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Monde primitif analysé et

comparé avec le monde


moderne considéré dans son
génie allégorique et dans les
allégories [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Court de Gébelin, Antoine (1725-1784). Monde primitif analysé et
comparé avec le monde moderne considéré dans son génie
allégorique et dans les allégories auxquelles conduisit ce génie ;
précédé du Plan général des diverses parties qui composeront ce
Monde primitif / par M. Court de Gébelin,.... 1773-1782.

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MONDE PRIMITIF.,
~jv~zjr~jÉ ET COMPARÉ
AVEC LE MONDE MODERNE,
CONSIDÉRÉ
Dans divers OF7~y~ concernant /?c~, ~.2?/a/ /c/Mû~,
/c~ 7~.<f, les Voyages des Phéniciens autour du Monde les
Z~NCÏ/E~ ~M~J!J)C~J?~ <S'C.

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DISSERTATIONS ME la LÉES

~y<c M/M C~~j?


TOME J,
REMPLIES DE DÉCOUVERTES INTÉRESSANTES;
~c~M, M Mojv~jtf~jvy <
HUITIEME LIVRAISON.
MONDE PRTMITTF.
~~Z.T~ ET COMPARÉ
AVEC LE MONDE MODERNE,
C O N S I D É R É

Dans divers OF/~r~ concernant /?0~, le Blafon /~JM<?/Z/!0~,


les Jeux, les ~?~ des Phéniciens autourdu Monde, les
Z~t~G~ .~M~2:JTC~IN~, 6'C.

0U
OU
DISSE RTATIONS MÊLÉES
r o 7,
REMPLIES DE DÉCOUVERTES INTÉRESSANTES;
~ec Une CARTE ~J~c~ <S' un Mo~vt/M~jvr ~f/n~
PAR COURT DE GEBELIN,
M.
jpz nr~JLSjE~ ~c~D~jtff~ CjE~A jRor~j~.
~~f

f~jK 7 i
L'Auteur, rue Poup6e, Maifon de M. Boucher, Secrétaire du Roi:
Chez VALLEYRE l'amé,Impnmeur-l.ibr.ure, rue de la vieille Bouderie,
( SoMN, Libraire,
rue Saint Jacques.

DCC. LXXXI.
~FJEC APPROBATION ET PRI~LJSe~ ~U RO'~
'~s=p:

DI~COï7H~
PRÉ
Xf LIMINAIRE.
L
IL% E1 MIN 1 IR E. A
JLj E
huitième Printems qui fuccede aux premiers Efïais du Mon-
de Primitif, nous trouve à la fin du huitième Volume. Nous ofons
nous flatter que le Public n'aura pas à fe plaindre de notre dili-
gence, fur-tout pour des Ouvrages auui pénibles, dont les maté-
riaux épars dans l'Univers, n'offrent à ceux qui les connoiffent
le mieux nuls rapports, nulle énergie nulle liaifon avec le grand
Tout; où il faut non-feulement, en quelque façon, tout créer
mais le faire d'une maniere qui entraîne, qui convainque donner
a tous, en un mot, les mêmes yeux.
Jufques à préfenc~ nous nous fommes occupés de grandes baf~s,
de principes généraux, de Di~Ionnaires: laiffant pour un moment
ces grands objets de côté, nous commençons de mettre fous les
yeux de nos Lecteurs une fuite de Dinercations ou d'Effais variés
fur diverfes Queftions Mythologiques, Allégoriques, HtAoriques~
Chronologiques,Critiques, &c. Etroitement liées à nos Recher-
ches & à nos Principes leurs développemens deviendront autant
de bafes pour les objets qui nous reftent à traiter; fur-tout, ils
dégageront l'Hifloire Primitive d'une multitude de quêtions qui
en romproient continuellement le fil, quiendiminueroient par-là
même l'intérêt & la force.
Ce Volume contient donc nombre de Diflertations détachées
.c.~7.r.
remplies de Recherches Hi~oriqu-~s, Géographiques, Blafoni-
ques, Numifmatiques, de Langues &c. curieufes par leur en-
femble ôc par leur variété, riches en détails, piquantes par leur
utilité~ encore plus que par leur nouveauté & par les peripe~ivcs
inattendues & agréables qu'elles ne ce.ïent d'offrir.
En les parcourant, on s'affurera des lumières qui réfultent de
nos grands Principes fur une foule prodigieufe d'objets qui fem-
bloiert ne tenir à rien, être l'effet du caprice ou du hazard, n'étre
d'aucune conséquence pour le Moade Primitif: on verra que rien
n'eft échanger à nos Recherches & que nos Principes font un
flambeau qui répand le plus grand jour fur les objets qu'on croyoit
les plus obfcurs les moins explicables.
Tout n'eA pas de nous dans ce Volume nous avons été aiïez
heureux pour recevoir de mains étrangeres & amies,- quelques
Morceaux intérenans & très-bien faits que nous avons pu inférer
jci nous y avons joint des A.ttaques & des Répliques, enfin l'A-
nalyfe d'un Ouvrage imprimé en ïulie & qui rentre abfolument
dans une artie de nos Principes.
{

Nous cfpérons donc que ce premier Volume de Dinertations


ne parottra point inférieur aux autres Volumes du Monde Prirm..
tif: qu'il réveillera l'attention du Le~eur fatigué par les Di~ion-
naires qui ont déjà paru & fatisfait de la variété qui règne ici mais
entrons dans quelque détail.
I.
Ce Volume s'ouvre par une revue générale du Monde Primitif.
Ceux qui ont déjà quelque connoiiïancc de ms Principes, en trou-
veront ~ci une récapitulation qui leur en fera mieux fentir la force.
Ceux qui n'en ont aucune connoinance 6c qui voudront s'enfor-,
mer une idée, verront d'un coup-d'œil ce que nous avons déjà
publié. Tous y trouveront ce qui nous a amené à la découverte
-du- Monde Primitif: les avantages que nous avons eus à cet égard
fur tout, comment des malheurs qui femblaient Jevoir nous en
éloigner font devenus la Source de nos connoiuances &. les ont
dégagées de cette roideur qui n'eA que trop l'appanage de ceux qui
n'ont pas éré éprouvés comme les cailloux dans les torrens.
Nous nous proposons de publier ainfi de tems en tems des jé-
fumés rapides de~. divers objets dont nous nous occupons, afin
qu'on en pui~c mieux ~iCt renj[emble~ &c s'en former de plus juf:
tes idées~
I I.
Dans FEuaI qui fuit nous orFrons le Tableau de la Population
& des grands Travaux des Sociécés dans J'Afie Occidentale, au

moment où parut Nabuchodonoïbr, le premier Conquérant con-


nu. Nous fuivons ce Prince dans fes diverfes expéditions jufqu'en
kfpagne, où nous prouvons qu'il a été nous faifons voir les mo-
tifs même qui l'y amenerent. Nous montrons quel fut le nom pri.
minfde cette Contfce Européenne dans la Langue des Phéniciens
~c dont celui d~<?/c~ ne fut que la traduction. Cette .découverte,
car ce nom avoit échappé à tous nos Savans, & ils n'aboient pas
piêrne cru à l'expédition de Nabuchodonofor en E~ag~e nom-
mément Socharc, qui par des caifons peu dignes de lui la met
au rang d-'s .Fables; cette découverte, difons-nous, nous conduic
a d'autres fur-tout à montrer que les Phéniciens faifuient le plus
grand commerce autour de i'A'r'que: qu'ils étoient eux-mêmes
jd'yi~es en Iduméens qui naviguoient fur tout ce qu'on appeiloit
~r ~pM~ ôc qui embranoic la Mer des Indes & en Phéniciens
qui naviguoient fur la Méditerranée &c fur l'Océan. Nous mon-
trons qu'ils cpnnurentde bonus-heure &: la Bonuble & l'Améri-t
que ce en quoi nous nous trouvons encore fort oppofés, comme
nous nous en appercevons dans ce moment, à Bocharc en particu-
tier, dont toute la Critique eft abfolument en défaut à cet égarer
Revenant au Conquérant Babylonien nous faifons voir com-
ment fes fuccès devinrent la fource de la ruine de fes Etats & de
fa propre Famille; & par des moyens qui avoient échappé a tous
les Chronologies & les HiRoriens, nous démontrons l'harmo-
Hie qui regne entre l'HiH:oire Sacrée oc la Profane au fujet de~
derniers Rois de Babylone & fur-tout,ce point cspital~que le Bel-
iaiar de Daniel ne fut point le dernier de ces Princes~ commer
plufieurs Savans l'avoient fbup<;onné, & entr'autres Dom CAL-
MET dans fon Hifloire du Vieux & du Nouveau TeAament. Nous~
montrons qu'il eut même trois Succeueurs avant que Cyrus Ic~
rendît Maître de Babylone..
III.
Dans l'Euai fur le Blafon oc far les Symboles des Anciens y
nous faifons voir~ contre l'opinion commune, que notre Blafon t
eu: antérieur aux Croifades: qu'il fut toujours relatif aux Tournoie y
il
& de la plus haute Antiquité comment fut pris dans la Nature~ &C
ïiécefïaire comment il eft lie a la félicité des Peuples allant pHus
loin, nous prouvons que le nom même du ~~2/0/2 6c ceux de fes
couleurs, tels que 6'M~c, J'M<y/e, &cc. font des mots Orientaux
parfaitement afïbrtis à leur nature nous faifons voir a qui appar-
tenoient oc en quoi confiftoienc les droits d'Armoiries, [de Cou-
leurs de Généalogie~ de Bouclier, d'Enfëigne, de Monnoie.
Sur chacun de ces articles, nous avons occafion de dire des
~hofes neuves oc inAru~ives en particulier fur les Armes par-
tantes oc fur les Symboles armoriaux de l'Antiquité~ fuivânt qu'ils
durent relatifs à FAgriculture~ aux Vignobles, au Commerce
Maritime, cccaux trois grandes Divinités fur-tout Protectrices
de rUnivers, &c en particulier les Symboles des Villes dé Sicile
de l'Egypte ce des Villes facrées~
Dans la deuxiemePartie, nous traitons des Couleurs du BIafbn~
~e leurs rapports avec les Saifons, les Planettes, la vie de l'Hom'
me du Droit ancien & primitif de colorer Ton corps, puis le bou-
clier, puis ton habit & fa maifon, puis fon char doré, &cc. Nous
parcourons enfuite divers points relatifs aux Armoiries Nationa.
les nous expliquons un pauage de Nahum qu'on avoit absolu-
ment brouillé nous traitons des Hérauts d'Armes nous prou-
vons que les Hébreux en avoient, oc fans quels noms ils les déH~.
gnoient, ce qu'on n'avoit pas même Soupçonné nous traitons du
Cri d'Armes oc des Ordres de Chevalerie.
La tcoineme Partie roule fur le droit de Monnoie & fur fbn'
origine nous prouvons que l'antiquité de la Monnoie remonte an
tems d'Abraham, à celui même des premiers Etats de.rAue: qu'elle
n'eut pendant long-tems d'autre marque que.les Symboles des Na-
tions qui la frappoient~ & celui de leur Divinitë-Patrone.Nous
indiquons les premiers Mortels qui obèrent fe fubAituer ici à la~
place de la Divinité & nous montrons qu'il exifte encore des,
Médailles de Fancienne Egypte inconnues jusqu'à préPsnt~ parce
qu'on y cherchoic des erBgies de Rois qui ne pouvoient y étre~
IV.
A la fuite de l'JËuai fur le Blafon, marchent naturellement
vertes recherches fur les Noms de Famille nous en montrons'
l'origine &: PexceUencemous donnons l'étymologiedes Prénom~
Romains, les plus connus nous prouvons qu'ils étoient relatifs a-
ee Peuple Agriculteur, &c PAntIquité de ceux-là dans l'Europe
moderne nous avons enfuite raHemblé fous plus de vingt Chefs
ou Titres, une multitude de Noms François, tous ugnincatifs; Se
nombre d'autres qui le font dans des Langues plus anciennes ou.
Hs prirent naiffance. Ces Tableaux font entièrement neufs on.
n'avoit rien vu ~ufqu'a prêtent dans ce genre.
-V.

Le Bouclier chanté par Homere, avoit toujours paru une énig-


me dont on ne pouvoit deviner le noeud, ni quel art fecret en
avoit lié tous les Tableaux après avoir rapporté ce texte en
Langue originale & l'avoir accompagne d'une Tradu6Hon à notre
manière, nous faifons voir que c'eA la peinture de l'Année Grec-
que, mois par mois en commençant avec les mois des Noces ou
de Janvier ce morceau devient ainu un fupplémenc à notre
Hiftoire du Calendrier.
Nous en difons de même du Bouclier chanté par HéHode. Il
préfente le Calendrier Grec pourvu qu'on rétrograde d'un mois
~.qu'on commence au SolfUce d'Hiver. Nous prouvons en même
tems que celui-ci eft plus ancien que celui d'Homère; &c que ce
dernier luttant avec fon devancier~ a fu~ en imitateur habile, rem-
porter fur lui a fous égards,
VI.
Viennent enfuice quelques Morceaux non moins neufs relatifs
a~ Génie iymbolique Rc allégorique de l'Antiquité. Le premier eft
l'Explication du ~i?M ~T~ j jeu fort connu en Italie~ en Pro-
vence~ en Allemagne, 6cç.
Nous prouvons qup c'eû un Livre Egyptien dans lequel ce
Peuple nous a transis fes idées civiles, politiques, reiigieufcs
~uë c'eû un emblème de la vie, ôc qu'il eft devenu l'origine de
nos Caries à jouer, des Espagnoles premièrement, pour remplacer
celle:-la qu'on ddfendott feverernent comme magie noire &: des
Francoifes enfuite qu'ainn nos Cartes à jouer fe traînenc de loin
fur les traces de ce Peuple favanc &: ingénieux ce qu'affurément
quiquecëfbicn'avpic Soupçonne, tant on étoit convaincu que
cette invention écoic moderne~ &. que l'Antiquité n'oHiolt den de
pareil.
VJI.
Cette Explication eH accompagnée d'une Difïertation tres-m-
téreHante, qu'on s'eft fait un plaisir de nous fournir, fur la manière
dont les Sages ou Mages d'Egypte appliquoient ce jeu à la Divi-
nation, & comment cet ufage s'eft perpétua même dans nos Car-
tes à jouer, calquées~ur celles-là.
VIIL
Nous raisons voir enfuite que l'Antiquité appliqua à la Légina-
tion la célebre Formule de SEPT, qui fervoit de bafe à toutes les
fciences qu'il en réfuitt une Galerie de fept Rois, dont les attri-
buts ôc les adions peignoient tout ce qui eft néceHaire pour un
Gouvernement bien constitue, oc que cette Galerie s'évanouiiïbic
par un grand coupde Théât-re dans lequel périilbit le dernier Prin-
ce, & s'éteignoit la Royauté car il falloic bien un dénouement à
cet enfemble de prétendus faits hiAoriques. Cette fuite de Ta-
bleaux que personne non plus n'avoit foupçonnée, nous la mon-
trons chez les Japonois, les Egyptiens, JesTroyens: nous dé-
montrons par le fait, que les Romains la confondirent avec leurs
fept Rois ) & qu'ils en ont calqué l'hiAoire, les noms ôe les InfU.
turions exadement fur cette fuite philofophique fans qu'elle y
foit jamais en défaut nous prouvons même que la durée chrono-
logique de ces fept Rois oc qu'on difoit êtrede~~ ans ce quau-
cun Savant n'avoit pu admettre, ëA une durée mythologique for-
mée des deux nombres facrés cinq & fept, multipliés Fun par
l'autre.
Gec accord de tous les Peuples devient un; exemple frappant
du Génie allégorique oc fymbolique, des Anciens, &c de leurs le-
vons ingénieuies.fur les objets les plus relevés il, faic honneur à
leurs Sages 6c à leurs LégiHateurs~ JSc prouve que la fcience oc
non l'ignorance dirigeait alors les Ecats tandis que la maniere
dont nos grands Principes fur le Monde Primitif fe développent ôc
donnent l'intelligence d~une multitude d'objets qu'on avoit fous tes
yeux fans y rien voir~ devient une démonstration de leur bonté 6c
de leur certitude,
IX.
Nous avons réuni îcî trois
Morceauxqut jjt ne font
pomt de nous~ m

mais qui tiennent étroitement à notre Ouvrage.


t. La Critique de nos Vues allégoriques qui parut dans le der-
nier Mercure de Janvier < 780 fous te nom de F. PAU~Hermice
<c qui eft de M. de la Br. Cet agréable Ecrivain trouvera par les
Differtations que nous venons d'analyser que nous np nous JCbm-
~Daes gu~res eorrigét.
2. La Réponfe qucM. Pr, y fit dans le Journal de Pans peu de
jours après.
lit

3. Celle de M. de la D. fous le nom de F. P~ Hermite de


-la Forêt de Sénars, 6c in~rée dans un des Mercures du mois de
.Février métpe année.
Ces Morceaux font doutant plus intéreÛans qu'ils répandent
un grand jour fur le Génie Symbolique des Anciens, & fur fa
certitude. Le Critique croyait qu'on pouvoit appliquer avec le
~même fuccès~à toute Hntoire Nationale, la méthode que nous
jfuivonspourexpuquer rHiHoiTe Mythologique, méthode qui
ïero't par-là même abfolument illufoire ce quiétoic peut-être la
feule objection raisonnable à faire. Ceux qui nous ont fait l'hon-
neur de prendre notre d~renSe, ou plutôt celle de nos Principes j
rnonirentparfaitément ce'qui dt~ingue l'Hifloire de la Mytholo-
gie, hiûorique en ap~rence~ &. comment une méthode qui feront
très-agréable & très-bien vue pour expliquer la Mythologie~ d~
~icnt néce~airement abimïïïc~ d~S ~'on rappliauera à l'H~oire.
X.
( x
Nous avons fait fuivre ces réponfes d'une autre que nous fîmes
a la Critique d'un Journalifte qui attaqua notre Etymologie du
mot V~MT~comme n'ayant aucun rapport au mot VAR, VER~ eau
qui nie même que ce dernier mot aitpréfenté l'idée d'eau, & qui
ajoûte qu'il l'avoit inutilement cherché dans la LangueHongroife,
ou il ne fignifie que Ville. L'efpérance feule de faire gourer à ce
Journalifte des Principes que notre réponfe dévoie lui rendre plus

de regret fi notre but eft rempli, j


fenfibles nous engagea à cette difcuuion~ nous n'y aurons point

Nous prouvons par une multitude d'exemples t". que ce mot


eA le nom d'une multitude de rivières.
2°. Qu'U a~rfne .une Famille /~M~r<~ très-remarquable avec
l'idée d'eau ce que le Critique auroit vu comme nous s'il avoit
connu les .principes de FEtymologie & les loix fur lefquelles elle
eu fondée.
Que n'a fignmé Ville en HongcoM, que parce qu'il fi.
gnifioit déjà eau: tous les lieux dans le nom- defquels entre ce moc~
étant fur des Eaux; certainement plus anciennes que les Villes.
Enfin, que l'Eau ou~zrétoitle~ul objet phynque dont on
pût dériver le notn métaphyfique &c figuré de la vérité tous deux
déHgnés par l'idée de miroir, pat; l'idée d'un miroir~d~ &: naïf~
J
par celles de clarté, de pureté, de fraîcheur, d'évidence.
Nous pouvons dire "que les Principes du Monde Primitif font
comme ces rocs contre lefquels viennent P* brifer les vagues de
la mer: ôc qu'il eft plus digne des Savans de s'en pénétrer & de
travaillera les perfectionnera car la carrière eA immenfe, que de
chercher à les rehverfer:c'e~ parcaqùe nous avons vu qu'avec
eux nous ferions invulnérables comme Achille ~ue nous Savons
cas craint de nous Hvrer a des recherches qui devoient nacurellc-
JO~c. f~ jT. 7. b
ment mettre tout le monde contre nous) fi nous n'avions pasJ
comme on dit; raifon & demie.
XI.
Nous avons placé à la fuite la Famille du motPoT~ qui
défigne tout ce qui eu: élevé &c profond, puinanc~ &c. Famille
riche en nomsMythologiques~ en noms Sacrés~ en noms de grands
Fleuves, de grands Lacs en noms de Montagnes, de Châteaux
de Ponts, &c. Et même en mots Américains répandus dans tout
ce nouveau Monde.
On voit ici un exemple inftrudif &: frappant de l'utilité dont
feroit notre Diûionnaire Comparatif des Langues de l'Univers, J,-

diftribué par grandes Familles car il n'en: aucun mot Primitif qui
ne pût préienter les mêmes réfultats 6e le même intérêt.
On y voir au~i la preuve de ce grand principe', que chaque mot
radical prend toutes les voyelles fucceffivemenc pour diverfifier
fes dérivés 6c nommément les voyelles nafales principe qu'on
méconnoît trop:, &. queues Gens'de Lettres ne devroient jamais
contefter pour leur propre gloire. Ne fait-on pas qu'en tout genre,i-
il eft des obje~ions Ce des queftions. qu'il n'eft pas honorable de
faire, lorfqu'on eft parvenu a un point ou l'on eft ccnfé ne devoir

~xtr.
pas ignorer ces choies t w

:X

La Di~ertation qui fuit cette Famille n'eA pas de nous c'eA une
Lettre que nous reçûmes lorfque notre premier Volume eut paru
elle étoicrela~ve à un très-grand Ouvrage que l'Auteur de ce
Mémoire préparpic, depuis long-cemsfurl'Hi~Qtre phy~que de la
.Terre étonné des rapports qu'il apperccvoic. entre les réfulca~s de
nos Recherches. fur les Allégories & ceux ou il étoit parvenu d'à?
près la connoiuance phyfique du Globe & de fes révolutions,
il nous exhorte à continuer courageufement nos Recherches
&c diriger de ce côté nos Etymologies Géographiques & notre
à
Explication des Fables a reunir celles de tous les Peuples en un
Dictionnaire raifbnné, fans omettre aucun Dieu, aucun Héros
aucun Roi, aucune Nymphe, &c; à accélérer le Di~ionnaire de
la Langue Primitive, &c. Ce Savant comprenoit parfaitement
que fans la connoiflance des mots, on ne peut avancer dans celle
des chofes.
Ce Morceau ne peut donc qu'inrérener ceux qui ont adopté nos
Principes~ ~6c ceux qui s'appliquent à l'Hiftoire phyfique du Mon-
de, & dont le nombre eft déjà très-grand: il entre d'ailleurs dans
notre Plan, puifque les Origines & les Développemens du Monde
Primitif ne peuvent être complets fans renfermer les grandes dé-
couvertes relatives à cet objet, comme on l'a déjà vu dans nos
ProfpeQ:us.
XIII.
Un Enai fur les Rapports de la Langue SUÉDOISE avec toutes
les autres, paroît enfuite. Nous le compofâmes, il y a quelques
années~ pour faire fentir à MM. les Savans du Nord, la beauté
la ftinpiicité, la fécondité des Principes du Monde Primitif, ôc
combien ils rëpandoient de jour fur leur propre Langue, enforte
,qu'il falloit qu'ils renoncafTent à tous leurs principes ou qu'ils
adoptaiïent les nôtres. Les réfultats en font en même tems de na-
ture à être bien reçus de nos Lecteurs.
C'en: ainfi que nous ferions à même de faire paroîcre des mor-
ceaux pareils fur la Langue Angloife, fur l'A.lemande.iur celle
des Troubadours, fur les E(clavonnes~ fur diverfes Langues d'A-
fie, &c. quiexiftenc déjà dans nos imme~s matériaux. Celui
fur la, Langue Angloife en par.ticuli.er fut fait également pour
montrer aux Savans{de cette Nation, la beauté des Principes Ety-
mologiques du Monde Primitif &c pour leur ôter tout fujet
d'objection, en prenant nos exemples dans leur propre Langue y
fur laquelle il n'étoit pas pouible de leur faire illufion.
XT V.
Paffant les Mers nous transportant dans le Nouveau Monde
nous donnons ici l'Analyfe des grandes Langues qu'on y parle d'un
Pôle à l'autre. Les Eskimaux, les Illinois les Chipévays les
NaUdevbuies.lesAbenaquis.lesVirginiens, les Caraïbes, les
Galibis~les Mexicains, les Péruviens, ceux du Chili &: de la Cali<
-fornie,tous les habitans des Ifles éparfes dans la vafte Mer du Sud, fe
présentent fuccefnvement ànous tous nous offrent dans leur Syn-
taxe & dans leurs mots,des rapports immenfes avec toutes les Lan-
gues connues de l'Ancien Monde toutes viennent le réunir à la
Langue du Monde Primitif, avec une Hmplicité, une énergie~ une
abondance prodigieufe. Les trois Mondes concourent aind pour
atteler la vénrë de nos principes & pour l'attefter d'une ma-
niere étonnante. On ne pourra affez admirer les rapports de mots
&: d'idées qu'offrent toutes ces Langues d'Amérique avec les
idées & les mots de nos Langues. C'étoit un fpedacle à préfen~
ter à nos LeReurs, d"autant plus beau qu'on n'en avoitaucune idée.
Le premier Enai que nous fîmes dans ce genre, il y a quelques
années, fut à la réquintion d'un Savant Evêque, M. de N. de L.
Nous retendîmes enfuite pour plaire à un de nos Amis. C~eû de-
là que nous le reprenons, & que le quadruplant, nous en parlons
pour la premiere fois dans le Monde Primitif
Quelque étendus que foient ces rapports nous aurions pu en
ajouter un plus grand nombre; mais nous nous fommes laués de
copier &: ce n'eA pas un volume' que nous voulions faire.
On y verra combien nous ont été utiles les dernières décou-
vertes faites dans cette Partie dû Monde on diroit que leurs illu~
tres Auteurs ont été dans ces Contrées lointaines pour concou-
rir à la rb'rmation de notre grand Ouvrage, qui a befoin de tout ce
qai exi~c afin de s'arrondir, & que fes diverfes parties puiffent
fe développer de la maniere la plus fatisfaifante.
Ce Tableau devient une des plus grandes preuves de l'exceL.
lence de nos Principes qu'aucune Langue ne peut s'y réfuter
& qu'il faut, ou adopter ces principes~ou fe difpen~er d'en parler,
non plus qu'un aveugle des couleurs.
On verra fur-tout dans cet Euai que FAmé~que s'eA peuplée
par divers end:roits la feptentrionale par la Tanarie la méfidto-
nale par le midi de l'Afie & de l'Afrique les IHes du Golfe du
Méxique, peut-être par le couchant de l'Europe.
On verra, non ~ans furprife que les mêmes noms de chines
en ufage dans prefque tout l'Ancien Monde le font également
dans toutes les Mes au midi' des deux Hémifpheres du Globe, dans
ces Mes qui font au midi de FAHe de l'Afrique & de l'Amérique':
& diverses preuves que les Phéniciens ont navigué dans ces mers~
On y admirera fur-tout une foule de noms relatifs aux Arts
dans ces Ifles dans le Pérou~ôcc. qui font abfolumentOrientaux~
ruelle qu'en foit la caufe.
x V.
A la fuite de cet Effai eft FExplication d''un Monument uni-
que qu'on a découvert fur un rocher de l'Amérique feptentrio-
nale au bord d'un beau Heuve~. & qui nous a éce fort heureutç'
xnent envoyé d'Amérique par de Savans. Correfpqndans depuis
le commencement de l'impreflion de ce Volume il femble arri-
ver du Nouveau Monde tout exprès pour confirmer nos vues fur
l'ancienne communication de FAncien & du Nouveau Monde~
NousFavons fait graver avec la plus grande exa~icude~On y verra
de la maniere la-plus vrai~mblable~nous dirions preiqu'évidente~J
que c'eAun Monument Phénicien~ & fans doute CaTthaginojS).
diviïe en trois Scènes~ une panee~ uncpréïente, une future.
Lapréfënte.tfur le devant du Tableau défigne une alliance
entre les Peuples Américains & la Nation Etrangere. La Scène
paffée, repréfënce ces Etrangers comme venant d'un pays riche &:
induftrieux, ôc comme ayant été amenés avec le plus grand fuc-
cès par un vent de Nord.
Les Symboles & les Caractères alphabétiques de ce Monument
fe réuniffent pour prouver que ce font des Carthaginois &c puis
en réHéchiiïanc un peu on n'eft pas plus étonné de voir ce Peuple
dans ces Contrées que d'y trouver des Mandois & des Gallois
aux X=. &. XIc. iiècles & Colomb au XVe.
XVI.
Nous terminons ce Volume par l'Analyfe d'un Ouvrage impri-
mé depuis peu à Milan fur les Devoirs de l'homme envers lui-mê-
me ôc envers la Société comme Citoyen, comme Propriétaire~
comme Notable, comme Souverain, &c. Cet Ouvrage que nous
n'avons connu qu'après avoir composé les Vues Générales fur le
Monde Primitif qui font à la tête de ce Volume, rentre ri parfai-
tement dans les prnicipes politiques Se moraux du Monde Primitif,
que nous nous fommes fait un plaiur de l'analyfer comme Un
Supplément à ce que nous avons dit fur ces objets dans ce pre-
mier morceau, d'autant plus heureux, qu'il venoit d'une main
étrangère. Il offre en même tems une idée de la nature & de l'u-
tilité dont pourroit être la Bibliothéque Etymologique 6c raifon-
née que nous annonçâmes dans notre Profpe~us comme un Com-
plément de nos Recherches.
Des Etymologies contenues dans ce /~?~/K~.
La Science Etymologique fans laquelle nous croyons qu'au-
cune connoiffance réelle ne peut exifter complettement, nous ac-
compagne par-tout dans ce Volume pour mettre le fceau aux vé-
rités que nous y proposons, pour en achever la démonstration,
pour faire voir comment les Noms même furent faits pour les
chofes ) oc que ces deux objets marchent toujours d'accord &: d'un
pas égal ce qui eft inconteftablement le complément de toute
fcience.
Les Etymologies font dans ce Volume auui variées que les
fujets qui y font traités fans parler de celles qu'offrent les Dif-
fertations fur les Langues, les autres en contiennent un grand
nombre que perfonne n'avoit jamais penfé à analyfer. On trou-
vera donc ici la fignification d'une multitude de Noms de Lieux,
Fleuves Montagnes &c. de l'Afie l'Etymologie du Nom du
.BAï/o/x, celles de fes coM/~7~ tellesque~<z<y/ &c. fur
lefquelles on n'avoit fait que baibutier celles de nombre de mots
relatifs aux Monnoies, aux noms des~cy~ celles des Pr~oM~
Romains dont perfonne ne s'étoit avl(e de chercher l'origine; juf-
ques aux noms des Rois de Tro~ le Nom primitif ôc Oriental
de r~M inconnu même à tous les Savans jusqu'aujour-
d'hui d'autres Etymologies rëfultances de celles-là celle de La.
c//z~~ furnom donné à Junon de Crotone celui de Lapithef en-
nemis des Centaures même des Noms Américains tels que
Ca:M ~p~c~~ J~M.f, T<zt~ &c. Ce font de vraies con-
quêtes faites fur l'ignorance ôc fur la barbarie.
OBJETSS DJ~ER~.
Accoutumés à rendre compte au Public des divers événemens
relatifs à.nos recherches, & qui arrivent dans l'intervalle d'un vo-
lume à l'autre, nous ne faurions nous difpenfer d'entrer aujour-
d'hui dans un détail auHI intéreHant pour nous & auquel le
Public daigne applaudir.
L'AcAQJ~E FRANÇOISE nous a décerné une feconde fois le
Legs annuel de feu M. le Comte de Le, compte qui en
a été rendu dans le Mercure, nous exempte d'entrer ici dans d'au-
tres détails mais non de témoigner publiquement notre recon-
noiuance à M. GARAT qui par des motifs des plusnacteurspour
-nous, s'efi dén~é de ce que l'AcADEMiE venoit de lui décerner.
M. le GARDE des Sceaux, &c M. de NEviLLt, Maître des Requê-
tes 6~ Directeur général de la Librairie, nous ont honoré, de leur
propre mouvement du titre de CENSEUR RoYAL. Nous ravons
regardé comme une approbation flatteufe queic Chef de la Ma-
giftrature donnoit à nos travaux. Ils nous ont fait en même tems
mettre au nombre de ceux qui travaillent à un Di~ionnaire des
Sciences & Arts, distribué par matieres. Celles qu'on nous a afii-
gnées fe rapportent à la nature de nos recherches; ce font les
Antiquités j la Chronologie, les Médailles les Infcriptions, la
Divination ôc fes diverfes branches; l'Explication des Fables ou
de la Mythologie, l'Etymologie relative à ces Objets. La plu-
part de ces matieres ont Jufques-ici prefque toujours manqué aux
ouvrages de cette nature elles méritent cependant d'autant plus
-l'attention des Gens de Lettres que ces objets forment une des
grandes bafcs de foute connoiffance nous tâcherons de nous
en acquitter d'une manière qui réponde à ce qu'on veut bien atten?
dre de nous à cet égard.
Une Société nombreufe de Sciences Lettres &: Arts, nous a
honoré pour l'année de la qualité de fon Direaeur. La Correl-
pondance vafte & bien choifie qu'elle commence d'établir dans
tous les Pays où Fon a quelque goût pour les Lettres ne peut
qu'étendre le nombre de nos propres Correfpondans:8cleylumic-
res qui en résulteront devenant les nôtres, la maSe de nos maté-
riaux en fera plus confidérable &c nos Ouvrages plus utiles.
C'eft au zèle de nos Correfpondans d'Amérique que le Public
doit .le Monument Phénicien que nous publions dans ce Volume.
D'autres nous ont envoyé divers Vrocabulaires, en particulier
le R.,P. :GAjLGNARD de l'Oratoire M. MURET Doyen des Paf-
tcurs àVévay en Suifïe M. FAbbé CLEMENT, Curé dans le'Valais.
M. BiGNON nous a communiqué la Grammaire de la Langue
du BENGALE, que les Anglois ont fait imprimer dans cette con-
trée des Indes: Ouvrage précieux dont nous rendrons compte
quelque jour.
M. le Comte de SARSFIELD tout ce que fa Bibliothèque con-
tient de livres rares fur les Langues &: fur l'Hiftoire du Nord.
M. Le Marquis de SAINT-SIMON nous a fait divers envois très-
précieux en livres rares fur les Langues ôc les Antiquités.
AinM s'augmente fans ceffe la maffe de nos livres &c de nos ma-
jnufcrics nécefïaires pour aggrandir nos recherches 6c accélérer
nos travaux~
JP~o~ des Racines Latines in-8*.
Depuis notre dernier Volume, nous avons publié le Di6Hon-
naire Etymologique des RACINES Latines z/ï-8°. Ouvrage qui
manquoit aux Lettres, ôc fur-tout aux Jeunes Gens.
Le Public, à la vérité, étoitdéjà en poUenton de divers Ou-
vrages fur les Racines Latines tels ceux de M. FouRMONT de
M. DANET, &c en dernier lieu d'un R. P. de l'Oratoire.
On avôit donc vivement fenti la néceffité de ramener les mots
Latins à un certain nombre de mots fimples oc primitifs qui de-
viennent la clef de tous les autres. Cette Méthode eft en effet la
feule à fuivre pour faifir Fenfemble des mots d'une Langue mais
outre que la plupart de ces Recueils font en vers, ils ne font
point Etymologiques, ce qui eft un défaut t parce que par-!a
on eft forcé de multiplier beaucoup trop le nombre des radicaux,
en forte qu'on manque fon but du moins en grande partie: 2".
parce qu'on n'y voit point l'origine de ces mots radicaux, ni leur
rapport avec la Nature & avec les autres Langues~ ce qui les rend
moins utiles & moins fatisfaifans.
Notre Didionnairc des -Racines Latines réunit au contraire
.D~. jM. T. c
cous ces avantages. D'un coté, le nombre des radicaux y eft ré-
duit au moindre nombre poffible de ceux-ci on en voit dériver
d'autres qui deviennent à leur tour l'origine de tous les Dérivés
Latins. D'un autre côté on y apperçoit l'origine de chaque mot
radical, ce qui eft un grand avantage & on y trouve les rapports
de ces mot; avec les autres Langues, ce qui eft audi d'une très-
grande utilité.
A la tête, nous avons mis un Difcours Préliminaire fur la for-
mation des mots fur les Initiales de Ja Langue Lacine & fur fes
Terminaisons. Nous difhibuons celles-ci fous un certain nom-
bre de claïïesqui fe rapportent à autant de mots primitifs~ dont
elles empruntent toute leur force. Ce Difcours renferme des dé-
tails qui ne font pas dans notre grand Ouvrage.
Il n'y a donc point de doute que ce Dictionnaire des Racines
ne fcitinfenublement reçu comme Clafïtque. Déjà l'UNivERSiTÉ
de Paris, bon Juge fur ces matières a bien voulu en recomman-
der l'ufage à MM. les Profëueurs de fon Corps un fuffrage
aufii glorieux ne peut que nous concilier tous ceux de la Nation.
(~Z//Z//M/W <&~ /3/C~O/Z/M/J Grecs à pu6lier.
Encouragés par ces fuccès, nous nous propofons de donner
un Dictionnaire femblable iiz- 80. pour les Racines de la Langue
Grecque il paroitra en même tems que le Dictionnaire Etymo-
logique de cette Langue que nous avons déjà annoncé par Souf-
cription.
Ces Ouvrages feront précédés cependant des Grammaires Fran-
çoife Latine & Grecque, auxquelles nou? allons mettre la der-
niere main. Nous ne négligerons rien pour qu'elles fbient vérita-
blement utiles à la JeuneHe Ôc qu'en réduisant les ,régles de ces
Langues au plus petit nombre pofRble on en connoiHe beaucoup
mieux le génie, & on en fente mieux la beauté nous n'épargne-
ronsni fbins;ni peiner ni avances pour répondre à ce qu'on attend
de nous, & pour remplir tout ce qu'exige la carrière à laquelle la
Providence femble nous avoir conduits elle-même.
De quelques Ouvrages r<?~~ aux /ï<~<'y.
Tel eft le Titre heureux de notre Ouvrage, tels font les fuc-
cès de fes diverfes parties que des Hommes de Lettres emprun-
tent notre titre, que d'autres imitent nos vues au point de fe faire
confondre avec nous il eft donc june que nous donnions ici les
eclairciïïemens néceiïaires j afin que chacun jouiffe du fruit de
fon travail.
t.
Des Papiers publics nous ont attribué d'être au nombre des Gens
de Lettres qui font l'Hiftoire des Hommes, & qui l'ont commen-
cée par celle du Monde Primitif: on nous a même écrit de
divers pays à ce fujet, afin de favoir à quoi s'en tenir. Les uns 6r
les autres nous ont fait trop d'honneur: nous ne fommes pour rien
dans cet Ouvrage notre plan nous occupe affez fans embralfer
des objets étrangers il eft vrai que nous avons annoncé une Hif-
toire du Monde Primitif comme faifant une partie effentielle de
nos Recherches, mais fur-tout comme devant terminer ces tra-
vaux, ceux-ci feuls en peuvent être la bafe fans cela elle fe-
roit prématurée elle ne pourroit offrir que des objets ifblés le
vuide des défères au~I celle-ci ne nous empêchera point,
malgré le mérite qu'elle peut avoir, de publier la nôtre quand il
en fera tems.
L'Hiftoire ne doit être en effet que le réfultat des docuinens, des
connoinances des travaux des hommes fans cela elle n'offre
qu'un Roman, ou que des Fragmens incohérens comment donc
j-éufnr dans FHi~oire primitive, fi on ne s'eA pas donné le tem~ de
raffembler auparavant toutes les connoiffanées nécefïaires pour la
connoître ôc pour la développer fans avoir réuni tous les faits
c
toutes les traditions tous les monumens fans s'être mis en état
de les entendre de les comparer de les éclaircir fans avoir dé-
mêlé le vrai du faux, IcHguré du propre, l'allégorique de l'hiflo-
rique fans s~étre armé de toutes les reffources d'une Critique fage
& modérée qui d'un coup-d'œil fait diflinguer le vrai du faux,
& ne fe faire que des principes lumineux qui ne puiffent jamais
tromper, fur-tout qui puinent concilier toutes les vérités ? JuC-
ques alors, on n'aura rien de complet rien qui réponde à la gran-
deur de'AiMome.
ar.

Un de nos Correfpondans excellent Ami, dans les mains de


qui eft tombé le Pro(pe~us d'un Ouvrage intitulé l'z/n~o~~ j,
a trouvé de fi grands rapports. entre les objets quiy font annoncés,
&c ce que nous avons déjà publié qu'il a cru que c'étoit un Abré"
gé de notre Monde Primitif, que c'étoit nous-mêmes qui pré-
y &c

fidions à cet Abrégé. Il nous a en conséquence adreûé diverfes


Remarques relativesà cett&Annonce:laplupart fbnttrès-fbndées~
très-Iumineuies Se nous ont fait le plus grand plaiur mais nous
ne connoinbns point cet Ouvrage nous n'avons point vu ce Prof-
pe~us nous doutons que des perfonnes honnêces ayent voulu
courir fur nos brifées, &c donner des Abrégés prématurés de notre
Ouvrage, qui nous ôtauent les moyens de continuer une entre-
prise au~ difpendieufe que pénible & qui exige le concourt le
plus foutenu pour la Soufcription. Si au contraire les Auteurs
de cet Ouvrage n'ont fait qu~adopter nos Principes pour élever
deuus un Edince différent alors leur travail nous devient fort
honorable & rentre dans les vues qui nous porterent à publier
ces Principes; & nous aimons mieux croire que telle e& la mar~
che que tiennent ces Auteurs,

j~/Z ~C<?K~f F~/t~M:<<f


TABLE
~*ty E G~~A~t Monde
De /n07!CC du Monde Prinitif.
De nos premieres Etudes.
Primitif
DES OBJETS CONTENUS DANS CE VOLUME.

Ï~
v
j~e~t! les refondre. x
.~yM~/e des Yolumes qui ont déjà XXV!;
De ce qui rejle à publier fur les Langues, 1.
-Sur /MyMt~ ~<jor~K~. nv
-Sur /yM/~ Z~o~~K~. Lvj
Heureux effets de fO~fC. Ï.XV~
Des ~~<!mc~ IXJt
ESSAI1 D'HISTOIRE ORIENTALE
FoUtL m VIIe ïTVie Si~cLES AVANT y. (L

ART!CI.f.I.McAo~O/0/cr/A07!r/<
11. D<cr~f/07ï de
7/
OeM</<M/~ t
JEM~ <ïc?Ke/ de ces Contrées. t~
III. Princes Contemporains. 3o

V. Sa co~M~e /e.
IV. Regne de Nabuchodonofor. j
~w

.–Co/M<f~07nj/
Nom ancien

Vl.~oy~MP~ntc/Mj.
ce Pays.
~6 4. t

foir;
~'t/j ont connu la ~CM~O/~
/n<fr/ <
fy
Leur
JLM<r cr~<t
originc, 57
At<.T, VlI..Ft/ï~A~M<OMf{/0/ <?tt
~'MM</?M~<~y~~Z?~. 6f
VIII. Des Scythes, CA~otj 6'c. à cette époque. 70
IX. Regne d'Evilmerodac. 7)
X. & XI. De deux 7 4.
XII. Nitocris 6* A~~oM< 7~
Bataille de r~y/t:f. 79
XIII. ZMo~ 6' ~?0~~0/e, CO/tCt/rCM derniers
Rois de Babylone. 8
XIV. Des Prophetes de cette ~c~Nc. 9~.
XV. jE.M~O/ï des noms de Lieux, F/<HV<~ Montagnes, 6't. com-
/?C
Du Royaume de
2?.'J Menins.
/<
pris dans la Carte de Occidentale.
en addit.
108
1 i G
Ïi
Conquête de la Médie par Cyrus, ï
DES SYMBOLES, DES ARMOIRIES
ET DU BLASON DES ANCIENS.
/~r/:o~~crjoj~. 11~
PART. I. DES SYMBOLES~AjMOR/jr, du Droit de Bouclier. tl~
ART j CLE I. Monumens antérieurs au .X~~c/c, 3
II. Origine du Droit ~r~o~e~. ï 3
Du mot Gens, 6' Priviléges.
Du Droit d'In~gnia les Romains &' anciens Peuples.

III. Droit de Bouclier.


Inlignia &Arma, ~o~y~e~.
ï
t <t.
IV. Origine des Armoiries 6'~Hf- tout des Armes parlantes. i o
3~s
~y~o/~ relatifs au ~c/«/. i Ci
.ro~~<on~. t <?7
-A divers objets. j7t
V. Aux Divinités ~ro~e~nc~j t Agriculture. ï7
VI. & non VII. Symboles des Colonies. 178
VII & non VIII. Villes de 81
n
VIII & non IX. ~7/M<f~ t~5
ART. IX non X. Villes Sacrées. ttg
PART. II. DES Cot/~t/~ ET DU DROIT 2?'jTcy~. ~&
ART. I. Des Couleurs.
II. Z?M 7~7'0/7:/<<'J. ~07
III. M(~j ~y/nor~&A f/Tz~/oy~ par Nahum. t j.
IV. Des .~r~K/j ~7<'j 6'/&r-~o~ cA~ les Hébreux. ty
PART. III. Du DROIT DES Afo~~of~

II.f
ART. I. De la Monnoie en général.
la Monnoie.
jPM~y//ew~e/<ycj~cey}~.
229

Ht
l~iI
ib.
1

III. Nature des ~y/n~o/c.f/~c~.f dès l'origine fur les Monnoies, 1~.7
Medaille fous le nom de Plzidon.

~<
0
De Léocedes, fils de P~<~H, 6* ~M Tournois de C7</?~M~. i5
Tournois quand établis ~n

ART.
A~<~A~re~<r<r/<ïKc~n7!e. t~
IV ~~f/'Mc~ des ~y/M~o/<'j/<!Ct:jyMr/~ Monnoies des /!o/j6' ~r
celles de divers Peuples.
furnom de Lacinia.
t
Du 1~0
motifs qui purent déterminer les Empereurs à /<ï~r les
/~r~ à !égard de leur f~
Caufes du fcrupult de ces ~t//f~.
1~12.
16 3
Premiere Monnoie d'argent ~<c le nom <f«/: Co7ï/a/. <~
V.JMo/ïo~Or~ x6y
.c/M/!e~gy~, découvertes. i<!8
Des Animaux qui lui fervoient de Symboles, l~~
Symboles des Peuples modernes coinparis à ceux de 17~
DES NOMS DE FAMILLES.
~~j~~yM'ony<orMO~<tC<rJ, 17~
A~T. I. ToM~ Famille eut un Nom. 8 3)
Des Prénoms Romains, 6'c. 6'c. tpo
II. Noms de jR</j yM<-c~M/<ï ceux <~ Familles. )oo
Noms du moyen âge. }o~.
~0/nj~nftfj~<!nc~M<'Z,<ïagMe~O/M~«. 3e7
III. JVo/ fignificatifs en Fr<!nfc~. 310
Et ailleurs. )}e
DrFO~C~2~A2?'~C~M. ~9
Du 7 E U DES T A R. 0 T S.
C'<~ un Livre Egyptien. f
/ïecA<rcA~y& ~< Jeu 6*~ divin.ationparfes Cartes, par
/< C. Af. 9y
A RT. I. On y voit les ~c~~c/~ <fûr, dargent, de fer. 9

II. Ce Jeu g~M~ à la Divination. ~00


III Noms de diverfes Cartes- fon/<'r~<ïf les ~o~. 401t
IV. ~Mn~<Af/~Ao/o~M~~e~~arj<<~r~. ~ott
V. Comparaifon de ces attributs <ï~~ Ifs y~j qu'on affzgne
Modernes pour la ~v</ï<iMon. ~o~
VI. CcMa!<j~ny<'ryût~~c~rcû~yor~, ~c~.

~rp~p/?/
VII. C'~o~ Mn< /wM/ï /<ïy<t~<~< ancienne.
VIII. Cartes <ta~K<M ~j ~o~<fM~~ attachent des
DES SEPT /!of~ ~/n!Kt/?r~<yr~.
~oX <t HJ

jF'f/
LETTRE du F. P~!y~ .7H~. <t 7
~~<'n/<~r~.P/ ~~}J
~~r< /?~'on/e parM. de AtD.ybMj no/~ f. P~c~/nf. -t $
'Mr/<mo~A, aM~/oar/:<ï/
~iT,
O~KAr~TIO.~ fur l'interprétation des Fables
<).<!
~f/yM~
~~9
ï

~M~~4MjMc/<Pn/!a</<<~ M. de Ge~/</ï,~<tr~.
~7ïI
~y~y«/' ~~ycy~ la Langue ~M~o~/< ~~e &< autres /.<tn~
gues 6' fur-tout avec la Fr~Mye, <~r~<~ ~f. le C. de ~A.
en Suède. ~y!
~S~f~Hf f/er~ des mots </ï<re Z<M~M<~ du Nouveau
Monde 6' celles de l'Ancien. <
tOBMAF'~T'/O~Sfur un Monument Américain. < 6 t
~~y~ <f~ Ouvrage fur les Z?~o~. <p

Fin dp la Table des Objets,

VUE
VUE GË~R~LE
DU MONDE PRIMITIF, 1

t~ comprend les Volumes <C~~ qui ~On~/My~~


ce qui a conduit d ces Recherches.

LES Volumes du Monde Primitif fe multiplient; les objet$


qu'il annonçoit fe développent, fon terme s'éloigne à mefure
que ces objets occupent une place plus étendue; mais ne fbrtons~
nous pas de ce plan? L'avons-nous rempli fur chacune des Pari
ties que nous en avons déjà fait paroître ?f Réfuîce't-il de ces
développemehs quelqu'utilité fenfible & Intéreuante ? Et ce quX
a déjà paru peut- il faire défirer ce qui nous refte de découverte:!
& de recherches à publier pour completter nos promeffes ?i'
Il ne fera fans doute pas inutile de jetter un coup-d'oeil fu~
ces quêtions on faura mieux à~quoi s'en tenir fur un Ouvrage
tuui vafte auquel on ne pouvoif croire, &c que tant de perron"!
nés s'imaginent avoir jugé quand elles ont dit que ce n'ef~
qu'un fyitême. Lorfqu'on a une longue carrière à parcourir~
une vue rapide fur le chemin qu'on a déjà franchi, délafïe agréai
blement le Voyageur, &c lui donne une nouvelle force pour fbu<
tenir ce qui lui reAe de peine & de travaux. On en aura d'aile
j~eurs plus de confiance pour nous fuivre dans les grandes chole~
P~: 7c~. A A
qui doivent completter notre plan &: nous repliant ainfi fur
nous-mêmes raffemblant tous nos avantages réfumanc nos
grands résultats nous puiferons dans cette réviiïon de nouveaux
recours & de nouvelles vues pour perfectionner nos découver-
tes, &c pour tirer un plus grand parti de celles que nous
avons encore à expôfer qui ne font ni moins nombreufes, ni
moins importantes que celles que nous avons déjà mifes fous
les yeux du Public.
Nous Lui devons en même tems une légère efquine des vues
qui nous ont conduit à la découverte du Monde Primitif & de fes
diverfes parties qui femblent fi difparates ainfi que l'expofition
des moyens qui nous ont fervi pour franchir des efpaces qui pa-
foi~bienc impouibles à parcourir pour créer en quelque façon
~n Monde nouveau en retirant le tréfbr Primitif des connoif-
<ances humaines, de deffous ces débris effroyables où il lem"
bloit être enfeveli à jamais comment fans aucune rbrcune i
fans aucun appui, fans autre fecours que ceux que nous avons
pu trouver en nous-méme nous avons ofé nous livrer à ces re"
cherches d'abord faflidieu~s &c pénibles, malgré des exhorta-
tions tendres &: amicales des perfonnes qui s'intéreubient à nous
6c qui craignoient fans ceffe que nous ne iuecombadions fous le
poids ou que nous ne facrifiaffions en vain notre tems, nos fbr<
ces, notre exiftence même comment nous avons pu réMer
des difficultés de toute efpéce &: donner, en quelque forte, la vie
à des objets qui fembloient autant d'Etres de raifon. On verra
ce que peut le courage la confiance & l'audace; & fi nous étions
arrêtés dans ce qui nous refle à publier par quelqu'un de ces
accidens qui menacent fans ceffe l'humanité, des chercheurs plus
heureux pourroient du moins fe faifir des mêmes moyens rem-
yUt ce que nom n'aurions pu exécuter j,oc parvenir peut-~tre à
des découvertes nouvelles non moins agréables Ce non moins
utiles que les premieres.
D~ ~ï0/ï~ du Monde Primitif.

Tout étonna dans l'annonce du Monde Primitif la grandeur


de l'entreprife le gigantefque des promefles les dimcultés ter-
ribles qu'on fentoit qu'il falloit avoir furmontées, l'ignorance des
moyens qu'on pouvoit avoir employés, cette annonce fubite à la-
quelle rien n'avoit préparé.
Ce n'ctoic point une entreprife de Rois ce n'étoit point le ré-!
fultat des travaux d'une Société Littéraire, nombreufe & favante~
c'écoit un fimple Particulier, inconnu~ qui annonçoit des découd
vertes regardées comme impombles faites dans le filence d'un
cabinet bien étroit, bien peu riche & qui offroit au Publia de lui
en. faire part s'il vouloit y contribuer par une foufcription modi-
,que, feule reffource qui lui re~ât.
Il prit dans fon Annonce un ton ferme parce qu'il étoit per~
fuadé de la vérité & de la bonté de fes découvertes & s'il les
détailla par une longue.énumération c'eA que tous ces objets
faifoient réellement partie de fon travail c'eft qu'ils étoient tous
néceuaires pour aHurer fa route & pour mettre dans fes décou-)
,vertes cet enfemble qui feul pouvoit en faire ladémon~ration.
Que n'annoncions-nous pas en effet La Langue primitive~
mère & clef de toutes les autres les rapports intimes de celles-
ci avec celle-là & entr'elles l'origine du Langage & de l'Ecrit
ture les fources de l'Alphabet l'Etymologie de tous les mots
la Grammaire univerfelle & les principes généraux du langage ·,

la Langue Allégorique de l'Antiquité clef de fa Mythologie~ïl


de fes Symboles, de fa Poéfie, de fes Cofmogonies, de fon Ça-:
icudrier j de les Fèces les Loix anciennes préfen tées fous lcu<
Il I~ j
véritable face les fources du Droit Public ëclaircles &c mieux
connues. L'Antiquité par-là même reuaurée; fon Hifloire & fes
traditions, plus certaines fes monumens plus intelligibles;
les caufes de la grandeur des anciens Peuples, découvertes &c
approfondies. Et ces découvertes répandant fur toutes les con-
noiuances modernes un éclat abfolument nouveau & leur don-
nant une conMance précieufe par leur liaifon intime avec ces
grands objets.
L'utilité & l'importance de ces découvertes écoient trop fen-
fibles pour qu'on pue s'y refufer mais il n'y avoit point de
perfonne afTez étrangère aux Letrres pour ignorer combien on
s'en étoit occupé jufqu'ici que tous ceux qui avoient voulu
travailler dans ce genre, entre autres nombre de Savans diflin-
gués, avoient échoué; & qu'il ne reçoit que le défefpoir d'y.
parvenir. Comment celui qui ofoit réveiller l'attention des hommes
fur ces objets abandonnés, pouvoit-il avoir été plus heureux que
les autres ? Pouvoit-il avoir découvert des monumens qui euffent
'échappés à tous ? avoir puifé quelque part des notions fur l'Anti"
quité, qui fe fuuent refufées à tous les efprits ? Lors même qu'~
force de rêver il auroit pu trouver quelque principe plus lumi.
neux, comment pafferoit-il à travers rimmennié des tems, &:
renoueroic-il le fil tant de fois interrompu des Sciences anciennes
~&c modernes ?
Nous nous écions attendu à toutes ces difncultés nous les
cuuions faites peut-être nous-mêmes dans un tems à quiconque
€Ût promis de pareilles découvertes auffi ne les annonçâmes~-
nous que lorfque nous fûmes bien fûrs d'avoir trouvé le vrai
& nous ne pouvions en douter par la vive lumiere qui en réiultoit~
i)3c par la racilité avec laquelle s'applaniubicnc tous les obïtacle$

fe diuipoient les di&cuités les plus exagérantes,


5 Aujourd'hui, que nous femmes avancés dans notre carrière,
J
que le Public eft déjà en pouedion de (ept Volumes, fans compter
celui que nous faifons paroître dans ce moment, & dans lefquels
nous lui avons offertune fuite d'objets aufli neufsquevariés,efrbrts
auxquels il a daigné applaudir d'une maniere qui a excité toute
notre reconnoifïance, 6c qui nous a donné de nouveaux motifs
d'encouragement, montrons par quels moyens nous fommes par-
venus à des connoiffances de cette nature, & ce qui a déterminé
nos recherches fur ces objets abandonnés. Mais comme c'efc
l'Ouvrage de notre vie entiere., d'abord pour apprendre ce qu'on
en avoit dit avant nous, enfuite pour nous frayer à nous mêmes
de nouvelles routes plus fatisfaifanies~ nous ferons obligés de
remonter un peu haut.
.P< nos premieres ~K~.
r (Nous eûmes l'avantage ineflimable d'avoir pour PERE
ttn homme rare, plein de génie ôc d'éiévation, fait, par
fon éloquence naturelle, par fon courage héroïque, par le coup
id'ceil le plus fnr & le plus impofant, par la préfence d'efprit la
plus tranquille au milieu des périls les plus éminens, pour entraîner
les Peuples, pour commander aux Nations; & qui très jeune
avoit rendu des fervices affez importans à fa Patrie, pour que le
iGrand-Régenc daignât lui faire des offres qu'il ne crut pas
devoir accepter.
C'étoit au commencement du règne de Louis XV. Le Cardinal
'Alberom, qui cherchoic à former un Parti dans le Royaume en
faveur de Philippe V, avoic beaucoup efpéré de la part des Pro-
teflans, dont il connoifïoic toute l'étendue des maux. Le Grand-
~égent apprenant les démarches du Cardinal, craignit tout à
regard des Ftovinces Méti~onaj.os~ remplies de Pf océans d<!
ces hommes dont une ancienne politique vouloit faire croire Fex!
tence contraire aux Gouvernemens Monarchiques les craintes
de ce Prince étoient d'autant plus vives, qu'il favoit, auûi-biett
que le Cardinal, à quels excès écoienc parvenus leurs maux, &c
ce qu'avoient coûté au Royaume les troubles des Cevennes
a peine éteints. Il chercha donc quelqu'un en écat de repouffer
au milieu d'eux les intrigues du Cardinal il s'adreffa pour cet
effet au grand Bafnage, avec qui il étoit en correspondance,
Celui ci lui Indiqua le jeune Court, comme la perfonne la plus
capable d'opérer les effets qu'il détroit. Le Prince dépêche
un Gentilhomme auprès de lui il en apprend, avec cet intérêt:
qui fuie une grande crainte, qu'on a déjà éconduit une partie des
Emiffaire.9 du Cardinal, qu'on travaille à faire échouer les folli-
citations des autres que les Proteftans ne cédenc en rien aux
Catholiques dans leur attachement à la Maifon Royale que
l'excès de leurs maux eft incapable de les faire manquer à leu~
devoir que les troubles des Cevennes, qu'on venoit d'éteindre~
ne furent que des représailles de quelques Villages, contre des
perfonnes qui les avoient pouffés par leurs atrocités, au plus
grand défefpoir; mais qu'ils n'avoient jamais penfé à le (bufiraire
l'autorité royale & qu'il en feroit de même tandis qu'il couleroit
une goutte de fang dans les veines des Procefians François qu~
telles écoiehe &: avoient toujours écé fes difpontions, celles dc~
tous les Proteftans, & celles qu'il infpiroit, au péril de fa vie;
à ce petit nombre de Fanatiques qu'avoient cgaré trente ans
'd'ignorance & de loix pénales. Le Prince, touché de ces fenti-
mens, fi différens de ce que la politique les faifoit croire, &:
n'ayant plus de crainte à cet égard, ne affurer le jeune homme de
toute fa bienveuillance, & lui ofMf une penfion confidérable
avec permifnon de vendre fes biens & de Ibftif du Royaume~
d
pour fe fouftraire au funefte effet de ces loix. Celui-ci, pénètre
de reconnoiuance, refufa tout, à caufe de l'expatriation qui
en devenoit la bafe, Se il donna lieu au Régent de réHéchic
~ur la biïarrerie des circon~ances qui le mettoient dans i'impoui-
fbilité d'êrre utile à d'excellens fumets, à moins qu'ils n'aban-
donnaient leur Patrie, & qu'il ne pût plus fe fervir d'eux.
Ce qu'il ne crut pas devoir faire alors à des conditions aufïi
avantageufes., il fut obligé de.le faire plus tard en abandonnant
tout, lorfque les loix pénales, qui furent renouvelléesà la majo-
rité du Roi, peferent avec une force fans égale fur lui & fur
une famille qu'il ne pouvoit plus rendre heureufe dans le fein de
fa Patrie.
Ayant tout facrifié au devoir, &c ne pouvant nous laiuer du
bien, il voulut du moins nous laitier la SCIENCE titre avec
.lequel on n'eA étranger nulle parc avec lequel on peut fe rendre
utile à tous en fe faifant du bien à foi-même. D'ailleurs nous
étions demeuré feul d'une nombreufe famille, ôc nous en étions.
devenu plus précieux.
Il nous dévoua à l'étude, 6c il avoit à cet égard les plus grandes
vues il jugea fans doute à notre docilité, à notre'patience, à
notre taciturnité, telle qu'à huit ans, le Spectateur nous parut un
:homme étonnant, parce qu'il étoit accoutumé à ne parler que par
gedes, que npus pourrions faire de grands progrès dans les
.Sciences .Spéculatives, & reculer les bornes des connoinances
humaines, fur lefquelles il lui paroiubic qu'il y avoit encore
.~prodigieusement à taire.
Il fut notre premier Maître dans un tems où à peine pouvions-
nous bégayer il nous donna enfuite tout ce qu'il put trouver
de plus habiles Inftituteurs il nous lia avec de Grands-Hommes,
jl'tmitié qu'on avoit pour lui rejaillUïbit fur nous, il auroit voul~
que nous eu~ons embraué l'univerfalité des connoinanceS tn~
maines. Ce qu'un homme a pu faire, nous difoit-il, un autre
doit l'exécuter il nous fit de ne étudier diverfës Langues le
.Latin, le Grec, l'Anglois, l'Hébreu, ôcc.
Mais les Langues n'étoient considérées que comme moyen H
fallut donc étudier d'autres chofes l'Hifloiré ancienne & md~
derne Sacrée, EccIéHa~ique Nationale; la Géographie laChro~
noiogie les Voyages, les Antiquités la Théologie, les Belles-!
Lettres, la Mythologie toutes les Religions du monde, pouB
connoître en quoi elles s'accordent, jufqu'à quel point elles font
la vétité il fallut en même.cems acquérir des notions plus ou
moins étendues des Mathématiques, de l'Agronomie, de la
Phyfique du Droit fur-tout, pouéder cet~é heureuse ôc ~age
Philofophie, qui fait fufpendre fon jugement fur tout, pour
mettre tout au creufet de la raifon; &: analyfant tout, aller chef*
cher la vérité au fond du puits.
Comme les idées nèttes fe rendent nettement par la parole
il voulut aufn que nous puffions les rendre nettement, librement~'
& très-couramment par FEcricure il nous fie faire même quel-~
quefbis, à cet égard, des tours de force uniques, & qui nous
ont infiniment valu, pour nous faciliter cette immense quantité
d'Extraits & d'Ecritures de toute efpece que nous avons été
obligés de faire, de DiQIonnaires même entiers qu'il nous a
fouvent fallu copier avantage fans lequel nous euffions fuc-
combes fous le poids des recherches.
Jl noùs fit aufli apprendre le deuin connoilfance qui paro~t
étrangère à un Homme de Lettres, & qui nous a été très-utile
pour copier & pour nous rendre propres les monumens de tous
les Gecles, de même que pour composer les planches & les
partes du Monde Primitif Nous faififfohs même avec emprefïo<
ment cette occafion de témoigner notre reconnoiuance à un Prince
de Wefiphalic, M. le Comte de la Lippe, qui nous aûbcia aux
leçons qu'il prenoit dans ce genre.
Notre excellent PERE, digne de tous nos regrets, & fécondé
par une Epoufe d'une force d'ame peu commune qui veilla fans
ceffe à notre éducation, & qui ne vivoit que pour fa famille
ménsgeoic en même tems nos forces & notre fanté peu ferme, pat
'des exercices modérés afin que nous euflions dans un corps
fain, un jugement fain & dans la belle faifon nous allions fou"
,vent paffer quelques jours dans la campagne de M. Louis de
Chefeaux, Gentilhomme aufli diûingué par fon efprit fes con-'
Doiuances & fon mérite que par fon rang. Il avoit deux fils
l'un devenu un des premiers Savans de l'Europe, peut-être le plus
grand Aihonome depuis Newton l'autre plus jeune & de qui
nous avions l'avantage d'être compagnon d'étude tous élevés
fous les yeux de leur mere, fille du célébre Philofophe de Crou~
faz & par fon goût & fes lumieres, digne de fon illuftre Pere.
Tems heureux! Maifon chérie! dont nous ne perdrons jamais
le fouvenir, & à laquelle nous ïainnbns, de même avec empref-
fement, cette occafion de rendre nos hommages de même qu'à
l'Homme grand & refpedable dans la maifon de campagne de
qui nous écrivons ceci & qui depuis que nous avons le bonheur
de le connoître veut bien en quelque façon nou3 tenir lieu de
tant de pertes FAM! des HOMMES, pouvoit-il ne pas avoir quel,
~u'amitié pour l'Auteur du Monde Primitif?1
Mais pour en revenir à nos écudes, nous nous y prêtions dd
notre mieux, autant que pouvoient le permettre la dinipation de
la jeuneiï'e une fanté long-tems foible, une mémoire lente &;
ruelle qui fe refufoit à tout ce qu'elle ne concevoit pas.

~(/
y\T* 1.~f
T~ a
A~c~fc de refondre ces Z'j'
Parvenus à l'âge où l'on prend un état & où nos Camarade!
d'érude écoient déjà avantageufement placés nous ne crûmes
pas devoir les imiter & fuivre à cet égard les confeils Sages OC
prudens d'une fortune au-deHbus du médiocre nous renonçâ-
mes courageufement à toute vue d'ctabliiïement ordinaire, pour
revenir fur nos études afin de les perfectionner d'après nous-
mêmes & de parvenir s'il fe pouvoit à la folution d'une foule de
difficultés dont nous avions cherché en vain l'explication dans
tout ce qui exi~oic perfuadés que ii nous y parvenions nous
trouverions dans la chofe même notre récompenfe & l'établiflé-
ment le plus conforme à une perfonne dévouée aux~ Lettres &c
ta vérité,
En effet, nous ne pouvions nous diflimuler qu'ayant ex~
n~iné ou appris tout ce qu'on avoit dit & écrit fur ces objets
Un'enréfultoit que longueur obscurité Se ignorance nous
avions vu qu'on ne favoit rien de poncif fur l'origine des Peu-~
pies &c fur celles des Sociétés qu'on fbutenoit a cet égard avec
'la même vraifemblance le pour & le contre qu'on ne favoit pas
un mot de l'origine des Langues qu'on déraifbnnoïc fur l'Ety-
mologie qu'on avoit perdu toute idée du rapport intime des Lan"
gues d'Occident avec celles d'Orient; qu'on avoit perdu jufques
a la vraie maniere de lire celles-ci que toutes les Grammaires
n'étoient quimperie&ion qu'on ne fe doutoit pas même dp l'ori-
gine de la Parole encore moins de celle de l'Ecriture qu'on
ignoroit absolument la vraie manicre d'étudier les Langues les
Méthodes qu'on employoit pour cela, étant en général longues~
faflidieufes, livrées à une routine qui ne connoiffoit guères
quo
~H~e;, ~e avec le fecours de laquelle on ne ponypit appren~rq
~u'un très-petit nombre de Langues fans être en état d'en ex-
pliquer les procédés & de s'élever au-deiïus de leurs régies.
Que la plupart des anciens monumens étoient muets parce
qu'on ne favoit ni les interroger ni s'élever au-deuus d'une let-
tre morte &c fans vie qu'on les expliquoit de même que les
Langues plutôt par routine que par une vraie oc folide connoif-
ïance enforte qu'on ne voyoit dans l'Antiquité que ruine ôc que
~décombres là ou on auroit du voir fcience iageue Se ordre
tnerveilleux.
Qu'on ne fe doutoit pas des vraies limites de la Fable &: de
l'Hiftoire: qu'on en faifoit le plus malheureux mélange,changeant
l'HiAoire en Fable &c la Fable en Histoire que c'étoit fur-tout à
Fégard de la Mythologie qu'on s'étoit égaré les explication3
qu'on en donnoit écant incapables de fatisfaire un homme raifbn~
nable parce qu'elles écoient prefque toujours contraires au fens
commun, & qu'elles n'offroient qu'un cahos qui donnoit lieu à
toutes fortes de difficultés qu'on s'attachoic à des traditions qui
n'amenoient à rien tandis qu'on ne faifoit nulle attention à des
faits ou à des procédés importans, au point qu'il falloit fouvent
faire le plus grand cas de tel monument qu'on rejettoit comme m-
'digne d'attention &c négliger tel autre qu'on croyoit merveilleux.
Que fi quelques vérhés avoient eu affez de force pour percer à
travers tant d'erreurs tant d'inconféquence &c un fi grand def~
ordre elles reftoient fans énergie & fans fuccès. On peut même
dire que nous n'offrons peut-êrre aucune vérité qui n'ait été fen-
ttie ou apperçue dans un tems ou dans un autre & qui ne foit
entrée dans quelque fyftême vrai ou faux telle eït en e~ët la ve~
rité, qu'elle ne peut fe laiffer fans témoignage, &c qu'elle pères
nécenairement à travers le broulilard le plus épais; mais les hom-
pies offufquéspar les préjugés méconnoifïbienc celles-ci ôc cllc~
B ij
leûoient confondues avec une foule d'erreurs & d'illunons ) en~
tre lefqueDes il étoit impoffible de la démêler fans des principes
antérieurs ôe certains.
~q~M par lefquels on ~/?~ cette r~/o/zM <~ ~co/<
~M en ont c/c la y~<?.
Il ne fuffifoit pas de connoître le mal fon étendue, il étoit
ôc
fur-tout queflion des moyens d'y remédier, & premierement de
la podtbilité ds faire mieux car fi cette multitude d'erreurs 6c
de préjugés fur l'antiquité & fur l'origine de tout, provenoient
du manque de monumens, de leur perte irréparable, ce qui
n'eût pas été étonnant, puifque iesdéfanres à cet égard ont été aufR
grands que multipliés, il falloit fe réfoudre à vivre dans une
ignorance qu'il n'étoit plus poffible de diutper; mais fi au con-
traire il reuoit affez de monumens relatifs aux grands intérêts des
hommes; H, en les rapprochant, ils formoient une mafle immenfo
& complette dans leur genre; fi, en les comparant & en les
tnterrogeant, ils s'expliquoient mutuellement,& s'il en réfultoit;
une vive lumiere fi c'étoient les hommes qui euffent manque
aux monumens, & non les monumens aux hofnmes~ on avoit
tout à elpcrer avec de l'adreffe, de la confiance & du courage..
Nous avions d'autant plus lieu de le penfer, que nous avions
tes plus fortes raifons de croire que ceux qui s'étoienc exercés
jufqu'ici fur ces oljecs, avoient toujours pofé de faunes limites
des principes erronés qu'ils ne s'écoient égarés que parce qu'ils
Broient mis des entraves qui leur faifoient manquer la vé'ité~
& les réduifoiënt à la néceuité de lui tourner exactement le
dos.
Nous fûmes dès-lors affurés qu'en les laiffant, eux & leurs
cnncipe~~ & qu'en prenant le chemin oppo~ en Jfbutenant (Q~
jours la contradidoire des propofitions qu'ils avoient pt!fes roue
bafe de leurs recherches, nous découvririons tiécefÏaire-nent de
très-grandes chofes, précisément tout ce qu'ils avoient efp:ré
<de découvrir & dont ils avoient été forcés d'abandonner la
recherche.
Ce chemin croît d'autant plus fur, que nous avions rafTemb)e
une plus grande maffe de connoifTances, que nous embraffions
un champ infiniment plus vafte, un beaucoup plus grand nombre
de Langues, beaucoup plus de vues, une critique plus févere~
J
enforte que nos conséquences devoient être plus lumineufes
plus fermes & que non contens de les examiner en fimples
érudits, comme on avoic toujours fait, nous étions en état, au
moyen d'une bonne Philofophîe analytique, de les foumettre
au creufet de la raifon & du bon fens, & d'établir dans le
~o/M~ Pr/z~y<s' 8C comparé <zMc J~Q/ moderne, une
fuite importante de belles vérités.
Que rien n'a été l'efrft du hafard que tout a fa caufe & fa
raison ;&c que rien ne te fait de rien. Que l'homme n'a jamais
été créateur en aucun genre; mais qu'il eft toujours pardd'élé-
mens exiftans pour faire quelque chofe, oc que ce qu'il a fait a
toujours été afforti à ces élémens, qui exiftans fans ceffe dans la
Nature, antérieurs à l'homme, indépendans de lui, donnent ia
raifon de tout, en les combinant avec la nacure de l'homme ôc
avec Tes befoins.
Que la Parole eft néce(ïaire qu'elle naquit avec l'homme;
.qu'elle n'a jamais été la produdion de fes foins, qu'il n'a pu que
les modifier qu'elle eft une fuite indifpenfable de la raifon':
qu'elle fe confond avec elle, enforte qu'il n'eft point étonnant que
le même mot ait défigné la parole & la raifon éternetle qu'elle
~'eA que la peinture des aidées données par la Nature immuable
& éternelle qui fe peint dans J'efprit, comme elle fe peint M
phyfique dans le miroir des eaux.
Qu'ainfi il n'exifte qu'une Langue une Langue éternelle ôc
immuable puifée dans îaNaturc raifonnable, ôc dont les hommes
n'ont jamais pu fe détourner que par conféquent toutes les
Langues exiflantes ne font que des modifications de cette Langue
univerfelle, à laquelle il eft aifé de les ramener, en les comparanc
~entr'eiles &: avec elle..
Qu'il exifle par conféquent une fcience étymologique, cer-'
taine, utile, néceuairej confolante, puifqu'elle donne la raifort,
claire & intereuante de chaque mot, &c qu'elle répand fur lui.
par ce moyen une vie nouvelle fort au-deuus de ce qu'il étoit~
lorsqu'on ne voyoit en lui que l'effet du hafard, fans aucun~rappoï~
avec l'idée qu'il étoit deAiné à peindre~
Qu'il exifloit par conféquent des Principes nécetïaires du lan~
gage, une Grammaire fondamentale ce naturelle, qui préudôic
à toutes les Langues, & dont toutes les Grammaires particulieres
.n'étoient que des modifications; ôc qu'on écoit d'autant plus aHurd
.de trouver cette Grammaire, qu'elle étoit nécenairement la iuice~
jdu rapport de la parole avec les idées ôc avec la Nature.
Que l'Ecriture ôc que notre Alphabet étant la peinture de cet
mêmes idées & de cette même Grammaire, pour les yeux, comme
la parole l'eH pour les oreilles., l'Ecriture en:au(ït néceuaire que
la parole qu'elle eft une comme elle & qu'elle eft auujettie
,aux mêmes loix.
Qu'il exifte par conféquent une méthode vraie, fimple ôc rapide
;pour étudier les Langues, autant au-den'us de la plupart des pra-
tiques ordinaires, que la raifon eft au deffus de la routine ÔC
~qui embrafle l'univerfalité des Langues avec plus de certitude
&: de précifion que les autres Méthodes n'en. avoient pou~
t'expiication d'une feule.
Que la nature physique ôc univerfelle n'étant que le lieu &
l'emblème de la nature intelligente ôc raifonnable, le langage
qui peignoit celle-là peint également celle-ci, par le feul aûe de
prendre chaque mot dans un fens figuré.
Que de-là réfukoic une nouvelle Langue ûiblime Se fburoe
d'une infinité de beautés ôc de richeffes, le langage figuré ÔC
allégorique dont les loix n'étoient pas moins nécedaires ôc im<
muables que celles du langage phyfique oc calquées exactement
fur les mêmes principes.
Que ce langage allégorique devient une clef effentielle de
l'Antiquité; qu'il préiïdaà fes Symboles, à fes Fétes,à fes Fables
à fa Mythologie entiere qui parole le comble de l'extravagance
quand elle eft féparée de l'intelligence qui l'anime, ce qui prend
une vie abfolument nouvelle ioriqu'on leve le voile qui l'enve~.
loppe; qui fe trouve ainfi un enfemble d'énigmes charmantes.
{dépôt facré de l'esprit oc de la fageffe des premiers hommes.
Que ces Principes fur les Langues n'étoient pas moins effentiels
pour la Langue Hébraïque, elle-même Langue defcendue de la
Primitive, oc qui doit fe lire de la même maniere que les Langues
d'Occident ce qu'on avoit totalement perdu de vue; d'ou étoit
réfulté un mur infurmontable de féparation entre les Langues.
d'Orient oc d'Occident, qui en faifoit une vraie tour de Babel.
Que ceux même qui ramenoienc toutes les Langues à la Langue
Hébraïque, ne tenoient rien lorfqu'ils ne s'élevoient pas Jusqu'à
l'origine même de cette Langue ~k qu'ils neconnoiubienc pas la
caufe de fes mots & leurs rapports aveola Nature elle-même.
Que du redreffement de toutes ces chofes, il dévoie réfultet
une connoiffance infiniment plus parfaite de l'Antiquité, oc la
.folution d'une multitude de diQicultés qu'il étoit impoffible de
yéibudre auparavant.
Qu'il en ré~ultoit fur-tout que l'état des Nations Sauvages ?
ignorantes, n'eu: pas l'état naturel de l'homme mais un état
défbrdonné, effet des déprédations~ des invafions, de l'abandon
de l'ordre, de la fuite de toute fbciété, un état de brigands
ou de frelons ennemis de tout travail.
Que les hommes forcis véritablement hommes des mains d~
Créateur, commencèrent par vivre en familles & en fbciécés~
d'en fc formerent avec le temps des Etats agricoles fburce de la
fplendeur des anciens Empires, de leurs connoifïances, de ces
traditions qui fuhMent encore parmi les Nations éclairées oC
.dont on ne pouvoit découvrir la caufe..
Que les Arrs les Loix la Navigation le Commerce na<
quirent néceffairement par & pour l'Agriculture q'ie tous ces
objets furent également reNec immédiat de l'Ordre, & non celui
du hafard ou d'un long & pénible tâtonnement :quc tout a eu fa
caufe néceuaire, même la Poëlle nos chiffres les danfes
icrées.
Que l'HI~oire ancienne & l'état primitif des hommes en
toient infiniment mieux connus, ett montrant l'accord abfblu~
ment nouveau de leurs traditions &c de leurs connotlïanees prinn-!
tives, en dégageant enfin rHiu:oire des Fables allégo-riques con~
fondues fans cefCe avec elle & en s'élevant jufques à ces pria*
cipes qui font la bafe des Empires & au moyen defquels ont
juge l'Hiftoire elle-même, qui n'eA plus que le réfuliac de ta
manieie dont les hommes ont obfervé ces principes éternels ÔC
immuables; car fi l'Hi~oife eft le Han.beau des Nations, ce n'e~
pas feulement en montrant que tels & tels Peuples ont été heu-
.reux ou malheureux ont eu ':e l'ée)ac ou n'en ont point eu mats
en~ comparant ces faits à une régte éternelle & invariable, en
montrant que les Empires n~ontReuri qu'autant qu'ils jfc font conr
jForm.é~
'termes à cette règle immuable & qu'ils n'ont été effacés de def-
fus la terre que peur avoir foulé aux pieds ces principes cet
ordre éternel ôc néceuaire fans lequel il ne peut exiger de bien.
Qu'autrement l'Hiftoire eft fans nul effet, tout n'étant plus
donné qu'au hafard tout ne dépendant plus que de mille petites
paffions dont on ne peut calculer que ruine & que folie.
Mais qu'avec ce principe, on voit diïparoître ce préjugé, trif-
te confolation des malheureux, qu'il eft impoffible que les Em-
,pires ïubH~ent à jamais qu'ils ont leurs périodes d'accroiue-
ment oc de ruine, de prospérité & de décadence, comme toutes
les chofes humaines maxime d'aveugles qui concluent, par ce
qui eH, de ce qui doit être, tandis que rien ici-bas n'eû fournis
auhafard~ ôc que comme le foleil luit de tout tems en obdinant:
toujours à la même loi~ainft les Empires fubnâeroient à jamais,
en ne s'écartant jamais de cet ordre érernel &c immuable qui feul
peut les maintenir, oc fur qui feul ils doivent fe régler.
Ayant aimi montré dans le Monde Primitif que les Sociétés en-
tieres, tous les Empires, font dirigés par un feul ordre poikique,
par une feule Langue par une feule écriture par une feule Gram-
maire au phyfique ôc au moral, on s'eft engagé à faire voir de la
même maniere que l'homme n'a pas été non plus livré au hafard
relativement aux grandes vérités de la Religion &. du Culte qui
.en eft la fuite.
Que l'homme.tenant tout à la fois, à la Terre par le phyfique;
au Ciel par la reconnoiuance par fes défirs, par fa vie intel<
Jeetuelle & s'y trouvant fans ceffe ramené par l'espérance & par
la crainte les deux grands mobiles naturels ce inféparables de
.toute adion raifonnée les droits du Ciel fur lui, & fes devoirs
.envers le Ciel, ne font ni moins forts ni moins immuables que les
droits de la Terre fur lui & que fes devoirs envers elle.
J~<vA Ib/~7. c
Qu'à cet égard il exifte une Religion éternelle & immua'"
ble qui fait la perfection de l'homfre qui accorde le Ciel & Ia~
Terre, qui eft une, que tous les hommes ont connu qu'aucun
n'a pu méconnoître fans rompre cette admirable harmonie, fans
manquer à fa dignité fans defcendre au-deffous de lui-même, <
fans fe regarder comme un vil infère qui n'en' deviné qu'à brou"
ter la terre, qu'à fervir de pâture aux animaux, de la même ma-
niere que ceux-ci lui en fervente fans qu'il ait fur eux de fupé-
jiorice abfbtue.
Que les grands principes de cette Religion ont été enseignes
dès l'origine des tems qu'ils ont toujours écé la régie de tous
les hommes & de touces les Sociétés ~ans qu'il foit poffible de les
détruire; qu'ils ne peuvènt être abandonnés qu'en renverfant l'har-
monie endere fur laquelle l'Univers eft fondée ôc en arrachant à
l'homme la gloire de fon exigence.
Que la révélation a heureusement ramené le? hommes à ces
premiers principes oubliés & négligés: & que les vérités qu'elle
a ajoutées à celles qui avoient été connues dès les premiers tems~
étoient plutôt devinées à accomplir d'anciennes vérités d'an cien-
nes promenés, à leur donner une nouvelle Sanction, à les retirer
de deffous ce monceau de ruines qui couvroient FUnivers qu'~
propofer aux hommes de nouvelles obligations~ des devoirs qui
ne fufient pas relatifs aux premiers à les ramener en un mot à
l'Ordre ancien & éternel, plutôt qu'à leur en offrir un nouveau.
Enfin que la Société ne pouvant profpérer que par tes indivi-
dus, chaque homme eft également foumis à un Ordre éternel ôc
immuable, au phyfique & au moral, tel qu'en s'y fbumettant,
il eA véritablemenc heureux fur cette terre par le contentement
d'esprit &c par l'utilité donc if eA à lui-même & auxautres en force
qu'il fe manque à lui-même ce aux autres non-Ieulement loriquit
'viole cet Ordre, mais même lorfqu'il ne le remplit qu'en partie; &
'que négligeant,par exemple, fon exiftence intellectuellc.il fe borne
aux devoirs phyfiques, à la vie des ÂLCïNE & des CiRCj~ qui chan-
gent les hommes en animaux, & qu'il ne tient nul compte des
devoirs moraux dont ceux-là font le Support~ & dont ceux-ci
:~bnc le couronnement & la gloire.
Qu'en un mot, il exi&e un ORDRE éternel & immuable, qui
.unit le Ciel 6c la Terre le corps & l'ame la vie physique
la vie morale, les hommes, les Sociétés, les Empires, les
Générations qui paffent, celles qui exigent, celles qui arrivent,
qui fe fair connoîrre par une feule parole, par un feul langage
par une feule efpéce de Gouvernement par une feule Reli-
gion, parunieul Culte, par une feule conduite, hors de la-
quelle, de droite & de gauche, n'eft que détordre confunon 1
-anarchie & cahos, fans laquelle rien ne s'explique, & avec la-
quelle tous les tems, tous les langages, toutes les altégories,y
tous les faits fe développent, fe cafent, s'expliquent avec une cer-
.titude & une évidence irréMibles dignes de la lumiere écerneile
fans laquelle il n'y a point de vérité, & qui eft elle'mê~e la vé-
fité faite pour tous les hommes, & fans laquelle point de ialuc~
II.
.D~ Plan général <K' r<?~/o/z/zc.

C'eft afin d'établir ces grandes vérités 6c de faciliter l'ac-


.quiRtion des connoiuances humaines, en affurant d'un pas
.~gal les heureux effets qui en doivent être la fuite que nous
annonçames les diverfes parties dont feroit compofé le M o N D E
PRIMITIF.
Nous dîmes qu'il léuniroit deux fortes d'objets généraux, les
Mots &: les Choies.
Ci;
.Cij
Que la portion des Mots offriroit ces dix grandes Parties.-
ï. Les Principes du Langage, ou Recherches lufl'Origute
des Langues ôc de l'Ecriture.
a. La Grammaire Universelle.
3. Le Dictionnaire de la Langue Primitive,
Le Didionnaire Comparatif des Langues.
Le Didionnaire Etymologique de la Langue Latine:
~~7,8. Ceux des Langues Françoife, Grecque &: Hébraï-
que.
Le Dictionnaire Etymologique des Noms de lieux He~
ves, montagnes &cc~
10. La Bibliothéque Etymologique, ow la Notice des Au-
teurs qui ont traité de ces divers objets.
Nous ajoutâmes que la feconde portion, celle qui traite des
Chofes, feroit fubdivifée en deux Parties. l'Antiquité Allégo-
rique 6c l'Antiquité Hi~orique.
Que la premiere contiendroit
j. Le Génie fymbolique & allégorique de rAntiquité.
2. Sa Mythologie & fes Fables lacrées~
3. Les Cofmogonies &C Théogonies de tous les Peuples:
Les Peintures ïacrées de l'Antiquité, fes Emblèmes ïbï)
Blafon &c.
La Do~rine Symbolique des Nombres.
Le DiCHonnaire Hiéroglyphique de l'Antiquité avec'ies~
figures.
~ue l'Ahciquité'JIiïiôrique renférmeroit ces huit objets
i. La Géographie du Monde Plimitif.
a~ Sa Chronologie.
Ses Traditions & ion Hiftbîre~
Ses .Uiages oc j[es Mœurs,.
y. Ses Dogmes.
6. Ses Loix Agricoles.
7. Son Calendrier tes Fêtes, ton Afironomie~-
Ses Arts tels que fa Poëfie, &c.
C'étoient ainfi XXIV objets différens- que nous nous enga"
gÏons de mettre fous les yeux de nos Leûeurs & nous don-
nions en même tems une idée de la maniere dont nous les rem~-
plirions, & de nos moyens pour y parvenir, afin. qu'on, pût ju-
ger de ce qu'on devoit en attendre.
Nous n'avons pas encore rempli, il eft vrai l'étendue de ce
Plan; mais ce que nous en avons déjà publié peut faire juger de
l'importance de nos vues, des avantagés qui en réfultent de la
certitude de notre marche; or que nous fommes allés peUt-êcre
fur chacune de tes Parties, fort au-delà de ce que nous avions
promis d'autant que nous avons déjà fait paroître des Ouvrages
fur les trois grandes dtvutbns du Monde Primitif y oc fur-tout
ceux qui fervent de bafe à l'édifice entier.
Ainfi, relativement aux mots~ nous avons rempli ces obJet~
Le premier, rôrigme du Langage & de rEcriture.
Le iecond~ la Grammaire UniverfeUe~ qui eft: devenue en
,même..temps une Grammaire critique oc une Grammaire com-
parative.
Le cinquieme & le fixieme, les Dictionnaires Etymologiques
de la~ Langue Frauçoife & de la- Langue Latine.:
Et nous avons fous preue le huitième~ ou le Di~ioanaire'
Etymologique de la Langue Grecque, par rapport auquel, de >

même que fur la Langue Latine nous allons fort au-delà de ce


que nous avons promis, donnant des Di~onnaires complets Ja~
routes ces Langues tandis que nous n'en avions annoncé qui les
racines.
Ainfi cette portion de notre travail e~ d'autant plus avancée~
que ces objets étoienc les plus difficiles à traiter, ~c qu'ils font
la bafe de tout ce qui nous reûe à faire à cet égard & c'eft à
caufe de leur importance~ quc nous avons fait un Précis féparé
de l'Origine du Langage & de l'Ecriture, & de la Grammaire
..Universelle & Comparativç.
Quant aux cinq autres objets que nous n'avons pas encore pu
traiter expreuement on a pu s'anurer de ce qu'on a lieu d'attendre
de nous à cet égard, par tout ce que nous avons femé dans les
,-cinq Ouvrages déjà annoncés fur la Langue primitive, fur le
Dictionnaire Comparatif des Langues, fur la Langue Hébraïque~
fur-les Origines des noms de lieux, dont on a vu des Efïais très"
étendue dans nos Difcpuis Préliminaires fuf la .Langue Françoife
&: fur la Latine.
Relativement à l'Antiquité allégorique, nous avons développe
le premier objet, le Génie fymbolique &: allégorique de l'An-
tiquité, &: nous. avons peut-'être furpané de beaucoup, à cet
,égard, l'attente de nos Lecteurs.
Nous avons également développé une portion coniïdérable du
Second, en expliquant les trois grandes'Fables Orientales de Sa-
turne de Mercure & d'Hercule, outre ce qui eft répandu dans
le volume du Calendrier & dans le Difcours Préliminaire fur la
.Langue Latine.
Quant à l'Antiquité Hi&orique, qui ne peut fe développef
;avec fruit que lorfque nous aurons publié la partie entiere des
.Langues, nous avons déja fait paraître cependant le feptième ard-
.cle t fous le nom d'HisTOiRE Civile, Religieuse & Allégorique
CALEND~.t6& .(ans comptejc jes divers morceaux gui .CQa~:
poSent ce huitième volume, & plufieurs autres qui'paroîtront-
dans l'intervalle des Dictionnaires pour en adoucir la monotonie
&' la Sèche rcSIe.
N'omettons pas les Obfervations que nous mîmes à la tête de
notre Plan général oc raiSbnn~ pour démontrer que la route
que nous prenions, & par laquelle les monumens ne devenoient
pour nous que des conféquences & non des principes, écoit la
feule qu'on dût fuivre &: qu'elle conduifoit néceffairement à
des réfultats lumineux Obfervations de la bonté defquelles il
fera maintenant fort aifé à nos Loueurs de luger d'après couc =

ce qu'ils ont déjà vu. de notre marche.


» L'inSpe~ion & la comparaifon exa6re de~ monumens Seuls w

dînons-nous, eft un mauvais guide ces monumens nous mon-


trent, la vérité, ce que les hommes des premiers Siècles ont
fait; mais ils ne nous éclairent pas Sur les motifs qui les porterent
ou les déterminerent à le faire. Le défaut de lumière iur ces
motifs ne nous permet pas même d'entrevoir fi les matériaux
répondent à la destination qu'on leur a donnée, s'il ne nous en
manque point. fi ceux qui, dans un rapprochement SyStéma-
tique, nous paroiffent les mieux aSïbrtiSy ne laiffent pas un vuide
dans leur vraie place, d'où on les adroit éloignés &c comment =

fe délivrer d'une multitude de doutes ïur le choix de la place


que chaque, pièce doit occuper, lorSqu~on n'a pas fous les yeux
lé plan général de ce vafte monument y auquel rout ce qui exiAc
fur la terre doit fe rapporter avec la dernière précision?i'
Dé-là toutes les erreurs dans lesquelles on écoit tombé fur
l'Antiquité, tous les faux principes qu'on s'étoit faits, & qui
éearcoienc diamétralement de la vérité ces opinions bifarres,
que chaque moc écoit l'effet du hafard, qu'il n'exiStoic point de
Langue primitive q~e la Parole &: la Grammaire n'écoient~H~
pétrel du hafard de la convention~ du caprice -que vouloir en
rendre raifon, c'éroit un délire une extravagance que la Fable
-n'écoit qu'une altération de l'Hifloire que les arts de premier
beloin n'~voient été découverts qu'après les efforts réitérés, les
,effais les plus pénibles & très-imparfaits de plufieurs milliers de
Siècles comme fi l'homme avoit commence par être un vrai
fauvage dans toute rétendue du terme.
» Ce cahos difparoîc, ajoutâmes-nous, ces erreurs cèdent
forcément à l'ordre, -la clarté, a l'intérêt, lorsqu'on s'élève
.à un .principe antérieur à tout monument, qui les a tous amenés~
qui les explique .tous qui les lie tous, le BesoiN.
Par le befbin toujours preïïant, toujours renaiffant, l'homme
fut conduit à tous les arts à toutes les connoiuances; il y fut
conduit par la route la plus prompte & la plus fûre. Comme
ces besoins étoient phyfiques, ce fut dans la Nature même,
.observée par la fagacité & par l'inceingence~ que les hommes
puiferent tous les moyens de fatisfaire à ces beibins. Et comme
,ces beibins furent les mêmes dans tous res tems, nous avons Ix
plus grande certitude, une certitude de fait, que ce qui a~xiné
autrefois exifte aujourd'hui dans fon intégrité, & n'a fubi d'autre
altération que des exténuons 6c des développemens que les Mo-
numens de l'Antiquité ne font que'les témoins des moyens qu'on
employa pour fatisfaire aux befoins de l'humanité, comme nos
monumens actuels ne font que les témoins de nos befoins & de
nos reffources & qu'en confrontant ce qu'ils dépofent à l'égard
du préfent & du paffé, nous aurons non-feulement le vrai fyAé-
me, mais l'Hiiloire de tous les tems, de tous les Monumens
Nous conclûmes que pour embraffer ce Tableau dans toute
fon étendue, il fuffifoit de fe tranfporter au moment ou corn~
~nenca la chaîne dont ~e necle a~uel ~brme le dernier anneau.
Qu'euiRon~
» Qu'euHions-nous fait alors ? Que feroient aujourd'hui ceux qui
fe trouveroient placés dans des cireon~ances pareilles ? Ce que
nous fuppbfons que nous ferions, eA précifément ce qu'ils firent
en effet, parce qu'ils le firent & que nous le ferions néceuaire-
ment.
» Les hommes liés en (bciété fsntirent la néceuité de connot-
tre les befoins individuels & d'indiquer les moyens d'afMance
qui pouvoient les contenter ou les faire ceïler de-là, une Lan-
gue primitive tranfmife néceuairement d'âge en âge; dé-là, l'in-
vention & la conservation des Arts & des Loix) &c.
a)Ain~i tout ce qui exifte ne préfente plus que des raïons
partant d'un même centre & renfermés dans un cercle qui les lie
tous qui les claffe tous, & qui indique, non-feulement les rap<
ports, mais la raifon &c le motif de tous. »
Ennn dînons-nous~ la rapidité de notre marche, la muiti"
tudcdenos découvertes~ l'harmonie qui régne entr'elles,Iama-<
niere dont elles s'appuient mutuellement la facilité aveo la-
quelle le Le~eur nous fuit à travers les recherches les plus ca~
pables d'enrayer les attraits qu'elles lui présentent le vif inté-
rêt., qu'il y trouve, tout doit perfuader que nous fommes dans le
bon chemin. Cen'eA pas ainu, binons-nous encore, qu'on mar-
che, iorfqu'on a manqué fa route les obAaclejS fe multiplient
les prétendus principes deviennent Aériles la perïpeûlve efl con-
fufe, embrouillée~ les fauffes routes &c les exceptions deviennent
fi fréquentes, que loin d'avancer on efforcé de renoncer en<
fin à fon enireprife.
Tout ce que nous a~ons eu le bonheur de publier jufques-ici
paru marqué à cette empreinte on n'y a point vu d'embarras~
a
de tâtonnement, rien de louche ni de contradIQ~e quelque
~irférentes que foient entr'elles les diverfes Parties de notre Plan
Tow. A D
¡
que nous avons déjà remplies, on voit fans peine qu'elles font des
portions d'un même tout, qu'elles te fondent fur les mêmes prin-
cipes, qu'elles s'appuient mutuellement, que ce font "des chaî-
d'une même chaîne dont l'enfemble fe développe i'ucceuive-
nons
ment on y a même vu ce qu'on avoit peine à croire que d'a-
près ces grands principes, l'Antiquité eu: mieux connue de notre
tëms que du tems des Grecs &-des Romains que nous enten-
dons mieux que leurs profonds Jurifconfultes leurs Loix an-
ciennes, celles entre les Loix des XII Tables, par exemple, que
Ciceron convenoit n'être pas entendues de fon tems que les li<
vres de la plus haute antiquité font plus clairs aujourd'hui qu'ils
ne l'étoient pour leurs anciens Interprètes que nombre de quef-
rions qui fembloient infolubles ceffent de mériter. ce nom
on vua m6:ne que les grandes découvertes faites depuis notre
Annonce par d'illunres Voyageurs ou par des Savansdiuingucs~4
font toutes venues à l'appui de nos Vues on diroit que c'eft pour
nous qu'elles ont été faites & pouvoit-il en être autrement ? La
vérité en une, elle efl. dans tout l'Univers, de tous les tems, de
tous les lieux on doit donc, lorfqu'on la pofféde la retrouver.
par-tout, & tout doit en devenir la preuve.
Comme l'aiman attire le fer de par-tout, de même un princi~
pe vrai doit attirer à lui toutes les vérités; toutes doivent venir fe
ranger en foule autour de lui. lis le favent bien ceux qui élévent
des hypothèse!! plus brillantes que folides ceux qui ont cmbraf-
fé des fyûêmes qui ne portent pas leur convidion avec eux ils
veulent les trouver Far tout, & cherchent par-tout quelque vérité
qu'Us Ruinent ramener à leurs vues, ils le! voyent ainfi par-tout s
m:m malhcujteufement eux feuls ont cet avantage.
li n'en en: pas ainn de nous nous ne les allons pas chercher
jelles naiffent de toutes parts elles fortent en foule de quelque~
principes fimples & lumineux: nous ne les épuifbns pas mcme;
on trouve encore à glaner abondamment après nous chaque
jour des Savans dilUngués trouvent de nouvelles preuves de nos
grands principes & le tems n'eu peut-être pas loin où on fera
fort étonné que nous ayons été dans le cas de prouver la vérité
de ces principes.
On a vu d'ailleurs que nous nous bornions toujours dans no-
tre travail aux objets indifpenfables nous euuions pu donner le
double de Volumes en fuivant la trace des Critiques les plus
illustres en rapportant les paroles propres & en original des Au-
teurs que nous citons & en tranfcrivant ce qu'on avoit déjà
penfé fur les objets que nous traitons mais ceux qui n'ont le
tems que de connoître la vérité, ne fe foucient guères des erreurs
dans lefquelles on a pu tomber & ceux qui en font curieux;
peuvent fe fatisfaire en parcourant les Bibliothéques, ce vafle dé"
pot des penfées humaines.
Des /~o/z~ qui o/ y<?/7/.
Une chofe plus effentielle, c'eSt de juuirisr la manière dont
nous faifons paroître nos volumes, fans fuivre l'ordre tracé dans
notre Pian, comme fi nous en voulions cacher les défauts, ou
comme fi nous n'étions pas affurés de notre enfemble.
Si nous euffions fuivi l'ordre de notre Plan général, que nous
eufnons commencé par les principes du Langage, ôc par l'expo-
sition du DI~ionnaire Primitif, nous n'euSIions point incerene~
nos Le~eurs, & la ïécherene de cette Méthode lynthécique les
auroit fait renoncer d'autant plus vîte à nos recherches qu'ils
n'en auroicnc jamais vu la certitude.
La Méthode fynthécique, excellente pour fe rendre compte de
~e qu'on fait déja~ eft le comble du délire quand on s'en fertpoui;
étudier des objets qu'on ne connoît pas encore avec e!!e on
commence par pofer l'exigence de ce qui eu en queftion en-
fuite, on cherche à connoître les preuves de fon. cxiftence; on
commence par l'inconnu, pour aller de-là au connu auffi n'eft-
elle propre qu'à faire des perroquets. La Méthode analytique
que nous fuivons, au contraire, dans le développement du Mon-
de Primitif, procède d'une maniere dirca.ement oppose nous
commençons par ce qui eft connu pour arriver de conséquence
en conféquence à l'inconnn qui fe trouve ainG démontré au
moment où on parvient jufqu'à lui. Quand on a tour découverte
qu'on employe à la bonne-heure la fynthèïe pour rendre compte
de tout ce qu'on a vu, tout comme on a recours à une opération
d'Arithmétique oppofée pour vérIHer une opération déjà faite.
Voyons maintenant fur chaque partie de nos. Recherches les
vétités nouvelles que nous avons fait connoître~ou les grandes.
maffes que nous avons déjà établies, & qui doivent être confidé~
rées comme la bafe ferme & folide de ce que nous avons encore à
développer &c comme une preuve de fa certitude ôc de fba
utilité.
.P~ trois Allégories Orientales.

Nous ouvrîmes la Scène du Monde Primitif par un morceau


propre à exciter la curiofité par trois Allégories relatives au
plus grand intérêt phyfique des Etats Agricoles FHiAoire de Sa-
turne armé de la faulx &c mangeur de fes enfans celle de Mer-
cure armé du Caducée, Interprète des Dieux, Conseiller fidèle
de Saturne celle d'Hercule armé de la maffue couvert de la
peau du Lion, Général de Saturne~ & qui foutient douze travaux
qui ne femblent bonsqu~à amufer les enfans. A la tête~nous mîmes
;tm Fragment de l'antiquité qui avoit fait le tourment de tous ie~
Critiques, qu'on défefpéroit d'entendre & qui lié écroltement
ces trois Fables avoit l'air tout auffi ridicule tout auffi extra~
vagant l'Hifloire de Cronus ou ~e Saturne par Sanchoniaton.
Nous fîmes voir que cette Hifloire devenoit très-belle, crè~
lumineufc très-intéreïïante prife dans le fens allégorique
que c'étoit la feule manière de l'expliquer que dès-lors Elion
ou le Très-Haut, chef de cette Famille, écoit la Divinité même t
Uranus &: Ghë fes enfans le Ciel & la Terre Berouth qui eft
comme leur mere, la Création. Que du mariage du Ciel & de
la Terre y mit Cronus-Saturne c'en-a-dire le laboureur armé
de !a faulx & qui venge la Terre des infidélités du Ciel, en rai-
fant par ton travail qu'elle rapporte conflamment fon fruit:
que cet événement arrive auprès des eaux parce que fans eaux
nulle agriculture qu'il époufe cinq femmes dans le fens allège~
rique, & qui toutes lui font envoyées du Ciel. Rhéa ou la
Reine des jours, dont il a fept fils Aparté, ou la Reine des
nuits dont il a fept filles les fept jours 6c les fept nuits de la.
femaine: Dioné ou l'abondance Eimarmené ou la Fortune Ho-
ra ou la faifbn favorable & qu'il feconnoiubit pour Rois ou
Dieux de la Contrée, ,?a~au
ou le Soleil croulante
s
ou la Lune & Iou Demaroon, Jupiter, l'Etre par excellenc&~J
le grand difpenfateur de l'abondance.
A cette Famille, en étoit unie une autre non moins allégori-
que, celle du vieux Nerée pere de Pontus, grand-pere de Nep-
tune & de Sidon, dont la voix étoit admirable &c qui Inventa le
chant des Odes.
Tef eu le portrait du vieux Nérée il écoit toujours jufte oc
modéré, toujours vrai & ennemi du menfonge & de toute ef.
péce de déguifement nous avons fait voir que ce portrait dont
~ucun Critique n'avoit pu trouver le motif ctoit parfaitement
conforme à la propriété des eaux de peindre les objets, & de les
peindre ndelement c'en: dans ce miroir que les Bergères con-
temploient leurs graces ingénues, & qu'elles ornoient leurs cêces
de fleurs, lorrque l'art n'en avoit pas encore imaginé de factices.
Nérée eft le Dieu des eaux courantes Pontus eu: le pere
des mers ou des grandes Eaux; Neptune en. le Dieu de la Navi-
gation.
Sidon eft l'Emblème ou la Déefïe de la pêche & des grandes
,Villes maritimes; c'eft-Ià qu'accourent les Arts & les richeffes fil-
les du Commerce & de l'Agriculture &c qui mènent à leur fuite
les beaux Arts, la Poëlie la plus fublime les chanfbns & les
amufemens de toute efpéce.
Si Saturne fonde des villes, c'eft que fans Agriculture il n'exis-
te ni villes, ni ports, ni abondance ni navigation, ni commerce.
Dans ce tems-là les defcendans des Diofcures s'embarquent ÔC
'élèvent un Temple fur les frontières du pays ce qui eft encore
vrai dans le fens allégorique les Diofcures ou enfans du Ciel
font les grands propriétaires les Maires de la Terre leurs
Defcendans conûruifehc des vaiffeaux pour diMbuer leurs pro-
ductions dans tout l'Univers :&c s'ils y élévent un Temple, c'en:
que dans l'Antiquité religieufe, tout lieu de Commerce fur les
frontières de deux ou de plufieurs Peuplés étoit toujours un
Temple .confacrc à la Divinité procc~rice du Commerce que là
dans les tems marqués chaque année ëc a la fête du Dieu, fe raf-
fëmblo~nt tous ces Peuples pour leur Commerce que c'étoit
tout-a-!a fois un tems de foire, de pelerinage de fèces & de dan.
fès les Marchands trafiquoient les dévots alloient au Temple J
laJeuneHe danfoit, toutes les denrées fe vendoient bien, & cha-
cun s'en alloit gai, difpos & content: que telles font encore nos
foires & les fêtes de Paroiffes toujours unies an Commerce & aç-
pompagnées de quelque foire grande ou petite.
Ce Dieu tutciairc tenaic une grenade à la main, fymbole de
la prospérité ô(.de la mutuptication des peuples, par l'agriculture.
AinH tout: eïï: allégorique dans ce beau fragment venu de la
Phénicie & on nc pouvoit mieux en peindre le Héros, qu'en
l'armant de !a faulx avec laquelle il moi~bnnc les champs, ÔC
qu'en lui faifant manger fes enfans, qui font tes propres récoltes.
Et telle e(c la nature de ces expUcations aHJgoriques~ qu'elles
embraient la cotaiitc des traits & des noms renfermés dans les
Fables à expliquer que chacun de ces traits eH: un ~mbc!c
plein de fens, qui peint parfaitement fon objet ëc que tout ce
qui arrête le plus dans la Fable, les actions en apparence les
plus cruelles & les plus abominables des Dieux, font des aile"
gories très'(!mples & crcs-Juûcs d'évenemens naturels.
Si cette hiftoire de Saturne eft rcellemen!: une brillante allé-
gorie, qui peint a grands trairs l'invention de l'Agriculture &c
fes heureux effets, celle de Mercure en cil une autre non moins
brillante, qui peint l'invention du Calendrier ou de FAlmanach~
fans lequel l'Agriculteur ne peut rien faire, & qu'il con(ult$
toujours.. On ne pouvoit en mCme tems tonner à Mercure un
ticre plus jude que celui d'Interprète du Ciel, & un fymbole plus,
fennbleque le Caducée, quJL neft autre chofe que la fphcre ou
la reunion de FEquateur & de i'Ectipdque, qui peignent les révo"
lutions du Soleil, ba~edecout Calendrier, de tout Almanach.
L'Hiftoire d'Hercule &: de fes XII Travaux ne renferme égale-
lement aucun trait, aucun fymbole, aucun nom qui ne foit allégo.
rique, & qui ne forme un enfemble parfaitement jufte,> qu~
peine, on ne peut mieux, tous les travaux champêtres pour le.
douze mois de l'année, en commençant par l'étranglement de..
dcux Dragons, qui forment le caducée, & qui font enfuite jettéa
au feu de la Saint-Jean, au Sol~ice d'JEcé:
Nous avons fait voir également les rapports des VI grands
Dieux & des VI grandes Déefles avec les mois de l'année qui
en font préiïdcs le rapport des neuf Mufes & des trois Graces
avec ces douze mois & de quelle manière ingénieufe on avoit
mis en hifloire les révolutions de la Lune & du Soleil, représentes
toujours, celui-ci comme un grand Roi, comme le premier des
Rois de chaque nation, prefque toujours en guerre avec un
autre, pour une belle Princeffe que Ménès en Egypte, Bélus
en AHyrie & à Tyr, Mmos en Crète Ninus à Babylone;
Paris à Troye, Menélas à Sparte, Céçrops à Athènes Enée
à A)be, Romulus à Rome, font chez chaque Peuple un feul
Ce même fymbole, celui du Soleil, Roi fuprême de la Nature
phyuque &c de l'Agriculture,
Que Sémiramis, AHarté/Europe, Hélène, Paliphaé, leurs
monûres~ leurs fureurs, leurs adultères, font autantd'allégories
brillantes relatives à la Lune & à tes rapports avec le Soleil
d'Et~ & le Soleil d'Hiver~ l'un vieux & l'autre jeune, qu'elle
époufe fucçeflivement,
Quant à la caufe dè toutes ëes allégories, nous avons raie
voir que dans les premiers tems ou on étoit privé des moyens
de communiquer promptement les' idées par l'écriture ot~
crayonnoit à grands traits fur les murs des Temples, des perfon*.
nages diûingués, chacun par un fymbole qui lui étoit propre
pour repréfentër chaque faifon, chaque mois, chaque travail du
mois, chaque fête de la faifon l'Hiver fous la Dgure de Vena;¡
le tems de la Moinbn fous celle de Cérès la ChaMe fous les
traits de Diane; le Soleil d'Hiver fous la forme d'un Roi accabld
d'années, & pere de cinquante enfans; le Soleil d'Eté fous la~
forme d'un jeune Prince rayonnant de gloire; la Lune fous çcllç
d'une Déçue ornée d'un croiffant,
JEnfuite
Enfuite on donna un nom à chacun de ces Perfonnages; on
leur forma une généalogie on leur forgea une hiftoire relative
aux objets -qu'ils étoient deninés à peindre.
Lorfque dans la fuite des temps, on eut des Calendriers d'une
.toute autre efpèce des Calendriers écrits bn oublia totalement
le rapport de ces récits avec ces vieux Calendriers qui n'exiftoient
plus, 6kdonton n'avoit nulle idée oc on prit tous ces récits pour
autant de faits réels, oc d'autant plus refpc6hbles, qu'ils étoienc
étroitement liés avec le culte, qui étant agricole, étoit lui-même
relatif à ce Calendrier ancien & primitif.
De-là l'erreur de tous les Mythologues qui cherchoient des
faits hiAoriques fous tous ces fymboles ôc fous toutes ces Fables,
ce qui ne trouvoicnt rien, parce que ce n'étoient pas en effet des
monumens hiftoriquew mais qui en anéantiubient toute la beauté,
parce qu'ils ne faifoient aucune attention à l'enfemble des fym-
boles, oc qu'ils ne prehoient de tous ces traits, que ceux qui leut
plaifbient, rejettant tous les autres au rang des fables maniere
de travailler très-commode, mais auui qui ne mené à rien parce
qu'elle eft abfblument arbitraire 6c dénuée de tout fondement.
Quelque conviction que porte avec foi un enfemble auffi fou-
tenu, aufÏi raifonnable, oc qui offre un auul grand intérêt nous
crumes devoir y mettre la derniere main, par notre Diuertacion
fur le G~NtE SYMBOLIQUE ET ALLEGORIQUE des Anciens, où nous
fîmes voir fur-tout que l'Antiquité eut néceuairement le Génie
Allégorique, qu'elle en eft convenue, que la tradition ne s'en en:
jamais effacée, & que ce Génie efHa véritable clef de l'Anciquicé,
fur les objets qui ne font point hiftoriques, ayant préudé à tes
Fables, à fa Poéfie, à fon Culte à fes. Fêtes, àfon Calendrier,
à l'Agriculture entiere tout ayant été perfoniné, oc tout l'ayant
~té de la maniere la plus agréable oc la plus intérefïante.
D~ T. E,
Telle eft une des grandes vérités que nous nous propofions dè-
faire connoître aux I~mmcs, ce un des grands principes que
nous dénrions de leur démontrer &c dont les conféquences
fbnt fi vaïtes, H nombreuses) fi belles, H diverunées d'où résulte
fur-tout que là Mythologie entiere eA fondée fur des caractères
allégoriques qu'on ne peut méconnoître & fur une langue
formée de tous les noms & de tous les fymboles qui en- défignent
tous les Perfonnages,. noms:&cfymboles tous nécenaires~ tous
puifés dans la Nature,: tous parfaitement d'accord entr'eux'Bc
avec la Nature: Langue très-belle, crès'-riche~; très-poétique,
dont on n'avoit cependant aucune idée ~&dontr nous tâcherons
de réunir les membres épafs, dans la fuite: dei nos Recherclies
Mythologiques.-
J~/?0~</M~Ï/M~/7~
Plufieurs de ces vérités reparurent avec dé nouveaux dëvelbp-*
pemens dans l'HiAoire Civile, Religieufe & Allégorique du
Calendrier.
Dans la première Partie nous fîmes voir que dans l'origine, les
hommes connurent les principes de l'Agronomie & la vraie
nature de l'année que dès les premiers tems, l'année étoit com-
pofée d'un nombre de jours, régulier & parfaitement géométrique,
de trois cens foixante jours, divifion exacte du cercle
que
telle fut l'année du Déluge que très-peu de tems après on fut
obligé d'augmenter l'année de cinq jours, la Terre ne parcourant
plus dans l'efpace jufte de trois cens foixante jours, le cercle
qu'elle décrit chaque année autour du Soleil, .parce que ton axe
n'eft plus parallele à celui de la Terre, comme avant le Déluge,
foit que ce dérangement ait été la caufe ou l'effet de ce terrible
événement.
Nou& fîmes voir cnfuite que tous les. noms relatiis.cheztou~
les Peuples connus au calendrier, à l'année, aux mois & à leurs
diviiïons écoient tous ngnificadfs, tous choifis 6c déterminés
9

avec fageHe, aucun l'effet du hafard.


Et que toutes les Fêtes anciennes celles des Egyptiens, des
Grecs des Romains, qui femblent toujours extravagantes
impies, ou l'effet de la vile ïuperfUtion Payenne, étoient prefque
toujours des Fêtes de la plus haute Antiquité, fondées fur la raifon,
relatives à l'Agriculture, & dignes d'avoir fervi de modèle à la
plupart de ces Fêtes du Chriftianifine, qu'une partie des Chrétiens
n'ont rejettées que parce qu'ils les regardoient comme des imita-
tions des Fêtes nées de la lie du Paganifme; ôc que les grandes
Fêtes Chrétiennes font aux grandes Fêtes Payennes, ce que l'allé-
gorie eft à la lettre, ce que le moral eft au phyfique le Soleil
de juflice ayant fuivi les révolutions du Soleil phyfique, Roi de
la Nature phyfique &: ayant brillé, une de fes révolutions
complettes.
Dans cette feconde Partie du Calendrier, nous avons répandu
une vive lumière fur une grande partie des Faites Romains chantés
par Ovide, &c fur lefquels les Romains eux-mêmes avoient entière"
ment perdu la vérité de vue; nous avons développé en même tems
l'exigence allégorique d'une multitude de Perfonnages qui en-
troient dans le Calendrier, ce qui n'offroient qu'un vrai cahos,J
lorfqu'on les conMéroit comme des Perfonnages hiftoriques; tels
qu'Anna Perenna au mois de Mars les Rois en fuite à la fin de
Février, Remus & Romulus au mois de Mai, Janus le premier
de Janvier. Nous avons auffi raHembié fur les Saturnales fur
les Jeux Séculaires ou Jubilés Romains fur les MyAères &c.
une multitude défaits peu connus & éclairci nombre d'objets
&: d'allégories intéreiïantes.
ALinS le fynéme allégorique s'cf!: développé de plus en plus 6c
eft devenu d'autant plus intéreuant qu'il porte fur des objets
ufuels communs aux Modernes comme aux Anciens, & liés aux
trois grandes Allégories Orientales relatives à cette Agricul-
ture fans laquelle il n'exige aucun Empire, aucune Société poli-
cée ôc éclairée.
Enfin, dans la troifiéme Partie, nous avons fait voir comment
les Anciens avoient changé en autant de perfonnages toutes les
portions de l'année oc fur-tout la multitude de ceux qui font nés~
chez chaque Nation du Soleil & de la Lune, Roi &. Reine de
l'Univers phyHque Chefs de l'année ..Dire~eurs des jours oc dc~
nuits Dieux tutélaires de tous les travaux.
Origine du Langage <~ de /C/
L'exécution de notre Plan elt beaucoup plus avancée relati-
vement aux Mots que par rapport aux chofes c'é& que celles--
ci tenant aux mots ne peuvent être discutées avec utilité ôc avec
un fuccès rapide, qu'autant qu'on a déjà acquis la connoiuance des
mots dont elles dépendent cette partie, bafe de toutes les au-
tres, a donc exigé nos foins de préférence ajoutons qu'elle eft
d'une utilité innante par la facilité qui en réfultc pour l'étude des
Langues par conféquent pour accélérer les progrès des Jeunes
Gens. Le Public lui-même aparudéfirerquenous traitauions les
Langues de préférence, foit qu'on ait cru qu'avec ce fecours on
pouvoit aller fort loin, où que notre travail à cet égard feroit
plus fur, moins (yûêmatique.
Mais avant:de.traiter des Langues en particulier nous avons
.recherché l'Origine- du Langage en général ou: de la Parole &
celle de l'Ecriture.
Ici, nous avons préfenté des vérités aufïi neuves que fur l'Ai~
légorie.ôc auffi étroitement liées avec la Nature.
Nous- avohs'démontré que l'homme étant un Etre intelligent,
il étoit nécenairement un Etre parlant, puisque la parole eft lé.
miroir de l'intelligence ,fbn orgariè propre, fon véhicule ce-
lui par lequel elle fe développe elle ïe communiqua ~'inûruit,
& fe perre~ionne qu'ainfi, la parole eft un a~e- auffi naturel à'
l'homme que ces tentations qui le conAituentEtrcfenuble&c ani-
mal & dont aucune ne dépend de lui.
Que la; parcle étant nst~telle à l'homme, & par conféquent,
tout ce qu'on difoit du langage comme l'effet de la conven-
tlon &c de.longues recherches, étant une pure chimère il en ré-
fulte que la parole eft l'effet des organes de l'homme mis natu-
rellement en jeu par fon intelligence pour peindre fes idées 6&
que de ces. organes résultent des ibns~ o~des tons naturels
étémens néce~aires de la parole, ôc dont retendue eft tellë~qu'el-
le fe prête à tous les befoins de la~ parole parce que ces fons.
&: ces tons ont entr'eux toutes les propriétés néceuaires pour
peindre toute l'étendue des idées; tous les objeH phyuq.uesoc
moraux fources de ces idées.
Que de-là réfulta néceHairement une maue de mots primitifs e
monofyllabiqaes, qui peignent 1& Nature entiere, & qui ne purent
jamais varier, parce qu*on ne pouvoit-pas employer pour chaque
objet un mot plus propre plus fignificatif plus conforme à.
~'idéc qu'on vouloit peindre.
Que ces mots rbrmoren<rla Langue primitive dont aucun Peu-
ple ne pue s'écarter mais que chacun put étendre ces étémens
& les développa en-effet de trois manières, en ehdérivant d'autres
par l'addition de quelques terminajubhs en les aubciant deux a

initiales..
deux, trois à Mois, ou en les-modinantpar des Prépoutions!

Qu'il n'exifte aucun; mot danï aucune Langue qu'on ne puiue


ramener à l'une ou l'autre de ces quatre cloues mots pnmi~fs
dérivés, binomes & compotes.
Que la vraie maniere d'étudier les mots d'une Langue, e~ de
les réunir par Familles nombreufes, en rafïembJant fous chaque
mot primitif, tous ceux qui en font defcendus, parce qu'au moyent
de cette Méthode on appercoita l'inflant la raifon d'une prodiT
gieufe quantité de mots &c qu'il n'en eft aucun qui ne faffe ta-
bleau, & qui ne foit d'autant plus fatisfaifanc qu'il a dès-lors une
énergie qui eA à lui, pleine de force &c de vérité, fort fupérieure
à l'état inanimé qu'il oSroit, lorfqu'on ne le confidéroit que com-
me l'effet du hafard &c de la convention & comme ayant fi peu
de rapport à l'idée qu'il oJnroit~ qu'on auroit pu l'employer pour
en déHgner d'opposées.
De-la réûilte la facilité de ramener toutes les Langues à une
au moyen des mots primitifs communs à tous, combinés avec les
divers J~b~ du Langage ou avec les fons. que chaque Peuple
adopte de pré'ference, par la facilité avec laquelle ils fe fub~ituent
les uns aux autres phénomènes fondés fur la Nature fournis
au calcul & à de règles certaines &: peu nombreuies.
Que de.là réfulte Cnnh cet Art Etymologique, fi long-tems &
fi inutilement cherché, parce qu'on felivroicaces recherches au
hafard, fans principes fans aucune connoiuance de caufc: qu'an
fe bornoit fur-tout à remonter avec peine d'une Langue connue
à une autre en panant des Langues modernes au Latin ou au
Grec.Cc de celles-ci à l~Hébreu~fans penfer à fe rendre compte des
Langues 'Orientales elles-mêmes ce qui n'écoit rien faire.
PàNant dé-là àl'origine de l'Ecriture dont on nepouvoit éga-
lement fe rendre raifbh faute de principes nous avons démon-
tré qu'elle a également fa fource dans la Nature que de même
~qu'on avoit pris celle-ci pout guide dans rArc de la parole~ on
avoit également été obligé de la prendre pour guide dans fEcritu-
re qu'on n'avoit eu qu'à peindre chacun des objets que représente
chaque lettre & que la Parole fe trouva ppm~e p ar. I,Eçritnre t
que dé-la naquirent les lettres alphabétiques dontles yoyellespei"
gnent) la Langue des fenfation~ tout ce qui eA relatif aux fens
~l'Ecriture & à la propriété; oc dont les confbnnes peignent la~

&[f~.leuMjBappoits' .) .j ~f;
langue; des idécs~i touttjep q.Ut eA relatif aux qjua~tés~des objets

Nous avons vu de plu~ que l'e~m~e dps o~etS) peints ,paï:


ces voyelles &: par les confonnes~ eA relatif a l'homme pour qui
feul l'écriture fut inventée &c qureft d ailleurs le centre de tou-
tes les connoiËances qu'am6:l'A)peignic,premie~ern€nt~'hQmme
hti-méme E~bnviiage~O,fQnoBH; QU)Ibn:or&ille~I~ ~main;.
R, ÏbH nez~ S, fes- dents:; Bi jfa thai~on P ,Ia bquche~entr'ou<
verte & là Parole K la Langue &c les; lèvres AL les ailes 6c
tes;bra~, C & G~.la gorge; M~ ta ntiere de famille N~ ïbn nour-
riffon Th, le fein qui le nourrie H~ le'c!liamp eH~v~.des,main$.
de l'homme.; Q~Ia<;force~SMec I~uelleiU' agit~. I,es. in~rumens
tfanchans ~agens<de~ eecte.tbrcë.JËnnM 1\ la perte~ion~ Feniemble
i
de tout; cette figure peignant l'homme~ qui, les bras étendus~em-
Brane l'Univers,oc forme la ngtu'e.de.la Croix~rEmblêmeconf-
tant de la perre~ion Ce de raccompUfIement de tout.
Nous avons vu en même tems que cet Alphabet rem.oncoic à la~
plus haute antiquité, &: qu'antérieure ladi~pernon des Peuples~
il fe retrouvoit chez toutes les Nations qui ont écrit: ou écrivent~.
& de qui il refte quelque monument écrit ou gravé qu'il n'exige.
en un mot~ aucune écriture qu' on'ne puiffe ramener avec quelque
attention à celle-là; même récriture des Indiens~ même celle des
Chinois, chez qui nous avons montré les mêmes cara~eres avec~
la. même valent.
Ces principes une fois établis, il en eS réfulté une nouvelle
force, en faveur de ce que nous avions dit des rapports intimes
des Langues d'Occident avec'celles ~d'Orient; & paur cOnnrmet
nosvuesfut~a vraie ôc antique prononciation-de celles-ci~ altérées
par le laps de tems &: par la racilice~M~ont les ~bns de Ce ïabfMtuet
les üns aux autres~ d'autant plus que les générations fueceSIvet
d'un même Peuple opèrent~ -dans une feule Langue les mêmes

"r:
altérations que la diversité des Peuples occafionne dans une: même
Langue .en uh même'cipacc de tems.

1 >
~a<ï~~
~rlnalyjè ,i
des Langues:
Z<ï/ï~Mj.
DHbns un mot de la manière dont nous fommes parvenus
analyser cette multitude ~le Langues dont nous parlons dans le
Monde Primitif, qui ne nous étoient pas toutes connues lorfqme
nous commentâmes d'y travailler~ & qui nous ont été d'une
grande utilité pour parvenir à la démon~ration de nos principes
& à la découverte du Monde Primitif
Nous n'eûmes pas de peine a fencir que les Langues que nou$
bavions, ~c auxquelles on borne le nom de favantes, le Latin
le Grec oc l'Hébreu ne funtfbient pas pour nous dévoiler rori"
gine des Langues & celle des Nations qu'il falloit pou~r nos
recherches plus loin, ann de pouvoir consulter un plus grand
nombre de monumens, & d'avoir ie plus grand nombre potRble
d'objets jde comparaifon. Nous commençâmes donc à étudier
l'Arabe, d'après la méthode que nous avions conçue~ & en mettant
a part les mots .que nous connoiffions pour les avoir vua
dans les Langues que nous favions déjà c'étoit autant de gagnée
ôc nn grand encouragement pour notre travail nous vîmes
J
par ce moyen, que nous favions déjà beaucoup d'Arabe (aas
l'avoir étudié. Nous pafsâmcs à d'autres Langues., oc nous f~mes
la même épreuve avec le même fuccès; ce fuccès fut tout autre
lorfque d'après les rapports qui nous frappoient nous nous fumes
fait une clef comparative des changemens que chaque lettre
éprouvoit dans chaque Langue; car dès lors les rapports furent
infiniment plus nombreux & plus intéreffans. Nous n'avions qu'à
prendre un Primitif quelconque, ouvrir tous nos Dictionnaires
d'après cette clef, & en peu de tems nous raffemBlions une Famitle
nombreufe, composée de mots de toutes les Langues, formés
de ce primitif, & présentant les mêmes idées.
De-là notre Alphabet primitif, notre Langue primitive, 1*0-
rigine du Langage ôc de l'Ecriture la Grammaire Univerfclle
tout l'enfemble de nos Diûionnaires. Voyant dès-lors qu'aucune
Langue ne pouvoit nous réMer nous jugeâmes que c'étoit le
moment de nous livrer à d'autres Recherches, en y procédant d'a-
près les mêmes principes, &: en profitant de l'avance prodigieufe
que nous donnoit la clef des Langues fur tout, la connoifiance du
Langage figuré que nous trouvâmes toujours fondé fur la Nature
Ce fur la valeur physique des mots ce qui devint encore pour nous
une feconde clef d'une reffource infinie pour le développement
Ce l'intelligence des énigmes mythologiques &c pour redreuer
celle d'une multitude de monumens anciens qu'on avoit affreu-

<?/7Z/7M~ t/<
fement défigurés par la privation de ces deux admirables clefs:
Co/T~p~r~
Les mots font les Élémens de la Parole comme les cou-
leurs font les Ëlémens de la Peinture mais afin que ces mots
puiffent te réunir en Tableaux &: peindre les idées il faut
les anbrtir entr'eux de manière qu'ils correfpondent aux diver-
fes parties de l'idée & les unir de façon qu'ils ne forment qu'un
to.ut comme elle. De-la réfulte la Qrammaire ou l'Art de pein-
dre les idées elle nous apprend quelles efpéce: de mots répon?
D~ lo/Ke.
dent à chaque partie d'une idée, oc les formes qu'il faut donner
à chacun de ces mots, afin qu'ils fe lient entr'eux & qu'ils ne pré-
fentent qu'un tout auffi net, auffi fenfible, au~I brillant que l'idée
qu'on vouloit peindre. Cet Art de peindre par la parole, eft ap-
pelle 67~7M//M~? elle doit fon nom à un mot Grec qui embraffe
ces diverfes idées.
A cet égard, nous avons beaucoup ajouté à ce qu'on en avoit
dit avant nous dans diverfes Grammaires plus ou moins approfon-
dies, plus ou moins parfaites. Et cela n'eft pas étonnant dès que
nous avions établi que la parole étoit néceuaire &: qu'elle étoic
la peinture des Idées, il en eft réfulté que tout ce qui conftitue
la Grammaire a été également néceuaire que rien n'y a dépendu,
de la convention humaine, & que pour la connoître on n'avoit
qu'a analyfer l'idée, en connoître les diverfes parties & les
rapports de chacune de ces parties.
Par ce moyen, nous avons répandu fur la Grammaire une firn-
plicité & une certitude dont on la croyoit fufceptible, qu'on
cherchoit & qu'on n'avoiè pu trouver, faute de bafe. Nous avons
établi chaque partie du Difcours fur des cara~ëres absolument
diAinds les uns des autres nous avons fait voir que les diverfes
formes qu'on leur donne & qui conftituent la déclina! fbn, ou les
Cas & les Verbes, ou les Tems, font toutes données par la Na-
ture, & qu'elles fe trouvent dans toutes les Langues, ou expri-
mées par un feul mot, ou développées par plufieurs & que le
génie de toutes les Langues à cet égard eft le même que le Fran-
<
.çois, le Latin, le Grec, le Chinois, Langues qui femblent fi
J
disparates repofent cependant fur les mêmes principes, ont les
mêmes règles, la même Grammaire &c qu'elles ne différent que
par des modifications particulieres qui ne contredifent aucun des
principes fondamentaux & néccnaires du Langage; qui les con-~
arment au contraiie.
t
Nous avons fait voir en particulier que les Cas étoient donnés
par la Nature elle-même qu'ils fe trouvoient dans la Langue
Françoife comme dans la Latine & la Grecque que celles-ci
navoient d'autre avantage fur celle-là que d'avoir anigné pour les
noms une terminaifon particuliere à chaque Cas, comme le Fran-
çois en a pour les Pronoms que de~là réfuica l'avantage unique
pour ces Langues de pouvoir changer à volonté la place des
mots dans les Tableaux de la Parole, fource pour ces Langues
d'une richeue & d'une variété de Tableaux à laquelle ne peut at-
teindre la Langue Françoise & par ce moyen a été réfolue
d'une maniere très-fimple la grande queftion de n/z~?o/z, fur la-
quelle on fbutenoit avec la même habileté le pour & le contre
& qui par-la même fembloit interminable; car on dcmandoit quel
étoit le plus naturel des deux arrangemens des mots du François
ou du Latin & on écoic porté à donner la préférence au François;
d'oùréfultoic que l'arrangement Latin étoit contre nature, ou
moins naturel ce qui ne pouvoit que répugner.
Mais ils font auffi naturels l'un que l'autre pourvu que nos
idées fe peignent d'une manière exacte & intelligible le vœu de
la Nature eu: rempli peu lui importe qu'un mot marche devant
ou après un autre, dès que l'effet en le même.
Au contraire, la Nature riche & féconde, ne le plut jamais à fui-
vre triftement une feule & même route fans ceue, elle varie fes
formes, toujours nous la trouvons différente d'elle-même lors
même qu'elle eft le plus femblable à elle-même.
Ne faifons pas, dimes-nous~ l'affront à ces Génies créateurs &
~enubles, qui appercurent le chemin agréable que leur traçoit la
Nature, en leur présentant la variété des cas, & qui, pliant leur
Langue à ces vues, la rendirent capable d'imiter la Nature de la
panière la plus parfaite ne leur faifons pas l'affront de les iC';
F~
T*~
xllv VUE GÉNÉRALE
garder co~me des perfonnes qui manquerent cette route, qu'
t'éloignerent de la Nature.
N'en concluons rien également contre ceux qui préMerent a
la formation de notre Langue. Livrés dans leurs forêts à une vie
plus dure, voyant une Nature moins agréable un Ciel moins
beau, connoiffant moins les charmes d'une Société perfe6Uonnée
par les beaux Arts, effet des -plus heureux climats, il leur falloit
une Langue moins variée, plus févere~plus grave qui fe rappro-
chât plus de la Nature qu'ils avoient fous les yeux. Notre Lan-
gue fut donc aufli naturelle que les autres & fi elle renferma
moins de contrafles elle n'en eut pas moins tes agrémens~ ayant
fu par les avantages qu'on admire en elle, compenfer ceux dont
elle écoit privée.
Et c'eft parce que les Langues Latine & Grecque font aufH
conformes à la Nature que la nôtre, que leur étude nous de-
vient.fi précieufe tandis qu'elle nous feroit néceuairement fu-
nefte fi elle étoit contraire en quoi que ce foit à la Nature on
n'appercoit entr'elles d'autre difrérence que celle qu'on trouve
entre deux Rivaux, qui difputent à qui peindra le mieux la Na-
ture, qui la rendra avec plus de force & de grâces: nous exer-
çant nous-mêmes dans l'un ôc l'autre genre, nous en deviendrons
infiniment plus forts dans celui qui nous eft propre c'eft-là un
avantage de l'étude de ces Langues, qu'on fentoit, quoiqu'on ne
put s'en rendre compte & c'eû-la une des grandes clefs Gramma-
ticales qu'on cherchoit & dont la découverte eft due au Monde
PrimidF à l'attention de n'avoir pris pour~ guide que la Nature
relativement à toutes les connoifïances humaines.
Faifant voir ainfi que Fenfembledes règles, en toute Langue,
.ïe borne aux fondions des Cas, nous réduifons prefqu'à rien cette
~mmenfe quantité de règles dont font compofées toutes les Gi.un~
piaires.
Et nous faifons difparoître toutes celles dont on ne favoit que
faire, & qu'on réunifloit fous le nom aborde d'Exceptions) en
faifant voir qu'elles font l'effet nécenaire & admirable de l'Ellipfe,
qui conMe à fupprimer dans une phrafe tous les mots dont re-
nonciation n'eft pas néceffaire pour la clarté de la phrafe, quoi-
qu'ils s'y trouvent en quelque fbrre en efprit ou mentalement,
parce que les mots confervés s'accordent avec eux, de la même
manière que s'ils étoient énonces.
Nous avons auni montré que l'Ellipse eft d'un ufage fi agréable
& fi intéreuant qu'on a formé en toute Langue des mots ellip*
tiques qui renferment en eux la valeur de plufieurs parties
différentes du difcours.
Il eu d'ailleurs peu de Parties du Difcours5 fur lefquelle~
nous n'ayons répandu quelque jour par des vues nouvelles fur
l'Article, en faifant voir fes différences d'avec le Nom furie
Pronom, en le définiffant d'une maniere neuve, & en démon-
trant qu'il a des cas néceuairement même en François dans
toute la rigueur du mot: fur les Participes, en faifant voir en quoi
ils different du Verbe &c combien ils lui font antérieurs fur le

que tout ce que nous appelions /f


;'Verbe en montrant qu'il n'en exifie qu'un, le Verbe &:
~<:?//j- font des formule:
elliptiques~ compofées du Verbe Etre. Enfin, nous avons fourni
un moyen très-Hmple d'analyfer tous les tableaux de la parole
en les rapportant à trois claffes, fous les noms de Tableaux Enon"
ciatif, Adif & Paffif, entre lefquels fe diu-ribuenc tous les Cas
& toutes les règles du Difcours, pour toutes les Langues ce qui
en facilite unguliérement l'intelligence & la comparaifon, puif-
que rien n'aide plus l'infirudion que des Principes très fim"
cles~ très*claiis~ ôc puifcs dans la nature même des chofes.
0/V~f JF/'<M~O~/<?J'.

Nous conformant toujours à la méthode analytique~ où l'on


pafïe du connu à l'inconnu, nous avons commencé notre tra-
vail, fur les Langues en particulier, par la Langue Françoife,
pour remonter de cette Langue fi connue à celles qu'on con<
noît moins, & pour répandre par elle du jour fur celles-ci.
Nous avons vu qu'elle écoit fille de la Langue Celtique de
cette Langue parlée par les premiers habitans de l'Europe, ôc
qui, fuivant les Cantons où fe fixèrent ces Peuples ) & entre lef-
quels ils fe partagerent, forma la Langue Gauloife confervée
dans le Gallois le CornouailUcn &c le Bas-Breton, la Languç
Runique, le Theuton, le Grec, le Lacm &c.
Nous avons établi ainfi le contraire de ce qu'on avoit tout
jours cru jufqucs à nous car les Savans, fondés fur le rapport
étonnant de ces Langues entr'elles, écoient perluad~s qu'elles s'é-
toient formées fur la Langue Latine ce qui lors même qu'il eû~
été vrai, n'auroit )evé la difHeuIcé qu'à moitié; car il reftoit tou-
jours à découvrir l'origine des mots fubfiftans dans ces Langues,
qui n'avoient nul rapport à ceux de la Langue Latine mots ce-
pendant dont on ne fe mettoit point en peine tant étoient im-'
parfaits tous les travaux dont on s'écoic occupé jufques ici fur
les Langues & tant on étoit dénué de principes fur les objets
les plus intéreflans teis que l'priginc de fa propre Langue mai
ternelle.
Comme la Nature eft toujours riche en moyens, elle nous en
a fourni pluueurs pour démontrer que la Langue Françoife~
vint de la Langue Celtique ou Gauloife, & non de la Latine; ca~
nous l'avons prouvée non-feulement par le fait, mais par la rai'?
fon même qui dit hautement qu'aucun Peuple ne put jamais
renoncer a fa Langue & par une preuve d'un genre peu connu &
qui écoic tout-à-fait conteûée, celle qui fe rire de la valeur ou
de la fignification des noms de lieux car dans les Principes du:
Monde Primitif, où tout a fa caufe les noms de lieux ont tou*
jours eu une raifon; & cette raifbn dans la haute antiquité a
toujours ou prefque toujours éré la nature même du local qu'on
avoit à désigner. Ainfi nous avons fait voir, que la Langue Cel-
tique fubiïâoit encore de nos jours dans la plupart des noms
de lieux du Royaume même dans l'IHe-de-France, même à
Paris & que ces noms étoient dérivés de mots également con-
fervés dans la Langue Françoife.
Quant aux familles de mots~ nous les avons divifées en quatre
claues pour chaque lettre.
t Les mots formés par Onomatopées.
2". Les mots relatifs à la valeur de la lettre même.
3". Les mots où cette lettre a été lubAIcuée à une autre.
Les mots empruntés manifeflement d'une Langue étran~
gere.
Cette difiribution fimple, naturelle & neuve de tous les moM
d'une Langue, eft de la plus grande utilité, non-feulement pour
fe former une idée très-jufte&ctrès'nette de la maffe entière d'une
Langue & de fes diverfes diûributions mais aum pour paffer
facilement d'une Langue à l'autre, & pour faifir l'enfemble des.
Langues.
D'ailleurs par cette méchode il n~en: aucun mot dont l'éty-
mologie puiffe échapper ôc la facilité avec laquelle toutes les
Langues fe ramenent à ces quatre clanes en rend l'étude auni
aifée qu'agréable, & devient une démonûration complettc par
~e lait, des Principes du Monde Primitif
O/V~P/Z~J Latines.
Ce que nous avions fait fur la Langue Françoise nous l'avons!
'exécuté enfuite fur la Langue Latine nous en avons claffé tous
les mots fous les quatre grandes divifions dont nous venons de
parler & nous avons vu la valeur de chaque lettre de l'alphabet
~e répeter dans la Langue Latine, & y former une multitude de
mots parfaitement conformes à cette valeur commune.
Ainu fe confirment non feulement les Principes du Monde
Primitif mais ils fatisfont agréablement l'efprit, qui voit qu'en
paffant de Langue en Langue il retrouve toujours les mêmes
bafes, les mêmes valeurs les mêmes idées & qu'il les faifit par
conféquent avec beaucoup plus de facilité & d'intérêt.
Nous .avons fait voir en même tems & par les mêmes moyens
que la Langue Latine defcendoic également de la Langue Cel..
tique comment les Celtes panèrent dans l'Italie pour la peupler
comment prefque tous les noms de ce Pays furent des dérivés de la
Langue Celtique, & relatifs à ceux que nous avions déjà expli<
qués pour les Gaules & allant plus loin~ comment la Religion
Primitive de fes habitans fut la même que celle de tous les peu-
ples Celtes.
Nous avons fuivi en même tems ces Colonies Celtiques en
Italie, dans leurs révolutions & dans leurs emplacemens nous
avons montré comment la divifion politique des anciens Peuples
de cette Contrée étoit elle-même l'eSët de la Nature chacun
d'eux s'étant placé dans une enceinte formée naturellement par
les montagnes & par les fleuves & au moyen d'une Carte que
nous avons éxécutée dans cette vue pour l'Italie, nous avons
donné un enai de la manière dont on pourroit faire les Cartes,afin
que de leur feul alpe~: on put énumérer les divers Peuples qui
iiabitent l'étendue de terre comprife dans ces cartes,
Notre
Notre attention s'eû enfuite portée fur les Romains fur ce
Peuple étonnant, qui ayant commencé par une fimple Ville d'un
territoire prefque nul fit infenfiblemenc la conquête de l'Italie, &c
enfuite avec la plus grande rapidité celle de la plus grande partie
de l'ancien Monde. Nous avons cherché à répandre quelque jour
fur leur origine, fur celle de leurs Familles Patriciennes, fur les
moyens par lefquels ils fe mirent en état de conquérir peu- à
peu l'Italie & d'anéantir la divifion politique que la Nature
avoit établie entre fes Peuples.
Ces premiers tems de l'Italie nous ont fourni également de
nouvelles preuves que l'Allégorie exerça fon empire fur tous
les Peuples, puifque nous en avons trouvé de nombreufes traces
chez les Sabins, chez les Albains, chez les Romains eux-mêmes
&: qu'on ne peut fe refufer à ces développemens, quoique jufques-
ici on ait toujours regardé comme hiftoriques les récits qui
nous ont tranfmis ces Allégories.
Nous femmes allés plus loin. Mettant fous les yeux de nos
Lecteurs des fragmens de l'ancienne Langue Latine, nous avons
fait voir qu'ils étoient plus clairs pour notre fiècle que pour
celui des plus illuftres Auteurs Romains parce que nous fommes
parvenus à des principes, 6c que nous avons raffemblé des objets
de comparaifon qui leur écoienc inconnus, & dont nous ferions
également privés, fi, à leur exemple, nous nous bornions à 1<
connoiffance des Langues Grecque &: Latine, ou fi nous n'apper-
cevions jamais que les faits, fans remonter aux principes qui
amenèrent ces faits,

.P~T~. 7 r:
D~/M~'o/z~T- divers o~< &' co/T~o/z~ ce ~77~
~b/H//Z~.
Le Volume que nous publions aujourd'hui eft dans un genre
abfolument différent de tout ce que nous avons fait paroître juf-
,qu'à préfent il ne fera pas moins propre cependant à prouver
l'excellence des Principes du .Monde Primitif, ~c le jour qui en
téfulte fur prefque toutes les connoiffances, de quelque nature
qu'elles foient on peut le confidérer comme un premier Recueil
de Di~Iertacions fur divers objets il roule fur ceux-ci
Un Edai d'HIAoire Orientale pour le VIJc fiècle avant Jefus-
Chrift un autre fur l'Origine du Blafon., de fes Symboles, de la
Monnoie l'Explication du célèbre Bouclier d'Achille celle du
Jeu des Tarots l'origine des Chiffres Arabes celle des Chiffres
Romains des rapprochemens fur les VIl Rois de plufieurs Peu-
ples.
Tous ces objets font traités d'une manière neuve ils con-
tiennent diverfes chofes qu'on n'avoit pas même fbupconnéesjuf-~
ques a préfent oc ils ne paroîtront fans doute pas indignes d'at-
tention.
Dans la première Differtatioti,. par exemple nous fuivons I&
fameux NABUCHODONOSOR. dans fes conquêtes nous l'accompa-
gnons jufques en Efpagne ôc nous montrons les caufes de cette
expédition, dont on n'avoit pas même l'idée nous faifons voir
quel de fes Succeueurs fut le Beltfafar de Daniel nous démon-
trons les voyages des Phéniciens autour de l'Afrique & aux
Indes: quels furent les lieux où voyagea Ménélas, félon Homère~
après la guerre de Troie les bévues de STRABON fur la Géogra-
phie d'Homore 6c fur les voyages d'Eudoxe; & à quel point les
connoiuances Géographiques étoient déjà détériorées de fba.
tems.
Nous prouvons enfuite que le BLASON fut pris dans la Na-
ture cité-même; qu'il nous vient des anciens Peuples de l'Orienta
& que n les Modernes ont cru qu'il n'avoit été inventé qu'au tems
des Croifades e'eft qu'ils ont confondu fon établiuement en Eu-
rope~ avec fon origine antique, erreur trop commune.
Un des'morceaux les plus brillans de l'Iliade eft la defcrip-
tion du Bouclier d'Achille exécuté par Vulcain ôe divifé en
XII'Tableaux, très-intéreuanschacMn en particulier; mais dont
~ufques à préfent on n'avoit pu appercevoir l'enfemble ni le but:
nous faifons voir que c'e~ un vrai Calendrier & que fes XII
Tableaux corréfpondetit parfaitement à l'écat de l'année Grecque
&:àfesXIImois:ohyvcrramémecesAnembIées du Printem~
de tous les anciens Peuples, que nos Ancêtres appelloient Champs
de Mars MaiÏs ou Parlemens.
Lé jeu des Tarots, jeu de Cartes fort connu en Italie à Avi-
gnon'~ en Suiffe, en Allemagne.très-nngulier, compofé de 6-
gurës bicarrés, & dont le bût ourob/et étoitaufH inconnu que
celut du BoàcUërid~chille~ fe préfente ici, comirte un jeu venu
lui-même des anciens Egyptiens, calqué fur leurs connoiiïancë~
politiques &: Mythologiques;&: comme ayant ~ervi de'modèle
aux Cartes Efpagnolcs~ qui ont donné lieu~ a leur tour aux C~art'es'
Francoiies.
L'origine des Chiffres Romains ~c ceux ides Arabes devenus
ceux'de toute rEurope~ n'en eft pas mieux connue, ils parurent'-
toujours l'effet du hazard mais dans, nos Principes ou tout eft
pris dans la Nature j.ils dévoient avoir une origine certaine ~6c

n~nt.i~
cette origine devoit être très-Hmple ce très-naturelle rfous faL
Ibnsdonc~voir;iûf que leurs tigures font, une peinture réelle, tre<
iimple. trè&- légeremMt! 'altérée des 'nombres qu'ils expr~

G ij
Atdtt le Monde Primitif s'élevant aux caufes de tout ce qui
exiûè ) rend toujours plus IntéreHans les objets de l'ufage le plus
commun qu'on croît connoîtrc le mieux, & prouve de plus en
plus que la Nature a tout fait, qu'elle a fourni aux hommes les
ëlémens de tout, qu'ils n'ont eu qu'à fe les rendre propres Se a
tes combiner en toutes manière~ fans pouvoir ni les altérer~ ni
les multiplier.
Quant à ia maniere dont nous avons rempli ces diverses Par-
ties ,ilparoîc par les approbations: ôc par les ençouragemens in-
finiment Hatteurs qu'on daigne: RQus donner de toutes parts que
nous l'avons fait à la~atisfa~ion du PubH€~& qu'on trouve que
nous ne'fbmmes pas reHés au-dcfïous de notre Plan*
Cet avantage inehimable, peut-erre unique & .très- glo<-
rieux pour nous nous affermit de plus en plus dans nos yues~
& eu un pûinant motif pour que ~ôu~ nous occupions fans relâ-
che de ces grands objets, &e que nous fatlions fuivre les autres par-
ties Je notre Plan avec la même célérité oc avec le même inté-.
;r€t pour l'Europe. Savante~ <k le même. fruic.pour lies ~ed~adon~
namantes. ;<
1
Appelles en quelque f~rte parJa Providence à~ ce travail inff-
truSif) nous no:us croirions coupables enyors elle, <envers no:
femblables envers le grand Ordre fi nous regardions cet ou-
vrage comme n'étant pas de devoir pomr n~as & ft noM n'ous
xelâchions un inûantdansrexpoHtioBdc ces grandes ydrit~s.)
jj.j~
DF~yM/ïOH~r6/?~<y~Z,c/7~'M~
Les Objets qui nous reftent a traiter pdurren~plm'1'étot~e
de notre Plan font encore très-nombieux mais d'a)pr~les~d;~ers~ 1

principes que nous avons déjà établis~ ôc d'après tout ce que nou~
avons mis fous les yeux du Public y on fent combien ce tra-
vail fera aifé, fûr & utile & nous avons tout lieu d'efpér~ qu'à
mesure que nous avancerons dans cette carriere elle paroîtra
encore plus incéreiïante.
Nous avons actuellement fous preiïe le Dictionnaire Etymo-
logique de la Langue Grecque, ouvrage unique en notre Lan-
gue pour laquelle la Soufcription en: déjà ouverte~ qui rajeu-
nira Ungulieren~ent cette belle Langue & ou l'on trouvera les
Racines mêmes des Mots Grecs qu'on regardoit comme radicaux~
& leurs rapports avec les autres Langues.
Nous nous propofons de publier enfuite le Diû:ionnaire Ety-
mologique de ces Langues Orientales qu'on avoit toujours re<
gardées fi mal-à propos comme la Langue Primitive.
Le Dictionnaire de la Langue Primitive, réfultat de tous ceux

P~
qui auront précède & dont l'exiflence Re la certitude feront dé-
montrées par cette multitude de bafes fur lefquelles il fera ap-

Nouspoutrions ajoutera toutes ces maues un Dl~ionnaire


.Comparatif des autres Langues d'Europe &c d'Asie.
Les rapports de ces diverfes Langues avec celles de l'Afrique
& de l'Amérique.
Lé Visionnaire Étymologique des Nom< de Lieux, Fleuves
Montagnes ~l'ancien Continent. `~

Un Tableau historique par Langues de toutes les Nations du


Monde Ancien oc Moderne; Tableau qui ne feroit pas la portion
jta moins piquante de nos vaiîes Recherches,
Le DiCttonnaire Hiéroglyphique oc Symbolique deTÀntiqui<
té, avec les 'figures des; objets phynques relatifs aces fymboles.
Nous nous trompons ibrt/ou ces divers Ouvrages doivent
paroltre cuneux & intérenans, ils completteroient du moins nos
travaux fur les Langues & fur la Parole, ils feroient voir éga-
Ïem~t comment elle fe prêta fans peine a tous les befoins phy.
siques & moraux des hommes & comment elle eft devenue la
bafe nécefïaire de toute Société &e de l'Humanité entière.

2.
0~ qui nous r~/?~ ~M~~r~r les Cn o s z t
/B~M~~ Allégorique.
On ne fera pas furpris fi nous difons que les objets qui nous
jre~eat à traiter fur les Chofes, ne font ni moins nombreux, ni
moins importans la maffe des Vérités céderoic-elle en quelque
.chofe à celle des Mots ? ôc fi ceux-ci, malgré leur fécherefïe
offrent des détails fi curieux fi étendus fi piquans quels ne
doivent pas être ceux qui conftituént l'enfemble de l'Antiquité
~Allégorique & de l'Antiquité Hifiorique, qui comprennent l'ef-
pace de tant de fiécles y &c qui embraffent la fagefïc & les avions
de l'Antiquité entiere, de cette Antiquité dont la longueur des
tems n'a pu effacer entierement l'éclat ) ~c qu'inuttrerent ~es Gé-
p!es Créateurs dignes d'une mémoire éternelle ? Nous nous efH-
merons heureux, fi, animés de leur feu de leur fageue nous
jpouvons en expota~t le fruit de leurs veilles jie leurs travaux j

plaire à nos fontemporains~&êtredcque.lqu'utilicé aux Géné-


rations.futur.cs.
i Relativement à l'Antiquité Allégorique
nous devons achevez
'l'explication de la Mythologie GreG~, !&c de celfe des Egyp.
nens expofer celle des Celles ou Scandinaves contenue 4ans
i'E D D A rafÏembler celle des Indiens~ célèbres dès les tems les
plus reculés par leur profonde fhgéue ~claircir les tems primitifs
(;
¡J
des .Chinoise les débrouiller de la.même manière que nous ~vone
développé ceux de notre Occident.' l
Ce fera nous pouvons le dire une Colleûlon unique qui
montrera d'un côté avec quelle fageHe les Anciens inventèrent
tous ces Emblèmes toutes ces Allégories &c d'un autre, quels
furent leurs Principes Philofophiques & Religieux ôc avec quel
fo~ & quel emprelfement arfe~ueux ils s'appliquoient à éclairer
la maffe entière de la Société, les Habitans des Campagnes comme
ceux des Villes c'eH qu'ils fentoient, qu'autant que les individus
d'une Société, d'un Etat, d'un Empire, font parfaitement inftruits
de leurs droits de leurs devoirs & des moyens de les remplir,
autant cette Société, cet Etat, cet Empire deviennent SoriHans
qu'ils ne peuvent profpérer que de cette manière. Dans nos Etats
modernes au contraire, les Villes & les Campagnes femblent for-
mer deux peuples différens, deux races d'hommes encore plus
ûppo(ées par leur langue & par l'intrusion, que par les maniè-
res & par les moeurs. Cette in~rudion s'y borne non-feulement
aux Villes beaucoup moins étendues que les Campagnes mais
même à une très-petite partie des habitans des Villes: on diroit
que ia fciencen'eft que pour un certain nombre de perfonnes ai-
fées & c'i(ives oc que l'enfemble des hommes n'en a~ aucun be-
foin.
Sans contredit, tout objet de connoiïïance n'cA pas propre pour
tous les hommes & l'habitant des Villes peut favoir une multitu-
de de chofes qui feroient très-inutiles au laborieux cultivateur
maisilexIAe un genre d'intrusion indifpenfable pour celui-ci,
&c très-bon pour des Citadins & c'eft ce genre d'inïtrudion que
connoifïbitn bien l'Antiquité primitive; pour elle, les champs
étoient tout, &: les villes rien qu~cn fous-ordre; &: elle,auroit cru
manquer le but de fes leçons fi elles n'avoient embraiïë l'en.
femble des Peuples & des Citoyens.
3'
~~M~ ~/?<?rz~&f;
La portion d'Hifloire ancienne que nous nous propofons d'é-
claircir eft celle qui précéda les tems où les Grecs oc les Ro<
mains commencerent d'écrire.
Ces Peuples les Grecs fur-tout, nous ont tranfinis nombre de
traditions relatives à ces tems anciens mais ils vinrent malheu-
reufement trop tard & ils n'eurent ni affez de critique ni affez
de connoiffance des Langues pour remplir cet objet d'une ma.
niere conforme à la vérité & à fon importance ils ne nous ont
laiffé que des matériaux informes, comme on ne s'en affure que
trop par la levure de tout ce que d'infatigables Ecrivains ont raC-
Semblé à cet égard, & par leurs vains efforts pour en faire un tout
lumineux & fans vuides. Plus on les lit & moins on en: fatisfait
& comment le feroit-on ? tout y étonnel'imagination, & rien n'y
parle à la raifon. On voit de grands Empires fans origine de
grandes révolutions fans caufes, de grandes connoifïances fans
principes, fans commencemens des armées innombrables fans
iubflûance des dépenfes énormes fans finance. Comme dans les
Romans faits pour amufer les Le~eurs, tout y eA en fcènes en
prefHges,&:on ne voit jamais ce qui les amené les hommes
femblent fortir de deubus la terre, ou tomber du Ciel fans que
rien ait préparé cette population immenfe, ou ait amené leurs ex"
ploits, leurs vertus, leur ~agefïe ou leurs vices pour rendre le
renverfement plus étrange on leur refufe la connoiffance de ces
Arts fans lefquels ils ne pouvoient avoir exécuté ce qu'on leur
attribue; & confondant renauration perfedionnemeht & com-
munication, avec invention, on place l'origine de ces Arts dans
des
Hes tems & dans des lieux fort poAérieurs aux peuples qui en
firent ufage.
Par un renverfement d'efprit plus étrange encore on nétrit
les Princes pacinques qui rendirent leurs Etats floriffans en ne
difant rien de leurs adions, ou en les faifanr paffer pour imbécil-
les. & on n'a pas affez de termes pour exalter ces Incendiaires qui,
-fembhbles~a des rorrens débordés, ont ravagé la terre renverfé
les Empires, détruit les ailles exterminé les peuples, anéanti les
connoiuances élevé fur des bafes r~ineufes des Etats chancelans
qui n'attendoient qu'un autre incendiaire pour éprouver à leur
tour la même cataftrophe. Tandis qu'on comble d'éloges les peu-
ples qui mirent les Arts en mignature, & qui les bornerent à l'uti-
lité perfonnelle on garde le plus profond filence fur les peuples
qui les voyoient en grand & qui rapportoient tout à rucilitë
éternelle des hommes & des Etats on s'excane fur celui qui rai-
.foit paffer des pois à travers le trou d'une aiguille, & on oublie
le nom de ceux auxquels on doit ces orgueilleufes Pyramid~
élevées dans le pays le plus renommé par fa fageffe; on ofe mê-
me les flétrir, en difant qu'ils ne les deftinoient qu'à leur fervir de
tombeaux tandis qu'on nous affure que ces Princes étoicnt tou-
jours dirigés par la Loi.
Tels font les teins dont nous entreprenons d'éclaircir l'Hiftoire;
tel eu: l'objet pour lequel nous nous fommes livrés aux recherches
-qu'oNrele Monde Primitif. L'entreprife n'a pas paru facile, &C
elle ne pouvoit le paroître mais par ce que nous avons déjà fait~
peut juger de ce que nous pouvons faire à cet égard & de fon
.on
utilité. On comprend fans peine que l'Hiftoire primitive prendra
néceuairement une nouvelle forme, en la féparant de ces Allégo-
ries Ce de ces Fables avec lefquelles on la confondoit fans cène
donnant l'intelligence d'une mnJ~u'ie de Monumens qu'oa
en
jD//7:r. H
n'entendoic plus, ou qu'on entendoit mal en rétabliuant une m~
finité de rapports qui étoient anéantis en jugeant par ce qui e~de
ce qu'on a fait en s'élevant ainfi au-deuus de ce cahos d'adions~
antiques dont on ne voyoit jamais la caufe &c en revivinant
l'Hiftoire primitive comme nous en aurons reviviné la Langue.
Nous publierons plutôt l'Hiftoire de l'Humanité que celle
des hommes les Mes de l'Univers, plutôt que ceux des Nations
ifblée~. Ce ne fera pas l'Histoire de tel peuple ou de tel nècle
ce qui importe peu, ou ne peut amufer que des oinfs; ce fera
l'Hiftoire de tous les Peuples de tous les fiècles parce qu'on'
remontera aux principes même de-l'Hiftoire qu'on fera voir que
tout Empire eut fa caufe, comme tout mot eut fa raifon que l'é-
lévation, la durée, la gloire ou la ruine des Etats ne dépendent
point, comme on l'a cru de panions ou de circon&ances locales
& panageres que ces événemens furent toujours l'effet néceuai-
re ôc calculable de la bonne ou de la mauvaife application des
grands principes de toute ibciété~ & que ces petites payions ou
ces circonftances ne firent que profiter de l'état des chofes & ne
l'amenèrent jamais. Les vents peuvent bien renverfer un édince
élevé fur des fondemens ruineux celui qui eft bien auis fe joue~
de leurs efforts.
Quoi les hommes réunis en ibciété, les Etats, les Empirer
ne pourroient calculer leur durée ne pourroient pas rixer leur
bonheur ils ne deviendroient pas fiables comme leur fol & pari
ce qu'on a vu des Empires paffer comme une vapeur que le vent
diffipe, on s'imagineroit que ce même fort attend inévitablement
tout Etat, tout Empire! 1

Non rien qui n'ait fa caufe fa raifon fon principe éternel


& immuable il en eft une qui fait à jamais la profpérité des Na-
pons & des Empires, c'eft l'obfervation de leurs devoirs
uMr
feule peut amener leur ruine e'eA la violation de ces 'devoirs
le pervertiffement des caufes auxquelles ils durent leur élévation
odeur profpérité.
Nous ferons voir que tous les peuples qui ont prospéré que
Ïes Chinois~ les Indiens, les Egyptiens, les Perfes, les Chaldéens
&: tout autre ancien Peuple, ne devinrent floriffans qu'autant qu'ils
furent attentifs à la voix de l'ordre &c dociles à fes leçons qu'au-
cun LégiHateur ne fut véritablerhent grand & utile à fes con-
temporains & au monde qu'autant qu'il connut l'ordre oc qu'il fut
en rapprocher fes loix.' que toutes celles qui y furent contraires~
ne purent jamais produire d'heureux effets qu'elles entraînerent
toujours la ruine de ceux qui ne furent pas s'en préferver.
Nous démontrerons cette'grande &: fublime vérité que le
'pervertiuement de cet Ordre a presque toujours fait mettre. au
xang des grands Hommes ceux qui n'écolentque,de grands fcélé-
iats ou de grands infenfés ;.qui ne voyoient pas qu'en forçant tous
les moyens ils ne brilloient que d'une gloire paHagere, oc que
cette fauffe gloire entraîneroit la ruine entière de cet Empire
qu'ils s'imaginoient illuftrer & aggrandir que les Etats ont tou-
jours trouvé leur tombeau dans ces fauffes idées de grandeur.
Qu'une des grandes caufes des malheurs de l'Humanité a été le
préjugé exclufif de fa propre excellence, qui a engagé chaque
Peuple à fe féqueurer, à s'ifoler à ne voir que lui, à ne perfec-
.tionner que lui, & qui les a privés fans ceHc du fecours & de
rappui qu'ils auroient trouvé dans tous les autres.
Qu'aucun Empire de la terre ne pourra être tout ce qu'il peut
~tre, tandis que la terre fera couverte de Peuplades barbares ce
fauvages. Ce font ces fautes que vous expiez par les malheurs
qui fondent de toutes pans fur vous, Indiens Perfans, Africains
tnal~eurs dont on ne voit pas la fin.
HI~
On y verra encore que les Empires commencerent à décliner
~orfqu'iîs fondirent les Campagnes dans les Villes, & les Villes
dans une Capitale vafle & immense, gouffre des richeffes de l'Etat,
6c Tombeau des Générations présentes & futures que la vraie
grandeur d'un Empire eft d'être grand ce puifïànt, non dans utï
point mais par-tout, d'être tout force, tout nerf, tout ordre
qu'ainfi Rome fut grande tandis qu'elle ne vit que les Tribus de la
Campagne; & qu'elle déclina dès que l'Univers fut dans Rome
qu'ainn les Babyloniens s'anéantirent, dès que Babylone parut oc
qu'elle étonna les Peuples par fa fauffe grandeur ôc que fi Conf-
tantinople n'eût pas exifté l'Empire d'Orient fubuAeroit encore
plein de force & d'éclat.
Ici, nous avons eu l'avantage d'être aidés par une Philofophie
pleine de fens &de raifon, que nous avons rencontrée heureufe"
ment fur notre chemin, tandis. que nous cherchions quelles pou-
vpient avoir été les caufes de ces Phénomènes en apparence R
bifarres que nous préfentoit l'Antiquité hiftorique: pourquoi là
des Déferts, ici des Sociétés pourquoi là des Empires florifïans~
ici des Peuplades foibles &c languifïantes pourquoi là. de grands
Conquérans ici des Peuples invincibles pourquoi là~ de grandes
Ïumiéres, ici ignorance, fbiblefTe &: erreur pourquoi là, fagefïe
exquife ici folie, fureurs ou vains préjugés. I~ous trouvâmes
fur nos pas des Chercheurs de vérité, des Hérauts de l'Ordre, qui
faifoient pour les Sociétés, pour les Empires, ce que nous faifions.
pour les Langues, ce que nous cherchions pour les Peuples qui
remontaient aux caufes de la profpérité oc de la décadence des
Nations, qui difoient jo tout a fa caufe immuable & éternelle,;
« les Empires comme le moindre grain de blé les Sociétés font
établie&furtels & tels principes: il en réfulcera tels & tels droits
w
tels oc tels devoirs. Que ce: droits foient obfervés que cet de-
voirs foient remplis & les Sociétés feront norinantes & les
Empires feront à jamais inébranlables fur leur bafe &c l'ordre
regnera à jamais
Le plus fimple énoncé de cette fublime Philofophie fut pour
nous un flambeau divin, une fource raïonnante de vérité le
complément de nos recherches &c de nos travaux la bouuble qui
alloit nous faire paffer à travers l'Antiquité Historique & nous
aider à la rétablir avec la même certitude & la même utilité
qu'avec de principes pareils nous rétabliulons la Langue primitive~
nous développions les rapports des Langues, nous découvrions
l'Antiquité allégorique nous cherchions à démêler l'Hiftoire pri-
mitive ici, du moins, nous trouvions de grandes avances, de gran-
des données un Syltême admirable, tendant au même but & de?
couvert par une toute autre route. Ce SyAême & le nôtre fe font
donc unis comme deux moitiés en un tout; nous l'avons regardé
comme notre propre bien nous nous en fommes approprié tout
ce qui nous convenoic &c nous avons laiué le Système circuler
dans l'Univers avec un fuccès plus ou moins favorable fuivant
que les Efprits étoient plus ou moins dlïpofés que les petites
panions humaines étoient plus ou moins en jeu à cet égard, nous
n'avons été que Spedateurs nous ne pouvions être Aûeurs ou
Agens mais nos vœux ont toujours été pour fon plein 6c entier
fuccès lui ieul peut fauver les Nation: lui feul peut faire de
l'Europe une Auemblée de Frères &c de l'Univers un Tout lié
par les mêmes droits, foutenu par les mêmes devoirs, heureux par
les mêmes jouiffances., ayant ainfi le même langage, celui de l'or-
dre~ fans lequel rien ne peut fubuâer, &c bafe effentielle de toute
Législation.
Ces Amis de la vérité & du bien ont été méconnus pouvoient-
~s ne pas l'être Il faut du tems
pour que la vérité triomphe det
ténèbres, de l'erreur, des préjugés mais tôt ou tard elle fe fera
jour & on fera étonné dé n'avoir pas été plutôt frappé de fon
aîpe6!: d'avoir pu fi long-tems renier à fes charmes à fes douces
influences, à fes vaftes avantages les Chefs des Peuples, eux'mé".
mes gémiront d'avoir été trop long-tems lourds à fa voix y its
regretteront ce tems comme un tems malheureufement perdu ils
le regarderont comme des Hècles de barbarie & d'ignorance.
Quant à nous nous fa~nubns avec empreuement cette occanon
de rendre nos hommages à ces excellentes vérités, ôcd'o~rir no<
vœux 6c le fentiment de notre recpnnoinMce à ceux qui te fbn~
,èonfacrés à ces grandes oc fublimes connoiÏïances.
t C'eA ainn que ne nous refufant à aucune vérité~ que n'embrasait:
.aucun SyAême exclufif qu'ayant une conscience toujours Jarge~
toujours prompte à faifir tout çe qui eft bien, & à en profiter, fans
.craindre de revenir fur nos pas fans tenir à nos Opinions, fan:
rougir de devoir de grandes idées à d'autres, nous avons mis oc
nous mettons tous les Ouvrages tous les hommes toutes les
jdécouvertes à contribution. Nous regardons &: nous avons toujours
regardé comme travaillant pour nous, tous ceux qui ont inventée
Techerché~ découvert de nouveaux Monumehs~ de nouveaux Prin-
.cipes, de nouvelles Contrées, de nouvelles routes c'eft pour nous
,qu'on découvre de nouvelles Terres., d<} nouvelles Langues/de
nouveaux Alphabets, de nouvelles Sciences qu'on éclaircit les
Loix, les Monumens, l'HiAoiredc tous les Peuples; qu'on fonde
les entrailles-de la Terre pour découvrir fes diverfes révolutions
& fon antiquité qu'on fixe les droits &c les devoirs des Nations
qu'on s'occupe de ce qui peut affurer leur durée oc leur gloire.
Notre Ouvrage peut être regardé comme celui de tous ceux
.qui fe font occupés de ces objets comme celui fur-tout du fiècla
dans lequel nous avons l'avantage de vivre:fiècle fupérieur ~bcau~
Coup d'égards à tous ceux qui Font procédé mais qui peut être
fuivi de fiècles plus heureux qu'il aura amenés & dont il aura
la gloire d'avoir été la bâte &e l'aurore. Auui chacun pourra recia<
mer dans nos recherches ce qu'il nous aura fourni, fans qu'on puMe
dire que nos nous foyons approprié le bien de perfonne parce
que nous n'avons profité que de ce qui s'uninbit fi parfaitement
nos Principes qu'il en devenoit une conféquence néceuaire, &c
qu'il arrondiubit notre travail en le fortifiant de faits intéreuans
&: de preuves d'autant plus fatisfaifantes qu'on n~y écoit pas conduit
par ce déur défordonné de fortifier des vues tyilêrnatiques qut
égare la plupart de ceux qui cherchent: la vérité.
jDx/T~/NfZO/MyMT' /ï/M ~/?O~MF.
Comme nos Recherches fur l'HiHoirc Primitive donnent ne~
eeuairement lieu à une multitude de Queutons particulieres de
Chronologie, de Géographie~ de Mythologie, de Connoiffances
d'Usages &c. dont lafblution efUndiipenfable pour répandre du!
jour fur ces cems primitifs, &: que ces di(cuutons détourneroienc
beaucoup trop l'attention du Le~eur fi elles étoient fondues avec
l'Hi~oire même nous les en détacherons & les ferons paroître
avant notre Corps d~Hi~oire.
Elles fbrmefon: un Corps conudérabic de Dinertations fembla-
bles a celles qui compofent ce VHP Volume, & qui forme ainfï
le premier Volume de Diuertations Hiftoriques, Mythologiques,
y
Chronologiques, Critiques,-&c.- remplies de Recherches neuves
& utiles, qui rendront l'étude de l'Hiftoire ancienne plus fimple
plus agréable, plus fûre, comme on en peut juger par les titres
d'une partie de ces Differtations que nous mettons fous les yeux
de nos Lc~urs;.
.f)/<~0/M Chronologiques. `

< La fupériorité de la Chronologie des LXX fur celle dut


~Texce Hébreu tel qu'il exine aujourd'hui.
a". Le rétabluïement de la Chronologie Egyptienne, & la fuite
précife des anciens Monarques de cette Contrée avec l'accord
parfait de tout ce que les anciens HiAoriens nous ont tranfmis à
cet égard.
3~. La certitude de la Chronologie Chinoise l'explication de
fes Traditions allégoriques, le développement de fon Hiloire
Primitive qu'on a toujours & très-mal à propos regardée comme
un tiuu de Fables, indigne de toute créance.
~°. L'accord de l'Hiftoire des anciens Pertes clivant les Orien-
taux, avec ce que nous en ont dit les Grecs &: comment E~bpe~
le même que Locman~ forme un des points intéreffans do cette
concorde.
.Df~-M~O/M ~~O/X~MJ.

)*. L'accord de ce que nous apprennent les Grecs fur IoN 6c


fes Fils avec ce qu'en dit Moyfe &c la vraie lecture du nom d'un
'de ces Fils que perfonne jufques à prélent n'avoir pu fixer.
Les Traditions de tous les Peuples Chinois, Indiens;
Scandinaves, Chaldéens, Grées, Romains, &c. fur la Création du
Monde, fur le Déluge, fut les djx Générations qu'on compte encre
ces deux événemens mémorables leur accord avec ceux des
Hébreux, & l'explication des Conftellations relatives à ces gran-
des révolutions.
3*. Divers EclairciuemeM fur plufieurs Pauages du Texte Hé-
breu entr'autres, la vraie, Epoque de l'Hiftoire de JUDITH dé-
montrée par les faits même & par la correûion d;une erreur gluï~c
dans une lettre prife pour une autre.
JP~O/M
.D~o/M J~o~M <~ Critiques.
t*. L'accord des Théogonies & Cofmogonies de tous les
Peuples fur l'exigence des Efprits céleAes~ fur la chute des Anges,
fur la Trinité, fur la Providence j fur l'immortalité de l'ame, fur
la vie à venir.
2°. L'explication ôc l'origine des Fables fur Icfquelles repofe
la Guerre de Troie.
3 Q. L'origine desDanfcsfacrées, &c le rapport du MENUET avec

ces anciennes Danfes, avec la Nature oc avec la Poëde héroïque.


~o. La vraie origine de la PoE~jE ancienne, une maniere plus
exa~c de fcander les vers Grecs & Latins.
y La nature de la Poéfie Hébraïque~ modèle de celle des Grecs
&: des Latins.

Differtations 7K~Z?M, P~Z9~?~M~~ <K'<

ï". La caufe phyfique des vertus 6c des vices de Celtes tels


que M. Pelloutier en a dreffé le tableau & pourquoi la plupart
de ces Peuples font devenus fi tard des Nations agricoles &: po-
licées.
&o. Les travaux immenfes des anciens Peuples pour couper la
terre par des canaux qui portaffent par-tout les eaux &c la fertilité,
3". L'origine augufte de l'autorité Se des revenus Sacerdotaux
dans l'Antiquité primitive, & les devoirs qui en écoienc l'objet.
Les travaux que foutinrent en conféquence les Corps des
anciens Prêtres chez les Egyptiens, les Chaldéens, les Perfes, les
Indiens &c. fous le nom de Hiérophantes, de Mages de
Gymno-fbphiAes, de Bramines de Druides, &c.
$". L'origine &c la caufe des Sacrifices, &: comment le Culte des.
Payens n'étoit qu'une altération du Culte primitif.
D~r.7. i
D~o/~y~ 1.0~ les l/y~~ ~'r.
t". Jufques à quel point le$ Loix Hébraïques furent celles de
tous les Peuples déjà fubjMans queflion agitée par des Savans
d'un grand mérite mais fur de faux principes, tels que celui qui
perfuadoit qu'avant Moyfe nul n'avoit poiïedé l'art d'écrire.
a". Quelle fut la nature des Légiflations Grecques; & pourquoi
ce Peuple avec tant d'efprit eut fi peu de fens, & ne fit que fe
tourmenter & accélérer fa ruine à.pas précipités, quoiqu'Homere,
leur Auteur Claulque~ leur eut montré à cet égard le vrai chemin.
3~. Quelle fut la première Autorité fon origine, les droits,
fes devoirs, fource de la juflice.
~°. Quelle fut l'origine diverfe de l'efclavage, & des diverfes
claffes de fervitude qui exifterent dans l'Antiquité.
Quelle fut chez les Anciens l'étendue de l'autorité pater-
nelle, & pourquoi elle n'e~r plus la même.
d". Les caufes &c les avantages de la vertu fi précieufe chez les
Anciens fous le nom d'amour filial.
7°. Sur quoi fut fondé che? ces mêmes Peuples la re~pe~: & le
culte des Ancêtres.
< Quels font pour un Etat les avantages ou les défavantages
de la diftribution de tous les individus en grandes claffes dont
çhacune a fes fondions ôc fes travaux propres, fans qu'aucune
puiffe empieter fur l'autre.
<H<:W~A- l'Ordre, dC Cb/ÏC/M/?0/Z.

