou à grand renfort
de baffes… et parfois un peu tout cela à la
fois. Arrosez l’ensemble de l’opportunité
d’agrandir l’équipe (jusqu’à quatre héros),
d’un système de réputation – il faut
(pas trop lourdingues, fait rare !) à la
pop-culture et ses situations absurdes
aux contre-pieds parfois délicieusement
idiots font passer la pilule. Preuve que le
studio mise énormément là-dessus, il met
en avant le « parrain » Chris Avellone
et son guide d’écriture fourni avec le
jeu, visant à conseiller et encourager la

O
h, c’est une longue histoire. Mais
en gros, votre duo de héros revient
de mission sur un autre monde,
quelque 300 ans se sont écoulés et c’est un
merdier indescriptible. Toutes les factions
sont en guerre les unes contre les autres
et une horde d’envahisseurs brutaux se
déverse par le portail qui vous a servi
à rentrer. Pour couronner le tout, une
prophétie vous désigne arbitrairement
comme le seul espoir. Alors vous vous y
collez. Et vous mourrez lamentablement.
Et vous recommencez. Car oui, Overfall
est entièrement basé là-dessus : une
mort permanente suivie d’une nouvelle
tentative. Mais entre-temps, vous aurez
– peut-être, car c’est un peu longuet dans
la version actuelle – débloqué de nouvelles
classes de personnages, de nouveaux
équipements et compétences susceptibles
de rendre le nouvel essai différent,
possiblement plus facile.
Par bien des aspects, Overfall rappelle
FTL. Chaque île de l’archipel qui fait office
66 | Canard PC
s’acoquiner avec plusieurs factions pour
pouvoir l’emporter – et une progression
dynamique des envahisseurs vorns, qui vont
progressivement mettre à sac toutes les îles
de la carte, et vous savez tout.
Archipel à tartes. Enfin, presque tout.
Il y a des affrontements dans le jeu de Pera
Games. Beaucoup. Un peu brouillon et
pas très profonds, les combats au tour par
tour d’Overfall se trouvent précisément
entre « boarf » et « mouais » sur l’échelle
de la boffitude. Pour ne rien arranger, le
côté aléatoire des rencontres peut amener
à un combat quasi perdu d’avance… sans
jamais offrir la moindre possibilité de
fuite et donc à même d’interrompre
brutalement un run qui se déroulait
jusque-là à merveille. Heureusement, un
crochet du droit dans le pif ou un doigt
dans l’œil passent toujours mieux avec
une petite vanne. De ce côté, l’univers
foutraque d’Overfall, ses humains teigneux,
ses elfes hippies, ses multiples clins d’œil
communauté à enrichir Overfall de quêtes
et mini-scénarios concoctés par les joueurs
eux-mêmes. À défaut de le rendre profond,
juste et véritablement tactique, cela fait au
moins d’Overfall un jeu sympathique.
En l’état :
On aurait presque pu mettre
ncWERWHERKIV~XERXOverfall est
propre, dénué de bugs majeurs,
jouable en l’état si l’on n’attend
TEWHIPYMTPYWUYIGIUYƶYRNIYª
cIYVSWX]TMUYIQIRXEHETXEFPI
WYVXEFPIXXIIWXªQ´QIHIJSYVRMV
Mais on a envie
de pinailler un
peu, alors on va
attendre un peu
d’équilibrage
HERWPEHMǽGYPX³
et la vitesse de
progression. Attendez
En kiosque
Canard PC Hardware n°2 7
5,90 €

NOUVELLLEE
FORMU
T
ORDINATEUR
TECHNO

Et Pi y’a l’Odroid aussi

L'ACTUALITÉ DE CE QU'IL Y A SOUS LE CAPOT

NEWS

ous êtes encore tout tremblotant suite à l’an-

PAR FISHBONE AUDIO

Jack a
disparaît ?

V nonce du Raspberry 3, parce que vous êtes

comme ça, un grand émotif devant l’Éternel.
D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que vous avez pleuré à
GPU
la fin de La Soupe aux choux. Bref, vous n’avez pas fini de
sangloter dans le mouchoir en tissu avec vos initiales bro- Intel fait
dées par Tata Roberte pour vos 30 ans, car dans la foule
des micro-ordinateurs à tout faire, existe également
son marché
l’Odroid-C2 du fabricant HardKernel, la boîte qui a le Le dernier rapport de Jon Peddie
Kernel tout dur en toute circonstance. Pour 40 dollars, Research sur les puces graphiques
cinq de plus que le Raspberry Pi 3, vous disposez cette confirme la baisse générale du
fois d’un quad-core 64 bits ARM Cortex-A53 cadencé à marché en 2015 (–14 %), un
2 GHz, d’un GPU Mali-450, de 2 Go de RAM, de quatre fléchissement qui, logiquement,
ports USB 2.0, un port USB 2.0 OTG (échange direct de suit celle du marché PC (–8 à Depuis quelques semaines, le
données entre deux périphériques), d’un port Ethernet –10 % selon les instituts). Quoiqu’il Web est émoustillé par la rumeur
Gigabit, d’un port HDMI 2.0 (4K/60 Hz, H.265/H.264), en soit Intel engouffre 71,6 % du d’abandon du bon vieux port au-
d’un connecteur GPIO 40 broches et 7 broches 12S. Reste marché graphique (+ 0,1 %), Nvidia dio jack 3,5 mm par les prochains
que cette machine, plus fermée que les Raspberry Pi, ne 16,6 % (+ 1,6 %) et AMD 11,8 % iPhone. Il est vrai que si Apple
dispose pas du même support développeur/communauté (- 1,9 %). Les ventes de cartes décide de franchir le pas, il y a
que ces derniers, ce qui restreint d’autant son public. graphiques haut de gamme, avec de fortes chances que le reste des
Également, elle ne propose ni le Wi-Fi, ni le Bluetooth, 5,9 millions d’unités, ont doublé. fabricants suive le mouvement
qu’on se le dise. En résumé, pour faire votre choix, c’est Sur ce créneau, Nvidia domine à plus ou moins brève échéance.
soit la biscotte beurrée sans confiture, soit la biscotte avec 78,8 % des cartes livrées au Un changement de paradigme, du
avec confiture mais sans beurre. dernier trimestre. niveau de l’abandon de la cassette
magnétique, dont d’ailleurs je
STOCKAGE ne me suis toujours pas remis.
16 To RÉALITÉ VIRTUELLE Cette éviction aurait pour but
de gagner en finesse de châssis
au garot
Samsung a présenté
Le prix de l’immersion (pliable), avec le remplacement du
port analogique par le connecteur
le PM1633a, un SSD C’est au tour du casque de réalité virtuelle de Valve/HTC, le Vive, d’être vendu en propriétaire de l’iPhone pour
SAS 12 Go/s destiné précommande. Pour la modique somme de 900 euros environ – plus des frais de connecter un casque idoine, ou
aux entreprises d’une port improbables de 73,20 euros car livré avec un poney mort –, vous disposerez par le Bluetooth pour une diffu-
capacité de 16 To. OK, du casque accompagné de deux manettes sans fil, de deux stations de base pour sion sans fil. Autre conséquence
OK, on exagère un peu, le suivi des mouvements à 360° e t des applications Tilt Brush (peinture virtuelle), logique de ce choix, le smart-
en fait, c’est 15,36 To. Fantastic Contraption (construction de bidules) et Job Simulator (simulation débile phone ne serait définitivement
Les débits en lecture et de travail où vous mangez des donuts et balancez des objets. Et pas plus, je sais à plus en charge de la conversion nu-
écriture séquentielles quoi vous pensez bande de coquins). Pour rappel, la résolution du casque est de mérique-analogique, puisque cette
montent à 1 200 Mb/s 2160 x 1200 à 90 Hz, avec 110° de champ visuel. Le fait que le Vive soit vendu dernière reviendrait au dispositif
- contre 500 Mb/s 200 euros de plus que l’Oculus Rift n’a pas empêché 15 000 exemplaires d’être d’écoute. Quoi qu’il en soit, l’idée
en moyenne pour les précommandés durant les dix premières minutes de vente. De son côté, de la suppression du mini-jack
SSD grand public -, HP a dégainé le sticker « certifié pour la réalité virtuelle » sur ne plaît pas à tout le monde,
aidés par une mémoire ses machines de jeu puisqu’une pétition a recueilli
cache de 16 Go. Enfin, « Envy Phoenix » 300 000 signatures pour s’y op-
le disque revendique (AMD Radeon R9 poser. C’est que l’humanité sait se
200 000 IOPS en 390X 0G min), fruit mobiliser pour les grandes causes,
lecture et 32 000 en d’une collaboration avec vous admettrez. Par ailleurs, je
écriture. Le prix n’est pas HTC, 1 300 dollars dis ça, je dis rien, un brevet d’un
communiqué mais au minimum. Dans ce casque EarPod hybride bluetooth
fond de vous, quelque contexte, la VR, c’est un et connexion magnétique à un
chose vous dit que vous budget minimum de jack, déposé en 2011, vient juste-
ne voulez pas savoir. 2 200 euros. ment d’être accordé à Apple.