La plupart de ces objets paroîtront fans doute neufs, & propres


a répandre unevive lumière fur les tems anciens on fendra fans
peine combien~ d'après leurdilcunion, il nous fera aifé de tracer
1'HiHoire du Monde Primitif, ôc d'établir cette grande vérité que
nous avons annoncée qu'il fut entierement fondé fur la Nature
& fur l'Ordre général qui gouverne toutes chofes, fans lequel
rien ne peut (ubMer, & auquel devra nécenairement revenir tout
Gouvernement qui voudra prospérer maîtrifer les événement
phyfiques & moraux; bannir la barbarie de deffus la terre voir
ainfi la plus grande profpérité fe répandre dans fes Chefs & dans
tous fes individus; dans fes Villes ôe dans tes Campagnes &c de-
venir infailliblement le modele, le lien & le modérateur de tous Ie<
Peuples & de tous les Empires, fans que fa gloire fubi1fe jamais
aucune interruption.
QuePHumanité feroit heureufe! qu'on feroitfier d'être homme~
lorfque cet Ordre fera rétabli & qu'il aura triomphé de la rouille
des tems & des terribles préjugés fous lefquels elle gém!t Puiffe
ma Patrie, puiffe l'Empire magnanime des Lys auquel cette haute
deftinée femble avoir été réservée être cette heureufe Nation i
Puiffe-t'il ramener cet Ordre dont les Anciens avoient un idée fi
Sublime qu'ils l'appellerent le Hecle d?or, l'Empire-d'Aérée ou de
la Juûice nèclc &: Empire pendant la durée defquels les Na-
tions fe multiplierent, les Sciences naquirent & fe propagerent;.
les Peuples firent heureux: Hècle& Empire dont les Anciens
dirent avec tant de raifon qu'ils avoientrétechaGesde deûus~l~terre
par les désordres dan& lesquels les hommes fe plongerent enfuite.
Qu'on rentre dans l'Ordre': la paix raBoTidance~ la juAice, 1~
bonheur reviendront consoler & réjouir l'Univers ils feront lew
fuites néceHaires de ce nouvel ordre de chofes.
Heureux fi-nous pouvons du'moMs ramener l'àttention des Mbr~
tels fur les excellentes chofes qu'on leur a déjà dites à~ce fujet~
& contribuer à affoiblir les préjugés qui empêchent les Peuples
d'être fenfibles à la voix des Héraut~cAimabIssde l'ordre: & de la
félicité publique
1~
Après avoir élevé un pareil Monument pour notre propre con~
folation & i n~ru~ion, & pour celle de tous les hommes, nos
Frères & nos Amis nous nous endormirons avec confiance dans
le fein de nos Peres, comme ayant rempli la tâche à laquelle nous.
avions été appellés par la Providence quoique nous ne laiffions
après nous ni plantations, ni d6frichemens, ni familles; une truie
& fatale conibinalfon d'événemcns barbares nous ayant privé des
champs & des biens de nos Père & Mère, & nous ayant réduits à
tout tirer de notre propre fonds: heureufe nécejfucé puifque d'elle
eft fortie notre inûrudion, & de-là ces travaux immenfes & in-
téreHans qui exigeoienc néceffairement une main qui n'eût aucun
autre devoir à remplir plus heureux encore fi nous nous trouvons'
les derniers de ceux qui auront été appellés à de pareilles épreuves~,
& fi nous pouvons y contribuer par nos ouvrages 1

Nous aurons du moins i~fatisjMion de ne nous être jamais pro-


pofe que le bonheur de tous, d'avoir été fans fiel, (ans amertume,.
fans efprit de vengeance;d'avoirtoujours trouvé quetout en: bien'
dans les voies de la Providence, & qu'un des plus~ grands ennemis
que les hommes aient à craindre~ celui auquel ils ne doivent eeïïer
de faire la guerre, c'eft l'ignorance,. non de ce qui n'intéreiïe que
la curiofité, mais l'ignorance des droits.& des devoirs de chaque
homme de ce qui conilitue pour l'homme vérité & lumiere, fans
laquelle il n'y qu'erreurs, que désordres & que folie ignorance
infiniment funefte non-feulement pour tout homme en particu-
lier, mais pour tout Etat, pour tout Empire lorfqu'elle fe gliffe
dans fes Chefs & dans fes Membres c'eA alors la barque fans..
pilote, balotée au gré des vents &: que le moindre ibufne coule
à fond..
Patrie, qui me méconnus~ où je fus toujours comme étranger
où j'ai du-moins tant &. de fi. excellens Amis puises-tu fenubicx
à la voix de l'Ordre fubfifter à jamais; & remplie de gloire,
de vérité, de lumière fervir de modèle à tout l'Univers & ne
créer que des heureux
Ce tems n'eft peut-être pas éloîgné déjà on en voit arriver
L'aurore déjà des Amis de l'Ordre en font entendre la voix dé-
jà l'Europe commence à fe laffer de carnage de querelles dc'
difputes déjà on fent combien ces erreurs écoient intentées,
odieufes contraires aux droits de L'humanité & de la raifon. Avec
Virgile, & peut-être avec plus de vérité~ nous pouvons dire La
perfection des tems arrive la révolution des fiècles ramene
l'Ordre univerïel la Vierge qui tient la balance dans fes mains
reviant fur la terre elle mene à fa fuite le regne de Saturne le~
Ciel dans fes profondes devinées fait naître une nouvelle Race,
Quelle félicité quels charmes fe répandent fur tout ce qui exif-
te le Ciel la Terre~ la Mer tout s'embellit & prend une face
nouvelle
Nous pourrions ajouter avec lui Quelle fatisfa~ion pour
nous fi la fin de nos jours voyoit arriver cette vie fans fin notre'
bonheur fuprême feroit. de réunir nos forces pout célébret cét
heureux tems
M Uttima Cam:nvenitjam carminisaEtas:
Magnus ab inregro ~edorum nafcitur ordd.
Jam redir & Virgo, redeunt Saturnia regn~
a!to.
» Jam nova progenies cceto demittitur
M A~!ce
convexe nutantem pondere mundum
Terrafque, traûuïque maris, coelumque prontudamt
<* Afpice ventuto lxtentur ut omnia fecto.

0 mihi tam !ongaemaneatpars ultima vitz


M Spiritus & quantum
faterit tua. dtcere ta~a.
DES SYSTÈMES.
A~M ~o~y la page ï.
Tous les jourS on dit d'un ton d'oracle, que le Monde Primitif
n'eûj~u'un SYSTÈME avec ce mot on croit avoir jugé irrévocable-
ment cet Ouvrage;&E ons'en applaudie d'autant plus que ce mot eft
~aifiavidement par ceux qui font bien-aifes de s'éviter la peine de
lire de gros volumes, qu'il faudroit parcourir afin de le for-
mer du moins une idée quelconque de leur objet & de leur ma-
niere au lieu qu'avec ce feul mot un Ouvrage entier eft could
à fond fans.examen.
Mais comment ceux qui s'en fervent ne s'appercoivent-Hs pas
que cette maniere de juger un Ouvrage quelconque, eft d'autant
plus mal vue qu'on pourroit le rétorquer, oc objecter qu'elle eft
elle-même l'effet d'un SyAême dont on ne veut pas fe départir:ôc
qu'on préfère des SyAêmcs auxquels on e&' accoutumé, à d'au-
tres. qu'il~udfpitécu<dieii.
C~ependan~ccMc fa~o~'dc-décKieï'duvraLnevaudtoIt rien des
épithètes n'ont nulle valeur, fi elles ne font pas accompagnées de
leurs preuves: il ne fera donc pas hors de propos de pofer ici
quelques principes qui puiuent faire juger du degré d'autotité que
mérite l'obje~ionque le Monde Primitif n'eft qu'un Synême.
» Un S YsTÊ M E, félon les Auteurs d'un Didionnaire célèbre~
n'eft autre chofe que la difpofition des différentes parties d'un
Art ou d'une Science dans un état où elles fe foutiennent ton-
tea mutuellement, & où les dernières s'expliquent par les pre-
mieres. Celles qui rendent raifbndes autres s'appellent F/M.
& le J~/?<~eft d'autant plus parfait que les principes font
en plus petit nombre. I! efl même à fouhaiter qu'on les réduite
M a
un feul car de même que dans une horloge il y a un prinei-
pal reffort duquel tous les autres dépendent, il y a auffi daas
tous les Syûêmesun premier principe auquel font fubordon-
» nées les différentes parties qui le compofenc ».
Si donc on entend par l'accufation de 6'2~?c~ que le Monde
Primitif eft un tout ëtroitementllé~pofé fur des principes très-
fimples, dans le plus petit nombre poffible & dont toutes les
parties lefouciennent mutuellement l'obje~ion devient un éloge i
&c nous en acceptons l'augure.
Mais fi en attachant cette idée au mot Syûôme on veut faire
entendre que le Monde Primitif eft un tout qui ne porte fur rien
qu'il eft rantafHque comme les Palais des Fées, que fes principes
-font illufoires les faits mal vus~ les confequences nulles en
forte que l'Auteur s'eft laiffé féduire par une chimère qu'il a cru
voir ce qu'il ne voyoit pas & prouver ce qu'il ne prouvoit pointa9-
alors il ne fuffit pas de le dire il faut faire voir en quoi fes prin'
<:ipes font illufon-es
ou infuffifans,- &: comment, malgré tous ie<
)VoIumes,!a vérité re~e encore à découvrir~commes'il n'avoit rien
fait. Jusqu'alors U y abien'moins de certitude ducotédes Objedans
que du côté de l'Ouvrage &c perfonne ne peut s'y tromper.
D'ailleurs le Monde Primitiffe divife en deux grandes Parties
dont l'evidcnce&cladémonitratlonne peuvent marcher fur la
même ligne on ne peut donc les envelopper fous le même ana.
thème. Tout ce qui en: relatif aux Langues dans cet Ouvrage
porte n~r un cnfemble de faits au-delà defquels on ne peut aUer
fur la. maffe des Langues. A cet égard, le Sy~émeeA démontré
fi les principes font clairs.
Si les Langues font ramenées à des mots radicaux très-umples~
fi ces mots radicaux font les mêmes dans toutes; fi par leur moyen
<M a infiniment moins de peine pour apprendre les Langues fi on
peut acquérir la connoinance de plufieurs dans le même espace dé
tems qu'i lfalloit pour une feule le Sydéme alors eft clair, dé-
montrée néceuaire:eût-itd'ailleurs quelques défauts, quelques Ety-
mologies mal-vues elles ne pourroient valoir contre l'ensemble.
Il en eft de même de la portion Grammaticale qui jufqu'ici
avoic été livrée aux difcufrions des Savans les principes en font
H Hmples les faits tellement déduits de ces principes que cette
partie du Monde Primitif a eu le plus grand fuccès.
La portion qui prêteroit le plus à la Critique eA celle de la Fa-
ble ou Mythologie. Il e~ certain qu'en la ramenant à l'Allégorie,
nous élevons un Sy~ême bien éloigné de tout ce qu'on avoit cru
jufqu'à préfent, & fur-tout de ceux qui l'expliquoient par l'Htf-
toire mais oiero~c-on dire que leurs Ouvrages ne font pas ïyûé-
j~atiques ? oferoic-on dire qu'ils font démontrés évidens qu'ils
font les feuls fyftêmes qui puisent être vrais, relativement à rex*
pliçation de la Fable
Le Sy~éme Allégorique n'eïHl pas,en comparaison de ceux-là
plus agréable plus clair plus complet? Et s'il eft en même tems
le mieux établi de tous ceux qu'on a imaginés jufqu'ici, le plus
conforme à l'Antiquité à la Nature, à la raifon le plus fatisfai-
fant en un mot, quelle raifon auroit-on de le rejetter pour s'at-
tacher a de vieux Sy&émes qui croulent de toutes parts ? ou poux
les rejetter tous ?
Le Public d'ailleurs, placé entre le Monde Primitif &: ceux
qui le condamnent fi à la légère eft le vrai Juge c'en à lui à dé<

~a~
cider auxquels convient l'épithctede Syftêmatiques, ou plutôt dè
auel côté il y a plus d'avantages.
E 1
D'HISTOIRE ORIENTALE,
POUR LES ~J~ET~' SIECLES AVANT 7.C.

ARTICLE PREMIER.
NABUCHODONOSOR Mo~r~ SUR LE T~to~~ DE ~~JBr~o~
JL.*EMPtRE
Anyrien qui avoit dominé fi long-tems en Af!e & dont lé
joug avoit pefé fur tous les peuples, n'étoit plus. Sa Capitale, la fuperbe
Ninive avoit été détruite par Je fer & par le feu les Médes & les Babylo-
Diens venoient de fë partager fes dépouilles ces derniers alloient (uccédec
à !a gloire dont avoit joui la Puinance qu'ils avoient contribué à anéantir.
Un jeune Héros que fa naiuance avoit mis à leur tête Ce préparoi à s'en
montrer digne par fa valeur, par (on génie, parles exploits. Déjà il ~s'é-'
branloit avec toutes ~es forces & avec une partie de 'celles des Médes pour
la conquête du Midi, autrefois partage de l'Anyr}en.
Ainfi, t alloit s'élever un nouvel Empire dont l'étendue ) la puinance &
les viciSitudes méritent d'autant plus notre attention que fes intérêts furent
fans ceue n~lés avec ceux des Peuples, qui ont à cette époque les plus
grands droits fur nous, par leurs vafles influences fur le Commerce fur les
Arts & les Sciences fur la Religion même influences dont les e~cts proton"
dément enracinés s'étendent jufqu'à nous & dont il eH: très-important par-'
la même, de démêler les causes & les motifs.
Mais afin de (uivre avec plus de fucccs dans fes expéditions lointaines
NABUCHODONOSOR ainfi s'appelloit le Héros Babylonien jettons les yeux
fur les Etats qu'il avoit hérités de fes Peres, & Cur ceux qui devinrent le
théâtre de (es exploits. La connoiuance des Peuples qui les habitaient, des
Princes qui les gouvernoient, des forces qui les con~ituoient jettera, nécc~
Virement, le plus grand jour fur les objets que nous avons à dtfcuter.
/?<~<rAroM. 7. A
DESCRIPTION r~
ARTICLE

Cette vafte étendue de terres qui


II.
Occf~j~VT~fN.
eft entre la Pcf(e & la Méditerranée~
qui fe termine au Nord par i'Armcnie & par le Mont Taurus au midi par
l'Arabie & par le Gotphe de PerCe tint de la Narure une forme qui la ren-
dit propre à devenir dès le commencement le partage de plusieurs Peuples.
D'Orient en Occident elle ed coupée en cinq grandes bandes qui descendent
chacune du nord au midi ~cque forment de"x grands Fleuves qui (utvent la
même direction, le Tt~re & l'Euphraie; & deux cbames de montagnes; l'une
à i'Oriert, le Mont Zagrus; l'autre à l'Occident, le Liban l'anti-Liban de-
]à de va~cs divihons, qui donnerent lieu à autant de Peuples.
Entre 1= Z~us & le Tigre fur l'AtÏyrie.
Enrre le Tigre & l'Euphrate, la Mcfbpotamie.
Au M)di & à la réunion de ces Fleuves, la Babylonie.
.Enrr;' t'Euphrate & la Méditerranée la Syrie.
Au Midi de la Syrie, entre la Méditerranée le Liban & le yourdam qui
<defcend de ces Montagnes, la Phenicie, la PaleRine, le pays de Canaan.
Entre le Jourdain & l'Euphrate, les Amorrhéens, les Ammonites, le)
.Moabitcs.
Au Midi de ces Contrées & fur îa Mer-Rouge, les Iduméens.

~'t/E C~A~rt DE CES CO~TA~


A
Toutes ces Régions étoient de la plus grande fertilité elles abondoient eït
palmiers, en oliviers, en vignobles, en fruits de route espèce en bled, en.
befliaux. Le fol produifoit prefque par-tout du ici & du bitume celui là indiC-
penfable pour la (anre de tous les êtres animés & pour la fécondation de 1~
terre; celui-ci très-utile pour la conduction des édifices, en le convertiffant
en brique.
Les Habitans de ces Contrées croient induttrieux & acHrs. Ceux det
plaines les coupoienr par une multitude de canaux qui y faifoient circuler par-
tour tes eaux des fleuves, & les rertihtoient atn() ~utques dans les lieux les
plus e)o)gncs. Ceux des côteaux en foutenoient les rerres ~ufqu'au Nommer, par
des muts nombreux, &:Ics cjuvroienr de vignobles fuperbes. Ceux des val-
lées entrerenox'ntd'immenïeï troupeaux, qu'ils conduifoient dans les va~es
déferrs de l'Arabie~ tandis que les habitans des Villes cxercoie~t tous les Arrs~
~bii~uoient des ctuiies de toute espèce donnoicat juille façons aux nMH<re~r
premières & que ceux qui demeuroient fur le bord des fleuves & fur les
rives de la Mer, fe livroient à la navigation, & avec une hardieffe Ca" égale
portoient )ufqu'aux extrémités du monde les denrées & les oarchandifcs de
leurs compatriotes ou de leurs voiûns,&Ieurrapportoient en échange les
nchenes de l'Univers.
Ces Contrées Ce couvroient ainu d'une population immenfe q'ji paro~
fabuleufe à ceux qui ne Savent pas fe tran(porter à ces tems heureux, & qui
ignorent que la population fuit fans cène les moyens de (ubMnnce.
On y parloit une feule & même langue l'Orientale fille de la Primitive
ce qui facilitoit ungutierement les relations de ces Peuples errr'cux & la corn--
tnunicarion de leurs lumieres respectives. A la longue, il eft vrai cette lan-
gue commune prit chez chaque Peuple de légères nuances, d'ou réfulterenc
t'Hebrea, le Chaldéen, le Syriaque, le Samaritain, le Phénicien, l'Arabe, ~c~
mal à propos regarde! comme autant de langues ditïcrcnies, & qui ne (ont.
que des dialecte: de cette langue commune, trcs-peu différentes les unes des
autres fur- tour lorfqu'on e~ au fait de la manicre dont les fons fe Cubfiitucnt.
<ntr'eux connoiffance qui forme une des principales clefs des langues.
Ces Peuples avoient audi la même Religion: celle qui reconnoinoit un Dieu
Suprême & qui l'honoroit dans le Soleil dans la Lune dans l'armée des
étires ainn que dans les Elcrnens, fur-tout dans le feu & dans les eaux f?
inéceffaires & li rares dans ces Contrées brûlantes. C'ett cette Religion qui.
forma le SABEisME, Religion pure dans (on origine faine dans <a morale,
qui s'altéra plus ou moins dans la fuire, & qui a laine des traces profondes
dans l'Orient chez les Gucbre!, defcendans des anciens Perfes chez les
Drufes, defcendans des premiers peuples de la Syrie; & dans la Babylonie ou~
l'on voit encore de nos jours de grandes Peuplades de Sabéens.
L'état de ces belles régions a prodigieusement changé de fiècle en ne-
cle. Jufques au tems dont nous entreprenons de tracer l'efquine, ces leu-
ples s'étoient touiours élevés à un plus haut point de profpcfitc & de ~p'en-.
deur mais dès-lors ils ne firent que dccroKre parce qu'ils furent toujours
Soumis à des Princes étrangers, qui ne prirent aucun des moyens nccenaires
pour faire fleurir ces Contrées. Elles panèrent fuccenivement d'une main ty-
rannique à une qui l'eroit encore plus d'abord entre celles des Pertes pui!'
d'Alexandre & des Séleucides, Princes fans cefre partages entre les p)aif)rs les
plus licencieux & tes guerres les plus intentées ils devinrent ensuite la proie
tour à tour des Romains & des Parrhes ils tomberent ennn (ous la puinance
~cj[tructtve des Ottomans. AniH, les plusbeau~pays de la Nature Ce chan-~
AijiJ
gent en défères fous le génie malifai~nt de Barbares plongés dans l'Igaoranc~
& ennemis de tout ordre.
Ajoutons quq ces Peuples avoient a l'Orient les Elamites habitans de
la Suuane de l'Elymaïde plus loin, les Perfes & au Nord des Elamiies 9
les Medes, Nation déjà puante. Au Septentrion, les Arméniens, que leurs
hautes montagnes n'ont jamais pu garantir d'une domination étrangère à
rOccident, les nombreux habitans de l'Aue mineure, divines en une foule
de Narions entre letquelles fe di~inguoit le Royaume de Lydie qui en avoit
déjà conquis la plus grande partie. Au Sud-Oued, les Egyptiens, Peuple de-
puis long-tems célcbre & ~orifïant mais que des principes détériores entra!"
noient vers fa ruine.
D B o M DE CES CoyrR~t~.
Les noms de ces Contrées n'ont pas éprouvé moins de changement que
le pays m~'ne on comprend fans peine que chacune des Nations qui les po(~
.(cdereni ~ccefUyement, en altérèrent ou en changèrent: les dénominations.
L'AssYRiE s'appe!)e aujourd'hui CuRD-isTAN, pays des Curdes ou des
Montagnards. Ils occupent en effet la chaîne du Zagrus & en particulier les
monts appellés Gordyens, ou Cordes dont on a fait le Curdidan mot qui
remonte ainn aux rems les plus reculés.
La Babylonie & la Chaldée portent le nom d'iRAc-ARABE d'7r<!C, ancien
nom des pays ntués le long du Tigre & ~r~<, parce que les Arabes fè font
emparés depuis long-tems de ces belles Contrées.
La Mésopotamie & la Syrie furent connues toutes les deux dès l'origine
(bus le nom d'ÂRAM nom d'un fils de Sem; mais on les didinguoit par di-
.vcrtes épitheies.
La Méfopotamie s'appelloit ~<ïM'<ï/ï, Aram des Fleuves PAD-
~P~(tM, fAram gras & fertile.
La Syrie étoit divifëe en pluneurs Royaumes qui portoient le nom de leurs
Capitales ainu il y avoit Aram-Damas Aram-Hamarh, Aram Zoba, Aram-
Geshur.
Les Grecs fubfHtuerent à ces noms ceux de Mésopotamie & de Syrie. Le
premier e(c de leur compoi~ion il fignifie M~rc les Fleuves.
Celui de Syrie a fort intrigué les Critiques mais n l'on conndere que ce
pays fut connu des Grecs par le moyen de Tvr, dont le nom Ce prononcoic
également Syr & qui en étoif la ville la plus diftinguée, on cçmprendrt
6n5 peine que le nom de SYRIE qui étoit celui de Con territoire, devint MM-'
tellement celui de toute la contrée: ainn que nous avons nous-mêmes étendct
les noms d'Ane, de Ruffie, d'Amérique, fort au-delà des terres qu'ils dé"
~tgnoient primitivement.
Actuellement les Arabes, & nous après eux, appelons la Méfopotamie
DiÀR.BEc, mot-à-mot .ye/osr des Fleuves on voit qu'il n'eiï: que la traduc-
tion de l'ancien nom.
Quam à celui de Syrie ou Surie, il s'e~ altéré légèrement en SouRiE~
~eu)s rcnes de l'antique gloire de Tyr.
Le pays de Canaan avoit changé de nom & de maîtres. Le long de' la côte
étaient la Phénicie la Païenne, ou pays des Philiftins, le Royaume de Juda,
t
car celui d'Ifraël n'éxinoit plus peuples d'un territoire très borné mais dont
le nom atteignoit les extrémités du monde connu, &: qui Cub!ifiera tandis
qu'il y aura des ames fenfibles aux grandes.chofes.
An-d~Ià du Jourdain étoient encore les Amorrhéens, les MoabitesJ
tes Ammonites, peuples nombreux, mais qui furent bientôt confondus avec
les Arabes du défert, ain(t que ceux qui demeuroient à leur midi; les Ma-
dianites, les Lduméens qui donnerent leur nom à la Mer-Rouge & les nabi"
tans des Tentes de Kedar, peuples célèbres, quoiqu'il n'en exide de traces que
dans t'iMoire.
Z~ E~~y~o~r~.
La BABYLONU, ou Chaldée propre, avoit au Nord 1'.Airyrie & la Métope-~
tamie à l'Orient la Sufiane & l'Elymaïde au Midi le golfe de Perie à l'Oc-
cident l'Arabie.
C'eH: une Contrée ou il pleut rarement: elle étoit néanmoins d'une fertilité
prodigieufe à caufe de l'industrie de fes habitans qui coupoient toutes leurs
terres par de vafies canaux, en forte qu'elles étoient continuellement ar-
rofées par les eaux réunies de l'Euphrate & du Tigre.
Ces canaux étoient couverts de faules fuperbes ce qui faifoit donner aux
environs de Babylone le nom de Saules: au(H les Ifractites captifs
difbient dans le beau Cantique relatif à leur malheur: Nous avions fufpendu
M nos
harpes aux fautes de ce fupcrbe Fleuve qui arrofe Babel, lorsque le Vain-
M queur nous pria
de chanter quelqu'une de nos hymnes ravinantes
HERODOTE dit que le l'apport de la terre dans cette Contrée, étoit tel qu'il
n'auroit pu le croire s'il n'en avoir été le témoin. Il afiure que par l'abondance
de Ces productions, elle valoir un tiers de l'Empire des Perfes de cet Empire
qui renrermoit cependant des Contrées infinimcnt riches, icUcs que l'E-
gypte, la Syrie, l'Aue mineure: que dans les bonnes années un grain en ren~
doit trois cenr, ce que confirme STRABON ( Liv. XVI ), & dans les années or<
binaires deux cent ce qui fait deux cent cinquante, année moyenne, cette
année qui (en à rester les baux & les fermes.
Mais ce rapport étonnant fe réduiroir à de plus justes bornes, fi au lieu de
l'appliquer au Moment, comme t'ont fait tous les Critiques, on l'applique à ce
qu'on appelle ~c~~ 7~M/ ou l'épi de ce bled pone)'(qu'a huit rangs
de grains, à trente grainspar rang, ce qui fait ~o pour un. II eft des can-
tons dans les Indes, ou ce rapport cft même le double de cetui-tà, un même
épi y produisant jufqu'a quatre & cinq cent gr.tins rangés fur huit dix &
~ncme douze rangs. Des ~ors, cette pfa~fe neferoit point venue d'Amérique,
tomme on le iuppofe e.Ie icroit au contraire originaire de t'Orienr, ainn que
toute autre chofe.
Ce qui prouveroit encore que c'efl du bled de Turquie dont il e(t quefUott
ici c'eft qu'Hetodote ajoute que le bled Babylonien s'éleve fort haut & que
(es feuilles avoient quatre doigts de large; mais tette eft la largeur des feuilles
du maïs, comme t'obfcrve fort bien une Personne qui écoure la iectute de
ceci, & telle eft la hauteur du mais, qui s'élève en Virginie de huit à dix
pieds.
Srrabon ~e ~crt fur-tout du mot or~<' en parlant de ce bled eïtraordinaire de
i'Orienr & on obCerve également que le mais a les plus grands rapports avec
l'orge aufliles Mexicains en font des tiiannes, comme nous en butons avec
l'orge.
Le millet & le (efame y parvenoient auût à une grande hauteur: on tiroit
de l'huile de cette derniere plante,
Les Palmiers y éroient très-abondans on en tiroit alors comme anjour"
d'hui, à ce que nous apprend ST~ABON, du pain, du miel, du vin, du vi.
maigre, divers va(es. Ce Géographe parle d'un Poëme Perfan ou l'on célébroit
les trois cent foixante utilités du p&lmier on voit par-là que les Pocmes d'HiC'
toire Naturelle font ircs-anciens.
N'omerrons pas qu'une des grandes caufes de la fertilité de cette Contrée,
1
étoit le débordement de fes fleuves pendant les mois de l'été.
Les Babyloniens d'ailleurs étoient très-entendus dans la fonte des métaux
& dans la plupart des Ans ils furent très-renommés par leurs Manufactures
leurs beaux ouvrages en broderie, leurs riches étoffes, leurs belles Mpineries,
leurs toiles de lin qui leur fervoient à faire du linge. Caton ayant eu en héri-
tage un manteau Babylonien il le vendit (ur le champ, n'étant pas ou de-<
daignant de porter un habit de cette magnificence. Pline dit qu'une tapuÏcr~
de cette Contrée pour une (aile a manger fut vendue à Rome une (bmme
qui équivaut à peu près à cinquante Inttle écus c'eft de-là que vint auCt le
mot ricamare broder, con(ervc dans la Langue Italienne.
Nous ne dirons rien des merveilles de BASvi-onE; elles font fumfammenc
connues contentons-nous de dire que fon enceinte croit infiniment plus vaOe
que cette de Paris, dans la proportion au moins de cinq a deux; & qu'elle ren-
fcrmott de grandes maibn'. de trois a quatre étages. Cette Ville pouvoit donc
contenir le doub!e d'habtians que Paris & on n'en doir pas être étonné, vu
l'étendue du vafle Empire dont cite Ctoic la capitale, (a haute antiquité & la
denfucUon de Ninive.
Ce Pays renfermoir nombre de Vt)!es nous n'indiquerons que celles-ci.
BORSIPPE, ville avec une tbrterene où (e renferma le dernier Roi Babylo-
nien, & où il fut fait phibnnier par Cyrus. Strabon dit qu'on y voyoit deux
Temples confacrés l'un au Soleil, l'autre à la Lune, & dans le langage des
Grecs, a Apollon & à Diane. C'étoit une des Ecoles les plus :!tuHres des Chal-
déens. On l'appelloit auu'i Se/n~-v~, paffage du CieL L'Euphraie y porte le
nom de Wadi-us-Sema, gué de Sema, ou du Cie).
OPIS au nord de Babylone & fur le neuve. XENOPHOM en parle comme
d'une très-grande ville, & l'abord le plus fréquenté de la Chaldée. Lorsque les
Pcrfes en furent maires, ils conftfuidrent des digues pour interrompre, dit-
on, la navigation du fleuve, afin d'en fermer l'entrée aux Etrangers. Alexan-
dre fit détruire tous ces travaux pour rétablir cette navigation. Mais il c(t beau-
coup plus apparent que ces digues furent élevées pour.fournir de l'eau aux
campagnes voinnes l'eau étant pour les Pertes une des cho&s les plus pré-
cieufes.
ORCHOÈ ville qu'on a pris tres-mal-à propos pour la ville d'Ur, même
le fameux HYDt. 6'étoit aufll une Ecole iHu~re de Philofophes Chaldéens.
TEREDON à l'embouchure d? l'Euphrate.
A l'Orient de cette embouchure <ont diver<' chareaux furnommcs Kour~
mot~.mb)able au Kot & ~&~ de~ Indiens, & qui revient à nos noms de CoMt
ce de Huite qui tous deu~nem des objets propres à couvrir.

\PB~ PHILOSOPHES C~J~~JBJV~.


Les Babyloniensavoient des Lettrés, des Savans qui, femblables aux Mages
Perfans & aux Hiérophantes Egyrtiens~ étoient à la tête du culte religieux oe
~t toutes les connoinances ils font célèbres fous le nom de PhUofbphes Ch~~
déens. Ils avoient des Ecoles ou des Académies iUu(tres à Baby!onc, à Bor~
fippe, à Sippara, à Otchoc, &c. L'Agronomie fans laquelle il n'y a point d'a-
griculture & qui (ère à régler les Fèces, formoit une de leurs occupations enen-
tie!)cs: à cet égard, leurs connoinances étoient très-avancées, on peut dire
étonnantes car ils aboient déjà découvert la vraie figure de la Terre fon mou-
vement autour du Soleil, la préceffion des Equinoxes ils calculoient les
Eclipfes, ils connoinbient le mouvement des Comètes; connoinances dont la
découverte à fait tant d'honneur à nos Savans modernes,parce qu'elles s'étoient
perdues comme tant d'autres chofes, avec ces anciens Sages, qui peut-être
les devoient eux-mêmes à un Peuple plus ancien, tige de tous les autres.
Aum lorfqu'Alexandre prit Baby lone Cati~hene y trcuva des Observations
AOronomiques faites par ce.) ~ages &: qui remontoienr à dix neuf cent ans.
Ces Philofophes ctoient Sabc<.ns audi cette Contrée eft encore de nos
jours remplie de Sabcens,iurnommcs Chrétiens de (aint Jean Peuple donc il
iercit tres-interef~ant de conno~rre les dogmes &: les livres.
Ils prendoient à l'Almanach ou Catendrier; &: ils le publioient fous le nom
de .K<M~ al P/~AH<K,Li\'re d'Agriculture.On y voyoit,comme dans nos vieux
Almanachs, les laifbns &: les jours favorables pour les opérations du labourage,
J
le rems propre pour la pêche, la chaue, &c. les recettes unies, telle que pour
exterminer les <auterettes,&c.
Srrabon dit que plufieurs d'enrr'eux prédifoient la devinée des hommes
par reiat des A~res à leur naiuance mais que les autres les dé(approuvoient
en cela. L'on voit par-là que quoique t'AHrologie fbit trcs-ancienne dans l'O-
rient elle n'avoir pas encore à cette époque inrecté tous les efprits & que
les Chaldéens etoient déjà divines en diverfes Secies.
Ce Géographe nous a conserve les noms de quelques uns de leurs plus
grands Mathématiciens, Cidenas Naburian, Soudin, Zehucus ce dernier,.
contemporain deSrrabon, pui~qu'i! ajoute, il <~ C~~n ~c S~~e.Mais
que font ces noms, fepares des objets par ieiquefs ils étoient devenus il-
lustres
Quelle fut l'origine de ces Savans C'efr ce que perifbnne n'a recherche t
<suayons de répandre quelque lumiere fur cet objet.

Du CHEF CB ~C~~LD~ 0~ .D'AP~.X~.D.


Le nom Primitif des Chaldéens en: CAsotM ou CA<ct, mot qui te chan<
geainIenubiementenceiuideChaldeens. Ona~uppoic en ccruequence qu'ilc
defcendoient
cendoient de CA~/«~ neveu d'Abraham mais il faut remonter plus haut; car
à cette époque, les Chaldéens étoient déjà exKtans & di~ingués. Neuf géné-
rations ou neuf fiècles plutôt, nous rencontrons un personnage qui onTe
toutes les qualités requifes pour le fondateur de ce peuple c'eft A R p H A-
CHA se en Orientât "]-31M, fils de Sem & Chef des Peuples qui In-
biterent les rives du Tigre & de l'Euphrate, Chef de cette Famille établie
dans la Chaldée & de laquelle fortit Abraham. Mais ce nom qu'on a altéré en
celui d'.<<M:<~ eft certainement fignificatif, puisqu'il e~ compofé de deux
mois, dont chacun eft très-remarquable, & puifque c'eft presque tefeut nom
entre tous ces Patriarches qui foit compote.
Cafd eft un mot Oriental qui déftgne un Savant celui qui conno~c les
choses cachées, qui les voit, qui les devine il ne pouvoit être mieux choiG
pour deugner ces Sages de l'Orient.
Arphe, même nom que .celui d'Orphée, déngne un Savant, un fils de la
lumiere, un Médecin qui guérit les maladies de l'âme comme celles du corps,
un homme qui devine les ehofes cachées, qui e(l prodigieux, comme nous
l'avons déjà dit dans le Difcours préliminaire de la Grammaire Universelle
Comparative ( pag. XLVI ).
~~A<t-C<~ eu: donc mot à mot l'InfUtuteur, le Chef, l'Orphée des Cad-
dim ou Chaldéens.
Ce nom feroit donc une épithete. Mais quel feroit fon vrai nom ? Peut-
être exifte-t-il & qu'on n'aura pas fu le voir. De Sem jufqu'à Abraham IjB
Texte Hébreu compte dix Patriarches. Les LXX. en ont inféré un de plus entre
Arphaxad &Se!ah, qu'ils appellent CAÏMAN, & qui a extrêmement em-
barraffé lesCritiques;les uns croyant que ce nom s'eft glide mal-a-propos dans
les LXX les aunes (buienaot que ce Personnage a réellement exi~é. Mais ne
pourroit-on pas concilier ces textes,ces opinions,en difant que Caïnan & Ar-
phacafd déngnent le même Personnage que le premier de ces noms cft fon
nom propre que le fecond renferme fes caractères dUtineHis que c'eft mot.
à.mot C~<ï /'77!~<<H7', ~0(~A~ des ~<<7! ou Chaldéens P
Dans la fuite des tems, on aura cru que ces deux noms dcngnoientdeux
pef(onnagesdiHcrens:les Critiques Hébreux auront alors (upprimé le premier
nom, comme s'étant gtifle mal à-propos daas cette Ceconde férié de Patriar-
ches, où il auroit été inféré d'après la premiere férié des dix Patriarches avant
le déluge & les Critiques Grecs au lieu d'imiter cet exemple & le prenant
p.our un XI c. personnage, l'auront confervé,
.P<To~. 7. B
Ce n'e~: pas le feul exemple que fournira l'Hitroite ancienne d'une pareille
confuhon.
s s y A

L'AssYRiE étoit renfermée entre le mont Zagrus & le Tigre, ayant la Mc-
die à l'Orient, l'Arménie au Nord, la Mésopotamie à l'Occident, la Baby.
toaie au Midi. Nous avons déja vu que Ces habitans s'appellent aujourd'hui
Curdes, peuple agréée comme les montagnes qu'it habite, qui a confervé la
Religion du ïeu ou des anciensSabeens,&: qui fait encore fe rendre redoutable
à tes voinns.
Ce Pays étoit abondant en bled, en vin, en oliviers, en miel, ain6 qu'on
!e voit par le difcours des Généraux de Sennacherib à Ezéchias ( II. Rois
XVIII )i) il ttoit arrofé par de grands neuves, le Tigre, les deux Zab~
l'un plus grand l'autre moins considérable, le Gorgus, &c. Il n'eu: donc pas
Surprenant qu'il ait été peuplé de très-bonne-heure & qu'à caufe de fes
grandes reuources il foit devenu un Empire renommé.
II renfermoir un grand nombre de Villes noriuantes, que les Grecs div!"
ferëni en ~ept ou huit diftrids dengncs prefque tous par des noms de villes
très-anciennes.
Un de ces dtCtricts arroge par les deux Zab, qu'on prononçoit également
Z?d~&: D/< en prit le nom d'AB!ABENE.C'e(t.làqu'etoitNinive~ Arbete~
Gaugamete, &c.
NINIVE, fur le Tigre, etoit plus grande que ne l'ait jamais été Babytone r
on peur donc admettre le calcul des Hébreux qui fait monter fes habitans
au double de ceux que renferme Paris. Le compte en eft fort aifé JoNAs dit
qu'on y voyoit cent vingt mille en~ns qui ne Tavoient pas difUnguer leur
gauche de leur droite ce nombre renferme tous les encans depuis un jour
jufqu'à trois ans. C'efl donc quarante mille enfans qui y naiffoient par an
tandis qu'à Paris, la moitié moins peup!ée, it en naît au moins vingt mille par
an. Ajoutez à cela que depuis plufieurs fiècles Ninive etoit la capitale d'un grand
Empire que (es Rois y avoient transporte des Colonies de. toutes parts, &
qu'elle étoit dans une n heureuse ntuation que fon territoire n'a jamais cen&
d'être habité. C'e~ fur une partie de ~on ancien terrain qu'on voit aujour-
d'hui la vi)!edeMosouL.
CALACH près des fources du Zab & capitale de la Cahcene.
SITTACE, Capitale detaSittacene~ & queXENorHoN repréfcnte comme
une Ville très-florffante très grande, très-peuplée avec un grand pont fur te
Tigre de rrente-fepr bateaux.

~opor~
CHALA~ Capitale de la Chalonitide ,province la plus méridionale.

LA MEMPOTAMiE en cette vafte Contrée que renferment l'Euphrate & le


Tigre & qui eit entre l'Arménie au Nord, l'Anyrie à l'Orient, la Babylonie
& l'Arabie au Midi, la Syrie à l'Occid. Son nom moderne eu: Diar- Bek
m.-à-m. féjour des Fleuves elle étoifn fertile qu'on l'appeHa PADDAN-AR.AM~
l'Aramée grane, fertite on l'appel!oit auui ~r<<M NaA<ï/'<ït/n Aram des
Fieuves.
Les Arabes Nomades ou Bedouins s'emparèrent de trcs-bonne-neure
du Midi de cette Contrée. XjsNopHON les trouva déjà en ponemon du
pays ils t'etoient encore du tems de Strabon. Leurs Emirs, peu riches, fai..
foienc p~yer, ajoute-t-il, des impôts exceffifs aux Voyageurs & aux Mar-
chands ce qui genoir,dic-il, prodigieu(ement le commerce, & t'anéannubic
prefqu'.ënticrement. Que de Princes font encore Emirs en cela
Les Géographes Grecs 'divifent la Méfopotamie en plufieurs Contrées,
dont nous ne pouvons faire ufage, parce que les noms qu'ils leur donnent font
po~erieurs de beaucoup au tems dont nous parlons. Nous nous contenterons
de parler de quelques-unes de fes anciennes Villes.
Nous remarquerons fur l'Euphrate
BAR-BALISSE ou BELES, que traversèrent les Grecs qui accompagnoienc
Cyrus le jeune. Le Satrape de la Contrée y avoic un Palais &: un jardin planté
d'arbres de toute espèce. On y voyoit la (burce du Daradax. Cette Ville e~ à
l'Occident du fleuve.
BASILEIA ou la Ville Royale, avec un Temple de Diane ou plutôt de
Lune, attribue tres-mal-à-propos à Darius les Perfes n'avoient que des Py-
rées & ils détruisent tout autre Temple.
BIYNAU ou en encore un Temple de Diane, ou de la Lune. Ce nom (e-
roit-il une altération du nom de J?~~o~ ou Venus!
CIR.-CESSE lùr le cannuent de l'Aboras ou Chaboras avec l'Euphrate.'
On croit que c'eu: la fameuse Carkemis, dont nous aurons qccanon de parler
dans peu.
Z A 1 T H A,~m. l'Olive à caufede Ces campagnes abondantes en oliviers.
RAHABA, la Grande, &: GAo~THA, la Haye, ville en face de Zaidu, à
B ij
l'Occident du fleuve. Benjamin de Tudele en parle comme d'une Ville gran-
de & fort agréable aujourd'hui elle n'offre que des ruines.
DURA, dans un territoire tres-~erute & qu'on dtfoit avoir ~re bâtie par
les Macédoniens.
RAHABA-MELIK m. à m. ta grande Ville Roya!c.
CARMANDA Ville grande & norinante, où les Grecs (e rburninoient de
vivres en panant te fleuve fur des radeaux.Obfervons que cette Ville celles
que nous avons indiquées à l'Occident de t'Euphrate, peuvenr être confidérées
comme appartenant à la Syrie.
NAHARDA, Ville très-forte tr'cs-peuplée & dont fes campagnes étoient
très-étendues & très-fertiles.
POMBEDITHA ou Al-Jobar où les Juifs eurent une Ecole célèbre
apr~s t'enriere ruine de férufalem.
BESECHANA, avec un Temple de la grande Déeffe de Syrie; on !'ap-
pelle aujourd'hui Meslid, ou Mofquée.
SIPPARA ) la même qu'on appelle Hipparenum les Chaldéensy avoienc
une Ecole ittu~re les Perfes en ruinèrent les murs. Son nom fignifie Ville des
Livres, & eft célèbre dansHMoire Chaldéenne duDcluge.C'eai-ta que:
l'Euphrate fe divifoit en deux grandes branches.

Sur le 7~
SINGARA, au pied des montagnes qui portent le même nom.
BETus, ou BETufa, nom formé de Beit, Bet maifon habitation.
VIRTa~ ou BIRTa place tres-rbrte & très.ancienne.

Dans les 7'errc~

EDESSE:, dont te nom primitif fut RHOE, & en Grec CALLI-RHOÈ;


a caufe de fes belles eaux de-tà encore !e nom d'OSROENE donné à tout
ce coté de la Mésopotamie & qui forma long-rems un Royaume fepare.
BATNE près de l'Euphrate & où Ce tenoit au mois de Septembre une'
Foire immenfé remplie de marchandifes des Indes & des Seres.
CARRES, t'àncienneHaran ou Charan, où Abraham fejourna quelque'
rems, en descendant de la Ville d'Ur.
NISIBE, au Midi du mont Manus c'ctoit une VtHe très-grande, très-peuplée
très-ancienne nellec~ la même qu'AcHAD comme le prétend S.Jé~
rôme dans fes Quêtions fur la Genefe X. i o.

y R 1 E.
La SYRIE éfoit bornée à l'Orient par l'Euphrare & ta Mésopotamie ad
Nord, pat le Mont Taurus au Midi, par le Liban qui la Céparoitde la Phé..
nicie, du pays de Canaan de l'Arabie. Elle étoit divifée par les montagnes
en trois grandes parties, la Syrie Septentrionale, la: Syrie Maritime, & la
CceIe-Syrie ou Syrie creufe celle-ci étoit une réunion de pluneurs values
très-belles tres-remles, tfcs-peuplées, & qui forment aujourd'hui l'habita-
tion des DpustS.
Deux vaHées de Syrie prodùifent une grande abondance de (el l'une
quatre lieues d'Alep l'autre près de Palmyre. Quelques Savans ont cru que
c'étoit dans cette derniere que David tailla en pièces dix-huit mi)Ie hommes
en revenant de la conquête de Syrie mais ils ont attribué mal-à-propos a ce
lieu un événement qui regarde l'Idumce.
Cette Contrée qui a plus de cent vingt lieues de long, (ur une centaine
dans fa plus grande largeur eft au(K agréable que ternie elle tburninoit aux
Phéniciens grand nombre d'objets de commerce. Ses habitans en faifoient eux-
mêmes un trcs-connderable fur l'Euphrate &: par caravanes avec les Babylo-
niens, les Adyriens, les Pertes, les Indes. Des Marchands Syriens venoienc
même jusqu'à Paris fous la première Race de nos Rois ils etoienc attirés fur-
tout par le grand commerce de Marseille avec le Levant.
GRÉGOIRE deTouB-s ( Liv.X.) rapporte qu'à la mort de Ragnemond, Evêque
de Paris, un Marchand Syrien nommé Eu(ebe,parvint, à force de pré~ens,à (e
faire nommer Eveque de cette Ville, & qu'il remplit fa maison & fbn Ecole
d'Adminidrateurs Syriens. Il dit au~ït ( Liv. VIII ) que lorfque le Roi Gon-
tran nr Con entrée à Orléans tout le peuple vint au-devant de lui en chan--
tant Ces louanges, chacun dans fa langue & il nomme enir'autres les Sy-
riens.
Ainfl non-(eulemenr, ils venoient dans le Royaume, mais ils s'y étab!!i~
foient ils y étoient en grand nombre ils &i(bient alors ce que nous faifons'
aujourd'hui à notre tourpour les Echelles du Levant. C'eft qu'ils étoienr en-
core des hommes :c'e~ qu'ils n~avoientpas'encore été écrases parunePui~
&nce oppreSIve. Ils apportoient en France deyétotïes de foie, du lin du paL-
pier d'Egypce, des vins grecs, du vin de Gaza qui y doit eûimc, des racines
d'Egypte, des hui!es, des pierreries, &c.
ï. Cs~jE-~y~jrjE.
Dans la Ccete-Syrie, on comptoit avant l'époque dont nous parlons di-
vers Royaumes ceux de Damas, Hamath, Genur, Zoba, &c.
DAMAS, qui fubnfte encore, fut toujours tres-conndcrab!e par l'abon-
dance de fes tuniaincs & de fes fources qui forment divers ruideaux réunis
ensuite fous le nom de C~ry/or-ro~ ou rivière d'or, parce qu'elle en entraîne
fans doute dans fon cours. Le terriroire de cette Ville eft d'ailleurs très-fertile.
HAMATH, ville très-ancienne fur l'Oronte & au Nord de Damas; elle fut
appellée Epiphanie par les Grecs & n'eft pas Emefe comme on l'a cru cette
derniere étant plus bas & l'ancienne ABULPEDA, Auteur d'une Defcrip-
tion très intcreffance de la Syrie, ctoit Prince d'Hamath.
Le furnom de ou de Grande fous lequel elle eft dengnee a mis
en défaut tous les Critiques & même les Auteurs de t'Hi~oire Univerfelle
itsenconc'uoienc qu'il devoir exiger une autre Hamath qu'onnefavoifou
prendre ils ne raifoieni pas attention que cette épithète dcngna con(-
tamt~ent une Capitale c'eft aind qu'on eft teujours trompé p~r les mots.
lorsqu'on ne~aicrasies ramener à teurju~e valeur.
GESSUR ou GESHUR ville au Midi de Damas & à t'Ofient des fources du
yourdain on en ~it trcs'peu de chofe. L'Hiftoire Sainte nous apprend qu'Ii-
bo(eth, fils de Saül, régna fur cette viDe, & que dans ce même tems David
epoufa Mahaca, fille d'Ammiud, que les Auteurs de l'Histoire Univerfe!)e re-
gardent comme Roi de Geuur du moins fon fils To/o/ir~t, frere de Mahaca
en étoit Roi lorfque ~on neveu Ab~aiom (e réfugia chez lui. Nous aurions donc
ici les noms de trois Rois de Geshur /~o/< fils de Sai.it ~w~/H~, beau-
pcre de David To/c/Mt, Ion fils. Il eft afiez étonnant que le premier ait
échappé aux Auteurs de !'H~uoire Univerfelle.
ZOBA :eHe ctoit Capitaie de la Syrie Orientale furies bords de i'Euphrate:
auffi lorfque David en eut fait la conquête fur Adad-Efar qui en étoit Roi,
~bn Royaume s'étendit jufques fur l'Euphrate & même au-delà du moins fi
la ville de Zoba dont la utuaiion en: inconnue à tous nos Géographes, e~
la même que Ninbe de Mcfopotamie. Le Savant MjcHAEi-is n'en doute
pas il a publié à ce fujec une Dtnertation trcs-intereuante, où il veut prou-
ver que cette ville s'eA appellce fuccefllvemetu SoBA, SuBo, SjtpA, cnùn
Nt-StBE: il s'appuie fur-tout de quelques Vernons Orientales trcs-e~imees,
qui rendent conflamment le nom de ZoBA par celui de NtStBB.
Outre ces anciennes Capitales, on voyoit dans la Ccete-Syrie nombre de
villes remarquables.
APHACA, avec un Temple, un bocage &: un lac confacrcs Vénus. On
contoit de ce lac que toutes les onrandes qu'on y jettoit & qui étoient agréa-
bles à la Deene, defcendoient au fond du lac, quelle que fut leur légèreté
& que celles qui lui étoient de(agrcables(urnageoient,quelteque fût leur pefan-
teur mais SEMEQUE(QM</?.~<!<. 777. tj.) explique ceMydcre en difanc
que tout y furnagcoit, par un effèt de la pcfantcurde ces eaux. Nous voyons
du moins ici deux ufages communs aux Celtes & dont nous avons parlé
celui d'honorer les lacs & les fontaines c<: celui d'y jetter des ofirandes.
AD!LA, Capitale d'un petit Etat appelle l'Abilene.
PAR.ADISUS, fur une des fources de l'Oronte. Ce nom alteré de l'Oriental
Fer-dous qui fignifie un Verger délicieux donne l'idée la plus avantageuse
du Cite & de la beauté de ce lieu..
HELIO'POLIS ou ville du Soleil nom Grec d'une ville appellée en Orien"
tal BAL-BEc nom qu'elle conserve de nos jours & qui fignifie également ha-
~<!f<c/ï <~ ~o/~7 c'etoit une ville ~perhe les ruines dont elle e(t remplie
(ont de la t'tus grande magnificence de Savans Anglois en ont donne
une Description auïn curieufë qu'étendue.
PALMIRE, en Oriental TADMOR, ou ville de! Palmes fut célèbre dans
l'Antiquité par fes richenes, & par les exploits de Zcnobie comme elle l'eft
aujourd'hui par la grande beauté de fesruines. Elle eft fituée dans le defert qui
eft fur la rive occidentale de l'Euphrate Salomon en fut le fondateur du
moins il l'aggrandit &: la fortifia pour afrurér ~es nouvelles conquêtes ou cel'es
de ton pere & pour faire prbfperer le Commerce. Sa Utuanon favorifoit par-
j~irement ces vues. De trois côtes, elle eft renfermée par des montagnes eP<
carpces mais du côte du Midi, la vue fe perd dans une va~e plainé, dont la
portion la plus voifine de Palmyre ctoif abondante eH palmiers, en oliviers
en fruits j en froment, en Cet en Sources; elle dut donc être habitée de bonne-
heure &: Ces habhans furent toujours riches parce que leur ville fervoit d'en-
trepôt pour le Commerce de l'Orient avec la Syrie & la Phénicie. Ses ruines
font une preuve de leur puiflance & de !iur opulence on y voit des infcrip-
tions en caraûcres Hébreux très-élégans nous en avons rapporté quelques-
uns dans rOrigirre du Langage & de l'Ecriture.
THAPSAQUE, mot.à mot, lepanage. Cette Ville eftàl'Ot'ient de Palmyre;
fur l'Euphrate. C'étoit la grande route de Syrie dans l'Orient, de .-là ~on
cadon.
fon nom ici Tn efl l'article, &: PSAQ même mot que PASQ, le nom même.
On l'appelé aujourd'hui EL-Dca., Porte, nom qui onre la même ftgnifl-

t. SYRIE ~~pT~ jvrAJr ojy~~jf.


Dans la Syrie Septentrionale, on voyoit diverfes villes.
SAMOSATE ou SiMSAT fur l'Euphrate, patrie de Lucien.
ZEUGMA ou le Pont, fur l'Euphrate avec un pont.
CYRRUS, ville co~udcrabie dans les Terres.
HŒRA-POLIS~ ou Ville-Sacrée en Grec, fur le SM-C~, & fur les bordt
d'un Jac facré. On y adoroit la grande Déelfe de Syrie avec une pompe fans
égale oc tout le Me d'un Souverain. Le Souverain Pontife doit habillé de
pourpre il portoir une Tiare d'or il avoic fous lui une prodigieuse quan-
tité de Prêtres dont )oo etoientfans ceue occupés aux facrifices. On y ve-
noif apporter des o.nrandes, entre letqueUes des pierreries du plus grand prix,
de presque toute l'Aue ) de Syrie, d'Auyrie, d'Arménie, de Médie, de PerCe,
des Indes même. Aufli le trOfor de ce Temple étoit immense du tems de
Çraflus il fallut un tems confidérable pour en faire l'inventaire.
Les Auteurs de l'Hittoire Univerfeile ont regardé comme <o~/< dire
y~'o~ entendoit par la grande Dcene de Syrie qu'on y adoroit cet aveu
eH: afÏez étonnant. Celui qui, fous le
nom de Lucien, nous a donné un dé-
tail tfès-curieux fur ce Temple & fur cette Deene, l'appelle /Moa /yn'<:n-
ne ce qui auroit dû mettre fur la voie. La Lune jetoit la grande DeefÏe
de tout l'Orient, la Reine des Cieux elle feule a pu être ceire grande
Deefle; aufH la ville s'appelloit-elle en Oriental MAM-BvcE, <no~-<i-Mof,
fcjour de la Lune ou de la Grande Mere. Ici ~ye< eft le même mot que ~e
dansbal-bek:& Ma Man, ea la Lune dans toute Langue. On trouvoit
donc dans cette belle partie du Monde la ville du Soleil & la ville de la
I.~c~ toutes deux Sacrées, toutes deux Chefs de la Religion, toutes deux
ayant eu leur nom traduit par les Grecs d'une manière à faire difparoïtrc
l'ancien, fi leur règne n'avoir pas paffé de bonne-heure. N'omettons pas que
dans ce Traité de la grande Déeue, on parle d'un Temple de Sidon confère
à ~<c .dont un de fes Prêtres difoit à Lucien qu'elle étoit la même qu'Eu-
/'o~ que celui-ci croyoit être la Lune. Et il avoit rai(bn la Lune &

fie Grande-Déeue, & en Phénicie fous celui d~


Europe ou l'Occidentale font la même Divinité, adorée en Syrie fous le nont
ou Reine des Cieux.
y ayoit dans cène ville & dans ton Temple,des Ct'e<ro/< qui gagnoient leur
vie
~!e a en faire voir les curionccs aux Étrangers qui y abordoient de toutcs
parcs.

3. ~rRfE M~Rjrrjjm.
Sur les Cotes de !a Méditerranée, en descendant du Nord au Midi, on
fencontroit nombre de lieux remarquables nous nous bornerons à ceux-ci.
RHOSUS (ur un promontoire, & les Monts RHcsiE~.
DAPHNE lieu délicieux par fes romaines, par fes bocages, par fa ch~r-
tnanie fituation (ur l'Oronte. On y adoroitdes l'origine la Dceue des eaux~
ou Diane ufage Celtique aum. Antiochus-Epiphane Prince ~aper~irieu~
i'cxccs & qui rendit par-làfes grandes qualités in~cites oufunedes à Ces Sujet?,
e!eva dans ce beau lieu un Temple à Apo)!on en forte qu'en peu de [errs
il devint le fauxbourg de cetre ville u célèbre fous le nom d'ÂNTiocHB qui
s'e!eva de l'autre côte de t'Oronie. Le nom de Z~~ fignifie un laurier
comme il eft féminin en Grec, & qae tes' lauriers (ont h rccornpenfe ch~ne
des Mafes & d'Apollon leur Chef, Daphné fut préfenice très ingcoieufe-
ment comme l'Amante chérie d'Apoiiont au{n tandis qu'existera le bon goûc
& te génie, Apollon & Daphné feront inféparables.

Au Midi de Daphné étoient deux montagnes dont le nom eft digne de


tcmarqu?.
Le Mont CAsrus mo~-<i-of, la borne !e terme.
Le Mont BELus ~of.o~, le Moat du Soleil, le Mont-beau ou Bean~
mont: Dom fi commua dans t'Occident.
P ~f~ JCfJ?.
La Phénicie, plus tl!u(tre par la gloire de fes Habirans que par fon ~cen-
.due, étoit placée entre la Méditerranée .& les hautes montagnes du Liban
couvert de neige; elle avoir environ Soixante lieues de long fur une lar-
-geur peu conndefable. C'eiT:- !à qu'en montant du Sud au Nord, on tfou-
-voit Tyr, Sidon, Dcrire, Bybtus, Tripoli, Aradus, &c. Elle étoit fcparce de
Ja Syrie au Nord par le fleuve ~/<&~r<, mot-à-mot, rivière des Tortues,
parce qu'elles le rouonroient, & qu'on y en prenoir beaucoup. Au Midi
..elle touchoit le pays de Canaan & !a Pa'efUne avec leCquds elle fut fouvenc
conrbndue, & dont elle faifoit en quelque Jforte partie.
TYR fut d'abord bâtie dans une iHe là étoit le Temple do Soleil on
d'Hercule furnommé Mf/«. Roi de la Terre. C'en: ici un exemple à
ajouter à tous ceux que nous avons déjà indiqués d'iïïes qui fervoient de
Dif. Tom. L .c
Sanctuaires & c'e(t à l'honneur du Dieu auquel ce Sanctuaire étoit con&-
cré qu'on cc!ebroit tons les quatre ans des Jeux (btemne!s dont il en parlé
dans les Mf.chabcs!, e~ qui fervirent de modèle aux célèbres Jeux Olympi-
ques fondés dans la même vue.
C'e& cette Tyr !nfu!aife qui &t a~e~ce par Satman-afar. Celle-ci CCMC
devenue trop petire pour fes riches & faf}ueux habitons représentes comme
autant de Princes ils s'étendirent fur le Contmenr alors il <e forma une
Seconde Tyr plus grande que l'ancienne, & c'cit ceUe ci qu'&ûiegea N.tbu-
chodon-ofor.
Dans la fuite, les habitons de ces deux vH!es te trouvant encore trop à
rerroif, ils c!everenf des ChauHcesau moyen defqueUes i'ine (ë joignit au con-
tinent, & rentre-deux fe couvrit d'édifices.
Les matons de Tyr ctoient tics-ctevee: eUes avoient en gênera! plus
d'étages qu'à Rome ce qui devon être dans une ville dont le terrain ne
rcpondoit pas, pour l'étendue, aux ncheues:it devoit donc s'y vendre au
poids de l'or & comme les habirans étoient trcs~ nombreux, c'ccoit à qui
en pourroit loger un plus grand nombre &: avoir plus d'apparternens en fa
di~ponfion.
Dans le Temple d'Hercule à Tyr, ainu que dans tous les Temples an-
ciens, croient deux colonnes qui reprctentoicnt le jude milieu, .le ncn~/M~ ut.
la voie droite l'une étoh: d'or l'autre d'une etpéce d'émeraude celle-ci
répandoit une grande lumiere la nuit. Hérodote en a parlé le premier en-
fuite THEOpHRASTE du tems de qui e!le exino~t encore. Lucien parie d'un
globe pareil, placé fur la t~re de la Statue de la Grande Deefle de Syrie & qui
éclairoit également la nuit. Voilà donc deux tnonumcns au moins de la mê-
'the nature. La matière de ces objets précieux auroit-eHë connue en yerre
'peint, dans lequel on mettoit des lampes la nuit, afin que tout le lieu en
<ut ectairc ?
SIDON, ville d~ja distinguée au rems de Moyfe & deJou~, eto!t une des
plus grandes vii'es de la Ph~nicie e))e e~ encore habitée aujourd'hui mais
avec bien moins d'ec!at & d'étendue. On y voit de vailes ruines triftes tc-
tnoin! de fon ancienne magnincence & de fon antique grandeur.
BERITE & BYBLUS, deux anciennes Villes dont nous avons parle dansles
Allégories Orientales, au (njet' de ce qu'en dit Sanchoniacon. rncre ces
deux Villes e(Ha riviere appet'ée par les Grecs ~e~j ou !e Loup~ & aujour-
d'hui A~r-C< la riviere du Chien. Ce nom lui venoit d'une Idole qui
avoit la figure d'un loup ou d'un chien & qui ctoit placée fur un rocher de
!.i Mer, près de l'embouchure de cette riviere on la voit encore dans la
Mer~ ou elle en: tombée, mais fans tête. On voit au(It, fur les rochers qui
bordent le chemin, des ngure: d'hommes, de grandeur naturelle, qui y
fonr cait)ees, & qui croient (ans doute relatives à desper(bnnages en(e vêtis dans
ces lieux, d'autant plus qu'ils ont la forme des Montes, & qu'on voit à coté
de chaque figure des tables tai)!ees, qui devoient être chargées d'infcripcions,
mais que le tems a entiérement enacécs.
Entre Fyblos & Paixo- Byblos, ou entre la visite la nouvelle Bybios,
eft une aurre rivicre ~ppettce aujourd'hui ~j~r~t~, riviere d'Abrafum,
& autrefois r~efe d'Adonis. Elle étoit d'autant plus cétebre, que iorfqu'ort
célébroit les fêtes de cette Divinité, les eaux du fleuve p~roinoient reintes de
fang. Le Lucien, dont nous avons déjà parlé, attribue ce phénomène aux
vents violens qui foumoient alors, & qui deiachoienc des montagnes un ~b!e
rouge qui leur donnoit cette couleur: ce qui a été confirmé par MAunDRELt.,
célébre Voyageur Anglois.
TR~POLI ou les trois Villes, à l'embouchure du Chry~or-roas, fut formée
par la réunion de.trois Bourgs qui, s'aggranditlant eg~tement, ne compo-
sèrent ennn qu'une feule enceinte. Le territoire de cette Ville forme un jardin
très-agréable, rempli de toutes fortes de fruits, & arrofé de ptuneurs ruiffeaux.
Arca, Orthouc, Antarade, Marathus, Patros, Gabala, &c. font auMnf
de Villes qui croient dignes d'attention, mais nous (ommes obligés d'abréger;
nous ne parleron.s donc que d'Aradus.
ARADUS, dans une Me à peu de diu:ance du rivage, conrenoic des maifons
à plufieurs étages de loin et)es.renemb!nt à des châteaux (on nom doit venir
de RAT, paflage, détroit, mot fort commun chez les Ceties. Les Aridiens
parvinrent de bonne-heure à une grande puinance, &: fondèrent diverfes
Colonies.
Le territoire de toutes ces Villes étoit rres-fertite, produifant d*exce!!cnc
bruits, & fourninant à tes habitans les choses néceffaires pour le vêtement
l'air en en: très-fain le climat admirable.
La Mer y abondoit, fur-tout à Tyr, en une forte de poiuoa qui rburniuoic
cette (uperbe couleur de pourpre fi renommée dans l'Antiquité, &: qu'on
vendoit au poids de l'or.
Le rivage étoit couvert d'un (abte fin, qui donnalieu aux célèbres verreries
de la Phcnicte, long-temps les feules qui aient exiftc ce défaut de concurrence
fut dû particutierement à l'idée ou l'on étoit que cette Contrée étoit la feule
~u fon trouva: du J&bl~ propre à faire du verre; c'eA ainn qu'on a été fi long-
C ij
tems dar.s l'idée qu'on ne pou voit imiter nulle part la porcelaine de la Chiner
& que tu maticce première ne s'en trouvoit que dans cet Empire. C'<~ ainf~
que de vains prcjug~s~ une pareue trop naturelle, & le de6r de n'avoir point
de concurrens, arrêtent continuetteme~t le propres des Ans.
Nous aurons occa~on de parler plus bas de l'origine du nom des Piteni~-
ciens, & d'examiner quelle fut l'efcndue de leur commerce.

p y D E c ~v.
Le P~ys de Canaan avoit été dans l'origine le partage des XI Tribut
ou Nations itiues de ce célcbre pctif-n)s de Noé; mais à l'époque dont
nous parlons, presque toutes ces Nations ctoicni anéanties, à l'exception des
~radiens oj des Sidonicns, qui s'étoient. maintenus dans la Phcnicie~.&: des

licbreux ('UX
Les Ifélireux qui
~morr!tcens établis au-dela du Jourdain..
eux mcmcs,
111
qui s'étoiciit ev csfur leursrumeSt
s'étoient <Hevcsmr leurs rumes., n'etoient
n ttolent
plus cette nombreuse Nation,.n<~re de. fes XII Tribus, & qui étoir parvenue
à un fi !)aut point de gloire fous les Kgnes de David & de Saiomon il ne
rcuoit mcme plus qu'un feul des deux Royaumes dans lefquels. ce Peupla
s'étoit divifé ïons )')mbccii!e6)s de Salomon. Celui d'I&act avcit déjà ét~
anéanti & les habitans emmenés. en captivité. Celui de Juda n'avoit p!us~
qu'une exi(tcnc& précaire~ &~es Prophètes ne ceuoient-de lui annoncer fa
ruine prochaine.
A juger de cette Contrée par ton état actuel, tout ce qu'on dit des Nations:
opulentes qui l'habitèrent, paro~roit autant de vinons :.on n'y voit prefque
par-tour que ruines &que dckrts. desrochers nuds & arides, des t~rreins
fecs & pictr&ux~.fraj-pcs d'une ucdtifé cicmette, des pcup!a<tes cparfcs fans
force &: fans vigueur ce n'cfl poit.t là un Pays découlant de lait & de miel
&ns friches, fans landes, couvert d'une ~oputation immenle & de riches
rccohes; mais qu'on n'cn conclue rien contre leur état primitif Ne fait-on
pas que )cs terres r.e rapportent qu'autant qu'elles font cultivées par des mainSi
fortes & Isbcric.ufes ? qu'autant que leurs ponencufs font cncouragcf par !&
hbertjc & par un gouvernement profpcre! qu'autant qu'elles ont tout à gagnée
par le travail., & qu'on n'a pas à craindre de voir le rreton récolter la eu il
D'à point fcmc~ Alors pas un pouce de. terre qui ne foit mis en rapport oa
creufe le j'oc même, ou y apporte de la terre & on y, plante un arbre on
foutient par des murs les terres des coteaux les plus escarpes, & on en raie
~es vignobles étonnans, qui femblem fe perdre dans, les nues. Les champs.
~ont tournés & retournes de toutes les façons, pour les forcer à donner des
tDoinon:) plus abondantes les eaux (ont recueillies avec foin dans les vattons~
& Us (e couvrent d'une herbe longue & touque, qui (ère de nourriture à des

cro~pe~ux immoles.
Ajoutez à cela l'excellence de ce climat eu rcuflincnt les pa!mifrs< les
grenadiers !cs oliviers, les figuiers, !~s fruits de toute efpece, eu l'air eu:
parfumé de l'odeur du baume & du miel tel étoit autrefois cet heureux
pays. Aujourd'hui il n'offre que l'image de ta mort, de !'an~ant!nement d'un
dccourapement totale fruir rccenaire de tout gouvernement cpj-r~~)f, & de
t'ignorance barbare, qui ne faic ni. tirer parti de la terre, ni permettre que
des mains actives la n'.ettenr en rapport. Etmatheureufcmentcccin'dtque
trop applicable aux Contrées dont nous venons de parier ~&r à celles que
cous avons- à j.oindfe à ce~es-d.
Af 0 R A

Les ÀMORRHEENS, qui habitoienc au'dela du Jourdain, raifo!enf mrt!e'


des Nations Cananéennes. Cettc-ci. p!us puiMante fans douK que les autres,
~e jna)nrint anez en force contre les Hébreux, pour fe. fermer un territoire
confidérable aux dépens des. Moabites, des Ammonites & de la Tribu de
Gad, jusqu'au rems d'e David & de Sa'omon, eu ils tomberent fous la
puinance des Ifraélires aind que les Jebufcens & les autres Cananéens, a
l'exception' de ceux de la PRenicie.
J-e Pays des Amorrhccns formoir une Prcfqu'Me renfermée entre le Jaboc,
re Jourdain & t'Arnen. 11s étoienr gouvernes par un Roi dcjà au tems- de-
Moyfe celui qu'ils avoient alors s'àppcttoit Sihon.

j<f M o r ~B
)
Les ÂMMomTts placés à t'Orienc de Jourdain entre le Jaboc & J'Arnon',
s'etendoient dans les déferrs de l'Arabie leur Contrée éfoit trcs- fertile
en bled.
Leur Capitale s'appelloit ~A la grande, & /!<ï~<!A-n/ncn, !A'
Grande-Ammon, ~pf-<c!0~~ la Capitate d'~mmon. Oh ta furndnnnoic
la Ville dts Eaux, à caufe defes fontaines abondantes, qui en faiMent un
~jour deticieux. AuHt cette charmante ntuafion n'échappa pas au célèbre
Ptolomée PhUadetphe;.it prit ptaiur à ia rebâtit d'une manière digne de ïeSt
nch<:uesc< de~a magnificence, & il luidonna le beau nom de PHiLADEt.pHfE,
renouvelle en Amérique d'une manière bien plus confb!anre pour l'humante.
Sous ce nouveau nom elle devint la Capitale de toute la portion de t'Arabie
qui apparicnoit à ce Prince, de l'Arabie Philadelphique, & dont le Pays de
MoabJit égalemcnt partie.
On voyoit chez les Ammonires ptuneurs autres Villes, tellcs que MiNNiTH;
& ÂBELA (urnommée des ~yne~ à caufe de Ces beaux vignobles.
Ce Peuple avoit enlevé cette Contrée aux ZM/n-ZM/nMj~ reprcfentés
comme une Nation de Géans, trais qui venoient d'être arfoibtis par l'expédition
du Roi d'Etam & de tes Alliés. Le nom de Zum-Zummins leur convenoit
trcs-bien étant formé du primitif Som qui dengna toujours la grandeur,
l'élévation, & qui exiue dans nos motsyo/MM<,ybmM~, 6'c.
Les Ammonites cfoient fi puions au rems de David, que leur Roi Hannon
fut en ctat de fournir mille ralens d'argent pour lever chez les Rois de Mcfo-
potamie, de Syrie, de Tfoba, une armée de trente-trois à trente-quatre
mille. hommes, qu'il joignit à fes propres troupes, pour combattre le Roi
des Hébreux. Cette fbmme, en fuppofanc qu'un talent d'argent valoit quatre
cent louis, monroit à près de dix millions de livres, & raifoit par tête un objet
d'environ douze louis ou cent écus.
Cette guerre dura cinq années entières, & finit par la prite de la Capitale
des Ammonites, & par la mort de leur Roi, qui fut tué dans !'a(!auc.
Sa Couronne pefoit un tâ!ent d'or elle étoit ornée de pierres précicufes,
Surmontées d'une Sidoine de grand prix.
Long-terhs après, 7otham, un des fucceueurs de David leur impofa, a.
i'occa~on d'une révolre, un tribut de cent ta!ens d'argenr, de mille mefures
de bled & d'autant d'orge, qu'ils payerent pendant trois ans, au bout defqueis
ils fecouetent le joug des Hébreux.
Ils éfoient encote connus fous le nom d'Ammonites dans le fecond uécte t.
ils fe perdirent enfuite fous le nom général d'Arabes,

~o~B~r~
Le Pays des Moabites étoit borné à l'Occident par les Montagnes qui jfonf
à t'Onent de la Mer Morte & du Jourdain; au Nord, t'Arnon étoit entr'eux
& les Ammonites; au Midi, le Zared, qui fe jette dans la Mer Morte,
jks feparoit des M.tdiMite&& desidumécn~; à i'Oncnt lem Pays fe conrondoic
avec les Défens de l'Arabie où ils alloient faire paUre leurs nombreux
troupeaux.
Leur Conrrce avoit environ quinze lieues du Nord au Midi, fur une
longueur beaucoup plus~conddérabie elle étoit coupée par diverses Montagnes
enrre ie~ueDes Ics Monts Abarim, qui tbrmoicnc de btl'es vallées, couvertes
de verdure, & où painoieni d'immen~s beftiaux.
On y voyoit un riche Canton appelle Campagnes de Moab ou S~TiM ~ne~-
<-Mor, lieux en champs.
Les Moabites avoient enlève aux EMiMs la Contrée qu'ils habitaient
c'efoit un Peuple repréfenté également comme une race de Géans, remptis <{e
force & de puinance, & descendus audi de Cham; mais qu'avoienr fans doute
auffi extrêmement afloiblis l'expédirion du Roi d'Cbm, contemporain
d'Abrah~m. Le nom Emim, fynonime de celui de Zum Zummin, convenoit
aufR très-bien à une Nation pareille, étant formé du primitif EM~ ÏM,
x
~'and, vafle.
Au tems de Moyfe, les Amorrhéens, commandés par Sihon, avoient
enlevé aux Moabites la portion de leur territoire qui étoit au Nord de l'Arnon;
mais ils n'en jouirent pas long-tems, en ayant bientôt été dépoffédés par les
IfrseiiKs, qui l'occuperent jutques vers le déclin du Royaume d'Ifracl. Alors
les Moabites s'emparerent des Contrées qui appanenoient aux Tribus de
Ruben &: de Gad; ils e<Tuyer<:nt enfuite de très-grands revers de la part de
Salmana~ar, Roi d'Anyrie, & depuis ce moment ils furent toujours en ~ueKe
avec ce Royaume jusqu'au tems de Nabuchodonolor.
Ils formoicnt encore un Nation nombreuse lorsque, plufieurs fiécles après,
ils furent Subjugues
par Alexandre, Roi des Juifs.
AR, Ville confidérable fur l'Arnon, ctoit leur Capitale. Elle dut fon nom
à (a ucuation fur une hauteur au bord du fleuve on la furnommoit égale-
trtent~ la Grande; ~d~A-A/ca~, la Capitale de Moab. Les Grecs
ajoutèrent à (oB nom d'An. celui de Polis, Ville, d'où Areopolis.
Cette- Ville ~ubMa long-tems avec éclat, lors mcmeque les Moabites ne
tbrmcrenr plus d'Etat particulier, & qu'ils furent confondus avec les Arabes,
ce qui n'arriva que vers le tems de Mahomet. Ce qui n'e~ point étonnant,
vu la lituation avantageuse de cette Place iur une rivière & dans des valleea
auCI agréables que fertiles. On peut comparer cette ntuation à celle des Villes
d'Arau & d'Ar-bourg, en Suine, qui portent le men~e nom, qui font fur
une riviere appellee également Are, & qui dominent fur de riches vallées.
On y voyoit diverses ~UtMS Villes.
LA'SHA ou CaHi ihoc, près ce 'a Mer Morte, cétcbre par (cs eaux chaudes.
Mixpah Luhith Horonaïm, Kir-Hara-Seth.
Quelques unes de leurs Villes dévoient leur nom aux Divinités qu'on
y adoroic.
BETH-BAL-MEON& BAL-PHEGOR celle-ci fur une Montagne cc!!e-~i
confacrée à la Lune, (on nom ngninanc la ~<? la ~M<Z.«/
J3<or, t: Dieu des Montagnes élevées; de PAe, pointe, & ~CA ou
Co/t, Montagne.
Ce Peuple ecoif ainudu nombre ds ces Nations Sabéennes, qui rem-
plulcienc toutes ces Contrées,

Z?B~7~~3f~
Les Idumcens ou les Roux defccndus d'E<au, furnommc .F~! ou le
Roux habitoient ce que nous arpellons aujourd'hui Arabie Pétrée ou
Montagneufe & les Cores Onenta!ts de la Mer Idumcenne ou Mer Rouget
ce dernier nom n'étant que la tradueUon du premier dans notre Langue~J
de mcme que les Grecs le rendoienc par celui d'Erythréenne.
Ce notn de Mer Rouge a occanonnc diverfes méprises long-tems on a cru
qu'et!e devoit ton ncm à la routeur de fes collines, de fon fable ou de Ces
eaux .ou qu'elle ~e ,tiroit de ta Mer des Indes, qu'on appelloit auffi Mer
Rouge. Mais ici on prenoit t'eSer pour la caufe. Le nom de Rouge ou Idu-
méenne fut d'abord donne à ce que nous appdions Mer Rouge mais à
<ne(ure que les Iduméens, fartant de cette Mer, entrèrent dans celle des Indes,
9
ils lui continuerent le même nom. Un Homme de Lettres, iHunre p~r <es
païens, par fou e(prtr, par la variété de (es Ouvrages, mais qui (e pi~ua d'éru-
.difion un peu tard cticiqua.avc~ tout l'avantage d'un bel efprif, un Ancien
,qui place fur ta Mer Rouge une Ville qui eft fur les Cûtes de taPerfe ce
bel elprit ne favoit pas que toutes ces Mers porcoienc le Hom de Mer Rouge.
Oh connc~t peuridumee qui étoit le long des Côtes de la Mer Rouge.
La Septentrionale Ce divifoit en deux perdons la GABALmE ou Gobo-
titide, ~e le Pays d'AMALEC.
On a formé nombre de conjectures (ur l'erymologie du premier de ces
noms; aucune n'eA june, pas même celle des favans Aureurs de t'HiHoifc
~Universelle. Aucun n'a vu que ce nom ctoic le même que celui des GABAH
da.ns les Gaules, ou G~<t~ devenu G~f~ & qui lignifie Pays de
~fo/<t~cj. La Gabalene renfermoit pa eHec les Monts Horcens & les Monis
de Séir, toutes ces Montagnes qui comporent l'Arabie Pérrée. On ed toujours
étonné lorfqu'on vo~c de beaux génies être fi maladroits dans la comparaifba
des mots ce talent e(t-i! donc fi dimcile f
Ce Pays, aujourd'hui défert, fi peu cultivé, fi Acrile, fut dans l'origine
une excellente Contrée, remplie de ~buices~abondante en bled,en vin.en dattes,
qui prodmfoit tout ce qui e& néceuaire à la vie. Aufu eft-il dit qu'Elu qui
fit la conqu&ie d'une partie de ce Pays, &: qui hérita de l'autre, habitoit
la graine de la terre.
C'ett que les Iduméens étoient un Peuple industrieux, & qui, Semblable ett
cela aux Suiffes & aux Hollandois, ravoir (e mettre au def!us des inconvé-
niens & du peu d'étendue de Ton territoire, 6c qui en tiroic le plus grand
parti, par une agriculture foutenue ce intelligente, en même tems qu'il fup-'
p!coic à ce qui manquoit à (a nombreuse population, par une grande économie
& par le plus grand commerce.
Ils avoient établi fur la Mer Rouge deux Ports de Mer fameux dans t'Anti-~
quité ta plus reculée, ceux d'Et<nh & d'Enongueber; dé-là leurs notfes ~e
-répandoient fur les Cures d'Afrique & fur celles des Indes elles en revenoient
avec ces mêmes richenes que nos flottes modernes vont chercher dans ces
oputen:es Contrées de l'or fin de l'or d'Ophir, des topafes d'Ethiopie du
corail, des perles, de t'ébene, des toiles, &:c.
Nous verrons plus bas, à l'article du commerce & des navigations des
Phéniciens, s'il exida dans l'origine quelque rapport entre ces deux Peuples,
& s'ils ne furent pas confondus fous une même dénomination.
On voit par la GENESE xxxvi &: par le 1. Liv. des Chron. I. que les
Iduméens avoient d'abord eu huit Rois électifs choins'entre les Seigneurs
les plus distingués du Pays, & dont le quatrieme & le huitieme porterenc
!e nom d'Adad; & qu'ils eurent enfuite onze Chefs fuccemts; de même
qu'à Athènes on créa des Archontes, lorsqu'on <e tut !a(Ïe de la Royauté. Il eft
apparent qu'eniuite quelque Famille plus puilfante que les autres s'empara
de l'autorité, puifque ce Peuple étoit gouverné de nouveau par des Rois
au tems de David.
C'e<t fur un de ces Rois que David conquit l'Idumée, après avoir taillé en
pièces dix-huit mille Iduméens, dans la vallée des Salines; & comme il
ïentoir toute l'importance de fa nouvelle conquête, il y établit de fortes
garnirons, pour qu'elle ne pût lui échapper. Alors la plus grande partie de
cette Nation fe difperfa de tous côtés.
Leur Roi Adad, encore mineur, fe réfugia, avec une fuite nombreuse,
s
P~: Tom. f. D
dans le pays de radian; d'où it pana en Egypte, où il fut accueitti avec ta p!ut
GMnde diftincHon il y cpoufa Il In:ur de la Reine TapheneS)&: il en eut un fils
appcite 6'~«/'<?~. D'autres pattcreni chez les Philif1:in's, & fortifièrent la Ville
d'Azof-h; il y en eut qui s'embarquèrent iurta Mer Rouge, & qui s'établirent
fur les Côtes de la Perle d'autres attcrent (ans doute fe joindre aux Phéniciens
de Tyr & de Sidon ? & les mirent en état de former ces comptoirs dont ils
couvrirent les Cotes de la Méditerranée & qui devinrent désoles fi
Rorinanies.
Par la conquête de l'Idumée, tout le commerce de l'Orient tomba entre les
mains de David,doni t'Empires'ctenditainH de )aMer Rouge jufqu'ài'Euphfate,
& rentermoit, ce qui eft plus confidérable encore, tout le commerce de
l'Orient & du Midi, par la Navigation de l'Euphrate & par celle du Midi
au(H rien n'égala dès-lors la gloire & les richeCes de David & de Salomon.
Sous le regne de ce dernier Prince Adad ennuyé de mener une vie oin-
ve dans t'Egypte chercha à remonter (ur le trône de fes Pères il parent qu'il
fui alors artiré en Syrie par Rczon ou Reinn qui s'étoit emparé de Damas
auprès la dc~aiie d'Adad-ECar, Roi de Zoba par David, & qui étoit ennemi de
Sa!o:non. Et à la mort de Retfin Adad dut lui iucceder & il doit avoir
fojn.c cette Maifon Royale de Princes appellés ~<&ï-<fqui furent

f~f vous que ce nom d'


condnueiiemenf en guerre avec les Rois de Juda fuccefleurs de Salomon,
jafqu'à ce que Nabuchodono(or les mit d'accord en tes fubjuguant tous. Ob-
ctoitun de ceux du Soleil chez les Orientaux;
il ftgnine le fcut, l'unique il convenoit fort à des Monarques ,.& il n'eft pas
ftonnant qu'il foit devenu le nom de quelques Familles Royales.
Quant aux Iduméens au bout d'un fiecle & demi après avoir été conquis
par David ils fecouerent le joug du Royaume de Juda, gouverné alors par
y'oram fils de Jofaphat mais ils retombèrent fous le pouvoir du Roi Azarias.
C'elt au petit-fils de celui-ci que tes Syriens enlevèrent l'Idumée&:(es
ports les Séleucides eri furent poneueucs à leur tour, puis les Ptotomées,
enfuire les Romains.
Leurs principales vi!s furent celles-ci:
TEMAM, ville dont Jérémie (<A. XLIX.) vante la fagene.'
DEDAN qui fai(oit un grand commerce avec Tyr en yvoire, en chêne,
en draps précieux &:c. ( 7<r. tA. xt.ix. ~«A. xxvn. t y.)
BOSRA H Bo~or, Ba&ah mot. qui lignifie lieu haut, rbrtcreue, vignoble,
d'où ~~t~r~~ le Vendangeur, furnom de Bacchus.
PHANA, ou PHENON, ville célèbre par fes mines de cuivre ~auxquettes elles
j~ut ion nom à quatre milles de Dedan.
SALAH ou la Pierre, le Rocher, en Grec P<M; ville fituée en eSet fur
un ro'chcr dans une plaine abondante en fources, & qu'ornoienc de magnin-
.ques jardins. Cette ville qui a donné fon nom à l'Arabie Petrée, étoit à trois
ou qu&tre journées' <~e Jéricho, a trois lieues d'Elat, & dans le voinnage dit
Mont-Hor.
ESION-GUEBER, port des Iduméens fur la Mer Rouge, tres'&cquence da
tems de Salomon mais qui fut abandonné dans la fuite lorsque les Pco!o-
mées en eurenr établi de plus commode:.
ELATH nom qu'on a aufli écrit ~<7<ï, ~/<ï~, Elana, étoit un
autre Port de mer au Nord de la Mer Reuge, qui fut toujours trcs.conndéra-
ble, & qui étoit encore habité au XIV c. uccte mais la rbrrerene qui com<
mandoh le port n'extuoit plus. ÀBULFEDA en parle comme d'une ville qui
avoit appartenu à des Juifs qui furent changés, dit-il, en linges & en pour.
ceaux. It veut parler de ceux qui en furent les Mitres au tems de David &
de fes u!cce(Ieurs, & qui y commercoient de ces animaux.
On affure que les Iduméens empêchèrent contaminent l'Egypte d'avoir
aucun vaiffeaude guerre fur la Mer R.ouge,ôc plus d'un feu! vaideau marchand
nu<nenvatoit-i!ptu(teurs,)[emb!ab)sencc!aà ce vaiffeau avec lequel feul les
Anglois pouvoient faire le commerce des Mes Espagnoles en Auc.

M jt B x r
Les Ama!ek!ces faifoient portion de l'Idumce feton tes Arabes ce font
eux qui, fous le nom de Rois Payeurs, régnèrent quelque tems en Egypte.
Ils avoient des Rois dont le titre étoir fans doute celui d'Ae-Ae le ~j-
Grand, du moins c'eft ain(t que font defignés le premier & le dernier de leurs
Rois. Ce titre convenoit très-bien à une Nation qui parole avoir été tres-nere~J
trcs-infolente. Le célèbre ~/n~~ de~cendoic de la race de tes Rois.

;.JCB/)~E~
Les Kedareniens étoient de rase d'ICnaet ils etoient riches en trou-'
la
peaux & tr~s-habites à tirer de l'arc. Ils habiroienc fous des tentes aufïl en:-
il parle dans l'Ecriture des tentes de Kedar. Leur nom ngnine les Noin.s
ï
feroit-ce à caufe de leur teint, ou de la couleur de leurs centes PubfB &ic
mention de ces Peuples leur vie errante & nomade les avolt mis à couvert
des matheurs qui eu avoient anéanti itmi d'autres.
D ij
JP~y~ jo~~ P~f~fsriy~ou P~f2!JrjJVi~
Les PhiMins Soient une Colonie venue d'Egypte qui s'étabHt au Nord
'de cette Contrée fur lés Côtes de la Méditerranée, dans un terrain qu'Us en-
levèrent à quelqu'une des Tribus Cananéennes. Ce difthct qui avoit environ
une quinzaine de lieues de long fur très-peu de largeur, étoit borné à l'O-
tient par des Collines quirburnifïoient des points de vue admirables, & d'oA
defcendoient nombre de petits ruiueaux qui fertilifoient la plaine & la renf
doient d'un très-grand rapport.
Les Grecs changeant Ph en P, prononcerent !e nom de ce Pays PALES-
TtNB o~ ils 1'erendirent peu à peu à tout le pays de Canaan de même qu'ils
étendirent le nom de Syrie à tout le pays d'Aram.
On y voyoit cinq Villes principales qui formoient autant de Républiques
ou de petits Etats réunis en une même Confédération gouverne quelque-
fois chacune par un Roi différent, & quelquefois par un feul Prince.
HAZA ou GAZA mot-à-mot, la FoKe, une de leurs principales villes & îa
plus méridionale, n'eft plus qu'un monceau de ruines mais elles font un té-.
tnoin encore exiftantde fon ancienne fplendeur on y vok)entr'autres, nom-
bre de colonnes du beau marbre de Paros.
ASCALON,. ville non moins flonuaute, &L qui étoit fituée dans une vaftc
plaine très-bien cultivée t'eft de-là qu'eâ venu l'Echalotte, en Grec ~a-
lonia, & qui portoit à Paris il y a quelques ftéeles le nom d'jE/cA<o~<
Chacune de ces deux villes avoit un port, qu'on appelloit MAi-U~A, om
,~UIe des eaux.
AZOTH, ou AsDOD vilïe extrêmement forte & fituée dans. des Campa-
gnes fertiles en bled.
GATH~dan& l'origine Ville Royale, & dans un pays de vignobles. Elle étoic
fur un coteau & ton nom fignifie Pr~e/r.
ACCARON, on EKRON, la plus fepientrionale de toutes.
Ces villes furent également célèbres par leur commerce & Far leur !nduftrîe,
fur-tout lorfqu'au tems de David elles eurent admis dans leur fein nombre
<d'Iduméen& fugttifs qui s'appliquèrent principalement à fbttiner Azotb.
Quelque fâcheux que foient en eux-mêmes ces événemens qui bouîe*
~crfent les Nations qui les forcent à abandonner leurs foyers ils
deviennent très-avantageux pour l'humanité entiere lorfque ces Nations
difperfees font avives tindnfttieufes, riches en connoiuance:. Ceux qui écha~;
cent a ta ruine de leur Patrie, répandent par-tout où ils Ce réfugient, l'induf-
trie, les arts, les fciences des cendres d'une Nation éclairée & puiuanie, il
en renaît une foule de femblables. C'eft ainH que l'Europe & les Lettres re-
cueillirent les plus grands avantages de la difpernon tdes Savans de Con~anti-
nopIe,lorfquelesTttrcs fe furent emparés de- cette Ville ce qu'ils en eurent
fait fuir les Sciences c'ett ainn que l'Europe profita également de la difper-
fion des Pr6re(tans François, & que la Suiue, l'Allemagne, la PruOe, la
Hollande, l'Angleterre qui les reçurent à bras ouverts, s'enrichirent des dé-
bris de la France, perfectionnèrent leurs Arts & leur Agriculture, partici-
pereiit à une induftrie & à un commerce qui faifoient de la France une Pui(-
fance unique.
Les Philiflins furent prefque toujours en guerre avec les Itraëlites, Sur-
tout au tems de David. Du vivant de ce Prince, ils avoient encore au milieu
d'eux quelques familles de Gcans telle que celle de Goliath, de ton frere
& de fes trois fils, dont l'un avoit douze doigts & douze orteils.
Ils furent enfuite fucceuivement (bumis a Sennachcrib l'A~yrien~ à Pïam-
métique Roi d'Egypte, à Nabuchodonoror puis aux Pertes ;,enfuite, rantôtaux
Séleucides, tantôt aux Pto!omées,ju(qu'à ce que les Romains les eurent tous
fubjugués.
Aujourd'hui ces belles Contrées ne fervent plus d'habitation qu'à quelques
peuplades fans puilfance & fans gloire, qui vivent très-pauvrement fur un.
terrain dégradé qu'elles ne peuvent plus.mettre en valeur,

Etat acluel de ces Cc/y~.


~Ain(ï s'eft évanouie la gloire de ces belles & fuperbes Contrées qu'on
cherche en vain au milieu d'elles-mêmes ainH ont été perdus ces foins ac-
tifs & éclairés, ces travaux infatigables avec lefquels leurs premiers poneueuM
tes mirent dans le plus grand rapport, avec lesquels elles fe couvrirent de
.~iMet florifrantes & d'une population qui nous étonne aind s'anéantirent
cette induftfie & ce commerce avec lefquek leurs habitans lioiént tous les
peuples, & vivifioient la terre entiere par les relations qu'ils établiHbient en-
tre toutes fes parties.

les Ces Contrées noriuantes ne font prévue plus que des monceaux de rui-
ronces, les épines ce les déferts ont pris la place des campagnes les
plus riches, des vignobles les plus agréables, des récoltes les plus abondantes,
de ces yergers qui en faifoient autant de fejours délicieux. L'ignorance yaine;J
grotHere deStrueUve a fuccédé aux plus belles connoiuances l'humanité s'y
trame miScrablemenc dans la fange & dans ta (blitude fans énergie, fans vi-
gueur & fans force. Une cupide indolence a remplacé les plus beaux ra!ens'~
cette ardeur inquiete avec laquelle ils fe propagent & fe développent un Des-
pore tyrannique mené avec un fcepire de fer les defcendans de ces peuples
nais & libres qui étoient hotrunes non enclaves élèves & non rampans,
éclairés & non abrutis.
Les Ans, le Génie, les Connoinances, les Talens ont fui ces rerres mau-
dites comment. auroient-ils pu s'y maintenir ï ils n'aiment qu'une liberté
honnête & décente. Ils ~e font transportes'dans des climats moins heureux
plus fauvages mais où ils ont été accueillis avec ardeur, où ils ont poude
des rameaux vigoureux où leurs bornes ont été innniment reculées, où
Us (e font établi un Empire tres-tuperieur à tout ce que vanta jamais l'Anti-
quité.
Mais ils fuiront également ces terres dont ils font la félicité s'ils y font
egatement traverfës par les guerres, par les fureurs intentées, par les haines
désordonnées des Nations par la tyrannie & le deîpotifme des Chefs par.
les ravages des Traitans, par des impôts fans proportion avec les revenus,
destructifs de !'induHfie & des générations.
Ces Rois actue!!ement u grands par la mutfitude de leurs Sujets par le
génie, par l'indu~rie, par 1e commerce par les lumières que déploient leurs
peuples, ne regneroient plus, ainn que les Potentats de l'Ane, que (ur de
'vaftes & mi~rabtes déferts, ou fur des peuplades foibles & <ans indu~rie
pourquoi feroient-ils plus privilégies que ces anciens Monarques qui com-
mandoient à de plus riantes &: de plus fertiles Contrées ?1
La gloire d'une Nation s'anéantir par les vexations par l'ignorance 5c
l'inertie qu'elles trament à leur fuice la prospérité, les lumières, l'induf-
trie fuyent tout ce qui e(t contre l'ordre elles s'~toignent à grands pas fur;
les aîles de la liberté & vont enrichir la main qui les accueille.

ART 1 CL Ë 1 II.
F~jvc~ Co~r~Mpo~ rEA~c~oDoy~ojt..
Les Princes contemporains du Roide Chatdee, croient en général peu,
lignes d'cntfer en comparaifon avec ce jeune~H~ros la plupart, (en~bloienc
N'avoir été élevés fur le Kone, que pour Ce livrer à leurs paŒQM folies & dc~
placées pour (uivre leurs caprices, pour fouler aux pieds leurs (ujers, comme!
fi ceux-ci n'étoient faits que pour eux ils les accabloient d'impôts absurdes
ils fe livroient à des guerres ambitieuses, qui lors même qu'elles étoienicou-~
ronnées de quelque fucccs, ne les dédommageoient ni de leurs pertes ni de!
leurs dépendes, &: ne pouvoient compenCer l'avernon qu'its infpiroieni pour
eux à leurs voiuns effrayés de leurs inju~ices, de leur ambition inquietie de
leur perfidie dans les alliances qu'ils rempotent avec la même témérité qu'ils
les fbrmoient, de leur politique étroite & fans grandes vues, toujours dirigée
par la cupidité du moment. La plupart d'enir'cux ccoient d'aittcurs fans éduca-
tion ou n'en avoient eu qu'une mauvaise ils étoieni fans connoitïances, fans
énergie, fans élévation. Un Prince eft-il fait pour favoir!n'e(t-ce pas fes-
Minières à gouverner pour lai, & à lui à jouir de la vie Ces maximes ingén-
iées de l'orgueil, de lapareue, de l'amour du ptai~fans danger com!ne
fans gloire dans le cours ordinaire des chofcs, dévoient eniramer ncceiUire-
ment la ruine de ces Rois peu dignes de leur place dès qu'il s'ctcv~roit un
Prince magnanime qui ne s'endormiroic point fur ton trône, qui fe croi
roitau-deflus de la vie voluptueufe & défbrdonnée des Princes, qui ne s'cfti-
meroit digne de la Royauté qu'autant qu'elle lui (erviroit pour ne p~ vivre
dans la mo)lefle, pour être toujours à la tête de tes confeils ou de fes armées,
pour profiter de tous fes avantages pour entrainer l'admiration des mortels
par fon. activité, par fa tempérance par tes connoiflances, par Ces talens en.
tout genre pour veager dans le fang des Rois fes voinns leurs injustices, leur
ht~ne, leurs cabales, leurs ligues tardives ou intentées.

C y R jf.

Entre ces Princes étoic CvAxAR.<, troifieme Roi de Médie il étoit vc-
ritablement grand, parce qu'il avoit <té long-tems éprouvé par l'adver~ré. Les
hommes, les Rois, fur-tout, s'imaginent n'être au monde que pour le bonheur :<
c'eA la plus fune~e illufion qu'ils puiuent fe faire tout homme en: expole à
des revers, les Princes encore plus que les autres malheur à cenx dont l'âme
n'a fu s'y préparer, & qui livrée à la molletfe ou aMmée par. fes befouM~
trouve fans reflort au jour du malheur & ne peut y réMer
Cyaxare :'étoit vu dépouiller de fes Etats du vivant même de fon Pere1
par le Roi d'Aifyrie fon Pere avoit été fait prifonnier & mis à mort par le
vainqueur fa Capitale avoir été prife d'affaut & raiee jusqu'aux fondemens.
~on grand cecu~ s'étoic jtrtité il n'ayoit respiré que vengeance & ayant éta-
bli dans tes troupes une discipline inconnue jufques à lui, & les ayant <Mrï-
buées par corps plus ai(Xs à conduire qu'une foule fans ordre. il avoir recon~
quis ïe< Etats l'epee à la main il avoit même déjà formé Je fiége de Ninivey
lorsqu'une invanon effroyable de Scythes ou de Tartares qui nrenc gémir l'AHe
entiere pendant vingt-huit ans, le rappeUerent chez lui. A force d'adrene, de
patience, de courage, il étoit venu à bouc de ~e débarraffer de ces terribles
hôtes & il avoit repris fon premier projet contre Ninive. Afin d'y parvenir
plus (urement, il avoit fait alliance avec le Roi de Babylone & pour la ci-
menrer, il avoit donné fa Fille en mariage au jeune Nabuchodono&r, fils de ce
Roi. Ils venoient de détruire cet Empire redoutable lorsque ce jeune Prince
monta fur !é Trône de Babylone. Etroitement unis, ils jurent tous les deux de
s'aider mutuellement à vaincre leurs ennemis, & de fe prêter la main pour
conquérir l'Ane, l'un au Midi l'autre au Nord rien ne pourra triompher
de leur union & de leur valeur.

r o B << t.
ÎTtfoBALlI. tcgnoictur la Ville de Tyr, & fur ton Territoire (Ez.
<xvt & xxvm).C'etoit un Prince fier det'ectac&des richedesde fes Su-
jets.Il s'égalait aux Monarques les plus puinans, & croyoit qu'aucun n'etoic en
état de l'attaquer avec fucc~s il écoit Roi de la Mer, & il favoit que fa Nation,
avec douze vaideaux feulement, avoit détruit depuis peu*hne flotte du Grand
Sa!mana(ar compofce de (oixante Vaineaux, fur laquelle même ils avoient
fait nombre de prifonniers. Cet exploit l'avoit rendu au(E fier & auul in(o!enc
que fes Citadins il s'imaginait n'ignorer tien, être audt fage que Danie!,
mériter d'être un Dieu plutôt qu'un homme c'e~ à lui qu'Ez~chie! adreue
ce difcours
« Parce que ton coeur s'e~ élevé, comme s'il étoit celui d'un Dieu, )e vais
M &ire venir contre toi des Étrangers ( des ~SK< ) ). ils te feront def-
» cendre en la tbue, & tu périras de la mort de ceux qui .font tués au milieu
» de la Mer M, de cette Mer en laquelle il avpic mis toute & confiance cC
~vec laquelle il ~e croyoit invincible.

.B << f
BAAus éroit Roi des Ammonites. Outre que ce Prince regnoit fur un Ter.
tKoire borné, il ctoit foible, & méchant comme ceux qui veulent fuppléer par
la
~noirceur de leur ame, à ce qui leur manque de vertus: cependant il tomba
dans féspropres filets, s'étant attiré mal-adroitement la haine de Nabuchodo-
no~or, & en ayant été la victime avec fes propres Etats.
I! en fut de même du Roi des Moabites fon voifin qui eut {'imprudence
d'entrer dans une ligue contre le Roi de Babylone & qui en fut également
ecrafé.(Jer, XXV. XXVII).

J~~OJ~X~M.
jEHOtAKtM, fils atné de louas, régnoic alors à yéfu~atem il avoic été é!evc
~r le Trône par Necbao, Roi d'Egypte, qui avoit déâir jfbn Pere, détrôné un
de (es Freres, & qui lui avoir impofé un tribut annuel de cent talens d'argent
& d'un talent d'or. C'étoit un Prince féroce & tyrannique il fuppofbif des cri-
mes à ceux qui avoient le. malheur d'être riches, & le: raifbit mettre à mort
pour s'emparer de leurs biens rien ne pouvoit ~umre à fes roltes dépendes
d'ailleurs Ces revenus éroient prodigieufement diminués, parl'aHoiblidemcnc
de fes Etats, qui n'étoient plus qu'une ombre de l'ancien Empire de David
Ce de Salomon & par -le tribut conndérable qu'il étoit obligé de payer à t'E"
gypte. Il s'irritoit contre ceux qui vouloient le ~aire rentrer en lui-mcme
fur-tout contre Jérémie qui lui dénoncoic la ruine entiere de fon Etat, s'il
ne fe corrigeoir; & ïur-rout s'il comptoit fur la protec~on de l'Egypte. En
effet il étoit impouible qu'un Prince auffi incapable du Trône pût (e fbute-
tenirlong-tems au milieu des prétentions réciproques,de deux Monarques
~ulïi puiuans que ceux de l'Egypte & de Babylone.

c o.
NtcHAo régnoh en Egypte il étoit fils du célèbre Pfammétique, qui le
premier ouvrit ce Royaume aux Etrangers, fur- tout aux Grecs. Ce Prince
avoir de grandes vues il avoit enayé de joindre le Nil à la Mer-Rouge, par
un Canal; mais il fut obligé de renoncer à cette enireprife aprcx y avoir per-
du, dit-on, cent vingt mille hommes. Il entreprit de créer une Marine,'pour
enlever le Commerce aux Phéniciens 6e pour devenir puiffant par Terre &:
par Mer: dans cette vue il couvrit de Galères la Mer Méditerranée &
Mer-Rouge il fit faire par des Phéniciens le tour de l'AMqae, voyage oH ils
employèrent trois ans. Il eût été véritablement grand, s'il n'avoir pas eu un.
concurrent pius heureux à cet égard, il fit une faute irréparable, & qui en~
.D~ Tom. 7. E
traina les malheurs de l'Egypte. Au lieu de foutenir le Roi d'Anyrie contre Ie<
Medes & les Babyloniens, il le taiua détruire, & Ce contenta d'avoir part à fa
dépouille, en pouvant Ces conquêtes jurques fur l'Euphrate, ou il (e rendit
ma~re de Carkemis, après avoir défait en bataille rangée, Jonas Roi dejuda~
qui mourut peu de tems après des fuites d'une bleffure.
La puluance réunie des Medes & des Babyloniens n'étant plus contre-
balancée par aucune autre, l'Egypte dénuée de tout Allié, fut hors d'état de
render à ce torrent impétueux elle étoit d'aitleurs de plus en plus a~fuiblie par
tes querelles, avec l'Ethiopie avec qui elle ne favoit pas vivre en paix, &
qu'e)!e étoit cependant hors d'état de conquérir. AinH s'avançoit à grands pas~
& par une témérité fans égale, ruine de l'ancienne, de t'étonnante, de t~
Sort(!ante Egypte.
ARTICLE VI. ,j
Acc~jE r~ JV~B~c~o~oyoto~
ï °. Epoque <~ /i'<2'n<.

NABU-cnoD-DoN-osoR, dont !e nom fe prononce autït d'une maniere pïu<


rapprochée de l'Oriental, ~M~o~r, étoit fils de NABo-poL-ASSAR
~ui régna fur les Babyloniens pendant vingt-un ans, & qui vers la fin de ïà
vie avoir détruit l'Empire des Afiyriens~ conjointement avec Cyaxare, Roi
des Medes.
Nabuchodono~or étoit le XV* Roi de Babylone depuis le grand. NABoN-
.AssAR qui avoit tbnd~ ou refhuré cet Etat, & qui e& à !a tête du Canon Chro-
nologique de PTOLOMÉE.
Cet iHuttre Afironome ayant befoin d'appuyer fes obfervations d'une fuite
inconte~able de Rois, remonta jufques à Nabon-Anar Prince dont FechK
avoit enace !a gloire de fes Predéceûeuts, & qui fembloit avoir amené un
nouvel ordre de chofes. Et, ce qui e(t très-remarquable, c'e~ que ce nouvel
ordre tombe fur k milieu du VIIi° nècte avant J. C. dans ce fiècle, où à peu-
près au même infant, le Monde entier change de face où il ~e fait dans les
efprits une explofion fingulière d'Orient en Occident, où les Grecs étabhuent
les Olympiades, où Rome eft fondée, où la face del'AGe change où tes Ciii«
nois eux-mêmes prennent un nouvel e(!or.
Ainfi le Règne de notre Héros tombe en-deçà des tems inconnus dans
une époque ~ure & brillante, où t'Hiftoire Ce dégage de toute fable de tout<
ebjfcnnté, où eUe s'appuie de Monumens ~01 précieux qu'inconte~~btes,
Lorsqu'il monta fur le Trcne on comptoit déjà ~o ans depuis l'ave-
eement de Nabonauara la Couronne & on comptoit la 60S ou la 6o~.e a""
née avant l'Ere Chrétienne :!e VIF fiècle étoit donc ptët à expirer, & il s'cft
écoulé depuis ce tems-là près de 1~.00 ans.
lO.Dcr~Vojtfr~ NABUCHODONOSOR.
:t
Ce nom eft &rmé de la réunion de placeurs mots, de ceux de A~o, chod;
~oc, afar ou <~r, qui tous reviennent fans ceue dans les noms de ta
plupart des Princes d'Anyne& de Babylone on doit donc les regarder comme
autant d'epithctes ou de titres d'honneur: & il ne fera peut-être pas dicncile
d'en retrouver la fignification: il eA d'ailleurs très-agréable de ravoir la valeur
des mots qu'on a fans cène fous les yeux.
Tous ceux-ci tiennent à la Langue Primitive. NABo NEBo, défigne te
Ciet, tout ce qui eft haut, élevé, fublime il tient au mot A~ des Indiens.
CuoD, GoD GAD a toujours .dcugnc la bonté, le bon, le très-bon, Dieu
même.
A

DoN AcoN, toujours !a domination, le Ma~cre le Seigneur.


AsAR, AssAR, EsAR, OsoR, fignifie le haut, le puiuant; il tient àSER~

Eyptiens..
jSuLE, peut-être même àOsims, le Seigneur de toutes chofes chez les
«
Ces mots font combinés avec d'autres par exemple, avec celui de
Poi., Put, PHUL PHAL qui deugne le Soleil & qui fë retrouve dans le
Poi-i-a~ & le PuL-cher.des Latins.
On peut donc rendre ces noms à-peu-près de cette manière
~t~-cAo~n-o/or, le Seigneur du Ciel, trùs-grand & trcs-bon:ou fi
on veut l'expliquer de la gauche à la droite, le très-haut~ très-bon &
très-grand Seigneur.
Nabo-pol-dfar, Je Soleil, Roi des Cieux, ou le Roi fublime & radieux,
~~o/ï-~df, le fublime Seigneur.
~)'r-<o/ le Seigneur très-grand.
Bel;-afar, le Seigneur rayonnant, plein de gloire.
T'/f/Ad/-<t/<!r, le Seigneur radieux & rapide comme /<ï~cAf.
Ces noms paroînent ridicules & oppofés à nos ufages une fuite necenaire
du Me excenIF des Princes de l'Orient, qui, dans leur orgueil indolent, s'ap-
pelloieht les Frères du Soleil & de la Lune, les Fils du Ciel, les Rois des Rois;
mais pour les confidérer fous leur véritable point de vue, il faut (e transporter
Aux tems anciens, & contulter le génie des Nations fur qui régnoient ces Princes,
E ij
ESSAI1 D'HISTOIRE ORIENTALE.
Ces Nations fe formoient toujours la plus haute idée de leurs Monarques
elles les regardoient comme établis par ta Divinité même, comme l'emblème
du Ciel, du Soleil, de la Lune, de tout ce qu'il y avoit de plus lumineux.
D'ailleurs, dans leur Langue primordiale, elles furent obligées de prendre des
objets phynques pour exprimer des idées méraphynques; & quels mots pou-
voit-on mieux choinr pour peindre les idées de royauté, de domination
que ceux qui déngnoient déjà le Ciel le Sote:t, là Lune~i Lumière~ tes
Flambeaux Conducteurs ? En6n, ces titres devenoient pour les Princes autant
de leçons qui leur faifoient fentir combien ils feroient indignes de leur rang.,
leurs actions ne répondoient pas à leurs turest

}'. PREMIERS EXPLOITS DE


NABUCHÔDONOSO~

Les premiers Exploits de Nabuchodonofor eurent pour.objet d'entever


Nechao, Roi d'Egypte, les Etats que ce Prince avoit envahis fur les Affyriens
tandis que Nabo pot-a~r fon Pere, &: Cyaxare étoient occupés au Siège de
Ninive. Cette expcjicion,qu'on attribue à Nabuchodonofordu vivant même de
fon Pere que des m6rmircsmcttoicnt hors d'état de conduirefes Armées e(t
une preuve )ati!:c.tique que Ninive n'etoit ptus:it eft donc~rcs-etonnant qu'on
ait fair un renversent pareil, &: qu'on ait cru que cette premiere campagne
précéda la ruine de Ninive. Les conquêtes de Nechao fur les AfÏyriens ne
durent occadonnées que par celles mêmes des Babyloniens 8e des Medes (ur ce
Peuple, & ce ne fut que comme Vainqueurs de Ninive que les Rois de Baby~
ïone eurent des droits fur les Peuples du-Mtdi~ & qu'ils purent attaquer te
Roi d'Egypte avec qu'qu'ombre de-justice. D'ailleurs, avant la conquêre de
Ninive les Princes de Babylone etoieM hors d'état d'attaquer les Peuples
du Midi, Sujets de cett~Puiuance, & ils en auroient été nécenairemenp.
accablés.
Nabuchodonofor marcha d'abord contre Carkemis fur, l'Euphrate qu'on
croit être !e mcme que Kir-Kene, & qui, par la Conquête qu'en''avoic
fait Nechao, ouvroit aux Egyptiens la porte de la Mé&potamie~ en.
&i~oit un vot~n redoutabte.
Après en avoir fait le Siège & sten, être rendu ma!tre, il traverfe en
Conquérant la Syrie & la Cocte-Syrie, attaque Scythopoti! &: la prend,
forme enfuite le Siège de ~erufatem dont le Roi étoit Tributaire de i'Egypte
il s'en rend maître te p de Novembre, pille la Ville & le Temple impofë un.
f,ibut au Roi, revient promptement à Babytone pour prendre poftejfllon.
<fu Trône, devenu vacant par la mort de ton Pere. Il y arrive en triomphe,
après une campagne des plus gtorieu(es, chargé de bucin, & fuivi d'une foule
de prisonniers, fur-tout de t'étite de la Judce, & de jeunes gens des meit-
kures rannttes.même de la Famille Royale~enire lesquels (e diMnguoit DANtH..
Cette expédition arriva la premiere année de fon regne Dauiel le die
expreuement; mais ici il s'eft gtiue une faute dans fon texte, qui exige une
note particulière~

F<!N~ ~e dans T«~ CM Daniel donne la ~~< ces ~M</MM~

On fait dire à Danie! que ces événemens arriverent !a premiere année du Roi
Cyrus, & tout de fuite cependant il parle de la feconde année de Nabucho-
donofbr.C'eftuneerreurmanire~e~on a cherche à la corriger; mais par d'autress
mutes le @.Qpi(te qui a tf<m(ctk le beau manuscrit Hébreu, no. 1 t.in-f~io
de la Bibiio.theque~du Roi, ne Sachant comment les corriger,. a ftipprimé en-
ticrement k ver(et c'en. couper le ncEud gordien, S~ non l'expliquer. D'autres
font dire à Daniel qu'il vécue' jusqu'à la premiere année de Cyrus d'autres,
qu'il demeura à Babylone )ufqu'à. cette premiere année: ce n'e~ rien de tout
cela. Otez le nom de Cyrus, qui a été inféré mat-à-propos dans le texte &
tout Va de niiie. C'e~ ta premiere année de Nabuchodouofor que Daniel fut
orantporte à Babylone, & dès la fuivance il eut la vinon du Chap. II.

SECONDE EXPEDITION.

Au bout de trois années de vafTettage, Jehojakim, Roi de Icrufatem, fe


révolta contre' les Babyloniens leur Roi détacha contre lui une armée de
Syriens, de Chaldéens, d'Ammonites, de Moabites. Ceux-ci ravagèrent la
Contrée, tuèrent Vehojakim dans un combat, la troineme année de la guerte,
& ils Ce retirerent avec nombre de pnfbnniers~

Son fiis ~échonias lui fucceda il n'avoir que dix-huit ans, &: ctoit depouïva
des qualités nécenaifes pour fe foutenir dans un rems audi ctifique on- en
fait d'ailleurs un portrait aun~ odieux que de fon pece. Il n'eut pas le tems de
jouir de (on élévation dé)à te Roi' de Babylone étoit en route pouf fe
'venger du Midi: Jéchonias, (a Mere, toute fa Cour allerenr. au-devanc.de
Uti pqpr le néch~r; mais, comme te leur avoit prédit Jérémie, ils le trouverent
inexorable. Il les. fit tous pariiE pour Babylone, pilla la Ville,.te Temple, t~
Palais, emmena dix mille hommes d'élite, & mille des meilleurs ouvriers en
or & en argent. Entre ces Captifs furent Mardochée &: EzéchieL
Nabuchodonofor établit à la tête de ceux qu'il laiua en Vudée Scdecias
onc!e de Jechonias c'étoit un jeune Prince âge de n ans, & qui ne ~uc
point pronter de l'exemple de tes prédéceneurs.
AuCi impatient de fupporter le joug que mal-habité Me fecouer~ il prêta.
!'orci!fe à tous les Princes du voinnage qui lui envoyèrent des Ambauadeurs
plutôt pour le faire entrer dans une ligue commune contreles Chaldéensque
pour le féliciter d'un avenetnént au Trône qui étoit arrivé fous de fi funeftes
aufpices. C'étoient les Rois des Ammonites, des Moabites, des Idumeens,
de 1 yr de Sidon celui de !'Egypre même entra quelques années après dans
<etM Confédération. Nechao ne regnoit plus (ur cette derniere Contrée it
avoir peu furvécu à (a défaite fon fils Pfammuthis avoir auni ditparudede~-
(us!a terre, au bout d*un regne de nx ans, Apriès ou Pharadh~Hophra ve-
noit de njccéder à ce<< Princes. Les Princes Confédérés ~e promettoient d'att"
~anr plus de fuccès que leur ennemi commu~toit fort occupé atHeurs.

< T~AOj~~E~jcj'~Drrjro~f.
Babylone étoit en effet occupée alors à,une guerre très-vive contre fc
Royaume d'Elam qui renfermoit tûut ce qui étoit entre la Médie & la mer
de Perte là éroient FElymaide, la Sunane, les Couéens & une partie des
Etats qui compoifent la Perte tout ces Pays tombèrent: fous la main vigpureufc
du Héros pabytoniet~
7't/~rAf~jtfj?jE~p~rjro~

*<
Au retour de ces Provinces Orientales, ie Roi de Babylone ne refpiranc
que vengeance, marche audi-tôt contre tes~Rois du Midi. Arrivé à l'endroir
oa le chemin te paicageoic eh deux l'un pour aller chez les Peuples qui
denieuroient à l'Orient du Jourdain, t'autre chez ceux qui font à l'Occident
de ce neuve il tira au fort avec des flèches le pays contre lequel il marche-
roit le premier. C'e~ de cet ufage que nous avons eu occanon de parler dans
nos Origines François, & dont nous avons fait voif~qu'eu: venu notre
mot A~r~.
Le fort s'étant déclaré contre Juda l'Armée Babylonienne pri~tte c~e-
tnin de ce Royaume elle le ravagea entie~ment & forma ensuite le nége dç
Jerufalem.Nabuchodonotbrs'avanca~enmême tems avec une partie de fon A~
t~ée contre le Roi d'Egypte qui avoit e~y6 de venir au fecours des AQ!e-
ces mais qui fe retira fans ofer t'attendre tout le poids de la guerre tomba
donc fur le malheureux Sédécias. Sa capitate fut prife d'aftaut âpres un an.
de f!éce ce Roi tâcha de fe fauver avec fa famille malgré les contées de
Jcrémie mais il fut arrêté en chemin & conduit au Vainqueur qui étoit à
Ribla eh Syrie ce Prince le traita bien plus cruellement que (on neveu il
fit mettre à mort fes enfans & Ces amis il lui Et crever tes yeux à lui-même
& !e fit transférer à Babylone chargé de chames.
Il ordonna enfuite au* Capitaine de fes Gardes de rater les murs de Jé-
ru(a!em de brûler le Temple, le Palais & les autres édinces de cette vi!!e ,cc
d'en transporter les habitans en Chaldée. H fit en même tems décapiter le
premier & le fecond des Sacrificateurs le Général, le Secrétaire & les Con-
feillers de Sedécias &c. parce qu'ils avoient é[6 du parti des revottés
mais it nt un accueil difUngu~ à Jéfcmie parce qu'il avoit toujours annoncé
les funeftes effets de cette inconduite; & lui donna la liberté de refter dans
fa Patrie, ou de le fuivre à Babylone. Il paroît même que c'e(t à fa recom-
mandatiQn qu'il établit pour Gouvernear de la Judée, Guedolia, personnage
difUngue par ton rang, parfanailfance, parla protection qu'il avoit toujours
accordée à Jerémie, & par.le crédit avee lequel il lui avoir fauve la vie dan~
plufieurs occaflons.
Nabuchodonofer attaque enfuice !a vitle de Tyr:it fut obligé de l'atHeger:
tes habitans pleins de courage ~ë défendirent avec un grand fucçes
pendant t'efpace de treize ans; mais enfuite las de lutter, & craignant enfin
d'être pris d'auaut ils s'embarquerent fur leurs vaineaux & abandonnerent
dans la nuit leurs maifons & leur patrie. Ainfi leur ennemi fui frullré de ton
attente, n'ayant en fa pouefHon que des maifons vuides d'habitans & de
tichefÏes.
Pendant !ef!ege de cette belle ville, le Royaume des Ammonites fur en~
tierement détruit. Leur Roi Baalis avoit donné a(y!e aux Juifs qui vinrent fe
réfugier chez lui après la ruine de lerufalem il engagea enfuire l'un deux
nommé Ifmael & de la FamiMe Royate,à anafEner Guedolia: le Roi de Baby-
lone envoya alors contre les Ammonites, cinq ans après la deftruttion des
Juïfs ,~<r-<n. Capitaine de fes Gardes: celui-ci mit ce pays à fea
&afang en détruint la capitale & emmena en captivité Baalis'avec les
Principaux de la Nation, & les grands Se!gneurs du Pays il en fut de même
des Moab!res.
Nabuchodonofor,pourfe confoler de révanon des Tyoens, entreprit la confs
qoete de Egypte, dont le Roi après être entré dans la Confédération géné~
raie contre lui avoit lâchement abandonné Sédédas aufH Ezéchiel annon-
ça aux Egyptiens qu'ils feroient humiliés pendant quarante ans, & qu'en-
fuite ils n'auroiem plus de Rois de leur Nation. L'Egypte affoiblie de tous
côtés'& déchirée par les horreurs ~'une guerre civile ? rut hors d'état de ren~
tef ton ennemi la ravagea le butin immenfe qu'il y fit le dédommagea des
&Mgues & des dépendes qu'avoit occafionné cette guerre.
Ce Prince pafïa de-là dans la Lybie, & reduini fous fa domination tou-
tes les Côtes Septentrionales de t'AMque s'embarquant entufte avec fon ar-
<nce fur les vaiueaax qu'il trouva dans les ports de <:e[fe Contrée i) poutfui-
vk lés Phenidens)ufqu'en Espagne :H c~vagea !es ponefTIons qu'ns y avoient,
& y etabitt une partie de ceux qu'il avait amenés avec'lui fur-tout des Juifs.
Comme ce point d'Hiftoire n'a jamais été éclairci, & qui! e~propre à ré-
pandre un grand jour fur les navigations des Phéniciens, nous allons entret
dans quelque détail fur cet objet intérenanr.

A R T 1 C L E V.
<~<r~ L'jB~r~cy~ AïBRjc ï oy~M pjx ~B.ycN ODcyo~o~.

L'Hiftoire & la Géogr&phfe ancienne tant ~nepre remplies d'objets téné-


breux, malgré'tes travaux des Savans
pour éc!aircir ees deux Sciences on
ne (auroit donc trop les inviter ~répandre fur elles te plus grand jour; mais
a$n d'y parvenir~ il fau~ qu'its s'attachent fur-tout à <:onno~tre la v~teur des
mots anciens, puifque ce n'eft que par eux qu'on peut pénétrer dans les
chofes, C'eft., par exemple l'igaprah(;&p.ùron étoirfuria vateur d'un mot
qui a. dérobé aux yeu~ de tous Jes;Savans de tous les Critiques, de tous les.
Commentateurs, les preuves qui exiften~ dans l'Antiquité de l'expédition de
Nabuch.odonofor en Efpagne, renou-vellée par les Sarranns & dont l'igno-
rance a répandu, en même tems, la plus grande obfcurité fur les voyages
d'un autre Hérps, célèbres par H o E R E, ceux de Ménélas, On-verra par.
le détati où nous allons entrer, combien il importe, même pour l'Hi~oire ?,
pour la .Géographie de connoure la force de chaque mor& la xnaniere don!:
leur prononciation change dans les Dialectes d'une même Langue.
<
t.
Le Nom Oriental de /«jn< étoit ~j! ou <?~AF.
Ezéchiel ( Chap. xxx. ~.) parlant des Conquêtes de Nxbuchodono&r, dit
que ce Prince fubjugueroit Cnus, PnuT, LuD, tout le WAM, le Cnua, tes
enfans de la terre d'Alliance l'Egypte depuis Migdol jusqu'à Sienne. Ces
derniers pays font connus il e(t queflion de déterminer les autres.
CHUS de l'aveu de tous les Sçavans e(t l'Arabie Anatique, fur-tout l'A"
tabie heureuse c'ed un point de Géographie qu'il feroit inutile de chercher à
prouver. Les LXX.à la vérité ont rendu ici le nom de Chus par celui
des Perfes c'eft qu'ils font appliqué à la Sufiane, qu'on appelle aujourd'hui
C~M pays de Chus, parce qu'une partie étoit habitée par les Arabes
qui s'en étoient emparés, cette Contrée étant à leur porte.
Luc, comme l'a fort bien prouvé BocHAtt-i, e& l'Ethiopie, Cur. tout rE<
thiopie voifine de l'Egypte, ou la Nubie.
PHUT,e(t inconte~ablement la portion de l'Afrique à l'Occident de l'Egypte,
cette portion ou étoient Cyrene, Utique Cannage.
CuB doit être la MAREoiiDB ou toute cette Contrée montagneufe qui
éto!c entre l'Egypte & la Lybie; c'ett du moins là que Ptolomée place les
Co~M: on trouve également le pays de CUBA dans les montagnes du Dagh-
E~anenPer~e,n!rIe!bordsduSamura. 11 eft cout-à-~it apparent que ce
mot <~F, CoB eft le même que celui de Co~ & CoB qui déngne un Pays
~ur les eaux il peint des-Iors le d'Egypte, le C«~ de Samura, les Cubi
furnom des F~Mr~t qui étoient établis fur la Loire & fur diverfes rivicres ad-
jacentes.
Le WARB ou GAM, n'eH: donc aucun de ces pays; & ton nom étant placé
après tous ceux-là, il devoit être au-delà de toutes ces Contrées.
Il feroit inutile de s'adreffer aux Savans anciens & modernes .pour déter-
miner la fituation de ce pays: aucun de ceux qui s'en font occupés, n'ont
pu la découvrir.
Les LXX, au lieu de tout le Warb ont dit, tous les Peuples mêlés
P~Aot <o<, ce qui n'a point de Cens.
Cependant ce Pays auroit dA être mieux connu de leur rems que du
nôtre mais il. paro~t que ces Traducteurs ou leurs Copiées étoienc en gené-
fa! peu inftruits. t
Dom C«/~M & M. de SACY rendent ces mêmes mots par ceux- ci
T. y. t
les Peuples, traduction aufïirauue que ridicule. Ce n'eft pas am(!
tous autres
qu'il eft permis .de traduire. Ils n'avoienc qu'à lailfér (ubMer te non~ One~-
tal ,tout le y~RB, & avouer que ce pays leur étoit inconnu.
BocHA!t.T qui avoit u bien vu que Phul étoit FAtrique voifine de !'E-
cypte, &~ ia~ t'Ethiopie, a oublié ici route fa Critique & il a copié-trop à ta.
légere ceux qui ont. rendu le ~RB par le mot Arabie.
Commenr n'ont-ils pas vu que l'Arabie ayanr d~jà été de~gnee fous le
nom de C~M ne pouvoir pas reparo![re fôus celui d'Arabie & qu'en me-
ïne tems ils détruifoient. la marche géographique d'E~échiel qui décrit
les
Conquêtes de Nabuchodonotbt d'Orient en Occident ?
Sans.doute, c'eA une ~Arabie mais ce n'eft pas celte de l'Aue Prouvons-ïe.

3.
WARB, ou GARB, GARV'
~c~ Co~c~~J~r.
En Oriental' le mot 3iy qui s'eft prononcé Mvantles B!âle<3:ës, HAM;
WARB GARB, GARV, EpB, EREB, EuRop, ~gniHe con~amment h nuit, te
<o!r, !e Couchant, le pays du Couchant, de l'Occident. Nous avons eu occa-
~ton de le voirdans les AUegories Orientales &: aiHeurs.
Ce nom fut par conséquent donné &~x extrémités occidentales de chaque
Continent. Avant que les Orientaux voyageaient fur la Méditerranée & qu'ils
eudem découvert fes CoNtrées les plus occidentales ils donnerent le nom
d'Arabie ou de WARB à la portion de l'Ane qui pocte encore aujourd'hui ce v
uom & qui en étoif le pays le plus occidental.
Mais lorfque leurs connoiuances géographiques ~e furent perfecHonnées<
l'Occident de.l'A&ique & de l'Eur~p& devinrent néceuairemonc autant de
y«/
AuHI voyons-nous l'Efpagne s'appeltér autrefois chez les Européens eax-
tnêmes HEsi-ERiE, mot-à-mot le Couchant & le Promontoire le plus oc-
cidental de l'Me de Satdaigne,s'appeHerERBB-anfiu<n.
Ce nom d'Hetpérie fut également celui de HA&ique occidentale puis-
qu'on y plaçoit les ~<tr~<~M~<n~M. AuHi MAX!MB de Tyr parle des~
HKrERtENs deLybie dansfbnxxxvine. Dilcour~
~1n'ett donc pas étonnant que les pays qui étoiem au Nord &au Midi d~
]D~tfoic de Gibraltar, ayent été appels tes WARB,oa ~oM/< ~<AC.

4'
:Ces /ï<M~ de ~<M o' tout 1e ~~RB
ment aux ~e«~
~t encore aujourd'hui r<M~
du Détroit de C~r~ar.

De ce nom de WARB prononcé GARB, vint celui du GARBtN donné att.


vent d'Occident en Languedoc,& fur cette portion de la Méditerranée qui e~
ie long de cette Province.
Précédé de rArncie Orientai Ai., il <ub6fte encore de nos Jours daner
.te: AL-GARVES Ptovince la plus méridionale du Portugal.
H lui étoit autrefois commun avec l'Espagne & les côtes d'An'iqïte.~ Som
le nom des .At.-GAR.vEs dit le P.QuiEN de.la Neuville dans ~bn Hin:oire
» du Portugal, étoient comprimes un grand nombre de Contrées dans l'A-
<tn'ique& en Efpagne. Cetles du côté de l'JEtpagnes'étendoient depuis les
M
Cotes du Cap-Saint-Vincent )u(qu'à la ~)!te d'Almeiria & fon y comp-
« toit un grand nombre de vities & de .châteaux (AinG l'Andatoune en-
tière & le Royaume de Grenade faifoient partie des AIgarves.)" Tandis que
fous ce même nom, on déiïgnoit.enAMqwctout le terrain qui détend de
M
l'Océan jusqu'à Tremecen e'e~-a-diK, les Royaumes de Fez de Ceu-
» ta & de Tanger, ou tout ce qui eR vis-à-vis de l'Andaloune & la Grenade.
f AutH les Rois d'Efpagne s'appellent Rois deTouTKLEs Ai.GAR.vn, tan-
dis que le Roi de PoKugal le dit Roi des ~~e~ES <y<ï ~-Ai
~<r
Rien ne quadre~ieux avecTexprenion d'Ezéchiel,TouT LE WARB. C'étoit
une Dénomination .connue, ordinaire, & euentielle pour faire fentir toute
étendue des Conquêtes de Nabuchodonofbr; pour 6tire voir que l'Océan feul
~voit~pu mettre des bornes à fes Conquêtes, qu'il avoit foumis le Nord & le
Sud~de la Méditerranée Occidentale, l'Efpaghe & l'An-ique Algarvienne.
~Le Journal des Savans du mois d'Avril 17~S, nous fournira une nouvelle
.preuve que l'Espagne s'eA appeHée *WARB~ & que les Orientaux dininguent
:plu(!ems fortes de ~Warb ou Garb. -On y rend compte d'un Manufcrit Arabe
intitulé KETAB KHARIDAT EL ADGtAlB, /< f.tff< de la Perle des jM<rv«//M,
.Cttmpoïe par ZElN-EDDiN-OMAR, fils <f~Bo«~~r~.mmommé BE~-n~.
<OuJ~D!, & qui vivoit dans le X~V~. ~écte. Cet Auteur diflingue pluueu~.
JFi~
ESSAI D'HISTOIRE ORIENTALE.
Charbs, entre lefquels le GHARB- el- Aoufath, ou le Couchant du Mf/t~
M
Sous ce nom, dh-i~ tes Arabes comprennent une partie de t'EspAGNE
Les Y oui natives ajoutent M BEN.n.OuARDï indique pluueur& Villes de ce
M
Pays &: du Portugal, fur îefqueMes nous ne nous arrêterons point u. Ils en
rapportent une anecdote trop remarquable pour l'omettre quoiqu'elle ne
paroine pas liée à ht queflion dont nous nous occupons actueftemenr.
Huit perfbnnes de Lisbonne dit-il, avec toutes leurs familles, firent équi-
per un vaifïeau fur lequel ils mirent des proviuons pour long-tems. Leur
delfein étoit de s'embarquer fur t'Ocean, & de ne point revenir qu'ils n'eunenc
découvert les Terres qui devoient le terminer à l'Occident. Ils s'avancèrent pen-
dant onze jours en pleine Mer; mais la violence des vents les forcèrent de tourner
vers le Midi. Après douze autres jours de navigation, ils abordèrent à une Me
où ils trouverent une quantité pfodîgieufe de beftiaux dont la chair leur parur
amère; i1s (e contentèrent d'en prendre les peaux & <ai(anc encore route
pendant douze jours vers le Midi, ils. arriverent à une autre Me.qui étoip
habitée~ & où il y avoir une Ville fur l'e bord de la Mer. C'e(t-!à qu'i!?
trouverent un Interprète qui partoic Arabe, o! qui leur apptit que- le -Roi der
cette lueayant conçu le même deuein, avoit envoyé quelques-un~ de fe?
Sujets, qui avoient navigé pendant un mois entier fans pouvoir rien'
découvrir,
C'étoit environ deux neeîës au moins avant là decouverre de là Guinée ce'
de t'Amefique, & peu de tem& avant que les Normande eunene commence'
leurs voyages dans la première de ces Conrrees.
Ben-et-Ouardi parle enfuite du GHARB'-n-ADHA, te CouchaM lé plus'
prochain, & dont faifoient partie Alexandrie, Barca, & le Saara. ou le Deferp
d'Occident..

~~<0<&0/Cf afait ~<f?t~MM< ~~M~ cet ~O~r~Jt

Mais Nabuchodonofor a-toit fait epfe&ivement la Conquête de tout te


WARB, de toutes les Algarves, de l'Afrique Septentrionale & de t'Efpagne
Méridionale! Oui, peut on répondre de ta manière la plus amrmativeavec
Strabon avec les Chatdeens, avec les Juifs avec Ezéchiet.
» Les. Chaldéens, dit Strabon (Liv. XV} ekvenc NATjoKeDRosoR. au'-
~defîus d'Hercule, & difcnc qu'étant allé jusqu'à Tes Cotonnes, ii tranfpoHa~
~-one grande partie des. E<pagnots dan$ b Tbtace &. dans le Pout~
t~SÀI D'HT~TOÏ~E ORIË~TAL~. 4f
1 encore de nds
les Juifs Efpagnols, ceux de Tôlede en particulier, difenr
~ours qu'ils ont été transportas en. Espagne par Nabuehodonofbr, & qu'ils tbhc
de la Tribu de fuda ceux des autre! Tribus ayant ère déjà emmenés en cap-
tivité par tes Rois de~Ninive~
Il ne feroit pas étonnant que ce Prince eût emmena avec tui des Juifs en

1.
Espagne & ces Juifs auroient été en enet tous de la Tribu ou du Royaume
de Yuda, les dix Tribus d'Israël ayant été tranfpiantéc: en Ane tong-tema'
auparavant.
Je n'ignore pas que fes tradMons des Juifs font en gén~raf mfpëAcs mais
dans un fems où on avoh totalement oublié que ce Prince~ avbït conquis
fEfpagne, comment auroient-i!s~ pu imagihef une parei!!e anecdo:ë) u elle
n'avôitpaseneneteu!ieu!
On peur même dire que ces îuifs turent ceux quî, ma!gr<Hes ëxhortatiom
de Jeremîe~ s'etoienr réfugies en Egypte, & que ce Prince y trouva i! ne
pouvoit mieux t'es punir qu'en les transportant a~ec tuiau-detà des Mers loin
de ceux qu'it avait tranfptantes en GhaMee.
'ObJe~erbir-onta grandeur des di~ancesrEne~F, nous n'avons'hu!fc
idée d'un jConquétant qui des rives de t'Euphrafe fait la Conquête de tout ce
qui ë(t entre ce neuve & !à Méditerranée (ub~ugue FEgypte & !'Ethiopie,
S'étend comme un torfent jufqu'à~ ~extrémité'occidentale de t'A&ique/ tra-
ve~fe'ta Méditerranée
Efpaghé',
danstePonr~
& force les habiratts de ces
`
Contrées
·
à
w w
en!eve apx Phéniciens lësphueCEons qu'i!s avoient en
te fuivre dans !athrace &:

Voità cependant unemane de preuves rrcs-nngutieres, fournies par des


témoins qui ne (e font point connus, qui n'ont pu fe concerter, Ezéchie!)
Strabon~ les Jm~s de Tbtède~ aueuh d'eu~fnë ~e tont coptes & n'ont pu le
faire ce font tout auninc de témoins origtnaux.
D'aiHeurs, c'en: un fait qu'on ne fauroit invattder par aucune Mifbn
probabte.
D'un côcé, rmftoire ancienne & moderne e(t remplie d'expéduions, d'inva-
uons, de courtes non moins rapides, non mpins étendues, non ~oins
iurprenantes quand ce ne leroh queceUes d~ATi!tA,;Q'ô!~t les~Conquêtes
s'étcnd'oient depuis !ff<~hine}ufquës dans !es Gautes & a~ fbnii de t'Itatië, &:
qùt (e portôtr avec une raprdité'~ns éga'e de t'Orienfa. rc~ccid~nt,'& de
~ccid'ënt a i'Onenr,Jusque rien pùt!'arrcter:
D'un autre côté, Nabucnodonofor eh avott un exempte récent daiM ks"
Conquêtes de l'Ethiopien Taraca ou Théarcon~qut, s'étant aud rendu ma!tre
.de l'Egypte, étoit allé également juïqu'en Efpagne.
Pour un ambitieux altéré de gloire dévoré de la Ybif des Conquêtes.,
c*eroit un exemple trop mémorable, trop beau pour ne pas Ie;~uvr& :.m<n6
~e Prince aypit un motif plus preCanc~
1. J

'j~o~ ~<<~ .pour ~~eAc~o/or c~~ Con~c~


jL'ambinoHy ramquE de l~gtoif&n'~toit pas le; (eu! motif qui poctât ce Pnn<}e
~poûfïeE~~CQLn.gusKs a~niLteM de (estais,; il avoit fes- pioptes injurea. à
venger. Les Phéniciens ëtoient entres danslaltguegeH~ralequelesAuanquet
&vo!ent.~m<ecpntt;elui c'eto.it pour les en~puair q~laypittbrjoeie Siège de
Tyf;:maisapKSneize ans de .combats, de travaux &de.peJ;tes, les habitans de
cène Vi!}e' s~toien.t .évadés, ,& ne lui avouent latine que des murs..11 ne ht!
reçoit donc plus qu'à les pourfuivre dans les beaux etahMemens qu'ils avoient
.~r les~cotes d'Afrique & de l"JE(pa.gne il étoit auure d'enrichir fbn armee~ &
;(le ruiner par (es fbndemens, une Puiflance .au~C redoutable.
C'ctoic près de trois. cens ans avant la premier~Guerre Punique; les Cartha*
-ginois n'avpient encore qu'une exigence précaire, & il e(t apparent qu'ib
durent enfuite leurs grands uicccs aux violentes (ecouf!es& aux degrés que
leurs voi6.ns,~ ~r-to~t Tyr~ leu~r Métropole ~efluyerent~daH~s~
dont nous venons d~tabi~,les preuves.

~.y~J~P

Ce Pays des ~ARp


pas,
<WjMM ~M<r~,
y
~«J~Mfyr~.
MM<tMM ~~?<~ ~M~

(e -trouve également dans Homcfe; mais îîtt'en et


mieux cennu. Les Interprètes du PqeteGrec n'ont pas été plus heureux~
,.<et égard ,que ceux du Prophète Hébreu. La v~rit~ leur echappoit à tous um
brouillard ~pais jeur deroboit ces Contrées~ ainu que les'brumes cachent au~

<de le dire,
eu
:Matelots les terres pu ils veulent aborder.Il eC: vrai que le nom de ce Pays
,parq~t dans Homère Tous Je dialecte Grec: on tait jBc nous occaup~
que le mot Oriental 31~61 chez ce Peuple !emotEM.pB, noa~
~eJa~uK, dn;couchant:i!s~e ~tvitent dppc du.mememotpqut deûgnjerj~
Peuples Occidentaux, les Peuples He(périen< mais ils na<àlecent, félon leur
coutume, la fyllabe du milieu de-là les ERtMBEs.
t
Homère en padeà l*oeca(ion des Voyages de Ménélas f );~Tétémaqûe~~
«' dit-il, venoit d'arriver chez !e Roi de Sparte il e(t étonné de la magni-
ficence qui échue dans le Palais de ce Prince, & qui eft inconnue dans
toutes les autres Cours de la Grèce des richrenes immenses y font étalées,
« en or, en argent, en airain, en métaux les plus rares, en yvoire, en
M meubles, eu tapiueries, &c. Dans <a furpri<e, il s'écrie Tel eft fans
doute le Palais du Dieu qui lance le tonnerre quelles ncbefïes infinies! elles
« abfbrbent toute idée
Le Fils d'Atrée ayant joui de retonne:ment du Ftls d'Ù!y(!e, lui die Ces' v
richenesfoM le rruit destravaux immenfes que j'ai foutenus des longues
M
courfes auxquelles j'ai été expofc~ je chargeai enfui te tous ces biens fur mes
M vai(Ïeaux, &: je revins chez moi'; c'ctoit la huitième année après mon de-
part de Troie. J'avois ctepoité en Chypre; dans la Phénicie ,~n Egypte
je paHai de'là chez les Ethiopiens, les Sidoniens, les ERBMB~Es je parcourus
fia Lybie. Pendant que les vents me~aitoient errer dans toutes ces régions
éloignées & que mettant à pront ces courtes involontaires j'amafÏois de
grands biens; un traire aCa(Rne mon Frère, &c. w
Voilà donc Ménelas porte de lieux en lieux, pendant l'efpace dé ~epc ans:
qui defcend du Nord au Midi de Troie en Chypre, puis dans la Phénicie,
de-là en Egypte & en Ethiopie, &c. qui re-vientpar laLybie, en panant
chez les Erembea. v
Mais quels (ont donc ces Erembes! ou jfbnt-ils places} comment Menela:
a-t'il pafle chez eux quel eft le circuit qu'ont embràfÏe fes voyages C'eft ce
.que per&nne n'a vu, ou tous fes Commentateurs ie &nt égares, &' dont i!
faut rétablir rharmonio.
~TRABON, BocHART, Madame DACiERont toù~trcs-biehappcrcule rap-
port duonom des~r</n~M avec celui de l'Arabie; mais ne connoi&nc qu'une
Arabie, ils en ont conclu que Ménélas err (ortant de l'Ethiopie, étoit- entté~
dans l'Arabie A~atique, & que là il avôif terminé fes~vôyaiges. Mais avec
iceHe &une explication, ils ont totalement dénguré-l'Antiquité & Homère,
.ils ont méconnu les célèbres Voyages des Phéniciens'auteur del'Atfique';ib
'oft bouleverfé la Géographie ancienne, ils n'ont pr6!ivé que leur ignorance;
Strabon fur-tour, qui ayant-fait
un Livre exprès fur la Géographie d'Homère,

(i)~ Odyfn L:Y.IV~


déraifonné d'un bout à l'autre comme un Enfant, comme un esprit étroit,
j&
anervi par les préjugés les plus ridicules; & qui ayant fait di~paro~re ~ciem-
~nent les Monume.ns les plus intéreuàns des Navigations anciennes, a été
.caufe que l'Afrique Méridionale a été perdue pendant XV nccles pour l'Eu..
rope entiere qu'on n'a rien compris à ce que l'Annquité nous a dit des Voya-
ges des Phéniciens & des noues de Salomon, & que les écarts de ces grands
Hommes, pour lier tout l'Univers, ont été en pure perte pour une foule de
.Générations.
0
gommes dénez-vous de ces Critiques Superbes, qui cachent leur igno"
rance <ous un ton imposant qui croyent avoir un Privilége excluuf à la
.Science & qui prenant leurs préjugés pour la raifon tournent le dos à la
Jumiere. Ce n'eH: pas elle qu'ils aiment auffi les abandonne-t-elle mais mal-
heur à ceux qui prennent pour guide ces Aveugles pr~omptueux Nous allons
voir que STRAMN mérite plus que ces épithètes.
Lui & ceux qui l'ont fuivi prétendent que Ménélas n'a été que dans la
Phénicie oc dans l'Egypte, jusqu'à Sy:np à l'entrée de l'Ethiopie; que de-là
il tourna chez les Arabes de la Mer-Rouge & que fi Ménélas dit qu'il a
chez ces Ethiopiens ces Arabes ce n'ett pas pour dire qu'il avoir amatte
chez eux de grandes richeues, car ils étoient fort pauvres mais 6:ulemeot
pour montrer qu'il avoit été dans des Contrées fort éloignées.
Quoi Ménélas n'aura vu que .les bords de la Mer Rouge, de droite &
1
de gauche, & il vantera Ces voyages lointains, & il aura employé huit ans
à cette tournée & il aura amauc des richeues ailleurs que dans les Pays où il
a veyagé~out cela e~ (t pitpyable~ qu'H nevaut (euicmept pas la peine
d'être refuté.
Homere étoit plus habile Géographe qu'eux il nous trace ici en grand
Ma~re, les Voyages des Phéniciens & des flottes de Salomon fi renommées
dans l'antiquité, M les Cuit pied-à-pied autour de l'Afrique.
De Chypre il paHe en Phénicie dé-là en Egypte s'embarquant ici fuit
la Mer-Rouge, il voyage chez les Ethiopiens mais ce mot fignifie les Noirs,
les Nègres c'étoit le nom générique de tous les Habitans dç l'Afrique Me"
tidionale nous en verrons des preuves plus bas. Il le trouve ep(uite chez !e<
Erembes, chez les Africains Occidentaux chez ceux qui étoient des deux
côtés du Détroit au forcir dé-là, il arrive ncceuairement en LyBn, c'eH-à"
dire (ur là côte Septentrionale de l'A&ique entre le Warb & l'Egypte d'o~
~1 revient chez lui
par le chemin le plus droit. Ain6 fbn voyage e& un périple
un vaOe circmt rait par Mer, où il à toujours avancé vis-à-vis de lui, fans re~.
YC~
Temf fur (es pas. Ainf! il a été dans des Régions éloignées, dans
ces Con-
trées abondantes encore de nos jours en or, en yvoire, en ébene. &c,
Ain6 il a pu employer Cept ans à faire ces voyages.
Dès-tors, on a fous les yeux te Tableau de ces grands Voyages anciens
qu'on a~Ïectoic de regarder comme fabuleux la Géographie facrée & la pro-
fane, fe trouvent d'accord Homère en: un grand Peintre un grand Géo-
graphe tout jfë développe, tout ett dans l'ordre.

<.
Le Warb ou l'Arabie d'A&ique, a été également connu de Pime du moins
de nom puisqu'on parlant (i) de la célèbre Navigation d'Hannon avec une
Flotte Carthaginoife, il dit qu'étant parti de Cadix, il vint jusqu'à t'extrémiré
de l'Arabie. Or on fait que Hannon n'alla pas plus loin, que le Cap des Trois-
Pointes, 11 ne vit donc que l'Arabie Occidentale, le Pays des Biembes, le
Warb cette Arabie que personne h*a connue.

ARTICLE VI.
~y<<CE~ DES P~r~jvfcft~
j*
Un premier trait de lumière, eft un flambeau qui conduit à de vafies con-
féquences, qui fait tomber un voile épais, qui préfente d'immenses & belles
per~pe~ives.
Dès qu'on e~ anuré que les Phéniciens ont fait le tour de l'Afrique ce
Peuple en devient plus grand, plus habile, il marche de pair avec les Moder-
nes la Géographie ancienneté développe, une foule de préjugés contre les
Navigations des Anciens ïë diffipent le rapport ancien des quatre parties du
Monde n'e& plus un Problême infoluble.
L'Antiquité a connu les Voyages autour de I'An'ique:Néchaoen a fait exé-
cuter un nous l'avons vu par des Phéniciens ceux ci ne furent ni les
premiers ni les derniers. Ce Prince vouloic avoir .part au Commerce
des Phéniciens: il vouloit, comme eux dominer fur les Mers, enfacer cette
dépendance abfolue dans laquelle les Egyptiens avoient été jufques alors à l'é-

(i) H)0. Nat.T.H.Ch.LXVII.


Tom. G
gard de ce Peuple aiuft il fait faire le tour de l'Afrique, non pour s'anurer'
de & poutbilit~ les Phéniciens le faifoient depuis pluneurs fiècles mais pour
fon propre avantage; pour y établir des comptoirs, des Correfpondans en ïon
nom, pour faire tomber ce Commerce fous fa puiffance.
Les Phéniciens furent même imités en cela par lesNegocians d'Espagne, puisque
Pj.!Nr nousapprend ( )) queCaius Cé(ar, Fils d'Agrip.pa & delulie, & Fils adop-
tif d'Augure étant à la tête d'une Flotte dans la Mer-Rouge, y reconnut les
Pavillons de ptuneurs vaideaux Espagnols, qui y avoient fait naufrage. Ils
avoient donc fait le tour de l'Afrique. H cite auul Ca'Mj ~<er, qui dit:
avoir vu un Espagnol qui naviguoit pour fon Commerce jufques. dans l'E-
thiopie.
LesPtolomeeS) qui étoient devenus Maîtres de tout le Commerce de 1*0-
tient, entreprirent également de faire taire à leurs vaiueaux le tour de l'A&i-
que.
EUDOXE qui préfida à ce Voyage, en avoir publié une Relation qui exi(-
toit du rems de Srrabon lui-même engagea enfuite les Négocians de Cadix à
former une Compagnie .pour cette Navigation. Si Strabon avoit eu moins de
préjuges, il nous auroit tranfmis la fubfhnce de cet Ouvrage mais il regarda
JEudoxe comme un menteur parce qu'il auuroic avoir pane dans une Contrée
où à l'heure de midi les ombres étoient tournées non vers le Nord, mais
vers le Midi & là-denus, Strabon eh aux champs il crie à )'ab(urdit~ &:
d'après ce beau raifonnement, on ne croit plus au tour de l'Afrique, & les
avantages qui en feroient revenus aux hommes, font perdus pendant des nè-
cles & la Géographie ancienne n'eA qu'un cahos fur ces obiets interefl~ns.
Cependant un de tes Contemporains, .~n~<MMCM, qui avoit compose un Tra!te
fur les Voyages d'Ulyue, auuroit que Menélas avoit fait le tour de FAfrique 1"
il en appelloit à Homere, à l'Antiquité, à Eudoxe, aux richeiles & aux lon-
gues courfes de Ménélas ;.mais il n'etoic qu'un Grammairien: STRABobf fe don"
noie pour un Géographe auquel rien en ce genre n'ctoit caché l'orgueil du
Géographe écrafa donc la modellie du Grammairien & la vérité en refla:
~touHee pendant XV fiècles.
Ce qui e0: aunt étonnant, c'e(t que PTOLOMEE n'a~triendit de ce Voyage,
ni du contour de l'Afrique quoiqu'ARMEN fon Contemporain après avoir
parlé comme lui des trois Caps Septentrionaux de l'Afrique Orientale, le.
Cap des Aromates aujourd'hui Guardafui, à l'entrée de la Mer-Rouge, le.

(T~HmoueNMureHeUv.tt.Ch.LXVn.
Cap ~!<~M/M au-deuus de Mélinde, & à vingt-fept journées, dit-il, du Cap
des .c/7M~, le Cap P/'<n, aujourd'hui le Cap du Chat ou Del Gado,
ajoure qu'entre ces deux derniers, demeuroient des Peuples Sauvages, qui
fe rerufbient à tout commerce qu'au de. là la côte toumoit à i'Oueft que
l'Océan enveloppoit le Midi de l'Afrique, & qu'i! ne tbrmoic qu'une même
Mer avec celle qui va jusqu'au Détroit de Cadix rien n'eft mieux mais le fi-
lence de PTOLOMEB que les Grecs & les Arabes prirent pour guide, joinr aux
préjugés de Strabon, l'emporta fur ces ju~es notions; c'eft ainn que l'igno-
rance ou la faune (cience lutte (ans cette avec la vraie, & cherche à t'ccr~er,
fans fë mettre en peine ni de la vérité, ni des avantages qu'en retireroient les
hommes.
Ajoûtons que ces mots ~pA<a & Pf~/M font Phéniciens, avec une
terminaifon Grecque qu'its ngninent; celui là, uni, étendu; celui-ci <<M~J;
& c'eft ians doute, par la même raifon, qu'on I*appe)le aujourd'hui le Cap du
Chat, animal grimpant, tel qu'il faut être pour efcalader des lieux escarpés.

i.
~~po~~B~ cyB~<2~JE~ DfFfrc~~r~
Une des plus fortes objections qu'on ait faites au (ujet de ces Voyages,
eft tirée de la prétendue impofnbilite de faire fur Mer des voyages de long
cours fans Bouuole.
On a également oppofé les terribles difficultés qu'eurent à vaincre les Por"
tugais pour faire le même tour & les affieufes tourmentes du Cap de Bonne"
Efperancc.
Mais des objections quelque fpécieufes qu'elles (o!ent, ne peuvent aller
contre des faits & ceDes-ci font mêmes très-ai(ees à détruire.
Le chemin que les Portugais furent obligés de prendre pour faire le tour
de l'Afrique e~ précifémént l'oppose de celui que prenoient les Phéniciens
peut-être la Navigation étoit-elle plus auëe dans le premier cas, que dans le
fecond on double le Cap plus tacitement, & enfuite poufÏe en pleine Mer
par les vents, on trouve la C6re Occidentale avec moins de peine qu'il
n'en faut pour Ce rendre du Cap-Verd, au Cap de Bonne-Efpérance. La Côte
Orientale d'An-ique eft d'ailleurs moint longue,, plus égale moins coupée de
courans que la Côte Occidentale.
Il eft même trct-apparent que dans l'espace de deux mille ans & plus,
écoulés depuis les premiercs navigations des Phéniciens, le Cap de Bonne-
Efpérance eft devenu beaucoup plus difficile à doubler, plus efcarpé, ptus
coupé de bancs, que dans l'origine il e0: très-vraitembtabte que le banc des
Aiguilles qui embarrane fi fort cette Navigation, s'en: formé par le débris.des
terres que la Mer a rongées de ce côte par la. violence de fer vagues, & qu'an-
ciennement la pointe de l'Atrique formoit une Côte circulaire, unie & fur
laquelle les flots venoient mourir, au lieu de Ce brifer contre, avec cette imr.
péruonté qui rend ces Côtes fi orageufes~
Les Phéniciens d'ailleurs avoienc des entrepôts très-conndérables fur cette-
route à t'Orient, les Mes Comores & nne de Madagascar; à t'Occidenc, le
Royaume de Juida en Guinée.

DE L'Jf~ r~ ~~D~G<<~C~A.
flue de Madagascar, très-grande, très-bette, ~e prefenroit neceuairement
aux Phéniciens qui defcendoient de la Mer-Rouge au. Midi pour leur Cum-
tnerce & qui côroyoient l'Atrique ils durent donc y former des Comptoirs
de très-bonne-heure, & y établir des Colonies, avant. même qu'ils en euuenc
à Cadix. Et ces Comptoirs faifant le Commerce avec les Côtes voiunet du-
rent de très-bonne-heure, découvrir le Cap de Bonne.Efpérance, & chercher
tes moyens d'unir le Commerce du Midi à celui de Cadix..
Ces précomptions font fbrtinéet par les ruines qu'on trouve encore de nos
jours dans les Mes de Comore, & qui démontrent qu'elles ont été habitées par
un Peuple plus ind~Meux, plus éclairé que les Nègres.
Elles le font également par le rapport étroit des tangues- de t'Me de MadagaC.
car avec la Phénicienne. On ne fauroit jetter les yeux fur les Dictionnaires de
ces Langues, l'un publié dans le nècte dernier par ELAcouRT qui y avoit étér
Gouverneur pour les François, l'autre imprimé depuis peu dans l'Me Bour-
bon, fans yreconno!tre une prodigieufe quantité de mots Phéniciens, même
dans Ies,noms de lieux, ce en particulier dans ceux des chiHres..

4.
~tr ~:oy.~j)f~ DE ./r7.D~
Mais ceci eA <ur-touc vrai du. Royaume de Juida en Guinée. Il eO: étabH
dans le plus beau local de cette va(te Contrée ,.(ur de belles rivières, dans de
van:es plaines extrêmement rerules, & qui s'élèvent en amphithéâtres qui do-
minent maj~ueufement fur la mer fon nomjappelte celui des Juirs, de même
que !es noms de fes riviercs, Jaqu:n & Phrac, rappellent des noms Onen-
taux très-connus.
Un Savant Académicien de Bertin a cherché <t prouver que les Habitans
du Pays de Juida defcendoient d'une Colonie Orientale établie par Satomon
pour tavorifer !e Commerce avec l'A&ique il a rademble à ce fujet une mul-
titude de rapports dont plufieurs font trct.remarquabtes (.ï)..

?"

JB~ ~<J J~JOJTB~~ 6- ~F.R/C~t~ M~ A~y~


Les Indiens & tes A&icains ont une adreue merveilleufe à naviger en
pleine Mer & !ohT de toutes Côtes; ce qui confirme tout ce qu'on nous dit
à cet égard des Phéniciens, & qui prouve combien on a tort de s'imaginer
qu'ils ne pouvoient traverser tes grandes Mers parce qu'ils étoient privés de !.t
bou~ote*
Lorfque les Portuga!s eurent découvertt'AtriqueOrienta!e,i!svirent que
Tes Hab)~a~~s naviguoient jufques dans les Indes loin de toutes Côtes en. ~e
conduifant par les vents alites ou par les mouffons.
Lor~u'on a découvert les Mes d'Otahiti, ou de Taïti~. on-a vu que fes Ha-
bitans alloient à quatre cent lieues de chez, jufquet à la nouvelle Zé"
lande y ~ns bounote & loin de toutes Côtes & qu'ils coa~oij(ïoi,ent iesMes
de la Mer du Sud, à de grandes diirances.
On ~ait encore que les Peuples Orientaux de l'Aue, tels que les Chinois
&ifoient des voyages dans l'Amérique fans fuivre les Côtes.. & en cing!anc
en pleine Mer nous. y reviendrons plus bas..
Nous. avons v~ci-de~us que des Portugais, fans bouuole avoient entrepris
de fe porter en pleine Mer qu'ils avoient avancé pendant onze jours vers
l'Occident, & qu'ils feroient allés plus. loin, s'ils n'avoient été répou(ïës par
les vents contraires..
Il ne faut donc jamais opposer contre des &its, ce qu'on ctoit que les
hommes ne peuvent fàire, parce qu'à cet égard il ettimpouIMe lorsqu'on n'a
~uivi qu'une route, de ~e former une jufte idée de tout ce que peut le courage
<e l'adreue de ceux qui fe trouvent dans de tout autres circon~ancet.

)t!) M. de F&ANCttEVH-ns, Mém. de Berlin. Tom. XVII.


<
Si les fAM~!</M ont CO/MK la J?0t~o/

On pofe comme un fait mconteftaMe que les Phéniciens n'ont ~m~s connu
ïa bouffole, & qu'elle n'a été inventée qu'après l'an i)oo,auXIVe. fiècle de
notre Ere & par l'effet du hasard.
Mais de ce que nous autres Européens n'aurions connu 1a boutrole qu'ait
XIVe. nécle, on n'en fauroit rien conclure contre ton exigence antérieure
c'eA faire trop d'honneur au XI Ve. nccte, fiècle de fer, s'il en rut jamais, que
de lui attribuer une auŒ belle invention auffi exiftoit-eite avant cette époque.
M~ DE FoNcEMAGNB en a trouvé des traces quarante ans auparavart dans
l'ouvrage d'un Savant Italien nommé Bn.uNET, & qui le compofa a Paris
en 1160, fous le titre de Tréfor ( i )

e~i ïic~.
Et nous-mêmes, nous avons déjà eu occafion de citer le pauage d'un de nos
anciens Poëtes (i), qui en fait mention cinquante-ux ans ptutôc que le Savane
Italien, dans l'ouvrage appellé de fon nom /<t ~c-C«M~, & qui parut

CuioT en parle comme d'une cho~e très-connue de ~bn tems l'inTention


en étoit donc plus ancienne; mais pour peu que nous remontions plus hautt
nous arrivons au tems où lesiJËuropéens connurent les navigations des Arabes,
foit par !e< courtes des'Sarrauns en Italie, (bit par leurs propres expédition:
en Afie, fous le nom de Croisades.
Il eft donc très-naturel de fuppofer que puifque les Européens eurent 1 cette
époque la connoiuance de la bouubte ils la durent aux Navigateurs Orien-
taux, defcendans des anciens Phéniciens.
Cette fuppofition acquêra un tout autre degré de force par les conudé-
Mtions (uivanies.
ï °. La boufrole exiftoit déjà dans ce tems-!à chez les Chinois, quoiqu'ils
ne (unenc pas en faire ufage ils devoient donc la tenir d'un Peuple plus habile
navigateur qu'eux, & ce Peuple eft (ans doute les Phéniciens. Si on ~uppofe
,que les Chinois le tinrent d'un autre, peu importe c'e& toujours convenir
de fa haute antiquité,

j(ï) Mém. des Infcr. BeH. Lett. T. Vit. Hi~. p.


& t~, t?~
Difctur! P~lun, 4~ Çrig, Fran~ P, LVï,
i~. Les anciens Egyptiens connoiuoiet.rl'aiman & & proprié~ d'attirer le-
~er ils appe!!oien~ le premier f<7.< <f0~ le fecond /'<3j T~oT!~
mais ils appelloieni FEcoite Polaire ORUS, Mo~-wc~, le guide; c~l'Ourfe,
le C~M ~'0~ Appeller l'aiman l'Os ~'O~H~, c'étoit donc indiquer fa pro-
J

priété de ~e tourner conftanimetit vers le Nord, vers Orus mais un Peuple


auffi adroit, auffi habile, auffi ingénieux que les Phéniciens, pouvoit-il, avec
d'auHi grandes avances, mcconno~rre la bouffole, & ne pas employer, dans
fes longues navigations, <f0/~j!
3°. Les Arabes font persuades que la connoiffance de la bou(Ib!e eft rrc~
ancienne; leurs Livres renferment divers aveux à cet égard, très-nets & très-
clairs. Dans un Ouvrage d'ÂRisTOTE qu'i!s ont traduit, & qui a pour objet la
pierre d'aiman n<ptT<t{A<&ct/, la pierre par excellence livre dont le texte
grec e~ perdu, mais dont D!OGENE-LAER.cE nous a confervc le titre, il en: parlé
de la bounote~C'eu: une &!uncadon, dit-on l'accusation 0~: hardie; & quelle
preuve a-r-on que ce texte perdu a été tainfic N'e~-ce pas tomber dans une
pétition de principe Quel intérêt d'ailleurs avoient ces obfcurs Interprètes
ï
Arabes, d'attribuer à Annote une connoiffance qu'il n'auroit pas eue Nier
fans preuve~ qu'une connoiuance en: antérieure à une époque; traiter, fans
preuves, de ~ainncation ce qui établiroit l'antériorité de cette cotthoinance
c'e~ certainement erre bien prompt à décider, pour ne rien dire de plus.
ÂRisTOTE, qui avoit été l'Innituteur d'Alexandre, & qui, au moyen des
Conquêtes de (on illuu:re Elève, & de fes propres connoinances en Hi~oire
Nature!~ &: dans les Ans, étoit parfaitement en état de juger de celles des
Orientaux, ne pouvoit-ni ignorer l'ufage de It bounole, ni n'en pas parler,
s'il exifloit en effet.
~.°. On fe fonde fur le filence ou fur l'ignorance des Romains a cet égard;
mais d'un côté,. nous n'avons pas tous les ouvrages des Romains & même
dans ceux que nous avons, il y a des traits qu'on pourroit appliquer à la
bouuolë, tel que le pauage de Piaule, ~r/o/Mm cape. D'un autre côté, les
Romains ne s'appliquèrent jamais anez à la Navigation pour en apprendre tous
les ufages: leurs voyages en Mer n'exigeoient nullement celui.de la bouflole.
Les Carthaginois n'étoient pas d'humeur d'indruire à cet égard les Romains p
& ceux-ci n'avoient nulle envie de l'être. Qui ne fait dans quelle igno~
rance ils vécurentretativemenc aux arts, jusqu'après la ruine de Carthage & de
Corinthe ? & c'en: eux cependant. que nous prenons pour guides, afin de
décider de l'état des connoinances anciennes c'eA être prefqu'àuni baraaret
qu'eux. En général, nous ne hommes encore qu'à l'aurore du Monde Primitif;
&: ce qui nous a retenu n long-tems dans le berceau à cet égard, c'ed nir'tout
de n'avoir vu que par tes yeux des Grecs & des Romains, & plus fouvent
par les yeux de Critiques peu habites, qui Ce font mis entr'eux & nous. Nous
avons été trop long-tems des échos fideles & aveugles, i! c(t tems de voir par
foi même & de fe jetter en pleine Mer.
Lorfque les Européens découvrirent la Côte Orientale de l'Arnque, ils
y trouverent la bounbte en uiage, & d'une manière plus parfaire qu'an
Europe. Vafque de GAMA, fameu~x par la découverte de ces Côtes ce des Indes,
1
appui, dit-on, des Badianes, une nouvelle manière de prendre hauteur 5c
de <e fervit de la bouuble. Un Pilote à qui il montroit un Adrotabe, y fit peu
d'attention, parce qu'il Ce fervoic d'infirumens .beaucoup plus parfaits, en
ufage fur Ia Mer Rouge <!<: fur la Mer des Indes. Les Historiens Portugais
conviennent que Gama trouva, dans les mains des Maures, la bouuo!e, te
quart de cercle & les cartes & c'eft fous la conduite d'un Noble de Guzarate,
que, dans !'e(p:tce de vingt-rrois jours, les Portugais traverfecenc le grand
Go!fe qui fepare rAirique de l'Inde, & qui a près de fept cens lieues de
iraverfee.
Ces conNptuances étendues & profondes fuppotent cercainemeA un ufage
de la bounote très-antérieur aux tems qu'on auigne fi mal-adroitement & fi
légèrement pour.(on inveHiion: ces Maures & ces Indiens n'Ctoient fure-
ment pas venus à l'école des Européens. Nous pouvons donc dire hardiment
ou avancer comme une vérité inconteftable, que ces Indiens & ces~A&icaiM
tenoient !a bouffole & ces indrumens fi parfails, des Iduméens & d~Pheni-
ciens, qui avoient navigé avec tant de gloire dans toutes ces Mers, qui y
avoient porté leurs connoinances & leur langue~ & qui, ayant eu parmi eux
des écoles cétcbres en tout genre & de grands Phi!o(bphes n'éfoient pas
hommes à ne tirer aucun parti des connoinances qu'avoienc dé}à tes Egyptiens
fur les propriétés de l'aiman, & qui leur devenoient fi néceuaires pour leurs
yoyages de long cours.
Ce qui tend encore à le prouver, c'eft t'érat florilfant de la Ville de
MéMnde, torfque les Portugais en firent la découverte; cette Ville eft dans le
voiunage du Cap /ï~«/n, dont nous avons dé~à parlé & que les Phéniciens
&équentoient cominuettement. Les Portugais n'avoient point encore vu de
Cour auffi brit!ante de femmes auul belles, d'Africains auffi civils, de PiloM!!
jauHt hibilès,,de Place auHl marchande de Ville auffi bien bâtie.
Nous ne pouvons donc méconno~re ici un des plus anciens Comptoirs
Phéniciens fur cens Côcc c'e&dece Peuple po!i, marchand, industrieux,
grand
igrand Navigateur, que ce Comptoir, qui~vo!t été hors d'atteinte des révolu-
<ions Européennes~ tenoit fes connoittances, (es richeues, fes moeurs douées;
& ai~es.
Il en eH: de même de't'Me de Mombaze, voifine de Mélinde; ici les femmes
ne portoient que des habits de foie, ornés d'or & de pierres ptecieufes; on y
voyoic une grande Ville bâtie en pierre; on y faifoit un commerce trcs-noti(Ïant
en or, en argent, en ambre, en épices 6c en autres marchandées.
Ces Peuples étoient donc de quelques (iécl es p!usavancesquenousja!'excep-
tion des habitàns de Dieppe & de Bayonne, qui faifoient dans le filence un
commerce étendu, nous n*avions ni foie, ni vaineau, ni commerce nous nous
déchirions par de cruelles guerres la culture étoit nu!ie la fcience pea
~e chofe.
MéJinde&Mombazen'étoientpaties &u!s Comptoirs qu'eu~ïent eu les Phé-
~nidens fur cette Côte; Ils s'étendoient jusqu'aux Mes Comore, jufqu'~
Madagafcar, & its fe foutenoient encore avec éc!at par leur fituation avanta-
~eufe & par les connoiHances qu'on s'y tranfmettoit depuis ce Peuple, d'une
génération à l'autre; mait les Européenty ont bica ctmngél'état des cho&s.

7<

~f Mt Pjy~iCMy~ <M~r c<wjw i'~Hr~f~t~.

Les Phéniciens qui voy<tge<nenc~vec rant de gloire & avec tant de hardieGe
autour de l'ancien monde, eurent-ils quelque connoiffance de l'Amérique, Ce
~ingecent-tk de ce côte-la que!qae<-unM de leurs navigations! Quelques
Savans font &utena comme uue vérité inconte~abte, tels HyD: HouMus
qui afait un ouvrage cxpre: fur cette matière quelques aurres mais on
n'a ajouté aucune foi àieuM obfervations, parce qu'en dïet !eur opinion n'eroic
pa< etayee de preuves afÏez deduves: ainfi, jutqu'jt prêtent, on ne s'ett décida
ïa-deûuy pour ou contre, que d'après de amples motifs de convenance,
in~Sfant pour faire autorité.
Nous ne craignons donc pas de remettre cette queftion Cur te rapis, parce
<[ue nous nous croyons en état de la-pretenter fous wne face pre~qu'enrieremenc
nouvelle.
Des qu'il eO: démontré que les Phéniciens ont fait le tour de t'Afrique, ~c
qu'ils ont été aux Indes, Us ont pa faire ie tour de la Mer d~ Sud en allant
d'Me en Me, Bc cuivre les Cotes de l'Amtfique OfMnta!e & OcddeMate ced
/?~r.7. H
eft d'autant plus poulble, que les Chinois eux-mêmes, navigateurs bien inre~
rieurs aux Phéniciens, yoyageoient dès le 1V~. nccle de notre Ere fur les
Mers de rAtncrique,at!oient)u(qu'auPerçue parcouroient toutes ces Ifles qui
font au Midi de t'Ade & qui s'étendent dans ta Mer du Sud voyages très.
curieux,&: dont on doit à M. de GuiGN:s un détail fort intereuant (!
Comme la plupart de ces Mes, telles que la Terre de feu, les Mes de fa
Sonde, t'Me de Bourbon, qui en eft criblée, &c. renferment des volcans qui
occa~onnent encore de nos jours de terrib)es ravages, & que les autres porrenc
les marques les plus (enftbtas d'avoir iubi autrefois le< mêmes défaire:, on ne
fauroit dourer qu'ettes ne fbient les celles d'un ancien Continent bouteverfe par
les eaux & par les volcans; &n on (uppofe que ce bouteverfemeni eftpo~crieur
aux navigations des anciens Phéniciens, à ces navigations antérieures à nous
de plus de trois mille ans, il en reMreroit une plus grande facilité pour les
voyages de ce Peuple dans la Mer du Sud.
Mais quoi qu"il en: foit de cette conjure & de celle qui attribueroit aux
Phéniciens ces monumens en pierre qu'on trouve dans les Me: Malouines
& dans quelques Ifles de la Mer du Sud, & que leurs habitans aguets font
incapables d'avoir exécutes, on peut donner en preuve du féjour que les Phé-
niciens ont fait dans ces Contrée!, t°. la conformité des noms de nombre
qu'on obferve danst'Mc de Madagascar ;& dans toutes ces Mes, avec ceux des
anciens Phéniciens.
t°. Le rapport prodigieux des langues qu'on parle dans toutes ces Mes, avec
la langue Malaye & le Phénicien.
3°. Des rapports auffi nombreux entre la langue Orientale & celle des
Caraïbes, & des habitans de ta Virginie & de la Pennivanie rapports qui
embraflent même les pronoms & la maniere de tes Reravec les noms, & donct
nous avons dé}à mis un grand nombre <ous les yeux du Public, dans une
Diderfation qui eA a la ~uire de l'ouvrage de M. ScHERER, ~ur l'Amérique &~r
la manière dont elle s*en: peuplée Recherches qae nous joindrons que!que
~our au Monde Primitif, avec des augmentations cbnuderabîes.
<). Nous croyons pouvoir donner auffi comme un genre de preuve très.
neuf, un monument que M. StWAi.i., ProfeÏÏeur en Langues Orientales dan~
l'Univerftté de CambrMge,en Amérique, vient de nous envoyer, & dontnoas
nous empreuons d'enrichtr le Public. (t~ C'ed une Jnfcription qu'on a decou-

(!)M<m.dc~lB(cr.&B.L.T.XXVnL <i)V~FhI.a<t.
ve<te,!ly a près d'un demi-necle, à Dighton, fur un rocher de la rive
orientale du Fleuve laun~on, à la diftance de quarante à cinquante milles au.
Sud de BoSton. L'envoi de ce monument eft accompagné de ces remarques
"Le ï~ Septembre 17~8, MM. Etienne Sewati & Thomas Danfbnh,
antres de MM. Williams Baylies, Seth Williams &: David Cobb, copièrent
cette InScription fur un rocher de Dighton, à une diStance de quarante à
cinquante mi!!es au Sud de Boûon. Ce rocher e~ ntué fur la r~ve orientale
du Fleuve laun~on les grandes eaux le cachent en partie il a onze 'pieds
pi de long & quatre
d'élévation au'denusd~ niveau de i'eau; mais le terrein
M
femble s'être élevé & en avoir couvert une portion confidérable il eft d'une
M
couleur rouge fa face plane, fur laquelle efti'infcription, incline un peu furie
rivage. Cette Inscription attire les curieux depuis un demi.uecte. La commo-
dire de la rade & la facilité qu'on a de naviger Cur la riviere jufqu'ici, ~ic
t<
croire que c'eft un ouvrage de Phéniciens, qui furent pouffés ici de deflus les
M
Côtes de l'Europe: d'autres jugent que c'e(t une Inscription plutôt hierocly-
H
phiquequ'en caractères alphabétiques, & qu'ainn elle peut être l'ouvrage de
Nav~gateuf< Chinois ouyaponois".Dans le corps de la lettre mon Savant
Correfpondant ajoute que la plus grande partie de cette Inscription eft effà.
cée au point de n'y pouvoir dtfUnguer aucun caractère.
Si on compare ce Monument fingulier avec les Inscriptions du Mont Horeb
& du Mont Sinaï, les unes rapportées par KiRCHER, les autres par le célèbre
Voyageur PococK~&avectea Alphabets Phéniciens découverts en ces derniers
tems, on fera étonné du rapport frappant,qu'ils onrent; enforte qu'en joignant
cette conformité avec les diverfes autres preuves que nous avons que les
Peuples de< environs de Bofton fur-tout font de race Orientale, nous ne pou-
vons regarder ce Monument que comme un ouvrage Phénicien. Nous réfervons
pour là fin de ce Volume quelque détail fur les caractères & fur les diverfes
Agures qu'offre ce Monument.

8.

ORIGINE DES PHÉNICIENS.