68 | Canard PC
SÉCURITÉ

Paye ta biométrie
La biométrie au service
des paiements a le vent
en poupe, car au-delà de la
sécurité qu’elle est censée
apporter, moins le consom-
mateur doit faire d’efforts
pour acheter, mieux c’est
pour les affaires. Afin d’ac-
compagner le développe-
ment de son portefeuille
électronique « Google An-
droid Pay » – officiellement
1,5 million de nouveaux
utilisateurs chaque mois
et accepté par 2 millions
de commerces aux États-
Unis  –, la firme teste ac-
tuellement à San Francisco
« Hand Free », une solution
Android/iOS où l’utilisateur
donne ses initiales pour ef-
fectuer le paiement (!). La
reconnaissance faciale est
également étudiée, avec
la présence d’une caméra
sur la caisse qui compare
la photo prise avec celle
présente dans Hand Free.
Les informations sont ef-
facées après le paiement
et ne sont pas collectées
par Google, nous dit Goo-
gle. En France, la Banque
Postale va lancer un nou-
veau service au nom bien
franchouillard de « Talk to
Pay  », avalisé par la CNIL,
afin de valider un paiement
en ligne par la voix. L’utilisa-
teur recevra un appel télé-
phonique, prononcera une
phrase d’authentification, et
recevra en retour un cryp-
togramme (CVV) à usage
unique.
VOITURE AUTONOME
Et là, c’est le crash
l fallait bien que ça ar-
I rive, après six ans d’essais
concluants et 2,3 millions de
kilomètres parcourus sans accrocs  :
une Google Car autonome a été re-
connue « en partie responsable » d’un
accrochage avec un bus, en février der-
nier près du siège social de Google à
Mountain View. Pas de victimes ni de
blessés, pas même un écureuil, juste
de la tôle froissée. Pour ce qui est des
circonstances – et là, j’ai l’impression
de remplir un constat à l’amiable –, la
Google Car était sur la voie de droite, à
l’arrêt car bloquée par des sacs de sable
non autonomes. La courageuse Google
Car prend alors l’initiative de passer
sur la voie centrale pour continuer son
bonhomme de chemin autonome, les
algorithmes estimant que le bus qui
arrivait à faible allure sur cette même
voie allait s’arrêter. Sauf que non, il ne
s’est pas arrêté, le bus. C’est que Bill,
le conducteur, il n’est pas du genre à
se dégonfler devant une Google Car,
c’est un vétéran, il a fait Disneyland.
Résultat, un flanc à repeindre et une
campagne de communication pour
Google  : «  Si notre voiture n’avait pas
bougé, il n’y aurait pas eu d’accident »,
a-t-il admis. L’« IA » va être patchée
pour lui faire comprendre qu’un bus ou
un camion, dans le doute, on ne fait pas
sa fière et laisse passer.

SÉCURITÉ CONSOLE
DRONES

Drones SlySoft a craqué Coleco-

de courses
Dubaï a toutes les
chances de devenir
la capitale des
courses de drones,
avec l’organisation
la semaine passée
de la première
édition du « World
Drone Prix ».
Donc voilà, il s’agit
d’une course de
drones dotée d’un
million de dollars
de prix, dont
250 000 dollars
pour le vainqueur
qui, avec tout cet
argent, pourra
éventuellement
s’acheter une vie.
Je m’abstiendrai
de tout autre
commentaire
désobligeant.
lySoft, l’éditeur du logiciel
S AnyDVD, pourfendeur de
la protection AACS des
Blu-ray afin de réaliser pépère des
copies privées de ses galettes dû-
ment achetées, a officiellement fermé
ses portes (parce qu’officieusement,
c’est une autre histoire, cherchez
« RedFox »). Il faut croire que la pres-
sion exercée par les ayants droit
–  qu’on imagine sévère, idéale
pour ouvrir un pressing indus-
triel – a fini par payer. Du côté
de Fengtao, l’éditeur du pro-
gramme DVDFab qui remplit
la même fonction qu’AnyDVD,
ce dernier continue son activité
mais a cependant déclaré qu’il
ne s’aventurera pas à contour-
ner la nouvelle protection
AACS 2.0 des prochains Blu-
ray UHD 4K, ce en accord avec
les studios de cinéma, l’AACS-
LA, la Blu-ray Disc Association
et le couteau qui lui piquait le
Margoulinerie ?
fondement pendant cette déclara-
tion totalement naturelle. Comparé
à l’AACS, l’AACS 2.0 dispose en plus
d’un mode amélioré qui nécessitera
une connexion internet pour récupé-
rer la clé de chiffrement. Le choix du
mode de protection utilisé par l’AACS
2.0, basique ou amélioré, sera laissé au
producteur du contenu.
La suspicion est de mise
concernant la Coleco-Chameleon,
une console dédiée au rétrogaming
(Atari 2600, SNES, Intellivision)
dont nous avions parlé dans le
dernier numéro. La campagne
de financement Kickstater n’a
pas démarré comme prévu le
26 février dernier, car des doutes
planent sur la réalité du projet. De
son côté, le fabricant RetroVGS
indique que la campagne a été
reportée pour « rendre la console
encore meilleure », tout en postant
de nouvelles photos du prototype.
Mouais…

Canard PC | 69
TECHNO L'ACTUALITÉ DE CE QU'IL Y A SOUS LE CAPOT

NEWS PAR FISHBONE

GPU
ORDINATEUR

Et Pi trois encore !? Computation

’aventure continue pour le Raspberry Pi, dont les graphique externalisée
L ventes mondiales dépassent aujourd’hui huit millions
d’exemplaires depuis sa sortie (6 millions de Rasp-
berry 1, 3 millions de Raspberry 2). Ainsi, le micro-ordinateur
nous revient dans une troisième mouture, la bien-nommée
Raspberry Pi 3. Le bambin conserve le prix de 35 dollars du Pi 2,
tandis que le matériel évolue avec un SoC 64 bits quad-core
Broadcom BCM2837 ARM Cortex A53 à 1,2 GHz (SoC quad- GPU
core Cortex-A7 à 900 MHz pour le Pi 2, ARM 11 à 700 MHz
pour le Pi). Le fabricant annonce une amélioration des perfor-
Furieusement
mances de 50 à 60 % en 32 bits, toujours comparé au Pi 2. Je attendu
vous fais grâce de la comparaison avec le Pi 1, par respect pour Un mot rapide sur la fameuse
ses proches (OK, OK… mais restez discret : 2,5 fois à 20 fois Radeon Fury X2 d’AMD à base de
selon le contexte d’utilisation). Autres douceurs, l’intégration du puce Fiji. AMD a confirmé qu’elle
Wi-Fi 802.11n et du Bluetooth 4.1 (classic, LE). Pour le reste, il est serait bien disponible à compter du
question d’1 Go de mémoire LPDDR2, d’un GPU VideoCore IV second semestre 2016. Quant aux
(la partie graphique n’évolue pas), d’un port Ethernet 100 Mb/s GPU Polaris, dont les performances
(dommage pour le Gigabit), d’une sortie HDMI, de quatre ports énergétiques devraient être le Vous savez ce que c’est : on achète
USB 2.0, d’un connecteur microSD, d’un connecteur GPIO principal atout, ils sont annoncés un ordinateur portable, voire
40 broches et d’une alimentation de 2,5 ampères (vive l’alimen- pour mi–2016. Il est également ultraportable, parce que c’est bien
tation d’un périphérique USB). Esthétiquement, rien ne bouge question du retour de puces AMD pratique pour travailler peinard
(85 x 56 x 17 mm), si ce n’est la position des LED pour faire de la dans les ordinateurs portables sur le parking de la station-
place à l’antenne de 3,47 mètres de hauteur. Pas de panique, on pour joueurs, toujours grâce à essence. Mais notre âme de joueur,
s’y habitue vite. l’architecture Polaris de veau. elle, pleure du sang dès qu’elle
songe à tous ces magnifiques
ludiciels qui resteront hors de
portée de l’asthmatique solution
INTERNET AFFICHAGE graphique intégrée au bousin.
Alors oui, les portables pour
Vers le FTTH Display Port 1.4 : « OK, Play Port 1.4 » joueurs existent, mais soyons réa-
et au-delà listes, ils ne sont pas plus adaptés
L’Arcep nous ’est sur ce titre d’un ce faire, point d’augmentation au nomadisme professionnel que
informe que le
nombre d’abonnés
C puissant humour que
nous allons parler du
de bande passante par rapport
au DisplayPort 1.3, mais unique-
vos chaussons-lapin aux réunions
du conseil d’administration du
Internet en fibre nouveau standard Display Port ment l’intégration du Display groupe LVMH. La solution réside
optique (FTTH) a 1.4, récemment officialisé par Stream Compression en version alors dans une carte graphique
atteint, fin décembre la Video Electronics Standards 1.2. Le contenu est ainsi com- externe, et diverses solutions
2015, le nombre de Association pour faire bonne pressé avec un ratio de 3:1, sans propriétaires existent déjà en ce
1,425 million sur figure face à la démocratisa- pertes visuelles, nous dit-on. sens (Alienware, MSI). C’est ici
les 5,6 millions de tion du HDMI 2.0. Comme Le VESA évoque également la qu’AMD met les pieds dans le
lignes éligibles au vous allez le lire d’ici quelques Forward Error Correction pour, plat avec la volonté d’instituer un
très haut débit (THD) secondes, il s’agit là d’une évo- devinez quoi, la correction des standard pour les GPU externes,
en FTTH (pour un lution majeure, pour ne pas dire erreurs. En ce qui concerne l’au- que cela concerne « la connec-
total de 14,5 millions totale, voire époustoutiflante, dio, ça cause 32 canaux à une tique, les pilotes, les câbles, le plug
de lignes éligibles du DisplayPort 1.3. Je sais, j’en fréquence d’échantillonnage and play, le support par le système
au THD). Un million fais des tartines alors même de 1 536 KHz. Rendez-vous  au d’exploitation, etc. ». Il est vrai
de ces abonnés qu’on attend encore le matos en mariage de votre fille qui a qu’une norme adoptée par tous
se trouvent chez 1.3… Mais ne gâchons pas la fête aujourd’hui deux ans pour les les fabricants serait une vraie
Orange, qui domine des technico-commerciaux car premiers périphériques compa- avancée pour les utilisateurs de
sans surprise ce 0.1 de différence, rien que ça, tibles. portables biclassés VRP-joueurs.
marché. Par ailleurs, ça fait baisser les yeux des plus Outre l’aspect pratique, devant
1,2 million de lignes méchants des badass. Bon OK, le nombre d’acheteurs potentiels,
THD carburent en fait le DisplayPort 1.4 signe nous pourrions assister à une aug-
à 100 Mb/s ou surtout l’affichage de conte- mentation de l’offre logiquement
plus et 1,6 million nus 8K à 60 Hz et 4K à 120 Hz accompagnée d’une guerre des
entre 30 Mb/s et en HDR «  Deep Color  »  ; prix. Nous attendons maintenant
100 Mb/s, dis-je comprendre : des couleurs pro- l’annonce officielle d’AMD, ainsi
en pleurant sur ma fondes obtenues grâce à l’esso- qu’une pizza napolitaine comman-
connexion 3G. rage de Johnny d’élevage. Pour dée il y a plus de 37 minutes et
51 secondes.
70 | Canard PC
VR