Nous venons de voir des Navigations fur la Mer-R.ouge, & de-!x dans des
tners éloignées & d'autres fur la Méditerranée & qu'elles patène toutes
fous le nom des Phéniciens; mais les Phéniciens etoienc écabUs fur les côtes
de la Méditerranée jamais on n'a dit qu'ils eufÏent ibrmé des comptôirs fur
Hij
iaMer-Rougc encore moins qu'ils en pofÏcdaSent des ports. Comment pou"
voient-ils donc naviguer fur ce: deux mers.à.la tbis! e'edce dont on ne s'ef~
guères mis en peine mais ce qui a fort embarra~e-, c'e~ l'origine des Phé-
niciens ou Navigateurs de Sidon & de Tyr. ïn génétal, on les regarde com-
me des Cananéens, parce qu'en eSet Sidon tut le partage d'an fils de Ca-
raan; mais pourquoi ce nom diOinctif de Phéniciens dînèrent de celui dés:
Cananéens, s'ils ne forment: qu'un même Peuple Par~ quel hafard ce mot.:
de Phéniciens, traduit en Grec par celui d'Erythréens qui ugnineAc/n~M~oM-~
gM, e~-il 1~ même nom que celui d'Idumeens qui ala~mémeitgnincation oc:
à qui appartenoient; les ports de 1~ Mer-Rouge < Qùepentec encore dej'af-
~ërrionqueles Phéniciens étoient venus. delà Mer-Rouget
PuNE l'auure (i) il dit que l'Me d'Erythfa, voifine de celle de Càdix. de-
voit Con nom aux Tyriens qui paftbicnt pour être oristnaires dès-bords de la;
Mer Erythrecnneou Mer-Rouge.
HERODOTE dit fur le témoignage des Savans de Per~e (i), que les Pheni-
ciens étoient venus des bords de la Mer Erythreenne fur la côte de la Medi<
terrance; qu'ils difoient eux-mêmes (ravoir habité autrefois les bords de:
!a M~r Erythreenne, d'où ils étoientvenus fur la Mer de Syrie.
On voit dans JusiiM (~) que les Phéniciens après un grand tremble-
ment de terre.s'etoieni transplantés d'abord fut. un lac Syrien t. oc d<-la ~urr
les bords dé.la Méditerranée.
STRABON rapporte (~) qu'on aMuroit.que les Phéniciens etoienc une Co-"
ionie des Phéniciens de l'Océan, & qu'on les appelloit ainu à caufe de la Mer-*
Rouge ou Erythréenne lui-même il appelle les compagnons deGadma:
tantôt Arabes (~), tantôt Phéniciens (7).
DEMYs .PM~< (<), afture que les Phénicien: de Syrie, defcendoient de:'
Erythréens.
PuN: quenous avons dé~ cité, attribue au Roi Jf~r~ (9), au Ro~
Rouge ou Edom l'invention des Efquih p..our,. naviguer. dans les I~es de la
Mer-Rouge..
lirefulte de-ta une tradition contante cotres-remarquable que le nom det.
Phéniciens étoit le même que celui des~rythrécns ou.Rouges qu'ils rurenc.
appellés ainfi parce qu'ils étoient originaires des bords .de la Mer-Rouge, o~
~ue de-là ils vinrent demeurer à Sidon &; Tyr.

(i)
Hia.~àt.~iv. tv. ch.xxit. (t) Liv.
(~ LtT. x. (7) tav. T~ t.
Ven ~o~. (?)LiY. vu. ch. t,
(;) L:v. vit. (4) Ltv. XVIH. (~ Uv. T..
Cette Tradition s'accorde parfaitement avec les &its- ?' avec ces di~rens
peuplét de Navigateurs de la Mer-Rouge & de la Méditerranée, appellés l'un
Phéniciens ou Erythréens, l'autre Iduméens,.rous deux Rouges, ce dernier
ayant constamment habite fur la MerRouge, l'autre en étant originaire; & ce-
pendanr confondus fous le nom généra! de Phéniciens; car on ne connoif
qu'eux de Navigateurs dans l'Antiquité.
AutH quelques SavansModernes ont été perfuadésquclesPhcniciensétoienr
originaires des bords de la Mer-Rouge,telsVossius(t),NtWTOM (i),&c. & M.
de la NAuzE (~). M. l'Abbé MtGNOT,de la même Académie acherché àleré-
&ter par une Diftenation inférée à la fuite de celle de ton Cbn&ere:Ià s'ap-
puyant de BocHART,il ne voit qué des Cananéens à Tyc ce à Sidon d'au-
tant p!ut que les LXXfe fervent indifHn&ement des noms de Cananéen &
de Phénicien, &qu's rendent prefque toujours le premier par le fécond touc
te qu'il accorde à la tradition, c'e& que. ces Cananéens établis.d* abord vers le
Midi, fe porterent enfuite au Nord mais cela n'explique point leur rapport
avec les Iduméens M pourquoi ils furent appellés Phéniciens ou Rouges, n~
quels étoient les navigateurs qui partoient d'Elath & d'Etiongueber.
Difons hardiment que ces inôts J~/n~n Phénicien Z'~ArM~t défl-
gnencrous la même diofe, un peuple, dcfcendud'Edom~ qui donna fonnem~
à la Mer.Rouge, qui invcnM la navigation,qui ïe rendi~cé!éb~e par des voya-~
~es de long cours:donntne partie ayant reconnu la~bonté & Futilité des
ports (te Sidon & de Tyr,.y vinc établir de~Go!ômes qui ~rent avec le plus
grand fueces le Commerce de la Méditerranée &: des côtes de l'Océan qui
effacèrent le nom de Cananéens par celui de Phéniciens tandis que ceux quiv
ttoient reftés dans leurs anciennes demeure: continuèrent le commerce fur la
Mer-rougeoe dans la mer des Indes, toussé nom également d'Hommes rou-
ges, ce qui les fit confondre fans ceue avec le: Phéniciens de la Méditerranée.
Ce ne fur point à ceux-ci que David &: que Sàlomon enlevèrent les fa-
Mieux ports d'Elath & d'Eftongueber, & le Commerce d'Ophir & de Tarfis
ce fut aux Iduméens aux hommes rouges-de l'Arabie auNI continucrent-th;
d'être amis dés Tyriens,les hommes rouges de Syrie qut n'étoient plus liés avec'
ceux de rArabie. Ce font ces Iduméens 'qui~ fous le nom de Phéniciens, rem-
plireM de leurs Colonies la côte de l'A&ique orientale tandis que les autres

(~ Tnut6 de rHot. (t) Chronol. (3) AKm. deJL'Acad: det In&r. &B. L. T. MttVï
étoient (unuamment occupés à couvrir de leurs nombreux Comptoirs les côtes
de la Méditerranée.
Si les Efpagnots & les Portugais s'épuisèrent en quelque <acoB par la de<
couverte du Nouveau monde comment Tyr & Sidon feules auroient- elles
pu fournir à une auuï prodigieufe quantité de Colonies C'eu: même avec le
fecours des Idùmcens que les Phéniciens de Tyr durent en état de fonder Car..
thage & les autres Colonies de l'Afrique Septentrionale car ce fut peu de
tems après !a difpernon des Iduméens par David que furent fondées la fu-
perbe Carthage, Utique Se d'autres villes.
Ajoutons qu'il n'eft pas étonnant que les Phéniciens, quoiqu'Etrangers aux
Cananéens,ayent été appellés du même nom puifqu'ils étoienc venus s'éta-
blir av ec eux ne donne-t-on pas aux Anglais le nom de Bretons, quoiqu'ils
ne le Soient pas d'origine & ne confond.t'onpas fans ceffe le nom des Gau-
lois avec celui des François; & celui d'Allemans avec celui de Germains, Quei~
qu'Us défignent tous des Peuples trcs-dinerens 3

ARTICLE VII.
d:AJVf~E; ~JV.K~S DE A~B!7CNOpOWO~OR:

NA~u-cHo-DON-osoR vainqueur des Phéniciens, des Egyptiens, de tout


ce qui étoit à t'Occideni de Babylone & ayant humilié tous les Princes qui
s'etoieni tigues contre lui, revint à Babylone comblé de gloire, &ranane:
de conquêtes il ne pcnfa plus qu'à jouir du 6-uit de tes travaux, à faire neu"
rir tes Art: les Sciences, & à rendre Capitale la ville la plus noriftante
de l'Univers, une ville unique par fa magnificence par fon étendue par fes
fuperbes Palais dignes d'un auffi grand Prince, par la beauté & l'utilité de Ces
vafles Quais qui dominoient fur les deux rives de l'Euphrate & qui annon"
coienc l'opulence oc le goût de fes habitans, par la hauteur, l'epaineur & la
force de (e< murs, maniere de bâtir qui étoir alors à la mode dans ces tems
ou l'on ne connoiubic pas encore l'Art d'en triompher.
Ce Prince fi grand, fi magninque fi plein de génie, tomba vers la fin de
(on régne dans une efpéce de démence que les Livres Saints représentent com-
me lui ayant été annoncée & comme une punition divine de l'orgueil que
lui infpiroit la vue de cette ville fuperbe qu'il créoir.
Cet événement, fes caufes (a durée, & fes fuites fe trouvent dans un Edic
pu Lettre circulaire de Ntbuchodonojfbriul.même à tous fes $u)ets~, rap~
portée (ans aucun autre détail dans les Prophéties de Daniel, comme un fait
fumfamment connu des Orientaux pour qui il écrivoit cet Edit ou Lettre cit~
cu!aire commence par ces mots (i)

M
Nabuchodonofor Roi, à tous les Peuples, Nations & Langues qui font
)' fur la 'terre (aluc abondant. Le Dieu Très-haut a opéré des prodiges & des
M
merveilles que j'ai réitolu de publier, des prodiges étonnans, des merveilles
» Surprenantes Après ce début imposant, ce Prince entre en matière il
rapporte un fbnge eHrayani .qu'il eut au milieu de ~a gloire, & que Daniel
feul put lui expliquer: l'objet de ce fonge étoit de lui apprendre qu'en puni-
tion de <on orgueil il (e verroit c.hade de la compagaie des hommes qu'il
habiteroit aYc.c les apimaux,& l.esbetes Sauvages pendant un efpace de fept
ans(~o~MMou~~n~), au bout desquels il recounoKïoit la ~buveraîne
Pui~nce du Très-Haut. Qu'âpres l'efpace de douze Lunes tandis qu'il ~e
comp)aifoit dans la magnificence de Babylone une voix céle~e fe nt enten-
dre pour lui annoncer que cette terrible menace alloit s'exécuter qu'elle
t'exécuta en e~et que le tems de cecre expiation s'étant écoulé, il étoit re-
venu dans (on boa fens & dans fon ancienne Splendeur, & qu'il venoit de
reprendre les rênes de fon Empire, en reconnoinant la gloire & la miferi-
co~deduTout-Puinant.
~Rien, en <:(tet,n'étoitp!us à propos qu'une pareille Lettre, afin que ce
Prince fût reconnu de nouveau par tous fes Sujets: elle e~ d'ailleurs d'un ftyle
Cmple'~ noble, digne d'un !~oi pénétré de ce qu'il va dire. Elle eA eh même
tems'tout-'aL-&it-dan! ~e Génie des Onehtaux, qui ajoutoient beaucoup de foi
&ux ~bnget.
Quant au nombre de fept ans d'expiation il eA par~itement harmoni-
que avec leten~ts de la Nature & avec le ~yMme de la Création &: de notre
~yjMme )fb!aire, fondé entièrement fur les rapports de (ept/ba~e de toute har-
monie. Au ~/)y/ïyM<, lés fept jours de la femaine les fept jours des phafes
de la Lone, tes (ept Pianettet, les fept Etoiles de chacune des Ourfes, tes~ept
couleurs de l'Arc-en-del des rayons iMaires, &c.
Au/y~reg~~Mc ou~w~o/~Nc, toujours appoyén!t la Nature, les fepc
années d'abondance & les fept années de famine d'Egypte, les fept dixaines
d'année! de la captivité, les (ept dixaines de femaincs d'années julqu'à la
naiffance de Jefus-ChriA, ces fept années de la punition de Nabuchodôno-
for &c. 1

(i) D~n. t. 31 du Texte Hébreu ïu. y de la Vutg~


Au Civil, le Cycle Hébraïque de ~cpt .nuises, dont la dernière eto!t de
Kpot tes fepdois fept ans écoutes d'un JubUé à t'autre, &:c.
En d&f, tout doit être lié dans la Nacurc & dans la R~vc!ation, tout par-
tant d'un même efprit & tendant à un n~me but.
Quant à la vraie ugnincation du mot A«/~<a ou Ao~M que les LXX.
ont rendu par le mot ~M, qui ne nous apprend rien, on ne peut le deter-
tntner que par analogie. Ce mot fignifie encore aujourd'hui en Arabe.un ~/n~,
& il défigne, utivant l'objet dont on parte, un jour, un mois, un an une por-
tion d'un tems connu. Dans d'autres endroits de Danie!, il fait portion de
.ce qu'il appelle Z~~a, qui efi une révolution de tems, de fept jours,
precife-
ment ce que nous appelons /<~<Mn~, & alors itrcpretente unjottr prophé-
.tique. Ces fept tems feroient donc fept années prophétiques comme prévue
tout les Savans s'accordent à le croire,

fj~DICTKW ET ~WT r~S CJS J~tf~cE.


Nabucnodonotbr régna environ une année,* ce qu'on p~nfe, depuis &tt
~tab!incment fur ie Trône, & il mourut après un icgne de quarante-aroit aM,
~auÏant Ces Etats à fon fils Evil-Merodach.
Les Hiftoriens Profanes MEGASTMNt & AzYpBMt, dtcsparEuMZE(t),
rapportent une prophétie de <:e Prince avant (a mort, qui dt parfaitement
~ontorme à celle que Daniel lui avoit annoncée il moMa, difent-its, (uc h
terra(Ïe de &n Palais, & dit ye vous anaonce, ô Babyloniens, un malheur
t* prochain, que ni le de~n, ni notre ancêtre Seius, ni notre Reine Beiis ne
<*
fauroient détourner. JI va arriver un JMM/~ Perfan qui par le fecours de
« vos propres Dieux vous impotera un joug cruel cette infortune vous arri-
f vera à Foccanon d'un Mode, péupte que tes Anyricns regardent comme
» leurs plus fidèles amis. Que n'a-t-it été englouti dans !e<aMmes de la mer
avant que ~e trahir mon Peuple ou tranfpor~ dans quoique désert inha-
bit~ où !oin des hommes, il ne v!t que des oifeaux de proie & des betc<
féroces Heureux moi-m6me fi je puis nnir mes jours
avant que ce< cata-
M
mi~s enveloppent mon Peupte ?

~t) f~p. ]Ëytn~. t~. cb.


Cette
Cette Prophétie ne peut eire plus conforme < l'événement &r a celles de
Daniel, qui avoit annoncé la ruine prochaine de Babylone, & qui affura
qu'clle feroit occa~onnée parIetPerfes & parle! Modes, tandis
que ces der-.
niers étoient étroitement liés avec les Babyloniens,oc qu'un Prince Mode avoir
époufé la propre fille de Nabuehodonofbr. EUe étoit ainn digne d'un Prince
qui devoir avoir une confiance fans bornes en Daniel.
On ajoute qu'aprea avoir prononcé ces paroles, il disparut; c'eft-a-dire,
qu'il ceua de vivre on fait qac les Anciens n*exprimoient prefque jamais la
mort d'une maniere ouverte; mais par des périphrases qui en adouciffoient l'a-
mertume, & qui apprenaient qu'un Écre, quoiqu'inviub!e pour les hommes,
étant féparéde fou corps, continuait de vivre que fa mort h'étoit en
quelque maniere qu'un chansement de décoration oc de lieu, qu'une dHpa<
ntion.

D.e la Gloire de ~a~e/cr, 6* <~< /<j ~M ~e~ pour fes ~ropr~


Fwjr.
Telle fut la Gloire de Nabuchodonofor telles furent (es Conquêtes ~et
Exploits le premier, il fonda un. grand Empire fur les débris de cent autres
il marcha ainfi à la tête des Cyrus des~texandre, des Cefar de tous ce:
Héros que vante l'orgueil des Nations & le faux goût des Rhéteurs. Toujours
it tut viAorieux;i! n'eut qu'à vouloir, & it vit tes Peuples à tes pieds it (ub-
)Ugua également la Cageffe de l'Egypte, tes richenes de t'Ane, le falle parci-
moniet des Phéniciens, la vie vagabonde des Nomades Africains ,t'heureu(e
fimplicité des habitans de la Bedquë <n Efpagne & afin que rien ne man-
quat à à gloire &r à fa grandeur aux pieds de la (ameufe tour de ~abet il
~teva une ville immente ou tout étcit un objet d'admiration la va~e ecen-
due & la magnificence de Ces Palais, la hauteur & la folidité de tes murs, des
tues immentes ttree: au cordeau, des ponts &: de fuperbes quais qui domi-
noient fur un grand Fleuve Ville étonnante, qui par & rbrce par fcs riche(-
<es, par fes nombreux habitans fembloit devoir affurer à jamais la durée de
l'Empire Babylonien.
Et cependant, avant cinq lucres, cet Empire ne fera plus, Babyldne~cra
tombée elle Cera devenue la proie d'un Peuple dédaigné comme barbare <c
qui n'ayant ni richeffe ni Me, n'onroit rien aux yeux avides du Conquérant.
Mais ce fut précisément cette gloire, ces conqu~es, cette ~il!e Superbe,
T. J. 1
qui livrèrent l'Empire Babylonien aux Pertes, qui le mirent hors de dérenfe~
hors d'état de foutenir le poids d'un Conquérant. Ce ne fut pas par une gloire
plus grande par plus de fageue, pac plus de grandeur ce fut une fuite né-
celfaire de la fauffe gloire de Nabuchodonofor ce fut l'enet indirpenfable de
fes vues défordonnées qui forcerent tous les moyens ,.qui u&rent tous les
reuorts, qui privèrent fes Etats de toute reffource.
Le Héros Babylonien étoit à la vérité un Prince magnanime épris déplut
grand amour pour la gloire, infatigable dans Ces travaux pour l'acquérir que
n'endormit jamais la mollene, le goût pour les plaifirs aimant les Arts & l<t.
<nagni6cence tout ce qui élève l'âme; mais il ignora toujours en quoi con"
Me la vraie grandeur, & il l'ignora malheureusementpour fa Famille, pour
fes Etats pour fes Voinhs.
A la fleur de l'âge, il s'étoit vu à li tête des Armées encore très-jéune iï~
avoit gagné des Batailles, vaincu des Empires, mis des Rois à mort dès ce
moment il n'eut plus que du mépris pour les Rois, & il Ce crut leur Maître it
devoitrette, fi le génie a le droit de commander; car tous les Rois qu'il vaia-
quit, même ceux de l'Egypte, ne favoient pas régner.
Une feule Ville (ut & put Ce défendre pendant pluueurs années c'cA qu'elle
étoit ma~treue des Mers.
n'
Gâté par fes premiers fuccès, il ne fut plus que conquérir: il crut qu'il
toit Général que pour fe battre &*R.oi que pour être le. feul à régner fur la
Terre ce fur les'Mers.
Ses conAans eSbrt~ pour remplir fes hauts projets, furent d'autant pîus~u-
~es .qu'il frouvoit les plus grandes renources dans fes Etats Primitifs. Nous
avons vu combien la Chaldée & la Mésopotamie avoient. de richeues rurales,,
prefque toutes en prontpour le Souverain, par le peu de frais ..qu'exigent les
avances dans ces Contrées, par la vie frugale des Peuples de l'Orient,, par
leur peu de befoins, par- le Commerce immenfe qu'ils faifoient au moyen de
leurs canaux, de leurs grands Fleuves, de leurs Mers, de leurs liaifons-avec.:
les Phéniciens, Entremetteurs de tous les Peuples, & de toutes les espèces de.
Commerce.
Mais à force d'erré hors de &s.Etats, d'en emmener les Peuples au loin, de
leur faire prétërer la vie vagabonde à la vie agricole, en leur montrant dans
le pillage, un moyen plus.prompt:, plus rapide de faite fortune; en tranfplan«.
tantfans cefle les Peuples, il épuifa fes Finance!, & il en af&iblit la fource par
une culture moin& prospère, moins ~outenue~
Auffi a~vee lui: tomb&l'eipht de Conquêtes-) parce qu'on n'avoit ni génie,.
4M forces ni Finances pour en faire de nouvelles on négligea celles qu'on
avoic&ices, parce qu'on n'avoit pas plus de moyens pour conferver que pour
étendre on fé réduinr à l'ancien Empire Babylonien & cet Empire ne fut
plus rien, parce que les mœurs étoient changées, parce que le luxe & la dif-
fipation avoient pris la place de la frugalité parce que l'Empire étoit fonda
dans une Ville immense, ou s'étaient réunis les Satrapes, les Prince: de cet
Empire, ceux qui jufques alors avoienr vivifié les Provinces; qu'on ne s'occu-
pa plus que des moyens de conferver de maintenir d'amufer ces orgueilleux
Citadins, & que la vaine connance dans des murs impénétrables) ôta tout autre
e<prit de défende, anéantit toure prudence, livra les Provinces entieres aux
premiers qui voulurent les prendre.
Ajoutez à cela, qu'ayant affoibli & aliéné tous leurs Vo!6ns, les Babyloniens
n'eurent plus d'Alliés que par conféquent ils ne trouverent perfonne en état
de les défendre & de les faire respecter & que lors même qu'ils auroient voulu
changer en Alliés les Etats qu'ils avoient conquis, ceux-ci dans leur état d'é-
puifement n'auroient pu leur être d'aucun fecours ils n'en pouvoient trouver
également aucun dans les Princes de la Mer, dont ils avoient détruit les
Ports, anéanti la Marine, à qui ils avoient enlevé toute reuource. Leurs Con-
quêtes en Afie ~e leur onroient qu'Etats dévalés, que culture langui(tante,
<que Propriétaires ruinés, que Familles Royales dégradées. La (agene des Egyp-
tiens même étoit déconcertée leur Empire n'avoit plus de bafe il ne pou-
voir plus ~e relever d'un coup auffi terrible il ne pquvoit réufter aux en!orn
du premier attaquant, & ces eHbrts n'étoient pas éloignés.
L'orgueil du Héros Babylonien avoir irrité l'orgueil de tous, en les humi-
lianttous &: & Puiffance avoir écrafé ceux qu'elle humilioit fon Empire ~e
trouva donc feul pour foutenir le choc des ~ros que formoit fon exemple ¡
& épui<c par <es e6orts paues & hors de toure mesure, il tomba & rur en&<;
irelitbus <on propre poids, fans avoir jamais pu Ce'relever.
Si ce Prince, mieux instruit, eût mis fa gloire, non à s'aggrandir par des
Conquêtes mais à faire fleurir tes Etais, par les mêmes moyens qui les
avoient élevés à ce haut point de perrecHon, par une meilleure culture, par
des canaux qui atlaucnt viviner les Provinces les plus reculées, par des FiMnces
bien administrées, par un Commerce étendu, par fa lu~ice envers tous, par
des Alliances fages avec tes Voiuns, devenus eux-mêmes par-là plus puiuans
~plus riches, en lai~ant l'Empire de la Mer à ceux qui ne pouvaient s'en paf-
~er, ed' ouvrant Tes Etats à tous afin de profiter des lumières, des riche(îes,
du Commerce de tous, & qu'ils puuent faire chez lui des échanges im"
1 ij
mentes quidonnaient aux terres la plus grande valeur pofHble fi en même
tems au lieu de ratÏembler tous les Grands de (on Royaume dans une
Ville
immenfe, ou venoient s'engloutir les richeffes & les générations, & qui
feule attiroit les yeux & l'attention il les eût encourages à faire valoir leurs
Terres, & eût réferve fes chaînes d'or pour ceux-ci, l'Empire aurait été
élevé fur une bafe inébranlable Nabuchodonofor eût été le modèle des
Princes, l'Idole des Peuples il ~e tût élevé un Monument auffi honorable
aum grand, que celui de Dura écoit étroit & ridicule (i~; fon Empire entier
n'eût été qu'un Monument où tout auroit retenti de fa gloire. Cet Etat fIfbMe-
ïoit encore aujourd'hui, plein de force & de vigueur il fe feroit joué de*
eHorts des Perfes, des Alexandre, des ~éleucides~ des Romains, des Parthes,
des Arabes, des Turcs; aucun n'eût o~e attaquer une Nation aufft refpec-
table, auffi edimable, aum &ge peu eût importé que fes Princes n'eunent pa<
tous été des génies Sublimes les Babyloniens Ce feroient foutenus. par leuif
équité, par leur opulence territoriale, toujours fubMante, toujours vivi-
fiante & l'intérêt que chaque Peuple eût trouvé à être (oh Allié Con Ami y
lui auroit concilié à jamais l'Univers entier.
I/inQru&ion fe feroit établie & an!ermie chez eux & chez tous têt autres y
elle (eroit revenue forte des lumières de tous & par cet échange mutuel de
lumières & de connoinancet, les Babyloniens n'auroient jamais été intérieure
à aucun autre Peuple, en eonnoiuances, en moyens, en inventions pour fe
perfectionner à tous égards. w
MaisTindruction fe trouva nulle, ~exemple fut &ux & dénaturé; le uec!c
entier fut eerfomptt, gâté~ vicié, & l'Etat tomba par fa propre corruptions
& par celle de tous fes voifins.
AinH, Ie~ premiers pas conM& l'Ordre amenèrent, comme il étoit judc
y
le plus grand désordre à leur fuire & la ruine totale de l'Etat, qui le premier <e
vicia ainfi il en fut & il en fera à jamais de tous ceux qui ~fc conduirwnt de
même, qui dénatureront tour, ou qui, ayant déjà pris une ~auue route,
refuferont à toute indru~ion, à toute lumière, ou perfévereront ob&inémene
dans, cette <au(îe route.
On ne: doit pas être étonnéque nous inu&tons fur cet objet; e'e& la première

(t) Ce Roi, après ~e~ prem!ere< viûouet, &vo!t~lev~ dans les plaines de Dura une
colonne trc<-haute, turment~e d'une Statue a la uelle il obligea tous les G~and! de
iren:r rendre hommage. Il en e~ parlé dans Daniel, Chap. tu, 4~6 que d<~ ~tite~ ~w't~
~et ordre pour celm-ci Ct pouriM MUt.
fois que nous
avons a parler d'an Conquérant c'e~ celui dont t'éelarpanager
ébloui tous les autres ~& jusqu'ici l'Ht~oire,
au lieu de pondre .cet esprit de
conquêtes & de guerres fous ics vraies couleurs, s'eu: prefque toujours tbile-
ment exiadée des ïons-vains, &~bour(buAés d'une fauCfe & malheureuse
renommée.
Mais telle ne doit pas être l'Hi~oire. En transmettant aux hommes le
touvenir de ce qu'ont rait les générations pauces, elle ne doit jamais perdre
de vue la félicite des .générations pré~ente~s~ futures :)elle doit par cont~quenc
pefer à une ju~e ba!ance toutes !es actions pannes porter au, bien par la conn-
dérauon des heureux ertets ;produ)t~ par tes .avions .vertue~fes &~on~)cmes à
rordre; détourner de toutce qui e~,contre cet.ordre.,par ta conjftdcra~on des mat-
heureux en~ts que produijtent nccenairement les acHons qui tui font contraires.
Toute autre Hi~oire e& un attentat contre t'humanitc~e&t odieux de t'igno-
rance du bien,ou d'une: Satterie criminette.
Que): fervices n*eunent pas rendu a~Hecos B~byJonien., a.'Ie~c.Nation
rUmvers~ntier.tes.Mages detia Cha)dce,)savoient ectai~~c jeune Héros,
s'iis lui avouent montra en quoi connue la vraie pro(perite d'un E)pt, s'ils lui
avo.ient appris que le premier devoir d'un Prince e(Ua ju0:ice envers tous, qu'il
eft/tait pour régner fur des hommes & non fur des déferts qu'il ne doit pas
avoir plus de Pays qu'il p'en. peut geuyerner~pu, qu} ne lui (eienr acquis
~u0:ement,,par amou~ &,par ar!cdion ~plutp~que~&r force: que des Conquêtes
acquises, aux .dépens ~e fes Sujets, au document de (es propres Etats, élevée:
~urje.ursruin.es~ tont,un. véritable néau, te plus. grand mal qu'un Prince puine
fe ~aire ::qu'ilne.Iaine à tes enfans qu'ennemis au dehors~ &: que ruine & foi-
bleue en dedans que la gloire des Conquêtes excelle d'un bngand, tandis
que !avr;tj€.gtoire,d'un:Prince~ celle d'Mre ain)é~.re<pcc):e.au:;d(.hors:j 6c

~R~, C?~rc~fnt~g~ ,d.e.t~ute)


une.<burce.<i'a,yantagcs,de
conservation
.~F_r3.
dç i~re;)prQ<pérer, tes Etats,: au/point qu'ils de:wiennent;pour tous les Peuples
toute, ejtpc~e.; enfoite~que tous 1qie~t. intéretics à fa
Içient il1~ére{rés
que toute autre gloire n'eft que ta<ce, & qu'elte s'évanouit
bientôt, f n'ayant aucune, ba~e, au~cun~aliment. & je déy;ora~ eUc-mcme.
Ce que les .Mages ne furent.ou ~'o&r~t, dire ~Ht&oire_doit le dire
h.nutement. é~Uifée.par les~connû~nces~iu, ~ecle- &~aE. cette belle; ïcience
quiraMvo!r,q~e coicmc. les hommes ~c doivent recours a tous~ Ies,.Sociétés de
même doivent ~ë. Soutenir mutuellcrn.Mt, (pus peine de périr chacune de leur
coté & retenir les Héros dans le droit chemin par l'opinion, pubuque
par la
~étfinnr<! dontils Ce couvriroient s'ils oloiect tenir une autre route, & renoncet
~~S~I~'H~TÔ~~Ë OMENtAtT.
~!a <ageue pour des entrcpnfesfottes ouuniverfettemeht défapprouvées,&: qu!<
au lieu de les élever, les abaffent néceuatrement,ettécrafantleurs Peuples.
»
AR Tl C LE VI J L
l'

~c~irjf~~ C~fj~Oif~ jBr ~x ~~zg~s ~CM cjsrrjt ~p<)~~

t. Z?M ~cy~M N'M MM~~o~ /« ~M'~c, ~'e.


-Les Hi~oriens be nous apprennent pas d'où ven6tent!es Se~e: q~
~ndifenc &r JesMedes & tur les -autres Contrées de t'Ade Ocdd6nta!e bn
donnoit.ce noirh à tous les Peuples Nomades ou Pân'es répandus au Nord de
~Aûet & que nous connoiCons (bus !e nom gênera! de Tarcares, quoique
leur vrai nom foit r~~M, & qui s'~endenc depuis t'Ëurope ju~u'àja Chihe~
A tr&ters tes ~.utes Contrées defAueSep~entrionaic.
H e~ plus qu'apparent que les Scythes qui (e jetrerent à propos pour'les
ACynens&rtcs Etais de CyaxaM pendahcqu'it a~HegeoitNmive~ avoient
~te appelés par te Prince ACfyrien, puifqu'ils n'actaquerent point tes Ecatt; ce
<quc perfonne cependant n'a remarque. En entt, comment des Peuples qtt!
ravagerehries deux Armenies, !e'PbM, iaCappadoce, ïaCotchide, i'Ibéri&
& ia plus grande partie ,des Etats des Médes, n'auroienMts pas également
ravage !'A(Ïyrie, qui oBroità leur jcupidite des riche~es in6nimentp!us grandes,
jt'i!s n'aboient eu un Traite avec ce Royaume; d'autant plus qu'netôit au<
!<bois~ puifqu'iiavoit été attaqué ~ques dans fa Capitaje par <ees Mèdes quJL 1
,he purent foutenir lé choc des Scythes ?
Par les Etats qu'ib chvahirBnt; oh ~«(it qu~iht avoienr pane entre !a Me~
Nonfe & !a Mer Ca(piehne,~ô<rvenu'fbadEë<uri'AffcOccidentaie i!s etôien~
donc venus He'ta grande ~cytMe; ~~CNt donc de vrais~Tartates, comme
~ss'àppeHent..
Peut'tMauΠcroietH-ik de~Tartates qui Atyoient devant !aPuiu<rnc~
jredoutab!e desChinôi's~ qui chefchoicntquetquesheureu&s Contrées où
~s Ment i'abri de-eétcC Nation, a!n& ~ae~to~es ~s SoRùEs qui (eletrer~
l';Etu~pe 'oc ? t'AJKe dans !& tems dt ~a décadence de'T~mpire 'Romaine
qui en'préMpi~~a~n~ ~i~e~~uh~ ~.cC~
..h (.
~u~m~.ctKe~h~j~
~L 'o.L.: ..1. :Í.'i. ~.J ,i.C ")
2?JF~ Cj~fJvor.s c~~r~ j~poc~jF<
Ë'HiAoire dé Ja Chine &itment!on d'ûne guerre entte tes Chinois & !es
Tartares, arrivée environ l'an 6~0 avant Jefus-Chritt & dans laquelle les
Tartares furent mi~ en déroute c'étoir fous le regne de ~<M~«~, dix-'
neuviem&Emnereur de la trotneme Dyna~ie. Ces Tartares a voient pris parti,'
en faveur d'un fils de ce~ Prince, contre ion pere; !e jeune Prince fut également
~attu &: mis à mort; & comme l'Empereur régna encore pluneurs années, il
dt apjjMfen~qu'it poursuivit les Taftares~ & qu& ces'ruyards ïe culbutèrent fur'
d'autres Tartares,qui, repou~es par-tout, vinrent &!re des courfes entre les
deux Mers, &: devinrent, entre les mains du Roi A0yrien aCEege dans ce
tems'ià, un in~rument admirable pour ledebarrauer dc~bn ennemi. Du moins
les'époques fë rencontrent fort bien; car Nihive turptMe avant l'an 606 ce
ne ~eroitpas trop (uppofer, que dt rapporter cecevénement A l'an 6op, puisque
c'eA daM'ectems-Ia que Nechaor~renditm~tre de Car-Ke<nis, fous le règne
de]~as,c'etoitdohcvingt-huit'~Mapres la guerre des Tartares & des Chinois,
dont nouyvenons de parler. Or,H~!<;oDOTË nous dit qu'il s'écouta vingt-huit ans-;
entre les deux Sièges de Ninive carCyaxare l'accordée fauroit être plus com-
plet le premier Siège feroit donc arrive vers l'an 6')~ ou 636~ peu~ d'années
après ~la défaite des Tartares par les Chinois.
Nous ne dirons pas que- ces Scythes oit Tartare~Taient affervi les Medes
pendant ce long espace de tems H~ODOTB ne le dit pas; il parle en général
du rems pendant lequel les Tartares nrenc trembler l'ASe, & en avoient affervi
une partie ce qui eut necenairement lieu jusqu'à ce que leur Protecteur l'Any-
rien ne tUt plus en état de les ~butenir;. car alors Cyaxare, aide de toutes les
forces de l'Ane Occidentale, les repouHa entièrement du re&e de l'Ane, long-
tems aprey qu'il en eut debarra~e la Medie; oc s'il ne recommença pas auui-rôe'
fes
attaques contre les A<Ïyriens,c'en: qu'il (e trouva long.tems trop ~biblef
te eux encore trop.forts, pour qu'il pût espérer de le faire avec~ucccs.

~CM M<ar< J<M'M~'<?/~t<'< ~f ~M.

~M~ r
<S' Depuis t'Émpereu!' Chinois qui repo~ les Taftares, j..
jufqu~
q')i yivoit lorgne Babylone fut prife par les Perfes, la Chine fut
gouvernée par fept Empereurs, celui-ci compris, dont t'Hiftoife n'om'iroit rien
de remarquable, fans deux illufires Philofophes qui parurent dans ce tems-ta:
Environ l'an 60~, au moment on Nabuchodonofor venoic de monter fur le
Trône.naquit a!aChine,dans!a Province deHou-Quang~LAo-Kiu~.Fondaieur
d'une Secte célcbre dans cet Empire;~ doctrine étoit (emblable à celle d'gp'icurej
& it reconnoino't un Dieu Cuprême, Créateur de l'Univers, tmpautbie, premier

mobile de tout on lui attribue en mêmë-tems d'avoir trouvé le Secret de


prolonger la vie bien au-delà du cours ordinaire; ce qui ni appëHer fes Difciples
la Se<fte des Immortels.
Avec auffi peu de données, on ne peut (e former une notion exacte des
principes de i~c-~t'Mn; peine pouvons-nous pn avoir de ceux d'Epicure,
qui devroienterrebiep mieux connus, & dont !ado<~rine a été certainement
très-mal entendue, ties-mat jugce ce qui n'e~: point étonnant; on aime mieux
décider d'un ton impofao~que d'examiner. Il eH: plus, ai(ë de dire qu'une nou.
ve!te manière de pre~nter de grandes verit~s,eil un (yMme abfurde, &: de les
tourner en ridicule, que de chercher ce que ce (y~em~e peut renfermer d'utile
pu de vrai au~ t'Hi~oire des Opinions det Dogmes M-et!e été toujours!
~rcs-impar&ite~ parce qu'elle n'a presque jamais été ~itepar des efprits exempts

~eue les progrès de. t'écrit humain..


de préjuges ou impartiaux ce qui e(t tres-~àç~eux, '8~ n'a pu qu'arrêtée &ns

LAo-KiUM vécut 8~. ans il furvécur ainfi à la prife de BabytoneparCy~i


j'us fa vieiHen'e a cela de remarquable qu'elle coïncide avec la naiuance de
quelques grands Hommes qu'il fembloit que ~btmât ta Nature pour l'avan-
tage de leurs Contemporains. L'un ed le fameux CoN'Fucius, ou CoN-Fu.
TSEE, la gloire de la Chine, qui naquit environ l'an t,
tous le regne de
jjng-yang, peu de tems aprps la mort de Nabuchodonofor,
Les autres étoient Esorz qui vécut du tems de Créfus & de Cyrus
Philofbphe infiniment utile à tous les uecles & à toutes les Nations par la (a-
gefÏe de fes Fables, & l'excellence de leurs leçons, qui ont fervi de modelé
à tout ce que nous avons de meilleur en ce genre ZoROAsiRE, reftaurateur
de la Doctrine des Mages, & qui, contemporain de Cyrus parut dans tout
fon é<!at i la Cour de DARius fils d'Nyuafpe de ce Darius qui ayant fait
faire un mauaEre des anciens Mages, fut obligé de renouvellec cet Ordre
& de le réformer. ~)t
THAt.ES & SOLON neuriubienc dans le même rems dans la Gr~ce mais~
Icu~
leur HiStoire tient à celle de l'ASte par leurs liaisons avec Créfus Roi de Lydie,
J
Allié des Babyloniens contre Cyrus.
Ainfi ce VI~. Siècle étoit pour toutes ces Contrées, un Siècle de lumiere
& de restauration qui doit le rendre infiniment précieux à tous les hommes.
Les travaux de ces Savans distingues ne furent rien moins que paftagers. Con-
fucius eft encore vénéré à la Chine; fa Doctrine y eSt prefque regardée com-
me divine elle Sert de régle aux Chinois, & fes ouvrages font en quelque
forte leurs Livres claffiques. La Doctrine de ZoroaStre n'a plus le même éclat,
il eft vrai fa gloire dtSparut avec l'Empire des Perfans mais il a encore de

core Parfis de nos jours, furnommés


n'eSt pas encore entierement éteinte.
6~
zélés DiSciptes dans les Sbibies reStes de cette ancienne Nation appellés en-
ou Infidèles & dont la race

Ces eSE)tM de la lumiere pour furmonter les ténèbres & l'ignorance,


les heureux eSïets qui en reSultent dédommagent du moins de l'horreur qu'exclu
tent les ravages des Conquérons & les fureurs de la diScorde il eSt beau, il
ett ravnlant de voir des Sages s'occuper du bien public, enSeigner aux homw
mes le chemin du bonheur, les conduire aux portes de la vérité & de la fa-
geSïe. Nous regarderions l'époque dont nous efquiffons t'hiStoire, comme in-
finiment malheureufe fi elle n'avoit été éclairée par quelques-uns de ces AS-
tres brillans dont la vérité fe fert pour amener les hommes à elle pour s'en
j~aire aimer & rechercher. Heureufês les Nations qui favent les accueillir~ en
profiter & marchant fur leurs exemples, perfectionner leurs travaux, & por-
ter la lumiere juSqu'à fes dernieres bornes
ART 1 C L E IX.
REGNE D'frif-MsaCD~C~ FILS DE A~jB~CHOjDO~O~O~

NabuchodonoSbr eut pour fucceffeur Son Fils EVIL-MEPODACII., ou Me-


rodach l'Infenfé il ne répondit nullement à ce qu'on devoit attendre du Fils
d'un auffi grand Prince il étoit fans génie, débauché & méchant tels font les
Fils des Grands, torSqu'its s'imaginent que leur nom leur fuffit & qu'il ne doit

icurs vices plus éclatans & prefque fans remede. <


Servir qu'à juflifier leurs excès, leurs déreglemens, leur mauvaife conduite,
malheureux d'être nés dans un haut rang, qu'ils déshonorent, & qui rend

Ce Prince avoit déjà donné du vivant de fon Pere, des preuves de Son
<aractere impudent, ner, préfomptueux & crueL Dans le tems que celui.- ci
Tom. 7. K
étoit. prive de (a raison, Evit-Merodach qui étoit fur le point d'époufer la cé-
lèbre Nitocris, eut envie de faire une partie de chaffe vers les frontieres de
la Médie, dont les montagnes abondoient en gibier, à caufe de la paix qui ré-
gnoit depuis long-tems entre les Mcdes & les Chaldéens. It ~e mie en marche
avec un Corps de Troupes anëz conndérabte en Cavalerie & en Infanterie r
car c'cft ainn que les Princes d'Ane font la chadë encore de nos jours, avec
de nombreuses Troupes qui invefHuent des montagnes & des foréts entières,
latent en paix les tranquiltes Campagnes. Arrivé fur les frontieres, il rencon-
tra d'autres Truupes, qui venoient relever les Garnirons du voinnage. I! &
mer aufn.[6t en tête d'attaquer avec tous ces Corps les Mèdes, dans ridée d'ac-
quérir bien plus d'honneur en autant la guerre à des hommes, qu'à de~
animaux mais dans le tems qu'il ravage la Médite & qu'i! la, livre au pillage
il ett attaqué tui-même & repoude par le Roi des Medes, jtccompagaé de:
ton Fils & du jeune Cyrus.
La feule action louable qu'on lui attribue !br~qu*i! fut fur le Trône, e(t
d'avoir mis en liberté Jehojakim, ce Roi de Juda, avec qui il s'étoit trouvé
dans la même piifon & de l'avoir Maire avec tous les égards dûs à fon.
-rang.
Cependant, il (e rendit fi in(upportab)e à Ces Sujets, qu'it fut tué par Néri<
g!i(~arou N<n-o/<tr, Prince Mede, qui avoir époufe fa Soeur: cet
anamnat fut commis au milieu d'un Min, qu'il donnoit aux Seigneurs de &
'Cour, dans la troifieme année de fon Règne.

A R T 1 C L E X.
REGNE DE ~lU-~D-~or-Oy.~MfCJC.JM~.
Nerigliuar s'étant ainfi emparé d'un Trône qui ne lui appartenoit pa~, tut
obligé de Coutenir une vive guerre contre les Pertes & les Medes, foit qu'il
crut qu'il ne pouvoit (e maintenir fur un Trône ufurpé fans occuper fe<
Sujets à une guerre étrangère & qu'il voulût s'attacher ces anciens Guer-
riers qu'une trop longue paix ennuyoic toit que les Mèdes & les Perfes lui
~uuent déclaré la guerre pour venger la mort d'un Allie, &: pour ne pa< don"
ner à un Prince, qui fembloit auCE entreprenant le tems de s'aggrandir.
"A cette époque le tableau de FAne avoit unguliérement changeil- n'y
avoit plus de Rois en Syrie, en~udée, en Pâleftine tous ces Etats apparte-
Noieutimx ChaMéens. Apriés, ce Roi d'Egypte qui atvoit va ~on Empire r~
v~gé par Nabuchodoiiofor, & qui avoic eu de longues guerres à Coutenir
contre le rébetie Amans, n'étoit plus il avoit été fait pn~bnnicrpar ~on en-
nemi, & étranglé par ceux qui blâmoient Amans de fa démence envers lui.
Ce nouveau Roi ne négligcoit rien pour rétablir dans leur premier lu~re les
affaires délabrées de l'Egypte pour la remettre des longues & terribles con-
vulnons qu'elle venoit d'éprouver~ pour y ramener l'ordre civil & politique,
J
& fur-tout pour entretenir une étroite correspondance avec les Grecs, qui de-
puis la ruine du commerce de Tyr, commencoient à fe rendre conMcrables.
Les relations des Princes Chaldéens s'étoient étendues dans des Contrées
fort éloignées. Les Indiens, lesPhrygiens, les Lydiens, les Cappadociens fe
trouvoientdeurs plus proches voifins, & leurs intérêts étoient devenus com-
C(~~t
muns. ces Nations & à leurs Rois que !e nouveau Prince Chaldéen
s'adreffa pour obtenir des fecours contre les Medes & tes Perfes.
C R E s u s. Roi d<* Lydie, vinc avec plus de cinquante mille hommes de
Troupes, dont dix mille de Cavalerie. ÂRTAMAs, Roi de la grande Phrygie,
amena quarante mille FantafHns, & huit mille Cavaliers; Atu~us, Roi de
Cappadoce conduifoit Gx mille hommes de Cavalerie, & trente mille d'In-
fanterie, prefque tous Archers & MARAGDAS, Prince Arabe, dix mille Cava-
liers, deux cens Chariots & un grand nombre de Frondeurs. La Cavalerie
faifoit donc alors un cinquieme des Armées & )e Roi de Babylone, qui joi-
gnit ces Troupes vingt mille hommes de Cavalerie, deux cent Chariots
J
& de rin&nttrie proportion dut avoir au moins quatre-vingt mille
hommes de pied enforte que fes Troupes ne Soient gucres que le tiers de
t'Armée Confédérée.
Les Medes & les PerCes n'eurent de leur coté que Tygrancs, Roi d'Ar-
ménie, qui leur amena un renfort conndcrabie mais quoiqu'inférieurs en
nombre ils eurent toujours !a fupériorité dans les combats.
Les tndiens [e conduifirent dans ce connit d'une manière digne de leur
&ge(!e ils envoyerent des Ambanadeurs pour s'informer des causes de ces
armemens prodigieux & pour offrir leur médiation avec ordre de déclarer
qu'en cas de refus, ils prendoient le parti de celui qui auroic la )un:ce de (on
coté. Cette Ambaffade ne fut cependant fuivie d'aucun effet foit que les
deux partis leur cuuent paru auMi déraifonnabtes l'un que l'autre foit qu'il
leur fur furvenu à eux-mêmes dans fintervalle, des adirés, qui les occupe"
rent a(fez pour les empêcher de ~e mêler d'une guerre étrangère ce qui eft
le plus apparent.
Des le commencement de !a guerre, les Chaldéens des Montagnes, c'à-
K ij
dire, les Habirans de la haute Anyrie, ceux qu'on appelle aujourd'hui Cur-
des, firent une invafion dans l'Arménie. Xenophon vante leur valeur leur
intrépidité, quoiqu'ils tunent armés très-légèrement, n'ayant qu'un bouclier
d'ofier & quelques javelots; mais Cyrus marcha conrr'eux, les battit, & les
obligea de faire la paix avec les Arméniens.
Enfin, les Armées en vinrent aux mains, dans la quatrième année dtt
regne de Nerignnar: tes propres Troupes (e battirent fort mat, & lâchèrent
pied, tandis que les Princes alliés qui avoient le de(tus, obligeoient Cyrus à
abandonner le champ de bataille mais ayant appris que le Roi NerigtMac
avoit ère tué dans le combat, ces Princes prirent le parti de fe retirer chacun
chez Coi fans doute après avoir ménagé quelque trêve avec leurs~nnemis..

ARTICLE XL
~E€ PASSAGER DE f~BO ROSO ~R C~TO~;

i
Ï.abo-ro(b-ar-chod (uccéda Con Père Nérig!i(~ar il débuta u mal, i! ma-
M!te~ des inclinations fi féroces qu'il utiéna tous les efptits il n'en falloir pas
tant pour occafionner une révolution il n'avoit pas te génie de fon Pere &
il exi~oit encore un jeune Prince de la Maison de Nabuchodonofor, & Fils de
la (ameute Nitocris ceUe-ci étoit trop habile pour ne pas profiter de la pre-
<niere occafion qui pourroit faire rentrer rEmpire dans fes mains. Ainfi le Fils
de t'ufurpateur fut a0aû!né après un règne fi court, que Ptolomée n'a pu le
faire entrer dans fon Canon Cbronoiogique le tems de (on regne (e conton-
dant avec la premiere année de (on SucceCfeur. Son véritable nom < d'aiHeurt,
~tek A~o ro/e -«r chod puifque le mot de A~o entre fans ceffe dans îe
nom de ces Princes, & que la lettre L (e (ubAitue fouvent à la lettre N
<omme nous en allons voir un autre exemple.

ARTICLE XIL
~jrrocAn ET ~~Bo~
ï.
NABON-Apius étoit îiIsd'Evil-Merodach,quf avoir époufe NtT-ocMs..
Ce Prince devoit être fort jeune, & hors d'érar de (butenir le poids des a~-
faires dans la Ctaation critique où fe trouvoit rEmpire, aujUi toute la pui~'
fance étoit en quelque &con dans les mains de fa Mère.
Le nom de cène illu~re Reine e(t compofé de deux mots primitifs tres-
connus :NEtT ou NIT Prineene;OcH!< grand. Celui de jfott Fils eA <om-
pofé du nom de ~~o, Nabo, fi commun chez ces Princes; & d'ÂD, l'unique
le feu!. Les Grecs altérerent fbn nom en celui de Z.t<, Z< f«~-
7!MMj, par le même changement de N en L, dont nous venons de parler.
C'e~ fous ce dernier nom qu'Hérodote en parle comme Roi de Babylone
& Empereur d~Adyrie, ajoutant que fon nom étoit dérivé de celui de tbtt
Pere, ce qui eit vHi, puisque ce nom de Nabo, était commun cette fa-
mille.

~~j~f~~ DES ~~j~y~o~f~j~


Nitocris fit les plus grands efforts pour mettre Babylone dans le me!!feuf
état de défenfe elle t'entourade murs du côte du fleuve, & elle fit prati-
quer au~-denbus, à ce qu'on auure, une galerie voûtée, de douze pieds de
hauteur, fur quinze de largeur, pour pouvoir paner d'un Palais à l'autre, lors
m<mc que t'ennemi fe feroit rendu ma![re du neuve peut- être en même tems
pour y pouvoir mettre en fureté une partie de fes richeffes.Cette prévoyance,
ces &in~, ont été exaltés par tous les Hi&oriens mais c'etoit mo~is à. ~brtiner
Babylone qu'il ~alloit employer fes trefbrs, qu'omettre en état de défenfe les
Provinces du Royaume: ceues-ci étant perdues, que devenoit !a Capitale
avec fes étonnans remparts fes fortifications redoublées il falloir nécenaire--
ment que la chute de ~Empire de tout ~bn Territoire, entraînât la uenne s
elle n'étoit plus qu'une va~e prifon.
AufH les Medes- ce les Perfes ne prirent pas le change ils lainerent Nito-
eris fortifier Babylone autant qu'elle voulut, & maniMer par-là plus de
foibleffe ce de frayeur que de grandeur d'ame & ils fe jeccerent fur ces
riches Provinces, dont on négligeoitia défenfe & qui étoient cependant la
vraie force de l'Etat. Ils fe rendirent en particulier maîtres de l'Elymaïde &
de la Sunane, où commandoit Abradait mari de la belle Panttiée. Ainfï
ëmn divi& l'Empire Babylonien entre lès PerCes &: les Medes ainn fa. chute
ne pouvoit être éloignée.
Nabonadius devenu majeur, le fentit vivemenr, & Portant de fa léthargie,
il comprit qu'il falloit des moyens plus efficaces, pour n'être pas écr.ué il fe
tend donc avec des ttéfors conudérables chez le plus puinant Roi de l'A~e
Mineure, CRcsus.Roi de Lydie, fi renommé par fes grandes richenes, & qui
avoit déjà fecouru Babylone fous le règne de KeriglifÏar..
Ce Roi erîrayé de la puifîance que commencoient d'acquérir les Medes &
les Perfes, & perfuadé que de la conservation de Babylone dépendoit la.
~enne propre & celle de toute l'Afie Mineure, ce Roi, dis-je, ~e chargea de
fecourir les Babyloniens &: il obtint en leur faveur de Troupes nombreu-
ses de la part de tous les Princes de PAne Mineure il en obtint également
des Thraces, des Grecs, des Egyptiens même.
AinG s'ébranloit l'Aue entière contre elle même jamais on n'avoit vtt
de fi grandes Armées fur pied jamais on n'avoir combattu pour de fi grands
intérêts c'étoir le ~alut entier de l'Ane dont il s'agifloit c'étoit pour favoir
elle obéiroit à des Souverains éclairés, amis de leurs Peuples, en état de
veiller fur l'étendue de leurs Etats ou fi elle deviendroit la proie d'un feut
Defpote tyrannique qui livreroit le fort de (es (ujets à des Satrapes avides,J,
uniquement occupés à les piller à les afiervir, à leur eter toute élévation
d'ame à changer en vaftes déferts ces riches & floriffantes Contrées.
L'Armée des Princes alliés étoit compofée d'environ quatre cent vingt
mille hjommes:Ama(!s, Roi d'Egypte en avoic lui feul fourni cent vingt
mille tous gens d'élite. Les trois cens mille autres dont foixante mille de
Cavalerie, croient venus de Babylone, de Lydie, de l'Ane Mineure, de la
Thrace, de la Phénicie de la Cappadoce le rendez-vous général tut dans
les vaftes plaines de Thymbfée, pre~ du Pactole c'étoit la neuvieme année du
~egne de N~bonid l'an avant J. C.
Cyrus, inftruic de ces préparatifs immenfes, ne donna pas le tems à ces Prin-
ces allié: de venir fondre fur lui; il va les chercher lui-même au lieu du ren-
t
dez-vous avec une Armée fort inférieure en nombre, puifquelle ne mon-
~oit qu'à cent quatre vingt feize mitle hommes, dont fbixante-dix mille
Perfans ravoir dix mille Cuirauiers à cheval, vingt mille à pied vingt mille
Piquiers & vingt mille armés à la légere. Le re~e éfoir compofé de vingt-
Hx mille chevaux Medes, Arméniens & Arabes, & de cent mille Fantadins
des mêmes Nations. Outre ces Troupes, Cyrus avoit trois cens charriots de
guerre armés de raulx, tirés chacun par quatre chevaux attelés de front &
bardés à l'épreuve du trait. Ce Prince avoit encore fait condruire un grand
nombre de Chariots beaucoup 'plus grands, fur lefquels il y avoit des Tours
haute!! de douze coudées elles conienoient vingt Archers mais elles éroient
~ne charpente légère, que le poids entier de la machine, y compris ceim
les hommes n'alloit qu'à cent vingt talents, environ cinq mille livras de
notre poids. Ces Tours étoient tramées par feize boeufs attelés de front.
On frémir en voyant Cyrus attaquer dans de va~es plaines une Armée
plus forte du double, qui occupoit quarante 0:ades de longueur fur trente
hommes dt profondeur; & même fur cent hommes de profondeur dans le
centre occupé par les Égyptiens d'ailleurs, on a dit il y a long-rems, que !a
fortune ett pour les gros bataillons.
Cependant ce fut Cyrus qui remporta la viMoire, & la victoire la plus com-
plette on voit donc ici ce que peut une Armée conduite par un (eut Chef
plein de courage de génie, & d'audace, & adoré de fes ~btdats, contre
des Troupes nombreuses, commandées par dir!erens Chefs, compofëes de di-
verfes Nations, qui ne peuvent agir de concert, & qui n'ont jamais le même
ïntcrêt:aum cette multitude de confédérés fut chaffée comme des troupeaux.
Ïmmen~M devant le Pâtre qui les conduit.

F~r~ri. DE T'~y~fB~
Cette bataille eK un des événemens les ptas conudérab!es de l'antiquité
puifqu'etie décida de l'Empire de t'Ane Occidentale entre les Baby)oniens
les Perles. XEKOPHON i'a décrite dans un grand détail dans la Gyropédie il
avoit pane fur le lieu du combat & y avoit campé avec l'Armée du jeune
€yrus, t~o ans après la victoire remportée par tes Perfes qui la regardoient
encore au tems de cet Historien comme le chef-d'oeuvre du plus grand Gé-
Kéra! de la Nation c'éfoit même le fondement de leur Tactique & les di(-
pofitions auxquelles Cyrus dut fon fuccès, ont été imitées dans la fuite par
les plus grands Capitaines, par Céfar à la Bataille de Pharfate, par le Duc de
Parme dans les plaines de Picardie, o~c. Sa description eft d'autant plus pré-
deute, qu'elle e(Ha premiere Bataille rangée dont le détail foit connu avec
quelque exactitude.
On y voit ce que peut le génie contre la force. Cyrus devoit fur tout
empêcher les Confédérés de l'inve~ir, comme ils devoient le denrer, &
comme ce fut en effet leur plan pour y parvenir, il fit derriere fon Armée'
une ligne mobile de tous ces chariots de bagage qui ta fuivoient & qui
<e replioit fur (es flancs qu'elle détendoic également, & il y plaça des Trou--

pes que l'ennemi n'appercevoit pas, & qui devoient lui faire face auffi toc
qu'il ~e eroiroit prêt d'arriver fur les derrieres de l'Armée ces Troupes étoieM
en.mcme fems accompagnées de Chameaux dont les Chevaux de l'Afie
Mineure ne pouvoient'fbuienir l'odeur, n'y étant point accowtumes. Quant
à fes Tours & à fes Chariots armés en guerre, ils étoient à la première ligne.
Jamais la Cavalerie Lydienne ne put parvenir à enfoncer ces Chariots ce
la furprife que lui caufa la vive rcii~ance qu'elle éprouva lorfqu'ette Ce croyoit
au moment de prendre les Perfes en flanc, jetta parmi eux une confufion
& un dc&rdre G grand & fi univerfel qu'ils prirent tous !a fuite, toujours
fuivis par ta Cavalerie Perfane, qui ne leurdonnoit pas le tems de (e rallier.
Celle-ci prenant enfuite en flanc eUe-même le re0.e de la Cavalerie Ly.
dienne, la força de fuir & d'abandonner rin&nietie qu'elte foutenoit. Tandis
que ceci ïe paubit t la gauche des Conrcdérés, les Chevaux de leur a~te droite
furent fi rrappés de l'odeur des Chameaux que & cabrant (<f renversant les
uns fur les autres, ils emporterent leurs Cavaliers, malgré tous leurs efforts
loin du-combat.
L'Incanterie abandonnée de toutes parts par la Cavalerie, ne penfa plus
qu'à fuir elle-même pour n'être pas écrafée par ~ennemi.
Les Egyptiens qui étoient au centre, furent les feuls qui firent de la reuf-
tance; ils a'~voieMpu être rompus par le choc des Chariots; Abradate, Roi de
la SuMBM, qui les commandoit, avoit été tué avec t'eute de fes gens. Cyrus
lui-même, après la défaite des altes ennemies, ayant voulu prendre ces excet-
rentes Troupes en queae, ne put les rompre, quoiqu'il eût enfoncé les pre-
miers rangs Con chevid fut bleffé lui même renverfé par cet animât, que
Ja douleur rcndoit furieux fes Soldats, pour le dégagerfe, précipitent au mi-
lieu de cette forêt de piques. Remonté à cheval, il s*appercoit que Ces Troupes
.ont enveloppé les Egyptiens de tous cotés & que ceux-ci fe ferrant en rond,
~e couvrant de leur< grands boucliers, & présentant de toutes parts leurs
longues piques, fe préparoient à vendre cherement leur vie il ordonna donc
.t fes Troupes de les fatiguer feulement par des décharges continuelles de
pierres & de javelots. Appercevant enfuite du haut d'une de fes Tours, qu'itt
étoient les feuls de t'Armée de Créfus qui tinffent bon, il réfolut de tout ten-
ter pour &uver d'au(B braves gens & leur fit propofer de quitter te parti
de ceux qui les avoient fi lâchement abandonnés 6e d'entrer à fon fervice
tisycontendrent, a condition qu'ils ne porteroientpasiet armes contre Cré-
fus. Cyrus leur donna de beaux etabtiC<mens entr'autres les Villes de
Lari~e <k de Cylene, près de Cumes, fur le bord de la Mer, qu'on nommoit
encore du rems de Xenophon les Villes Egyptiennes.
~n~ fur di~pec cette ligue, de laquelle dépendoit le fort de J'A fie ainfï
!C6
les certes eurent le champ libre pour la conquête de toutes ces riches &
vafles Comrées. Dans le XV< tiède, une Armée de cent cinquante mille A!te.
mands dont la mpidé étoit de Cavalerie fut également diflipée par une
poignée de Payfans Bohémiens mais qui ctoient tous ou montés fur dei
Chafiors/ ou défendu! par les files qu'ils rbrmoienr~

4.
~TjTr~jRoy~~M~r~Zrrf~; w

Au~-tôt que cette formidable Armée Ce fut évanouie, Cyrus prit le che~
min de Sardes, Capitale du Royaume de Lydie. Créfus efïaya inu[i!ement de
l'aricter; il fut battu de nouveau, & il ne vit d'autre renource que de fe Mn-
fermer dans fa Capitale il fut ainfi la vicHme de cette funeKe Htunon qui
pcrfuade que les murs font la véritable défenfe du Héros, les plus forts bou-
levards d'un Etat.
A peine Cyrus eut-il inveili cette ville, qu'un E(c!ave Perfan qui avoit été
au fervice du Gouverneur de la Citadelle lui fournit les moyens de s'en ren-
dre maître ~udt-tjôt de-!à i! entra <ans peine dans !.t ville qu'il garantit du
pillage,.& eu il fit prifonnier Créfus, fa famille, toute fa Cour & tous fes
trésors. Par une politique plus humaine, mieux entendue, il ne fit pas mourir
~ce Prince mais il le traita toujours
avec beaucoup de considération & à
mort il le recommanda à fon fils.
On raconte de ce Roi Ahatique un traitqui peintbien ces enfans gâtés de la
Fortune ayant reçu la vinie de Solon illufire Phitofbphe Athénien it lui
vantoit fon bonheur le Philosophe le regardoit au contraire avec une corn"
paulon attendrinante: l'amour propre du Prince, fon cupide aveuglement
.en fut choqué il ne put s'empêcher de témoigner à quel point il trouvoit
ridicule cette façon de pen&r mais t'Athénien fans s'émouvoir lui répon-
dit d'un grand fens & d'une manière malheureusement trop prophétique
qu'on ne devoit point appeUer heureufe une perfonne encore vivante
fon bonheur prêtent pouvant di(paro!rre par une longue fuite d'infortunes.
Créfus privé de tes richeues, de fes Etats, condamné, dit-on, à périr au milieu
des n&mes,(entit trop tard cette. vérité; mais (erappeHant fur le bûcher cette
énergique converfation~I s'écria Solonjj! Selon Exchmation,qui,ajoute-t-on,
lui value la vie de ~part de Cyrus étonné.

P~ Tom. f. t:
FIN DU 7!oy~~ME r~~BrLOJv~.

Le Héros Perfan Subjugue enniire toute l'ACte Mineure, jurques à !a Me~


Egée; il enlevé aux Babyloniens la Syrie & l'Arabie Septentrionale, pref-
que tout ce qui compofoit leur Empire, à l'exception de la Chatdce il ent
prend ennn!e'chem!n, en descendant parla Méfopotamie. Nabonadius vient
au-devant de lui, à la tête de fes Troupes, pour l'arrêter dans (a marche mais
ïl eft battu, &: obligé de fe réfugier dans Bornppe, la rbrterene la plus pro-
chaine.
Cyrus dédaigne. de t'auieger, & marche droit à Babylone qu'i! inveflit.
Cette Ville bien pourvue de Troupes & de vivres, Ce dér~nd deux ans en..
tiers mais ennn elle e~ prife, pendanc que fes habitans Ce livrent aux plaifirs
d'une feie annuelle (t) &: au moyen du denechement du t)euvcdont Cyrus
&it verfer les eaux dans le grand lac qui fervoir à les faire écouler quand elles
'étoient trop hautes. S~s Troupes entrerenr ainfi par le !ic même de ce fleuve
qui raifoit la beauté & une des principales forces de cette Ville eccbre.
Une revoir plus que Bornppe; Cyrus n'eut pas de peine à s'en rendre ma~rc~
ainfi que du Roi Babylonien qu'il traita avec cette bonté & cette douceur qui
Semblent lui avoir été naturelles; & pour le'confoler en quelque foi te dans fa
disgrâce il lui donna le Gouvernement de Caramanie~ oui! nouvoit fe rendre
plus utile aux hommes que fur un Trône dont il n'avoit pas été en état de
Soutenir le poids, & qu'il n'avoit fu défendre.
Ainfi rurancanti, vingt-trois ans après la mort de Nabuchodonofor, !'Em-'
pire qu'il avoit établi en Afie & qui ayant change entierement la face poli-
tique de cette Contrce, attira à fes Succenenrs des ennemis qu'ils n'auroietK
pas eu fans ces mcccs, & auxquels ils furent hors d crat de renHer.
Cependant, il nous refie encore un objet eueniiet :c'e~ de concilier !'Htf<

(t) Cette Fête etoit la même quceeUe des Saturnales. On rappeUoIt la Fête de<
Saceet, & on la célébrolt à l'honneur du Dieu S~c ou SfSAC. Elle commen~oit le 16 du
~not! de Loy ou Lous, & duronc!nq {ours. Les Maîtres étoient alors,
nous dit ;ATHEt)<<
'd'après Bérofe aux ordres de leurs Domestiques l'un d'eux revêtu d'un
manteau royal
etoit comme le Chef de la Maifon, & portoit le titre de ZocANt Ca' Ch~dcen îJC
SU~~ntËe yice-Roi Gouverneur.
toire des SuccefÏeurs de Nabuchodonofor avec ce qu'en rapportent les Livres
des Hébreux & en particulier avec les Prophéties de Daniel.

ARTICLE XIII.
~'c~e~M~ J< /~</?o/r< Sacrée 6' de /t/?e~ Profane ~M~~ des
Rois de jS<o/
t.
C~o/ï a~rM~M ~r<~< <c/&
On diroit que le fort des Hi~onens eu: de marcher (ans cène au mu!e~
des ténèbres & des précipices à peine font-ils arrivés à une époque lumi-
neufe, qu'ils retombent au(Ii-tôt dans les plus grands embarras par la pro-
fonde nuit dont cette époque eft (uiyie alors s'ils ne redoublent d'efforts
pour fainr le vrai fil qui feul peut les retirer de cette route ténébreufe la
vérité leur échappe, & ils s'imaginent enfuite qu'il eft impofrible de parvenir
jufqu'à elle. C'eft ce que tous les Hi~oriens & tous les Chronologiftes ont
éprouvé !oi(qu'its ont voulu concilier l'Hiftoire Sacrée & l'Hiftoire Profane
au fujet des derniers Roi de Babylone, fucceneurs de Nabuchodono~br.
Depuis l'Ere de Nabon-AfIar nous l'avuns vu l'Hi~oire des A(tyriens &
des~Babyloniens étoit devenue aufli fure auul !um~neu(e, qu'ella ctoif au-
paravant enveloppée de ténèbres le règne long & glorieux de Nabu chodon-
p(or fembloit en particulier avoir mis pour toujours la certitude de l'His-
toire de Babylone hors de toute atteinte, en fixant les yeux de tous les Peu-
ples fur cette Monarchie & en taifanc de Babylone le centre des Arts
& des Sciences cependant lorfqu'il a été que~ion de comparer ce que les
Hi~oriens Sacrés & les Profanes nous apprennent relativement aux Succ<C'
~cuis deNàbuchodonofbr, les Savans les plus ditlingués n'ont vu que dinï-
cultés plus grandes les unes que les autres; & la(Ics de'luttercontr'elles, ils ont
fenoncé à la folution de cette que(Hon comme étant impodtbie à trouver.
On peut donc dire qu'elle formoit un des problêmes les plus épineux de
la Chronologie & de l'Hiftoire ancienne.
Qn nous (aura donc quelque gré d'éclatrcir cette grande que~ton on.
verra que ce n'étoit ni le défaut de monumens,ni leur obscurité, ni leur oppo-
~[ion qui rendoit ce point d'Hi(toire fi difficile à expliquer: qu'il rentroic
ainfi dans l'enfemble 4c nos recherches, qui n'oHroicnt jufques ici tant de
Li~
dirncuttés qu'à caufe des faux principes qu'on pofoit &: parce qu'on &
ïainoit plutôt conduire par des idées ~yHematiques que par l'ensemble des
~airs.
Ain~ tombera une des grandes ditncultés de la Chronologie Sacrée ce!!e-
ci devoit parolire d'autant plus Surprenante, que les Ecrivains Hébreux qui
ont parlé de ces événemens vivoient dans l'époque même dont nous par-
tons étoient contemporains de ces Princes qu'un d'eux, DANIEL a même
vécu à leur Cour~ qu'il en éroir un des principaux Seigneurs que ces Con-
trées retennn~nt encore de la gloire de fon nom & qu'on y montre encore
aujourd'hui ton tombeau. Il leur étoit donc auffi impoffible de re tromper a cet
cgard qu'àBm.oM&àABYDEMt, HiAoriensPro&ne! de ces Contrées où
ils étoient nés.
t.
Chronologie Profane des J~c~M~ A~acAc~o/zo/or,

Le CANON A(troaomique de PToi.oMEEamgneune durée de i ) ans,


tems écoulé entre la mort de Nabuchodonofor bc la prife de Babylone par
Çyrus il la partage entre ces trois Princes
J
ILVA~ODAM, t
NERt-GUSSAR, >
NABON-AMUS~ t'y
>

BEROSE, Prêtre Chaldéen qui avoit écrit l'Histoire de fon Pays, s'ae~
corde parfaitement avec ce Canon; à cela près) qu'il y'ajoute Laborofbar-~
chod, fils de Nerig)i0ar, mais auquel il ne donne qu'un règne de neuf mois,
durée qui n'a pu entrer en ligne de compte dans le Canon qui ne renferme
que des années pleines, & qui s'e& confondue avec la quatrième année coma
mencée de Nerigliuar,
).
Po~j <& /?o~~ Sacrée raldtifs < cette ~o~Bf;

DANIEL, de fon c6ré, parle d'un Prince fucceneur de Nabuchodonotoï'


dans la troifieme année duquel il eut des vifions qu'il rapporte & il l'appelle
Belfatar.
Il dit enfuite que ce Prince donnant un grand re~in toute fa Cour, Mac
)nf!<!nlui apparut qui traça des. caractères, qu'on ne pouvoit lire: que la
Reine-Mere le fit venir, lui Daniel, pour expliquer ces paroles & qu'après
ravoir fait, il ajoura que le Roi feroit tué cette même nuit.
I! parle enfuite de Darius le Mède, comme fucceueur de ce Prince, & il
trace les viuons qu'i! eut la premiere & la troifieme année de fon règne.
JÉRÉMIE (xxvn.7) & ESAIE (xvi.
n ), difent exprcuement qu'après
!e règne du fils & du petit-fils de Nabuchodonofor, ton Royaume feroit
détruit.
4.

~y~r~.MM imaginés pour ~~r quels font les ~nn<'<j dont parle Daniel.

Le nombre des ty~êmes qu'on a imagines pour trouver quel entre les
quatre Rois nemmespar Berofe, eitce!uiqueDaniet a défigné par le nom
de Belfafar, e(t auffi varié qu'il fe puine car dans ces Systèmes il fe trouve
~uccedivement être tous ces Princes & à force d'être rout~ il n'eft rien.
Selon le Savant UssERius & (on imitateur PMDEAux, il c~ le dernier
Roi de Babylone, par confequeni Nabonid: pouvoit-il ne pas t'être! il eft tué
dans un Feftin, au moment où Daniel vient de lui dire que fon Royaume
feroit partage entre les Mèdes & les Perfet c'eft donc~conctuoit-on.te der-
nier Roi, celui fous qui Babylone tut prife & fon Empire détruit.
Selon SC.AI.IGEP,, c'e~ïon predeceneurLaborofoarchod.
Selon DEsv!Gt.oi.Es, qui a rendu de fi grands &rvices a la Chronologie
Sacrée, c'eR Nerigliffar.
Selon CONRINGIUS, MAMHAM, le Préndent BouHiER, FRERET, c'eft Evil-
merodach.
Nous citerions auffi les ~avans Auteurs de rHi~oireUniTerfeMe, s'ils avoient
une opinion à eux fi après avoir embraffé dans t'Hi~oire des Babyloniens le
dernier de ces fy~cmes, iisn'étoient revenus dans celle des Medes à celui
d'UfTerius qui en e<t précifcment l'Antipode.
Ajoutons que le ~ydeme de Scaliger a été adopté par le Savant & judi-
cieux Auteur d'un manuscrit fur les Rois d'Auyrie qui a bien voulu nous
communiquer depuis peu fon Ouvrage & à cet égard nous ne pouvons trop
regretter que l'autorité de Scaliger d'un coté, mais fur-tout l'idée que Na-
bonadius n'étoit pas petit-fils de Nabuchodonotor, lui ayent fait voir Belfafar
dans Laboroibarchod. Plus nous avons l'avantage de nous rencontrer fur divers
points avec ce Savant rcfpcctabie, & plus nous aurions eu de plainr de pou-
voir Suivre également fur ce point la même route que lui.
A cène première que~ion s'en joignoit une autre puisqu'il ralloit déter-
miner non-feulement qui étoit Belfafar mais encore qui étoit Darius le
Mède.
Dans le (y (terne d'Unerius, Darius le Mède étoit Cyaxare Roi de Medie J
oncle & ami de Cyrus dans le ~ytlême de Marsham, ce Prince étoit un des
derniers Rois de Babylone ennemis de Cyrus.
On voit que ces fy~êmes ne pouvoient être plus oppof~s un d'eux cepen*
dant devoit être vrai mais tous tbnt appuyés ujr de fi foibles preuves que
la vérité même refioit noyée fous un amas d'obscurités & de difficultés qu'on.
ne pouvoit difuper.
C'eft que les Savans Auteurs de ces fyu:êmes ne procédoient pas dans cette
recherche avec l'exactitude qu'e)te*exigeoit ils n'ont point rapproché les traits
cpars! de ces tableaux ils lie les ont point comparé dans leur enfemble ils
ont laiffé de côté les preuves les plus convaincantes. Ainfi il en arrive à qu~
conque prend un parti avant un examen funuant, troid & tranquitte.

()j!JET~ ~~MONT~ER.
Quant a nous, nous allons démontrer
j °. Que le Belfafar de Daniel eft l'Evilmerodac du Canon Aflronomi.;
que.
a. Que Darius le Mede eft Nerigtinar.
~°. Que Nabonid étoir petit-fils de Nabuchodonofor.
Trois points qui étabtiueHt la plus parfaite harmonie à cet égard entïO!
l'Histoire Sacrée & l'Hiftoire Profane,

PREMIERACCORD,
~~f~j<A </?~ ~~M~o~ono/or 6' le ~e/n~ ~M'o~cA,
EVIL-MERODACH, nous dit Bero(e, fut nts~ mcccueur de Nabucho~
donofbr. C'étoit un Prince indigne de fon rang it (e conduifoit ( <:no7n<~ ~<
~/<)~tyo~ y!</< auû'i e0:-itfurnommé~f<7, ou l'Infenfé. S'étant ain~
jcendu infupportable à fes Sujets il fut tué dans un refUa par Con Beau-fterç
~er!gtifïar, après deux ans de regnec'e(t à dire dans fa troineme année
commençante & fon Beau Frère lui fuccéda. Voilà donc autant de caractères
qu'il faut retrouver dans Belfafar.

~~jt.<jt ~MM~ co/H~HM~ tous cet Caracléres.

Belfafar eu: con~amment appelle fils de Nabuchodooofor il eA représente


comme un Prince indigne de fon fang il ett tué dans un refHn qu'il donne
aux Seigneurs de fa Cour.
i~. Il e~ n!s de Nabuchodonofor. C'e~ !a qualité que lui donne trois foi.
la Reine dans le V. Chap. de Daniel. Ce Prince la prend lui-même & Da-
niel lui dit auffi « Et vous, Be~r, vous qui êtes ton fils, ( parlant de Nabu-
chodonofof ,) vous n'avez point humilié votre cceur, quoique vous fuffiez
M toutes ces
chofes ». Et quelles étoient ces chofes L'humiliation qu'avoit
fubie Nabuchodonofor, & les caufes de cette humiliation; & à qui pouvoient-
elles être mieux connues qu'à un fils Z

De plus les Juifs de Babylone écrivant à ceux de Jérusalem, cinq ans après
!a prife de cette Ville &: leur envoyant de l'argent pour o6rir des ~acrinces en
leur nom, leur dirent ( < )
» Priez pour la vie de NABucHocoNosoRRoi de Baby!one & pour la vie
M
de BELSASAR fon FtLS, afin que leurs jours fur la Terre foient comme
les jours du Ciel que le Seigneur nous donne la force &: qu'il éclaire nos
M yeux pour
vivre fous l'ombre de Nabuchodonofor Roi de Babylone, &
Il fous celle de BELSAsAR ton F!i.s que nous les fervions long-tems & que
*< nous trouvions grace devant eux".
t°. BEi-SAS~n étoit un Prince indigne du haut rang auquel l'avoient appelle
fa naiHance & les vercus de fes Ancêtres. Daniel nous l'apprend dans ce Chap.
,V. où il explique les caractères traces fur la muraille par la main Prophé-
tique.
Voici la maniere dont Daniel raconte cet événement mémorable & fi
conforme à ce que l'Hi~oire profane nous dit de ce Prince.
BEis-AsAtL donnant un grand îeMn aux plus grands Seigneurs de la Cour,
& étant déjà pris de vin, 6t apporter les va(es d'or & d'argent que ~bn Pert
ï~abuchodono(or avoit emportés du Temple de Jérufalem il s'en Servit pour
y boire, lui, fes femmes Se toure fa Cour, en inlultant au Dieu des Hé-

(') BA&ucH I. u. ii. Tradu~onde M. de Sacy.


breux au même moment, on vit paco~re comme la main d'un homme qui
écrivoit près du chandelier <ur la muraille de la Salle le Roi vit le mouve-
ment des doigts qui écrivoient;it fit un grand cri & appella les plus Savane
des Chaldéens pour lire & expliquer cette écriture promettant le Collier de
fes Ordres à celui qui la déchin'eroit, & de l'élever à uue des trois premieres
places de Con Royaume. Aucun d'eux ne pouvant en venir à bouc, !a Reine
indiqua Daniel au Roi comme la feule perfonne en état de faire ce qu'il
defiroir. Cct'ti-ci lui rappeUant la manière dont fon Pere avoit été puni à caufe
de fon orgueil, ajoute qu'en punition de ce qu'il venoit de faire tui-même,
fentence venoit d'être prononcée contre lui qu'elle conçoit dans ces
une
mois MNA, MNA THE-QEL OB-PHARStN nombre no~r< ~0<~ ~tV~on i
& qu'ils ugninoient: « vos jours ont été comptés & ils font a!eur nn: vous avez

M été trouvé léger à la balance & votre Royaume a été divifé entre les Mèdes
& les Peines Beif- Afar eut a(Iez de confiance dans les lumières de Daniel
pour tenir ~a parole, quelque foudroyante que fût pour lui une dénonciation
pareille cependant la même nuit il fut tué; & Darius le Mède lui (uccéda
l'âge de ~oixanie~-deux ans. Celui-ci touché. du (avoir de Daniel, connrma la
promené de Belf-Afar, & ayant établi fur fes Etats cent-vingt Satrapes
qui relèvement de ticis grands Seigneurs, ou Minières, Daniel fut le premiet
de ces trois.
On a beaucoup difcuté fur la maniere dont ces mots étoient écrits & en
quels caractères, puifqu'aucun Sage n'avoir pu les expliquer mais il faut les
conudérer comme une fentence énigmatique, qu'il eft impombfe de com~
prendre ler(qu'on n'en a pas la c!ef: il falloit même qu'oA pue les lire afin
que Belfafar pût comparer l'explication avec l'objet à expliquer fans quoi, on
auroit pu accuferDaniel de faire le Texte & le Commentaire.Quant aux mots
en eux-mêmes, ils font vraiment orientaux primitifs & communs à tous!e:
Peuples: mna ugninant compter, ed égatement Grec, Latin, &c.r~ 9
compofé de léger, vite, appartient également aux mêmes Langues :~A«/'j',
divifion prononcé appartient aux Langues Occidentales, & il exifte
egatement en Perfan avec fa prononciation en F.
Mais que vouloir dire la main Prophétique par ces mots Symboliques
!iés à t'euenct des choses puifque tout eA fait avec nombre, poids & <nc-
fure & que rien ne peut fubn~er ~ans~ la réunion de ces trois? On fent fort
bien que c'étoit une dedru~tpn, puisqu'on ne voyait ici que nombre &
poids; & que </n~n avoit pris la place de mefure mais quelle étoit cette
déduction, quels en étoient l'objet & le genre ç'eO. ce que la main feule
pouvon
pouvoit expliquer avec une <ageue Semblable à celle qui arrange tout avec
ncm~< poids & mefure. Cependant je ne Cache perfonne du moins entre
tous nos Commentateurs qui ait fait attention à la Nature de cette énigme
~mbolique & fublime.

SECOND ACCORD.
Darius le Mède 6* .A~n~r font /< mime Perfonnage.

NERI-GL-ISSAR, ou plutôt Neri-gal-alar, Cuccéde félon les Hi~onen~


Profanes, à Evilmerodach qu'il avoit anamne quoique en eût époufe la
~oeur il n'étoit ni du Sang Royal, ni Babylonien pour fe foutenir dans fon
ufurpation il déclare la guerre aux Mèdes & aux Perfes & cette guerre pen..
dant laquelle il perdit la vie dans un combat, ne finit que par la ruine de
l'Empire Babylonien, vingt-un ans après que Nerigliuar fût monté fur le Trô-
ne d'ailleurs, ce Prince ne régna que quatre ans.

.P~Aft~ le .Af~.D~ réunit tous ces C~M~r~.


DARius !e MtDB réunit & réunit feul tous ces Cara~cres de la manière
!a plus fenuble.
Darius le Mède eA ~ucce(!eur d'un fils de' Nabucbpdonofor d'un Prince
mis à more dans un fMin. Jl e(t étranger & au Sang Royal & à la Nation
à lui commence une guerre qui dure vingt-un ans, & qui finit par la ruine
de l'Empire. C'eft ce que nous allons prouver.
Les trois premiers font déjà établis par tout ce qui précède, & on en con-
vient de part & d'autre. Ce que nous devons prouver, & qui décide haute-
ment de la personne de Darius le Mède c'e~ qu'il étoit ennemi & non ami
de Cyrus, par conséquent qu'on ne peut voir en lui Cyaxare oncle de ce
dernier Prince, & qui remplaça le dernier Roi de Babylone.
f. Daniel introduit fur la&ène l'Ange du Royaume de Babylone, & lui
fait dire, ( xi. i. )
M
Des la premiere année de DARius de la raeë.des Mcdes j'ai trav~Hé pour
raidex à s'établir & à Ce fortifier dans fon Royaume le Prince du R.oy.tu-
me des Perfes nia réufté.
DARius le Mède étoit donc en guerre avec les Pertes ce n'etoic donc pas ce
Prince ,Mede, oncle de Cyrus, auquel celui-ci céda, dit-on, Babylone pour le
.D~.ToM.7. M
re~e de Ces jours; c'étoit donc le Mède qui ayant ufurpé le Royaume de Baby-
tone, occarionna une guerre entre les Babyloniens & les Pertes, qui finit par
!à ruine de FEmpire Babylonien. On ne peut donc roir en lui que le Mède
Merigliuar.
t". Ce qui e(t encore plus remarquable & que perfonne n'a observe
c'eH: que Daniel compte entre le commencement du règne de ce Prince, de
Dariu~le Mède & la prife de Babylone, vingt-un ans prédfcmentle même
tfpace de tems que le Canon de Ptolomée admet entre Nerigliffar & la prife
de Babylone car re!!e eft la fuite du Di&ours de l'Ange de Babylone.
Le Prince ( l'Ange ) du Royaume des Perfes m'a rén~é vingt- un jours
Or tout le monde fait qu'un jour e0: un an dans le Ay!e prophétique. Voilà
donc vingt-un ans entre les commencemens de Darius le Mède & la prife de
la ville. H ne peut donc cire en aucune maniere Cyaxare Oncle de Cyrus.
AinG croulent tous les fy~êmes imagines jusqu'ici pour déterminer quel étoit
ce Prince entre les fucceueurs de Nabuchodonofor. Le fyMme qui avoir
rencontre le vrai, comme par hafard & fans qu'on pût le démontrer en ac-
qu!ert une force abfbtument nouvelle.
Mais puifque nous parlons ici des jours prophétiques montrons com-
ment un jour a pu ngniner un an d'une manière très-naturelle. Le mot pri-
mitif qui déngne le jour, ugnine également le Soleil pour dire jour, on di-
foit donc anye/ comme nous dirons <ft<n~o/<~<t/'<ïM~r<. Mais G un jour
s'appelle un Soleil, l'année, à plus forte raifon put s'appeller dans le (tyle fu-
Mime& métaphorique, un~c/ilétoitau01 auede dire d'UM manière
intelligible j'ai vu vingt Soleils,que de dire <~< v~f/oM/<ïtyM/< So/o«-
y<<y<ï carriere, expreHion qui peut s'appliquer & à vingt jours & à vingt ans.
AuCI pour conferver la force, l'élégance & la fublimité du mot original, il ra~
droit traduire reYpreCton prophétique, non par jour, mais par Soleil le P~/t-
~« Royaume des Perfes m'<t r~M< ~M7ï SoLEin.

TROISIEME ACCORD.
A J~y/cne
Le dernier Roi de ~on< /'<~ A~~NcAo~cno/er,
ni ailleurs.
t/ tué ni

Ennn le Royaume de Babylqne ne devoit périr que fous le règne dtt


petit-fils de Nabucbodonofbr~ &ce Prince loin d'avoir été tué à la prife de Ba-
bylone, n'étoit pas même dans cette ville. Deux caractères déei~rs & iut Ie~
quels regne l'accord le plus parfait entre l'Hifbire facrée & la Profane ce
que perfonne n'avoir vu & que nous allons démontrer.
i". Nous avons déjà rapporté les pa(fages d'Ë&ïe & deJérémie qui dé-
clarent. que l'Empire feroit détruit après les regnes du fils & du petit-fils de
Nabuchodonofor.
Or, Nabonadius étoit ce petit-fils, même félon les Hifbriens Profanes.
HERODoTt qui l'appelle Labynit, dit qu'il croit fils du Roi qui avoir époufë
Nitocris, & ce Roi eftEvilmerodac ou Belfafar. BtRosE l'affirme également ¡
car il dinque ceux qui avoient mis à mert Labororoarchod choiGrent pour
~cj
Roi JV«~o?m~ ( tini <~ ~jc ) un de ceux de (la Maifon de ) Baby-
!oBe)oequietoit,a)oute-t-it,de!acon<piranon.
t*. Les Hifioriens Protanes nous apprennent que ce dernier Roi ayant per-
du une bataille contre Cyrus, fe réfugia dans Bornppe, & qu'il n'Ctoit poinc
dan$ la ville de Babylone-quand Cyrus l'adegea. Mais l'Ht~oire Sacrée s'ac-
corde en cela avec la Profane, yerénue y e~ exprès voici comment il s'expri-
me :(i)
Toute la Terre fera dans l'émotion & dans l'épouvante, parce que le Seï<
M
gneur appliquera fa penfee contre Babylone pour rendre ce pays défert & r' in
habité. Les vaillans hommes de Babylone <e font retires du combat, ils font
M
demeurés dans les places de guerre ( après la bataille ~<r~«<?, ) toute
» leur force s'eft anéantie: ils
font devenus comme des femmes leurs mai-
» fbns ont été brûlées & toutes les barres en ont été rompues
w Les Couriers rencontreront les Couriers &: les. MefÏagers fe rencon-
» treront
l'un l'autre, pour aller dire au Roi de Babylone que fa ville a été prife
f d'un bout à l'autre; que l'ennemi s'eft.emparé des gués du fleuve qu'il a
mis le feu dans les marais, & que tous les gens de guerrefbnt dans l'épou*
M vante".
v Pouvoit-on exprimer d'une manïete plus énergique quelle Rot de Baby-
lone n'étoit pas dans cetue ville lor(qu'e!!e fut prife, & qu'il n'en apprit It
nouvelle que par les Couriers qu'on lui expédia l'un fur l'autre

f
Il eft donc prouvé que Belfafar! eft le propre fils. de Nâbuchodonofor le

'O.
même qu'Evitmerodac, & qu'il fut tué, non au flége de Babylone, mais pa~
fon beau-frère.
-'4. '#/
1

(i) Chap. Ll.t) ;o 3t Trad. de M de Sacy.


M!j
Que Darius le Mède e~ ce beau-frere ou NerigtiHar qui commençai
guerre contre Cyrus.
Que N&bonadius croit peHt-nts deNabachodonofbr,c~ qu'il n'ctoir pas
dansRabytonQ.!prjqu.'eHetutpfi(e.
Ce point-d'Hifloire qui accorde les Hi~oriens Sacrés &: les Profanes, devient
doncàu~ ctair&~ao~ lumineux qu'il paroiSoit obscur &impofnb!e à con-
cilier. Ce n'e~ pas to,ut npusavons encore à prouver qu'entre le dernier Roi
de Baby!one Cyrus, il n'y a point eu de Roi intermédiaire & que !e re-
~le de~yaxare à .B~bytone d'aptes !a; ceÛlon de Cyrus, e~ une pure imagina-
tion un fonian.dont pn ,t pronce potur faire quadrer avec rHiAoire la ~uppo-:
fition que BeHaf~r étoit le dernier Roi Babylonien..

Entre ~t~n~M~ Cyrus il /ï*y a point <M Prince ~rw~~wï.

Une première erreur en entraîne neceOairetnent d'autres à fa fuite dès


qu'on étoit perhtade que Belfafar etoit !e dernier Roi Baby!on!en le même
que Nabonadius, on étoit forcé de mettre Darius le Mède entre ce dernier
& Cyrus. Mais t". Hérodote, Diodore,~ le Canon de Ptolomée ne met-

toient aucun intervalle entre ces deux Princes: que 6c-on on alla chercher
dans la Cyropédie, un Héros de Roman, un Cyaxare, fils d'ARyages grand-
père de Cyrus & Roi des Mëdes:& de cet onc!e de Cyrus, on en fit un
Roi à qui Cyrus céda !e Royaume de Babylone & qui pm le nom de~Da-
pus le Mède. Rien ne quadroit'mieux mais ce n'e<t qu'un Héros de théâ-
tre, un intrus qui ne t'accorde avec aucune Histoire, & qui tombe dès que
la vérité ~e manifeste.
x~. Cyrus n'çtoit pas de caractère à céder un Etat comme celui de Baby<
!one loin d'être ucomptaitâht avec la Famitte Royale des Mèdes, il paroît
qu'i! h dépouilla au contraire d? tes propres Etais & qu*.Afiyage& mourut
dans une espèce d*cxit. Du moins Xenophon dans la retraite des Dix mille (i)
parlant des ViHes de Lanu~ & de Me(pita (uf la rive orientale du Tigre ou.
it j~ana avec !es Gre<N, die que les Mèdes avoient habite autrefois Larina t
que le Roi de Perte l'avoit prife fur eux dans le tems que ~/n~~< leur

~)Uv.Uj,
M~ par les Perfans il dit de même en parant de Mefpila que cène

/<.
Ville avoir été autrefois habitée par les Medes & qu'ils la perdirent <!f«'
Il ajoute que c'cA dans .cène derniere Ville que s'étoit réfugiée la
Reine de Médie, & qu'elle y foutint un long uége contre les Perfes.
Enlever aux Mèdes leurs Etats, améger leur Reine exiler leur Roi, ce
~ont des acHons bien opposées à la généronré de céder à un oncle un Em-
pire entier.
3
D'ailleursXenophonne dit point que Cyaxare II. ait regné à Babylo-
ne, pas même qu'il s'y foit jamais rendu Cyrus, &!on lui, alloit fbuvenc
vifiter Cyaxare à Ecbatane mais Cyaxare lie vient jamais à Pabylone.
Ajoutons que le favanc FRERET a fort bien prouvé (i) que la Chronologie de
la Cyropédie eA remplie d'anachronifmesqui démontrent queXenophon n'a-
voit en vue qu'un Roman philofophique, & non une Hilloire exacte aind
H avance de vitagt.ux ans la prife de Babylone par Cyrus, & de vingt-huit
Ïa défaite de Créius ce qui, de la part d'un homme tel que Xeaophon, prouve
qu'i! ~e propofoit moins de composer une Hi(toire qu'uti Roman ce n'e(t
que dans ceux-ci, de même que dans Jes Poèmes épiques, qu'il eH permis
d'arranger les événemens à fa &ntaiue quelque l'on y joigne beaucoup de
chofes très-vraies & trcs-curieu~es.
Enfin Daniel lui-même place Cyrus fur le Trône de Babylone immédia-
tement après la guerre de vingt, un ans, preuve à laquelle on n'a jamais &ic
aucune attention.
L'Ange de Babylone, après avoir dit que le Prince du Royaume des
Pertes lui avoir réufté yingt-un ans, ajoure Enfuite j'ai demeuré là près
M
du Roi de Per~e, de Cyrus. Ce Mède qu'on place entre la fin de la
guerre & Cyrus, eft donc un vain fantôme, par le Texte même de Danie!.
t.a guerre commencée à l'occafion de Darius le Mède dure vingt-un ans. Elie
<6nit, & Cyrus eft Roi de Babylone.
Et que ce (oit Cyrus dont il foit ici quellion c'ef!: ce qu! résulte égale-
ment de la fuite du discours de l'Ange II y aura ajoute-t-il encore trois
» Rois en Perfe le quatriéme fbulcvera tous les Peuples contre les Grecs.
Ces trois Rois font Cambyfe, Smerdjs, & Danus le quatrième ett Xer-
xes, qui amena contre les Grecs tous les Peuples connus de l'Ane & de l'A-
&ique.

(i ) M~m. de: iBfcr, & B. L. T. VII.


ARTICL E XIV.
Des Pfo~M <<<MM< ~o~M~ 6' ~M «rm~M~Fro~A~.
ï.
C/«r~ ~< M r~oar Parrangeraent des Prophitirs de Daniel <«/M//<~
Si une erreur en entraîne d'autres à & fuite la découverte d'une vente
en: un flambeau qui diCipe une multitude de din~cuttés & devant lequel tout
s'applanit. C'ed ce qu'on éprouve ici en teconnoinant Be!(a<ar dans Evit-
merodach, t'HiRoire Sacrée & l'HiAoire Profane font parfaitement d'ac-
cord, & tes Prophéties de Daniel dont l'arrangement étoit fi difficile, brillent
d'un nouvel éclat par t'harmonie qui en réfulte. ·
i". Ce n'eA point lorfque l'Empire de Babylone anéanti eA déjà entre tes
mains des PerCes & des Mèdes ce neft point torfque Capitale eft déjà aP
fiégée depuis deux ans ~c qu'elle va être priïe que Daniel annonce à (on
Roi, comme on le prétendoit la deftru~Hon de fon Empire; c'e& deux ans
après la mort de Nabuchodonofor c'eft lorfque cet Empire eO. au plus haut
degré de fa (ptendeur, tor(qu'il jçuit de la plus profonde paix que t'Orienc
~tonn6 de la grandeur de fes Rois, de leur puif~ance redoutable, n'ofe <bu-
Ner devant eux: que tout eA fournis au dedans & au dehors c'cA dans un
tems où le fils du Conquérant de l'A~e, enyvré de fa gloire que rien ne
trouble donne une fête fuperbe quel moment pour annoncer à ce Prince
qu'il va périr, que fon Empire va être partagé entre tes Mèdes & les Perfes
9
entre ces Mèdes ju<qu'a!ors AHies des Babyloniens & ces Perfes qu'ils mc-
prifoient Autrement, lequel des Sages de fa Cour n'auroit pu dire la même
chofe t
C'c(t ce qu'a très-bien vu FREM-r. Après avoir prouva que Belfafar eft
EvUmerodach, il ajoute en parlant de la manière dont Daniel lui explique les
caractères tracés par la main merveiHeu& "c'étoit-Iàune Prophétie bien claire
» de la conquête de Babylone par les Perfans mais c'étoit une Prophétie;
c'eH-à-dire, la prédiction d'un événement futur qui ne pouvoit être con-
« nu que par
révélation, & que t'efprit humain ne pouvoit prévoir naturelle-
ment. Si la ville eût été afïtégée alors, fi l'Euphrate avant été détourné de
ion lit, eût donné dans ce moment m~me entrée aux Perfans dans la yi!te.;
fi auSnôt âpres t'explication de la viuon de Battha<ar, les troupes de Cyrus
).
M eotÏent attaqué le Palais, comme le dit PRIDEAUX, il me femble que D~
M niet pouvoit ravoir
toutes ces chofes (ans révé!ation ta conduite du Roi de
» Babylone, la connoiHance de fbn caraûcre & de t'habitetedc Cyrus, devoit
X)
faire prévoir à Daniel quelle feroit la fin de cette guerre. La prédiction de
w Daniel tut donc une yen~/e P/'opA~/<
i". Si Darius le Mède e(t po(téneur à !.i prife de Babylone, la vifion que
Daniel eut la premiere année de ~bn régne n'en eft pas une. Il en e(t ainfides
autres fur-tout de cet!es rapportées aux Chapitres X & XI mais il eft terne
d'eu re~ituer l'ordre chronologique.

CHRONOLOGIE DE D~jvjr~z. AMHjÉt!!9


aVMtJ.C.
L<tpremiere année de Nabuchodonofor (Chap. I.) Daniel eft emmené en
~0~.
captivité à Babylone. qk:

La feconde année (Chap. II), il explique à ce Prince le fonge de la ~atue ~3.


composée de plufieurs métaux il y annonce quatre Empires fucceCEts, qui
feront remplacés par un Empire qui ne fera jamais déiruir.
La premiere année de Belfafar (Chap. V II) il a la vinon des quatre ~T-
animaux qui repréfentoient quatre Royaumes.
La troineme année du même Prince ( Chap. VIII) il .t la vinon du bélier, t~.
du bouc & de fes cinq cornes.
Cette Prophétie eft datée du Palais de Sufe au pays d'E!am, fur les bords
de l'Ulaï.
Le Mot oriental qui ngnine ici Palais. eA A<rA. yo&phe dans Ces An"
tiquités ( i ) dit que Daniel avoit bâti non à Ecbatane comme portent au-
jourd'hui fes Exemplaires, mais à Sufe,
comme ils portoient du tems de Saint
Jérôme qui a cité ce pauage en rbrme de Château, un édince célébre qui
~ubMoit encore de fon rems qui fervit de Sépulture aux Rois des Pertes &:
des Parthes & dont la garde étoit confiée encore de ~bn rems à un ~uiE Il-
dengne ce monument fous le nom de Baris ce qui eu. le même mot em-
ployé par Daniel.
C'e& également ce mot qui eft entré dans la compontion de celui du ta-

(~Uv.X.Cb.XlI.
byriathe~ «/r-<M/t, le Palais du Soleil & il exifte encore de nos jours ave<
la même fignification dans le Pérou.
La même année, ( Chap. V.) il explique à Belfafar les caractcres
oracés par la main prophétique.
Cette même année ( Chap. 1 X ) la premiere de Darius le Mède il a la
viGon des LXX femaines d'années. Le récit eft précédé de la belle priere qu'il
adreffa à Dieu pour lui demander la fin de la captivité dh Peuple Juif & au
~ieu de cela, il apprend ce!!e d'une durée de LXX Semaines d'années qui de-
voit Succéder à ces LXX ans de la captivité, & dont les ~vénemens font la
bafe du ChriOianiune.
n<. La troinéme année de Cyrus, il a la célébre vinon ( Chap. X XI, XII )
relative aux Empires qui s'éteveroie'tt après celui des Pgftes. C'ett au Chap.
X, ï qu'il nous apprend d'un (tyle Symbolique que depuis Darius le. Mède,
jusqu'à Cyrus, il y avoif eu entre les Babyloniens & les Perfes une guerre
de vingt un ans, qui avoit fini par la ruine des premiers.
Et que ces vingt-un ans doivent commencer à D~ius le Mcde, de l'aveu
même de Daniel, c'eft ce dont on peut d'autant moins douter que le. fujec
qui en amené le récit eft relatif à la priere de Daniel faite la première année
du règne de Dàrius le Mède intervalle donné, auquel il eft bien étonnant
qu'on n'ait pas fait attention; on n'auroit pas bouleverse, comme on a fait la
Chronologie de ces cems-

Z? ~.j
Tel e~ l'ordre chronologique qu'o8rent les Prophéties de Dan!e!, & qu'on.
avoit cependant totalement perdu de vue qui avoit échappé non-feulement
a ceux qui n'y croyoient pas mais fur-tout à ceux même qui y croyent cet
ordre, ces époques, ces prophéties, le rang illu~re de celui fous le nom de
qui elles paroinent, tout doit iméreucr l'attention du Philosophe, de l'Ob~ër-t
valeur exact il a rarement d'auffi grands ipectacles fous les yeux & l'Hifioire
d'un grand Homme, fut-il un impo~euf, doit tenir nécenairement une
grande place dans les faftes de refpht humain & de tes révolutions. Nous ne
faurions donc omettre ici quelques détails furunperfennage tel que Daniel,
qui a joué un auffi grand rôle pendant la durée entiere de l'époque qui fait
l'objet de cet Enai d'Hi&oire Orientale de ces détails même dépend ndée
c[ue nous devons nous former de ces tems ce de ces Prophéties.j
L'Once
L'Orient d'ailleurs ed retnpti de la gloire de fon nom, & d'admiration pour
~i: les révolutions épouvantables qui ont ravagé tant de fois ces Contrées,
-qui ont erfacé tant de monumens qui ont fait difparo~tre les'noms de tant
de Monarques, n'ont rien pu contre ce personnage illu~re & de même que
les Orientaux montrent chez eux te tombeau de Job, celui de l'immortel
JLocman, ils montrent dans la Suuane celui de Daniel ils le font voir en-
core de nos jours, avec emprefïement, aux Voyageurs modernes, comme ce
qu'ils ont de plus précieux & ce tombeau e!t digne d'un Prince. Ils ne fe con-
tentent pas de ces redes froids & inanimés ils repréfentenr Daniel comme un
des plus grands Satrapes de la Babylonie & de la Perfe comme le Vice-Roi
deIaSunanefbusCyrus.Son avancement e~tbndé,fe!on eux, ~ur~(agefle;&:
cette Cagetfe brilloit fur tout dans (on habileté à expliquer les (bnges.
Expliquer les longes, nous paro~t à nous Occidentaux de grandes reve-*
ties pour les Anciens, c'étoit une grande ïcience louer quelqu'un à cet égard,
c'étoit le noa-«j.H/~ de i'étoge c'étoit élever une peribnne au faite de la
g!oire:tet étoicie goût orientât: il Ce plaît dans les préfages, dans les Congés,
dans les vidons, ain6 que dans la Science A(b'o!ogique qui les H)re6ce en-
core, de même que l'Europe en a été inMée jufqties dans ces derniers Cié-
des. D'ailleurs l'explication des (onges~ tenoit aux connoiftances les plus par-
~tites de ce tems-là, aux conhoinances Civiles, Phyfiques & Hyérogiyphique!.
Telle fut donc l'habileté de Daniel dans l'explication des fonges, qu'elle
releva du rang le plus fâcheux aux places les plus éminenies qu'elle lui valut
la confiance 'des Rois les plus itiudres.
Il étoit, il e~ vrai, de la Race Royale des Hébreux mais qu'étoit cette
Famille quand ce'Royaume rut éteint Dans un âge peu avancé il fut enve-
loppé dans les malheurs de cette Famille & de Ca Nation & avec nombre d'au-
tres emmené jen captivité par Nabuchodonofor, la premiere année du regne
~e ce Prince. Ce qui devoir être la Source de Con malheur, fut celle de (a haute
élévation: un fonge qu'avoit eu Nabuchodonûtor& qu'il lui expliqua, lui at<
tira la confiance de ce Prince elle dut monter à ron comble, lorsqu'il rur re-
venu en Con bon fens. ~'explication des caractères tracés par la main fblitaire
lui valut l'efUme la confiance de Darius le Mcde. II en,fit un des trois prin-
cipaux Satrapes de ton Royaume ce haut rang & la manière dont il avoit
annoncé le réraMinement des Juifs par Cyrus lui .mérita également la faveur
de ce nouveau Roi, &.la continuation de la Vice-Royauté de la Sufiane au(M,
<;omm.e nous l'avons vû, une de Ces Prophéties eft datée du Palais m2me qu'il
~voit dans cette belle Province. C'eft la feconde fois que la Prophétie & le
/?~. Tom. 7. N
Gouvernement d'un grand Peuple, étoient hors de la Judée réunis fur une
memetëre.
Ce Vice-Roi avoit cependant près d'un necte, tors même qu'on ne lui fuppo-
feroitqu'une quinzaine d'années quandiirut emmené en captivité,puitque l'an-
née fuivante il fut en état d'expliquer le fonge de Nabuchodonofor: ce n'eR pas
un enfant qui peut avoir cette fagefle. Depuis ce tems'Ia jufques à ta derniere
Prophétie, la troifienie année de Cyrus, il s'écoula (bixante-dix ans. A cet âge
il devoit être un grand phénomène, par fon rang, par fa <agene, par (es liai-
sons nngulieres avec cette Famille Royale de Babylone qui n'éroit plus, & à
Jtaquelle il n'avoit cène de prédire les malheurs non vraisemblables qui fon-
dirent fur elle.
Il ne falloit pas moins que ton profond favoir pour rélever du rang le
plus infortuné, aux premières places de l'Empire chez des Peuples ennemis,
dont la Religion n'étoit pas la fienne, dont les Prêtres couroieni la même lice
que lui, & auxquels il n'annonça jamais que des malheurs. C'eft plus qu'il n'en
faudroit de nos jours pour faire enrenner quelqu'un aux Petites Maisons.
Quelles étoient donc ces grandes Cours de l'Orient ou quel prodigieux
afcendant n'avoit pas pris Daniel !ur tous les esprits ? quel génie ne falloit-il
pas pour foutenir & conferver cet afcendant pendant un fiècle prefqu'entier?
S'il rut un perfonnage extraordinaire à tous ces égards, il ne le fut pas
moins à beaucoup d'autres, fur-tout en le comparant aux autres Prophètes
Hébreux à cet égard, il oSre une foule de caractères auxquels on n'a pas fait
auez d'attention. Tout le di~Ungue d'eux longueur du tems pendant lequel i!
prophétisa grandeur des événemens qu'il annonça clarté de (es prophéties
Supérieures dans ce genre à toutes les autres, parce que les événemens s'appro-
choient & tel eH. le caractère de l'ensemble des Prophéties Hébraïques, qu'à
mefure que le tems de faccompliuement approche, leur annonce fe développe
& devient plus précise plus détaillée, plus claire.
Ajoutons à ces traits, la parfaire harmonieqn*om'ent fes nombres prophé-
tiques, avec ce que la Nature Agronomique a de plus exact harmonie qui
auroit été inconnue, fi un Savant de nos jours, l'un des plus grands Agro-
nomes de notre neci: n'avoit rapproché la révélation de la Nature étude
qu'on dédaigne, & qu'on devroit faire cependant, lors même qu'on ne
verroit que l'homme dans la révélation puifque ce feroit l'enbrt le plus pro-
digieux de l'eïprit humain, l'effort de l'homme !e plus profond dans la con-
noinance de la Nature l'enon d'un homme divin dont jamais aucun morce!
approcha en force que fe vouer à l'ignorance de ces choses, c'e~ fe priver
de très-belles connoinances.
La découverte de ces Cycles parfaits dont nous parlons ici, eft confignée
dans les Remarques Zft/ïer~Ke~, Chronologiques & ~f/ïronomt~Hej fur quel-
~MM endroits du ~r< de D~JV~ qui (ont à la tête des Mémoires Posthumes
de M. de Chenaux, imprimés à Laufanne en 17~. Cet Auteur plein de
génie & d~ favoir, démontre que les nombres Prophétiques de Daniel i oo
& ti~o, ainfi que leur dincrcnce 10~.0, étoieni autant de CYCLES PAR-
?AiTS, Cycles, qui font harmoniser tout-à-la fois l'année Notaire, le mois lu-
naire & le jour qui jufques ici avoient été cherchés en vain, & qu'on avoic
fini enfin par regarder comme chimériques ou impoffibles de la même nature
en un mot, que la pierre philofophale & le mouvement perpétue! il ajoute
que ce font les deux feuls nombres ronds qui fuuent Cycliques, & qui le
funent de manière que leur diS~rence tut eUe-mcme un Cycle parfait oc
l'unique. Il obferve en particulier fur le Cycle de i o4o, qu'il e~t le plus exact
qu'on connoiffe oc même qu'on puiffe trouver, à moins que d'aller au delà
d'un espace de tems trois ou quatre fois plus long, que celui qui s'eft écoulé
depuis les plus anciennes obfervations jusqu'à nous il ajoute qu'il eff d'autant
plus étonnant que personne ne s'en foit apperçu, qu'il fumfbit pour cela de
comparer le Livre de la Nature avec celui de la révélation.
Ajoutons que M. de CASSINI & M. de MAm.AM, à qui l'Auteur avoit con~
muniqué ton manufcrit & <es découverres, ne purent disconvenir de leur vé-
rité, «quoiqu'ils ne punent comprendre, dit le dernier avec une ingénuité
< admirable comment ôe pourquoi elles étoient auui tccl!ement renfer-
mées dans l'Ecriture Sainte.
Comme ces Cycles concourent également avec nombre d'autres circonf-
'rances très-remarquables, cet Auteur termine ainfi fes remarques
Pourroit-on, à tant de traits réunis, méconno~tre dans l'Auteur de ces
anciens & refpectables Livres le Créateur du ciel & des chofes qui y font,
M de la
terre & de ce qu'elle renrerme, de la mer de ce qu'elle contient
Enfin, Daniel eft le dernier des Prophetes de l'Economie Judaïque, il en
d fait la clôture c'étoit un flambeau qui alloit s'éclipfer & qui jettoif pour la
derniere fois la plus vive lumiere; mais en fermant cette Economie Prophé-
tique, détermine le tems ou la Prophétie recommenceroit fous l'Economie
Chrétienne, fous cette Economie qui verroitéclore l'accompliflement des
Prophéties les plus consolâmes pour l'humamte encore &ixant€-dix fernaines
Prophétiques, dit-il, & le Chri~parohra,& le ~luttera annoncé à tous les
N ij
Peuples & le Peuple Juif ne fera plus Ceul le dépofitaice de la Prophétie i
ainfi nul vuide, nulle inrerruption entre les tems Prophétiques les deux rêve-
lations, celle des Hébreux & la Chrétienne, fe tiennent par la main elles,
font foeurs clles ne (ont que la continuation d'un feul & même objet, d'une
feule di<pen(auon (ubdivifee en annonce & en accomp~uement.
N'omettons pas que fes Prophéties font écrites moins en Hébreu qu'en
ancien Chaldéen, dans cette langue qui cara~erifbit la Nation au milieu
de laquelle il vivoit, la Cour qui !*àvoit éteve, îes Sages de Babylone lan-
gue qu'il dût favoir comme ta tienne propre & qui dès le moment que
fEmpire eût paffé dans des mains étrangères, ne devint plus que le jargon
de quelques Provinciaux mépri(ab!es, dans lequel il' ne fut rtus permis d'é-
crire. Quet de nos beaux Ecrits s'aviferoit d'écrire en bas Breton ou en Pi-
card, pour exciter l'admiration de la VUle & de la Cour Nous avons même
bien de la peine à foutenir le ilyle des Provinces où on parle là Langue ré<
enante.

Pc O~r~~
Daniel a donc exMe, il a exi~é dans l'Orient, à la Cour des derniers Mo-
narques de Babylone; quoiqu'étranger, ils l'eleverent aux premieres dignités'
de l'Etat~ mais fi on ne peut former aucun doute fur. fa perfonne, quel juge-
ment doit-on porter de fes Ouvrages ? (ont Us authentiques ou tuppo~esr~c.
s'ils ne te font pas quel cas doit on faire de tous ces caractères dinincU~
dont nous venons de parler & que doit-on penfer de ce qu'on y appelle Pro-
phéties Un coup-d'oeii fur ces objets ne fera pas déplace, non en Th~o-
gien ce n*e(t ni le tems, ni le lieu mais en Critique raisonnable qui fou"-
met au creufet du bon fens, les phénomènes que lui offre l'Univers.
Si les Livres de Daniel étoient fuppofes, iisraucoient été dans des tems
tris-recules, dans des tems qui fe confbnden: avec ceux où il vécut. Ils étoient
connus du tems des CELSE oc des PoMHYRE, ces Savans ennemis de la Reli-
gion Chrétienne, qui ne pouvant nierîe lumineux de (es Prophéties, preten-~
dirent qu'elles avoient été faites après coup.
Ils étoient connus du tems de JosEPHE, qui dans tes Antiquités (,t ) en
parle comme d'un Livre ancien & reconnu inc<nte~ab!ement pour être de lui;.

t:t ) Antiq, Jud. Liv. X. Ch. Xi~


<~
Dieu dit-il, combla Daniel de tes grâces il l'cieva au rang des plus grands
"Prophètes:il eut pendant fa vie ta faveur des Princes, & l'arfecHon des
Peuples après fa mort, il jouit d'une réputation immortelle. Les LtVREs
» qu'il nous a laites font encore aojourd'huf entre nos mains nous les con-
fervons comme des gages adures que Dieu lui a parié car non- feulement if
a prédit l'avenir comme les autres Prophètes il a même marqué le tems
précis auquel fes prcdi&ions dévoient arriver a.
Cependant Jo(ëphe écrivoit dans te premier necle de l~Ere Chrétienne: il ecri.
voit pour tes Grecs il n'ofoit prefqut pas avouer ce à quoi il préfumoit qu'ifs
ne pourrofenc croire.
S. Matthieu ( t ) met une de fes Prophéties dans la bouche de JeutS'Chr~,
& îui donne k nom de Danie!* le Prophète.

Jten: cité dans )esMachabées:& EzEcn!Et.~ar!e deux fois de Daniel (t~


comme d'un perfonnage .[utH di~ingué que Noe & que lob comme d'un.
Sage par exceUence.
Le Livre qui porte (on nom, fait partie du Canon des Livres Hébreux
dreffé ou fermé au retour de la captivire il précède immédiatement les Livres~
d'E(dras, de Néhemie & des Chroniques le Livre de Daniel exiftoit donc
!drfqu'on revint de ta captivité ITEgttfe Judaïque fut toujours convaincue de
fon authenticité comment les contemporains de Danier, con'tment Ë~raSy
Nehemie, ces Chefs du Peuple Hébreu tors du retour des Juifs, (e feroieht-
its trompes a cet égard} & fi jutques a ce tems là les Hébreux avoient' eu
l'habileté de fuppofer des Livres Prophétiques fous des noms célèbres, com-
ment auroieni-ils perdu cette indu~rie dès le retour de ta captivité!
D'aiHeurs fi c'eft un raunairë comment a-t-il pu faire iHunon aux Juifs
&: aux Chrétiens fi fort (épates d'intérêt! & de' vues Pourquoi écrire eti
Chaldéen qui n'etoit plus qu'un vil jargon Pourquoi choiur un théâtre qui
n'intéreffoit plus perfonne, une famille anéantie qui ne pouvoir dédommager
Fimpo~eur de fa nippoutio~ en Qn mot, quet en CM été le but <

Si c'en: un lunaire, ou a-t-il puifé fes profondes connoiflances ces nom-


Bres qui donnent dés Cycles Agronomiques parfaits, cette fcienee Hiérogty-
phique puifée dans la Nature & fi fublime ?,
D'où vient encore cette nmp!ic!té, cette candeur, cette douceur de ftyte,
~.din~rente du ton ampoulé &enthouuaKe des Orientaux < D'ou ~iendroit tanc

~)- Chap. XXIV. (~) Ez. XIV. r4.XXVIlr.


de (ageuc & tant d'absurdités ? tant de um~ticité & un fi violent defir de ~duire
& d'éblouir f
I! e~ aifé, fans doute, de rafcincr des esprits déjà prévenus favorablement;
on fait tout recevoir par des esprits tbibtes & ignorans, déjà trompés par eux-
mêmes, déjà gagnés avant qu'on cherche à les féduire mais les ouvrages de
Daniel ne (ont pour aucun Peuple ils firent la confolatioti & la gloire des
Juifs les Chrétiens les plus ii!u~res par leur ravoir, l'ont toujours distingué de
tous les Livres Romanciers, Aflrologiques, Sibyllins dont on étoit inonda:
ils s'en font fervis avec fuccès contre les Juifs eux-mêmes, qui n'ont jamais
ni pu, ni ofc nier fon authenticité ils n'auroient donc tous été qu'un vit amas
d'hommes à préjugés
Il eft vrai qu'ils admettoient tous cet ouvrage comme Prophétique. De
nos jours, on nie qu'il puine avoir éxiné des prophédes que fi ce Livre en
paroît contenir ou on y voit ce qui n'y e(t pas, ou il a été altéré après coup.
Mais couper le nceud'gordien eft-ce le résoudre ou le délier Avancer une
proponcion, eft ce la prouver & dans un procès auffi capital que celui-ci,
~uH~-i! de nier ?t
D'ailleurs, cette que(Uon ne porte pas uniquement fur Daniel elle s'app!t<
que également aux autres Livres des Prophètes~ même pour l'époque dont
nous parlons car ette nous oSre également les Livres Prophétiques de
YEREMiE qui joua un ft grand rô!e retativemeni à !a ruine de la Nation Ju-
daïque, & ceux d'EzïcmEL qui annoncent les plus grands cvénemens il y
auroit donc eu alors un Peuple ou une Ecole de faufraires qui fe feroient
Succédé fans cène, & qui auroient !ai(Ie leur efprit & !eHr (cience unguiiere,
aux Auteurs du ChrKUanifrne, qui renverferenf cependant leurs M~tre<
toutes fuppontions absurdes,
y.
~z~c~r~~ ~r Po~
Ezéchie! on res prophéties appartiennent en entier à l'époque dont nous
venons de tracer l'histoire. I! étoit de race Sacerdotale, fils de Buzé, & il avoit
é[é emmené en captivité dans l'Anyrie par Nabuchodonotor avec le Roi
Jechonias l'anVIc du règne de Nabuchodonofor.I! ne commença à prophé-
tifer, que la cinquième année après cette époque, comme il lç dit lui-m'c'me
il ajoute que c'étoit dans la trentième année cette date quie~ !a première des
'deux a embarraue tous les Critiques ils Font rapportée, les uns au tems où
Jofias trouva la Loi, d'autres au tems ou commença de régner le pere de Na-
buchodono(br quels chercheurs < Eft-H donc fi difficile d'avoir des yeux ? Ce
n'e~ ni de Jofias ni d'un Prince Auyrien qu'il s'agit ici mais du Prophete lui-
même. P~j la trentieme année, dit-H je y~ comme s'il avoit dit, à l'âge
de trente ans il ajoute c'cfoit au cinquième mois, la cinquiem? année de !a.
captivité de Jcchonias, fur les bords du Chobar dans le pays des Chaldéens.
Ainn on a la date de fon â~c &: celle du tems de ~a captivité c'eft dans
l'ordre mais comme il dit que c'e~ alors que la main de Dieu fur fur lui, on
voit qu'il fait allufion à l'owcHon des Prêtres Hébreux qu'ils ne recevoient
qu'à l'âge de- trente ans. Ici c'eA une onction tres-aiperieure une oncUott
divine, qui le mettoitàmcme non-seulement d'enfeigner des vérités déjà
établies, mais d'enfeigner aux.hommes ce qui devoit arriver.
Sa derniere prophétie paroît être de l'an 17 de la captivité ( ï ), enfbrte
qu'il prophétisa pendant l'espace de vingt deux années au moins, dans !e(~
quelles Nabuchodono~br fut occupé d'expéditions lointaines.
Il annonce la ruine de toutes les Nations voiunes du Peuple Juif, celle de
Jérusalem, le rérablinement des Juifs, la venue du Meule, l'éfabliuement
d'une alliance nouvelle.
Il eft regardé comme le plus (avant des Prophetes. GROTtus le compare à
Homère pour la beauté de fon génie, fa vatte érudition, tes grandes con"
noinances, fur-tout pour fon Kyle fublime rempli de ngures & de comparaisons
t'ett un de ceux qui (e di~inguent le plus par les emblêmes hyérogliphiques
& Symboliques dont fes prophéties font parfemées.
Ses Elégies fur Tyr & fur ton Prince fur l'Egypte & fur (on Roi, fur
Fidutnée fur la ruine de Jérufàlem font de la plus grande beauté & -de la
plus riche poëGe les Grecs & les Latins n~ont peut-être rien de fupérieur en
ce genre il eft fâcheux que ces grands modèles d'éloquence pathétique &- Su-
blime foient perdus pour les Modernes qu'on ne puifÏe pas s'abreuver dans les
Sources primitives: on n'en juge que par les veruons; mais Peuvent qu'eft-ce
qu'une vernon quelles froides copies
Ses dates fervent même pour fixer des évenemens qui ne le font pas dans
tes Livres Hiftoriques. Ainfi on voir, Ch. XXVII. & XXIX. ~ue la ville deTyc
n'avoir pas encore été allégée la dixieme & la onzieme année de la captivité

<i) Ez.XXIX.t7.
d'Excel!, puisqu'il en annonce le nége & la ruine prochaine & C!i. XXIX.
17. qu'elle avo:t été prife dans la vingt-nxieme année car aum-tôt le premier
jour du premier mois de la vingt-septième année, il promet à ce Roi les dé-
pouilles de l'Egypte pour le dédommager de ce qu'il n'avoic pris à Tyr que
tes murs, fes Habitans s'étant tous fauves avec leurs richeCes.

Af

Tandis que Daniel prophétifoit à la Cour des Rois & Ezéchieï dans
la Méfopotamie fur le Chobar, Jcrémie fairoit la même chofe à Jérufalem
auprès des derniers Rois de Juda. Ce Prophète étoit également d'une race
Sacerdotale établie dans la Tribu de Benjamin il commença à prophétiser la
treizic.me année du règne de Jonas dans un tems où il (emb!o'.t que les
Hébreux n'avoient rien à redouter de l'Egypte & de la Chaldée. Il fe repré~
(ente comme peu avance en âge, lorsqu'il fut chargé d'annoncer que Dieu
alloit arracher .& détruire, perdre & diŒpef, édifier & planter. On peut
donc fuppofer qu'il avoit trente ai)s l'âge o~ on devenoit Prêtre & où on
acqueroit le droit d'enfeigner.
Ses premières prédicHons fdfent contre fa propre Nation dont il dépeint
les vices & J'impieiç avec une énergie fans égale.: aucun Prédicateur n'a tonné
avec cette ibrce.
Les douze premiers Chapitres paroiffent Ce rapporter aux dix-neuFdernieret
années de Jofias. Les huit fuivans, aux trois premieres de Joakim. Dans le der.
pier de ceux-ci, on voit qu'un des Chefs du Temple le fit mettre en prifon à
caufe de la nature de tes Prophéties; & que dans ja crainre du Peuple il le
mit en liberté le lendemain. Jérémie s'étoit déjà plaint ( Cap XL 11.) de ce
que les Habitans de fa propre ville, d'~NATpoT, ~voient cherché à lui arracher
la vie, par le même moti~
Au vingt-cinquieme, il annonce que la nation Juive fera afiujettie aux Baby-
loniens pendant foixante-dix ans,& qu'alors ceux-ci feront eux-mêmes anéantis;
& dans l'intervalle, un grand nombre de Peuples, de Rois & de Villes, dont il
fair l'énumératipn~
Au yingt-feptieme, il annonce que les Babyloniens ne feront gouvernée
que par le 6k & par le perit-nis de Nabuchodonofbr.
Le vingt-huitieme contient fa difpute avec un nommé Ananias~ qui
n'anuoncoit que des chofes agréables au Peuple.
Le Chapitre XXI. contient fa réponfe au Roi Sédécias, qui étant attaqué
par tes Babyloniens la dixieme année de Ion règne lui demande quel fera le
fuccès de la guerre mais ce Roi irrité contre le Prophète à caufe des mal-
heurs qu'il lui dénonce, le fair mettre en prifon dans fon propre Palais,
comme on le voit au Chap. XXXII.
Il y a donc ici une tranfpondon) le Chap. XXI. devant être le XXXI. ca~
tous les autres fuivent fait bien il eft fâcheux qu'on ne rétabliue pas ce dé-
rangement, qui coupe absolument le fil des faits & des prophéties.
Les horreurs de la prifon ne font point changer de langage au Prophète
rien de plus précis, de plus claif, de plus fort que les décadrés dont il menace
de ce lieu la Nation entiere & fon Roi.
On le jette donc ( Chap. XXXVIII') dans un cul-de-baue-fbne au fond de
la prison royale ou on l'avoit enfermé mais l'Ethiopien Abdemelech, un des
Ofnciers du Roi touche de ce traitement odieux, obtient du Roi la permif-
f)on de l'en retirer ce qu'il ne peut faire qu'en lui jetrant des cordes. C'eft
alors que Jérémie dit au Roi en reconnoifànce que s'il fc rendoit aux Chal-
déens, il feroit à l'abri de tout événement fâcheux qu'autrement, il fera
fait prifonnier & la Ville bru!ce.
Ce n'étoit pas le moyen de fe faire mettre en liberté au(n fur-il détenu
jusqu'à la prife de Jérufalem ou il rut délivré par le Général Afiyrien qui
lui fournit des vivres &: le combla de prefens.
Après l'auaHinat de Godolias les Juifs, maigre les exhortations les plus
prenantes de Jcremie, abandonnent le Pays, & fe réfugient en Egypte,
emmenant même par force ce Prophète avec eux.
Il ne fe rebute point, & dans cette Contrée il annonce de nouveaux
malheurs & aux Juifs &r aux Egyptiens. ( Chap. XLIII &: XLIV ). Les pre-
miers s'étoient plongés en Egypte dans l'idolâtrie ils onroient à lus à la
Reine des Cieux-, des (acrinees,'disant à Jércmie que leurs malheurs étoient
venus de ce qu'ils avoient ceffé de l'honorer.
Les Chapitres fuivans contiennent diverses prophéties contre les Phili~ins,
contre les Moabites, contre les Ammonites, contre les Iduméens, contre les
Babyloniens dont on annonce-la déduction par les Mèdes & les Pertes cette
derniere prophétie e~t datée de la quatrième année de Sédécias elle fut remise
à Saraïas que ce Roi envoyoit à Babylone.
? La plupart de ces dernieres prophéties font de vraies Elégies,. qui ne
cèdent en rien à celles d'Exéchiel.
.D~Tcm. 0
Jérémie avoic l'âme douce & compâtinanre ces prophéties menaçantes-
devoient couter beaucoup à fon coeur tout le Monde connp!t fa belle Elégie
ou fes Lamentations fur la ruine de Jérusalem qui commencent ainft
Comment eft devenue déserte cette Ville qui étoitu peuplée? Commenta
M
Reine des Nations e~-cDe tombée dans le veuvage', & celle quicommandoit
au loin eft-elle devenue tributaire Elle pleure dans cette profonde nuit, fes
joues font baignées de !armes elle re~e fans consolateurs fes amis même la
mcpr){et!i ils font devenus tes ennemis les plus acharnés. Quel deuil couvre
~es rues de Sion on n'accourt plus a tes Fêtes folemnelles fes portes font dé-
truices, tes Sacrificateurs gem!neHt:fes Vierges inconfolables ne connoinent
plus la parure; Sion eft accablée de la douleur la plus amere.
N'omettons pas que dans la lettre de Jérémie au Peuple captif a Babyïone
( ) & dans le Chap. X. de Daniel, on voit des aUunons à ridée que les Na-
tions étoienrfbus la garde d'un Angetatétaire: idée quiparcontequent n'eO:
point due au (ejour des Hébreux dans la. Cha!dée puifque ycrémie qui n'y
avoit jamais été, en parle comme d'une chofe connue. On voit dans ces paf-
<ages, l'Ange du peuple Juif ou S. Miche!, m. à M. grand comme Dieu l'Ange
de Babylone qui recule fa ruine l'Ange des Permet p'-otégé par une Puiffance
~upcrfeure à laquelle celui de Babylone eft obligé de céder.
Cette doctrine découloit auez narurellementdes idées Orientales fur t'exit-
tence & la Hiérarchie des Anges: elle renoit encore à nombre d'autres idées
Orientales que nous ne pouvons diicmer ici, & que nous aurons pem-êtce
occauon de développer ailleurs..

7.
27< /M~<~ de /<M/OMyf~M.
Jerom!e, Ezechie!, Daniel tiennent donc tous le même Engage leur
Hifloire eft étroitement !iéeavccce!!ede leur tems elle en eft in&parabie:
ils vivent cependant dans des Contrées diScren[es:i!s ne fe font point copiés
la nature de leurs prophéties & de leurs fymboles, diffèrent infiniment à divers
égards comment des fau(!aires auroient ils pu prendre des formes u dine-
rentes., fi originales & cependant d conformes à l'Hiftoire fur-tout dans !e<'
tems mcme des événemens où tout pouvoit les démentir D'ailleurs com-
ment le Peuple JuitHreveche, fi opiniâtre fe feroit-il prêteà adopter, à coa.-

(t; Barutb, Cb. VI.


<erver maintenir des Ouvrages remplis drs peinrures les plus erfrayantec
de leurs vices & de leur incrédulité 1 qui ccoit.nt autant de lâtyres de leur
conduite La vanité d'avoir des Prophètes, ne fair pas \'io)cn"e à ce point à
famour-propre: & quel Peuple quelle t~r'on ne fe conduiroit pas à cet
égard comme les Juifs Quel Prince four'riroir ti-m~uillern~'nt qu'on annonçat
la de~fudion prochaine de Ces Etats, de(aC~dc, de-fa famille qu'on
nommât le Conquérant heureux qui devoit l'a('orvi' l'cxferminer même H
<al!oit donc une protecHon particuliere de la Divinité en faveur.dc fes Hé*
rauts, car aucun d'eux qui ne fe dite envoyé de la part.
Enfin, s'il étoit fi facile ou n utile d'imaginer de pareils Livres, comment
entre tous les Peuples, le Peuple Juifeft-il le feu) qui en ait eu de pareils ?l
comment n'avoit il que ceux-ta pourquoi les avoit il fous cette forme ce
comment fur-tout conferva-t-il fans ceue des Ouvrages qui ne (ervoient qu'à
démarquer Ca turpitude Qu'eit-ce qui pourroit avoir une pareille force fi ce
n'eu: la vérité ;e
Nous ne parlons que de l'authenticité de ces Livres ce n'eft pas à nous
à décider ici de la doctrine même de la prophétie, & à agiter d'aum grandes
queuions, liées etïentieHement aux idées d'un Dieu & d'une Providence
qui a tout fait avec nombre poids &: mefure, qui a imprimé à tes oeuvres
l'harmonie feptenaire qui dès le commencement dur fe prescrire un plan
pour le bonheur général des hommes qui ne put le perdre de vue en aucun
tems qui dut le manirener aux hommes, les y ramener de tems à autre1
plier les grands événemens à ce plan général, qui dut prévoir tout ce qui
pouvoit Ceconder ce plan, d'une manière bien plus parfaite que nous ne pou<
vous prévoir objets qui peuvent former une mafÏe de lumière & de vérités
qu'on ne fauroit admettre ni rejetter (an*! des recherches préliminaires & pro-
fondes, & qu'il n'ett peut-être pas donné à tout le monde d'appercevoir
diftinctemenr. Qui peut fonder l'Univers & tout ce qu'il contient Il nous
~umt d'avoir propofé à l'attention des hommes des faits iniéreflans des phé-
nomènes uniques, une ~uccemon étonnante de grands perfonnages,~ d'a-
voir débarrane de l'obscurité qui les couvroit, l'hi~oire d'un fiècle aufn remar-
quable que celui qui vit les progrès rapides de l'Empire Babylonien & fa
chute auffi rapide fous les coups de Cyrus. C'ctpit tout ce que nous nous pro-
porions dans cet Eflài ce n'eO: que par des véricés partielles qu'on peut par-
venir à l'eniemble de la vérité il ne faut que quelques objets mal vus,
pour affoiblir, par les ténèbres qui en résultent, la plus vive lumiere.
Nous terminerons cet Edai par l'explication d'un grand nombre de noms
O ij
géographiques qu~t entrpient dans l'Empire Babytpn~n depuis la Mer M~-
ditcrrance }nfques aux frontières de ta Per(e i!s feront u.ne nwveUe preuve
de ce que nous avançons, que tout nom fur fignincanf dans fun origine, oc
que l'Orient & l'Occident parlerenr dès le commencement une même
langue.
ARTICLE X V.
EïPI.ICAT.tO~
De divers noms de JL~jc, F/~Kf~j, Montagnes, ~'e. fo~rM dans A< C«r~
des Conquêtes de Nabuchodonofor.
Les Contrées qui compofbi.e~t t'Empire de !~y!poe font ten)pHes de
noms de lieux, puifés dans ta langue Primitive, tous f!g)!i~:atifs, djont une
grande partie (ont (ëmb!ab!es ceux que nous av.ops déjà eu oeca~on d'e:xp!i-'
quer à l'égard de p!uneurs Contrées Çettique~, te{tes qu.e ]ta France & i'~atie.
Les Cartes modernes de ces Pays nous orfrent à la vérité trp~$ autres
fortes de noms, des Grecs des Perfans & des Turcs ~ar:ce que c?s trois
Uationstesonrpo~edees rqur-a-tour pendant p!u~eur<~ec!es:ges noms font
même les plus nombreux, parce qu'up grand nombre de lieux primitif en om:
été dcrruirs ou ont change de noms cependant, il s'en eu conferve un at~M
grand nombre pour fë convaincre que les nomsPrimit}fs de ces Contrées firent
toujours ugnincati~ puises dans la tangue commune tops !es Peuples, ~pus
tvqns cru devoir tes réunir ici, a~n qu'on s'af~urât de plus en p)us de? grands
ptinctpes du Monde Pmnitifc~ de leur univerfatite.
NOMS DE LIEUX
Semblables à ~M~ que ~o~j avons dejà expliqué dans les Origines .Fr~o~
~j Or~nM Z-a~M.
A.
A,enrra ici dans un grand nombre de noms qui deugnoient les eaux.
.AC, eau, l'Aqua des Latins d'ou
H~K-lAR, riviete & Pays d'AHyrie elle (e jette dans le grand Zab.
A(;'GAB.on, ville de Pateline, yn. m.. Ville ( C< ), des eaux ( ~C).
AIN,
Source, fontaine.
Am-a!-Geba!, m. à <B. fource ou fontaine des montagnes, dans la Mc~o*
potamie.
Rush-at-Au4 ou R.MAMA ville conuderabte de. la Me~opotamte &: rem-
plie de Sources /n..<ï m. chef des ~oucce~ On rappelle auiE la ~le ifois
centFontaines.
AtN-TAB, !a bonne, J'excdieMe &urce viite -dé ~yae on t'appbtk ~uHI
~mptemenc Tab Tava Deba. Du même vint &ns douce DtBA hviere
d'Arménie,
AR,
Noîn des Neuves rapides, de même que dans tTEurope.
Ap-Axes, nom de pluueurs fleuves dans rArmeni€ & t'Auyrie~ & fur-
inom du Chaboras en Méfopotamie.'
ÂRNon )riviere des Moabites ÂR Apoer leur Capitale.
AR-MEnie, le Pays le plus éievé, de. tout ce continent AuyMen~ d'oùdeG;
cendent FEuphrate le Tigre, les Zàb, & nombre d'autres rivieres.

ainfi qu'en
Cuo-BAR
Europe.
Ce mot prononcé BAR~ VAR~.eA devenu le nom de plufieurs fleuves;

fleuve grand & impétueux de la Mctbpotamie de ~~r neuve.,


~CAo,(brt,m~mefamiUequeQoE,Quz.
BAR-Dtue, Rom que Strabon donne au fleuve qui pafle a Damas.
BAR-BALi(~e,furt'Euphrafe,appe!!ceauuinmptement~j.
BEK-.StMa/~ufrHuphrate.
Ce même mot modifié en NAR, eA devenu également ici le nom de
fleuves.
NAHtRAtM furnom de la Mefbpofamie ou Aram des fleuves.
Ai.NAHRaim, les deux rivières~ ViUe au. confluent duSaocoras
Chaboras en Mcfopotamie.
NARRa-GA, canal de Chaldée. `'
r.
t 5 & du

i
Nahar'da,vute(urt'Euphrare..
ASC,AX, eau, ce mot ed'entre dans le nom dfs'Ar-axM.
DAm-Asc, nom de Damas, m. à M. habiration des eaux dam, habitation,;
<t,eau.
AV,AB, eau, comme en l'
Occident. ,l,
AB~Op-As, prononcé auui Chab-oray, Aeuve deMetopotâmië tes trois
fyllabes (ont autant de noms d'eaux.
Koïh-AB,!a bonne eau, neuve d'Anyne.
Ce nom modifié en Gav, Gau, Go, dengna en Oriental & en Celte une
Contée ucuee~e'tong des eaux..
Ap-GoB ou Ap-Gov, Contrée du Pays de Ba(an, qui étoit en p!a!ne,
~ur le Jourdain & au pied des montagnes, de même que t'Argov en Suine~
Ce nom eH: oppofé à l'autre portion de B~fan qui étoit montagneufe.
Dé-là encore la terminaUbn GA donnée à des rivières.
NARRA-GA canal de B~y!ome.
NAharda-GA, Contrée htuee!ebng de l'Euphrate & qal rbrmoic le tern"
toire de Naharda.
Ce même nom modiné en SAv, SAo, Sov, Sorjt, produit ces nom?.
Sou riviere, en Turc.
SAO-ZA, ville de Medie fur des eaux.
Sorn, ZorH ou SopHE~E, Contrée de la haute M~opoMmie abondante
en eaux & en Neuves.
Sorhah, SArhon ville (ur le Jourdain.
1 I.
<.

AR, HAR,HoR, OR, a deugnéici comme dans l'Europe des montagnes


~-oides & rapides, des villes fur des montagnes, des Contrées montagneuies,
parce que AR déngna toujours la rapidité.
AB-AMm montagne de Moab.
AuRan bu rAuRanhtde, la portion montagneufe du pays de Ba&tiou de
la Patanée..
HoReb, moniagne d'Arabie.
HoRpéens, ( les monts ) dans ridumée.
Opo Naïm, ville des montagnes de Mo~b.
AR-Btde, ville forte d'Auyrie.
Ce nom varié en GoR,a produit:
Les monts GoRDien! en Arménie.
Le CuR'oijftan, nom moderne de t'Anyrie.
LamontéedeGuRenPaIeïHne.
Prononcé MAR,
MAR-DtN, fur une montagne en A~yte,( DM, habitation
MAR-aihus, fur une montagne en Syrie,
prononcé SAp, SEp.
SAxRana, ville dans les montagnes de la Méfopotamie.
SBÏR, montagnes dct Ama!ekiies,
ÏA.-SER ville des Ammonites élevé :/<;r, monMgne.
III.
GABAL.deve.
GA~ALene, pays tfe montagnes dans t'Humée.
GABata, fur une monragne de la Médie.
GABala fur une monragne en Syrie.
CABuIà, fur une montagne en Syrie, près du lac de Sef.
CAu GAA, CAO montagne.
CAu-CASE monts des n-ontieres, de l'extrémité.
BAL-KAA montagnes trcs-elevees qui fcparoient tes Ammonites & tes
Moabites.
CHo-Asp, montagne du cheval elle eft dans la Suuane, & trcs-etevée~
KoH, ou CHo-ZERDAH, montagne jaune le Choafpeen fort.
C~
CA-SnEs,. monts du Cheval; ils font très-élevés: de montagne, &
Asp, cheval de-là le nom de la mer CAs-PiENB au pied de ces montagne*.
HA M, habitation.
H A Math & ÂMatha, grande ville de Syne.

AMAthunte,vit)c de Syrie.
AMAtha, ville de Syrie avec des eaux thermales.
Le nom de celle-ci pourroit venir de HAM, chaud.
KAR vitte, habitation, enceinte, en Oriental comme en Cehe.
KARtoth KARiathaïm villes de Moab.
KHER-KEsium, ville de Méfopotamie.
KAR-CAThio CERTa ,'grande ville d'Aflyne, aujourd'hui Diarbeldt.
KtRTa, en Auyrien & Arménien nom des villes Royales
KAiL-MENda, grande vide de Méfopotamie.-
NAB, élevé.
Ht-ao montagne de l'Arabie.
NipHAres, montagnes d'Armenh*
SEILa, r.tvicred'Affyfie, nom très-commun en Europe. Il tient a cetu~
d'AIL eau, étang, marais, d'où:
AirA, ELath, Eiana, ville fur là Mer-Rouge.
SIN riviere.
An-SE~, riviere d'Arménie.
SiN CAS rivière de la Mefoporamfe~
ZE~DEH-RuH, anciennement Cyndes, fleuve de la Su~anc.
TAL, TEL, nom~ qui dengne les lieux deves, comme nous avons eu Sou-
vent occafion de le voir, tels que l'Italie l'Atlas, &c. Dé-là
TELA, fur une montagne en Méfopotamie.
TuiLutha, place très-forte fur une Ifle de l'Euphrace très-élevée.
TELLa-Apar, (ur une montagne à l'Occident de Ninive.
TELa dans une ifle élevée du lac d'0rm!a en Médie.
TBi.. al Q)aïr la colline des biens lieu fur une montagne de Mefopot~
mie.
U X, UCH des Celtes, élevé.
Uxiens, Habitans des montagnes de la Suf!ane.
1 V.
~~<J ~Omj. par Ordre ~~<yKC.
ABELa, nom commun à ptuneurs villes de t'Orient, & qui fignifie en
Phénicien une momagne élevée comme nous l'apprend AvjErous d'ailleurs
ce mot tient à la Famille BAL, BEL, FAL, qui a toujours dcngnc l'élévation:
dé-là
ÂBELâ des vigres, chez les Ammonites.
AaiLa Capitale de l'Abitene en Syrie.
ABBL-Sictim, ou des' F~<rj, chez les Moabites.: auCï ces deux premiè-
res villes fureM.appeHecs~paE les Grecs. Ze~~e ou. roche- blanche.: nom
qu'ils donnoient aux villes utuees de Itmeme-maniece.
Il y avoit dans la PaIetUne d'autres.villesappeliees.AMB parla ~m~meiai~bn.
ABIDaLtjen.Syria'~da&b~ dancoBc~
A-DIABene, Province d'AnyTie;de'DiAB'ou.ZAB.ojnd€sneuves en"
tre lesquels elle étoit ntmie.
AcHaia CHAta, fur l'Euphrate c~ dans un terrain trcs-efcarpe.; de.
port, & ~A fatiguanr.
AS-CALON en Païenne ;d'fbrty&z, porc.
f A6iomGcEBE!8,Ac fa Mcc:Rouge~ à'1'Orient de celui d'Ailath.
Asion,Qriental, & <?~<r, grand let-crand~pori. Oriental.~
AiRo-PATEm, nom de la pornon SeprentripHale de la Medie d'~<y ou
~ro feu, & de P~~ même que BAT, BiD, demeure, habitation: degener~~
en .<~r~'<~<M.
BAAL-MEON, le grand flambeau -ville.de~ MoataMs.
BATN.e, ville de Mésopotamie.
BATtNt
BAtïNa, ville au Midi de la Mer Carpienne de 2~<M, nom des fruits
tonds, comme les noifettes, les amandes.
BAZRa, BosoR, BASSAR, en Idumée ~e~o~, ville des vignes on
des côteaux.

CAFar-Tutha, canton de Mûriers de C~, canton &: 7'~A, noir.


CAL, fignifie Port; de-là,
CHAi.a, Ville qui donne fon nom à la Chalonidde, en Anyrie.
CALach, Ville fur le Tigre.
~cy~ Afcalon & Achaia-chala.
CART-ERon, montagne eHrayame minée par l'Euphrate; de mon-!
tagne ce C<!r<, fort, rapide.
COSSéens, Montagnards de la Suuane, & qui étoient excellens Archers.
Ils tirent donc leur nom d'un mot Oriental, qui Ctgnifie Arc.
Dj[-BoN,TiI!e de Moab, abondante en eaux; de D<,abondant, & VoN,
eau.
Ei.EUTHBRt, fleuve de Phcnicie de fe~A, Tortue, d'où i~A
mot-
~-mot, fleuve des Tortues on en pechoit beaucoup.
y
grande, Ville de Médie.
GABRis, ou la
GADinha, ou la Haye, ville de Mefbpotamie;même nom que celui dont
ion a ~air imenûblemenc le nom de Cadix.
GATH pluneurs villes de Païenne porterent ce nom, qui fignifie ~r~oïr.
GAza, ou Aza, ville forte elle eA fur une colline.
GAza, ou Ganzaca, ville d'Auyfie ville forte.
HADitha, ou la neuve, deux villes de ce nom dans notre carte.
HEMS, ou EMEsz, avec un Temple du Soleil, ou d'~o-6' w~-
«-/Ho~, le grand Soleil ~e/n~ ,& ~<mj, font le nom même de cet Aftre.
HUZ,&Cnus, ville de Suuane, d'où le CA~-< nom qu'elle porta
aujourd'hui.

.A, Ha, & Cna, fe font iouvenc mis l'un pour l'autre.
Aboras, & Chaboras; Hus & Chus; Aza & Gaza Sippara & Hippara, &c:
KORNA dans une encoignure au confluent de deux Fleuves.
LEM-LuM en Chaldce, canton où les Mahométans & les PerCes adora-
teurs du feu, fe livrerent un combat très-meurtrier, & célébre encore chez
M: Peuples ce nom vient de /.B.M, combat.
T. A f
~tESO-POTAMiE, nom Grec, qui fignifie au milieu de~ Fleuves:
MENN-ITh, ville des Ammonites; mot-à-mot le flambeau des tems,
la Lune.
MAM-BYCE ~o~<7!o~, habitation de la Lune les Grecs l'appellerenc
Hicrapolis, ta Ville facreq ony adoroit cette. grande Dcefle. de Syrie.

NAZERini habitans de Montagnes en Syrie de monragne.


NAUSa, dans une ifle de l'Euphrate. De t'Orientât A~M, eieyé les iHes
font clevces fur les eaux. Les Grecs eu nrent ~e/oj, if!e.
NISIBE, en Syrien un Po/?c.
NOIRE, nom de ta Mer Noire c'efUa traduction du Grec Pont Eu-
xin tui-meme altération du nom d'AsKBNas qui-kpremiet rétablie
fur les bords de cette mer.
NOIRES
l'Idumce.
noms de deux cnames de montagnes, l'une au Notd de la
Méfopotamie, l'autre dans
de
OR-MIA, Ville &: Lac en Mcdic M~ eaux pjR
<
Ville du feu.
Le nom ancien de ce lac, fur ~for~,le ~rotbnd, le grand.
PALLa-COPa riviere de Méfopotamie, qui forme nombre de marais
dePoui., PAL, marais, & Cop nohibreux.
PALMYRE, ville des Palmiers, traduction de (oit nom Oriental TADMOR.
PETRA, ou. le rocher, Ville dTdumce fur une montagne. Son nom
Oriental en: SELA, le rocher, d'où le Latin Silex. Dé-là, l'Arabie Pctrce.
RABBA la grande, la Capitale nom anciejn des Capitales,
RABBA Capitale des Moabites.
RABBA Capitale des Ammonites.
RABBA, furnom d'Hamàth.
RAHABi, grande ville dé Mc(opotam!ë. r
RiBLA, ville ancienne du paysd'Hamath.

Capitale.
ROHa, RnoA, nom Oriental d'Edene; ~~jc-coK~ De-la fbn nom
Grec, Ca/~r~c~, les belles eaux. ÔnenntOs-RoENE,Mbmdunaysddnt
,elle rut la
RHOSSus, en Syrie fur un.cap de.R~,Cap*, <
J. It.

.& ~SAMOSATE, yjUe de Syrie fur l'Arfame;~ l'Ëuphrate. De


Fleuve.
elev~
SCABina ville de Medie de ~< élevé; d'où $c~ Echevin.
5ELA, ou Pierre, nom Oriental de. Petra en Arabie,
SiDON, Ville de pêche de Ty T~< pcche.
SirpARA Ville & Ecole célèbre des Chaidéens: de Sepher, livre ~écricute~
ilb

chiffre. Aum l'Alcoran e0:-i! appellé SipARE..


1

SusAN, & Sus, villes de la Sunane ~o~ncf, !ys, 6eut's de Lyt.

7~ SAREPTt, ville de Phénicie dans un très-beau vignoble; de D91X

TADMOR,v!e de Syrie,Mc~-Mo/, Palmier.


TAURus, chaîne de Montagnes en Afie de 7bA,é!eve; fort; & non
de la ngure d'un Taureau, comme le fuppofbit: Strabon.
tnAPSAQt)E, de l'Orienca! r~t.P~ le panage, c'étoit le grand paffage
fur l'Euphrate, avec un gué prorbnd. (t)
Tun-RABDin ville du Rhabdium, contrée montagneuse en AMyrie~dç
deux journées de chemtn de Tup, rocher.
Typ, Tsup, Tup MK~-<Ho~, Ville du Rocher.
TiGre~ en Oriental J~f~le rapide le rongeur.

VAN, nom d'un lac en Arménie; de Pan, ~o?!, eau.


ZAB, ou.le loup nom de deux fleuves de l'Anyne. tes Grecs le rendirent
par cdui de Z~roj loup. On !e prononce auui DAB, Dlab.
ZAGrus, cht'me de montagnes qui ~cparcnt !'AtTy.tie-de la Médie. Cejfbnc
les mêmes monragnes qu'on appelle encore aujourd'hui Dagh.
ZEUGMa, le Poni vi![e Grecque fur t'Euphrate, avec un pont.

On trouve dans la Chaldée actuette ces noms de lieux fort remarquabfe!.


Le tombeau de Job, (ur~'Euphrare, à très-peu de dinance méridionale de
Baby!one, dans un lieu appcllc' encore aujourd'hui ~<y~, le Prophete
Job.
Le Tombeau d'Ezéchie!.
Le Tombeau de Daniel à Sute.
LocMAN-AcKim, en Mcfoporamie; 7no~-<i-/HO<, le tage Locman, le plui
ancien des Fabuliftes connus. C'efi un lieu fur 1'Euphrace, à tr'cs-peu de dis-
tance feptentrionale de Bagdad.

(I) t. Roi!, IV, !4.


Pi)
T A B L EA U
DU PL (3 1

Y A U M E DE J
J UID A.
Pour ~<Mr <f<!<Mt'~M fe qui en </? dit page i.
E
Royaume décida e<t Ci internant, ïîefKl digne d'avoir été établi pac
des peuples auÛi fages que les Egyptiens, les Phéniciens, !es anciens Hébreux,
& il eft en même tems fi peu connu, que nous ne pouvons nous recoudre à[
omettre un léger tableau de cette contrée & des mcEurs de fes habitans, tel
qu'itétoit avapt t7;o,ou il tomba fous lapui~ance du Dahomay., de ce
Prince qui avoit conquis une grande partie de l'Afrique nous ne ferons en
quelque forte qu'abréger ce que M. FAbbe R. a ranemMc avec tant de (aga-
cité à ce ïujet dans fon Hiltoire de l'Afte, An-ique & Amérique.
Ce pays qui a environ quinze lieues d'étendue le long de ta-mer, o!:nx
à fept de profondeur dans les terres, s'élève en amphithéâtre par de hautes
monragnes qui le mettent à t'àbri des vents du Nord il eft chargé de grands
arbres parés d'une éternelle verdure couvert de moi(!ons fans cette renaitÏan-
tes, entrecoupé de rui(!eaux garni de villages agrcaHes it préfente là plus
teite pectpeûive du monde 8t forme une des plus délicieuies contrées de l'U"
nivers.
On n'y voit point de Vitîes proprement dues. SAM ,~a €ap!tate, n'e~
qu'un gros village, dont le nom, ce qui eft très-remarquable eft le même
que celui de Saba ou 6~e, donné à /étu(atem dans Daniel. On t'appette
aum SAV!-ER mot-à-moc, pille </e Sabi. Il eft vrai que plufieurs de ces vit-
lages contiennent autant de monde que que!ques Etats voinns & qu'Us ne
font gucres divans les uns des autres que d'une portée de fufil en forte qu'à
!'in(ta!!auon du Roi, les cris de joie de la Capitale font entendus des villages
vo~ns, & que de l'un à l'autre la nouvelle s'en répand à i'in~ant dans tout
lepayst
H ne forme aihn qu'une be!fë& riche campagne couverte de ~amiHes agrico-
les & d'habhattpns rurales. On trouve dans leurs marches toutes fortes de den-
ïees;des Epiceries, des Indiennes, des Porcelaines, des toiles d'Europe,des mé-
taux oeuvres Ou bru.ts,de roretrangcraupaytt~ un mot,tOMettbnes de.
BMfchandife: des quatre Parties du Monde, avec lesquelles leur agricubure.
& leur population les met en relation. On y voit accourir toutes les Nations
commerçantes de l'Europe, tous les Peuples voinns, ceux qui (ont établit
dans l'intérieur de l'Afrique même des M<days qui y viennent de la. Mer-
Rouge, ainu que les anciens Phéniciens.
Ce peuple, d'ailleurs, fabrique lui-même de belles étoffes au métier, &:
met en oeuvre les métaux beaucoup mieux que les autres Nègres. Labourer
& calculer c*e(t la principale fcience de ces peuples. Ces Nègres, les fem-
mes même, calculent de tête les plus grodes iommes,. auffi v~e que nos
plus habiles Arithméticiens avec la plume.
Les Mercredis & les Samedis, le marché qui s'ouvre à un mille de Sabi,
fous des arbres tou~us renemble à une grande foire tous les Marchands
font également accueillis favorites protégés, libres d'acheter ou-de vendra
d'importer ou d'exporter fans avoir aucune gène à fubir. Les Portugais les
François~ les Anglois, les Hollandois ont des. comptoirs autour de la grande
place de Sabi..
Tous les ~oyageurss'accordentà raconter fûr la population immente de
ce pays unique,. des choses qui patoitlent incroyables mais fur le(quell<s on
ne peut rejetrer les détails dans lesquels ils entrent, & qui font <tne preuve
encore vivante de ce que peuvent avoir été les anciennes contrées de l'Orient
dont nous avons parlé & dont les Anciens.vantoient la population. On voit ici
des armées de cent mille hommes, des familles de cent quarante enfans,
des peres qui p!aignent leur tott quand ils n'en ont que cinquante à foi-
xante des villages entiers habités par une feule Famille une traite d'enclaves
qui monte toutes les années à douze mille, fans que le pays en fourbe.
Ceux qui le dite~t (ont en grand nombre & de toute nation d'Europe il
en, e(t de François, comme le Chevalier DES MARCHAIS de Hollandois
comme BosMAM d'Anglois comme PHILLIPS & SNELGRAVB. Des Vice-Rois
fans aurre recours que leurs fils & petits-nis au nombre de deux mille~ïuivis de
leurs Enclaves ont repounc des ennemis puiHans.
Hommes, femmes, enfans, ils ont tous la t~ie rafce & nue dans cec erat~
ils vont à la pluie, au venr, au (oleil, fans en être incommodés ufage qui
leur e(t commun avec les anciens Egyptiens.
Le travail efl leur élément. Un porteur avec un poids de cent livres fur la
tête,
1%
court une journée.entiére.
1

Croira-t-on que les Palais du Roi & des Grands y font meublés avec la!
même magnificence que les Palais d'Europe que leurs tables font fervics avec
ptoMetc que l'uiage des vins de Madère des Canariae d'Erpagtie de
France, y eft trcs'commun qu'on y fait ufage de [hc 5 de-cafïé de choco-
lat, de conjures qu'on y a de fort beau linge de rab!e, des porcelaines
précieuses de la vaiflet!e d'argent: & cela au milieu de tous ces barbares
noirs qui font répandus dans les va~es contrées de l'Afrique
Quel étonnant phénomène & comment dans un espace aufli étroit, une
Nation a-t-e)!e pu devenir fi nombreufc, fi riche, fi policée ?
Ce qu'elle e~, elle le doit à fa riche Agricu!cure &: à fon Commerce que
rien ne gêne. A peine ont-ils récolte, qu'ils labourent & fement le riz,
les pois, le millet, le bled de Turquie, les patates, les ignames font les ob-
jets de leur culture leurs niions font profonds & fur les ados de ces f)l!ons
ils cultivent des melons & dei Icgumes. Pas un pouce de terre inculte à peine
exi~e-t-il des fentiers entre les champs.
Ils (e dehncni de leurs travaux par des concerts, des danfes des exercices,
des)eux d'adreffe. Quelquefois ils travailtent au (on des indrumens & même
en cadence la Munque (emb!e les rendre infatigables & teurs travaux ont
l'air d'une Fête. Nous paroinons, nous, au contraire dit fort bien l'Abbé R.
ignorer que !'i(o!emenr, Ja langueur & l'ennui font les plus cruelles des fa-
tigues, & que le piainr foulage anime & fortifie.
Nous avons cependant en France même des exemples pareils d'une culture
profpere foutenue par les mêmes moyens à deux lieues de cette Capitale fonc
des villages où on ne voir pas un pouce de terrein inculre: le bled le rainn,
les légumes y croinent en abondance les uns à côté des autres les moinons &
les vendanges y font des jours de Fêtes & tous les Dimanches la JeuneMe de
ce Canton acquiert de nouvelles forces par des danfes honnêtes faites fous les
yeux de leurs Parëns, & contre !efquc!s les Chefs ne murmurent point les
mccurs y font telles que tout le territoire eft fous la foi publique fans palinades,
fans mur, fans dcfenfe quelconque.
Un bon Gouvernement agricole, conclut notre Auteur, multiplie les ri.;
cheuesa l'innni, car il tient le tréfor de la Nature toujours ouvert; & plus on
fouille dans ce trésor, plus on y recueille.

DES INITIATIONS en ufage fur les C<~M /<< Guinée.

Les Pays de la Côte d'or ont divers autres ufages qui décélent des rapports
avec d'anciens Navigateurs tels que les Phéniciens. Par exemple, une tête de
bccuffufpendue dans l'intérieur de la cabane parole être la marque difUn~Ive
3e !a Nobleue; ainfi qu'AsTARTE, Déeue des Phéniciens, avoit une tête de
boeuf pour fymbole de ta dignité; &: lorfqu'un Particulier y e(t annobli on y
voit une forte de garde Semblable à la veille des armes de l'ancienne Cheva-
lerie.
M. l'Abbé R. a découvert chez ces Peuples des traces des anciennes Ini-
tiations Egyptiennes & Phéniciennes; ripons très-utiles à ob{erver quelle
qu'en foie la caufe. Il commence par expofer ce qu'ont appercules Voyageurs,
fans avoir pu remonter à l'explication de ce qu'ils voyoienr.
Les Rois de ces Contrées, dit-il, favent que l'inUruction eft un devoir auffi
indifpenfable de la Souveraineté que la protecHon mais ils Semblent être dans
la raune & cruelle opinion qu'elle (utHf à la partie de la Nation qui gouverne
(t on s'en tient au récit des Voyageurs, on croira même que dans le Collège
établi pour les jeunes Citoyens devines remplir les différentes charges de
l'Etat, ils n'apprennent qu'à combattre, danger, pêcher, châtiera chanter
Je ~</ûKg ou les louanges </<' Belli tandis que les leçons de fidélité, d'ui-
<Iu~r!e, de. frugalité d'économie dome~ique de refpec): pour le bien d'au-
trui., commencent en quelque forte à leur nainance, puifqu'à i'impontion des
noms la principale cérémonie connue dans des harangues, qui, par des voeux
en faveur de ces enfans nouveaux nés, rappellent aux afMans ce qu'ils doivenr
leur enfeigner, & ce qu'ils doivent pratiquer eux-mêmes ufages qui ne fbnc
peint l'effet de Peuples barbares. Ces Voyageurs ajoutent qu'âpres cette édu-
cation, un Nègre parfaitement fortné aux exercices de la danfe, de !a chaHe &c.
eft, avec le titre d'AiTbcié de Belli habile à polféder tous les Emplois civils
& EcdcuafUques au lieu que les Quolges ou Idiots qui ont été exclus de cette
Confrérie comme incapables de danfer chanter, &c. ne (auroient être pro-
Mus à aucune charge. Ce feroit donc pour en former des danseurs des
chanteurs, &c. qu'on tiendroit pendant quatre ou cinq ans les jeunes gens
rc~&rmes dans l'enceinte d'un bois fans aucune communication même ave~
leur&parëns &: qu'on leur imprimeroit des ugnes le long du cou pour les
distinguer de ceux qui auront beaucoup mieux appris qu'eux & la pêche & la-
cha(Ïe en les exerçant.
On ne connoît pas mieux les Nations, obferve fort bien notre Auteur, par
les récits des Voyageurs, qu'on connoitroit un édifice par la defcription de
quelques matériaux bruis: danslamaue informe défaits qu'ils ont recueillis,
il faut découvrir ce qu'ils n'ont pas vu, ce qu'ils n'ont pas fu ce qu'ils n'ont
pas même ioupconne par la lettre imparfaite & infidelle il faut découvrir
~efpnt.
L'Ecole de Belli eA manireKement une initiation aux My~cres de la Ret!"«-
gton &de la Politique, femblable à celles dont l'ancien PaganKme nous onre
.des exemples. Lorfqu'aprcs leurs épreuves, les Initiés conduits dans la place
publique exécutent la danie & chantent l'hymne de Belli, de manière quelque-
fois à s'attirer les railleries du Peuples, & (ur-iout des femme: qui crient qu'ils
ont pane leur tems manger du riz, ils n'en fonr pas moins anodes à l'Ordre
religieux ils n'en confervent pas moins le nouveau nem qu'ils ont reçu
leur admidion dans l'Ecole: le Gouvernement ne les juge pas moins propres à
remplir les offices de l'administration. L'oEit du Peuple ne voit que les exer-
cices du corps, & c'ell à ces apparences que le Gouvernement fe propolé de
borner fes vues. Mais<e Peuple ed conduit par Ja jfuperRition le BeUi, pâte
de la compofition du Be!!imo Grand-Prêtre les captive dans la fouminion
rc!igieufe la plus aveugle & la plus profonde & néanmoins le Grand-Prêtre
ne fauroit exercer fon pouvoir fans le confëniement du Rot.
JLes Nègres acculés de vol ou de meurtre &ns qu'it y air de preuves con-
vaincantes du crime, font condamnés à tenir dans !a main le Belli qui s'ils ·
~bnt coupables, y imprime des marques de. feu; ou à avaler une liqueur pré-
parce par le Bettimo, que les innocens rejettent au~B-tôc, tandis que tes cou-
pabtcs ne vomi(ïent que de t'~cume. Une remme &ccufee d'adultère, eft ded.tr
rée innocence fur le ferment qu'elle fait par jB<P~<tro.
L'inuitudon du Belli eil donc le report partequet tes Rois, de concert avec
tes Minières de cette Se~te, gouvernent, les Peuples. Ces MyAeres fe main-
tiennent, non-feulement par les précautions qu'il eft facile de deviner, mais
.encore par l'opinion & l'horreur répandue contre les Sorciers & Magiciens
Suceurs de fang ,innruits par Sora ou le Démon, dans l'art. infernal des en-
chaniemens les Enchanteurs appellés ~7/<, ont le pouvoir de gouverner te
tems & de faire périr tes récoltes & coût homme qui & livre à la mélancolie
qui fuit le commerce du monde,qui ne paro!t pas vivre & penser comme les au~
.nés, court ruque depauer pour BiDi & ceux qu'on accufe de t'être, font im<
pitoyablementmis mort ainu la mort (croit la peine inévitable de l'indip-
~cretion & de tout acte contraire à la domination de Belli & à la perpétuité de
cène inûitution.
ït exifie auHï pour les nUes 6: les femmes un ordre & un noviciat Sem-
blables à ceux de l'autre fexe.
On ne peut donc meconnoïtre ici une defcendance des anciennes initia-
~ions & de l'éducation orientale toujours fondée fur la mutique & fur la danfe.
jLe nom de Betli d'ailleurs a le plus grand rapport avec celui du Soleit enL
Langue
langue Orientale, & la liqueur prépara <? par le Bdtimo rappelle les eaux de
ja!ouue des anciens Hébreux.
Ce qui feroit étonnant, c'eft que rAMque ayant été h.ibuc.- ion~-tenu
par les Sages de l'Egypte & de la Phénicie, elle n'eût con~t-c nul!e part des
tfaces de Tes anciennes infUtutions, & fur-tout dans ces Conrrccs o't t" Phé-
niciens eurent neceflairement des Comptoir:, ou i!sdurempo~c''icufsu.jgcs.
Ajoutons que ces Peuples obfervent les fêtes de la nouvette Lune~ ou des
Neomenies ce jour-là ils He (bur&ent parmi eux aucun Etranger, & ils in.
terrompent leurs travaux. Si on leur en demande la raison,Us diseur que ce
jour e~ un jour de ïang~ & que leur maïs deviendroitrouge s'ils le cutdvoienc.

DES MENINS.
Puisque nous traitons ici de divers rapports des rems modernes avec ceux
de l'Antiquité,&: que nous avons eu occafion de parler de l'éducation des Rois,
dirons un mot de 1'ufage établi, de notre tems de donner des Menins aux B~in-
ces héritiers de la Couronne, de fon origine & de l'utilité dont il pouvoitêire.
Le rapport que ce mot à par hafard avec celui de mener fait regarder les
Menins comme une espèce de conducteurs ou de compagnons, qui ne font
devines qu'a amufer les jeunes Princes & dcs-lors ils deviennent trcs-indiSc-
rens aux Nations. Mais telle ne fut pas l'origine de cet établiuement Me-
nin eA un mot Espagnol qui fignifie enfant les Menins furent dans L'origine
des encans du même âge que les fils de Rois ou de Princes, deflinés non
te< amufer, mais à partager
avec eux leur educadon entière, à an~er aux
mêmes leçons, aux mêmes exercices, aux mêmes amufemehs de-ta, tes plus
grands avantages. Une vive émulation nainoit entre ces jeunes rivaux; elle
étoit fuivie des plus heureux er!eis :un jeune Prince qui,livré à lui-même feferok
peu foucié de s'appliquer & (croit reflé fans talens, devenoit, par ce moyen,
wn grand perfonnage: toujours en prefence il ne lui ctoit plus poutb!e de
perdre (on rems de t'employer mal, ou de contracter de maL'vaines habitu-
des d'ailleurs accoutumé par-là à Ce voir confondu avec nombre d autres ~eune:

gens, il Ce garantiuoit de ce foi orgueil qui fait tant dedeshonncur aux Prin-
ces enfin, les Princes qui naturellement n'ont point d'amis, devenoienr par-
là ~enubies à l'amitié, & ils s'acqueroient autant d'amis pour le reRe de leurs
jours qu'ils avoient eu de Menins or rien de plus fort que ces amttiés con-
tractées d'enfance.
Les Princes obligétaind de vïvrecntbcicté & d'en observer lesLolx,et
~r~. Q
apprenoient à conno!tre les vertus fociales & à les observer d'ailleurs, !n~
truc~on indirecte qu'ils recevoient par celle de leurs Compagnot-s d'étude,de-
vencient pour eux des tenons innnimem plus utiles que celles qu'on leur au-
foit adreuces directement.
H en revenoit également les plus grands avantages pour leurs Compa-
gnons de travaux puisqu'ils en recevoient une éducation vraiment royale,
qu'ils n'auroient pas eue fans cela qu'ils en contractoient des amitiés à de-
meure infiniment confolantes & utiles & qu'ils avoiem fans cène fous les
yeux les meilleurs exemples.
Un érablinement auût raisonnable autH beau, au<ïl utile n'avoir pas
échappé aux anciens Egyptiens pour qui l'éducation étoit tout. Nous en avons
un exemple à jamais mémorable dans'ce qu'ils nous apprennent du Pere du
fameux SefbRris. Ce Roi, à la naiffance de fon fils, ranembta tous les enfans
mates nés le même jour, & les fit tous élever avec le jeune Prince.; accoum-
tnés à fe voir à s'aimer, à ne fe quitter jamais ils devinrent les appuis in6-
bra~abies de la gloire du jeune Prince, & ils le mirent à même d'exécuter ces
grandes actions qui ont rendu fon nom immortel.
Cette éducation eft la feule qui convienne aux Princes, & fur-tout à ceux
qui font faits pour hériter de grands Etats ils doivent avoir de grandes venus,
de grandes connoinances; & comment peuvent-ils les acquérir dans une édu-
cation folitaire & renfermée, où rien n'excite en eux t'émuJarion & ne leur
&it fentir la nécenité de s'innruire & de devenir de grands hommes, & où
de vils flatteurs au contraire ont Je plus grand intérêt de leur faire ïentir que
rien ne leur manque, & qu'en vain ils voudroients'in~ruire ou devenir
tnei!leurs.
Ce que ~e dis ici pour les héritiers des Couronnes n'eft pas moins vrai
pour les entans des Grands, & pour les fils de tout homme en état d'imiter
cet exemple du plus au moins. D'oû vient qu'en générai les fils des hommes
plus opulens font le moins d'honneur à leur nom ou à leur ~tune: P de ce
que leur éducation a été nulle, par cela même qu'eue mt toujours MtaiM ott
privée, & que rien ne leur a fait fentir !a néceu'ité d'être bien élevés.
Nous ne faurions donc trop exhorter ceux qui font en état de faite don~
ner une bonne éducation à leurs enfans de leur auocier toujouys quelques
Camarades en état de fuivre les mêmes tecons ils regagneront au ceotup!e
par les fuccès de leurs- enfans ce qu'il pouroit leur en coûter par cette eAé~
d'adoption.
ADDITION
Sur la ~o~M~ de la par pour la page ei,

Q~tre les pafïages de Xenophon qui no~ apprennent ïndire~emett que


Cyrus conquit réeilemeni la Mcdie par h force des armes, nom venons de
trouver trois padages dans DiODo~ de 5K~B qw le dif~nt expte~ment.
« A~adas, dit-il dan! le fécond Ltvrs de Pibii.othéqHC, celui que !ee
Grecs appeUeM A~yagcs, ayant ~cdé&;tparCtyrnStr5<np)fe ~tt devoht
aux Perfçs Il avp!t dit Ja même cbo~c deuy page? p!u% !n&u~.
~c dans les pxu~s d~ Dipdore intime;, ~< 6' ~M ~< on voir
la fureur dont rut (a!fi Aftyages !or~qu*H eût été forcé de fuir, & la vengtance
cruelle qu'il tira de tous ceux qui !'ay9~M r~dutt cette n~ccOite ce qui ne
rendit fes troupes que plus empre~ces ~f~dre~Cyr.us, au~E dément oc
hun~ain qu'ARvages t'çtQit pe.u,
On peut même atUfer que Diodpre devait cena Ano~doc~ .C'rasïA!,Att;
teur d'une Hiftoire Perfane dont la p~fte eA tr~-Sc~eu~.
SUR LES ~oy~CB~ ~~ro!7A r~ jt.fRf~
Addition J: la /'<~<

Depuis !'impre(non de ce que nous venons de dire (ur les voyages des
Phéniciens autour de l'Afrique nous avons trouvé dans l'Hi~ùire de l'Aca-
démie Royale des Inscriptions & Belles -Lettres pour le Tome VIII, une
Diucrtation de M. l'Abbé PARU fur ces voyages. II cite entre les Modernes
MAR.MOL & DAn'ER même HuET, comme é~nt les premiers qui ont établi
que les Anciens avoient connu &e double ta Çap de Bonnc-Efpérance & fait
le four de l'Afrique.
Il cite ce que rapporte Hérodote du voyage ordonné par Néchao, & dont
nous avons palé.
Il ne laine aucun doure fur ce qui regarde l'expédition d'Eudoxe car nous
n'avions ofé affurer que celui-ci eût fait complettement le tour de l'Afrique
cet Académicien cite donc un Pauage de PoMpomus MELA qui le dit expref-;
fément d'après CoRNEuus NEpos. Un certain Eudoxe, dit Mêla, fuyant, du
M tems de nos Pères,
le Roi d'Egypte Ptolomée Lathyre descendit le Golfe
Arabique & aborda Cadix fuivant le témoignage de Cornélius Nepo~
J
9~
PosiDomus, ami de Pompée, racontoit, fur l'autorité d'Heraclide de P onf,
au'un Mage avoit auure a Ge!on qu'il avoit fait le tebr de l'A&ique.
Cet Académicien eft fort étonné de ce que Pline dit que Hannon avoie
navigué jufques aux extrémités det'Arabie: & it ajoute que PHnë hafarde
z volontiers, & qu'il ne faut pas toujours compter fur lui «: mais il ignoroic
te que nous avons obfervé qu'il s'agit ici d'une Arabie occidentale ain~I
'e'e& l'Académicien qui fe trompe, fans qu'il pût faire autrement.
Il eA persuade que les Phéniciens connurent l'lue de Madagascar, & qu'itt
fappeUerent M~K~ L'Auteur du Périple de la Mer-Rougo dit. qu'ëllc eft
couverte de bois, pleine de fontaines, de rivières, de crocodiles, d'oi~eau<,
de pêcheurs & ces pêcheurs fe fervent encore, comme dans le tems ou l'on
~compofa le Périple, de canots d'une feule piece appellés en grec par cette.
raifon M07!o-.yy~.
11 croit enfin que !e char des Dieux cette haute montagne qui etoit toute
~en feu pendant la nuit & toute couverte de nuages pendant le jour, & à la"
quelle Hannon borna ton expédition depuis Carthage, n'e(t point teCap-verd~.
<nais la montagne d< Sierra liona ( montagne des lions ) qui eft beaucoup~
plus au fud, qui pr~~ente le même phénomène, qu'on appercoit de fort lo<n~
<c <ù commence à peu piet la cute occidentale de Guinée.
B E S S Y M B 0 L E S.
JDf~ ARMOIRIES ET DU BLASON DES ~~C~
1 N TR OD U CT 10 N~
JLt'~MTtQUtTB
nous o~re fans ceffe des Symboles finguliers fùr~esmon-
noies & fur Ces médailles elle nous parle auut de Symboles qu'on placoit fur
tes Boucliers d'Enfeignes ou de marques nationales & de Familles, de
Généalogies, de Hérauts, de devises. On s*e(t très-peu ou point du roat
arrêté fur ces objets perfonne n'a cherche ce qu'ils ngninoienr, dans quelles
vues ils avoient été inventés, le rapport qu'ils pouvoient avoir avec tous ceux
que nous désignons par les mêmes mots. Cependant comment fe flatter de
connoître l'Antiquité, lorsqu'on néglige des détails auHt étendus & qui tien-
nent néceuairement à fan génie fymbolique & allégorique, à ce génie dont
on ne te doutoit presque pas & dont nous femmes peut-être les premiers qui
ayons démontré l'exigence! t~
Cherchons donc quels turent les motifs qui nrent inventer aux Anciens ces
~gures diverfes & qui font fur leurs monnoies & leurs médaiDes difons
'avec quelle fageffe elles ntrentchoiucs; montrons leurs rapports avec d'autres
objets de l'Antiquité & les conséquence: qui en résultent: prouvons qu'i!:
eurent de: fymboles peur chaque Famille, pour chaque Ville, pour chaque
ration qu'ils placoient ces Symboles fur leurs Boucliers, fur leur: Enfeignes~
fur les objers qui leur appartenoient qu'ils les accompagnoieni de devi~es~
qu'ils les diftinguoient par des couleurs; que ces fymboles étoient héréditaires,
que les Hérauts en connoiuoient qu'en un mot notre Blafon moderne ne
renferme rien qui n'ait été connu des Anciens, & que fon nom & ceux de fe:
couleurs nous font tous étrangers, tous venus de l'Orient.
AinH ~e développera de plus en plus le vrai (y~cme de l'Antiquité il bri!-
tera de toute la <agede moderne & fon génie allégorique Ce dégageant de
plus en plus des nuages qui l'onufquotent, il augmentera d'autant nos Itt~
'nt<res fur l'origine de tour.
Nous n'ignorons pas que dans ce moment, nous avons l'air d'être feuls de
notre Sentiment, de Coutenir des vivons dénuées de tout fondement que
rien ne renemb'e plus à des chimeres que de parler d'un Blafon ancien tanc
on eft convaincu que cet Art e(t moderne, qu'il n'a été connu qu'au tems des
Croifades, par la nécefïlté où étoient chaque Guerrier, chaque Chef, chaque
Nation de fe reconno!tre entr'eux & parce que c'e(t alors que les grandes di-
gnités devinrent, de même que les noms, héréditaires dans les Familles; &:
que fans cette hérédité, point de Blafon. Ces idées Cont même te!!ement en-
radnées, & on e(t n fort convaincu de leur vérité, que le ~eut Soupçon dit
contraire ed regardé comme une imagination n abfurde que perfonne n'a
même o~é tenter l'examen de cette queftion.
Les ArmoriaMesont <té les feuls qui ayent e(Ïayé de faire remonter l'ori-
gine du Bla(on à la plus haute antiquité mais on a regardé leurs tentatives
comme un enet de leur prévention ridicule pour leur Art d'ailleurs, ils l'ap-'
puyoient de rai~onnemens ou de prétendue! preuves fi foibles, qu'ils ne pou-
voient faire aucune tentation.
Un Académicien moderne a fait a la vérité un pas en arrière il a fait la
crace au Blafon d'en reculer l'origine de quelques années parce qu'il a trouvé
un monument incontellable de Blafon antérieur au tems qu'on amgne à tbti
invention des-Iors~ le Blafon eft antérieur au!' Croisades dès-lors, il lui a
(a)Iu afrigner une autre caufe. Ce Savant a cru la trouver dans les Tournois;
mais fi dans les Tournois du XIe fiècle on fe (ervoit du B!a(bn, pourquoi ne
s'en feroit-on pas fervi dans les Tournois en ufage avant ce Xi.° fiècle Ce
qui obligea de l'inventer pour ceux ''de ce tems là, ne devoiç il pas
obliger d'en faire ufage pour les antérieurs & d'ailleurs comment & d'a-
près quelles vues les Tournons feuls auroient ils fait inventçr te Blason
toutes tes parties} Quel rapport fi étroit régnoit entre ces objets j; pour que
l'exigence des Tournois conduint à un art donc jufques àce moment il n*Mt(-
toit aucune trace II eit étonnant que des opinions hypothétiques germent <!
r~citement dans les têtes, & qu'on ~e re~u~e à d'autres d'une toute autre force;
nous femmes des êtres bien bicarrés, avec notre prétendue fagefÏe, notre ttn<-
pofanre judiciaire
L'origine du Blafon eft une que~ion de ~it tes faics feuls doivent !a déct"
der, & non des raifonnemens vagues, ou de convenance, qu)ne;d.piyenc
jamais entrer en ligne de compte quand il s'agit de faits.
D'ailleurs, la vérité ne dur jamais dépendre de ce qu'on a dit p~urq~
contre elle prétérit fans ceue contre la rbibleu~ de tes <<W< cpnoj
tre l'ignorance ou la prévention de ceux qui l'attaquent on eft toujours. en«
droit de relever fa caufe lorfqu'on croit avoir de meilleures armes pour &
défenfe.
Ajoutons que l'objet dont nous allons nous occuper, n'eft ni de nmpte
curiofité, ni relatif aux idées plus ou moins favorables que les Modernes fe
forment du Blafon & de la dignir~ des Armoines nous ne cherchons que le?
Aits, des faits vrais, propres à éclaircir la marche de l'esprit humain dans fes
opérations à donner des idées nettes & prccifet de l'Antiquité, à montrer
fes rapports avec les tems Modernes & nous (ommes en état d'offrir à nos
Lecteurs un grand nombre de faits relatifs à ces vues, malgré la perte de tant
de monumens ils conteront, que le B!afon n'eft rentt ni du hazard ni
des tems modernes, maisla fuite naturelle & necenaife du Génie AH~gorique
des Anciens, & des motifs qui les conduifireiit à ce ge~re qu'it nous eft venu
de rOrient avec fes noms qn'H faifoit portion de la fcience des Hérauts que
~cs couleurs font absolument Orientales qu'il fervoit comme de nos jours à
diMnguer les Empires les Villes les Fami!tes,. les Guerriers qu'aine notre
Blafon moderne n'eft que l'ancien perfectionne plus étendu ou dcngn~ par
d'autres dénominations.
Noas espérons même qae !or~;u'on aura parcouru ce que noas avons
dire on fera étonné de la !egeretc avec laquelle on (e permettoit de prononcer
ïa-deuus, & comment il a pu arriver qwe jufques ici perfonne n'eut fauemb~
tout ce qui s'eïï: transis de l'Antiquité jufques à nous fur la dinincHon des
Familles furie droit de Bouclier, fur celui des Images & des couleurs, fur
les Hérauts d'Armes, fur les Monumens Blafoniques fëmblablesaux nôtres~
fur l'impofitbilite que dans un fiècle de fer ~e de barbarie, tel que le XIe. on
eût invente un art quelconque, bien moins celui du Blafon & que M dans ce
tems-là on le vit paro!tre avec une nouvelle force, ce ne fut que par une
application particulière d'un art déjà exiftant que cette application particu-
liere ne créa point, & que ce ne fut qu'une Cïtennon qu'on a grand tort de
confondre avec ton invention,
PLAN G É N É R A L.
A t iN de mettre quelqu'ordre dans tout ce que nous avons à exposer fut
ccne matiere abondante, nous !e diviferons en trois Parties rotatives aux
trois objets principaux fur lesquels on plaçoit ces (ymboles, & aux trois fortes
de droits qui ,en réfultoient droit de Bouclier, droit d'Enseigne, droit de
Monnoie.
Dans la premiere Partie nous traiterons des Symboles Armoriaux en gê-
nera!, de leur origine, de leur droit, & en particulier du droit de Bouclier,
du rapport de ces Symboles avec leur objet, &c.
Dans la deuxième, des couleurs de ces Symboles du droit d'Enfeignes
(ur lesquelles elles fe plaçoient, des noms & de l'origine de ces couleurs, de
lems rapports avec leurs objets, fur-tour des Hérauts qui en connoifloient.
Dans la croineme des Symboles relativement aux Monnoies & en par.
~iculier du droit des Monnoies, de la nature des objets repréfentés fur !e<
Monnoies antérieures aux Rois Grecs & aux Empereurs Romains quand 6c
comment on changea ces objets & de quelques Monnoies dont jufques ici
on n'avoit pu par cette raifon découvrir e Pays ou le Peuple auquel cUcs ap~
pMtMoienh

PARTIE 1.
P A R T îE I.
Des Symboles Armoriaux en général, du droit de Bouclier 6' rapport des
Symboles «yfe leur objet.
ARTICLE I.
JMb~yjtf~ ~o~r~~ ~~r~~fjE~A~ ~r jri* ~f~cfjf.
'Y* ~ORSQUZ M. de FoNCBMAGNE voulut
prouver que te Blafon étoit anté-
rieur aux Croifades (i) & qu'il remontoit au tems des Tournois, il s'ap-
puya d'un monument b!a(bnne antérieur de vingt-trois ans à la première
Croifade. C'eR un fceau de Robert I. Comte de Ftandres, attaché à une char-
tre de l'an 1071. & rapporte par le P. MABH.LOM dans fa Diplomatique.
Robert y eft représente à cheval, tenant d'une main une épée & de l'autre
un écu fur lequel eA un lion.
Or il eft digne de remarque que le lion compofe encore aujourd'hui les
armes de ces Provinces & nous verrons dans la fuite que ce Roi des ani-
maux fut le fymbole des Celtes, fur-tout des Celtes-Belgiques.
Mais certainement ce ne fut pas Robert qui fut l'inventeur de cet u(age:
il eA donc plus ancien que le XIe ncc!e.
Et comme au tems des Tournois il n'y eut que ceux qui avoient !c droit
d'armet, en qui on tes regardât comme héréditaires, il y avoir donc anié-
rieurement des Armoiries parfaitement Semblables à ceUes de notre tems, <!
n'en: qu'elles n'a~roient pas été rferéditaires, ce qui eft
ce encore une erreur;
L'effentiel en; donc de remonter du XIe fiècle aux précédens par la même
Marche.
i.CïAccoNius, PANviMtus, &c. rapportent diverses Armoiries de Papes
antérieures aux Croifades: le P. MzNETRnR les rejette comme taunes, parce,
dit-H que les Armoiries ne font en u(agc que depuis l'an ï ico. C'eA ainfi
qu'on déraifbnne, lerfqu'on s'e~ forgé un ïyftême qui tombe en ruines de
toutes parts, <c qu'on ne vcur cependant pas abandonner.
). Après la bataille de Saucour, au IX~ fiècle, gagnée par Louis III fur les
Normands, ce Prince a!!a vinier, dit-on, WifFRBY le Velu, Comte de

( t )M~motre< des Infor. &. B. L. T. XVHI.