Restons réalistes
Aussi attrayante que puisse
paraître la réalité virtuelle,
la démocratisation de cette
technologie nécessitera
plusieurs années encore,
que l’on parle d’optimisation
technique, de design et
– nerf de la guerre – de tarif.
D’ailleurs, Marko, le PDG de
impossible en effet. Mais
en attendant que le monde
ne se perde définitivement
dans cette nouvelle matrice
p l e i n e d’ i m m e r s i o n s
fantasmatiques, Guennadi
Riguer du programme
LiquidVR d’AMD nous fait
part de ce qu’il estime être IA DE LA JOIE

Facebook et indirectement
patron d’Oculus VR – oui,
on est assez intime je dois
dire… Du coup c’est vrai que
je l’appelle facilement Marko.
Quoi mytho ? On est ami
sur Facebook, qu’est-ce que
vous voulez comme preuve
de plus ? C’est dingue cette
jalousie quand même…  –,
pense que l’adoption de
la réalité virtuelle par le
quidam moyen prendra
au moins dix ans. Pas
« le nirvana de la VR ». Pour le
coup, on en est effectivement
encore loin, avec « une
résolution de 16K par
œil  (15 360 x 8 640 pixels,
quand même), un taux de
rafraîchissement de 144 Hz,
voire 240 Hz (supérieur à
celui du jus de noix de coco,
donc), aucune latence, un
design compact, le tout sans
fil ». Alors oui, c’est du lourd,
même si vous avez une
Voodoo 3DFX pour assurer
le rendu. Mais pour autant
que Nibiru ne nous ait rayé la
peinture d’ici là, évidemment
qu’on y arrivera. Psy
spécialisé en schizophrénie,
métier d’avenir.
À la recherche d’intelligences
acebook, dans le cadre de ses
F efforts de recherche sur l’in-
telligence artificielle, lance
un programme européen destiné à
fournir 25 serveurs équipés de huit
GPU à divers instituts travaillant sur
le sujet. Supervisée par le laboratoire
Facebook Artificial Intelligence Re-
search (FAIR), cette initiative a pour
but de « favoriser l’essor de nouvelles
technologies fondées sur l’IA  », alors
que « certaines des meilleures idées en
intelligence artificielle proviennent du
monde académique et que ces chercheurs
doivent mener leurs recherches avec des
technologies informatiques parfois limi-
tées », comme le précise Yann LeCun,
directeur du FAIR. C’est vrai qu’il y a
de quoi faire, si je puis dire, car ces
technologies concernent aussi bien
les « voitures autonomes, les ordinateurs
capables de détecter des cancers, les
technologies de traduction instantanées,
etc. » (ça c’est pour le côté « gentil »
de l’affaire). Le laboratoire Klaüs-
Robert Müller de Berlin ouvre le bal,
avec pas moins de quatre serveurs
dans la besace pour mener à bien ses
travaux. Les candidatures restent ou-
vertes pour les serveurs restants, et si
votre projet sur la « reconnaissance des
melons mûrs par IA » est retenu, vous
aurez droit à l’envoi de chercheurs
FAIR pour vous «  aider » dans vos
recherches. Ah ben tiens, je me disais
aussi.

CPU SÉCURITÉ DRONE

Elle a les La sécurité ou la vie privée Un air de miss

puces révolver
Les nouvelles a fronde contre le FBI qui, à laquelle toute la Silicon Valley devra
architectures AMD
et Intel arriveraient L s’appuyant sur la loi « All
Writs Act » de 1789, veut for-
ensuite se soumettre. «  Étant donné
l’interprétation sans bornes de l’All Writs
pour la fin de l’an- cer Apple à fournir un outil permettant Act par le gouvernement, il est difficile de
née, les AMD Zen d’accéder aux données chiffrées d’un concevoir la moindre limite dans ce qu’il
socket AM4 d’un appareil iPhone 5C en rapport avec pourrait bien obtenir dans le futur (…).
côté, les Intel Kaby la fusillade de San Bernardino, enfle Qu’est-ce qui empêchera le gouvernement
Lake de l’autre, les méchamment. D’une part, la justice a de demander qu’Apple écrive du code
ballots de paille donné raison à la Pomme concernant pour activer le microphone afin d’aider à
qui virevoltent l’inapplicabilité de cette loi permettant la surveillance, activer la caméra vidéo, Un Airbus d’Air France
dans la rue du sa- aux autorités d’obtenir l’aide d’une per- enregistrer furtivement les conversations effectuant la liaison
loon pendant que sonne physique ou morale. De l’autre, ou activer les services de géolocalisation Barcelone - Paris a effectué
le croque-mort les soutiens à Apple se multiplient pour traquer la position de l’utilisateur ? une manœuvre d’évitement
prend les mesures comme les comédons sur le front de Rien.  », déclare en substance le juge le 19 février dernier pour ne
au centre. Les votre petit-frère en phase pubère, allant Orenstein dans le cadre d’une autre pas percuter un drone volant à
productions de de l’EFF à un proche d’une victime, en affaire. Merci qui ? Merci Snowden. 1 700 mètres d’altitude. L’avion
masse débute- passant par Amazon (qui pourtant a était en phase d’atterrissage et
raient au troisième désactivé le chiffrement de FireOS), le drone suffisamment gros
trimestre pour Box, Cisco, Dropbox, Evernote, Face- pour être repéré par le copilote.
Intel, début 2017 book, Google, Microsoft, Mozilla, L’engin est passé à « environ
pour AMD. Nous Nest, Pinterest, Slack, Snapchat, cinq mètres en-dessous de
devrions donc WhatsApp, Yahoo, Mozilla, AVG, l’aile gauche », a-t-il précisé.
disposer de juteux AT&T, Twitter, Reddit, Square, Kicks- Pour info, un drone civil n’est
benchmarks pour tarter et tant d’autres. Pour le FBI, pas censé voler à plus de
la bûche. l’enjeu est de créer une jurisprudence 150 mètres d’altitude.

Canard PC | 71
TECHNO L'ACTUALITÉ DE CE QU'IL Y A SOUS LE CAPOT
Le tour
du
périph’
EK-KIT
P240/P280/360 - EKWB
Refroidir les composants de
votre machine avec de l’eau,
ça vous tenterait bien, mais
c’est un peu comme le saut à
l’élastique : vous avez envie, mais
peur de vous lancer. En plus,
déjà que vous peinez à ne pas
vous blesser avec les meubles
en kit d’origine suédoise…
Heureusement, EKWB a pensé
aux gens dans votre situation
et propose à la vente trois kits
complets de watercooling, les
EK-KIT P240/P280/360. Les
pièces sont estampillées « haut
72 ||Canard
CanardPC
PC
PC & CO
PAR FISHBONE
Tavolga Terminal
TB-T22BT - T-Platforms
Si vous n’avez rien contre la technologie
russe, voici un ordinateur tout en un en
provenance directe de l’Est, le Terminal
TB-T22BT. « Talvoga », non pour intimer le
silence à quelqu’un alors qu’on est sous
l’emprise de l’alcool et qu’on a du mal à
parler correctement, mais pour « la reine
des prés », en russe donc. C’est poétique,
ça nous change des qualificatifs surfaits
« Ultra X bidule » habituellement employés
par l’industrie. Derrière l’écran IPS Full HD
de 21,5 pouces (1920 x 1080) se trouve un
processeur dual-core Baikal-T1 processor
1 GHz basé sur le MIPS P5600 d’Imagination
(score de 5,6 CoreMark/MHz au
de gamme », avec un tarif qui
suit cette logique : de 320 à
340 euros selon le modèle.
A priori, nous ne sommes donc
pas dans une offre à la petite
semaine trouvée au rayon
promo d’une grande surface,
entre un paquet de sablés et
des cahiers de coloriage avec
des lapins. Les différences
entre les kits concernent
principalement la taille
(120 mm, 140 mm) et le nombre
de ventilateurs inclus (2 ou 3).
Actuellement en vente environ.
benchmark CoreMark cadencé à 1,2 GHz,
sa fréquence d’origine, à comparer au score
de 5,18 CoreMark/MHz obtenu par Intel
Core i7-2640M), accompagné de 8 Go de
mémoire DDR3 max., 8 à 64 Go de stockage
Flash, de quatre ports USB 2.0 et d’un
port Ethernet Gigabit. Livré avec Debian
Linux 8, son prix environ reste un mystère.
Wooting One
Wooting
Dans la famille des claviers mécaniques pour
joueurs qui sortent de l’ordinataire (ah tiens, je
crois que je ne l’ai jamais faite celle-là…), voici
le Wooting One, en provenance de la société
néerlandaise Wooting. Non, ils sont ne pas encore
connus mais qu’importe, puisque leur approche
est pour le moins intéressante. Car les touches
du clavier, en plus d’être mécaniques, s’avèrent
analogiques. Comprendre qu’elles fonctionnent
de la même façon qu’un sticker de manette, ce
qui permet, dans un cadre vidéoludique à vocation
divertissante, de contrôler précisément une
voiture dans un jeu de course ou le coup d’œil furtif
de votre héros planqué derrière un mur comme
un gros lâche. Certes, cela change les habitudes ;
il reste à tester la précision de la chose mais
au moins, c’est innovant. Par ailleurs, Wooting
parle de touches mécanique rouges Cherry MX
Red, mais en mieux. Le clavier est rétroéclairé
RGB et ne dispose pas de pavé numérique. Un
clavier à suivre, en attendant un prix ou une date
de disponibilité (non, pas environ, j’ai pas envie).
GADGETS

Dreem Rhythm
Puisqu’il est analysée en temps
aujourd’hui devenu réel. Une fois le
inconcevable de dormeur plongé dans
vivre sans disposer le sommeil profond
d’un périphérique ou (lent), Dreem émet un
une application pour son par conduction
nous y aider, voici osseuse afin d’allonger
Dreem de la société la durée de ce dernier.
neurotechnologique Car plus vous dormez
Rythm. Il s’agit d’un profondément, plus
casque connecté vous êtes en forme
qui se porte pendant pendant la journée,
le sommeil, afin nous explique-t-
– prétendument – on. Outre cette
d’améliorer ce fonctionnalité, celle
SkyWall 100 dernier et donner un du réveil au meilleur
regard inspiré à son moment de vos
Les personnes souhaitant lutter efficacement contre utilisateur. Couplé phases de sommeil
la prolifération des drones – à l’instar des personnels à l’incontournable est également de la
chargés de la sécurité de zones sensibles par application, Dreem va partie. En attendant la
exemple – jetteront un oeil intéressé sur le SkyWall procéder à un électro- commercialisation, les
100, un bazooka lance-filet destiné à rattraper ces encéphalogramme inscriptions à la phase
bestioles en plein vol. Inventé par quatre ingénieurs de l’activité cérébrale de test sont ouvertes.
britanniques, ce bazooka à air comprimé lance le afin que celle-ci soir 350 dollars en aviron.
filet à une distance de 100 mètres, avec un temps
de rechargement de huit secondes. Pour aider le
tireur à atteindre sa cible, un système de visée l’aide
à pointer le bazooka au bon endroit pour anticiper
le déplacement du drone. Une fois capturé, le filet et
sa proie rejoignent le sol paisiblement à l’aide d’un
parachute, car l’objectif n’est pas la destruction du
colis livré par les airs… euh non, de l’appareil je veux
dire. Si le projet va à son terme, le SkyWall 100 sera
disponible en fin d’année. Fonctionne également à
l’horizontale pour capturer des enfants hyperactifs ou
qui répondent de manière insolente à leurs parents.

Eagle-360 Goodyear
Le pneu sphérique, c’est peut-être veiller au grain et informer
l’avenir. Goodyear a présenté correctement l’IA qui gérera les
au dernier salon de Genève véhicules autonomes auxquels
l’Eagle-360, un concept de pneu les Eagle-360 sont destinés.
imprimé 3D et maintenu par « À l’avenir, les pneus concepts
« lévitation magnétique », censé de Goodyear auront un double
offrir une meilleure sécurité et rôle : celui de bases créatives
manoeuvrabilité. La conduite est pour dépasser les limites d’idées
annoncée comme « plus fluide » conventionnelles, et celui de
et les risques de dérapage réduits, bancs d’essai pour de nouvelles
sans parler de la possibilité de technologies de pointe », a
braquer à 360°, ce qui relèguera déclaré dans une envolée lyrique
les créneaux à la préhistoire Joseph Zekoski, vice-président
de l’automobile. De multiples et directeur de la technologie
capteurs sont implémentés pour de Goodyear. C’te classe.

Canard PC | 73
TECHNO CONFIGS DE CANARD FIABILITÉ, PERFORMANCES, PRIX

Configs de Canard NOS TROIS CONFIGS POLYVALENTES

Bien choisir une nouvelle machine exige du temps et un certain goût pour les chiffres : il convient d'analyser en profondeur les performances de centaines de
composants puis, une fois la litanie de benchmarks scrutés à la loupe, s'assurer qu'aucun composant n'ira en brider un autre et que tous soient compatibles entre
eux. Pour vous faciliter la tâche, nous avons imaginé les Config' de Canard. L'objectif ? Vous faire profiter de notre expertise sur les multiples composants que nous
testons à longueur d’année en vous proposant trois PC "tout faits", au rapport performances/prix imbattable. Quel que soit votre budget, vous aurez l’assurance d’une
sélection soignée de composants, issue de méthodologies sadiques et de nos procédures de test les plus cruelles. Bien que polyvalentes, les Configs de Canard sont
d’abord des machines de joueurs et nous avons privilégié les performances graphiques maximales dans les différentes gammes de prix.

A fin de vous faire profiter en pratique de nos conseils,

celles-ci sont proposées à la vente chez notre partenaire
Materiel.Net, montées et testées par leurs soins. La démarche
n’a rien de lucratif : nous ne touchons pas un centime de
commission sur les ventes, ce qui nous permet de conserver
une indépendance totale vis-à-vis des composants. Nous
attirons également votre attention sur le fait que nos choix ne
sont pas dictés uniquement par les performances brutes et le
prix. L'évolutivité et les taux de retour SAV constatés jouent
aussi un rôle prépondérant.

ENTRÉE DE GAMME
ŽŶĮŐƵƌĂƟŽŶĚŝƐƉŽŶŝďůĞĐŚĞnj

Ducky XXViI 6mois Ě͛ĂďŽŶŶĞŵĞŶƚŽīĞƌƚƐ

ăĂŶĂƌĚW,ĂƌĚǁĂƌĞ͊
environ
600 €
P our cette 27e³HMXMSRRSYWEZSRWPSRKYIQIRXV³Ǽ³GLMªFEWGYPIV
SYTEWWYVPIWRSYZIEY\5IRXMYQO]PEOI.PWEZ²VIIRH³ǻRMXMZI
qu'à performances égales, le surcoût pour l'ensemble de la plateforme
Processeur
Ventirad
Intel Pentium G3258
Stock
70 €
0€
WIVEMXHI GIUYMRIWINYWXMǻITEW1I5IRXMYQ, YRHYEPGSVI Carte mère Asus B85M-G C2 75 €
RAM 2x Crucial DDR3 4 Go PC12800 70 €
-EW[IPPª,-^VIQTPMXXSYNSYVWWSRSǽGIEZIGFVMSHERWPIRXV³IHI
Carte graphique GeForce GTX 950 OC 180 €
KEQQIIXMPHIQIYVIPIWIYPªTSYZSMV´XVISZIVGPSGO³XV²WJEGMPIQIRX
Carte son Intégrée à la carte mère 0€
3SYWZSYWGSRWIMPPSRWHIPITEWWIVHMVIGXIQIRXªSY,-^GIUYM
Disque dur Seagate Desktop HDD 1 To 55 €
devrait rester silencieux avec le ventirad de base. Il est accompagné par
Graveur DVD Sony Optiarc AD-5280S 20 €
YRIGEVXIQ²VI&WYW'2, WPSXWQ³QSMVI\,SHI))7
Alimentation Corsair CX430 50 €
une GeForce GTX 950 et un disque dur 1 To 7 200 tr/min de Seagate. Boîtier Cooler Master N200 50 €
)²WUYIZSXVIFYHKIXPITIVQIXXVEENSYXI^PYMYR)HI,S