/~< Fu/n, 7. R
Barcelonne, qui avoit été bte(Ïe dans le combat: Louis, charmé de ra valeur;
de Ces Cervices de (es vertus t'anura de fa reconnoiuance le Comte Ce borna
à lui demander des armes qui nffent connaître à la potence ce qui venoir de
~e palfer. A l'inflant, le Roi trempe ).e doigt dans le rang de Ces plaies en trace

quatre traits en ~brme de pals fur !'Eeu du Comte, qui étoir d'or, & lui dit
Co/K~,<'<?~ro7!~ ~'c~J/or/M~ vos <ïr/ncj de-là, cellcs des Comtes de Barce-
lonne, &: ensuite des Rois d'Arragon qui font d'or à ~a<«r< ~< de gueules.
C'e(t à ce Wir!rey que commence la Généalogie héréditaire des Comtes de
Barcelonne, & que remontent ainfi les Armoiries de cette Province.
M. Du Crûs, ( Mem. de l'Acad. des Infcr. & B. L. T. XIX ) a~ure qae
les Druides portoient pour Armoiries dans leurs enseignes,
<f
D'azur à la couchée du ferpent d'argent, Surmontée d'un Gui de chêne
garni de Ces gtands de nnopte." Symbole digne de remarque &: par Ces cou-
leurs & par (es caractères, relatifs aux Druides, vrai monument BlaConique.
Ce même Académicien ajoute, qge les habitaus d'Autun qui fe prétendent
defcendus des Druides, portent dans leurs Armes; "de gueule à trois Cerpens
ennetacés d'argent, qui (e mordent la queue, au chef d'azur, chargé do
deux tcres de lion arrachées. M la

y. Les Fouilles de la Ville Romaine qui étoic en Champagne fur ta montagne


du Chanter, & qui a été découverte par M GRIGNON nous orfrent un mo-
nument bhfbnné d'autant plus antérieur aux X~ & XIe fiècles, que cette Ville
fut détruite par les Rarbares vers le IV~ ou le Ve necle de notre Ere. Ce mo-
nument &: (es conséquences n'ont pas échappé à M. Grignon.
Sur un fragment de va(es, dit il, (pag. ccxxi) « ed une e(péce de mo(a't-
que en relief; elle cil formée par des cordons circulaires parallèles & e(pacés
» régutièrement, les intervalles (ont divi(es en petits écu(Ïon!quarrés, féparés
» par des traits perpendiculaires. Ces écu(Tons (ont remplis de différens (ujcis
de Blafon. Dans tes uns des traies perpendiculaires & paraUcte: figurent le
M gue~e dans'd'autres, des traits obliques tirés de droite à gauche, repré-
M fentenr le nnopte. Le
pourpre e(l exprimé dans d'autres par des traits tiret
M de gauche à droite. L'on voit dans quelques-uns
une e(pcce de merlette;i
M dans d'autres, des btilcues pofées
par deux deux 8~ deux ennn on re-
« marque d.~us~autres un fautoir entre les branches duquel (ont rcpréfentés
» des croiftans, des ronds & des fleurons. Ce témoignage irréprochable de
t'annquité des figures tyniboliques des Armoiries, prouve !<) (olidité du
'X) (enrimenr de Chorier, qui dir qu'il y auroit de t'ignorance à croire que

les Romains aient entièrement manqué d'Armoiries, &c."


Il exifte des Médailles très- remarquables de la Ville de Mefïine, & *dn
tems où elles'appelloit Zancle,ce quiremonte à une haure antiquité. A leur'
revers en: une coquille placée entre deux portes, au milieu d'un champ feint
de mofaïque formé par des carreaux ou losanges d'argent bruni & d'argent
demeure dans fa coultur naturel)?. Ce qui eft un vrai monument Blafonique.
Le type préfente un Dauphin, &: te nom de la ville.
D'ORViLi.E en a inféré deux pareilles dans fa Description de la Sicile &:
BiANcoNi en a fait ufage dans fes Diflertations fur la Langue primitive. Perfonne
ne s'eû élevé contret'authenticite de ce monument. Nous l'avons inféré dans
notre première Planche, n°. III.
7. En voici un autre non moins fmgulier, qu'on doit à M. de CAYLUs ( t)
c'eA un bronze d'une gravure en creux très-prononcée. On voit une porte
y
au milieu d'un pan de muraille tres-folide, & telle qu'il croit néceffaire pour
porter trois Tours crénelées.
Il nous apprend en même tems qu'il a été trouvé à Rome en t7~,
à foixante pieds de profondeur. « Il étoit donc très-ancien conctut-it d'ait~
leurs, la gravure a, felon lui toutes les marques d'une vraie Antique. «
Et appercevant très-bien les confcquences qui en re(u!roienr, il ajoure: Les
ARMOIRIES Ceroient donc plus AnciEhfNES que les Croifàdcs d'ail-
leurs, les principes d'une fcience font toujours plus ancisns que la fcience;
? l'homme n'a rien trouvé d'abord de complet. C'eft le n°. II. de notre
Planche première.
8. Dans le même Vo!ume(i) on trouve une p!aque d'argent que cet e(H-
mable Auteurregarde auut comme une vraie Antique,& qui eft un monument
du même genre. On y voit un Amour de relief le champ en eft feint de mo-
faïque formé par des carreaux ou lofanges d'argent bruni,~ d'argent demeure
dans Ta couleur naturelle. C'eft le n°. I. de la même Pt. première.
9. Dans le Volume IL ( Pl. XII. ) eft rcpréfenté un Gyps .Egyptien qui
cronna ce Comte; il afiure en même tems qu'il en: unique & qu'on ne
trouve rien de pareil dans les Antiquités Egyptiennes.
« Ce Gyps, dit-it, e(t de i Pouces lignes de
haut il eft charge d'hie-
rogtyphcs en creux il a trois faces & elles ne Cont qu'une répétition t'une
M de l'autre ainfi, qui en décrit une les décrit toutes trois. Ettes contiennenc
M douze compartimens l'un fur l'autre. Les
fept premiers ont pour ujpports

()) Recueil d'Antiquités, T. IV. PI. ci n°. (s) Planche nxx n°. 4.
R ij
M deuxhommes, un de chaque côté: la plupart armés d'ut~e lance, ou pfutoc
M d'un bâton
comme celui d'Ofiris. Les cinq autres avoieni (urement des Cup-
ports, car leur place correfpondante s'y trouve i vuide; ou l'ouvrage n'a
M pas
été achevé, ou ces fupports ont été enaces avec le rems ,etanc en re-
» lief, à la différence du milieu ou du fond, qui étant en creux n'a pu s'a!"
tcrcr.M
Ce Monument triangulaire & compofé fur chaque face de douze compaf-
timens, en tout ) avec des Ofiris, fe rapporte, peut être, à l'année Egyp-
tienne, compofce de trois faifons, formant douze mois, & chaque mois divi~
en trois dixaines de jours,ce qui donne trenic-ux dtvifionspourt'annee entière~
fur lefquelles prendoient autant de Divinités Pairones ou de Decans, Génies
protecteurs dont on trouve fouvent les noms fur les Abraxas.
On auroit donc ici tes Symboles de ces Génies ces compardmens renferment
en ef!tt des figures femblables à celles du Blafon des bâtons dentelés ou ef-
pèces de fcies des cols d'oifeaux, des chevrons allongés des Cerpens déties,.
des fruits ronds un oi(eau dans chaque compartiment d~nste XI" un oi-
seau votant tous caractères armoriaux, ainfi que tes fupports.
Observons en même tems. qu'il n'eft aucune de ces figures qui ne fé re~
trouve fur les autres monumens Egyptiens., même fur les Obctitques.
10. A ces divers Exemples nous pouvons ajouter l'aveu d'un (avanc
Evêque, Philippe à TuRM, qui dans. fes. Monumens de l'ancien Larium~
x
(p. 19-31 ) après avoir nié Je rapport de notre Blafon moderne avec l'Anti-
quité, eft cependant obligé de faire une exception en faveur des Armes par-
~/M, dont il avoit appercudes traits chez les anciens Romains n frappans,
qu'il étoit très-étonné qu'ils eunent pu échapper au P.. Ménétrier & à tous
ceux qui ont traité de ces objet! or, ces Armes parlantes étoient femblables.
aux modernes, & elles étoient héréditaires. Voilà. donc dans l'Antiquité, des
.Armoiries héréditaires de l'aveu d'un Savant distingue qui avoit cependant
embraue le fyMme que nous combattons mais il ignoroit que les Armes
furent prefque toujours parlantes & que l'Antiquité enriere eu eH remplie
comme nous le ferons voir dans un grand défait.
Mais puifque l'Antiquité eut des Symboles, ou Armoiries qui diftiiiguoient7
les Villes, les Etats, les Familles, qui étoientcara<3:cfuees par des couleurs & par
des devifes, qui fepta~oient fur les boucliers ou fur les ecus& fur les Bannières,
qui étoient héréditaires, qui, en un mot, étoient conformes à ce qui s'ob-
ferve de notre tems à cet égard, la connoinance de ces objets ne peut que
j~pandre plus de lumière fur les tems anciens ~c en même tem! fut tou~ nos.
~ges correfpondans à ceux-là en
montrant leurs rapports entr'eux & avec
la Nature. ~Ainn, !e détail dans lequel
nous allons entrer fur ces Symboles on
fur le Blafon fera une nouvelle confirmation du grand Principe du Monde
Primitif, que tout fut puifé dans ia Nature & dicte par le befoin.

A R T 1 C L E II.
O~fe~y~ Droit d'Armoiries des ~-M~o/fj~j; ce ~'<~
<f//o~ Ty~/c~Vf~ CM~n/<~nM.

De M ~M'ÛM doit entendre ~W le mot C~ y~.

~'Hi~o!re des anciens Romains présente ~ans cène t'expre~Ion d'InsiGmA


CïNTiuM ou Armoiries des Familles
pour défigner les Symboles qui dt&.
"nguoient chaque Famille & chaque homme membre de ce qu'on appe!<-
loit ~Mj,& qui étoittui-même
par contequent Ao'HO CM~/M ~~r~-
G~M~. Maisquedoit-on entendre par lesmots deGFNS, GENTES, InGEN&«~
iNsiGNiA ? On comprend
que leur explication, eft indifpenfable pour répandre
du jour fur !es objets donr il s'agir.
Le mot de GENS e~ plus renerré que celui d'~c/no cefui-ci convenoir à.
tous les hommes celui-là à une ctaue privilégiée d'hommes. Il étoit en me-
me tems oppofë à. celui. de PER-EGRiNi ou Etrangers.
Ces limites fixent nécelfairemem ridée qu'on doit attacher au mot C<
GENS eH l'homme de la terre, le Propriétaire auquel appartient le canton
qui le couvre de fes troupeaux, de tes moifibns, qui y reçoit les Etrangers
ceux qui onc befoin d'échanger leur indu~rie contre fes denrées qui y en-
tretient un nombreux dome~ique pour la confervation de fa famille, de fes en-
fans, de ~on ménage, de fes troupeaux, de fes biens, pour la culture de fa
ferre des falariés dans tons les genres pour tous les arts dont l'agriculture <t
Befoin, Forgerons, Bûcherons Charpentiers, &c. Aum eft-il appellé Ge-ENs
9
l'homme de la terre, le matire, le proptietaire par oppofition à E-GENMj, le
pauvre, l'homme qui eft fans terre & àPeR-EGRiNUs celui qui n'appar-
tient pas à la terre, qui y c~ reçu ou qui ne fait qu'y paner.
Ce mot fignifia enfuite, non-feulement le propriétaire en particulier, mai~
~famitle cntiere ;retuemble de ceux qui de père en fils avoient poncde 1~
même terre. GENsF<~M, Gens
neUenne, comme nous difons la
C~ ~o~o~ la
Ajf-t~/OT! de
hGent Fabienne, la
~«t/u/!
Gent Cor-
de Yalois,
bonne maifon.
Ce mot tient à. une nombfeute famille Grecque & Latine en GEn, relative
a l'idée de produire de créer, de cuttiver: ainft on dit

EN GREC

GEM<:<<,
race. GoNe, la famille.
GtN</er, pere. GN~oj, légitime.
GE!NO/ produire. Eu"GEN~,nobieiTc.
GoNuj, fécond. GEM<;<t-LoGt'< Erat qui contre !t
GuNe, remme, mère de r;tmi!!e. famiile la nat~aoce, le droit a
la ferre,

EN LATIN:
GEHM) race, ~mi!te, efpcce. iN.GEN/Kw, l'habileté !e génie avec
GENM/, j'ai produit. lequel on &icvaloit: terre.
GEH~or,pe)'e. «. In-GE~M-t, l'homme libre, l'home
GE~ mère. me qui nenràGENs,
GE~~KJ produir. lN-GENH~< qualirc d'un !iom*
GEN/Rj,q[utp)'cnde aux pro- me libre membre d'une GENS.
du6:ions; IN-GENS, va~p étendu çonnder~
Le Génie qui tes invente. ble,
Le Génie qui les conferve.

1°.
P/'W/JjM ceux qu'on appelloit G E

Chaque GENS avoir donc fa terre (a propriété ton monde on (on peu-
ple il eut donc en même rems fon Dieu turélaire, tes Aucek, fes Enseignes,
le droic de vie &r de more fur tout ce qui lui a.ppartenoic, par cela même qu'il
étoit indépendant. En un mot, c'en. le même personnage que l'Hi~oire Orien-
tale nous peine fous le titre de Patriarche. Tel étoit Abraham qui dans une
occanon importante arma trois cent perfonnes de là maison. Ils ccoient ainG
Princes, Pontifes & Juges fur leur terrain.
Chaque Maifon ou Famille pareille avoit fes Dieux, appellés PENATES
d<nst'0ccident, TnE~ApmM dans l'Orient: on les tranrportoit avec foi, oC
on têt. regardoit comme l'appui inébranlable de la Famille, comme ion P~"
ladium.
Devant ces Dieux,étoit t'Autet fut lequel on entretenoit perpétuellement !e
feu (acre on ne pouvoit (e pader d'un pareil feu dans l'Antiquité: le jour il
fervoit à tous les betoms dome~iques, la nuit à diffiper l'horreur des ténèbre!.
Emblême de la Divinité, c'ecoit en fa prefence qu'on s'acquhroic du Culte re-
ligieux là conservation anuroit la perpétuité de ce Culte & i'efperance que
la Divinité cominueroit à répandre Ces bienfaits fur de pareils adorateurs. Il
éroit placé à t'enircedela maifbn, qui en porta le nom de ~?~K/c, on
PLACE DU Feu sAcRE, afin que chacun pût en prontec même ceux qui reP
toient dans les cours.
Enfin ces Maîtres de ta terre avoient le droit de vie & de mort, puifque
ce droit découloit de leur puiflance &: que maires abfblus, ils ne voyoient
perfonne au-def!us d'eux.
3'.
~oy! ou Confédération de ~&~M/ GENIES ou Familles Propriétaires.
Lorfqu'avec le tems diverses Familles-Propriétaires fe trouvèrent voinnes
les unes des autres, leur intérêt commun les obligea de fe réunir: :a!or!e!tes
formèrent une Confédération un Erar qui avoir fon Chef, fon Auret, Ces
Symboles, fon Chef- lieu ou l'on délibéroit de rintcrec de tous.
Le CHiF n'cro:t qu'un P~ir entre fes Egaux ces 'Egaux étoient les Chefs
des FcuniHes-Proprtcraires ce)ies-d confervoienr tous leurs anciens droits.
Cnacpie Chef-tien étoit en mëtné tems un tieu~ï~pouir t'avantage de tous
avec un droit d'acte:ainn tl (e peuptoit en peu de tems d'une multitude de
perfonnes fans terfes qui venoient chercher quetqu'occupanon, quelque
t~oyen d'échanger leur indu~rie contre les denr6és necenaires à leur inbut-
tonr~
L'Erar croit donc compof de quarre <ones de Perfbnnes. y
ï o; Le Chef de l'Etat appellé Roi Prcreur Connut, ~c.
i". Les FamUte&-Propncra!res qu'on appella Nob!es,ou Pamc!enne?..
Les Domeniques,SefvttCt!rs, gens à cages de ces Familles.
Le Peuple qui \ivoic dans le Chef lieu fous la protection duMagi~rat
des Loix, & qm ~tbd~oit par les Arts ou travaux mechaniques.
Ces Etats s'appelloient RspUBuquES c'en-à-dire, Républiques à !â Poto-
coife où l'autorité ett entre les mains des Grands Propriétaires, & o~ tout !c
fefie e(t Serf (ans aucune part à l'Adminifiration fauf quelques villes libres.
En effet, toute l'Autorité civile & religieufe éroit entre les mains des Fa-
milles Patriciennes; elles avoient rouf, le Peuple n'avoir ni Ve~ibute ni Pé-
nases, ni Enseigne: ni Sacerdoce, ni droit de vie & de mort: qu'en eût'ii
fait 2

Les Familles Patriciennes poffédoient donc ces droits de par la Nature


elles ne les avoient point ufurpés: elles ne pouvoient pas ne pas les avoir elles
ne les tinrent pas même de Romulus ou du premier Roi de Rome; mais d'ettes-
mêmes de leur Chef qui avoit eu le courage de fe rbrnter une grande pro-
priété, en défrichant un grand terrein en le mettant en rapport par une
grande industrie une grande application, de très-grandes avances & qui
poneda naturellement tous les droits auxquels ces avances lui donnerent lieu
de prétendre.
Tous ces droits furent députes les uns après les autres aux Patriciens de
Rome peu s'en faut que nos Historiens ne les traitent à cet égard comme
des usurpateurs cependant, fi on ne part pas des principes que nous établir-
ions ici, on ne pourra que s'égarer dans ta difcuCion des longues disputes qui
a'c!evcrenc à ce fujet entre le Peuple &: les Patriciens.

1 I.

De ~<M autres droits des Familles .A~M; du droit ~r.ffCyT~


~< « ~M'p~ doit <~t~re par ce ~o~.
Chacune de ces grandes Familles eut neceuairement une marque nmp!e
conftante poux Ce difinguer des autres, pour faire reconno~tre fes troupeaux,
fes denrées, fes marchandises, fcs contrats de vente, d'achats, d'échange, fes
Faveurs, fes Envoyés, tes Cardes, fes Troupes elle les gravoit fur fon (ceau
ou Ces cachets elle les plaçoit fur les Boucliers, fur les Enseignes, fur tous
les objets o~cnnbles relatifs à fon exiAence, à fa grandeur, à fa pompe, à tout
ce qui pouvoir lui attirer la conudération~ l'ettime, le refpeû: du Public.
On font parfaitement que torique ces Marques, ces Symboles eurent été
établis par un Chef de Famille, ils furent transmis de pere en fils ils devin-

FamiUe..
rent ainfi !esSymbotes,iesJn~aM, les EnfeignesauxqueHes on reconnoi~-
~it confiamment cette
H en fut de même pour chaque Etat, chaque Ville, chaque peup!e ils eu-
rent également leurs marques caractéristiques, leurs Symboles fimples, conftans,
& auxquels on reconnoitloit fans peine ce qui venoit de leur part ce à quoi
ils avoient mis leur fanctioR.
Ce font ces marques, ces Symboles qu'on appella iN-StGNiA < chofes
mifes en f!gne pour fervir de ~)gne.
I! y eutiNsicNi A C< les Symbotes de la Maifon, de !aFami!!e & iNStcuiA
C<M~, les Symboles des Familles reunies, de la Nation. Ce mot Ce forma
du primitif SEM ou SEGN, marque, (ymbole, d'où le ~tin SiçNU~, ~Ene
Yaldois un~~ marque ftu* le vi(age, tache,

Droit ~.T~CM 6- de CB~< 6<.


Ces Familles eurent en même tems le droit de Généalogie ce droit n*cto!c
renet ni de la vanité, ni de la curiofité, quoique ces (entimens n'en ayencquc
trop éré la cuite c'éroit reSet de la ncceûttc, dei'ob!igMion de conftacecie
droit qu'on avoit à fa terre par fa naiflance & par les grandes avances de tes
Ancêtres, dont on devait recueillir les fruits, en continuant les mêmes .travaux.
Afin que ces Généalogies tunent plus certaines, plus inicreuantes, on y
aioutoir l'image de fes Ancêtres /l'image de ces Hommes diûingucs dont l'ac,.
tivité indu~rieu(e avoir créé le terrein de la Famille dont le génie avoit ~ic
na~re les Arts, encouragé les talens multiplié les richelfes donné lieu à une
population prospère & nombreuse & dont !a vue dévoie animer leurs de<cen-
dans à marcher fur leurs traces, à ne leur être inférieurs en rien à maintenir, par
des travaux pareils, ces grands avantages dont ils jouiftbient; convaincus qu'on
~Mnnniment coupable dès qu'on dégénère de la gloire de fes Ancêtres &
qu'on fait un mauvais ufage des biens préparés poude triomphe de la vertu &
pour la perfcAion des Arts & de l'humanité.
II n'eft donc point étonnant que nous trouvions des Généalogies dès la plus
~aute Antiquité chez les Peuples Agricoles ce qui le feroit~c'eO: qu'on n'en
.trouvât aucune trace chez eux.

.P~<M~ ~cgMr&f.

L'Hiftoire Romaine nous parle d'un droit d'Augures qui r.'apparteuoit


r~: T. l. s
qu'aux Patriciens & qui leur fur également enlevé par le Peuple. Il n'ett pa~
difficile de remonter à l'origine de ce droit, & de faire voir comment il étoir
borne à ce Corps.
Le mot Au-GuRE, compote du mot CuR, action d'observer, & du mot Att
qui dengne ï*. le (bune, l'air, ~t*. les oifeaux qui habitent fair, deHgna dans
l'origine l'ob(ervati<~ du ciel, des aftres, du tems. Cette observation eft de
toute necefïttc pour un grand Propriétaire, pour les Cultivateurs de la~errer
leurs opérations doivent être dirigées par l'air, par les vents, par le ciel par
lès ~fons & doivent être distribuées en jours de travail ~c en jours de Fêtes.
Les Propriétaires, les GESTES furent donc necenaircmenE autant d'Augures.,
autant d'Obfervateurs autant d'Indicateurs vivans du Calendrier ruflique.
Cet ufage des Augures devint plus conndérable dans la confédération de
pluneurs Familles on obferva le tems pour favoir s'il permettoit ou non de'
s~nemb!cr en rafe-campagne pour les délibérations communes.: ce droit etoip
tics umple, trc~-nature!.
Il dégénéra enfuire en nmpîe formalité, puisque dans toute Anembtce tes:
formes deviennent indispensables par cela feu! qu'elles exifient, & qu'il y auroi~
trop d'inconvcniens a les changer.
Dans la fuite, ces formes, ce droit d'Augure devinrent une arme dans'
fa main des Patriciens contre le Peuple qui travailloit à les dépouiller de toue
dès qu'Hs appercevoient que le Peuple alloit remporter le delfus, ils rompoienc
J'Ancmbtee, <bu!! prétexte que les augures, les rbrmalitM avoient été mal prises
& qu'ainfi la délibération feroit illégitime mais il n'avoit point été établi dans
cette vue ni par aucun motif de (uper(tttton, d'ignorance ou d'orgueil t~-
tanuique.
IIL
~A~MMM ~<ÏfM~ C~<~H<r<J.~MO/M <Ï7!~<MyM aux /!o~<ÏMJ..

ï.
Ces d!(Hnctiont de rangs, ces droits.de grands Propriétaires, cette gradat!oa'
en ufage che~ tes Romains, ecani atnn dl'3:ée par !a Nature même, ne peut être
bornée à ce Peuple elle dur fe trouver, & elle Ce trouva en effet chez tous les
Peuples del'Antiqmtc; it ne fera pas difficile de s'en affurer dès qu'on partira.
des principes que nous venons d'établir.
Nous voyons dans les Armées les plus anciennes chez les Cananéens
deux mi!!e ans avant notre Ere, chez !cs Anytiens les Babyloniens, les Pecfes.~
les Lydiens, les Egyptiens chez les Grecs & les Troyens, dansées Poëmes
d'Homère, trois fortes de Combattant.
Ceux qui étoienc montes fur des chars ceux qui fe battoient à cheval; ceux
qui fervoient à pied.
Ceci fuppo~e trois fortes de rangs dans tous ces Etats, rangs tous donnés par
la Nature & non par le caprice ou la rantaine d'un Léginaieur ,d'un Defpote,
d'un Monarque.
Ceux qui avoient droit de char, étoient les Grands Propriétaires les Hé-
ros, les Princes du pays ils avoient ce droit de par la Nature, qui leur ren-
doit les chars néceflaires & qui leur donnoit les moyens de les entretenir.
Ceux qui alloient à cheval, étoient des Propriétaires moins riches ou plus
jeunes ils étoient auezopulens pour avoir un cheval; ils ne l'étoienc pas afie~
pour avoir tout l'attirail qu'cntramoit à fa fuite le droit de char.
Le peuple qui ne pouvoit entretenir ni chars, ni chevaux, alloit à pied.
La même divifion que nous trouvons à Rome, étoit donc établie égale-
ment chez tous les Peuples Agricoles il étoic même impoOlbte qu'elle ne le
f&t pas ~& lorfque toute trace directe nous en e& dérobée par le tems, l'état!
contant de leurs armées en eft une preuve authentique.
Nous y retrouvons les P«/r~<M~ de Rome ceux qui avoient le droit de
chars ou de chaife curule; les Chevaliers ou l'Ordrt-Equettrej qui avoient le
4roit de cheval; & les f«~M, ou les FamaiEns, les Piétons.

<-<
DrM~ e~~ les /HM~MM G'r<e~MM.

tes Républiques Grecques nous ottrent les mêmes divinons ce qui n'e~
~)as étonnant ,puHqu'iI étoit impodible qu'elles n'cxutafÏent pas dans ces Ré--
publiques.
éroient appellés Eu-P~TRiDEs

dignité.
Ceux que Rome appelloit P~nc/MJ
Athènes on trouve ce nom dans une Loi de cette Ville rapportée par PoT-
TER (i). C'e(t le même nom me<-<ï-wct, les excellens Peres mais nom
expreSIf, de quelque manière qu'on l'envisage, relativement à la. naif&nce,
au bien, à la
Ces grands Propriétaires étoient Patriciens Peres. nourriciers de la Rét

(t) Acchzot. Graec. p. i}~.


S ij
publique relativement à tan«t~<tne< en tant qu'i!s defcendoient. de ceux qn!
avoient rpndé le territotre, qui t'avoient mis en rapport, qui faveient cou-
vert de richetÏes, & qu'ils prouvo!ent cette filiation par leurs Symboles.
Ils l'étoient quant au bien car par leurs foins renaiuoient fans ceue fe<
fécottes qui fairoient le revenu & ta force de t'Etat.
Ils t'étoient quant à la ~n<~ parce qu'eux feuls ayant droit de Magiftra-
ture, de Sacerdoce, de protection, ils devenoient les Peres & les défenfeurs
nés de la chofe publique.
AufII étoient-ils appellés à Rome P~rM-P~r/c/<, les Peres Protecteurs &:
nourriciers de la Patrie. Ce titre ne fut pas !'e8et d'une vaine & orgueilleufe
difUnetion n peignoit leur état & leurs devcirs.
PLUTARQUE nous a confervé une Loi trcs-remarquabîe qu'on attribuoit i
Théfee, a ce Prince qui fut, à ce qu'on prétend, le fondateur ou te reftaurafeur
d'Athènes. Il divi(a dit cet Historien, les Citoyens en troi! c!a(ïes, Patri-
c!ens. Cultivateurs ofArdfans, diftingués par leur dignité, par !euru[i!iM,
t
par leur indu~rie. On connoiffoit donc déjà dans ces tems reculés un ordre
économique donné par la Nature elle même. La première de ces clalfes po~c-*
doir,exc!u{tvemen[ aux autres, la Magi~rarure & îe Sacerdoce, & à elle appar-*
tenoit l'interprétation des Loix civiles & religieufes. Et cela devoit ~tre ain~,
puifque toutes ces choies réfuttoient de la Nature même.
Auni, dans Athènes comme à Rome ces privilèges occanonncrent fe$
plus grands troubles, lorfque des FamiUes qui n'avoient point eu de part à
cette confédération primitive voulurent jouir des mêmes droits en vertu des
tichenes & de la puifÏance à laquelle elles éroient parvenues depuis lors. C'eA
pour terminer de pareilles dinennons, qu'Ariuide, au rapport de P!uiarque
ouvrit l'entrée des charges à tous les citoyens d'Athènes, de même qu'on
raccorda au peuple dans Rome.

De /'0n<?/on,
Le droit de Sacnnce ou le Sacerdoce, fut donc dans toute !'Ant}qu!té, ïo~
(fparab!e du droit de commander, puifque l'un & l'autre réfultoient de la qua-
lité de Propriéraire, du droit de Famitte.
En Egypte, dès la plus haute Antiquité, l'Ordre des Prctret & celui des
B-ois & des grands Seigneurs, n'en fornioient qu'un fous le nom de ~<H oo
~0~5~, le même que le & le Can des peuples du Nord, nés du pd-~
tn!tif~M, qui dengna toujours la puiCfance & qui exiHe encore en Anglois
& dans d'autres Langues qui tient au mot Canne appui, &c. AuCi to~c
Roi d'Egypte élu dans l'Ordre des Soldats, étoit oblige de Ce faire recevoir dans
l'Ordre des Ken; fans cela il n'eût pu commander aux Nobles,il n'auroit eu
ni droit d'Augure ni droit de Sacerdoce; & comme cette inauguration fe
faifoit au moyen de l'Onction, de-là le droic d'Onction, & le nom d'<?<
donnés aux Rois.
Ces ufages fe font tranfmisjufques à nous. Les Empereurs d'Allemagne
font revêtus )e jour de leur couronnement d'une fouiane d'une aube blan-
che & d'un manteau qui renembte à la chape des Chantres. Leur couronne
eft une efpcce de mitre femblable au bonnet du Grand-Prêtre des Hébreux.
Les Rois de France, le jour de leur Sacre font entrer dans leur habille-
ment presque toutes les picces qui composent celui d'un* Prêtre le Manteau
Royal dans fon ancienne forme, étoit une véritable chafuble & ils reçoivent
l'Onction..
Les Rois de Pologne font vêtus ~acerdotalement le jour qu'on les couroiine,
& c'eft dans cet habit qu'ils fontenfevetis..
Il en étoit de même en Ethiopie, chez les Pertes, chez les Druides; par-
tout le Sacerdoce étoit réuni a la Magi~rature.
Les Princes d'0/~<t en Cilicie étoient Rois &: Souverains Pontifes. Les
premiers Rois de Rome rcunidbient les mêmes prérogatives auSi le Chef
du Sacerdoce étôir. appelle. Roi ~«er~M..
ngninoit également Prince & Prê-
En Egypte & chez les Hébreux,
tre. Le titre de A~ d'on où de !aVi!!e du Sofeit, (e rend ainfi, tantôt
par le nom de Prince d'On, tantôt par celui de Prêtre d'On.
Le nom de -Kf~ eft donné à trois fils de David, qu'on a rendu tidicu-
lement par c'eiui de Prêtres.
'4°.-
Droits y«~ les
r
Les Peuples Celtes étoient divifes de la même manière. NITHARD dit que

&c..
<hez les Saxons on voyoit divcrtes c!anes d'habitans.
Les ~t~j, ou Nobles; du mot JE~ Nobte, Grand.
Les Fr~M~j, les Libres, les Francs ce que nous appelions Bourgeois;
jtuTier~Etat,
~M J~~ on ~jSrandus.
Ce qui ïuppo~e les serfs, espèce d'hommes formant le bien des Nobles;
~eur patrimoine, & qui ne raifbient point partie de la Nation.
a
Un panage d'ÂTHENM, ( Liv. IV, chap. t < ) relatif aux Feflins des G~u.
't<a6, nous apprend qu'i! y avoit parmi eux divers rangs nous avons déjà vu
'~que les Druides étoient les MagMrats, les Juges & !es Prêtres de cette Na~.
tion ils avaient au"de(Ïous d'eux la daf!e des Militaires ceux-d avoient
le droit de boudier. Les Convives, dit donc Athénée ont derrière eu~
j,
K des fervans d'armes qui tiennent leurs
bouctiers.
Ceci nous fait remonter aux tems tes plus anden! car dans ces tems les
<ncEurs ne changeoient pas.
Chez let J.OMBARDS, les Serfs n'avoient pas le droit de bouclier, ils ne
louvoient aUer à la guerre, elle leur ctoit dejfendue c'efi ce que nous voyons
<tans PAUt. DtACRE, Liv. L ch. IX. C'étoieM donc les Propriétaires, ceux
qui avoient droit de boucHer, qui feuls avoient !e droit d'Armes: on retrouve
en eux tous les caractères de la Nobiefte Françoife.
Le droit de guerre ~roit ceUement ôté aux Serfs dès les tems héroïques,
que tout prifonnier le perdoif c'ctoit ce qu'il y avoit de plus terrible pjo~r
<iù){ dans leur captivité & par ta mcme raifbn, armer un E&tave c'étoijc t$
«Lectare~ a~rranchi, lui donner le rang de Citoyen.

JE~M~ du mot G~ «J«~ ~w .~o~/c~ Z.o~<<r.

Nou< J&v:u]t: Comte Dom CARn RuBM, No"


devons, au )fe:(pe~a.t;)!~ ~i!s du
MeYeniHen, connotS~Me d'un Monumcac ~ui donne tes mêmes tef~fats
tt e& tu~ des Vpy~e~ du ï?o~!eu~ Taz~,ETii, Médecin du Gfand-Dtte, te
*Carde de la Bibliothéque de Magliabecchi, féconde Edttioo Florence 176~~
LeMic dont il s'agit eh au Tome premter, page 8 S. Ce (avant Voyageur nous
apprend que fur t'Architrave de la porte de l'Egtife de Monterappoli, Village utu~
fur une des collines dtia.e~-ott voiccetccL~iption en caractères bar-;
~aret trèa-nna! confervee:
.Ann.I~om.MCt.XV.Ecm~bu! fcrira
Mai~e.r Bonfen C!ipeusdextràquiprobus
exGenteLombarda.r.P&cK.cu(to$
tunu.
Au deffus de l'Infcripdon eh une main droire, dextra, dont les. tro~}tre-
D~efs ~oigs font çrendu~~ & les deux autres'p~: ce~e n~n. qw eï<Mt
doute fur le bouclier ( c/~<H~ ~re) de ce Bo~stM, preax (probus ) de race
Lombarde (ex C< Zo/n~r~), vena des environs du Pô ( i*<ï<~ ).
Ici on obferve que le Docteuc LAMi dans !esyoa~<~ Z,t~r~r~ Flo-
17 1, a expliqué ce Monument d'une maniete ton heureufe, & propre à.
répandre du jour fur l'Antiquité des Armoiries; puisqu'on reconnoidoic alors
pour Nobles, des FamiHcs descendues des Lombards anciens Conquérons du
Pays: auHl le nom de LoMBABD va de pair avec celui de Noble & de fils de
ï
Chevalier dans les Sraturyde Pinède Pan :<~ Livre premier, rubrique to~.
Ces mots de .P/<M ex C<n~ Z<o~<ï démonrrent qu'on confervoit les
preuves de la descendance des FarniHes Nobtes; Mes Armoiries dont ces mot~
~onc accompagnés
ne !ainent aucun doute qu'elles ne fuirent une des preuve?
de cette defcendance; & que par confequenc leur ufage remonte rorc au-deià'
de Fepoque, qu'on ne lui afHgne ordinairement, que parce qu'on ne connoi~
~K rien d'antérieur.

A R T 1 C LE III.
i,
I~~O/T DE ~O~CZ7~~
r" Ce Droit ~~M~e <&<A~e< ~o~/f.
<

Ï.es Propriétaires, les Citoyens avèrent donc le droit d'armes, & ils favoieM
a l'e~duuon de tout autre eux (eu!s etoient intcrefÏcs à la détente de leur
territoire, de la chofe pabtique: eux feuls avoient le droit de bouclier, de
!'Ecu. Ainft cette arme detenttve devint le Symbole par excellence des Ci-
toyens, desProptieMires, des Mitres de là. terre. Etre No~te, ou porter !ô
bouclier furent des mon (ynonymes.
Aunt troif-ce un déshonneur, un anronc <an~!anc que rien ne pouvait hvef,
de revenir de t'Armée faas boudier. On connoîr le mot d'une Lacedcmonienne
qui dit à fon nts, en t'armant de ~on bouclier pour le combat avec ceci ou
fur ceci. Celui qui revenoit i~ns bouclier (arn res armes éroit auui desho~
nore qu'un Régiment qui revient Cuis ~e! drapeaux: L'un Se l'autre étant regardé
«mune des marques ditUncHves, on étoit en quelque &c<m dégrada par la
négligence avec laquelle onavoit cornbatfupourlesfauver. îl en etoitde même
che%tous les Celtes chez ces Peuples guerrier3 revenir fans armes, ou être
deshonoré étoit une feule &Lmeme chofe. C«:i ésoit fon,dc en tailbn c.u?
y. ¡;.41.
c'étoit avoir préfère <on falut à la défende commune, au bien de la Patrie: fa
guerre. fe citant alors pour le bien pubiic~ & non pour une fb!de que!conque,
on ne connoiuoit que de généreux guerriers des Défenfeurs de la chofe
publique, & non des Soldats qui ne peuvent avoir ies mêmes motifs de bien
6ure,

Le Bouclier chargé de Symboles ou <f~c<ytM.

Mais puifque le Bouclier étoit le Symbole difHn<fde !aNob!etIe, du Guer-


ner-Propriétatre, en devoit non-~feulemenc en faire le plus grand cas, mais )~
charger d'ornemens divers, & fur-tout peindre fur fon champ les Armoiries
dp la Famille dont on étoit membre. Ceci croit d'ailleurs d'autant plus nece~
faire, que par eux-mêmes tous les boucliers fereuembtoient: qu'il falloit donc
que chacun mît 6 marque particuliere fur fon bouclier pour le reconnoltret
3". C~ ~r~o/r~~ étoient hérlditaires.
Virgile décrivant les armes d'AvE~TfN un des Rois contre Jefquels Enec
fut obligé de combattre, die M Jl porre fur fon Boucu~R le figne héréditaire
(/t;j armes) de fes Ancêtres, un ferpenc à plufieurs têtes <t.
Clypeoque inugne Paternum
Cenium angues, cindamque getit ferpentibus hydram,
<t~
~077/J Grelots fufpendus aux ~OMf/
~"On <u(pendoit autH aux boucliers, des (unnetMS pour augmentera terreur,
dit-on, pour répandre fallarme plutôt pour animer les chevaux de bataille,
& pour s'étourdir foi menne fur le bruit du combats C'e~ par les marnes raifons
qu'ancienRement en France même, les caparaçons des chevaux da tournois &
de bataille etoient garnis de clochettes & de grelots entremêlés. Il n'eft donc
pas etoKnant que le bouclier de Tydée, un des.Heios qui adiegerent Thebes,
iÛt garni de fonneties d-'airain..
jC'eu: par cette même raison que les Grecs, pour dire qu'un cheval n'étoit
pas aguerri, difbient qu'il n'avoir pas ouï le bruit de ta fbnnette ( t ).

ScholMe d'ArMophane, Coméd. des Grenouilles,


ZACSARït
ZACHAMB(ï) parle des foiinettes qu'on mettoit à la bride des chevaux
pour les accoutumer au bruit. Les Anciens avoient un goat particulier pour ce
genre de Manque. Perfonne n'ignore que les Orientaux, fur-tout les Dames,
les Rois Mes Grands-Pontes garnitïbient le bas de leurs robes, de Connettes
&:degrenades. Le Voyageur A~viEUx raconte (t) que dans FOfientles rem<
mes des Emirs ont le même ufage, afin qu'on ait le rems de fc retirer quand
on eA près des lieux où elles doivent paner.

Fc&c//<'r~ry<M~ Palladium.
N'omettons pas un ufage remarquable des boucliers dont on n't point vu
la caufe, ôc qu'on a attribué à une fupern:ition ridicule.
Le bouclier étant une arme défenfive, on le regarda comme le ~ymbote
de la longue durée d'un Efat~ comme un gage de fon bonheur, comme un
Palladium à l'abri duquel on pouvoit dormir fans crainte. D'ailleurs, c'etoit la
place du fymbole ou des Armes de l'Etat on le fufpendoit par conséquent dans
les Temples, au haut des tours, fur les murs des Villes & des Edinces publier
Et ces boucliers étoient facrés, puifqu'ils éroient relatifs à la chofe publique.
C'eft par cette raison que Rome étoit fous la protection de XII boucliers
consacres par ~a/n~ & dont celui qui avoit fervi de modele aux autres étoit
descendu du Ciel, c'eA-à-dire, avoit été formé à l'imitation du Difque du Soleil.
Les Romains ne firent en cela qu'imiter des Ufages Orientaux. Roboam,
61s de Salomon, avoir long-tems auparavant fufpendu XII boucliers d'or puç
dans le Temple de Jérusalem boucliers qui furent enlevés par Sc~ac, Roi d'JE"
gypte, dans fon expédition cuntre les Rois de l'Orient.
Ces boucliers facrés étoient defcendus & portes en cérémonie lorsqu'on
devoit déclarer la guerre. C'ed ce qu'on appelloit Moyer< arma, mouvoir te~
armes: expreŒon peu connue, & dont on n'a pas tiré les conféquences qui en
réfulcent. Il arrivoit même dans ces occanons qu'au lieu de ~e fervir du mot
générique armes, on employoit le nom du figne particulier qui les compo&it:
ïi ces Armoiries étoient composes, par exemple, du foleil, du croiuanc, d'un
tys,&c. on difoit qu'on avoir mû ou ébranlé le croiuant, le Soleil, les lys. S'en
rendre maître, c'étoit les arrêter car on ne les portoit plus à la tête des Ac-
mées on ne pouvoir ,plus les mouvoir.
Le Bouclier étoit regardé également comme le fymbole de la prote~on

(t) Ch~p.XIV.io. (t)Chap. XVII,


divine. Audi Minerve eft armée de l'Egide, Bouclier redoutable que lui a rem!<
Jupiter. Junon eft également armée du Bouclier ~nc< non-feulement chez
tes Sabins, mais aufH à Argos & à Rome. C'eft par la même raifon qu'il y eut
des Boucliers facrés dans cette derniere Ville & chez d'autres Peuples Bou-
cliers confiés à Rome aux Prêtres Saliens, qui s'en (ervoient dans leurs danfes
ocrées pour l'ouverture de l'année.
Les Pocres facrés fe font fervis des mêmes expre~uons & des mêmes pen(ee?
ils appellent la Divinité leur Bouclier, leur enfeigne, leur rocher inébranlable.
I I.
.Pr<MW ~7«~ ~<ï<~<j pour établir que les Inlignia des Anciens Mrr<~o/t~n<
~<tr/~<f«HM< aux ~f/MOtrMj modernes.

DtcTYs de Crète dit que les Troupes de Memnon qui vinrent au recours
des Troyens, (e diflinguoient par leurs iNStG~iÀ leurs livrées & que tous
les environs de Troie Ctoieni refptendiuans de t'ectac de tous ces fymboles.
STRABON tes appeIte~pf-~JM~, Symboles, Armoiries (du mot fem, ligne)
~o~e/, Hgnes mis fur les armes il ajoute que les Cariens en avoient appris
furage aux Grecs (t). HERODOTE avoit déja dit la même cho(e (t.).
Ce fait eft remarquable' il connrme l'origine que nous avons arguée
aux Armoiries. Ces Cariens ne font point le Peaple particulier de la Carie,
peuple groffier & barbare mais une ctane d'hommes par lesquels nous avons
de~à prouve ailleurs qu*on entendoit les Laboureurs ou !es'Proprieraires;te mot
CAR~ CAR«, dengnant primitivement le labourage, d'ou/C~A, .~c~x,
"~e~EA~ un champ, & J-C~e, un Laboureur. Tels font les Cariens inventeurs
des Armoiries & Maires des Grecs en ce genre.
VnGH.E fait dire à Corebe ( Eneid. Liv. II. ) » changeons de boucliers avec
<*
les Grecs (tués) & approprions-nous leurs Symbole:.
Mutemus clypeos Danaumque iNSieNiA nobis,
s
Aptemus.
ït eA vrai qu'on peut entendre ceci des Symboles nationaux, & non d'At-
p!oirMs de Familles voici donc d'autres détails.
t.
Jn/~M ~AJtf~, ~C7!yWM.
Il n'efi pas di~cife de faire voir que les mots Infignia & ~m«, Arme:

(.t; $trab. p. ~l. (i) Liv. 1. ,y,.


étoient Farfaitement Synonymes de même qu'en François le mot ~y~M de-:
figne les Armoiries, parce qu'on portoit celles-ci (ur Ces Armes.
MEMAi-A CoRviNUs voulant expliquer à .l'Empereur Vatentintcn ce veM
du premier Livre de l'Enéide
AB.MÀQ.uEFixitTto}a,
qui termine ceux-ci
HictamennHeurbemParavi~edefquetocavit,
Teucrorum & genti nomen dedit.
It rend le premier de ces mots,<c!ui d'n«
par ZT/~M ou Armoït!e< en J

forte que cette phratc e(t relative à celte de <n<w<y<'j «nn~ <y~<~rycnycMc,
fes Armoiries. Voici le paOage entier:
fufpendit nam /'o/? <~f?<t/n /n//<-
« 7n Templis, arma Infigne armorum
fM/n Mor</yH< mt/t~a* mos fuit fufpendere arma. Ideo arma fixit TireM,
Troia fuit inter «f~n«~J<~?~<<. ~rmo/'tt~ ïa/<,</Zyi<jM.
Mllfoipendit, dit-il., dans les Temples les armes & le. fymbole des AcJ
» mes cat~eî~~ue la guerre Ctoit terminée, l'ufage étoit d'yrenfermer les ar<
mes ainfi il fufpendit (t)tes armes
Troyennes Troie fut donc entre les ar-
mes placées dans les Temple:: l'Armorial de Ces armes étpit un cochon une
truie M. Pauage que nous aurons occanon de rappeUer plus bas.

Le mot d'M~e retrouve dans Virgile pour défigner des Armoirict.


« Ceins in puppibus, dit-il arma Ca~ci
On voyoit fur la poupe élevée, les armoiries de Cateus
Le CoRBEAO que portoient <ur !eur caïque les de(cendan<de M. Vatcrîut'
dont on ditoit qu'il avoit vaincu un Gaulois par le moyen d'un Corbeau étoir-
un Symbole hcreditaire,& relatif à ce que ronappeMeCc~~r.
XENOPHON dans le IVe. Livre des HeUeniques, rapporte que les Habitans
d'Argos voyant venir à eux des Troupes qui portoient Cur leurs boucliers les
Armoiries des Sicyoniens. furent radures, parce que les Sicyoniens étoient
leurs Alliés: mais que Paumaque s'écria par les Dieux Frères ( i) ( C~or ~c
Pollux) Argiens, ces Armes vous trompent.

(t) JMot-a-mM, U arrêta, il &cha. (t) J~ot-mot, par les deux Dieux.
Tij
.r
Le D~AGon étoit un Symbole trés-commun dans fAntiquité c*eS celui
des Chinois à Rome, c'ttoit celui de: Cohortes La perfonne qui tua. Lyfan-
dr~porcoit un Dragon fur fon bouclier ;c'e(t par cette raifon que FOracle lui
avoit dit, à ce qu'on anure, de Ce garantir d'un Dragen. Le même Symbole
compotoit les Armoiries d'Epaminondas & celles de Cadjmus; aMÏE avoit-on
peint cet animal fur leur tombe.
Mais entre les padagcs les plus célèbre! de l'Antiquité (ur cette matière r
on doit mettre ce que nous apprennent EseHYLB & EuMpiDB à l'égard des
Symboles & des Devifes que les fept Héros Grecs qui marcacBent au Siége-
d&ThcbeStpprtojient(uf!eursboucuers.
Lprsïnemeque ce<aprceau d'Hi~qire feroit. fabuleux il demontreroit.
que !ong-tems avant ces Poëtes les boucliers étoient décorés de Symboles <&
de Devifes.

y
Boucliers. des. Sept <~<M/ It~Mt
'ËscHYl.B e~ îë premier qui nous ait transmis les figures (ymbo!!ques & !et
devifes que ces tept Princes portoient fur leurs boucliers.
.TYBH avoit fur fon bouclier limage de la nuit le fond étoit noir,. ~eme
d'Cteiles d'or au milieu pareiuoit la Lune.
CApA~EB un Promethée la torche à la main, avec ces mocs, r~~r~
/«M/<o'j.
ETEoci-t, un foldat qui monte à raifaut, & pour devife, ~«rj~<Ma<
M'~r~tfo~ y<
~pï'pJctEfCM~Typhee vomiCaat des-nammes; le re&e du bouclier rempit.
de-ieipen:.
r
P~RTHENorM ~.Ïe Sphinx qui ecra~ un Thebain fous les pieds.
ÂMPHiARAus, n'a ni Symbole ni devise rmais fon fils ~/cn~o~ a; un Dfa"
gon fur fbn bouclier dans la Ville. Ode des Pythiques de Piiidart. Si.ce Prince
porte un bouclier tout uni, c'e~ qu'il fe contentoic, dit Efchyl~ lui-même~
d'être jfagë&~aillànt, fans chercher à le paroltre.
M II ne cherche pas à paroitre le meilleur, mais à l'être
Qualité auffi rare qu'eaimable, & qui donne une grande idée de ce Punce~
mais par queimalnem: étoit-il fi mal aubcie~
t
Pbï.YMcE avoit pour Symbole la Dcefle de la ?uRi<e qui îe mené par !a.
main chargé de tes armes & pré: à combattre, avec ces mots, /< r~MM~M.
C'e& en Fa faveur que fe &i<ok ce Scge pour le rétablir fur le Trône de Thc-
bes contre ton frere Efeoc!e.
EuRiMM, loin de critiquer (on rivât fur ces Symboles Ce ces devises comme'
contraires au coftume da tenas, marche fur tes mêmes traces; mais au lieu de
cet Symboles & de ces devifes qui fe rapportoient à l'expédition contre Thè-
bes, il leur donne du moins pour quelques-uns, tes fymboles qu~ils portotenc
Mn~amment, comme !'avoit déja vuM. l'Abbé FKAOuiBR. (ï).
TycEE avoit fur fon Ecu la dépouille d'un Lion~
CAPANBB, un Géant qui porte la terre fur fes épaules, & qui fa fecoue~
AcRASTE, bcau'-pere de Po!ynicc,fubAitue ici à Eteoc!e,une Hydre dont
tes (erpens enlèvent du haut des murs les en&ns des Thcbains,
HtproM~Don,Argu&avec tous fes yeux.
PAN.TKBNopzE, Aratante & mère qui tue'à coups de Heches le Sanglier
4'Etotie.
PotYNicH les Cavafes qui déchirèrent Glaucus.
Et ce qui eft très-remarquabte eeftqu'Euripide observe également de tte
peine attribuer de fymbole à Amphiarau: preuve qu'en~ tout ceci, lui & E~'
chyle ntivoîenc exad'ement la vericc,
Efchyte nous offre un quinzième bouclier dans celui d*Hyperbiut qu'Eteo-
<!e frere de Polynice, oppofe à Hippomedon & qui avoit pour fymbole lu-
piter armé de ~budce~
Les fymboles qu'Etchyîe attribue à Jes Hero:, font tous menacans contre
Thèbes: (ur-tout celui deTydée lx nuit étant dansFAntiquite l'Emblème du
mauvais Génie de la de(trud:ion, de la mort meme~
On retrouve la peau dw lion, fymbole de ce Roi dans utt0rac!e rapporté
par EusTATHE(t); & qui ordonna àAdraO.e de marier (es deux filles, !'une
~un /!o<t, l'autre-à un /~n~<ry EutTATHE dit qu'en conféquence ce Prince
tes donna à Tydée & à Polynice.

(!) M<m.del'Aca<I. JesInfc.SeB.L.T.1~


~t) CMHncntairc! fur l'Uiade, p. 48~. E.
ARTICLE IV.
O&fCjrj~z ~f~MOf~f~
I.
Elle eurent, ~oM;pa~ une r~n.
Aucun peuple, aucune ville, aucun particulier ne Ce choifit des Armo!rie:
au hafard elles furent conftamment relatives à quelqu'objet incéreuant pour
ceux qui les adoptoienr.
C'étoient ou des Armes relatives au nom de ces Particuliers ou de ces Peu-
ples, des .~M.f/w/<MW, comme on les appelle ordinairement, ou des Ar-
mes rotatives à la fituation de ces peuples.
Aux principales productions de leur territoire.
A leurs Divinités tutélaires..
A celles de leur Mere-Patrie ou du Prince dont ils re!evoienc. Que!que-
fois à la plûpart de ces objets, lor(que le nom ctoit choisi de maniere à les
embrafter tous ou la p!us grande partie.
Ce qui confirme parfaitement nos principes, qu'aucun nom ne fut jamais
impofé au hafard, qu'il eut toujours une fignification intrinteque & relative à
l'objet auquel on rimpofpit;& qu'en reuniuant toutes ces chofes on retrou-
vera toujours & !a caufe de ces noms & celle des Armotrïcs & des Symbo-
les dont ils font accompagnés.
II'
~AME~ P~~JL~NrE~.
On eil généralement dans l'idée que les Armes parlantes dengnent une
Hobkne très moderne, qu'elles font même très fufpeûes j'ai vu fouvent
tourner en dérifion fur ce vain prétexte la Nob!ef!e de Familles qui étoient
inconteftablement d'une antiquité très-reculée qui avoient même donné lieu
à des Ordres de Chevalerie dans des tems anciens, & dans des tems où peut-
être n'exi~oieni pas celles des individus qui les mephfbient c'eO: ainfi que l'i-
gnorance imbécille travedit toutes chofes, voit prefque toujours de travers.
H faudroir d'après ce faux raisonnement, contraire à tour principe, rejetcerla
Nobleflë d'un grand nombre d'iitufires Famil!es, même de Pays con~dcrabîes
de l'Europe; car on en pourroit citer une multitude dont les Armoiries fpnc
parlantes en voici quelques-unes par ordre Alphabétique.
A.
ARBAi-ESTE, Vicomte de Melun, d'or au fautoir engrcdede fable, accom-
pagné de quatre Arbalètes de gueules.
ApBAi-ESTE, autre Famille du même nom, d'azur à trois Arbalètes d'or.
AK6U!i.ï.ARA en Italie, deux Anguilles d'azur en fautoir à la bordure dente'
lée d'argent d. gueules.
B.

BAR, deux bars adules d'or.


BARBtAu en bourgogne, coupe aux deux de gueules à deux barbeaux
d'or confrontés en chevron.
DtL Bosco, coupe de gueules & d'or à un arbre fec ébranché brochant
fur le tout.
BouHiER, à Dijon, d'azur au bceuf d'or.
BoucAi.LAc, d'azur au bouc d'argent.
Bouc de GAUM, de gueules à trois boucs d'argent ongles oc accornés d'oc.
BABSLM,
BtRNE,
en We~phalie ,1 des ours.
BBRMONT.
Baern, a l'ours de fable accolle & bouclé d'or Bern lignifie un ours,
BELET, une belette d'or.

n
BRocARD, en Bourgogne, d'azur à trois brocards d'or, etpcce de cerr.
BEVERFONDE, enWe~phalic,?
en
BiBRA, en Franco~e,
d
j
or au cattor rampant de
<L
j fable.
rt<
GRETER von BtBtRACH en Souabe, de gueules à la bande d'argent char-
gée d'un caftor couronne.
Bever & F/~c~ ugninenr un ca~or.
BERBisY, la plus ancienne Maifon de Dijon, d'azur à une brebis d'argent.
7<7Mn<, une fyrene échevelée; dans une de Ces mains un peigne, de l'autre un
miroir lequel tenant fervoit d'Armoiries à la Maifon de Poidonnier tondue
dans celle-ci par remme.
BEARM d'or à deux vaches de gueules accornées, accollees & clarinces
d'azur. On croit qu'elles font relatives à la fertilité des terres mais plutôt à
caufë des Armes de PAU, Capitale du Béarn, qui a une vache pour Armo!.
ries parlantes..
BtsciA, en Italie, un Serpent.
Le B<EUF, en Bretagne, de gueules au boeafpauanc d'or la queue paC~
entre les jambes & relevée fur le dos.

CASTEi-u, en ha!ie,
CASTti.i.B en Efpagne f
?
un
C.

chateax.
CHASTEAU-PERs, un château d'azur.
CHAT dit Pteûts, en Bretagne,~
La CHETARMZ, un
chu.
CHAï'FARDOK, J
CATZEM ou Katzen, dans le Duché de la Marck, d'azar au jchat e~aroach~
d'argent, tenant jentre Ces dents une Souris de fable.
LaCHEVALtMEauMaine, de gueules au cheval e~aye d'argent.
CHEVAUER, d'azura trois Cheva~ers d'argent, efpece d'oifeaux.
DuC-HESNE, d'azur au dicntengtaatc d'or au chef d'argent, charge de
<fois étoiles de gueute.
CHABOT, d'or à trois chabots <tegueu!e<
CABRZ Rot~BMAYRB, d'azur~Ia chèvre faillante d'argent.
CANin-Ac, d'Auv.ergtae., d'argent au lévrier rampant de (able accoMe
~'or.
CRtQU!) d'or au créquier de gueu!cs, jk parfois écartelé de France à la
tour d'argent. Le créquier en Picard fignifie un prunier fauvage & fan &uu:
iS'appette croque.
CouRT, de Bourgogne un cheval paCant.
CHAUVBUN, d'argent au chou de nnopie, !a tige entortilice d'un ~erpeM
<d'or de ,MM, chou, & wZMû, venin.
~CmMi.ïT, un ïerpcnt mordant fa queue.
CnwiM, d'où le Pape Marcel II. d'azur au CERr d'argent couché fur une
~erraCe de unop!e appuyé à quatre épis de bled d'or.
CoGUONE ancienne & noble Maison de Bergame d'argent coupé de
cueutes à trois paire de te~icules de l'un en l'autre.
~HissER~T ancienne Maison de Dijon, d'azur à trois pois chiches co<R<
~'<M'~ ~<rM partis d'argent~ à .troM jtctes de Nègres couronnée~

~CARDONM~
F
CARDONNE, en Efpagne trois chardons.
CAsTANEA en Italie, dont Urbain Vil. une châtaigne.
Coi.oNNE, une colonne.
D.
DAupHiKS un dauphin.
DELpHiMi, à Venift, d'azur à trois dauphins d'or mis en fa(ce.
DEI.PHIN!, à Florence, d'argent parti d'azur, à trois dauphins de t'Uti
en l'autre mis en &~ce.
DRAc, d'or, au dragon de finople couronne de gueules.
D'EspEtGNE de VeneveHes, parti au premier d'azur au peigne d'argent mit
en &(cc au deuxième, (es aUiances.
De EccLESiA, une E~tife.
· F.

FPETAP.T, porte de gueules freté d'argent.


FALAISE de unopte à une falaife d'or moune de ~nopte..
FOUGERES, en Bretagne, d'or à une plante de fougere de Cinople.
FRES! (du), d'or au ~re~ne de ~nopte.
FERRiEREs, des fers à cheval.
FRAGUHR, trois rrai~. ·
Fi.EsstNGU E Ville de Hollande, une bouteille couronnée de~A, bouceiHc.

G.
GALICE, un calice.
GRENADE (Royaume de), d'argent a la grenade de gueules feuillée de
~inopte.
GENAS, en Dauphiné, d'or au geneft de nHop!e.
La GouriLiERs, d'argent à trois renards d'azur; ~o~/ugninant autrerb~
renard.
GIGLIO, a Rome deux loirs de CJM~ loir.
H.
Des HAYES, au Maine d'azur à trois haies mortes d'or.
HERSY, d'azur à troisherfes d'or.
HASEM (de) en Silène, d'atur à un lièvre ccurant, en bande.
t
HASEUER, en Franconie, d'azur au lièvre courant, eu barde d'argent.
HASENBURG, en Allemagne, d'azur en lièvre courant, en bande d'or
To/M. I. v
écartelé d'or à une hure de fanglier de fable. F~/M ri,,nifiaiit en Allemand
fen lignifiant Alleman&.
lièvre.
L.
Lvo~ (du) La Cave, d'or au lion de gueules.

LoUBENS.
JLoUVET.
LoUVIERS.
ou VIERS.
i
LAuziEMs de Themineï, d'argent à un ozier de nnop!e.
Le Loup.

t) t Un
~ï t
toup dans !eurs
t
dans Armotnes,
LunAD MoncaSIn.
CHANIE-LoU.
GRATE-Lour, de gueules au loup rampant d'or, au bras & main d'argeM
en batre~ qui lui gratte le dos.
LEON en Espagne un lion.
LuNA, en Espagne, un croinant efchiquece.
M.
Mo~TpESAT, de guêpes à la balance d'or.
MAILLY, d'or à trois maillets de finopie dans la branche amee & à l'Ecu:
<n coeur.
Dans la deuxiéme branche, tes trois maillets font de gueule.
Dans la troiueme d'azur.
Dans la quatr~me de fable.
MARTEi., Comte de Fontaines, de gueules a.trois marteaux d'argent;
MASSE, en Dauphiné, d'or à trois mafÏes de fable.
MuTEi., de gueules à trois bekites d'or; de MM/?</«, belette.
MùRAHD, d'azur à trois cormorans d'or.
MAupEou d'azur au porc-épic d'or.
N.
NoGARET, d'argent à un noyer de unople, !e noyer & !e gueret font de<
fignes par le champ de l'écu &: par fou arbre.
No.41LLES,. d'or fem~ de noy~x de cerifes, avec la queue de gueules, an.
loup raviflani de même.
0.
OURciERM., un ours,.
p.
PALMIER, Seigneur de la BafUe, d'azur à trois pa!mes d'or.
PONT-BRIANT d'azur au ponc à trois arches.
PONTHEAU-DE-MER, un pont.
PINARD, trois pommes de pin.
PALUMBARA, en Italie, un colombier.
PADELLA, en Erpagne, trois poëles à frire.
PELLEVB, en Normandie, de gueules à une tcte humaine d'argent, le
poil levé d'or.
PEN-MARK ancien en Bretagne, d'azur à une tête & col de chevat d'or,
animée & bradée de fable.
PERRtER (du) en Dauphine, d'or au poirier de nnop!e !e fruit d'or.
PHENIS, (de) en Limouzin, d'azur au phénix, fur un bûcher allumé d'or,
Surmonte d'un (oteit de même.
Poi-iER., un coq, de Pau, en Valdois & Auvergnac, un Coy.
PoNTEVEs, en Provence, de gueules au Pont de deux arches d'or, ma-
çonné de fable.
P O R C.
PoRC (le) d'or, au fanglier de fable.
PORCELET, en Provence, d'or au porc de fable.
PoR.cELos, en Efpagne, d'or à une porque de fable fur une terrau~ mo~
irante de la pointe de nnop!e.
POISSON.
Maifon fondue dans celle de Berbify Syrcne eche'
POISSONNIER une
vctce d'une main un peigne de l'autre un miroir.
D'autres familles ont les mêmes Armoiries.
L'EsTANG (de)
LE PoissoN, le premier deux poiuons les deux autres, trois.
LE MEUSNIER
R.
RENARDIERE (!a),
un renard, de même que pour MoNT'REGNARDj;
& pour FuscHEN en Franconie, nom Allemand du renard.
RoQUEi.AupE, d'azur à trois rocs d'Echiquier d'argent.
RocHETTEs
en Vetay d'azur à trois rocs d'Echiquier d'or.
RoquETAiLLE, rocher coupé en deux.
VIJ
RouvERE, d'o~ le Pape 5ixie IV, d'azur au chêne d'or.
RoupE (du) en Languedoc, d'azur au chêne de quatre branches pafïeet
en fautoir englanté d'or.
Du vieux mot Roure & /!oM~c, une chêne.
S.
SANGLIER, d'or au fangtier de fable.
LE VER (d~-P<r, & BER t~ngiier ), rro!s (angtiers.
SALM de gueules à deux Saumons adofles d'or.
SApiN, d'azur au <apin d'or.
SARDiGN!, d'azur à trois fardines d'argent, t t en pa!.
LA SAùLSA~t, d'argent à trois faules de finople.
SicEN-HEiM, en Bohême, de gueules à trois cigognes d'argent, accolées
d'une couronne"d'argent.
Sons, en Efpagnc un foleil.
..SoMNËN-BtRG, en Allemagnc, un ~b!eitnaiuant d'une montagne.
SPIEGEL, en Allemagne, un miroir; du Latin j~e~/Mw.
T.
TABOUREAu un Tambour.
TANGUES, d'or à la tanche de gueules mife en pal ï., t.
TAsis, en Efpagne un tenon.
TRistoi., en Bretagne, d'azur à trois fbteits d'or: ce nom ugninantMM
/0/<~J.
'LA TouR de TURENNE, & tous les LATouR, une tour.
,TEUFEL en Allemagne, un diable.
V.
UM Canton Suine d'or au rencontre de bune de fable accorne & bou-
7'M< Suine, t'epee & le poignard côte, tonnant un
cle de gueules
corde chane; d'<
Dauphiné
un
un bune.
de fable à une vache d'or.
au

VACHON en
La VACHE de SAUMEY, une vache panant de gueules.
VERNE (ta), à Dijon d'argent à un aulne de unopte; du nom Valdoi.
des Aulnes.
WESTPHAUE, degueules, à un cheval enraye gai & contourné d'argent.
VtGNoLEs (de), de fable au (ep de vigne d'argent, Soutenu d'un cchatM de
pieme.
VtTEi.i.tscH!, en Italie deux veaux.
UtLStNs, (!es) un ours de fable en champ d'ar.

Z.

ZApATA, en Efpagne des fouliers ou brodequins.même mot que~


Z.Mt/U/! des Armes parlantes avec les Z.<M~~J.

On voit par ce Tableau qu'on auroit pu augmenter de beaucoup


que dans toutes les contrées de l'Europe, de ires-grandes Maifons ont des
Armes pariantes: & que plus on conno~troit la valeur étymologique des
noms, & plusondecouvriroit de Famine? aux Armes patentes.
Ccux par exemple, qui ne (auroient pas que Bern fignifie Ours P~fr
Caflor G(~~7 Renard ~r/f~ Lièvre, Ruure un Chêne, ~Rj un
BuRe ;erne un Au!ne, n'auroient jamais Soupçonne que les Armes des
Maifbns qui portent ces noms funent partantes ;c'eft ainfi que dans tour,
l'etymotùgie ou la connoidance des mots câ absolument nécefiaire pour rai-
sonner ~remenr.
C'eâ par t'etymologie par exemple qu'on voir pourquoi les Ducs de
Mecketbourg avoient pour Armoiries une tête de boeuf, de même que les
Rois des Obotrites don~ ils de~cendoient & pourquoi les Wti.zEs, voifins de
ces derniers & contre !efque!s Chartemagne porta fes armes, avoient pour
Armoiries un Loup grimpant. C'eft que dans la Langue Vandale, branche de
l'Efctavonne que padoient ces Peuples, ~7~ ugniSe un Loup; &: que les
premiers tinrent leurs Armoiries des Polabes, fur le(quels ils régnoient, &
dont le nom compote de Bola, ou ~<<ï, Boeuf, & de Hlawa, tête, ( d'où
Pc/-A<!y<, ou ~o/A<ï~ ) ngnine tête de ~<c~
-Aum la ptupart des ArmoriatiRes, tels, que le P. Gii-BERT de VARENNB
dans ton Roi ~r/n~ PALHOT dans fa Science ~j ~~o/f/e~, SEcoiNG
dans fon Tréfor ~r<t/<j~M &c. ont tous reconnu l'excellence de cette forte
d'Armes, quoique le dernier de ces trois ne l'ait fait en quelque manière que
ïnatgre lui. Quant au premier, voici comment il s'en eft exprimé.
Quand nous prenons garde ~eutement à ta qualité de quelque figure d'Ar-
3) mes qui a le même nom que ceiui qui s'en fert dans fon écu, aux maUiets,
par exemple des Mai)!ys, aux chabots des Chabots, aux Gaules de la Saul-
faye nous ne prifons pas ces fortes d'Armoiries ainfi qu'il appartient.
»
Mai! félon la maxime &: la pratique de tous les Sages qui veulent que
M nous façons état principalement des moyens qui ~ont les plus propres
« arriver à notre nn, nous venons à mettre en coandération le but ou vi~e
tout l'utage des Ecus d'Armes, je me tiens aduré que dans peu d'heures
M nous
changerons d'avis, &: qu'au lieu du mépris qu'on fait ordinairement
"de .ces Armes pariantes, on jugera qu'elles méritent d'être grandement ef-
M
timées en leur naïveté. Certainement, il n'y a rien de plus propre à nous
« faire reconnoître, que les chofes qui ont le même nom que nous (t).
Et deux pages plus bas: Il D'ailleurs, quand nous ne ferions fondés que
M
(ur l'Antiquité fi vénérable en fes rides & fi piifable pour fa naïveté qui
M nous
fait voir évidemment que des centaines de familles très illuftres en
M touret
les Nations de l'Europe ont pris les animaux & les ouvrages de
M main qui leur font Synonymes pour le Blafon héréditaire de leurs Armes

M pourquoi voudrons. nous aujourd'hui dénier l'cHime qui eft due à leurs fi

t*
(âges inventionsi
Le P.MEt~sTRiER e(t allé plus loin dansfon Origine*des Armoiries, it fbu-
tient que les Armes parlantes font les Btafbns les plus anciens & les plus no-
bles ceux qui les portoient ayant cru que leurs noms étoient auez it!u(tres
pour (c faire connoKre par des Signes qui les reprcfentoient, (ans qu'il fallût
aRtder de prendre d'autres devifes ptusconnoiuabtes. Ainfi il place les Armes
<t: NAvARKE au nombre des parlantes; le mot una ~r/~ ugninanr en Bafque
une cloifon de fer, ou des chaînes, forme qu'on~ent vinbtement les Sceaux
des Rois de Navarre de la Maifon de Champagne & de celle de Philippe-le-
B'.]. v
I) yavoit donc des Armoiries~ des Btafbns avant tes X &XI~. ncctes, & ces
Armoiries étoient parlantes c'ed qu'elles etoient prifes dans la Nature & vrai-
ment originales. S'il n'en fût pas de même dans Ics uecles auxquels on at-
tribue ordinairement l'origine du Blafon c'eft qu'il y en eut alors une mul-
titude de pure imitation; les Vanaux ~etauant un honneur ou un devoir de
prendre les Armes de leur Seigneur Suzerain,en tout ou en partie de-ta
cette prodigieufe quantité de lions, de léopards d'ares, de têtes, de coquil-
les, &c. & d'autres Armes de cette nature qui Cemblent de pur caprice, &
lui ~rpanenr de beaucoup le nombre de ces Armes parlantes antérieures à
celles- là ce que des Fjmittes dimnguees eurent le bon efprit de conferver
mais Armoiries dont le nombre s'augmentera à mefure qu'on connottra mieux
~cs tems & tes Langues du moyen âge.

/i) Rpl d'Armes, M. 16~. p. }:o,


Mais

lances t puifque les Armes parhmes font conformes à la Nature &


très-anciennes parmi nous pourquoi refuferoit-on de regarder les Armoiries
anciennes cumme de vrais Blafons quoiqu'elles foient prcfque toujours, par-

~f jt Af r~At~jvr~~
Et 1
III.

C~~ les
DES
~0/n<
~jvc/r~:

Les Médailles Romaines nous offrent un grand nombre de b!a~ons par!an5.


PoMpo~ius M~~A avoir une Mute pour fymbole.
L. LUCRETIUS TRio, les tepc étoiles qu'on appelle TmoNEs, & qui ont
donné leur nom au Septentrion.
Q.VocoNius ViTULus, un veau.
P. Accoi.Etus LARISCOLUS, les trois fcEurs de Phacron changées en ~.«ryw
arbre qui diftille la. renne en forme de larmes & qui eft très-commun fur les
rives du Pô.
FuRius CpAssi-PEs, un pied.
PUBLICIUS MALLEoi.us, un mai![cr.
Les ScARp~s de la Fami!!e Pinaria une main du Grec ~<yo~ paume de
la main.
La Branche de la Famille VALERIA (urnommeeAciscui.A, avoir pour
Symbole un in~rument appellé Aciscui-us efpéce de marteau ou petite
hache au milieu d'une couronne de chêne.
La Maifon THORïA d'origine Orientale, avoir des Armes partantes c'c-
toit un Taureau, dont le nom e~ TuoR., en.Oriental. La Patrone de ceire
Mai(bh étoit Funon avec cette Devife Junon eon/<ry<ï~e< la ~Cr<t~~
Reine, Juno Sofpita Magna Regina ce qui étoit un vrai cri de Guerre.)
Cette Famille TnotHA n'ett pas la feule qui ait eu Junon Sofpita fur Ces..
Armoiries; cette Junon Sofpita, quife reconnoit à fon équipage propre, ayant
une peau de chèvre pour cocHuce, des iouliers à pointe relevée, & tenant d'une
main une lance & de l'autre un de ces boucliers qu'on appeltoir ~c~. Cette
Junon etoit !a Deene de Lanuvium auOi fe voit-elle fur tes Medai!les des Fa-
milles Romaines originaires de Lanuvium ainfi que celle dont nous venons
de parler. Ce font les. Familles
CoRNUHCIA METTIA PAPIA) P~OCILIA, RoSdA & Sui-nctA.
Il en fut de même des Familles d'origine SABINE: telles que
MUSSIDIA ,'PETRONÏA VITTIA, ~C.
TtTUMA
Oh les reconnoit fur leurs Médailles à 7unon C!uacine, DeefÏe des Sabins
à FEfHgie de TiTus-TATius, Roi Sabin à Rome à la punition de Tarpeia,
ou à t'cntevement des Sabincs.
Ces diverses Familles avoient donc conserve avec foin le Souvenir des lieux
de leur origine elles en avoient même confervé les Symboles; c'étoient des
Armes héréditaires preuves de leur antique nob!ene.
En voie! encore de parlantes.
La Famille NUMONIA, furnommée VAAi-A, a pour fymbole un retranche-
n~ent attaqué par un Héros & défendu par deux, tous armés de boucliers.
La Famille desTuRQUArus, un collier.
La Famille RENIA un char attelé de deux rennes.
La Famille MARciA Numa & Ancus Marcius qu'elle regardoit comme Ces
Ancêtres paternel & maternel.
La Famille JULIA, une Vénus, comme de<cendanc d'Iul-a~nts d'Enee;
plutôt, par les rapports de fon nom avec la Lune ou Vénus, dont ce nom dé-
figne les révotutions ngninani roue, révolution comme nous t'avons vu .dans
l'Hi~oire du Calendrier.
Tous ces faits d'ailleurs fe trouvent dans les Recueils des Médailles Romai-
nes d'U~siN & de PATIN.

i CA~ les Cr~~ 6' en Italie.

La Grèce & !'Ita!te nous fournilfentégalemenr nombre d'Armoiries parlantes.

Mars appelie en Sici!!cn


ALOpEcoN-NEXE
d'
Ar~ANus, ville de Sicile; a pour fymbole une teie ca(quce, Symbole de
~?~; 'nM (e)on ]e:P. FR<tnca (ï).
viHe de Thracedans une Me formée par'Ie'Metas figni-
fie mot-à-mot IHe desR.enards:aufn voit-on un Renard fur fes Mcdail!es.(i)
AcRAGAs ou Agrigente villle de Sicile, un Aigle à caufe de fon nom qui
~gninet*c)eve,!ahaut-perchce(~.
ANCYRB-, de Phrygie~ ') une Ancre; ce qui eH: !a ngnincation de leur nom
ANCYRE, de Ga!ade, J en Grec.
AaYDOs, une Ancre auC!, mais comme ville maritime.

t
( )PBLI.ER!M
(;)Pi..cvtn'.No.7.
PL. CVIH. No. 3. (t ~?EHHM I. Supl. Pt. I.N". y.
ÂMTIOCHt~
i.
ANTiocHB, fur l'JV~M ou fur le Cheval, nom d'une riviere de Cocle-~y-
tle~ a pour Symbole une femme tourrelée debout à côté d'un cheval dont
elle tient la bride.
BovïAMUM, ville des Samnites, un bceut.
CAR.DÏA, ville de Thrace ce nom fignifie <'acHf & pour Armoiries elle
< an coeur (i).
CHYPRE, a pour Symbole Vénus, parce qu'en Grec elle s'appelloit Cupris
ou Cypris, du même nom que cette Me.
CYci.ADEs(les ) dont le nom en: compote de clef, avoientpour Ar-
mes une clef
C~EipEs, ( les ) Mes de la Grèce, avoient également une clefpour Armoi-.
ries, & pour type un oifeau volant; il a la clef des champs.
EuBEE, nom formé de celui du boeuf, en avoit la tête pour fymbole on
de~gnoit auOE par ce fymbole la fertilité de cette Me. On voit également fur
fes médailles., & par la même raifon, la tête de Céres.
LA: en Laconie, ctoit ntu~ entre trois montagnes fon nom même figni-
fie P/frr< aud! fes Armoiries porcent trois Montagnes. ( i )
LIMYRA, ville à vingt flades de l'embouchure du Limyrus en Lycie, a
pour fymbole un Dieu de fleuve ()).
MALEE, ville de la Grèce dont le nom ~gnine/'e/ne avoir une pomme
pour Armes.
MEi.os, Me de la Grèce, a pour fymbole des melons, fon nom ugninanc
pomme & melon.
(EniAs, vi))e del'Acarnanie & dont le nom ugnine~My~ /o/!f<t/n<, a pour
~ymbote un perfonnage barbu & cornu, emblêm.e de l'Achetons fur les bords
duquel elle étoit nruee.
PALLENE en Achaïe pour fymbole PAï.ï.A! armée de toutes pièces.
Auprès de cette Ville étoit un Temple de cette Dceue avec fa Statue d'or &
d'yvoire, ouvrage, ditbic.on, de PmDtAs (~.).
PHARiA Me fur la cote de Da!made & colonie de Paros, offre pour
fymboles un cygne, la lune & une étoile, armes parlantes le mot PHAR
d'o~ vient/'A<ïr<, déngne tout ce qui eft brillant.
PHiALA en Ar.cadie~ une figure aui(e fur un rocher d'une main un ra-
meau de l'autre, un pot pu phiole panchée.
·
(ï)PEH.. T.Pt.N'9. (t)PHLL.T. Mt.CXXV.tO.tz.
( } ) Pti.L. T. m. Pag. m. V!g"ettc. ( 4 ) P~tL, T. Mï. Pt.. CMv. N". i~.
D~ ro~. 7. x
RHODES t avoitpour fymbole des rofes qui dédgnoieoc Con nom y & U!T
Dauphin relatif à fon commerce maritime.
SiDE Métropole d'une partie de laPamphylie, avo!t pour Divione & pom
Symbole Minerve avec une grenade, ~bnnom St~J dénghanicetrutt.Nous
allons voir. d'autres lieux dcngncs par le même fymbole &.par la même rai-
fon ( ).
THURiuM, vi!!e d'fta!ie, a pour. fymbole un Mïtreau, emblème de fon.
nom, & un poifron relatif à fa ntuatton fur les bords de la Mer.

)<' CHEZ LES O~~JE~r~t~


AscAi-oN femme tourrelée avec des feuilles d'echatotte appeltee autre"
fois ~/e~/o~
CApHToRiM, dont le nom ngnîne /'OMW< J! grenade ce rruit éroit leur
fymbole, dttDicKtNsoN; c'eroit du moins le Symbole d'IouCASsius à la
frontiere desPhiliitins&de l'Egypte, d'oùetoientfords lesCàphtorim.
M. PEUtRiN a rapporté aufn à la fin de fa Cottection d'autres médailles où
l'on voit Minerve & la grenade avec des cara~eres inconnus..
CAURA, ville d'ECpagne, qui a pour Symbole un poinon, armes parlantes
le Phénicien )T)3 Kauri, ngninant~o~oy!7:<«~félon Bochart ( i ).
Sus: Capitale de la Sunane, fignifie fleur-de-lys elle en avoir fans doute
une dans fes Armes. Cette fleur étoit très-belle & très-abondante dans cette.
contrée.
L'EsrAGNE avoit pour Symbole une Déene des Fleuves ayant un ra-
meau à la main & un lapin à fes pieds allufion à fon nom Oriental de
Span ou Sphan qui fignifie caché reculé, & feptcntrional. Elle eft au Septen~
Kion de Carthage & au-delà des mers pour les Phéniciens.

IV.
~/M~o~ relatifs au Soleil, Pere ~n<'&&!<r<.
Un fymbole plus difficile à découvrir~ mais très-remarquable par lui-même
& par le rôle qu'il joue~dans la Mythologie, eA celui qui peint le Soleil & tes
Villes agricoles~ fous l'emblème d'un loup ou d'une louve & qui étoit
commun à un grand nombre de Villes & de Peuples.

(!) PMt. T,.M. Pi. iLMtt ('t ) VBt.A~BS.Pt.. K<


t
Comme cet emblème e(t peu connu, & qu'on conno~t encore moins fou
rapport avec le Soleil & avec l'agricultures qu'il iniérede d'ailleurs des noms
célèbres, nous allons entrer ici dans quelques détails.
c y p T t.
Deux Villes d'Egypte appelées L v c o M ouLvc o-P o L t s, l'une dans !e'
Delta, l'autre dans la Thébaïde rendoient les mêmes honneurs à Apollon.
& au loup, ( i ) déngnant le Soleil fous l'un & fous l'autre de ces emblèmes,
dont elles portoient même le nom Lycos étant en Grec celui du Soleil &:
du loup, il fut fub~itué par ce Peuple, devenu maître de l'Egypte~ au nom na-
tional car dans l'Orient, un même mot, S~B, deugne le (o!eit& le loup
quoiqu'il fe prononce que!queS)is ZAB pour défigner le loup. C'Ctoient donc
des Armes parlantes.
Mais conithent avoic-on lié l'idée du loup avec celle du foleil ? P C'eft, <e!on
MAcRoBB parce que cet animal faifit & dévore tout, comme le Soleil oc
parce qu'ayant la vue très-bonne il voit même pendant les ténèbres de la
nuit plutôt à caufe de fa couleur dorée femblable à celle du (oleiL
Apollon lui-même étoit appellé Lycitu c'eA-à-dire le Loup & le f.KMK-
neux. Il étoit adoré fous ce nom dans toute la Grèce.
fyc~oyrj!
Une Colonie d'Arcadiens qui pana en Italie portoit le nom de Lycaoniens
& ceux d'AtSES & d'(ENoTRiENS qu'ils devoient difoit- on, à trois de leurs
Princes fuccefUrs, à AisM, fils de Lycaon I. à~on fils LYCAON II. &: à foa
petit-nls (ENOTRus.
Mais ce font trois noms difÏerens du Soleil ou d'Apollon Lycien, Divinité
de ces Peuples.
Ais, Es en Oriental eft le nom du feu, du Soleil de-)à EsEs l'Arcadien
Esus le Theuatien pere de Jafon, les AesENs Dieux de t'Edda.
Lycos deftgne également le foleil, la lumiere.
OEN eft un autre nom Oriental du foleil & qui fignifie <Bf/.
Telle eA la différence de ces trois noms duSoleil que le premier le déngne
~:omme (burce de la chaleur le Second comme fource de la lumicre, le
troinéme comme l'oBil du Monde, tandis que fous les divans il offre d'au-
tres idées relatives à fes attributs.

( i ) MtCRoB. Sat. Liv. I. Ch. xvu,


X ij
Bci., le déngne comme le Ma~re, le Roi de l'Univers.
ApoLLoN comme le Ma~re de 1 harmonie.
Htnos, comme l'Eue étevé.
Aiséen,s Lycaoniens (E/!<ww:.f, déngnent donc tous les trois des Enfans
du Soleil des Peuples Agriculteurs.
D L u c u s des Laboureurs.

Les champs cultivés la terre du Laboureur placée au milieu de contrées


non défrichées, étoient comme autant d'yeux ou de ~e(, ou mais ce
Laboureur dépouilloit chaque année ton champ de tous fes fruits il étoit donc
à fon égard un animal vorace & destructeur un vrai loup. De-là peut-être
encore le nom de Lycos, ou loup pour déngner le loup, le foleil, le Labou-
reur ainu que le nom de Saturne dcngna également le Laboureur qui mange
fea enfans ou récoltes, & le tems qui dévore fes enfans les êtres dont il oc-
canonne la production.
Z~<*B.RfE.

L u c E R i B Ville d'Italie en Daunie avoit pour fymboîe d'un coré la


tête d'Hercule ou du Soleil, Z~xo~ en Grec; de l'autre, un arc, une maf!ue
& un carquois, fymbotes du Soleil, d'ApoHon ou d'Hercule (t).

~~60~.
ÂRGos, cette Ville célèbre du Péloponefe, avoit également un loup pour
Symbole. Celui-ci eft remarquable par la maniere donr les Argiens en exptc-
quoient l'origine, & par fes rapports avecrHi~oire mémorable de Danaus,
d'Egyptus & des cinquante Danaïdes.
Tandis que Danaüs, difbient les Argiens, di~putoicà Gétanor le Royaume
d'Argos en préïence de tout le Peuple, on vit un préfage auuré de fa victoire;
car un loup dévora un taureau qui paiffoir dans la prairie. Ce qui donnoit dti
tel à cette Fable, c'eft que Gélanor avoit pour fymbole le taureau ou plutôt la
,vache Io, & Danaüs un loup.
Tous ces Symboles ~toient parlans. Argos ngnine la blanche ou la lune:
mais la lune e~ la même quTHéra ou Junon, la Déene de l'air dont le (ym~

(t) Tr<Ibr de Btatdeb. par BKt&


bole eh la vache Io. Argos devoit donc avoir cette vache fymbole, &
pour
elle l'avoit dans l'origine: elle lui iubRitua le loup, fymbole du foleil le loup
fe trouva donc avoir dévoré le taureau.
Mais le loup étoit le fymbole de Danaus .frère d'Egyprus Roi d'Egypte,
au Symbole de la vache. Ces deux freres fc faifoient une guerre à toute ou-
trance l'un avoit cinquante fils, l'autre cinquante filles; & celles-ci avoient
fait périr leurs cinquante coudns devenus leurs maris; à l'exception de la plus
jeune nommée HvMR-MN-MTR.E qui fauva Ton mari. Tout cela eH: vrai dans
ie ~ens allégorique, & ne l'e~ que dans ce ~ens.
Egyptus ugnine noir personne ne l'ignore.
Danaüs au contraire ~~MC /~MMMf.
Leurs cinquante enfans font les cinquante femaimes de jour & de nuif.
Hypermne~re qui épargne fon mari & qui e(t la plus jeune eft un mot
cotnpofe d'~<r qui rede, men lune & ~re qui eft; mot-à-mot la lune
Survit aux autres.
Ces Danaïdes ont une unguliere occupation elles verfent continuellement
de l'eau dans des tonneaux perces, qu'elles ne peuvent donc jamais remplir
c'eh le tems, que les années & les Semaines ne remplilienc jamais.
Tels font ces trois cent ïoixante Prêtres Lybiens fans ceHe occupés à remplir
également un tonneau percé, & dont parle DIODORE.
Les mêmes allégoriee (e retrouvent par-tour avec des rbrmes variées à l'in-
6ni & il faut connoïtre le îens de ces formes, ou renoncer à la connoilfance
de l'Antiquité.
A 0 AT

Le loup d'Argos rappelîe auCI-tôt la louve de Rome; cette louve qui a


deux nourndons dont l'un tue l'autre dès qu'il en a la force c'eft donc encore
ici la lumiere dont les deux nourrffons peignent le fbleil d'hyver & le fbIeU
d'été qui par ~à force tue fon frere.
7'AO/Bo~J~/t/Jtf.
<

TxotE, nous l'avons vu plus haut, avoit pour fymbole une truie. C'étoic
des Armes parlantes Troie en Celte & en Phrygien lignifiant une truie, mot
également François, Valdois, &c.
Le même mot fignifie /«~o«r<r ~on/!<r la terre, parce que le cochon
Pilonne la terre de fon groin.
C'eA par cette raifon qu'Anienor ayoK une truie fur Ces étendards, & qu'o~
-prédit à Enée qu'il bâtiroit une Vill: là o~ il rencjncreroic une truic qui auront
,mis bas trente petits. En e~ct c'cfl s'-rrecer ta o~ un animal s'arrête que d'y
planter Con fymbole & de s'établir dans le lieu ou on a plante ce fymbole.
~n'eA pas étonnant que Troie, m~t'eile d'un grand territoire, ires-fertile~
bien cultivé & par-là même riche & peuple eût pris pour fymbole & pour
nom une truie, animal qui déngnoit nccdfa'rement une terre fertile.
L'Hi~oire de la fondation de cette Vfl)e eft entièrement altégorique ce
.qu'on n'a point appercu & cette allégorie porte en plein fur les idées que
nous venons de présenter ce qu'on a encore moins (oupconne.
lLUs,n)s de Tros, &: petit-fils de Dardanu!, raconte-t-on ( ï ) arrive en
Phrygie: il remporte le prix dans les jeux etabtis par !e Roi du Pays celui~
lui donne en con~quenee cinquante jeunes garçons & autant de jeunes 6t!es<,
Par les ordres de l'Oracte, le Roi y ajoute le préfent d'une VACHE de di<R-
Mntes couleurs; & il lui confeille de b&tir une Ville dans le lieu où cet animal
s'arrêtera.
Cette vache conduit Ilus au lieu appellé le Tombeau <~r~ la PAry~Mn~.
C'cMa qu'il bâtit en conséquence une Ville qu'il appella InuM. Enfuite il
conjure loc de lui envoyer quelque figne & fe levant le lendemain de trcs-
bonne-heure, il trouve devant fa renre !e Palladium, Statue de Minerve def-
cendue du Ciel. Cette Statue avoic trois coudées de haut, & elle femb!dit
tnarchef d'une main elle tenon une lance & de l'autre une quenouille & ua
Alfeau.
Ce Fanage auquel on n'a fait aucune attention, parce qu'on ne favoit quel
ufage en faire eH: relatif à une infinité de traits précieux femés ça & là dans
)'Antiqutté, & très-conformes à la Doctrine même de Sanchoniaton.
Le Fondateur d'Ilium s'appelle Ilus, mais c'cQ: le nom de Saturne, du La-
~ouretu' dans tout l'Orient; & ce nom.fignifie le Fort, le P~ tels font
~es Propriétaires, ils font les Grands de la terre au~H fqn Pays s'appelle -M~/n,

Là éroit te tombeau d'


le féjour fortuné; nom qui fut également donné à l'Me de Crcte.
& cela eft vrai. Até ngniRe mort, de~rucHon,

où eft //a~, là e0: le tombeau d'


~niG:re la mifere la difette & tes ravages di~arotfïcnt
avec le labourage là

Ilus avoic gagné le prix le labourage cft toujours représentés comme une
vi~oire, u,n triomphe: c'eft la défaite du lion; c'eA cette vi~ire dcat la Fête
termina con~amment l'année.

~Af.on.op. Bibliothèque des D!cux,Liv. III.


Il eut cinquante jeunes gens & cinquante jeunes filles à fon Service
ce font
les cinquante Danaïdes,les cinquante fils d'Egyptus, les cinquante fils d'Her-
cule tous ces cinquante fi 6'eqoens dans ta Mythologie, & qui peignent les
cinquante Semaines qui forment l'année du Laboureur.
Ilus s'arrête ,la. où s'arrêta la vache; cette vache qui eft le Symbole de t'A-
griculture, & qui Semblable a îa robe dTus, eA de toute couleur, parce que
les champs du Laboureur fe couvrent par fes (oins de fleurs de fruits de
plantes, qui onteni la plus grande variété de couleurs.
Ce Héros e~ nts de Troj & petit-fils de Djr~nKj, c'eft-à-dire de t\ngutl!on
avec lequel on conduit lé bœuf, cet aiguillon qu'on darde, 6f de la charrue ou~
truie quecife le boeù~ & fans laquelle point d'Itus.
Enfin il a pour fbn fymbole le Palladium ou Minerve armée de la lance &~
de la quenoui)!e, & cette Statue ett la fauve-garde de l'Empire.
En enfet, qu'e~-ce qui peut fubu~er fans Minerve Deede de la Sagene oc
fans le concours du mari dcngne par la tance, & de la femme défignée par la
quenouille & le ru(eau, ou en .d'autres mots fans le concours du labourage oc
de l'indu~rie de 1~ force au dehors & des graces au dedans ?
Ce Palladium étoit donc un figne auuré du bonheur dont jouiroit la Contrée,
tandis qu'elle feroit fous la fauve-garde du labourage & d'un travail conftant ?
acHf: qu'elle ne cefteroit de fe couvrir d'une riche population, de biens de routas
efpéce; & de fe faire respecter au dedans et au dehors.
AuCI Troie ne périt que torique ion Palladium ne fut ptus.

A R T 1 C E V.
r~< aux Pro~KoftOM,6' <i/<ï~HWï<Mt.!
Symboles

Les Royaumes tes Peuples, tes Villes de t'Àntiquite tirerent très couvent'
leurs fymboles des objets de leurs productions ainfi on peut connoïtre par
leurs Armoiries li ces Pays étoient agricoles oumaritimes; s'ils étoient des
Pays de bled ou de vignoble, ou s'ils excelloient en quelque genre particulier
de productions nous allons donner dirers exemples retan6 à ces di~ren~
cbjets..
Ï.
~y/B~o~j relatifs a /rMaZfM~.
0 t T r jr JE
't. AfHZKt! avoit pour fymbo!e Minerve, Déçue de l'olivier & la
chouette fymbole de Minerve comme la Reine de la nuit ce que fignifie
fon nom, comme nous t'avons prouvé ailleurs. Le nom d'Athenê ou Athenaïs,J
lignifie lui-même Souveraine, comme nous l'apprend PLUTARqut dans fon
Traité d'Ius & Ofiris c'eO: ain6 !e féminin d'ea, ~e/ Seigneur où
nous voyons o changé en e pour le féminin, comme d'~oinM< on 6tYa!/n<~M.
Ainulenom d'Athènes, celui de la DéelÏe Minerve, ou ~A~e & ~en
fymbole !a cAoM<~< fe rapporroienr tous au même objet.
TEATE eut par cette raifon les mêmes Symboles.
CRBTB tt en fut de même de cette Me tertite.

f jv f jr. ·
t.AMBAou Aimphats; CASTULO &URSON, Villes de la Betiquc, &
Cmo, Mo de la Grèce, eurent pour Cymboles le Sphinx ailé ou le lion à
tête de femme comme en Egypte, mais avec des ailes fans aites, il défignoit
ja celfation des travaux agricoles pendant rinondation du Nil, & les douceurs
dont étoient Suivis ces travaux.
Avec des a~tes, it devenoit !'cmb!ême de la navigation & des avantages
qu'elle procuroit aux Pepples Agricoles.
JM/~oy~~A~.
}. Le MmoTAURE ou Taureau à tctc d'homme éroit la fymbole de
rAgriculture pour un grand nombre de ViHss dont le territoire éroit riche
en bled. Ce fymbote ne pouvait être ni mieux choifi ni plus contrafiant avec
le préçédent qui defignott la ceuatiou des travaux indiqués par celui-ci la
femme devenue le chef du lion de~gnant!e repos de ta terre Bd'homme chef
du taureau d~gnam au contraire le travail de cette même terre voici
quelques-unes des Villes qui prirent ce dernier jtymbole pour leurs Armoiries.
~CstRuiA, Colonie de Naples, le Minotaure avec la Victoire.
CALENo, Colonie Aufonienne, le Minoraure feul.
Ge).A en Sicile, le train de devant du Minotaure.
,Ci<oss~, le Minotaure } au revers, le labyrinthe.
jHYR!N Ït
H?MNi f!es), dans l'Apotutie ,7
<,
MEGARB, j Sicile,
de c- '< f) 'ce Minotaure.
motaure.
NApLEs, le Minotaure & la Vitloire.
Not.A, Colonie des Chalcidiens de même.
ÏEHNONTE, en Sicile le Minotaure.
BzGBB., PEn-EMN &c.Mpportenc ces diverses MedaUtes.

L f o
CN!M, RHEGtUM,
CYziQUB) SALAMINE, avoient pour fymbole un em-
LBONTtUM, SARDES~ blême desdë&ichemcns, de la terfo
MILET SMTRNJ!, vaincue par l'Agriculture.
MycENES,
2!<zr.F.
~Poi-Y-RpHENTUM, Ville de Crcce & qui dut ton nom à Ces gras pâturages,
eut pour (ymbo!e une tête de bœuf~
OBULCo, ViUe d'Espagne, avoit pour fymbole le boeuf & le croidanc
d'Io pour Divinité tutelaire Isis, dont les cheveux en (ittons font garnis
de pertes cmbtêtnc de fa riche agriculture elle eut auffi plus (buvem pour
Symbole une charrue & un épi.
TRAH.ZS & P~RGAME en Ane-Mineure, un bœuC

C É A E T P R 0 J' Z R p f N J!.

6. Cvziquz avoir pour rymbole Proferpine avec un boiueau Cur la tece


tenait dans ~es mains une.ha(te & une victoire on i'adoroit ici fous le nom J
de .Xoreyo~M la Vierge conservatrice on t'appelloit auni 2?o/M/!<ï & Z?<
~<WM la Dame, là Souveraine. Y
MEGARE d'Attique Ceres un flambeau à chaque main & à fes côtes une
Statue enveloppée de bandelettes. Paufanias dit qu'elle écoit repréfëntee aind
dans un Temple de Stiris en Phocide & que cette Statue à bandelettes qui
l'accompagnoit éroit ires-ancienne. On ne peut donc y meconnoltre une
copie d'Is~j & d'HoRM ( t ).

( ï ) Ptn. T. ni. Pt.. cxxm. i. ( t ) Ib, Pt. cxxvn N.}.


Tom. 7. Y
F f
METAPONTB t'agr!cutnife de cette Ville ctpit ~1 profpere, que (es Habitans
con(acrerent à Detphcs une Terre & une Moi~Ïon d'or (STRABON Liv. VL)
Aufit voit-on fur fes Medaities ou deux épis barbus, pu une tête de boeuf; Ce
fur pluneurs, la tête de Cercs.
SAGAi-AssE, dont !s territoire, fuivant TtTE-LivE, abondoit en toutes fortes
de 6-uits, eut pour fymboles des épis de .bled avec une branche de vigne
chargée de EMppcs & de rainns.
lupA, ? Vi!!es d'Efpagne, ont pour fymboles l'une un ~pl,
luruLA y l'autre deux.( t )
SYMB,
EGIALE
y
3
? IHes de.la Grèce, avoient,également des cpis pour ~yni"
boles.
AMpmpous de Macédoine, Cérès, des épis, une torche.
BLAUNDUS de Phrygie, quatre épi! Mes ensemble.
EDESSE une main tenant trois épis.
ELÉE d'Eolie quatre épis & un pavot.
NAcoLEE en'Phrygie, trois épis & une corne d'abondance.
SEBAsTE en Galatie, trois épis.
THYATiRE, des épis.
II.
~y~Bot~~ AE~j(rfF~ ~~c~o~
ÀNDRos, Me de Grèce riche en vignobles, avoit pour fymbole une pan~-
<!iere, animal confacré à Bacchus & un thyrfe. On voyoit dans cette ine
un temple célèbre où l'on difoit qu'u coutoit du vin tous les ans durant les

Jtupiter.

tj
AcMONiE de
j.Phrys'e,<TT
c
Fêtes de ce Dieu & cette fontaine s'appetloit JP<cj Théodofia préfent de

HADt~AN! dej Bithyme,


n.)
de T
\AuGUSTAdcCthcie,'Sii.ANDusdeLYCtc,
3
fDacchus.~onthyrfe~~bn
r
'Spot,&turquetque<-une<
fr quelques.unes
la panthère.
t.
BosRA, Ville de la Syrie Arabique, quiducfbn nom à fes vignobles~ avoit

(}J Vcl:H~ue!~Pl.,VÏII.*ÏH~
~our fymbote un grand prenoir avec le mot de Z~o~/oi/'M, nom des jeux de
Bacchus appeité Dufarès en Arabe. ( i )

CYDON en Crète~
srappe de
& r~ raiCn..
derainn.

MARONEE fituée fur un côteau, dut fon nom a (on beau vignoble aun!
difoit-on qu'etle avoit cte fondée par Maron, Cocher de Bacchus. EHe avoit
pour fymboles la tÈte de ce Dieu & une grappe de raiun avec ces mots JDto-.
M~/ÏNJ Sauveur.
MvcoNZ Me de la Grèce abondante en vin fon fymbole Bacchus.
NAxos, Ifie très riche en vin, & appellée Dionynade IHe.~ ~<-c~
eut pour fymboles Bacchus une grappe de rainn & le thyrie.
PEpARETHE, ( t'Me de) eut pour fymboles Bacchus & Minerve, !L caufe de
Ces vins & de fes oliviers.

TENEDOS (Me de), riche en excellons vins, eut entre fes fymboles une
grappe de raifin.
JLAERTBdeCi!icie, eurent
{ ~~<~ Bacchus pour D~m,~&
Divinité
ScErsis de Troade, P°" & poui
pom
iymbote, à caufe de leurs beaux vignobles.
TiEio s10
III.
~M~b~E~ j~rj<r~ <A/~ ~rz~ ~~xfTjrjMM.
Neptune, les Diofcures & un navire, furent les fymboles des Villes ncuees
fur le bord des eaux & qui fë livroienc a la navigation de celles-ci cmr'autres~
~Mr<, Neptune, 6'c.
ATTAm nommée aujourd'hui Sata!ie Ville de Pamphylie fur le bord
de la Mer, avoit pour Symbole la tête de Neptune &: fon tridenr.
BEMit, Ville maritime de Phénicie, avoit au~ revers dé fes MédaiUes Utt
bonnet des Didfcùres un pavillon de vaifreau.
TïNos (Me de), pour fymbole Neptune.
TRipoLi de Phénicie avoic entre'(et fymboles les Diofcures.
ARADUS,
A<cAi.oM,
DORA
TYR9
b
eurent
p~ ~y~ un 'è'

~anttoucesViUesmMmmes.
AMtHËDON JIDÔN, &C. J
(i ) Peli. T. ni. Vignette P. t~.
Yij
C'e~ par la même raifon que RoM< & PARts htuees fur des FIeuve<~ eurent
!e même Symbole. H en e~ de même de t
GAZARA ou GADARA, Ville maritime prws d'Axot dans la Paterne. Elle
pour revers un vaiueau à neuf rames fur une Médaille de l'Fmpereuc
a
Antonin, avec l'in(criptioft A~yM«, naumachie, ou jeux fur l'eau. ( t )
C jE.
CARTHAGB, nom qui fignifie Ville (C«r~A) des eaux ( ag) eut pour
Symbole unchevat on a dit qu'it étoit relatif à une tête de cheval qu'on
Trouva en creusant les fondemens de cette Ville c~toit un conte !e cheval
étoit t'embteme de la Navigation & de Neptune c'e~ un cheval que Neptune
avoit fait fortir, difbit-on, de la terre pour marquer fa puinance.
CoRtNTHt eut par la même raifon le cheval pour Symbole; mais il étoit
ailé afin d'indiquer mieux la vicefïe de la Navigation ai!ée ou à voiles c'eft
ce cheval qu'on appeUa PMASE que les Grecs (ub~ituerent au Sphinx
ailé des Phéniciens &: qui fut adopté par d'autres Peuples maritimes.
LAMPSAQUE & ScEMts, un cheval marin.
ALEXANDRIE de TROADE, uncheval paill'ant.

1 V.
SYMBOLES ~~z~rjfF~ r/A~ Ojïj~T~
L c j y.
Les Pays ou l'on voyoit des volcans & les lieux où l'on avoit établi des
FoRGts, prenoient pour Symboles rulcain, Dieu du feu & des forges, fon
marteau ou ~es tenailles.
Ainfi fine de LEMnos avoit pour Symbole ~/c<K?! comme Dieu. du rea j!
Minerve comme Deeue des Arts.
HEpHESTiA, mot-à-mot'Viite de Vulcain dans !a même Iue,avo!t auût
le même Symbole vraies Armes parlantes. Ses Médailles offrent au revers un
flambeau aHumé avec les deux bonnets & les deux étoiles des Cabires.
Ce Dieu, fon marteau à la main & fous fon nom de CABiRE, tris-grand,
~e voit fur les Médailles de THEssAna. (i)

.L Il 11

i ( t ) Pell. T. Hï. Ficuïea P. ( t ) Beger, P.


~y~p~jr~~f.
CYn.ENB, Ville d'Afrique avoic pour Symbole le Sy~h'um plante tr<~s-
commune dans fon territoire & dont fans doute elle ~aifoit un grand com-
werce.
P d L Jtf f E A.

LaJuDEE eut pour Symbole le palmier: elle e~: représentée dans tes Me-
dailles de Vefpanen fous la figure d'une femme trifle & ptainrive attachée à
unpaimier.
Ce Symbole Surprend 1< Savant SnAw, Voyageur pxa<~ qui afîure qu'il
y a peu de palmiers en Phenicie ignoroit donc les anreux ravages que
caufent le tems, tesinvauonS) la barbarie., &c. & à quel point toutes ces
chofes changent la face de la terre. L'itle de Madere n'ccoir qu'une forêt
!or(qu*on la découvrit à prêtent il .n'y a pas un arbre, & l'on cher-
cheroit en vain aujourd'hui ces belles vaitées de Saules qui environ-
noient Babylone. La Judée écoit riche en palmiers PnnE nous l'apprend &
c'eO: un Témoin qui en vaut bien un autre. ( i ) "Les Palmiers de Judée,
jt dit-il, fur-tout ceux de Jéricho, l'emportent fur ceux de tout autre Pays,
M par
leur MuLTnuDE, leur fertilité & leur réputation. Ceux d'Archeiaïs,
» de Phafelis &: de Livias dans la même contrée, font autH fort eOimes.
H ïatloit qu'ils y fuuent bien communs puifqu'on.en tiroit des objets de
comparaifon c'eft ainfi qu'EsAiE ( i ) compare la profpérité des Hébreux à
celle' des Palmiers ce qui prouve à quel point la culture de cet arbre réuf-
unoir en Judée, quoiqu'aujourd'hui il n'y en ait que dans les Vallées où ils
exigent bien moins de foins que fur les hauteurs.
Ce Symbole fut égatement celui de la Phenicie & de la plupart de fes Viites.
On le voit fur lés Médailles de T R t p o 1.1, d'~ R. A p u s, de N A p L o us ~de
SEPHOMS.
Les Médailles de TyR & de SiDON ot&ent par la même raifen des pal.
mes pour Symboles.
Qn ~cnt que le Palmier <e~trouvo!t,fur les Medaittes~ de jcette contrée,
moins comme production nationale que rcomme étant retatifau:no<nmcme
~e PhéMicie mais c'eA une erreur nous avons vu que le nom de Phéniciens,

po J
(<) Uv. MH. Cjh. ïT. ( t ) Chap. x<Yïi.
ïemcme que celui deP<tNi porté par les Carthaginois, &d'ou vinrent ks
mots ~K/ï<ya<, & /'wMc<~ ou yon~<M<, d~ftgaa conllamment la couleur
rouge.
Ajuoutons que fouvent on n'a pas entendu le mot de 0~3 .B<H~ donné
au Palmier dans les Livres des Hébreux: on l'a couvent rendu, très-mal à propos,
par celui de Racines. Porphyre, qui étoit Phénicien, appelle le Palmier Baïs,
Saint Yean ( t ) appelle les Palmes J?<«'<t ~A<MÂro/

A c.

La MnsstNïB Pays montagneux, prit pour fymbole un renard animal


très-commun dans les Pays fourrés. Aufii Anaxadame, Roi de Sparte, vain-
queur ou plutôt de~u~eur de la MefÏente~ prit pour fymbole un Renard ~c/M-
C'eO: à un renard qu'Ariftomene, célébre Héros Meffénien après avoir
~ce renfermé dans une caverne par les Laccdémoniens, rue redevable de fou.
û!uf.
T~jrc~rA~.
La SiciLE eA dengnce par le Triquetre, ngure a trois jambes, à caufe de fa
figure triangulaire.
OLBA les Princes d'Olba avoient un ~ymbo!e femblable, parce qu'ils r~
gnoient fur trois Provinces, Otb~, Kennads &

To~ry~.
Le PEi-opoNïSB a pour i[ymbo!e une ToRTUE aux pattes étendues comme
.pour marcher, parce que fon corps & tes pieds ~dUant peignent auez bien le
~€h)peBe& & fes grandes avances dans la Mer.

T o y.

UM:t~e cottfonnee de Tours, ou Cybe!e~, ~ervo!t de ~mboïe at d<? Vil!e<


fortes ~entear~es pour !eM dc~cn~ë, de murs & de fours.
CARTMÀ, Ville d'Espagne &r fë bord de !a Mer, avoir' uh'parei! ~m~
~ole, comme étant la clef du Pays & la Métropole d'une grande contrée:

~j ETapg.C~p..XII.
e~Kre le <ymbo!e de cette Dcedc, e!le &von auni celui d'un homme qui pèche
à la ligne, emblème de ~Htuation, très.bien défignée d'aitleurs, par fou.
Dom, compote de CA~T, Ville, & d'ElA, eau.
AsopE de Laconie, Fi.AVto-Poi.ïs de CiMcie, ont
toutes pour fym-
B<KA de Lacon!e, LAODicEE bote une Femme tear-
CANATE deCoetefyne, NïSA ou Scythopotis \*fe!ee avec divers attri"
CHAicis de Syrie, TvANEdeCappadoce, Jbuts, entr'autresdes-
DAMAS, épis.
~icrojr AjE..
Nows avons vtt que ta plupart de~Vittes qui avoient le Minoraure pour
fymbolc. l'accompagnoient delaVictoire. Ce fymbole étoit relatif à leur
Agriculture, comme nous l'avons prouvé dans nos Volumes précédons, re!ati-
vement à la Deeue de la VtcToiRE, dont la Fête terminoit l'année agricole..
Quelques Villes agricoles &t(oieBc plus eHes prenoientle nom même de VtCTo~
~EusEs: telles
OscA Ville d'Espagne, qui prend le titre de VicTRix &
OBUt-co, Ville du même Pays, qui prend celui de ~x~r<<, chez toutes
deux ~f?ort<M/<(i).
ARTICLE V.

yjtfjB o~ relatifs aux I?/Mn~ Pfû~a'j /n<;M/~r<


Nousavon~ vu que !es. Peuples agricoles prenoient C~~pour ïymbofe:
les Peuples maritimes, Neptune, & les Cabircs ou Diofcures; les Peuples à
oolcans ou forgerons ~M/M/o; les Peuples à oliviers, Minerve ou 7~; les
Villes rbrtes, Cybele & fes tours les Peuples à vignoble, Bacchus: en forte
que par les (eu!s fymbo!es de ces Nations, on peut connoïrre leur 6ruation &:
la nature de leurs produ<~ion!.
Mais on voit un grand nombre d'autres Peuples prendre pour teurs (ymbote~
des Divinités dont ott n'apperçoir le rapport avec aucun objet déterminé; en
forte qu'on feroit tenté de croire qu'tt y a beaucoup d'arbitraire en-toutes ces
choses. Ces Dieux font, fur-tout, Hercule ou Apollon y Atlaftc ou Diane oc
Yunon.

(t) Vetaz~uM, M. XI, 7. s.


Ma!s avec un peu d'attention, on appercoitbien-t&c les motifs de ce choix,
M qu'on défignoit par ces Divinités (ymboliques.
HERCULE.
HERcuM doit le Dieu tutelaire & le Symbole de TYR & de plufieurs Co-
lonies de Tyr, telles que THAME, CADix, &c. Il étoit auul le Symbole de
PERINTHE d'ARGOS &C.
Dans toutes ces Villes on le répréfentoit avec (a peau de lion & fa manaë,
ou amplement fous l'emblème de <a manue furmontée quelquefois d'un
carquois. ASTARTÉou EUROPE.
5 TAIt
A T É
ou E U R 0 P E.
AttAB-TB eu EuRopE étoit la Deene & le fymbole de,
SIDON & de diverfes Colonies Phéniciennes de celles-ci, par exemple;
'GoRTYNB dans l'IHe de Crcte.
CALAGURRix en Espagne.
AMPHIPOLIS de Macédoine.
Toutes la reprcfentoient &{nfc fur fon taureau, avec Con voile flottant qui
la faifoit arriver à bon porr.
DIANE étoit la DceMe & le fymbole de la MEONII, de la Ville d'EpHESE,
des ICARIENS. On la reconno~c à fon CERF.
JuNoN étoit la Deene Tuiélaire de SAMos & de CARTHAGB & on. la rc-
connoiffoit à fon PAON.
Aton-oN etoit !eiymbo!e & le Dieu de t'Me deRHODBS, d'AMoneos, de
M!TYt.ENB & avecDiANB, le fymbole de DEi.ot.
JuptTER en6n, le Dieu tutélaire de Rome & de l'Me de Crère.
Voilà en apparence bien des Divinités différentes dont on n'appercoicnu!!e-
ment le rapport avec les Peuples qui les prirent pour leurs fvmbotes mais ann
de parvenir à quelque cho~e de Cacisfaifaut tà-deffus, commençons par ramener
à <eh ju~c point -le nombre de ces Divinités: ces ux que nous venons d'enu-
m.érer (e reduifent à trois, prefentees ici fous un double Hom~ l'Oriental Se
l'Occidental.

~aTerre.
En enct, Hercule & ApoMon ne font. qu'un feul & même perfbnnage,
peignant le Soleil; auffi étoit-il appelle à Tyr Af</c-<!r~c ou ~r/<Roi de

AsiARTà,
AsTARTEouReineduCiet~ Eu~ofE ou l'Occidentale, .FuNoMou!aReine
du Ciel, DtANE au Croinani (beur d'Apo!!on, ne font également qu'une feule
&même Divinité, la lune.
La même Divinité étoit adorée à Babylone fous le nom de SEMi.pAM-ts,
la Reine du Ciel, & fous le fymbole de la Colombe, oifeau de Vénus.
Nous avons donc ici les trois grandes Divinités de Saturne ou du Labou-
reur, dont nous parle Sanchoniacon, &: toutes trois prifes dans la Nature,
J~w ou le Dieu Suprême, le' Soleil & la Lune, Roi & Reine du Monde
Physique.
Il n'ed donc point étonnant que ces trois Divinités ayent été prife<; par
un grand nombre de Peuples pour leurs Symboles il en devoit être ain~ dans
l'Orient fur-tout, dont la Religion étoit la Sabéenne & chez !e<que!s on
retrouve en enet !e Soleil & !a Lune fous les noms d'Hercule & d'Aftarie ou
Europe: tandis que dans ~'Occident, ils font Apo!ten,~& Diane comme ~oeuc
d'Apollon la même qu'Europe ou l'Occidentale, Junon, Souveraine des
Dieux, &: ~/<c Reine des Aftres.
H paro~ même que les Peuples livrés aux travaux pénibles tels que !'Agri-
culture & la Navigation & qui fuppofoient une grande force, choiMbienc
Hercule ou le Soleil pour leur Divinité tandis que les Peuples qui n'avoienc
point ou peu d'agriculture, & qui (ub~oient fur-tout de leurs fruits ou du
produit de leurs arbres, ce qui n'exige point de force, ou qui fe livroient aux
Arts (edentaires choindbient Minerve ou la Lune pour leur Divinité ain(t
Athènes qui devoir tout a fes oliviers, avoit choifi cette Deene pour fa Pa-
trone les uns étoient <<ï/!j du Soleil les autres, ceux de la Lune. AufH
HERCULE ctoit tt adoré & avoit-il des autels comme nous t'apprend Dénys
d'Haticarnane (t), daas prefque toute l'Italie, Pays rempli de Villes agricoles.

D i A M E.

La Lune qu'on adoroit dans fa Pliétiicie fous le nom d'A~a~e. t'ctoit chez
d'autres Peuples fous celui de Diane on )a reprefentoi: armée d'un arc Ce
flèches, d'un carquois & couronnée d'un croiuanr.
Telle on t'honoroit aPERGE de Pamphylie.
A ErnESE à CoTiEE de Phrygie &c. on l'adoroit fous des fymboles rela-
tifs à la Nature univerfelle, la mère de tous les êtres, avec un~mutdrude

( ) Antiq. Rom. Liv. i~


Tc~. 7.
de mamelles, & un cerf pour fymbole comme Deene de la chade, &
caufe de ~es rayons co 'parés à autant de flèches. Souvent même le cerf eft
placé feul comme <ie6gnant Diane d'une maniere auez claire.

y U NON.
Dans ptuneuis Villes on adoroit JuNoN comme mère des Peupfes, on
comme protectrice des mariages, fous le nom de Pronuba telles
Hyp~rA de Lydie SAMOs, TRALLES, SEBASTo-Pons en Eotie~ &rc.
L u N u s.
Le Dieu LuNUs étoit ador~ chezpluneurs Peuples de l'Orient; c'eO: la Lun&
fous un nom mafcu!in tandis que le Soleil étoit du genre féminin, comme
il l'eO: encore chez les Germains.
Ce Dieu LuNUS ecôit le Dieu tutélaire de CARRHBS.
CtBYRE le reprécentoit fur fes Médailles, avec un croinanfdcrtiere les
épaules.
JULIA GoRDUS )
SARDES de Lydie.
StLANDUS J
de Phénicie.
GABE
NYSA près de Traites en Carie.
SEBASTE de Phrygie.
TAB~e de Carie.
TRArME du Pont, &c.
avoient toutes le Dieu LuMus pour ~ymocte~

ARTICLE VIL
.Syjf.Boj:~ DBJ Co~o~ri~
<
t.
COLONIBS F~yfCTE~
n'e~pas étonnant que nous trouvions un grand rapport entre les ~ym-
H
boles de l'Efpagne & ceux de la Phénicie qu'on y retrouve l'alphabet Orien-
tal les mêmes Divinités, Hercule, lus, Europe Vulcain les mêmes<
fymboles des taureaux des chevaux ailés des fphinx, des pampres, des
~pis des Cavaliers la lance en main qu'un même efprir ait anime ces Peu-
ples l'Espagne Maritime ne fut peuplée que par des Colonies Orientales
par des Phéniciens, des Syriens des Cananéens, par des habitans des 'Hes
de Crcie & de Sicile trop renerres dans leur enceinte. Aintt tour y doit
rappeller l'Onent, & préfenter les mêmes phénomènes qu'on obfervoit chez
les Navigateurs de l'Ane.
CADix en: l'altération de l'Orienta! gadir une enceinte utr fes Médailles
~bnt ces mots, Z~ ~Be/'C~r, le Seigneur deGadir on y voit le Dieu Bel
des Orientaux ou le Soleil défigné par le nom de Souverain.
Ce même nom de BEL Boi.~ But fe retrouve dans 0 'i.-coM & dans
CAn.-Bui.A, autres Villes d'Espagne. H e(t joint, dans le premier au mot
Ct~, habitation & dans le fécond, à celui de C~A, Ville.
Les COLONIES confervoient en enet la langue de leur Mere-Patrie elles
cominuoient d'avoir tes mêmes Dieun les mêmes T~tes les mêmes <acri-
fices, les mêmes Symboles ou Biafbn leur Mere-Patrie nommoir aum leurs
premiers Magistrats & leur donnoit leurs Loix & leurs Coutumes il étoit
même d'ufagc que les Colonies lui envoyanenc toutes les années des pré-
mices de leurs récoltes) & qu'eUes volauent à Con fecours dans le befoin.

i.
CotO~fBS GxJEC~Ft~.
C'ett ainfi que SvRAcusc conferva les fymboles de Corinthe dont elle
croit une colonie fur- tout le cheval Pegafe & que t'Me de SmipHE eut pour
fymbole la Chirnere, étant Colonie de la même Ville.
Comme l'ine de SipHNE, près de l'ine de Crète, avoic précisément: le même
fymbole que celle de SERtpHE il y a apparence que fes ~abkans avoienc la
même origine que ces derniers.
EMPoRtUM en Espagne Colonie d'~mporium de Sicile, en avoit conserve
les fymboles Minerve & Pegafe fautanr.
Les Colonies Athéniennes avoient la chouette pour Armes, en particuuet
ÂMisus, Ville du Pont, & pendant un tems capirale de ce Royaume.
C'e~ainn que Rome tint d<* Troie la truie & fes petits, qu'on voit fur les
Medaittes de Vefpauen & de Tite, & qu'Adrien iit mettre fur les portes de
~ru&ktn.
Z
?'
7/!ccw~«)M qui r~/M/~y!< ~< cette Communauté Je Symboles.

Cet ufage trcs-intcrenant d'ailleurs pour les Peuples qui l'ob(ervoient, a été
l'une des principales caufes qui ont fait perdre de vue les motifs par lesquels (e
dirigèrent les anciens dans le choix de leurs fymboles car le même devenant
ainn commun à pluneurs par des motifs fort dirRrens de fa premiere infticution,
il n'ecoit presque plus podtbie de les démêler, encore moins de fuppofer que
Je choix de ces fymboles avoir roujours été déterminé par une raifon fage &:
relative à ceux qui faifoient ce choix.

C<«</<J des Armoiries co/H~M/zM à ~y<r~j Maifons modernes.


C'e(t ainn qu'il ~eroir tres-dimci!e aujourd'hui de retrouver la vraie caufe du
choix que firent pour leurs Armoiries nombre de Maisons qui remontent aux
XI~. XIIe. ncc!es &c. quoiqu'on en puine indiquer deux générales, dont nous
avons déjà parlé: i°.!e rapport du fymbole avec le nom de famille i<e
rapport d'une famille avec un Seigneur Suzerain. Dans ces deux cas ce rap-
port déterminoit le (ymboJe au premier, par le choix de l'objet indiqué par
le nom au fecond par l'adoption en tout ou en partie du fymbole du Sei-
gneur dont on relevoit de-!à, cette multitude de lions de léopards d'ai-
gies, de lys, de croix, &c. répètes dans les Armoiries modernes. La France
ayant des lys pour Armoiries les Comtes des Pays-Bas, le lion les Rois
d'Angleterre le léopard; les Empereurs, l'aigle ;l'Eg!ite, la croix; il étoit
naturel que dans les batailles, leurs grands Vaffaux (e nfÏent reconnoitre par
les mêmes Armes quoique modinées de mille manières au~H la croix étoic
îe fymbole des Eglifes & de leurs Avoués J'aigle, l'emblême des Villes Im-
périales de même que la plupart des Maifons'd'Italie ajoutent au fommet
de leurs Armes le chef d'or à l'aigle de &ble, qui font les Armes de l'Empire
tels les jSo~e, les .M~M, les de la ~t~, &c. à Rome J~
les à
Urbin les ~/c~ à Milan les jf~' à Ferrare &c.
C'eA par quelque raifon pareille qu'en Bretagne, les RoHAN & un grand
nombre de Maifons, ont des macles dans leurs Armoiries, fymbole preC.
qu'inconnu ailleurs.
L'Angleterre adopta de <neme le Mopard comme ayant poucde h
Guyenne & la Normandie donc il formoit les Armes aufli un grand nombre
de familles de ces trois Contrées ont le léopard pour Armes. D'ailleurs les
grandes Maifons de l'Europe, antérieures au Xle.Gcde, aboient leurs fym-
boles & leurs cris de guerre, qu'elles ne perdirent point dans le tems des
Croifades, 6e qu'elles perpétuèrent au contraire comme prcu\'e de leur an-
tique origine.
H fe peur encore que quelques familles nouvelles lors des Croisades, em-
prunterent leurs fymboles de quelques objets relatifs à leur voyage d'outre-
mer mais nous nous croyons en droit de foutenir que cette caufe n'e~ point
comme on t'a cru, l'origine du Blafbn ni même l'époque de notre Blafon tel
qu'il exi~e.
Nous pouvons rendre raison, par exemple des Armoiries anciennes de la
Guyenne des Celtes & des Francs. Nous venons de voir que les Armoiries
de la Guyenne font un léopard celles des Celtes fur-tout les Belgiques
ctoienr un lion; & celles des Francs, un crapaud mais le lion dé~gne un Pays
agricole comme la Celtique le léopard confacré à Bacchus, déftgne les vi-
~o~/M & ceux de la Guyenne font très-anciens le crapaud, les marais dont
entrent les Francs.
MM. les Armorialiftes nous apprennent de même que la plupart des Mai-
sons de Bourgogne portent de gueules, parce que ce fut de tout tems la
couleur de cette Province. C'eft par la même raifon que les Croifés ne porte-
rent pas la croix de la même couleur chacun prit la couleur de fon Seigneur
Suzerain. Lorsque Philippe Augufte, Richard Cceur-dc-Lion, & Ferrand
Comte de Flandres (e furent croies enC:mble le Roi de France prit la croix
rouge, celui d'Angleterre la blanche, & le Flamand la verte, en quoi ils furent
imités chacun par leur Armée. Mais ceci nous apprend que ces Princes
avoient déjà ces couleurs elles étoient par conséquent antérieures à l<uc
Croifade.
Ajoutons une aotre caufe, la divifion d'une Famille en plu lieurs branles,
qui ayant di~erS un même fymbole en pludeurs lieux thit qu'on n'apper-
çoit plus dans la plupart le vrai motif de leur in~itudon, & que tous ces
Symboles n'o~Seni plus que confunon.
Mais revenons aux Symboles des anciens Peuples il ne nom refte plus
~u'à parcouric ceux de la Sicile & de l'Egypte.
j!
A R T 1 C L E V II I.
J L L S S D E S 1 C 1 E.

La S!C!i.E, remplie de Colonies étrangeres & de Villes puiuances, dont;


elle étoit redevable à fon agriculture, offre des Symboles tres.remarquabies.
Celui de l'ine entiere cA une tête couronnée d'épis & d'oA fortent trois
jambes di~pofées en forme de roue-, auxquelles cène tête fert ainn décentre
cette figure e(t tout à-ia fois peinture & de la fertilité de la Sicile & de fa u-
gure triangulaire de celle-ci par fes trois jambes, de ce))e-!à par les épis.
~.R~Ct~.E a pour fymbole ou un cheval ailé ou un char à quatre che-
vaux dont le Conducteur eft couronné par une Vicbirë qui plane iur fa tête.
Ses Divinités tutetatrcs font les grandes Divinités de tous les Peuples agn-'
cotes le Soleil, la Lune, la Terre féconde: ou avec leurs noms Mytho~
logiques, ~o//oK~ Diane ~r~.
Ce cheval ailé, fymbole également de la ville de Corinthe dont Syracufe
étoit Colonie, avoit ainfi que le cheval Carthaginois, un rappott immédiat
au commerce Maritime de Corinthe & de Syracufe. 4

Le char à quatre chevaux couronné par la Victoire, étoit t'embleme de


l'agriculture norinante à Syracufe & de fes heureux effets.
P~jyo~M~ a pour fes fymboles fur une de fes Médailles, avec une In)f-
cription Phénicienne, d'un côte une tête de Ccres de l'autre, un cheval aile.: MI

ce font les mêmes emblêmes & par la même raifon.


C~r~JVB prend toujours pour Symbole la corne d'abondance.
.M~y~f, dont !e nom au pluriel à tant de rapport à celui du ~ozBJt & de
laft~ (MEN & MENE) eut pour Patrone Cérès, & pourfymbote deux
flambeaux en fautoir. Ce font donc des ~r/nM~t~A~a~dcngne des
flambeaux, le Soleil & la Lune, les deux grands flambeaux de rAgricu!teur.
A~xos, riche en vignobles, eut pour Divinité ~«MÂMj pour Symbole
une grappe de raifin.
~GBSTB a pour Divinité tutélaire Diane c~<~r~:pour fymboïe uo
chien courant & à la fuite de (on nom ces lettres ZIB.
Nous voyons dans CicERON ( ) que Diane chanereue avoit dans cette
Ville un Temple magninque, dont les fuperbes reftes font gravés dans la def-

/,)iy.H!mng. contre Vcrret~ N"


cripnon de la Sicile par d'ORviLLE. (i) Telle dl la defcription que fait Cicé-
ron de cette Deeue, ou pour mieux dire de <a Statue.
Erat admodum amp)um & excelfum ngnum cum ~ota. Verum tamcn
M inerai in ma magnitudine s:ias atque habitus virginalis fagittx pendebant
M ab humero nniftra manu retinebat arcum, dexirâ ardentem facem pr.E&-
rebat
La Statue de la DceCe étoit grande & élevée mais dans cette forme
M cotouale eUe con(er~olc les
graces & la pudeut de la )eune({e un carquois
plein de flèches ctoit fu(pendu à (es épautes d'une main, elle tenoit fon
» arc de l'autre eUe portoit en avant un flambeau allumé.
Ne Soyons pas étonnés du choix de cette Déeue & de ces Symboles couc
en en: relatif a la ntuation & au nom de Segefle.
Elle étoit fituée en effet dans un Pays admirable pour la chaue.
Son nom, prononcé ~c/Fe, étoit un adouciuemeut de l'aspiration Orientale
qui fervoir d'Article à ce nom, & que nous trouvons en effet écrit
dans STRABON PAUsANtAS &:c. &: tes Habitans ~f/?<ï<o~.
C'eft donc une allufion au mot Oriental D!~p arc, qui joint &rArtic!e(r<)
ké, nous donne A<-g< mot-à-mot celle qui aime la chane. Aufli Diane Chai-
~ereue eft fa Divinité & un chien courant, fon Symbole.
Le mot Zib, qui ~uit'&n nom & qu'on n'avoit encore pu expliquer,
en: relatif à toutes ces idées c'e(t le commencement du Z~n~des Illyriens.
& des Grecs qui ugnine lance pieu & qui vient de l'Orienta! My, T~t~
attaquer, faire la guerre, donner la chaue aux animaux, ce qui 6tC la pre-
miere des guerres.
Nous bavons donc à quoi nous en tenir maintenant fur !*Hi(toire fui-
Tante relative au nom de cette 'Ville. S~?< dit-on, ntle d'Hipporas, ayanc
été envoyée par Con père en Sicile pour la dérober à la cruauté de Laomedon,
y fut aimée par le Fleuve Ctimi(e qui la Curprit en fe cachant fous la forme
d'un chien de-là naquit Egc~e t'~c~ de Virgile entbrre que la Ville qui
auparavant s'appelioit Egefte, prit dcs-tors le nom de Segefte~ &: un chien
pour Symbole. ( i )

Ii)Planche~urta pag.8~.
( i ) Je fais grand cas de ces Traditions Fabuleufc! 8e Mythologiques, parce qu'elles'
inoas conduitcnt presque toujours à la découverte du vrai. Nous voyons dans cclle-<:ï
Sue cette V~Ic eut deux noms, d'abord B~e/?e. puis <~e/?e, & que ceux qui 1m don-
T~MMEJ\rfrM avoi: pour fymbote «n /~rMM. C'etoic une attuuon
fon nom qui peignoit fa utuation lignifiant habitation fur une mc/i~~i'.On
fait que tor en Oriental ngnine montagne, d'où !e 3fon~-7'M~jenAne, &
!e Mont-Taurus fur lequel étoit cette Vitte & fi elle prit un taureau pour (on
fymbole, c'ed parle principe dont nous venons de par!er c'eft qu'il n'y a
nulle différence entre les noms primitifs de montagne & de taureau.
SEL~o-vrE fur t'Hypfas, dont les bords étoient couverts de pern!, prit
fon nom & (en fymbole de cette- plante.
C~M~AJTJVE étoit fituée dans des marais. C'e~ ce que 6gn)ne fon nom en
Onenta!?'y-1on(M~<!r-<tM) ea'.)x noires, ou marécageufes, même nom
que"ce!ut'desP< C/M<rM~.Ii n'en: donc pas étonnant qu'e!te eut pour
fymbole un cygne & des poifloos.
~C~fG~Jvr~ ou ~e~j, ngninoit terre haute. Elle eft en ecfet fur une
montagne au Nord de la Mer. Ses fymboles font une ~rev~' de Mer &: un
<j/e qui tient un !icvre dans Ces (?rres. Cette Ville éroit dans une Contrée
de chaire &.de pèche.
A~T/. ? Je joins ces deux Villes, parce qu'elles ont le même fym<
fEO~rr~M. ) bole.
Toutes les deux un lion c~ C~j pour Patrone.
Ce font précisément les deux caractères dont la réunion tbrmoit le Sphinx
c'e~-a-diretesdeux Cignes fous leïque!s!amoinon(e fait dans la plupart des
Contrées de !'Europe.
~E~TJ a beaucoup de rapport au nom de Neith, que Saïs donnoit à
Minerve &: qui ~gni~e une personne du Sexe. Cette Ville auroit donc pris
ion nom du figne de la moi~)nneufe ou de la Vierge, tout comme Leontiuiii
prit le fien du figne du lion.

nerent ce dernier, Sreht allufion à fa fituation & au rapport de ce nom avec celui des
Chaffeurs en langue Orientale nous pouvons donc avancer que fon premier nom arolt
une toute autre caufe, & qu'il défignoit ia lituation de cette Ville fur le confluent de deux
nvieres qu'on appclla le Xanthus oc le Scamandre, à l'imitation des rivières de Troyc.
En effet E~-e~-fe, fignifie mot-à-mot en langue primitive d'Europe, qui eu: fur deux
aigues ou eaux. De-1) le npm de Se~e~: donne à pluHeurs autres lieux Htuës de la même

~HMc,
maniere. Ceci donne lieu a une obfcrvation efrentielle c'cft qu'il faut diflinguer avec
ibi~ la fignification premïerc d'un nom, oc les allumons dont il s'e~ chargé dans la
FJW~. Omettrions-nous cette'Ville célèbre par !'en!évemenc de Profer-
ptne oc digne de terminer cette petite Me des Villes de Sicile ? Elle avoit
pour Patrone Cérès dont le fymbo!e étoit un char ou une charrue à deux dra-
gons ailes, avec Hercule au revers emblêmes relatifs à l'agriculture, qui
étoic tres-noridante à Enna audt étoit-ce le lieu où l'on célebroit avec le plus
de pompe les Fêtes de Gères. Le nom de cette Ville vient du primitif Cette,
Hébreu, &c. En 7?<a, 0~, qu~~gnine yo~rc~. H y en avoit de très-
1,

belles à Enna & elles lui procuroient des prairies très renommées ces
prairies où l'on dit que Proferpine cueilloit des fleurs lorfqu'eUe fut enlevée
par le Dieu des Enfers.
ARTICLE IX.
~r~BOZB~ DES ~f~zE~~JEcyprjr.
Panons premierement en Egypte. Là, nous verrons toutes les Villes porter
des noms fignificatifs & chacune nous dit-on, adorer des Dieux étrangers,
a caufe defquels elles (e faifoient, ajoute-t'on, des guerres à toute outrance,
chacune pour faire triompher (on Dieu de tous les autres & ce culte de
figures étranges, être établi, en mémoire de ce que les Dieux, dans la
guerre des Géans, s'étoient cachés -fous ces figures de chat, de chien de
!oupt &c.
C'étoit répondre a une allégorie obscure, par une autre plus difficile à con-
cevoir. Mais les anciens Egyptiens favoient bien à quoi s'en tenir fur routes
ces chofes ils étoient bien sûrs qu'il ne falloit pas les prendre au pied de la
lettre eux qui, à TA~j, adoroient un feul Dieu Créateur, & qui dans
leurs My~cres enfeignoient & ce Dogme, & celui d'une vie à venir. Mais
développons ces obfcurités énigmatiques.
Les Villes d'Egypte utuées, prefque toutes de la même manière fur des
chauuees le long du Nil, ne pouvoient fe diftiuguer par des noms tirés de
leur ntuation on fut donc obligé de recourir à quelqu'autre moyen.
La plupart prirent les noms des Pianettes ou des ngnes d'autres des noms
d'animaux, ou des produ6tions les plus remarquables de leurs Contrées. Ain~
elles s'appetlerenc Soleil, Lune M<rear<, M/<er, /<on chat c/'oeo~ cA~-
fr< ou capricorne, &c. Telles furent
La Ville <f0/ï, e'e~-a-dire Ville du Soi.tti., en Grec ZMo-~o/
La Ville de ~nMO/ï, mot-à-mot, !a Vtn.B du BELIER, mais en Grec
.Dw-PoA-touViHe d'Iou, de Jupiter: nous verrons bientôt pourquoi.,
.p~. r<MB. At
La Ville de ~M~<, c'e~-i-dire du CnAT, ou de Diane.
& Aft~ routes deux Villes du capricorne, ou du bouc.
Ils avoient encore les Villes du /~r~, des croc~/cf, du loup, &c.
Tandis que celles qui purent prendre leur nom de leur fituation ,ne négli-
gèrent point cet avantage telles TTf~j, ~An' &c.
TnHBBS fituée dans les montagnes choini un nom relatif fa HtMation
on dohnoit cciui-ci dans l'Orient à des Villes hautes à des Cirées ce mot
~g)iinoit proprement une r~r<yMr< contre les MMA- aufH <ur-i! donné aux
arches ou vaiueaux & aux'ViMcs hautes des Pays expo~s aux eaux.
5tN, la Pe!u(e des Grecs, ngninoit & en Egyptien & en Grec ~7/~
des marais elle éroit fituée, en effet, dans des marécages.
AïH R.ip, ngnine ca'Hf ~c ~<'tr< c'efi qu'eHe étoit dans ie ca:ur ou le centre
du Delta que les Egypnens appeUp!ent Ria, ( c'eft-à-dire Poire), parce qu'il
<n a la figure.
Mais chaque Ville Ce mettoit, elle & fon nom (bus !a protection d'une
Divinité Tutélaire & elle (e choinnoit, toujpurs dans cette vue, une Divinité-
qui eut quelque rapport à leur nom.
Le Soleil fur la Divinité Turélaire d'Héliopolis.
La~neouDiane,deBub~c.
jM/rrut adoré dans !aViHedubetier, premier des Cgnes, & qui
étoit fous la protection de cette Divinité, ou du Soleil au Prinrcms.
Pan ou la Nature fécondante fut la Divinité des Villes du bouc.

fous ces Symboles leurs Dieux Tutélaites, elles choinrënt les 4~


Lorfqu'enfuire ces Villes voulurent avoir des. tymbojes & représenter

dont elles portoient le nom, ou ceux qui étoient consacres à ces Dieux.
même

Ainn, !e boue ou !e ~r~-pr~ fut le lymbole oc de<ViI!es de Mendès &


<f~/M, & de Pan leur Dieu Tutetaire.
Un ~< fut Je fymbole de Bubale & de Diane ou 16s.
Un &MrM«, celui d'Hc}iopo!is &: d.u Solei!.
I! étoit donc.vrai que tous ces Dieux étojent cac!~s fous la ngu!;e de divers
animaux il n'etoit pas moins vcai que cela etQit arrivé dans-la guerre des
Géans contre les Dieux: car c'ctoit au moment où ces Villes avoient été con(..
truites,pour s'y garantit des inondations, dont les ravages étoient allcgorifcs

lendrier..
fous le nom de C~a/M, comme nous l'avons prouvé da~s l'Hiftoire du Ca-

L'~Hégorie étoic donc ingénieufe! elle ne devmt abfufde que toriqu'on ~e'.
toonut plus évente qu'eue reutermott.
Les Symboles des Egyptiens étoient donc des ARMES rARï-ANTBS qu'en
conclura-t'on Qu'eues n'étoientpas de vraies Armes Mais dans la premiere'
origine de toutes chofes, pouvoic-il y en avoir d'autres Celles-ci n'auroient-
elles pas été ab&rdes&vuide: de fons!t

t.
Enfin toutes ces Villes eurent des<M~M<c/ & ces animaux étoienc
nourris aux dépens du Public & conndercs comme autant de Palladium ou
de gages auurés de la profpérité & de la durée des Etats dont ils étoient les
Symboles vivans. Les Mener ou les tuer, étoit regarde comme un attentat
contre la MajeRé de l'Etat & comme un présage funefte qu'il falloit détourne r
par tous les moyens pofnbles.
Tout ceci étoit dans l'ordre naturel des choses & ne renferme rien qui ne
Me pratique, du plus au moins, par nombre de Villes modernes qui entre-
tiennent encore des animaux comme leurs Symboles vivans.
Mais avec le tems il s'y joignit, du moins des Etrangers le crurent. des
idées (uperfûtieutes & folles comme fi les Egyptiens euucnt fait réellement
leurs Divinités de tous ces animaux.

L'Egypte, elle-même, eut Ces ~mbo!es, tes emblèmes, & comme Etat
Politique, & comme Efac Religieux,
Comme Etat Politique, on la peignoit fous la figure d'un crocodile un
crocodile encha!ne reprefente fur les Médailles d'Augufte l'Egypte captive &:
aux fers fymbole que nous retrouvons fur les Médailles de la Ville de NiMES,
Colonie Romaine compofée précisément de ces Lcgionnaijres ~vec lesquels
Augure avoit fait la Conquête de l'Egypte. On feroit même prefque tenté de
croire que le nom de Nimes, porté par cette Colonie &i(oit allufion à l'ini-
mitié de l'ichneumon contre le crocodile car le nom Oriental du premier
de ces animaux eft NiMs ou plutôt, que le nom de cette Ville entra pour
beaucoup dans le choix qu'on en fit pour y établir une pareille Colonie.
Nous voyons aufit dans PAui. LucAs, que dans une Me du Nil on avoit
gravé la figure du crocodile, pour fervir, fuivant la Tradition du Pays, de
tatifman ou de fauvegarde.
Comme Etat Religieux l'Egypte étoit peinte fous la figure d'une vache
parce qu'elle étoit consacrée à Isis & c'étoit ce que les Grecs appelloient la
~cA<Jc; mot primitif, & un des noms que les Egyptiens donnèrent à la
Lune od à Ins car Isis, comme DeeCe des eaux, étoit Parrone de l'Egypte;
de cette contrée qui ne fubndoit que par les eaux du Nil, & qui d'ailfeucs,
conformément à la Do&rine de la Génèfe, regardoit l'eau comme le principe
phynque des Ettes & cette Ins ou lo, <e peignoit fymboliquement fous la
figure d'une vache à caufe des grandes utilités de cet animal & mythoto-
giquement, parce qu'une tête de vache fervoit de couronne à lus, c'ett-a*
dire, parce qu'InseM la Lune, dont le tymbote eft le <:ro~<
A R TIC L E X.
.SyMjso~sDE~~mi~s~cA~
totiqae pluneurs Villes étoient réunies en Corps de Notions, ou par quel*
que confédération étroite, ou, fur-tout, à caufe d'une origine commune it
y en avoit une qui devenoit le centre de la Nation alors on entrerenoit dans.
célle-ci le feu facré Symbole de la durée & de I'a<~ivi[e de cette confede"
ration. On y depofbit tout ce qui avoit rapport aux Dieux Tutélaires du Corps
entier ces Villes devenoient &A.CREK, la guerre en devoit être fans cefre.
éloignée & ce lieu étoit appelle la Capitale la Métropole, la Mere de la.
Contrée; en Oriental, ÂM Mere ( t~.
OLAf~NT~
Les Villes de l'Orient etolent trcs-Ialoufes dé ce beau droit & et!es s'en glo*
tinoient dans tous leurs. Monumens publics.
TvR & StDeH s'appellent fur.'leuis monnoies ~f/'M des P~yZ:
yeru(alem, c'e(t-a-dire, SALZM i-A.SÀiMTE écoit une de ces Villes Che&
de Confédération car les Hébreux Suivirent Couvent les ufages politiques de
toutes les Nations, lors même quils s'en eloignoient pour les ~entimens reli.
gfeux. C'en: à cau(e de cela que leur Capitale s'appelloit S~/n la Paix ;.cac
une paix éternelle devoit y régner aufli jamais ne fut-eUe attaquée par les

(t) Ce mot primitif, & H cher au fentimen~, eS commun à nombre de Langues.


MMe encore en Allemagne dans n:s dérives Sau~me fignifie Mère-Nourrice &.
~mfMn, un Gbuvetneuf, le Chef d'une Métropole. On voit dans HtsycHiu; qu'Amma.
~gniRoit en Grec Mere & Nourrice.
Il ejttr* Mul dantle nom de la Dee(!e HertA-cm dont nous aurons lieu dé pMlet.
Hent4t.
autres Tribus tandis qu'elles ne formerent qu'un Peuple; & cependant elles
(e faifoient quelquefois la guerre entr'elles. Là s'entreienoit fur les Autels
facrés un feu perpétuel, gage de ta prospérité du Peuple là routes les années
le Peuple (e réunifloit trois fois pour rederrer fes noeuds & rendre fes devoirs à
la Divinité Tutélaire de la Narion à la face de (on feu (acre & de Ces (ymbeïes
auguftes.
JEcyp r~
HBUopons Ville du Soleil, ej) Egypte, étoit cerMinemencune de ces
Villes (aérées, centre de plufieurs Villes.
Il ne feroit peut-êire pas difficile de retrouver le nombre de Villes (aérées
qui étoient en Egypte. Ce Pays écpit divifé en trois Contrées, qui (brmoienc'
autant dé Confédérations particulières, réunies ensuite en une feule. Il ralloic
donc qu'elles eufÏent chacune leur Capitale, leur Ville facrée leurs tymboles
communs à toute là Confédération. Or quoique chaque Ville d'Egypte eût,
comme nous l'avons vu, fon fymbole. particulier ,1'Hi~oire nous montre trois
iymboles remarquables en Egypte, tous les trois de la même nature, tous les
trois relatifs à celui de l'Egypte entiere & chacun dans une des troisCon-
trces différentes de l'Egypte.
Ces trois Symboles font le boeuf Apts, à ~<A< dans l'Egypte du milieu.
Le ba:uF MNEvïs, à ~o~'j, dans la bafÏe Egypte ou la Delta.
Le boeuf ONUPHis, a .MW~M, dans la haute, ouThébaïde.
Ce dernier étoit memefurnommé P<ï~J3~, c'e~-à-dire le Dieu del~
Contrée ou de route la Confédération.
Memphis, étoient donc les trois Villes (acrées de l'Egypte les
Héliopolis, trois ou elle entretenoit (es feux (acres les trois où
Hermunthis l'on fe rendoit toutes les années pour honorer .la
Divinité, & renerrerles noeuds de la Confédération,en la présence de tout ce
que l'on avoit de plus cher & déplus augure. 1

Il eft même digne de remarque que les noms décès trois Vi!!eséro!enp
analogues les uns aux autres, & qu'ils nous pr~emenc entr'eux les crois pria.
dpaux objets du Calendrier.
Car ~/n/~j, en Arabe Manouph ou 2M<<yA, vient certainement da-
mot AfM<~ oM Af~ao la Lune.
û/ï, ou Heliopolis (Ignine, comme chacun le. (ait, Ville du Soleil.
~nan~j~ vient ennn de ~f<r/~ Mercure ou l'Interprète & (ans'
doute de 0/ï,Soletl.
Aind les noms de ces trois Villes nous prérentelit
Le 'Sotei)~ Chefs des mouvemens cc'c~es, & fur !e~que!s le La'
La Lune boureur regle tes ~cns:
L'Interprète des mouven.e'~s ce!~es, ou le Conftrucceur du Calen-
drier, qui en tenant compte de ces mouvemens apprend au Laboureur le
.tems de fes opérations.
~inu rout étoit Symbolique en Egypte tout étoit fait pour l'intrusion
publique jurques aux noms des VHtes, dont la réunion formoit une fuite de
TaMeaux correfpondan'
Et ces trois Villes avoient un ~d'& pour fymbole parce que c'étoit le
fymbole de la Nation entiere; & qu'ainn, lors même que le Peuple (e reuniCbic
en trois Villes dinferentes, il n'y avoit cependant point'd'oppoution ni de
féhifme, puisqu'ils confervoient les mêmes ~ymboies.
Lorfque Jéroboam fe fut (cparé avec X. Tribus de celles de Juda & de Ben"
jamin, ce qu'il eut fait cuivre le Schifme civil du Schifme religieux, il imira
les Egyptiens }u<ques dans cette divifion du Pays en trois Villes ocrées, ou en
trois Confédérations particulieres: car dcs-!ors il y eut Samarie, Capitale de la
Nation, P<M & ~e~</ avec leurs boeufs facrés, qui furent autant de points
de réunion il n'e& nullement probable, en effet, que ceux de Samarie n*eu~-
&nt pas chez eux des fymboles publics de la Nation, gage: aSures de la durée
de l'Etat, emblèmes de la Divinité Tutélaire.

GRE C E.
Lorsque TA~, qui changea!a face de PAttique réunit en un feul point,
pour leur donner plus de confiftance, les douze Cercles ou Tribus de cette
Contrée, dont chacane avoit fon feu & fes AfÏembtées, ATHENES devint une
Ville facrée, une Mere du Peuple; elle eut chez elle !e feu ~cré de la Nation
en elle furent concentrés les droits de Magifirature de Sacerdpce, & les
Symboles Pactes de la Nation.
Il en fut de même des Grecs DEMms etoit la Ville facrée de la Nation
la Ville où s'eniretenoit le feu facré, la Ville de paix, 6c qui ne devoit jamais
ctre ravagée lors même que la Grèce éfoit en feu de toutes paris la ViUe
du Sacerdoce, de i~ Magi~rature & des Augures de toute la Confédération.

lt ~a~<
Ne foyons donc pas étonnés que là fut le Confeil des Amphy~ion: que là fur
d'Apollon; que là fut Oraç/e de la Grèce entiere. Toutes
ces choses conâituoient le droit des Villes (acfées ainu ce ne fat point par
bafard que l'Oracle d'Apollon à Delphes, devint le plus célèbre qu'en lui
fur concentrée la gloire des Oracles de la Grèce c'ctoit une fuite nécenaire
de la Confédération Grecque, aint! que de toute Confédération, de Famille à
Famille, de Ville à Ville, de Nation à Nation.
Ces chofes font dans la Nature: elles doivent donc (e trouver en tous !ieu~
& en tout tems & c'eA par elles que rfMoire des Nations doit s'éclaircir
~e développer.
Ce ne fut pas même par ha(ard que DELPHE: fut choifie pour la Ville iacree,.
&: ce ne fut point par une folle imagination qu'elle fut nommée aind c'e~-à-'
dire nombril, centre, milieu.
Au cennc de tous les Etats confédérés elle (e trouvoit à la portée de tous
on n'en pouvoit donc point choifir de plus avantageufe une fois choine on
l'appella le centre, le nombril de la terre, parce qu'elle en étoit réellement le
centre celui de la terre confédérée, & non de l'Univers, comme l'ont
cru les Mythologues &: les Interprètes mal-adroits qui fe font fi fbuvene
trompés dans les applications des mots généraux de ferM, de ~<t/~Ke, de
F«~Ze, ô~c.
1 r 7. f

RoME, elle-même, fur, dès fa fondation une Ville Sainre ;car tes Chefs
des grandes Familles-Propriétaires qui s'y réunirent dans l'e(pecattce de trouver
en cela leur avantage, y ouvrirent un <t~< lacré & ittviolable. Or teute Ville
avec droit d'afyle, étoit une Ville lainie car elle renfermoic let Symboles <a-
crcs de l'Etat & c'étocuit ces fymboles même dont l'influence s'étendant tout.
autour rendoit inviolables ces alentours, & en faifoit un a~ylefacre; une
retraite fure, un abri à. toute épreuve.
Cette observation fournit même un moyen poar concilier les diverses Opi*'
nions (ur la fondation de Rome il faut aum di~inguer aécenairemenc eHcre
Rome déjà: exilante, & Rome choifie pour le centre de toutes les Familles Pa-
triciennes car dès-lors ce fut une nouvelle Ville; elle eut une exigence H fu-
perieure à tout ce quelle avoit été auparavant, qu'on ne comptoit~a fondation:
que dès ce momenr.
Icicomtnencoir "ce~irement une Ere nouvelle: quelques Annaliâes parent
conter ver te ~.u'.cmr d'un village, d'un bourg plus ancien umpic'habitation
de quelques Pécheurs mais le nouvel Etat ne put dater fes délibérations, fes
Loix, Ces Magiftratures que du moment de (a réunion du moment ou pour
Ja premiere fois on planta fbtemneHement )e c/oH~tc~.
On ne s'égara que lorsqu'on ne fut plus dt~inguer deux époques aum di<ïe-
rentes, &: qu'on t'imagina que ce clou facré étoit le feul moyen par lequel on
(ut compter les années & en tenir regillre. Dès lors ~e répandit fur l'Histoire

objets.
de Rome un brouillard qui n'ecoit réellement que dans les yeux de ceux quï
confondirent ces divers
Les EïRUMMs, Peuple célèbre long-terns avant les Romains, formoient
tuui une Confédération divine en XII Cercles ou Cantons, avec une Ville
commune nommée .Bo~M, de Bol ou ~o/, Con/«/, Z?~r<<~o/ & S~t
Vieillard. Ils font ainti du nombre des Peuples qui étoient divifés en XII.
Cantons, tels que l'ancienne Egypte Fancienne Atdque, i'Ionie ou les Villes
Grecques d'Aue les Hébreux.
rAi
Les ~YRtBMs eurent tuCI deux Villes facrées: HiBuApoi.is, /M. /M. la Ville
&ctee là étoit le feu facré de la Nation, fes Dieux Tutélaires, fes AuemHees:
nous aurons Peuvent occanon d'en parler c'eA la même que l'on appeuoic
MAM-B~cB ou Ville de la Lune.
La féconde Ville facrée de ce Pays étoit Hznol'ons ou BAI.BBC Ville du
Soleil. On peut vo!r ce que nous en avons dit plus haut. ( i )
La Ville d Oi.BA Capitale d'un terHtoire divifé en trois Cantons dans !a
Ciuçie ctoic aum Mne Ville ûcr~e, Con Prince étoit ou Co~/ï
dans toute rétendue du mot, car il étoit Prince Souyerain & Grand-Pretrc,

~t~3f~C~
Les Celtes avoient aum leurs Villes cactées, leurs Meres ou Am, Dépo-;
fitaires du feu facré & des Symboles de la Nation.
Tels ~etoient tes Habitans des Contrées que l'on appelle aujourd'hui Duchés
de Brème de Ferden, du Holdein & de Siefwick, & tout ce qui eA entre
Hambourg ce Lubeck. Ils formoient au commencement de l'Ere Chrétienne
~:pt Peuples nommés dans Tacite (t ) ~<c~n«ytf, ~yMm ~f~/M, ~«r~j,
~«~p/M &<<ïr~pnj ~MMAonj ou plutôt G~~Aonj.
(i) ci-defi'ufpag. if & ii.
(1)cI-dejfÏMt
pag. ï~ & !<.
~7,patE~fBR.
(i) TACtT. de Mor, Germ. C. XL. Dulettatton dans les Mém. de BerUtt pour l'année
Leut
Leur C:i~)c étoit t'Me d'HEtHG-ï.AND, nx milles de l'Elbe & de
Stefwick.
ou du
(
~o/r.
e r/nr croit paifaitement bien choin, ~gninant )j terre du~/K~
r.a cr.~it ic Temple du Feu Sacré ou de Vefh fbit .Fo/?~,
comme le nomrt? encore la rr~d~ion du Pays là ecoient les 5ymbo)es de
ces Peuples &: la Fot'c" iacj~, C'MMj,
hure. Cette Dcenes'ap~e!!ux:ou ~d. le char de leur De:!fe Tuté-
c'e~ dire ~Terre-Mère;
de même qu'on donno~ Rhca le lurnom d'r!<ï ( i ), expre~ion par !a"
~ue!!e on reconnoU~oit ''ccfe Divinité pour la Mère & la Souveraine de l.t
Terre entierc en gcncr.d &: des Pcuptes confcdcrcs, en particulier.
Une preuve (ennbte que ceci ct.-it rcl.tcifà l'Agriculrure c'eft que le char
de cette Decde étoit tiré par deux geniites, ainn que le fut l'Arche des Hé-
breux, torfque !esPhiti~ins la tenvoycfent de chez eux.
Ce fut donc par le plus pui~nt des motifs que les BŒUps formerent l'at-
telage di~inctif des Dieux & même des Chefs de confédérations chez plu-
sieurs Peuples, dans les tems des Fêtes publiques c'ed par une fuite de ces
principes que les anciens Rois des Francs fe montroient en public fur des
chars tirés par des boeufs ainu que les chars des Dieux ufage qui parut
~ecenairemenc ridicule !or(qu'o't en eût perdu les motifs de vue.
C'étoit encore par des boeufs qu'éroit tiré le char de la Prêrreue de Junon
a Argos, Ville dont elle étoir comme la Souveraine puifqu'on y comptoic
les années par celles de ton miniftere.

X I.
SYMBOLES ~r~~Tfrty~~ ~~jc ~o3f~.
Comme les Symboles ne varioient jamais, & qu'i!s eroieni bien connus
il devenoit indifférent d'employer ces Symboles ou les noms de cetix auxquels
Us éroient propres. C'ed ainli que nous difons le CROISSANT pour l'Empire
Turc les Lys pour la France le LEOPARD pour l'Angleterre, les CLEFS pour
le Pape. Il en étoit de même dans l'Antiquité.
Ainft nous avons vu qu'un Oracle dit à Adrafte de donner tes deux filles
en mariage à un Lion & à un Sanglier pour défigner deux Princes qui por-
tqient ces Symbotes.
C'étoit rufage contrant dans les énigmes, les Oracles les Hiéroglyphe!
en un mot dans tout ce qui étoit du renort de l'AHegor.e, de fubilituer au nom

(t) HÈ<YCHIUS.
~r.7. Bb
des personnages, des Empires, des Villes, celui des Symboles qui les c<tMC-
terifoicnt: & c'étoit là une des connoiuances eflentielles aux Sages & & ceux
qui vouloient déchiffrer ces.chofes enigmatiques.
JhREMtE ( t ) donne le nom de Coi-OMBE au Royaume d'A~rie, parce que
cet oifeau étoit l'emblème de la grande Dcefle de l'Orient, de cette Deefle
dont le char chez les Grecs croît attelé de colombes, les colombes de Vendus:
auffi laDeeuedeSyrie doit repréfentée à Hicrapulis avec une colombe fur la
tête: ce qui a fait croire que les Auyriens adoroient cet oifeau domeftique~
tour comme on a cru que les Egypriens adoroient leurs chats leurs chiens,
leurs oignons nous aurons occasion de revenir à cette Colombe dans l'HH-
toire de li~SEMiRAMts Mythologique, fille deSimma, femme de Menon, puis
de Ninus élevée par des colombes, à laquelle ces oiteaux étoient confacrés;
& qui difparut elle-même fous la forme d'une colombe. Quant au Symbole
Adyrien, quelques-uns prétendent qu'on le repre~entoit t~e/M< fes ailes en
M champ ~'or.
L'Égypte en: quelquefois dc~gnee i) par le nom de THANIM, qui n-
gnine, non le crocodile comme on l'a cru mais un~r~o~, fymbole de
l'Egypte agricole.
DANIEL déugne par leurs Symboles, les quatre Empires qui devaient fe
Succéder fur la Terre.
L'Anyrie par un AIGLE c'ecoit (on cnfeigne nationale.
Babylone par un LION aufli y voyoit on la fuue aux Lions.
La Per~e par un BEHER allufion peut-êrre à fon nom d'Etam de même fans
doute que-les rameuses factions du mouton blanc& du moutoanoir, qui onc
déchiré autrefois ce Royaume.
La Grèce ou Alexandre Roi des Grecs par un B o u c fi l~ArmoriaMe
PELioT a raifon de dire que le bouc étoit le Symbole de la Grèce.
Il eft certain qu'on voit des chèvres fur les premieres Medaitl.'s frappées en
différentes Villes Grecques, nommément à Athènes ). Ce Symbole con-
venoit parfaitement à des Pays montagneux tels que l'Attique la Macé-
doine~ la Laconie &c.LaMer de la Grèce s'appelloit auffi ~e. ou Mer des
Chèvres.
BiANCHiNi dans fon Hiftoire Univerfelle ( i ) fuppofe, d'après ce principe,

( t ) Chap. XLVI. ( 1 ) EzECH. XXIX.


(;)PEL!.tMN M~diull. des Peuples Tom, i. ï~ (~)J~onaUmvcr~e, in'~
.Capit.xxx.
que tes combats entre les Dieux dengnoient dans Homère les combats entre
les Nations qui reconnoinbieni ces Dieux pour leurs Patrons ainn, ~eton lui
VENUS défignoit fine de Chypre.
NbpTUME, la'Carie & la Cilicie, dont les Peuples étoient navigateurs.
JuNoM, la Syrie.
DiAN<, l'Ane Mineure.
)
AronoN Babylone.
La Cosmographie de MuwsTM. ( ) nous a tranfrnis un ra'c tres-remar-'
quable dans ce genre. Marcomir, Roi des Francs, ayant pénètre de la Ve~pha-
lie dans la Tongrie, vit en fbnge une figure à trois têtes, l'une de lion,. l'autre
d'aigte la troineme de crapaud: il confulta ta-dedus, ajoute-t-on, un célèbre
Druide de la contrée appellé Ai. RuNus, & celui-ci l'anura que cette figure
dengnoit les trois Puinances qui auroienc règne (uccefuvement fur les Gaules.
Les Celtes, dont le Symbole étoit le lion.
Les Romains, dengnes par l'aigle.
Et les Francs, par le crapaud à caufe de leurs marais.
Quant au nom d'AL-RuNus c'e~ un titre d'honneur, ngninant le P<yM
!e Sorcier, & qui tient au fameux nom des Runes, écriture du Nord.

(ï)UY.U.

Bbi)
ïE
j9j~ 6b~rE~R~ en
P
elles
/o~
A R T

rapporls avec les objets des J~/T~o/M


I
Droit
ï.
/o~/z<~ origine du nom de ces couleurs
~Z'c~r
~?/~M/j qui en con-
.leurs

~o~ €yc.

~jLPR~s avoir traité dans une premiere Partie de l'origine des Symbo!es on
Armoiries, du droit de Bouclier qui leur fie donner le nom d'Armes, &r desr
disertes efpcces de ces Symboles, en un mot de tout ce qui les concerne con-
lidérés en eux mêmes, nous allons traiter dans cette.ci des couleurs de ces
Symboles nous dirons quelle en fut l'origine l'Antiquité & la valeur de
leurs noms, lenr rapport avec les objets des Symboles nous parlerons ea
même tems du droit d'EnCeignes fur te~que!!es brilloient fur-tout ces couleurs
des HERAUTS qui connoiuoient de ces diScren: objets & de leurs réfultats occ.

A R T 1 C L E L

~?jE~ COt~Jt~
t.
Rien n'e~ plus agréable dans ta Nature que tes codeurs dont elle (e pare, &r
dont elle releve la variété de fes Ouvrages tout y brille de leur éclat divers
de leur- vif émail, de leur conira~e délicieux, toujours auorti avec iagene à la
Nature des objets qu'elles nuancent. Le Ciel, fource de la lumière, eft éetatant
d'un bleu clair & lumineux les montagnes lointaines & opaques brillent d'un
bleu obfcur & épais les eaux mobiles & d'o~ renechinent admirablement
tous les objets, ont un bleu mitoyen qui (ans avoir la vivacité du bleu ce-
lefte, n'a point non plus le fombre du bleu des montagnes. Le Soleil étin.
celle d'or ce des couleurs les plus vives la Lune pâle, compagne du repos oc
de la douce mélancholie, ne répand qu'une lunniere douce & blanchâtre au le"
ver de l'aurore, au coucher du Soleil, la Nature offre par-tout aux yeux
ctonnés l'éclat ravl&nt de toutes les couleurs réncchi~out-a-la-fois par le~
Oues~ par les eaux & par tes coteaux lointains: tandis que la terre que nous
habitons & qui eft fans ceCe préfente à nos yeux nous cnre une couleur cui
lui eft propre, o~ qui feule peut être toujours prefente & jamais à charge
toujours agréable & jamais fatiguanre, ce verd humble & modèle, anodes
yeux conservateur de ta vue, dont l'arrivée au doux printerns nous trans-
porte de joie & dont la difparition à l'approche du redoutable hyver nous
laine dans la rn~cne.
Le~ hommes, ïennbtes à cette belle variété en devinrent les admira-
teurs & de même que la Nature avoit divernne Ces ouvrages par les cou-
leurs, ils diverunerent par des couleurs les Symboles qui les caraûeri~oieni,
1
& ils adoptèrent chacun celle qui nattoit le plus agréablement leur goût,
ou
celle des Symboles dont ils avoient fait choix re! aime la couleur dorée tel
autre, leverd:le rouge convient mieux à unceu vif, le bleu à un œi! tendre
dans la jeuneffe ou fon voit tout couleur de rofe, les couleurs edarantes nous
plaifent plus elles s'aubrtiuent mieux à un teinr de lys & de rofes les couleurs
douces oc modèles conviennent à Fage mur elles contrailent moms avec u~
vifage qui fe décolore & fur lequel commencent à paroKre les couleurs pâles
de l'automne. Un Amant chént les couleurs de fa Bergère & le Guerrier,
celles de Mars ou du Héros fur les traces duquel il s'élance. Touc dans le
monde a fa cquteur~
Les Symboles desFami!!es, des Ueros,desVmes, des Empires, rurenC
donc necenàirement diûh)gucs par des coù!eurs des les tems les plus reçûtes
<< à cet égard notre B!aion n'a nul avantage fur celui des tems les plus an-~
tiens.
Il n'en a m~me ni à l'égard du choix des coureurs, ni à regard de !euf
nombre, ni quant à leur application, pas même touchant leur nom toute
cette ~agene e~ celle des tems primitifs, ou l'homme puifa roue dans la Na-
ture, dans cette fource immenfe & intatiuable de connoinances de toute e~
pèce. Il e~ vrai que la di(ene où nous (ommes de Monumens anciens~ cti peu.
favorable pour acquérir fur cet objet toutes les lumières donc il feroit fufcep-
nb!e il ne rcfte que des M<dai!)es, des Monnoies~ des Inscriptions ce ne'
font pas ces Monumens qu'on di~inguoic par les couleurs c'éroient les En-
ceignes, !es Etendards, les .habits, les Boucliers or rien dctouc ce!a n'ëxide'
aujourd'hui nous hommes donc réduits à ranembter quelques faits ~pars
cà & là dans les écrits des Anciens mais réunis à notre grand ensemble, ils,
deviendronc affez lumineux pour nots conduire au vrai.
1.
J~ noms des couleurs <&<cn celui Blafon /K~M, <for~< Orientale;

Un principe fondamental & reconnu de tout le monde en fait de mots,


ëH que toute (cience a été inventée ou perfectionnée par le Peuple donc elle
a emprunte le langage c'eft d'après ce principe que nous reconnoiHons pour
nos maires les Phéniciens dans la Marine, & les Grecs dans l'Agronomie,
t'Anatomie & autres Sciences anciennes. Mais le nom du Blafon & ceux des
couleurs qu'il employé (ont Orientaux; cette connoinance eO: donc venue de
!'0rienc; les Croifés la trouverent exilante dans ces Contrées, ils la rappor-
terent avec fes mois elle ed donc antérieure aux Croifades & elle eut par
conféquent des motifs absolument dirferens de ceux qu'on lui affignoit u ma!
à propos, par une précipitation fans egate.Ainnptus nous avançons dans nos
recherches (ur le Btafon &: plus nous nous auurerons de la faunete de cène
&nerjion) qu'il ne remonte pas au-delà des Xle & XIIe uectes & qu'il ~t
inventé par les Croifes, qui n'inventèrent rien.

F Z 0 2V.

Dans le PicHonna!re Arabe de GïtUHARts, qui vivoit.au dixieme uecte,


&par conSquCnt. avant tes Cronades~on trouve le mot BLADzo~ ~\j avec
les~gniScacioM t~de CMj, Famille, Maifon, at i*. d'/M/~n«t, Armoiries,
~mbotes d'une Maitont
AinRce <tot e~ oriental il étoit connu dans l'Orient long-tems avant les
Croifades; il eft rrcs-ngniEcatif~ tenant à'une Famille immense relative
aux
mêmes idées.; au lieu que chez les Nations Européennes, il n'or&e aucune
idée cjuetconque, il ne te lie avec aucune Famille de mots il ed abïolumem
ifotc il s'y montre Etranger à tous égards.
Il en ed de même de la plupart des noms de couleurs quel Peuple Euro-
péen (e feroit jamais avue d'appeller le rouge g~<«/<~ le -noir* -faite, le verd
finople ? Quel rapport ont ces noms avec leurs objets dans aucune Langue
d'Europe Cela n'eft point étonnant, ils ne font point Européens ils
ont été
pmjSs dans la même fource que le nom du Bt.tfbn.
CtTE~J~E.
Guj!V<ï.B,pour déugner la coulcurirouge, eft l'Of~ntal GA«/, CA<K/; qui
(!gni6e rouge., rofe~ &c. De< le-nomd'un Roone Perfan fort connu, In
GHUL-IsTAN, ou l'Empire des rofcs.

E.

SABI.B,nom de la couleur noire eft un mot egatemenc Orienca!; & qui


prononcé Zéhel, Zibel, fubuAe encore dans nos mots de fburures ~r/<-
Z<~< mot-a-mot, Martre nc~.
R.
L'Azc~ couleur du ciel ou bleu, e(t l'Oriental LAzuRD qui def!gne les
ïnêmes objets, le Ciel & fa couleur; & qui tient éga!ement à une nombreufe
RMniUë Orientale..
f o .P
SïNopn, nom de la couleur verte s'e~ reru(c, quant à (on erymofog!e,
aux recherches de tous les Erudits ils n'ont avancé là deHus que des
conjectures ridicules. Les uns ont dit que fon nom venoit de la Ville de Sinope
en Ane, 'comme n elle Fourniffoit une terre verte, iand!s que la terre y ef):
rouge: les autres y ont vu une altération des mots Grecs Prafind o~, armes
verres, comme fi des armes étoienr une couleur; comme s'it falloit aller
chercher chez les Grecs des noms d'une Science qu'ils n'inventèrent point.
C'eft un nom Oriental de même que ceux qui précédent; il eft compose de
TsiN~ herbe, verdure, &Bi.A, bled, le bled naiuant& d'un beau verd.

3.
~0/< des Couleurs, 6* leur ~a<?/Û/t en ~/n«M.)f M ~M&JC g* que ces
c~j~bn~ <~j /'(3~M~ 6' <tyon Génie ~o/H~.
Plus nous. avançons dans le détail des objets relatifs au Btafon, & p!us noM:
(bmmes obtiges de convenir qu'il dut Con origine à FOrient, & qu'il fut
ctroitement lié avec fon Génie Allégorique.
i.es couleurs du Blafon font au nombre de fept; or argent, les quatre do~c
nous venons de donner l'étymologie, gueule, azur, fable, unople & le pourpre.
Eft il neccuaire d'obferver que nous retrouvons donc ici la rameute
Formule de rept qui fervoit aux Egyptiens à combiner toutes leurs connoip
6mces toutes leurs fciences; & que e'e~ une nouvelle preuve que ces chofes
ont été inventées dans l'Orient f
Ce n'efi pas tout: ces couleurs font diviirces en deux claues absolument
relatives aux Opinions Orientales l'or & l'argent prennent le nom d'n<MMf,
&:Ies cinq autres couleurs celui de Métaux; oc outre cela, il ed de règle
que l'or & l'argent ne (oient pas employés enfemble dans un même champ.
Mais ceci nous conduit à la célèbre divifion des fcpt Planettes, dans laquelle
le Soleil & la Lune font le Roi & la Reine de l'Univers, tandis que les trois
autres, innniment plus petites à l'oeil, ne font que leurs Gardes ou Satellites.
On di~ingua donc neceflairemenc leurs couleurs en deux claues les cou-
lçurs du Roi & de la Reine furent appellces Emaux celles de leurs Gardes ou
Satellites, Moraux~
Les Emaux furent ~cce~iremenc l'or, couleur du Soleil, d'Apollon &:
l'argent, couleur de la Lune ou de, Diane.
Et comme le Soleil regne fur le jour, & la Lune fur la nuit, en forte qu'ils
ne paroinent jamais ensemble fur l'hori&n fur' les champs des C<n~j, des
Familles à Armoiries, ce tut une règle .néceflaire:qu'ils ne minent jamais en*
femble les Emaux fur un même Blafon, ou fur le même champ.
Chacune des couleurs eut donc un rapport étroit avec une des &pt Pla"
nettes,
4"

~~M ~f CoM&Mr~ ~<c P/<M< /ef ~«/o~, les divers


de la via,
L'Or représenta le Soleil Roi (ht jour.
L'Argent, la Z~nc, Reine de la nuit.
Le Rouge Af~rjr, de couleur enHâmce, Dieu de la guerre.
Le B!eu, Jupiter, Roi du .Ciel:azuré auiE cette couleur rappelle y~
piter dans les Livres de Btatbn.
Le Verd, ~cn~, D~efle du Pdntems où rena~ la verdure.
Le Pourpre, Mercure, Minière des Dieux.
Le Noir Saturne, Dieu du tems & de t'hyver, emblème de !a more.
~t~! chaque <;ou!e.ur avoit un di~fid & des propriétés diScrentes, qu'ettc
~enpit
tenoit de la Nature m~me & qui en dccerminerent prefque toujours le cho!x
car il falloit bien qu'elles furent aidées à leurs objet?.
Le ~r~ rut la couleur du pLmrsms, de la jeuncfïc ou tout prend fou
accroiflement~; de l'M~ puifqu'alors rout eA promette d'un avenir .p~'of-
père qu'on n'a qu'à encrer.
Le Rouge couleur du fang & de Mars Dieu des combats, fut ccUe des
combats, des Héros, des Guerriers.
Le-Pourpre, couleur plus tempérée, devint celle des Minières des Autels~i
comme elle t'etott d~ja.de Mercure, M'h~ne des Dieux.
L'Or & r~Mr furent celles des Rois Maures du Monde, & Chefs de la
7K/?/c< qui s'exerce & fleurit fous icur protection & fous leur bon vouloir
d'aiueurs le Ciel azuré fut toujours t'embicme de cette Vertu fans laquelle rien
ne peut prospérer le jB~« étoit auffi la couleur de la Mer & ceUe des Marins.
Le Noir, couleur du blême Saturne, & de l'hyver où tout eft mort, fut
naturellement l'emblème de la mort, de la tfi~eue, du deuil.
Le Blanc fut, au contraire, l'emblême de la joie, & fur-tout celui de la
candeur, de l'innocence pure oc fans tache.
Ces rapports font f! conformes à la Nature, qu'on n'a jamais pu s'en écarter
& qu'ils fe font fentir par-tout, & qu'on leur obéit fans celfe, même en ne s'en
doutant point,
Le Cierge, par exemple, s'y conforme exactement.
Sa couleur propre eft I.' pourpre & il varie fes ornemens fuivant les cir~
confiances. Ils font
Blancs pour les Fêtes de Vierge.
Rouges pour les Pontifes.
riolets pour celles des Martyrs.
Noirs pour les Morts.
Ces obfervations font fi naturelles, que les Anciens s'en fervoient même pour
teurs Divinités.
t~r~ ctoic peinte comme une blonde, à caufe de la couleur des épis
de bled.
~o//cn, jeune & aux cheveux d'or, étant le Roi de la Nature.
Bacchus., comme un jeune homme gros & gras, au vifage rouge ou
enluminé.
~M/M~n, enfume, au milieu de fes forges & de tes cavernes embrafces.
JMM<rye aux yeux bleux comme étant la Reine de la Vouie azurée
tandis que Junon écoit repréfemee, non avec des yeux de boeuf~
M:TcM. Cc
comme on a mal traduit, mais avec de grands yeux parce
qu'étant Reine de la Nature, rien ne peut échapper à ~sregarda
Il en éto!t de même en Egypte.
Le Dieu (upreme, le Créateur de l'Univers, étoit peint couleur de ciel.
lus, ou la Nature univerfette avoit une robe de toute couleur & fur fa tête
les quatre Etémens repréfentés par quatre cercles concentriques, ayant cha-
cun la couleur d'un Elément.
Leurs Monumens, peints, doivent o~rir à cet égard des points de comparaison
très-curieux, trcs-intérenans; mais perfonne n'y a fait attention parce
qu'on n'a jamais cru que ces objets renfermaffent des ventes & futÏent
l'e~et de la rénexion & d'une parfaite conformité à la nature des chofës.
A Rome, aux jours de Fête, on coloroit de rouge ou de minion les Statue:
des Dieux: & dans les jours de triomphe, les Généraux Romains mettoient
du rouge à leur vifage c'ett ainn que triompha Camille.
La convenance des couleurs était tellement obfervée que les Chantres
même dq~Poëmes d'Homère s'habilloient de rouge pour clianter l'Iliade &
de bleu pour t'Odynee l'Iliade ne partant que de combats & l'Odyuee que
de voyages par Mer. Ce codume étoit ob(erve même pour la couverture de
ces Livres un parchemin rouge enveloppoit l'Iliade, & un ~/<M l'Odyffee on
auroit pu les appeller le Z.<vre ro~<, & le Livre ~H.
Les Romains faifoient prétént d'un étendard ~/<a à ceux qui av oient rem-
porte une victoire navale telle fut la récompenfe dont Augure honora
Agrippa, torique fur les rivages de la Sicile il eut batm la flotte du jeune
Pompée.

De la Couleur /!e~.
Entre toutes tes couleurs, la plus etHmee chez prévue tous les Peuples
<<t le rouge. Les Celtes le pre~etoieni à
toutes les couleurs & chez les
Tartares, t'Emir le moins riche a toujours une robe rouge pour les jours ou il
<A obligé de paf~tre en Public.
Cette couleur étoit chez les Romams celte des Généraux, de !a Nob1e(~e,
des Patriciens: ette devint par contcqueni c~He des Empereurs. Ceux de ConC-
taminopteetoiententieremcnrhjbiHesde rouge: tl'< croient vêtus, chauC-
Ks, meubtés de rouge audi le dernier de ces Princes ay~ni été Cfourtc dans
foule en combattant vaillamment Turcs <~M prenaient Caph
contre
talc, !1 fut reconnu à bottines rouges, au milieu d'un monceau de morts.
fes
Leurs Edits, leur ngnature, leurs Sceaux étoient en encre & en cire
rouge. C'etoit porter de gueule fur fes Armes.
Auut dans les commencemens y eut-il des Loix qui dcfendoient de porter
de gueules dans fes Armes, à moins que d'erré Prince. Ce n'Ctoit pas un droit
que le Blafon leur donnoit il ne faifoit qu'en empêcher t'extennon à ceux qui
n'etoient ni Rois ni Princes.
Le Ci.Avus,ornement qui di~inguoit !es Patriciens à Rome,& qui,fuivant
~bn plus ou moins de largeur, formoit le lati-clave & l'<ï/K-<<tfe, étoit une
bande de pourpre femblable à une bordure à têtes de cloux ces c!oux facre:
qui atÏuroient la durée de la République & qu'on plantoit chaque année.
Le rouge des Empereurs doit lui-même tout pourpre à caufe de t'ectat de
cette couleur de fa cherté exce~Hve, étant ires-rare, pui(qu'on la dévoie i
une <eu)e efpcce de petits coquillages qu'on trouvoit fur les côtes peu étendue!:
de la Phénicie.
Les Lacedcmoniens étoient habillés de rouge pour !e jcombac c'eroic au
dire des froids Commentateurs afin qu'ils ne trinonnauent pas en voyant le
fang ruineter fur leurs habits imagination digne d'un Commentateur.
Le rouge étoit également regardé comme la couleur favorite des Dieux
<um dans les jours de Fête les Statue: des Dieux ctoient paifées en rouge, &
on mettoit du minion â leurs joues, comme nos Divinités rerreRres Ce bar-
bouillent de rouge chaque matin, & fe montrent en public cetplendiuanrM
comme dçs Furies.

Couleurs mi-parties.

Iî exi~e actue!îement des Etats dont la Hvrce porte des habits mi-patM,
d'une couleur d'un côte, d'une autre couleur de l'autre.
Tel étoit i'ufage de divers Peuples anciens on voit dans E~her qu'Anuc-
rus ni revêrir Mardochée d'un ~~anMau Royal pourpre & blanc.
L'habit des Sénateurs Romains étoit également mi-parti, puisqu'il étoit
blanc & que la bordure en doit pourpre.
H B Il o D o T E dit ( t ) que lorfque les Ethiopiens fe préparoient pour
la guerre, ils fe peignoient le corps mi-parti, blanc d'un côte, rouge de t'aa-

<t) Uv, VII.


apparemment, pour paroltre doubles & en devenir plus formidables.
tre
Tout cela brochant fur leur fond noir, ils dévoient être hideux.
Quoi qn'il en ~bit, nous voyons encore ici que nos couleurs mi-parties du
Blafon moderne,. ont eu leur modèle dans la plus haute antiquité, &: qu'il n'efc
pas étonnant que les Dames de ce tems-làpeigniflentleur vidage blanc & rouge
comme aujourd'hui.
y.
Couleurs Bouclier.

C'e(t fur-tout fur les Boucliers qu'on faifoit briller les couleurs qu'on avoic
adoptées on y mettoit les couleurs les plus éclatantes.
Les Boucliers des Corinthiens étoient rouges il en doit de même de
ceux des Mcdes & des Perfes fur tout lorfqu'ils renversèrent l'Empire de
Kinive. NAHUM les représente couverts de rouge.
Ceux des Germains, dit TAcrr: rc(ptendinbient des couleurs les plus
vives. JcM~~ ~7~MM.f fo/or~Mj ~M~MMn~. « Leurs Boucliers fe diMnguenc
par des couleurs choines M. Chacun mettoit donc la Henné fur (on Bouctiet
M
nouvelle preuve relative au droit de Bouclier ou au droit d'Armes.

?.
Dro~ de Colorer le Co~~

L'ufage de colorer (on Bouclier n*avo!t pas été le premier en date. ~vanc
<!c colorer cette arme,
on coloroit fon corps. De même que nous voyons tes
Sauvages de l'Amérique fe couvrir le corps de rouge ou de rocou, ainft les.
Celtes, ces anciens Peuples de l'Europe, fe coloroient tout le corps & cette
couleur étoit le rottge.
Ces hommes dénués d'ans vivant dans des Pays de bois & de marais,
t
avoient été forces de s'oindre le corps entier de drogues ondueufes & amères
pour fe préferver de la piquure de ces armées innombrables d'infeAes qui
remplinent les Pays marécageux, & pour rendre moins fenfibles les iniempc-
ties de l'air.
Pour joindre l'agréable à l'utHe, ils coloroient ces drogues de rouge fur-
tout & peut-être cette couleur étoit-elle plus funefleauxmatheureux enne-
mis de l'homme.
A la longue. les Européens perdirent cet ufage, à mefure qu'ils cult.iverent
les Arts, & qu'ils defleeherent leurs marais pour les changer en abondantes
moiubns en forte que nous ignorerions entièrement cet ufage de nos vieux
Peres, fi lorfque les Romains firent la conquête des Gaules, ils ne t'avoienc
trouve encore pratiqué par des Peuples qu'ils en appelleront F<(7<j & Bretons,
mot à mot, les hommes peints.
Mais déjà dans ce tems-là exilloit la dinerence 'des Symboles tous n'a-
voient pas le droit de fe peindre de la même manière chacun doit oblige de
fuivre à cer égard Ton rang, fa dignité, fa tribu ou fa maifon & nous voyons
les mêmes différences avoir lieu dans les Nations Américaines.

P~~t~r~~ relatives <t cet ufage c~~ les Européens.

M. P)Ei.i.ounER, dans fon Hi~oire des Celtes (t), s'exprime ainn fur~et
afage des anciens Celtes.
« H eft certain que la plupart des Peuples Celtes, les Efpagnols les Ha-
bitans de la Grande-Bretagne, les Thraces, les Illyriens, les Daces & plu-
fleurs autres.avoient la coutume de tracer fur leurs corps des figures de toutes
fortes d'animaux. On deûmoit la figure par une infinité de petits points qu'on
gravoit dans la chair avec une aiguille ou un fer rres-pointu. On n-ottoit en-
fuite cette efpece de gravure d'une couleur bleue, qui s'imbiboit tellement
dans les chairs, qu'aucun tems ne pouvoir renacer N.
Jules Ce~r parle de cette couleur b!eue, & il croyoir que les Bretons ~o
peignoient ainu pour paro~tre plus terribles à leurs ennemis. Cet ufage (ubHf-
toit encore dans quelques Provinces d'Angleterre au Ville fiècle de notre Ere.
Le Concile de Calcut en Northumbre tenu en 787, le condamna tres-'
~verement comme une impiété Payenne &: vraiment diabolique.
Notre Auteur ajoute "Les hommes & les femmes ornoient également leur
corps de ces 6gures.EHc9)!crvoient à distinguer les conditions & les familles.
On n'en voyoit aucune fur le corps des Efclaves. C'étoit un embeHifÏemenc
a~e~ aux ptrfbnnes libres. Celles qui doit de moindre condition les portoient
petites, éloignées les unes des autres. On reconnoiuoit la Noblefte à de gran-
des ngures, qui non-feulement couvroient le vifage & les mains, mais encore
les bras, les cuifïes, le dos & la poitrine ».
HERODiEN (i) qui dit que les Bretons de fon tems gravoient fur leur
corps des figures de toutes fortes d'animaux,croit qu'ils ne portoient point d'ha-

(i) Lit. II. Chap. VII. (t)Uv.HI.


bits, afin de ne pas cacher ces ngures il n'avoir pas vu que ces figures au
contraire n'avoient été inventées que parce qu'on ne portoit point d'habits.
C'e& aind qu'on met fans ce(!e l'e~t pour la caufe & la caufe pour t'ener.
A mefure qu'on s'habilla, les couleurs fauterent du corps (ur les Bouchers
avec les mêmes di(UncUons & des Bouchers elles revinrent fur les habits,
lorsqu'on fut obligé de paroître dans de grandes Cérémonies fans Boucliers
alors les Nobles portèrent des habits tongs,furtefquets leurs Armoiries étoienc
brodées en plein les autres réduits à l'habit court, en furent appellés Cour-
~~j, nom qui eft re~é aux Garçons Marchands, dans le ~y!e burlefque.
Lorfque ces habirs chamarrés turent devenus ridicules les couleurs ~m-
tèrent de-là fur la livrée & fur les carrones dorés.
Ainfi (e font promenées les couleurs depuis les tems les plus reculés jusque:
à nous, fur tout ce en quoi ont bfiUé fucceûlvement ceux qui avoieM le
droit de couleur.
?'
De quelques autres CM</M<rj.
<r

L'Or fut toujours une couleur trcs-difUnguée c'étoit celle des D!eux ?
<des Rois elle étoit trcs-précieufe chez les Perfes. XtNopHON ( i ) dit qu'un
aigle d'or élevé fur une pique étoit chez eux l'Etendard Royal cet aigle d'or
qui pana aux Romains de-!à aux Empereurs.
Chez les Athéniens, le noir étoit, comme chez nous, la couleur de Famic~
tion le ~/«/!< ou argent, celle de l'innocence, de la pureté, de la joie. Auffi
leur Vaineau d'expiation qu'ils cnvoyoient toutes les années d'abord eo
Crète, puis à Delos, avoit des voiles noires- au départ, & des blanches au
retour Symboles vinbles de la noirceur & de la blancheur intet!e~tue!!es, de
la douleur & de la joie qui en devoient être la fuite. On fait que parce que
Thetëe négligea à un pareil retour d'arborer le Pavillon blanc, ton pere Enée
fe précipita de dé(e(poir dans la mer. Evenement qu'il ne faut pas entendre
précisément ainn, mais qui con~ate l'ufage dont nous parlons.

(t) Cyrop. L:Y. VII,


A R T.1 C L E Il.
D«~ro~<f~y!/e~c.

Ce(t fur-tout (ur les Enseignes, Bannières, Drapeaux ou Etendards que les
Peuples placerent leurs Armes ou Symboles caractérifHques c'ctoit en effet te
feul moyen par lequel ils punent rallier leurs gens dans l'occanon & fe diftin-
guer des autres Corps.
Celui ci étoit d'autant plus nécenaire,que dans l'origine chaque Chef de
Contrée avoir feu! droit de mener fes gens au combat u(age qui exifte en-
core en divers Pays, & qui n'a été aboli en Europe que par l'établiuement des
Troupes à folde.
A Rome, les Légions, les Cohortes, les Compagnies même de Soldats
avoient chacune leur Enfèigne particuliere.
Les Corps particuliers tels que tes Colléges ou Compagnies de Prêtres, les
Con&éries, les Communautés Corps de Métier!, eurent aufH leurs Enfeï-
ou
gnes mais c'étotenc des Enfeignes pacifiques, qui avoient pour Symbole la
figure ou l'embtcme de leur Divinité Patrone.
Entre les grandes Bannieres facrée! des Egyptiens (e diflinguoient celles
qu'ils faitbient marcher à la tête de la grande pompe <f~, & qu'on appeltoit
le voile de la DéeHe il en étoit de même du boeuf Apis, Symbole de
l'Egypte.
Nous retrouvons ces deux derniers'chez d'autres Peuples. Il n'y avoir rien
de plus célèbre dans la grande ProceCion des Panathenées à Athènes, que le
voile de Minerve ou d'Ins.
Lorsque tes Israélites dans le Déferr crurent avoir perdu Moyfe, ils'imagi-
nèrent de le remplacer par un Veau d'or, (embfable au bofufApis, en di&nt:
f<<Mu-aeMj ~e~ Ot<M~ qui Mar~Mt ~«nf noMj c'e~'t-dire, des Enfeignes
Sacrées que nous puitHons fuivre.
Moyfe au contraire leur donna (t) pour cri de guerre TfOM n~~ Jehovah
eft mon enfeignc & l'Arche portée à ta tête du Camp étoit comme l'Etendard
National.
Nos Contrées devenues Chrétiennes, continuerent à fe fervir d'Enseigne?
& de Bannieres & au Heu des noms & des ngures des Dieux du Paganiûne,

(.)Ex<)d.XVII.
on y fub~rua des Symboles Chrétiens à Paris Ste CM<f~< remplace ~fj,
& fa fête fut célébrée également !e ) Janvier. A Rome S. Pierre & fes clefs
ouvrant le monde cele~e, remplacèrent Janus, qui avec fcs clefs marquoit
l'ouverture de l'année phyfique. L'Annonciation de J. C. de la nouvelle ta.
plus importante pour la vie celeAe, remplaça celle des moiuons la plus im-
portante peur la vie d'ici-bas.
Ces Divinités Patrones étoient toujours choifies par leur analogie avec les
occupations ou avec la nature des Sociétés ou des Corps qui les adoptoient.
Les Marchands pat exemplc,avoienc choiu Mercure pour leur Patron. Ce choix
aroujoursctonnéles Critiques:c'en: qu'ils ne faifoient pas attention aux attri-
buts de cette Divinité, toujours représentée avec un Caducée, une bourfe &
un coq. Mais nous avons vu dans les Allégories Orientale! que Mercure étoit
J'ernblcme de l'invention du Calendrier pour les Agriculteurs de-là tous fes
Symboles le Caducée, Symbole du chemin du Soleil & de la Lune, faifoit
.jtentir la~eceCitc de fe rendre attentif à cette route, & de diriger par elle leurs
travaux. La bourfc appfenoit que l'Agriculture e~ la bafe des richeues oc de
l'opulence le Coq, de quelle vigilance avoient befoin les Laboureurs pour
profiter du tems mais la Bourfe étant ainu le Symbole des riche(fes Mer<'
~uteà~ la Bourfe devint naturellement celui des Marchands, & du Commerce
~udrousies Marchands, Négocions & Banquiers, )[e reuniu~nt par-rout
~enteigne de la BouME, nom encore aujourd'hui de leurs lieux d'auemblees.
Ce langage Symbolique e~ tellement dans la Nature oc dans la raifon
qu'il s'eAtranunisjufques à. notre tems que Saint Crépin €0: le Saint des
Cordonniers Saint Clair celui des yeux fbibles le premier de ces noms
indiquant les yoM/wj, & le fecond la clarté. Ne &ut-il pas en effet que
tout nom foit relatif à. l'~bjM auquel on,rapplique:Auul pourroit-on donner
u~e&ule de pareils exemples en tout genre, qui prouveroient avec quelle
~ageCMes noms Symboliques furent choins dans tous les tems, ce l'influence
prodigieufë qu'ils ont eu fur les idées & fur les usages..

t.
.A~m.tZ.<M/7M<f&î/<M.f.

Les noms Latins des Enfeignes'étoient VExti.i.A, StGMA, iNsiGMiA. Le pre<


onier eft formé de Vti.MM,
un voile il fignifie ainu un voile, un drapeau par
excellence.
Le
Le fécond tbrme,comme nous l'avons de}adit,des mors Latins qui (!gni6enr
chofe mi~e en~/ï~, ïubn~e encore dans notre mot c/<< tandis que nou
avons préféré de rendre le premier par le mot drapeau, qui déngne un mor*
ceau de toile, de drap réfervant le mot voile pour des objets relatifs aux
vaideaux & à la coctHtre des femmes.
Les VEXiLLA déngnoienr les Enfeignes ou Ëcendards de Cavalerie les
autres mots tes Enfeignes ou Drapeaux de l'Infanterie.

.Rc/M<arj rendus aux ~n/M~n~ Militaires.

Les Enseignes Militaires étoient d'une 6 grande importance, qu'on mit en


ufage cous les moyens
propres à les rendre respectables aux yeux des Troupes,J
dans l'origine toutes Citoyennes, afin qu'elles ne laiflauent jamais perdre le
Symbole de leur union & qu'elles eunenc le plus grand motif à les défendre
vai)!amment.
Ainn nous voyons que les Romains les con~acroientpar des cérémonies,
augures qu'ils les mcttdient fous la proteeHon de quelque Divinité qu'its.
les encenfoient, qu'ils les ornoient de couronnes de neurs, qu'ils fe mettoienc
à genoux devant eues, qu'its prêtaient par elles leur ierment de fidélité miu"
taire & que pendant la paix on les dépofoit dans les Temples.
C'eA d'après ces haures idées qo~its regardoient les Enfeignes comme

Dieux auxque!settesétoient consacrées.


des Paliddium des Etats, comme l'emb!cnie& le figrie de la procedrpn des

Leur pêne étoit donc regardée comme un vrai matheuc pour l'Etat, &
comme une infamie pour ceux qui n'avoient pas Cu les garantir aufH le Corps
ou la Cohorte qui s'eroic laine enlever la fienne, etoi~ bannie; du Camp, &:
obligée à ne vivre que d'orge, jusqu'à ce qu'elle e~répare J~ honte par, des
prodiges de valeur & jamais les Romains ne nrent de Traités de pa~qu'en fe.
faifant reftituer les Enfeignes que la guerre leur avoit~ait perdre..
La plupart de ces ufages ~ubMenc encore de nos jours. On conracre lew
Drapeaux neufs ou on les bénit, on les falue à leur panage, on punie de mort
ceux qui ne leur font pas fidèles on iulpend dans les Eglifc$ ceux qu'oit a
enlevés aux Ennemis. .f
j?~ Te/a, D<r
4.

D U D R A G 0 N

~Wj~y~M~<&~<MjC<~MP~~
Les Dragons ont fervi d'Enseigne à la plupart des Peuples dè l'Antiquité.
tes Aériens & les Daces, Peuples Agricoles, en portoient.
La Cavalerie Indienne avoir un Dragon pour Enseigne de mille Cavaliers.
Sa tête étoit d'argenCydit SuinAs, & le rette du cocp& d'HL" tiuu de (oie de
diverfes couleurs. Ce Dragon avoit la gueule béante, afin que l'air s'inunuanc
~M cette ouverture cnS~c le nNo-~fe toM qui ~moK le corps de FanmMt, &:
lui f~ imirer en quelque tocte le 6nement<c.Iea. replia toctueux d'un véritable
Dragon.
Heroiren u~e chez tes Rtotnatos. AMNfitN MÀRcBt.ï.iM (t) décrie une
de ces Enseignes, à peu-près de la même maniere que Suidas c'ccoit un Dra-
gon artincietfu(pehdu à. une ptque dorée :it eMit couleur de pourpre &: orné
de pierreries il imitoit te uâementdu Serpent, toc~que ~c

Perdes.
entroic d<uM
fa. gueule.
Voptscus, dans la vie d'Auretien, parle de& Dragons cotnmeeMnttet~
Etendards des
Le Symbole des CMnoi? e(!: un Dragon d'bf ~ut Utt fond- Mage &.verd.
Les EmperëMS de Con~annnople avoient leurs habas~chant~r~ de Dra-
gons. S. yBAN-CHRYsosToME parle de teur&Mbcsdénoté ~MiefqueUes~toien:~
repréfentés ces Animaux.
Les Dieux Indiens ont <otM un Serpent poMcc!ntate<-
ViTtKiNc' rapporte (i) ~u~ les Saxonnvoteae un Dtagon pouf Eh<e}gn&
Les Troupes de Cavalerie que, nous appelions D&AGONS, (ont un refte da,
ces ancieM Corps qui devoient leur nom à là nature de leur Enseigne.
Ce n'eft pas là lé (eu! u(age dt ce Symbole il n~etoit pa~ nMitMiMu(tre:dan~
~Mythologie o~ l'Hi~oire des Dieux.
Le Char de Ceresetoit tiré par des Dragons.
Eretychto~- (en~leve, ettpeiht avec des pieds de Serpent.
Dans lés Myftères de lamemeDcene, on jettoit des Secpens d'or d~tns 1e-

(t) LiT. XVL Ch. X. (t) QtOcs dea Saxons, L. I..


nés.
.jtein des Initiés & il y avoit toujours un Serpent dans la corbeille myfiique
portée dans les Proceutons des Mynères de Ceres & de Bacchus.
C'en fur un Serpent d'or & dans un van, que les Athéniens pofbïenc
leurs enfans dès qu'Us étoient
Un des travaux d'Hercule connde à abattre les têtes de l'Hydre formidable.
L'Hinoire de Cadmus eft étroitement liée avec ces mêmes Symboles il
tue le grand Serpent il en Cerne les dents il devient Serpent lui-même..
Ces rapports ne turent jamais l'enet ni du caprice, ni du hazard. Dans to~N
les tems la Terre fut comparée à un. Serpent brillant des couleurs tes p!us va~
riées & les moiuons,à des Dragons aux têtes d'or & aux couleurs changeantes.
La Terre eft t'hydrf produifaBt fans cee de nouvelles têtes qu'abat le La-
boureur & cette hydre eft de trois couleurs, noir, v<r~, or, relatives au~
trois Saifons primitives, i'Hivcr, faifon trifle & noire; le Printems brillant de
verdure; & l'Eté aux épis blonds & dorés.
Ainfi Aventin qui porte (ut fon bouclier une hydre, armes de (ea Perc<
~toitdefcend~ d'une famille vouée à l'Agriculture, & qui en avoic pris le
Symbole.
Cadmus~ui-meme n*e(tappeUc~< qu'àcaufe des grandes propriétés
qu'il avoitmnes en valeur.
Dans l'Odynee, Troie eu: peinte fous l'emblème d'un Dragon: la, un
Dragon dévore huit moine~M & teur mère ce que Calchas expliqua des ntuf
j~nnees.que'~e~Gre€ypek(~to~e~t~<v<~n~depo~~vo~~fe cendre maîtres de cette!
.Vittecelebre.
Il n'en: point etennant qwe le Dragon ou Serpent <bit devenu le Symbole
des moiSoM, qui, comme lui, Ce renouvettenttoutes les années & qui ~onc
la fource de la vie & de la pro~pertte des Etais & ce Serpent eA d'or, parce
que la terre cultivée e&la~ur~dca!ndH)Ene<.
C'en par la même raiten que les Athéniens ptaco!ent fur un van &' filr ce
Serpenc d~ot, leorsen&M a~m'oment <t!ie~ea~n!uMSnceS eoirn~e ~n Symbofe
anure d'une vie longue <c hcureufe.

~<i:<J"~r<!ff
(. o~~ <ï ~o<r~
Les Boucliers, les Enfeignes & les Médailles ou Monnoies n'ctoient pas
tes feuts objets Mirteiquets on pta~oit fes marques Symboiiques. On tes mettoic
~gateOMnt olvet~ autres tels que les bagues, tes Sceaux, le~t~M:
D dij
w
gniie..
précieux ou volables, tels que t'argentenc & les troupeaux, les habits de di-

..ViRGindit, par exempte, dans tes Gcorgiques ( t ) qu'on appliquoit <es


Symboles fur les cuiues des animaux avec un fer chaud; & il emptoye les
mots w/< & noi~M C~~j~ les Symboles & les noms de la Maifon, de
!aFam!He~ decequ'onappe!)oitGENSparbppontion au Peuple.
On -les plaçoit également fur ces colonnes étevceï devant les maitons des
Citoyens & devant tes portes des Temples & qui etoient comme autant de
bornes de !a même manière qu'on fait Sculpter aujourd'hui fes Armes au-
dei{us du portait de fbn Hôte!.
Ces colonnes à Symboles s'iappelloient Zf~~H~. Athènes & eues etoient
~tcie de Mercure Dieu des ngnes.ainu torfque pendant la guerre duPelopo-
~e~e toutes ces têtes eurent été abattues en une même nuit, à l'exception d'une
feule placée devant lamaifon d'Andocides la Ville, enti.ere d'Athènes fut p!on~
gce d~ns taplus~vive eonnernation; it fembloit que~c'etoit une conspiration
~eneraie contre.t'exi~ence des Citoyens & contre::rE.tat lui-même dont ces
Termes repréfentoient la durée & les Dieux tutélaires.
..On voit dans le bel Ouvrage de MAzoccm retatifà un monument d'He-
raclée, ( t ) un Hermès fur lequel on a peint un caducée, & qui eA tire d'un
va~e~truique.
Ce Monumenc d'Heractee qui connue en des décrets: .graves <ur cuivre en
langue Grecque, om'e ksnoms de diverfes Cunes, têts que CADUCEE, RAt<
stM, ÏRiDBMT, TRtptED, BoucuER ouPni.TB, &c. & qui font aufant de
noms Armoriaux relatifs aux fymboles de ces Curies on fait que chaque
Peuple ancien ecoit divine en Tribus & que chaque Tribu t'ctoit en dix Curies

A R T 1 C LE 1 1 I.
JtfoT~ ~~J~o~jr ~3fpzpy; r~t~~jv~
tes Livres Hébreux contiennent des morceaux de la plus belle Poëue,
qui font peu connus en François, parce que ces Ouvrages ont été pref-
que toujours traduits par des personnes.ptusja!pufëa de conserver la pureté &:
fexcellence des dogmes & de tout ce qui e& relatif a !a foi que de rendre

j
(t) LiT. ïu. vert ï~. (t) In ~ea! Tabulât HefM~«ue< NeapoU
y
!7~. jm-M~
avec élégance &. avec exa~ttude des portions de ces Livres qui (ont plus liées
avec les Arrs, l'Hiftoire & l'éloquence nous aurons donc occa~on de don-
ner de tems en rems quelques morceaux de ce dernier genre traduits d'une
manière plus littérale, & par-là même plus claire & plus noble.
Nos Lecteurs ont vu ce que nous avons déjà dit dans notre premier Vo-
lume au (ujet de la vernon des LXX, & ce que nous avons dit dans celui-ci
fur l'exprefHon ~o~ /e ~r~ emp!oyée par Ezechiel, & donc perConne n'avoic
compris le ~ens.
Nous allons mettre également ici fous leurs yeux la Traduction d'un
verfet de Nahuni, qu'aucun Interprète à ma connoiuance n'a rendu littérale-
ment, & qui étant très-clair dans l'Original, eft devenu inintelligible fous
leur plume parce qu'ils ont ignore la valeur de quelques mots, qu'ils en
ont pris d'autres au (ens phynque, tandis qu'ils y font fous leur fens figuré
ce paflage d'ailleurs, a le rapport le plus étroit avec l'objet dont nous nous
occupons: ce que perfonne n'avoittoupconné.
C'e(Ue troineme verfet du. Chapitre II. des Prophéties deN~H~M contre
Ninive & où il annonce comment elle feroit pri(e &, deituite.,
Dans ce veriet, il décrit l'état lefie & brillant de t'Armée qui viendrolt
attaquer cette Ville Superbe.
En voici le Texte avec la maniere de le lire
~n-~M CT~a in~l~ PO M«GeMGM!(ïIHO«M'AnAM;ANSHn-
HEtL
Min m'73 ~M Q~na M'T~M!.AoEiM;K'AsA PA<tLDOTA H~-
N.<K<B,
.'r?!nn O~~S.'T) ~r3r< 0')~ B'ioM~H~iNou: OuHEB~usHiM H~-
Rt~JLOU.
Cequi~gnine mot-à-mot: i
~gM le Bouclier ,G~orM-AoN de ~cs Guerriefs, J~~M comme du
~ang. ~fy!jA<M/ fes hommes d'élire, A~a~ûM/n comme des rubis.
A'<tjA comme du feu Phaldoth leurs cottes d'armes, A~oc
leurs
chars, B'iom aujour,~A</ï-o« de la préparation: OM-ojA~ & leurs
tances, ~'rAc~H (erontreÏplenditïantes.
< Comment il a ~J traduit par divers.
Rien de plus barbare que la Vcrnon des LXX..
o~« <fb)~«~ «~TM~ tt~p<~M)f,
y
Les armes de la puiuance de !eut~
fM~et: ~tt'MU< tjHW'M~e~T<t{ t Mwupt t(<
hommes, leurs hommes puions teints
i!)t<<U «pjMftTM) tt(<T&)); au feu. Les brides de leurs chars an
tV O~ttpct tTe</<M-
TN~
~<f ft</Tet/, «u et t~Me (/<uc)
jour de leur préparation & leurs che-
Cc~f~ttSxj~TfM. naux feront troubles.
On voit qu'ils ont manqué le fens des mots ~'<!M~, M'thulhoeim, Phal-
~A OM-~rojA~~ & He-rholou & qu'ils ont cherché à deviner mais 6
mat qu'on ne voit dans leur traduction ni foM ni liaifon qu'efi-ce que des
hommes teints au teu ï oc des brides qui feront troublées Peut-être efi-ce la
iaute des Copiftes qui n'auront pas ~u lire d'anciens manuscrits.
Le CENE elt plus exact pour te commencement, mais la fin e& abfurde.
Le bouclier de tes Héros eft rouge les ~ens de Guerre font vêtus de pour-
pre les chariors feront garnis de flambeaux aUumés lorsqu'il marchera en
bataille & que les fapins trembleront.
j&om eALMET, quoique plus fidèle n'a cependant pas été plus heureux
M Le
boudier de fes braves )ette des flammes de feu tes gens d'Armes
~.&M v~H9 de pourpre &s chariots étincellent lorfqu'ils marchent au com"
bat ceux jquHes conduisent ~t
comme des gens yvres.
PoMf~ct ils ~on~ mal traduit.
Peut-on rendre d'une manière plus différente ces derniers mots, <?H-~M-'
~t<H-A<-rAc/oMï quelle choifir de ces trois ugnincations, des ~y~~r~~t
des.j~ ~n~, des Mn~&tarj qui (bm comme des. gens y~<j; ? S!
des Traducteurs habiles & inte)Hgens tâtonnent à ce point, que devroit-on
p.{M~r du.Te?;tej qu'ils ont fous tes yeux î qu'il e& absurde, ou qu'on y voit
tout ce qu'on veut cependant il eS trçs-beau, très-clair, trcs-clevé.
Majtt. ces, T~adu~9ur& ont, perdu de vue l'ensemble de ce verfet & de- ceux
qui l'accompagnent ils n'om passif affez d'attention à fes divers membres
ils ne ~e font point douté de quelques iens ngurés.qoi en rendent le ~yle:tres-
vi~ trcs-énergiQue il< n'ont point. foupcpnn,c qu~il yavoit des moiSt techni-
ques relam~ a la Science Héraldique.
Ici, ï~ahum décrit l'armée qui doit détruMe Ninive il. en dépeint pour
~tnudire.l'uniformç.
Ditns tes deux fuivans, l'Armée en:, en miarche:;d<ms.~<tu,Mt~ém€jelle <&
prrivée le nége eft forme, il e~ ternble.
Ennn la ville en prife & (accagée.
Cette de~iiption en noble'& rapide il n'y faut pas joindre des idée<
~ncohérentet;q~~ dép~M & qui en &M d~o~r~rbMmontc.
Ce qui a tout gâté, c'c~ qu'on n'a

Les deux premiers,

Af~~
~<~
pas

ce
·
compris qu'il s'agiuoit ici de là bett<'
ordonnance de l'Armée, du brillant de (on uniforme, de l'éclat de fes cou-
leurs & de ~es armes c'cA qu'on a été induit en erreur pat des mots donc on
ne connoi(toit patte (ens, ou dont on n'avoit pas auex pe(X ta valeur. Onn'ao--
ra pas de peine à s'en convaincre non veut nous fuivre dans rexplKaMoa'
critique des mots qui composent c< beau morceau.
~Mt/~ ~<
C~er~, ne fbunrent aucane dimcuîtë ih ngnï*-
~ent le bouclier des Vaillans des Guerriers.
ne ugni<!C point ici ~o/n~e comme t'ont cru tous tes ConMMn"
tateurs qui n'ont pas vu qu'il terminoit un fens complet, une portion d6'
phrafe ce mot ~<&~ ugnme auul Ac~gx la qualité d'être rouge, !à cou-
leur de c~hair,. toujours rouge, idée que préfente également le mot C'<tr, d'o~
caro chair ,&: toute cette Famille dont nous avons donné le développe-
ment dans nos Origines Latines,
Ansheï-heil M ~AM/o«/H forme une autre phrase complètre qu'on a fres~
mal-à-propos partagée entre la précédente & la fuivante. Dans cette
que nous venons d'expliquer, il s'agit des boucliers portés par les Guerriers,.
par le Corps de la NobtefÏe, & qui étoient de couleur rouge, comme nous'1

vêtement même de ces Héros, de ces Guerriers les hommes


dès r~ <
avons dc}a vu qn'étoient ceux de ptufieurs Nations anciennes ici, tt s'agit dd
font <'o~~
ou moc-a-mor,y<~ teints en yca~ ~gniScation du Verb~ ~'?n.
~'<ïjA P~~A A<7!~<o/a ~Mt<M~ icton voit te mot/'«/e~o~'dont
perfonne n'avoit compris la~brce & la valeur, ce qui peint cependant un ob-
jet detamême couleur que les chars armés en guerre & cette coBtear eft
couleur de teu mais cemoc commun à nombre de peuples déngne chez' tous
la cotte-de-maitte cet h~bir court qui ne pane pas k ceinture oC qai porte
tes couleurs de ceux aguets M e& de(Hné. C'eMe u~~ PA<ï~rou P<~ des
Arabes, quidéugne un habillement court: c'<~ le PALUB-aos cotte"
d'armes des anciens Romains, & qoi n'étoit porte que par les Généraux ou~
par leur Nobtene. C'eR le PALT des Suines du tems d'OiTius en 1~70, eC'
péce de camifole qui ne defcendoit pas plus bas que la ceinture & qu'on de-*
Cgnoitptrt'épithctedeJ!< P«&< Cette phrafe fignifte donc littérâte*
ment leurs ecMM-<M< /~rj chariots ybn~Mr<~ au /o~ o~
~e.r~~r~~ pour le combat.
La dernière phrafe eftcompofee d'une conjonction, d'un nom& d'un verbe,
0«~<r~~ A<rc/e«. Le Cene-etHefeuI qui ait connu ta vraie valeur pny*
nque du mot ~r&n, qu!déngneen effer les lapins mais il n'en a absolu-
ment point Soupçonné le Sens poëtique ou allégorique; ce qui lui a fait faite
une veruon ridicule, en titane trembler les fapins. Les autres Interprètes qui
n'ont pas eu plus d'intelligence que lui du Sens allégorique de ce mot & qui
ont fenti qu'il ne pouvoit être queSUon de Sapins trembtans y ont vu des
chevaux enrayés ou des gens yvres.
Il e(t bien étonnant qu'aucun n'ait compris qu'ici par lemot fapin on déugnoit
une arme militaire la lance, parce qu'elle eh faire de fapin. Cefl ainf! que les
Poëtes employent le mot P~j au lieu de celui de Navires & qu'Ho-
mère déngne la lance .d'Achiite fous le nom de F~n~, parce qu'elle éroit de
ce bois ( t ).
Ce Frêne Pelien n«~<f<<)~ Mt~/oy, que Chiron donna à fon pere chéri,
après l'avoir coupé fur le fommet du Pélion, afin qu'il devînt ~<f la terreur
M des Héros.

Le verbe qui termine ce verfec dengne en crfet le trembtement non un


tremblement de fièvre d'yvrefle ou de peur mais ce papillorage, ces fcin-
tillations queproduitle poli des armes lorflue le Soleil donne defïus, ce que
les Italiens appellent /<
Tafle (t). C'cft exaucement le
/MM/ éclairs tremblorans, comme dit fi bien le
7/-<& pM/~j d'Ovide, cet cei! brillant dont
on ne peut foutenir la (cinri~tion. On ne pouvoit donc employer de termes
plus énergiques pour exprimer le dernier membre de cette description tout-a~
la-fois poctique & prophétique /~rj lances c~ «n~ ~<b~-
~a'p~
~w.
~~J<iy/Jf~
Voici donc t'enfembte de ce paffage
Les boucliers de (es Guerriers (ont rouges comme du(ang feshommes d'é-
!ite~rt/ comme des rubis leurs cottes-d'armes & leurs chars (ont couleur
de feu, au jour pu i!s.(e préparent p(W ec/~<M, & l'on ne peut Soutenir
i'éctat de leurs lances.
Te!!c e(t l'explication umpte claire, ,exa~e & analytique de ce beau mor-
ceau que dénguroient ab(btumeni les traductions ordinaires & dans leque!
on retrouve le coftume des Guerriers apeiens, leurs boucliers, leurs chars,
leurs cottes-de-maille teintes en rouge ou en gpeule t'éctat qui en ré~uttoic
& le. brittani de leurs lances &: qui fournit par conséquent des points de corn-!
paraiton abfotument perdus jufqu'ici.

(~ It, n, p. t~. (t) Jcfuïajcm d<J)Yr~e, Chant I. St.


Depuis
Depuhque ceci eft écrit, un (avant Evêque à qui je faifois part de ces id~e!,
m'a fait voir la veruon du P. HouBtGANT qui ne s'écarte presque point de la
mienne eUe en fera donc mieux re~ue du Public.

AR T1 C LE IV.
C ~T~A~y~r~ c'r~t.
<
1.

Les Nations liées par leurs befoins mutuels, eurent fans ceue le plus grand
intérêt à avoir un Corps de personnes éclairées qui connuuent leurs avantages
respectifs qui funenr au fait de leurs alliances communes, de ce qu'elles
exigeoient, de leur obfervation de leur violation, qui fuuent en état de
porter la parole aux Nations, de leur déclarer la guerre fi elles avoient fait des
infrasons aux Traités fans vouloir y remédier,ou de dreuer des Traités de Paix
après les avoir ramenées par leur éloquence à des vues pacifiques & de bien-
veillance réciproque il falloir qu'elles tunent en auez grand nombre pour
pouvoir porter par-tout les ordres de leur Nation & d'un rang auez diftingué
pour être refpec~ées à l'égal de leur Nation; que leur personne d'ailleurs Ulc
facrée pour tous, afin qu'ils pudent aller par-tout fans crainte. Ces personne:
durent même former un Corps conndérable toujours exilant & divi(c en deux
Clalles; l'une, de personnes dé)àin(truites, l'autre de jeunes gens élevé! pour
remplacer un jour leurs Madras en un mot un vrai Corps Diplomatique, ou
des ~~<M Etrangeres relatives à la paix ou à la guerre.
AutR tous les Peuples policés de l'Antiquité eurent des établiuemens pa-
reils ceux qui les compofoient furent appellés,fuivant les lieux,
t
FECtAUx chez les Romains; &: chez les Ecrufques.
KERYCES chez les Grecs.
KERETtEMs chez les Hébreux.
HEB.Ai.Dt ou HeMuds, chez les Peuples du Nord.
Nous dirons moins en quoi connectent chacun de ces Colléges, que nous
ne chercherons à faire voir leur rapport étroit enir'eux,& qu'ils ne présentent
qu'un feul & même objet; &: connnent H e~ arrive que nos Hérauts d'Ar-
mes actuels ont des fondions beaucoup plus feuerfces.

D~M. Tom. 7. Ee
t.
r

~s cjr U jr.
Les FECiAuK étoient au nombre de vingt tous Nobles ou choius dans
les meilleures Familles: ils formoient un Collége fort considérable leur charge
qu'on appe!!oit un Sacerdoce, ncnnifÏoic qu'àvec la vie leur perfonne croie
mcrée leurs fondions connftoient à écouter les plaintes des Peuples qui fbu-
tenoient avoir reçu quelqu'injure dey Romains, à faifir les coupables, à les-
Jivreràceuxqmavoientété létes. Ambaffadeurs eux-mêmes, ils connoiC-
foient du droit des Ambauadeurs & des Envoyés adrenes à la République ils
dreuoient des Traités de paix & d'aHiance ils veillaient à leur observation &
tout ce qui regardoitles Symboles, les Sceaux & les titres, étoit par conte-
quent de leur reuoct.
Perfonne n'ignore que lorsque le Peuple Romain croyoit avoir à fé plain-
dre d'une Nation, unFecia!fetran(portoit(ur les frontières de ce Peuple,
armé d'une javeune terrée. Là, il ceclamoic à hauce voix l'objet que Rome
pretendoit qu'on avoit ufurpe fur elle ou bien il' expofoii d'autres grië6, o~
!a fatis&cHon que Rome en dëmandoit.H'en prenoic Jupiter à témoin avec
cette imprécation contre lui « Crands Dieux (T c'efi contre Fequit~ & lai
ju~iceque.jeviensiciau nom du Peuple Romain demander (atisfactidh,.
3t ne foulez point que je revoye ma Patrie tl répétoit les mêmes chofes à'
l'entrée de la Capitale & dans la Place publique.
Lorsqu'au bout de 3~ jours Rome i/àvoiTpày reçu îa (atis6Mon deman-
dée, le Fecial alloit une féconde fois vers le même Peuple & prononcoit pu-
bliquemtnt ces paroles « Ecoutez Jupiter &.vous lunon écoutez Quirinus,.
écoutez Dièux du Ciel, de la Terre & des Enfers jè vous prends a témoins'
» qu'un ul Peuple reRue à torr de nous rendre juflice nous délibérerons
à Rome dans le Sénat fur les moyens de l'obtenir
De retour à Rome, il prenoit..avec lui tes Collegues-, & à là t~te de <bn
Corps, il alloit &iM fon rapport au Sénat. Alors on mettoit là chofe en dé-
Hbération- & le plus grand nombre des funrages étoic pour décidrer !.t
guerre le Fecial recournoit une troineme fois fur les frontières du même
Pays, ayant la tête couverte d'un voile de lin, avec une couronne de verveine
par-denus là, en préfence dè trois témoins, il prononcoit cette déclaration de
guerre Ecoutez Jupiter & vous Junon écoutez Quirinus, écoutez Dieux
M 3u Ciel, delà Terre & des Enfers comme ce Peuple outragé le Peuple
a
Romain, le Peuple Romain & moi, du confentement du Sénat, lui déc!a-
rons la guerre- «. Après ces mots, il jettoir fur les terres de l'ennemi un
javelot ensanglante &: brûle par le bout, qui marquoit que la guerre érgit
déclarée.
'3.
C E j: y C B S.

Les CERvcBs étoient les Hérauts d'Armes chez les Grecs ce nom leur
venoit, difbient ceux-ci, de Ceryx, fils de Mercure & de Pandrofe.
Mais Ceryx ugnine un Proclamaieur c'ett te nom même des Hérauts
<'éioit le titre de Mercure lui-même comme Ambadadcur des Dieux; & fi
Pandrofe éronleormere, c'ett que ce mot ngnine celui yH~~or~ rapide-
ment par-tout.
Ces Ceryces ou Hérauts avoient deux fonctions tres-di~inc~es. t L'une
de porter la parole des Rois ou de la Nation, & de déclarer de leur part !<t
guerre ou la paix..Ceux-ci étoient appellés Confervaieurs de la paix. Comme
à Rome, Us étoient Sacrés c'éroit un crime de Leze-Ma)e(te de les infulter
ou de les troubler dans leur miniflère. L'en!évemenr du Héraut de Philippe, fut
une des raifons qu'il allégua pour~rompre !a paix qu'il avoic jurée. Homere
parle Couvent de cette forte de Ceryces & de leurs fonctions. Achille bouillant,
emporté, tratte,ma!gré (a fureur,avec refpect,tes Héfauts quel'in]ufte Agamem-*
non lui avoir envoyés il les rauure même contre leur frayeur.
i L'autre toncHon des Hérauts étoit relative aux jeux pub!!cs ils en pro-
damoienttesttatuts, & le nom desCombattans, qu'ils déugnoient par leurs
boucliers, & par leurs autres Symboles ils annoncoient autH le nom des
Vainqueurs, & ils porteieht les ordres de ceux qui préridoient aux jeux. Ils
&i(oienr fouvent leurs proclamations en vers. Leur voix les rendott recom-
mandabies. Homere a rendu célèbre à jamais Stentor~ dont la voix plus
cdatante que !'airain, pouvoit fervir de trompette.
Ces Hérauts dont nous venons de voir l'exigence chez tes Grecs &chez les
Romains qui les tinrent eux-mêmes des Etrusques, dont les monumens
nous oifrent des Perfonnages avec le titre de Fecial, ou de ~teur étoient
communs avec les Orientaux. Il eit vrai que )u(ques ici l'Histoire Orientale
ne nous en om-e aucune trace; mais nous allons nous anurer que c'éroit la
&me de ceux qui fe font occupés de cet objet. Les Livres Hébreux nous
Eeij
ocrent ces Hérauts avec leur nom primitif, & divins également en deux
claues.

Des CBMr~I~JV~ Pjf~TJf~~y~ <t<McA~ Z?<!M<<.

Moy(edéfendirauxHébreux(!)d'atMquerune Ville fans lui avoir auparavant


offert la paix mais cette offre ne pouvoir être ~aire que par des perfonnes
qai eutÏent un caractère de représentation.
Les Hébreux aboient donc des Féciaux, des Ceryces ou Héraut: d'Armes:
& nous avons trouvé leurs noms dans leurs livres, où jufques ici personne
ne les avoit reconnus. Ce font les CEREimENS & les PHELETIENS. Tout l'in-
dique, leur nom, leur place à la tête des Armées, la qualité de leur Chef.
Si on ne s'en étoit pas apperçu, c'efi que cette connoiHance tenpit à d'au-
tres, fur lefquelles on s'étoit égare cette première erreur en enirau)& nécef-
~airenient d'autres à (a fuite. L'ignorance de la vraie valeur d'un mot répand
la plus grande obscurité fur tout ce qui y a du rapport, en forte que plus on
veut l'expliquer & plus on s'égare.
Le II Livre de Samuel ou des Rois, parie en trois endroits d!cR:rens d'un
Corps de Troupes qui étoit attaché à David tbrmé des CtRE-rmEMS & des
PmLETiENS, & que commandoit un de Ces XXX Preux, BeMJa 6ts de
Jojada (i).
Ces noms inconnus ont caufé de terribles embarras aux Commentateurs
ils y ont vu des hommes d'une tnerveilleuce force le Sanhédrin en corps t
les Philidin? & les Crétois. Tout eft permis dans le pays des conjectures.
Ce ne pouvoient être des Phiti~ins, Peuple ennemi déclaré des Hébreux,~
avec qui David fur en guerre dans le rems même qu'il avoit des Phcletiens avec
lui. Ce n*cft pas à un pareil Peuple que ce Prince eût conné fa garde c'écoien:
encore moins des Cretois, avec qui David n'eut jamais rien à démêler.
Ajoutons qu'il eft die exprenement de Benaja leur Chef, que David en ne
l'homme de fa connance celui qui portoit fes ordres c'eft qu'il éroit touc
cela par (a place ces Cerethiens & ces Pheletiens étant des personnes cboi-
<!es& du premier rang.
On en conviendra fans peine des qu'on Ce rappellera que dans Nahum
P~ PA~ (!gnine une <'o//<r/)9M en Hébreu, & que C<rt~A vient de

(t) Deut,xx. tw.ti. (t) C.tp. vm. 18. xv. t8. xx.
~M~tatre alliance, négocier. Ce Corps de Troupes u di&ingue etoir donc
compote des Hérauts d'Armes, Corps &crc, Troupe de coince & qui
chez cous les anciens Peuples étoient chargés des ordres les plus imponans
On fait encore que les Hérauts marchoient à la tête des Armées, & il eft
dit expreflement que ceux-ci marchoient devant David lorsqu'il abandonna.
Jerufalem au tems de la révolte d'Abfalon & c'ed par cela même que l'Hit1o-
rien Sacré n'omet pas cène circonftance remarquable.
Si on a cru qu'ils etoient étrangers, c'eft que le texte nomme immédiatement
après les Gethéens, Troupe de Volontaires Etrangers qui étoient accourus au
recours de David mais on ajoute que ce Roi fit tour fon poffible pour enga-
ger ceux-ci à Ce retirer, par cela même qu'ils étoient étrangers ce qui n'eH:
point dit des autres.
Ces Hérauts d'Armes tenaient d'ailleurs un rang trop distingué pour ctM
omis dans l'état de la magnifique mat(on de David & de Salomon,

D</ C~.ot/
Telles étoient tes demi-conno)(Ïances fur l'Antiquité, qu'on n'avo!( ja-
mais ~u ni ce que repréfentoit le Caducée ni par quelle raifon il étoic
devenu le Symbole de Mercure & un emblême de paix, <<: ensuite celui des
Hérauts~
Dans nos Allégories Orientales nous avons démontre que le Caducée
étoit l'emblême parlant de Mercure, comme Inventeur de t'A~ronomie
du Ca!endrier, l'une des Sciences les plus prenantes pour l'Agriculture. Comme
Mercure étoit en même tems le Mefïager des Dieux les Ambanadeurs des
Rois & des Peuples ne purent prendre un fymboie plus noble que celui-là,
& dès-lors ils turent tous armés du Caducée & chez les Grecs, un même
nom dcugna le Caducée & les Hérauts.
Les Hérauts s'appelloieint ~erM~j on Ceryces.
Le Caducée, Aef~<M OM Kêrykaion, en Athénien; & J~<!r«~Mn dans le
.dialecte Eolien.
Les Latins ayant changé ici R en D, comme cela arrive tres-ïbuvcnt, ils
en firent CADUCÉE mot altéré qui fembloit ne tenir plus a rien.
Tout Ce tient dans l'Univers les Grecs durent toutes leurs connoinances
MX Orientaux c'e(t donc de l'Orient qu'ils tinrent le droit noble & confiant
.des Hérauts, droit qu'on conno~t mat, parce qu'on n'a jamais approfb~tH
.m les caufes qui tes avoient fait établir, ni celtes qui !es avoient rendus preC-
qu'inutMes & nir lefquettes nous tâcherons de répandre quelque lumiere.
Le nom de Carux vint tut-même de l'Orient: Q~A, ~<!fA y ngnine
~o<7!f/ annoncer ~a~cr:ce nom fut donc parfàirement relatif à Con
.objet, & dès-lors on en a dc)à une idée étendue.
En vain on veut regarder comme nulle la Science étymologique, fe refufer
i n~ceûlté, à fa beauté, à ~on évidence; il &ut toujours revenir à elle
comme à )a bafe de toute connpiftance folide. Mais tout e(t rempli d'étymo-
logies de mauvais aloi Rejette- t'pn la monnoie parce qu'il y en a de faune 2
& à quoi fert la rai(on Qu'on prenne 1e bon qu'on rejette ie mauvais.
Confondre l'un avec l'autre ou ne rien admettre de peur d'ctre trompe c'eA
porter beaucoup trop loin l'amour de la vérité.

PM mot ~c~ftjp, ~<we~<r, 6'f.


Ce n'e<t pas non plus par hafard que le Oriental du Bouclier M~~
nom
6cAt7t eH jpartaitement con&ry~ dans les Langues du Nord avec la n~me
~gnt~cacion.
~n Germain ScHtip, Ecu, Ecuubn; t*. Enseigne, Armoirie;i
En Anglo-Saxon ScYi.D
° p unun Ecu, nun Boucher,
<-
En Ai]g!oiS ) SH!ELT )
Enf!amand,ScHn.D,Ecu, Boudier, Pavois, i~. Ecu desArmoinet.
En Danois ?
? SKtoi.D,
c n
Bouclier,
<'
En Suédois
Ce tnot eft memje devenu chez ces Peuples la (burce de pluneufs autres
relatifs a !a peinture, par cela même qu'on peignoir les Boucliers.
Cette Famille doit tenir au Theuron SemL peau & au Grec .Ky/
enlever la peau les Boucliers étant faits dans l'origine, de peaux d'animaux.
Celui d'Ajax étoit de fept peaux de Boeuf, !'une fur fauue.
Comme les Grands avoient <pu!s le droit de Bouclier on doit Mpportcr
J<
jceKe Famille ceMe-ci:
en Oriental, Seigneur, Chef, Picudent: ~<t~
prénder
don~
ner,
p'pû ouLTAN ce Soudan, Ptince,
.Stf~fT~E~, Contul, Juge Prévo~en Thcuton.
.yc~fr~r~, en Angtb-Saxon.
SCt/~f)~, en Lombard.
5jc~rr<M.f, en Sueo-Gothique.
Sctyrr~ & ~a~M, en vieux Anglo!s.
5c.~t~o~, Prêteur, Redeur; dansPAUi.f)!AcM, Livre Vf. Chap.
y.-
~~A~~r~ D'~A~f~~ JE~AOF~E~~
Toutes les Nations modernes qui. ont enlevé aux Romains l'Empire <
llEurope, ont.des Hérauts d'Armes ceux-ci ont )oui pendant ptuneurs fiècles
de tout l'éclat des-anciens aujourd'hui ils (emMent bornés à de& objets de
~mp)e parade ou purement blafoniques prouvons que dans i'ongtne ils rem-
plinoient route l'étendue des anciens Hérauts, & indiquons les- caufes qui les'
ont.réduits fi. ~briau-denous de ce qu'its furent d'abord.
Les anciens Hérauts d'Armes François remp!i(Iotent exactement MUteslea
fbn<a:ionyd& ceux dont
nous venons de parler,.tes fonctions de Féciaux & do
Céryces ils.avoient. tous été catques'uir le même modele il n'en faut pas
juger par nos Herauts-d'Armesactuels y. dont les fonctions 6c ia conndération-
ont neceuairement reçu de très-grands échecs depuis que les Nations Euto-
pécnnes ont eu des. Ambafïadeurs demeure les unes chez les autres, & depuis
que les Tournois furent (upprimés car dansceux-ci, ils rempt~bient precitemeno
les mêmes offices que les Ceryces dans les.Jeux publics de la Grèce.-
Les Hérauts d'Armés font divifes d'une manière qui correspond par(a!te-'
ïnent à ceux.des Hébreux Roi: d'Armes, Hérauts & Pourfuivans d'Armes;'
ceux-ci ctaicnt diitUngues par la couleur de leur cotie-d'Armes: de memcque
chez les Hébreux, il yavoif les Kerethiens ou Hérauts, les PelethieM ou c€u.t
qui di~inguoient leurs cotics-d'Armes, &: Benaja leur Générai.
Ils étoient armés du Ca~ bâton couverte en Fran~c~ de veloars viokc~
jtemé de fleurs de lys d'or en broderie;
Ils étaient chargés,. t°. d'annoncer, dans les Cours dés Princes Etranger~.
li guerre ou làpaix, en fai&nt connoltre leurs qualités & leurs pouvoirs.
i*. Le jour d'une bataille, ils etoienc placés devant l'ctendard; ils rai(o!<M.
le dénombrement des morts, redemandoient les prifonniers, fommoient les
Ville! de <c rendre, m.trchoientdans les Capitulacions devant le Gouverneur de~
la Ville ils publioient les Victoires, & en porrolent les nouvelles dans les Cours
Etrangeres.
) Il étoit de leur charge de publier tes joutes & tournois, de convier à
y venir, ainn que dans la Grèce; de ngniner les cartels, de marquer le champ,
la lice ou le lieu du combat; d'appetler, tant l'auaillant que le tenant, & de
partager également le So!eil aux combattans à outrance. Ils publioient auffi la
fête de la célébration des Ordres de Chevalerie, & s'y irouvoient en habit
de leur Corps.
<t. Ils aûMoien: aux mariages des Rois & aux FeMns Royaux qui fe faifbienc
aux grandes Fêtes de l'année quand le Roi tenoit Cour pleiniere, oùilsappel-
loient le Grand-Ma~re, le Grand-Panetier, le Grand-Boureillier~ pour venir
remplir leur charge.
Aux cérémonies des obsèques, ils enfermoient dans le tombeau les
marques d'honneur, le Sceptre, la Couronne la main de Juflice, &c.
60. Ils étoient audi chargés de dreder des Armoiries des généalogies, des
preuves de Nobleue de corriger les abus & ufurpations des calques tim-
bres, fupports & Couronnes d'avoir la communication de tous les vieux
titres qui pouvoient fervir à cet égard enfin de blafonner l'Ecu des Chevaliers
qui fe prefentoienr pour les tournois &teut cela en imitation plus ou moins
parfaite de ce qui fe pratiquoit dans les jeux de" la Grèce.
On voir par tout ce détail que nos Hcrauts d'Armes, n étroitement liés
avec notre Blafon, font exactement les menues Perfonnages que les Féciaux
ks Céryces les Cerethiens, qu'ils en remplinoient exactement toutes les
fonctions & qu'ils furent ainf! très-antérieurs au tems de ces tournois & de
ces croisades pour lesquels on croyoit qu'ils furent inventés.
On voit également que s'ils furent chargés aux tournois de blafonner l'Ecu
des Chevaliers, ou de vériner fi ces Chevaliers étoient réellement vrais Cheva-
liers, c'en: que dans les Jeux de la Grèce où ils proclamoient les combats, ils.
étoient chargés des mêmes fonctions. Certainement dans ces Jeux où les Rois
Grecs fe faifoient un honneur de gagner des victoires, ou Hiéron lui-même, ce
Prince Syracufain fi il!uttre ne dédaignoic pas de combattre nul n'y com-
battoit que des Perfonnes libre:, égales à la Noblefle, toutes Citoyennes, toutes
Nobles; car dans Athcnes même où le Peuple étoit Maître, ce Peuple n'étoic
compote que de très-anciennes Familles Citoyennes, de Pere en fils depuis
pluneurs fiècles les Enclaves, les Artifans, les Habitans étrangers n'avoienc
nulle voix dans ces a~emblées, & n'y paroinbient point.
Ces FamiJIes Ci~yennes écoient même u jaloufes'de leur droit de naif~
ianc~,0
ïacce qu'on n'était regardé comme légitime qu'autant qu'on étoit né d'un
Pere & d'une Mere Citoyens tous deux.
Celui qui étoit .né d'une Mere non Citoyennp.d'Athènes, étoit déclaré
bâtard non Athénien, & ne pouvoit prétendre à aucune Charge de la Ré.
publique auffi n'étoit-il pas obligé, comme les Citoyens d'avoir foin de fes
parens ju~qu'~ leur mort.
Dans des Villes aufH jaloufes de leurs droits & de leurs prérogatives, il étoit
donc eneniiel, de la plus grande importance de constater la Noblefle de
chaque Famille, de chaque Citoyen, oc leurs titres aux objets pour lefquek
ils Ce mettoient fur les rangs. Il c(t: donc certain qu'aux Jeux (olemnels de
!a Grèce les Hérauts étoient obligés de vériner la qualité de chaque Combat*
tant s'ils étoient Citoyens, Patriciens Mis que devoienKEre des .perfonnes
que l'Etat étoit appellé a honorer à loger, à nourrir.
AintI nos Hérauts d'Armes entérinant le Blafon des Chevaliers qui vou-
loient combattre ne &i(oient qu'imiter un ufage qui s'étoic conA~mmenc
pratiqué dans les Jeux de la Grèce.
Quant à leur nom, qui e& une altération de ~<r<«j, d'o& le nom
j~<ï/ donné à l'Art du B!a(on il e~ compofé de JV<r, Armes, &
d'
ancien Seigneur: Roi~ le Roi ou le Seigneur d'Armes auHt leur Chef s'appelle
encore aujourd'hui le ~M.r~ nom qui e~ la tradu~ton Itttétale mot
~< ou J!f~~tfj.
<'&jrDZCty~&Jt~
i

Dans les rems anciens comme dans lés modernes, !es boucliers ou Te:
Armoiries étbient fouveht accompagnées du cri de guerre adopté par ceux qui
avoient droit de bannière. Ce cri étoit comme le mot'd~i guet, au moyen
duquel chacun pouvoit reconno~tre ~a bannière dans les ténèbres les plus
épaines, ou au milieu de-la mêlée la plus terrible.
Ces cris étoient de pluneurs efpeces. Le plus ordinaire étoit le nom
propre ain~ Gédéon donne pour cri à fa petite Troupe contre les Madianices J
au ~tg/!<t<r o' à Ce~cn.
D'autres avoient le cri d'invocation tel le cri des Montmorencis Z~~a
«t<~ <M< premier Chrétien.
D'autres, de ralliement, Montjoie Saint D~ c'e~-à-dire, r~foM
fous la ~<n«r< Saint .D</ÏM.
Tom. 7. Ff
On trouve le fécond de ces cri! fur les Médailles de la Maison Thoria
C'eft Junon Co~rv~c.
Je ue doute pas qu'on n'en trouvée un très-grand nombre des uns & des
autres, en examinant arec foin les. devifes & les inscriptions qui font fur les,
Médailles anciennes..

<? R P r << r
A mefùre que nous avançons dans la eonnoiuance de l'Antiquité, nouz
recouvrons que des étaMinemens qu'on regarde comme des ihventions très-
tnodernes, n'ont été faits qu'en imitation de ce qui fe pratiquoit dans la p!u&
haute Antiquité. Têts Ïont!es Ordres de.Chevalerie.
Actuettemcnt, U n'exige en Europe qud des Ordres trcs-modernes. On ne
eonnoit'nëh de.ptus ancien en ce genre que cëtu! de la Tditon d'Or, rondes
par les derniers Ducs de Bourgogne :&: celui de l'Etoile en France. Et les;
Rois feuls en ont.
Mais dans l'Antiquit.e, it'exifiott également des Ordres de Chevalerie, &
tout Prince. Souverain chez lui, quoique relevant d'un autre, avoit ledtoic
d'Ordre..
C'eft ain~que ~M Ducs d'Orléans de Bbargogneavoientun Ordre à eux,.
'déjà avant l'etabliuement de la Toifon d'Oe dans la Maifon de Bourgogne Se
du Porc-épi dans celle d'Orléans. L'Hi~bire nous apprend que peu de ~ours
avant que le Duc de Bourgogne fit anaTHner le Duc d'Orléans, ils avoient.
pris & porté l'Ordre & !e Collier l'un de l'autre,. en preuve d~aHiance & de
bonne amitié* Cependant on ne trouve rien, dans l'Htdotre fur ces Ordres~
C'eu: qu'on a toujours pris rénovation ou perree~ion& extenfion pour création:
ce qui a fans cène égare.
Les Rois de Perfe donnoient à leurs Grands-Seigneurs des Colliers d'pt
& à Confiantinople, du tems des Empereurs Romains, les Grands Seigneurs
portoient des ÉcuAMEs d'or c'ctoient les marques d'honneur les plus dis-
tinguées.
IIferoitbien uhgulief que le? Ordres de Chevalerie n'euuent été imagina
que dans un tems ou l'etprit de Chevalerie n'exittoit plus, ou qu'il s'eteignoi~
de toutes parts, & où l'on eteit bien-aifë qu'il s'éteignit.
C'eA qu'on nes'eA avife qu'alors d'en tenir note,.
~es Peuples Celtes~ dit M. P<oM~<r(t),portoient autour du cou des
chames ou des Colliers d'or maCit. Ils avoient auffi autour du bras oc autour
du poignet des bracelets du même métal, appellé Yiria par les E<pagno!s,
& ~'fto&e par les Gaulois. Autant qu'il e~ poŒble d'en juger cet ornement
fervoit à.d.iftinguer les Nobles, e~ particulièrement ceux qui avoient quelque
Commandement dans tes Troupes. PoLYBE représentant (i) une armée
de Gaulois rangée en bataille, dit que le premier rang étoit compofé de gens
ornés de Colliers & de Bracelets, c'eâ-jL-dire de gens de qualité qui fe bat-
toient toujours à la tête des Armées.
Le Collier & les Bracetets,ob(ervc-t.itaum,ctoientchez les Perfes un ornement
afîeAe aux Grands-Seigneurs. Hérodote partant de Mardonius que Xerxès laifra
en Grèce pour y continuer la guerre, nous apprend qu'i! choiuc dans l'armée
des Perfës tout ce qu'il y avoit de gens à Colliers & à Bracelets; c'eft-à-dire J
l'élite de la Noblene.
AulH TiTt-LtVE ~pecine ordiDairement le nombre des Colliers & des Bra-
celets gagnés fur les Gaulois, afin qu'on pur juger du nombre des Officiers &
des personnes de didincUon qu'ils avoient perdus dans la bataille. Les Guer<
tiers qui avoient coutume de fortir des rangs & de Ce présenter entre les deux
Armées pour déner les plus braves des ennemis étoient presque toujours de
ces gens à Colliers, qui ypuloieni Ggnalcr leur Nobleuë & fe faire un grand
nom par des aûions d'éclat.
Alors comme aujourd'hui les gros Colliers déngnoient tes perfonnes de la
plus haute difHnction.
Les Hau<le-cols des Officiers font un re(tc de cet ancien u<age qui fut ad-
onis jde bonue-heure par les Romains.

D t~ y R

Touttfob!e, tout homme àyanr droît de bouclier, avo!t ceia! déterre


porter par un de fes hommes celui-ci en était appellé ~M~t-~fr & ~M~-C<r,
porte-bouclier, mot qui s'eft altéré infenfiblemenr en eetuid'Ecuyer.pac
l'habitude où nous fommes de Supprimer les T dans le milieu des mots, & de
changer les G en Y.
Cet ~cMM~r ou Ecuyer étoit toujours de la c!a(Ie de ceux qui (euts avaient
Je droit de porter le bouclier cette arme etoit facrée en quelque chofe qui-

~) Uv. n. Ch. VIII. Liv, u, ïty,


Ff~
conque n'avoit pas droit d'en porre, n'étoit pas digne même d'en tvoirhgawde~
Ce n'étoit pas un nmple effet de la vanité, ~uais une précaution fage car
quiconque a la garde d'une chofe, fe croit bientôt en droic d'en ufer & de
proche en proche,à en refter feul poueneur fur-tout relativement à une arme
auCi précteu(e que celle du bouclier.
Le titre d'Ecuyer étoit ain(t un grade au'denous de celui de Chevalier:
des Familles entières n'ont même jamais eu d'autre titre c'eft que tout Noble
avoit droit d'être Ecuyer; au lieu que pour être Chevalier, il falloir être Sei-
gneur de pïuueurs maifons nobles de même que pour être Comte, il t~toit
être Chef d'un grand nombre de Chevaliers.

~JCATE~ JPt ~~<7~~C~~J9~.


Outre les Enseignes Mititaiees, 'on a été obligé d'en employer à nombre
d'autres ufages. dans la vie civile.
Ainft les Négocians ont tous une enseigne devant leur magatm ou bou<
tique, afin que ceux qui ont befoin d'eux, puinent les trouver fan& peine.
Les Couvreurs ~ufpendent une pièce de bois du haut des toits- qu'ils
raccommodent, afin que les pauan! puiSent eviterles tuiles & les décembre?
qu'its ne peuvent empêcher de tomber dans la rue.
Lorsque les Hébreux afiiégerent Jéricho, ils recommandèrent à Rahab de
mettre une piece d'éto~e rouge à la façade de fa maMon~ afin qu'elle fût à
rabri de toute infulte dans la prife de fa.Pàtrte.
Dans les Tableaux de Polygnotte relatifs à la guerre de Troie, que les
Cnidiens avoient fait peindre à, leurs frais dans un portique de Delphes &
dont PAusANiAs nous a confervé la description on voit que les Grecs après
avoir pris la ville de Troie fufpendircnr une peau de Léopard à la pone
d'Amener pour lui Servir de Sauvegarde (i): ce Prince pauoit pour avoirfait &
paix particulière avec les Grecs, &:Enée en étoit fortement fbupconné.

t) PH<~iD,.Cb,~yH<
P A R T 1 E 111-
D v 2?~ o r r des Ato~o~j des Symboles dont on les accompagnoit.

ARTICLE I.
DE 1 MO~~OIE C~JVJ6J:<<
Ï.
A~~J J «/ï moyen propre à faciliter les échanges des denrées 6* de /?~?/
~~Es que la Terre rue cultivée, dès que pludeurs grands Propricraires
eurent établi divers Etats, & eurent donné lieu à une grande indufirie &:
à un grand Commerce, it fallut néceffaitement inventer un moyen propre a
faciliter les échanges y non-feulement de proche en proche, mais jufques dans
!es Régions les plus éloignées. Il arïivoit ~M ~eue, par exempk, que ceux
qui avoiènt des échanges à taire, ne pouvoient pas~ fe procurer rédproque-;
ment ce dont ils avoient befoin. Celui qui avoir du bled de trop, auroit vou)tf
le donner à celui qui avoir plus de troupeaux ou de telle autre denrée qu'il
ne lui en ratloit pour fon ufage mais il ne tfouvoit que des gens qui avoient
befbin de b!ed & qui n'avoient point de troupeaux ou des denrées qui !u?
convinnenc dès-tors, comment faire des échanges Comment fe rendre
Utiles les uns aux autres.i
Celui qui avoit des v!ns, des fégumes~ des troupeaux où t<e aatrQ
denrée, ne trouvant autour de lui que des Propriétaires riches en mêmes den-
rées, ou des personnes riches en industrie & qui ne pouvoient lui donner en
~chtnge le bled ou les autres objets dontil avoit be(q!n,re&oit avecïbn vins
tes troupeaux, fes denrées, ou étoit obligé d'aller chercher dans le lointain
des perfonnes avec qui il pût faire queîquéchange.
De'Ia~ des entraves continuelles dans le Commerce, ~uc-toat relativement
aux objets d'indunrie.
Ces entraves augmentoieut bieo plus, torfqu'it ~a!!oit échanger de tres-~
petits objets avec quelle portion d'induKtie.par exemple, pouvoit-on fe pro<
turer la portion de bled, de vin, de fruit, &c. dont on avoit befoin pour ia~
tournée, ou.pour un feul repas Comment donner en échange une légee~
portion ~anïmait o~ d'habj~
Le besoin eA induftrieux, &: notre grand principe eA que tout naquit. dw
tbefoin on fentit donc auHl-tôt que comme deux chofes égales à une troi-
~eme font égales entr'ellcs, il pouvoit exiger un objet de Commerce qui,
<ans être bled, vin, denrée, rien de tout ce dont l'homme a 'befoin pour
fe nourrir, ou pour s'habiller, &c. pûc être donné en échange de tous ces
objets indifUndemenr qui,~ans être la chofe même qu'on dcuroitpar (bu
échange, t~t capable de la &ire trouver ailleurs, ainn qu'on donne un man-
dat, une délégation fur une perfonne qui doit & qui ~uc fu(ceptib!e d'ette
.réduit en aum petites portions qu'on v.oudcoit, afin de pouvoir fe prctM à
jtoures les ctrcon&ances po~libUes.
t.
ACc/MCt&
Jtfe~M~fy<M~

Ce~oyen~t fourni par tes métaux, parle cuivre~ l'or ou l'argent, &: dans
routes les gradations potïibles. Ces objets inegatementprécieux devinrent repré-
sentatifs de la diver(e valeur des denrées~Un monceau de cuivre du poids d'une
livre fut repréfentatif d'une certaine quantité de denrées, ou d'objets d'in-
~tu~rie. Un morceau d'argent du même poids put être représentatif de vingt
~ois autant en denrées une livre d'or pun valoir douze fois plus qu'une livre
.d'argent, deux <ent quarante fois plus qu'une livre de cuivre ain~i tel animal,
telle quantité de denréepouvoient etterepréfenté! par une livre de cuivre telle
autre par une livre d'argent, &: telle autre infiniment plus grande par une
livre d'or, bien plus ai~e à transporter que deux<:ent quarantelivMt (te cuivre.
~'e~ .ce qu'pn jappella MoNNoi~.

<-

~< ~f4~MO M~<M<J< ~<y!'fy<~ JMowïtt<, ~~M~~r


Nature /n~M.

Ces tappoits entre les méraux, qm (epropeftionnent ~ad àtMtte !'eten~


due des befoins du Commerce, ne furent point arbitraires car tien ne peur
~etre en fait d'in~ittMiont permanentes. EHes durent établies fur la petanieur
KfpecHve de ces métaux: une même matte en argent pefe plus qu'en cuivre;
Bc une même maue en or pe(e plus que l'&cgent parcon&queht, on pur don-
ner en échange une plus gro(Ïe mane de denses contre de t*br, que contre
~e l'argent .& une plus groue mafte pour l'arëent que pour te <MWe,
La ~Mi~MOM Xt*~ ~C)ï< ya*N/< ~MC.

Ea monnoie ne fut donc qu'un ngne représentatif des denrées, & un moye~
de faciliter les échanges. Ce qui le prouve inconteftablement c'eu que l'on ne:
donne jamais fa denrée contre ces métaux, lorsqu'on e~ fur qu'ils feront infum-
&ns pouc te procurer ce dont on befoin alors celui qui pouede ces métaux
meurt de faim au milieu du plus grand amas en ce genre tandis que le vrai'
riche dans ce moment eft celui qui a des. denrées; car il viL& rien ne ItM'
manque.

0 3f jy R J6 j< Af C JV y 0r
Of~n~A
Au(u tous les, noms dé !à monnoie, font !e ngne représentatif dés den~
i~es~, des vraies richenes.
Les Orientaux l'appellerent DRAcn-MOK,< pour' /<~ rp~M, /'OMr /<
Co/nm<r«,mo~ dégénère, en celui de .Df<e~cc, qui n'a. plus de rapport avec;
fon origine..
a.~ Cr<<.

Les Grecs rappeMefetuNoMiSMA, et ya/


~/<M, r~
pour lé Cotn~
merce pour les échanges d'oA les Latins firent le mot NuMMus,piece d'ar-
gent & d*ou'e~ venu le nom de t'~RTNvMHMATiQUEde cef Art qui rou-
lè fur les MonnoMt & un les Medai!!e&
Z~Mt
Parlësr même!fartons', !<s Eatihs appetlerent !à moMnoië MoN-B~A ~a~
an~ae du mot Mon, Rgne jHambeau, de ce même mot qui concourut
également à former celui de .OnMA.Moa, comme nous venons de le voir.
Ce mot tient à une Famille immenfe aux noms du Soleil & de la Lune cn-
JM<M, ~<KM, 3fc<M, les Bambcaux de l'univers:celui de MoN-jso~ êtreenf
jSgne .avertir à une foule d'autres.

jM~rt/~ jRc/B<!</H «~

EesRomams qui~ne connurent jamais rien fleurs origtnes~crurentqpe le


nom de Moneta donne à la monnoie, venoit de ce qu'on la &briquo!t dans
le Temple de JuNow MONETA; mais pourquoi cette Deeife étoic-ette furnom.
mee ainG & pourquoi battoit-on monnoie dans Con Temple, plutôt que dans
celui de toute autre Divinité C'eO: ce qu'ils ne fçurent jamais. Rien de plus
fimpte cependant d'âpres nos principes.
Junon, la même que la Lune Reine du Ciel, fut appellée avec raifon
MoNETA, Mo~-<i-mo~, t'AverMneufe !e figne le n~mbeau, puifqu'elle fert de
flambeau dans la nuit, & que par Ces variations elle avertit les hommes de tout
ce qui a rapport au Calendrier.
Le rapport étroit qui fe trouva ainu enrre Junon & ce qu'on appelloit
comme elle MoNETA ne permit pas de confacrer la monnoie d'autres Di-
yMUtcs, Se de la fabriquer aiHeurs que dans fbnTempte.

i.

Monnoie mife /0~ la ~C/~C~! des Dieux.

La facilite avec !aquette on pouvoit tromper les hommes dans t'utage de !a


<nonnole, & la néceultc extrême qu'il ne s'y g!inàt aucun abus, furent de pui~
fans motifs pour meure les fignes monétaires fous la protection de la bonne-
tbi~ fous la onction des Dieux vengeurs du parjure <St de la &aude.

¡.
Origine de notre mo< jMo~~of~.

E& neceuaire d'aveitif que ce mot n'e~ point l'erfet du ha&rd, quoiqu'il
ne nous offre rien de fignificatif qu'H n'eO: qoe l'aération du mot même
MoN-ErA 9 prononcé en Languedocien moMn~e, & en vieux François mon-
7! par cet u~ge contant qu'a notre Langue de fupprimer les T du milieu
desmots!
.A R T ICL E II;
r y {~ r o o

D~< ~M o~~nM~f ~/<


On comprend (ans peine d'après ces principes, que t'origine de la mon-
noie temonte à la plus haute antiquité cependant, lorfqu'on veutle prouver
par
i
par !e fait on ne trouve cet égard que ténèbres & que contettarions
parmi les Savans la ptûpart prétendent qu'elle ne remonte qu'a quelques
Ëccies avant notre Ere un très-petit nombre la regarde comme.plus ancienne.

1.
Caufcs da e<M< ~y<f/?~.

Il femble que fur des chofes de fait, il ne devroit point y avoir de contes-
tations mais il faudroit pour cela que les faits. fu(fent toujours exprimés d'une
manière bien. claire & qu'ils n'euflenc jamais varié & c'eft précifément le
contraire fur cette queftion.
Les prcmieres monnoies furent déugnées par les noms des objets dont elles
Soient les fignes repré~ntatirs les moindres qui repréfenroient !a valeur desr
agneaux, furent appelées dgneaux; celles qui reprefentoient la valeur des boeufs
en furent appellées .B<M</<. Dès-lors grand embarras pour (avoir n les mots
d'agneaux & de bceu~s dengnenc réellement dans les anciens des agneaux 6e
des bceufs vivans ou des monnoies.
Secondement, il eA certain qu'on pe(bit dès !'origine l'or & l'argent, &
des-lors on ntppbfe qu'il n'y avoit aucune marque fur les métaux pour en fixer
la valeur qu'il n'exi~oif donc point d'argent monnoye.
Tioi(iemement,l'Hi~oire nous apprend le tems ou dans certaines contrées
l'or & l'argent devinrent des objets monnoye; &: celui o~ furent frappées les
plus anciennes médailles connues & on en conclut que l'or & l'argent n'ont
fervi de monnoie nulle part avant ce tems-là.
Mais u en bonne Logique, aucun de cesraifbnnemens n'eft concluant, s'ils
ne portent que fur de raunes~uppoutions, s'ils donnent à certains mots, a
certains ufages un fens infiniment tropreftreinc, s'ils (uppoïenide l'ôpponrion
entre des objets qui ne font point contradictoires que faudra t'il penser de
ces aneftions: Qu'elles font au moins prématurées, qu'on ne s'eft point en-
tendu, ou qu'en n'a jamais faifi ces objets fous leur véritable point de vue
qu'il n'e& donc pas étonnant que les volumes te multiplient fans que la vérité
en foit mieux connue; ;&.les. ténèbres, difEpées.
A~n d'éclaircir ces objets, nous devons donc avant tout pe(er la force' de
ces dimcultés; nous allons pac confequenr en faire autant de quêtions parti.
cutieres.

D~. ToM. 7. Cg
PREMIER E Q UE S T ION. 1

P~e~ M<WM<<Mr<7M-<j<~oh//wles ~o~jf d'M(M~


of<'JB'<j,,</< Fa:M/j?

Tous les.anciens ~<:A«M~~J avec des ~~«!HJC 6* des ~0!M/J..

Les premiers achats dont FHiftoire nous parie à remonter au tems d'Ai-
ZR.AHAM pour ks ~pays Orientaux, à ceux de THMEE pour la Grèce & de
S~RVius pour Rome, tout reprefentés comme ayant éce ~dts avec des brebis,
des agneaux, des bceuts.
Ceux qui ne fe font point fait de principes à cet égard prétendent que
par ces mots il faut entendre de vrais animaux,~ non des pièces d'argent qui
portoient l'empremte de ces~nimaux. La raison qu'i!s en donnent, c'eAque dan:
ce tems-ta il-n'y avoir- point d'argent monnoyé mais c'eft une pétition de
principe tesexpreuions acheter & ~«cc ~r~ dont on fe (ert dans ces oe-
cauont, ne peuvent être relatives à des échanges d'objets commer~ables; on
n'acheté qu'avec des métaux. G'ed bouleverfer les termes, c'eft les dénatu-
rer que de leur donner un fens différent du feul dont ils Soient fufceptiblcs..
1.
.M<~MM~~<<~ Brebis <aCMM~

S'il e~ dit dans !a GtN~SE (i) que Jacob achète une pornôn de champ pour
cent agneaux, ces Savans veulent qu'it ait donné cent agneaux en nature; tan-
dis qu'il eft dit dans les Ac.TEs (i) que ce marché avoit été &n à prix d'ar'
genf.
?.
j~on/tOM appellée Bccuf à ~A~e~.
Loffqu'HoMEM & HESioDE def!gnent par tant de boeufs, tant de mouton:,
9
la valeur de divers objets, on ne manque pas de dire que la monnoie n'c-
Mit certainement pas connue ators; que ces noms d'animaux deugnent mani'
~eOement des animaux non des piéces d'argent,

(ïJCb;XMW.VeT~ (~Ch.vïï. '<<


On oublie donc qu'HEsvcmus dit expriment que la monnoie des Athé-
niens avoit un boeuf pour empreinte.
Et que P~uTARQUE dit expreucment que cette monnoie a'voit été battue
A Achènes par Théfce, avant la guerre de Troie.
Mais puifqu'avant'Homère & avant Hcuode il exidoit une monnoie
bceufs, à brebis pourquoi ne veut-on pas que ce foit par
cette monnoie que
ces Poëtes évaluent les objets précieux dont ils parlent ?l
C'eH: comme n lorfque nous parlons d'écus on. de livres, quelqu'un s'ima"
ginoic qu'il s'agit non de monjooie, mais de vrais écus ou boucliers & d'un
poids réel en métal.
Le Proverbe en ufage à Athènes B«{ <y~MTTt), le ~<K<« /<<
pour déngner ceux qui opinoient en conféquence de l'or qu'on leur avoir
donné a6n d'acheter leur &tîrage, n'a de fel qu'autant que ce boeuf étoit une
monnoie.
Mais puisque les boeufs d'Athènes étaient une monnoie pourquoi les
agneaux ou les brebis des Cananéens-dû tems d'Abraham n'auroient-ile
pas été également une monnoie t
4.
JMo~cM <t~<< Boeuf & Brebis < ~!o~<.

Si on fe rcifufe a l'évidence de ces chofes, on ne pourra du moins-en di~


convenir pour Rome.
Ses Hifioriens nous a<ïurent que leur Roi St~vius fit battre monnoie avec
tempreinte de btEUts & de brebis. On y pouvoit donc évince certainement
les objets précieux par boeufs &par brebis & cependant les cxprentons étoient
parfaitement les mêmes qu'en Païenne & que dans la Grèce. Pourquoi don-
ner aux unes plus d'exienûon qu'aux autres Z

Ces mêmes Hiûoriens nous apprennent que l'an 300 de Rome, les Con-
MsSp. T~RpElus & An. TBRMiNiHS.donnercnt la liberté aux Magiftfats d'im-
pofer des peines pécuniaires, en prefcrivant cependant qu'elles n'iroi~t pas
au-delà de deux bceufs & de trente brebis.
Par-tout le même langage donc par-tout les mêmes idées & les mêmes
ufages.
II exi~e encore de ces anciennes monnoies de cuivre marquées d'un bceur.
Le P. de MoNTFAucoN en a rait graver deux dans Son Antiquité Expliquée
J
dont l'une e(t confervée dans le Cabinet de Sainte Geneviéve. Elles pefent
chacune quatre livres, & valoient quatre asy ou quatre fous.
Ggij
Ce Savant dit (ujet que le nom d*~ venoit d'<M, cuivre c'CM!t une
à ce

erreur étymologique. As lignifie un, & eft un mot pnmiMf, comme nous
rayons prouvé dans nos Origines. Latines.

Du mot P~f~
C'eH: parce que la monnoie Romane portait l'empreinte des animaux tes
plus précieux pour l'homme- de ceux qu'on appelloit Pccus, troupeaux

be~iaux, que la monnoie ou l'argent monnoye fut appette en gênera! PEcu-
NiA, comme fi on eût dit.richene en troupeaux & la maue des biens, ?Ec~-
iiuM,d'o~ PEcuLAT, crime de ceux qui s'enrichiffoient par des extorfions
& d'autres voies criminelles. Cependant feroit-on en droit de reftraindre ces
tnots à la ~eu!e poCe~on de troupeaux

~MonnoM <t~</?~ Loup CA<yj/, o'c. ~r la me/n~ r<ït/o~.


La monnoie d'Argos étant marquée d'un loup, celle de Theffalie d'un che-
val, ne di(bit-on pas loup d'Argos & cheval de Theflalie pour. indiquée
leurs monnoies ? N'eft-ce pas un ufage conhant de deugner la monnoie par fa,
inarque a

~7!<<ÎH ou ~/M/ ancienne ~07!7:0/< f~ France.

La France n'a-t-eMe pas eu elle-même une monnoie d'or fin appellée:


AcMEAu ou AGNEL & Atc~L, comme on prononcoit alors, & qui prenait fon
nom de fa marque Saint Louis la ni napper le pj-emier Phitippe-!e-Bet en
maintint l'ufage, & elle mbu~a jusqu'à Charles VII. Elle reprefenroir un
agneau avec cette devife; ÂG~us Dei qui ~o//tt/~cM~ mundi, m~/<'r<r<Ko~.
Sa valeur etoit de douze fb!s & demi tournois qui étoient des fous
d'argent pétant chacun autant
que !'agne!. On l'appelloir auffi MouToN<fo/-
Z~~r<<a~< ou à la petite /<«7!e. Onlui donnoit auffi le nom d'AcnELET.
Cependant ne fe moqueroit-on pas de celui qui en concluroit que ces
agneaux défignoient de vrais agneaux vivans f
CONCLUONS que par-tout où l'on a ~yatue !es ventes ce les achats par les
mots de Bzuts & de BREB!s,on a toujours entendu par-là des pièces d'a-
gent, de t< monnoie fur !aqaeUe étoic l'empreinte de ces animaux.
Ilm<. QU E S T 1 0 N.
L~cMon J< pefer les Af~«.c, ~o/<e/ que la A~K/M~ ~o~J<
</n~a~< <
Ï.
Z'~o~ ~~<f ~7/~jf en contradiclion <ïfM /r<M/
Ceux qui nient l'Antiquité de la monnoie, ne fe contentent pas de pren<
dre les mots de ~<B«/'6' de brebis au pied de ta lettre pour de vrais animaux
ils ajoutent que lorfqu'on eut recours aux métaux pour faciliter le Commerce
en les Hvron au poids purement & umplement, & que ce ne fut que ton&~
tems après qu'on s'avifa d'y mettre des marques relatives à leur poids.
Un tait comme celui-là mériterot d'être prouve (ur-tout par des perfbn*
nés en apparence fi fcrupuleufes fur les faits & qui ne veulent pas ajouter un
mot à la lettre. Cependant, qu'altegue~t-ils pour prouver qu'il n'y avoit point
d'argent monnoyé avant tesnectes voifins de Servius ceci uniquement, qu'on
!e pe(oit.
Mais quel rapport entre le principe & la conféquence Nous n'avons donc
point d'argent monnoyé, aujourd'hui eu tous les payemens de groffes fom-
mes fe font par facs d'argent qu'on pefe ou on pefe les louis même pour
t'anarer s'ils font de bon aloi t
Nous n'en avons donc point, d'argent monnoye, puisque nous le comptons
par livres t
Quel Etranger ne fe croiroit pas, d'après les mêmes raifonnemens, en droit
de conclure que nous fommes absolument privés des monnoies puisque nos
richenes ne font eompofees que de livres & ne fe connoiflenc qu'au poidst
Qu'il nousplaindroit de n'avoir pas eu l'efprit d'inventer quelque figne quel-
que marque qui tint lieu de poids de balances, de toute la peine qui en ré-
fuite pour fixer la valeur des métaux &: fur-tout pour n'être pas trompé par
de faux poids & de faunes balances ï
Ainti on raisonne lorfqu'on ifole tout, qu'on s'arrête à la lettre qu'on no
principes de rien, qu'on s'eteye au-delà de qu'on fou~
remonte aux ne pas ce a
les yeux.
1.

Les ~CWM <tf0!< /'<!rg<n< ~!0~0)~ dans le ~MJ qu'ils 7~MM~.

Cependant, on avoir des preuves propres à faire voir que l'argent même
:pefe avoit des marques, &: qu'il éroit dtvifë en pièces égales & d'une même
'valeur, indépendamment de ce que nous avons dit fur la premiere que~ion.
MoYSE dit, par exemple, qu'Abimelech Roi de Guerar, donna à Abraham
mille pièces d'argent que ce Patriarche achetant une caverne pour fervir de
tombe ou de fépulture à fa famille il en donna quatre cents Mes d'argent
de monnoie publique qui avoif cours chez les Marchands. Et que Joïeph
tpt vendu par fes frères vingt piéces d'argenr.
On voit donc ici l'argent divine en piéces reçues dans le public, & qui ont
tn cpurs ,nxe chez les Marchands. Il falloir donc nccenairement que ces
pièces euuent une marque au moyen de laquelle on fût anure qu'elles étoienc
toutes femblables, qu'eties avoient une valeur égale, & à laquelle on ne pou-
voit fe méprendre.
En voici cependant <!e différente efpéce: des efpéces d'argent, des uc!es,
des agneaux il exiftoit donc néceffairement entre toutes ces pièces d'argent
J
une proportion quelconque~ connue, invariable, à laquelle on ne pouvoit fe
méprendre.
Sans cela quel commerce eût pu ntbnttCf au milieu de tant de chofes in-
connues & fi longues à vérifier & cependant fi néceuaires
Mais c'cd qu'elles étoient monnoyces, & cette monnoie portoir toujours le
Hp~ de ~on empreinte. Ainu AGtStLAS, ce Héros Lacédémonien, obligé d'a-
bandonner l'Ane, théâtre de fes exploits, pour venir au fecours-de fa Patrie,
contre laquelle trente mille pièces d'or marquées d'an Archer, avoient foule-
vé la Grèce, il dit plaifamment que trente mille Archers l'avoient chaue de
Me.

~P ~P« M<~<
P'ai!!eurs qui pourra fe perfuader qu'au tems d'Abraham oA t'Egypce,;-e-
t'Ipdp la Chaldée la Pateftipe, &c. exifioiem avec cette fageffe qui leut a ac-
quis-un fi grand renom & pu il &~on un n grand commerce, on. n'eue
pas adezd'efprit pour fentir la nécefUcé de mettre une marque quetcoi-
que fur le cuivre, l'or,.l'argent dont on fe fervoir pour faciliter le commerce
& fur-tout relativement à ces petits payemens qui reviennent à chaque in~
tant & pour tefque!s il eût été trop long & trop pénible de pefec l'argent cha-
que fois & qu'ayant fenti l'utilité d'un pareil expédient ils n'ayent ni
t'imaginer, ni voulu cil faire ufage ?f
Pour relever l'habileté de quelques hommes, faut-il frapper de ftuoidit~
des Générations entières, fur-tout quand on n'eâ pas affuré d'avoir raifbn,
& que les faits ne font pas éclaircis t
Tout dcvoit faire penfer qu'on n'avoit pas pu refier un f! grand nom-
bre de fiècles dans l'ignorance fur des objets auu! Cimples & aufit necenaires
que l'intcrê:& la néceffité furent toujours de grands Maires &: qu'on peut
s'en rapporter au génie & à l'activité des Négocians fur tout ce qui peut fa-
ciliter leurs opérations,
4!"

JL'O/~M~ dut. <~ avoir ~MMCO~ y/N~r y~M yM< J!o/~< O* que. /cj!~
fO~MA.
Du tems d'Abraham, deux mille ans avant notre Ere H exiftbit déjà un
très-grand commerce dans l'Orient: déjà alors de très-grandes Caravanes par-
couroient tes vafles Etats de l'Ane pour prbnrer desrichenes de tous en !euc
portant tout ce qui pouvoit tenter !e!ùxe de tous ou fatisraire leurs befoins.
Ces Négocians commercoient necenairement avec des métaux & il falloit bien
que cet or eût une valeur reconnue, nxe & contante & cette valéur ne poa-
voit exiger fans une marque quelconque., bien connue <& fur laquelle il ne
pût s'élever le moindre doute.
Comment- e&-ce que tes Peuplades de l'Europe Athènes, Servius nfs
d'un Efclave, d!t-on~& tel autre petit Canton privés de ce grandcommerce,
auroient fenti dans leur pauvretc le befoin d'or & d'argent monnoyé, dons.
ne Ce feroient pas douté pendant tant de fiècles les grands Etais de l'Ane,
!cs Egyptiens, les Chaldéens, les Phéniciens dans le tems de leur plus grande
pra~'crir< & au milieu du Commerce le- plus étendu, le plus acHf, le. plus
riche ces Phéniciens en particulier qui perfectionnèrent tout en faveur de
leur Commerce, écriture, calculs, Navigation, Afu'onomie:&:quictoienc
riches en or & en argent ·
Nous verrons d'aUleurs qu'au tems ou Serves inventa, nous dit-on
brebis & ~es boeufs, la monnoie d'or & d'argent exiftoit déjà qu'ainh on a
tort de regarder les Romains comme inventeurs en ce genre. Les Romains
n'ayant point chez eux de mine d'or & d'argent, & n'ayant point de com-
merce, n'étoient pas en état de frapper de parères monnoies; ils (e fervoient
de celles de leurs voinns, fur-tout de celles des Etrusques & des Grecs mais
pour leur commerce intérieur, pour les befoins journatiers des Citoyens, il
falloir une petite monnoie courante; telle qu'il y en avoit dans les Etats voi-
ent & c'eft celle-là que fixa Servius.
Il exifie encore aujourd'hui des Etats en Europe ou l'on ne frappe que de
la petite monnoie,courante & où l'on admet pour les gros achats les mon-
noies d'or & d'argent en ufage dans les Etats voifins avec ieiquels on eft aitie.

7.
'On donne trop ~ON à des paffages /M<Ï/<fM~.
Ce qui a tout brouillé c'e~ qu'on a donne trop de force à quelques paf-
itages mal entendus leur explication achèvera de mettre ces objecs dans tout
leur jour mais pour cet enet anatyfons en deux mots le (y~êmé de ceux
qui font la monnoie trop moderne. Ce qui nous conduit à notre troiueme
QuetUon.
1 1 I<. Q U E S T 1 0 N.

Ce que /t/?otr< nous apprend ~M où la Mûane~ établie dans ~«~K<~


jB~«~yroM~</ ~M'</R~y <n avoit eu auparavant 7ïK//<«~ 3

H eft certain par l'Histoire, que la monnoie efi afïez récente chez quelques
Peuples mais eA-on en droit d'en conclure qu'elle étoit auparavant inconnue
car-tout ou qu'elle R'avoit aucune marque, parce qu'on indique le tems où
ces Peuples eurent des métaux monnoies ou marques C'ett ce qu'il s'agit
d'examiner afin qu'on puine mieux nous ïuivre, mettons fous les yeux de nos
Lecteurs le précis des ïy~emes fur cet objet.
~/?<~ <~ ~T~c~r~ A.
Le Savant WACHTtR, fi connu par fon Gtouaire Germanique &: par (on
Ouvrage fur l'Origine des Lettres, publia en 17~0 un Traité ln-<).°. fur l'Ori-
gine de la Monnoic, qui devoit être fuivi de plufieurs autres.
Dans celui-ci divifé en X Chapitres, ils'attachoit(ur-toui àfairevoir que la
monnoie éroir une invention trcs-moderne. Voici comment il s'y prend pour
démontrer fon alfertion.

ï". Silence <f.NomM.

*< t L'argent monnoye n'a pas toujours été en utage on n'a ïma~iné cette
voie de faciliter le Commerce que depuis t'etabUnement des Empires, &
tout te faifoit
p~r échange dans les premiers tems. En parcourant Homere
on n'y trouve pas un mot de pièces d'or ou d'argent, de ~o!de payée aux
H
So'JatS M.
Mais qui parle de folde (ùr cette que~ion ? Qui nie que dans l'origine on
ait tout fait par échange Et puifque
ce Savant convient que la monnoie
fut établie depuis Pctabfiuemeni des Empires,
comment n'auroit-e!!e pas été
établie au tems d'Homere où il
y avoit des Empires fondés depuis tant de
"cctes Qu'attend donc
cet Auteur pour faire commencer la monnoie après
l'établiffement des Empires On
ne conçoit pas que t'efprit de (yMme puinc
~aire raisonner auni mal.
D'ailleurs quand Homere n'en auroit point parte, feroit-on en droit d'en
conclure qu'il n'exiAoit alors nulle part aucune monnoie ? Ce ~eroit accorder
au Citence d'Homère une énergie &r une exienuon bien nngutiere. Parce que
ce Poc'te a par!ë d'une muttitude de chofes, il doit avoir parlé de tout fon
ouvrage doit être une Encyclopédie parfaite, & tout ce dont il n'a point parlé
nexutoit point. C'eft fe former de bien faunes idées d'Homère e'eft vouloir
que ton Ouvrage eut écc un mctange croyable de tour. Cependant on n'a-
dopte que trop cette manière de raisonner &: dans d'autres Ouvrages tres-
précieux, on a nié l'exiflence au tems de ce Poece de toutes les modes ou
ufages relatifs aux diverses parties de l'habillement, dont il n'a point parlé.
C'eft comme fi on exigeoit qu'un grand Pocte parlai fbuliers, boucles, j~artc-
ticres, ou n~ouchoirs.
r. 7. H h
l~ Rome fans ~0/C«.
i?. Rome a pu (ubSAer pluneur? necles & fourenir tous les frais civils &:
militaires fans argent monnoye le foldat faifoit la guerre à Ces frais
Et qu~hd celaaurbit été, qu'en conclure contre les anciens Empires Orien-
taux ? de ce qui ïe pane dans de très-petites Républiques la conféquence ex-
elle jufle fur ce qui doit fo paffer dans de vades & puiffans Etais Toujours
Rome, toujours les Grecs jamais la Nature, jamais la Vérité Et qui a dit
Même que Rome*dès t'brigine n'eût pas de l'argent monnoye, quoiqu'e!te ne
payât point de fôlde &: qu'a de commun la folde avec la monnoie, pour que
l'exigence de l'une dépende necellaiiement de t'exiftence de FauMe ?

~/?f~KJf tems de Jacob.

Ce Savant cite Fâchât d'un champ par Jacob pour cent agneaux ou brcb!s,,
comme une preuve qu'alors il n'y avoit point d'argent monnoye, & il ou-
blie que S. Etienne dans les Actes dit qu'il fut acheté à prix d'argent.
Il affirme qu'il n'y avoit point de monnoie du- tems d'Homère, & que
tout ce qui eApaye en ~M~f, (e payoit réellement en bceu~s vivans.
Cependant, parlant d'~M/y~/M, nourrice d'Ulyde & (uivanie de Pénélope,
que Laërte avoir achetée vingt boeufs (environ mille écus,) il convient que ce-
pauage ne dcngne pas des bocu~ en nature, mais leur valeur payée et~
d'autres denrées mais pourquoi pas en argent ? D'ailleurs, comment feroit-
il arrivé qu'on eût regarde les bœufs & les brebis comme la valeur compa-
rative de tout ce qu'on avoit à vendre & à acheter, de tous les échanges.
podibles, tandis que cette valeur varioit fans cefle? pourquoi recourir à un~
fens rempli de dimcultes lorsqu'il s'eiY pre~MM un très-beau Mes-fimple,
trcs-Mi(bnnab!e & conforme au fait ?.

jPo~CLf~A ~e~ une <o/


Ennn~ ile<t tbrc~ de convenir que fur le bouclier d'Achille cette valeur
du bccuf confifioit en argent monnoyé que les maffes de métal avoient déjà.
pris la place du bétail. Sur ce bouclier deux hommes plaident devant les Jugc~
pour deux Talens d'or, amende d'un homicide que le meurtrier prétendait
avoir payée, & que je plus proche parent du défunt nioit d'avoir reçue.
il y avoit donc de la monnoie du tems d'Homr, Auteur de ce bouclier n
Pourquoi donc fc débattre fi fort pour Ce réfuter à l'exigence de la monnoie
dans cetcms-Ia.}1
<).< On pefait la monnoie.

'<
Mais on la pefoit or !e poids & l'empreinte ne fauroient (ubn~er enfem-
blé dans
un Eiar car celle-ci eftune efpcce de caution publique qui detivre
de l'attention qu'exige la premieie".
Mais aujourd'hui même, on ne cène de pefer l'argent & l'or les mieux
monnoyés donc le poids & l'empreinte peuvent ~bufter enfemble dans les
Erats les mieux ordonnes.
~°. ~A)j<' la Afo/Mo~.

Nous atnvotis enfin aux cfpcces On ne pouvoir guères s'en pader.


C'en: l'âme du Commerce. Il en: donc évident que les efpcces (ont les
n!)es de la ncceûlte que fart & le génie ont prcnde à leur naiuance que
» le luxe & l'avarice y ont applaudi, & qu'elles ont été reçues avec une joie
univerfelle tant à caufe de leur commodité dans le Commerce que
M parce qu'elles ouvroient la porte à l'acquintion des richenes qui font com-

» me mortes en denrées, au lieu qu'en métal elles ont une vie & une acû-
vite perpétuelle
Qui ne croiroit qu'après un éloge aud pompeux &: une aufn grande neceC.
~te de la monnoie pour le Commerce, nerre Auteur ne finifre par conclure
pour fa haute antiquité < Point du tout, cet éloge aboutit à foutenir que mal-
gré cette necenité inditpen~ble de monnoie pour le Commerce les Peuples
les plus commerçans n'ont jamais eu l'esprit d'imaginer la monnoie pendant
deux mille ans, & qu'ils ont éré obligés de venir à i'ccole des Grecs & des
Romains, les moins Commercans des hommes & n fort potlérieurs à ces
Nations civilifées qui ctendoieni leur Commerce dans tout l'Univers.
Ce font cependant nos Maires qui raisonnent, qui écrivent, qui d~cidene
ainfi eft-il étonnant que l'Antiquité qu'ils veulent eclaircir~ fbit u obicuret
1 I.
~y~r~~B ~p~A~f~c:
Ces mauvais raifonnemens de Wachter lui font communs avec tous cettx
.~ui ont traité de l'origine de la jmoncoie.
H h ij
Hh~
SptRUNG, Savant du Nord, qui écrivit au commencement de ce uecte
fur les monnoies, porta en ï 7 o~ te pyrrhonifme dans (on Traité fur les Mon.
noies non frappées ni marquées, au point de nier même que les Princes Ma-
chabées fe foient jamais fervi de la permimon que leur avoicnt donné les
Rois de Syrie de battre monnoie & il avance que les médailles qui paroif-
~ent fous leur nom font toutes Mufles.
Quand on en eft là, & qu'on a pris ~bn parti décidément malgré tous les
faits & tous les raifonnemens, il faut renoncer à toute vérité.
Les Princes Afmonéens ou Machabées ont fait frapper des monnoies en or
& en argent avec des inscriptions en caractères Hébreux, qui dans ce tems-tà
approchoient extrêmement des Samaritains il exitte encore aujourd'hui beau-
coup de ces monnoies, qu'on peut voir dans diQcrens recueils, & qui ont éc~
.expliquées par divers Savans. Nous en avons fait mention dans nos Origines
du Langage & de l'Ecriture & on peut confulter !à-denus t'intéreflante Dif-
iertation de M. l'Abbé BARTHELEM: fur les Médailles Samaritaines d'Anu-
gone & de Jonathan ( t ).
Leur grand cheval de bataille à tous, le point d'où ils partent & auquel ils
ramènent tout, eft de dire que Phidon,Roi d'Argos, e(He premier qui ait taie
t
&apper des monnoies en Grèce & i!s~ ont tous adopté ce fait comme vrai:
nous verrons dans la fuite qu'il! ont tout a.-Hit mal (aiu ce point d'Hidoire, &
qu'Us t'ont entièrement dénaturé tandis qu'il leur eO: contraire & qu'il eft
de la plus grande utilité pour le feul fy~ême qui ~bit vrai & que la raifort
puilïe avouer.
ni.
I I Î.
~rsr~jtfB <~ C~JffZ~r.
CHiFFUT cependant leur avoit tracé la vraie route dans fon Traité fur Fan-
tienne monnoie, imprimé pour la feconde fois à Anvers en 16~.
Il foutient dans le Chap. II. que la monnoie en: beaucoup plus ancienne
qu*on ne croit, puisqu'on la connoiftoit déjà au tems d'Abraham.
Il eft vrai qu'on pouvoit lui accorder qu'il y en avoit alors, mais fans au-
cune marque quelconque, & que c'eit démette dernière qu'il s'agit.
Mais il fait bien voir au Chapitre VIM. quec'eft de cette derniere en eSec
qu'il entend parler, puifqu'ici il foutient qu'à Rome on eut de la monnoie

( i ) M<m. <te ~A~d. d<! Infc. & B, Tom, XMV~


marquée avant le tems même de Servius, quoique tous les Antiquaires n'en
aientriencru.
Il s'appuie d'un pacage de P~Jys qui la taiïf remonter à Numa. Voici les
paroles de cet iUuftre Romain elles (ont remarquables (t).
« Docuimus quamdiu Populus Romanus aère tantum fignato u(us efi &
M a)ia
qux vetuftas tradidit, cùm s;qua!em urbi auctoritatem ejus dechraret,
t) à Reg: Numa Collegio tercio xrariorumt&brûm iuftitucoM. Ce qu'on peut
rendre ainH car te fens en e(i: obfcur.
« Nous avons dit pendant combien de tems le Peuple Romain ne ne
)) battre que de )a monnoie de cuivre à empreinte, & quelles furent tes
autres efpeces de monnoie que l'Antiquité nous a tran()ni(es,en déclarant leur
jufte valeur au moyen du troinème Cottege des Monnoyeurs, établi, par le
» Roi Numa
Ceci s'accorde avec un patfage de FEsrus qui nous apprend que du tems
mcme de Romutus, les Romains Ce fervoient d'une monnoie d'or & d'argent
qui leur venoit d'ailleurs.
« Solebant jam inde a Romuto nummis auri atque argenti ugnati ultra-
marinis uti ?.
L'or & l'argent monnoyés étoient donc) en ufage aux premiers rems de
Rome, par con(cquenc beaucoup plus anciens.
Ils venoient d'ouire-mec, c'e~-a-dire de Sicile & peut-être de la Grèce.

/G~OR~~CB DES ~!OM<< CB ~t/JBT.


Mais on voit ici combien peu les Romains connoinoient leurs origines. Pline
parle d'une Compagnie de Monnoyeurs établie par Numa, & i! avoir dit que
Setvius fit frâpper le premier de la monnoie de cuivre avec une marque ce
qui eft..une vraie contradiction de quelque manière qu'on explique fe nom de
cette Compagnie; car te termé dMf~or~~ def!ghe manifenen-temune monnoie
qui a tout ce qu'il faut pour que fa valeur (oie bien connue.
D'ailleurs Pline ne favoit ce qui regarde la monnoie c:ab!ie par Servius
qu'au moyen de TfMEE Hiftorieh toujours abandonne par ceux de Rome
comme mal inftruir..
Il n'e~t pas moins nngulier qu'on ne trouve dans aucun endroit de !'Hi(to!fe
de Pline ce qu'il dit ici de Numa: il eCt apparent que de~ copiées ignotans

(t) HM. Natur. Liv. xxxiv. Ch. i,


tauront fupprime parce qu'ils n'auront pas (u comment accorder ce ~aitâvpc
ce qu'on attribuoif à Servius- Le moyen en effet que la monnoie n'ayant été
inventée qu'au tems de Servius, elle eût une valeur au tems de Numa!
Ennn on voit par tout ceci combien rayonnent mal ceux qui prerendenc
~}ue la monnoie eH fore récente, fur ce que les Romains n'en frappèrent qu'au
.terns de Servius, puisque ce Peuple convient lui- même qu'il employoit dès
fon origine des monnoies étrangères.
Les achats de bled qu'ils fairoient en Sicile & qui étoient de]à fort conn-
dcrabies avant la guerre Punique, exigeoient necenairement de l'argent; & ils
~n avoienr trouvé eux-mêmes prodigieusement au fac de Sueffa, fous le regne
Tarquin, & dans la prife de p!uneurs autres Villes oputenies d'Italie.
Ainn tout ce qu'on die pour prouver la ~o~f/Mt~ de la monnoie) tombe
en ruine, & on ne peut fe difpenfer de recormoître combien ont plus de raifon
jceux qui en cherchoicnt rorigine dans des tems beaucoup plus reculés.

~/ze/M~ J~ &T~T!/T~R~ </< la Monnoie en divers lieux.


On peut donc ajouter foi à ceux qui mettent au rang des Inventeurs de
fArt Monétaire~ ERicHTONiUs qui vivait ~eize .cens ans avant notre Ere
DEMODics fille d'Agamemnon Ro! de Cumes, femme de Midas Roi de
.Phrygien les LYDiBNs,(eton Hérodote &&ion Xenophane dans Po!iux: les
KAxiENs ~e!on Agtotthenc THESEB ~e!on Ptuiarque; chacun d'eux Instituteur
pour <a c'ontfce, & tous po~er!eurs à ceux qut avoient établi la monnoie plu-
heuts fiècles auparavant dans les anciens Empires de l'Orient, en Egypte, en
~cn~e, chez les Hébreux, &c.
Ajoutons que cet Art s'étant perfectionne dans. des époques tres-e!oignees
les unes des autres, ou a beaucoup trop ai(cment confondu la perfection de
J*Art avec fbn invention, comme fi cet Art n'ctoit né qu'au moment ou il pa-
roiuoit fous une forme nouvelle. C'eu une erreur fi. facile à commettre oc f!
'cojnmNne, que nous aurons fans ceue lieu de la relever fur une multitude
ÏTautr~s p~et! fort diHerens de celui dont nous nous occupons dans ce mor
~eht/
Les plus <MetMnM jMonne~ <'o~nHM.

La mo~no!e à empreinte remonte donc plus de deux mille ans avant


~oire Ere il en exittoit du teml~jj~braham chez les Cananéens, & par con-
j(cauent chez les Egyptiens & dans lesautres-EmpifesderA~e Ofi-eHMk;
elle s'ctendic déblai avec: le commerce8t a~cc k~Colohieï Orientales ei-c Lydie,
dans la Grèce, en Italie, a R.o:jfic,&c.
Les AGNBAux du tem~d'Abr~iam, & les BotUM du tems de Thejfëc, font.
ainfi les plus anciennes TMnnoies connues.
Les:D~ARtQOEs<etoiencunemonnote d'an or trés-fin qui avoienr été frappées
par un Roi d'Ane antérieur à Cyrus, & par conséquent à Ë~flus fils d'HyRa~pc.
Maistanrde per~~ion fuppofe des commencemens tr~s-ancieM) telï que ceux
dont nous parlons ici.
Phidon, Roi d'Argos~~ut battre de la monnoie d'or dc)adansle!X~
uecle.
Les PHluppiqtrtseroienc une monnoie Macédonienne qui portoit le' nom
de Philippe I. Roi de Macédoine, & qui étoit en u(age à Rome du tems de
Tarquin rAncien, puisqu'on lui demanda trois cens de ces pièces pour les
livres Sibyllins.
Les Romains n'en eurent en argent que fous le Consulat de Fabius & d'O-
gulnius, cinq ans avanr la première guerre Punique.
Mais l'Italie & la Sicile, fur-tout, avoient des monnoics de cuivre, d'argenr,
& même d'or déjà avant la fondation de Rome. Peut-être y furent-elles.portées
par les Phéniciens.
ART I G L E IIL
jV<t/~< ~f~ ~H~p/M~e~ /'o~<<y«/' /M\Mo~~o/M.

y!
r

Ils ne furent ~<M ~rec/KM~ /M yK~M que <&ïnj /«

Les fymboles qu'on plaça dès l'origine fur les Médailles ne furent pas pre-
cifcment les mêmes, à tous égards, que ceux qui y paroiffent aujourd'hui
& cette dincrence n'a pas peu contribué.à la contunon qu'onre cette matière
& à toutes les erreurs dans lesquelles font tombes, à cet égard, ceux qui &
~ont occupés jufques ici des Monnoies & des Médailles.

1.
~M yHo~ J/~r~n~ les <e~/2~ Symboles 6' /e~
1
mo~ yf/<<~f~nM~ ~y
Monnoies.
La monno!e de notre tems & les Médailles modernes Ce reconne~Genc.
~ur-tout aux Têtes des Princes & de: Rois qui y font empreintes.Et comme cet
ufage nous efi venu des Empereurs Romains & des Rois Macédoniens, on en
a coactu que c'étoit une condition néceuaire de toute monnoie frappée dans
les Royaumes au point que MM. les Antiquaires ne favent que ;raire des
pièces fans noms de Villes, ou fans Têtes de Rois qu'ils ne connoinenc ni.les
contrées, ni les nèc!es auxquels ils doivent les rapporter.
Il n'en croit pas ainu dans l'origine: jamais aucun Peuple, aucune Nation
ne mit dans les premiers fiècles l'effigie de fes Rois fur fes monnoies. Alors les
Nations étoient tout; l'Etat doit dans elles, tout fe rapportoit à elles; leurs
Rois n'eroienr que leurs Reprctentans ainn le droit de monnoie de même
que tous les autres droits, apparrenoient aux Nations, toujours flables tou-
jours intercnees au plus grand bien, tandis que les Rois ne Rudoient que pauer,
& que fe ~.tcccdant les uns aux autres, leur bonheur etoit inséparable de celui
de la Nation, toujours permanente.
Ces Hâtions dcdaigDoient donc de mettre fur leurs monnoies les fymboles
panagers de leurs Chefs (uccefnfs, mais elles y placoient leurs propres Sym-
boles, ceu~ qui les caraderifoient & qui ctoient rehtirs, comme nous Favons
vu,~ leur nom,:à leur loca! ,.a leurs produ~ious, ou à tel autre caractère
national.
Elles y ~oucoient (ur-tout la figure ou les attributs de la Divinité Pairone~
fous la protc<fHon de laquelle elles s'etoient mifes.
Ainfi la Divinité mêmc.etoit appellee comme garante de la bonne-foi
qui devoit régner dans tous les Contrats, & dont la monnoie croit le ngne.
C'ctoir une idée fublime, digne des Venus fondatrices des Etais, & qui
feules peuvent les (omenir & les éternifer. AuHt tout éroit ramené.aux Dieux
& à leur Providence; & avec ces principes, la Terre fe couvroit d'une popu-
~tion immense qui Reuriuoit à l'ornbce de la )uftice c< des Vertus fbciales.
}.
~~Hrj Innovations à cet égard.
Cerufage a'oir toujours été respecte &: obtervc religieufement, !orfque
de fimpies tuorcets ne craignant pas d'uturpec une place confacr~e jufques
alors à la Divinité, firent frapper de.la monnoic cn!eurnom~ avec leur
empreinte.
Leprcm!er tucruiboM, Tyran d'Argos,dahs !eIXe n~c!e avant 7c!us-
Chnf~ li o~a fub~ituer à l'empreinte de la Divinité d'Argos, fon nom peur-
~[re fgure fur des monnoies d'or & d'argenc ~'ii ne frapper.
0 JL
Une
Une nouveauté au~I! révoltante fit grand bruit & encore aujourd'hui on
(ait que ce Prince innova en fait de monnoie mais comme on ignoroic
qu'avant lui aucun Prince n'avoit ofé mettre fon effigie & même fon-nom fur
les médailles & les monnoies on a cru que la nouveauté qu'il avoir introduite
conMoic dans la fabrication de monnoie d'or & d'argent, comme li on n'en
avoit point eu jufques à lui ce qui n'eit qu'une erreur de plus.
Audi ce Prince nous ed représenté par HBRODOTE comme ï.E pi.us i~so*
i.ENT DES MoRTEi.s (t); tant on fut n-appé de (on audace.
En e~ec, chez des Peuples au (II religieux que les Grecs, & auiït zélés pour
leur liberté, une pareille aûion dut être regardée comme le comble de l'in-
dolence de la tyrannie & de l'impiété. C'étoit Ce faire égal aux Dieax; plutôt
croire qu'ils n'étoient rien & qu'un Roi étoit tout.
AuHt n'eut-i! point d'imitateur dans la Grèce pendant pluneur: ncctes il
Mat pour cela que les Grecs euuent perdu toute idée de liberté qu'ils fuuenc
afiervis à des tyrans dont ils devinrent les lâches flatteurs.
Ajoutons une autre preuve de l'indolence de ce Prince il ne craignit pas
de cha(!er tous les Prcndens des Jeux & de (e mettre en leur lieu & place
c'étoit attenrer tout-à-ta-rbis à la dignité des Jeux & à la liberté de la Grèce
ce Prince fouloit donc aux pieds toute Loi divine & humaine.
Les fameux marbres de Paros rapportent à !'an 8py avant J. C. l'époque
où ce Prince nf battre de !a monnoie d'argent pour la première fois dans
rMe d'Egine. Ils ajourent qu'il ctoic le onzième descendant d'Hercule, inc!u-
fivement.
Il en defcendoit par Temenus, & il éroit frere de Caranus qui fonda le
Royaume de Macédoine. Ni l'un ni l'autre n'étoient nés fur le Trône leurs
Ancêtres avoient perdu leurs Etats, ou peut-être n'en avoient jamais eu ils
avoient vécu comme de fimples particuliers à Corinthe, & avoient (ans
doute acquis de grandes richettes au moyen du Commerce & de l'Agricul-
ture c'eMà que furent élevés les deux rreres, & c.eft -de-là qu'ils partirent
pour acquérir on ne nous dit pas, comment, l'un le Royaume d'Argos,
& la plus grande partie du Péloponèfc l'autre, le Royaume de Macédoine.
Ce dernier lai(la fes Etats à fa po~crice qui en jouit jufqu'a Alexandre le
Grand, le dernier Prince de cecre race. Il n'en fur pas de même de Phidon
les Grecs Soient trop éclairés & trop amoureux de leur liberrc pour ~e fou-

(')L:v.VH.Chtp.!i7.
r.j. Iti
tnettre long-tems à un Prince au(H dangereux il fur obligé d'abandonncf
~rcos on ne fait ce que devint cet homme Superbe nous aurons cependant
occafion de parler tout-a-l'heure d'un de tes defcendans.
Les habitans de i'ine d'Egine, ou Phidon fit frapper cerce monnoie
étoient déjà célèbres à cette époque par leurs beaux Ouvrages en tout genre.
PAusANiAs les compare à cet égard aux Egyptiens ( i ) & pour faire con-
nohre le mérite d'une datue de Diane encbene, il dit qu'elle eft pareHIe
aux Ouvrages connus des Grecs fous.le nom d'n«cj ( i ).
Pour terminer cet article il nous refle à parler d'une mcdaitte attribuée x
Phidon, & d'une fcte célèbre dans le goût de nos anciens tournois, où fi-
gura Leocedes qu'Hérodote appelle fon fils.

4.
~~H//C ~MJ le nom dé Phidon.

BEGE~ a publie dans (on Tréfor de Brandebourg une médaille d'argent <m!
appartenoit au Roi de Prune & qui porte le nom de Phidon.
Elle e~ ires cpaine, comme toute ancienne medaill' Elle a d'tin c6tc!e mot
<'l Phido féparé en deux par un vafe nirmonre d'une grappe de rainn~
De l'autre côté eft un bouclier Ancile, Symbole de Junon So~ita~ grande
Dée(fe d~rgos~ & ~aPatrone qualité dengnee euentie)!ement par ce bou-
clier.
On auure que l'argent en efi fi pur, qu'il eO: difficile d'en trouver de
pareilles.
Cette medaiHe a occanonne diverfes difcufiions (ur Con authenticité,
que M.ScHOTT chercha à démontret dans le premier Volume des Mélanges,
de Berlin.
Dans le Volume Suivant, le Savant CUPER. fit paro~tre diverres objec-
tions contre ce Sentiment & fon Auteur ne négligea rien, pour le faire triom-
pher dans ce même Volume.
Nous n'entrerons point dans cette difcumon, qui nous éloigneroit trop d&
notre but nous nous bornerons à demander comment un faudaire fe feroit.
contenté d'y mettre le nom de ce Prince, fans l'accompagner d'une emgie~

Et) U~ vu, (~ Uï~YtH. ÇR. M!~


~ue~conque Comment prononcer d'ailleurs fur l'authenticité d'une médaille
dont on n'a que des copiest
Si elle en: vraie, c'eft la plus ancienne de toutes les médailles connues: &
depuis celle-là, jufques aux plus anciennes médailles des Rois, connues d'une
tnaniere incontenable, celles d'Alexandre I. Roi de Macédoine, & deGclon
Roi de Syracufe il y a un efpace de quatre liècles entiers celle de Geton
étant dei'an~ & celle d'Alexandre de l'an ~7~.

Preuves en faveur de e< Af~<7/< réfultantes des plus «~c~Tï/ïM Médailles


Macédoine.

Mais puifque nous en fommes fur les plus anciennes monnoies de Mace-
doine, difons un mot des confequences auxquelles elles donnentlieu; fur-touc
en faveur de ceUe de Phidon.
Les plusanciennes,celles d'Alexandre I & d'Archelaus, n'ont point d'effigie
de Prince elles o(ïrent pour type un Cheval, feul dans celle d'Archelaus,
accompagné d'un Cavalier armé d'une lance dans celles d'Alexandre. On nere-
<onno~t donc les Princes qui les ont fait frapper, qu'à leur nom ce qui ccam
le co~ume du tems, deviendroit une preuve en faveur de celle de Phidon.
Les Savans en Médailles conviennent en même tems qu'il exi~e des Mé-
dailles de Peuples, plus anciennes que celles-ci. Elles ïe rapprochent donc
du tcms de Phidon & puifqu'il en cxiRe de pareilles, pourquoi ne s'en fe-
roit-il pas échappé quelqu'une de celles de Phidon n remarquables à tant d'é-
gards l
Obfervons encore que fur une de ces Médaille: d'Alexandre on voir une
chèvre ainu que fur les plus anciennes Médailles de la Grèce ce qui con-
nrmeroit les remarques que nous avons déja faites (') fur la manière dont
Alexandre le Grand eft peint hiéroglyphiquemenr dans les Prophéties Hé*.
braïques.

Du C~~PB~t~ yM'on voit fur ces Médailles, of/~M~f des Rois Alacédoniens.

Ces Médailles d'Alexandre 1 ont un autre avantage dont personne que je


fâche ne s'eti appercu c'eft de nous donner la vraie forme du CAusiE, efpéce

())Ct-dctIu!, pag. )?4.


lii)
de Chapeau dont parlent les Anciens, PAUsANiAs, ATHENEE PLUTARquB
&:c. & de nous apprtndre la haute Antiquité des Chapeaux ce qui n'étoit pas
moins inconnu.
Le CAUSIE étoit une couverture de tête que les Anciens expliquent par Pi-
/M y/~y~ ce qu'on a cru rendre en François exactement par ces mots, bonnet
de poil à larges bords, mais qui étant le PnEus des Latins, e& un vrai Cha-
peau comme les nôtres, quand ils ont les ailes abaiuees de tous côtés, comme
pour fervir de paraïbl.
Le Caufie étoit en effet de poil ou de !a!ne, ainfi que les chapeaux fi
bien tifîu &: fi bien apprête qu'il fervoit d'abri contre le mauvais tems, & qu'il
tenoit lieu de cafque dans les combats. Les Rois de Macédoine le portoienc
avec un diadême à l'entour.
I
Ce Chapeau, tel qu'il eft fur les Médailles d'Alexandre répond parfaite-
ment au B<!r~/e, Chapeau af!ecté à quelques Membres de la Souveraineté à
Berne & qui (en (cuvent de dot à leurs filles; comme autrefois, mais avec
moins de profit le Chapeau de ro/fj des jeunes mariées.
Il ne relfemble pas mal non plus à la Tocque Béarnoi~e.
On peut donc dire que les Chapeaux font un ornement vraiment Celti-
que par leur forme par leur matiere, par leur antiquité par leur ufage
& combien on étoit éloigné de la vérité fur ces objets, puisqu'on a toujours
Soutenu que les Chapeaux étoient une invention moderne qui ne remonte pas
au-delà du XVe. fiècle.
Il e& ircs'apparent que tous les Macédoniens portoient des Cauues comme
ceux des. Rois, à l'exception du diadème, & peut-être avec quelqu'autre
dinerence pour la forme ou pour la figure.
Onr dérive ordinairement ce mot de C~e/p~, chaleur, parce que les Cau"
fies mettoient à l'abri du Soleil mais ils mettoient également à l'abri du
froid les mêmes mots qui ont déngné !a chaleur ont fervi en même rems
à déugner les habillemens, parce qu'ils tiennent au chaud. Mais ce mot pour-
roit tenir également à la racine primitive CAU, creux fond ce qui pein-
droit la forme du Chapeau feroit peut-être une étymologie plus naturelle.
L'Anthologie contient une Epigramme d'Antipater de Theflalonique fur le.
Caufie qu'on or&it à ce Lucius Pifon à qui Horace dédia ~bn Art Poétique,
& qu'Augure avoit chargé de difliper des (éditions qui s'ctoient élevées dans
la Thrace & dans la Macédoine. On peut la rendre ainfi
Sous le nom de CAUsiE, je fus pourles Macédoniens une armure légère qui.
« fervoit de Chapeau contre les mauvais teins, & de Cafque dans les combats.
M
~!oux de pomper la tueur de votre front, je pafÏe vaillant Piton, de !'E<
M
mathie fut une tête Aufonienne. Recevez moi favorablement quoique
w
~mp!e tidu j'ai fait trembler les PerCes & je vous (oumettrai les Thraces.
Cette Epigramme a été autH traduite & commentée par M. Boivin le cadet,
dans les Mémoires de l'Académie des Infcriptions & Belles-Lettres ( t ).

7.

De f~oCJED~ fils de M/</o~y</oa~ro~<6'~T'cKr/!o~~ (~M<~


<!«~~&<~ ~<?<t.

HérodoM parle de Phidon (t) à i'occanon d'un Prince Grec appe!!é Leo-
cedes qu'i! dit être fils de Phidon & qui adida à des Tournois donnés par Clir.
thenes qu'on peut regarder comme un modèle parfait de tout ce que notre
ancienne Chevalerie a eu de plus galant en ce genre.
CLISTHENES, Tyran deSicyone eft couronné aux. Jeux Olympiques. Plein
de joie d'un triomphe auOi glorieux, il fait publier dans t'indant par un Hérault
au milieu de toute la Grèce afiëmblée, que dans foixante jours tout Prince ou
tout homme illuflre par fa naif!ancc, nous dirions, tout Chevalier, qui (e croira
digne de (a fille AGARISTE ou d'être le Gendre de CMhenes n'a qu'à fe
rendre à Sicyone pour les Noces de fa fille qu'i! accordera à celui qui (e fe-
ra le plus difUngucdans les Jeux ou Tournois qui s~ouvriroMatoK, qui
dureront une année entiere dans un lieu préparé exprès.
La Jeunelfe Grecque la plus illuftre par fes Ancêtres & par !'éc!at de &Pafr!c,
accourut de toutes parts. Là vinrent, Smyndirides de Sybaris, qui (urpafÏbic
tous fes Concitoyens en luxe & en magnificence & Damas le Sirites, tiis de
Samyris qu'on appelloit le Sage tous deux de la grande Grèce.
Amphimnede, d'Epidamne en Ionie Males d'Eoiie~ crerc de Titorme,!ep!u!
fort de tous les Grecs, & qui s'étoit réfugié dans l'extrémité de l'Eolie pour
fuir la compagnie des vivans.
Leocedes, fils du Tyran Phidon l'Arcadien Amiante, fils de Lycurgue de
Trapezonte.
Laphancs,nlsde l'Arcadien Euphorion, qu'on di(bit avoir reçu chez lui Caf-

(!)Tomen. (t)Lur.Vt.
tpr & Pottux: & qui par cette raifon avoic droit d'itofpitatité chez tous. Ono-
man:es d'E)ée tous du Pétoponcfe.
D'Athènes, Megacles, fils d'Atmeon qui avoit été chez Créfus. Un
autre Hippoclides, fils de Tifandre ( t ), le plus riche & le mieux fait des
Athéniens.
Lyfanias, d'Eretrie, ville d'Eubée, alors tres-noridante.
Cranonius, de Thedatie; & Alcon du pays des Motones.
A l'arrivée de tous ces Prctendans,Ct)nhenes vérine leur patrie rieurs fa-
milles il tes blafonne pourroif-on dire, comme on {ai~oirdans tous les Tour-
nois il les éprouva enfuite une année enricre, pendant laquelle il les traita
fplendidement, d'une mankre digne de leur natHance & de (on rang. Il eut
ainfi le rems d'étudier leur courage, leurs moeurs, leur caractère, leur génie,
i'étendue de leurs connoiflances, & de les connoure, foit pendant !es repas,
foir pendant la durée des Jeux, des combats & des exercices gymnadiques, o'I
il les accompagnoit fans cène. Les Athéniens lui piaifoieni le plus Hippocli-
des fur-tout qui defcendoit des Cypfeles, autrefois M~ucres de Corinthe.
L'année étant expirée & le jour du choix de t'Epoux arrivé, le Prince fait
cgorgcr cent boeufs & donne un grand feflin aux Prétendans & à tous les Si-
cyoniens. Vers la fin du repas, Hippoctides demande aux Munciens un air de
danfes baladines & après en avoir exécuté quelques-unes it fe met à danier
fur la teie comme fur les pieds Cti~henes indigné, lui dit ~/yo<<'j, vous
/p<
<
~y~ï/t: votre mariage celui-ci répondit c'eflle
ce qui paifa en Proverbe.
~<~ ye~c~ d'Hyp-

Alors Cti(thenesadrenanttaparo!e& tous les Prétendans, leur dit qu'il


dcnreroir pouvoir les gratifier tous mai: que la chofe étant impoQibte, puii-
qu'il n'avoit qu'une fille, il les prioit du moins en reconnoiuance de ce qu'ils
avoient bien voulu fe mettre fur les rangs pour être fon gendre & de ce
qu'ils avoient été fi long-tems abfëns de chez eux d'accepter chacun urt
talent d'argent, & que d'ailleurs il donnoit (a fille à Megacles. Celui-ci l'ayant
acceptée avec emprefÏemenr, la rete fe termina par ces noces qui furent
célébrées dans toute la Grèce, & qui augmenterent de beaucoup ta. gloire &
la puinance des Alcméonides.

(<) Les Copifles ont donc omis le premier de ces Hippoclides & peut-être le nom
d'autres Pf~endan!,
<
~~M <~<
et 'TcMMO~.

I! e~ quellion de 6xer époque de ce Tournois, afin de s'anurer f! en


effet Leocedes croit fils de Phidon & s'it ne s'eft pas glitle ici une faute dans
le texte d'Hérodote, à moins que le mot Grec, qu'on rend par celui de~,
n~~ ne ugni~e auHI un ~e/c~~n~, ce que les Traducteurs n'auroient ce-
pendant pas foupçonné.
Hérodote dit de Megactes qu'i! étoit fils d'Alcmeon qui avoit été chez
Créfus. Mégacles étoit donc potteneur à Créfus, ou plus }cune mais Créfus
monra fur le Trône en ~t, & il le perdit en $~S. En étant j 61 a. de 8 o au
moMs où Phidon pouvoit encore vivre on a un espace de i 8 ans. Efpace
beaucoup trop long pour que Leocedes fût fils de Phidon.
D'un autre côté on nous a conter ve la généalogie de ( < ) la fille de
Clifihenes jufqu'à Périclès qui mourut en < p 8~ qui ctoit Général des Athé-
niens en
De Megacles & d'Agah~e naquirent Cli~henes & Hippocrates.
D'Hippocrates, Megactès o~ Agari(te.
Agari~e époufa Xanthippe fils d'Ariphron,~ en eut Périclès.
Il n'y auroit donc que deux générations entre Megactes contemporain de
Leocedes & Périclès qui ctoit affez jeune en à peu près environ ~o ant
après le mariage de Megacles.
Cependant cette généalogie e~ brouillée, puisque dans le fait Agarifte
mere de Périclès, devoir être fille de Chn:henes l'Athénien, celui-ci ayant
toujours été regardé comme le grand-pere de Périclès.
C'eft ce CMhcnes qui étant Archonte d'Athènes, nt chaffer en j!f
Hippias, fils de Piti~rare, o<: établit t'O~racifme.
Celui de Sicyone étoit n prévenu pour fa Patrie, qu'il bannit de cette
'Vi!)e tous les Bardes qui venoient y chanter les Pocmes d'Homère, parce que
ce Poëte ne célèbre qu'Argos & les Argiens. Il dctruiht même le beau monu-
ment qu'on y voyoit à rhonneur d'Adrafte fils de Talaiis, un des fepP
Princes ligues coure Thebes, parce qu'il étoit d'Argos & pour mieux mar-

(r)Heret!.L~ IILï!~
quer fon antipathie il éleva un Maufolée à l'honneur de Menalippe de
Thebes, du parti oppofé à ces Princes, & qui avoit tué le fils & le gendre de
cet AdraRe dont il venoit de détruire le monument

?'
Rapport de cette f~< avec nos anciens Tournoif.

Le rapport de cette Fête ne peuc être plus grand avec nos anciens Tour*
nois c'eft de part & d'autre le même efprit de gatanierie, les mêmes jeux
ks mêmes perfonnages, la même annonce folemnelle & faite long-tems à
l'avance les mêmes précautions pour n'être pas trompé fur la Noblede des
Combattans. La Grèce d'ailleurs étoit bien faite pour donner un pareil modèle
à la Noblefîe Européenne, & fur-tout aux Chevaliers François, chez qui les
Savans ont fait tout ce qu'ils ont pu pour trouver l'origine des anciens
Tournois.
On croit que le premier qui les inventa en France, fut Geonroy, Seigneur
de Preuilly en Anjou, qui fut tué en to6~. Ils ne remonteroient ainfi qu'au
XI" fiècle. Mais on ne penfe donc pas que les Fêres les plus galanres étoient
établies depuis long-tems dans les Provinces Méridionales, fur-tout en Pro-
vence, & que les Grecs y avoient porté depuis nombre de Siècles, i'efprit, la
vivacité & l'enjouement de leur Nation
On oublie également que les deux frères Louis-Ie-Germanique&: Charles-
le-Chauve avoient donné de fuperbes Tournois à tous leurs Seigneurs Saxons,
Gaicons, Au~rauens, Bretons, &c..dcs l'an 84.1, après qu'ils eurent fait
cette célèbre alliance qui forme le ~ujet de notre Vignette dans les Origines
Françoifes & certainement ce ne fut pas une nouveauté.

Io.
(c/MMT! nos principes par /<J conditions ~Mt <!«o~~n~M< f~<<-
~/<~<B!M~ des Tournois en ~<<Ï~.
t Henri J. les Tournois «~c preuve de ~o~/<
Dans ce moment nous rencontrons un pat~ge tiré d'un Ouvrage fur la
Noblede par LA ROQUE, Ch. cmn. qui nous auroit évité bien de !a peine fi
nous l'avions connu plutôt. On y a(Ïure que lorCque HENRI t'Otfeteur, Empe-
reur d'Allemagne, inftitua tes Tournois dans cette vade contrée en il
ordonna que pour y être admis, il raudroit faire preuve de douze quartiers

t?. F/'<~feMn/<MMC<! qui en ~~M/


Ce pacage e(t très-heureux nous y voyons les Tournois établis en Alle-
magne avant l'époque qu'on leur aligne en France; par conféquent one~:
obligé de reculer d'autant celle des Armoiries ou Blafon & par-là même ont
voit combien peu éroient fondés ceux qui n'en voutoient pas reconno~tre
l'inflicution avant les Croifades.

J~<~ A~~<My< ~M~c.


H démontre de plus, que !ong-tems avant les Tournois, il y avo!t une
Nob!eue héréditaire & un vrai Blafon puifque t'Empereur Henri exige de ceux
qui voudront être admis à ces Tournois, qu'ils raftent preuve de douze
quartiers. Ce qui eût été une extravagance s'il n'eût pas .exifté en effet des
Familles où la Nobtene rût héréditaire, &: li elles n'avoient pu con~ater leur
citation pendant quatre fiècles à rrois quartiers ou générations par <tccte. Ce
qui nous conduit au fixième ~ecte, au tems du Royaume d'Au~rane, &
tong-iems avant Charlemagne même, dont la Maifon venoit de s'éteindre,
Henri étant le fécond Empereur pris d'entre tes grandes Maifons d'Allemagne.
Ceci prouve encore avec quel peu de (oin on a conservé en France les
titres de la Nob!etle,ou quelles aHreufes révolutions elle y a enuyées,pui(qu'on
avoit entièrement perdu de vue (on exigence ou <es preuves aniéueures au Xe.
fiècle à ce <!cc!e ou Henri II exigeoit une fi haute Antiquité pour ~a Noble~e,
lors même qu'on prétendroit que ces douze quartiers ne feroient pas tous
~uccefit~s, & qu'ils fe partageroient en deux parties co!)atéra!es.
Mais fuppofer des Familles en état de prouver quatre cens ans de Nobteue,
c'e(t en fuppofer de beaucoup plus anciennes, parce que dans ces fortes d'oc-
caGons on prend un parti moyen, ce qui eA à la portée du plus grand nom-
bre. Ainfi il devoir y avoir alors des Familles dont la NobteCe remontât à
deux ou trois cens ans de plus c'eft-à-dire à cette époque ou tes Peuples
du Nord s'ébranlèrent contre te Midi, S: où leur NoblefÏe étoic connue~ puiC.
qu'ette feule avoit droit de porter les Armes.

.O~M. Tom. K k
<A~ héréditaire antérieure aux Fiefs ~<C/<j.
Ainfi lorfque les Francs firent la conquête des Gaules ils étoienr
Nobles indépendamment de tout Fief & d'une Nobiefle héréditaire,
que trcs-mal à propos on a confondu avec la NobtefÏe des Fiefs héréditaires
tant étoient nombreufes les taupes idées dans lesquelles on étoit à cet égard.
AufII en Italie a-t-on confervé conflamment cette Noblefle perfonneUe
des Familles, indépendante de tout fief, de toute poflefiïon ainfi elle e& une
preuve vivante de la certitude de nos Principes.

'P/'<MyM ~~Z~/<- infiparables des J~M~ <& Toar/!0~

Puifqu'Henri I. etab)i(Iant les Tournois en .Allemagne, <]xe à douze quar-


tiers les preuves de Nobîcne que feroienr les Chevaliers qui demanderoient à
y être admis, & que chacun s'y ~bun)ir fans difficulté c'eft une preuve que les
feux anciens qo'oM cherchoit à imiter dans les Tournois, étoient eg<!emenc
appuyés fur le même utage, & qu'on étoit accoutume depuis long-tems à faire
de pareilles preuves de Nobiefïe~

<?o..RHAf, yb~yM~ ~cï/~ à /<: procurer..


Plus on fouilleroit avec foin dans l'Antiquité & dans t'Hi~oire du moyen
âge, & plus on trouveroit de preuves convaincantes de ce que nous avan-
çons dans nos divers Elfais, & fur-tout dans celui-ci, fur lequel en particulier
nous n'avons pas cru devoir faire des recherches plus profondes. Des faits ifblés
& noyés dans une immenfité de livres qu'on n*a~ pas toujours fous la main,
font très-difficiles. à fe procurer., par le tems fur-tout qu'il faudroit facrifier à
ces recherches.
D'ailleurs nous nous efUmons a(fez heureux de pouvoir offrir aux recher-
ches des Savans de nouveaux points de vue fans avoir la prétention de dire
& de faire audi-bien qu'eux. Emportés par la maue immenfe de notre plan, &:
ne pouvant ni lire, ni approfondir tout ce qui. eft relatif à fes nombreuses
ramifications, il nous échappe neceuairement fans ccfle des preuves qui'fervi-
roient non-feulement à donner plus de force à ce que nous avançons mais
qui nous conduiroient (ans doure à de nouveaux développement.
Il eft fbuvent tel fait, telle preuve, qui vaut mieux qu'une difïcrta«o~
entiere, quelque bien faire qu'elle toit.
A R T 1 C L E IV.
De /< ~fr~ee des J~/n~o~ les JMo~~M Rois, 6'~y <-<
divers Etats.

ï.
Les Rois, ~/n~<r<a~ mettent leurs effigies fur les Monnoies.

Lorfqu'une fois un Prince eût commencé de mettre fon nom & en(u!te
ton effigie fur Ces médailles ou fur fes monnoies, tous les autres Rois en firent
de même, fur-tout les Succeneurs d'Ateundre.
Les Empereurs Romains s'arrogèrent à leur tour le même droit, non en
qua!ité de Rois, on ne t'eût pas fouffert ou du moins ils auroieni eu peur de
foulever les Romains mais en verru de leur autorité pontificale en qualité
de Personnages (acres, divins, de Lieutenans de la Divinité.
A cet égard, on ne peut trop admirer la bi(arfetie des jugemens humains.
On ne ceue de s'élever contre l'ApothéoCe des Empereurs, tandis qu'on ne
dit rien de l'usage qu'ils s'etoient attribué de faire frapper la monnoie à
leur coin c'eO: qu'on eH: accoutumé à ce dernier u(agC) & qu'on ne voit pas
qu'itétoictab<uedet'Apotheofe,& que celle-ci n'en étoit qu'une confé-
~uence naturelle. H n'eA pas étonnant qu'on regardât comme admis après leur
mort au rang des Dieux, ceux qui de leur vivant en avoient tenu la place &:
en avoient eu tous les droits. Ceux-ci étoient réels t'Apotheofe n'etoit qu'une
cérémonie qu'ils amenoient à leur fuite.

t.
rilles r<< ce droit.

Nous l'avons vu, les Villes libres ne mettoient jamais fur leurs monnoies
l'cmgie & les noms d'aucun mortel mais lorfqu'elle furent ioumifes aux Em-
pereurs, il fallut qu'elles fe (oumiMent à l'ufage nouveau, & qu'elles n'appanënf
monnoie au coin des Empereurs.
Quelques-unes cependant eurent a(tez de noblefte & de grandeur d'ame
pour s'y réfuter. Telles furent ATHENES & Con/ronE.
Les Antiquaires conviennent que ces deux Viltes ne irapperent jamus
K k ij
de médailles à l'honneur des Empereurs Romains ils observent encore
qu'elles n'en frapperent même aucune pour conserver le Souvenir de leur
Gouvernement, de leurs Mag~rais~ de lears Alliances, de leurs Jeux, de
leurs Victoires.
Sy/n~o/e <<A~<
On ne voit fur les Médailles d'Agnes, comme nous l'avons vu plus haut;
que Minerve (a Patrone, <on Olivier, fa Chouette.
~y/K~/< Cortone.

Celles de Cortone ne nous présentent également que les t~ces des deux
grandes Divinités Sabéennes Junon LACINIA ou la Lune, & Apollon ou
Hercule représentant le Soleit, avec le Trépied d'Apo!ton, fymbole de l'année
aux trois Saifons, primitives, & emblème du Soleil.
Comme la caufe de ce furnom de LAcwA eSt inconnue &: que les
Grecs ne l'expliquoient que par un conte fabuleux à leur manière que d'ail-
leurs il confirme ce que nous avons déjà dit pour faire voir que Junon e&
une des Divinités Symboliques de la Lune entrons dans quelque détail à ce
&jet~

~«yMfnc/o Z~crjvf~ donné à ~no~.

Le Temple de Junon Lacinia étoit à Cix milles de Crotone dans un bois


facré d'une va~e ctendue avec des pâturages immenses, ou (e répandoienc
les nombreux troupeaux de la Deefte fans avoir befoin de ~rdiens étant
à l'abri des bêtes féroces 6c de la.malice des hommes. Une colonne d'or maulf
s'élevoit au milieu de ce Temple, auHt célè6re par fes richeffes que par fa fain-
Ktc, ct&nt vénéré de toutes tes contrées voinnes ( t).
Ce Temple, di(oir-on,.tvoit été érigé par Hercule en mémoire de ce qu'il
avoit auommé en cet endroit le brigand LAct~tUs voleur redoutable de la
Contrée, qui lui en!evoic de tems en tems quelqu'un de fes boeu6.
Ou (ent très-bien que c'eA un conte inventé pour ne pas refter muet fur h'

t ) Ti~.L~ Liv. ~i~


caute d'une cpithcte auti! nngutiere que celle de LAciNiA donnée à Junon
i! n'y avoit que des Grecs ou des Romains qui purent s'en contenter.
C'eft un nom certainement fignificatif, non dans la langue de ces Peuples
nouveaux venus dans le Pays, mais dans celle de (es premiers habitans Peuples
Celtiques, & qui consacrèrent cette Forera la Reine des Cieux à la Grand-
Dame du Pays,
Ils l'appellerentavec beaucoup de raifon LA T-cINia, mot-à-mot, REIN! du
PAYS de deux mots qui iubn&ent encore dans nombre de Dialectes Ceiti~
ques., & dont nous avons déjà eu occafion de parler.
LAT ngnine pays comme nous l'avons dit dans nos Ongines Latines &
ailleurs d'où vint le LATt~M & qui fe nafalant,a fait le LAND des Peuples
du Nord.
CIN KIN Ggnifie Roi Chef: de-là le KiK~ des Anglois !e KoEN~ des
Allemands, le KEN & KOEN des Orientaux, qui tous ngniSenc Chef, Roi
Prince.
It n'ctoit pas étonnant que les Crotoniates ne fuuent point au fait de cette
étymologie ils étoient une Colonie Grecque, fort po~erieure, de leur propre
aveu à la fondation de ce Temple ils ne remontoient, dit-on qu'au tems
de Numa tandis que le nom de la Deene & <on Temple fe confoiidoient
avec le tems d'Hércule c'eft-à-dire,avec les tems les plus reculés, avec ceux
ou les Celtes éroient venus habiter le pays, & y avoient apporté le Cuire du
Soleil, de la Lune & des bois comme nous l'avons fait voir dans le Dl(-
tours Préliminaire des Origines Latines.
4~
~a/!0!<~ ces Pilles, inutiles pour /?0/r<.
Mais Urc<u!re de-là un inconvénient fâcheux relativement à rH!fto!re:
eeft que les monnoies de ces villes quoiqu'elles (e roient [ranfniitcs jufqu'à
nous, font .tb~ument inutiles pour nous mecrre au fait des évenemens qui
leur font reiarifs au lieu que celles qui ont ère frappées au coin des Rois, oit
avec des Infcriptions hifioriques, font un fupplément précieux à ce qui nous
manque en livres.
Motifs qui ~M/~n~ déterminer ~t~MMrj à /<ï~ «~ libres à Mj<

égard.

Comment des Princes aufH jaloux de leurs droits que les Empereurs Ro-
mains purent-ijs confennr à ce que des villes entieres <e refufafrent condam-
ment à frapper leurs monnoies à leur coin & même des médailles en leur
faveur; tandis que l'Univers prefqu'enner & Rome elle-même s'emprefÏbienc
a leur donner à cet égard les marques de la flatterie la plus rampante ?
Ils ne fuivirent cependant fur cet objet aucun plan fixe tandis que te!te
ville mettoit fur tes monnoies leur effigie, telle autre n'en faifoit nen. & des
iroifiémes y anocioient leurs Symboles à ceux du Prince.
C'e~ ce qu'a fort bien vu M. l'Abbé BARTHELEMi.
M e~ certain dit-il dans fon Enai de Paléographie Numifmatique(i)
M .'que tes fucceffeurs d'Alexandre & enfuite les Romains, voulurent que cer-
M taines villes ne minent fur leurs monnoies que le nom du Prince qui les

<!
gouvernoit qu'ils permirent à d'autres de n'en faire aucune mention &
qu'its confentirent bien fouvenr qu'on y anociat le nom de la ville & celui
« du Prince de-là trois dtfïcrenres fortes de Médailles Grecques celles des
Rois, les Impériales Grecques & celles des Villes Grecques ou Auto-nomes
Cette condefcendance de Princes auul jaloux de leurs droits n'e(t point
naturelle il faut qu'eUe ait eu un motifpui(e dans leur profonde politique. Ils
iavoicnttrop bien que leur droit d'effigie n'étoit qu'une usurpation fur les droits
divins, pour l'exiger forcement ils comprirent qu'en taiffant les villes parfai-
tement libres à cet égard on s'accoutumeroit in(enub!?ment à regarder ce
droit comme purement civil comme de fimple adminiHration & d'une faine
politique & que le petit nombre de celles qui ne s'y cônrbrmeroient pas, ne
pourroit être nullement contagieux. C'eA avec cette adrede que fe font cta~-
blis une foule d'ufages & de coutumes qùi auroient fans cela occa~onné de
terribles révolutions.
Aufn lorfque les Officiers de la Monnoie fous Augure voulurent forcer les
Athéniens à changer leur ufage & à~fubftituer la tête d'Augufte à celle de Mi-
;ieL've, ceux-ci s'adrefferenr directement à l'Empereur t
& lui dirent avec.

(!) Mém. des Intcr. & B,L. T. xxtv,


cette noble nerié qui convient H bien à des hommes libres,égaux en éleva-
tion aux Princes que jamais ils n'avoient mis fur leurs monnoies d'autres
fymboles que ceux de Minerve leur Déene que ces Symboles étoient en mê-
me tems tes preuves de leur liberté, de leur origine, de cet amour pour les
Sciences qui fairoit de leur ville le centre des c.onnoiffances.: qu'ils regarderoient,
comme la fource de leur décadence à tous ces égards s'il r~lloit que la tête de
leur Déenë.~burce de toute fcience & de toute (agene fîc place à celle d'un
Prince qui, quelqu'augufte qu'il Mt n'étoit pas la Divinité même. L'Empe-
reur touché de cette noblene de (entimens, fit un décret qui difpenfbit les Athé-
niens de mettre jamais fur leurs monnoies d'autre effigie que celle de leur Pa-
trone, paroinanc accorder ainn à la piété re(pectab!e des Athéniens, ce qui
n'étoit que t'c~et de fa politique.
Les habitans de Cortone firent fans doure !a même démarche &' avec I:
même fuccès, puifque leurs Médailles offrent toujours fous les Empereurs amf!
que celles d'Athènes, l'apparence d'un Peuple libre & qui ne reconnoitibic
d'autres Prorectcurs de la bonne-foi que !es Dieux~
Qu'importoit d'ailleurs à ces Maîtres de la terre que quelques viltesparunenc
un peu plus libres que d'autres? Pourvu qu'ils fuuentmattres abColus dans Rome
qui leur paroinbit l'Univers, ils n'croient jaloux de fe montrer ailleurs que
comme des Généraux d'Armées devinés à étendre les rroMieres de l'Empire
Romain & à le faire jouir de la plus profonde paix. Que Rome &: les Armées
reconnulfent leurs !oix.,toutle rené pou voit être libre, en ne ~permettantrien'
contre leur autorité..
6i

C<ït</< du fcrupule de ces Yilles.

Où doncces Peuples non éclairés du Chriftianifine avoient-Hs pui~e


des maximes au~H honorables, dont Ce doutent fi peu les Antiquaires & qui
feroient regarder les Athéniens comme étant prefqu'auui fcrupuleux que les
Riits:
Dans l'utage.aneien & contant, nous le répétons, des premiers Peuples-
qui perfuadés que la monnoie étoit l'âme du Commerce, & que le Commerce
ne pouvoit réunir qu'au moyen de la bonne foi mirent l'un & l'autre pour
les rendre infiniment respectables~ non fous la protection des hommes mortels,
mais fous celle uniquement de' la Divinité présente à leurs avions, gardien-
ne de la bonne-foi, yengereue du parjure & du crime.
Rien n'étoit plus augure, plus respectable, plus facré que cette coutume:
foyons donc pas étonnés qu'elle ait été commune à tous les Peuples au<
ne
ciens qui Ce regardercnt toujours comme étant fous la protection immédiate
de la Divinité & qu'elle fe foit con~amment maintenue chez les Athéniens,
le plus religieux des Peuples, celui qui mettoit le plus de gravité & de dé-
cence dans le Cuife des Dieux.
La déférence d'Auguré pour ce Peuple marque en même tems l'ettime &
la confidération que cette République s'etoit acquise & la met fort au-denus
des Romains qui Ce livrerent auxnatieries les plus révoltantes pour célébrera
divinité de leurs Empereurs.
7.

~MMTM auxquelles ~C7!M<rM< lieu ces empreintes de la ~< des Empereurs.

La Divinité ou les retpe~s divins qu'on aitachoit à l'empreinte de la tête


des Empereurs fur les monnaies, parvint à un tel excès qu'elle fut une fource
des vexations les plus odicufes fous les règnes des mauvais Empereurs ~lors-
qu'on lainoit Itberte entière aux délateurs. Alors on faifoit regarder comme
un crime de Lcze-Maje~e divine & humaine de livrer ou de recevoir cette
monnoie tans lui rendre les plus grands honneurs & comme un bien plu:
grand crime de la porter fur foi en allant dans des lieux où on ne feroit pas
allé avec un Empereur. En étendant ainn de 1~ manière la plus abfurde le ref-
peA civil qu'on doit avoir pour les objets inanimés qu'on çxpofe aux regards
du Public & à fa (agene, on irouvoit des coupables par-tout~ toute ac~
tion devenoit un tacrilége, & il n'y avoit plus de ptincipe.

8.
Les anciennes Monnoies /!o//M/j «/?~«</H<< confacrées << J9/f~
Les Romains ne mirent également fur leurs monnoies que des Symbole:
de Divinités )ufques vers les derniers tems de la République.
Sur leurs monnoies d'airain ou de cuivre, on voit les trois grandes Divi-
nités du Ca~ndrier..
J ANUS aux deux races, fous le règne de qui~difoit-on, fut invenrée l'Agri-
culture & qui écoit par conféquent contemporain de Saturne.
MERCURE qui inventa le Calendrier pour les befbins de cette Agriculture.
HERCULE,
HtRcuM, dont la marche dirigeoit tous les travaux de cet Art.
Ce choix de Divinités dont on n'a jamais cherché la caufe parce qu'on n'a
jamais foupconne qu'il pût avoir un motif détermine eH d'autant plus re-
marquable, qu'il s'accorde parfaitement avec ce quenousavons dit dans l'ex-
plication des trois grandes Allégories Orientales relatives à Saturne à Mer-
cure & à Hercule; & qui prouve avec quelle (agene tes Anciens choiunoienc
leurs fymboles & dirigeoient toutes leurs in(trucHons, abftradion faite fans
contredit, des faulfes idées qu'ils paroitroient avoir de la Divinité. Ces mon-
noies Romaines deviennent par conséquent une confirmation de nos grands
Principes fur cet objet, &: une preuve de leur accord avec la Nature 6t avec
l'Antiquité entiere.
Le choix que les Romains nrent pour leurs monnoies décès trois Etres Cym-
botiques, fait voir en même tems avec quelle <agene les Anciens dirigeoient
toutes leurs inftructions, & démontre que de tout tems on a cherché à ~e
conduire fur tous les objets relatifs au Publie de la manière la plus réfléchie
& la plus propre à produire les effets qu'on vouloic opérer.
Au revers, ces monnoies avoient la figure d'un NAVIRE de ce Navire
avec lequel, difoir-on, Saturne avoir abordé en Itatie, & qu'ailleurson appel-
loit le Navire d'Ius, mais qui repréfentott fi natureitemenr des villes utuees
fur les eaux.

~r<~H«r< Monnoie d'argtnt <ïy<~ M~/n drus Co/MA

La monnoie d'argent des Romains préfente d'un côté Rome fous la figure
de MtNERVE & prefque toujours avec une croix en (autoir; au revers, le char
de la VICTOIRE attelé tantôt de deux chevaux, tantôt de quatre.
Ce dernier fymbo!eétoit très-bien choifi. Lorsque pour la premiere iois
cette ville Cuperbe nt battre de la monnoie d'argent l'an 16~ avant ~.C. Rome
étoit viAorieufe & triomphante Pyrrhus avoit été vaincu, les Tarentins fub.
jugues, les Samnites détruits après cent ans de combats plus cruels les uns
que les autres, l'Italie étoit aux fers la Sicile menacée Carthage la tiere
Carthage n'émifïoit de douleur à la vue de ces fuccès éclatans & fourenus. Les
Rois de l'Orient eux-mêmes, malgré leur orgueil & leur pui(Ïance, comfnen-
coieni à rechercher l'amitié d'une Republique par laquelle leurs Etats de-
voient êrre dans peu anéantis & leurs defcendans mauacrés ou réduits aux f-M
comme de vils enclaves.
D~.7~.7. L! 1
Il exi~e encore aujourd'hui de ces Médailles d'argent &appees pour la pre-
miere fois à Rome la cinquième année avant ta premiere guerre Punique
on en voit une dans le Recueil des Médailles des Familles Romaines par ?A-
TiN fous la
Famille FA~iA. Rome y eft représentée fous le fymbole de Cy-
bèle couronnée de fes Tours avec cette Infcripdon E x A p v Ex Auro Pu-
~co, de l'argent public.
Au revers, on voit un Char à deux chevaux conduits par la Victoire, avec
ces mots dans l'exergue, C. FABi. C. F. Caius .F<~Mj Fils de C<t/Mj. Ce Fa-
bius étoit l'un des Confuls de l'année, & le fecond de ceux qui furent fur-
Dommcs PicTOK le Peintre.
to.
Rome co/n/n<<'< ainfi i j'</o~n<r de /'0r~.
Nous voyons donc ici le moment où Rome enorgueillie de Ces exploits;
commence à s'éloigner de fa (Implicite primitive & à méconno~tre la pui(-
fance des Dieux elle n'ofe pas, il e(t vrai, bannir de (es monnoies leur em-
gie, un refte de pudeur la retient encoreà cet égard mais du moins elle t'ac-
compagne du nom de fes Con(uls triomphans ainn elle s'eHaye à mettre fes
Héros fur la même ligne que les Dieux bientôt elle en fera des Dieux mê-
fera forcée de proMtuer ce nom en le donnant
mes & pretqu'auditôt elle
à des montres plus dignes des Petites Maisons que de l'Enapirce. C'e~ ainfi
que dès qu'on commence de s'écarter de l'Ordre, qu'on fe refbut à lui porrer
quelqu'atteinte on devient la proie du désordre il nous inveftit de toutes.
parts & nous conduisant
d'illunons en illufions il nous entraîne dans les
précipices les plus profonds.
D'ailleurs, celui qui fit faire ce premier pas à la République reunifloit tou*-
les qualités requîtes pour cette innovation c'éto:t un Fabius, c'cft tout
tes
dire la Famille F~BiA, illu~rc dans tous les tems étoit alors peut être la plus
puilfante des maifons de Rome la fplendeur de (on extraction, la multitude
de (es branches, (es richedes, la grandeur de fes exploits, la fierté & l'orgueil
attaché couramment à cette famille tout contribuoif à tavori(ër la vanité de
fes Membres.. Ils (e croyoient au-denus des Rois ceux-ci frappoient de la
monnoie à leur coin un Fabius pouvoit-il n'y pas mettre du moins fbn
aom~:
'ï.
Z*~o~o/<' Empereurs <M
fut la fuite naturelle.

Rome ne vit donc jamais l'empreinte d'un mortel fur (es monnotes tan-
dis qu'e!!e fut libre elle fut alors comme tout autre peuple (ous la protec-
tion immédiate de la Divinité, ~eu!e garante de la bonne-foi des Traités.
Ce ne fut que tordue Ces vices la forcèrent de ployer la tête fous !e )oug
qu'un mortel ofa (e placer fur (es monnoies à la place de la Divinité qu'il
ofa en usurper les titres, ~e faire élever des Autels & fe faire appeller divin
comme ayant fuccédé à tous les droits des Dieux Protecteurs du Peuple Ro-
main & par cette fubftitution audacieufe les Romains n'ettrent plus qu'au
pas à faire pour déïfier leurs Tyrans.

A R T I C L E V.

Jtifojf~o/r~O~T~yr.
1.
Monnoie ~~r~
Ce que Rome avoit fait,ce qu'Athènes continua de faire malgré l'exem-
pt contagieux de Rome c'eR ce qu'avoient également pratiqué ~cruputeufe-
ment les anciens peuples de l'Orient. Aucun d'eux n'avoir ofé mettre fur fes
monnoies i'emgic de fes Princes tous y plaçoienr les fymboles de leur Em-
pire & de la Divinité, tant étoit grande l'idée qu'ils avoient de leur augure
origine & de la dignité de l'homme.
Jamais fur les monnoies des Hébreux, on ne vit des rdes de Princes; pas
même lorfque les Rois de Syrie leur eurent donné permifiton de battre mon-
naie. Jamais on n'en voit fur celles des Mahométans descendus des anciens
Peuples Orientaux & qui ont confervé conn-amment une ~bute d'ufages de la
haute Antiquité. Jamais on n'en vit fur celles de l'Egypte libre &: non nib-
)uguce mais comme c'eft un point absolument neuf nous en allons faire
un Article répare.

L 1 ij
II.
jMcTMM <MM</M< 2~v~«<M<~ ~M'<<~<~My<f/!û~<ïr~~r<yr<jfMjf.

t.
On n< <WM'M~O~ <Ma< nous aucune
~C7!n0~ <~ tancienne

Aucun Antiquaire, aucun de ces hommes riches & infatigables qui avec
un foin extrême ont rauembté de toutes parts des amas prodigieux de Mé-
dailles, n'ont jamais pu parvenir à <e procurer une feule Médaille connue des
anciens Rois Egyptiens, de ces Princes qui régnoicnt fur cette Nation quand
elle ~e gouvernoit par elle.même & avant qu'elle eût été Subjuguée par les
Perfes & par les Grecs.
On en a conclu, ce qui (e préfentoit naturellement à t'e~pric, ou que ja-
mais les anciens Egyptiens n'avoient eu de monnoie à empreinte, qu'on n'en
jugeoit qu'au poids, ce qui fembloit confirmer merveilleufement l'opinion
que la monnoie à empreinte étoit peu ancienne à l'époque de notre Ere;
ou que les monnoies Egyptiennes s'étoient entierement perdues.
On ne pouvoit rien imaginer de mieux, dès qu'on n'avoit pas rencontré le
vrai; quoiqu'il fût bien difficile de penser que les Egyptiens qui éroient C ha-
Mcs dans les Arts en tout genre, en eurent négligé un qui était auSI avan-
tageux pour le Commerce, tandis fur-tout que leurs voifins avoient été auez
~nduMeux pour avoir de tres-beiles monnoies en or & en argent.
Et s'ils en ont eu, comment leur monnoie fe feroit-elle absolument anéan-
t!e dans une contrée où tout brave les injures du tems & des fiècles émanés 1
où les couleurs les plus tendres conservent depuis trois on quatre miUe ans
toute leur &a!cheur i

Il M < cependant.

Difons mieux ce Peuple fage eut des monnoies des monnoies à ngu-
res, & il en exi~e encore de nos jours on en voit même dans les cabinets tes
mieux compofés; mais inconnues, dégradées comme le Peuple qui les fit
happer. Il y en a en bronze, en or en argent là, elles font rangées parmi
tes MédaUles inunles~ dont on ne fait que faire qu'on met au rebut, parca
qu'elles n'offrent aucune tête de Prince, aucune Infcription aucun de ces
caractères qui font colinoître avec tant d'intérêt la date & le pays d'une mon-
noie ou d'une médaille.
Les Egyptiens, ou dedaigno!ent ces détails, ou ne les connoinoient pas r
d'ai!)eurs, chez eux la Nation étoit tout, le particulier rien ils n'ont pas mc-
me confervé le nom des Con~ruûeurs des étonnantes Pyramides parce que
ces Pyramides ne furent jamais consacrées qu'à futilité nationale, & n'eurent
jamais pour but de flatter l'orgueil d'un Prince ou d'élever un monument à fa
gloire c'eût été an genre de gloire bien bifarre.

Jr
Les ~M~ rapportoient tout aux jP~Mje 6' «M P~M'f.
Ce Peuple fage vouloit qu'on ne reconnût fes travaux qu'a leur utilité par
ce moyen, it evitoit les inconvéniens des ouvrages qui ne portent pas fur
cette utilité, & qui font plus propres à détériorer tes Nations, à tes éloigner
de leur vraie route qu'à tes entretenir dans ce qui conuitue leurs vrais inte-
rêts. H fe peur que par ce moyen, ils ~e perre<~ionna(Ient peu du moins, ils ie
maintenoient tels qu'ils étoient, & c'etoit dc)à beaucoup.
C*eA par la même raifon que tous leurs livres paroitToient fous !e nom de
THOT ou Mercure; tous fous le titre de r/n/?~~<«r du 6'~nrf-~Km~T! titre
admirable & bien choiu auquel it feroit à fouhaiter que la plupart des Rytes
tu(Ïcni dirigés.
Il n'eA donc pas étonnant que chez un pareil Peuple tes monnoies ne
portaient d'autres fymboles que ceux qui appartenoient à chacune des Villes
qui tes faifoit frapper it étoit impofHbte qu'elles en eudeni d'autres; a moim
que tes Egyptiens n'euutnr renonce à tous leurs prindpes.
C'eft donc ignorer t'ctat primitif des monnoies ou de la Numismatique~
que de chercher fous d'autres marques la monnoie de ce ancien Peuple
c'eft regarder la détérioration de cet art, comme fon état primitif.