MILIEU DE GAMME
environ

6mois
ŽŶĮŐƵƌĂƟŽŶĚŝƐƉŽŶŝďůĞĐŚĞnj environ
CanHard XXViI Ě͛ĂďŽŶŶĞŵĞŶƚŽīĞƌƚƐ
ăĂŶĂƌĚW,ĂƌĚǁĂƌĞ͊
нϮŵŽŝƐăĂŶĂƌĚW͊ 1 100 €
R MIRHIRSYZIEYTSYVPE(ER-EVHHITYMWP³HMXMSRTV³G³HIRXIc
les tarifs des composants principaux n'ont que peu évolué. Nous
VIQTPE±SRWXSYXHIQ´QIPI)'<,SHI(VYGMEPTEVPI
Processeur
Ventirad
Core i5-6500
Cooler Master TX3 EVO
225 €
20 €
Carte mère Gigabyte GA-B150M-D3H 95 €
*:4HIEQWYRK IXRSRTEVPI'<UYMWEZ²VIZVEMQIRX
RAM 2x G.Skill Value DDR4-2133 4 Go 60 €
XVSTTSYWWMJ.PVIWXI³ZMHIQQIRXEGGSQTEKR³TEVYR-))HI8S
Carte graphique GeForce GTX 970 350 €
1E(ER-EVH<<:..MRX²KVIXSYNSYVW,SHI))7YRIGEVXI
Carte son Intégrée à la carte mère 0€
Q²VI,MKEF]XI,&'2)-IXYR(SVIM UYEHGSVIª
SSD Samsung 850 EVO - 256 Go 95 €
c,-^(¿X³GEVXIKVETLMUYIRSYWGSRWIVZSRWPE,I+SVGI,8< Disque dur Barracuda SATA 6 Gb/s - 2 To 85 €
970, capable de faire tourner sans sourciller tous les jeux récents avec Graveur DVD Sony Optiarc AD-5280S 20 €
YRXV²WLEYXRMZIEYHIH³XEMP1IRWIQFPIIWXEPMQIRX³TEVYRI7EMHIV Alimentation FSP Raider S 550W 60 €
;HI+5IXTVIRHTPEGIHERWPIXV²WWSFVI QEMWXV²W³P³KERX Boîtier Fractal Design R5 110 €
)IǻRI7HI+VEGXEP)IWMKR

HAUT DE GAMME

12mois
ŽŶĮŐƵƌĂƟŽŶĚŝƐƉŽŶŝďůĞĐŚĞnj

Duck Nukem XXVII Ě͛ĂďŽŶŶĞŵĞŶƚŽīĞƌƚƐă

ĂŶĂƌĚW,ĂƌĚǁĂƌĞ͊
environ
1 900€
нϯŵŽŝƐăĂŶĂƌĚW͊

M algré la hausse substantielle de prix du Core i7 6700K due à la

pénurie sur les CPU Skylake depuis leur lancement, nous avons
choisi de conserver cette plateforme qui demeure la plus rapide
Processeur
Ventirad
Core i7 6700K
Noctua NH-U12S
470 €
65 €
Carte mère Asus Z170-P 135 €
actuellement pour les jeux vidéo. Cette bête de course (quad-core RAM 2x Kingston HyperX Fury DDR4-2133 8 Go 120 €
HT à 4/4.2 GHz), refroidie par un Noctua NH-U12S et accompagnée Carte graphique GeForce GTX 980 550 €
HIc,SHI))7XVSYZIVEWETPEGIWYVYRI&WYW>5MPI Carte son Intégrée à la carte mère 0€
cœur vous en dit, vous pourrez même l'overclocker facilement jusqu'à Disque dur Barracuda SATA 6 Gb/s - 3 To 110 €
4.5 GHz. Côté graphique, l'excellente GeForce GTX 980 nous paraît SSD Crucial MX200 - 500 Go 185 €
XSYXIMRHMUY³I3SYWGSQTP³XSRWGIXXIGSRǻKHIPY\IEZIGYR)HI Graveur DVD Sony Optiarc AD-5280S 20 €
,SYRHMWUYIHYVHI8SIXYRIEPMQIRXEXMSR,SPHQSHYPEMVI Alimentation Corsair RM650x 120 €
72\HI(SVWEMV Boîtier Cooler Master Silencio 652S 120 €

74 | Canard PC
 TECHNO

SteamOS
2016 ne sera pas l'année de Linux Le gourou
des amateurs
par Dandu de manchots,
avec ses
faux airs de
Corbier.

Les réglages dans les jeux sous Linux

Ce jeu est plus rapide sous
sont prévus pour les néophytes.
SteamOS. Bienvenue en 1999.

Vous vous souvenez de notre énorme dossier sur les vous en retrouverez péniblement 2 000 environ sous SteamOS.
Steam Machines dans le Canard PC de novembre 2015 ? Pour rire encore un peu plus (j'entends les sarcasmes d'Ivan le
Non ? C'est normal, nous ne l'avons pas écrit parce que Fou jusqu'ici), même la version Mac OS X de Steam en propose
PIPERGIQIRXWIWXJEMXHERWPMRHMǺ³VIRGIK³R³VEPI2EMW
RSYWEZSRWUYERHQ´QIH³GMH³HIXIWXIVXIEQ4
I
l faut bien l'avouer, un OS dont l'emblème est un manchot
peut en faire réagir certains dans la rédaction. Pourtant,
SteamOS cache bien le Linux qu'il a sous le capot : le système
de Valve démarre directement sur l'interface Big Picture de
Steam, la même que celle que vous pouvez activer sous Windows,
avec votre config' de Canard flambant neuve. Nous n'allons pas
détailler l'installation ou l'histoire du système – un dossier dans
le prochain Canard PC Hardware s'en chargera – mais quelques
explications s'imposent tout de même. Valve a créé SteamOS à
partir d’une Debian, une distribution Linux dont les noms de code
proviennent de héros de Toy Story. SteamOS 2 (la version actuelle)
se base donc sur Debian Jessie, la cowgirl aussi rousse que notre
maquettiste Miss Katonic. L'installation ne pose pas de problème :
il suffit d'insérer une clé USB de 2 Go dans votre PC pas trop
vieux et d'effacer tout le disque dur. Oui, par défaut, SteamOS
n'accepte absolument pas de cohabiter avec Windows. Si les lignes
de commande ne vous effraient pas et que vous connaissez la
différence entre UEFI et BIOS, ça devrait passer crème. Sinon,
restez sous Windows 10.
OpenArena est plus rapide ! Le frisson de la honte va survenir au
moment de l'installation des jeux : mais où sont-ils ? La ludothèque
Steam sous Linux est en effet ridiculement pauvre : alors que les
suppôts de Bill Gates peuvent acheter pratiquement 8 000 titres,
davantage (environ 3 000). Avec le compte de Guy Moquette, seuls
113 des 296 jeux sont compatibles, par exemple (et pas toujours
les plus récents). La suite reste encore plus gênante : les rares
titres que vous pourrez installer sous SteamOS tourneront dans
la majorité des cas moins rapidement que sous Windows. Linux
est un OS bien meilleur que Micro$oft Windaube… sauf pour les
jeux visiblement. La perte varie de « OMG, j'ai 114 FPS au lieu de
117 » à « J'ai à peu près autant de FPS que dans un épisode de Dragon
Ball Super ». En enfilant une barbe postiche pour ressembler à
Richard Stallman, nous pourrions tout de même vous indiquer
que SteamOS est plus rapide que Windows : la version Linux
d'OpenArena – clone open source de Quake III Arena, bienvenue au
XXe siècle – atteint 371 FPS, alors que sous Windows, les joueurs
se traînent à 330 FPS. Plus sérieusement, dans les rares cas où il
est possible de mesurer les performances, comptez facilement 10 à
15 FPS de moins à configuration identique, soit de quoi passer de
« fluide » à « ça ramouille pas mal quand même ». La vraie question
existentielle que nous nous posons, c'est quelle est la raison qui
pousse certains à passer à SteamOS ? Parce que même en oubliant
le catalogue ridicule, les performances bien trop faibles et les bugs
en pagaille – notre clavier est resté bloqué en QWERTY et les
écrans 21:9 ne sont pas gérés proprement –, l'excuse idéologique ne
tient pas : SteamOS dépend totalement d'un client fermé (Steam)
et installe des pilotes propriétaires pour les cartes graphiques afin
de ne pas se retrouver avec un framerate en secondes par image. La
seule catégorie de la population qui pourrait justifier un passage
à SteamOS ? Les radins. Windows 10 en version OEM vaut
130 euros et SteamOS est gratuit. Daubé, mais gratuit.
Canard PC | 75
 D
PLUME PUDDING CLASH ROYALE

LE COFFRE
dossier ET LA DEMANDE
Le diabolique modèle
économique de Clash Royale

Et si le futur du free-to-play, ce n’était pas

seulement d’améliorer son expérience de jeu en
payant, mais aussi de dégrader celle des autres
joueurs ? Et si le futur c’était maintenant ?
Bienvenue dans Clash Royale.