4'
Monnoies Egyptiennes contenues dans les Médailles de M. F~ff~jujt~

Le beau Recueil de Médailles de M. PELi-EtuM, offre plufieurs Médailles


d'or qui ~ont, ou je me trompe fort, Egyptiennes, du tenis où i'EgypK ctote
gouvernée par ~cs propres Rois, du uxieme uecte au moins avant y. C. Tems
au-delà duquel remontent en effet nombre d'autres Médailles très-connues.
M.PELHRiNap)acece!!es-ciau nombre des inconnues, par les mêmes
niions dont nous venons de parler. Telles font les huit dernières Médailles
de la P!anche CXV Tome III des Peuples & des Villes. Elles ionc d'une
forme très-ancienne, de ton propre aveu, correspondante aux tems où nous
les plaçons & en les comparant avec d'autres Médailles reconnues pour
Egyptiennes par M. Pe)!crin tui-même & qui font partie de la Pl. LXXXVI
du même volume, on ne peut fe didimuter qu'eHes font parfaitement du même
genre, fur-tout celle qu'on peut voir dans notre Pl. I. n". IV, & qu'on ne
fauroit meconnoltre pour Egyptienne en effet à ton Boeuf & à ton Ibis.
Les Médailles de la Pl. CXV & dont nous mettons quelques-unes fous
les yeux de nos Lecteurs dans notre Pl. I. offrent des fymboles incontottable-
ment Egyptiens.
Sur la t~ ( n*. V. des nôtres) & la ~3 on voit le LoTus.
Sur la 11, ( n~. VI. des nôtres ) un grand Singe à queue.
Sur la 13 (n°. VII. des nôtres) un Cnris aCRs.
Sur la 19 & jLo le Bouc MBUDE!, adoré en Egypte.
Sur la < 8 une tête de Loup fymbole de quelques villes Egyptiennes.

C~ Médailles cem~<!r~ avec des Médailles ~g)y~M~M du tems des


:Empereurs.

On ne fauroit douter que fi on avoit à cet égard un plus grand nombre


-de points de comparai (on, on ne v!t les fymboles Egyptiens fe multiplier
& qu'on n'en trouvât même d'auffi fortement caraAérifes que ceux de la
P!. LXXXVI, & ceux du Lotus ou du Bouc .M~~t.
H eft même très-apparent que n on comparoit ces fymboles avec ceux des
Mcdai))es Egyptiennes po~erieures accompagnées d'emgies & d'inscriptions
t
on reconno~roit les mêmes fymboles en tout ou en partie, enforte qu'on
n'auroit pas de peine à fixer le lieu même, la Ville ou elles furcnr frappées,
indépendamment des (ecours que l'Hidoire & la connoiflance des lieux pour-
rit or!nr;puifqu'avec cette fimple coniloiffaiice & indépendamment de
toure medailie à infcription nous pouvons afiurer que ta médaille du Bouc
eft de la ville de Mendcs, & que celle fur laquelle on voit un Loup eft de la
ville de Lycc;:Q)'
Ce que nous avançons ici fe change en demonfh-ation fi on jette les
yeux fur les Médailles Egyptiennes frappées fous les Empereurs & fur-tout
à l'honneur d'Adrien & qui ont été raflernblces par M. l'Abbé BELLEY (t)
en particulier & par d'autres Savans.'On voit par ces Médailles que les Villes
de l'Egypte n'avoient pas renoncé à leurs anciens fymbolcs &: qu'elles
avoient pris le parti de faire pafler au revers leurs Divinités représentées par
des perfonnages en pied & ayant en main les fymboles de la Ville où avoit
été frappée la Médaille.
Par ce moyen ingénieux elles ne fe manquoient ni à elles-mêmes, ni à
leurs nouveaux Maires.
Sur une Médaille de la ville de Mï~DBS, par exemple frappée à rhonneur
de Marc-Aurele le jeune on voit Ofiris debout, appuyé d'un côté fur j'hane
pure, & tenant de l'autre un Bouc (z), même fymbote que fur les Médailles
dont nous venons de parler, avec l'infcription ME~DESios le /~<M
~H~M.
La ville d'AtHRiBis & celle de Bua~STE nous oSientfur leurs Médailles
une Femme en pied, ou Diane tenant un oifeau (;).
La ville d'AnT~o-PoDs, Serapis tenant un Crocodile)
La ville d'ApHRooiTo-Pons, une petite figure & des Sphinx fur une bafc.
Diospons, fur les unes un Cavalier qui tient un Serpent fur d'autres
un Ouris qui tient un B<KUP.
HERMOMTHis & PHAR-BETH~ Ouris tenant un Lion.
LBTO-Pons, un Crocodile.
Xois, Hercule ayant le Lotus fur la tcie, portant d'une main un Oife<m
& de l'autre fa maflue.
Lto~'ro-Poi.ts, ou la ville des Lions, Onris tenant en l'air un LioN par le
cou cette dernière Médaille frappée aufn comme les précédentes fous la
XIc. annce d'Adrien,fe trouve dans un Reçue)) de i y 8 Mcd.tii)cs par le P. Louis
de BIEL, pour fervir de fuite aux Médailles du célébre VAtLLAUT (<).).
Ainfi les Egyptiens ne renoncèrent jamais aux fymbotcs aimoriaux de leurs
'vtl'es, & on les reconno~t avec quetqu'attention fur )eur? monnoies, fous quel-
que forme qu'ils y paroifTent, feu)s comme dans les tems primitifs, ou accom-
pagnés d'infcriptions e~ d'efEgies comme au rems des Ptolomées & des Em-
pereurs.

(i) Mem. des Infcr. & R. L. T. xxv:n. (i) Mém. de l'Acad. des Infor. & B. L. T. T,-
Hift. p. i~. (;) Ib. T. xxvm. (4) Vienne en Autriche, M-8". t7~, N", XVI,
Chaque ~7/e Egyptienne avoit un ~t/n~CMr~M~o/
On fait d'ailleurs que chacune de leurs villes avoit un Symbole particulier,
& qu'il confiftoit prévue toujours en un animal qui varioic pour chaque ville,
& qui croit regardé, difoit-on, comme la Divinité de la ville.
Le Boeuf Apis éroic adoré à Memphis.
Le Boeuf Mnevis, /ao~no~ MoN, le So!ei!,& Ev, Père, à Hetiopotis~ f<< du
~7.
Une Génine, à Momemphis.
Le Crocodile à Arfinoé.
L'Ichneumon à Heraclee.
Le Chat, à Bubale.
Le Chien, à Cyno-polis ville des C~~a~.
Le Poifibn Latus, à Laco-po!!s ville de Z.<<M/
Le Loup à Lyco-polis, ville des Loups.
La Brebis, à Saïs & à Thèbes.
Le Cebe e(pcce de Singe, à Babylone près Memphis.
L'Aigle, à Thèbes.
Le Lion, à Lconto-polis, ville des Z/e~
Le Bouc, aMendes.
L'Epervier, à Phile.
7.
Faufes t~~ qu'on je formoit de ces ~ï/n<«if~.

Les Grecs & les Romains raconcenc des chofes étranges au ~ujec de ces
animaux racrés de l'Egypte ils ont tous été persuades que les Egyptiens leur
rendoient un culte religieux mais lorsqu'ils en ontvoutu indiquer la raifon, ils
n'ont plus été d'accord.
CICERON dit (t) que les Egyptiens n'adoroienc que les animaux qui leur
etoient utiles, & que c'étoit par un principe de reconnoinance.
D'autres racontent que dans la guerre des Géans ou des Tirans contre les
Dieux, ceux-ci furent obligés de fe cacher fous la 6gure de ces animaux afin

(i) De la Nature des Dieux. Liv.


de
cte pouvoir échapper à la fureur de leurs cruels ennemis. Devenus ensuite les
plus forts ils contraignirent les hommes prendre foin des animaux de leur
vivant & les enterrer retigieufemenc âpres leur mort.
Selon d'autres, les premiers hommes fe dévoroient les uns les autres ?
les plus foibles étoient battus par les plus forts, jufqu'à ce qu'ils trouverent
moyen de <e rallier en faifani porter au haut de quelques perches, des repré-
fentations d'animaux. Cet expédient ayant eu te plus heureux fucccs, non-
feulement il tue défendu de tuer aucun de ces animaux, mais il fut même or-
donne d'en prendre foin &: de les rcfpec~er comme les auteurs de leur ~aluf.
Des quatrièmes prétendent que les diverfes villes de l'Egypte étant portées
à la révolte &: à l'indépendance~ un Roi établit dans chacune le culte de quej-
qu'animal ,& en défendit l'usage pour la nourriture, afin que chacune de ces
villes prévenue en faveur de fon culte, méprise celui de fon ToiGn & même
qu'ette t'abhorrât en voyant qu'on y mangeoit fans fcrupule les animaux qui
Soient l'objet de fon adoration afin que par ces haines réciproques cites
ne futtent plus en état de fe liguer enrr'ettes <c qu'elles demeurafÏent ndetesau
Prince.
On tenc très-bien qu'aucun de ces motifs ne peut être vrai; qu'ils ne peu-
vent s'accorder avec la fageffe des anciens Egyptiens qu'ils font tous infùf-
n&ns pour- rendre raifon du fait mais on n'en doit pas être furpris les Grecs
& les Romains qui ne connoulbient rien àteurs origines,pouvoient-itséctair-
cir celles des Peuples étrangers, & (ur-tout d'un peuple tel que les Egyptiens!
Leurs Voyageurs en Egypte ~i~bient aux Prêtres oc aux Sages du Pays des
que(Mons plus ridicules les unes que les autres, & ceux-ci répondoient à leur
peu de fens, comme à des en&ns qu'on berce de contes, parce qu'ils n'é-
toieni pas dignes de rai~bnnemens plus relevés.
Anfu ne trouve-t-on dans Hérodote & dans tes autres Anciens qui ont
parléde l'Egypte, les caufes de quoi que ce Coit ils ïe bornent à des faits qui
Semblent toujours Cnguliers & bi&rres, parce qu'on n'en apperçoit jamais h
caufe, & on feroit tenté de croire, ou qu'ils en impotent ou que les Egyp-
tiens étoient un affemblage d'intenses.

~r.7. Mm
<.
C<!K/f.! ~< ce cAo~ cette << Culte rendu aux Animaux:

i~
Chaque ville ~O/O~ le nom ~'KO de ces <</n<!«~.

Dirons mieux, les villes de l'Egypte, ainf! que la plupart des anciens
Peuples, prenoient pour leur nom des noms d'animaux y & ces animaux de-
vinrent leurs Symboles & la bafe de leurs Armoiries.

C~M< ville nourriffoit à y<j/r<ïu quelques ~</n<!M~ de /e<'< dont elle


~cr~c~ le nom.
En même tems chacune de ces villes, ain~ qu'en plufieurs autres pays, en-
ttetinreni aux dépens du tréfor public quelques animaux pareils à ceux qu'ils
avoient choiits pour leurs Armoiries, &qui étoiem ainfileurs Symboles vivans
ils étoient logés nourris & foignés par des Gardes entretenus & défrayés éga-
lement par le trésor public. C'était un droit de la Souveraineté & une. des
marques de la: Majedé publique..

Ces ~MM~ ~o~~ apprivoifés 6' y<!cy~.


On mit enfuite ces animaux fous la garde de la bo<me-rbi publique & afin
qu'iisrfuuent moins exposes, on les confacra à la Divinité Patrone de chaque
ville..
C'eft ain~ que STKABoN nous apprend que les Momemphites qui nourrie
foient une Géniffe aux dépens. du Public, l'avoient contacrée à Vénus leur
Déene.
Le Crocodile de la ville d'Ar~noé éroimpprivoi(e les Etrangers fe ~aifbieni
un plaifit de lui donner du pain de la viande, du vin il fe laiffoir caréner
on omoit fes ouies de pendants d'or & de pierreries & fes pieds de devant,t
d'une chame d'or.
Le BceuPApisétoit logé & entretenu dans une trcs'belle ~lle Soutenue
par de fuperbes colonnes.
C'éroitaqui auroit de la laine ou des piéces d'étorÏeraites avec la laine
desbrebis facrées de Saïs.
Ces animaux étoicnt entretenus dans des parcs facrés des perfonnes
d<(tinee: à cette rbncûon les nourriffoient de pâtes fines délayées dans du
lait avec du miet:& de canards bouillis ou rôtis. Les animaux carnivores
étoient nourris d'oifeaux on les baignoit on les parfumoit on en perpctuoit
l'efpèce, &: à leur mort on les embaumoit.
Leurs Gardiens ou ceux qui étoientchargés deles nourrir & d'en avoir (bin,
étoient, dit-on, des personnes d'un Mn~di~ingue;et)esporro)ent les tytn-
ttoks de ces animaux, & on les refpeûoit jutqu'a fe mettre à genoux fut
leur panage.
Il eOmcme trcs apparent que chaque Egyptien avoit egatement de pere
en fils quelqu'animal facré, fymbole de la famille & qu'on vénérait dans
chaque famille; & que c'eft de-là que font defcendus les Fétiches en urage
dans toute FAtrique.
Cet ufage dût dégénérer à la longue en une (uperfUtion folle & ridicule mais
pourjager fainement des ufages d'un peuple il ne faut jamais s'arrêter à teuc.
dégradation mais remonter à ce qu'ils furent ou purent erre dans leur origine.
C'en: ce que ne pouvoient faire ni les Grecs ni les Romains & je ne doute
pas que ies Prêtres Egyptiens eux-mêmes, du tems de ces peuples, n'eutlenc
prefqu'entieremenr perdu de vue le fil de leurs e~abhflemens auu~ettis de-
puis quelques fiècles à des Princes étrangers~ ils avoient laiue anéantir leur
ancienne fageffe, & ils ne voyoient par-tout que des ufages confervés par la
fuperflition & dont ils ne pouvoient plus pcnerrer le but.
Des Peuples tomtes dans t'efctavage &gémi *fratit fous le poids de la tyran-
nie &: de l'ignorance, durent paner bientôt en effet des honneurs publics ren-
dus aux animaux fymboliques à un culte fuperditicux ils durent les regar-
der comme le Palladium de la Contrée & tout ce qui leur arrivoit de nnif-
tre,devoit répandre la terreur dans tous les esprits ett-it étonnant d'âpres
cela que le peuple en fureur fe jettat fur ceux qui tes faifoient périr ?t
Sans être (uperditieux,ne puniroit-on pas ceux qui tueroient dans une Mé-
nagerie quélqu'animal que ce foie ou qui feroient main-baue fur quelqu'un
de ceux qu'on montre à la Foire 1
9'
Rapport des Symboles J'~f~A~M avec ceux de ~JE~)~

Rien n'eO plus dans le co~ume des Egyptiens que les médaitle! d'Athcne:
arec leur Olivier, leur Chouetce, leur têce de BoEufs & un Vafe qui a fore
embMtafÏe ceux qui ont voulu en découvrir l'objet. Us ont cru qu'il faitbic
Mm ij
altuuon à la fabrique des va(es de terre établie à Athènes, & dont ils s*attr!-
buoient l'invention mais ce peuple avcit inventé tant d'autres chofes dont il
ne tint jamais compte fur Ces Médailles & nous avons vu d'ailleurs qu'il n'y
avoit rien de profane (ur fes monnoies.
Tous ces fymboles étoient allégoriques. Minerve déugnoit la fagene mais
elle étoit la même qu'Ius or celle-ci avoit pour Symbole !e Canope vafe
facré, & la ~~qui lui fervoit de Diadême. La chouette faifoit égale-
Tnemt partie des Symboles Egyptiens. Quant au Canope, il étoit confacré à
Ihs, comme Deue de l'Eau que les Egyptiens regardoient comme le princi-:
pe de tout.
to.
.y~/K~o/M des Peuples Modernes co/r~ <!f<c <tM~ l'ancienne Egypte.

Les monnoies Européennes nous offrent aujourd'hui des exemples des di-
verses espèces de monnoies dont nous venons de nous occuper, & par-là mê-
une elles font très-propres à répandre un plus grand jour fur les principes que
nous venons de pofer.
JMo~~ofE~ DES ROIS.
Les Princes des Nations barbares qui renversèrent tTmpire des Romainy~
firent tous frapper la monnoie à leur empreinte, ainn qu'i!s le voyoient pra-
tiquer parles Empereurs ils regardèrent cet ufage comme un fimple ufage
civil; ils n'y ifoupconnerent rien de relatif à laReligion: & leurs de&endans les
ont imiK en ceta ainfi que nous l'avons expliqué ci-devant.
~f~~yoU!~ DES ~y~ZF~C~JF~.
Les Républiques qui n'ont point de ChefpartMu!ier ou contant, onc
<ontinué 1'ufage des anciens peuples, de ne placer fur leurs monnoie! que
leurs Symboles armoriaux, & presque toujours Armes parlantes.
Le Canton de BjsR.Nz met fur fes monnoies la figure d'un Oms, vraies Ar"
moiries parlantes.
Le Canton d'URi met fur les uennes la tête ou mauacre de ces anciens
bceurs appelle URï, & qui étoient G
communs autrefois dans les montagnes
& tes forêts de la Suiue.

CtNBVE met fur les nennes l'Ai<n.B &: laCm cette derniere comme <yn~
bole de fa ~tumion. i
~K/MMC nourris aux J~<n~ diverfes Républiques Afo~< ainfi
~H*<!<w</ft.f <M Fgy~~<.

Plusieurs de ces Républiques entretiennent même aujourd'hui, comme au-


trefois les Egyptiens, aux dépens du tréfor public des animaux du: genre de
ceux qu'ils ont pris pour Symboles.
Ainn~ a BERNE on voit la fo(fe aux Ours comme il y avoit à Babylone!~
foffe aux Lions Se en Egypte des demeures pour leurs Animaux Symboli-
que.
A GENzv~ on entretient des AIGLES dans de grandes cages, ces Aigles 6~
<e& Ours font nourris ainfi -que leurs gardes aux dépens du public.
L'ufage moderne remonte par conséquent aux tems les plus recules il lie
les tcms actuel! aux tems les plus éloignes il unit notre Blafon au Blafoil Je
plus antique pratiqué par les Nations les plus fages on voir qu'il ntt pus
dans la Nature; & que fi on y attacha des idées fuperfHtteufes~ ce rue une er-
reur accidentelle, effet de l'ignorance &: de la tyrannie & non une fitice
néceffaire de l'ufage ou de la politique c'e~ une preuve à ajouter à toures
celles qui etabliuent que la vérité & la lumiere ne peuvent jamais ~ubuReB
avec l'ignorance de mauvais gouvernement.
~a~M r<yyo~' entre /)y~ ~«~.
Ajoutons que fur !e deiËn de la Médaille de Leontopoîis dont nous
avons déjà parlé, le Perfonnage qui tient en l'air le Lion ett reprérenté préci-
iement comme un Cenc-SuiHe avec & halebarde, fon baudrier & fes larges
culottes.
C'eft donc un nouveau rapport entre ces Peuples éloignes cependant
ï'un de l'autre: on- en trouveroitmeme un plus grand nombre, n on s'ap-
pliquoic à cette comparaison. Iln'y~a pas un ucclepar exemple, qu'en Suide
on ne mangeoit pas la teie des animaux non plus que dans l'ancienne Egyp-
te fans doute parce qu'on la regardoit comme le uege de la vie,
T~ f B Chronologique des ~en~c~J.

Nous pouvons donc ofn'ir à nos Lueurs en refumé un Tableau. Chrono~


logique des Monnoies anciennes.
XX", necle avant J. C. Monnoies Orientales fous le nom de Brebis & Mo-
noies Egyptiennes de chaque ville avec les Symboles relatifs à !e<tf
nom.
XIII~. Monnoies d'Athènes par Theïee fous le nom de BoeuE
Xe. Homère parle des Talens.
IX. Phidoh Roi d'Argos donne Fexemptë aux Princes de mettre leur nom
fur leurs monnoies.
Monnoies de Macédoine avec les noms de fes Princes.
Monnoies d'or Egyptiennes, fans noms & fans effigie de Princes.
VIII~. Monnoits du tems de Numa, & dont parle Pline.
yic. DARiquEs de l'Orient, antérieures à Cyrus peut-être par Darius le
Mede,RoideBaby!one.
Servius-Tu!tius fait frapper à Rome de la monnoie de cuivre fous le
nom de Bceuf & de Brebis.
Ve. Médailles d'Alexandre & d'ArcheIaus, Rois de Macédoine.

C.Fabius..
ÏII~. en z 6 9. Monnoie d'argent frappée à Rome avec le nôm du Consul

j[e'. Monnoie avec le nom & l'emgie des Empereurs.


fDES ~OMS DE F~~f7LLE
POUR SERVIR DE. SUITE AUX RECHERCHES SUR LE BLASON.
~K~ idées yM'oyï /<: formoit à cet égard.
N o u s l'avons vu, & nous ne pouvons trop le répéter toutes les erreurs te
tiennent, aind que toutes les vérités: il fumt d'en avoir admis une pour qu'eues
fe préfentenr en foule à la fuite les unes des autres on diroit qu'elles font
Mures folidaires les unes pour les autres plus on (era conséquent & plus on
s'enfoncera dans t'erreur ou plus on en triomphera (uiv<nt qu'on aura eu le
bonheur de commencer bien ou de Ce tromper dès le premier pas. C'eO: que
retprir humain ne fe p!a!t pas dans t'indecinon~ & qu'il aime mieux croire ou.
rejetier (ur de légeres preuves que de fufpendre (on jugement.
On Ce per~uadoit,par exemple,que le Blafon étoit d'une invention moderne
parce que fon exigence ancienne etoi): inconnue, & on ne foupçonnoit pas
qu'elle pouvoir avoir échappe à ceux qui jufqu'ici avoient été à même de la
découvrir.
On l'attribuoit aux Croifades, parce que l'idée des Croifés diflingués par
des Symboles ~e.!ioir parraitement avec le Blafon & aux Croifades feulement
comme fi les mêmes besoins, !es mêmes réunions n'avoient pas exifte !ong-~
tems auparavant, & n'eurent pas exigé les mêmes moyens de Ce reconnoître.
On!e tioitavec tes neis héréditaire!, comme fi !espoMeursdesners
etoient les feu!s qui eunent befoin de (e reconnonre comme fi la poftenion
d'un champ devenu nef héréditaire exigeoit plus démarques pourfe reconno~re
que!a poneûion d'une Terre qu'on tenoit de ~ës ayeux, ou que celle des titres
miiiraires de fes Ancerres.
On s'imaginoir qu'il. n'avoit pasexide plutôt, parce que les Noms deFa-'
milles n'avoieht pas exi~e plutôt ces Nems ne devant leur origine qu'aux
fiers hcrediraires, comme fi le Nom d'une Terre héréditaire ne pouvoir pas
donner lieu à. un Nom de Famille héréditaire comme fi les Noms n'étoient
ab(b!ument arrachés qu'a. des fiefs devenus héréditaires.
La vraie raitbu à alléguer ed qu'on ne connoi(Toit, cet égard, rien de'
phis ancien que tes Croisades mais c'eût été convenir de fon ignorance ott
.re~er dans le doute car on auroit toujours eic en droit de demander, cbtn-
~nenc auroit- on demeuré fi long tems à imaginer une chofe auûl nmple~
~uin naturelle, auÛI néceiïaire ï Comment eA-on anuré que cette m&ttatïon
ne foit pas plus ancienne P Quêtions embarrauanres qu'on éloignoic par l'ar-
firmation pleine & entiere que jamais il n'avoit exi~é avant les Croi&des rien
de femblable au Blafon.
Mais nous venons d'établir que le Blafon n'éroir pas moins e~entie! pour
les Tournois que pour les Croifades: que les Tournois (ont de beaucoup anté-
deurs aux Croifades, & que dès leur étab)i(îe<net)t on exigea des Chevaliers
qui y aûMoienc tout ce qu'on exige aujourd'hui relativement aux Chevaliers
admis dans un Ordre quelconque des preuves de Nob!eue ou de Nom par
.Armoiries & par Famille: des preuves de douze quartiers, dès le commen-
cement du X<. fiècle deux cens ans avant le tems où on nxe f origine du
Bbfon.
Que cela (eut fait remonter le Blafon jufques vers le cinquieme ou nxieme
nccte /le notre Ere qu'it tient également aux Tournois & aux jeux de la
Grèce établis il y a près de vingt-fix uccîes & où t'en ne pouvoit être intro-
duit fans avoir prouvé fon exrracHon en bon François, fans avoir été bia"
~bnne,
Nous avons en même tems fait voir que tes Noms principaux du Blafon
étoient tous d'origine Orientale & que c'eft une Science dont les Croi~t ne
font nullement les Inventeur:.
Qu'elle tient même à l'Antiquité !a plus reculée par fes rapports avec la
monnoie, avec les Médailles, & avec les Symboles de la plus haute antiquité,
qui fervoient à diftinguer les Familles les Villes les Etats, de la même
maniere que pouvoienr Ce diâinguertes Croises & les Seigneurs qui ponedoient
les fiefs devenus héréditaires.
Ainfi croule entierement tout ~ce Sy~émc moderne du B)atbn.
Mais comme il tient également à l'idée que tes Noms de Famille n'exigent
que depuis les Croifades & que n'y ayant point eu auparavant de pareils
Koms il ne pouvoic exiger de Blafon ou d'Armes héréditaires, nous ne
pouvons nous dirpenfer d'encr<r dans quelque détail fur cet objet & d'exami-
Mr fi on peut en déduire eHectivement ce qu'on croyoit en réfutter.
Faits qui caufoient ces erreurs.
Deux fortes de faits ont engagé les Savans à adopter l'idée que les Noms
héréditaires ne font pas antérieurs aux Croifades.
t* C'e~ que dans les fiècles qui ont précédé les Croisades, les divers Per-
fonnages
1
~nnages mentionnas dans l'Hiftoire font défignés ordinairement par un feul
Nom même les Princes, les Rois, & fur-tout les Membres du Clergé.
i*. C'eO: qoeies fiefs n'étant devenus héréditaires qu'à cette époque, ce
n'eu: qu'alors que ceux qui s'en trouverent en pofreffion purent ajouter à
leur Nom celui de leurs Terres, qui devint aitul le Nom de Famille,
ce
Nom qui eft véritablement l'objet du Blafon.
Ils ajoutent qu'ensuite ceux qui n'ayant point de pofMïons Terre,
en
ne pouvant avoir de pareils Noms, ~e firent à leur imitation des Noms de
Famille tirés de leur profefKon, de leur couleur, de leur taille, d'un arbre
d'un oifeau d'un étang, ou de tel autre objet de fanraine même des Noms,
formes par un affemblage fortuit de lettres qui n'avoient aucun fans,
ou qui
ne reprefentoient aucun objet fcnuble.
Motifs qui o~M~ les <t/.
Ces faits ont paru fi evidens H conformes à la vérité, qu'on n'a jamais
cherché à les combattre. On s'en mettoit d'ailleurs d'autant moins
en peine
qu'on ne voyoit dans cela qu'une quettion peu importante mais elle eft liée
trop immédiatement avec nos Recherches fur le Blafon, avec fon antiquité
& avec nos Principes que tout Nom eut fa caufe, pour que nous puimons
nous d!fpen(cr de la di&uter ton objet e~ même trop relatif aux mœurs,
aux ufages & à l'Hi~oire, pour n'être pas digne de quelqu'attention. La vérité
d'ailleurs n'eA jamais :oni P' 0 f ée que d'un enCemble de vérités de détails donc
le développement eu: toujours nécenaire pour completter la grande maue des
vérités, & pour parvenir jusqu'à la vérité elle-même.
C<j JErr~Mrj~oB~/on~M~Mr la <o?!no~!7ïM imparfaite ~«'c/ï 4 du moyen ~M.

Nous ne craignons donc pas de nous occuper un indant de ces objets, oc


de chercher d'autres principes pour décider cette quefUon.
Tout ce qu'on a dit jusqu'à préfent à (on égard nous parotr trop vague
& trop dénué de principes pour que nous puimons l'adopter d'aitteurs nos
propres Origines ou l'HiRoire du moyen âge ne font pas adez éclaircies pouf
qu'on puine fe reposer fur des confëqucnces tirées n à la légere de ce qu'on
ffuppofe qui écoic alors en ufage.
Au renouvellement des Sciences, on s'enthounafma des Grecs & des Ro-
mains & on avoir raison mais n'ayant d'yeux que pour ces Peuples, on
négligea presque totalement t'Hi~oiro duimoyenage,&on eut grand tort:
Di~ roM. J. Nn
c'étoit ~e refoudre à ignorer Ces propres origines, ce qui étoit un maî &
par-la même à ne jamais édaircir celles des Grecs & des Romains, ce qut:
eo étoit un autre puifque Porigine des uns & des autres eâ la même, &
que le jour qu'on répand fur les uns, influe necenairement fur les autres
car il n'y a d'autre diSerence entr'eux & nous que d'avoir été civilifés les
uns plutôt, tes autres plus tard &: tel eu: l'e~er de cette indifférence fur
nos origines que celles des Grecs des Remains nous en font moins con-
uues, & que nous fommes prefque toujours enveloppés de ténèbres ou du
vague lorsqu'il s'agit de ducuter les que&ions relatives au moyen âge.
~t/rro~~ <t traiter.

Afin de répandre quelque jour fur ces objets peu connus, nous ferons voir;
i.Que toure Famille qui poffédoit une Terre & des Armes, eut necefïai*
rement un Nom de Généalogie ou de Famille commun à tous ceux qui la
compofoient qu'on peut le prouver par tes Grecs, par les Romains les
Orientaux ~et Goths, les Francpi~ même.
a. Que torique les fiefs devinrenr héréditaires, on ne fit que fubûttaer un
N<m de cef'a celui de Généalogie tandis que ceux qui n'avoienr point de
fief continuèrent à s'appeller du Nom de leur Famille ce qui peut s'établir
par la multitude des Noms Francs, Goths, Wi6gots, RomaitM, Celtes.
même qui fubMent encore aujourd'hui, &f qu'on n'auroit Srement pas penfé
de faire revivre aux onzième & douzième ttccles, s'its avoient ceHc d'être en
ufage..
). Que tout Nom fut ngnincatif, en quelque Langue que ce ~oit parce
que personne n'a jamais voulu ni pu Ce donner un Nom qui ne lignifiât rien
ou qui ne fût relatif à quelqu'objet..
Qu'ainfi une multitude de Noms François (bnr achieHement ~gnincati~s
dans notre propre Langue & que ceux qui ne !e font plus i'etoient dans
des Langues plus anciennes ou étrangères dont ils font venus, & dont nïteap
eriginaires les Chefs des Fanuues qui tes portent actueUementt
A R T ICL E I.
7'Ot~TB F~Mft~JE Bt~T UN A~OM.
Rien dans l'Univers qui n'aie un Nom c'eft le privilège de l'intelligence
de donner des Noms à tout ce qui cxin:e afin de pouvoir (e repréfënier par
ce moyen tout ce qui exiite lors même qu'on ne l'a plus fous les yeux 6c
telle eft la gloire du Nom, qu'il fait innniment mieux conno~re une per-
fonne que fa vue même c'eA fanfe des efptits, c'eA celle de l'immortalité.
A qui n'ed-tl pas arrivé de fe rencontrer avec des perfonnes dont on igno-
roit le Nom & qui paroiubienr très- ordinaires, tandis qu'on étoitemhou-
()a(me de leur Nom combien d'autres renfermés dans une petite enceinte
dont le Nom vole dans l'Univers ? combien qui ne font plus corporellement
qui vivent dans leur Nom, & s'attirent les hommages de tous les fiècles La
renommée cette idole des grandes ames n'eO: donc point une chimère
et!e tient à notre propre exigence elle en: la fuite necefÏaire de l'intelligence
& de fa (uperiorité infinie (ur la matiere.
~c<' <fM ~om ~M/?~.
Qu'un Nom e~ beau lorsqu'il eft atraché à de grandes pouejSons qu'on a
formées foi-même, fur lesquelles on a &tt vivre une muititude de personnes
qui fans cela eunent été malheureufes où l'on a d.ép)oyé de grands talens
une grande indullrie, une fageffe exquise une bonté, une bien~ifancc fans
égales qu'on s'eS: aiafi rapproché de la Divinité lori~u'elle tira l'Umvers
du cahos qu'on a cherché à fe montrer digne d'avoir été fait à Con image
& n'en-ce pas là le vrai bonheur, les vraies jouinances
Qu'un nom e& beau lorfqu'il e0: attaché à de grandes & (ujblimes inAruc-
tions qui infpirenc aux hommes l'amour de la ~agetïe de la vertu qui les
remplinen): de refp.eck pour la vérité ou l'on ne le permit jamais d'o~cnfer
cette fublime fource de lumière & de connoinances où rien d'empojfonné
ne les détourna ja~nais du devoir où roui élevé l'âme vers ce qu'il y a ds
plus grand de plus parfait où to.ut donne un nouvel efÏor aux racu!tés de.
l'homme: où rien ne les amollit, ne les énerve, ne leur fait perdre de vue leur
vraie domination où tout les éleve fans cène au-.de(Ius d'eux-mêmes.
le vou~ fatue, Noms illuRres, Hoaat~esïefpectables, qui Mies en tous lieu;
par vos actions, par votre exemple par v.o~ .écrits, les bienfaiteur! du Genre
humain la gloire de votre necle vous qui préparâtes la place des Etats, des
Empires, des Villes nont!antcs vous qui d'une Terre couverte d'eaux & de
N a ij
forêts en f!res des campagnes riantes, où des fociérés heureuses & profp~rcs
ont pris la place des infères & des reptiles qui feuls y repréfentoient la Nature
animée vous dont les Ouvrages immortels tranfmis- de ficelé en fiècle nous
confolent & nous inftruifent en nous amusant!
Qui ne fe réjouiroit à la vue de vos lumières & de leurs heureux effets f
Qui ne feroit échauffe, ranime par le foyer de tant de vertus brûlantes pour
le bien Qui ne feroit rranfporté d'une fainte ardeur de vous imiterr
Tandis qu'on fera fenfible a votre exemple, tandis qu'on fera touché de
vos vertus, pénétré de vos leçons, le génie s'élancera fur vos traces & par la
plus généreufe émulation luttant avec vous il nous fera cueillir de Ces tra-
vaux les fruiM les plus agréables & les plus. utiles~
Leur M~jpoer les Etats.
Malheureufes les contrées qui ne peuvent citer de pareils Noms î Tout y
végète, tout y languit: rien de grand n'y récrée les humains la Nature elle-.
même y travaille en vain en vain elle s'efforce d'y fournir au génie tout y
<? frappe d'une Aerilite éternelle c'eA un hyver fans nn.
C'eft dans leurs Noms illuttret que connifte la gloire du Nom Romain,
celle de la Grèce, de ces anciens Empires qui ont fait l'ornement de l'Ane
c'cft dans leurs Noms que conMe l'éclat du fiècle d'Augure & celui des regnes
de nos derniers Monarques. Ce n'eft ni par l'étendue de fes Terres ni par l'é-
clat de fes conquêtes) qu'un Prince eft grand c'eA par l'excellence des Noms.
qui ont diftingué Con règne, que fon Gouvernement a. fait naître ou qu'il a
favorifés pour qui il eft comme un g~nd arbre à l'ombre duquel viennent
refpirer tous les Etres combien font coupables & peu dignes de leurs titresces
Chefs des Peuples fous la Loi de qui ne s'illu~rerent nulles Familles, ou fous
!e règne desquels le luxe, la mollefÏe, les patHons viles ce désordonnées anéan-
tirent ces anciennes Familles qui dévoient être jamais le gage & le Palladium
te plus afiuré de la durée de leur Empire Combien ne font pas coupables
ceux qwi nétriuenc un beau Nom qui s'en montrent indignes en laiuant tes
lauriers fe faner entre leurs mains qui laiflent perdre tout ce que leur avoic
acquis de gloire & d'i!lu(b-atien une longue fuite de générations difttnguées
Du moins, ils fe rendent juûice en montrant par leurs avions combien peu ils
dtoient dignes d'une fi grande gloire, en abandonnant ce facré dépôt à des
Baains plus capables de l'entretenir.
'De quel avantage cependant n'eft pas un grand Nom PonefHons, amis
ittchencs, honneurs~ crédita tout eft e.n fa diipoutien il n'a qu'à vouloir,. de&
milliers de mains vont être à fon fecours tous les relforts pofHbles vonc
s'ouvrir tout va fe prêter a fes vues exécutez donc ces grandes chofes ou
vorre Nom fera Hétri it di(paro!tra devant des Noms inconnus auparavant,
& qui avec de très-petits moyens, avec les renources les plus bornées, auront
exécuté des chofes merveilleufes fe feront acquis un grand renom.
Les Noms ~<Hr<~ /!< peuvent <~er ~M< C~<~ les Nations Agricoles.
Ces Noms, it ne faut pas les chercher chez. ces Hordes vagabondes qut
n'ont ni feu ni lieu qui errent à l'aventure vivant de la chafre de la.
pêche ) des fruits qu'elles rencontrent en leur chemin elles n'ont presque
rien au-deflus des animaux qui (e nourriuent comme elles des producHons
Spontanées de la Terre. Que feroient les Familles qui les compofent d'un Nom.
héréditaire Que leur repréfënteroit-U
Les Noms de Famille ne peuvent convenir qu'aux Notions Agrico!es
elles feules font la fource de tout bien phynque fans lequel nul bien morat
ne peut exifter elles feules poffedenc des propriétés, des biens dont elles one
le droit de difpofer chez elles feules peuvent fe trouver des perfonnes pour
qui le Nom fbit un droit de fuccédec à ces- biéns pour qui le Nom foie un
bien réel fans. cela leurs pofÏefïtons leurs rtchefïes auroient été comme'
au premier occupant.
Ces biens durent donc pafïer néceftairement aux enfans ou aux parens de
ceux qui les avoient tirés du néant, qui les avoient défrichés, mis en valeur;.
enfans, parens qui eux-mêmes pouvoient avoir contribué à leur. bonincatiott
par leurs travaux. On fait qu'aux campagnes les enrans font les premiers dey
Serviteurs ou des Agens qu'ils contribuent au plus grand bien del'enfembic.
Mais plus les biens de chaque Famille étoient conftdérables & fufceptibles
d'envie plus il importoit que les droits qu'on pouvoit avoir fur eux tufïenc
conftatés or quels meilleurs titres pouvoit-on produire que la naiflance &
ta pouefBon t du même Nom prononcé, & i~. du même fymbole c'eft*
à-dire du même Nom dé~gné par le même caractère écrit ou tracé t-
Origine des Noms de
Ce Noms de Famille furent dérivés ordinairement du Nom du premier
qui Ce forma une propriété il fë tranfmit avec cette propriété à tous les def-
cendans de cejChec.
Ce Nom primitif fut toujours fignificatif fe rapportant à quelqu'bbjer
qu'on aimoit de préférence, ou qui pouvoit donner du relief'à celui qui
portoir. Aucun qui ait été donné au hafard ou qui n'eue pas un fens parfai.
tement connu du Peuple parmi lequel OH vivoic, &: donc on fai~bit partie. II
n'en ed point dont on n'appercoive en effet le (ens audi tôt qu'ont rapproche
desE!emens de la Langue dont il rut formé, chez quelque Peuple que ce toit.
Personne n'ignore que chez les anciens Hébreux tous les Noms furent
ngnin~atirs il exifle des Di<3:ionnaires oil on les explique mais cet ufage
des Hébreux ne leur étoit pas particulier il leur étoit commun avec tout:s
les Nations de ces rems-là & nous verrons rour-à-rheure qu'i) en fut de
même dans t'Orient.
ERATosTH~Nt avoit explique fort heureusement la plupart des Noms des
Rois Egyptiens de !aThebaïde.
Dans t'ufage ordinaire chacun n'étoit déngné que par fon Nom propre
on ne fai(bit mention de celui de Famille que lorfqu'it étoit que(Hon de la faire
tonnoJUre les p~uves en jfont abondantes, malgré la diïette des Monumens.

6'c~.
I.

Nous trouvons chez les Grecs divers Noms de Famille.


Les HaRAcuoEs, nom donné à tous les Membres des Familles qui de~-
icendoient d'Hercute entr'autres à celles qui firent !a conquête du Petopo-
pefe &: qui formerenr le Royaume de Lacédémone constamment rempli par
deux de ces branches, le Royaume de Meucnie & ce!ui de Corinthe à la
fin du XIIc. fiècle avant yefus-ChriO:. Le nom d'~fcw/e dont ils detcendenc
peut ngniner la ~/o~ la Terre.
Les ALCMEOMiDEs, puinante Famille d'Athènes, qui vint a bout de chance
les Enfans de Pififtrate & qui établit t'O&caciûne leur nom peut ngniner
/<~?<Mf~M« redoutable.
Les EuMOLPiDEs, puisante Famille Sacerdota!e d'Athènes qui detcendoip
d'Eumo!pe~ choin difoit-on, par Çercspo~r pré~der à (es My~cres & qu) ayoït
une efpcce de jurifdicHoj) ce q~t rapportoit au culte des Dieux. Comm~
ils ctoient les Dcpontaires, & m~me, fclon LvstAt, tes Interprètes des Reg!e-
mens anciens qui nxoient les cérémonies des Feies de Cercs &: des Traditions
fur lefquelles ce culte my~crieux étoit fondé; toutes les in.fca~ions légeres contre
tes points les moins cGentich etoient fournies à !eur examen ils nxoient la
grandeur de !a faute &: de la peine qu'cHe méritoir. Ces Loi~ d'ailteurs, re!
th'es aux Fcres de Cérès n'étoient point ccii.te.s, félon ce même Lyfms ellcs
ne ~'<ot'c pcr~r~ccs eue p.!r u!].c ob&rva.non cpji(ranre; par c;rte ob~erva-
'?;
['p:~ ''u't vc~
1-~ix r
cc!!cs qui couf~cuenc ~q~c rou<' les
ttBK & qu'on ne pewt changer en quelque manière fans bouleverfer tout, &
(ans établir des innovations dangereufes fi elles ne font pas l'effet d'une con-
vicHon préliminaire <c complette dans les efprits. On peut voir d'ailleurs des
détails très iniefenants fur cet objet dans la Dniertaiion de M. de BoUGcAm-
VILLE fur les Miniftres des Dieux à Athènes (t).
Le nom d'Eumo!pe rignifie d'ailleurs ~<f/R:/M CA<M~ M~/M!«~~
jVo~~P~rjto~y~
On peut ajouter à ces Noms de Famille ceux que tes Grecs appelloient
PATR ONYMIQUES Noms formés du Père têts, Pti.BiDts, le fils de Pelée:
AïRtDZs, les fils d'Arrée.
.Cet ufage prouve du moins !e re~peA qu'on eut toujours pour te Nom de
fes Peres & comment tout tendoit à le rappeller fans ceSe. C'était un grand
acheminement aux Noms de Famille car qui n'étoit pas emprcde de fë ré~
clamer d'un Nom Htu~re devenu l'jobjet de l'admiration des hommes & te
Soutien de t'Eiat P
IL
JLrrfz~~
Les Lydiens (urent gouvernés par trois Races de Rois qui fe fuccéderent
Immédiatement, & qui furent dUUnguees chacune par un Nom de Famille
pris de leur Cher~ Ainfi ils eurent
Les ATYADES, au nombre de onze ou douze Rois en comptant Manes
!e premier de tous, & le même, à ce qu'on croit, que McoN .Ils defcendoient
d'ÂTYs mot qui fignifie r~~M /< P~.
Les HERAcuDEs au nombre de douze Rois-, & dont !ë premier fut
AcB.on il <e di~oit defcendu d'Hercule, mais par une Généalogie qui paro!c
fort m~pecre: (e!on lui ou Celon Ces Généalogiftes Hercule avoit eu d'une EC<
e!ave d'Omphale, Reine de Lydie, un fils nommé Alcée qui fut pere de
Belus, & celui ci de Ninus de qui. naquit Agron. On croit lire les Noms
des premiers Rois de Babyione.
Nos Savans Modernes ibnr tombés dans une bévue affez ungutiere fur ces
Héraclides, entrâmes par une équivoque qui aura trompé Hérodote le pre-
mier. Cet Hi~or'en dit qu'Ai-cEE étoit fils d'Hercule ce d'une .DoH/<: de Jar-
danus, ce Roi de Lydie qui fut pere d'Omphale. On a rendu te mot DoM~ par
celui de Servante ou Efclave, tandis qu'i! falloit le rendre par celui de fille de

(t) Mém. des Infcr. & B. L. T. XVHI.


Jardanus, c'eA-à-dire Omphale. i~. Dans toutes les Langues le mot qui
fignifie fils fille, lignifie ega)ement dome~ique dé-là l'erreur d'Hérodote
qui a pris au fens d'Efclave le mot Phrygien ou Lydiett qui fignifioit fille.
.t". Les Rois Héraclides de Lydie prétendirent très certainement defcendre
d'Omphale Princeue Aryade &: non d'une Enclave la premiere leur donnant
droit au Trône tandis que dans la derniere ~uppontion ils n'étoient que des
ufurpateurs. Les Anciens ont brouillé tout cela en Cuppofant que les Héraclides
de Lydie defcendoient d'un fils qu'Hercule avoit eu d'une Suivante d'Omphale
nommée Malis
Les MERMNADts, Race compose de ciaq Rois dont le dernier fut
Cro~u! qui prétendoit defcendre des Aiyàdes. Aucun Ancien n'explique !'6ri-
gine de ce Nom, ou pourquoi it fut donn~ à ces Princes. Il eft compo~ de
MER, grand, & MiN, Soleil, le Grand-Soiei! Nom confacré aux Princes de
l'Antiquité.
III.
OA/j!~r~t/
Les Hébreux confervoient avec foin leurs Généalogies, & ils donnoienc
à chaque Famille le Nom de (on Chef: c'eO: ainfi que"Dàvid & tous fes de(-
I
cendans furent connus fous le Nom de Famille d'IsAï donc ils étoient inus.
I.V.
C o r H

Les Goths donnoient également des Noms à leurs Familles, fur-tout aux
grandes Maifons. C'eA ainfi qu'il y eut chez eux filluftré Maifon des ÂMAi-zs
;qui devinrent Rois d'Italie.
Leur Nobleffe d'ailleurs avoit le droit diAincMfde porter tes cheveux longs:
les Goths étoient u flattés du Nom de CHEvni.us qu'ils le cdebroient dans
leurs Vers & dans leurs Chanfons guerrieres du tems même de yoRNANDBS
qui nous a tranfmi! ce fait.

F~of~:

En France même la premiere & féconde Race de nos Rois ont tbrme
deux Familles connues par un Nom commun à tous les Princes de chacune
~e ces Race:. Les premiers furent appellés MtRoyiNGMNs ou Maison de Me-
MUtC:
rouée &: !es feconds, CAM-oviNciEN: ou defcendans de Charles, Maifon de
Charles.
La feule différence entre cet ufage & l'a~uel c'en: qu'aujourd'hui on re-
père toujours à la ~uire du Nom propre ou de Baptême celui de Il Famille
dont on eft membre & qu'alors on nelereperoit pas ordinairement.
Mais ces Noms de Famille n'en exiftoiem pas moins Ma descendance
n'en éfoir pas moins prouvée.
V I.
R O M A 1 N S.

t~. Ils <ï~o~Hrj nc/Mj.

Les Romains nous onrent à cet égard les preuves les plus évidentes & les
plus nombreufes des vérités que nous cherchons à établir.
Chez ce Peuple illuflre chaque individa avoit jutqu'à. trois & même ju(qu'à
quatre noms.
t". Le nom propre qu'on appe!!oitP/'cno~, parce qu'il marchoit le pre-
mier ainn que le nom de Baptême chez nous.
t°. Le nom de Famille, qu'on appelloic proprement A~/n <S: qui étoit
placé le (econd.
3 Le nom de la branche qui étoit placé le tfoineme.
Un furnom ou jfbbriquet.
Les FABtEKs, par exemple une des plus illuflres familles de Rome étoient
divifés et~quatre branches principales di~inguces par les nomsde ViBULAnus
AMBUSTUs, MAxiMUs & PicTOR- ainh on di(bif
CAtUS FABIUS PiCTOR.
QutNTUS FABIUS VtBULANUS.
La Famille CORNELIA étoit partagée en ptuneurs branches, telles que les
Scu'toMS,LEMTUi.us~DoLABft.i.A,SYH.A,C!r<NA,ainuilyeut:
PUILIUS CoRNELius Scino, Surnomme NAsicA.
Lucius CoR.NEi.ius SYLLA, furnommé FELIX.
La Famille CALPURNIA eloir partagée de même en pluneurs branches. Les
PtSoMs, riches en pois les BESTIA riches en troupeaux; IesFRUGt,nches€n
fruits, ou Economes les BiBULUS riches en boitions.
Pluneurs Noms de Familles Romaines furent tirés des ob)€ts de cul~
ture.
Tom. 7. 0 o
Les Fabiens, de féve. Les Cxpio, des oignons.
Les Pifbns, des pois. Bubulcus, ngninoit bouvier.
Les Cicéron$,despois-chiches. Viculus, veau.
Les Lentutus, des lentilles. Tubero, truffe.
Les Porcius,dës cochons.
Le nom des CoRN-Euens, dut ngniner ceux qui élèvent des cormes ou la
corne élevée.
Les CALp-URniens portoient un nom Grec formé de or~, écrit urn qui
lignifie pouner en avant, & ~~e.cheva!.

PRENOMS.
H eA digne de remarque que les Romains ne connoifroient que trente Pré-
à
noms, ce qu'affure Varron c'eft-à-dire autant qu'ils avoient de Curies
primitives.
Il e~ très-apparent que ce nombre a été formé fur celui des jours du mois.
D'ailleurs, il n'en eft aucun qui n'ait une valeur fignificative plus ou moins fa-
cile à trouver, & prefque toujours relative aux travaux de la campagne.
CAjM~ forme de CA~ la terre, itgnine le Ma!tre~ !e Propriétaire.
C~so de Cas~, abattre, te défricheur, l'abatteur des forêts des buiuens.
HuMER~j de No, fruir, & MAR, riche, le riche en fruits, en productions.
C~ciKM~, de Ghe terre,& C~f, ilMre, habile à cultiver la terre.
Auï.Mj, d'<, 0~, tente~IeconOmctcur de tentes,t'habitant des tentes.-
DEc~j, de Z?<e doigt, l'induRneux le riche en induMe.
PuBuus de Pou, Bot, prairie & BEL, étevé, qui domine furdes prairies.
SruB. du Grec Spora, femailles l'habile (emeur~
TiBER~ de Ti, illufire, fublime, honorable, & Bar, ~rtriviere~ eau
habile à conduire les eaux.
luuM de /oZ, roue, révolution, habile à tracer les niions, les révolu"
tions de !a charrue.
Lucius de Lux, lumiere qui a éclairci le milieu d'une foret pour en for-
mer un champ qu'on peut comparer dès-lors à un oeit, à un lucus.
MApcus, de Cu, Qu, puinance, & M~A, élevé i vignoble peut n'
gniner grand en vignobles.
HosTH<j, de O~Ttre frapper mot ciré par NoMus, & dont font formés
HosTiA v~ime, & HosTts, ennemi: HosTius ngnine donc, qui frappe fort.
MAMERcM~ de Ma, grand, & ~«r~ la guerre. Guerrier redoutable.
StRVMj, de Servus e(c!ave plutôt de SER-~r<, conferver, lubUe con-
ferver.
PosTHUMi~, de/~o/?, après, & AM/B~terre;i"pu!ture, venu au monde
après la nMrc de fon pere.
On pourroit dire auul né apr~s les femalUes, après que le grain a été en-
feveli dans la terre.
Ti-Tus de Tr, honneur, îubitmit~ qui répeté deux fois Ti-Ti, fignifiera
le très-honorable.
LART~j, même que LAR~ noble, chez les Etrufques.
On trouve auffi comme Prénoms AspirrA PoTtTM, PRocui.
Quelques autres étoient numériques.
QUINTUS, le cinquième. OcT~y&j, le huitiénie.
SEXTUS, le ~xiéme. DEciM~, le dixiéme.
Noms relatifs ou à l'ordre de la natuance ou à l'heure & au jour dans le-
quel on éto!t né.
Les mêmes Prénoms fervoient pour les femmes avec une terminaifon
féminine CAIA, C~cii-iA, JULIA, MARCIA, &c. QuiN-M ou QUINTilla,
&c.
Au rems d'Augure, les Cornelius Leniulus prennent pour Prénom le
motCossM:!esFabMsce!uldePAUi.«j.
Dans les IVe. & Ve. fiècles, on ne voit que des FiLAvius, nom devenu com-
me un titre depuis la famille de Ve~panen & fur-tout depuis celle de Conf,
tance Chlore, dont tous les individus furent des Flavius.

~nM~«t~ de ces Prénoms.

Ces Prénoms étoient de beaucoup antérieurs aux Roma!ns nous les re-
trouverons chez les Sabins & chez les Etrufques; c'eft-à-dire chez les plus an-
ciens Peuples de l'Italie dont il nous refte des monumens. Un ufage pareil
commun à tant de Peuples fut donc fondé fur des motifs bien raisonnables
bien puiuans pour avoir eu force de Loi pendant un fi grand nombre de fiècles.
Ajoutons qu'on écrivoit rarement ces Prénoms en entier qu'on fe con-
tentoit pour le plus grand nombre d'écrire la premiere lettre pour quelques
autres les deux ou trois premières & pour un très-petit nombre le nom
en entier, ainft:
A, ngniHe Aulus. C, Caius. M, Marcus. T, Titus. Cn Cneius. A P, Ap-
Ooij
CULUS~&C,
V

S ABlNS~
I..
pius. MAM Mamercus. Et on écrivoit en entier HotTius, AcRirpA

II.

Les SABiNS, Peuple antérieur aux Romains, &: qui contribuèrent beau-
PRo-

coup dès les premières années à la grandeur de ce Peuple, en venant habiter


en foule h ville de Rome, avouent certainement des Prénoms puisqu'on les
trouve CH ufa~e chez ks Famiilcs Sabines qui devinrent Romaines, cmre !ei-
quelles Ce difUnguerent celles-ci
La Famille PETRONJA qui exi~oit déjà du tems des' Rois de Rome com-
me on le voit par VALERE MAXIME, &: qui habiroit (ans doute à Mutuic. vi)!e
desSabins. Ei!econnoiuoic!es Prénoms, puifqu'on a trouvé dans cette viiie
de Mutufca une tnfcrjtp~oa en ~veur de
T. PETRON!US SABINUS.
La Fanu)IePi.TORiA de la m~me vit!e de Mutufca.
Les Famities TiTURiA, MussuMA VAHRiA, dans l'origine VAi-EsiA;
CES Familles originaires de Lanuvium CopNUFiciA METTtA, PAP!A
PROCILIA Ro~CtA SHU'ICIA ,THORtA.
La Famille Cii.NiA, dont étoit Mécène, defcendoit de Princes Etrusques.
La. Famiue SAi.viA, qui defcendoit aufH de Rois-Etrufqucs, comme nous
t'apprend Su~ToNE dans la. vie d'Othon..

F A M L L E des Arpius Ci.AUD:us~


Entre ces Familles originaires du pays des Sabins, brilla fur-rour celle des
Appius Claudius comme on nous a transmis divers dctaiis incércnans fur
ce qui la concerne, ranembtons-en quelques-uns afin qu'en pume juger par
elle de toutes les autres. w

Apnus Ci-AUDtUs étoit de Regille, ville des Sabins il en étoit Sénateur;


& un des plus diflingués par l'éclat de ~a nainancc & par tes grandes
Mchenes.
Il étoit n attache aux Romains, ~ahs doute par la connderatiou de leurs ver-
tus & par ce)!& de leur (âge adminiftration, qu'il en devint (ufpect à fes Conci-
toyens qui ne favoient ni vivre en paix avec les Romains, ni imiter leur fageffe
auûi fut-il obligé de s'expatrier il Ce réfugia donc chez ce peuple qu'il admi-
xoit & telle étoit fa puiuance& fon crédita ou le fâcheux état dans lequel:
& rrouvoit la ville de Regille, qu'il fut fuivi de cinq miue perfonnes en état
de porter les armes, & de leurs ramilles c'ctoic une Colonie complette. Ils
furent reçus à bras'ouverts par lesRomains qui leur cédèrent des terres fur les
bords de l'Anio. Appius fut lui-même admis auHitôt au rang des Sénateurs
bientôtapres, il fur élevé à la dignité de ConfuI, & ~t famille (e vit toujours
revêtue des emplois les plus cminens de la République. Aum fon Huloice e~
fans ce(!e mêlée avec celle de Rome.
Leur nom Sabin etoit CLAusus écrit par un de ces S qui fe prononçant
D S fe changea naturellement en D chez les Romains d'otl CLAUDius au
lieu de Claufus.
Une chofe remarquable dans cette Famille, c'cft qu'Arnus en forma con~
raniment le prénom & fur-tout pour les âmes. lls t'avoient apporté avec eux
de chez les Sabins.Appius étoit donc un prcnom Sabin & CLAus&~Ie nom
de famille.
Aufn voyons-nous que d'autres personnes avoient le même prénom. Te!,
.9
Aprius HERDONtM~, ou ~~HJ de la Forêt, qui s'empara du Capito!e l'an ~S.
avant J. C. qu'il perdit cependant bientôt avec la vie, & qui ctoit Sabin.
Cette Famille fournir à Rome depuis l'an 3 jul'qu'à i68,inc)unvement<

dix Con(u!s dont cinq furnommes CRAssus & un C~cus.


Le premier de ces Confuls fut celui qui vint s'établir à Rome auGI on le
défigne par ces mots, Arnus CLAUDius SABinus RtGti.i.msts.
Son fils, Confu! en ~70 (etua en 4.68. Il laina deux fils, dont l'un CAïus
Ci-AUDius REGILLENSIS fut Conful en 4.~8.
Et dont l'autre qui ctoit ramé mourut de bonne-heure, & fut pere d'Ap-
~us Ct.AUDius CRAssus,ce fameux Decemvic qui après avoir fait d'excet-
lentesLoix, voulut opprimer la République, & (e vit jetter dans une prifon ou
il mourut en
Depuis l'an 1~9, jusqu'à Fan } 8, cette Famille îburnit également dix
Conduis furnommes PuLCHER, le beau.
Celui qui fut Connut en <). s'appelloit App!us Ci-Aucius CAUDEx.
H ne faut pas confondre cette Famille avec celle des Ci.AUDius METEI.LUS
celle-ci etoit Plébéienne & n'eut rien de commun par conséquent avec celle
des Appius à moins qu'elle ne lui ait dû ia premiere exigence puisque ks
Cliens & les Adoptifs prenoient le nom de leurs Patrons.
VIII.
E T R U S Q U E S.
L'usage des Noms de Famille & celui des Prénoms ne fur pas borné aux
Romains & aux Sabins on le trouve auni établi chez les Peuples de FEtrurie.
.Cette Nation induflrieufe polie (avante chez laquelle neuriuoient le Com-
merce & la Navigation, long-rems avant que les Romains exiftauent & qui
mérita avec raifon de fervir de modèle à ceux-ci ne pue négliger une chofe
auffi inrcreuanre que les noms de familles & la conservation de la mémoire
des Ancêtres auxquels on devoit tout.
Si on ne peut le prouver par les livres Etrufques qui (ont tous devenus la
proie du tems on en trouve du moins des traces dans leurs Inscriptions fu-
nèbres qui ctant enfévelies dans les tombeaux ont échappe à cette nuit pro-
fonde qui engloutit tour ce qui eft fur terre.
Le Savant PASSERI en a ra(Iemb!c un grand nombre dans l'Ouvrage qu'il
publia en 1767, pour fervir de (uite à DEMPSTER (t)& dans fes Lettres Ron-
caUiefes ( i ).
Entre ces Familles Etruïques font les fuivantes
La Famille ÂRiMiNtA dont étoit ARIMNUS, Roi des Tofcans, qui le pre-
mier des Etrangers fit des préfens au Temple de Jupiter Olympien comme on
l'apprend de PAUSANIAS ( ) ce préfent conuftoit en un Trône.
La Famille Cii-NiA & la SAï.viA dont nous avons déjà parlé à l'Article des
Fami!!es Romaines.
Celtes-ci également dont plufieurs offrent des noms communs aux Romains.
AUTTOMA, LEINIA & LINIA.
ÂTATIA. MunA.
CAINIA. NARIA.
CE.CINIA. ORATIA.
CAFATIA. PETRONI A, dont un nomme Vtt.t
~ELIA. PETRUNI.
HELVIA. TARQUINIA.
HER.EKNIA. TREBOMIA.
~LATÏNIA. VEsiA, fur une dixaine d'Inscriptions.
LEHA. VIBIA.

(t) Joh. BaptKtz PAMBR.I, PifaurenHs Nob. Eugubini in Thomz Dempileri Libros de,
Ecruria regali Paralipomena &c.(i)
.EtrunaregaUParalipomcna, &e, (s) DansleRarc~M~'O/w/co~ $nenf!~c!e~o~<d
Dans le Rcccolra d'Opufcoli Scient~ci e ftlologici
~ont. n. imprima i Venifc t7~.o. M-u.. ()) ter. Liv.des EHaqucs~ ch. xi~
URiMATi:d'oro.f~ Montagne.
CAiMUNts fur p!uneurs InCcriprions.
Fum!A fur une Infcription Eirufque, & FOLNIA fur cetre même Intcnp~
tion répetée en Latin parce que les Etrufques ccrivoient U pour 0 de mc-
me que les premiers Romains.
Noms de Femmes.
Leurs noms des femmes de condition étoient précèdes du mot T~ANA
qui lignifie Dame, & qui tient à l'Orienta AïHENAis Souveraine titre
qu'on donnoit à Minerve.
Les Latins le rendoient avec raifon par le raot Hep A Dame, nom qu'on
donnoit également à Junon en Grec: de-iàTANAQUii., compofc de TANA &
de QuiL rendu en Latin par CAI-CILIA ou Cxcitia. Les TANA HEUM P~-
TRUNi, LATtNi, LtJviAt, ou les Dames Elia, Petronia, Latinia, Livia.
Z~~ï, 9 titre <fAo/!nc«r.
Les noms des hommesdiltingués par leur nainance & parleur rang étoient
précédés du mot LAB. ou LARTH mais que ugninoit-it}
Ici, nous nous éloignerons fort du Savant PASSERi. Il a cru que ce mot
relatif à celui des Dieux Lares, repondoit à celui des Mânes, & qu'i! dcugnoic
les morts pea-prcs comme notre mot F~u dont nous faifons quelquefois
précéder dans la converfation les noms des morts; mais il feroit donné à tous
les morts fur ces Infcriptions funéraires ce qui n'eSt point d'ailleurs, il étoic
~orte par des perfonne~ vivantes, ce quia échappé à la fagacité de cet i!!u~re
Critique Eirufque.
A Rome, par exemple, nous trouvons un itiu~re Tofcan qui y fut Coti~
ful en avant J. C. sppeHé LARS HERMinus, & qui ctoit de cette FamiUe
d~ngnee Cur les Vafes Toscans par le mot ARMNI.
VtRGti.E a immorta!i(ë ce nom en t'introduisant dans Son Poème de t'Ene!-
de il y représente Herminius comme un Héros d'une grande taiUe~d'un grand
courage, blond comme les Peuples du Nord, demi-nud comme tes barbares,
& que les plaies les plus rerribles ne faifoient pas friffonner mais qui fut tué:
par. Catillus d'Arcadie Fondateur de Tibur.
Catillus Mam,
Ingentcmque animis ingentem corpore & armiy,
Dejicit Hï&M!N!UM nudo cui vertice fulva
Gaffàries, nudique humeri née vulnera terrent,
Tantusinarmapatet, E/X7, ~o~y~
LAR,ou LARTH, formé du radier Ap, élevé, ngnine SIEUR, SucNEUR., mot
dont la voyelle le changeas en 0, uibufte encore de nos jours dans le LoRo
des Anglois.

~!<~0/ de la prononciation des ~r~MM avec celle des ~e/ï~.


Dans nos Origines Latines nous fîmes voir que les Ecru(ques Soient ori-
ginaires des contrées Germaniques qui fort en-de~à des Alpes & donc les
Grifons uirroutrbntparciCt Nous remarquâmes auuiqu'its avoient divers
mots communs avec les Allemands ici nous voyons de nouveaux rapports
enrr'eux tels que pour la ptononciation.
Les E[rufques,par exemple prononcenr
P pour B PUPLIUS pour Pub!ius Tt~puNi pourTreboniu!.
T pour D TAUNINEI pour DAUNUS, nom fort commua dans l'Apouille
& c))ez les Rutules. LAR-rh à t'Aticmande tandis que les An~tois pronon-
cem Lord.
F pour V SEFRI pour SEVERi.

V E S I A i.
Cet ufage Etrufque de prononcer V pour F joint a ce qu'on ignoroc que
toutes les Nations anciennes cuuenc des Heraurs d'Armes, a empêché le Sa-
vanr PASSERI d'appercevoir qu'il y eût des Féciaux chez les Errufques &
d'expliquer par-là même comme il faut le titre d'une Inscription Etrufque qui
lè :rouve au bas de la Robe d'une flatue conservée dans la Gallerie du Grand-
Duc (t).
Cette ftatue repréfente un perfbnnage debout en robe la tête rate, avec
des brodequins aux pieds fa main e0 élevée il e0: dans l'attitude d'un hom-
me qui prend les Dieux à témoin de ce qu'il dit avec feu.
L'Infcription eft de droite à gauche, & commence par ces mots

Au LE M!. MET EU M. VM. VESIAI-.


PASSERïqui a pris ce perfonnage pour un Augure, explique cette In(criF-
t!onainn ~< Af<M//Ky~7j ~?<t.
Mais VESiAi. fe prononçant FtCiAi., montre en effet, que c'e(t un Fecial, &:

(t) On peut la voir dans le P. MoNTfAucon, Tom. 111. Part. I. PI. xxxix.
on
~n ne pouvoir mieux repréfenter un homme de cet ordre, par fan attitude &
par fes brodequins.

Rapports <~ Noms avec les Peuples dit Nord.

Outre ce rapport de Lanh & de Lord, & celui de Born & de Brun, Fon-
taine, dont nous avons parlé dans nos Origines Latines pag. ci-xxxtx, nous
voyons ici celui d'ARMNI ou d'Ha~M~ius avec l'ARMiM~ des anciens Peu-
.ples Germaniques. Et celui de CLAN qui ugnine en Irlandois Tribu, la Tri-
bu dont on ett natif, 6c en Etrufque la Famitte djnt on eft ifÏu, l'origine. Ce
mot fe trouve avec cette fignification dans l'Infcription Suivante
ANAMiMB Ci.AM, ion CAto eft Anemia, il ed de la famille Anemia.

J!<cr~ <~K/«~e.

Un autre rapport remarquable entre les Etrusques & les Allemands des en-
virons du Pays des Grifons c'cu que les femmes Etrufques ont de même
que les Allemandes d'aujourd'hui, les cheveux treucs à longues trèfles, flot-
tanres du relevées à volonté. ~es faits ne (ont point à dédaigner l'Ht~oire
des Peuples & leur origine, ne peut être éclaircie ainfi que l'Hittoire Natu-
telle, que par une multitude défaits & d'observations minucieo&s, qu'on né-
glige trop.
~!<f~cr~ ~< Noms <!V<e Orientaux.
On reconnoît divers noms Orientaux dans le petit nombre de noms Etru~
qucs parvenus jusqu'à nous.
ÂNAM!, le même que celui d'~M/wn donc à un des fils de Metraïm.
Ei.cHtNEs,quiatant de rapport à celui d'Elchana.
CAiMEtNuEtMi, noms d'une Thana ou Dame Etrufque~& qui ont un ri
grand rapport à celui de C<ïtn & à celui de A~emt.
Ajoutons celui de CAi, dont CA!us & CA!A, Romain & Etru<que, qu'on
retrouve chez les Perfans à la tête du nom de plufieurs de leurs Rois tels que
CAt-CHostLAU, oa C<t eAo/~aM: & qui a fait certainement le CY-AxAM des
Grecs, CAi-AssARus, l'Affucrus des Hébreux.
P R. B
0 M 1. M

Les Noms EtruCques (ont Couvent précédés de Prénoms écrits en abrège


comme à Rome, & la plupart les mêmes que chez les Romains.
TpM. A Pp
Auï.u!. A. Au. Avt.
CAtUt. C. CA. CAI.
C~e~. CN!. CNEI.
Lucius. L. Lu. Luc. Luci.
MARCUI. M. MA. MAR. MARC. MARCAt~
PUBLtM~. P. Pu. PUP.
TtTMj. T. TI. Tir. TtTB.
Ces rapports de noms entre les Ecrufques & les Romains prouve que.
ceux- ci n'en furent pas les invcnt'eurs,& qu'ils remontent aux premiers tems
ou i'Ifatie fut habitée.
Ces Prénoms durent même être antérieurs aux Noms de Famittes, puisque
ks individus (ont antérieurs à celles-ci & ils durent être tous ugninc~tits iur-
tour ils durent peindre l'occupation de chacun.
En voici qui paroiuent particuliers aux Etrufques.
FASTi, qui prononcé en 0 peut avoir fait FAUs-rus des Latins.
HBR ou HERThus.
RANTAS, que Pafferi dérive du Grec Rheo, couler.
Tun-NM, nom commun aux Etrufques avec les Peuples du Latium.
les Prénoms des femmes Etrufques étoient. les mêmes que pour les hom~
mes, mais fous une terminaifon féminine.
LA.H.TAM,.VH.IA,El.!A, CAIA, LUC!A, FAST1A,E&A.
r .P<r<, nom des ~<n~~rj.
r
PASSEM croit avoir vu auCt parmi ces noms celui d'An A, pere, titre d'hon-
neur donné aux Anciens, & certainement aux SENATEUR:, puifque !e Séna-
teur Sabin Arnus CLAUSUS étoit furnommé ATTA & que les Romains ap*
pellerent leurs Sénateurs PERES, P<<t; rapport qu'il eA auez étonnant que
ce Savant n'ait pas apperçu.
S U R N0 M S.
Les Etrufques eurent également t'ufage des Surnoms PASSER! en rapporte:
On grand nombre. Voici quelques-uns des mieux contâtes.
C~ca.f, LAR Ap!Nï«j C~ecM~, le Seigneur Apinius l'aveugle.
Gi.AucM~, LA~T~t VETus Ci-AucEM~ auSeigneur Vetius le bleu..
GAi-Luj LAME LARr):t CALE au Seigneur Larnius le coq..
GRAccHH~ ~cy~ CRACHE à l'ancienne maniere des Romains..
MACER le maigre.
NtGEnA la noire ou la brune.
Ru FM,te roux.
SavER~ le (evere, écrit ScpRi.
TRE-BoM< ) les trois Fontaines.

MBTRONYMÏQUtS~
PASSEM croit avoir remarqué que les Etrufques ajoufoienc Couvent à leur
nom celui de leur mere, & qu'ils le rerminoient par la <y)!abe AL ou ALU 9
qui dengne comme en Latin Je ~ens adjectif. Il rend en conféquence ces for-
mules,
LARTm EtLEt VESENiAt.r A l'honneur du Lar Elius fils de VeCenia.
LA SENTiNATE ATUNI AL,au Lar Sentinate,nts d'Antonia.
On voit fur les Monumens Etrufques quelques autres ~e/Mf< fils de
Varenia, de Lan'funia, d'Ateua, de Larda.
Un Aulus NARSES, fils de Frumnia.
Cet ufage s'arrange fort bien en e~<tt avec les Noms de famille car on a
dès-lors le nom du pere ôe celui de la mere au(H l'Auteur les appelle A~
c/!y/n/y«<j noms formés fur celui de fa mere.

IX."
NOMS S MY5TEB.tEUX,
Un ufage digne de remarque à t'cgard des Noms, c'eti celui qu'avoient
les Anciens de ne pas ptononcer le nom des objets (acres, de crainte qu'a-
vec ce nom augure on ne produite que!qu'eSet funefte.
Les Juifs ne prononcoient pas le nom de /~oy~,quoiqu*ecrit dans les Li-
bres Nacres ds y fubfUtuoient celui d'Elohim ou d'Adonai.
Comme ce nom étoit appellé par les Pythagoriciens le mot de quatre let-
~~j il eft apparent qu'ils ne le prononçoient pas non plus & qu'il raifoic
partie de leur Doctrine fecrette ainfi, cet ufage des Noms cachés remonte-
roit )u(qu'aux Egyptieas.
Les Romains avoient également donné à leur ville un Nom fecret qui en
étoit, difoit-on le vrai nom & qu'on ne (e permettoit jamais de pronon-
cer, de peur que les ennemis n'en prontauent pour invoquer les Dieux de la
ville & leur faire abandonner la défenfe de Rome. Ce nom étoit VAi-EM-
P p ij
T!A qui en Latin & en Celte fignifie la même chofe que ~!e~ en Grec
qui n'en étoit que la traduction, la ville EnvM,
Les StAMO!: ont confervé le même ufage relativement à leur Roi. La p!u.
part d'entr'eux ignorent absolument fon nom les Mandarins du premier or.
dre ont (euls le droit de prononcer ce Nom facré & mystérieux. On. crain-
droit, s'il étoit connu qu'on ne s'en Servît, pour exercer des.fortifcges contre
la Perfonne du Roi.
C'eft donc une (upertUtion très-ancienne & très-étendue avec quelqn'at-
tention, on en trouveroit (ans doute des traces chez beaucoup d'autres Na-
tions. Plus on raftemblera tes ufages modernes les plus nnguliers~ & mieux on
conno~ra.l'Antiquite.
A R T 1 C L E 1 I.
Noms J< rt'e/MM~n~ « ceux de r<t<nt/f~

Lorsque <ous les regnes des foibles defcendans de Charlemagne !csgranJf


Seigneurs eurent mis dans leurs Familles les Fiefs ou les Bénénces dont ces
Rois avoient di<pofc jufques alors, la plupart prirent le nom de leurs Fiefs
& abandonnerenr celui de leurs Familles. De-la tant de noms de Grandes-
Maifons qui ne (ont point dirRrens du nom de leurs Terres.
'Telles font les Maifons de Montmorency, de Lorraine & tant d'autres, on
éteintes ou encore fubn(tantes.
Cependant ces Maifons font antérieures aux XI~. & Xllc. necles, ou on.
place l'origine des noms héréditaires, &.au tems oa on prit communément le
nom des Fiers.
On avoit donc élevé en cela un (yHême contraire à tous les raits, &: qui
croule de toutes parts, parce quTI ne pofe fur aucun principe~ nxe & incontes-
table.
D'ailleurs, puisqu'on France même on connoinoit des noms de Famille
fous la premiere race de nos Rois, & qu'il exiAoit dès-lors des Familles
d'une très grande Nobleffe, on ne peut Ce difpenfer de faire remonter- en.
France même fort au-delà des XIe. & XIIe. Cèdes les uiages qu'on n'attribue:
qu'a ces fiècles pour reconno~tre les Familles & pour en auurer la (ucceHton.
GREGOtM. de'TouM, par exemple,. nous apprendque S. GAL ( t ) qui vivoic:

(t)VM<!e!Peret,eh.VI.
au commencement du VII~. uecle, étoit d'une illunre famille par <on pere
C~or~, & (ur-tout par (a mere Leocarde, qui étoit, dit-il de la Famille de
VENTtus ErAGATEs, la plus iUuO:te des Gaules.
Il dit qu'ARMtNTAMA~&mme de S. Grégoire, étoit d'une Famille de
Sénateurs.
EbtNODius etoit également d'une Famille de Sénateurs.
Ces Familles Sénatoriales ou Patriciennes étoient la plupart d'anciennes
Familles Gauloises ou Romaines. Gauloises qui avoient fourni des Sénateurs
foit à Rome, foit aux Sénats de ces Empereurs qui avoient fait leur féjour dans
les Gaules, & peut-être à ceux des grandes Métropoles des Gaules.
L'Hiftoire EccleuatUque des cinq ou Gx premiers fièdes, parle au~H de di-
certes perfonnes des Gaules, dont l'origine remontoit à des Familles de Drui-
deSy la vraie Nobleue des Gaules & à d'anciennes Familles Romaines.
~OJtf~ Familles en ufage dans le ~t~.
H eft certain que dès le commencement du XIe Cède on trouve les noms
de Famille en ufage toit qu'on les dut aux Fiefs qu'on pofïedoir, foit qu'on
les dût au droit de nai(!ance. Ainfi entre les Comtes de Lyon on compte
En 1010, Durand de Roannois.
En t o 71, Ifmion dé Ssulenage~
En ï 0~ <, Guillaume de Banic,
En ï 106 Foulques de Piney (t).
Des Bulles du Pape Calixte de l'an teio également, prouvent la même
chofe. Elles (ont en faveur de Guillaume & de Geoffroi de Porcelet par
une, il eft porté que Geoffroi conjointement avec le Comte de Provence ce
l'Archevêque d'Arles prendroit les armes contre le Comte Altbme pour la
dcrenfe de -l'Abbé de Saint Gilles (i )..
Eh to8i. Opius de Fontanea & Egidius de Ronunô en Italie (3): &
comme ils font accompagnés d'un Marnie de Vico Avigini apparemment
pour indiquer le lieu d'où il étoit, les autres défignoient donc des noms de
Fief.
En too~. Heveus Cauavaca & RigaIdusButilIier (~).
En toi7.HugolindeHenbont,Vita!isdeMinihi, David de P!oihinoc.
En ïoi~. Alain Cainart, de là Maifon de Dinan & Gaufrid de Fou (~).

(t) Recueils tmpMmct du Marq. d'Aubais, !(~) J~. (3) Muratori Antiq. Ital..T.
M..p. ~o. (~ Hia. de Bret. Pièce; JuQiSt. p. teo. [~) j~.p. tôt & :«.
A~ 0 Af S da Familles en ~~<* ~~c/e.
<ïM J~
Mais puisqu'on trouve des ~cmsparcits dès le commencement du XIc ~c-
cle en Italie, à Lyon, en Bretagne, on doit en trouver à la fin du X~, &
peut-être dans les VIII & IXe. Il faudroit pour cet etiët avoir tous les yeux
un grand nombre de Chartes de divers Pays & relatives à ces ftccies
malheureusement elles font rares & ircs-difperïces cependant voici du
moins des appro~mations, fi ce ne font pas des rreuves démontrantes.
En p7) au plus tard, nous trouvons dans l'Hifloire de Bretagne Hn.YAs
deLyniaco(l).
En p p 8. Léon Benton, Juge de l'Empereur Othon 111, nommé comme
témoin dans un Acte d'OdeIric, Evêque de Crémone (t).
Cet exemple eft d'autant plus heureux, que ces deux noms n'étant pas
répares par le mot de, on ne peut pas faire l'objection que par ce mot de on
défignoit non le nom, mais le lieu dont on étoit originaire.
En 91~. on trouve un Fi.A!pERT, Echevin, nls d'un FLAirERT, Clerc.
Manife~us ium ego Flaiperro, Scabino ntio bone memorie Fi-aipem
MCIcrici(~.
En 9~7 dans un Acte ou la Comte(Ie Franche fait diverfes donations a
une Egliie du Territoire d'Adria (~), on voit divers noms pareils.
Martin de Sarzano, Badoro de Rhodigio, Vi~o de Vitale Rudo, tous
habitans de Ca~ro-Rhodigii de même que Enncus, Surnomme Guaxalino de
Bugolfo, & Gauelin Vano.
En ~< Bernardus Alamannus (~).
7~. A~.
Sous l'an 8 t ou
Sous l'an
i.
Rothecarii de Cedraria Digiverti de Buciningo(~).
). Garipert de Aucis Audoald de Vereniano Rodemas de
Dungueno'
~7~.
En 77 6. Maurus fils de Bene-nati de Panicale; Carofus de Podumiano (7)
C'étoit au tems des Rois Lombards & de Charlemagne c'étoit donc
!ong-tems avant que les grands fiefs rudent devenus héréditaires & bien des
~tccles avant les Croisades.
De même en Bretagne vers la nndu Xe. fiècle on trouve un Herve us de
Lohuiac (8).
(!).f&.p. (i.)Murat.T.H.p.i9. (ï)~(~)p.l!0.(t)p.t8~ (6)p.
(7) P. too. (<) Hia. de Bret. p. y8.
Hn'y aurait qu'une réponfe à faire c'e~ que ces noms précèdes par de,
dc~gnent la patrie & non le nom. Mais fur quoi feroit-elle fondée, d'au-
tant plus que lorsqu'on veut indiquer le lieu on ajoute de /cco & qu'il n'y
a nulle différence entre le nom, par exemple, de ce JV<rv<aj <<< Lohuiac &
ceux des Comtes de Lyon que nous avons cites, Durand de Roannois, IC.
mion deSanenage, &c. Pourquoi voudrait-on qu'étant à peu de diflance,
fe fuivant de fiècle en fiècle la même formule eût des valeurs a dintrentcs i
Ne ~eroit-ce pas une pétition de principe ¡
Ajoutons que le Savant MURATORI n'a pu s'empêcher d'ob~rver que !ct
furnoms éicient en ufage dès le IX<. fiècle: que fous l'an 8~, un Lonp avoic
été furnomme Suplainpunio ce qu'il croit ngniner Soppia in cM?nc caché
au poing.
.En 9 tS Lamperc fils de Léonard, Curnommé CAVtNSAcco tcie dans
un fac.
En 9~ 1 un Clerc nomm~ Jean eft ~imomme R.AM1A, la rage.
En !07~, un autre eft nommé ToccA-CosciA, touche-cuiue & un
Pierre CAvAzocH!, extirpe-Souches (t)..
Nous trouvons également en Bretagne vers la fin du Xc. nccle, Gau~rid
n!s de Conanus Curvus, Conan !c Courbe (i).
Et en !e61, au XIe. fiècle, Rainaud, furnommé Manzellus (}).
L'Hi~oire du Languedoc par Dom Vaiuette, &c. nous o~re dès le com-
mencement du IX<. fiècle nombre de noms qui (ubMent encore de nos jours
comme noms de Familles tels
Wafin, prononcé Varin Guarin, Guerin &c.
Miron Milon Gaucelin Ademar Etienne.
le
Chatdain ou Caftettan Pafcalis.
Afinarius, Afnier. ou La~ier.
Roncariolus., ou Roncairo!.
Fulcherier, ou Foucher De~!dcriu!,ou Didier.
Au~ernus, ou Oberne; Cuba ou Olive, nom très-commun dans ce IXe.
nccle en Languedoc, comme celui d'Olivier en Bretagne.

(i)MurM.p. ïe~, (t)HM. deBr.p.98. (3) J~p. 88.


~<
1°.

JVo Af~ ~a moyen ag~.

Une preuve qui me paro~t dccidve peur établir que les Noms de Fam!ffes
font beaucoup ptns anciens que les XI & XIIc. fiècles, e(t tirée de cetre mu<-
titude de Noms de Famille .qui exigent aujourd'hui, & qui (ont manifette-*
ment empruntés des Langues de ces Peuples qui fondirent fur l'Empire Re-
main. On connoît par't'Hïftoire une multitule de Noms u~tes chez ces Na-
tions, & puifqu'il s'en eft confervé }a(ques à aujourd'hui un tfcs-gr.tnd nombre
comme Noms de 'FamiMe, n faut necedairement qu'ils ayent déjà ccé Noms
de Famille chez ces Peuples fans cela par quelle raifbn teroit on allé cher-
cher des Noms chez des Nations anéanties C'eûr été le comb!c de la déraifon
<

& une cho<e fans exemple, lors même qu'été eût été poffible.
Sans (ortir de la France, nous y trouvons par tout une foule de Noms de~
cendus des anciens Got.hs, & des autres Peuples du Nord qui tondirent fur les
Gaules.
P E !L T,

BERt ,eA un mot Theutonique commun aux Celtes & même aux Orien-
taux, mais fans T, Bher, & qui ngnine, cl<tif, limpide i". iUuOre, cé-
icbre.
Il étoit fort commun fous !cs deux premieres Races de nos Roi:. Elles
font remplies de noms en
CHILDEBERT. CAMBM.T.
DAGOBERT. StGEBERT.

Le nom de la Reine BERTHZ eft encore aujourd'hui en vénération dans


diverfes contrées de la Sui~ïe & à Payerne, on montre la (ette de cette Reine
avec le même emprenement qu'aiHeurs le Trône du Roi Dagobert.
Ce nom (ub(!de Mjoutd'hMdans une toute de noms,(eul ou en compote te!s,
BBUT. t*. En compo~
BER'fIN. ÂDt-B~T.
BZM. Ari-berc,
BERTK-AND, A bec.
Bom'<a~di. At-berc,
Aide-berh
Alde-bert. CARLOS.
Au-bert. CARLOMAM.
Audi-bett. CARI.BS.
CM-bert. CHARLES.
Cati-berc. Chartemagne.
Gau-bert. GER:~ '1
Cuim-beft.
Gi.bert. Extrêmement beaucoup, i~
Ci!H-bert. d~fire~; armé.
Gui-bect. GER-ARO.
·
Ct~bere. Gef-beM.
H~-berc. ,G.er-main.
Hum-berr. Ger-valfe.
Im-bert. Ger-trude.
Jom-bert. GARD,
you-berc. y&cdin, enceinte,
Lam-bert.
Rim-berc. ËBM~N-GARD.
Ro-berr. GARD-!NER.
.Som-berc. GARD'BT.

BAI-B~ GOD;
Hardi, audacieux~ Dieu 10. bon.
BALD!. GODC-FROY.
BAUDB Boi-PB. GOD-ART.
Guene-~aud. Min-gof.
GoiUe-baud, 6- WiHe-ba!~ Min-gaud.
JSaud-ouin. THUR-coT preno!erEvêque
iBARU, des Suédois.
Homme, Gaemer. TUR'GOT.
1.0 D,
BERM-ARD.
BEKN-tERES. LUD,L.AUT,
BARN-OU IN. célèbre.
CARL~ LoTH-AtRB.
Va!l!aor. LoD-OViC.
CARn, Maifon d'Itatie. LuD-ovic,d'oùLouts.
MTo/n.f Q<i
CLOD-TUS. Edouard.
LUT-ON. HER-WART.
LUT-01.. MARC-WART.
MUND, VA RM,
Pforcdeur. Aulne Sapin..
Au-MONT. WAR~f 1ER.
ED-MONT. WERN-ERI..
Os-MOND. GARN-IER.
Ricn-Mo~D. VERGNE.
R.A.MON, La vergne.
WALD, HART, ART.
WAUD, GAUD, Vïf, véhément, exuemement..
forer. BoNN-ARD.
WAUTIER.. Bri-ard.
GAUTIER. Briz-ard.
GuA~TERI. Co~-ard~
W AR D. 6oth-ard.
Gardien. Leon-ard..
BURC-WART~ Nith-ard..
~D-WART~. Rich-ard.

D u R,
Eau i~d~t
DuRANt DURANT~, nom auez étendu en France, ett un nom egale-
ment Theuton, formé de DuR, eau i*. acier & de HAND, main, po(Ïeuton,
Mche en eaux ou en acier. De cette derniere acception s'eft formé le nom
de la fameufe épée de Ro!and, cette terrible Du~ANTAn qui brifoit le ctd*
vre même formé de << tailler, mettre en pièces &
de Durcn acier.
H N,.
~ycM~.

HENRI, autrefois ~'M-nc~ & qu'on prononce encore amn en Béarn de


même qu'en Latin, nom de la même Famille qu*~a~~e-n~, eft formé de..
jy<M, ayeux, ancêtres i! ugnine riche en ayeux, descendu d'une ill~rc &-
mUte; c'e&ie~ofMj Mw des Latins.
Dans t'At)emand moderne où Han ugnine P-oule, ~n ngni~eroit rM-/t<'e
poules. Wttchter dit que cette étymologie n'e~ bonne que pour ceux qui
mangeur du foin ou du chardon, mais elle (eroit tout audi bonne que celle
des Lentulus des Pilo, de tous ces itiu~res Romains qui prirent leur nom
d'objets champêtres d'âitteurs l'Allemand moderne diffère 6 peu de t'ancien
que les étymologies tirées de celui-là peuvent bien être aulïi bonnes que celles
du Theuton.
A~MAND~ H<RMAM, nom de Baptême & nom de Famille ,doit venir du
,Theur. HER.M, HARM bélier, guerrier.
R.EUCHHM, la Fumée.
~MAJLM, Tt
L Rie, Noms defcendus des anciens Goths ou Gères, & devenus
YWAll
AuDBMA~ t Familles .t~ueilemen:
Noms de PamiUes aél:uellemenr exi&<mte!.
exiliautes.
ALDEMAR.~Jt
)".
N0M
s
Formds <& ~a~nne Langue /!oM~e<.
'Unemutnrude d'autres noms très-communs en France, ont été empruntés
de l'ancienne Langue Romance, dans le tems où elle éroit dans toute (a (p)en-
dcur dès le neuvième uccte, & peut-être phuoi. Audi en les rapprochant
de cette Langue on en voit aufit toc la valeur ou l'étymologie.
ARN ftgnine montagne de-là ARN-<t~Mj & A~N~M~ nom trcs-repand~
dans la France méridionale & fur-tour, en Ita!ic.C'e(tce même nom quia a for.
me celui des ARMAurps habitans de l'Albanie ou des montagnes de l'ancien-
ne Epire. En Banque il dengne !e vin, &u)l des côteaux. H fut donne aufn aux
Albigeois &aux Vaudois, parce qu'ils habitoient des ConrreesmonMgneufes:
& des-Iors, le
mot ~rn~Mtc devint un nom de mépris, une injure~
Les Pnnces de la Lomagne avpienr ar!ect6 particulièrement ce nom d'An.-
UAUD aufiïteur monnoie en portoic le- nom. Il en eft fait mentioii dans d!es
Chartes du XIIIe. & du XIVe. fiècles.
ARNAUD de Vi)teneuve commença il y a p!uneurs' (!ectes a fendrccc nom
it!u(tre. La fin du dernier nec!& a produit un Héros nngu!ie~ & peu connu
qui portoit le même nom & qui (ous les titres de Capitaine & de ~Mf/?rc
des ~n/an~ Dieu, remit les Vaudois defcendan~ des anciens Amantes, en
Qq ij
ponction de Icurs montagnes dont ils avoient été entierement ch~f!es, don-
nant ainu un exemple donnant de ce que peut le courage intrépide, quand
il fe bat pour fes foyers.
BoumER. BovtER BoYER noms très-communs en France paroiflenc
les mêmes que BouvtER en Latin barbare Boverius.
RouHtER RoyER le RoYER,~gn!nenc voinn, contigu; i*. charron qui
fait des roues. 11. e~ Synonyme du mot CHARRON qu'un AuM,ur'decenom~
rendu tres-ccfebre.
Co~DERC, pârurage commun.
CoTERti., grand couccau.
CoRVoisiER cordonnier.
CLAVIER, qui a les clefs portier~
GASTELLiER, Marchand de gâteaux.
GRAVELOT, javelot.
GENDRE, GELURE GENRE, même que~Mntor, nom qu'on donnoit au pfe-
mier garçon d'un Bou!anger comme on donne le nom de MA!OR. au pre-
mier garçon d'un Perruquier & fre« ou premier à celui qui dirige un&
Imprimerie.
MEïLiER, neSier.
EsTACHE, pieu.
CAu moulin à fouler les draps.
GAUCHER, qui foule les draps mot qui peut également venir d'une per~
jtbnne qui étoit gauchere.
La feule lettre B du Dictionnaire vieux Prancois qu~&it te Xc. Votumedn:
Glotlaire Latin-barbare de du Cange, continué par Carpcntier onTe t'cty-
mologie d'une multitude de Noms François qui ne prefëntenc aujourd'hui au~
cun. fens d'objets naturels en voici quetques-uns.
BAcoN, le lard d'un.cochon.
BARA!i., baril.
BARON, homme..
BARRER, qui a la garde des barrieres.
BART,pave.
BARTE,, ta BAtLTHB bouquet de bois.
BASTIDE, cMteau. t~. maifon de campagne..
BEHOURT, joute.
BERRUYER,fbtte d'armer.
BjERTotfNRAu ,,un tucbot,
BtMLOT, jeu d'o(Ie!ets.
BiGOT pioche, bêche.
Bi.AcHE,i.A BLACHE plant de jeunes chênes ou de châtaigniers,
entre IcP.
quels on peut labourer.
BotssiEn.E,ta Bo!ssiEB.E BuisstERE lieu p!&nté de buis.
BOUTILLIElt, Officier d'Echanfonnerie.
BONNIER, mesure de terre.

BORDE, la BORDE, BoRDERtE, Ferme.


BoB.iE,!aDoRiB, y
BosQUEiLLON bucheron.
BouRDo~f, bâton de Pettenn.
BOURIGNON, filet à petits poinons.
BREUIL, BR~Ei., du BREUIL, lieu pbnte d'arbres, &c..
BROCHE, BtLOcA fourche pieu.
BumBR donneur de fouflets.
Bu!GNON, bouchée..
BUB.B jt leiEve<.
voici %M</y«'<ïMr~.
PùEcur montagne à pic.
La BAUME, BALME LA.BAÏ.MÏ t grotte, ctvetne.
CLAVEI., dou.
MANDRAiLEE, bergerie; de l'Italien & du Grec
BAILE Chef.
~7:
MtTRAi., Lieutenant de Police dans di~er~es Provinces.
NivET terme de rivière nom. qu'on donne fur les ports & dans let
chantiers à une remife que le Marchand &it à celui qui vient acheter fa mac-
<handife au-deubus de ia taxe.
La LANM,de<LANDts, étendue de pays.
BANB, corne..
GoupiL, renarde
Lt GAï.L !e coq.
Fï.oN, nviere.
GALLOIS, RobuAe, fort.
SAJGNE, LA SAIGNI, mafai~
ÏAVEL, eipeee de bouclier.
Tti.L!BR., LE TBLHBtL, TiOerand, faileur de teHes.
yASMU~, LE VAS!EUN. VAVASMUR LE VASSOR VafM~
NOMS M /ERJC.
e(t un mot Celtique qui deugne t'habication, !a demeure de'Ià tMt
1ERE
de noms termine! en 1ERE.
La Sonn-iece. Moret-iere.
La Candn-!ere. Machoniece.
La CrefÏbn-ieK. Serv.iere.
La Renaud-icre. Teinbn-iere.
La Jaudelin iere. Volpil-iere.
Cette terminaison en tERE venue de ER, cerre champ habité, ett fur-tout
propre à la Province du PoiTou. Les habirans de chaque Province du
Royaume & chaque Pays de l'Europe mcmeont adopté ainn une terminai-
son qui leur e(t propre & au moyen de laquelle on les reconnoïr aunitôt. C'ed
!a-de(!us qu'on a fabriqué fort plaifamment les diverses méramorphofes de
M. TROTTIN dans Ces voyages. n eft Trottincourt en Picardie Trortinville
en Normandie Trottigneuil dans le Perche Trottinguer en Bretagne,
Trottiniere en Poitou, Trotrignac en Périgord, Trorrinargue en Langue-
doc, Trottinoz en Franche-Comte TrotttM en Italie TrotMnski en
Pologne, Trottembach en Allemagne, &c.
4'.
N 0 M S G R Z C

Le Languedoc, dont. pluneurs vittes ont eu des Noms~ Grecs parce qu'elles
~toient des Colonies Grecques, doit offrir également des Noms. venus de la
Grèce. Ainf) au commencement de ce necte, exiAoientàUsez deux Famil-
les dont îe: Noms étoient vraiment Athéniens celle de LïCQN & celle de
BOUZYGE.
ARTICLE ÏII.
Noms ~%n~~t/]r en F/'<ï~oM.
La France eft remplie de Noms de Familles qui (ont f!gnincati& dans no-
tre Langue en voici un certain nombre que nousavons dt~hbué en grandes
Ctanes, fuivant que ces Noms font relatifs à des Noms d'animaux, d'arbres,
de plantes, de proreŒons de dignités, de couleurs, de qualités de parties
du corps, de l'habillement, &c. ou à des Noms d'objets retanrs à la Mus-
qué at'Année, aux Champs ~auxVUles, aux Maifons à la Guerre,aux Ins-
trument &c.
Ces Tableaux les rendront plus piquans on (ers étonné de leur rendue,
d'autant plus qu'il n'y aura perfonne qui ne foit dans le cas d'y en ajouter un
grand nombre..
Il
en eA de fi nngu!iers, qu'on fera peut-être rente de croire que nous les
avons inventés & p)aint nous femmes cependant en état deJesjuftinercous
&: fi nous n'avions craint d'abufer de la patience de nos Ledenrs, nous aurions
accompagné chacun de ces Noms de quelque détail qui auroit rait conno~tre
ceux qui tes'porrentac):ue!!ementouceùxqui!es ont portés autrefois, ainn
que le tems &: le lieu où ils vivent ou dans lequel ils demeurerent de leur vi-
vant. On y auroit vu des Perfonnages HIu~res par leurs vertus par leur rang.,
par leurs Ouvrages, & un grand nombre chers à notre cceur.
Nous ne prétendons pas d'aineurs ne nous être point trompés dans la ma-
niere dons nous avons di~ribuc ces Noms il (e peut que p!uueurs dans leur
origine ayent eu un rapport Kes-dincrenc de celui que nous y avons apperçu
il fuSfoir pour notre but qu'ils puffent figurer dans une claffe quelconque on
verra même qu'il en eft que nous avons rapporté à deux ou trois c!anes dine-
reniesàcaufë des divers rapports fous lefquels on pcuvoictes envifager.
Nous ne (aurions trop le répéter nous ne prétendons nuUemenc a. ne ja-
mais nous tromper dans les détai!s nous les abandonnons tous fans peine à
nos Lecteurs; nous ne femmes ja!oux que des grandes mânes, des grands
principes t'édince que nous avons à élever eft n va~e & n intéreuant qu'on au-
roit regret fans doute iu tems que nous perdrions à en finir les plus pe-
tits objets; peut-être même entreprendrionsnous en cela une chote impoilible,,
iur-tout-avant que tout i'enfembte foit parvenu à fa fin.
I.
NOMS DES ANIMAUX.
pt~rt~ Goupil:
Lievre.
Chameau.
Cochon.
Lion. Le Lièvre. Porce!er.
Lcopard< Cer&
Bacon.
Loup. Le Cerf..
Bceuf.
Le Loup.. Chevreuil..
Louvel. Chèvre. DuBosuf.
Pas-de-Loup. Chevreau. Sauve-Bocu~
Pince-Loup. Cabri. Chafïe-D(Eu~
Sanglier. Cheval. Le Bœuf.
Renard. Poupin. Des Bccu~.
Bellier. Bruant.
Mouton. Oi~c~jr. Bréan.
Gigot. O'SBAU. Bifet.
Le Mouton. Loyfeau. HirondeUe,
Lagneau. LoifeL j Héron.
Dagneau,. Volée. Coflietï.
Robin. €oq. Faucon.
Veau. Chapom. Fa!c~ ·
Vedel. Poule. CfifÏon.
Bede~. Pou!!e~ Milan.
Bouc. Pou!ec. Duc.
Le BoM<, Paon. Corbeau:
Caflor. jFai&n. Corneille:
Bievrc. Pigeon. .L'Autour.
Lane. Cotombe~ L'Etpervier.
La Lane. Perdrix. Grue.
Bauder. Perdriau<. Mouette.
Beaudec. .Ca;t!e.
Alouette.
Baudeau. La Caille.
Otirttn. CaiUeceau. CigogM,
Chat. .lard. ~e.
Duchat. Le Jars. La Pie.
Loir. Loifon. Pic.
Chien. Merle. Piverd.
Des Cinens. Medet. Vaneau.
Limier. Geai. 'Vanier.
MaRin. .Grive. VanicKS~
Roguin, La Grive:
Brac. Pinfon. Por~~oy~
Baf!er. Linof. POISSON.
Rat. Linotte. Dauphin.
LeRar. Tarin. Barbot.
Rat Gras. Serin. Brocher.
Lefcureul. RofHgno!. Turbor.
HehiTbn. Verdier. Lotte.
D'Herinon. Moineau. Goujon.
Dragon. L'Ecourne-au. .Chabot.
La Perche;
La Perche. Blond. Longuec.
Têtard.. Le Blond. Courr.
Blondeau. Le Court.
f~jscrzy. Blonde. Large.
PAPtï.I.ON. Blondin. Le Large.
Mouche. BlondeL Carre.
Amiel. Brun. JRond.
Abeille. Bruner. Rondeau.
Grillon. Bruno. Rondel.
Gri!!cc. Bruneteau, Le Rond.
Là Mouche. BruneiL ~Gta.s.
Hanneton, VioHer. Le Gras.
Cygate. yAtr. Graffct.
II.Duvair. Maigre.
Veron. Le Maigre.
NOMS Ponceau. Maigret.
DES COULEURS ET DES Ponce!et. Maigrin.
FORMES. Maure. Menu.
Moreau. Beau.
10. COULEURS, Moricaud. Le Beau.
DECoULtUR. Blanc. Bel.
Rouge. LeB!anc: LeBe!.
Rougeau. Blancher. Betie.
Roux. Blanchon. Joli.
Le Roux.
Roudeau.
De RouSet.
LaSate..
La Grife.

.Mignon.
Poli.
'Mignard.
a.c.Fo~M~s cr ~TERr~.p.
Ro~r.
Rouffel. GRos..
LeGros..Gend!.
VjUain.
Rouflelot.
Vert.
Le Verr.
Grand..
Le Grand..
Le Gentt!.
Vermeil.
DeVerd. Le Nain. Pefanc.
Noir. Pétic. Léger.
Negre. 'LePetit. Sage.Digne:
Negrec. Long. Le
Le N oir. Le Long. Pui~nc.
JP~rc~.7. 1
Cours. Piètre. Notté.
Confiant. L'Egaré .R.ecoquiHe.
Courant. Macère. Deftte.
Comptant. Hardi. Couronné.
CaufÏant. Gai. Marmottanr.
Sauvage. Ïoyeux. Conftderand.
FietS. Bad!n. Rouginanf.
Getez. Bourru. Refplandy.
Grimaud. ;Boue. Parfait.
Chenu. Bofïu, Courtois.
L
Ctcment. Boiteux, Le Franc..
Doucet. Avcugte. Certain.
Le Doux; Bouchard. Geftes.
Bon. Ctmus. Confeil.
LeBon.. Le Camus. Mordante
Mauvais. Br~e. €a!and.
Mollet. €ai!iard, =
ReboMK.
Durer. .Vamanc. I.Hi!ard.
Benoitt. Le Vai!!antt. Lavenant.
Luxe. Peureux. Mont-Fiquet*
L'Heureux. Ardanr. Hërinant.
Vigoureux. Noble. Creuzé.
Le Sourd.. Le Noble. Tapi.
Le Tort. Mondain.
Le Begue. Btandrin. ~b3f~ DR Ct~t.
Le Net. Mbaud. BiNCE-MAULB.
L'Enrumé. Serre~ Mouchard.
L'Ecorché. Ba<!re; Jambe-de-Fer.
Le Pelé.. Trouva Bta-; de-Fer.
Pelé. Forme. Taille-Fer.
Pet-Levé. Fou!e. Bcfche-Fer.
Le Fort. Levé. L'Efperance..
La Force. AUonge. .Cbmy!aifance.. v

L'Honore. Mené. :t~'SAbondance.


Honoré. Séjourne. J Prudence.
L'Eclopé. Grince. Bonté.
Clopine.l. Barre. Loyauté.
3~
Tier-a-Bras. Martyr. Le Lifeur.
Feu Ardent. Merveille, Des Loix.
Patu. Lceuvre. Bouquin.
Ragot Récent. Feuillet.
RoufHn. Rival. Billet.
Mouricaud. Tenanr. Long-D!c.
Damne-Vttte. Hardiment* Fay-Dit.
Men-à-Bien. Canal. Scribe.
Rideaux-Vieux. Chauve. Sonnet.
Corfembleu. Le Vair. Vente.
Boutemy. Le-Re&he. Voyez.
Bouteroue. Tenon. Lumière.
Efcorne-Boeu~ Chatant. Oui.
Follenfant, Coulant Hanon.
Doré. Eveillon. CcQiHe.
Dorez. Dorman!. Guillemer.
Rufé. ~.M~ ni.
Fin. FlAttCt.
Bizarre. Dure. NOMS
Chac-d'Avoine. Babille. p'ART~S, PLANTAi
Pain-d'Avoine. SavonneJ
Le Lieur. Racle. J!'J:T~
Renvoi(y. Brûle. I*. ARBRB~
Tardif Serre. L'ARBRE.
Lambin. Sauve. ` Cinq-Afbrcs.
Coquin.
Brocard.
Marque.
Rampon.
Chethe.. <.
Paillard. Du Che(he.
Marche. Sept-Chefhes.
Rapillard. ~~rTA~y. Chene-Verc.
TcndrefÏe.
THAU. Frêne.
Lamoureux. Le De. Du Frêne.
Damouts. Emme. Au-Frêne.
Pardon. LeGeay) Fretnay.
Surec. Vé. Pommier.
Fo!tet.
Mercenaire.
fc~r, f-rr~, Cerner.
LtVILB. Potrier.
y~Mit. Rr;)
Des-Ormeaux.. Laune. Des Vigneh
Orme. De Laune. Grain.
L'Orme. Launay. Grain-d'Orge.
De l'Orme.. Hêtre. Ca(Ïe-Grain.
Noyer. L'Hêtre. Gener.
Du Noyer~, Rouvre. Blé.
Coudrier. Du Rouvre. Froment.
La Coudre.' Roure. MUtec.
Laurier. Rouviere. Mill.
Du Laurier. 'Chenaye. Rouer.
DcsLauners. Sau(!aye. Du Ro~er:
Chataignier. Pommeraye. Des Roners.
Caftaner. Cerifaye. Frai~eE.
Ca~ain. La Prépaye. Fraide. °
Cormier. Châcaigneraie. Framboifier.
Meurier. Prunelaye. Per~
Prunier. La Ho~ye*. s Chou.
Pruneau. Charme. DaChou!.
De la PruM. Fage. Cauler.
Peuplier. LaFage. Laitue.
Figuier.
r 1
<
Paye. Perreau.
figuieres, La Paye. Luzerne.
Sorbier. Houx. La Luzerne.
Pêchier. Le Houx. Chardon.
Pin. Hozter. Lésine.
Du Pin. Buis. Le(pina(Ie.
Saule. Branche. L'Epinay..
De Saule. Branchu. Ortie.
Olivier. Rameau.t L'Ortie.
Otive. Ramée. Guy.
L'Olive. La Ramée. BuifÏon.
L'Otivier. Gaule. Breuit.
Le Maronnier. De Gaules. Du BreuiL
Palmier. Gazon.
Vergne.
~.P~yr~. Plantin.
La Vergne. .ViGNE. Sureau.
Aune. La Vigne. Racine.
Radix. Sans-Soucy.. Senechat.
Canette. Violette. Le Senécha!.
~o. FJt! Lys.
Du Lys;
Mayre.
LcMa!re;
AVELINES. Flore. Vidame.
Ceri~ Bouquet. Bailli.
Noix. Fleury. LeBaitIi.
La Noix. Saime-Fteur. Viguier.
Pomme. Sainte Rofe.. Vjguene.
Poire. Cham?-Fleur. Page.
La Prune. Champ-Heury. Le Page.
Prunelle. Va!!ec.
Grenade. IV~
LeVaHet.
Melon.
N 0 M S. Vatleteau.'
Perdigon. Va~t.
Damay. DE DIGNITES,
Doyen.
Rai6n. P~r~&c. Capitaine.
Pépin. Maître.
SbUVERAIN~
Pignon; Le Ma~re.
Le Pois. L'Empereur.
Le Roi. Prévôt.
Brou. Sergeant.
Raport-Bic. Des Rois.-
Hau du Roy.. Bon-Sergenc
Vin. Châtelain.
Seigneur.
De Vin; Receveur.
La Treille. LeSeigneur.
Mefuréur.
Duc.
~F~~M.' Baron. t"D'fC~F:
DE LA FLEUR. Marqua.
Comte. LEPAPB.
Rofe.
Blanche-Rofe. Bachelier. Prêtât.
Prime-Ro~ë.- Damoiffeau.~ Cardinal.
Bleuet. L'Ecuyer. L'Archevêque.
(EtHer. Gouverneur. L'Eveque.
Muguet. Commendeur.. Le Prêtre.
,Violier. Echevin. L'Abbé.
lultenne. Prince.. Le Motne.
Soucy. Le Prince. L'Aumônier..
Le Prieur. Des Aucels. L'Amy.
Chapelain. 6~. Beaux-Amis.
,L'Hermite.
~o.pjt~y~
MARïAGt.
LE MARtE.
Bon-Ami.

BERGER
7 ·
L'AVOCAT. Mari.
CHEVRIER.
L'HuitHer. Parenr.
Porcher.
Le Clerc. Compère.
Vacher.
Le Gendre.
Notaire. Le Vacher.
Beau-Gendre.
L'Heriner. Bouvier.
DE-DIEU. Chamer.
DIEU-DONNE, .VoyjHn.
Fodoyeuï.
Chan-Dieu. Du VoyGn.
Gerbier.
Efperan-Dieu; Pere-Fixe.
Courtier.
Donna-Dieu. Fils.
Mont-Dieu. Fille. ~.BoureM.
.Grâce de Dieu. La Fille. V.
Ange. Beau-fils.
L'Ange. Bon Fils. NOMS
'Archange. Frere. DE PROFESSIONS,
Saint-Ange. Des Frères.
MBTIEH.S~ &C.
Chérubin, BonFrere.
L'Enfanc. ArbaleMer.
EIpric.
BonEn&nt. L'Archer.
Soi.EH..
Couun. Argentier;
BBAU-Soi-EIt.
Beau-Cou~~ Bailler.
L'E(toi!e. Neveu. BaiMMof.
Niepce. Barbier.
Paradis.
Chrétien.
FiHeut. Bordier.
BeHs-Mere. Boucher.
Huguenot.
Bonne Mère. Bouianger.
Payen.
Sarraun. Compagnon. Bourlier.
Pâte-Nôtre; Cars. Braconiet.
Touuainr. Gardon. Bralfeur.
De Saint. Bon-Gars. Brodeur.
Bon-Gardon, Batelier.
Sauveur.
Des ïnnpccns. Âmj~ ÇaHier~
Carder. Pannetier. Tefie.
Chapelier; Pelletier. Tettu.
Charron. Le Pe!tet:er: BeUe-Te~e:
Charpentier. PlaCtict. Groffe-Tcae~
Charbonnier.. Potier. Hure.
Le Coigneux. Le Pileur. Hurel..
Coutelier. Saunier. Hureau.
Couturier. Serrurier.. Main.
Cordier. Sellier. BeUe-Main;
Le Conteur.. Sommellier.. Bianche-Main~
Drapier. Taillandier. Pied.
L'Epicier.. Teinturier. Pied-Forr.
Fabre. Texier. Petit- Pied.
Fabri. Teifner. Beau-Pied.
Faber. Thuillier. De Pied.
Fevre. Tourneur. Pied-bot..
Le Fevre.- Le Tourneur,. Bras d'or.
Faure. Tonnelier. FroBt.
Faucheur. Tripier. Bouche.
Le Faucheur;. V&nier. Toupet.
Foreftier.. .Vigneron, Caboche.
Foulon. I..e Membre.
Ferrand.
yi. Cerveau.
Fournier~ NOMS
Oreille.
Fripier.. TJA~~ J~r CO~F~. L'OreiHe.
Fondeur Mourre.
Jardinier.. PERSONKB. Patte.
Laboureur. l'Homme. Na~bn.
Le Laboureur.. Bon-Homme. €or;u.
Ma(ton. Mai-Homme. Bec.
Mercier. Bel-Homme. Du Bec.
Métayer. Malle. Bec-de-Liévre.
Meunier. Le MaHe. Babine.
MuMer; Pucelle. Babinof.
Moulinier. Corps. C&te.
Marécha!. Du Corpf. La Côte.
Marchanda Beau-Corps. Côte-b!ancHe;.
Des Yeux. Babouin. Berceau.
De la Joue. Des Peignes.
VIL
Du Doigt. Des Chaux.
Long-(EiL ~fNjr~L~3f~t.
Talon. -ErojFf~r.
~ROBBE.
Boyau. Le Ve~u. COTTON.
Rate. .Chapeau. Bajftn.
Barbe.
Blanche-Barbe.
Chapeau rouge. VIII.
Barbut.
Chaperon.
,Bonner.
J~y~jT~Ë ET 2?~
Courte-Barbe. Corner. CHANTRE.
La Barbe. Cornette. Le Chantre.
Cceur. Du Rocher. Le Chanteur.
Cceurec. Soulier. Chante-Cler.
Le Cosur. Du Soulier. Chante-Merle.
Cœur-de-Roi. Semelle. Chante-Pie.
Francoeur. flancher. Ménétrier.
yoli-CcEur. Cotre. 'Baller.
Tourne-Mine. Gamache. Siffler..
De la Corne. Bourlet. Danfe.
Cornu. Pompon. Bourrée,
Cornwau. Bouton. Bouree.
Le Cornu. Collier. Rigaudon,
i. "Béguin. Clairon.
IBUNE. Patin. Cor.
Le ~euHe. Gillet. Du Cor.
Jeune-Homme. Mantel. -Violon.
Juventin. Manchon. 'Viole.
Jouvency. Le Bas. Chalumeau.
Vieux. Foureau. La Harpe.
Le Vieil. Çhappe. L'Organise.
Vie!. Aube. I X.
Vieillard. Coller.
~N~JEE
Aifhe. Sarot.
L'Ai(ne. Serpeaud. BONNE- AMNBB
Cadet. CuifÏard. Janvier.
Sr. Janyief
S. Janvier. Beau Harnois. BON.
Février. Beaux-Hottes. Bon.
Mars. BeauJoieux. De Bont,
Avrit. BeauJon. Bonneau.
Mai. Beau- Lieu. Bon-Lieu.
Du Mai. Beau-Lac. Bon-Tem?.
Le Mai. Beau-Manoir. Bonne-Aventure.
Juin. Beau-MefhiL Bonne-Heure.
JuiHet. Beau-Mont. Bon* Ami.
D'Août. Beau Poil. Bon-HomnM.
Saifoo. Beau-Port. Bon-Ard~
Moi~on. Beau-Puits. Bon-Fils
Hiver. Beau-Regard. Bon-Repo~
Noël. Beau-RecueiL Bonne-Foi.
Dimanche. Beau-Séjour. 'Bonne-Ville.
Des Jours. Beau-Semblant. Bonne Gui(e.
La Fin. Beau-Sire. Boni-Face.
Du Tems. Sire-Beau. Bon-Vouloir.
Don-Jour. Beau-Sot. Bon-VaLec.
Beau-Sotei!.
X.
Beau-Son.
Ff~ï~
jBE~y. BlEN-AlME.
Beau-Teint.
BEAU. Bcau-Va!. ~ien-Ants.
Le Beau. Beau-Vartec. Bien-Noum.
De!. Beau-Verger. ~cnc.
LeBeL Beau-Voir. Bene-Ficc.
Beaux-Amis. Mir-a-Beau. .Chef de-Bien..
Beau-Bois. Bet-BocuE Af~
Beau-Breuil.
Bst-Cros. MAL-AsStS.
Beau-Champ.
BeOe-ForetL Mal-Nourri.
Beau-Coufin.
Belle-Garde. Mat-à-Faic.
Beau-Corps.
Belle-Combe. Matafpine.
Beau-Chefhe.
Belle-Foy. Mat-Homme.
Beau-Fort.
Bette.Mère. Mai Herbe.
Beau-Fils.
Belle-Perche. Males-Herbes.
Beau-Gendre,
Belle-Roche. 'La Mât-Maison.
Beau-Gué.
Sf
Tc~.
Mat'me-Dy.. Pain. Boi.t'Eau.
Mal-Vieux. Pain-Blanc. Chaudiere.
Mau-Clerc. Pain d'Avoine. Chaudron.
Mau-Pananr. ~Poude-Pain. Coureau.
Mau-Petit. .Mie. Charnage.
Mau-Perchc. Coupé. Carnava!er.'
Mau-Vciïtn.. ;Poivre. Fricau!r.
Mau-Pcou.. Le-Poivre. Boucherie,
Mau-Vin. L'Huilier. Bouitton.
Mau-Poh)~ DeSei. ~Bceuf:
Mau-Pas.' Sallé. ~touroH..
Maa-RegaccL Doux. Gigor.
XI. Douceur. Oie.
-Le Sur. Chapon.
jRBF~~ Chaife. Coq.
Table-Mite.. La Chaifet. Lièvre.
L'Hôte. Neuf-Chaife. t.apin.
Excellent. labourer. Roueife.
L'Entretien; Le Hauc. Du Veau..
Bon. Le Bas. Rognon.
Dîne-Matin. Bien-An! Du LarJ.
Dine-Mid! Ma!-An:s. Le Gras.
Buffer. Bien-Anife. Sardine.
Boiffon. Ma!-Aïnfe. Poidon.
Vin. Le Nourri. PaRé.
De Vin. Mal-Nourri LaPa~e.
Vinet. Belle-Dent. Du P!anch<r.
Pot. Goulu. Courte-Cuiue..
Pot de Vin. -Depenfe. Pomme.
Pifte-Vin. Cher-d'HôteL fromage.
Cara~ L'Ecuyer. Fromageau.
Flacon. Tranchant.. Fromager.
Bouteille. Tartier. Croquer.
Gobelet. Bouielier. '.Ma(caron.
<Sob!ec. -Suc. De la Noix.
Panier Goûr. ..Reftes.
Du VivK. Boi-Vin. Fourni.
Rendu. Caza-Major XIV.
Du Congé Caza-Noya.
Revoir. Caza-Bonne.
CAMPAGNE.
Torchon. La Loge. t°. Mo ~r t.
Ner. Bien-Autfe. ROCHE.
Renvoi. ~ïal-Adife. Rocher.
Carmentran. Chambre. Des Roches.
Cellier. Du Rocher.
XII. Grenier. La Roche.
JVOMJ9'A~~ La Cave. Roche-AymoH.
PREMIER. Grille. Roche-Baron.
Prem!er-Fai& Colonne. Roche-Brune.
Second. Latte. Roche-Chouacc.
Tiers. Chevron. Roche-Foucaud.-
Le Quatre. Hautoy. Roque.
Mille. Ancelle. La Roque.
Vincent. Trumeao. Montagne.
Quatre-B<c.u6. Perroo. Monra~ny.
Pignon. Mont Rond.
XIII. Chapelle. Du-MoM.
J.~ M~K. Cabane. Outre-Mont.
BELLE.
Cabanis. Tertre.
Demeure. Serre. Du Taure.
D'Hôtel. La. Serre. La Motte.
Cagniard.
Grand-Ma<(on.
Maifbn-Celte.
Sale.
La Sale.
Ma(ure.
.)
Font. ).
i°.JE~~jr*

La-Fonc.
Maiibn-Fleut. Des Mafures.
Mat-Maison. Fontaine.
Planche. Sept-Font~ine.
Des-Maifons. Planchon. Foni-Frolde.
VieM-MaitoM
La Planche* Fons-BonnCt
Maifon-Neuve.
Bas-Mai&n. 't < Ais. Font-Brune.
L'Hôpital. Font-Couvecte.
'-Gaze.
Mur. Sept-Fond.
La Caze.
Ca(ati..
Caza-Mea.
Du Mur.
Du Pan. S(i)
Fontane.
Fontaaes,
Fontanier. Buiffon. Ctaufure.
Aiguë. Du Butuon. Cukure.
Rivière. Breuil.. Cheneviere.
La -Rtviere. Du Breuil.. Verger.
Ruiucau. Bûche. Duvergier.
Du Rnitîe<uï. Forent. yardin.
Lac. Fore~ier. Desjardtns..
Du Lac. r La Foreft. Du-Jardin.
Rive. Du Taillis. t:fïars.
LaR~ La Peloufe. DesHfÏars..
De la Rive. Parc. De L'Etre.
Hame-RlYC. Du Parc. Haye.
1/EMng. LeP~n~. La Haye.
Viv!~ Du Pte~s~ Des Hayes.
Du'Vivier. Du Pleix. Haye-Neuve:-
L'EcluC:. Bruyere. FoUe.
Pui. La Bruycre. Fo(!e.
Dupuh CN~ABO~. DesFo~s.
Marais. LaFofÏe.
CHARBON.
Des Marais. y
~LL~Jt.
Carbonnel.
La Mare.
Charbonncan.
Du Port. VAH.EE.
Charbonnier.
Pons. VaL
Pont. ~°.C~~3TF~ Duval.
Du Pont. LaVaL
CHÀMPEAU.
Vieux Pont. Grand-Va!.
Dès-Champs.
Pont~CaHe. Petit.Vat.
Champ-Pofeau.
L'Arche.
Grand-Champ.
Ctati.V~
~o. JSO~ Champ-Mes! Combe.
Dupre. La Combe.
Du Bois. Des Combes.
DuBo~. Detpres.
Bois-Neuf.: Grand.Pre; ~U&O~D~
Gros-Bois.
)
Dupréau. C~MPS.
Defprcaux.
Bocage.
Pre-Font.dne. MAS.
Bocager.
Clos. Duma~
Du Bosquet,. Mattot.
Duclos.
Bocage.
Bou~uet<. L'Endos.. Du Meûu!~ j
Blanc-MefhiL Bourg. XV.
Grand-Mefnil, Du Bourg. !< /JEÏ/JC.
La Ba(Hde. Le Bourg.
Granges. Gf<md Bourg, Boui.z.
La Grange. Bourgeois. Bauche.
La Grangene~ (Jhâreau. Billard.
Granger. Chafteau~ Piquée.
Borde. Châcei. Cappor;
La Borde. Château-vreux. Doubler.
Des Bordes VieuC-Chare!. Sonnet.
Colombier. Neuf-Châreau. i". ~~rc~r/ov.
Colombeau.. La Tour. MAMN.
Ménage. Flotte.
Manager. p o A r La Galere.
Moutin. PORTZ. Bachot.
Dumoulin. Rame.
La Porre.
Des MoutinSf Des-Porces. Lac.
Mo!in. Baffe. Porte. Du Lac.
Moulinet. Portal. Mole.
Moitnes. Mo!é.
Portier.
MotyneuXt Du Mo!ard.
Four. < ~3f.r~~ La Rade.
Dufour. CHEMIN. La Pêche..
Fourneau.
Dû-Chemin. )°~~r~jr.
PreHoir.
Sable. DE L'E T A 1 N.
Du Prefloir. Sablon. Fer.
Chantier.
La Rue. De Fer.
Bergerie. Pavée. Defferre.
Des Bergeries; L'E~rade. Doré.
La Butte.
La Chauffée.. Dacier.
7". 6'~t~~M Ruelle. Dargent.
.N~~y~TJo~. La Roue. De l'argent,.
Le Chariot~ Liartt.
.VlI.I.E. La Borne. Liarder.
LaVille.. La Paufe. Quatre fous.
Bourgade. Le Voyer- La Monnoic~
~P~c~. Court-épée. 'Bourdon.
Brèche. .Bénitier.
Pl.AcB. Fumée. BJajtbn.
Des Places. Fumeron. Coquille:
La Place. Fufee. Carteron.
La Placette, Tournois. ~Chefheau.
Plan. Brette. ChefheL
Des Plans. Balifie. Chcfner.
Du Plan. Arc. ChauSe-ptcd.
Du Planil. D'Arc. Croue.
Gravier. La Flèche: Couronne.
La Grave. De la Flèche. Cerceau.
Graviere. Lcpee. Cabeftan.
Sablon. La Lance. Chevalet.
:Gater. Porte-Lance. Coquille.
XVI. Baifë-Lance. Corbin.
C R A Bouler. Cordon.
.GUERRE. Canon. Couture.
Guerrier. Bombarde. Grapin.
La Guerre. Picoler. Des Forges.
Barai!!e. Coureau. Gand.
Combat. Goyt. GadoH.
Lefcombats. Le Glaive. Lyege.
.Champion. La Marche. Landier.
Le Preux. Héraud. Hachette.
Cavalier. LaC.haf!e. Maille.
Pillard. Cha(Ie-!oup. Maillet.
Braconier. Chatïe-por. °
Pince-maille.
La Mort. xv il.
XVII. Marteau.
Taille-fer. JysrRyM~&c. MarteL
Tai!te-pied. BoiSSBAW. Martinet.
Bris-acier. BouSatou. La Marqo.e.
Tranche-Montagne. Briquer. Marre.
Tourmente. Bizeau. Miroir.
Tricot. B:on. Mortier.
~eche-cpee. Broche. Ma due.
~aquc~cpce. Boiûe. Pitoo.
)~'
FaraM. La Blancherie.
La Ponerie. BADAUD.
Riche.
La Cloche. Poireau. Le Riche.
La Bro(~e. Barreau. Richard.̀
LaSetle. De: Bureaux. Ris.
La Chaire. Germain.
Barre.
Le Chandelier. Barré. Saugrain.
Plume. Barriere. Saillant.
Plumette. La Barre. Tron-Jo!y.
Pinceau. Des Barres. Poirée.
Rabaud.. Bairafort. Porte-Bife.
Retz. Babitle. Chevittard.
Robiner. "Befbgne. A!gre-Feui!!e.
Robineau. Bottée. Bord.
Rubis. Bourbier. Travers.
Y voire. Bourde! Prud'homme.
Serran. Bourgevin. XIX.
TerrafÏon.
De Vin.
Pailtauon. Lef<<'chevin.
~fz-P~y~.
Pile. Atlemand.
Claret.
Des.Pi!es. D'Allemagne.
Erremens.
Paquet. L*Angtoi:.
Haut-Pas.
Balor. D'Anjou.
Faix.
XV 111. Gaucher, D'ArMis:
Gaigne. D'Arras.
~r~GB. Garre. D'Avignon.
De Goutte. D'Auvergne.
MiDT.
De la Goutte, Bayeux.
Mal-Midi.
La Garde. Berne.
Orient. La Commune. Berry.
La Barriere. Bohême.
La Croix. Boulogne.
yENtE: La Datte. Bou!!eno!s.
Des. Ventes. Le Grain. De Bourges.
Marchand. Le Gain. Bourgogne.
Le Queux. BourgutgnonJ
Merc&tor. ·
Bre~c. S. Romain. Jean.
Breton. ,Rouen. Jacob.
Bretagne. Savoie. .Luc.
Champagne~ Spire. Du Lac;
Cologne. Thurin. Levi.
Corbeil. Touloufe. Louis.
Cornouaille. Touraine. Lazare.
Dorar. Tournon. Manuet.
D'Espagne. Vienne. Martin.
De Flandres, Villeneuve. Mathieu.
France. P'U~z. Marc.
Florentin. Miche!.
XX.
Ga))e!. Moyfe.
Galice. ,Noms de F~<~ Mariane~
Genevois.
Grenade.
~KJ Noms ,Nicole.
DEMAISONj. ,Noe.
Guerer. Pau).
Jourdain. ABBAHAM.
Philippe.'
Jourdan. ~.dam. Richard.
Limouun~ Agar. Simon.
Lombard. Alexandre.
.5a!omoa.
A ndré.
Lorrain. Samfon. °
Madrit. Antoine.
Thomas.
Mezieres, Bactheiemy~
S. Etienne.
Milanois. BanHe.
Ba![ha(ar. 6. Jean.
Du Maine.
Cazimir. S. Germain,
Marfeille.
Charles. $. Florent.
De Meaux.
David. S. Luc.
Normand.
Danie!. S. Maurice.
De Normandie~
-Etie. 6~. Marche.
Nyon.
EHenne. S. Paul.
Paris.
François. 6. Vincent.
Poitevin,
Grégoire. Se.Beuve.
Picard.
GuiHaume. Cotas.
Rome. Colin.
Romaine Henri.
<~o.!e[te<
Colette. Doubl-Et. Sylva.
Guillot. Sonn-Et. Sylvius.
XXI. XXIÎ. Marius.
Darius.
DIMINUTIF! NOMS. RufHn.
ou ~!oM~ry~. Jubar.
NoM!EM LENTULUS. Sutor.
RANCON-ET. Marcel. Textor,
Tacon-Er. Con0:antin. Virgile.
Trubl-Er. Curtius. ~ure!e.
RoufIcl-Ec. Fdix. Mathon,&c.

.~M~%7!~<'<jr <~M.f <f«M~~ Ccn~M.

I! n'eft pas douteux que fi nous rainons les mêmes recherches chez les au-
tres Nations Européennes, nous ne retrouvaHions les mêmes u(ages, & nous
ne puCtons former de leurs Noms des Tableaux pareils que nous n'y trou-
vanions également des preuves de l'antiquité de ces noms, & qu'ils furent
presque toujours (!gnincati~s.
~inf! les Nations Germaniques font remplies de noms ngnincan~.
Wolf, Loup.
Schwartz, 'Noir.
Schmidt, Maréchal.
Schnider, Cordonnier.
L~Itatie onre une multitude de pareils Nom:.
Borzacchih!, e<pcce de bottine.
Bafilloti, Barillot eipcce de pétitle.
Zanchi, e~pcce de pique.
Rocchetto un rocher.
Benenati, bien-né.
CAVINSACO, tête dans un fac~
Cava-Zochi, extirpe-fbuchet.
Rufus le Roux.
Rabbia la rage.
Dt~ ro/M. J. T c
La petite Bretagne nous onre une ïnuinmd~ de Noms Ggnificatifs dès le
Xe. f!cc!e.
Bonus GaH)<, bon ~dec.
0
Acha~an.t acherc-âne.
Bornus, le borgne.
Bledic, le loup de !oup~
Bra.n, corbeau.
Canhiarc, belliqueux..
Caphinus, châuflon.
Dfiken, be~u-miroir~
Imp~jorardu!~ l'Empiré.
Tofardus tondu.
Curvus le courbe.
Les Auteurs de !'Hi~o!re de Bretagne conviennent eux-mcmes qu'il exi(te
dan~ cetre Province nombre de Noms de Pamittes nobtes, qui dans leur cri*
gine femb!enr n'avoir ère que des fbbriquets têts ~nt eesNionM, dirent-ils ( t)..
Tourne-borde. Trop-à-de-ncs..
Le Char. le Diable..
Bon-gars. le Large..
Boivin. Efcarcetie.
Trouffe-l'âne.. Te[e-verte.L
Chauffe-bouc. Lafchepied.
Pince- guerre. Brencur.
Travers. Mâle-terre.
Pitte-voinn. Pille-vilain..
Cornu. Ata;(ë.
Pitte-gaceau. Dure-deilt.9 &c*.
Champion.
Dans !c IXe. ncde la term!na!<on os ctokconfacr~e en ~Bretagne pour les
Noms de la NobleOe. Nommoe, Eritpo~ Riskipo~, &c.
Le Languedoc o<Ke audi divers noms Mgntnca[i6ou~obfiqueM. Des!e
IXc.fiecie on y voit des per~oonages. appelas

( jmi. _tj
i ) Mém. pour fervir de preuves à rHtHotrc de
17'tt. Tome I.
h
-n~i. ~L-im

Bretagne, par Dom MoRtCX~


E~peran-Dei, ou Efperan-Dieu.
Homo-Dei, l'homme de Dieu.
Longobardus, Lombard.
Denderius, le Dénreux.
~'«nc Chronique ~e C<t/?rM relative <M T~e Siècle.

Le Célèbre Batuze avoit vu une Chronique de Cafires compoiee par un


'nommé Odon Ariberr très-glorieux Chapelain du Palatin Guernici, & qui
~eroit une excellente preuve de la vérité que nous cherchons -à établir, n l'on
pouvoit démonner qu'eUe n'a pas été altérée, ou qu'on n'y a pas infcrc des
faits faux.
Elle rapporte Que Bernard, Duc de Septimanie, ayant pris le parti de
Pepin II. contre Charles le Chauve, celui-ci envoya quinze cent Cavaliers
& cinq mille hommes d'In&nterie dans la forêt de Lavaur, & dans le Terri-
toire d'Alby, qui y mirent tout-à feu & à fane qu'alors Gaudouin, Evêque
d'Alby, Atphonfë de Vabres Seigneur Mandeburgique des Montagnes
de Caftes, ayant réuni leurs Troupes ccrmre les Car!ov!ens, ils tomberenc
fur eux & les dénrent presque entiéremenc, à un gué de l'Agoui, nommé le
Gué Morin qui en fut appellé depuis ce moment le. Gué du Talion (en
langage du Pays, Gui-Talent, Ville ou Bourg actueltemenc exiitant fur
i'Agout).
Nous voyons donc ici un A!phon(e de Vabres Seigneur Mandeburgique
des Montagnes de C~res. Mais, dirent tes Hiftoriens du Languedoc, « qui
? eff cet Atphonfe n'ëft-il pas évident que c'e(t un nom (uppofe On fait
» que les noms propres & les. titres de Seigneuries étoient inconnus fous le
règne de Charles le Chauve
Non on ne le fait pas d'une manière qui foit fans réplique 6f u cette
Chronique n'a d'antre preuve de-~o~téque-cet)c~Ia, nous poumons foutenir
hautement ton authenticité: le refus. d'admettre en .ceta~bn témoignage ne
(ero)i qu'une pétition de principe i! n'auroit nul fondement.
Cependant comme ils conviennent que le nom de t'Evêque d'Albi qui
accompagne celui-!<,n'cft point Cuppofé non plus que le nom de Samuel
Evêque de Toulouse, qui eA emptoyé peu après, pourquoi le nom d'Al-
phonfe de Vabres fe trouvcroit-it feul faux ?

< t ) Hia. du Lang. T. I.


Quant au titre de Af<M<~w~yM, il c(t Theuton & vieux François, rbrme'
de Tt~H~r~, Patron, défenfeur du Bourg dans les Ordonnances de
Philippe le Bel on voit Maimbournie pour protection y patronat, détente.
De-là le nomdeMAiM-BouR.G ngnincattfpar-tàmême.
Cette Chronique ajoute que peu de tems après Charles le Chauve ayant;
fait la paix avec Bernard~ il poignarda celui-ci au moment qu'il lui rendoit
vifite dans le MonaAere de Saint Sernin à Touloufe en 8~; quet'Evêque
Samuel t'enterra au bout de quelques jours, & qu'tt Et mettre <ur fa tête cette
im&ription en vers vulgaires

A<n jay I< Comte Berna J, te Comte HeTMrd eft ici coucha
9.*

Fifel credeire al fang facrat Fidelle à croire au fang (acre


Que fempre prud'hom és cHat y Toujours vrai preux il a ece,
Preguen la divina bontat, Prions la divine Bonté
Qu'aquela fi que lo tuat, Que celui qui l'a tué
Pofqua foy atma aber falvat. Puifre avoir fon âme fauve.

Intcription contre raquelle on s'Infcrif également en faux, peur-être au(H


trop légèrement (ans ce!a, on pouroit 1~ regarder comme le plus ancien mo-
Mumcnt exilant de cette langue.

Noms perpétués dans lés Famillès au 7~ ~e/<


Les Savans Ht~oriens que nous venons de Gtier nous in~ru~nc d'un
fait d'autant plus inccre~nt qu'on peut le regarder comme le paCage de Fan-
tien ufage à celui des noms de Famille.
Ils nous apprennent que deste IXe nec!e~ les. noms fe perpétuoient dans
tes Familles il n'y avoit plus qu'un pas pour les noms de Famille.

)t) Hi&. dutan~. Tom. I. preuves. p. 71~.


~M<rw </< Raimond Comte </< Touloufe, pour fervir de y~~ aux Monu-
M< ~r~pr~M~ la pag. 119 & fuiv.
En parcourant l'Hiuoire du Languedoc pour y chercher des faits propres
a répandre du jour fur les quêtions que nous traitons ici, nous avons ren-
conné plus que nous ne cherchions un de ces faits que nous avons dit qu'on
pourroit trouver en fouillant avec foin dans les monumens peu connus du
moyen âge une nouvelle preuve de l'antiquité des Armoiries. C'en: un (ceau
Armorial du Comte de Tou!ou(e de l'an i oSS. antctieuc pat contequcnc
de <ept ou huit ans au premier hgnat des Croifades. Ce font ces HKtorlens qui
vont parler.
Raymond de Saint-Gilles Comte de Toulouse ( t ), portott croix de
Touloufe en plein dans fes Armes, quelques années avant qu'il fe croifàr
pour l'expédition de la Terre-Sainre. C'eft ce qui parait par ton (ceau pen-
dant à la charte qu'il donna en i o!{8. en faveur de l'Abbaye de S. André
d'Avignon & que nous avons inférée dans nos preuves. D. JÉRÔME DEiDiER.
notre Confrère, qui nous a envoyé tes variantes de cette charte prifes fur
l'original conferve dans les arehtves de cette Abbaye, a fait deutner exacie-
ment te fceau qui e& en plomb y & nous le donnons dans ce Volume, avec
les autres Sceaux de la Mai(bn de Toulouse & de la Nob!ene de la Province~
J! eft vrai qu'il n'eft pas fait mention de l'appontion du fceau dans t'a~e
mais nous en avons des exemples. dans quelques autres chartes de Raymond
de Saint-Gilles, oui! a !Mt certainement appofer (on fceau, quoique cela n'é-
toit pas exprtmé dans t'aete. Telle e~ !a charte que ce Prince donfra en 109~.
au Concile de Nifmes en faveur de l'Abbaye de Saint-Gilles, qn'on peuc
voir dans nos preuves, & où il n'eft rien dit de i'appontion du fceau, lequel y
rut néanmoins appose, comme il eft prouvé parle témoignage que Raymond
Evêque d'Apt rendit à ce fu]Ct en n t vidi /«/nM~M guirpitionis
ï ) Raimundi Co/M~ ~0~/Z~M/7!,
M
H re(u!te de ce que nous venons de dire, que les Armoiries des grands
Seigneurs commencerent à être en ufage quelques années avant la première

(t ) Hi<t. du Lang. Tom. V. pag. ~So.


fi ) GuiRpiTio mot latin Barbare qui f?gn:He ~t/~ment, adM~~Je d~!er i
ionnë du Verbe Got&PlRE dont nous avons fait deguerpir.
Croifade à la fin du XIe ncc!e; & nous ne croyons pas qu'on puine rien trou-
ver de plus ancien fur ce ~ujet, que !e tceau de Raymond de Saint-€H!es de
l'an i o 8 S. Ain(!, s'il prit les Armoiries qu'il tranfmit aux Comtes de Tou-
louse avant qu'il partît pour la Terre-Sainte U eft toujours vrai de dire qu'H
~ut le premier de ces Comtes qui en ait eu
I! eft donc démontré que les Sceaux à Armoiries font plus anciens que les
époques qu'on leur afEgnoit ce qui n'eu: point indirRrenc ) puifque dès-
lors des Chartes dont on n'auroit rejetté l'authenticité que par ce motif, ife
retrouveroient en poCeilion de tous leurs droits. C'ett ainf! que rien n'eft inut
tile en fait de vérités.
E XT R A 1-T S
JPi: %M<MM f, f A ~AJtfOJ! Anglois, relatifs aux Armes
parlantes & aux A~M~.
Au moment ou nos Recherches fur le BlaCon & fur les Noms ninifÏoient
d'être imprimées, M. le Comte de SARFiELD nous communique quelques
Ouvrages Anglois fur le Biafon qui nous étoient échappes ceux de Nicolas
UpToN fur l'étude du Blafon; de Jean du Bain d'or fur les Armes, (Ouvrage
qui doit être du, même Upton); le Traité du célèbre ~n~ SpELMAM fur
le mcme ob~et hiriruté ~~t/~M ou Traité du Bouclier les Noces d'E-
douard de BtssE fur ces divers Traités (<).
Nous y treuvons nombre d'Armes partantes en ufage parmi la Nobtede
Angtoife comme elles confirment parfaitement ce que nous venons de dire
fur cette matiere, nous avons cru que nos Lecteurs verroient ici avec d'au-
tant plus de ptaiur quelques-unes de ces Armes partantes ,-qu'eHes deviennent
une confirmation de nos principes, d'autant plus forte qu'elle nous vient
d'au.deta des Mers, &: d'une Nation rivale.
SwETiNG. (de~w«~ doux agréable ) d'azur trois violons d'argent
le manche tendant en bas vers la pointe.
BonEN ( de Bull, ~Mre<!H) d'argent au chevron de gaedes, accompagné
de trois têtes de boeuf de fable.
Le Pape AcRiEN IV. Anglois de nainance fous le nom de Nicolas Break-
Speare ( lance bri(ee ou brife-lance ) portoit de gueules a la lance
brifee d'argent.
RAMME (de Ram bélier ) d'azur à trois rencontres de bélier d'argenr.
RAM-SEY ( du mêmf ) de (ab!e au chevron d'argent, accompagné de
trois têtes de bélier d'or.
LOMBARD (def< agneau) trois agneaux d'argent autour d'un chevron.
LAMBERT, les Cadets de la très-ancienne Maifon de Lambert dans
Je Duché d'Yorck, trois agneaux d'argent.
LAMBTON de même autour d'une ra~ce d'argent.
HE~R~c, trois hcnuons d'or en un champ d'azur.

(i) Londres, fol. «ï~


JLovET, d'argent à trois Loups.
Hu~GAT de A<w~, chien ) trois chiens de chane, d'argent.
BORE ( de bore, fang!ier) de gueule au Canglier paffant d'argent.
BoREs-HsAD ( fête de (angtier ) de <ab)e à la tête de Canglier d'argent.
SwtnEY ( de Swin, cochon ) trois fangliers fauves d'argent.
fiTz-URSE, d'or à un ours paifant de fable.
BEApE ( ds beer, ours) d'argent à un ours de fable en pied.
PART ( cerf de cinq ans ) de gueules meniele d'azur à trois cerrs d'or.
CAMEL d'azur à un chameau d'or.
Autre, de fable à un chameau d'argent.
Autre, d'argent à tro.is chameaux de fable.
ARONDEL, de fable aux hirondelles d'argent, parce qu'on les appelloix
arondelles en vieux François.
SwAn.ow (hirondeHe) trois hirondelles de fable aux ailes étendues.
TRouTBEç trois truites d'argent.
GoDoi-rniM ( en Cornouaillien, aigle blanche ) de gueules à une aigle blan,
che à deux têtes & l,es ailes étendues entre trois lys blancs.
ToNSTAL, de fable à trois peignes d'argent.
Woo~F~ ( tpup ) de fable à deux loups d'argent,
OLD-CASTLE, (vieux-château) château de fable avec trois tours.
CASTEH., tro~s châteaux d'or,
BowES ( arc ) ou des Apcs, i!!u~re HmiHe~cque~re qui descend d'un
Guillaume qui Alain !e Noir, Comte de Bretagne & de Richemond,
J
auXUc. necle, permit de porter l'Ecu de Bretagne avec trois arcs e'e~
à-dire, d'hermine! à trois arcs de gueules cordés de fable pofés en fafce.
CAPRAVin-E d'argent à une chèvre grimpante,
BuxTOU un bouc grimpant d'argent.
DE LA BEscnE, trois têtes de cerf d'or dans une bande de gueule au champ
d'argent.
GRtFiN, un grinon de fable, &c.
MET-CALr, ( de C~, veau ) trois veaux de fab!~
CALF trois veaux de gueule.
CALVtni, trois veaux de fable.
CALVERLEY trois veaux d'or.
VELE trois veaux d'or.
,AsKEW trois ânes panans de fable.'
AscouGH trois ânes d'argent.
Ascuz
AscuB, trois têtes d'âne.
HERON
un héron d'argent,
-Aurre en Lincoln trois hérons d'argent au bec d'or.
BEESTON, ( de abeille ) ~Ix abeilles de fable.
SvARKH
gueule.
( de ~< cigogne ) une cigogne au bec & aux jambes de

CApENHURST trois chapons d'argent.


MoELfs une mule d'argent.
BOTEREAUX d'argent à trois crapauds de fable.
CoRB~ï d'or, à un corbeau de fable.
COLT, ( poulain ) trois poulains de fable..
<~HEVAi., tête de cheval d'argent au frein de gueule.
HORSEY ( chevaf ) trois têtes de cheval d'argent.
RAvENs-CRotT ( r<:M<n, corbeau) d'argent au chevron, accompagné de
trois.tcces de corbeau de fable.
ArnBT ( d'~c/, pomme ) d'argent à une bande de (abte, chargée de
trois pommes d'or.
PoTTs, d'argent à trois petits pots de gueules.
DoGGET deux dogues d'or en un champ d'azur.
Bui.Ki.EY de fable à trois têtes de taureau d'argent.
Bm.o, ( oifeau ) d'argent à la croix cantonnée de quatre merlettes de
gueule.
CoNEsBv de gueules à trois conni!s ou lapins adis à la bordure engree-
lée d'argent.
Une ancienne famille ~que~re de Lincoln qui accompagna Guillaume-le-
Conquérant en Angleterre porte le même nom Corn, & trois lapins
d'argent.
CocKAYN trois coqs de gueules dans un champ d'argent.
STouRTON ( de S~~r rivière, (burce ) de fable aune bande d'or, accom-
pagnée de fix fontaines au naturel.
PARTRiDGE trois perdrix d'or.
Apwi.ToN, ( d'<~< pomme) trois pommes de gueules en un champ d'ar-
gent, très-ancienne famille eque~re de Norfolk.
DovE ( colombe ) de fable à ta &fce vivrée d'hermines, accompagnée de
trois colombes d'argenr.
PtPE (trompette ) d'azur ~eme de croix à deux trompettes.
MAiNARD trois mains gauches de gueule en un champ d'argent.
Z~. r~.7. V v
QuAtRtMAiMs, quatre mains droites de gueuleautouT d'une bande de
fable en un champ d'argent.
TREMAS trois bras ployés emmanchas d'or.
MALMAtNB, trois mains gauches d'argent.
BoR-LASE, deux mains qui caflent un fer à cheval. Le Chef de cette ramille
étoit Seigneur de Taillefer en Normandie.
SpEiMAN observe ( ) à ce ~et, que les Armes parlantes font autll.na-
cicnncs que. les autres ,n même eUcs ne ~t paa les Armoiries les plus
anciennes.
Il rapporte toutes les Cérémonies qui étoient ordonnées pour la réception
d'un Chevalier du Bain représentées en vingt-quatre Tableaux- elles fonc
très-curieufes par leur multiplicité & par leur Itaifon avec les cérémonies R,eli-
gfeufes.Le Récipiendaire, entr'autres chofes, devoit avoir les cheveux coupés
en rond c'éroit l'oppoic des cite vêtus.
Nous n'avons d'ailleurs rien trouvé dans ces Ouvrages qui tï~ propre à ré-
pandre quelque jour iur l'origine & fur l'antiquité des Armoiries. Ces Savans
d'outremer ne font pas plus avancés que les nôtres à cet égard ce. font les
mêmes vérités & les mêmes ténèbres ainf! nous ne changeons rien à ce que
nous avons avancé jufqu'ici & f) nous nous fornmes fi t~/rt écartés en cela de
tous ceux qui jufqu'à préfent ont difcutc ces quedions, ce ne fut, jamais par
amour pour les paradoxes, mais par zele pour la vétité, & pour notre propre
in~ruction avant tour, enfuite pour celle des autres; convaincus que celui qui
a été adez heureux pour qu'une vérité fe foit manifestée à fui-meme, ne doit
rien négliger pour la faire connoîrre aux autres cette manir~adon éranc
par elle-même une million ïumfanre & fupérieure peut-être à toute midton
humaine celle-ci ne pouvant porter que fur les vérités déjà connues, & non
fur des vérités nouvelles comment en effet donneroit-on midon en faveur
de ce qu'on ne connoït pas ?t

(t)PageSf.
DC/BOUCLIER
D~A C HI L L E
c~r~ PAR jy <9 M

11" 'w
Jj~oMERB, toujours admire,
d -1 toujours critique, (e
1".
trouvera ~ans
1". Jr.
cène
<uf nos pas dans nos Recherches fur le Monde Primitif plus prcs du berceau
du genre humain, févère observateur du cofiume & des utages, nous de-
vons trouver dans fes Pocnes immortelles des preuves abondantes de nos
découvertes fur l'Antiquité. Déjà nous avons eu orca~on de le citer quel-
quefois, même dans ce Volume, au fujet des voyages des Phéniciens autour
de l'Afrique. Nous attachant actuetkment à un morceau plus connderable,
nous allons expliquer l'objet du Bouclier d'Achille dout cet iHunre Barde a
peint les divers Tabtcaux qu'u fuppofa que le Dieu des Forges Vui.cA)M
<poux de la GRACE par e~ettence y avoit tracés de fa propre main.

Ce fameux Bouclier a nxc l'attention des Savans. Les Ennemis d'Homère


t'ont critique comme impraticable dans ~on exécution. Ses Admirateurs
t'ont rait peindre &: graver pour venger la gloire du Poëte d'autres ont
fait voir combien il croit Supérieur aux Boucliers chantes par Hcuode &
par VirgUe, &: attribu(s, l'un à Hercule, l'autre à Enée. Mais aucun n'.t
pu nous apprendre quelles vues avoient dirigé ce giand Poëte dans le
choix des Tabteaux dont il a compote ce Bouclier.

C'eA par ce but cependant qu'il tient à nos Recherches; & ce n'eft que
fous ce point de vue qu'il peut nous incerener. Peu imporreroit fans cela cet
épifode du Pcëre Grec, & la manière dont d'aurres l'om imité. Nos Prin-
cipes & nos Recherches précédentes nous ont fait trouver le lien commun
des Tableaux variés dont Homère tbrma ion Boucher: aucun d'eux n'eu:
Vvij
arbitraire, ils font tous donnât par la Nature l'habileté du Poëte ef): d'avo!f
thoid un fujet &uCi riche que fimple qui lui fournit par tui-mcme les ima.
ges les plus agréables, les plus riantes, les plus nombreuies, les plus diver~Ecc:r
on pourtoic dire Le Tableau entier de la Société civile.
DivisiON.
Nous donnerons d'aoord Pexpontion du Bouclier.
Nous l'accompagnerons d'une explication à notre manière..
Nous rapporterons ce qu'on en a dit.
Nous parlerons des Boucliers d'Héfiode & de Virgile.
Nous \ertons~eb rapports tegnent entt'eux.
ARTICLE
7'j~rf~ jDBM~~r~ ~j;c~
I. t~ jBo~c~rjm po~A
c tr
Achille venoit de perdre ton cher Patrocle il veut venger fa mort
mais il n'a point d'Armes il avoit donné les fiennes à Ton ami afm qu'il pût
repouÛertes Troyens & ceux-ci s'en font emparés après la mort de Patrocle.
Theus la mfre d'Ach)t!e, penctrée de fa douleur, vole au Palais de Vulcain
pour lui demander une armure à toute épreuve en faveur de ton fils.
Ce Dieu des Forgerons lui en promet une qui remplira d'admiration ttW
ceux qui la verront.
B 0 U C L IE PL D'A CH IL L E.

~f ~<y C<UTH t jSt


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Ta~ <r'tf -S'~p tïpt~t Xt~t~M Te tp~~t~*
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nayTc<oytu~pMycy c<uT~my t~~n~fU

AM~ft ~<ty cWtt/<)afï< w~pt~(~tt'< ft~~eït J~Tt )


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X~Axoy ~'tC <c~< ~ctA~ty <tï6<pt«} <t«e-MTtp6y T<t
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cc~yt 's'c?~«{ /n'pe~My ctyO'pH~-Mt
KttÂtty
BOUCLIER D" AC H 1 L L E.
S E S ~r~jR~T~y~.
Vulcain entre dans Ca forge il en difpofe les fbun!ets
il leur ordonne d'allumer le feu
vingt fourneaux font embrâfesa à la fois par leur fouffle doc!!e,
toujours a(!orti à Ces denr: & à la nature de fcs travaux,
tour-a-tour rranquiite & doux, impétueux & terrible.
Vulcain jette enfuire au milieu des flammes ardentes
des barres entières d'airain d'argent d'or précieux
il prépare une énorme enclume,
il fe. faifit de fortes tenailles & du pefant marteau/

FORMEE D U BOUCLUR.
Ce divin Artifte commence pac un Bouclier vafte & fo!ide
il y déploye tout ton Génie
trois cercles d'un or éclatant en composent le contour
une cour: oie d'argent y eft attachée..
Cinq plaques pofées l'une fur l'autre forment l'épaiueu!: de ce Bouclier
il en diverfifie les Tableaux avec un Art étonnant.

LtSS DBUX CERCLES tNTERIEURS,


Le centre offre aux yeux éblouis, la Terre,
!e Ciel & rOccan
le Soleil infaiigab!e dans & courte,
la Lutie. en ton plein
les Signes qui forment l'en ceinte des Cieux;
les Pteyades, les Hyades~ le redoutable Orion-,
!'0urfe que le vulgaire nomme chariot
elle tourne en obfervant Orion
feule elle ne jouit jamais des bains de FOccan.

III< CERCÏ.E~ CONTENANT XIlTABLEAui.


Deux Villes ftiperbea font enfuite peup!ees d'Etres animés.
Ey TH ~ttV pft ~ct~0< T't~V «~tt~<~< Tt'
Nu~tt: <tH ~-ctÂtt~MV tteU~MV j7ro~«/~ye~ny«Mt
t
H~«~'<t)'<c<?~) ~~m ~J~t<y<Mcf epMptt*

XHpo< J~cp~s'Mptf t~ytoy <)'


~'«pttTe/M)'
Au~a< ~jM~t.f Tt ~otY <X< eu dé ~~V~'t
ISN~tyf~ ~u~~cy ttM 'arpe~pe~~ t'xtty)).

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~pNpM Joe <f~tY<~)t: ~«)tt6t t!yt!tCt TTC~tt;
Ay~6f Ctn'epBt~ttXK /my <M~<Te 'CCttT ctTrc~~t
A)t/<M< ~«pwa'XMy e J'et)fo:/y<Te /~))<fi)~ t~<{&<<

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Kt<ïo ~«p'tt~ ~«~c<M Jbe ~p~«e Tet~tt~T~,
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J~
1~ TA B LE A U.
N 0 C B S.
Dans l'une on voit un marhge & des Mm*! (otemné!~
De jeunes Epoux écrient de leur chambre nuptiale
~ts s'avancent en pompe à la lueur éclatante des nambeaux
tout retentit du nom de t'Hymenee: de jeunes gens forment unedan~e rapide
:les joueurs de flûte & de lyre les accompagnent du fon de teursht~nunen~
les femmes accourent en foute aux portes de leurs m<nfon:
elles ne peuvent afïez admirer ce ~pe~ac!e.
Ile
T A B tE A U.
ASSEMBLEE ï> U P B U P B.
Un 'Peup!e nombreux eH rafïembi~ dans la place publique:
c'e(t pour iuger un grand procès.
Deux hommes dtfpuienc avec cha!eur pour le rachat d'un meurtre?
l'unjurequ'iiatoutpay~; rature, qu*it n'a nett reçu r
tous deux offrent des témoins ?
ide Peuple les applaudit àmefure <)u*i!ypaf!eor<

.111~ T A B L E A U.
S B N A T.
T)es T~eraurs s'avancent, ils font rangerle Peuple,:
de vénérables vieillards viennent à leur fuite, (e pfacef
-fur des pierres polies qui forment un cerctëbrtHxht~
chacun d'eux reçoit un tceptrc de c<~ Hérauts
ils fe lèvent chacun à teur tour, & donnenc!eor Svts':
milieu d'eux font deux ta!ens~ d'u~ pouï ceisi qui ~ura le: tmeux ~age,
au
IV. T A & JL E A U.
V I.t'B As~TtB'GBB. i..
Deux Armées refptendinantes parrectatdeîeurs armes,a~cgent (.autre Ville.
jDejà divifées entr'ettes, rune veut qu'elle foit mife au pillage:
.i'aurre, qu'on tafte un partage ~ga! de~graadc&ftche~es.
~Cependant les Antcgesfeprepatent à. une embuscade
leurs epuufës chéries, leurs jeunes-gens accauren~ fur les temparts
.syveU!ent~avec!esvieit!ards~akSretc~uM!que~
.tandis que leucs Guerricts &rceut oouc leur expédition.
Xx
0~ J~«y o~t <<'p~ e~y Apof na~~<tf A~~x s
A~t~ ~p</fMMt XfMM«t <)t Ï<~MT<t ~f&))y
Xtt~M ){~ ~M~t~N ~hy T<U~<M)) ~f T< ~tM ~<~
A/c ap~o~M ~ctet <~ Jwt~~ettt
oftt~*

0~ <r< <~ p'M«vc)' ~wv «x< A~xf~,


Ey tMH~MM., 6~< T'ctpJjUtt tt)V -~«XT~iTOt ~CTMMt*
E~tt ret ~e)fT~t<Â~tye< <u~<~ ~ftÀxM
Te<~ J~t~MT et7rct))<h9t Jue ene~ct Mtt're ~«M~~
~t~t~6< 67fW6T< jMM~ <Je«tïe <}xc<t ~f~
0~ <!<
Tct~ct '!?p'6~ty6VTet JuM
J~t~ ~ecre ya~tC
TtpTrc~~y~ ~x~ ~A<)r ~HT< '~petcoM)).
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0' ~nv Tt< 'arjCt~eyïtt <~«!)!eV j MX~ J~
Kft'Ttt
Tft~tcyT <<jM~< ~6NV ft~t~ctf -~N<ct «t~ft
Ap~-t~Ny c<M)' )tT«yey J~'M ~tt~t~oTOpttc.
0< J''Mf «x t~M~eyra 'Bre~f~ )t<Âc«Jey T«p« ~HM~~
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tp«M)' ~ew<po~3'< xft~)tMt)te<y a~~x* <w~H)t
BttyTtf «Mf/~cJ~~ ~«TtX~oV et<<{'a OtO~TO.

ST)t~«~tty~ <~tjMt~efTe ~V
wt-r~Me -srctf'e~St~ t'
Bet~c)' 'et~Xx~Hc ~~impt~f ~~t~)W)t*
t)' <Bp<f <y Ku<e~6C ('«ft tf J'*e~c)t K"
A~ÂcV ~NeV <X~~ YtHTetTeV~ et~~et etHTtT.
A~~ev Tt~)U«.n'<t <MtTc< ~to~V tX)t< ~~«îy
t/~Mt J'<«jM~'M~t6<M Jtt~<y<<y <t!~c<T< ~MTtt~
~~t~y ~M?* ~Mf< ~p&TMt ))J''t~Mt~)'T<t~
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E)t <f'tT<6« ~Mt)' jMtt~fMaV)
'!M«~ ttpKp'~y,t,
tupt/~t "rp~e~eT, 'cc~M ~«poïtptt orctM-o~r
Z<fy« A~eyref tX«?~te)f <~« <~
Ct tTrcTt yp~t~Ttf !te«tT6 ~(tf ~K~<X<<6{ «t<
')'
Mars & Minerve marchent à leur tête
on les voit peints en or, l'or brille tuf leurs habits
leur beauté mate, leur taille avaniapcufe leur armure éclatante,
les font difUnguer [ans peine entre tous ceux qu'ils animent.

Vec T A B L E A U.
EMBVSCAD:.
Arrivés aux bords d'un Fleuve où les troupeaux viennent s'abreuver
chaque jour ils fe cachent fur fou ri vage deux des leurs
ptaecs fur une éminence guettent l'approche de ces nombreufes bande:
on tes voit paroître efcorcées de deux Bergers,
qui fans défiance fe réjouiffent au (on de leurs pipeaux.
Vie TABLEAU.
C 0 M B A T.

On fond fur eux, on enleve leurs bo:u(s & leurs brebis ils peri(Ïent.
D~t cris aSeux parviennent jusqu'aux Affiégeans.: ils accourent,
leurs chevaux s'avancent d'une courte rapide déjà t'ennemi e& atteint.
Les bords du Fleuve deviennent le théâtre du combat le plus (anglant
de tous côtés volenr les piques d'airaih !a discorde te tumutte
Ja Parque cruette exercent leurs ravages dans tous les rangs
fa robe de celle-ci ruffelle de fang
elle tra!ne par les pieds un homme déjà mort;
elle en faifit deux autres l'un eft btefic,
an trait fatal eA déjà dans l'air prêt à fondre fur l'autre.
Ce Tableau eft vivant, tout y eft animé
Gn en voit les divers personnages fe douter les morts avec acharnement.

Vile T A B L E A U.
LABOUB.AGB.
Plus loin eft une va(te campagne, la Terre en ett graffe & meubte.
Pour la trotf!eme fois de nombreux Laboureurs y font pauer leurs charrues.
Revenus au bout du fillon on leur préfente une coupe d'un vin exquis
ils recommencent leur travail avec une nouvelle ardeur,
X x ij
AeM~ t~~y TorT6<d'a <~
ct~ttpEmfAJY
~OITJ!t' aY»p
çp~~·xa~xoY ctf'c~n«
ypt-M'xcv av' oy~t.eu t.
'It.Mt)f6< ~MO/O j6c<&t<))t-Tt~9'CÏ <tt~C(~.
H Jt ~M~ïtT' a~<&~y ft~pc/~ttH Ji) <NKu

XpUfMX <Ctp <Mtt.' TO. J~~tp< ~f~ tTtTttttTCt.

Ey ~'tT<8M T~M<V6{ j8<t8~!t'ey <)'9'<t<<p<3'6<;


H~Nf c~u~f Jpt~et~c ty.
~p«~!tTCt<r'e<«~ttT e~jMCy tW))Tp<jM!< 'af<~T6y
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TpMf ~c<p* <t/~Mo<ftT))p6f t~~ft/f~)' c<fïttp epr~&.t
n<'<J'<f<<3-~6)'Ttft <v_ct3'M~<<MM~!peyTtf
A~tp~tt ~ftf<A<m
<?<tp<~6V <)' T6~< MN~N)
2«)~p0f t~~ '?)')<« t'!t 6~~tH ~H9i)~yof XOp*
KttpfKt! J~ttTrct~tu&ty J~a
J~T* w(Va)Mre*
<tp«~

Btfy <tp<uM)'Ttt ~tt~v, e~p(M'et)'f«<h ~tc.:


A«~cy <p<8MM))t~t«x'«~~Tct'~c~f<ct<~f)tet*.

Ey <~<T<0« ç'ct~~thT~JMt~tt ~<8t«r~ tt~MOy~.


Kf=~")'} ~p~Miy ~t~<tftf J'<~« ~CTpUtC M0'tt))*
EyXKU <~ )t«/~< ~ftjMTTtptC «p~UptM~.
A/Lt~' <~t ~MH~tt)) «t~tTC~ ~tp< <p)t:C.t~aMt
K~MtttpK'~MCtt~Mt) «TCtp?nT6{0<y<W<t«Tm~
Ttt y<M'c))TO ~epn<{ ) Sït *p<et)M ~wxw<
n<!<p~tt<Xtq Jt )~t) t)<~tM.ttTt<~tt ~pe~O~TtC-
nÂtKTe« t~ '<tÂttpCM< ~tp6V ~t~<H~t<t XCtpTTt~.
To<M J'O' /mM'MM '!?fM{ ~p~t<~< A~«0
Y/~po<y~3'a~t'~yoy'~<M~<t<t~ <tM<
At~TCt~ttt pM~H T6< <)<
ptM'9HTt< e~pT"
Me~t T'tJ~N Ttt weM ~XtHpcttïtc tprefït.
~i~
.E)t~f~t~t)<9<'t!Tt~~)tCp~p«<ptM)~< r
A< ~6t< ~P~M<0 TtTt~~ttT~ )MMJ<T<pM Tt
~)t)~t) ~<a~e tt~p« t'~MTMCfTc ~e~ot~
H~p weT«~c)~ <M~<tJa)tT<t~
tMpt p<~ey ~t«<m<t<
empredes de ramener leur charrue au m~me endroif
!ë champ eft d'or on le voit brunir derrière les pas du Laboureur
effet admirable de l'AruRe.
Ville c T A B L E À U.
MpitSON..
Cette campagne eft (u!v~ d'une autre cduvefrë d'épis jaan!(Ïans..
Des Moidonneur! en abattent tes bleds avec ieurs faucilles tfanchatiMS
d'autres fe hâtent d'en faire des celtes les jeunes gens
cn!evcnc ces gerbes, & fournirent fans ce(~ de nouveaux Hens.
Le Roi de cette Terre e(t au milieu d'eux
le Sceptre en main la joie fur !e vifage
fes Hérauts préparent cependant un repas champcrre
fous le feuillage d'un chêne altier dcjà~ ils ont immola un bceuf énorme
ils en a(Iai(onnent la chair
tes femmes prodiguent une rarine ectatante de blancheur.
IXee T A B L E A U.
V E N0 AN G E S.-
Les yeux s'arrêtent-entuite agréablement fur un Vignoble charge de rruits:
les feps en font. d'or tes grappes noires les echaias d'argent
noir, d'étain
un ~btic d'un métal & une haie en forment l'enceinte.
Dans le fentier étroit <~ui y conduk
marchent en hle une fonle de vendangeurs
des bandes de jeunes filles & de jeunes garçons
emportent dans des corbeilles ntïùcs= avec Att,J
ces fruits admirables par leur dou-cenf.
Au milieu de ce groupe, un jeune homme 6nr redonner fur fa !yre
des tons harmonieux :.it cctebre Linus du ton Je plus doux
on l'accompagne par des chants & des cris de joie
en tfappani la Terre en cadence & d'un pM léger.
Xe TA B L B A U.
TROUPEAU DB Bc~Ft ATTAQUÉ PAtL&tS LtONS.'
Des bosuts s'avancent la tête haute
ils font or & étain fortant de leurs eiab!cs
ils fe rendent avec de longs ntugtf&tnens à. !euK pâturages
Xp~MM <~ fCjMHK t!jM* <~eMVTe ~CtM!<

T<MMptC, <~yt« ~t ~< xu~tc ~oJ«c «p~e< lettre.


SjtMp<~tX<M J*t ~teyrt Jb ty t~pwïMM j9e<Mit
TctUpC); <pt~~M)t~6y <~<'H))' 0 J< ~KMptt ~<t/<UKMt
E~XtTo ftuytc ~ttïtMtt&ey o<a~))e/*
Te~ Il
TM ~ttV ct~ppo~ttyït j0oef ~t<~a~e<e ~eMHV

E~etTft /~<~«y <UjLt<t Aa~[/<MTe)) e'' <~ fc~tx~


A)!ïMf tY<~tfc<~ ) T~ttt; <tU~et{ OTpHtetTtt.
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Ï5M~tt)f9' <!t~MftÀ't~t/f J~ftKTtcy~ "t T'aÀMjfT*.
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E~<t jmy tt<~<e< wctp~tyM et~CMc~
tlp~tuyï tt~~O~M)' M~< )Mp~M XMpff tXCVT'C'
T&~ <r'<t< ~tX ~<wTf<{ cBcyttc <~o)'t e< ~t x'TW)~
E!<tït <t<yoTxc oxct ç'~eyrett t~«/N.
K«< p* «~ /<tV «ft~ac yt~!<))c<c ~ey < c! ~< ~tt<~«<p<~

B<~o)t ~pu~<M{ t~ ap~uptMV Tt~ft/~tOtMV.


0~ j~CTt/*<)t ~p<~ewto)f
Kr~ft~t~M we~«c<
Pu<t ~tftÀ' < MC
eït T<c Tp~~t); t<pjM<J'<:V <)' w«~«~mMy
E~c~t<ye< xtp«~t<t<c w~poe~Tt~ tUXt~'tHM);'
A~eït ~u ~pt$«Me)f <"M ?<~«f «~~)!~e<Mt
ne~~o{ ~ttpet))T<t ~opey ')tr<p~s't6'e~'&
T~pw<~nyc< ~e<w Jt '«~<5'MT"p< <Mtï «uTt<c

Me~M( <~«p)tc))Tt{ i<f<y<ucy ««Ttt ~t<ej~f.


<r)~t
<~t'<9« <~6T<t~MO ~t~a '3Ht~ tLMftfMt
B)t t
~)tT<~ft ')p<tp 'Mt-~t)) VtM<<~ '~ft<t '~CftTt~t
fur les rives d'un Fleuve qui coule avec impetuonie à travers des ro&tu<.
Quatre Bergers en or auffi les accompagnent
ils font Suivis de neuf chiens leftes & difpos.
Deux redoutables lions Cunuent cependant le taureau
qui marche à la tête des genines il poune des cris airreux
Bergers & chiens, tous volent à fan (ecours
vains efforts le taureau eu: en pièces,
les lions dévorent Tes entrailles, s'abreuvent de ~bn &n~;
on anime les chiens, on les lance mais remplis de terreut
Us n'oient avancer ils aboient de loin.

Xle TABLEAU.
TH.OVPBAU DE BRUIS.
On apperçoit enfuite une vaHce charmante
eUe eft couverte de brebis blanches comme la neige
de bergeries, de parcs, de cabanes aux toits ombrageant
X 1 le TABLEAU.
DAN S B !t
L'Arti~e incomparable trace enfuite une Dante ronde
elle eft femblable à celle qu'inventa autrefois Dédale
dàns les murs de Gnone en faveur d'Ariadne aux blonds cheveux.
Une brillante jeunene ~rme des danies variées ent fë tenant par la mant:
les jeunes ntîes fbnt vêtues d'un lin de!ie
un tiuu plus ~brc pane à une huite qui en augmente l'ccîac,
fert d'habit aux jeunes hommes.
Des couronnes brillent fur la tête de leurs compagnes
eux-mêmes ont a leur cote des épées d'or (u~pendues a des baudriers d'argent.
Tantôt d'un pied agile ils tournent en rond
p
ainn que cerre roue rapide que le Potier enaïe r
tantôt ils s'enrre!acenr en labyrinthes compliqués.
Une troupe nombreufe de Spectateurs ne cène d'àpptaudtf~
Deux Sauteurs fouples & habiles entonnent le chanti
de teurf corps ils font !a roue.
CERCLEE ExfBR-ÏEUBL.
Enfin, Vulcain trace le cours impétueux du vafte Océan;
il fait. rouler fes flots autour de ce Bouclier étonnant.
A R T 1 II.
C L E

OF7~r COMM</JV .D~ T~B~Jf JJt~t~ A~Jt 'C~


J~O~CJLJ~A.
Ce Bouclier eA divine, comme on le voir, en quatre cerctes les deux
intérieurs représentent le Ciel; t'exterieur, la Mer t'intermediaire la Terret
C'eft t'Univers entier, tnais Univers conndére dans une de fes révolutions
dar.s le.cours d'une année c'ed le Calendrier Grec mis en vers ou en Ta-
bleaux, en commençant au.moia de Janvier, & en Suivant de .mois en
,<noi!.

-Cctrc Ga!er!e deTaMeaux s'ouvre parune procefEon c[e Jeunes Epoux,


par des noces .& par des Fcies à l'honneur de l'Hymenée. Ce qui eft dans
l'ordre puisque le mois de Janvier, le premier mois, croit ,con(acrc chez
les Grecs, ainfi que chez les Romains, à. Junon Protectrice des mariages &:
des noces: à Rome, à Junon Pfc~ en Grèce Junon G<M/M;.&

Gamétics..
que chez ce dernier Peuple, des te premier jour de envier, on célébroit les

Chez ces -Peuples qui ne ccmnoiuoleM point tes Troupes rcgtees mais oà
.chaque Citoyen clott Caipitaine ou Sotdat, U ~at!oit conciher H guerre.a.vec
!es ~efbins de l'Agricokute auCt chaque guerre ne durp~ qu'u.nje campagne:
c'etuient des expéditions, &: non des entrept~s <QUtenocs(ans interruption.
-Audi n'entroir-on en campagne qu'en Av:tt, aprçs q~e~es femaMLes étoienc
abiotument nnies.AuHi ce n'eft qu'au quatrième TsMq.mque'cqtmMnceMles
aventures guerrieres. Mais avant q~c de commencer ces. expéditions, on déli-
b~en 6.tr ta paix ~r ta;guen;e,t fur !e tïeo où t'en poneroK fes Armes Gïr tes
Généraux qui commanderoient, fur te nombre des Troupes qu'on rerok mar-
cher. Le Peuplecommencoità detibérer;;te Senac approuvoit: on voit donc ici
les Auemblees du Peuple & du .Sénat pendant les mois de Février &: de Mar&,
<L'ed ainu que nos ~qis des deux premietes Races adembtoienc leurs J~Arons
avant que d'entrer en campagne ils tenoienc leurs ~tats pour décider de la
campagne entière ce font ces AÛembtées fi célèbres, fous le nom de MAILS,
dont noire ancienne Hi~oire eft remplie & qui dounerent enfuite lieu aux
Eràts-GéncMux.

t. Les
t.
Les campagnes ne duroient dans ce tems-la que trois mois car il taUoic
que chacun revint pour faire Ces moiCbns & fes vendanges. C'eft ainfi que
t'Hi~oire des premiers fiècles de Rome e& remplie d'expéditions militaires
interrompues par la n~ceïïtce de venir vaquer aux travaux champêtres
au~Ii ne trouve-t-on dans ce Bouclier que Mois Tableaux consacres aux
avions guerrieres.
Ils font tous les trois très-agréables & i!s peignent parfaitement la petite
guerre, !a guerre de ~urpnfc celle que fe font encore de nos jours les
Sauvages du Canada.
C'eH: un nége une embufcade un pillage un combat. Ils renferment
deux idées tr~s'poctiques celle de ces deux Armées qui (e difputent tes
richefÏes d'une Ville qu'ettes n'ont pas encore prifes, & qui & voient enlever
leurs propres troupeaux: celle de ces trois hommes qu'enleve la Parque,
l'un mort, l'autre Meue, le troifieme qui va t'être par un trait qui fe balance
déjà dans les airs.

Ces expéditions guerrières (ont fuivies des travaux Agricoles qui ont lieu
dans les mois de Juillet, d'Août & de Septembre; & qui correfpondent
au combat d'Hercule contre le lion, à la deHrudion des têtes de l'hydre, oc
à la guerre des Centaures & des Lapithes.
D'abord Vulcain repréfenie le labourage ce labourage du mois de
yui!!e<, qui précède immédiatement la moi(Ïon, &: qu'on repréfenroit par
!a dépouille du lion.
.Enfuite une moi0on qui correspond aux têtes dorées de l'hydre qu'Hercule
abat..
H finit par une vendange qui correspond au combat des Centaures &: des
Utp'ihes.
Je fuppofe qu'on ed au &!t de la maniere dont nous avons explique dans
notre premier Volume les douze travaux d'Hercule on voir par là que
FAntiqutte eft toujouis&mblabte àel!e-même, & que lorsqu'on tient un de'
fes fils., tous tes autres fe, développent fans peine.
Le combat des Centaures &: des Lapithes tombant fur le mo!s de Septembre,
eft plus relatif aux vendanges qu'iau labourage. C'eft au mois de Septembre
.P~. Tom. 7. Yy
qu'on~vcndangeoit, dans ces Contrées méridionales sufH, dans lè Caiendricj:
Romain, les Dyoniues ou Fêtes des vendanges font indiquées au troineme
Septembre.
Nous pfoavâmes M t~et des douze travaux, lue les Centaures Soient
le Symbole atHégottqoe des Làbo~rem-s, & que ce mot. ~gnine ~tyM-<~f<r<!K.
Les LApnHK ~ont manite~ement le Symbole a~egorique des Vignerons
eu Vendanccurs ieu? nom ugnine celui j'~r~K~ <on</<Mf au
~MnMN.II eu: formé de LAr, s'abreuver, boite abondaimnent, & de PiTHos,
tonneau.
D'aiHeurs ) ces deux Etats font toujours rcpnefeM~s dans i'Antiquite comme
ennemis déclarés, parce que les feps & les épis ne )oM pas faits naturelle-
mem pour Ce tEouver 'en(emble les uns troif~ni <w les coteaux, c~ les
cpis ne peuvent naître & cewx ci ~UM les va!!ees ou dans les campagnes
onverres, o~ ron TM~'avi~ ~ucrcs de ptanter des~noMes~
TheSe,quip!<ntedes vjgnesa NaMs~KXti'cpr~e~te en guerre
A'ufS
~nvcrfeavecteM'mdtaure~fymbo~des champs :an<E~esBte~~x desTnonta-
gnes &tes Dieux despiaMes paubien: pour étre oppofés les uns aux au-
tres.
Nous avons. éré~attus dans les plaines, nous ne !e ferons pas dans les monta-
gnes, difoit poétiquement un Peuple ancien fi. les Dieux des plaines ont ct&
eontce nous, ceux desr.montagnes feront certainement pour nous.