par
netsabes

D
epuis quelques
années, Supercell fait
partie des éditeurs
dominants sur mobile,
avec ses jeux Hayday,
Boom Beach, et surtout
Clash of Clans. Pour
ceux qui préféreraient se plonger
la main dans un bol d’acide plutôt
que de toucher à Clash of Clans (un
choix qui peut se comprendre), rap-
pelons que son principe est similaire
à Mighty Quest for Epic Loot : vous
construisez votre base qui se défen-
dra toute seule, puis vous allez atta-
quer celle des autres joueurs. Clash
Royale, qui vient de sortir sur iOS
et Android après deux mois de soft-
launch (voir encadré), est le nouveau
gros jeu de Supercell, mais il mise sur
des mécaniques de jeu et un modèle
économique très différents. Ce qui
ne l’a pas empêché de squatter immé-
diatement le trio de tête des apps les
plus rentables. Il faut dire que Clash
Royale, côté jeu, représente une belle
petite réussite  ; j’ai moi-même bien
du mal à le lâcher et j’y ai déjà consa-
cré plusieurs dizaines d’heures, alors
que je n’y suis qu’un joueur médiocre.
Le principe : un mélange ultra-
simplifié de jeu de cartes à collection-
ner, de tower defense et de MOBA, le
tout dans des matchs en temps réel
si rapides et intenses qu’ils durent au
maximum quatre minutes.
Royale with cheese
Dans Clash Royale, chaque joueur
se constitue un deck de huit cartes
(à équilibrer entre unités d’attaques
terriennes et aériennes, tanks, tou-
relles défensives, sorts, etc.) et défie
un adversaire au pif sur Internet.
Le terrain, toujours le même, est di-
visé en deux camps. Chaque joueur
dispose de trois grosses tours  :
deux situées sur des chemins (qui
mènent au côté de l’adversaire) et
la dernière placée en retrait, entre
les deux. La victoire est attribuée
au joueur qui détruit la troisième
tour de son adversaire ou, à défaut,
à celui qui en a éliminé le plus. Vos
unités suivent toutes (ou presque)
les chemins allant de votre tour à
celle de l’adversaire : il faut donc
choisir soigneusement quelle unité
poser où et quand, à quel moment
défendre, quand attaquer, savoir
perdre quelques points de vie pour
favoriser une contre-attaque…
Clash Royale est assez basique (il
ne compte d’ailleurs que 48 cartes
parmi lesquelles faire son deck, on
est bien loin d’un Hearthstone) mais
parvient malgré tout à se renouveler
presque à chaque match, grâce à des
combats qui se jouent souvent sur le
fil, sur une bonne décision ou une
seule erreur. On a bien connu, du-
rant la période de soft-launch, des

76 | Canard PC

Jouer sans payer
J’ai joué presque sans arrêt à
Clash Royale depuis début janvier
(pardonnez-moi) : il m’a fallu six
semaines pour atteindre le niveau
huit (sur un maximum de douze) et
sept pour débloquer presque toutes
les cartes. Les premières semaines
sont tranquilles : avoir assez de cartes
soucis d’équilibrage favorisant les
joueurs abusant de tourelles défen-
sives, mais Supercell a petit à petit
redressé la barre pour favoriser les
KSSKPI^PEǻPMEPI
decks plus offensifs, et donc sou-
vent bien plus intéressants à jouer
(quoi qu’il arrive, mieux vaut perdre
contre quelqu’un qui sait construire
une attaque plutôt que contre un
adversaire se contentant de balan-
cer des sorts de loin jusqu’à détruire
une de vos tours). Et tout ça est bel
et bon, mais ça n’a finalement pas
grand-chose à voir avec le modèle
économique de Clash Royale.
Ça passe où ça Clash
Le modèle de financement de Clash
Royale n’a qu’un rapport lointain
avec le jeu en lui-même, mais influe
pourtant profondément sur les par-
ties. Attention, suivez bien, comme
souvent avec les free-to-play sur mo-
bile, c’est intentionnellement abcons.
Chaque victoire vous rapporte un
coffre, qui contient de l’or, parfois
des gemmes et surtout des cartes.
Chaque coffre demande plusieurs
heures (de trois à vingt-quatre) pour
s’ouvrir et vous ne pouvez en avoir
que quatre à la fois. Si vous gagnez
et que vous avez déjà quatre coffres,
vous n’en obtiendrez pas de nouveau
(vous pouvez bien sûr dépenser des
gemmes pour accélérer l’ouverture
d’un coffre et libérer une place).
Jusque-là, ça reste du free-to-play très
classique, et au moins Clash Royale
ne vous empêche jamais de jouer. Par
ailleurs, le contenu des coffres est in-
dexé sur l’arène où le joueur évolue,
et qui dépend de son classement (car
oui, tous les matchs sont classés) : un
coffre d’arène 5 aura plus de cartes
et d’or qu’un coffre d’arène 4, mais
surtout des cartes différentes. Dans
ces conditions, on pourrait penser
que l’achat de coffres n’apporte pas
grand-chose ; il faut après tout mon-
ter en arène (et donc en classement)
Le monde parallèle
du soft-launch
pour les fusionner nécessite quelques
heures à peine. Mais après trois Le soft-launch est l’équivalent
semaines, quand toutes vos unités mobile des bêtas : un éditeur
seront au niveau sept, il vous faudra sort une version non terminée
200 cartes par fusion, soit en moyenne de son jeu, mais accessible
une semaine. Par unité. Et là, Clash uniquement depuis une poignée
Royale devient fort fastidieux pour le de pays (traditionnellement la
joueur ne souhaitant pas payer. Nouvelle-Zélande, le Canada,
l’Australie et les Pays-Bas, allez
savoir pourquoi). N’importe qui
peut se créer un compte iTunes
pour obtenir supposément les meil- lié à l’App Store d’un de ces pays
leures cartes. IRUYIPUYIWQMRYXIWc MPZSYW
WYǽXHIXVSYZIVYRIEHVIWWI
Jeu à la carte TSWXEPIZEPMHI
Certes, mais ce serait oublier que locale de votre multinationale
chaque carte peut évoluer : quand préférée, par exemple) et vous
vous avez deux cartes identiques pouvez ensuite télécharger
(c’est le premier palier ; ensuite il librement les jeux gratuits en
en faudra 4, puis 10, 20, 50, 100, soft-launch. En revanche, vous
200, 400…), vous pouvez utiliser ne pouvez pas y dépenser
votre or pour les fusionner, don- d’argent, à moins de posséder
nant une plus grosse barre de vie et aussi une carte bancaire du
plus de dégâts aux unités. Bonus : même pays que votre nouveau
chaque fusion fait monter la propre compte iTunes. Le soft-launch
barre d’XP du joueur, qui finira par est très pratiqué chez les gros
grimper de niveau… ce qui donne- éditeurs de jeux mobiles : Clash
ra à ses tours plus de points de vie Royale a été en soft-launch
et de dégâts. En pratique, un joueur depuis début janvier, Assassin’s
dépensant de l’argent pour acheter Creed IdentityHITYMWǻR
des coffres pourra donc avoir des le prochain Angry Birds y est
unités beaucoup plus fortes qu’un déjà… La pratique permet non
joueur évoluant dans la même seulement de juger de la viabilité
arène que lui. À présent, abordons d’un jeu (avant Clash Royale,
le plus gros souci du jeu : vous vous Supercell a par exemple soft-
en souvenez, tous vos matchs sont launché puis annulé Spooky Pop)
classés, et de votre classement dé- mais aussi de régler son modèle
pend votre arène, et donc ulti- économique et éventuellement
mement ce que vous gagnez dans l’équilibre du gameplay.
chaque coffre. Un joueur payant ne
se contentera donc pas de progres-
ser plus vite : il participera active-
ment à ralentir la progression des
uits en les faisant chu
joueurs gratuits chu-
assement, causant par-
ter dans le classement,
age en arène infé-
fois un passage
olique. Dans ces
rieure. Diabolique.
conditions, personne dans
mon clan (oui, oui, comme
récédents
dans les précédents
upercell,
titres de Supercell,
les clans sontt essen-
tiels à la vie du jeu)
né quand
ne s’est étonné
nos joueurs les mieux
voué avoir
classés ont avoué
dépensé au u moins
200  euros chacun.
opage :
Pire que le dopage :
nsti-
le dopage insti-
tutionnalisé.
Canard PC | 77
 JJE VIS DES HAUTS ET DES BAS
S

P
PAR IZUAL

LA GUERRE, C'ÉTAIT MIEUX AVANT

Wagram de coke
Échapper à l'étreinte d'un jeu vidéo n'est pas facile, mais j'y suis parvenu. Vous avez devant vous un
homme neuf. Une seule règle régit désormais ma vie : l'interdiction de jouer à Arma 3. Non, je n'ai
aucun problème à respecter cette contrainte, je suis sevré je vous dis ! À l'origine, c'était d'ailleurs
pour me vacciner une bonne fois pour toutes que je m'étais tourné vers Napoleonic Wars, une
obscure extension de Mount & Blade : Warband en forme de simulateur d'infanterie napoléonienne.
Je me disais que les mousquets qui mettent trois plombes à recharger, ça allait me dégoûter de la
guerre virtuelle pour de bon. Mais j'avais tort. J'avais merveilleusement tort.

C
'est vrai qu'au départ,
je m'attendais à ricaner
devant les toques ridi-
cules des grognards et les
tactiques obsolètes des
Austro-Hongrois. Au lieu
de cela, j'ai découvert qu'au XIXe siècle, on
savait faire la guerre, oui messieurs-dames.
Alors qu'aujourd'hui on se planque dans
des bunkers pour conduire des drones via
un écran en noir et blanc, nos ancêtres se
sanglaient dans des uniformes cramoisis et
se tenaient bien droits sur une crête pour
montrer qu'ils en avaient dans les chaus-
settes. Bon, après ils étaient décimés par
de l'artillerie, mais au moins ils tutoyaient
le panache, vous voyez. Et le panache, c'est
précisément le credo de Napoleonic Wars.
Oubliées, les haches à deux mains et les
cris gutturaux de Warband : les batailles
napoléoniennes sont rythmées par la
déflagration assourdissante des mousquets
et par les « RULE BRITTANIA ! » d'encou-
ragement de vos officiers. On ne joue pas
à cette extension pour le plaisir de tirer
deux fois par minute ou de se prendre une
volée de mitraille dans la moustache. Non.
On y joue pour l'ambiance.
AUSTERLITZ LE GAULOIS. Qu'on ne se
méprenne pas : si Napoleonic Wars pro-
pose une si grande immersion, ce n'est pas
parce que la guerre y est redoutablement
efficace. C'est même tout l'inverse. Parce
que les fusils y sont si nuls et les prin-
cipes tactiques si pourris, on peut enfin
y guerroyer en paix, tenter des stratégies
douteuses et monter à l'assaut sous le feu
des mousquets. Oui, parce que je ne sais
pas si vous avez déjà essayé de vous ruer
hors d'une tranchée pour prendre d'assaut
une colline fortifiée, mais la présence de
M16 et de lance-flammes à l'autre bout a
tendance à gâcher un peu la soirée. Alors
que là, on n'hésite pas à charger au pas
de course face à une rangée de fusiliers :
certes, ils arriveront à buter quelques-
uns de nos camarades, mais vu leur pré-
cision et leur vitesse de rechargement,
ils ne pourront pas nous empêcher d'ar-
river au corps-à-corps et de faire vibrer
les baïonnettes. D'autant que pendant
ce temps, notre horde de cavaliers fonce
sur leur artillerie, une manœuvre rare
à notre époque où demander à une jeep
de charger un canon automoteur AS-90
relève du sadisme. J'en étais là de mes
réflexions (recharger un mousquet laisse
beaucoup de temps pour cogiter) quand
un doute m'a étreint  : et si, au fond, la

78 | Canard PC
guerre moderne n'était pas fun ?
Dans Napoleonic Wars, pendant que
certains suent sang et eau dans une
tranchée pour repousser les enva-
hisseurs, on peut voir passer des
fanfares de cornemuses et de tam-
bours ou des parades de drapeaux
improvisées. Venez me dire en face
que ça serait possible de nos jours,
alors que les snipers pullulent et em-
pêchent toute créativité artistique
sur le champ de bataille.
QUAND IÉNA PLUS, IÉNA ENCORE.
Jusqu'ici, ce que j'ai évoqué de
Napoleonic Wars pourrait être dés-
tabilisant : qu'est-ce que c'est que
ce jeu de guerre ultra-violent (ah
bah oui, les coups de sabre dans les
fontanelles, c'est direct interdit aux
moins de 18 ans) où l'on peut aussi
parler d'épanouissement person-
nel et de musique ? Ah, mais c'est
LA grande réussite de l'extension  :
mêler stratégie napoléonienne et
liberté d'action. Par exemple, sur le
serveur roleplay le plus populaire qui
organise des batailles à cent contre
cent en permanence (facile : les bons
soirs, il y  a plus de 1 500 joueurs
connectés au jeu), chacune des deux
nations en présence dispose de plu-
sieurs régiments. Et comme vous
êtes obligé de coller à votre chef, le
champ de bataille est constitué de
plusieurs blocs d'infanterie et de
cavalerie qui bougent comme dans
un Tetris en apesanteur. Voilà pour
la stratégie. Côté épanouissement
personnel, ce que je vous ai caché,
c'est que chaque régiment dispose
de plusieurs rôles : porte-drapeau
inutile, joueur de flûte inutile, fu-
silier quasi inutile avec autant de
précision qu'une frappe occidentale
en Syrie et officier inutile (enfin
non, il commande la troupe, mais il
a une fâcheuse tendance à attirer les
balles). Déclinez ces métiers d'infan-
terie vers la cavalerie (où personne
ne joue de tambour mais où il y a un
clairon par régiment, un joueur qui
a la charge de faire TUT-TUT quand
la meute s'ébranle), rajoutez les ar--
tilleurs qui ne savent pas viser et less
sapeurs qui sortent des sacs de sablele
de leur manche, et vous avez un largege
éventail de rôles dans lesquels vous
glisser.
L'INSTINCT GUÉGUERRE. Mainte-
nant que les principes de base du
jeu sont bien mis à nu, il faut tout
de même que je précise qu'on s'en
fout un peu. Que le fun ne réside
pas dans la coopération des diffé-
rents corps de métier. Certes, il est
amusant de découvrir des synergies,
mais une fois qu'on a compris que la
cavalerie taille l'artillerie en pièces et
qu'un sapeur fera des miracles pour
aider l'infanterie à tenir une posi-
tion, il n'y a pas grand-chose à voir
de plus. Non, la grande particularité
de cette extension Napoleonic Wars,
c'est d’être un énorme générateur
d'anecdotes. Parce que les armes y
sont peu précises, j'ai traversé une
rivière à deux à l'heure avec mon
bataillon sous le feu ennemi sans me
condamner à la défaite. Parce que les
canons y sont nuls, j'ai pu voir le sol-
dat qui marchait à un mètre devant
moi, emporté soudainement par
un boulet en me laissant indemne.
Parce que les joueurs de Mount &
Blade ont des pseudos douteux, j'ai
vu passer l'ordre de protéger Staline
à tout prix, ben oui écoutez, c'était
notre commandant. Et parce que la
guerre avait encore de la gueule à
l'époque de Napoléon, j'ai pu par-
ticiper à des batailles de cent cava-
liers contre cent fusiliers au sommet
d'une colline et j'ai répondu par un
roulement de tambour furieux à un
camarade qui me demandait d'ar-
rêter de jouer juste à côté de son
oreille, merci. Le bon côté, c'est que
je n'ai plus envie de retourner me
faire headshoter par un buisson à
800 mètres à l'époque contempo-
raine. Le problème, c'est que j'ai une
nouvelle addiction. 
Canard
C
Can
an
a ard
a d PC
C | 79
79
À PART ÇA PANIER GARNI Parce qu’il n’y a pas que le jeu vidéo dans la vie, mais que ce serait quand même dommage de trop s’en
éloigner (il fait froid là-dehors, et le monde est dangereux), Panier Garni vous donne l’occasion de découvrir
une sélection de livres, films et autres activités déconcertantes en lien avec un jeu célèbre ou inconnu.

Wolf Hall
Panier Garni : LE JEU
À REGARDER

Crusader
Quatre ans après sa
sortie, Crusaders
Par ackboo

Kings 2
Kings 2 est plus
que jamais l’un des
meilleurs jeux de
stratégie sur PC. Un
chef-d’oeuvre ludique,
Une série de la BBC d’après affiné au fil du temps
les romans de Hilary Mantel,
environ 30 euros le coffret DVD.
par des dizaines de
patchs et une douzaine
Diffusée sur Arte début 2015 et de DLC. D’après
disponible en DVD, cette mini- Steamspy, le temps
série (six épisodes) de la BBC moyen qu’a passé un
est probablement la meilleure acheteur sur le jeu est
représentation télévisuelle de de... 102 heures et six
l’ambiance qui régnait dans minutes. C’est quand
l’entourage d’un roi comme on en même autre chose
joue dans Crusader Kings 2. Elle qu’un Stanley Parable.
raconte l’ascension de Thomas Mon score personnel
Cromwell, conseiller de Henry VIII est de 380 heures,
d’Angleterre au XVIe siècle. et je n’ai pas encore
Cromwell, dans Crusader l’impression d’avoir
Kings 2, ce serait l’équivalent épuisé un quart de
d’un chancelier avec un skill de ce qu’il était possible de faire sur
20 en Diplomatie. Il dut déployer les 700 ans d’histoire (entre le
des trésors d’ingéniosité pour VIIIe et le XVe siècle) que déroule
permettre à son souverain taré de une campagne solo. Vous pouvez
divorcer de sa femme, d’engrosser démarrer en tant que comte français,
légalement sa courtisane Anne duc anglais, doge vénitien, Viking,
Boleyn et d’emprisonner ou chef de tribu mongole, empereur du
décapiter tout un tas de gens selon Saint-Empire romain germanique,
ses humeurs. Lent, sombre (parfois calife... Dans ce merveilleux wargame,
filmé à la bougie), il propose se marier avec une demi-soeur puis
des costumes et des décors assassiner un bambin de trois ans
remarquables, et les acteurs jouent et décapiter un évêque constituent
merveilleusement bien, avec une tactique tout à fait valable pour
Damian Lewis (le rôle principal de préserver la grandeur d’une dynastie
Band of Brothers et Billions) en ou mettre la main sur une province
second rôle de luxe. Un vrai petit bavaroise. Crusader Kings 2 est plus
bonheur pour les amateurs de qu’un jeu : c’est un art de vivre.
séries politiques subtiles.