Dans lés mois d'Octobre & de Novembre, tes campagnes regarnies de


Auits~ (ont livrées eo pâture aux troupeaux dome~iques, & eHe~ fbnmban-
données également aux ChaSeurs. Au(H les tableaux qui y corre~ondent dans
le Bouclier d'Achille., montrent les campagnes couvertes de nombreux rroa-
peaux de beeufs, de vacher & de brebis ain'n que de parcs & de bergeries.
la chauë y entre encore pour quelque chofe: non !a cha(Ïe des hommes contre.
les anunaux, mais celle des lions contre ceux-ci Ce ces lions jfbnc fi ners, H re-
doutabtes~ que neuf chiens de chatte n'bfent fe mefurer avec eux.
Le mois de Décembre, où 1'on 'feréunit en focietes, & où l'on célébre par
des danfësje bonheur dont on jouit à la fin de f année, e<t peint ici par !ea
danses !es ~!us célèbres de la Grèce.
Ennn t'Occan enveloppe de tes eaux l'enfemble ~de~e Bouclier c'cH: ce neuve
d'JSy-M<qui termine l'année dans laquelle Ce fond le tems/de même que tou~
tes Heuves aboutiffent à. la mer~ & c"e& cgaîemeni ce Seu~e que travérfe Her-
cule expiranr.
Ainfi Homère a ru dccnre~en pea demoM~ & fous des formes aud va-
rices qu'agréées, le Calendrier de l'ancienne Grèce, célébrer les opérarions
entre le!queltes il Ce partageoit peindre les occupations auxquelles ce Peuple
ïe livroit pendant fa durée, & le faire avec d'autant plus d'a:c qu'il fembloit
.tjrer tout ce!a de fon propre fonds & u'avoir Cuivi aucun modèle.

ARTICLE III.
PûUM McJbKf /~M/ <M! /*«y~ ~~Mre /«/~MJ à

dit..
t.
Cet rapports cependant s'eMient re~e< ~afqoes ici aux recherct'e! de cous
ceux qui s'ctoient occupés de'ce Bouclier. Le Traducteur le plus récent d'Ho-
mère, M. BtTAUBt, qui, après l'avoir rMt paffer dans notre Langue en Rhé-
ieur~ a pris !agenereufe réfolution de te traduire de houvea'i en homme &-
vant & plein de go~, eA peut être celui qui a le plus approché du but, qui a
!e mieux (ain les grandes vues du Poète nous ne faurions nous réfuter à tranf-
.crire ce qu'i! en
Quelques Critiques, affure~t-n, trouvent peu de convenance dans le choix
<*
des~Ujëts, parce qu'ils n'y voient pas un rapport direct au Héros. ~e ne dirai
« pas que la Mer qui peut repcefentec'Thcds, ce que les combats qui rem-
piinent plufieurs compartimens dévoient intereuer Achitte mais t'en(em-
« ble de ces tableaux o<!re, en raccourci, l'image de la Société civile, im.ige
M bien intereflaïne dans
ce Scc!e~ptusv~i~n des tems o& !es hommes virent
M naître le labourage, les
arts & les loix qui dévoient en être les fondemens.
« Leur admiranon rut te!)e à la nauïancf de ces acts, qu'eMe endamma kuc
<" tmagination & leur fit enfanter un grand nombre de fables qui en font
des
emblèmes. Sous ce point de vue, dont on ne peut conférer !a vérité le
<'
Boucher d'Achitteeft un monument bien précieux, poifqu'it nous représente
àia fois les tiens de !a civihfatioo & les tfanïports de joie que cauta cette
M
c~pcce~de féconde crcation< Gmira-~t-on que ces images fufîent fans intérêt
M pour un
Héros, dans ce fiècle ou tes Fondateurs de la Sociéte civile & !e<
M
Inventeurs des Arcs qui la foutiannent avaient cie mis aucang des Dieux,
Qu'jes Héros fe pMpoibienc l'exemple d'Hercule & de The<ee, qui s'éroienc
"tiionnxsLegislM~ms oc Gardiens des Lo4ix~ &:<}m avoientpurg6 la ccffe d~
Yyij
brigands, ann qu'elle pût être painblemcnt cultivée & payer l'homme de fe<
u
M travaux? Si ces
objets ont aujourd'hui perdu pour nous de leur intérêt, c'eA
une marque turc de la dépravation opérée par le luxe. Quelle leçon plus im-
portante un Dieu peut-il donner à uiï Héros & à tous les Guerriers, qu'en
M leur rainant
comme lire (ur ce Bouclier, que la valeur doit être consacrée
» non at~ perte, mais au mainden du bonheur des hommes

x.

La defcription de ce Bouclier eft placée fort ingénieufëment dans l'inter-


valle d'une nuit, lorfque Ics Armées font fëparées, & qu'elles goûtent les dou-
ceurs du repos, en attendant que le lendemain les mette à même de renou-
veller le combat.
On a cherché nombre d"allégories dans l'emblème de cette nuit, dans les
deux Villes qui font partie du Bouclier & fur tout ce qui regarde ~bn ensem-
ble on afture que Danco, 6!!e de Pycbagore avoit brillé à cet égard mais
~fbn expHcacionaUegprique e~ perdue. En général, les Commentateurs ont été
fort malheureux dans ce genre. Ils ont fbuvent vu des allégories où il n'y en
avoit point, & les allégories les plus iaillanie: ont presque toujours été per-
dues pour eux.
ARTICLE IV.
<?B<~A~~TTOJV~ CRITfq~B~.
t.
De la CX<M/oa~ ZMu~ o~ ZMM.
Deux de ces Tableaux exigent une di&uoion particuliere pour être mîeox
faifis. Dans celui de la vendange,
nous fairons dire à Homere que le Joueur
de lyre chantoit la chanfon de Linus ce panage eA fufceptible de deux Cens
y
car mot de Linon que nous prenons ici pour un nom mafculin peut être
le
un neutre qui déugneroit la corde de.Ia lyre il accompagne fa corde d'une
voix tendre. M. BtTAUBE a ~viee <ens: .< Cette jeuneMee~ précédée d'un;
M
jeune garçon qui tire des Cons enchanteurs d'une guirrarre honore y dont les
cordes 8'unHïent avec harmonie à fa tendre voix M En même tems, il rejette
comme forcée la traduction de Pops, qui avec un ancien SchoIiaHe voit ici un
pcifonnage qui chante la chanfon de Linus. Il ajoute
que Pope joue le rôle
des Commentateurs en détendant fon ioterptétadon & qu'il rafïemble les
paffages où ~e trouve !e nom de Linus, & qui n'ont guères de rapport à ce-
lui-ci.
Voici ce qui nous a décide pour Linus. C'eft qu'il exi~oit de tout tems en
Egypte en Phénicie, en Chypre, dans !a Grèce & ailleurs, une Chanfon cé-
tebre fous !e nom de LtMOs.
M
Elle change de nom dit HERODOTE (ï), (uivant la diHcrence des Peu-
ples mais on convient que par-tout elle eft la même que celle que les
« Grecs chantent fous ce nom. Au refte !e Linos s'appelle chez les Egyp-
» tiens MANERos i!s prétendent qu'i! a été !e filsunique de leurpremier Roi,
» & qu'àyant été enlevé par une mort prématurée, ils honorerent fa mc-
mo!re par cette efpèce de chant lugubre, qui ne doit fon origine qu'à eux
M &u!s.

ATHENes (i) parle de cette Chanson il dit qu'on l'appcttoit auH! ~<o~
&que, félon EuR~riDE~elle fervoit également dans des occauons de joie
comme dans ta iri~eue.
Il ne feroit donc point étonnant qu'Homère qui parle un infant après des
Danses de Crète & de Dédale eût fait altunon ici à cette rameute Chanfon
de Linus fi connue de fon tems dans toutes les Contrées où il voyagea i!ne
faut pas avoir les yeux d'un Commentateur pour le fbupcpnner i! eft vrai
que fi on n'eA pas au fait de ce qui regarde cet ufage cette explication peut
parohre moins Baturetle t tau(p de l'autre fens du mot .Uno/
Nous avions déjà jfoupconné dans FHi~oire du Calendrier que (~)!aChan(on
du Linos croit relative à l'Agriculture nous la trouverions ici en ufage dans
les Vendanges ce qui connrmeroit nos vues. Quant à la mort prématurée de
ce prétendu Prince, ce feroit une attu~on à îa récolte du bled & des grap-
pes,qu'on fait long-tems avant que ces productions puffent fe détacher d'eHes-
mêmes des tiges auxquelles elles tiennent cette récolte n'eft-elle pas com-
me une mort prématurée ? audt a-r-c)fe toujours été représentée comme une
mort; c'cft Saturne qui en un tems de famine coupe d'une faulx la tête à Con
fils unique, & s'en nourrit.

(i) Liv. N. (i) Lïv. XIV. ch.VI. (3) p.


t <

Danfe ~e Gao~' ~tWM~ par Dédale.

La Dante que décrit Homere dans le XIIe. Tableau, eft: la Dan<e Grecque
par excellence, danfe absolument allégorique & qui fubufte encore de nos
jours avec éclat chez ce Peuple enjoué, plein de graces. M. Guvs la décrit
fort au long dans Ces charmantes Lettres fur la Grèce ainfi que Madame
ÇHEKtER femme d'un Consul de France dans une Lettre que M. Guys a
jointe aux fiennes nous allons donner un précis de ce qu'ils en dirent l'un
Vautre ce détail fera voir<que puitqu'Homere a décrit la danfe la plus connue
de (on tems, il peut très-bien avo!r &it chanter à (es Vendangeurs la chanfba
qui leur Ctoit confacree.
M. Guys après avoir trantcric le XIIC. Tableau du Bouclier d'AcMHe dit
tetle e(t à peu-près la CANDtOTE, qu'on danfe aujourd'hui (t). L'air en e<t
't tendre& débute lentement; enfuite, U devient plus vif & plus animé. Cel1ë
M qui mené
la danfe deOtne quantité de ~gures & de contours (i), dont la va-
ricie forme un ~pe~acte au(n agréable qu'intereuant.
De la Candiote ett~enue la Dan~e Grecque que les Insulaires ont conter~
M
vee. Pour vériner !a comparaifon,i! refte à voir comment cette Danfe de Dé.
M date
en a produit anciennement un.e autre qui n'etoljt qu'une imifanon plus
M
compose du même deinn.
» Dans la Danfe ~Grecque, !os n!!es & les garçons ~i<antJes<mëmes pas &
M
les mêmes ngures, dansent Séparément, & enfuite les deux Troupes fe reu'
niuent & Ce mê!ent pour rbfmer un branle genpral. C/en: alors une fille
? qui mené !a danfe en tenant un homme par la main elle prend ensuite un
u mouchoir ou un ruban dont its tiennent chacun un bout les autres & la'
file ordinairement cft longue, pauent & repafrent l'un après l'aucre & corn!-
me en fuyant tous ce ruban. On va d'abord lentement, & en rond puis
» la conductrice après avoir faicpluneurs tours & détours, roule le cercle au-
M tour
d'elle. L'art de la dan(eu(e conMe à fe démêler de la nie & à réparer
tre tout'à-coup à la tête du branle, montrant à lajnain d'un air triomphant
f &n ruban de foie comme quand etie a commencé.
Telle eu: la danfe que dan(a Thctee après avoir deUvre les A.théniens dit

(t) Del'Me de Candie nom moderne de l'Me de Crète où etolt Gno~


(*) Sans doute puisqu'on repréfentoit le LabyrinAe de Gnolfe,
M ~oug des Crérois par la défaite du Minota,ure. HJan~aDetoc~~t Ptuiar.
M que, avec les jeunes filles athéniennes, une d.m(e qui étoit encore en ufage
« de Con terns chez les D<Hens, dans laquelle on imitoit les tours & dé-
tours du Labyrinthe.
M
Dans les MoMmens anciens pub!tctparW!NCKEt.MAN,Pt.XGIX,e~unr
t vafe antique qui repréfente Thé~e devant Ariadne. Ce Héros tient le fa-
M meux
pelocon de fil qui le tira du Labyrinthe de Crète. Ariadne hab~léo
M comme une
danfeufe avec le Caftan ou Fhabit grec qui ferre le corps & qui
M
defcend jusqu'aux ta!ons tient un cordon de fes deux mains precitcmenc
» comme la dan(eufe moderne qui meoe & commence la danfe grecque.
PAusANtAs dit que cette Danfe étoit la.plus parfaite~ & qu'on danfoic
encore de Ton tems à Gnone.
Explication <~ fes <S~rj mouvemans..
Madame CH~ttR s'e~ aïtachee a expliquer les divtf&s variations de cette
Dahfe ~M idées font tres'ingeuieu&s.
M Dédale dit cette Dame,compo&, (ayante pour conferver la mémoire
M de fon édifice c<: pour que la belle Ariadne pdt en conno~re tous les détours:

» alors !a,Candiote fe danfe fans rien tenir à !a main, parce qu'U ne s'agit que
M de dcngner les dctour: du Labyrint!)p.

« QuAndon da~~eh Candiote avec un cordon, ~ecroirois que c'eA en


mémoire du peloton de fil qu'Ariadne avoir donné à Théfee, & par le fe-
cours duquel ce Héros, après avoir vaincu le Minotajure, fortit tiiomphaac
du Labyrinthe.

M
Si t'oa da-nfeph! couvent encore Candiote avec un mouchoir i !:t
$ main, & alors elle exige plus de vivacité ,H eA vfai~emb!ab~ q.ue c'eA pour
rappeUer & peindre la douleur d~Ari&dne quAnd elle 6~ abandonnée par
Théfée dans t'Me de Naxos on croit voir cette Princeffe défolée, eniou-
»
rée de fes femmes les cheveux épars, ~a robe négligemment traînante
M
M
fcn voile déchiré dont e~e tient u)te partie dans fa main, tantôt pour ef.
(uy.er &s larmes tantôt pour faire un fignat à Théfée qui eft emporté par
M ~bn vaineau. Agitée entre !& crainte~ t'e~crance & t'amour et!e aime trop
o Thétee pour vouloir faccufec elle s'en prend aax Etémens. S'adref-
M <anr
au vaineau même dans le cours de la danfe elle s'écrie en ehantantr
M Navire qui êtes parti & qui m'enlevez mon bien-aimé la lumiere de
mes yeux~ revenez pour me le rendre ou pour m'emmener auC~
Le Chceur répond fur le même air
Maure du Navire, mon Seigneur & vous nocher, mon anM, que fe-
M rai-je de
ma vie Revenez pour me le rendre ou pour m'emmener auul.
Telle eft la Danfe célébrée par Homère oc à laquelle nous reviendrons dans
notre Euai (ur les Danfes anciennes nous y développerons l'objet primitif &
réel de cette Dan(e:pourquoieUe fut appellée la Danfe de Thésée & d'Ariadne,
& quel eQ: le Labyrinthe réel & naturel dont elle imitoit les détours.
ARTICLE V.
t.
Ce Bouclier attaqué comme ~û~/< dans ~OTÏ exécution.
Les beaux Efprits du commencement de ce necle attaquèrent Homère
avec une vivacité fans égaie: le célèbre LA MoTHB, le Coryphée de ces tems-
là, leurfervoit de point de réunion fans entendre le Grec, il jugea Homère
d'après la Traduction froide, lâche prefqu'infipide de Madame DAciER.: &
d'après cette Tradu~ion, il ni bien plus il ofa mettre Homère en vers
c'était Homère travetti Madame Dacier en ).ena tes hauts cris cette Dame
devenant bavante avoir abjuré les graces de fon texe, elle avoit avaté
en
longs traits toute la pefanteur de l'érudition toute la pédanterie de ceux
qu'elle avoiF pris pour modèle. M. de la Mothe t'attaquoif au coptraire avec
tous les charmes de !'e(prit toute la po!itene de (on uccte. Le combat étoic
par trop inéga! la gloire d'Homère en fbuSrit prodigieufement elle en rue
cctiptée pour un tems le Bouclier d'Acheté fur -tour n'échappa pas aux (ar*-
cafmes de cette nouvelle ligue contre Ilium l'Abbé TERRAssoM en particu-
lier infulta vivement à cet égard au génie d'Homère il foutint que pour re-
présenter tout ce que cet illudre Barde place fur ce Bouclier il raudroit une
étendue auûE grande que !a Ptace Royale.

7/ </? yM~ par Boivin.


L'ame homérique de BoiviN s'ennamme à ces mots & pour confondre ce
mauvais plaidant, il engage un grand Peintre Vt.EUGHELs, à exécuter le
Bouclier d'Achille fur un très-petit espace il le fit enfuite graver par M.
C.ochin:€'étoitent7i~.
Cett d'après cette gravure que nous le redonnons au Public, ouvrage
pcïHiume~
yo~hume, ainfi que les VI planches du Jeu des Tarots, de la perfonne qu'une
mort funefle & inattendue nous enleva au commencement de L'année dcc~
~iere.
A R T 1 C L E VI.
Des Boucliers chantés par ~fe/ïo~e 6* ~r ~Tfgt/<.
J.
Deux autres Poëtes diïtingués HcsioDE &:ViRGïi.E, ont auffi chanté des
toudiers, l'un celui d'Hercule, l'autre celui d'Enée on comprend ~ns
peine qu'on a toujours pris plaïfir à tes comparer l'un avec l'autre, fur-tout
qu'on a demandé quel était le plus ancien, du Bouclier d'Hercule o)i de
celui d'Homère.

Si celui <f~~o~ <?/? ~/M ancien que celui ~~o~~rc.

Ce qui Tend cette question tres-dtmcite â décider c'ed qu'on ignore d


Hef!ode eftpttts ancien qu'Homère ou s~its rurent Contemporains.
M. :le Comte de CAYi.us s*ene(t occupe eiîentie)!ement dans une Diner-.
ration qu'il a composée fur ces rrois Bouc!iers ( ) il prend un parti mitoyen
& 'l'égard dTïeGode
après être convenu qu'il éroit n6 & qjtËt avoit écrit peu
<ie tems avant Homère, il (bupconne qu'il avoit Survécu aJa compodnon de
t'Hiade & qu'à la vue du Bouclier d'Achille fbn génie s'enflamma de nou-
veau, & qu'il compofa le Bouclier d'Hercule .pour arracher s'il pouvoit la
palme à fon riva!.
M. de C~ylus ne s'ett point trompé en faifant Hénode antérieur à Her-
cule vérité que nous efpérons merrre un jour hors de toute conic~ation
mais nous ne (aurions nous persuader que fon Bouclier fait poftérieur à.
celui d'Homère.
Les Ouvrages d'HcGode ont été écrits très-certainement tang tems avant
-qu'Homère pensât à compoferl'Hiade, d'autant plus qu'alors comme aujour-
d'hui on ne compofoit que dans un âge mûr Homcre fur-tour nous eu:
représenté comme une personne déjà avancée en âge quand il compolà t'I-
liade il avoir beaucoup vu beaucoup tu beaucoup voyagé 'au(R ton bu-
vrage a-t-n échappé à fous les ravages du tems~ non-~eutement à caufe de

,( t ) M~m. de l'Acad. des Infc, & B. L. 1\ xxvit.


r. Z z
fa Poëne mais fur-reot caufe du favoir immenfe qui y regne. Des vert
harmonieux ont fans doute le droit de plaire; mais pour braver le tems, pour
paner à la po~eritda plus reculée, il faut qu'ils ayent plus que de l'harmonie il
faut qu'on y chante plus que des Bergère. It fallut enfuite bien des années à
Homère pour achever fbn Iliade il en fallut biea davantage pour qu'elle
pût pénétrer dans la Grèce, du moins en entier, puifqu'on prétend qu'e!!e
n'en fut redevable qu'à Lycurgue il eft donc pre(qu'impo(Itb!e qu'Héflode
aie pu atteindre le tems où Homère chanra le Bouclier d'Achille & plus
qu'apparent qu'it ne fut jamais à même de lire aucun de fcs vers.
D'un autre côté le Bouclier d'Hercule (ë redent infiniment plus du voifi-
jnage des Fables il n'en entre pas une dans celui d'Achille le premier eft
donc de beaucoup plus ancien. Ce dernier n'onre au contraire que des
~ccnes charmantes tirées de la vie civile il eai été bien abfurde de croire
qu'on l'ei~ceroit par ce mélange de fcènes fabuleufes &: de fccnes hi~ori-
ques.
Hcnode chanta le premier un Bouclier: Homère réduit à l'imiter, le nt
en grand Maître il taina la Fable à Heupde, il chanta tt~ie civile & la
chanta de la manicre la plus agréabte & fur les objets qui leur furent com-
muns il l'emporte toujours fur (on rival.
Quant à Hedodc, U put être conduit au Bouclier d'Hercule par l'idée dt
jtes XIIe. travaux ~ou même par celle des XII. mois.

Explication da Bouclier <f~t


On peut, en enet, trouver l'année Grecque dans le Bouclier célèbre par
Heuode: mais il faut reculer d'un mois & commencer au ~oi~ice d'hyver~
avec cette précaution il marche d'un pas égal avec le Bouclier d~Achi!!e.
i~. Tabfeau, en Décembre, combat entre des Sangliers &r des Lion!.
t' Tab!. en Janv. combat des Lapithes & des Centaures.
Tabt. en Fev. anemb!ce des Dieux.
Tab!. en Mars, ou équinoxe du Pr}ntems Per~e dont ks pieds ne
touchent pas la terre, il vole aum vite que la pentce c'e~ fort bien on voit
~arrivée du Soleil au Prinrems car nous prouverons quelque jour que le che-
val Pégafe Perfée & Betierophon font tous relatifs au Soleil & à la viteile
de fa courte.
~Tab~aumoisd'Avn!, Vi!!eaulegee.
Tabl. au mois de Mai, mois des Morts la Déeue AcHys. D*eue
~esMort!.
7'. Tabl. au mois de luin, mois des jeunes Gens, ou renouvellen~eM au
~otuice d'Eté Ville à fept portes où
on célèbre des Pères Nupciales.
S'. Tabl. au mois de Juillet, courte de Chevaux; on célcbroit alors divers
~eux dans la Grèce.
9* Tabl. Août des MoiHonne<rs.
!o' Tabl. Septembre, des Vendangeurs.
vï'. Tabl. C~obre, une Chafïe.
11 Tabl. Novembre, courfe de Chariots. On y voit !e Trcp!ed d'or qui oe-
voit erre le prix du vainqueur, il eA fans doute inutile de remarquer que
c'étoit un Symbole de l'année, & qu'il etoir par conséquent confacré à Apollon.
Tel e<t te ~rand cercle de ce Bouclier, il eft place entre deux autres, dont
t'exrerieur repréfente également la Mer couverte de Cygnes & de Potnons.
L'intérieur eft dans un genre fort di~renr de celui d'Homère. On y voie
un Dragon qui tourne la tête en arriere, & qui excite les hommes au com-
bat la terre s'entr'ouvre, les ames s'y précipitent. La Parque inhumaine (aine
un homme vivant & Mené, un autre qui n'eH: point bleue & un troificme
dejt mort.
Ce dernier trait qui eh commun aux deux Boucliers, démontre également
que celui d'Homère n'ed pas l'original ou le primitif ce Pocte l'a mieux
placé & il y a ajouté une bette idée le trait qui traverfe l'air & qui efLprêc à
fondre fur celui qui n'eA point Mené il eA étonnant que cette imitation aie
échappé à M. de Caylus.
4'
Bouclier <f~<~ eA<!n~~«r ~r~&.
Enfin le BoucRer d'Enté n'a rien de commun avec ceux-là que d'om~:r le
tneme nombre de tableaux:mais qui ne prctenient d'autre enfemhie que cctu i
'de la flatterie, & qui font vo'r que Virgile avoir beaucoup moins de connoit-
:~nce des Arts qu'Homère.
Le Pôtte Rom.tin vouloir également chanter un Bouclier divife ~ga!e-
Ktentcn douze tableaux; on lui avoit enlevé les fujecs les plus inrereffans;¡
-il fut donc ob!)ge de s'en dédommager, en choiMam divers points de i'Hif-
tbire Romaine, mais qui ne pouvoient gucres intérefrer Enée qu'en Prophé-
Me & rces-inditc~emcM ce qui cro~t déjà un grand de&ut.
Z z
PreïDierTab)cau;Rcmus&Rotnu)usavecteutLôuva*
a'En)evemen[tiesSabines.
i
~e.AlIiancedeRomulas&deTatias.
~SuppItcedeMetms.
Potfenna Codes &: Cfe!ie..
6'. Capircle anaqu~ par les Gaulois Oie, qui lesd~couvre~
7~. Danfe des ~atiens.
S~Danîë des Prêtres de Jupitec-, coërrës de leurs !ongs bonnet: avec de!.
houpes.
.o* Coutte des Luperquesr..
t o~. Bouclier qui defcend du Cie!
u ProcefHon des Darnes Romaines..
n<=. L'eniee; Caniina enchamé fur ~m roc,Caton donnant des Loix aux
atnesju~es~
Ce cercle eft t'ëxtérieur:rîncérieur, car'i! n'y en a que deux~, repre~nre
la Méditerranée on y voit le combat naval d'A'eHum,a conquête de l'E'.
oypte le triomphe d'AugMAe~
Ce Oouclier ne retire, nous l'avons déjà dit, que la ~attene & pour Fin*
vention, il en: fort inférieur aux Boucliers Grecs auHt chacun donnera ave<
J!deCayjustapa!n)eàHomcre.,

~«;<' M~M~ca~ ~~rt ~roM Boucliers., ~c~.cn ~ty<M" <& cf~<


~J~o~dr~
Nous o(ons même dire, que la fèule infpeaion du denin des tro~sBou-
cliers, carj~ï. de Cay)u& a fait dc~ner & graver également par M. LE
LORRAIN ceux d'Heuode & de Virgile que cette feule intpedion fuffit pouc
fe décider. en faveur de.cejui d'Homcre tt& ne peuvent- presque pas; ~nM!rit
la comparaifon. Comme les. cerdes intérieur & extérieur du Bouclier d'A-
chilk ne. font point. chargés d'objets,, il-n'eA.aucun d&~e~XUtabtea~x'qui ne
&it très faiHant & qui ne produite !e plus grand efR,t. C'e~ tout !e;.€OMraiBe
dans tes Boucliers. d'Uouode & de Virgile, dans;:ce,dernier nu~MutqtM .u'oHre
que deux cercles. & auMt chargés l'un que l'autre~ touty'eft conras, rien n'y
6xe agréabtejnent la.vue. C'cA qu'jt exute en tout genre un point de perfeo-
tion au-delà ou. en-dcca duquel rien n'e~bien. Les Prédéceneursde Vif–
gite, dirigés par ta_Nature, n'avoient pu mal raire: celui, ci couduit par.Jfa.~u~;
Mnagina~on .c'avo}t p!us les mêmes avantages.
D Ï7 J E !7
D. E S T A R0 T
0~ /'0~ /F'0/? 0/ï~ CM on <?~~M y~ ~Z~O/Y~~ <~
oR/'o/z~z~o/r ~K'/7 ~OH/'c~ de nos Cay~t /~o<MJ
/o~€7'c~.C?'c..
]~
~r~~ yK< c<!M/rc~ /« ~coH~<r~ ~'Hn f~re ~<M'
ST i*bn enfendok atlnoncer qu'il exi&e encore de nos jours u.n Ouvrag.e <îet'
anciens Egyptiens,pn de leurs Livres échappé aux Gammes qui dcvorerentteurs
fuperbes Bib!iotheques~& qui. catitient leur domine la plus puf& fur des obje~
ihrcreûans, cHacun ~efoic; <ans douM,.etnpre(Ié de connoltre un Livr~auni pic-
cieux,auût extraordinaire. an a~oûcoic que. ce Livre eH: ttes-tépandu. dans une
grande partie de l'Europe~ que depuis nombre de uecles-it y e~ entre ks mains
détour !cmohde,!a(urpfifeiroitcertainement en croiffant :ne,ïcroir-e)te p.as~
~on combtC) ~t'on~uuroitqu'onn'ajamaisioùpcpnnéqu'i! fur Egyptien, qu'on
!epoucde comme ne le pondant point, que perfonne n'a jamais cherché à
en. dechi6rer une6:ui!te :'que !e tfuit d~une fagencexquife e~ regarde comme
un amas de 6guMs extravagantes qui ne ~gniBentrien par e!)e~s-mêmes? Ne
<Koirott-on pas qu'on veut &'amu:Ier, <e jouer. de la crednuté de auditeurs ?

l~
CeZ<vr<7!<
te Sir'e~ cependant très-vrai::.ce Livre Egypcie~<eu! f6~edë !cu:s~petbes
BMioth~ques~Mme de nos jours il eA même fi
commun~qu~ucun Savant n'a
d~gnc s'en occuper ;perfoM& avant nous n'ayant.jama<s (bup~onnc fon illus-
tre ortginc. Ce Livre e~compo(e-de LXXVII feui~cts on tableaux, mcme d6
!:XXVII1~ divifcs.enVcIades, quion~ent-chacune des objets oud Y~rics qu'a-
tnu~ns.&infh'u.Atfs :.ceLtvreen:en un-mo~ieJEudesTARoTs, jeu inconnu,
~LeK vrai, à Paris, mais trjes-connu en Ita!ieen AUemagne, même en Pro-
vence, & auCL bi&rre-pac.les.ngmes qu'are.cl~cune-de Ces cartes; que pat
leur.m~tnude~
Quelqu'étendues que foient les Contrées ou il eft en ufage, on n'en étoit
pas plus avance Ïurla valeur des figures bicarrés qu'il paroît o<ïfir & telle eft ~on
antique origine qu'elle fe perdoit dans. l'obfcurité des tems, qu'on ne (avoit ni
ou ni quand il avoit été inventée ni le monfqui y a~oit rauemblé tant de
figures extraordinaires, fi peu faites ce femble pour marcher de pair, telles
qu'il n'onre dans tour Con ensemble qu'une énigme que pèrfonne n'avoit ja-
mais chercha à rcioudre.
Ce leu a même paru fi peu digne d'attention, qu'il n'e~ Jamais enttéen
ligne de compte dans les vues de ceux de nos Savans qui fe font occupés de
!'ôrigin6 des Cartes ils n'ont jamais parlé que des Cartes Francoifes, ou en
ufage à Paris, dont l'origine eft peu ancienne; & après en avoir prouvé l'in-
vention moderne, ils ont cru avoir épuifé la matiere. C'ett qu'en erfec on
confond fans ccue i'etablincment d'une connoiffance quelconque dans un
Pays avec fon invention primitive c'eft c6 que nous avons déjà fait voir à
l'égard de la boudole lesdecs & les Romains eux-mêmes n'ont que trop con"
jfondu ces objets, ce qui nous a privé d'u~e multitude d'or'gines intcrenantes.
Mais la forme, la diipontion, l'arrangement de ce Jeu & les figures qu'il
onTeiontdmanircflemcntaliégonquK, &: ces allégories Ibncncon~rmesa
la doctrine civile philosophique & religieuse des anciens Egyptiens, qu'on ne
peut s'empêcher de le reconnoitre pout l'ouvrage de ce Peuple dé Sages qu'eux
&ùls purent en être les Inventeurs, dvAux à cet égard des Indiens qui in-
~entoieht le Ie~ des Echecs.
D ivï s o N,
~ous ferons voir les allégories qu'onrent les diverses Carres de ce yeM.
Les formules numériques d'après lesquelles )I acte compote.
Comment il s'e&tranfmisjufques à
~es rapports avec un Monument Chinois.
nous.
Comment en naquirent les Certes Espagnoles.
Et les rapports de ces dernières avec les Caries François,
Cet Enai fera <uiyt d'une Di(lertation où l'pn établit comment ce Jeu étoit
appliqué à l'art de la Divination c'e~ l'ouvrage d'un 0&ci<:r Général, Gou"
vcrne&r de Province ) q~i honore de <a bienvei'iance, & qui a retrouvé
nous
dans ce Jeu avec une (agacité tres-ingéhieute les principes Egyptiens fur l'art
de deviner par les Cartes principes qui diniogucient les premieres Bandes des
Egyptiens mal nommés Bohémiens qui Ce répandirent dans l'Europe, & dont
il iubnRe encore quelques veniges dans nos Jeux de Cartes, mais qui y prêtent
in~nimeM moins par leur monotonie par ~e petit nombre de leurs figures.
Le Jeu Egyptien, au contraire, éto!t admirable pour ccteSet, rentermanc
en quelque façon l'Univers entier, & les Etais divers dont ta vie de t'Homme
cO Susceptible. Têt étoit ce Peuple unique & profond, qu'il imprimoit au moin-
dre de fes ouvrages le ~ccau de l'immortalité, & que les autres Semblent ed
quelque fone ~e tramer à peine fur fcs traces.
ARTICLE!.
.~r~co~jr~ ~a'c~<~ lu C~~j 7~ 7*~ o r s.
Si ce Jeu qui a toujours été muet pour tous ceux qui le connoinent, s'eft
développé à nos yeux, ce n'a point été l'effet de quelques profondes médita-
tions ni de i'envie de débrouiller fon cahos nous n'y penfions pas iinftanc
avant. Invité il y a quelques années à aller voir une Dame de nos Amies,
Madame la C. d'H. qui arrivoit d'Allemagne ou de Suif!e, nous la trouvâmes
occupée à jouer à ce Jeu avec quelques autres Perfonnes.Nous jouons à un Jeu
que vous ne connoinez furement pas. Cela te peut; quel en:-U < Le Jeu des
Tarots.J'ai eu occauon de le voir étant fort jeune,mais je n'en ai aucune idée.
C'ett une rapfodie des figures les plus bifarres, les plus extravagantes en voi-
là une, par exempte; on eut foin de choiur ia plus chargée de ngures,& n'ayant
aucun rapport à fon nom, c'ett le Monde j'y jette les yeux, & auffi-rôt j'en'
reconnois l'Allégorie: chacun de quitter fbn Jeu & de venir voir cette Carre
mervei!!eu~e o~ j'appercevois ce qu'i!s n'avoient jamais vu chacun de m'en;
montrer une autre en an quart-d'heure le Jeu fut parcouru, expliqué, déclara
Egyptien & comme ce n'étoir poinr le jeu de notre imagination mais FeSec
des rapports. choifis & fenfibles de ce jeu avec tout ce qu'on connoit d'idées
Egyptiennes, nous nous protmmcsbien d'en faire part quelque jour au Pu-
blic perfuadcs qu'il auroit pour agréable une découverte & un présent de cette
Mmre, un Livre Egyptien échappé à la barbarie, aux ravage: du Tems, aux
incendies accidentelles & aux volontaires, à l'ignorance plus dcMrcufe encore.
JE~ct ncceffaife de la forme frivole & légere de ce Livre, qui !*a mis à.
même de triompher de tous les âges & de pauec jufques à nous avec une
fidélité rsre l'ignorance même dans laquelle on a été jufques ici de ce qu'iÏ
rcpré~entoit, a été un heureux iauf-condoit qui lui a !aiue traverfer tranquitte-
ment tous les Siècles (ans qu'on ait peufé à le faire di(paro~tre.
Il éroit 'rems de retrouver tes Allégories qu'il étoit deviné à co~fcrver, &~
de faire voir que chez le Peuple le plustage, tout jusqu'aux Jeux, étoie fondé
fur l'Attégcrie, & que ces Sapes (avoient changer en amusement les connoi~
&nces ~s plus utiles & n'en faire qu'un Jeu.
.Np~s. l'avons dir~ lejeu~des Tarots dt compote de LtXXVII Cartes ) m~me
~'un.&LXXVm~, di.vMces en Atous & en IV conteurs. Afin que nos Leck&u<s
jjuiMent npus fuivre, nous avons fait graver les Arous; & l'As de chaque cou-
leur, ce que nous appeUons avjec les ~fpagnols~ Spadille., Ba(te, & Ponte.

r o .y.
Les Aïous au nombre de XXII repréfenient en général les Chefs tem<
porels&~<ptf'tue)sde)aSoCtCtéy)es Chefs Phy~ques de !'Agticukure, les
yercus Card<na)es, le Mariage, la Mor[.&: la teïurreeHon ou la création'; tes
divers jeux de la fortune te Sage jSc.Ie Fati !e Tems qui contumetout, &c.
On comprend ainfi d'avauce que toutes ces Cartes font autaor de Tableaux
a)!egprique~ retarifs à t'en(embte de la vie.,&fufcepriblcs d'une innniré de
combinaisons. Nous allons les examiner un à un & tâcher de dechu~KJ: t'&l~
le~one ou l'énigme particuiiere que chacun d'eux .renferme.

~,0~ Z~
~p ~P.~ .~r.

~On ne peur 'meconno~rre !e Fou dans cerre .Cafte, marptce, a ~.n


hoqueton garni de coquillages- Se de bonnettes it marche rre9-y!re cpmms
un fou qu'il eft, porran.t derriere lui fon.périt paquet, & s'imaginant échap-
Fer par-tà à un Tigre 'qui lui mord la croupe quant au~ac it ef!: l'emblème
de (es fautes qu'il ne voudroitpas voir ;.& ce Tigre celui de Ces remords qui
lé (vivent galopant, & qui fautent eh croupe deiTierelui~
Cette belle idée qu'Horace a u'bien encadrée dans de !'or~ n~to~c donc
pas de lui, elle n'avoit pas échappé aux Egyptiens c'étoit une idée vulgaire
un lieu commun mais prife dansla Nature toujours vraie & prcfentée av.ec
toutes les graces dont elle e~fufceptible.cet agréable ~agePocte fembloic
l'avoir rirée de Con profond jugement.
Quant à cet Atout nous l'appelions ZE~o,quo)qu*on le .place dans le jeu
âpres le XXI, parce qu'i! ne compte point quand il eft feul, 6e qu'il n*a de
valeur que cdte qu'il donne
aux autres, préd(ement conune no.Me zéro
montrant ainfi que rien n'exiûe ~ans fa folie.
N~.
Le JcK«r <~e C(~/<Af, ou Bateleur.
Nous commençons par le n* t. pour fuivre jufques au 11 parce que
futage acquêt eft de commencer par le moindre nombre pour s'élever dé-là
aux plus hauts il parolt cependant que les Egyptiens commençoient à comp-
ter par le plus haut' pour descendre de-là :u(qn'au plus bas. C'eft ainfi qu'ils
(bt~noienr !'0~ave en dcfccndant, & non en montant comme nous. Dans
h Diuertadon qui eA la fuite de ceite-ct, an fuit l'utage des Egyptiens, &
on en tire !e plus grand parti. On aura donc ici les deux manières la nôtre
la plus commode quand on ne veut conuderer ces Canes qu'en e!!es-m6mes
& ceHe-tà, utile pour en mieux concevoir i'en(emb!e & les rapports.

Le premier de tous les Atous en remontant, ou le dernier en descendant,


cA un JouEUtt. de GotEi.tT on le reconno~t à fa table couverte de dés, de
gobelets, de couteaux, de bales &e. A i~ bâton de Jacob ou verge des Ma-
ges, à la bâte qu'il tient entre deux doigts & qu'il va efcamoter.
On t'appette BATEi-E~R dans la dénomination des Cartiers c'en: le nom
v.ulgaire des perfonnes de cet état eA-it neceuaire de dire qu'il vient de
b&ton t
A la teie de tous les Etats, il indique que la vie entière n'eM: qu'un Conge
qu'un escamotage qu'elle eu: comme un jeu perpétuel du hafard ou du choc
de mille circon~ances qui ne dépendirent jamais de nous, & fur lequel inHue
n~cenairement pour beaucoup toute admini~ration générale.
M*U!! enp:e !e Fpu & le Bateleur l'Homme n'e~-ii pas bientt

N°.U,m,IV,V.
C~JE~~s CB9 JOC~~T~,à.
~e$ Numéros II & III repr~entent deux femmes les Numéro! IV ~c
V, leuts maris; ce font les Chefs temporels & fpirituels de la Sodetc.
jRo~<6' A~f~E.
Le N*. Rot, & le IIJ. la Rn~. Ils ont tous les deux pour
IV. repréfente le
attributs l'Aigle dans un EcutÏou & le fceptre furmonre d'un globe thanti~e
ou courpnpe d'une croix, appellée TnAU le Hgne par excellence.
Le Roi e& vu de pront, la Reine de face ib (ont tous les deux ajtEs fur un
~y.j. Att
Trône. La Reine en: en robe traînante, le domer de Con Trône eft c!evé le
Roi eO: comme dans une gondole ou ehai!e en coquille, les jambes croises.
Sa Couronne c& en demi-cercle turwontée d'tme perte là croix. Celle de 1~
Reine fe termine en pointe. Le Roi porte un Ordre de Chevalerie.
CjR~jv.p-.P.Rjtr.R~C'y.D~P.R~rA~
Le ?. V. représente le CnE? des Hiérophantes ou le GR.AND-PR.tTRB !e
N".11. la GRAnDB-PtLETB.EssE ou fa femme on Sait que chez les Egyptiens,
les Chefs du Sacerdoce étoieni mariés. Si ces Cartes croient de l'invention
des Modernes, on n'y veiroit point de Grande-Pretreue, bien moins encore
fous le nom de PApKsz, comme les Cartiers Allemands ont nommé celte-ci
hdiculement.
La Grande-Pretrene eft affife dans un fauteuil eHe eR en habit long avec
une espèce de voile derriere la tête qui vient croiser fur t'c~omae elle a une
double couronne avec deux cornes comme eh avoit Ms elle rient un Livre
ouvert fur fes genoux deux echarpes garnies de croix ie croifem fur fa poi-
trine &: y forment un X.
Le Grand-Prêtre eft en habit long avec un grand manteau qui tient à une
agrane il porte la triple Thiare d'une main il s'appuie fur un Sceptre à tri-
ple croix & de l'autre, il donne de deux doigts étendus la bénédiction
deux perfbnnages qu'on voit à fes genoux.
Les Carriers Italiens ou Allemands qui ont ramené ce jeu à leurs connoi~
fances ont fait de ces deux perfonnages auxquels les Anciens donnoient !e
nom de PERE & de MERE, comme on diroit ABnÉ & ÂBBEssE, morsOrien-*
taux fignifianr la même chofe, ils en ont fait dis-je, un Pape ce une Papef~e.
Quant au Sceptre à triple croix, c'eft: un monument absolument Egyp-
tien on le voit fur la Table d'Ins fous la Lettre T T Monument précieux
que nous avons déjà .rair graver dans toute fon étendue pour le donner quel-
que jour au Public. Elle a rapport au triple Phallus qu'on promenoit dans la
&meufe Fête des Pamyhes où l'on fe réjouinbit d'avoir retrouvé Ofiris, & où
il ctoit le Symbole de la régénération des Plantes & de ta Nature entière.
N!! VII.I.
0~/jtjr~ T'Arojtfp~~jvr.
Osms.s'avance enfuite;il paro~t fous la forme d'un Roi triomphact, te
Sceptre en main la Couronne fur la tête il eH dans fon char de. Guerrier~ 1
tiré par deux chevaux blàncs. Personne n'ignore qu'Ohris étoit la grande Di*
vinin: des Egyptiens la même que celle de tous les Peuples Sabcens ou 1-:
Soleil Cymbole phyfique de la Divinité (uprême inviuble, mais qui Cc manitefte
dans ce chef-d'oeuvre de la Nature. l! avoit été perdu pendant l'hyver il repa-
rott au Pfinrems avec un nouvel éclat, ayant triomphé de tout ce qui itU
faifoit la guerre.
?. VI.
L s J~~Rf~CB.
Un jeune homme & une jeune femme fe donnent leur foi mutuelle UH
Prêtre les bénir, l'Amour les perce de fes traits. Les Cartiers appellent ce Ta-
bleau, l'ÂMOuR-Eux. Ils ont bien l'air d'avoir ajouté eux-mêmes cet Amour
avec fon arc fes flèches, pour rendre ce Tableau plus parlant à leurs yeux.
On voit dans les Antiquités de BOISSARD ( t), un Monument de la même
Mture, pour peindre l'union conjugale mais il n'e~ compote que de trois fi-
gures.
L'Amant & l'Amante qui donnent leur foi 18 Amour entre deux fert de
Témoin & de Prêcre.
Ce Tableau e~t intitule FiDBt StMULAcRUM, Tableau de la Foi conjugale
Jes peftbnnages en (ontdengnes par ces beaux noms, VÉRITÉ, HONNEUR &
~AMOUR. II eft inutile de dire que la vérité défigne ici la femme plutôt que
l'homme, non-feulement parce que ce mot eft du genre reminin, mats parce
que la F~A~ co/~?<ï/ eft plus euennelle dans la femme. Ce Monument
précieux fut élevé par un nommé T. FuNDANius EpoMENus ou l'<n< àfa
très-chère Epoufe P<w«~/n<& a leur fille chérie ~<7«<~o/n<
PLANCHE V.

N". VIII. XI. XII. KNL


Les ~M~f< ~~r~~ C<!f~<t/

Les Figures que nous avons réunies dans cette Planche font relatives
aux quatre Vertus Cardinales.
N". XI. Celle-ci représente la FORCE. C'en: une femme qui s'efc rendue

(ï) T. !IÏ. Pl. xxxvt.


Aaa ij
tnaitref!e d'un lion & qui lui ouvre la gueule avec la même facilité qu*etfe
ouvriroit celle de fon petit épagneul elle a fur la tête nn chapeau de Ben_~
gere.
?. XIII. La TEMPERANCE. C'eft une femme a~ée qui fait paner de l'eau
d'unrva(e dans un autre, pour tempérer la liqueur qu'il renferme.
N". VIII. La JusTicB. C'eft une Reine, c'eA AsTREB afiïfe fur fon Trûne,
tenant d'une main un poignard de l'autre, une balance.
N". XII. La PRUDENCE eft du nombre des quatre Vertus Cardinales les
Egyptiens purent-ils l'oublier dans cette peinture de la Vie Humaine Cepen-
dant, ou ne la trouve pas dans ce Jeu. On voit à & place fous le N". XII. entre
la Force & la Tempérance, un homme pendu par les pieds mais que tait-tà
ce pendu c'eR t'ouvrage d'un malheureux Cartier présomptueux qui ne
comprenant pas ta beauré de l'allégorie renfermée fous ce tableau a pris fur
Jui de le corriger, & par-là même de le défigurer entierement.
La Prudence ne pou voit être Kprefentce d'une maniere fen~bte aux yeux
que par un homme debout, qui ayant un pied po(e avance l'autre, & le
tient fufpendu examinant le lieu où il pourra le placer durement. Le titre de
cette carte étoit donc l'homme au pied fufpendu pede y~<c le Cartier
ne fâchant ce que cela vouloit dire, en a fait un homme pendu par les pieds.
Puis on a demande, pourquoi un pendu dans ce Jeu ? & on n'a pas man-
que de dire, c'cd la jufie punition de t'Inventeuf du Jeu, pour y avoir repré-
sente une Papeffe.
Mais placé entre la Force, la Tempérance & !a Ju~ice, qui ce voit qM
~eA la Prudence qu'on voulut & qu'on dut représenter ptiminvement <

PLANCHE VI.
?. VI III. ou IX.
Le ~c~ ou le CX~r <~ la ~n~ <' <& /<
Le N~. IX. représente un Phi!ofophe vénérable en manteau long, an ca-
puchon fur les épaules il marche couibé fur fon bâton & tenant une lan-
terne de la main gauche. C'eft le Sage qui cherche la Ju~iee & la Vertu.
On a donc imaginé d'après cette peinture Egyptienne i*HMoire de Dia-
gene qui ia lanterne en main cherche un homme en plein' midi. Les bon*
mots .fur-tout, les Epigrammatiques (ont de tout if!ede & Diogène éte!t
homme à mettre ce tableau en a~ioo.
Les Cacttefs ont (ait de ce Sage un Hermite. C'ett aerez bien vu tes Phi-
iotophes vivent volontiers en retraice ou ne font guères propres à la frivo-
lité du fiècte. Heraclide pâ(Ioit pour fou aux yeux de fes chers Conctroyens
~f~M~
dans l'Orient d'ailleurs, <e livrer aux Sciences J[pécu!adves ou et
presque une <eute & même chofe. Les Hermires Egyptiens n'eurent rien à
reprocher à cet égard à ceux des Indes, & aux Ta!apoins de Siam ils etotenjc
wu (ont tous autant de Druides.

N". XIX.
L E ~O~JEJ t.
Nous avons réuni tous cette planche tous les tableaux relatifs à la tumiere
ainfi après la lanterne fourde de t'Hermite, nous allons paner en revue le So-
leil la Lune & le brillant Sirius ou la Canicule étincelante tous figurans
dans ce jeu avec divers emblèmes.
Le Soniï. c(t repréfenté ici comme le Pere phy~que des Humains & de
la Nature enriere il éclaire les hommes en Société, il prende à leurs Villes
de (M rayons diM!ent des larmes d'or & de perles ainS on dengnoit les
heureufes influences de cet aftrc.
Ce Jeu des Tarots ell ici parfaitement conforme à !a<toAr!ne de* Egyp-~
tiens, comme nous l'aUons voir plus en délai! à l'article fuivant.
N". XVII I.
1~ Z~jv~.
A!n<ï !a LvM~ ~u! marche à la (uite du Soleil e~ au(E accompagnée de
larmes d'or & de perles, pour marquer également qu'clle contribue pour'
part aux avantages de Ja terre.
PAusANiA: nous apprend dans la Description de la Phocide, que, <eton !es
Egyptiens,c'etoient les LA~MMd'Isis qui enfloient chaque année les eaux du
Nil & qui rendoient ainfi fertiles les campagnes d'Egypte. Les relations de ce
Pays parlent auu! d'une GouTTE ou larme, qui tombe de la Lune au moment
où les eaux du Nil doivent grouir.
Au bas de ce tableau, on voit une Eereviue ou Cancer ~oit pour mar-
quçr la marche rétrograde de la Lune (bit pour indiquer que c'e~ au mo-
ment oa le Soleil & la Lune fottent'du Hgne de Cancer qu'arrive i'inond.
bteaufui'am.
tion cauice par leurs larmes au lever de la Canicule qu'on voit dansée ta-

On pourroit même réunir-les d<u'xmoti6: n'eH-il -pas très-ordinaire de <e


déterminer par une foule de conféquences qui forment une madë qu'on feroit
couvent bien embarrattc à démêlert w
Le milieu du tabteau en: occupé par deux Tours, une à chaque extrémité
pour déngner les deux émeutes colonnes d'Hercule, en-deçà & au-delà def-
qucHes ne pafferent jamais ces deux grands luminaires.
Encre les deux colonnes font deux Chiens qui (embtenc aboyer contre la
Lune & la garder idées parfaitement. Egyptiennes. Ce Peuple unique pour
lesaHegories~ comparoit les Tropiques à deux Palais gardés chacun par un
chien, qui, femblablés à des'Porr'iers nde!cs,retenoieM ces Afrre<dahs!s
milieu des Cieux (ans permettre qu'ils (e g!t(Ïat!ent vers l'un ou t'autre Pôle.
Cène font point vinons d< Commentateurs en us.CLBMEMT, lui-même
Egyptien, puisqu'il étoit d'Atexandrie & qui par conséquent devoit en fa-
voir "quetque chofe nous auure dans fcs Tapineries ( t) que les Egyptiens re-
prcfe~ntoietit !es'TRortQUB~ fous la figure de deux CmsNS qui femblables
à des Portiers ou à des ~Gardiens ndetcs, empêchoient le Soteti & la Lun: de
pénétrer plus toin d'atter jufqu'aux Potes.
` .N~ X
f.~ C~~ ~c y f~.
T r
4
Ici nous avons fous les yeux un Tableau non moins allégorique, oc abso-
lument Egyptien; il e~ intitulé t'Etôli. Ôn"y voit, en eHet, une Eroite bril-
iaute., -amour.de Jaquette-~oHt ~ept autres plus petite~ Le bas du Tableau e(t
occupe.par.upe.temtne.pancbee (ur.un genou qui tient deux, va(es renverses,

Ceur.
dont coulent deux Fleuves. A côté de cette femme e~ .un papitton fur une

C'efU'Egyptianifme tout pur.


Cette Etoile, par excellence, ett la CANicun ou SiRvus: Etot!e qui ~e
!eve lorsque te ~oteit (bit du f!gne du Cancer, pjr tcquè! ~e termine leTableau
précèdent, c<: que ceti:e'Ëtbi1é tith ici~ immédiatement.
Les fept Etoiles qui l'environnent, & qui fembtchtiui ta!re'!eur cour font
tes PtanctMS:~eHe eKtn quelque~brtët-eur Relhë ~ui(qu'étte 6xe dans cec

(!)OuStromatM,nv.V.
infant le commencement de l'année elles femblenc venir recevoir Ces ordres
pour régler leur cours fur eHe.
La Dame qui ett au-denous~ & fort. attentive dans ce moment à répandre
l'eau de (es vafes, e& la Souveraine des deux ISIS à la bienfaifance de la-
quelle on att~buoit les inondations du Ni!, qui commencent ao !evcf de !a
Canicule; ainfi ce lever éroit t'annonce de l'inondation. G'e~: pour cette rai-
fort que la Canicule étoit confacrée à lus, qu'eue'eroit fon Symbole par ex-
cellence.
Et comme l'année s'ouvrok également par le lever de cet AÛre, on )'ap-
pelloit ~or~-M ouverture de cannée &; c'eft fous ce nom q'u'i! eroic con-
~creàMs. ,i
Ennn la Fleuri !e PArM-to~ qu'eue 6!pparte, étoient I'emb!eme de la.
régénération & de la résurrection i)s indiquoient en même tems qu'à la
faveur des bienfaits d'Ins ,au lever de la Canicule, les Campagnes de l'Egypte,
qui étoient abjfblumeiit nues~convriroient de nouyeUes-mouIons.

P L A N C HE yiJ~
N~. XIII.
Z. o A r.
Le n<X!II. représente ta. Mort elle fauche les Humains, les Rois & les,
Reines., les Grands & les Petits; rien ne rcu(te à& tau!x meurcrierc~
Il n'ëA pas étonnant :qu'elle ~oit placée fous ce numéro.; le nombre tre!ze
fut toujours regarde comme matheureux. It faut que, très-anciennement il
~bitarrite quelque grand malheur dans un pareH)onr,.& que te ibuvcnic
en ait mSuc~ur toutes !esancicnnes!N~tions. ~croit-ce par une ~uitcdece

douze (.
~ouvemrque lM treize Tdbus~des Hébreux n'ont jamais ~jeomp!ees.quc pour
t ;t
Ajoutons qu'il n'ed pas étonnant non plus que les Egyptiens ayent in<crc
la Mort dans un )eu qui ne devroit réveiller que des idées agrcab!cs ce Jeui
~[oif un jeu de guerre !a Mort devoit donc y entrer c'e~ ainn'quo le jeu
dc&cct)ecs nnit par échec mat, pom:TE!eux, dire rar.Sha !amort du Roi.
D'<ui!turs, noiis avons~ fu ocea~cn.'de rappeDer dans le Calu'dncr, c;ue dans
les féflins, ce Peuple (âge &: r~6echi taifcit parcu.rc MO ~ucicuc fbu:e nom
de A~Mrc~, fans doute afin d'engager les ccnvi~cs à ne ras ~c tccr par ccur-
mandife. Chacun a fa maniere de voir, & il ne ~ut ~md! di~'utcr dc&goûts.
N~ XV.
r y p tr o j~.
Le n". XV, représente un célèbre perfbnnage Egyptien TifTHOM frère
Démon d'EnMr il
<l'0nris & d'tus, le mauvais Principe le grand a des
ailes de chauve-fburis, des pieds & des mains d'harpie à la tête, de vi-
laines cornes dé cerf on t'a fait aum laid auOi diable qu'on a pu. A fes
pieds font deux petits Diablotins à'longues oreilles à grande queue, le<
n~ins liées derriere le dos ils ~bat eux-mêmes attachés par une corde qui
leur pane au cou, & qui e(t arrêtée au piédestal de Typhon c'e& qu'il ne
lâche pas ceux qui (ont à lui il aime bien ceux qui font ~ens.

N". X V I,
Maifon-Dieu ou CA«~MM f/a~M.

Pour le coùp nous avons ici une leçon contre l'avarice. Ce tableau re-
préfente une Tour, qu'on appelle MAisoN-DiEU, c'eft-à-dire, la Maifon par
excellence c'eA une Tour remplie d'or c'eft le Château de Plutus il tombe
en ruines, & (es Adorateurs tombent écrases fops fes débris,
A cet enfemble, peut-on méconnoitre l'Hi~oire de ce Prince Egyptien
dont parle HERopoTE, & qu'il appelle jR~~Mp~~fr, qui ayant &!tcohf-
truire une grande Tour de pierre pour renfermer fes trefbfs & dont lui feul
avoit la clef, s'appercevoit cependant qu'ils diminuoienc à vue d'oal, (ans
qu'on passât en aucune manière par la feule porte qui exiMt a cet édince,
Pour découvrir des voleurs auui adroits, ce Prince s'av~a de tendre des piéges
autour des vaC~q~i contenoient ~esrichenes. Les voleurs etoientle~ deux
fils de l'Architeû&dont s'etoit fervi Rhampunit il avoit ménagé une pierre
de telle manière qu'elle pouvoit s'ôter & fe remettre à volonté (ans qu'on
s'en apperçût. Il enfeigna Con fecret à fes enj&ns qui s'en fervirë nt merveil!eu-
~ement comme on voit. Ils voloient le Prince & puis ils fe jertoient de ta
Tour en bas c'en: ainH qu'ils font repréfentés ici. C'eA à la vérité le plus
beau de l'Hilioire; on trouvera dans Hérodote le rede de ce conte ingénieux
comment un des deux frères fut pris dana les filets comment il engagea fon
irere à lui couper la tête comment leur mère voulut ab&lument que celui-
ci rapportât le corps de fon frère comment ilalla avec des outres chargés
fur un âne pour enivrer les Gardes du cadavce & du Palais comment, apr«
qu'ils
qu'ils eurent vu!dé tes outres malgré (es larmes
artincieutes, & qu'Us (e furent
endormis, il leur coupa & tous la barbe du côté droit, & leur enleva le corps
de fon frere comment le Roi fort étonna, engagea fa fille à fe taire ra-
conter par chacun de Ces amans le plus joli tour qu'ils euffenc fait comment
ce jeune éveillé alla auprès de la belle lui raconta tout ce qu'il avott fait
comment la bette ayant voulu t'arrêter, elle ne (e trouva avoir (aifi qu'un bras
potiche comment pour achever cette grande aventure & la mener à
une heureufe fin ce Roi promit cette même fienne fille au jeune homme
Ïng~nieux qui l'avoir fi bien joue comme à la perfonne la plus digne d'eue
ce qui s'exécuta à la grande (atisiadion de tous.
Je ne fais fi Hérodote prit ce conte pour une hiftoire réelle mais un
Peuple capable d'inventer de pareilles Romances ou Fables Miléfiennes,
pouvoit fort bien inventer un jeu quelconque.
Cet Ecri vain rapporte un autre fait qui prouve ce que nous avons dit dans t'HiC.
toire du Calendrier que les Aaiues des Géans qu'on promene dans diverfM
Fêtes, dengnercnt presque toujours les faifons. H dit que Rhamp(!nit, le même
Prince dont nous venons de parler, fic élever au Nord & au Midi du Temple
de Vulcain deux ftarues de vingt cinq coudées de haut, qu'on appelloit
l'Eté & l'Hiver on adorait, ajoute.t-il cette-la, & on tacrinoit, au conf
traire à cette-ci c'eA donc comme les Sauvages qui reconnoiucnt le boa
Principe & l'aiment, mais qui ne facrifient qu'au mauvais.

N*.
o X.

La J!oM Fortune.
Le decnier numéro de cette Planche e~ ta Roue de Fortune. Ici des Per-
sonnages humains, fous la forme de Singes, de Chiens de Lapins, &c.
s'élevent tour-a-tour fur cette roue à laquelle ils <bnt attachés on diroit que
c'eft une fatyre contre la fortune & contre ceux qu'elle éleve rapidement
qu'ette iaine retomber avec la même rapidité.

PL A N C H E VIII.
N°.XX.
T«~M mal aM~ le ~e~r c~M.
Ce Tableau repréfente un Ange tonnant de l.t trompette on voit auûS<
tôt co aime fortir de terre un vtett~rd ) une femme, un enfant nuds.
jP~.T'CM.A B b b
Les Cartiersqui avoient perdu la valeur de ces Tableaux, & plus encore
leur enfemble ont vu ici le Jugement dernier & pour le rendre plus fen-
fibte, ils y ont mis comme des efpèces de tombeaux. Otez ces tombeaux., ça
Tableau (en: également à défigner la CREATION~ amveed.uisleTems,&tt
commencement du Tems qu'indique le n°. XXI..
?. X X I:
Le T~3f~, mal. nommE le ~fo~~B,

Ce Tableau que les Cartiers- ont appelé le Monde, parce qu'tts Font
confidéré comme l'origine de tout, représente le TEMS. On ne peut le oe-
conno~tre à ~on enfemble..
Dans le centre e~ la Deede du Tems avec (on voile qui voltige, & qui
hn'fert de ceinture ou de Peplum comme t'appe!Ioieni les Anciens. Elle e(t
dans l'attitude de courir comme le Tems, & dans un cercle qui repréfente les
révolutions du Tems, ainn que l'ccuf d'où tout eRfbrti dans le Temps.
Aux quatre coins du Tableau font les emb)êmes des quatre.Sa.ifoiis qu)
forment les révolutions de l'année, les mêmes qui compofblent. les quatre
têtes des Chérubins. Ces emblêmes (ont,.
L'Aigle, le Lion le Bœuf, & le Jeune-Homme.
L'Aigle représente le Printems, ou rcparoiuent tes o.i(eaux..
Le Lion l'Eté ou les ardeurs du Soleil.
Le Bceufj, l'Automne ou on laboure & ou on feme..
I<e Jeune-Homme ,rHiver où l'on le réunit en fbciete..

ARTICLEE IL
f.~ Cou~y~
1
Outre !es AtoM, ce 7eu eA compofé de quatre Couleurs 'diMnguees pat~
kurs emblèmes on les appelle ÉpEE CoupE, BÂTON & DtNtEtL.
On peut voir les As,de.ces quatre couleurs dans, la Planche VIII.
A repréfente l'As d'Epee, furmonte d'une couronne qu'entourent de~'
palmes.
C l'As de Coupe il.a a t'au: d'un Château ce'ainG qu'on faifoit autre'
ibis les grandes tanes d'argent.
D t'As de Bâtot* c'e(t une vrai mauue.
B,At de Denier, e!tvironn~deguir!andes~
-Chacune de ces couleurs e~ compose de quatorze Canes, c'ett-à-f'ir? de
dix Cartes numérotées depuis 1 )Utqu'a X, &: de quatre Cartes ng ree~
qu'on appelle le Roi la Reine, te Chevalier ou Cavalier, & fon Ecu) er ou
Valet.
Ce! quatre Couleurs (ont:relatives aux quatre Et jts~nire lefquels étoient
divins les Egyptiens.
L'Épee deugnoit le Souverain & la Noble(Ie toute Militaire.
La Coupe te Cierge ou le Sacerdoce.
Le BAT.OM, ou Matlue d'Hercule, l'Agncu'turc.
Le Denier, le Commerce dont l'argent eic !e ligne.

Ce 7~ fondé fur le ao/n~ /y/M~


'Ce leu eft absolument fondé fur le nombre facré de (ept. Chaque couleur
e~ de deux fois fepc canes. Les Atous font au nombre de trois fois (ept le
nombre des cartes de (oixance-dix-~pnte Pourtant comme 0. Or, personne
n'ignore le rote que ce nombre jouoit chez les Egyptiens & qu'il étoit de-
venu .chez eux une&rmuie à laquelle ils ranrenoient les élémens de toutes les
Sciences.
'L'idée finifire attachée dans ce Jeu au nombre treize, ramené également
fort bien à la même origine.
Ce Jeu ne peut donc avoir été inventé que par des Egyptiens, puif~n'it
pour ~a(e ~e nombre (ept qu'il eft relatif i la divinon des habicans de l'E-
gypte en (~atfeclaQes; que la plupart de fes Atous fe rapportent abiotu:nenc
à l'Egypte, tds que les deux Chefs des Hiérophantes, homme
la femme Kt:
Canicule, Typhon, Ofiris, la Maifon-Dieu, le Monde, les Chiens qui
.dengnent le Tropique, &c; que ce Jeu, entiérement allégorique, ne put
.être l'ouvrage que des feuls Egyptiens.
Inventé par un homme de génie avant ou après le Jeu des Echecs &:
il
rcuniuant l'utilité au plaifir eft parvenu jusqu'à nous à travers tous les
ficelés il a (urvécu à la ruine entière de l'Egypte & de ces connoitlances
qui la diftinguoient, & tandis qu'on n'avoit nulle idée de la (agef!e des le-
vons qu'il renfermoti, on ne laiuoit pas de s'amuser du Jeu qu'elle avoit
-invente.
Il eft d'ailleurs aile de tracer la route qu'il a tenue pour arriver dans
,nos Contrées. Dans les premiers ilecles de l'EgItte, les Egyptiens étaient:
B b b ij
trcs-rcpandut Rome ils y cotent porté leurs cérémonies & le cuhc
d'Ins par conséquent le Jeu dont il s'agic.
i
Ce leu intérenant par lui même < ~uc bofne titatie jufqu'~ ce que
les liaisons des Allemands avec tes ha)iens fe firent conno~re de cette Seconde
Nation & )u(qu'à ce que celles des Comtes de Provence avec i'haJie,
& fur-tout !e féjour de la Cour de Rome & Avignon,, le naturalifa en Pro-
vence & à Avignon.
S'il ne vint pas )ufqu'a. Paris, if faut t'attribuer à la bifarrerie de tes figures
& au volume de tes Cartes qui n'étoient point de nature à plaire à la viva-
cité des Dames Francoifes. Auui tuc-on~obtigéy comme nous te verrons bientôt,
de réduire exceflivement ce Jeu en leur faveur.
Cependant l'Egypte elle-meme- ne jouit point du fruit de (on invention
réduits à la fervitude la plus déplorable à l'ignorance la plus profonde.
privés de tous les Arcs, Ces Habitans feroient hors d'état de fabriquer une
feule Carte de ce Jeu.
Si nos Cartes Franc~oi(es, infiniment moins compnquées, exigent le travaH
foutenu d'une multitude de mains & le concours de ptuueurs Arts commenc
ce Peuple intbttuné auroit-il pu con(erver les ncnnes Têts font les maux qui
fondent fur une Nation adMvio, qu'eite perd-jufquesaux objets defes amu(e*
tnens n'ayant pu conferver fes avantages les plus, prédeuT, de quel drôle
prétendroit*et!e à ce qui n'en étoic qu'un détauemenc agréable

NOMS. OAjTE~y~~jc <roj<r~jKA~s D~c~ /~y.


Ce leu a confervE quelques noms qui !e 'dec~etoteat égatemenc )<?
jOtientat fi on n'en avoit pas d'autres preuves.
Ces Noms font ceux de TAR&, de MAT & de PAGAD~

t. T A R 0 T

Le nom de ce leu eft pur Egyptien il e~ compote du mot 7'jiA, qut


lignifie voie, chemin & du met Ro Ros, ~!oC, qui ugnine Roi, Royal,
C'e~, mot-a'moE, le chemin Royal de la vie.
Il fe rapporte en eSet à la vie entière des Citoyens, puifqu*H eft formé'
des divers Et~t& entre lefquels ils font divifés & que ce Jeu les tuit depuis
leur naiuance )uj[qu'a la morr, en leur montrant toutes les vertus & tous les
guides phyfiques & moraux auxquels ils doivent s'attacher, tels que le Roi
b Reine les Chefs de la Religion, !e Soleil, la Lune, &c~
Il leut apprend en même tcms par le Joueur de gobelets & par la roue
de fortune, que rien n'e& plus incon~am dans ce monde que les divers Etais
de l'homme: que fon feu! réfuge eft dans la venu y qu< ne lui manque ornait
au besoin,
M A

Le Mat, nom vulgau.'e' du Fou, & qui (ubMe en ItaHen vienr de l'Orienta!
~M, afiomme~ meurtri, fêle. Les Foux ont toujours été représentes comme
ayant le cerveau fcle,
P A G A P. y

Le loueur de gobelets <(t appellé PACAD dans fe courant du Jeu. Ce nom


qui ne retfemble à rien dans nos Langues Occidentales, e(t Oriental pur
& très- bien choiu: P~C ugnine en Orient, Chef, Maître, Seigneur: <c
la Fortune. En e~et, il e& repréfenté comme di(po&nf du fort avec
baguette de Jacob ou & verge des Mages.

ARTICLE 11 r.
J~f~j~f~jt~ ~o~r c~ ycr~ ~~jc 7'~jtor~
t*. Maniere ds ~0/ /M C<t~<~
Un de nos Amis, M. L'A. R. bien voulu nous expliquer la maniere dont
a

en le joue c'e~ lui qui va parler y n nous l'avons bien compris.


On joue ce Jeu à deux mais on donne les Canes comme fi on jouo!c
trois: chaque Joueur n'a donc qu'un tiers des Carres~ ainfi pendant le
combat il y à toujours un tiers des Troupes qui fe reposent on pourroit les
appeller le Corps de referve~
Car ce leu eft un Jeu de guerre y o{ non un Jeu pacifique comme on
i*avoit dit mal-à-propos or dans toute Armée il y a un Corps de réferve.
D'ailleurs, cène réferve rend le Jeu plus difficile puisqu'on a beaucoup plus,
de peine à deviner les Carrer que peut avoir fon adverfaire..
On donne les Cartes par cinq, ou de cinq en cinq.
Sur les y< Carres il en rcAe donc trois à la fin au lieu de les partagée
entre les Joueurs & la réferve ou- le Mort celui qui donne les garde pouc~
lui ce qui lui donne l'avantage d'en écarter trois..
.1"
Af~re compter les points de _/c/ï

Les ÂTous n'ont pas tous la même valeur.


Les t.
'Les t. i.
10. ï~. t8&: 17. font appellés les cinq grands Atout.
&* font appellés tes cin<~ petits.
'Si on en a trois des grands ou trois des petits on compte cinq points ·
dix points, fi on en a quatre & quinze, fi on en a cinq.
C'eft encore une manière de compter Egyptienne le dinaire ou denier de
Pyrhagere étant égal au quaternaire puifque un deux, trois & quatre
ajoures ensemble font dix.
Si on a dix Atous dans (on Jeu on les étale, & J!s va!enr encore dix
points.; G on en a treize on le. étale auul, & ils .valent quinze points~
indépendamment des autres combinaisons.
Sept Carres portent le Nom de Tarots par excellence ce font les Cartes
j!rlviteg<ces;& encore ici tenombre.de.fepc. Ces Cartes fbnr~
Le Monde Qu Atout n.~
Le Mat ou Fou. o. S Atous-T~rots.

Jn Le Pagad ou Atout r.
les quatre Rois.
Si on a deux de cejs A-tous-Tarots on demande a. l'autre, y~< n< /*« ?
-celut-ci~e peut répondre en montrant le troineme, celui qui a fait la queftion
tnarque .points it en marque ï s'it les a~qus troM.Les fcquenccs o.ulies
~gurcs de it mcmp conteur -valent ~.points.

Maniere de jouer fes Cartes,.

Le Fou ne prend rien, rien ne le prend it -forme Atout, il eft de toute

~cay..
routeur également.
loue't-on un'Roi, n'a-t-on pas ~a Dame on met le Fou

Le -Fou avec deux Rois, compte points avec trois., quinze.


Un Roi coupé ,'ou mort, points pour celui qui coupe.
ce qui s'appeHe

Si on prend Pagad à fon adversaire, on marque points.


Ainfi le Jeu eft de prendre à ton adver(aire les figures qui comptent
le plus de pbints & de faire tous fes efforts pour former des féquences
!'âdverfaire doit faire tous les riens
pour fauver fes grande! figures par
con~quenr voir venir, en ~acriSant de. tbib!es Atous ou tes plus foibles
Carres de ~cs couleurs.
Il doit fur-tout fe faire des renonces, afin de fauver. Ces fortes Cartes en
coupant celles, de fon adverraire.
~.°..Cc~ C~~M~ qui donne.
Celui qui donne ne peut ecarcer ni Atous ni Rois it Ce feroit trop beau
teu, puifqu'it fe (auv~roic fans péri!. Tout ce. qu'on lui permet en faveur de
fa primauté, c'eft d'écarter une féquence car.elle compte, & elle peut lui
former. une renonce ce. qui eft un double avantage..

Maniere dé compter lés mains..


r
ta'parde e~ en cent, comme au Piquer, avec cette din~rence, qae ce
n*eH pas celui qui arrive le premier à cent !orfque!a partie en: commencée
qui gagne, mais celui qui fait alors le plus de points; car il faut que toute
partie commencée MUe jusqu'au boin:H offre ainftplusderenourcequete
Piquer.

Ï
Pour compter lés points qu'on a dans ~es mains, cnacune des fept Carte<
appellées TaTocs avec une Cane de couleur, vaut j. points.
La Dame avec une Carte,
Le' Cavalier avec une Garre
Le Valet avec une Carte, i.-
)'
i. Cartes nmptes ensemble, ï.-
a
On compte l'excédent des points qu'un'de: ad~erfaires (ut raQtre.oc
Ules marque.: on continue de jouer )u(qu'a ce qu'on foit parvenu à eenc,
.`, A R T 1 CLE LV.
t/ des 7*~ 0 T J
J JC C07! <WMmc ~/ï ~H de Géographie Pû/
On nous a rait-voir (pr unCata!ogue de Livres ItaHens~ ie titre d'un
Ouvrage où la Géographie 0~ entrelacée avec le. Jeu des Tarots: & nous
n'avons pu a~:r ce Livre. Gontieni-it. des tecons de Géographie à graver (uE
chaque Carie de ce Jeu! E(~ce une.application de ce Jeu à la Géographie!
Lech~mp.de conjec~tires eft fans nn, & p'eut-être qu'àtbrce de multiplier
l~s combinaisons, nous nous éloignerions plus des vues de cet Ouvrage. Sans
tMWembacra~ec de ce. qu'il t pu. dite, voyons nous-mcme conuneat les
Egyptiens auroienr pu appliquer ce Jeu a la Géographie Politique, telle qu'elle
étoit connue de leur tems, il y a à peu-prcs rrois mille ans.
Le Tems ou le MONDF, repréfoucroit le Globe de la Terre & Ces révolutions.
La CRÉATION le moment ou la Terre forcit du cahos où elle prit une
forme, fe divifant en Terres en mers, & ou l'homme fut créé pour devenir
le Maître, le Roi de cette belle propriété.
Les QUATRE VERTUS Cardinales, correspondent aux IV. côtés du Monde
Orient, Occident, Nord & Midi ces quatre points reiarirs àFhomme, par te~.
quels il eft au centre de tout qu'on peut appeller ~a droite,~ gauche, fà face
& fon dos, & d'oùies connoit~nces s'étendent en rayons jusqu'à t'extrémite
de tout, fuivant fétendue de ~es yeux phyfiques premièrement, & puis
de Ces yeux inteHectuets bien autrement percans.
LES Qu~ttRE Coui-EUM feront les IV. Régions ou parties du Monde cor-
respondantes aux quatre points cardinaux, l'Ane, t'An'ique l'Europe & la
Celto-Scythie ou les Pays glacés du Nord divinon qui s'e(t augmentée de
i'Amérique depuis fa découverte, & où pour ne rien perdre de l'ancienne on
a mb~itué à la Ceko-Scythie les Terres polaires du Nord & du Midi.
L'~PEE rcpréfente l'AsiE, Pays des grandes Monarchies des grandes Con-
quêtes des grandes Révolutions.
BATON t'EGYPTB nourriciefe des Peuptes, Jfymbo!e du Midi, des Peu-
ples noirs.
CoupE, te Nopp d'oA descendirent les Peuples, ce d'où vint l'In~
trucHon &: !a Science.
DtmER, t'EuRorE out'Oceident, fiche en mines d'or dans cet com-
tnencemens du mo,nde, que Jfl m~t ,a propos no~s appellons le vieux-tems
les tems antiques.
Chacune des X. Cartes numérotées de ces ïV. foreurs, fcfa une des grahdct
Contrées de ces IV. Régions du Monde,
Les X. Cartes d'EpM auront représenté, l'Arabie; l'Idum~e, qui régaoic
~ur les Mers du Midi la Pateline peuplée d'Egyptiens la Phénicie, Ma~
irene de la Mer Méditerranée la Syrie ou Aramée, !a Mésopotamie oit
Chatdee, la Médie, la Sunane, la Per(e & les Indes.
Les X. Canes de BATop auront représenté les trois grandes diviuons de
l'Egypte, Thébaïde ou Egypte Cupérieure, Delta ou baue Egypte Hepta-
nome ou Egypte du milieu divifée en fcpt Gouvernemens. Enfuite l'Ethio-
pie, la Cyrénatque, ou à fa place les terres de Jupiter Ammon, la Lybie
ouCarthage, les Pacifiques Atlantes, les Numides yagabons les Maures
appuyés
.ttppttyés fur l'Océan Atlantique; les Gaules, qui placés au Midi de !'Ar!as, Ce
répandoient dans ces va~es Contrées que nous appellons aujourd'hui Nigritie
Guinée.
Les X. Cartes de DïME~ auront repréfenté l'Me de Crète, Royaume de
i'i!!u~re Minos, la Grèce & Ces Ifles l'Italie !a Sicile & fes volcans Jes Ba-
léares céiebres par t habitetede leurs troupes de trait, la Bétique riche en tro
peaux la Cetcibérie abondante en mines d'or Gadix ou Cadir, l'jHe d'Her-
cule par excellence, ia plus commerçante de t'Univers la Lufitanie & les
JHes Fortunées, ou Canaries.
Les X. Cartes de Cours, l'Arménie & fbn mont Ararat, ribeftp, les ~cy-
tnes de rimaus, les Scythes du CaucaCe les Cimmcriens des Pa~us'A~eo"
tides, les Geies ou Goths, les Daces, les Hyperboréens fi célèbres dans cette
haute Antiquité~ les Cekes errants dans leurs forêts glacées l'JHe de Thu!e
aux extrémités du Monde.
Les quatre Carres figurées de chaque couleur auront contenu des détaik
géographiques relatifs à chaque Région.
LesRois, t'éfatdesGouvernemens de chacune, tes forces des Empires
qui les compofoient, & comment elles étoient plus ou moins confidérables
fuivant que l'Agriculture y étoit en ufage & en honneur; cette fource intarii~fa-
Me de richeffes toujours renaiuantes.
Les REINES, le développement de leurs Religions de leurs Moeurs, de
leurs U~ges, mr.rouc de ieufs Opinions, ~'Opinion ayant toujours été regar-
dée commet Reine du monde. Heureux celui qui iaura la diriger; il fera tou-
jours Roi de l'Univers, maître de ~cs femblables c'eft Hercule t'eioquenc qui
tnene les hommes avec des freins d'or.
Les CAV ALIERS, les exploits des Peuples, l'Hi(1oire de leurs Héros ou Che<
valiers cette de leurs Tournois, de leurs Jeux, de leurs batailles.
Les VALETS, FHi~oire des Arts, ~eur origine, leur narure; coût ce qui re.
garde la portion indufirieufe de chaque Nation, celle qui fe livre aux objets
méchaniques aux Matiu&ctures, au Commerce qui varie de cent manières
la forme des hchefÏes fans rien ajouter au fond, qui fait circuler dans t'Utu-
vers ces ncbt~s & les objets de FinduMe qui met même les Agrwoles de
à
faire rena~re les richenes en leur rburnidanc les défjouches les plus prompts
de celles qu'ils onc dcjà fait na!tre, & comment tout eft étrange dès que
cette circulation ne joue pas avec ttbertc.pu~que les Commerçons s font moins
occupés,& ceux qui teurïburninent décourage!.
L'cnfembte des XXI ou XXII Atous les XXII Lettres de l'Alphabet
F~. Tf/K. 7. Ccc
Egyptien commun aux Hébreux & aux Orienraux & qui fervant de chiSres
font nécetlaires pour tenir compte de l'enfemble de tant de contrées.
Chacun de ces Atous aura eu en même tems un ufage particulier. Plu-
ueurs auront été relatifs aux principaux objets de la Géographie Céte~e, fi on
peut fe fervir de cette expreffion. Tels
Le Soteit, la Lune le Cancer, les Colonnes d'Hercule, les Tropiques ou
leurs Chiens.
La Canicute. cette belle & brillante Portière des Cieux.
L'Ourfë céleRe fur laquelle s'appuient tous les A (très en exécutant leurs
révolutions autour d'e)!e, Conflellation admirable repréfentéepartesfeptïa-
ros, & qui femble publier en caractères de feu imprimés fur nos têtes & dans
le Firmament, que notre Syftême folaire fut fondé comme les Sciences fur la
Formule de fëpt, & peut- être même la ma(îe entière de l'Univers.
Tous les autres peuvent être conhderés relativement à la Géographie poli-
tique & morale au vrai Gouvernement des Etats & même au gouverne-
ment de chaque homme en particulier.
Les quatre Arous relatifs à l'autorité civile & religieufe, font conno!tre l'im-
portance pour un Etat de l'unité de Gouvernement, & de refpecc pour les
Anciens.
Les quatre Vertus Cardinales montrent que les Etats ne peuvent fe route-
nir que par la bonté du Gouvernement, par l'excellence de l'instruction par
la pratique des vertus dans ceux qui gouvernent & qui font gouvernés Pru-
dence à corriger les abus, Force pour maintenir la paix & l'union Tempé-
rance dans les moyens; Judice envers tous. Comment l'ignorance la hau-
teur, l'avarice la iottiîe dans les uns engendrent dans les autres un mépris
tune&e d'où réfuttent les défor.dres qui ébranlent jufques dans leurs fonde-
mens les Empires où on viole la JufUce où on force tous les moyens, où
l'on abufe de ~a force & où on vit fans prévoyance. Défbrdre~ qui ont dé-
truit tant de Familles dont le nom avoit rctenti fi long-tems par toute la
Terre, & qui avoient régné avec tant de gloire fur les Nations étonnées.
Ces vertus ne font pas moins nécenaires à chaqueIndividu. La Tempérance
régte fes devoirs envers fbi.même, fur-tout envers fon propre corps qu'il ne
traite trop fouventque comme un malheureux efctave martyr de fes affections
defbrdonnée*.
La Ju~ice qui règle tes devoirs envers fon prochain & envers la Divinité
elle-même à qui il doit tout.
La Force avec laquelle il fë foutient au milieu des ruines de l'Univers, il
~c rit des efforts vains & in~en(és des pa(Hon! qui t'adiégent fans celfe de leurs
tlots impétueux.
Ennn la Prudence avec laquelle il attend patiemment le fucccs de fes
<oins, prêt à tout événement & femblable à un fin joueur qui ne rifque jamais
fon jeu & fait tirer parti de tout.
Le Roi triomphant devient alors l*emb!ême de celui qui au moyen de cac
vertus a étéfage envers tui-mê'ne juRe envers autrui, fort contre les paulons
prévoyant à s'amaner des reuources contre les tems d'advernté.
Le Tems qui ufe tout avec une rapidité inconcevable la Fortune qui fe
joue de tout le Bateleur qui efcamore tout, la Folie qui eft de tout, l'Ava-
rice qui perd tout; le Diable qui fe fourre par-tout r~ Mort qui engloutit
tout, nombre feptenaire fingulier qui eft de tout pays, peut donner lieu à des
observations non moins importantes & non moins variées.
Ennn, celui qui a tout à gagner & rien à perdre le Roi véritablement
triomphant, c'en. te vrai Sage qui la lanterne en main eft fans ceue arientiFà
tes démarches, ne fait aucune école, connoit tout ce qui eft bien pour en jouir,
& apperçoit tout ce qui e~ mal pour t'éviter.
Telle (eroit ou à peu près l'explication géographico-po!itiqoe-nr)ora!ede
cet antique Jeu & celle doit être la fin de tous. Humanité, que vous feriez
heuccufe <t tous les jeux Ce terminoient ainfi t

A R T ICL E V.
J!<ypo~~ Jeu avec un Monument CA<'no<

M. BEMtN qui a rendu de fi grands fervices à la Littérature & aux Scien-


ces par les excellens Mémoires qu'il s'eft procurés, & qu'il a fait publier fur
la Chine, nous a communiqué un Monument unique qui lui a été envoyé de
cette vatte Contrée, & qu'on fait remonter aux premiers âges de cet Empire
puisque les Chinois le regardent comme une Inscription relative au defleche-
ment des eaux du Déhige par Yao.
H eft compote de caractères qui forment de grands compartimens en quar-
té-4ong,tous égaux & ptéci~ëment de la même grandeur que ies Canes du
Jeu desTarots.
Ces compartimens font didribués en ux colonnes perpendiculaires dont les
cinq premieres renferment quatorze compartimens chacune tandis que la,
~xiéme qui n'ed remplie qu'à moitié n'en contient que tept.
Ce Monument e~ donc compofé de foixante-dix-fcpt figures, ainfi que le
Cccij
!eu de Tarots &:il eft rbrmé d'après la même combinaifon du nombre (epr~
puisque chaque colonne pleine eft de quatorze ngure:, & que celle qui ne t'e~
qu'à demi, en contient (epc.
Sans cela on auroit pu arranger ces fbixantc-dix-fept compartimens de
maniere à ne !ainer prefque peint de vuide dans cecre nxiéme colonne on-
n'auroit eu qu'à faire chaque colonne de treize companimens &: ta nxieme
en auroit eu douze.
Ce Monument eft donc parrairement fembtabîe, quant à la difponfion a<t
Jeu des Tarots, fi on les côtoie fur un feul Tableau les quatre couleurs reroienc
les quatre premieres colonnes à quatorze carres chacune & les atous au
nombre de vingt-un rempliroient la cinquième colonne, ci: précisément ta.
moitié de la (txiemc.
H feroit bien (jngulier qu'un rapport pareil H~t le umpte etîec du hafard il
ctt donc très-apparent que l'un & l'autre de ces Monumens ont été formé,
d'après la même théorie, & fur l'attachement au nombre facré de (ept ils ont
donc l'air de n~être tous tes deux qu'une application diSerente d'une feule &
<neme formule antérieure peut-être à l'exigence des Chinois & des Egyp-
MeM: peut-être même crouTera-cotT quelque cho(e de pareil chez les In-
diens ou chez tes Peuples du Thiber placés entre ces deux anciennes Nations,
Nous avons été fort tentés de faire aum graver ce Monument Chinois y
mais la crainte de le mat figurer en le réduisant à un champ plus petit que l'o*
riginal, joint à rimpombitite ou nos moyens nous mettent de faire tout ce
~u'exigeroit ta perfection de notre ouvrage, nous a retenu.
N'omettons pas que !efnguresChuMue&j[onten blanc fur ua fond tce<"
jtMr ce qui les fend tres-&illanMs.

A R T 1 C L E V I.
Rapport </e ce 7<a «v« Quadrilles ou Tournois.

Pendant un grand nombre de Sectes la Nobteffë montoit à chevat, & dî'-


vi~ee en couleurs ou en ~a~ions, elle exécuroit cntr'ette des combats reintt
ou Tournois parfaitement analogues ? ce qu'on exécute dans les jeux de car-'
tes, & fur-tout dans celui des Tarots, qui étoit un jeu militaire de même que
celui des échecs en même tems qu'il pouvoit être envi&gé comme un jeu.
civil en quoi il l'emporiott fur ce dernier,
Dans l'origine, les Chevaliers du Tournois étoientdivhes en quatre, m~
«M en dn~ bandes relatives aux quatre couleurs des Tarots oc à la mane det
Acoos. C'e~ ainfi que !e dernier divernuement de ce genre qu'on ait
vu en
t
France, fut donné en <~i par Louis XIV entre les Tuileries & le Loù-
vre, dans cette grande place qui en a conserve le nom de Caroufet. Il doit
compoCé de cinq Quadrilles. Le Roi étoit à la tête des Romains fon Frère
»
Chef de la Maison d'Orléans, à la tête des Perfans te Prince de Condc com-
mandoit les Turcs le Duc d'Enguien fon fils, les Indiens le Duc de Guife
les Américains. Trois Reines y avèrent fous un dais la Reine-Mère la
Reine régnante la Reine d'Angleterre'veuve de Charles If. Le Comte de
Sautr, nts du Duc de LeCdiguieres, remporta le prix & le reçut des mains ds
la Reine-Mere.
Les Quadtittes étoient ordinairement compotes de X ou de ï ï. Cavaliers
pour chaque couteur ce qui, à 4. couleurs & à 8 par Quadrille donne le
aombre i, qui tbrmecetui des Cartes pour le Jeu de Piquet & à cou!eurs,
le nombre 4o qui eA celui des Cartes pour le 7eu de Quadrille.

ARTICLE VIII.
Jeux de Cartes Efpagnols.
Lorsqu'on examine les ~eux de Cartes en ufage chez les E~pagnoîs, on ne
peut s~empecher de reconnoitre qu'ns font un diminutif des Tarots.
Leurs Jeux les plus di~ingués font celui de t'Hombre qui Ce joue à trois ~e
le Quadrille qui fe joue à quatre & qui n'eA qu'une modification do Jeu de
l'Hombre.
Celui-ci n~gnine le 7~ /o/n//M ou de la vie humaine~ il a donc un
MOM qui correspond par&iMment à celui du Tarot.
Il eft divifé en quatre couleurs qui portent les mêmes noms que dans les
Tarots, tels que SpADinE ou épée, BASTE ou bâton, qui font les deux cou-
leurs nôtres CorA ou Coupe, & DiN~Ro ou Denier qui font les deux cou-
leurs rouges.
Plusieurs de ces noms & font transmis en France avec ce leu ainfi l'as de
pique eR appellé SpADii.ï.B ou épée l'as de trene, BASTB, c'e~-à-dire, bâton,.
L'as de cœur eft appellé PoNTB, de t'Efpagno! FenM, as, ou un poinc.
CesAtous, qui font les plus forts, s'appellent MAïADOR-s ou les Aubm-~
meurs tes Triomphans qui ont détruit leurs ennemis,
Ce Jeu e~t entierement forme fur les Tournois; lapreuve en eft rrappante~
puisque les couleurs en ~ontappeuées f 4/0~ ou pieux les lances, les piaae~
des Chevaliers..
Les Cartes elles-mêmes (ont appelées NAYPtS, du mot Orienta! NAt, qui
fignifie prendre tenir mot-à-mot, les TENANS.
Ce ~bni donc quatre ou cinq Quadrilles de Chevaliers qui fe battent en
Tournois.
Ils font quarante, appellés NAypEs ouTenans.
Quatre couleurs appettees Palus ou rangs de piques.
Les Vainqueurs font appellés ~<<orj ou Anonameurs, ceux qui font
venus à bout de défaire leurs ennemis.
Enfin les noms des quatre couleurs celui même du Jeu, démontrent qu'il
a été formé en entier fur le Jeu des Tarots; que les Cartes Efpagnoles ne font
qu'une imitation CH petit du Jeu Egyptien.

A R T I C L E VIII.
C~Ay~ f/t~jvpof~~y.
D'après ces données, il n'eft perfonne qui ne s'apperçoive fans peine que
les Cartes Françoifes ne font elles-mêmes qu'une imitation des Cartes Efpa-
gnotes, & qu'elles font ainfi l'imitation d'une imitation, parconfcquent une
inltitution bien dégénérée, loin d'être une invention originale & première,
comme font cru mal à propos nos Savans qui n'avoient en cela aucun poine
de cpmparaiton feul moyen de découvrir les causes & les rapports de tout.
On luppofe ordinairement que les Canes Françoifes furent inventées fous le
Regne de Charles VJ, & pour amuser ce Prince rbible & infirme; mais ce que
nous nous croyons en droit d'affirmer, e'eA qu'elles ne lurent qu'une imitation
des Jeux méridionaux.
Peut-être même ferions-nous en droit de (uppofec que tes Cartes Françoifes
font plus anciennes que Charles VI puifqu'on attribue dans DucAMGE (t)
S. BERNARD de Sienne, contemporain de Charles V, d'avoir condamné au
feu non-feulement les manques & les dez à jouer, mais même les C~M
Triomphales, ou du Jeu appellé la Triomphe.
On trouve dans le même Ducange les Statuts Criminels d'une ViHe appel.
tce SAOMA, qui défend également les Jeux de Carres.
I! faut que ces Statuts foient très-anciens~ puifque dans cet Ouvrage on
n'a pu en indiquer le tems cette Ville doit être celle de SAvoNE.

(!) Au mot CHA&TA.


Ajoutons qu'il raMoit que ces Jeux fu!Ïent bien plus anciens que S. Bernard de
Sienne auroit-il confondu avec les dez & les manques un Jeu nouvellement
inventé pour amu(er un grand Roi t
Nos Cartes Françoifes ne préfentent d'ailleurs nulle vue, nul génie, nul
enfemble. Si elles ont été in ventées d'après les Tournois, pourquoi a-t-on
fupprimé le Chevalier, tandis qu'on confervoif Con Ecuyer: pourquoi n'ad-
mettre dcs-!ors que treize Cartes au lieu de quatorze par couleur3
Les noms des couleurs ie îbnr dégénères au point de n'oSrir plus d'ensem-
ble. Si on peut reconnoître l'épée dans la pique, comment le bâton efl-il de-
venu trefle ? & comment en: ce que le coeur & le carreau correspondent à cou-
pe & à denier ;.& quelles idées réveillent ces couleurs ?
Quetteidee prefentenc également les noms donnés aux quatre Rois~David,
Alexandre, Céfar, Charlemagne ne (ont pas même relatifs aux quatre fa-
meufes Monarchies de l'Antiquité ni à celles des tems modernes. C'cft un
monftfueux compo(e.
Il en eft de même des noms des Reines on les appelle Rachel Judith
Pallas & Argine: il eft vrai qu'on a cru que c'étoient des noms altegoriques
relatifs aux quatre manières dont une Dame s'attire les hommages des hom-
mes que Rachel déngne la beauté Judith la force Pallas la tagene & Ar-
gine, oA l'on ne voit que l'anagramme jR~/M, Reine, la nainance.
Mais quels rapports ont ces noms avec Charles VI ou avec la France?l
que ces allégories font forcées
H eft vrai qu'entre les noms des Valets on trouve celui de la Hire, qui pour-
roit (e rapporter à un des Généraux François de Charles VI mais ce teut rap-
port eft-il fumfantpour brouitter toutes les époque! r
Nous en étions ici lorsqu'on nous a parlé d'un Ouvrage de M. FAbbé RivE,
cuit difcure le même objet après l'avoir cherché en vain chez la ptûpart de nos
Libraires M. de S. PATERNE nous le prête.
Cet Ouvrage eft int!tut6:
NoTicES historiques & critiques de deux Manurcrits de la Bibfiothcque

parM.t*AbbeRiVE,&c. à Paris, 77 9,
de M. le Duc de i-AVALUERE, dont l'un apour titre le Roman d'Artus,
Comte de Bretaigne; & l'autre le Romant de Pertenay ou de Lufignen
6 pages.
A la page 7 l'Auteur commence à discuter ce qui regarde l'origine des
Cartes Francoi~cs nous avons vu avec ptai~r qu'il Coutient °. que ces Cartes
~bnt plus anciennes que Charles VI i". qu'elles font une imitation des CM-
tes Efpagnoles nous allons donner un Précis ~iccin~ de fes preuves.
Les Carres, dit-il font au moins de l'an t o & ce n'eft ni en France
M
hi en Italie, ni en Allemagne qu'elles paroifîent pour la premiere fois. On les
M
voir en Efpagne vers cette année, & bien long-tems avant qu'on en trouve
» la moindre trace dans aucune autre Nation.
Elles y ont été inventées, félonie Dictionnaire Cadillan de 17)~, par
un nommé Nicolao Pepin.
Ou les trouve en Italie vers la fin de ce même Siècle, fous le nom de
M
Naibi dans la Chronique de Giovan Morelli qui e~ de l'an i }~
Ce favant Abbé nous apprend en même tems que la première piece Et"
pagnole qui en attelé l'exigence, eu: d'environ l'an t i. M Ce font les Sta-
M tuts d'un Ordre de Chevalerie établi vers ce tems-là en Efpagne &: ou les
t! Caries font prohibées cet Ordre s'appelloit l'Orne de la ~d it avoic
<' ctc établi par Alphonfe XI, Roi de Ca~itte. Ceux qu'on y admettoit rai"
foient ferment de ne pas jouer aux Cartes,
M
On les voit enfuite en France fous le Regne de Charles V. Le Petit Jean
M de Sainrré ne fut honoré des faveurs de Charles V
que parce qu'il ne )ouoip
ni aux dez ni aux Carres, & ce Roi les proscrivit ainfi que plufieurs autres
M Jeux, par fon Editde i;6~. On les décria dans diverses Provinces de la

» France; on y donna à quelques-unes de leurs figures des noms faits pour


« infpirer de l'horreur. En Provence, on en appella les Valets T&n. Ce
M nom déngnoit une race de Voleurs qui, en < avoient caufé dans ce
Pays & dans le Comtat Venaiflin, un ravage fi horrible, que les Papes furent
M
M obligés de faire prêcher
une Croifade pour les exterminer. Les Cartes ne fu-
u reni introduites dans la Cour de France que fous )e Succeneur de Char-
les V. On craignit même en les y introdutfàni, de blener la décence s &

M on
imagina en conféquence un prétexte ce fut celui de calmer la mélan-
<-
colie de Charles VI. On inventa fous Charles VII le Jeu de Piquet. Ce
Jeu fut caufe que les Cartes fe répondirent, de ta France, dans pludeurs au'
« très parties de l'Europe.
Ces détails font tres-intéref~ns leurs con(cquenccs le font encore ptus. Ces
Carres contre lefq.uell,es on fulminoit dans le XIVe Siècle, & qui rendoient
indigne des Ordres de Chevalerie, étoient néceuairemenc ires-anciennes elles
ne pouvoteni être regardées que comme des reftes d'un honteux Paganif-
me c'croient donc les Canes des Tarots; leur figure bifarre, leurs noms fin-
gutiers, tels que la Maifon-Dieu, le Diable, la Pape(Ie,&c. leur haute Anti-
quité qui fe perd dans la nuiF des tems, tes fpris qu'on en tirpit &:c. tout
dcvp~
<
<levo!t!es&ire regarder comme un amufement diabolique, comme une
ceuvre de la plus noire magie, d'une forcellerie condamnable.
Cependant le moyen de ne pas jouer on inventa donc des Jeux plus ha-
<nains, plus épures, dégagés de 6gures qui n'étoieni bonnes qu'à enrayer
de-!à les Carres Espagnoles & les Cartes François qui ne furenr jamais
vouées à l'interdit comme ces Cartes maudites venues de l'Egypte,mais qui
cependant ~e tramoient de loin fur ce Jeu ingénieux.
De-là fur-tout le Jeu de Piquet, qui eit une imitation fenGble & incontef-
table des Tarots, vrai Piquet, puifqu'on y Joue à deux, qu'on y écane, qu'on
y a des Séquences, qu'on y va en cent qu'on y compte le Jeu qu'on a en
main, &. les levées, & qu'on y trouve nombre d'autres rapports auffi frap-
pan<.
Co~c~r~fojv.
Nous ofons donc nous flatter que nos Lecteurs recevront avec ptaiuc ces
divertes vues fur des objets au(R communs que tes Cartes & qu'ils trouveront
.du'elles rectinent par~airement les idées vagues oc mal combinées qu'on avoic
eues jufques à présent (ur cet objet.
Qu'on n'avancera plus comme démontrées ces propoutions.
Que tes Canes n'exigent que depuis Chartes VI.
Que les Italiens (ont le dernier Peuple qui les ait adoptées.
Que le! figures du Jeu des Tarots font extravagantes.
.Qu'il e~ ridicule de chercher l'origine des Cartes dans les divers états de la
vie civile.
Que ce~Ieux font l'image de i!a vie painble~ tandis que celui des Echecs
-eft l'image de la guerre.
Que le Jeu des Echecs en: p!us ancien que celui des Cartes.
C'e& ainG que l'absence de la vérité, en quelque genre qu: ce foit, engen-
dre une foule d'erreurs de toute espèce, qui deviennent plus ou moins défa-4
~antageu(es, (uivanc qu'elles fe lient avec d'autres vérités qu'elles contraient
avec elles ou qu'elles les repounent.
dpplication dc ee ~K <t A< Divination.
Pour terminer ces recherches & ces développemens fur le Jeu Egyptien,
nous allons meure fous les yeux du PubHc la Dinerration que nous avons an-
~oncce & od l'on prouve comment les Egyptiens appliquoieni ce Jeu à l'art de
~:7'.A Ddd
deviner, & de quelle maniere ce même point de vue s'eSt tranfmis )u(<pe? Jan$
nos Cartes à jouer faites à l'imitation de celles-là.
On y verra en particulier ce que nous avons déjà dit dans ce Volume, que'
l'explication des Songes tenoit dans l'Antiquité à la Science Hiéroglyphique 6f
Philofophique des Sages, ceux-ci ayant cherché à réduire en fcience le réfulrat
de leurs combinaifons turtes Songes dont la Divinité permettoit i'aceomp!i(!e-
ment &: que toute cette fcience s'évanouit dans la (uite des tems, & fut fa-
gement dépendue parce qu'eue fe rédurnt à de vaines & futiles obferva-
tions, qui dans des Siècles peu edaires auroient pu être contraires aux intércts
Jes plus enenneîs des foibles & des Superstitieux.
Cet Obtervateur judicieux nous fournit de nouvelles preuves-que le, Cartes
Efpagnoles font une imitation de l'Egypte, puiSqu'i! nous apprend que ce H*eSt
qu'avec un Jeu de Piquée qu'on conSuJtc les Sorts, ~c que pluneurs noms de
ces Cartes (ont abfolument relatifs à des idées Egyptiennes.
Le Trois de denier e(t appellé le Seigneur, on <?/&~
Le Tro)& de coupe la Souveraine ou J~
Le Deux de coupe, la ~cA<~ ou
Le Neuf de dénier ~<rMr<.
L'As de baron, !e Serpent, (ymbote de !'Agncu!cure chez les Egyptien!
L'As de denier, le 2?org/ï~ ou~po//o/
Ce nom de BORGNE, donné a Apollon ou au Soleil comme n'ayant qu'un
cil, ett une épithète pri& dans la Nature & qui nous rburnicar une preuve à
ajouter à plufieurs autres, que le fameux perfonnage de l'Edda qui a perdu unr
de fes yeux à une célèbre fontaine allégorique, n'e(t autre que t< So!eit, le Bor-
gne ou t'(Kit unique par excellence.
Cette Dinertatibn eft d'ailleurs fi remplie de chofes & n propre à- donner. de
raines idées fur lâ maniere. dont les Sages d'Egypte confutroient le Livre du
DeMn, que nous ne doutons pas qu'elle ne foit bien accueillie du PubHc, priv~:
<TaH)eurs jusqu'à pre&nt de recherches pareilles, parce que jufques à prefenc
perfonne n'avoit eu le courage de s'occuper d'objet~ qutpaMttIbieut~perdut àt
jamais dans la profonde nuit des tems.
R E C H E R C H JE
S U R L F. S T A R 0 T S. J

~r SUR z~ D~7~~r/~v PAR LES CARTES D E S r~c7~,


PAR M. LE C. DE M.
I.
LfrAE .pt THOT.
J]L E
defir d'aprrendre fe développe dans le coeur de l'homme à mefure que
fon efprit acquiert de nouvelles connoiuances le besoin de les conferver, &
ï'envie de les transmettre, fit imaginer des caractères dont THOT ou Mercure
fur regardé comme l'inventeur. Ces caractères ne furent point dans le prin-
cipe, des (~gncs de convention qui n'exprimaient, comme nos lettres ac-
tuelles que le fon des mots, ils etoient autant d'images véritables avec ler-
quelles on formoit des Tableaux, qui peignoient aux yeux les chofes dont on
vouloit parler.
Il ed: naturel que 'l'Inventeur de ces Images ait été le premier Hi~orien
en e~t, THOT eft conHdcrc comme ayant peint les Dieux ( < ), c'e(~-a-
dire, lésâmes de la Toute-pui(~nce, ou la Création à laquelle iijognic
des Préceptes de Morale. Ce Livre parolt avoir été nommé A-ROSH d'A,
Ï3odrine Science &: de ROSCH (~), Mercure, qui, joint à l'article T
Hgnine Tableaux de la Doctrine de Mercure mais comme Rosh veut aufB
dire Co/n~Mf~KM~ ce mot TA-Rosn fut particulièrement confacré à fa
Courtogonie de même que 1'HiHOTiA, ~~o~ du Tems, fut.le titre de
<on Agronomie &: peur-eire qu'AïHOTHES qu'on a pris pour un Roi, nls
de Thot, n'c& que l'enfant de ion génie, & l'Hiftoire des Rois d'Egypta.

j~<(')

6'<
,~aur de
Les Dieux dans l'Ecriture & dans l'expreutoa Hiéroglyphique, font l'Eternel ?
le? Vertus rcprefc~és x~cc un corps.
(i) Rosh en le nom EgypMcn de Merctu-e & de ~Fête qui te c&lébrolt le premier

ro
i'iT1_t~ii
J
1
Ddd l'
Cette antique Colmogonie ce Livre des Ta-Rosh à quelques légères
altérations près, parent être parvenu jusqu'à nous dans les Carres qui portent
encore ce nom (t) toit que la cupidité les ait confervées pour filourer le dé-
soeuvrement ou que la (uperfUtion ait préservé des injures du tons des
fymboles myftcrieux qui lui fervoient, comme jadis aux Mages, à tromper
la crédulité.
Les Arabes communiquerent ce Livre fi) ou Jeu aux Espagnols, & les
Soldats de Charlequint le porterent en Allemagne. Il eft compote de trois
Séries Supérieures., représentant les trois premiers fiècles d'Or, d'Argent &.
d'Airain chaque Série eft forrnée de Sept Canes(~).
Mais comme l'Ecriture Egyptienne fe lifoit de gauche à droite, la vingt-
unième Carte qui n'a été numérotée qu'avec deschif&es modernes, n'en e(t
pas moins la premiere & doit être lue de mems pour l'intelligence de l'Hif-
toire; comme elle eft la premiere au Jeu de Tarots, &: dans l'efpece de:
Divination qu'on opéroit avec ces Lnages.
Enfin, il y a une vingt-deuxieme Carte (ans numéro comme (ans puiuance~
Jo
mais qui augmente la valeur de celle qui la précède c'eft le zéro des calcul
tnagtques on l'appelle la Foi.

P R E M I E R E SÉRIE.
Jmc JE D' O.R.

La vingt --unieme ou premiere Carte, reprétente rUmvEM par ta


Déene Ïns dans un ovale ou un (put, avec les quatre Saisons aux quatre
coins l'Homme ou l'Ange l'Aigle,, le Boeuf & le Lion.
Vingtième, celle-ci eft intitulée le Jugement en. ertet~ un Ange tonnant
de la trompettet& de& hommes (brtant de la terre ont dû induire un

~) Vingt-deux Tableaux forment un Livre Me!ipeu~Y&!um!neux; mals~, camme


il parp!t vraifembl~ble les premieres Traditions ont été conferveet dans des Poëmet,
une f!mple Image qui fixoit l'attention du Peuple auquel on expliquoit l'événement,

,qu'on donne aux pontes.


Ntmfoît pour lui aider les retenir, aint! que les vert qui les décrivaient.
(~) On nomme encore U~et au Lansquenet, ou Landt-Knecht, la Série de Carte*

(;) Trois fois 7 nombre myOique fameux chez let CtbaliSes~ les Pythagoti"
tien;, oec~
Peintre peu vcr~é dans la Mythologie, à ne voir dans ce tableau que l'image
de la Ré(urrecHon;ma!s les Anciens regardoient les hommes comme enfans,
de la Terre ~); & Thot voulut exprimer la Cp~ATtoN de l'HoMME par la
peinture d'Onns, ou le Dieu générateur, du pone-voix ou. VERBE qui com-
mande à la matiere, & par des LANGUES de FEU qui s'échappent de la nuée
l'Ecrit (i) de Dieu ranimant cette même matière enfin par des hommes
Portant de la terre pour adorer & admirer la Toute puiSîance l'attitude
de ces hommes n'annonce point des coupables ~ui vont pMo~tre devant
leur Juge.
Dix-neuvieme, ta CREATïon du SoLEii. qui éctaire t~union de l'homme &~
de la femme exprimée par un homme &: une femme qui te donnent la
main :cengne eft devenu depuis celui des Gémeaux~ del'Androgyne Duo in
Mf/ie una.
Dix-huitième, la CRRA~orrde LuN: & des Animaux terreftres,exprimes
par un Loup & un Chien pour fignifier les Animaux domeHiques & fau-
vages cer emMcme cft d'autant mieux choi~, que le Chien & le Loup font
les feuls qui hurlent à l'aspect de cet a~re comme regrettant la perte du
jour. Ce caractère me feroit croire que ce Tableau auroit annoncé de très-
grands malheurs à ceux qui venoient confier les Sort: fi l'on n'y avoic
peint !a~!)gne.du TROMQ.UE, c'eft-a-dire du départ & du retour du So!ei!,
qui laiffoit i'e~perance consolante d'un beau jour & d'une meilleure turtune.
Cependant deux FORTERESSES qui défendent un chemin trace de fang & un
marais qui termine le Tableau, présentent toujours des dirEcultcs Sans no<n-
bre a furmomer pour détruire un préSage auSn Smi~re.
Dix-Septième la CREATton des Éloii-K & des PoiSlons ) représentéespac
des Etoiles & le VerSeau.
Seiziemela MAisoN de DtEU renverSee, ou le Paradis terrestre dont
l'homme &: la femme Sont précipités par la queue d~une Comète ou l'ËPM
FLAMBOYANTE jointe à la chute de la grêle.
Quinzieme, le DiATn.B ou TYPHON, derniere Carte de ta premiere Série,
vient troubler l'innocence de l'homme & terminer rage d'or. Sa queue Ces
cornes & fes longues oreilles l'annoncent comme un ctre dégc~dé fon bras
gauche levé, le coude plié, formant une N, Symbole des êcres produits nou~

(t) Lèvent! fcm<e< par Cadmus, &c.


(<}, Peint même dans nos HMonent ~Ct~
le fait conno!tre comme ayant été créé mais le flambeau de Prométhée qu'il
tient de la main droite paro~ completter In lettre M, qui exprime la géné-
ration en effet, t'Hiftoire de Typhon nous induit naturellement à cette ex-
plication car ,~e~ privant Ofiris de fa virilité il paroit que Typhon vouloic
empiéter fur les droits de la Puiuance productrice aufE tfut-il le pere des
maux qui (e répandirent fur la terre.
Les deux ÊTRES enchamés à fes pieds marquent la Nature hunume dégra-
dée & ïoumife ainn que la génération nouvelle & perverfe, dont les ongles
crochus expriment la çruau.t6; il ne leur manque que les aites (le Génie ou
la Nature angelique ), pour être en tout femblables au diable un de ces êtres
touche avec (a griffe la cuiue de Typhon embteme qui dans l'Ecriture Mytho-
logique fut toujours celui de ia génération (t) charnelle il la touche avec
griffe gauche pour en marquer rUtegitimit~.
Typhon ennn eft (ouvent pris pour l'Hiver, & ce Tableau terminant l'âge
d'or, annonce l'intemperM des 5aifons, que l'homme chaue du Paradis va
éprouver par la fuite,
SECONDE SÉRIE.
Sf~c~~s ~A~~jvr.
Quatorzieme l'ANGE de la TEMPBRÀNCE vient instruire l'homme pour lui
faire éviter la mort à laquelle il eft nouvellement condamné il eft peint ver-
sant (i) de l'eau dans du vin pour lui montrer la nccefntc d'aS~iblir cette
liqueur, ou de tempérer Ces achetions.
Treizième ce Hombre, toujours malheureux ed consacré à la MoRT,
qui eA repréfentée fauchant les têtes couronnées & les têtes vulgaires..
Douzieme les accidens qui attaquent la vie humaine repréfcntés par
un homme pendu par le pied ce qui veut aufïi dire que pour les éviter il
faut en ce monde marcher avec prudence ~<~p</ï/o pede.
Onzieme la FoncE vient au fecours de la Prudence, & MrrafÏe le Lion
qui a toujours été le Symbole de la terre inculte & fauvage.
pixiemc, ht RouE DE FoRTUNE, au haut de laquelle eA un Singe cou~*
xonné nous apprend qu'après la chute de l'homme ce ne fut déjà plus la

(i) Lana~ance de Bacchus & de Minerve font le Tableau Mythologique des d<u~
g~érimont.
~) Fcuc-etrc fou attitude t-t-eUe t~t &h eulMre de lay~ae,i
vertu qui donna tes 'dignités le Lapin qui monte & l'homme qui e& préci-
pita expriment les in~nices de t'inconftante DeeCe cette roue en meme-
tems eft t'emUeme de la roue de Pythagore de la façon de tirer les fbru
par les nombres cette Divination eft appetlée AptTHMOMAnciE.
Neuvieme i'HtRMtTB ou LE SAGE, la lanterne à la main, cherchant la
Mi ce <ur la Terre.
Huitième, la JusTïcc~
TROISIEME SÉRIE.
~J~C~jE DE .F.E.R.

Septième, le CHARIOT de GutRRE dans lequel e(t un Roi cuirane, aem6


d"un javelot, exprime iesdiuenuons, les meurtresles combats du ucc!e d'airain,
& annonce les crimes du nccte de fer..
Sixieme, l'HoMME peint Fi.otTANT entre le ~ice & la venu y n'ett plus
conduit par la raifon: l'AMou~L ou le denr (t), les yeux bapdcs, prêt à !âcher
un trait, le fera pencher à droite ou à gauche, fuivant qu'il fera guidé par
le bafard.
Cinquième, J'upiter ou fEterne! monte fur ton Aigle !a foudre à la;
main menace la Terre & va lui donner des Rois dans fa colere.
Quatrième, le Roi armé d'une maaue (t)., dont l'ignorance a fait par la
<uite une Boule Imperiate fon cafque e(t gami par-derriere de dents de ïcie,
pour faire connoitre que rien Mpouvoit atfouvir (onin(atiabi!iie (~).
Trôineme !a RE!Nz !a mauue à la main fa couronne a les mêmes
ornemens que !e cafque du Roi.
Deuxième, l'ORGUEIL des Puifrans repréfenté par tes Paons, fur !e~que!9-
JUNON montrant le Ciel de la main droite,. & la Terre de la gauche, annonce'
une Religion terre~reouMdolâtde.
Premiere le BATEmuR tenant la verge des Mages, fait des miracles o~
Mompe la cteduMt~ des Peuples

(t) La concupiïcencCt
(t) OMs c& Couvent rcpféÏentëun~bMt a!tmMn,avcc un g!cke & un T: tour
cela réuni, peut avoir produit dans la tête d'un Cartier Allemand une Boule Impériale
(~ Qu & vengeance C c'ëA O~tls irritée
I! eA (urvi d'une carte unique représentant LA FOLIE qui porte ~bn fac ou
fes depuis par derriere tandis qu'un tigre ou les remords lui dévorant les
brreM retarde fa marche vers le crime ( i ).
Ces vinct-deux premieres Cartes font non-feulement autant d'hiérogly-
phes, qui placés dans leur ordre naturel retracent !'Hi<toire des premiers
tems mais elles font encore autant de
lettres (i) qui dif~remment combi-
nées, peuvent former autant de phrafes autH leur nom ( A-tout) n'eO que la
traduction titteraje de leur emp!oi propriété gén.cra!e.
11.
Jeu <t~/<yM~ < la Z?<yM.t~M.
Lorsque les Egyptiens eurent oublié là premiere interprétation de ces Ta-
bleaux & qu'ils s'en furent fervis~comme de umptes lettres pour leur Ecriture
facrée, il croit nature! qu'un peuple audi fuper(ti[ieux attachât une' venu
occulte (;) à des ca~ac~cf€s refpectabtes par leur antiquité, & que les Prêtres,
qui feuls en avoient ,inte!!igence, n'emptoyoient que pour les chofes reli-
gieufes.
On inventa même de nouveaux caractères, & nous voyons dans t'Ecri-
ture-Sainte que les Mages ainfi que ceux qui ctoieni tnitips dans leurs .fe-
crets, avoient une divination par la coupe (~.).
Qu'ils opcroient des merveilles avec leur BÂTON (~).
Qu'ils confultoient les TAnsMANTS (6) ou des piefres gravées.
Qu'ils devinoient!escho(esfutures par des EpBEs(7), des Fi.xcHES, desHA-
CHEs, enfin par les armes en
généra!. Ces quatre Signes mrent-introduits parmi

(t) Cette Carte n'a point de rang elle complette l'Alphabet tacrc, &repond au Tau
qui veut dire complément, perfection peut-être a~t-on y~ulu repretentef dans fou
fens !e plus natwel le refultat des adion: des hommes.
(t) L'Alphabet Hébreu cS compofé den Lettres.
(;) Aufl! la fcience des Nombres & la valeur des Lettres a-t~eHe etë fort célébre au-
trefois.
(4) La Coupe de Jofeph.
(;) La Verge de Moyfe & Mages de Pharaon.
{<!) Les.Dieux de Laban & les Théraphim, rUr!m & le Thummim.
(~) Ils faifount plus Ils fixoient le fort des combatt & fi le Roi Joas avoit frappé la
terre fcpt fois, au lieu de trois, il auroit détruit la Syrie 7/. Aoif, X~f/, t~.
les
les Tableaux religieux auut-tôt que l'etabliffemenc des Rois eut amené la
différence des étais dans la Société.
L'EpM marqua la Royauté & tes Puions de la Terre.
Les Prêtres taifoient ùfage de Canopes pout les Sacrifices & la Court
désigna le Sacerdoce.
La MoNNoiE le Commerce.
Le BÂTON ta Houlette, l'Aiguillon reprcfenierent Mgricutturp.
Ces quatre Caractères déjà mystérieux, une fois réunis aux Tableaux Sa-
cres durent faire efpérer les plus grat)des lumières, & la combinaifon for-
tuite qu'on obfenoic en mêlant ces Tahteaux, ~brmoit des phrases que les Ma-
ges titbient pu interpretoienc comme des Arrêts du DeRin ce qui leur étoi*t
d'autan~ plus tacite qu'une conduction due au hafard devoit produire natu-
rellement une obscurité confacrée au ~yte des Oracles.
Chaque Etat eut donc ton Cymbole qui le cMa&érifa & parmt les difS<-
rens Tableaux qui porterent cette image, il y en eut d'heureux & de malheu-
reux, fuivant que la pofitiôn, le nombre des fymboles & leurs ornemens, les
rendirent propres à annoncée le bonheur ou l'infortune,

IIL
Noms de <&'f<~ C<<mr~ <w:/<yy~ ~r /M J~~o/f.
Les noms de plufieurs de ces Tableaux confervés par les Efpagnok, nous CM
font connoitre la propriété. Ces noms font au nombre de fept.
Le trois de denier, nombre my~éneux, appellé le SEiGNtUR, le Ma~re,
confacré au Dieu fupfeme, au Grand lou.
Le trois de coupe, appellé la DAME, contacré à !a Reine des Cieux.
Le PonGN!! ou t'As de denier, P~~c~ /«~<ï~ <n/?<!r., confacré à Apot-
!on,
La VACHE ou les deux coupes, confacrée à Apis' ou lus.
.Le grand Ncuf,!cs neuf coupes; consacre au DetUn.
Le petit Neuf de denier, confacré à Mercure.
Le SERpEMT ou t'As de bâton ( Ophion ) Symbole fameux & ïacre chefa
les Egyptiens.
P~. rc~. Eeee
IV.
~TTAfB~T~ ~Ao/O~M~M~ <
Ptuueurs autres Tableaux font accompagnés d'attributs Mythologiques qm
paroiflent devinés à leur imprimer une vertu particulière & fecrene.
Tels que les deux deniers entourés de la Ceinture mystique d'Ms.
Le quatre de denier, consacre à ta bonne Fortune, peinte au milieu du Ta<
bteau, le pied fut fa boule & le voile d~ptoyé.
La Dame de bâton consacrée à Céres tette Dame eft couronnée d'épis,
porre ta péau du tipn, de m~me qu'Hercule le cultivateur par excellence.
Le V~Iet de coupe ayant te bonnet à la main, & portant refpectueufe-
ment anc coupe my~ér!eu(e, couverte d'un voite H fembte en allongeant lé
bras, éloigner de lui c'ette coupe, pour Hoirs apptendre qu'on ne doit ap-
procher des chofe~ facrées qu'Avec crainte & H< chercher à ~onno~tre celles
c~i ~bnt cachées qu'avec dHcr~tMn.
L'As d'Epée consacré à Mars. L'Epee e(t ornée d'une couronne, d'anC
palme & d'une branche d'olivier avec fes bayes, pour ngniner la Victoire &
fes fruirs il ne paroît y avoir aucune Carre heureufe dans cette couleur que
celle-ci. Elle eft unique, parce qu'il n'y a qu'une tacon de bien faire la guerre;
celle de vaincre pour avoir la paix. Cène épée eu foutenue par un bras gau-
che Portant d'un nuage.
Le Tableau du bâton du Serpent dont nous avons parlé plus haut, e(t
orné de fleurs & de fruits de même que celui de t'Epée vi&orieu& ce bâtoti
my~éfieux e(t foutenu par un bras droit Portant audi d'une nuée, mais écla-
tanre de rayons. Ces deux cara<ftcr6s ~mbfent dire que l'Agriculture &
ITpée font les deux bras de l'Empire &: le foutien de la Société.
Les Coupes en générât annoncoient le bonheur & les deniers la richenet
Les Bâtons daines à l'Agriculrure en prô~o(Hq~oien!f les récottes plus oti
moins abondantes, les chofes qui dévoient arriver à la campagne ou qui ta re-
gardoient.
Ils paroifTent mélangés de bien & de mal: les quatre Usures ont le bâton
verd,fen)btabte en cela au bâton tbrruné; mais les autres Cartes paroi~ent, par
dssornemens quife compenfent, indiquer l'ind)(îorence: le deux feul, dont
les bâtons (ont couleur de fang', ~embte confacré à la mauvaise tbrtune.
Toutes tes JEpées ne préfagent que des malheurs, ~ur-iout celles qui nMf-
qutea d'un nombre impair, portent encore une epec <angtante. Le ~eut ngne
de ta vi~oire, l'épée couronnée, eft dans cette couleur te figne d'un heureux
événement.
V.

CP-MP~~MO~ <& ces Attributs avec les valeurs y~'o~ <g'~f aux Cartes
modernes pour la Divination.

Nos Direurs de bonne-fortune ne Cachant pas lire les Hiéroglyphes en ont


fouftrait tous les Tableaux & changé ;u(qu'aux noms de coupe, de baron ,de
denier & d'epee dont ils ne connoifÏoient ni I'éry<noiogie ni i'ej:pre01on
ils onr ~ub(ti[ue ceux de cœur de carreau, de tcene & de pique.
Mais ils ont rerenu certaines tournures & plufieurs exprefHons contactées
par t'u~ge qui kt(Icnt entrevoir l'origine de leur divination. Selon eux,
Les CcBurs les Coupes ), annoncent le bonheur.
Les Trefles ( tes Deniers ), la fortune.
Les Piques, les Epees ), le matheur.
Les Carreaux ( t ), les Bâtons ), l'indiflèrence & la campagne.
Le neuf de pique eft une cane funefte.
Celui de cccur la cane du Soleil iteft ai~S d'y reconnoitre le grand neuf,
celui des coupes de même que le pecic neuf dans le neuf ds irene qu'ils
regardent au(R comme une carte heureufe.
Les as annoncent des. Lettres des Nouvelles en e~et qui eft plus à mê-
me d'apporter des nouvelles que t.e BORGNE ( le Soleil ) qui parcourt, voit &
éclaire tour l'Universl
L'as de pique & le huit de cœur présagent ta victoire l'as couronné h
pronostique de mêm~ & d'autant plus heureufe qu'il eft accompagné des
coupes ou des lignes fortunes.
Les coeurs & plus particulièrement te dix, dévoilent les événemens qui doi-
vent arriver à la ville. La coupe, fymbote du Sacerdoce (embte devinée à
exprimer Memphis & le féjour des Pontifes.
L'as de cœur & la dame de caMeau annoncent une tendrene heureufe
& fidelle. L'as de coupe exprimé un bonheur unique qu'on pôucde feul; la

(t) M e<t à renMrquef que dans FEcr~Me QmtboU~e Itt EgypticM tta<}oMM des Mt~
reaux pour exprimée la campagne.
Eeet;
dame de carreau indique une femme qui vit à la campagne, ou comme à la
campagne & dans quels lieux peut-on espérer plus de vérité, d'innocence,
qu'au village2
Le neuf de trefle & la dame de co:ur marquent I~~toune. Quoique le
neuf de denier foit une carre fonunce cependanc une grande pa(Bon mê-
me heureufe, pour ut\e Dame vivant dans le grand monde, ne taine pas tou-
jours (on amant ~ans inquiétude ~c. &c. On trouveroit encore une infinité
de fimilitudes qu'il eft inutile de chercher, n'en voilà déjà que trop.
V I.
Af~ y r B .R E </o/7~ on .t'w~r~M'~Mr <'on/ ~or~f,
Suppofbns actueltement que deux hommes qui veulent consulter les Sorts,
ont, l'un !es vingt-deux lettres, l'autre tes-quatre couleurs, & qu'après avoir
chacun metc les ciraAcreSy& s'être donné réciproquement à couper, il's
commencent à compter enfemble jusqu'au nombre quatorze tenant
les tableaux & les cartes à l'envers pour n'en appercevoir que le dos alors
s'il arrive une carte à ton rang naturel, c'eft-à-dtre, qui porte le numéro
appela elle doit être mife à part avec le nombre de la lettre (ortie en même
tems, qui fera placé au-de(Ïus celui qui tiendra les tableaux y remettra cette
tmême lettre, pour que le livre du DefHn foit toujours en fon entier, & qu'il
ne puiue y avoir, dans aucun cas, des phrafes mcompîettes puis i! remê!er.t
& redonnera à. couper. Enfin on coulera trois fois les cartes àt~bnd avec les
tnêmes attentions & lorfque cette opération fera"achcvee it ne s'agira plus
que de lire les numéros qui exptiment les lettres (orties. Le bonheur ou le
malheur que présage chacuned'e!!es, doit être combine avec celui qu'annonce
!a carte qui leur correspond, de même que leur puinance en plus ou en moins.
eH: déterminée par le nombre de cène même carte multiplie par celui qut
carac~erife la lettre. Et voilà pourquoi la Folie qui ne produit rien, eft (ant
numéro c'eO~ comme nous l'avons dit, le zéro de ce catcut.
VII.
C'~o~ une glr<M< portion la <MC/Mn~

Mais fi les Sages de l'Egypte <e fervoient de tableaux facrés pour prédire !'a-
TCnir lors même qu'ils n~avoient aucune ïadicafion qui pût teur faire pré-
fumer les événemens futurs, avec que!tes efpérances ne devoient-ils pas fe
Hatter de les connoltre lorfque leurs recherches ~toient précédées pM des ton.-
ges qui pouvoient aider à développer la phrate produite par les tableaux des
forts1.

Les Prêtres chez cet ancien Peuple formerent de bonne-heure une Société
(avante chargée de conferver & d'étendre les connoiHances humaines. Le
Sacerdoce avoit fes Cher! & les noms de JANNES & MAMBRES que Saint
PAUL nous a contervcs dans (a Seconde Epître à Timothee font des titres qui
c~raccerifent les fonctions augures des Pontifes. JANNBt (t) ~gnine
celui qui fait desprodiges.
/<ï-
~t:&~ & MAMBREs le Permutateur
Le Jannès & le Mambrès ccrivoient leurs intërprerarions, leurs decouvec-
.tes, leurs miracles. La Cuite non-interrompue de ces Mémoires (t) rbrmoic
un corps de Science & de Doctrine, où les Prêtres puifoienc leurs conoit-
~ances phynques & morales: ils obfervoienr fous t'infpecUonde leurs Che~s,
.le cours des Adres, les inondations du Nit,tes Phénomènes, &c.Les Rois
les afrenibloient quelquefois pour s'aider de leurs confits. Nous voyons que
du tems du Patriarche Jofcph ils furent appellés par Pharaon pour interpré-
ter uo fonge & n Joseph feul eut la gloire d'en découvrir le luis ,it n'en refte
pas moins prouvé qu'une des rbnctions des Mages éroit d'exptiquer les (onges.
Les Egyptiens (;) n'avoient point encore donne dans les erreurs de l'i-
do!âtr!e; mais Dieu dans ces tems reculés manifc~ant Couvent aux hommes
fa volonté, fi quelqu'un avoit pu regarder comme téméraire de l'interroger fur
tes décrets éternets, il auroir au moins dû paro!rre pardonnab)e de chercher
à les pénétrer lorfque la Divinité fembtoir,non-fëu!e<nentapprouver, mais
mcme provoquer, par d.:sfbnges, cette curionre aufit leur interprétation
fut-elle un Art fublimc une fcience <acrée dont on raHoic une étude parti-
culiere, réfervée aux Minifires des Autels & lorfque les OlEciec: de Pha-
raon, prisonniers avec )o(eph s'<Mi~cctenr de n'avoir personne pour expli-
quer !eurs fbngcS) ce n'eft pas qu'ils n'euflent des compagnons de leur infor-
tune mais c'eA qu'enfermes dans la priion du Chef de la Milice, il n'y avait
perfonne parmi les foldats qui put faire les cérémonies religieuses, qui eût
les tableaux facrcs, bien loin d~en avoir rinreHigence. La réponse même du

~(t) De même que Pharaon lignifie le Souverain fans être le nom 'pMttCMHer d'aucun
PMtM:equ!a!t gouverne l'Egypte.
(i) Le Pape GtLA$E I. mit en ~t quelques Livres de Jannès & Mambrès au nombre
des apocryphes.
(~) Long-tems encore après cette époque les Mages reconnurentle doigt de Dieu dans
les Miracles de Moyfe,
Patriarche parole expliquer leur penf~e eQ-ce que finterprétation leur d!t-i~
ne dépend pas du Seigneur ï racome~-moi ce que vous avez vu.
Mais pour revenir aux rongions des Prêtres ils commencoienc par écrire
en lettres vulgaires le (bnge dont il s'agifTbit, comme dans toute divination oA
il y avoit une demande pontive dont il raltoit chercher la réponse dans le Li.
vre des Sorts, & après avoir më!é les lettres ocrées on en tiroit les tableaux,J
avec l'attention de les placer (crupuleufement fous les mots dont on cherchoit
~'explication & la phrafe ibnnee par ces tableaux, etoit déchiffrée par le
Jannès.
Supporons, par exemple qu'un Mage eûtvoutu interpréter le (onge de
Pharaon dont nous parlions tout-à-t'heure ainfi qu'ils avoient enay~ d'imiter
les miracles de Moyfe, & qu'i! eût amené le bâton fortuné, fymbole par ex-
cellence de l'agriculture, fuivi du Cavalier & du Roi (i); qu'il <orrïten même
tems du Livre du Defiin la Carte du Soleil !a Fortune & le Fol, on aura le
premier membre de la phrafe qu'on cherche. S'il fort enfuite le deux & le cinq
de bâton dont le fymbole eft marqué de fang & que des tableaux facrés oa
tire un Typhon & la Mort, il auroit obtenu une cfpece d'interprétation du
Conge du Roi qui pourroit avoir été écrit ainfi en lettres ordinaires
Sept vaches granes & fept maigres qui tes dévorenr.
ï
Le
Bâton. Le Roi. de de
Cavalier.
i B~- ton. Ba- ton.
a

La
La Le Fol. Typhon. Mort.
Soleil. Fortune.
1 8 ~8

(t) Le Valet vaut T.


t.e Cavalier.2.
La
Le Rot.
Dame.
Calcul naturel qui r~/K~ de cet ~r~~MA

Le
Le
I~M.
Le Bâton

Tota!
vaut.i.
Cavalier.1.
Le Soleil annonce le bonheur.
La Fotrune (!) de même.
Le Fol ou zéro met leSoteit aux cen-
taines.

Le Signe de l'Agriculture donne ~ept.


On lira donc, fept années d'une agriculture fortunée donneront une Abon-
dance cent fois plus grande qu'on ne l'aura jamais éprouvée.
Le fecond membre de cette phrafe fermé par le deux & le cinq de bâ-
ton, donne &ufH le nombre de (epr qui, combine avec le Typhon & la Mort,
annonce fept années de difette la famine & les maux qu'elle entrame.
Cette explication paro~ira encore plus naturelle n l'on fait attention au
Cens& à la valeur des lettres que les tableaux reprcfencenr.
Le Soleil répondant au Gimel, veut dire, dans ce fens.fCtnbution,bonheur.
La Fortune ou le Lamed (ignifie Reg!e~, Loi, Science.
Le Fol n'exprime rien par lui-même, il répond au Tau, c'e~ fimplement
un ngne,une marque.
Le Typhon ou le Zaïn annonce l'incc'nftance,l'erreur~ la foi violée, le
crime.
La Mort ou le Thet indique Faction de balayer en effet, la Mort eO une
terrible balayeufe.
Teleuté en Gtec qui veut dire la nn pourroit cire, en ce fens, un dérivé
de Thet.
M ne feroit
pas dimcile de trouver dans les mosurs Egy~iennes l'origine de
la plupart de nos fuperftitions par exemple, il paroît que celle de &ire tour-
ner le tamis pour conno~re un voleur, doit fa nainance à la coutume que ce
Peuple avoit de marquer les voleurs avec un fer chaud d'un r< T. d'un D
Samech (i), en mettant ces deux caractères, l'un fur l'autre, pour en faire un
cLifire Signum <ey<n~ qui fervît à annonccr qu'on Ce m~nat de celui qui
le ponoit, on produit une figure qui reuemble affez à une paire de ci(eaux

(1) Précédée d'une Carte heureure.


(t) Tttt<, Ligne: .SamK-A adhMon.
piqués dans un cercle dans un crible lequel doit fe détacher lorfqu'on pro-
noncera le nom du moteur & le fera conno~re.
La Divination par la Bible l'Evangile & nos Livres Canoniques qu'on
appelloit le fort des Saints, dont il eft parlé dans la cent neuvième Lettre de
Saint Augustin & dans plu lieurs Conciles, entr'autrcs celui d'Orléans ;les forts
de Saint-Manin de Tours qui étoient li fameux paroiffent avoir été envifa-
gés comme un conrre-poifon de la Divination Egyptienne par le Livre du
Deftin. Il en en: de même des présages qu'on tiroit de l'Evangile, ad «~<r-
turam libri torfqu'apres l'éleûion d'un Eveque on vouloit connoître quelle
feroit là conduite dans t'Epitcopat.
Mais tel en: le fort des choses humaines d'une Science aum n~btime,
qui a occupe les plus Grands Hommes, les plus (avans'PhilofopHes les Saints
les plus refpedabtes, il ne nous refte que l'ufage des encans de tirer à la
belle lettre,
VIII.
<~7M auxquelles les Z~~ bonne-aventure attachent des /~one/?<M.

On fe fert d'un Jeu de Piquet qu'on mêle on fait couper par la per-
ronne intcrence.
On tire une Carte qu'on nomme As, ta (eçonde Sept, & a~nn en remon.
tant )u(qu'au Roi on met a part toutes les Cartes qui arrivent dans l'ordre:
du calcul qu'on vient d'établir c'ett-à-dire que (t en nommant As Sept,
ou tel autre il arrive un As, un Sept, ou celle qui a été nommée c'eft
celle qu'il faut mettre à parr. On recommence toujours jufqu'à ce qu'on ait
cpuiie le Jeu & fi fur la fin il ne refle pas anez de Cartes pour aller jufqu'a~
Roi inclunvement, on reprend des Carres, fans les m~ter ni couper, poufr
achever le calcul Jusqu'au Roi.
Cette opération du Jeu entier fe fait trois fois de la même manière. Il faut
avoir le plus grand foin d'arranger les Cartes qui fortent du Jeu dans l'ordre
qu'elles arrivent, & fur td même ligne, ce qui produit une phrafe hiérogly-
phique & voici le moyen de la lire.
Toutes les peintures représentent les Personnages dont il peut être quenion
la première qui arrive eft toujours celle dont il s'agit.
Les Rois font l'image des Souverains, des Parens., des Généraux, des
Maginrats des 'Vieillards,
Les Dames ont les mêmes caructcres dans leur genre réinventent aux
drcon~ances, foit dans l'Ordre pot'iiquc, grave ou joyeux tantôt elles font
puidantes, adroites Jintriguanres fidelles ou légcres, padionnees ou indicé-
rentes, quelquefois rivales, comphi&nres, confidentes, perfides &:c.S'J
arrive deux Carres du même genre, ce fo:~t les fécondes qui jouent les fé-
conds rôles.
Les Valets font des jeunes Gens des Guerriers, des Amoureux des Pe-
tits-Ma~res, des Riv~nx &c.
Les Sept & les Huit font des DemoiCelles de tous les genres. Le Neuf dé
coeur fe nomme par excellence, la Carte du Soleil, parce qu'il annonce
toujours des,chofes brillantes, agréables des fuccès fur-tout s'il efi: réuni
avec le Neuf de trefle, qui eR aunt une Carte de merveilleux augure. Lo
Neuf de carreau dcngne le retard en bien ou en mal.
Le Neuf de pique e<t la plus mauvaife Carte il ne préfage que des rut"
nés, des maladies la mort.
Le Dix de cceur de(!gne la Ville celui de carreau, la campagne !e Dix de
trefle fortune argent celui de pique des peines & des chagrins.
Les As annoncent des !enres, des nouvelles.
Si les quatre Dames arrivent enfembte, cela fignifie babil querelles.
Pluneurs Valets ensemble annoncent rivalité députe & combats.
Les trefles en général, fur-tout s'ils fbrtentenfembte, annoncent ~cces,
avantage fortune, argent.
Les carreaux, !a campagne indifférence.
Les cceurs, contentement, bonheur.
Les piques, pénurie, foucis chagrins, la mort.
Il faut avoir foin d'arranger les Cartes dans le même ordre qu*e!!es tor-!
tent & fur la même tigne pour ne pas déranger ha phrafe & la lire plus
facilement.
Les événemens prédits, en bien ou en mat, peuvent erre plus ou moins
avantageux ou malheureux fuivanc que la Carte principale qui les annonce
en: accompagnée les piques, par exemple accompagnés de trenes, fur-
tout s'ils arrivent entre deux trefles (ont moins dangereux; comme le trefle
entre deux piques ou accote d'un pique, eft moins fbnune.
Quelquefois le commencement annonce des accidens fune~es mais la
6n des Cartes ed tavorabte, s'il y a beaucoup de irenes; on les regarde comme
amoindris, plus ou moins, fuivant la quantité: s'ils font fuivis du Neuf,
2?~. Tom. 7. F ff
de l'As oa du D!x, cela prouve qu'on a couru de grands dangers, mais qu'ik
font pafÏes, & que la Fortune change de face.

Les As )
i de
de carreau, 8 de coeur,
Dame de pique,
bonne Nouvelle.
Vifite de femme.
coeur
J de cœur, Vatetdecceur, ViAoire.
&Va!etdecceur, l'Amant heureux.
Yo & 8 de p;que/ Malheur
< de pique <de cceur, Vidoire.
ï de treHe, Valet de pique Amitié.
7 Ce 10 de cceur, Amitié de Demoi~eile.
Les 7
7 de coeur. Dame de careau Amitié de femme.
1
7 de carreau, Roi de coeur, Retard.
Les, Trois Neufs ou trois Dix, RcafEte.
ft o de treHe, Roi de pique, Prêtent.
Les 10
ï o de trefle & Valet de trefle un Amoureux.
ï o de pique, Valet de careau t quelqu'un d'inquiet.
te de cccur, Roi de tre8e, Amitié fincère.
DES SEPT ROÏS
~DAf/jV/~r~~rE~
EMPIRE8 DESS MODES.
Jï- ouï
eft foum!s à la domination impérieuse des Modes elles Subjuguent
l'Homme depuis fa naiuance jufques à fa mort. Ce n'en: pas (eulement dans ta.
maniere de ~e mettre, qu'il éprouve ces changemens,changemens tels,
qu'une perfonne qui hier nousparoinbit grande, a perdu aujourd'hui jusqu'à
deux pieds de fa taille: que telle autre qui entrant dans une voiture pouvoir
y avoir la tête droite, e~ forcée de la pencher jufques fur Ces genoux, & telles
autres métamorphoses merveilleuses dignes d'un Ovide moderne mais cet
Empire s'eft étendu jufques fur tes Sciences, fur ces Sciences qui devroienc
être inébranlables u elles étolent fondées fur la Nature toujours vraie, tou-
jours la mëtne. Le Savant e~ alternativement fectaieur de Platon d'Ariftote,
de Départes de Newton. Hier tout Paris s'occupoit d'une Science, elle
étoit mcrveiHeufe aujourd'hui elle eft dans l'oubli le plus complet une
autre a pris fa place. Ed-ii donc étonnant que ce qui fait !'ob)et de nos recher-
ches, foit hors de mode, qu'il paroine (urprenant, extraordinaire, venu de
t'autre Monde Certainement le Monde ancien & le Monde actuel font bien
dinerens, quoique nous ne ceflions d'en montrer les rapports.
A la tête de ces objets, qui ont tout-à fait pane de mode que l'Antiquité
exattoit & dont nous ne faifbns nul cas nous pouvons placer hardiment la
Formule du nombre SEfT, cette Formule dont nous avons déjà eu tant de
fois occafion de parler, fur laquelle fur fondée le jeu des Tarots dont nous
venons de nous occuper, & qui revient fans cène dès qu'on parle antiquité
Il eM vrai que nos Savans modernes t'ont abjurée parce qu'ils ont cru d'a-
bord que les Anciens ne t'avoient admife que dans des idées fuperfUneufes
s
ce qui n'ed pas, du moins dans fon origine & enfuire, parce qu'ils ont Tant
doute trouvé des formules plus vraies.
Cependant, celle-là nous anujettit encore aujourd'hui dans les Cept Pla-
nettes, les Cept jours de la (emaine les fept métaux les fept couleurs, les
feptante Interprètes les (epr, 6~c. &c. Nous avons beau vouloir être à la
nouvelle mode, le Vulgaire s'ob~ne à conterver l'ancienne.
On fait d'ailleurs que les Egyptiens mmenoienc à cette formule les elc-
Fff ij
mens de toutes les Sciences qu'ils l'appliquoiencà la Grammaire, à caufe de<
fept écrits ou voyelles à la Mufique à caufe des Cept tons; à l'Agronomie,
à caufe des fept Planettes, &c. à la Chymie, à caufe des fept métaux au
Calendrier, àcaute des fept jours aux Cartes même, comme nous venons de
le voir afin que tout ramenât à l'unité, vraie harmonie de l'Univers.
.F<w~ de Sept appliquée à la Z~</7<a.
C'eh par la même raifbn que ces Anciens eurent les fept Merveilles du
Monde, les fept embouchures du Nil, les fept Sages, les fept Poètes~ &c. &c.
Mais ce qu'on n'a pas vu, c'eft que cette Formule fut également appliquée
à la politique, à l'art de gouverner: c'eft que les Anciens repréfenierent
toutes les parles de l'administration fous unefuite de fept Rois, dont chacun
avoit règle une portion parriculiere du Gouvernement, en forte qu'il n'avoit
~té complet & parfait que lorfque le feptieme Roi avoit paru & qu'ayant
terminé la tâche totale, la Royauté avoit été fuprimée.
Rien n'étoit plus ingénieux d'un côte, la fcience de la legiflation s'avan-
çoit de front avec toutes les autres d'un autre coté, fept Perfonnages repré-
tentes avec des attributs divers, relatifs à une légiflation completie, fup-
pléoient merveilleufement à l'art d'écrire Ci difncile dans les anciens tems.
Ces galeries de tableaux parloient bien plus à l'imagination, que nos froids
Ouvrages Elémentaires. Un Commençant avoit bien plus d'idées dans l'efprit,
après avoir vu la galerie des XII grands Dieux, celle des XII Travaux d'Her-
cule ou de l'Année, celle des XII Rois, ou telle autre, qu'il n'en a après avoir
lu fes fripes & abftraits Elémens qui n': difent rien à fon imagination.
Cependant ou trouverons-nous ces fept Rois inconnus jufques ici Sera-ce
dans les Ouvrages primitifs des Anciens! mais ils ne cotnpofbien-: que des
tableaux. Sera-ce dans ces tableaux mais ils n'exigent plus, à moins qu'ils ne
Soient fur quelques-uns des anciens murs des Temples de l'Egypte de ces
Temples donc toutes les peintures étaient autant de leçons intereffantes.
Nous ne pouvons les trouver qu'à la tête de l'Hiftoire de chaque Nation
les Nations primitives avoienr repréfeote l'admini~ration ennere comme
une fuite de fept Princes distingués chacun par des attributs & par des ac-
tions dinrrentes. Les Hifloriens qui ne vinrent que long-tems après que l'efprit
de toutes ces chofes fe fut perdu, & qui recueillirent les traditions primitives
avec d'autant plus de foin qu'ils n'y comprenoient rien, ces Hiftoriens, dis-je,
prirent nécemiremenr ces fept Perfonnages pour autant de Rois qui avaient
tenu avec éclat les rênes des Empires jufqu'à ce que le feptieme & dernier
fe fûe fait châtier par fa mauvaife conduite, ou eût été privé de fes Etats par
une guerre malheureufe qui détruisit le Royaume.
C eft ainn que l'Agriculteur ou Hercule repréfenté avec fes XII Travaux
fut regardé comme
t
un perfonnage réet & que les XII mois de l'année repré-
fentés fous l'emblême de XII Perfonnages devinrent
autant d'êtres réels.
Ici, je vois t'écrit du Ledeur nous devancer de vitefle être faiu de
frayeur pour les VII Rois de Rome, & fe foulever contre
nous, comme fi
nous nous binons un jeu de détrôner les anciens Rois a!n(t qu'un Docteur
célèbre étoit accufé de dénicher les Saints mais qu'on fe raffure; les Rois de
Rome font appuyés fur des Monumens trop inébranlables fans doute, pour
que nous ne voyions en eux que des personnages attégoriques. Nos vue: ne
furent jamais d'ébranler la Foi Hiftorique elles tendenc toutes au contraire
à raffermir en l'épurant, en la debarrauantde
cette multitude d'allégories oa
d'embtcmes que des Ecrivains mal-adroits confondirent avec les .traditions
hiftoriques. Cçs objets ne (ë contredifani plus, ou n'étant plus confondus l'un
avec l'autre, !a tumiere & la vérité y auront tout à gagner la (ageSe des
Anciens fera infiniment mieux connue & elle en deviendra plus agréable &:
les taits antiques feront débarrades d'une multitude d'objets hétérogènes, qui
en a~otbtiuoienc nécedairement la créance.
D'ailleurs fi nous nous [rompons, on nous redreera, & ce fera un gain
mani&Ce pour tout le monde.
Variétés ~&roKv~ cette Peinture.
Avant que nous monrrions ces fept Rois chez divers Peu~es de l'Antiquité,
nous devons obfecver lue plus les Ecrivains d'une Nation auront été habiles,
nombreux & bavards, ou loquaces, Rhéteurs pour mieux dire & p!us l'His-
toire de ces fept Personnages aura été chargée de faits, fera devenue votumi-
neufe, aura prefqu'atteint la certitude de la Foi Hi~orique tandis que chez
d'autres Peuples qui n'auront pas eu les mêmes avantages, ces fept Rois fe-
ront re~és un fimple rab)eau, qu'on n'aura confervé que par refpect pour fa
yéru~é, fans favoir d'ailleurs qu'en faire. Telle .une petotie de neige qui
tombe du haut des A!pes devient une maue énorme qui fous le nom d ava-
!anche nnir par couvrir une vafte étendue de terrain avec tous (es habitans
teUe une rivière groSie de cent autres, parvient à FOcéAn avec une maue
d'eaux qui en fait reculer les ondes.
Ces fcpt Rois Allégoriques, ces (ept Efprics Admini~rateur' nous les
avons déjà trouvés fans nous donner beaucoup de peine chez quatre Nations
très-connues avec des recherches p!us fuivies, tes rrouverions-nou$ peut-être
ailleurs niais elles u'ajouteroient rien à la force des contcquënces qui réful-
tept de cet accord, d'autant ptusfen~bte qn'it cqndtie n~n-~utement dans le
même. nombre de perfonnages, mais ïur-toutdans leurs noms dans leurs
attributs, dans l'ordre contant qu'Us obfervent entr'eu~ & jufques dans la
defhudion qui fuit le feptteme.

I.
Les SBPT ~RoT~ ~M~r~~rf J~roy. `

Ces <ep: Rois, nous commençons à les trouver au Japon chez ces înfu-
laires fitués aux extrémités Orientales de l'ancien Monde, qui n'eurent jamais
rien de commun avec les Egyptiens avec les Grecs avec les Romains qui
par conséquent n'eurent aucun motif de renchérir à cet égard fur leurs voiuns
tels t'Antiquité leur a donné ces fept Rois, tels ils nous les ont transmis (ans
en oter, fans y ajouter avec une bonne foi digne de ces tems primitic!
Les Japonois placent donc à la tête de leur Hiftoire fept Efprits Adtninit-
trateurs, Cept Perfonnages Djvins, par letduels its prétendent avoir été gou-
vernes avant tour. Ces Perfonnages font déngnés par Fépithete commune de
No MtK-OYTO. Le cétcbre Voyageur KEMPFER dit que ce nom ed retadfà
la iciicité de ces premiers Monarques t'étymotogie de ces deux mots primitif
répond a(ïez à cène idée. No ngnine E~rit, Inte~igence; MtK, grand; OïT,
ngne. I;I ugnineroit donc fignes des grandes Intelligences, portrait des grands
~~M~/?r<<<rj or ces .Administrateurs étoi~nt !'en(embte des objets néces-
faires pour la feticité des Peuples.
Faut-it ajouter que No, M)K, Or, font des mots primitif exprimant les
cernes idées que nous leur a{Ï!gnons ici, ? dont nous avons eu occafion
d'in(érer les familles dans nos Origines Francoifes & dans nos Origines La-
tines<
Otttre ces noms communs à tous les Cept les trois premiers en ont un
a~tre en commua, celui de KuN nom encore primitif qui ngnine Prince
Souverain & qui exifie dans le KiNg des Angtois, dans le KoEN~ des Alle-
mands, dans le Co-BN des Orientaux chez tous, Prince Souverain.
KEMPftR à qui feul nous devons ces lumières Japonnoi~es, convient que
les noms de ces fept Dieux-Souverains font purement métaphoriques, ce
qu'on ne trouve autre chofe que ces noms dans leurs Livres Historiques qu'ils
!?'y joignent aucune particularité relative à leur vie, à leurs acHons, à leur
Gouvernement qu'ils croyent religieusement que ces Etres fpirituels ont
réeUement regné au Japon pendant un tems mais qu'il ne leur eft pas poSIbte
ni de concevoir comment cela a pu arriver~ ni de déterminer combien lei)r
Gouvernement a duré ( ).i
On voit donc ici un tableau allégorique antérieur aux Japonois qu'ils
ont reçu de leurs Ancêtres, & auquel ils ne connoiffent plus rien; mais qu'ils
ont la bonne foi;de donner pour ce qu'il eft, & de laiffer tel qu'il eft.
Les Anatiques, les Grecs fur-tout n'ont pas éré n flegmatiques ils
avoient également ce tableau allégorique; ils voulurent le chanter, l'embellir
de toute leur imagination ils en firent des Rois tuccenirs ils leur affigne-
rent un Empire; ils attribuèrent à chacun des fondions particuiieres fur-tout
ils brillerent dans les événemens dont ils chargèrent la de~ruction de leur
Empire ce- fut pour leur génie allégorique & romanesque une fource féconde
de tableaux dans tous les genres.
Aind, ce que tes Japonois ne conçoivent pas quoiqu'ils l'admettent
deviendra très lumineux par les principes que nous avons déjà pofés & par la
comparaison que nous attons faire de leurs fept Rois avec ceux de quelques autres
Nations en forte qu'il rencra démontré que t'enfembte de ces (cpt Princes
donnés du Ciel, & qui n'occupent aucun tems eft le Tableau des fept Por-
tions qui composent un Gouvernement bien con~itue & harmonique.
Je ne doute pas qu'avec un Dictionnaire Japonois, ou mcme avec un peu
d'application nous ne pufHons établir les mêmes vérités par le nom parti-
culier donne à chacun de ces Esprits AdmininrMeurs. Par exemple le cin-
quteme a le titre particulier de Tsi celefte ou divin par excellence.
ToNo Tsi le Grand Dieu.
Le quatrième e(t appelle) à ta vérité, Ou-TsiN, te ce!e~e, mais (ans l'addi-
tion de ToN~ grand très-grand.
Cette remarque eft enentielle !e cinquieme ayant toujours été difUngue
des autres d'une manière trcs-pMticuiiére, &: toujours relative aux mêmes
objets.
II.
Z.M ~t p y 2!o~ ~/s<<ï~t<r~ <~ /*J? c r p r jE.

1/EGYpTt, ce Royaume de Sages o~ tout étoit fait avec nombre, poids


& mesure, &: où tes p!~ haute* Sciences étoient ramenées à <tesfbrmu'!es

(t)HM. du Japon, par Kempfer. Tom. I, t~,


fimples & communes à toutes l'Egypte dirons-nous ne laiffa pas échapper
les avantages qu'elle pouvoit retirer de cette formule, relativement à la poli-
tique & à l'administration. Elle eut donc également les fept Rois fpirituels du
Japon S: elle leur donna des noms & des emplois relatifs à leur nature
ainft fon HHtoire devient pour nous un iupplément de ce que nous yenons de
voir chez ces In(u!aires.
Ces fepc Dieux ou Efprits Adminifirateurs de l'Egypte, avant qu'elle eût
des Rois véritables (ont ceux-ci
PHTA, le Vulcain des Grecs, le Feu-Lumiere.
CnoM, le Soleil ou l'Apollon des Grecs.
CuEPH ou Agatho-Démon, la Bonne Fortune invincible.
SERA?! le Pluton des Grecs.
MENCES, le Pan deceux-ci.
OsiRis & Isis Bienfaiteurs de l'Egypte.
TypHoN le fuperbc, le méchant, qui fait périr (onPr~dcceneur &:
qui e~ lui-même exterminé par les Dieux.
Ici,les Noms & les Attributs de ces Perfonnages commencent à développer
le fy~eme d'après lequel fut invente le Tableau des fept Efprits Admini~ra-
teurs.
Dans tout Empire, dans toute Société bien policée, il faut un Fondateur,
J
& ce Fondateur ne peut être féparé de la lumière: les Egyptiens l'appellerent
donc VuLCAj~.
Il faut enfuite un Legiuateur~ qui en compote habilement toutes les partiel
ce Légiflateur fut donc GnoM ou Apollon, regardé comme la fource de toute
harmonie, comme le Légitlateur univerfel
Il ne fumt pas d'établir un Empire fur la lumiere & fur de bonnes Loix,
il faut le mettre à l'abn de.coûte invaHon étrangère il faut le mettre fur un
pied de défenfe invincible ici en: donc placée la Bonne Fortune invjncible,
ChiEPH le victorieux..
En vain tour eu: réglé de manière à'réfifter aux invanons étrangères, n la
difcorde & les diuenftons.régnent au-dedans.I~faucdppc établir une Police
exacte & févere auul s'avance au quatrième rang SERApis ou le Ju(Ucier,
le PLUTON des Grecs, qui punit jufques dans l'Enfer les fautes des mauvais
Citoyens.
Le Culte publiCt les Cérémonies de la Religion les Jeux qui compo*
Soient eMentieIlemenc.cc Culte & ces Cérémonies, faifoient une partie enen-
tielle de i'adminiAration. On la mit fpus,!$ prote~ton de la Divinité Suprême.
ON
On voit donc ici au cinquieme rang MEND~s, le PAN des Grecs, ou la NA-
TURE Univcrfeite qui, avec fon Orgue à fept tuyaux répand la joie & la
Sérénité par-tour, & apprend aux Mortels à danfer & à (e réjouir à la vue des
bienfaits dont les comble le Maître de la Nature Univerfelle.
Nulte Société ne peut devenir nori<Ïante que par t'étabtinement des Arts de
toute efpece & par les diverfes ctaues des Citoyens qui concourent toutes à-
Ja perfection &: à la plénitude de la République. Ces grandes idées font Supé-

rieurement indiquées par Osmis & par Isis, repréfentés fans cene~omme les
Bienfaiteurs du Genre Humain,à caute des Arts qu'ils inventerent <?~~pour
les Arts laborieux des hommes Ifis, pour les Arts indufirieux & ai~es exécutés
par les femmes & par la maniere dont ils diMbuerent en diverfes Cia(ïes
tous les Habitans de l'Egypte.
Ennn TypHon, ou le mauvais Principe, ferme la marche. On vouiolt en-
feigner par-là aux Humains que la Superbe, ou l'Orgueil, marche toujours
avant t'ecrafement; & que fi on ne maintient ces fages etabuuemens, !e mal
furvient comme un torrent qui entraîne tout.

i~fr~or~~7'Aof&.
Les Orientaux A!iegori(tes ne négligèrent pas une autH belle fource de Ré-
dits hM~oriques en apparence. Ils tranfporterent donc à TuoiB Capitale de la
Phrygie le Siège des fept Rois, & la fcène de leurs faits mémorables. Les
Grecs, à la vérité, nous ont confervé ces Récits mais ils n'en furent pas les
inventeurs, puifque les noms de ces Rois Troyens font Orientaux, & choins
de la maniere ta mieux anonie leurs fonaions, comme nous l'allons
voir.
Le nom même de'la Ville de Troie prctoit parfaitement à l'attufton, pu!(-
qu'il 6: confondoit dans l'Orient avec le mot T-Roi-E la Royauté l'Em-
pire, i'Aminittration. En parlant du Tabtea~de la Royauté, de t'Adminittra-

no!tre.
ti~n en générât, on avoic l'air de ne parler que de la Ville de Troie & telle
étoit la marche contante de t'AUégone de paro~tM parler de toute autre

A
chofe que ce donc il s'aginoit, & qu'on avoic le plus d'envie de faire con-

Ajoutons qu'on trouvera fans doute tres*(urprenant qu'it ne Ce foit con(erve


~ufqu'à nous que ce Tableau netif de Troie foit qu'it n'ait jamais exitté d'Hif-
toire de Troie, foit que t'Atlégorie, plus brillante, ait étouHé tout ce qui
J~~T'T. Cgg
regardoit réellement cette Ville c'étoit courir après l'ombre mais cette ombre
raloit ~ans doute plus que la réalité.
L'HiHoire de Troie eft, en effet plus connue par fes Réc!ts allégoriques
que par (es Monumens hiKOïlques. L'Abbé BANttR, qui voulut tout prouver
par l'Hi~oire, e(t forcé d'en convenir lui même car fon Hi~oire de Troie
eft, comme hi&onque, un morceau abfolument décharné & fans vie oH la.
Fable e& beaucoup plus étendue que le peu de faits qu'on pourroit y trouver
il fera fort aifé d'en juger, car nous allons la rapporter en entier.
Cet Abbé commence par. avouer que l'origine des.Troyens & de leur, Ville
eâ comme celle de tous les autres Peuples environnée de ténèbres & de
ndHons, & qu'on trouve divers ~entimens parmi:tes Auteurs qui en ont parle.
Les uns les font venir de Crcte, les autres d'Italie, ou de Samothrace ,.ou
d'Athènes, on d'Arcadie n'eO-ce pas un Hilloire bien claire ï
Quoi qu'il en ~bir, dit-it en prenant !euc Hi~oire vers le tems-de Darda-
» nus., pourvu qu'on le croye avec Diodore de Sicile & Apotiodore Thrace ou.
Samothrace d'origine, & non d'Italie, comme a fait Virgile qui a voulu par-.
M
là natter les Romains, cette Hiftoiie, dis-je, commence alors à devenir moin~
» obscure
Nous rcfpirons donc: cependant, voyons que!îe eft cette Hiftoire un peu
moins obfcure qu'on nous promet.
DARDANUs abandonne la Samothrace, après que fon frere Jauon a été tué
d'un coup de foudre pour avoir offenfé Ccrcs: nous- voila donc encore dans.
la Fable(t).
H vient en Phrygie~ époujte la fille du Roi Scamandre; mais c'e<t
un fleuve
nous voilà donc dajM les Allégories. Il fuccede à fon Beau-Pere,& il paire pour le
Fondateur du Royaume de Troie. Scamandre n'étoit. donc pas Roi ou cette
prétendue Fondation n'en eft. pas une.
EnicHTONius !uimccede;'mais on ne tait que ~bo ncm ne voilà-t'it pas
~ne Hi~oire bien appuyée Ericb~onius cependant e~ un nom allégorique &
jtous le retroavons au nombre des Rois allégoriques d'Athènes. ·
TtLos e& le troineme;.it donne Con nom à Troie ~.appellée auparavant Dar~
~anie.
Itus e~ te. quatrieme, il bant la Citadelle d'IuoN ce qu'il ne &tK pu
émettre.

f')~t!Hmoiredu Calendrier, page y 7;, où nous avoM expliquéccMeH~!oii<de<


Jtïton.
GANYMEDE enlevé par l'Aigle d'Iou, Ce trouve ici à côté d'ilus (on frere;
circon~anceeuentieile:iteftPeredu(uivant.
LAOMEDON e(t un uxieme Perfonnage 4t (e fort de Neptune pour renfer-
mer Troie par de hautes murailles: mais il lui manque de parole. Le Die<l
irrite renverfe les murs qu'il & élevés & exige qu'une Fitk du Sang Royal (oie
expofée à un de Ces Monitres marine le fort tombe fur fa fille HESIONE. Her-
cule onre de.la délivrer, & condition que LAOMEDON !ui fera prêtent d'un atte-
lage de chevaux ce malheureux Roi ne tient pas plus parole à Hercule qu'à
Neptune Hercule faccage donc fa Capuate, lui enlevé fa fille qu'il donne à
Teiamon~ ôte la vie au Roi même, & mer fur le Trône fon fils Podarce ra-
cheté par Heuone,& qui en fut appelle PMA M :appeUera-t on cela de l'His-
toire ? 3
PRiAMetHetcpnemePertbnnage~ennn arrive ce feptieme Roi ou Prince
dont fHt~oire n'e~ pas moins chargée d'événement allégoriques que celle de
iesPredeceneurs. H s'appelle PoDARCf; on change (on nom en celui de PRtAM~
il e(tPere de cinquante Enfans il perd le Royaume & la vie à caufe de fott
fils PÂMS, & celui-ci e~ un Prince adultere qui a enlevé la femme de Mené"
1as, & cette bette s'appctteHEUME toutes circonftances attegoriques.
Qu'eA ce donc qui refte d'hi~orique: où e(i: cette prétendue Hidoire de
Troie Cependant, voila tout ce que nous apprend i'H~orien BANitR )c
~'ai pas omis on trait..
Certainement rien netenemMe moins à de l'Hi~oire nous y retrouvons;
-avec une exactitude tres-remarquabte nos fept grands Perfonnages allégo-
tiques, premiers Rois de chaque Peuple, modèle de toute Légation.
DARDA Nus e~ le tondateur, celui qui donne à ~bn étabti(Ïement une da-
tée inébranlable. Son nom vient de DAR. ou Dun., ferme, qui dure, durée
& TAN, pays il fignifie donc, celui qui établit an Empire ferme & durabttt.
Ce Prince épouse en même tems la fille du fleuve Scamandre, Roi du Pays:
mais la Terre, la Terre ferme, le (ce, fut toujour! regardé comme la prodttc-
tion des Eaux ,comtne en étant la nite ceci eft donc encore vrai au fens allé-
gorique.
ERtCH-ToN lui (accède mais ToN lignifie puiuant Eps, la Terre; c'eft
celui qui règne for la Terre par une excellente Législation, punque fans loi,
nulle proptiété, nu! Etat, nul Empire.
Tpos dotthe fon-nom à la Ville il a donc mérité les honneurs par fes faiM
glorieux c'ett qu'it peint comme nous l'avons vu dans t'Ef!ai fur le BbKm,
l'Agriculture pépinière d'une vaillante Milice, qui ~eule peur élever la gloire
G gg ij
d'un Empire ce n'ed qu'alors~u'it peut Mtftef des Villes, de grandes Capim-
les: elles ne peuvent arriver qu'à la (uite d: pludeurs générations.
Ii.us eft te quatrième, & il conduit Dium ou la Citadelle de Troie. En
e~et, lorfque l'Empire eft élevé, que les Loix font faites, que les Défenfeurs de
l'Etat font en pied, il faut régler la Police intérieure qui exige des Forterene~
pour la maintenir contre les entreprises des &cHeux & des méehans. Le nom
d'hus, l'Etevé le Fort, le Puinanc, eA pat&itcment afÏu)etti à ces tondions,
GANYMEDE paroït ici fur l'Aigle qui défigne le Souverain des Dieux &
dans la fuite des tems on en a fait un jeune homme que Jupiter avoit fait
enlever par fon Aigle pour lui fervic d'Echanton. C'étoit une brillante allégo-
rie que l'ignorance a malheureusement trave~ie en un Conteridicule o~ impie.
Nous l'avons vu: dans un Etat bien ordonné, il ne CufEt pas de regter la Jus-
tice, la Guerre & la Police; il faut encore régler tout ce qui Ce rapporte à la
Religion, au Culte des Dieux, aux Allembtces (&!emneUes de chaque mois,.
de chaque faifon de chaque révolution. C'cH t'objet contant du cinquieme
Personnage il eS donc défigné ici par t'Aig!e, fymbole de Jupiter du Dieu
fupréme, & Cymbole du Printems, des révoltions renouveUces comme-
nous avons déjà eu occafion de le prouver.
Er c'cft précisément ce que ngnine le nom deC-ANY MtDE compote mani-
Memeot de deux mots il e& tbtme de t'Orientât 1D AM, mefure, & ty~
GaN, GoN, tems fbtemnel, fête; dont on a tait, comme nous avons dit ail-
leurs (t)., les AcoNALEs~jeux Romains qui Ce célébroient au renouvellements
de i*annee~
C'eft ainfi que ce cinquieme Perfonnage corce~pond parfaitement au mê-
me Perfonnage des Japonois & des Egyptiens.
LAo-MtDON eft le uxiemc il doit rester les travaux publics les Arts, te:
diverfes Ctanes de la Société, pour correfpondce à Ifis & aux Ibins du mé-
nage & tout cela fe rencontre à point nommé. i Le nom du RoLe~ com-
pofé du même primitif ~f~, qui mefure, qui regte~& duprimitiF~,1'7,Z.
travaux, Arts :i°. travailler, prendre de la peine :.c'eit donc le Directeur,
rinfHtuteur des travaux.
i A (on nom eft joint celui d'o/!< cette~ci eft fa FUte, & elle époufe
7'~Mo/ tour cela eftjude. Hénone repréfcnte tes Arts~du ménage, ceux qui
mettent l'abondance dans l'intérieur de la maifon, oc c'dt ce que ~gnine
HESi-OKE, la Pourvoyeuse, de fl~y, ~/<'t faire, & p~Eon ou Ao~, biens

~)) HKhure duCalefdncr.


~ubuRancet, &c. Or les Arts du ménage font Fils des grands travaux de la Cam-
pagne ils en naiuent; ils en font le fruit.
L'Hi~oire de ce Prince qu'on fait manquer ~ïccefHvement de parole à deux.
Divinités qui !'en poniftent cruellement ne peut être vraie au pied de!a
lettre. Ce Prince n'eât été qu'un imbécit!e, qu'un extravagant Neptune
ne vint point bâtir Ces murs, Hercule ne vint point délivrer Henone on ?
certainement voulu représenter par-!a les eSecs des Arts; par Ces travaux, une
Ville matitime fait fervir Neptune ou la Mer à (a force, à ton agrandiuemcnty
~(a (urcié par leurs Succès, les Ans Sédentaires nai~Ïent & fe perfe~ionnent
ils font délivrés des montres mafinsou des Corsaires qui viendroient en ravie
les fruits, ou enlever celles qui s'en occupent & celles-ci ont pour Mari des
TEI.-AMON tnot-~tnot, /<<~M/'<~ la plus grande; d'?Q! ~m~Mt, (urete, ëe
~n,T~vc..
Enfin' Hercule ou îe Tems amené la fin de ces travaux & alors arrive !o
tegne de PRt-AM, qui ngnine, mot-à-mot, Qy,jK<!m; réco'te, cachette,f
)13 y P~f, des fruits; tenis oAt'on recueille les fruits tems où touce(t ache~
ve, où on reçoit la cec&mpcn~e de fes foins où il n'y a plus rien à faire.
AufII le Royaume en: détruite il n'y a plus de Rois; Priam eA le dernier.
A ce Tableau allégorique, on en a joint un fecond, pour rendre raifond~
ta deAruAion du premier.
PR!.AM, Père de cinquante Fifs, & qui regne au tems de Ja récolte, a etc
conndcrc comme le Roi de l'Automne, comme le Soleil qui nuit l'année, qui
ell accablé fous t'âge, & qui a produit cfnquan~ Enfans, les cinquanre Semai-
nes~ toujours dcngneM ain~dans!e~y!eattegorique, comme nous t'avons
vu fi iouvenf: (on premier nom étoit PoD-A~Kts~ ou aux pieds légers, car
fa marche fut toujours rapide.
Il perd !a vie lorsque PÂMs, kbeau & briltant Paris en qui on ne vci~
point la force de !'age mûr, mais l'aménité de la jeuneue à la fleur de l'âge s.

en!eve HaLtME au vieux Mcnc!aSt


Et cela e~ exactement vrai dans le fens a!tegorique. Le bri)!ant Paris eO: le
embête duPriniems quand il arrive, la'vieille année, le regne du vieux
Priant n'eit plus. Cependant Paris a enlevé Heîcne femme de Ménélas & il
ne peut en cire autrement, pui~qu'HeMNE n'e(t autre que la JLune; M~M-
ELAS un des noms du Soleil, le Soleil d'Hiver & PÂRis, le Soleil du Prin-
tsms. Celui-ci enlevé la brillante Hélène au vieux ïnan avec lequel elle ctoit-
«tp&ràvant aMC. AuQi ME!s éto!r-e!te adorée à Lacédémone (t). Aud! cène
cfpèce de leçon A(~ronomiquerut-c!!e[oojoursrepréfentéecomme un enlè-
~gment, même chez les Babyloniens qui imaginetcnt ta-denu? PHMoire de
Sémiramis aux deux Matis également, t'un vieux, l'autre jeune-, qui débufque
te premier en date; Attégone que nous avons déjà eupttquée dans l'Hi~oire da
Calendrier (i).
L'Hiuoire de Traie ne contient donc aucun fait, aucun trait qui ne (oit m<-
)ttceRementa)!égoriqu~;& l'enfemble de ces faits, de ces allégories n'eft mant-
teRement autre jchote que ~Hifbtre des SepT Rotsa!!egoriques, qu'un emb!e-
the de tout ce qui confUcue un bon Gouvernement, une fage adtnini~ranen.
Voilà donc dan< POnent trois Peuples qui fe font accordes dans les tn6me<
tdees, <~ui o<tt peint les mêmes vues combinées~ pfecifement dans !e même
ordre; la même Série fous les mêmes (ymboles, fous la forme de SEPT PMM.
c~, dont ~arrangementtes noms,t'Hi!toire, (ont paf(ânem:ntd.'accord &
~enifÏan. ~CofnbinaMon~ Hi~oire cependant qui fe développent davantage à
mcfure qu'eHes fe sapprochent. Les Egyptiens nous ont plus appris que les Ja-
eonois~ & .les Troyen<,ott jes Grecs pour .eux fontdeCcendus dans des de~
<aHs bien plus connderabtet.
..Car, une cho&~esrenoarquaMe, ce ne font point tes Troyens qui ont
imaginé cesattégories ce font les Orientaux qui ont appliqué toutes ces idést
i Troie jamais ils n'ont cité te moindre Historien le moindre Poe'ce de Troie.
ÏÏs ont fabriqué des aHégories fur cette Ville, comme ils en ont ~briqué Cur
tour ce qui.exi~oit.. Nous pouvons même dire qu'ils n'ont fait que (uivre à
égard le génie du ncete) celui qui éroit à ta mode, puisque tes notns des
cet
fept Princes Troyens font absolument Orientaux, & qu'ils ae peuvent être
mieux anortis au rôle qu'ils étoient deuinés à remplir. Ce qui nous ramené à
des tems d'une antiquité plus reculée que les Grecs eux-mêmes.
Voita cependant déjà vingt-un prétendus Rois réduits à une même formule
~égorique trcs.bTHi.mte de Sept Princes répétée chez trois Peuples dirR-
rens. J'ai perdu n de ces vingt-un Princes on pem tirer un feul fait hi~orique
<qui teur foit propre.
Notts pefbns en fait que le Lecteur même y auroit tojt à perdre, rien à
g~n!ef. EMt plus avancé torfqu'it croira qu'a Troie il y a eufept Princes (uc-
ce~fs dont l'Hifloire eA absolument inconnue, &:tur !e compte désuets on

(t) HMo:re duC~endr:er, page 4~.


4~
(t) Page
lorfqu'il (aura que leurs noms font Cgnincatifs &
ne met que des fables; ou
fondés fur des fondons qu'on leur a attribuées, pour repréfenter tout ce qu!.
eompoSe un Etat bien conSUtue.
Que Dardanus~repr~Sente les baSes constantes d'un Empire..
Erich-Ton~ Sa législation..
Tros., fa gloire Militaire..
Ilus, la Sage Police. ·
Gany-Mede, le Culte public & l'EtabItSïemenc des Jeux & des Feces~
Lao-Médon, h reg!e des div€rs travaux de la Société, tandis qu'Hz-
stONR dirige ceux
des jfëmmes.
BM. AM'la cont~eHon entière de touc~ & !a pleine joutHunce des
heureux effets d'une fage adminiftration.
Je ne fais fi je me trompe, mais il me paroît que ceci dit toute aatrç'
chofe & ett infiniment plus (ans&i&nt-qu'une vaine. Nomenclature, qui n'eu:
unie qu'a des Fables extravagantes..
Qpe fera-ce u nous.rapprochons~ë tout ceci les Traditions Romaines~ &
6 nous prouvons, par le propre témoignage de leurs t-Mortens, qu'ils ont
été jaloux de-tranfmettre toutes ces idées; & de le faire prccifctnentdans le
même ordre que ceux que nous venons de remarquer chez tes Egyptiens &
chez les Troyens en même tems qu'ils le firent d'une manière à perfuader
que ces idées teur etoient- absolument propres, & n'àvoient rien d'attcgo-
rique t.
N'en faut-il pas conclure que ces idées d'ûne &ge admini~ration etoient
<! profordement enracinées alors dans tous les Efprits que les Romains ne

'purent Ce dupent de ks adopter!1 .1.