Le château de Vincennes
À VISITER

Si vous voulez vous mettre dans à chauffer), sa salle au trésor et même

l’ambiance du jeu, n’allez pas à
Versailles (qui correspond plutôt
à la période traitée dans Europa
Universalis) mais au château de
Vincennes, qui devint l’un des centres
du pouvoir royal français dès le XIIIe
siècle (c’est-à-dire vers la fin d’une
partie de Crusader Kings 2). En visite
Visite gratuite ou libre, foncez vers le donjon et vous
9,50 euros pour les verrez l’immense chambre du roi, son
étages supérieurs,
minuscule bureau (qui était plus facile
à faire de préférence
en été.
ses toilettes d’époque – un trou dans la
pierre qui faisait tomber le caca royal
20 mètres plus bas. Mais je conseille
vraiment de réserver pour la visite des
étages supérieurs (voir le site web : cpc.
cx/eOZ), qui donne accès à des salles
inattendues (je vous laisse la surprise)
commentées par un guide et à la
terrasse située au sommet du donjon,
d’où vous aurez une vue superbe sur
Paris et les bourgeois de la banlieue est.

80 | Canard PC
 Comploter Le répugnant système féodal, si
À FAIRE au bureau merveilleusement bien modélisé dans
Crusader Kings 2, a été aboli en France
le 4 août 1789. Mais ne nous y trompons
pas : il survit encore aujourd’hui dans ce
qu’on appelle « l’entreprise ». Appliquer les
règles qui marchent dans le jeu sont donc
le meilleur moyen de vous assurer une
promotion et ainsi devenir cadre (baron),
cadre sup’ (comte), chef de département (duc)
voire président-directeur-général (roi). Un
collègue vote Front de Gauche ? Dénoncez-
le à son liège (son supérieur hiérarchique)
d’une missive bien sentie (e-mail anonyme
via proxy) pour récupérer son bureau près
de la fenêtre. Votre n+1 pique des capsules
Nespresso ? Balancez-le à la direction puis
décapitez son chat afin d’obtenir son poste
Une activité du secteur
lorsqu’il aura démissionné pour faute lourde/
tertiaire totalement dépression nerveuse. La morale est un luxe
gratuite, pratiquée que seuls les losers peuvent se permettre.
par des millions de
salariés tous les jours.

A Song of Crusader Kings 2 et Game of Thrones représentent le mix

Ice & Fire parfait. Le jeu semble avoir été calibré pour cet univers. Pas
À LIRE

étonnant donc qu’un mod Game of Thrones existe et qu’il

soit phénoménal – probablement l’un des meilleurs mods
jamais développés, tous jeux confondus. Je pourrais donc
tranquillement vous conseiller de re-re-re-regarder la série télé
mais... comment dire... Vous avez déjà croisé en soirée ce mec
un peu bourré qui vous prend la tête deux heures pour vous
expliquer que les bouquins Game of Thrones sont « tellement
mieux que la série, non mais si, je te jure, c’est même pas
comparable » ? Eh bien voilà, c’est reparti pour un tour. À force
de devoir résumer en 45 minutes des intrigues de 850 pages,
la version TV de Game of Thrones est devenue ennuyeuse
et incompréhensible. La dernière saison était carrément
offensante. Alors faites-vous un cadeau : achetez les cinq tomes
déjà publiés (c’est à peine 20 euros en format électronique...) et
lisez-le. Même si vous n’êtes pas un fan de fiction médiévale (je
Cinq romans écrits ne le suis pas non plus) et que vous connaissez déjà le scénar’,
par George R.R. vous allez adorer. Georges R.R. Martin a pondu un chef-
Martin, environ d’oeuvre dont la série télé ne fait que gratter la surface. Non
35 euros en version
papier, 30 en
mais si, je vous jure, c’est même pas comparable....
version ebook.

À ACHETER Un slow cooker
Un accessoire de cuisine
qui vous amusera deux
semaines avant de dormir
dans un placard. De 30
à plus de 60 euros selon
les modèles.
Au temps de Crusader Kings 2, la bouffe
était dégueulasse. Pas de Burger King,
pas de supermarché Picard, pas de menu
B9 au jap’ du coin, c’était la grosse dèche.
Les paysans réservaient la viande aux
jours de fête, et encore ils devaient se
contenter des parties les moins nobles
de l’animal, ce qu’on appelle aujourd’hui
les bas-morceaux. Afin de rendre
hommage à l’estomac de ces gueux,
achetez donc un slow cooker (aussi
appelé « crock pot »). C’est l’accessoire
cuisine tendance ces dernières années.
Le principe : il permet de cuire à très
faible température sur de longues
périodes. C’est une sorte de méga-
mijoteur, vous le mettez en marche le
matin avant de partir au boulot et il vous
cuit pendant huit heures un morceau
de viande. Ça vous attendrit n’importe
quelle barbaque. Vous pouvez donc y
préparer des ragoûts délicieux avec, par
exemple, les bas-morceaux du boeuf
(le collier, le plat de côte, le paleron, la
macreuse...). Ça vous coûtera beaucoup
moins cher au kilo qu’un faux-filet et la
viande, au final, sera encore plus tendre
et tout aussi goûteuse.

Canard PC | 81
CANARD PEINARD

Le 1er avril (hahaah... euh non rien) Total War : Warhammer

dans Canard PC n° 336 Hitman, The Culling, The Division

Aide de jeu
La grille de Maîtresse Paule Cul Les mots se croisent sans se
regarder, comme des chats, dans
Retrouvez en kiosque le nouveau livre de Maîtresse Paule Cul : Mes grilles de mots l’indifférence générale.
croisés : la Culture, avec un grand Cul ! - 20,99 euromillions (aux éditions DTC).

Horizon allemand. Vertijeannecalment.

1. FPS vraiment sauvage. 2. Mettra
en relation. Période d’essai. 3. Au
bout du doigt. Pas sur la même
longueur. 4. Hack & slash kick-
starté. Titre d’AC/DC. 5. Marque
de cognac. Version originale ori-
ginale. Règle d’architecte. 6.  Jeu
de voitures bleu blanc rouge.
7.  Possessif. Exclamatif. Associa
"cœur" avec "bonheur" (élue
pire rime du monde). 8. Mythe
presque aussi facile à écrire que
le kouign-amann (et idéal pour
les verbicrucistes sans état d’âme).
Deux pas gaulois. 9. Assemblasses
(oui c’est moche hein, c’est de l’im-
parfaitasse du subjonctivasse).
SOLUTION DE 
LA GRILLE DU N° 334
I. Jeu d’avion pour les initiés.
II. Rendra moins tolérant.
III. Écran de tablette. Unité
de mesure liquide. IV. À la
fin des URL costariciennes.
Hameau du Maghreb qui n’a
rien à voir avec des robots.
V.  Attaque de MMORPG.
Rédacteur presque aussi facile
à écrire que le kouign-amann
mythologique. VI. Yael chan-
teuse. À la fin des noms de do-
maine ougandais (rooh allez,
faites semblant de vous inté-
resser un peu…). VII. Acteur
anglais célèbre pour avoir
joué dans… euh, dans…  eh
bien le fantastique Kick-Ass 2

que j’espère que vous ne re-

garderez jamais pour vérifier.
Partie de voiture. VIII. Abat. Ré-
duction d’hectare. IX. IA de Mass
Effect. Arsenic de PC. X. Céréale
qui donne son goût unique à
cette fabuleuse pâte à tartiner
croustillante qu’est l’"Ovomaltine
Crunchy" (non je ne fais pas de
pub, j’aide le lecteur !). Forme
d’avoir. (Non mais je vous assure,
c’est encore meilleur que du Nu-
tella.) XI. Élément de Hitman.
Partie du pain idéale pour tarti-
ner avec une merveilleuse pâte à
tartiner dont j’ai fait la pub parlé
pour aider le lecteur). XII. Man-
gerais trop de pâte à tartiner AOC
(Appelation Ovomaltine Crunchy).

Bimensuel, paraît le 1er et le
15 de chaque mois. Est édité
par Presse Non-Stop, SAS
au capital de 86 400 €
Immatriculée au RCS Paris.
450 482 872
Président :
Jérôme Darnaudet
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Rédaction en chef : Ambroise
Garel et Sébastien Rio
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Rédacteur en chef online :
Ivan Gaudé
Ont participé à ce numéro :
Pierre Dandumont,
Sébastien Delahaye, Théo
Dezalay, Cécile Fléchon,
Ivan Gaudé, Freddi Malavasi,
Olivier Peron et Pierre-
Alexandre Rouillon
Premier rédacteur graphique :
Jean-Ludovic Vignon
Rédacteurs graphiques :
Thomas Rainfroy, Katell
Chabin et Marie Lemaire
Secrétaires de rédaction :
Sonia Jensen
et Cécile Fléchon
Dessinateur : Didier Couly
Publicité
Denis
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Impression
Imprimé en France par :
Aubin Imprimeur
Diffusion : PRESSTALIS
Commission paritaire :
0219 K 84275
ISSN : 1764-5107
Tous droits réservés
Numéro 335
Prix unitaire : 4,90 €
Date de parution :
15 mars 2016
Dépôt légal à parution
Les indications de prix et
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les pages rédactionnelles
du magazine le sont à
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publicitaire. Les manuscrits,
photos et dessins envoyés
à la rédaction ne sont ni 
rendus ni renvoyés. Pour
toute réclamation, merci
d’envoyer un chèque de
100 euros à la rédaction.
Si vous n’avez pas de
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un chèque de 100 euros.

82 | Canard PC
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