Obfervons en même tems que cesïdces ne nous ont-pas etctra'nSmISefpar
tous ces Peuples de la même manière les Japonois & les Egyptiens tes repré-
sentent comme un Tableau de Divinités qui ont règne Sur la Terre: les Grecs,
comme. Sept-Prinees mortels qui ont rcgne &'Troie.<
A KbmO) iL en eSf autrement; ~HiStoire allégorique decerSept Prince:
a été incorporée dans celle de Ses-Ro!s~ lea-deux~'en ont Sait qu'une il n'ett
queSUon que de les Séparer: ce qui ne fera pas diSScile, vu la lumière qui
précéde. Laf Galerie de ces Sept Princes n'a rhhd'cionnant quand
nous on
connott le Génie allégorique deFAntiquhe ce qui Sefoit vraiment étonnante
c~eSt qu'on ne l'eût confondu nulle parmyecuae Suite, de Rots historiques. J
l'û~ «/~ûr~< f« fept Pr~w Mn/e~~(« ~oa~ ~y~ celle
Rois.
ï'.J!oM~t<
Le premier des fept Rois de Rome ~bnda la Monarchie <on nom même
tient à celui de Rome il peut ngniner Roi ou Soleil de ~!o/n~, étant compofe
de ~e~ & ide JS7 Z~M Sp~ei~
·
t*.~~3fj<f.
MuMA fut.toujours reprérenté comme le Leg;n~teur de Rome fon nom
même ptro~t en venir il tient à NoMcj, Loi NuMM, Divinité NEMM~,
torct c'etoit pn Sage qui étudioir la Nature dans l'ombre des forêts & qui
portant de-!à pour gouverner les hommes, leur donna des Loix dignes d'un
Dieu. Son Surnom de PoMp-Iuus ne tiendroit-U pas egaicmeat à ta pom-
pe qu'il établir dans le Cu!fe Religieux dans les ccr~monies publiques &:
Sacrées 1
j~.r~ r~ /yo~r jr~ft/t.
Ce troineme Roi de Rome o~re des cara<~cres & des noms d'un tout
antre genre. Il nous eA représenté comme un grand Guerrier qui eut tou-
jours les armes à ia main qui étendit conndérabtement les frontières de
i'Empire, qui détruifit même Albe cette Rivale de Rome.
Ses noms Sont parfaitement àubrtis à tes qualités. TULLUS lignifie é!ever
& HosTmus je~&rmé de HosTK, Armée: iisdéugnent donc un grand
personnage qui créa l'Art Militaire qui forma un Corps de Guerriers re-
~PUt~btes~ un Pno~e quirepouuaIeshpSHutés,

~~<'t/j Af~jtrfy~.
A~cus MARTiut nous eA fepréfenté comme l'Inventeur de !a Police, &:
comme le Conducteur des Prifons publiques, nécedaires pour renfermer'
ceuxqui violent tes ré~!es dt !a Ppliçe, & qui manquent à ce qu'exige
(uretépubtique,
C'e(t Tite-Live qui nous l'apprend! J~M~ M<:r</nM/o r~M ~~j, ~WM~
in Mn~ M4~M<&~ Ao~nM~ ~</<r<MM< ~f?~ <M ~<r~<r«M /~& <w/M/c,
~Mor« t/<t/M<t C<r <~ terrorem M~<e< <tM~«<f, ~«~
~/n<a~yM foro <e~MW, ? La Viue & le Peuple s'étant extrêmement
accrus,
accrus, il en réfultoit une fi grande coniuuon, qu'on n'ctoit plus en cureté
M contre
les crimes qui ~e commettoient dans le plus grand fecret ce qui
» engagea ce Prince à faire cpnftruire dans te centre de la Ville, & pour ef-
frayer l'audace toujours croisante, une Prifon qui dominoit fur la place
M
publique N'c0:-it pas remarquable que jufques-là il n'y ait point eu de
Prifon à Rome ï il s'étoit. écoulé cependant plus d'un fiècle depuis fa fondation.
Une chofe non moins remarquable c'eA que Denys d'Halyc:arna(fe ait omis
un fait au~t important. H n'aura pu concevoir qu'it pût être vrai, & il n'aura
pu & reCoudre à le rapporter c'eA ainfi qu'op gàce tout, lorfqu'on veut rap-
porter tout à fa maniere de voir.
Cette Fortereffe qui domine la place de Rome ne ngure-t-et!e pas d'ailleurs
tr~-bien avec la Forrerene bâtie à Troie par (on IV Roi, ainfi que Mat-
tius ett le IVe Roi de Rome t
Les noms de ce Prince peuvent dcugner les mcmes idées puisque le
premier peut venir ~'<ny<r<, pretÏer renerrer & que le fecond peut ngni-
fier le redoutable, le fevere, le )a(Hcier. DBMYS d'Ha!ycarna(!e dit lui-même
qu'il (aifoit bonne juâice de ceux qui negtigeoient leurs Terres & qui fa
conduifoieni mal.
~o. T~JtC~f~ /MM.
Ce cinquieme Roi .nt condruire le Cirque il inRitua les grands Yeux,
~es Jeux publics il e(t peint également, avec un Aig!e, qui lui pretagea, dit-
on, (a grandeur rature. On l'a donc mis en comparaifon fous ces divers poinn
de vue avec le cinquieme de ces (ept Rois allégoriques défignés également par
un Aigle, par le Cirque & par les Jeux publics.
Sa Généalogie & Ces noms paroiflent fondés aufit fur les mêmes rapports
il e~ Etrutque de Tarquinie il te nomme Lucius Tarquin; il e(t ~urnom<ne
t'Ancieh; Tanaquil eft fa remme & la quenouitte de cette-ci cft déposée dans
le Temple d'Hercule tous &itStres-interefIaMS.
` TAR-QuiNn eA la Ville de TAR-QuiN mais QuEn ngni6e en Etrusque
Roi; c'e~ le Kingdes Angtois, d'où QuEM Reine ÏAR même que Ton,
~gniSe la lumiere, le jour, Jupiter T'N~ eA donc, mot-à-mot, le Roii
-du'jour D<M-P~ te feul auquel i'Aigte (bit confacre..
I! eA aum nommé Lucius mais ce mot tient également à Lux, D/c,
tumiere
auparavant il s'appettoit f.MCH-'Afo~ mais A~W ngnine nambeau
~not-a-mot, le flambeau tumincu~ & rayonnant.
2~7~.7. Hh~
Il e(t appeHe l'Ancien, t'ancien des jours, puKqu'it n'y a rien d'antérieur
~laDivJnice~upf&me~Petedcncms&des~our!,
Sa femme ne~pouvoit~tre-m~pux ho~mee~On tait que TAT<A en Etrusque
6gni6e'Bame~ Souverame nctus~ avons déjà ea~occanoh de te voir couvent
dans ce Vo!ume. Quti. e~-)e mot Latin' GaM., QujEi-, le 'Ciel C~'< !a
Cé)e~e & quelle autre e~ fEpoufe de T<!r-~M~ du Roi des Cieux t
Sa quenouille dépotée dans teTempte d'Hercule ouduSo!ei! nous ra-
mené egaicmenc :à!a quenounte de luNOKAr~enne~ ou Reine du Cie)~
peinte avec.l:L'queiiouiHe eUe nous pamene à ceitc d'0mph.tte i~ a Hercute
qui Moir à la place de cerre Reine pour lui ptaire attegories fublimes
donc le déve!oppemenr nous tnenetoit trop loin.
Ennn, quel autre Prince que !eRo! du Ciel fonda le Cirque ce!ene &
ces grands Jeux qu'on imita A Tyr, dans la Grcce, à Rome même & dont
~on- àttribuoic cgafem'enfrinniMtion à Hercule putfqu'i~ ~coit !e 5e!eil', te
'Roi du Monde. Ce Ci~ue rep.rc~h[o!cnt d,i!!e,urs les tems &
ces Jeux
TharmoniequiTeg!em:'toures~chofe:
6°. ~jC7ïr~t~~ 7'r~~fy~.
A mefure que nous avançons, les rapports augmentent &: deviennent
p!us lumineux. Le nxieme de ces Pnnces ne pouvoit~avoir nn nom plus con-
~b!am: il ~gn~c..cg~ement/<<!j/<'yt!, ou c~< ~«t J/~e/c/~y<j;:
,-fon ~iâotre s'accorde avec ces ~ieu%ngnincattonStHctôitn6, difbit-on,
dans l'eictavage des prodiges annoncèrent fa gloire future il fut eteve dans
le P~ais du Roi & de la Reine, qui te prirent en amitié., lui nrent cpoufec
Jeur nHe)TA'<U!E~~ le devinèrent aâtre'ieufSucceneuf.
DcS'qu'H fut Ro! (e (bu~enant de fbn'etat 'priminf, il ne neigea rien
~oàra~ucir te~~ort-des Efc~avës~ auxquels )ufqu~a!ofs, d.itent les Hinoriens
on n'a voit fait aucune atrennoh. Ôntomprehqit donc parraitcmcnt que dans
un Gouvtfhement bien r~glc; it faitbir des Lpix relatives aux Epaves: &: on les
atiribaa!au'6x~ëme Roi a ce!ui qui'cprrefpondoit au nxieme Roi de Troie,
'&us te.fegne.ë '~m Apo!!on' !ui.. m6me s'etclt ~tt 'i'E~c!âve d'Adméie,' &:
gardoit <es Troupeaux. I~,
Se?:v?u's' ëc en~tHeme~ems~cbnUtUfre des ChapëHes en'l'honneur des Dieux
des Carrefours <~ i! ordonna que les Enclaves eH feroient les teuts Prêtres
il fit plus, itincolporâ le prenTicr,'d!&-6n'ië! Affranchis dans les Tribus
des Citoyens.
Il nous eft d'ailleurs rcprefcnié comme ayant réglé les diverse! Ctafics des
Citoyens.
Enfin comme O~ris, le ux~cme de la Série Egypnen'ne, il eft mis à
motc pardon- Succttlsut.~& comme Z.<to-Afe~n, le (même de la Série
Trpyenne il perd la vie a l'occafton de,fa propre fille. TuLLia,) qui fait
p~ficr fa voiture fur ie propre corps de (on Pere trait odieux d'une tccne
d'horreur qui ne me parole vraie que dans le fens allégorique. Comment une
fille, une Princeu<auroir-e)te jamais pu Ce rendre coupable d'une aûion
tufHdetc~.tbIe! Cotnment les Romains eunent-ils-pu obéir à uneSouver&in~
&u~t inrame,aunitccteratef .)'
(

y*. T 7! Q y J le Superbe.

Ennn TARQum LE SupERBE vient terminer cette !i(te ~ngu!!ere.


S'il ne devient Roi comme Typhon & comme Priam qu'après le meurtre
de fon prédeceneur, il pofe en même tems la derniere main àl'edince par la
fondation du Capitoïe qui eit comme !ë centre de! t'Etat, (on Cher-iieu ce
!ieu haut qui doit élever iâ g!oiré dé l'Empire jufques aux Cieux & qui doit
preve'nirà'jamaisfadiviuon.
Ayant ainn terminé ce qui a rapport au Gouvernement, i! n'a point de
fucceueur, mais H eft chaûe à caufe de fcs fureurs, de fa tyrannie, & parce
cûf ton Os'SEXtus'avoit ravi l'honneur dé LucRtcc.
Tarquhl perd donc-fon'Roy'aume comme'Priam~pb)!tT une fautè commit
par (on nfs~&preciÏcmetK'delà même natttMt raccord ne peu'r doiM être
plus partit. ,1
Les noms de LucREcs & de SExTus ne peuvent être également plus con.
veuables on retrouve la lurniere dans le. nom de Lucrèce; & dans SExrus,
qui ngnine'nx, !e Soleil dïiPrmr~s~qut enlevé ~tT~ëpdùfe au ~ieux Sotei!
d'hiver &: qui dommef fur'Hx~moîs: On'medem~ndé, &- de- ConATi-NMjIe'
vieux mari, qu'en faites-vous Cela cft}un.e j~ ne dois pas l'omettre. LAT
lignifie contrée, nous l'avons prouve Co~-z~r~Mj celui qui regne fur la

cônRammem fur les mêmes Etais..


même connee en efïec ces deux: maris, l'un jeune, l'autre vieux, regnoient

L'accord entre toutes ces fUttës de fept Rois ne peut donc être .plus fen~I-
ble&~pluscontplec:~
l' m
.1~.
~pr J!of~ ~<f~.
ROMZ. EGYPTE. T~OIt.
RoM~/M~, Vulcain,
Fondateur. DARDANuy, Fondateurs.
Numa,t.ég!nateur. Apollon, Enchton, Leginateurs.
HoRiHtis, Guerrier. La bonne Fortune, Tros, Guerriers.
Mamu~~a Police, Fone- Serapis, It~~ JufUders &:
re(Ïe. ForiereMe!.
Tarquin,t'A!gte, les jeux. PAtf~ Ganymede, rég!entlesjeux~
Servius S: Tu!ue, rangs Ofiris & Iris Laomcdon &.} jles Arts.
des Citoyens. Hcuone,
,Tarquin le Superbe, perd Typhon le Superbe, Priam perd le Royaume
le Royaume pour te rapt foudroyé par les pour le rapt de PÂRi~
de StxT<~ Dieux.
Le rapport c~ d'autant plus grand qu'i! n'eh aucun des Noms des Rois de
Ronne qui ne foit parfaitement auorti au rang qu'il occupe dans cette Sé-
rie, au point que lors même que nous n'aurions eu aucun deiai! fur leur admi-
MiOratton & iur leurs règnes, nous aurions pu dire par !a feu!etbrcede
leurs noms & fans être taxé de nous abandonner à des etymotogies arbitrai-
res, bbfcure~, forcées, où l'on voie tout ce qu'on veut, que A~~M Pe~<<
/<M étoit un Lcginateur T'K~NJ Zf~A~j un Gucriier ~<M A~r~M un~
Con(truAeuj: de tortereues, mn Juge ïcvere, 7~f~t un fondateur de jeux
&c. prccifement de la même manière que les noms des tept Rois d'Egypte
& ceux des fept Rois de Troie font amortis à ces mêmes idées ;,mcme avec
plus de facilite & d'évidence, au moyen ce qui n'e(t pas moint étonnant, de
leur double nom toujours afÏbrtis aux .mêmes combinaitons~ ce qui ne peut
avoir été i'eHet du hafard.; mais celui d'une réBexion profonde.
jP~r~~Mj~oty.
Ce ne font pas tes <eu!t objets de rcncxion qu'onre~ cet enfemb!e de ~epB
Rois i! en ett de même de ta durée qu'on leur aC!gne à Rome on fait qu'et-
le eft de 'i~~ ans, durée monKrueu& double de, ce qu'eue devroit être &:
contre laquelle f<: font élevés tous les Chronoiogittes rai~bnMbtes.
Mais ils n'ont pas vu qu'elle avoit été calculée d'après coup,par des nombres
allégoriques qui donnent exactement cette fuite d'années ni plus ni moins,
fans qu'on en doive ôter~a plus petite portion poffible.
Pour cet eiÏcr, il faut Ce rappellcr que les Romains compcoient les années
par !u~e<, & que ceux-ci étoicnt un efpace de cinq ans.
Or, fi on multiplie le nombre de fept, facré chez toutes les Nations, & qui
forme la Série des Rois, par cinq, nombre ~acré des Romains, on aura an<
pour la durée de chaque règne; ce qui multiplié par fept, donne exacremenc
a~~ ans pour ta durée des fept Rois. ~7==;~x7~:i~
C'eft de la plus grande exactitude, comme on voir, rien n'y manque &
ceux qui ont élevé des contestations fur ces calculs, n'y eniendoienr rien du
tout rien. Les Hitloriens Romains avoient très-certainement raifon c'eft
t~~ ans.
~«r<M~a<~ MM~~J <y~ focp.

Une autre remarque qui n'eA point de nous feuls, mais que de Savant
hommes ont caite avant nous, c'e~ l'ttonnemenr où l'on eft en comparant
cène Hi~oire telle qu'elle eft dans Denys d'Hatycarnaue, avec le peu que
nous en dit Tite-Live. Ce premier, bavard comme les Grecs, entre dans des
défaits inconnus jufques à lui fur-tout grand auteur de Harangues, H n'en
épargne aucune c'c& la quinteuence de toute la Rhétorique Grecque rranC.
portée chez les iauvages & ~rouches habirans du Latium toute l'élégance
& l'urbanité des Peuples amollis de la Grèce attribuée à des hommes de
fer. E~t-ce là ce qu'on doit appeller écrire l'HKtoirc/ N'cd-eepas plutorvott-
loir faire de l'efprit a quelque prix que ce toit ;&, comme un Traducteur de Dé.
mo~hène, vouloir que fes Héros ayent absolument de l'efprit ( t )~i
Ce qui résulte de racheux d'une pareille méthode, c'e(t qu'en voyant ma.
nireRement que ces prétendues harangues <ont fàites pour les faits hi~oriquet
qu'on rapporte, on efl fort tenté d'avoir peur que les taits historiques n'ayent
été amenés là pour faire briller MeHIeurs les Harangueurs que ceux-là
n'ayenr été un beau champ inventé tour exprès a6n qu'on admirât nmag!-
nation de ceux-ci à nulle autre femblable.
~OJt.t/T/0~
Rauurons cependant nos Leffeurs ils craignent peur-~rre que nous ne îeur
ôtions d'an coup de nier tous ces Rois de Rome ainfi que nous avons cher-
ché à prouver que Romulus éroit un Roi allégorique. Mais nous ne tommes

(ï) Chacun connoit ce bon mot de RAciNB au (u)<t <!e ia Tradualon de DemoChene
par TouMït Le t.
bourreau il fera tant qu'il (îcanera de reprit a Derb~nheac
ras à ce peine ennemis de l'Hifloire. Voici donc ce que nous croyons qui eft
arrivé.
Il aura exiué en erret nx Rois à Rome à commencer par Numa: :!e~ Hi(-
toricns en auront fait un feptiéme en prenant Romulus pour un Roi hiftorique.
Ce Romulus d'ailleurs fe trouvoit dans les Livres Liturgiques composes
pour Finftruciion du Peuple; i! s'y trouvoit à !a tête d'une Série de fept Rois
retaufs à une bonne adminiÛration communs à toute Nation civilifée &
quiie terminoirpar le (cpricme,.puifqu'a!ors tout éroir accompli & à cette
Série, on avoit joint comme chez tous les Peuples i'Hitcoire du renouvelle-
mcnt de l'année fous i'emb!:me du fils du dernier Roi ravineur d'une belle
~cmme.
Dans la tuite des tems, les Hifroriens qui avoient perdu de vue tout ce
qui avoit rapport aux Allégories crurent faire: merveille en confondant les
fept Rois allégoriques avec les nx Rois hiRodques devenus fept parl'addinon de
Romutus des deux Séries ils n'en Drent qu'une dc's-lors cette Hitroire rue
un mêtan~e de vérités & d'allégories qui a toujours rait de la peine aux meit-
knfs écrits, (ans qu'on pût en trouvet la raifbn.
Par notre méthode, tous ces embarras difparoinenf en ôtanr de !'HiHoire
des Rois de Rome ce qui n'eft pas hitiocique ce qui eft relatif au tableau des
fept, Rois allégoriques & à ieufsrbneUons, de même que cette durée da
i~y ans qui n'ef!: qu'une formule, une combinaison de deux nombres faeKs,
cmq & fept, ce qui refera fera t'Hi~oire réelle des fix Rois de Rome non
compris Romutu~;de Romutustui-même fi on veut, oun on lui rrouve quel-
que caractère, hiflorique cependant il vaûdroit mieux qu'on nous l'abandbn-
nâc entierement car ce rapport de fept des deux côtés, deviendroir rurieu(e-
ment (ufpeA: il rendroit bien difficile tout accommodement, joint au rapport
CEonuant des noms.
Quant à nous, nous n'avons nu! intérêt à ta chofe qu'it'yaif eu ~Rome
des Rois ou qu'il n'y en ait point eu qu~i!s ayent,été ati nombre de ux ou de
~ept, cela nous eft en foi-même rrès-indiflèrent & nous avons anez de bril-

).
lances allégories à expliquer fans en faire na~re de "forcées, qui loin de fervir
a nos ~yuç.s, g~teroient tout. Ce que nous en avons fait, ett la fuite de notre
re(pe<fc nicmepour t~Hifroire & pour ceux qui n'y cherchent que ta verhc.
Nous n'avons pu qu'ecre frappés du rapport étonnant qu'orrroit celle des fept,
Rois de Rome avec ceux de tant d'autres Nations notre amour powr la vé-.
rité donc du nous portera chercher ju~ques à quel point s'etenddieht CM
j
rapports &: quç!!e en avoit pu être la caufe nous avons démontre les uns,
aurant que des chofes de cette nature peuvent l'être nous en avons indiqué
les caufes nous en avons même donné une tolution qu'on n'aitendoitcertat-
ncment pas de nous &: qui concilie tout noire tâche eft donc remplie ce tcra
au Public à décider de la manière dont nous l'avons fait mais quelle que Coit
fit dccinon nous le prions d'être bien pcrfuade, que ce n'efi point l'amour du
paradoxe ni du merveilleux qui nous a )eR~ dans cette diïcumon que nous
avons même été tenté de la Supprimer, quoique nous l'euuions annoncée~e
pour ne pas encourir ce reproche & que ce qui nous a détermine enfin à
donner cours à ces rapprochemens, ce font les avantages qui en réfultent
pour la vraie connoiuance de l'Antiquité. On y voit jufques à quel point l'al-
tcg.orie étendit fes influences, comment on la confondit avec l'Hiftoire
avec quelle nmpticite on peut rétablir l'état primitir des chofes & feparer au
ptont de la vérité, des objets qui (embloient inséparables & dont Fanion
mon~rueufe l'orrufquoit ctrangemenr.

~!<y<?M/<' a H/M 0~/<f7<on qui <t


faite.

Ceci ne Catisfait pas entièrement on voudroit que nous abandonna~Eons


les explications que nous avons données des noms des Rois car li ces noms
font allégoriques eux-mêmes, que font devenus les noms des vrais Rois Hi(-
toriques ? Ce qu'ils font devenus ? mais feroit-ce à nous à le chercher } d'au-
tant plus qu'en abandonnant le rapp.ort de ces noms avec leurs objets, nous
les privons d'un de leurs plus grands avantages. Cependant pour n'avoir pas
rair d'éluder la que~ion, ce qui ne feroit nullement dans nos principes, voici
ce qui fera arrive dans la réunion violente des fix Rois hiftoriques avec les
~ep~ Rois altégoriques, les noms de ceux-là auront ïubi necedairement queL*

que ~c.oude, quelqu'alicraition au moyen de laquelle les deux faites n'en au-
ront forme qu'une feule ceci eft d'autant plus vraisemblable~ que nous en
trouvons des traces maniMes dans cette Hi~oire même. On nous dit par
exemple que Tarquin l'Ancien s'app:Moit auparavant Lucumon & que
Servius Tullius n'eut ce premier nom qu'à eaufe qu'il étoit né dans Felclavage
voilà donc des noms pris ou donnes par allunpn.
Une autre ob(erva.:ion importante c'e~que, felon QviDE, (Fa~v.VI.)
S:rvius étoit !e feptieme Roi de Rome; on comptoit donc TATius avant
Numa. Mais celui-ci fut facriné au nombre fept.
Il ne feroit donc pas étonnant qu'on eût (acnue également quelques noms:
ceci étoit bien autrement aifé. Nous poumons indiquer d'autres Mes ou en
faveur de ce même nombre fcpt on a &criné & noms & personnages, quel
qu'en ait pû être le motif.
L'enentiel pour nous, en que les (ept noms confervés peignent <ans enort
ce à quoi ils furent devines & c'eA tout ce qu'on peut nous demander.
Il & pourroit même qu'on eût donné un double nom aux Rois de Rome,
relativement à la double lifte dont nous parlons.

~JBpy ~O~~BTJLJ~jS~t.
Les Anciens étoient tellement persuades que toute admini~radon devoit
procéder par fept, qu'ils avoient établi fept places de Confeillers pour chaque
Roi, & ils les appelloient leurs Amis, leurs Fidellcs.
Cet ufage étoit en vigueur à !a Cour des Rois de Perfe. Ce font ces jtept
Confeillers qui màfracrerent le faux Smerdys, usurpateur de la Perfe, & dont
l'un eut ce Royaume en partage, le célèbre Darius fils d'Hyftafpe.
C'eft par le même efprit que t'JEtecHon des Empereurs d'Allemagne fur
remife à fept Seigneurs, aux fept Ele~eurs choies entre les Princes les plus
puions de l'Allemagne.
C'eR là de(!us qu'a été arrangé le vieux Roman des fept Sages de Rome,
dont on a donné une notice dans la premicre année de la Bibliothèque d'es
romans,
/:o~ .p~t ~~pr ~~CN~
Ce nombre feptqu! avoir fourni un jeu aux Egyptiens, une galerie de Rois
aM anciens Peuples une formule générale pour les Sciences ne parut pas
moins propre en effet pour un Roman ;.& ce'Roman fut très-ancien imaginé,
dit-on, aux Indes par SA~DA~m., il pat~a chex les Latins ~bus!e nom de Do/e-
y~oj il fut traduit en vieux François par HEBERT fous le regne de Louis
VIIL Les Italiens en ont f~c ~r~ ou tes fcpt Sages de Rome. Ce fut une
fource inépui<abte de contes adaprés aux mcEurs & aux ufages de chaque Na-
tion ou même au génie de chaque Conteur.
On fuppofe un jeune Prince qui eA conné aux (oins de ~ept Philosophes il
n'e~ ~ue~ion que de fa beauté, de (on génie, de ie< connoifÏances. Sa bette-
mère en eft enivrée elle lui fait des avances mal reçues elle irrite donc
contre lui l'Empereur fon Pere cependant le jeune Prince a lu dans les
A~rcs qu'il devoit être fept jours (ans parler pour éviter les plus grands mai-
heurs. Ce Prince fi éloquent e~ donc un muet ftuptde c'eti un nouveau
crime pour lequel on l'enferme dans une noire pri&n & pendant ce tems-
la l'Impératrice & chacun des (ept Philosophes font tour à tour à t'Em.
pereur des récits de toute efpcce l'une pour le porter à <e venger les autres,
pour l'engager à fu~pendre la punition de fon fils enfin les fept jours de n-
!ence s'étant écoutes ie prétendu coupable fe fait entendre, le crime de la
marâtre cil reconnu, & tout rentre dans l'ordre. Dans ce Roman, on fuppofe
auut que le Confiftoire de Rome ou Sénat Romain au quatrieme fiècle étoit
compofé de fept Sages, qui rai~bient battre de verges dans la Ville quiconque
avoit de arrêté dans les rues après qu'on avoit fbnnc la retraite ou le couvre-~
feu.
~NPT dans ~C~f~jE Primitive.
C'eA dans !emcme efprit également, que l'Eglire Primitive nouso<ïre fe
nombre de SEPT dans les fept Anciens ou Diacres établis par les Apôtres 0*
& dans les fept Eglifes auxquelles écrivit S. Jean. Ce nombre fept domine
également dans l'Apocalypfe.
L'Eglise l'a confervé dans les VII Sacremens, les VII Psaumes Péntteti-
tiaux, les VII Venus, les VII Péchés mortels, &:c.
Les Chronologi~es eux-mcmes n'ont-ils pas divifé le Monde en VII Ages ?t
Les Prêtres Albigeois, entr'autres cérémonies, récifoient SEPT P~<r fur un
mouraet avec le commencement de l'Evangile félon S. Jean.
Cette J~jt~jE vMM~Tc~PAfMfr~F~.

imiter.
Uh retpcct auui étendu une formule auSt univerfellementreçue prit fa
nàtuance dans le Monde Primitif, dans celui dont nous retracerons l'His-
toire, oc qui précéda tous les Peuples connus. Ce furent Ces Légiuateurs qui
ouvrirent cette carriere à tous les autres ceux-ci n'eurent qu'à conferver &
a
Ces Légîuateurs eux-mêmes, où avoienc ils puKeces belles & intére(ïantes
!dées: certainement dans tout ce qu'ils voyoient dans la contemplation de
l'Univers, appuyée de l'harmonie de ce nombre nmple, mais divinble en tièr-
ces, quartes quintes fources de toute harmonie. Peut:efre, dans des
connoi(ïances plus profondes fur la nature des nombres qui ont chacun leur
di~ri~ réparé. Peut-être dans un Tradition (ubiime, qui avoit tracé un ac-
cord merveilleux entre le Monde Phyuque & le Monde InteHeAuel (ur-
tout dans les (ept Dieux ou Efprits Modérareurs de l'Univers qui, ~bus la pro-
teetion du Dieu Suprême, dirigeoient les (eptPIanettes.
T. L m i
J~ fept Z~ Pfe~~Mf~o~ ~~?r~ dans le tnême or~r<.
~Uorappocr bten. di~ne,d.'atteation, & qMi achevé ;de démontrer avec
q')!ehafmon<e les-Andea: procédaient dans toutes foftes.de choie!, c'e(t
que les jours de laL Semaine ~ont arrailgés de manière que te'!M! Divinités Pa-
troncs forment exa&emenc b nicme férie des fcpt Efptits Adminithateurs
&: pcécKemenc dans le même ordre.
-:Les deux gîatides Finettes o-ayrent la marche !e Soleil la Lune enfutte.
-r'I.cSoiet), premier joar~ en: mc~~moc, :QutR.-Iw~, ~e.R.oi.dtt Cirque,
J'o:i! de la Vitie~ ou ~o~7ZMj le Prince de h lumière élevée c'etUe
Fotidaceurde l'Empire; car fans Solei! que JeviendMi[ le Monde phy-
«que!
l'a Lune, fécond joaf, la même qn'Ius, ou Ccrcs, Lc~t~trices. Ettcs
r6pondenc pâr&MCment à cette Nymp!e EcERiE qui enicign.t à Numa
'fom ce qu'it déçoit faire pour CMb!h'unc~geLeg!n&non.
Mdrs s'avance à leur fuire il peint donc cerce Milice redouMb!e qui &ic
w la filreté de l'Empire peut-il mieux répondre à Tut)us-HofU)ius
MmcuRE préfide au quatrième jour c'eA le Dieu de l'éloquence c'eft
` -lui qui par fon arr enchanteur termine les dinennons, &: qui, le caducée
en main, ccabht une bonne Police, maintient la paix.
Au cinquième jour, e(t Jupiter avec ion Aigte ici l'accord ne peut eire
plustra~pan~: on diroir que chaque Peuple a eu peur de s'en trop
écarter chez les Japonois c'eft To/!o-7~, le Puinant des Dieux le A~-
~/M~~ t'0~7!~o~Mjr de tous chez les Egyptiens le ~uire de la Na-
ture université chez les Troyens, Gany-Méde avec ton Atg!e chez
les Romains Tac-Quin ou le Roi du jour avec un Aigte qui lui
annontefa~grandeurfutme.
Au uxieme-jour, une Femme comme en Egypte, comme à Troie
comme a Rome Vénus Symbole de la tcconditc des Citoyens donc ta
n.tiu~nee rcgte tes Rangs.
Au feptieme, SATURNE, qui, ainfi que Typhon, que Priam, que Tarquin,1
s'éleve ~ur tee jr~ines de ~on Predcceueur qui audt coupable qu'eux
puifque Typhon avoit ~ait périr fon Fcere!, Tarquin fou Beau-Père,
fnu~e'tut-m~me le Ciel ton augure Pere & qui tcmbtabtc à eux,
perd cgatemenc (on Empire.
Ainf) tandis que tes Anciens ditpo~oient les jours fur les Ptanertes arrangées
de quatre en quatre, leurs Divinités Patronet fe trouvoient également di~
potées fut le modctc des fept parties conttirutives de tout Gouvernement: Us.
c~ïf~i€Megâ~cment~eTa~eandesïepIE.~j'TïtsAdm!n?rateu~s.

Cette .~nc /e/e<' ~Mf les ~77, ~f'~ Chefs des CXosH~ C~</?~.
Ceux qui épient persuades que le Monde phyuque n'e~oit qu'une attpgori~,
qu'un embtctne ~u Mondt ihteHe6~uc!, donnoicnc de leur côte à ~ne de:
fept Rois Adminintaceurs, t'orig'ne la plus augufle, une origine route Divtn~
La Di~n![~ qai a imprime paf-ccut t'hafmoniefepcenaife, voyoic dc)Â autour
de fbn Thfône les ~cpc Ecrits C~e&M tes (epr Archanges qui pre~denr <ou$
elle à roufs les nbtnbreufcs bandes des Inre!!igences Angéliques te! ifur,
~ton eux, le type harmonieux diaprés lequel fur difpoic tour ce qui eft marc~
riel reHe~ar la Source des'ccu!eurs adnurabtes qui tbnc!a gloire de la Nature.,
de ces globes qui voknt fur nos cêces, de cette marche nngutiere de la Lune
qui trace en cara~cres de feu les jours tes femaines & les mois fur la
veuM Cficfte de cette 'harmonie qui regte tout avec une nmpticire & une
fecondtce ctonnantes tel le Créateur peignit à nos yeux econnes t'harmonle
Divines tel ~ut le tde~co~ à travers lequel ces Sages apper~urenc les rapport
~connans & t'ori~tM neceflaire de'tous ces objets mervettlëux.

Ces /~r~.y de vue ~~oM~~w.

Quoi qu'i! en toit, il eft mconre~bte que !esModcrn&s, pour:s'ctpign~rde&


abus qu'on voir chez !cs Anciens à t'cgard des nombres font .;et,tcs dans,

une extrOnirc oppofee, & ont trop néglige J'u&ge qu'en uc FAnuquite~
tes avantages que nous pourrions en retirer. Peut-être ces objets ~e rérabh-
ront-ils dans teuc état pfitUtdfaLvec un plus grand (ucccs, à mefure que nous
nous rapprociteron: nous-mêmes des tems primitirs, & de leur belle &: noble
ûmpucue.

Ittt)
A V E R T 1 S S E M E N T

~C~ ZJ?JT~07JfV~C~~ QUI J~J?~r,


~U commencement de l'année dernière, M. de laBr. inféra dans le
Mercure de France une Critique très-ingénieuse contre tes Explications de
~'Antiquité qui confient dans les étymologies des Noms propre! explications
en général trop vagues, & nullement utiles quand elles ne portent que fur des
étymologies. Mais comme cette Critique fembloic relative aux grands Prin-
cipes du Monde Primitif~ deux Savans s'empreuerent à. parer le coup.
M. Pp. ni paroltre le premier fa R~ponfe dans te Journal de-Parit.
Celle de M. de la D. fut insérée bientôt après dans te'Mercure de
France.
Nous avons cru devoir réunir ces trois Pièces fous un même point de vue:
elles font d'ailleurs écrites de maniere à le faire lire
avec int~rcc.
Nous rappellerons en même tems ici à nos LeAeurs qu'ih auront vu dan?
!c Difcours prétimiaaire de notre Tome VII. quî parut alors, les détails dans
Je~quets nous entrâmes, ann qu'on pût di(Hnguer to~ours les vraies explica-
tions de l'Antiquité de celles qui ne repofent que fur de fimples éfymofogies
ou ptutôt~ur de ïeuts rapports de noma &: pour empêcher qu'on confondît
avec notre marche ordinaire, celle des petionnes qui (e tivreioient trop à cette-er~
LETTRE
DU F. IP A UL, H B R M X T E~
Inférée </a/M Mercure </e France mois ~c /ï~z< y
Samedi tp,Yy8~

MoN SIEUR,,

M. Co v R T de GEBBï-~No~M. Our~ïS (ont deux ~avahs di~fng~


par !cuB fagacite & leur favoir immenfe j'edime leur érudition, j'honore leurs
pcrfonnes, & je respecte infiniment les moEttfs pures qu'exige une vie con-
~tcree à des Etudesauni connûtes que laborieuses ainfi ce n~eft poinr d'eux
dont il e(t queftion dans ta Lettre fuivanre mais d'un de leurs Difciples. IÏ
m'a dit des choses (ï étonnantes, que j'en fuis encore tout pencrre & que
depuis t'entreden que j'ai eu avec tui, je fuis rette fous le charme de.renchou-
natme.
Il nt'a fair conno~re focigine de tous fes Peuples & de tous l'es usages
iî m'a démontre qu'aucun des Personnages de t'Antiquité n'avoir exi~é
qu'aucun des faits tran(m~s par t'Hi~oire n'étoit arrive que tous les Livres
des anciens n'étoient que des recueils d'Enigmes que tous tes evenemens
qu'ils ont rapportés n'croienf que des allégories que Cferc~-t ~gnine cEit ron<t
de la Terre ce qui prouve que ce Roi Athénien n'a iamais exitte que ce
n'efi qu'un emblême du Sotei! que !e Roi 34< en Egypte, le Roi A~o~
en Crète, !e Roi ~oa en Phrygie, le Roi M«/ en Germanie, font
tous des Perfonnages allégoriques parce que dans une Langue qu'on n'a ja-
mais parlée dans aucun de ces P~ys-R, fe mor de Man veut dire flambeau
ce qui démontre que tous ces Rois ne font autres que le Soleil même. J'ai
voulu d'abord alléguer qu'en Gcrmanie, en Angleterre & dans tour le Nord,
s
Man lignifie homme, & non nambeau: que de-!a, Nor Man Norman
homme du Nord il m'a répondu que Janus étoit le Soleil; qu'i! avoit cpoufe'
<C~rM)M/<ï, mot dérivé, non de ~r//w:, comme on l'avotc cm, mais de ûtf"
n<~ qui vient de C<ïr cornu & de Men, lambeau qu'it ctoir clair que le
mariage de Janus avec Flambeau Cornu, n'etoic autre chofë que le mariage
du Soleil avec la Lune.
Je lui dis que je trouvois l'étymologie auu! vraie que le mariage frappé
de ma conception i! ajoura qu'~n~ ctoit encore le Soleil, tout anΠbien
qu'Hercule; que fes douze Travaux étoient les douze Signes du Zodiaque. En
vain Monteur, j'ai voulu faire quelques objections; l'étendue de fon favoir
m'a fait taire & la profondeur de fon jugement a confondu ie mien.
Plein de ces grandes idées admirant ce travail prodigieux, méditant (ans
relâche fur ce SyMme, j'en ai fenti toute l'importance j'ai même fait quel-
ques réflexions qui viennent à l'appui de ces grandes découvertes, &: qui
achevent d'en démontrer la vérité, au point de ne pas laitier le moindre
doute à l'incrédule le plus décide.
Permettez-moi de vous en raire part je ne remonterai pas bien haut.
Toute t'Hi~oire du dix huitième nec!e eft évidemment une agéloriei
rAntiquice mcme n'en fournit point de plus fublime.
Pour la pénétrer, attachons nous à la véritable fignification des mots, &
nous connolirons bientôt la nncns du génie des Savans qui ont compote cette
allégorie fous le nom d'Hi~oire &: qui ont deugne tous les Phénomènes de
la Nature fous des emblèmes héroïques car les Savans de ce .tems-t~ vou-
loient cacher aux Peuples la fublimité de leur Dodrine, afin de les mieux
cctdrer & de <e rendre plus utites.
Ils nous dirent que la- plupart des Rois de l'Europe defcendoient de la
Maifon de Bourbon de celle d'Autriche ou de celle de HoJu:ein. Pour peu
qu'on (bit inUruit des Langues de ce fiècle on eft frappé de la reflembtance
de ces noms avec des objets terref~res & i'on voit bientôt ce qu'ils Hgninenr.
La plus célèbre des Maifons celle dont ta domination efUa plus ecendue
en Europe & dans tout le Globe eft difent-it;, cette de Bourbon crui! ce
rfeâ point là un nom d'homme, un nom d: Famille; c'e~ un nom aILepo-
nque qui enseigne que les plus grands Rois de la Terre, comme le refte des
humains, font formes de hmon, de fange, d'argille détrempée avec un peu
d'eau car dans t'ancienne Langue des Francs., c'e(t ce que.ftgnifie ce vieux
mot dont on a fait depuis Bourbon. Je ne crois pas qu'il foit poffible de trou-
ver une allégorie plus morale & plus conforme àla Nature de l'homme. Auut
les Savans de ce tems-!à avoieni'i!s eu le bon fens d'amrmer que tel é.roit le
nom de la Famille la plus ancienne & la plus nombreufe des Rois de l'Eu-
rope du Mexique du Pérou d'une pâme de l'Afrique, des Inde!, des
Mes de l'Ane.
C'en: avec la même évidence que je vous démontrerai que !cs Rois des
Ifles de l'0ue(t, vulgairement nommées Mes Britanniques ne font point»t
ii~tS originairement de la Maifbn d'EH. Ce n'cd qu'une allégorie qu'on a ima-
ginée pour montrer à ces fiers Infulaires, fans blefter leur orgueil, qu'ils
tirent leur origine de l'Eft du continent qui eft à l'Eft de leurs Ifles & cette
aUcgorie éroit d'autant plus nccenaire que ces Insulaires, Enfans ires'ingrat!,
J
n'ont jamais pu fbufHir les Peuples dont ils defcendenc.
La M~ifon qu'on appelloit Autriche, ou p!u[6[ ~<?/<ï, s'erendoif, di-
fent-ils, de la Mer Noire à l'Océan mais e!'e avoit règne en Efpagnc, en
Italie en Sicile elle avoif pen(e anéantir ia Maifon de Bourbon. Voilà
encore une allégorie bien frappante ~M n'eH: qu'un article, une prcpoution, qui
marque le lieu ou le tem: à telle époque e tel endroit, au jour, <!M Pays.
~r/.t vient plus évidemment encore du mot Latin/?r/<ïr<! /?r/cr, faire des
raies, fendre féparcr, éparpiller. ~~?/ ~~c/!< ngnine donc au tems
de l'cparpiitage de la ~parauon. Toute la rivalité de cette Maifbn toutes
fes guerres avec la Maifon de Bourbon, ne ngninent rien, d ce n'ed qu'après
que les hommes furent tbrtis de la fange dont ils étoient formés ils fe ré-
pandirent, ils s'eparpiiterent dans toute rHurope, & qu'ils routèrent aux
pieds ce !imon dont ils étoient formés.
Les Railleurs ont beau conteder quand on trouve tant de faits qui vien-
nent à l'appui les uns des autres, fur-tout lorfqu'Us (e (uivenr ain(t, & que
l'allégorie eft )u~e dans toutes (es parties il faut finir par fe rendre à l'évi-
dence &c par céder à la foule de preuves dont on fe ~eni accabler.
Ce qui acheve de porter ce que j'avance mfqu'à la démonnradon, c'eH:
la place que les Savans ont afngnee à la Maiton de Hol~ein.
I! ne faut pas être bien instruit pour favoir que Ho! vient de Houle, & que

par arrêter demeurer ou qu'il vient de~n~, rivage ou même de /ï


ftdn dérive ou de/?<!r, en Latin, on de/F~J en Anglois, qui fe tradui)er!C

pierre, en Armand. Hoinein lignifie donc, coules de la Mer, arrêtez-vous i:


comme/c~<:< ugnine, Soleil, arrête-toi. Audi tes Savans nous dirent-Us que
cette Maifon régtioit vers le Nord, dans cet endroit où uneinvanon de l'O-
céan avoit formé la Mer Batuque, les Goh'hcs de Finlande & de Bothnie, &
peut-être les Lacs d'Onega & de Ladoga. Vous voyez bien que dans le dix-
huitième nccle les Savans ca:hoient fous les emblèmes hiftoriques tous les
Ph~nemenes de la Nature.
Ils avoient aufH l'ufage de défigner les talens & les révolution! par des
cmbicmes. Veutcm-its faire entendre que la Terre fleurit par une bonne ad-
<ninifh'ation ? ils difent que te Miniftre de la Maifon de Bourbon s'appettoir
Fleuri. Veulent ils défigner t'auention qu'on doit apporter à choi6r un Minière
dans des rems dimcites ils difent que ce Minime fe nommoic Choifeut.
Les Fables fe répandent comme l'eau fur la Terre ils ont appetté leur Fa<
bulifte la Fontaine le Génie du Théâtre tragique a éré repréfenté fous t'em-
blême d'un oifeau qui parle lentement il l'ont nommé Corneille. Le goûc ne
vole point. il germe, il fleurit quand on ie cultive ils ont marqué ces
qualités fous le nom de Racine. Le mot de Z~~e ou de ~«r< indique la joie:
le Génie de la Comédie fera donc Molicre. Une grande révolution s'opere-
)c'c!!e dans les idées: i!s l'attribuent à Newton; c'eft-à-dire, nouveau ton
nouvelle maniere de s'énoncer. C'eA ainn que le rems où les idées étoient
brouillées, où on les développoit mal, où les erreurs philofophiques com-
battoient les erreurs populaires, avoit été dcRgnd par un emblème trcs-ju~e~
& s'etoit appellé Z?<M/7M.
Pour montrer qu'un Général doit ctre le Boutevard de fa Nation ils
vous aèrent que leur plus grand Générât s'arpcHoit Rocher, S<<rM/n, ~<Mf<.
Voità comme t'Hiu:oire du dix-huicieme ncc!e n'eft évidemtnenr qu'une a!!ë-
gorie pour tout homme qui eonno!t les Langues, & qui pénètre la véritable
Hgnincanon des mots.
Ce ne font pas quelques faits ifolés c'eu: rHi~oire entière qui le prouve.
Plus on approfondira cette matière, plus on en fera convaincu. La Religion
la Prédication réforment les co:urs & ouvrent te Ciet c'eft le Père ~cMy~e
~e
le Pere qui prêchent; vous voyez bien que ces gens-là n'ont jamais
Mifte. C'eft ainfi que l'on nous prouve que /!owM/<M, en Italie, dérive du
mot Grec P~x, robur force & que Numa vient de Hp/~e~ Lex Loi;
qu'ils ne font que des mois allégoriques~ & qu'ils ont trop de rapport avec les
vertus qu'on attribue à ces deux Rois, pour qu'ils foieni effectivement leurs
noms. C'efi avec un tel argument que je vous démontre qu'o~, qui vient
du Grec Ap/ycc, o~M~, très-bon n'eH: qu'un Perfonnage idéat; car quel
homme s'eA jamais appsité 7~M i
Une preuve encore plus jappante que routes celtes que je vous ai données,
c'eft la fubtime allégorie du Roi & des douze Pairs de France. Ils repréfentenc
plus évidemment te Soteit & les douze ngnes du Zodiaque que la Fable
d'Hercule aceomptiuani tes douze Travaux ou que celle d'jEn~ panant de
Phrygie à Canhage, en Sicile, au bord do Tybre. On trouve les fix carac-
tere: du Soleil dans Enee on nous prouve que la fyllabe~r <reut dire Soleil
mais dans le nom de Louis je trouve à la fois le nom & le caractère de cet
Aûre. Lifez ce nom à rebours; en Cupprimant la troifieme & la quatrieme
lettre, vous trouverez ~c'e~ bien le nom Latin donc nous avons taitSotei!.
Non-seulement, Monfieur, dans ce nom de Louis, il y a ce grand carac-
tère, mais on y trouve aufli le mot de Lois, parce que le Soleil qui di(pen(e
au Monde les jours & les Saifons, (emble être le LégiHateur de t'Uni vers. Ce
n'eft: donc point le hafard qui a rafÏembte toutes cet grandes idées dans un
mot qu'on nous donne pour un nom d'homme, & qui e(t l'emblème du Pere
de la Nature.
Les douze Pairs font les douze ngnes du Zodiaque !a preuve en eft qu'tt
y en a nx Laïques & Mititaires, représentant les fignes d'Eté, pendant lef-
quels les hommes font la guerre & cultivent les champs; & fix Ecctcna~iques
& Ceubataires, représentant les ngnes d'Hiver pendant !e(quets la Nature
cetïe d'être productive & animée. Peut-on voir rien de plus jutte Et que font
auprès de ces allégories't celles <f<Zt/ ron<~ & de ~«~MM cornu t
Vous favez, Monneur, qu'un Savant du nccte patic avoit donné aux
douze lignes du Zodiaque le nom des douze Apuires, à la Cou~ettanon
d'Andromcde le nom de !a Vierge Marie. Tout (on p!anifphefe étoit tire de
la Légende. Cette idée pieufe & été rejettée par toutes les Académies de t'Eu"
tope & n'en eC: pas moins bonne.
Ce mot de douze a toujours défigné les lignes du Zodiaque les Francs
ent toujours été fort Mtachcs à cette idée. Ils ont dit audi que leur Louis,
leur Soleil, avoit toujours eu fes douze Parlemens où il faifoir inscrire tout
ce qui émanoit de lui mais vous fentez bien l'allégorie: la tumiere qui émane
du Soleil fe répand dans les douze ~gnes du Zodiaque.
Ce!a e~ fi vrai, cet emblême eft fi june, qu'après avoir dcf!gn~ !e Soleil &
les douze mois de l'année par le Roi & les douze Pairs ou Pariemens on a
défigné les jours du mois par trente & un grands Gouvernemcns Militaires,
& tes fept jours de la femaine par (ept petits Gouvernemens. H eft vrai qu'on
< fait depuis quelque rems, un trente-deuxième Gouvernement de la Lor-
raine, comme on ajoute un jour à une année biflenite; mais cela ne prouve
que mieux la ju~ene de t'aUegorie le hafard ne raflembte point tant de
choses..
Que feroit-ce, Monneur, n au lieu de me borner à ces allégories trappan-
tes, je voulois m'armer de toutes les reuources de !a Grammaire; decompoiM
les mets, les réduire à la valeur des (yUabes pnmitivcs} je vous démontrerois
~rc~ Kkk
que Paris n'a jamais exi(té;que ce n'eft que l'emblème de ce que doit être Ï~
Capitale d'un Empire.
Paris vient évidemment du Latin Par & du Grec ~p, qui n'ont point du?
tour!a mcmcf!gnincation;mais c'en en cela que l'aHegorieeft admirable! Le pre-
mier ngnine égal; & le fecond veut dire feu ce qui fait enrendre clairement
qu'une Capitale doit être comme un feu toujours égal, qui, urué au centre de
t'Eiat, en éclaire & en échauffe toutes les parties. C'eft ainn Monneur, que
Bordeaux ne lignifie que le bord des eaux, comme Rochefort la Rochelle, !c
Havre, Calais, caler, couler bas, font des noms a!!égoriques.Ici~ Monueur~r
il s'orfre à ma vue un horifon fi va~e une foule de preuves fi prodigieufes,.
qu'il m'eft impou')b!e de les indiquer dans une (cuie Lettre.
Je vous prie Monneur, d'inférer la mienne dans vorre Tournai, parce que
je fuis bien aifc d'apprendre à l'Univers que c'eft moi qui ai découvert toutes.
ces belles chofes, après avoir érudié profondément les Ecrits des Savans ci-def-
fus nommés) & leurs admirables Difciptes.
Je ne doute pas que fi ces Meneurs eufÏent poufÏe leurs recherches jufqu'au;
dix-huitième (!ec)e, ils n'eunenr trouve tout ce que j'ai découvert, & beaucoup
d'autres chofes encore mais enfin comme c'eft moi qui, le premier, en at
conçu l'idée, je fuis bien-aife que votre Journal anette la date du jour où m'eft
venue une penfce fi lumineufe & fi tnconteftab!ement vraie,
Je fuis bien-aife encote, Moteur, que la Pollérité apprenne, pour i'interec
de notre gloire que le même Siècle qui a produit !'Etprit des Loix, t'Hiftoire
Genera)e,l'Hiftoire Nature!)e,t'Emi)e &l'Ency!opcdie, a produit l'inierpre-'
tarion de toutes les énigmes de l'Antiquité.
Je ne dois pas non plus iainer ignorer à l'Univers que j'ai pénétré dans une
matinée toutes les allégories que renferme cette Lettre & même un grand
nombre d'autres, afin qu'on foit bien convaincu que quand j'aurai mcditc
cette idée féconde pendant vingt ou trente années; que j'aurai dcpouiHé
toutes les Grammaires des Langues du fJord~ & les mots Celtiques ou Bas-
Bretons, arrachés par But!ct, en t7~<t àt'bub!i total ou cette Langue étoic
tombée depuis vingt Siècles; que j'aurai épuifc ce que M. Anquetil & quel-
ques Savans Angtois nous ont appris du Hanfcrit & du P</Aw',&que
j'aurai comparé ce que j'en fais avec ce que je fais de la Langue Chinoife
& de la Langue Tartare, & avec les figures hiéroglyphiques des pyra-
-midés d'Egypte, & avec les lettres de l'Alphabet Palmyrenien que nous
devons aux travaux de M. Barchelemi., je ferai ça état de jetter du jour fow
cet important fujet, de composer douze ou quinze voinmes M~~c, & fur.
<out que je ferai parvenu à croire moi-même tout ce que j'aurai imaginé.
J'ai t'honneur d'être, Monneur, avec un tr~s-prorbnd rejpecc,
Votre très-humble, &c.
Le Frère P A u t., Hermite de Paris:
P. A N'allez pas croire, Monteur, que ce nom n'eA qu'une attégorîe, &
~ue je n'ai jamais exi~e parce que !e Grec Mt~« e~ plus convenable à k
tranquillité d'un Hermite qu'à l'activité d'un Apôtre je puis vous certifier
que j'exifte tres-réetlement.
0 revêt des Savant 6 chimères profondes!

~omrne dit notre grand & immortel Voltaire homme teritaMemenc


docte, dont la vafte imagination n'égara jamais le jugement. Les Erudits fe
trompent qudquerbis; il n'en: pas trop bien de s'en moquer il n'eft pas donné
à tout le monde de s'égarer comme eux & moi, moi qui parle ici, je ~erois
bien fier Ci j'avois la fcience des Hommes dont j'ai ampliné le fyftême.

R E P O N S E 1

A LA LETTRE DU FRERE PAUL,


ZT/?/<! dans le, Journal Paris, jN". ~.o Mercredi 9 Février 1780~
(~rM..P.K.)
C
OOuyfmZt. Monteur, qu'en admirant !a rare fecondi~ de votre g~nie,'
qui d'une feute plaifanterie fait la matiere de douze pages, je vous propofe
modeM deux renexions qui m'ont frappé à la !e<~ure de
avec votre Lettre.
Vous attaquez le <yueme de M. C. de Gcbehn avec l'arme du ridicule~ ce fyC-
terne ett expote dans un grand & [avant Ouvrage) que peu de pertbnnes foilt
en état de bien lire & de bien juger; Ouvrage rempli de recherches, le fruit
d'une étude immense & d'un travail fur l'Antiquité utile & précieux, lors même
que cette hypotheie feroit une pure chimère mais eA'ette une chimère c'ef~
Kkki)
!a,Monneur, ce que vous croyez pouvoir décider par une plai<anrer!e, an
peu longue à la vérité, mais qui n'en eft pas plus concluante.
Au dix-huitième Siècle, d!tcs-vous, fon ne parloit que par allégories
Bourbon n'cR point un nom de Famille c'en: un nom allégorique; la Fon-
taine, Corneille, Racine, Louis, &c.font aufri des noms allégoriques.
Permettez moi de vous dire que vous confondez des chofes trcs.di~inctes y
FHi~oire & la Mythologie. Quand on nous parle du vieux Saturne qui
mange Ces propres enfans & qui avale une pierre au lieu de (on fils Jupiter;
quand on nous oit qu'Atrée, entr'autres prodiges, fit rétrograder le Soleil il
eft permis,. je crois quelque re<pe& qu'on doive à l'Hiftoire de quelque
fonds de crédulité que l'on puiue être pourvu il e~ permis, dts-je, de dou-
ter de la vérité de ces faits là. Sont-ils faux ou allégoriques Qui a pu les,
imaginer? ils choquent la vraisemblance. Qui a pu les perfuader aux hommes?l
Si toute la Mythologie n'eft que le fruit d'une imagination déréglée, d'o~
vient l'accord entre celles des dinerensPeuples ? S'il eR prouvé qae les Egyp-
tiens ont expriné par des fignes cmblêmatiques, les vertus &: les qualités
morales, la force & la puinance de la Nature; li le Calendrier des anciens
Peuples en chargé de figures Symboliques, dont nous voyons encore (ubn~er
les traces dans l'Agronomie moderne, n'eft-il,pas naturel de penferquel'allé-
Gorie, ce voile élégant de la vérité, a pu s'étendre aux objets de la Religion
& de la Mytho'ogie Payenne Je ne vois )à,rien qui puiue ~unioer le tidicurc
que vous voulez jetter fur un tyMme vafle & brillanr.
Si l'on me donnoit Gulliver pour l'Hi~oire vétitable d'un Voyageur du
dix-huitieme Siècle, ms défendriez-vous de douter de fon exiftence, & d'en-
'voyer à Liliput.~es Commentateurs hifloriqt;es t
J'ai l'honneur d~etce, &c.

\P. Queîqu'hcareufe que à vos yeux l'idée qat vous a mis la plume
Coit
h main, je crois, Monneur, devoir vous prévenir qu'elfe n'a pas le mérite de
la nouveauté, & que M. de Gébelin a eu occanon d'y répondre (h~.

(t) Voyez Mettde Pnm!ttf, Tome Uf, R~ponfe un Anenyme, page


LETT RE
DE F R E H E PAC 0~ ME.
Hermite de la Forêt de ~<!r~

A FRERE PAUL, HERMITE DE PARIS;


~JV r~o/t/e à celle ya'<7 a fait inférer relativement. /*ORyf~ M/ /<f

Monde Primitif. ( Par ~M.</< la D. tirée du Mercure ~< France, i.~ ~yr«~
t7&o.)}

FRERE PAUL,

Je n'aime pas trop les malices, mais j'approuve fa gaïte. On peut être tout
la fois Censeur .HermttC & jovial. Je fuis Hermite comme un autre, & je (ait
me dérider à propos. Il n'en ell pas ainft de ces hommes tri~ement labo-
rieux, qui ofcnt tbuiHer fa mine de nos connoi~ances y remonter jusqu'à leur
Source debfaïer les ruHtes de l'Antiquité, interroger det monumens prefque
toujours muets, exprimer leur vrai langage, interpréter jufqu'a leur ntence
juger de ce qui n'eïï: plus parce qui ed, en un mot contraindre en quelque ~orte~
fa main du Tems de rétablir ce qu'eUe avoic pris foin d'er&cer; ces gens-là,
dis-je, ne font pas plus enclins à rire que le Sigifmond de la Vie e(t un Songe,
Hé bien direz-vous, rions pour eux & même à leurs dépens foit. Diogene
s'amufoit à rouler Con tonneau, tandis que d'autres Citoyens pouCtoient péni-
blement la brouette pour relever les murs d'Athènes~
Mais, à travers tant de gatte~ je cherche aufli quelque tueur de raifbn. It
ne ~inn pas de tronder un Livre uniquement parce qu'il eft du format M-
ou même in folio, it faut encore démontrer qu'il n'e(t pas utite; & s'il a reuCSy
(comme le Monde Primitif par exempte) malgré t'ccendaequ~t a dej~, o~
celle qu'it promet d'avoir encore, c'e(t une preuve nouvelle de ce qu'i! vauty
t'eton une épreuve de plus à fubir un ob~acle de plus à furmonter. Croyez
vous. Frere Paul, qu'une Diatribe de douze pages puiffe cranter ce va~e
Edifice Libraire Scroit-il bien vrai que vousprétér:ifHcz)a lettre à t'écrit de la
Fab)e< Croyez-vous que Saturne ait mange tes Ecrans ) & que la bonne Rhéa
<oit parvenue à lui faire croire que des pierres bien ou mal a~Iaifbnnées,
étoient encore un mets de la même espèce: Crovcz-vous que Jupiter ~e ~bir
fait Taureau pour enlever Europe, Cygne pour tromper Léda Monnoie pour
déduire Danaé! Croyez-vous que pour repeupler le Monde, Deucalion & Pyr-
rha n'euuenrpu imaginer d'autres moyens que de jetter des cailloux par-def-
fus leurs cpau!es? Croyez-vous que PerCée ait emprunté les talonieres de
Mercure pour délivrer Andromède? queBettérophon ait ufé du même expé-
dienr, ou d'un autre d'égale force, pour combattre la Chimère C.royez-vou<
à la Chimère Croyez-vous qu'Hercule fe fait montré Ii obeidant envers Eu-
ri~hce, qu'il pouvoit traiter comme Cacus? Croyez-vous qu'il ait nétoyé les
ctabtes d'-Augias, réuni l'Océan à la Méditerranée attaqué une Nation en-~
tiere pour conquérir une ceinture Et les cinquante Filles de Theftius ren-
dues meres en une même nuit Ah Frere Paul Frère Paui croiriez-
vous donc a ces prodiges-!a Ce n'eft pas tout voyez de combien d'hor-
reurs, auSI incroyables que dégoûtantes, l'Ouvrage de M. Court de Gébelitt
débsrrauerHtftoire Primitive! Voyez difparo~re !a ridicule & monstrueuse
aventure de Pa~phaé~ le hideux Minotaure; le tribur fcandaleux que Mino:
<xigcoir en ~veur de ce montre. Ne Coyez plus étonné fi l'on vous parle d'un
Cécrops à deux têtes, d'un Cerbere à tr,ois, d'un Janus à deux races, d'un Ro.
muius fils de Mars,a!!ané par une louve, & qui tue (on frere pour une plaisan-
terie d'Ecolier, après quoi rien ne lui manque pour devenir un Dieu, &c, &c.
Le mot eft placé au bout de l'Enigme, & M. Court de Gébelin en: t'Œdipe qui
a trouvé ce mot. Tout s'éc~ircir, tout (e ump!ine par fa méthode eue ramene
tout àt'ordre nature!; & il y auroit, fans doute, un peu d'humeur à trouver
mauvais qu'on nou! y ramenât. Après fout.je vois d'où vient votre erreur: =

vous avouez ne coiinoitre le (yurme de t'Auteur du Monde Primitif que ~ur !e


rapport d'un de fes DiCciples; c'ed dans l'Ouvrage même qu'il faut rétudier,
Vous y verrez que !'érymo!ogie n'ell point la bâte de ce (yftême elle n'y
figure qu'à titre d'acc.euoi.re par ~rabondance, comme Ieshprs-d'o:uvres
dans un re~in.

De plus, l'Auteur du Monde Primitif n'employé aucune de ce!!es que vous


lui attribuez dans votre Lettre, ï! ne dit nulie part que Janus, pu le Sotei~ épon-
6.F/<M~<M eor7:N,&c. Vous glifrcz fur les étymologies dont l'identité eft palpa-
ble, & dont la découverte n'e(t dua qu'à lui; vou~ lui en prêtez de ridicules
cette rubrique n'eft pas neuve, & paroîtra toujours commode à la critique.
Mais qu'en peut-il résulter* Que ne trouvant point dans l'Ouvrage censure
le ridicule que le Ceufeur a cru y voir on le cherche & on le trouve ailleurs.

J'avouerai pourtant que j'aime votre Parodie; elle eft plaidante; mais ce
n'eR pas la premiere fois qu'on a parodié plaisamment un bon Ouvrage. On
ne révoquera jamais en doute l'exigence de la Maifon de Bourbon fes Fa~es-
n'offrent rien qui pa(Ie les limites de toute vraifemblance. On y verroit plus
d'un Héros de cette Race illustre commander à la Victoire un autre obligé de
conquérir Con Royaume pardonner à tous ceux qu'il a fournis un Louis XIV
(aitani prendre à la Nation qu'il gouverne un effor envie, admiré de toutes les
autres, fans pouvoir être imité par aucune; enfin Louis XVI, à peine dans
fon cinquieme luftre, réparant les fautes, les malheurs, les abus de deux
longs Regnes, & préparant avec autant de fermeté que de fageffe la gloire &
le bonheur du ncn. Tout cela eft grand, tout cela eft (ubiime, je l'avoue; mais
aucun de ces fairs ne fort de la clafïe des pombiliies. Si au contraire, on auri-
buoit au Connétable de Bourbon qui eut l'âme & le génie de Ccfar, ou au
grand Conde, qui eut l'audace & l'impetuonte d'Alexandre, les impraticables
travaux dont la Fable gratifie Hercule; fi l'on ajoutoit qu'Henri IV, à l'exen~
pie de Thefee defcendir aux Enfers pour en arracher Sully & caréner Profer-
pine fi l'on difoit enrin que Louis XIV, nouveau Lycaon dcvoroit ceux à
qui il donnoit l'hofpitalite, & payoit mal Apollon & Neptune qui travail-
Ibiencaux murs de fon Parc pour gagner de quoi vivre; avouez-le, Frere Paul,
il faudroit chercher un autre fens à ce técit, ou rifquer en l'adoptant de n'avoir
pas foi-même le fens commun..

Je vois que vous regrettez la Fable je la regrette quelquefois aufl!; mats


nous fommes nés fous le regne tardif de la raifbn il faut écrire & parler (on
langage. Vous leparlez li bien quand vous frondez nos travers Peut-être vaut-
il encore mieux, en bon Hermit:, cultiver & manger (es racines. LaifÏbns
M. Court de Gébelin défricher les Défens de l'Empire Savant; les fruits utiles
que (on travail fait éclore, (e trouvauent-ils mêlés de quelques plantas hétéro-
gènes, peu nous importe; c'eft toujours autant de conquis fur la nature brute.
J'e n'ai point l'honneur d'être Ditciple de ce profond Ecrivain maio je respecte
fes lumieres, fon courage, fa condance & (on excreme (agaciré. 7ene(u!s qu'un
fimple Hermite comme vous, encore moins (avant que vous encore moins
curieux de le paroître, & je vous quitte pour reprendre nu bêche & mon râceau.

Je fuis, avec toute la cordialité qu'!n(pire le tenoncemem aux vanités hu-


mames, très-cher Frere & Confrère P A u t.,
Vocre &c. Frere P Ac ô M
z, Hermite de la Force de Sénars,
LETTRE
SUR LE MOT ~~4jR,
l'Auteur du Journal Littéraire de Luxembourg.

MONSIEUR,

E M annonçant dans un de vos Tournaux les Origines Francoi(es qui forment


le cinquieme Volume du Monde Primitif, vous vous êtes arrêta fur es palfage
du Difcours Préliminaire ou je dis » que du mot primitif VE~, qui déGgnoit
» l'eau, nom te~ dans les fleuves appellés aujourd'hui ~R, ~<if/no, ~«r~<<,
M ~T~, ~ro, ~r, Pire, que de ce mot dériva celui de VER!TE, parce que
l'eau étant, par ra ctarrc & par fa limpidité, le miroir des corps ou des êtres
M
phyHques la VERITE eft également le miroir des idées ou des êtres intellec-
» tuels & leur reprefentation d'une maniere au(H MdeUe, aufR nette, au(ïi claire
» que la représentation des corps par l'eau & que c'eft par cette raifon que le
Latin VERM ngninoit nncere, née réel. M.
Non-feulement vous avez doure du rapport annonce entre VAR, eau, &
la VERn B, mais vous femblez avancer que VAB. n'a jamais ngnine eau, &. que
vous l'avez inutilement cherché dans la Langue Hongroise, où VA!<. lignifie
f<c & non eau.
Senfible à la bonne foi avec laquelle vous dites que vous avez cherché ce
mot dans la Langue Hongroife,&ians m'arrêter à ce que pourroit préfenter
de louche cette efpece d'arfectadon de citer cette Langue, comme' Ci dans le
Monde Primitif on s'en étoit appuyé nommément, ou comme fi un mot de-
vroit être exclus des primitifs, parce qu'il ne (e trouveroit pas dans une Lan-
gue quelconque )C vais reprendre les diverfes ugnincations qu'or&e cette
idée, & prouver:
t Que VAS. CM: le nom d'un grand nombre de fleuves,rivieres, fontaines.
i". Que c'eft un des noms primitifs de l'eau exilant encore en diverjfe!
Langues, & même dans cène Langue Hongfoifë où'vous n'avez pu le
trouver.
Tom. Lit
)~. Qu'il eA !a Mcine phynque dont on s'e~ teïvt pour peindre l'idée me~
taphynque de la VERITE qu'i! ctoit peut être imgonible d'en choinr une
plus convenabie p!u~ ju~e.
Aimant h vérité, comme vous faite:, vous ne réfuterez pas de me fuivre
dans cette difcurHon, &. de Finfërer d<uis votre Journ~, afin de diffiper les
doutes que poàrroit avoir caufé innocemment votre Extrait au fujetdes Prin-
cipes fur lefquels e~~)ev< te Monde Primitif, &:don~ votre propre expérience
vous aura fait voir la -finipliciré, la certitude & Furi!ité dont Us.(ont pour t'ecude
des Langue:, & leur (upcriorite~ur rous les autres principes reiatifs. à cette
ecude, &: ~ur toutM les tncrhodes qu'on avoit emp!oycçsju~ues ici.
ARTICLE I.
Ze ynpf ~R CM nom ~'M~ grand ~c/K~r< J~'y/fr~
Unç des preuves qui démontrent, ie!on le Monde Pnonitif, que lé moc
YAR ~gmne eau, c'e~ le grand nombre de rivieres qui portent ce nom. Peu.
tonche de cette preuve, vous avez préfère d'ouvrir le DicHonnaire Hongrois
ou vous avez trouve que WAR ftgnKtoit ût~<e ornais de ce que !e
tnot WÂR ne ngnineroit pas <<BM dans la Langue Hongroise s'en (uivroit-ii
qu'il n'auroit pas cette 6gnincauon dans les Langues Cettiques, innnimenE
plus anciennes en Europe que celle des Hongrois ~Efl ce dans le DicHonnaire
de cette dernière Langue que tou~ homme fenfë ira cheieheT l'origine des an-
eieps n.otns de ~Europe}-Et â-t-on jamais pu penfef à faire dépendre ma(tc
~ea mots pr~mitits, m~me un &ut d'entf'eux, d'une (eu!e Langue:
JI y a ptes~ooms de.heux foEmemun Dictionnaire très ju~e & très née,
indépendant de tout Di<3.ionnaiceccrn;ceux-ci (ont Couvent. relatifs à des Lan*
gues~rtpo&cfieuMsà cettesde ce~noms; ~ou~eartisoM taine échapper des
BM~cs entieres de mots pnn]ici& oh ne peut donc juger i'un par l'autre.
Tout c.e qu'on en peut :€oncturc en faveur des Dictionnaires écrits, c'e&
que plus lis (ourn!ront de mots re!atits aux noms des lieux d'une contréé, plus
ils auront confervé des traces de !a Langue qu'on y parla primitivemenr.
Tout cccte([~on.d~f ce ptiocipe certain,) que dans !'orij'me les noms de
t!eux furent toujours imposes d'une maniere pittorefque & analogue a )a na-~
tMe de l'objet qu'on avoir à~nommer, ou que !es nornshe furent jamais que
des épithètes qqi peignoient les quautes des objets.
En voyant le grand nombre de Rivieres qui portent le nom de VAR, oh
me pourra douter qu'il ne fût un mot exilant dans la Langue des Mcieo~
habitas de l'Europe, & qu'tt ne ~t tebcif jt t'eatt, puisqu'on l'appiiquoit à
tant de Rivières.
Mais pour reconno~re ce mot, il faut convenir auparavant que !a voycMe
forte s'e& toavetu aûoiblie en E ou en I, comme cela eft arriva a tout moc
primitif, & qu'il s'e~uni avec d'autres noms de Rivières te!sque ~A~ ~Jf~
~CH j~EJSS, <~w torfqu'on !'a pris pour un nom propre.
Voici le nom de plufieurs de ces Rivieres
Le VAR, i~viere qui f~pare la Provence de l'Italie, ~M~<!o<y !e neuve.
VAR-~MNj, fleuve d'Iratie chez les Venctes,
yAR-<f, lac de la Capicanace.
VAR-VAN~ fontaine de la Brie.
VAR-VAN~,ou BAR-BAM~, aujourd'hui Vn-BA~, rivière denttyrie.
WA~ACZ,
VlORZ<ï, j
VAR-D~, ou BAR-~r~, aujourd'hui VAR.~r, riv. de la Turquie. EUe
'vient d<tlaButgarie<
WAR-~ rivière du Dannemarck dans le ludand.
Le WARp, rivière d'Angleterre.
WAR-wcfj, WfR~ ou WoR~~ riv. du Duc~é de Juticrs.
'WAR.n<<, riv. de la Remanie en Turquie.
'WAR-<6<, riv~du Northumberland en Angleterre, j
i
'WAK-nv.duDuchedeMecktimbourg..
BAR-<nv.deMo)da!vie.
Hi-BAR, lac riviere vallée & viMe dans la Servie. <

WAn-M,riv.dePctogne.
VER
VER<riv.de Bulgarie.
riv. de Calabre.

WBRe, riv. d'Angteterre dans !a Province de Duth~.


VEM, fiv. d'Espagne..
WHRo,)ac&vi)tede!aCariiithie.
VER-</oa, riv. de Provence.

riv. de ia Lombardie oc qm <e jettent dans le Pô.


VtiRM, J
VER.BANM~ le
lac Majeur
tnajeur en e& la n-aduction: littérale..
Mp~<t.Mar~~ gMnde eau, le gr.nd lac. La~

VeR-~ riv. du Latium.


VER- riv. d'Itaue près de Canuts- Cannes. 1.111)
VEK-c~, riv. du Duché de ReMn en RuHIe.
WtR-t nv. de Franconie.
Wt~McA, r!v. de Souabe.
WtRM, nom du Wefer en We&phatie, dans la plus grande partie de fb~
çours.
WERR<, riv. de Lorraine
WE!<.R<riv.deiaThuringe.
VM-M-DuMM, riv. de la Gaule Narbonnoife,
VER.So~, iiv. & ville du Pays de Gex.
A-VuR oM,ïiv. du Languedoc.
A-BER,tacd'Eco(Ie.
Le VtYÀec en Suiife.
Vm tiv. de l'Espagne Tarraconoife.
'WjR< tiv. d'Angleterre.
VjR<, nv. de NofïnandM~
ytMK< riv. du même Pays dans le Cotentin.
'Vt~af, r!v. de Lacotne.
ViRm, riv. & lac de' Baviére.
Et un grani nombre d'autres en VÀK~ en BAR, ou moins aifec à reebn-
no~rre.
Mais n'omettons pas ceHes qui furent appellées Bt.EVRE ou Bf-BER Bi<
.VER, parce qu'elles étoient habitées pM desCa~ors dont le nom Cettfqac
~toit Bi-BER, mot que les Latins altérèrent en Fi.Bm.;te!!€s
Jo
La BjE-VR< ou la rivière.des Gobetius à Paris.
La B!E-Vp<, riv. du Dauphiné.
Bi-BfK le ruil-
Bi BEl~en.
131. feau-des
BERMB~, En SuHrce..
ou !e ruit-> EnSuinc~
~eaudes Bibcrs.~
DEVERS & l'eau de la valtce des BiEvu.~ dans l'Engaddine en 5ui~.
BE-VtR,qu~treriv.decenomenWe(tphatie.
DiF-BtR, une riv. de ce nom dans chacun, de ces Pays, Franconie, Pala-
tmat,Souabe,:Wetterayie,Darm(tad~
Et fi le Cador tut appeHe'F~rpàr!es Ce!tes, Fi-Ber'par tes Latins-, ce
Ht~avee faiïoh, pmfque ~e nem.rbcmé de vivre, & de VA~.eau, ugninoïc
animal qui vit dans l'eau, &peignoitpar&itemenc€e quadrupède amphibie.
Pour vous ôter tout doute d'ameuts ,Mr. fur le changement continuet de V
<n F, & d'A en E, permettez que je vous en donne un exemple trappanc que
.'Vouspourrez d'autant moins récurer qu'il eft pris à votre porte il fe rapporte
au mot YAN qui, anode à celui de VAR, a fait les noms de VA!<.VANc.
Vous favez qu'entre tes Duchés de Luxembourg & de Limbourg & dans
l'Eycche de Liège il exifte des re(tes de ces anciens marais fi célébres dans
les Gaules, & qui fervoient, au be(oin,d~afy!e aux Nations qui les habitoienc.
Les uns font appellés en Flamand D<ïj j~~< ~BE~, & en François le!
~&M ~CAr~ Marais.
Les autres ceux de l'Evêche de Liége ou du Marquât de Franchimonr,
le grand ~</C~
Vous voyez donc ici dans le m<me Canton le même nom écrit F & V
les ~<ZM le ~<
Vous y voyez également la voye!!e A changée en Ai & en En.
Et de plus la finale primitive N devenue G N dans le patois Vallon.
Exemple d'autant plus intcre~nt qu'il vous fait voir en même tems la ve-
r!t4 de ce principe, que tout nom Celtique ou Antique fut toujours ngnin-
caME Si j'avois befoiu de le prouver ici, le nom même de la viH; de Luxem-
bourg d'ou vous publiez votre Journal en ieroit une preuve inconcevable.

&donct'autre très-inconnu, Z.
Vous voyez qu'tLeA compose de deux mots~doni fun très-connu', BocRG,
quingn:ne~oH<Z:
dam !a ctane de ceux dont s'occupe le Monde Primitif: mais il e(t lui même
rentre

un nom Celtique commun à un grand nombre de lieux, trcs-~gnincatif &


très bien afïorti à la ficuation de ces lieux.
Toute la portion antique de la ville de Luxembourg e~: b&ne fur une hau-
teur & prefqu'environnee de rochers c'e~ précisément ce que dcngne (on
nom it~~r- habitation fur des rochers, au bord d'une rivière. Lux LuG,
ftgntne en Langue Celtique élévation rocher il fe forma du primitif Lo
LoH LAW ( Origin. Fr. 6 ) qui ngnine grand, tout ce qui s'appercoit de
loin, &: quiapparnenf x toute Langue.
De-là, JL~C Z?t~~R/n, ancien nom de Lyon, qu'on a toujours tfaduitridi-

De-)a,/ï,
tu!emenr, parce qu'on ignoroit lavraie valeur de ce mot Celte.

hauteurs conuderabtes.
village du Languedoc, & I~CM~ en Suine~ perchés fur des

C'eft de !a quefe forma le Latin Luxaj qui n~nine mot-à-mot, grande


depenfe, prodigaiitc action de s'élever au-deuus des autres par fa depenfe.
H en eA de même du nom de Lf.M-.Bo~C il tient au Celtique LAM
I.6M~ LiM ~bois forêt ( yoy. Orig. Ffanc. p. 616 ). Cette ville encore
aujourd'hui environnée de forets fur bâtie à une des extrémité? de la vaftd
f~rêt des Ardennes.
J'aime à prendre ainfi mes exemples de près. Ils en fonr plus (enno!cs<
Ceux-ci vous prouvent qu'il n'eft aucune Cônttee en Europe qui ne puide con*
courir à démontre: la certitude des Principes du Monde Primitif.
Il n'ell pas jusqu'au nom de la forêt des AMENES ~ut ne fbit Celtique.
Ce mot fignifie JFpy~;}'en ai parte dans !e Z?~c. Pr~M. des Oy~. Franç. p.
xxt. Il forma le nom de cetre valle forêt qui traverfoit la Germanie, & qu'on
appelloit HARTz-CvN ouHBR-CYK/<t,nom dont perfbnne n'a connu l'origine,
pas même le Savant WACHTm, & qui vient manifestement de ÂRD, HARD,
~ot~t, & de KuN vaHe, puinanr.
C'e~ cgatement de ce mot que s'eft formé le nom que la 7'r«n~yi.n«
Forte dans la Langue Hong'oite ou elle s'appelle ~D-~ ou la rbrët ERp,
ayant cette ngnincation en Hongrois ce qui en: te même nom que celui des
ARDennes: avec cette dificrence, que ÂRD s'ef~ adouci en ERD.
Ceci nous ramené à la Langue Hongrdife où vous n'avez pas trouvé le mot
W A R, eau ni dans aucune autre Lan~e, & .c'e& te ~Mond ~rucle q.ue )'ai à
prouver,
ï ï.
~m, Eau, ~nj ~M< Z.<ï~~a<,7Kt~H«t<fp~rp</<
Ne foyex pas furpris Mr. que]'ay<e vu dans la Langue Hongroise un mot
que vous n'avez pu y trouver & n'en concluez pas que j'ai les yeux fafcinés
par le inerveilleux de i'Etymotogie, ou que j'imagine des rapporM là où il n'y
a rien de pareil concluez plutôt qu'il extue une fcience étymologique dont
on n'~vo.T pu recoiinoître les principes innnimenc inicrenance en ce qu'elto
tctabUt te rapport de tous les Peuples de toutes les Langues, & qu'elle ani.
me tous les mots qu'elle y met une vie une expteuton dont ils étoient to-
ta!emeni privés qui feule peut les rendre précieux ~r infiniment utiles, en ce
qu'elle abroge prodigieusement l'étude des Langues. C'cft de cette fcience donc
je. veux vous rendre le défenfeur, vous fair pour la conno~tre, & qui êtes à
la tête d'un de ces Ouvrages dedincs à répandre les grandes vérités & à les
faire germer dans la tête de quiconque aime à s'instruire.
Afin que vous puimcz appercevoir comme moi dans la Langue Hongroise
le radical WAR ngninanc ~e, ayez la comptai~nce de remarquer, t que
Ja kttre V fe confond fans cène dans la prononciation avec les lettres F& B:
le F Allemand fe prononce comme le V Fran~ois, leur V comme le F François.
B chez les Grecs modernes ainfi que chez les Gafcons~ en V ce devient
B pour eux.
Tous tes mots radicaux en V (onr ecrirs chez les Hébreux en B, parce qu'ils
ne (aventcequec'c~queVàlatêfed'unmot ~mais aufit ce B prend chez
eux la prononciation tantôt d'un B tantôt d'un V. J'ai fait voir dans les
Otigines du Langage &: de l'Ecriture, une multitude d'exemples pareils &
inconte~ables, dans norre propre langue où nous avons changé une foule de
B & de P Latins en V & en F, difant, par exemple Gouverner au lieu d6
G't.~ernare chef, de Caput C~yal, de ~alus, &c. 1°. Souvenez-vous tn-
core, que la voyelle A fe change fans ceUe en E.
D'après ces principe!, ouvrez avec moi ces mêmes Dictionnaires Hongrois
qui ne vous di~oient tien &: vous y trouverez ces familles dérivées de YAR,,
eau.
F~R~r, Je tave~
FER<~o, FûR~o, bain, cHeF d'une farniHenombreufe.
FoR/c lac; i". marais; fange; !ac de Hongrie.
VER~/n VERo/n, ~ofle fbuc, lagune.
F c<:V changés continuellcmenr en M, ont. produit cga!emenr ces mon
Hongrois
MERM/M, immetnon.
MEp~/M, être plongé, être émerge mots qui tiennent au Latin
MER~o, plonger.
MER~w, plongeon~.
lM-MER/!o, imnierfion /~of-<of action de plonger.
le ferois même fort tenté de croire que ce changement de V en Ma de"
narurc les noms de quelques Rivières, & que c'e0 à cette m~me famiHe qu'i!
faut rapporter le MARccA, rivicre de Hongrie o~ le MApo~ & MEtp.<t, tiv.
dupaysdeGhiavcnneenSuitIe.-
Cette Famille exifle en nature dans la Langue Hfyrienne Mere de !*E(-
davonhe~ Là,.
BAR<t ~gnine fbne, marais, lagunes.
UAR<ï!ZL marécageux, où it y a des fb~cs, des tagunes.
Elle a formé le mot Polonois..
VARt, le fil de i'eau, le fort d'un fleuve.
Et le Flamand, VAARt, le 6t de l'eau le courant, i~. na-viganon.
Tous ces rnots tiennent à l'Oriental;
jB~R VAR, J?EJ! i°. puits t". fourcc d'eau, }'. dM limpide !tt~.
vineux.
JS)7R~ ~o~ ~<?~~ folle citerne, rcfervoir..
JP~R t". pur, née t". qui lave & nettoyé.
<avon
En Phrygien B~R qui, MonEïiENN!! de Byfance fignifioit un puitt.
C'etU'Arabe~ puits.
L'Iriandois, F/A, puits, eau.
En Indien, BARa, eau, mer, qui ~e prononçant enfuîte en deux ~y!!abes,
eAdevenu,
1
~'oA~«~ fontaine, Cource pu!ts; de m~me que l'Hébreu BAR t'cA pro"
nonce avec le tems
~«<A F<~P &C,
.En EcofTois, ~~<<, neuve.
H en eftde même dans les autres Détectes Celtiques & Theutons.
BER, BoR,, Bpo, BRU; ngninent dans tous, eau, fontaine, fburce, &c<
Angl. ~o~AJV, fontaine, (burce. Franc. Ppunna.
F!am.~o~ jS/tO~. A!!em. Bpunn.
Sucd. BRUNN. Va!do!! Born~.
Crimée, BRunna~ Grec,BRUM/fburdre,~i!r.
BoR,Bopo, limon, boue qui tient à nos mots Bourbe, ~o//f~<r,!efque!<
appartiennent à la Fami))eB~R,BtR,BoR, eau, ( Qrig. Franc, col. t~S.
En voilà, jepenfe, plus qu'il nef~uipourcon~ter l'exigence du mot V~R,
eau, fa qu~irc de Primitif, & qu'il a donné des dérivés à une multitude de
Langues. J! eft ainft une preuve que les Langues de toutes les Nations ne
font que !es débris d'une feute, priie dans la Nature & c!efde tous les mots,
Je conviens avec vous Mr. que ce mot~AR, dans fa prononciation forte,
Cgnine v~/<: dans la Langue Hongroife, tandis qu'i! ~'y ugnine MM qu'avec
prononciation foible FER & VER,
Mais puifque vous me mettez fur cet article, permette~que)e vous &u9
voir, t °. que le mot V~R ne lignifia yille que parce qu'il ngninoit déjà MM;
i". que tous les noms de villes d: la Hongrie, dans lesquels entre le mot
VAR font tous ntues dans des lacs ou fur des rivières.
Vous conviendrez fans peine, Mr. que tes hommes eurent l'idée de!'eau
fong-tems avant que d'avoir celle des vit!es & que par confequent çcs deu~
mots VAR fignifiant eau & ville cetul-ci tut trcs-cer~incment po~erieur à
l'autre.
Mais l'eau cft de premier befoin pour l'homme on commença donc tou-
~urs par s'établir le long des eau~ ain~! !es noms des premicres habitations du-
tent toujours cire relarives aux eaux & elles le furent eBectivemcnc, comme
f! ne feront pas décile de le prouver.
Ces eaux Servirent encore de défen(e aux premiers hommes pour fe mettre
couvert eux & leurs pouefEons des animaux fauvages ou des peuples cou-
teurs car ou ils fe réfugierent dans !es cantons appelas J~?M parce qu'elles
font environnées d'eaux de toutes parts, ou ils s'en formèrent d'artificielles en
creufanr autour d'eux de grands foncs où ils faifoient c6u!er les eaux.
Ainu l'eau qui doit déjà pour eux un objet de fubu~ance leur devine
~un objet de défcnfe, de rareté, de rempart dès-lors toute habitation devint
un VAR, un fort, où l'eau les mettair à couvert de tout danger.
Et une multitude d'habitadons pareilles furent également appellées \~A!t.,
vitle.
Cette marche conforme à la nature des chofes, eft connrmee par !a Langue
Persane, où le mot BAR fignifie tour à la fois, eau eau de pluie, rcfer-
voir d'eau & ville.
Or, ce mot BAR eft précisément !e même que VAR, de i'aveu des Savans
Hongrois eux-mêmes, nommément du Savant Georges MOLLNAR dans Ces
Vues fur la Langue Hongroise.
Jetions maintenant les yeux furjta Carte de la Hongrie, nous y verrons
cette double fignification de V AR réunie en une feu!e par la ntuation fur
lés eaux de tous les lieux dans !e< noms de(que!s entre ce mot.
~AR-~n, eft fitué dans un lac de même que Vi-WAp & ~«-VAR.
Le grand VAR<t~c eft ntue fur une rivière.
Le petit VAR-ï, dans des marais.
UMG-WAReft dans le lac d'Ung..
Teme~WAR, fur le petit Ternes.
Aba.vi-WAR, fur une riviere.
ya-WAR-M, ou Raab, au confluent du Raab & d'utt bras du Danube.
Watko-WAR, fur une riviere.
S.Georges-WAR<t,fm!aDraTe.
Co!os*WAR,furtepe~rSamos.' w
Sas-VARcj, fur le Maroch.
Il en et~ de même dans la Tranfylvanie.
SBCES-WAR, )f (ont furdes
font fur des n~ere~.
Uo-VAR-~y, ) lUt rlV1eres.

De fimples Villages fitués fur des rivieres y prennent aufH !e nom de


VAR tels Fetd Mikios-~r, ~r-Gios, Miko-~r, &c.
~~To/n.7. M mm
On trouve également ces noms en VAR fur les cotes & au Nord de !<
Mer-Noire.
La Ville& la rivière de VAR'«, au Midi des bouches du Danube.
Tdmis-VAR, entre Varra & ces bouches ;VAJ<Jv< furleDne~r aux
portes de Bender: taudis que de l'autre côté, près des bords de la. Mer
~Adriatique, on voit des, rivières appelées VAR- ~a~j, WAp-~c~ VioRz<t,

On trouve encore d'autres noms qui (e reuembîent dans ces deux extre-
jDitCs des va~es Pays qu'arrofe le Danube.
Près des fbùrces du Rhône eft le lac Leman m. à. m. ~r<!7!~ eau & fur
les bords de la Mer-Noire aux bouehcs duDneftr, ou voit un golfe, efpece
~dehcappeUé Ovidi Liman, !e~c d'Ovide de cePocteaimab!e qu'Augure
rclégua dans les defcrts de !a Sarmane.
Près de là, un autre lac appeUe ~r~a Z~?: & p)us au Midi, pas loin
de Con(tantinop!e, un grand golfe appeUé Zt'M<!7zt-Fo~oj.
Tour ceci prouve que dans l'origine depuis FHelvede ou le Nord de
la Mer Adriatique jufques à la Mer-Noir~) & depuis la Sarmarie jufques à
!a Grèce, on ne parla qu'une feule même langue, Dialecte Celtique,
fort approchante de la Phrygienne, & confervee en grande partie dans les
Langues E(c!avonne & Hongroife pariées aujourd'hui dans ces mêmes con-
trées qu'on appella autrefois Pannonie, Thrace & I!!yrie. Il eft vrai que
dans le coeur de cette vafte région cette Langue s'eft confondue avec ceUes
des Peuples qui en deponcdcrent tes anciens Hibitans mais les noms fem-
blables conserves aux deux extrémités, atteftent hautement, comme nous ve-
nons de le dire, que là, on parla dans t'origine une langue unique.
Qua~~ a ta Ville deTc/MM-~r, fi peu éloignée des lieux habités par
Ovide, je ne doute pas que ce 'ne foit i~Vitte même de 7*o<m~, dans la-
quelle ce Poece fut re)cgué, & qu'i! dit. avoir éce bâtie pat les Grecs il en.
<xitte encore des Médailles intercu&ntes~
III.
~A, MH,yoMrc<~MMC~~R, y<fn~.
Nous venons de voir comment du motVAn. naquit le motVAR, Vitfe;
fera-t-il plus difficile de faire voir qu'on en forma le mot VAR, venté
Dans tous les tems on n'a pas eu des miroirs artificiels pour fe regarder:
mais dans tous tes tems on s'eA miré dans les eaux elles étoient donc un
miroir donné aux hommes par la Nature C'eft ce .miroir toujours vrai, ja-
mais menteur qui donna Heu à la Fable du vieux Nérée qui ne mentit
jamais qui dit toujours vrai, chantée autrefois par Heftode, & qui avoit
intrigué tous les Interprètes, tous les Critiques, jufqu'-à ce que le Monde
Primitif fit voir que c'étoh une allufion au miroir naturel que tburninent les
eaux, & que Phédre lui-même appelta~ca~t /y/7!«n<M.
Ainfi dans tous tes tems les idées d'eaux, de miroir & de vérité furent
t
incorporées en&mble & conduiurent de l'une l'autre: il fur donc ttcs-naïu-
tel que le nom de l'une devmc le nom des autres.
De VAR eau, on fit donc en Celre-Theuton WA~ vrai, vérité tec
Latins l'adoucirent en VERMj, vrai; VER/Mt, vericc.
Les Latins pour peindre la troineme idée a(Ïociee. à celles-là changsrent
encore V en M, d'ouMEm., MtR., voir, regarder, d'où nos mots MiRer,
MiRo<r; tandis que les Theutons, les Hongrois, &c. contervant la racino- pri-
tninve,ennrencwARM,vo~.
WART, guérite, lieu d'observation ~M.ïburce immense de dérives.
Tandis que,
BAR, BE<L, ngninoiten Hébreu clair, manite~e, certain.
BAR en Theuton, clair, certain inconre~ble.
BARM.maniMer, mettre au-jour.
BAipA chez les Goths clair, brillant, m&nire~e.
AufH peignit-on fans ceffe la ~ER~ comme un miroir qui peint les choses
telles qu'elles îont, qui les repréfente au naturel rres ndeltement auni e&-
elle fans cène armée d'un miroir.
Tout (e rcunic donc pour démontrer que ceux qui adigncrent te mot
VER à la peinture exacte &r fidelle des idées, n'en pouvoient choilir un plus
animé .plus ~ennbte, plus pittoresque plus phitotophique., en mcme [erns
qu'étroitcment lié au phyfique & à la langue primitive parlée dans le tems
où on en fit une auHI brili~nte application.
Mmmi}
Ainfi, Mr. ne vous en prenez pas à moi <! les idées de VBR< de miroir
& d'eau ont été étroitement liées entr'ettes & déngnées par le même mot
je ne fais qu'être t'interprète de la Nature & des Langue?:ta tâche eft belle
mitant que longue & difficile mais avec de la conflance de quoi ne vient-
on pas à bout < & quoique j'aye encore à la vérité bien du chemin à parcourir
)'é(pere que dans le centre ou je fuis placé & d'où j'appercois une fi grande
maue de vérités utiles & intéreuantes, je ne pourrai jamais m'égarer ~endbie-
them, je ne rencontrera jamais de dimcultes qui m'obligent à m'arrêter eti
chemin.
Vous-même M' je v~tts invite à examiner de près ces grandes vérités à
conudérer les avantages ine~imables qui en peuvent réfutter &: à inviter
les hommes à tes adopter non comme l'ouvrage d'une belle & ingénieuse
<mag)nation, mais comme le miroir ndele & vrai des opérations de la Nature
du génie des humains.
P 0 T.
Famille primitive ~~n~~B~, FyfM~vr.
Nous avons Couvent eu occaf!on de parler de cette Famille; mais toujours
par parcelles: nous croyons donc faire plaifir à nos Lecteurs en rauemb!ant ici
ces membres ditper~s: par leur réunion ils en acquerront une toute autre
force on en aura une idée beaucoup plus avantageuse. On fera étonné de
la fécondité de cette Famille; on admirera qu'elle ait pu fournir tant de mots
à tant de Peuples éclairés & favans qu'elle ait formé tant de noms de lieux y
qu'elle ait figuré dans tant de noms a!légoriques & de même que !esLangues ne
font cultivées qu'à proportion des lumieres qu'on peut y puifer, cette famille
de mots deviendra recommandable entre toutes par fes influences & par les
Iumieres qui en réMteroni fur nombre d'objets intérenans,
Mais afin qu'on puiue nous fuivre fans peine dans le labyrinthe de Ces mots y
on doit obferver qu'afin de pouvoir l'appliquer à un plus grand nombre d'ob~
jets on lui a rait (ubir tes diverfes modifications qu'éprouve en pareil cas
toute racine primitive.
t~. On en a varié fans cène fa voyette, en le prononçant PAT, PtT, PiT r
PoT, Pur, fuivant t~e~igence du cas.
t°. On a changé fa confonne T en D, S, SS, Tch~
~°. On fa fait précéder de la nnante, SpAT, SpES, Sptst.
~.°. On !'a na(a!ée en PoNT ainfl que cela arrive à tous les mots tadi~-
caux. Par exemple,
Had, main, devient Hand, ) ~u~~j.
Lac jf~, Land, )S
Tag, /oM<r,
~~Y
Pag, a~'cr.ir,.
Tango, t en
Pango s,{
Pango L'
Z~, prendre,l' Lambano,
en Grec:
Af~A,enfe!gner, Manrhano, j
En François même nous difons mefurc, & incom.menïurab!e,
Rompre & Rupture Trape & Tromper.
Principes que nous avons developpés dans un très-grand détail dans nos
Origines du Langage & de l'Ecriture, & tans~ letquets it e~ impoUtbIe de
.répandre quelque lumiere fur les rapports des mots ces principes faifant une
partie fondamentale des élément du langage & de l'étude des Langues.
L

y<33f~ jt~O~f~trjE~.
Si quelqu'objet fut digne d'être appellé d'un nom tbrm~ de 1a racine donr
nous nous occupons ici, c'en: cerramement la made immenfe dés eaux. Auul
Les Grecs ne s'oublièrent pas à cet égard; & afin de rendre ce mot plus fo-
nore~ p'us rapproche du mugifÏement des .eaux qu'Us vouloient nommer, ils
le nattèrent de là
ï. Pon-r-os la Mer, iesgrofÏes eaux, les eaux bruyantes.
i. Dans leur Ry!e allégorique, ils en nrent Po~i~, le Dieu de la Mer
ils le firent ~Is de Nérée ou des Eaux & père de Pofeidon ou Neptune. C'eO.
ce que nous avons vu dans nos Atiégones Orientales.
). Pos~iDON nom de Neptune, e~tlui-m~me formé de la même racine
PoT. Ce mot doit s'écrire POT-SEIDON. Ce dernier mot ngnine Pêcherie le
premier, ~n~ c'eft donc ie Dieu des grandes eaux poiubnneutes, le Dieu
des .grands ppiubns.
NERtE, Poh'Tus & PosttDON ou N~pTUME, ces trois Dieux Marins de
Sanchoniaton, ajoutent donc tous quelque chofe à l'idée des eaux. Nérée
t
peitu l'eau mobile. ~07?~ l'eau mugit~nte. fo/<~s, i'eau demeure des
énormes baleines & autres montres marins.
Ce mot changeant o en c, entca dans le nom de jA-fET ou Japhet, un
des VI fils d'Uranus & de Ghe il le déugnoit comme un grand Proprié-
taire, comme ayant une grande étendue de domination, idée confiante
qu'offre le nom de Japet.
Cet Uranus fa femme Ghe, eurent donc VI nts & VI nHes. M.~s l'un eft
le Ciel, l'autre la Terre ils repréfentent donc le Monde avec fes révolutions,
<:ompofecs de XII Mois, ou de VI Soleils & de VI Lunes, gouvernés par nx
Grands-Dieux & par fix Grandes-DcefÏes, ces XII Grands-Dieux des Ro-
mains dont l'origine intrigua toujours .u fort les hommes.

II.
.Voj~ S~c~
Cette Fam!t!e dut fournir des noms à la Religion ou em culte public; de-là
le mot Grec:
PoT~j, vendable, pour foT-toj, celui qui e(t élevé en ma)e~é, en
~blimite.
Ce mot en fe nafatanr, forma également
PoNTt-fEx, Pontife, celui qui dirige les chofes facrces, les chofes dignes
de la plus grande vénération. Autï! fut-il bien nomme de Fex qui (ait, &
PoT ou PONT chofes élevées. On voit par. là combien étoit ridicule l'étymo-
logie qui en faifoit desCon~ru&eursde ponts, parce, difoit-on qu'Us ~oicM
obligés d'entretenir à Rome le Pont-Subticius,

1 II.
~fOM~t~
I".
PoT, anocie en Grec au mot ÂM, eau, forma le mor
PoT-ÂMo~~ riviere, fleuve d'oùMEso-PoiAMiE~au miueadcseaux~
PONTUS, fleuve de Macédoine~
PoTM~ uvicre d'Ita!ie.
Prononcé Bou en Celte, i! ~brma,
BoD~cM~, le Pô le plus grand fleuve de l'Ica!
BoDincus JLAct~, le lac de Confiance en Suifle~

Ce nom dev!nc enduire celui des Villes ucuees fur des neuves
PoT~ Ville d'Italie fur la. riviere du même nom.
PAY-Avu~H, P&doue, mot-a-mot, VtHe fur une grande eau.

Noms de ~OMMJ'nM, ~<


1~
F'tjar des M~nMg~M ou ~7!J des
PoD dé~gnachez !esCe!tes des montagnes élevées en forme de pic, 8<
<
des lieux placés fur ces (bries de montagnes les Latins ajoutant une tcfnu--
aai~bn à ce mot, en firent PoD<M/n dé-là,-
PoDium, le Puy en Velay.
PoD/M/K-CEi.~M/ Puyceleyen Albigeois.
PoD<M/n-LAOKe7!fK,Puy!aurensen Albigeois.
PoD~/n-NAUTHu~M~ Penautier, Dioccfe de Carcaûonae.
FoDUMt-Som-GtW, Puy-Salquier, près de Beziers.
PoD/K/n-FERR<ïa~<, Puy-Ferrand en Auvergne.
PoD-EAc~t, la Puyfaye, pays de monragnes dans t'Auxerron.
La RocHjs-PoT, mot-à-mot,la grande Roche, laplus haute montagne
fur le chemin de Lyon à Fontainebleau.
PoTMM Ville fur de hautes montagnes de la BaClicaie au Royaume de
Naples.
PoT~, Ville des Ahuries en Elpagne.
poD/M-CERB-TANaj ,Puy-Cerda en Efpagne, au pied des montagne: dans
la SER-DAGN& ) m. à Pays de montagnes,
Ce mot s'altéra en Poei, Pui de.)à
PoBT.LAv<t~ en Dauphine.
PuïMES~ en Bourgogne fur une montagne.
PouGMcj, dans te Nivernois au pied d'une montagne avec des eaux miné-
tates.
Puï-de-Dome, la plus haute montagne de t'Auvergne.
PuY-BEi. fur une montagne du Poitou.
PuECH-d'U(ïe!ou montagne entre le Quercy & le Limounn.
Les Grecs prononçant ce mot Poo ouPyD en ~fcnt;
PYDius, Fleuve de Troade.
PïDM, Ville & Fleuve de Pi~di<
PyDN~, Montagne de Crete ouPtTM~,
PYDM Ville & Colline de Phrygie.
PvT~M, neu de Bithynie rempli de fouBcés d'eaux chaude~
PYTA~M~, Fleuve de t'Aue Mineure,
PvTAo~, Fteuve de Catie.
PyTho-PoLis Ville fur ce Fteuve.
&c. &c.
Le PoNTHiEu, D~rict !e p!us occHentat de la Pi~rdie, ed appuyé .fur la
Mer, & (e rapporte cuenneHetnent a cette Famille, (oit, comm: on t'A
cru, qu*i! ait dû fon nom à la quanticc de Ponts qu'on y voyoit, ce qui a
~r d'une Fable toit plutôt qu'il le doive a fa utuaiton fur le Pont ou la Mer.
V.
C r & y.
Les Italiens ayant change ce mot en.PoGG~, pour dedgner les lieux e!eve!,
j
les Montagnes, tl s'e~ tMtYÏmis à diven Châteaux entr'<nnre!~ufuivMt.
Le
Le PoGGio, Bourg de Toscane, remarquable par un Palais du Grand Duc
bâti fur une Colline e~ digne de la curiotue des Etrangers. Il fut commencé
par Laurent de Médicis le Magninque, Pere de Léon X On y voit de uiperbes
Peintures peut-être encore une belle Ménagerie, de magnifiques allées, &c.
Voici ce qu'en dit M. Guys(ï).
» Le PoGGio qui t(t fur la hauteur, jouit de la vue de ta plus belle Cam-
M pagne du Monde & de Montagnes toutes verres, parsemées de maisons
» jusqu'à t'Apennin. Ce Palais efi vafle, & il e(t encore meublé des Tableaux
Il des meilleurs
Maures, de buttes & de Statues Grecques, & d'une quan-
tite d'Idoles en bronze, qui font dans un Cabinet. On y admire la Vénus
M
du Titien. un Adonis de Michel Ange. les anciens Portraits de Lanre
& de Pétrarque. je ne finirois point. On defcend tvee plaifir pour Ce
« reposer dans un très-beau Jardin rempli d'orangers.
VI.
.Po-vr, F~fTS, PoT,6'<
De cette Famille Ce formerent pluneurs dérivés iniereuans.
1. PoT va(e creux & profond d'où le Grec
PtrAo~, Tonneau.
Pn-<~< & Ptudaknc, petit Tonneau.
PuTtne, vafe revêtu d'oner.
PiTHMj & PiTH< nom d'un Bourg de l'Attique, parce que tes Habi-
tans étoient ouvriers en Tonneaux.
t. PUITS, en Latin PuT~t, eau profonde d'où pluneurs noms de lieux,
tel que
PuTEoK ou Pouzzoï-s, en Italie, lieu abondant en Sources.
). PAT<<t, en Latin, coupe, vafe; d'où poëlle à frire.
?ATM<t, coupe, d'oû parène.
Un nom mythologique fe rapporte à cette branche c'ed celui de LAPt-
les Ennemis des Centaures nous avons vu dans ce Volume qu'ils
THES,
défignent les Vendangeurs, les Vignerons, ceux qui boivenc le jus des
Tonneaux, & qu'il e(t compose des deux mots LAr PtrA.
PONT, en Latin PoNS, PoNT< les Ponts font clevcs hurles eaux, & par

(i) Voy~g. d'Italie Lett. XVN.


D~. Tom. 7. N nn
leur moyen on pafle par-deflus les eaux.
Nombre de noms de lieux en font dérives tels que
Pons en Saintonge avec plufieurs Ponts fur la Seigne.
PoMT-AuDEMER, en Normandie.
PoNT-A-MoussoN, en Lorraine.
PoNT-SAiNT-EspR.tT fur le Rhône.
PoNT-SAiNT-NtcoLAs bâti par les Romains, fur le Gardon près d'Ufe&
PonT-ARLKr, fur le Doux, en Franche-Comté.
Po~T-OisE i caufe de fon Pont fur t'Oife.
En Italie ptuneurs lieux en font appelas PONTE.
PONT EBA fur la Fella aux frontières d'Autriche & d'Italie. D'un
côté du Pont, la Ville eft abfolument Italienne de l'autre, toute
Allemande.
VII.
P o r, PN~/ï~.
Ici Ce rapporte une nombreufe FamiHe Latine Francoife, &c. dengnant
le pouvpir, la pui fiance.
j. PoT-c/2 en Latin, il peur.
Possum au lieu de PoT-Su M, je fuis puidant, je peux.
PoTM~M, ,la qualité d'être putMant h Puissance.
POTis, haut, élevé, qui a du pouvoir.
t. PoTtor, je fuis jouiflani je fuis Malcre d'un bien.
). Poss-lBtu'j doué de la propriété de pouvoir, être pofïlbte.
4. PossiDEc avoir tapuiftance, pofleder.
On voit que les François ont changé cette fyUAbe PoT en peut ~a~
pofs, pouv, il peut, je puis, pofs<~ pouvoir.
Us en firent anciennement /'o/?e ~o~2e puiflance.
D~-U encore PoT< & en Italien PoD-E~TA le Chef dans diverfe*
Villes.
De une Famille Grecque célèbre
DEs-PoTE le Maure te Seigneur.
DES-PoT~<, l'autorité du Maître abfbtu.
Ce mot eft formé en ef~et de Por ou SroT, puinant, précédé de l'article
The: ou de PoT, puifïanc, & 7~< ECclave, cetni qui ne voit que d:s Efclaves
à fes pieds: idée qui répond au mieux au mot DESPOTE.
Et le François, AP-Puy, en Italien At-PoGGio, ce qui fert pour le feutien*
VIII.
.P r Moraux.

Les Grecs appliquant ce mot à la force morale en firent;


PoTHej, défir, amour extrême, ce qui nous entraîne avec une force
pre(qu*irréMtb!e.
i. Les Larins de leur core, nafalant cette fyllabe, & la citant précéder
de la umante en nrent un mot dont l'origine Ctoit ab&Iumenc
inconnue.
SpoNTis puiflance propre, liberté pleine &: entiere.
~Mo SpoNT/j ~<p, homme de fa propre pui(!ance, qui ne dépend que
de ~oi.
~roNT<ïn<H~, qui fe fait par fa propre puiffance, d'oû notre mot SpoM"
TANt.
De PoT vafe les Grecs formèrent,
SpoNDeion, en Latin SpoND~MW!, vafe pour les Sacrifices.
SpoMDt, libation, engacement a !t face des Dieux au pied des Autels.
D'ou le Latin,
SpoNS/o engagement, promeue, fur.tout celle de deux Epoux.
SpoMSo~nancer; SpoNsaf, Epoux.
Rt SpoND<o (e lier à fon tour y repondre aux promeCfes par une
pareille.
SpONDEE, pied de deux fyllabes longues foit que ce nom vienne de
PoT, long, pétant foir qu'il vienne de SpoNDE~, libation, pour indi-
quer un vers ufité dans les grandes Cérémonies.
y. PAssto, paulon, C)uncance.
PAT<of, fouffrir, pâtir.
PAT~~M, patience~ action de <ouSric.
Gr. PAT~o, fou~rir: PAT~c, (bunrance:d'oA,
PAT/M< qui cmeut les paCions.
IX.
C~~PE~~ .DJE AfEACt~~Z.
Mercure etoit repréfenté avec un. Chapeau à larges bords rabattus les
Grecs l'appellerenr par cette raifon P~T~j, en Latin PET~J, d'où le Fran-
çois PET<<
N n n i)
X.
~Er~ATr~.
Ce mot tient a une branche très-nombreufe relative à t'étendue.
En Hébreu, P«THE en Grec, P~T<!o en Latin ?AT<o, avoir de l'éten-
due, étendre, s'étendre, &c: de-là
En Grec, t. PETaom~, déployer fes ailes, voter.
PETd/c~, étendu.
PtT<!Hroj, perche pour les poules.
i. SpAi~M Tiffu, & toute fa nombreufe Famu!e.
3. PiT~, ~pin, arbre élevé, d'ou~
PiTYUsts, deux Mes voifines de Minorque qui durent leur nom aux
pins dont elles etoient couvertes on les appelle aujourd'hui ~~« &
Frumentaria.
PYTIS, M-<t-m. le Pin, Ville de Carie.
PvTEtA Ville de la Troade au pied d'une montagne couverte de pins,
au rapport de Strabon.
PYTio-NKt ou t'IHe des pins, vis-à-vis Epidaure fur la côte du Peto-
ponefe.
PtTK, planche, ais.
PtTT<tM, cohorte bande nombreufe étendue.
En Latin, t. PAT<o, être étendu, être ouvert, clair, découvert, &c.
PAT~/M, large étendu.
PET<~<j, la grande bardane aux feuilles étendues.
~.P A ssM, étendu.
PANDo, étendre, déployer, ouvrir.
PANsa qui a de larges pieds.
PANT~c, ventre, partie du corps qui (e dillend.
') P~To, tendre la main, demander, rechercher; d'où en François o-pter,
ap-petit, PET/~cn, &c.
A cette Famille Ce rapportent en François,
PATM~ ~c<-<Mo~, ce qui doit fe développer, ~e montrer à tous.
PAi.i. étendue entre les marches; de Patulus.
XI.
F~M7fzE~ Z~ry~ ~r f~~y~ojr~
't. SpAT~M/n, espace; rétendue.
.1. SpATM/< ïpatu!e.
XII.
JF~Mf~rE~ C~EC~~E, LATINE ET FR~~or~.
t. ?ETR<ï, en Grec & en Latin Rocher, Pierre en François, Pierre.
Spires en Grec, Spiss«j en Latin prononcé SpEiss~j Er~ en
François.
3, SpASM~t en Grec & en Latin, SpASME, contraction, arrachement.
XIII.
FAMILLE C~zrf~
PAD, en Cette, gras en Oriental, FAD, gras, abondant en ~ng!o!s,
FAT en Allemand FïTi, graiHe: d'où,
Ap-FAT~n, en abondance.
X 1 V.

f~MfZ/ CRBCq!t.
S PHONDRM fort,
roide véhément.
S-PHONDy/oj & S-PoNnylos épine du dos.

PH U Ton, PIance, & fa Famille immenfe.


PHEiD<w!<H, ménager, entadër, n'user pas.
Y

XV.
r F~Mjr~ z~ i~rjrj~
PtDMW, houlette t". échalas; du même F~r, plante
PEDO echatafTer.
Pui.-PiTM<n, -) pupitre, M.-<-M. élevé fur un pied.
PuT<tr<, approfondir, creufer caver un objet, un fujet d'oUy
Di~PuT~r, Im-PuTer Re.PuT<r, &c.
PuT<< élaguer, tailler, rogner, ôter le fuperCu:
XVI.
Ennn à ces Familles nombreu&s tient cette de
.PoDoj,enGrec, tes pieds; en Latin, PED~; en François, PiEDS; en
Anglois FOUT &c, &c.
Ils font la bafe étendue, large fur laquelle s'élève le corps entier,
JP~TK, en François eft une branche du même mot.
XVII.
\y~M~ c~cA-~r~ 1l~

Ce mot s*e~ également pris dans un fens moral, pour dengner une femme
infatiable dans fes déurs égrènes il exifie en Italien, dans le vieux Fran-
cois, &rc mais cette famille s'eft tellement dégradée qu'on s'aboient mcme
de la prononcer en aucune maniere.
xv.in,
MOTS ~JM~RIC~
Ce mot traversant les Mers fë retrouve dans diverfes Langues d'Amérique,
avec les idées de grandeur, contenance élévation; même avec celle de
pensée ou de profondeur dans t'eSprit.
t PouT<<o/n<, en Algonquin, faire chaudiere.
BuT~t, dans le Chily grand.
PuTz, en Mexicain o~re îa même idée avec la terminaison méxicaine
/<; & joint au primitif Hin~Wii~ !etems il eft devenu le mot
WiTz/t-PuT~ nom de !a Divinité Suprême ~<t- le Seigneur
des tems.
AroTo en Caraïbe, grand, gcos enflé,
A-Bou-PouTca, pied.
a.o. pouTo en Taïtien, b!ener, couper ErouTo, b!e(!ure, coupura.
N~-PuiT<!g'on<,'inci~on, PuiT<!COM<ï-~nn~, fais-moi une incidon,
Toutes ces idées fe trouvent dans ces mots Péruviens,
t. PATa banc de pierre PAT<t-PAT<t, efca!ier.
PAT-PA, groffe plunot, atte le F~Mf{des. Allemands,
PAj~Mpt doubler uo6 cho~e PAT"<'nt coupée en deux.
PAT~<M, ehofe doublée PAT~~<t, cho,(e. coupée en deux.
PuT<,co~e;c'eC:uo: grand eooten~M.
i. PuT~coc, homme qui penfë,. qui approfondit, qui ~onde.
PuTt'cont, être pennf, être eh(eve~ profondément dans Ces penses.
Ou retrouve donc ici le PTJT<<r< dé? Latins' qnmgh!ne''cgafemenc couper
& ~en~er, o'.!âptofohdeùr'dëi'eÏpnr:aih(ite~ deux-h~miipheres
replet dans
réunifient aux mêmes fb~ Ic~. mêmes tdées~ &t~n~Ï~ts mantercs de les
modiEtr~
~T?=a" 1
0 BSE RVA TÏO NS
51/ R ~'TTZferpre~zfMM jF~~c~ ~4~or~MM de ~~fï~ïf~
relativement au ~foNDE-P~JMjnr de J~. DE
GÉBELJ~. Par M. B*
E S Obfervarions que
nous avons faites fur !a di<pounon & fur îa nature
des couches de la terre, nous ont fait voir de la manière la plus évidente &:
la plus (cnnb!e les preuves des terribles & nombreufes révolutions qu'a enuyé~
ia niallieureufe Planette que nous. habitons. Si les Hi~oriens de l'Antiquité
paroiffent avoir gardé le filence fur ces anciennes cata~rophes nous ne de-
vons pas en être furpris. Les hommes qui ont échappé à tant d'horribles
déMres, ont dû être bien plus occupés pendant les premiers Ciècles qui les
ont (uivis & chercher une (ubMance dure &r laborieufe & à pourvoir à leur
extrême mifere, qu'à tenir des journaux de ces frittes années, pour en faire
paner les dates &: les défaits à leur pof!.cri[é. Joignons à ces motifs la négli-
gence des anciens monumens & l'oubli où l'on étoit tombe fur les C.~rac-
tères & fur l'Ecriture ïymbotique des premieres générations du monde réparé;
telles font les raifons du utence des Hifloriens fur ces actes tes plus intérenans
de i'Hi~oire ancienne de la Nature.
Le fouvenir de ces malheurs n'a pu cependant s'et~acertonfement de la mé-
moire des hommes ces événemens ont été trop univerfels & trop terribles,
pour n'avoir pas 'aSecté le Genre-humain d'une maniere ungutiere & pro-
fonde. En etfet, lorfque les Nations ont commencé à refpirer & à. fe recon-
no~tre fur la terre & lorfque la Nature a cène de les effrayer & de les persé-
cuter, elles ont dreué des monumens établi des ufages perpétué des tradi-
tions, confervé des fables & des fymboles infUtué des cérémonies retigieu-
fes & commémoratives qui en auroient dû entretenir perpétuellement les
hommes, fi elles ne s'étoient pas corrompues ou avérées par la (uccemon
des tems, & par les révolutions auxquelles les inftitutions humaines fontauuï
fujettes que celles de la Nature. En examinant avec une attention fuivie
l'enchamement, l'accord & les rapports de tous ces monumens phy~ques &
mor&ux~ on ne peut voir fans étonnement & fans admiration que les lumie-;
res qui en réfulrent conduisent au plus vafte champ de connoinance qui fe
foit encore présenté à l'efprit humain. Le bavant Auteur du Monde-Primitif
vient d'entrer avec le plus grand fuccès dans cette immenfe carriere. Il feroit
à déurer que dans le cours de cet admirable Ouvrage il voulût
joindre aux preuves que lui a fourni l'Etymologie des mots, celles que lui
~burniroient encore les traditions & ufages des Peuples, & les révolutions phy..
6qucs du Globe tcrreHre. Il femble qu'it donneroit par-là une nouvelle tbrce
à la vente des explications déjà fi lumineufes qu'il donne des Symboles des
Allégories des Hiéroglyphes & des Fables de l'Antiquité.
Quelques exemples pourront faire reconno!tre aifement les rapports trap-
pans qui ~ë trouvent entre les Etymologies des mots employés dans tous ces
Symboles, non -(eulement avec l'invention & les opérations de l'Agriculture
de l'Agronomie comme l'a fi bien démontré notre Auteur mais encore
avec les révolutions arireu~es & diverses qu'a euuyé notre Globe & dont le
fouvenir s'ed perdu dans l'éloignemenc des necles mais dont les preuves les
plus évidentes font & feront pour jamais conservées dans la ~ru~ure même
de la terre. Perfonne ne peut mieux que cet efHmabIe Auteur réunir tous ces
rapports les présenter dans tout leur jour, & leur donner la même force &
la même darté qui régne dans le premier Volume de fbn excellent Ouvrage
qui en fait attendre la fuite avec le pfus grand emprefïement.
L'exil du premier homme de la Genefe hors d'un lieu de délices, &: le
Chérubin armé d'une épée de feu. qui lui en défendit l'entrée a été regar-
dé par plufieurs Interprètes comme l'emblème & le Symbole d'un embrâfe-
meni opéré par l'ordre de la Divinisé, & qui contraignit l'homme de (ortir
de fon (éjour pour aller vivre dans une terre maudite, d'une façon pénible &
laborieufe. On voit par-là un rapport évident entre les traditions intéreuanies
augures des Hébreux oc les monumens de la Nature.
On ne peut méconnohre dans la Création turbulente de Sanchoniaton
l'analogie avec ces mêmes monumens il en eft de même de cette autre tra-
dition du même Auteur que les Enfans de Protogonus brutes dans la Phé-
nicie par les ardeurs du Soleil, leverent les mains. vers le Ciel pour en être
délivrés. Anecdote qui (e concilie avec la tradition de l'Hi~orien Io(ephe qui
rapporte que les Enfans de Seth ayant prévu que le monde périroit par l'eau
& par le feu, éfigcreni des colonnes pour en in~ruire les races futures, &
leur faire paner les obfervations agronomiques qu'ils avoient faites.
La correfpondance de ces traditions fur les événemens des premiers ~ges
connus du Monde, ne "peut avoir d'autre fource que les maux réels de la
Nature, dont l'ordre & le genre de tant de monumens nous inurui~ant.
Il paro~t que c'en: du renentiment obfcur & confus qui eu: re~é des mal.
heurs du Monde, qu'ed fortie cette attente universelle de tous les Peuples
que le Monde finiroit par le feu; dogme confacré par toutes les Religions.
Ajoutons à ces traditions ce que les Annales Egyptiennes nous di(ent de
ces longs régnes de Vulcain & de Vefla avant Mènes leur premier Roi, ce
qui ne peut fignifier que le régne du feu dont ces deux faunes Divinités n'e-
toienc originairement que les Cymboles, & l'embrâfement du Monde après ie-
quel les hommes commencerent à fe réunir & à former des Sociétés tranquil-
les & réglées le régne de Menès ne ngninant en effet que le régne des ré-
glemens & de la police. ( ~cy~ Menés dans les Allégories Orientales, pag.
t~; & t~.)
C'étoit vraitembtabtement pour ta même raifon commémorative que le
Temple de Vulcain en Egypte étoit le plus ancien de tous les Temples des
autres Dieux.
Vers les premiers tems connus de l'Hifloire de la Chine (bus le régne
d'Yao qui, felon les Hi~oriens de cène Contrée, régnoit vers l'an i y,
avant t'Ere vulgaire, ce qui ed à peu près l'époque du déluge de Moyfe Celon
le Texte Hébreu les Chinois placent une anecdote qui a encore un rap-
port vifible aux anciennes révolutions causes par le feu. Le Soleil y fut, dit-
on, dix jours (ans fe coucher, d'où résulta une fi prodigieuse chaleur que ton-
tes les Nations appréhendèrent t'embrâ(emenr du monde.
Les Péruviens qui avoient aucz bien confervé quelques défaits du déluge,
parlent encore d'une révolution toute contraire & d'une autre nature, arrivée
long-tems avant le régne de leur Dieu P~eA~M/H~e. C/to«/t qui conduisit
t'Univers avant lui, s'étant un jour mis en colère, convertit toute la Contrée
du Pérou, qui étoit alors tres-renite, en un fable aride. Il arrêta les pluies, &
ferma les fources & les fontaines, (ufpendic le cours des rivieres & dene"
cha les plantes; ce qui rendit les Péruviens miférabtes. Ce Dieu Choun, difenc-
ils étoit un homme extraordinaire fans os &: fans mufctes, qui abainbit les
montagnes combloit les vallées, & fe faifoit des chemins par des lieux inac-
ccdtbte!. Par ou il eu: aifé de conjecturer que ce prétendu Dieu n'a été que
le vent, la tempête & l'orage perfonifiés en Amérique, comme M. Ptuche
&: M. Court de Gébetin ont démontré que tous les anciens Symboles ont été
perfbninés en Ane.
Les Pyrénées n'ont reçu leur nom que pour conferver à la po~érité le fou-
~cnir du feu dont elles furent embrasées. C'en: fans doute d'après quel-
rom. 7. 0oo
~ues événemens femb!ab!es, qu'a été formée la fable des Mutes qUt de-
mandèrent des ailes à Jupiter pour te fauver de chez le Tyran Pyr~-
nie qui les perfccutoit, quoiqu'elles ne Ce fufÏeni retirées chez lui que peut y
trouver un afyle. En faifant attention que le mot ~M/e ugniney~uf< ~<'j«:M.)c,
( Hid du Cie),Tom.I.p. 181) on verra que cette Hifioire allégorique ne peur
lignifier autre chofe que les habirans de la terre échappés aux inondations en fe
iauvant fur les monragnes, & qui enfuite furent obligés d'y implorer le fe-
cours du Cie!, parce que ces montagnes les persécutèrent à leur tour par les
-votc.im qui s'y ouvrirent, Mes feux dont elles furent embrâfees.Teiie étoit
fans doute )a malheureufc denin~e des hommes dans ces uec!es de défola-
tion, d'être pourfuivis par le feu dans les lieux élevés, & d'être chaffés des
lieux bas par les inondations.
Le Phyficien attentif trouvera dans tous les lieux de la terre des preuves in-
contenaU~s de ces différentes révolutions.
Si les neufMuIc!, reprcfentees par neuf Ins chez les Egyptiens~ étoient
chez ct peupie tes iymbo!es des neuFmois pendant !efque!s l'Egypte etoit dc-'
livrée des inondations du Nil, iuivanc M. Pluche ou que, fuivant M. Court
de Gcbctin, elles rufÏent les fymboles des neuf mois pendant lecquels on peut
travailler à la terre, comme les trois Grâces repre~entoient les trois mois de
repos & de divertinement du laboureur; leur Hiftoire allégorique n'en ter~
pas moins relative à ces grandes révolutions phynques de la terre, pendant
!e(que)tes les travaux de la campagne étoient ncceuaircmenc & alternative-
tnent abandonnés tantet dans les pays de montagnes par tes embr'àfeniens,
tantôt dans les plaines par les inondations.
Piuneufs Contrées de la terre ne tiennent leurs noms que des ancien!
événemens de la Nature ainfi la Géographie phyfique ne doit point négliger
d'approfondir les étymologies & les racines des dénominations des anciennes
Régions &: des anciennes Vi!!es; M. de Gébelin en prouve bien les avantages.
Privé des connoif!ances nécefraires fur les anciennes Langues, je rappor-
terai d'âpres de bons Auteurs les Etymologies des noms de quelques Cou-
trées, par te(que!!es nous verrons les rapports de ces noms avec les cvcno-
mens qui y ont donné lieu & la nature du fol de ces Confiées.
L'Angleterre, fuivant le Dictionnaire de la Langue Bretonne, a été autre-
fois appellée 7'<ty?~ par fes habitans, nom qui dans l'ancienne Langue de ces
~nfujaires & dans la Langue a<~ue!!e de la Bretagne, ~gnine encore feu non
qui a dû autrefois convenir parfaitement à cette lue u remplie de ve~iges du
feu, comme le prouvent fes abonJ-nte: &: noiubreufcs mine! de Charbon.
Le Mont Ararat fur lequel les traditions portent que les hommes Ce fau-
verent hors du Déiuge ngnine /n<<f?<o/ï du tremblement, ou terre maudite
du tremblement. Cette anreufe montagne eft encore par res débris un des
grands monumens naturels des déMres de l'Arménie.
C'e(t fur-tout dans la Phénicie que l'on trouve de ces noms commémora-
tes. P/t<7~?«, & plus rudement P<ï/</?M«, lignifie <;o/?~<r/~ c~r< Contrée
couverte de cendres. Damas, en Hébreu Damefec,~7!/A~o incendii, l'image
de l'incendie. Gomorrhe, de Gomar, confumer, & de Grimera, charbon nom
bien analogue à la confUtUtion de cett: R.égien & à la pofition de cette an-
cienne Ville.
On pourroit peut-être penfer à t'cgard de cette ville qu'elle ne tire ce
nom commémoratif que de t'embrâ(ement qu'eue a {buf~rt du tems d'A-
braham mais on doit remarquer que cette ville en: connue ~oas ce nom
dans t'Ecriture avant qu'U fait quetlion de (a de~fu&ion, & qu'il y eft même
dit avant qu'elle arrivât, que cette ville & fes environs avoient dans leur voi-
finage un grand nombre de puits de bitume or, ces bitumes étoient dès-tors
les monumens des anciens incendies & ils conftatent qu'elle mcrireroit le
nom de ~t//< de charbon avant Abraham, & que lors de fa de~rucHon fi-
na!e, les infirumens de fon Cupplice étoienc depuis tong-tems Cous fes pieds,
où ils avoient été dépofés par les anciennes cataftrophes de ces contrées.
Je ne m'étendrai pas davantage fur ces objets qui pourroient faire la ma-
tiere d'un trcs-grand ouvrage; c'efi une carriere que notre favani Auteur du
Monde Primitif peut feul parcourir avec fuccès. Ce qu'it nous a dunné con-
mcnce à diffiper les Nombres nuages répandus fur l'Hinoire ancienne du Genre-
Humain, & nous fait efpcrer de pouvoir parvenir à la connoiffance de toutes
les Enigmes de l'Antiquité.
Le Dictionnaire de la Langue Pnmttive que nous attendons avec impa-
tience ne manquera pas de nous donner de grandes lumieres pour fintflli-
cence de l'Hiftoire de l'Homme & ceUe de la Nature qui étant fi écroite-
ment liées doivent être inféparables. Il en. fort à (ouhaiter qu'à la fuite de ce
précieux ouvrage il nous donne, fuivant (es principes, un Dictionnaire rai-
sonné de routes les Fables des Peuples connus de ta terre. II femble que dans
un tel Ouvrage il ne raudroir point s'embarraner d'y
fuivre l'Hi~oire des Hé.
ros nlivani des Généatogies &: des Chronologies qui ne font que de l'inven-
tion des Poëtes; mais s'en tenir fimptenient à l'ordre alphabétique. It faudroic
n'omettre aucune Divinité aucun Héros, aucun Roi, aucune Nymphe, au-
Ooo ij
cun des Etres tant animés qu'inanimés & aucune des chofes foit phynqaet,
foit morales, foit religieuses, fur te(que!tes tes Fables Ce font exercées.
On y expliqueroit à chaque article la ngnincation de tous les noms & de
tous les mors en Langue Grecque & en Langues Orientales; & lorsqu'on au-
roit comparé tous ces personnages fabuleux & leurs exploits les uns avec te<
autres, & qu'on auroit rapproché les Fables d'une Nation de celles des au-
tres, on découvriroit enfin que cette multitude d'anecdotes tabuteufes, &
même que beaucoup d'HiO:oires quipa(Ïent pour contantes, peuvent (e réunir
à un petit nombre de faits naturels; que les premieres Fables ont cie la fource
de toutes les autres que parmi les vérités qu'ettes renferment, il y a des
erreurs entées fur d'autres erreurs & diversement circon~anciees Cuivant le genre
des événemens naturels arrivés en chaque Contrée, fuivant le génie des Peu-
pies, fuivant la dinerence des Langues & le goût des fiècles où elles ont été
produites. Enfin il en rc(u!teroit cette connoilfance fondamentale que tou-
tes les erreurs de t'Annquité n'ont pas eu d'autre origine que l'abus & lou-
bli des mémoriaux du pafîë il en rétulteroit une. multitude d'autres connoiP
fances & d'autres vérités que nous avons ignorées jusqu'à préfent, & que le
premier volume du Monde-Primitif commence à nous dévoiler.

Pi. A M D'HISTOIRE PHYSIQUE DE LA TtR!H.


û''<~o/ 7!ew/a~o~ Tranquillité.

,I*. LA CRÉATION, fuivant les Co~mogonies,


des Anciens Peuples
des Juifs & des Chrétiens, d'après la Genc(e
des Peuples modernes d'après leurs traditions;
des Phyftciens & Naturatiâes de nos jours.
la Création fuivant toutes ces Cosmogonie!, a pu être confondue avec
un renouvellement opéré par des révolutions.
l*. Les RÉVOLUTIONS de la Terre démontrées,
par la difpofition extérieure & intérieure des Terres & des Mers
par les pétrincations&les corps étrangers renfermes dans les couches
de la terre;
par les traditions communes à tous les peuples, particulieres à plu-
fleurs
par les changemens & les divertîtes dans les Langues dans les Si-
gnes, Symboles & Caractères des di~rens peuples;
par les Cérémonies religieuses, Ufages commémoratifs, diverntédex
Religions chez les Peuples anciens & chez les modernes
parla crainte qu'infpirerent à tous les Peuples les Eclipfes, les Comè-
tes, les Météores, les Phénomènes extraordinaires, &c.
LA TtLANQUiLUTB de la Terre a donné lieu,
1
à l'Agriculture
à la formation des Sociétés
à la population
aux Arts de premiere néceSIié
aux Dén-ichemens
aux Ecoulemens des Eaux
à t'étabtiuement des Nations la fondation des Yttles l'infUtUtion
des Loix Civiles, Politiques, Retigieufes
aux Colonies, émigrations
aux Guerres;
à la communication entre les Peuples par les rivières par la conf-
truction des chemins, des canaux, &c,
aux Arts de commodité & de luxe
aux Sciences
au Commerce;
à la Navigation
aux Découvertes de nouvelles terres.
VUES
SUR LES RAPPORTS DE LA LANGUE SUÉDOISE
~ycc /M ~ï/rrM Langues 6'r-fOMf avec ~PR~~jT/r~~
ADRESSÉES A M. I.EC.DE SCH.ENSt/EDE.

jR r jE jM T.
]~. IHRE, Savant ditlingué de Suède connu par divers Ouvrages très-pré-
cieux (ur les Langues &: fur la Littérature du Nord, de même que par fon
GIouaire Etymologique des Langues Sveo-Goihiques, craignoit que nos Re-
cherches Etymologiques ne tu(!ent audi faunes & autH erronées que celles de
tant d'autres, ~ur-tout que nous ne tuions trop tranchans fur le rapport des
Langues & fur les caufes de ces rapports. Renvoyer ce Savant à nos déve-
loppemens, éroit une route trop longue nous en primes une qui nous parut
plus 6mp!e plus deciftve, & qui aevoit cire beaucoup plus agréable à ce
célèbre Auteur. Ce fut de réunir fous un feul point de vue nombre d'obfer-
vations étymologiques fur les Langues dont i! s'ecoit occupé avec tant de
Hicccs. de montrer que fon propre GtofEurc fourninoit une multitude de
preuves démonstratives en faveur de notre Méthode & que cette Méthode
donnoir en même tems une Solution auffi claire que nmpte de diverfes dim-
eu!tés étymotogi~ues qu'il avoit fort bien fenti & qui étoient fans réponse par
toute autre méthode. Cet enai produifit la Differtation que nous mettons ici
fous les yeux du Public & que nous eûmes, l'honneur d'adre(Ïer dans le rems
avec nos hommages à un SeigMur Suédois ~itëngue par fon rang, par fes
vertus, par fes rares connoi~ances, par la bienveillance dont il nous ho-
nore &: bien propre à nous concilier M. I~RB.
Nous nous fommes décidés d'autant plus volontiers à rendre ces remarque:
publiques qu'on y verra que la Langue Suédoise (e concilie de la façon la plus
fatisfaifante avec notre méthode, même dans les objets qui paroifibient aux
,Savans de cette Nation les plus impoUtbIes à réfoudre.
Si le Public agréoit cette maniere de traiter les Langues, nous pourrions
lui présenter fucceffivement divers Eilais de la même nature fur nombre de
Langues plus ou moins connues.
1.
T?M C/<~t!r< <~ M. ItfRE, de fes <r~e~ fur les <r/'<Kr~ où /*c?ï

MM/n~ par le goût. pour /yc!o/o~«.

M. ÎHM a tr~s-btcn vu dans ton Gtouaire Sveo Gothique qu'on nous- a


communiqué, les rapports étroits de la Langue Hébraïque avec les Langues
du Nord, nA-tout avec celle de Suede. L'article de fa Préface intitulé LAM-
euE HEBRAÏQUE, (Z-tngM« ~r<e<ï) contient des rapprochemens très-bien
faits tels que ceux de
HoRM & n? Aa' corne.
TissE Ml, Dad, mammelle.
KALLA. & ~3, voix appeler.
Le vieux G~DAs &: mn ) C/M~, s'égayer.
Les vieux mors SA, Su~TnAT~ ce~&: n*. ~ou~, ce,~c.
On trouve nombre de rapports femblabtes dans le corps du Di~on.
naire.
Mais (ouvent M. Inn-E n'ofe franchir le peu de dïfRrence qui regne entre
an grand nombre de mots Hébreux & de mots Suédois. Il crajnt que ces rap-
ports ne (bieni l'effet du hasard il craint d'erré comme THOMAssm, &r ranc
d'autres Etymologues qui ont vu dans les mot! tout ce qu'Us ont voulu; (em-
blables, pour me fervir de la comparaifon qu'il employe, Cemblables à ceux
qui frappés de !a j~unine, voyent tout jaune.
M. IHRE en nous voyant affirmer avec tant d'auurance les rapports des
Langues d'Ane &: d'Europe~ doit craindre par-là même que nous n'ayons cté
nous mêmes frappés de b même maladie que nous ne nous (oyons livrés tc-
mcraircment à l'attrait des étymologies que nous n'ayons pas été adez fc"
vercs dans leur choix.
Nous n? ferions nu!!emenr furpris de cette dénance, n'ayanr pas f'avanrage
d'en être connu?: elle feroit d'ailleurs honneur à fon amour pour la vérité
mais ce même amour du vrai lui fera fans doute voir avec plaint )cs foins que
nous avons pris pour n'être pas furpns que nos procédés à cet égard (oM
conformes aux Gens & dignes qu'il les approuve,

OB~JtA~~TfOJV.
Observons avant tout j qu'i! ne faut pas regarder la Langue Hébraïque,
telle quelle eft dans les Livres Hébreux comme la Langue Primitive mais
feulement comme une des tes filles: qu'elle n'ed donc pas la mere des Langues
d'Europe & d'Ane, mais feulement une de teurs~eurs, leur ~œur ~nec fi l'on
veut. Cette observation anéantit au moins la moitié des prétendues origines

A.
données par ces Etymologues que notre Savant Auteur peint trop bien, mal-
heureufement pour eux & ce principe feul doit déjà nous concilier la bien<
yeihnce de M. IRHE; mais entrons dans quelque détail.

/jtf~ P~-RT/cr~F~. 1 I.

Nous avons dit dans notre Plan Général & Raifbnné, que A étoic un mot
primitif qui déugne propriété~ poueuton: qu'envuagc comme Verbe, il fi-
gninett. A comme Article~ UM comme Préponiion in(eparablc à la tête
d'un mot, c'e~ ta négation, ou NOM, en ce qu'il deugnoit par cette place la pro-
priété comme ctanc derriere l'objet dont on parle, c'e~-a-dire, comme étant
nulle pour cet objet.
Avec quelle (atistadUon n'avons-nous donc pas vu que tout ce que ce Sa-
vant a dit fur cet lettre A confirme en plein nos obfervations.
M. IHRE nous apprend donc, qu'A eft une particule inféparable qui em-
porte privation
Que dans pluueurs diurich de la Sucde, dans la Dalécarlie, dans leGoth-
land, &c. il ngnine UN, comme en Anglois.
Qu'A en: la premiere & la troineme perfonne du verbe AcA, ugninant
<tfo<o~e~<y',<ïfo/r~t~.
Nous voyons donc ici de très-beaux rapports de la Langue Suédoise avec
ja Primitive.
A, ugnine sua., ajoute ce Savant: ceci s'accorde parfaitement aufu avec
nos Principes Grammaticaux car /'o~e~<r) <nwr~rc~rt~c emportent l'idée
de dominer, d'ëire~f.
Quant au mot A qui Ggnifie eau, c'eft une altération du mot au ou eau
auul ~a vraie orthographe en Suédois eu: un « (urmonréd'un o, c'eA-à-dire, le
fon au.
M. IHRE & moi, nous nous accordons ainfi parfaitement fur un article qui
ferubloit être de la difcuulon la plus pénible par notre méthode les diverfes n-
gnifications de ce mot font en même tems née: & ramenées à une feule ce
qui~
<p1, en fait de Langues eft d'un avantage effentiel, onpourroirdire inappré-
ciabte.
En voyant les étymologies qu'il rapporte dans ce même Article, du mot
AMAZONES &: ies comparant avec celles que nous en avons donnéesdans
nos
Allégories Orientales, ons'afÏure de la 1 umiere qui réfulte pour les étymolo-
gies anciennes, lorsqu'on confidere les mots dans leur ensemble & non fé-
parés.
AuHt, fans !a comparaifon ou fans le rapprochement des Langues, il eft
telle étymologie qu'on n'oferoit donner, & qui acquiert la plus grande évi-
dence par cette harmonie & (ans harmonie, que peut-on expliquer e
C'eA encore par la comparaifon des Langues qu'on voit les dérivés de ce
même mot A, prendre des formes auxquelles il femble qu'on ne fe feroit ja-
mais attendu. D'A Ce formerenr HAp, HAB, ou HAv avoir, & AcA qui u-
guina la même chofe chez les anciens Peuples du Nord.
AGA forma chez les Anglo-Saxons l'infinitif AG -an &<:et infinitif devint
AiG«~ chez ~es Moc(o-Cothiques mais d'ici vint,
~GA des Suédois qui(!gnine~o~~r, & dans lequel on ne peut mécon-
no!{re le Grec
EXfl, ~~A< polder, mot qui n'a plus de rapport à A~o & à avoir mais
qui en vient cependant manifestement au moyea de tous ces intermédiaires,
J
q~ii prouvent ce que nous avons déjà tanr de fois avancé, que le Grec Ekhd,
avoir defcendoitduvobeA.
Ajoutons, que dans notre rroiliéme Volume, nous avons consacre une
dixaine de pages ( pag. 190 6'y~/v. ) aux devetoppemens de cette impor-
tante Famille, qui jufques à nous avoir été cependant, comme tant d'autres,
entièrement inconnue.
~K~M ~fo~ M A.

A-Dei., Nobleue AoBi., !e plus grand, &Ç. Ce font des mots communs a
toutes les Langues du Nord. M. IHRI! a ranemble une foule d'étymologies
de ce mot dont aucune n'eO: en effet fatis&ifante. Son origine eft cepen-
dant tres-umpte très-facile à con~ater. Ce mot s'e~ chargé de l'initiale A,
comme tant d'autres en toute Langue fa vraie racine e(t DAi-, élevé, haut1.
grand racine commune à une foule de Langues.
En Anglois, TALL, grand.
En Hébreu, ,1~1 ~e, elev€f<
r~. ppp
En Grec, THAn. germer, neurir.AN-Ti.~ ,pu!(er.
En Valdois, DA!LB un pin; c'eft le Suédois TAU les pins & tes
Capins (ont en effet tres-etevés.
De même, les Nobles, AcEi., ~bnt les Grands d'une Nation.
~E.

Après avoir avancé qu'A défignoit la pofîeulon, nous fbutinmes qu'E


~ngnok l'exigence, & qu'il devint le nom de ce qui ne ceue d'êrre, de ce
qui eft perpétuel. Nous en trouvons des preuves dans la Langue Suédoise. A
~C, E, EE, y ngninenc toujours ils y ngninent également ta/w~w~. De-
là résultent naturellement ces mots Suédois
./E, marque de t'univer(atite, tout ce qui e(L
~€, marque de l'affirmation, de ce qui eft.
~CtVE ou ~EFE, vie, cours de la vie i". mccurs, manière de vivre e(t
donc un autre mot qui appartient à la même Famille. M. IHM y recormo~t le
Goth ~EpE dans lequel on ne peut méconnoure l'Hébreu EvB'~ à l'Alle-
mande EFE, la mère des Humains i<\ la vie.
AEGG ~c~ pointe, tranchant ce mot vient de !a même Racine qu'
<ïM ~c~j Occa que le Grec ~x ««~M, &c. de la racine Ac, qat
dcngne tout ce qui elt tranchant, aigu; famille immenCe en toute Langue.
Génie M. InRE rejette avec raifon les diverfes etymotogies de ce
nom
~Lp
il paro~ avoir la plus grande analogie avec t'Orientât 1-7< ou <?~
dans !*ort!iographe Manorethique A: qui i)gni6e </<ye;,te!s font les Génies,
ttu-deffus de l'homme.
Ai.sKA aimer; en Danois < M. Inn.H tire avec raison ce verbe du.
mot Ei.B, feu; c'e~ un de nos grands Principes que les Verbes viennent des
noms. De-là <p/M, délirer avec ardeur & le GrecEldomai qui lignifie au~t
denrer. Ce mot eld lui même, en Danois en lHandois <~w, e~
l'ancien Persan ala, feu; d'ou le Goth ala, allumer, nourrir.
~CMBARy cruche. Anglo-Sax. ~/n~<!7'; c'eR le même <ansdourequ'A\f-
tHORa~ cruche. Ajoutons qu'ils viennent l'un & faurre de ~r)~<u' ,<
~jr<t, porter, voirarer & d'<n~ deux vafe à deux mains.
~MBETE ornée, emploi c'eft un mot très-ancien de i'aveu de M. I~RE
y
commun à toutes les Langues &: d'origine Scythique. Il rejette avec raifon
toutes les étymologies qu'on.en a données, & a trcs-bien vu qu'il devoit venir
du moc BATH, parce qu'il eft écrit andhaths dans UtphitaSy ajoutons ~'s-
~«~ dans nombre de Langues. AinR au HendetaraciMe ~A,qui n'a nulle
~gnincarion on a la racine BAcn, BAcz, &c. qui ugnine Officier, Servanc
Employé; & d'ou fe formèrent Bacca-laureus, &c.
~E~DA jufques. M. InRE a très bien vu que c'eft !e même mot que !'IC-
andois ~«r, l'Hébreu l~, ou od, l'Anglo-Sax. o/h & qui fe nazatant eft
devenu & en Mocfb Gothique und. Ce Savant ne fera donc pas étonné
lorsqu'il verra dans notre Ouvrage tant d'autres mots dont les rapports étoient
perdus, parce qu'une partie de leur Famille étoit nazalee c'eft ainfi que A~n~,
main ,d'ou /d'M<~o eft le mëtne que t'Orientât AD & ID main.
~WNE, le &ont;en Atamannique, en~t~n~. M.lHREarbriraifbndelierce
mot avec ÂND qui fignifie contre; mais and vient d'~e/Mc, au lieu d'en être

racine d'<Mn< eft le primitif ain, oeit; d'où, <?/<, le front;


~M ( Grec ) contre &c.
<
la racine. PRINCIPE CONSTANT toute prepontion vient d'un nom. La vraie
devanti

~R.tA, labourer ~r,


moiubn récolte ~ERA moifïonner App
terre viennent tous de la même racine quet'Hébreuf'm~r~ ou .Er<
!a terre l'Hébreu cependant n'eft pas la vraie racine il faut la chercher
dans le primitif ar devenu ear en Anglois d'ou «ro en Latin. Ce pd-
nutifAR (ubn~e dans le Gallois ou il dcngne également la terre.
M. IHRE a très-bien vu que Ara, remus; in. ar; Finon, airo Anglo-Sax. df,
Angl. oar, rame venoient du verbe ar, labourer nttonner, la rame fillonne
/«/Mf.
Ac~TR., bon, excellent. M. qu'il (e lie avec le Grec
IHRE a très-bien vu
A-GAlHo~, bon; mais le Grec vient tui-même de l'Orient. Gad, Cc~, bon

B.

BAR ) nud: t". clair, évident BARA, ittu~rer, éclaircir c'eft de l'Hébreu
tout pur '~3 ~r clair 10. éclaircir.
BARBAR M. IHRE a très-bien vu que ce mot avoit éré invente pour den-
gner un langage inconnu plutôt que des moeurs étrangères & féroces t'éty-
mologie de ce mot le démontre. C'eA ta répétition du primitif BAR qui
fignifie parole, & donc nous avons inféré la Famille dans notre 111~. Vofume
elle eft des plus intéreflantes elle a produit
L'ancien Suédois VARA parler, dont M. IHRE a fait mention dans l'ar-'
t!cle ~«'<!r<ï de-là font venus encore
L'Anglo-Saxon AMD-VAR-< répondre! moi-a-mot, parler à fon tour
parler à l'encontre: l'ancien AnD-WAR~ téponfe.
Pppij
Le Suédois ~-W~r~ répondre .~Mr, réponfe. De-!a encore,
yoRD en Theuton~o/<, qui a produit le Suédois On.D, qui fignifie éga-
rement parole.
VAR lignifie auffi lèvre en luandois. On fait que lèvre & langue ont toth-
jours été deux mots fy.nonymes..
ï~.
FEM cmq. M ÎHRE convient dans fa Préface page III. que ce mot vient
de la même fource que le Grec pente que le Latin quinque, que i'Hc-
breu S~sn A<!M~ qui tous ~gnincnc cinq. ') Mais ce (eroir, ajoute-t-il.,
M
perdre fon tems, o/w<ï/n /&~<'fe, que de chercher comment ces mots ~bnc
venus d'une même origine, & cette origine même a éré inconnue jusqu'ici".
M
Cependanr quclhe certitude étymologique & quelle fatisraction peuvent
donne: les étymo!ogies, n l'on n'a aucun moyen de (uivre tes mors à travers
toutes leurs altcrarions ? fi l'on ne peut tenir compte de routes cesatceration!,
n Fon ne peut même les deviner} Euayons donc de fuivre le fil de celles-ci
relativemenr au mot F<'<n.
H exi~e une racine inconnue ~(qu'ici, qu! eft cependant la Source d'une.
multitude de dérives en toures Langues: c'eft HAM HEM, qui ngnine/~t/bn,
union; de-là l'Ethiopien ~P', ~/nM qui lignifie /~r unir le Grec ÂMA
x
en(emb)e te François amas, &c. Maisc'eft de là que vient le primitif HEM
pour dire cinq dcngnant ainfi les cinq doigts qui ne font qu'un tout, &
que l'on prie rous ensemble pour dengner cinq. Ce mot ~<n cinq devint
en Hébreu en Syriaque en Arabe, en Ethiopien, &c. le mot B~Dn
F</njA ou .K<'wjA, A~/n~A &c. cinq..
En Suédois, Fem ra~piration fe changeant fans ceue en F.
En Grec, P<M, Pemp, P<~<, P~n~.
De PM! tes Latins changeant P en Q, àleur maniere,.nrent
dont nous avons fait. ciNq~
~<
H..

Hoo, Hue efprit, intelligence i*. dc~


HoG<ï, HuG<t, HYGG«, méditer.
Ces mots font l'Hébreu ,111 ~<?e, méditer :!e Grec ~6~oM< penser:
M. InRE a n'et-bien vu que H 6: change quelquefois en C qu'ainfi K!D e~
de la même Famille que HŒDH.f, chevreau, bouc d'ou il conctutr que Coc~,
penfer, pourroit bien venir de ce Hoc primitif joint à la terminaifon Iro qui
marque la fréquente rcitcratMn.Mai~c'e~à. tort qu'H blâme. VARRoN d'avolp
dériva Co-co de Co-Aco, puirque ce verbe fair au fupinCo-AcTM/n,~u
participe Co-Acitus, au pictcrit Co-1-:Gi & dans les noms Co-Ac~to, &.c

K.
Kui.L cnrans nés d'un même père & d'une même mère. M. ÎHRE a ircs-
Lien vu que ce mot ed de la même Famille que t'Hebreu T)~ ~M/, ~7 en<
&nter: en Mandais KYLLa, meure au Monde: d'où i'Angtois CmLD l'Efpa-
gno! CutftA, le. Suédois KULLT, qut tous ugninent enians; & le Suédois.
Kui.i.A jeune FilleVierge.
KAn., froid, gelé K<M.<, g~cc Kvia troid; Kunn glacial.
Ces mots appartenant à la mcme Famille, & tous difUngucs par la voye!!eyr
prouvenc NOTRE grand PRrNcips que chez un même Peuple le même mot
prend ~ucceflivementtoutes les voyelles pour formec des dérivés ainfi qu'il les.
prend toutes par altération chez divers Peuples. AuSi l'Anglois dit CoLly,
~Altema~d KA!.T & le Flamand COUD, pour KAi-L, troid.
Tous ces mots rentrent dans la célèbre Famille KA LD froid dont nous
avons dérive autretbis le nom de CEt.T~,('P!an général &.rai(b~ne).
D'un autre côté, KoL lignifie feu KYL!.<ï, chez les Weftrogoths, aitumer le
feu. KALMJ, en Grée, chaud; en Latin CAt.or, CALco &rc. En Hébreu t1~?p
torrifier; C~ Gal, charbon allumé.
Cette même Famille tournidanc ainfi des mots pour dcugner tes idée? op"
perces, confirme en plein NOTRE grand PMNcu'E, que les Extrêmes furent
exprimes par le plus léger changement fait à un même mot. Ce (ont d'ailleurs
dts exemples à ajouter à ce que nous avons dit de la Famille KAL dans notre
Plan général & raisonne.
KERpwHy Gerbe; en Allemand CAp.w~; en Flamand GARw~ en François
€ERBB.
M. InRE ~rejette avec raison toutes les étymologies qu'on-adonnées de ce
nom & il voit fort bien que ce mot tient au Latin A-CERv~j.
Mais quand il regarde Acervus comme la racine de ces mots C'<ïr~<
~er~, &c. i! ne le fait certainement que faute de mieux. Il verra donc fans
doute avec ptainr qu'~en~ n'eR lui-même~~ ainu que tous ces mots, qu'un
dérive de GAR G:R, Gup, qui fignifie amas., a(temb!age i".
raffembler..
En Hébreu m GuR,recueHtir, raflembler, mettre en gerbe.
t
~1H Cc~~y, grenier. HK, ~-6'< récolter, ranemb!er.
En Gr. A-GHBiR~~rafIembicr~amafIcr.A&OR~, Marehe,AfS:mblce,p!ac$.
oiLt'on~ réunit,,&c.
En Lat. AcGm, digue, amas. Ac-GEM, ra(îemb!er, entafïef.A-CERVM,
monceau.
L.

LAND Pays. Ce mot commun à toutes les Langues du Nord, & qui a pro-
duit notre mot François LANDES a été la croix de tous les Etymologues.
M. IHRE a rejette avec raison toutes leurs frivoles conjectures il ïe ~eroit ou-
vert lui-même une belle per(pecHve, s'il avoic appliqué ici fon principe des
voyelles nafalees qu'il a n bien développé au mot ~CNDA. ~~Jeft dans le mê-
me cas, ainn que Aaa~. En dénazalant le premier, on a LAT qui fignifie
Pays, Contrée, non-feulement dans l'Orient, mais auGi en vieux Allemand 0,
comme on voit dans WACHTER. de-là, le nom fi célèbre du LAT<H/n, la Con-
trée par excellence, ( oc comme nous avons déjà dit dans ce VHP Volume, ~:e-
lui de LAT-CiNtA, Darne du Pays, donné à Junon ).

P.

PLOG charrue, mot de tous les Dialectes Theutons mot E<c!avoK


audi, comme l'a fort bien vu M. IHRE. Mais ce mot vient également de I'0<
rient, en battant attention que le G tient la place de Y, S, W &c. Ainfl,
En Angl. PLOW en Bohêm. Pi.uH, fignifient charrue.
Pi.o-J< en Suéd. labourer.
Le Perfan Pelhv;, A-Ft-ouN-ï, labourer, creufer, tient à la même fa-
mille aind que ces mois Hébr.
K~a PH!.«, ~3 PHi.<'G,
,T7B PHLEH, n~7E) PHKK, qui
tous emportent
ridée de féparer, de partager, couper divifer.

RAF~ corbeau
Saxon.
R.
autrefois Ramn. Il s'eA écrit 7! r<<Ma, en Angto<

En Anglois ~!<t&M, en Allem. ~!«<<


C'e~ le primitif 31 Rau onomatopée, imitation du cri de cet oifeau.
Les Orientaux en nrent 3iy ~foA~, c'horv, d'où le Latin CoRvaj, <t~/iNf.
CORVO, dont nous avons fait CoRBMM qui n'a plus de rapport à /~</n.
RAD, Confeil. RADA, commander, en Suédois, en Anglo-Saxon, en
Irtandois, en Allemand, en Goth.
C'ett exa~emeni l'Hébreu, le Chaldéen, le Syriaque l'Ethiopien, &Ct
mi/~TI~ Rada ~<t~; l'Hébrea m ~t/c, régner, commander.
M. IHR* croir cependant que c'eft par hazard que !e Suédois 2!<t<At re(-
femble au RADA des Hébreux, des Chaldéens, &c.
Mais ~efa-ce par hazard que tant de Peuples d'Aue & d'Europe onc le même
mot, tandis qu'on voir qu'ils en ont un fi grand nombre de communs &
qu'on fait que tout e(t venu de l'Ane Loin de nous le hazard qui ne put ja-
mais rien produire bien moins encore des rapports auGt va~es, auui lumi.
neux & fenfibles autH multipliés.
C'e~ de ce même mot joint à celui de MATH, mort, nazat~ en ~f<M~. que
les Grecs formèrent le nom de
RHAM-MAMT~, un des Juges des Envers, dont l'étymologie étoic abfblu-
ment inconnue, mais qui ngni6e maniMement le JUGE DES MoRTS.
Ce n'eft pas le feut rapport que nous trouverons entre les Grecs & les Peu-
ples du Nord en fait de Langues, en fait de Mythologies, & re!acivement
d'autres objets; rapports qui ïuppo~ënt de tres'gfandes communications dés
t'origine, peut-être même une fource commune.
RtK:, puiHant, riche, conndere d'où .R/x~ Royaume, & nos mois Riche,
Rich~e~es. Cette Famille eA également Orientale. ~1~1 /!eXt/~ ngnine en
Hébreu richefîes, biens, poflejfHons, facultés, ~~l ~Xj~, avoir amaffé des
richetles, être riche & puinant.
RtM, nombre; t~. mefure, rime. M.lHR~ ne voit pas comment ce mot pour-
loit venir du Grec .Ry/A/noj. & il a raifon mais ce mot n'en appartient pas.
moins à une racine qui a rbrmc divers mots en Grec, en,Hébreu, &c.
Les Ga!!o<s difenr Rmc, pour nombres RmM, nombrer.
L'Angto-Saxon, RYF~ nombreux R.YM nombre,
En Hébreu, Rie, mu~icudegrand nombre~
En Arabe RisA, muttuude~
M. InRE convient que F fe ct~ange chez les Grecs en Th. J~~fera donc
devenu RtTu chez eux: & de-ta.,
ARHH-Mo-ï, qui ngnifie nombre,7
dont nous avons fait, d'après fesGrecs~
ARtTH-MET~H<,mciureou fciénce des Nombres.
Voilà donc un nouveau rapport entre les Orienraux& les Occidentaux
y
que ne niera pas M. ÏmtE ou il doit renoncer à tous res principes.
RtK; fumce, nom commun à tous les Dia!e<~es Theurons, Ang!o-Saxon!
&c. Notre Savant ne peur ~e re(oudre à admettre que ce mot foit dérive de la
famille 'que ~Onenra! ~ll, RYx, aux Hébreux, aux
même commun
Syriens &c, &c. qui fignifie Efprir.
Maiste~ mots quiugninent E~rn, ngninent egalemcnttounë, vapeur,
cxhalaifbnor la fumée, qu'eft-elle} qu'une vapeur, qu'un foufle. Notre ref:
piradon même en hiver n'en-elle pas comme une fumée~3
W.
WcD, rbfet, arbre &c. En Angl. WooD; en Anglo-Sax. WuDM.
Ce mot, dit notre illuftre Auteur, ctt de la plus haute antiquité, in y~a/
~on~Mj Z?~/<'&j il en dérive fort bien WEM, chaffer.
Mais peut-on méconno~rc dans ces mots l'Oriental t~, yojM, rbret
bois<a

Coyc~fo~.
En voilà fans doute plus qu'il nc faut pour établir les rapports ctroits de la
Langue Suédoife avec la Grecque, l'Hébraïque, & les autres Langues Orien-
tales, pour démontrer que ces rapports ne font point l'e~t du hazard, encore
moins un nmp!e jeu étymologique: que la Langue Svéo-Gothique rentre
ain~ avec ~es nombreux Diaiectcs dans la clafÏe de toutes les autres qui ~bnt
anatyfces dans le Monde Primitif, & ramenées à des principes communs que
ces principes Satisfont à tous les phénomènes~ & qu'eux ïeuJs peuvent y fatis-
faire.
Ces rapports de la Langue Suédoise tiennent en même tems à d'autres non
moins va~es & non moins intérefïans de la Langue de !'Edda avec celles de
l'Orient de la Mythobgie qui y eft contenue avec celle des autres Peuples;
d'une multitude de noms tels que ceux de la Semaine avec les idées Otien-
tales.
Ces divers objets, nous nous proposons de les développer quelque jour;
i!s doivent intere(ïereuentie!!ement MM. les SA v'ANS du Nord: nous avons
donc, nous o(ons le dire, quelque droit à leur bienveillance à cet égard, ce
c'c~ pour mériter leur confiance que nous hommes entres dans ces détails fur
leur Langue. Ils trouveront fans doute qu'une Personne qui en conno~t fi bien
les origines, ne doit pas leur être étrangère nous ferons très-nattes fi en confé-
quence ils veulent bien prendre plus d'intérêt encore à notre Ouvrage, oc
nous mettre à même par leurs propres lumières de le perfectionner de plus en
plus, fur-tout fur les ongines du Nord,relan'vement auxquelles ils onc une
~nu!titude de fecours inconnus dans les Pays plus Méridionaux te Public, qui
feroit in~ruit des obligations que nous leur aurions à cet égard, feroit de moi-
tié ,d.tnsnoa:ereconnoiuance.

ESSAI
ESSAI
SUR LES RAPPORTS DES MOTS,
RENTRE LES LANGUES DU NOUVEAU MONDE,
ET cxt~i~D~ L'~jvcfB~.

1 N T R 0 D U C T t 0 N.
~c~~M <H~M& ~M<t lieu /< découverte de /r~M<.
L A Découverte de l'Amérique, d'un Monde entier dont on n'avoir point
d'idée, fut fans doute un des plus beaux Spectacles qu'on pûc of&ir & la curio-
Cte humaine; Spectacle bien plus touchant s'il ne s'etoit change presque par~
~out en une aMreuCe Tragédie~ où toutes !os paûtons humaines Ce dévelop-
pant avec une explo(!on qui ne coHnoinbit ni bornes ni pudeur, devinrenc
les vengercdes de !a violation de toutes les vertus par l'extermination de ceux
même qui les avoient h odieufement routées aux pieds.
Cette augmentation pour l'Européen d'un fi va~e Domaine dut donn:c
lieu i toutes fortes de problêmes; d'oH venoient tes nombreux Habitans de ces
va~es Contrées! quels étoient leurs Arts leur Religion, leurs Coutumes!l-
jamais ils avoient eu quelque commerce avec l'ancien Monde fi c'étoit
des races d'hommes absolument dierentes de toutes celles qui croient ré-
pandues fur cet Ancien Monde fur-tout quelles étoient- leurs Langues f
turques à ces derniers rems on n'a rien dit de iatistaifanc fur tous ces
objets; en a affirmé, on a nié, presque toujours (ur parole on appercevoic
quelque Nombre lueur, mais elle n'etoir pas a(Ïez forte pour faire distinguer les
objets. Ceux même qui croyoient que les Américains étoient venus de l'An-
cien Monde manquoient des moyens necedaires pour expliquer la route
qu'ils avoient tenue. Ils difoient fort bien comment ceux de l'Amérique Sep-
tentrionale avoient pu venir des va~es Contrées de la Tartane mais ils étoient
&ns réponfe pour expliquer l'origine des Américains Méridionaux, & de ceux
z~r.7. (~
qui font répandus dans les Mes à des di&ances énormes du Continent Améri-
caht.

C</K/ /'OrtgM< des Langues ~M~~Ke inexplicable ~M/~a~~ à préfent.

Lors même qu'ils auroient pu retrouver ces diverfes routes, comment au-
toient-ils fatisfait à la grande queMon de l'origine de leurs Langues? C'étoit
!ci'la grande.pierre de. touche de ces.(yMmcs;c'ctoit le. nceud Gordien qui
fembloit infbtuble. Si les Langues de cette vaRe Contrée n'ont aucun rapport
aux Langues de l'Ancien Monde, comment prétendre que ces Nations avaient
la mcme origine ou comment une Langue commune aura-t elle pu Ce chan-
ger en Langues-Ci. prodigieufemeni différentes qu'elles ne I~inent ioupconnec
aucune communicanon en aucun tems >.

Auui perfonne jufques à préfent n'àvok pu développer d'une maniere Catis-


faifante l'origine de cette moitié du Monde aufu avoir-on gardé un filence
profond fur eellë des Langues qu'on parle dans ceva~e HemMphere ou plutôt
on femble s'être accordé à les envifager comme des idiômes informes, indignes
d'attention, qui ne peuvent avoir aucun rapport avec les Langues anciennes
ou modernes de l'Europe, de l'Ane ou de l'A&ique; qui furent les Enfàns du
hazard ou du ~bl bourbeux & fauvage dans lequel végètent les Peuplades
qui les parlent. Et fi quelque Faifeur de ~y~ême croyoit appercevoir des rap~
ports entre quelqu'une de ces Langues & nos Langues mortes, il étoit regardé
comme un Vifionnaire qui ne mériroit aucune créance.
~r~~ /TO<&y~M/<! ~<t Langues de ~M~
Ceux qui jugepient amu des Langues de rAménque fembloient avoir
tour pour eux. En eSec, de quelque maniere qu'on comparât ces Langues
foit entf'eites, ~bit avec les nôtres, on n'appercevoit nul -rapport nulle re~-
femblance. Dans le Nord de l'Amérique chaque Nation a fa Langue. Les
Illinois, les Hurons, les Iroquois, les Esquimaux les Acadiens, les Virgi-
~iens, les Habirans des Apalaches, les Caraïbes, &< parlent autant de Lan-
gues différentes. Dans l'Empire du Méxique on en compte autant que de
Provinces. Si les Habitans du Pérou en avoient une entendue de tous, c'étoir
l'effet du bon esprit de leurs premiers Inças qui n'avoient voulu, difoit-on
t
qu'une Langue dans leurs Etats cependant chaque Canton avoit la nenne
propre. Le ~hili, le Breni, la Guiane ont chacun la leur il en cxi~e une
multitude dans ce~c v.~c étendue de Terres qu'arro~ le Fleuve des Ama-:
zones; & etitre celles-ci fe di~ingae la Langue des Moxes. Enntts les H<~
bitans des Ittes difper~écs dans i'immennté des eaux de L Mer du Sud, ont
chacun une Langue qui leur paro!t propre Souvent on en p~de pluueurs
dans une même Me; des qu'ette eft un peu étendue. Le nombre des Langues
en ufage dans l'Amérique ne paroït donc céder en rien à celui des Langues
de notre hémisphère.
On n'a d'ai!teur:fu!'ceHes-ci, généralement pariant, que des Vocabu-
laires informes & qui, lors même qu'ils croient auûi complets qu'ils le font
peu, ne nous donneroi.ent.que l'état aftuel de ces Langues & nous laif-
ieroient dans une ignorance entière fur leur état primitif, & fur les change-
mens fuccenirs qu'eUes ont. néce~reme~t éprouvés changemens dont la
connoinance ïeroit cependant Ci utile pour remonter a leur origine.
Quelles conséquences pouvoit'on -tirer de connoinances auSI foibles au-
cune fans doute ni pour ni contre. De l'état actue! des Langues de i'Amé<
rique on ne pou~oit conclure qu'eHesavoient toujours été dans le même qts.
On en pouvoit bien mo!ns tirer quelque iumiere ~ur les routes qu'ayot~c
fuivi les Peuplades qu'on y rencontre.
Ces Langues cependant ont éprouvé & éprouvent des .changemens conM-
nue!s: elles en éprouveront d'auffi grands jusqu'à ce qu'elles s'éteignent en-
tierement avec les Hordes qui les partent, &: dont te nombre diminue, de, ta
manière la plus frappante, &ic par te peu d'espace qui -Jeur re~e depuis l'afti.~e
des Européens qui les re(ferrent, les invefUnenc de toutes parts ~pita.CMfe
des eaux-de-yie qu'on leur fournit en abondance qui abrègent les jours des
Générations aeiueUes,~tédui(ent au plus petit nombre poCibte celles qui
arrivent.
~<t~ j*M ecc~~r ~<MM /n/e~/e'~M Afoq<MN!<~
Nous ne pouvions
ne pas nous occuper de ces Langues. E)!es Cont trop Met
avec t'enfemMe du Monde .Pnmi[ifpour que nous négtigeafitons les r~fuiracs

.<
que pouvoit ~burt~r leur exr.men: nous nous empreflons de les mettre fous
les yeux du Public nous o<ons nous flatter. que cetE~i en (era favora-
btemenc reçu un Tableau de ces Langues, n étrangères en apparence à noire
Monde ne pourra que lui être agréable on fera frappé des nombreux rap-
ports qui régnent entr'ct!es.~usn'appé encore des mânes de mots que
ces Peuples ont~ eri comnhtm~avec ceux -de notre hcfnifphcce ~ur- tout
'Qq-q~j <
avec les, Langues Orientales rapports non-feulement de mots, mab même
)u<ques dans les pronoms, juïques dans des fignes Grammaticaux fujets à
l'arbitraire, & par tefquels ces Langues fe rapprochent plus des Orientales
que nos Langues même d'Europe. Phénomène bien étoenant, & qui atte&e
hautement une origine commune; d'autant plus que ce Phénomène ett de la
plus grande (acilité à vériner que i'Arc trompeur de l'Etymotogue n'y entre
pour rien que ce n'eft pas nous qui montrons ce rapport; qu'il fe démontre
de lui-même.
uniques que nous ayons <M <! cet ~«r~

Nous avons eu même à cet égard des avantages uniques. Nous devons,
travailler fur les Langues de l'Univers & voilà que des Héros Marins
te portent avec des travaux admirables jutques aux extrémités de la Terre,
& ih nous en rapportent des Vocabulaires de Langues par'ees~ dans des
,Terres inconnues jufques alors <c ces Vocabulaires font remplis d'une
tmmennte de mots communs à toutes on diroit que c'e~ pour nous que
ces Grands Hommes ont voyagé Us étoient bien fûrs que leur travail De~
&reit pas inutile que leurs~ diamans ne tarderoicnt pas a être enchâucs.
La Langue Virginienne avoit été négligée par tes Léxicographes.LeSecrétaire
<Tune République iHuftre nous envoye une Bible entière dans cette Langue, te
<e nous met à même d'en développer le génie & d'en reconnoitré les mots
pr!miti&.
Les Savans de t'Amenque Ang!oi<e nous honorent en même rems de lear
cotrefpondance ils nous envoycnt des Mots, des Grammaires, un Monument
unique.
En même tems on ait des Découvertes aux extrémités des deux Mondes
y
qui conAatcnt la manière dont ils ont été unis dont on a pu paner de l'un
à l'autre: a!n6 les re~ukats géographiques viennent confirmer les grands re~
fultats donRés par l'Analyse des Langues ainfi tout s~accorde, Mue Ce con-
<itte & de tous les points de t'Univers, tes preuves les plus intérenanres, tes
plus inattendues, viennent s'unir à notre travaille rendre plus frappant, plus
<omp!e<, plus inOrucHf.
On Sentira Je plus en plus ta beauté de ce pnncipe que TooT e~ UM dtn~
Ï'UMvers;gMade & fublime v~tit~; 6 con~btan~e pour les hommes, dont
tien n'a pu au~andr tes traces ou nous arracher les preuves ni la va~<
étendue des Mers, ni t'enfument des nec!es ni la différence de) mœurs,
des ufages, des couleurs; ni les variétés apparentes des Langues divernnées
J'infini, & qui <emb!oient ~e reruter à toute Anaiyfe. Ainfi, la Nature & !ai(-
fant en quelque façon dérober fon (ecret, en brillera d'un tout autre éclat, en
acquerra une toute autre énergie.
C'ett ce beau Tableau que nous exposons id aux yeux de nos Lecteurs
ils feront étonnés de la multitude des grands rapports qui le composent les
Voyageurs & les Savans en feront plus emprefîes à ranembter les mots de ces
Langues trop peu connues & les grands objets dont on s'occupoit dans le
Monde Primitif, en deviendront plus termes & plus interenan!, étant appuyés
fur les trois Mondes, l'ancien, radud & le nouveau: ce fera le &ifceau que
rien ne peut rompre.
Ï.
Z~cc~ r~~ f~~fM~t~~ ET DES ~A<)B~z~jvro/
La LANGUE desE~Q~tMAux, Peuple le plus Septentrional de l'Amérique
eïtexa<~ement iameme que cette des GROtNi.ANDOts, Peuple le plus Septen-
trional de l'Europe. C'ed une vérité 6 reconnue, que l'Auteur des Recher-
ches Phitefbphiques fur t'Amcrique n'a point fuit de difficulté d'en convenir.
» Les Efquimaux, dir-it ( Torf!. I. i ) ne différent en rien des Groen<
landois. Ils conâituent un même Peupte une même race d'Hommes dont
1'foioME, les meeurs, t'intHnet & la figure font par&itement fëmb!ab!es
Les Esquimaux ïë donnent comme les Groenlandois les noms d'jNN~!T &
de KARAUT le premier de ces mots fignifie Homme,
La Langue Groenlandoife ne commence aucun mot par tes lettres B, C, D~
F, G, L, R & Z, de la plupart dc~uenes même elle eH privée. Ainn, elle a
fait difpatoître ces lettres des mots à la têre desquels elles fe trouvoient, ou
elle les a changées en d'autres. C~ett une observation indt~fpenfable fans la-
quelle on ne fauroit parvenir à trouver les rapports du Groen!andois avec !M
autres Langues.
En voici quelques-uns qui paro~ront fans doute dignes de quelqu'atten-
tien. Les mois qui en font la bafe font tirés, à l'exception du feul que nous
citons fous la lettre R, du Dictionnaire Groenlandois, D<mois-L.tth), de PAVL
EciOB ) imprimé à Coppenhague en 17~0.
A.

ÂBB<t, Pere dans t'ancien Groentandois mot Oriental & Occidental.


A!UM,So!eit:enOr.QTE!UM,)our.
Ai.Kt, autre: comme le Latin ALius, & le Grec Ai.i.<M, autre.
Ai.-i.uK-~o~, i) tcche, il lape du prini. Lac, Lech. Po~ eA une terminai-
fon verbale.
AMA-/c~, mammelle ~ormc par la répétition du prim. MA.
AT<ï-T<M~ Pere. AïT~, Pere, en Grec, en Efclavon, &c. & dans nombre
d'autres Langues d'Amérique.
?.
Esyok, il mange il mâche c'eA le primitif Es, ED manger.
Ptudeurs autres mots font dérivés de primitifs en E mais précèdes ou chan-
gés dans la voyelle 1 on les trouvera fous cette lettre qui fuit.
I.
Ieï.o, maifon. Primitif Cti., demeure~ café: on aura dit 2~/9, Iclo.
Hongrois, ~7~<ï, maifon, cabane.
lM~,eaa,Mer. Oriental, //n, Mer, vafle.
iMER-PcA, boire: Imuk, lair.
INGN- feu, & nombre de dérives. Latin, Ignis. Oriental, J/ï, Soleil,
feu.
INNE, lieu Innello, inreftins. Latin & Grec, 7/
dans.
lNN<Po~,i! chante. Gr.M<t chant.
IPEK, ordure <a!ete.
IpEK-Potc, être fbuiMe, tache, fate.,En Valdois P«c~~ boue, ordure,
IsoR-~o~, il e(t obfcur. Oriental ~r, obscurité. François, fuir.
iNNa~, Homme. Groenland. Zn/!<</<o~, jeune.
iNNayc~ il vit du primitif EN, qui exi~e, un.
IrsoR-Po~, regarder par la porte du primitif Don, TaoR, porte.
De ET, tems
ITM~, ayeut viciUard.
Ir-~a~, il y a ptuueurs années.
ITu-Mak, la paume de la main; de l'Or. "p id la main.
iTivc~ profond. En Danois DtB.
IvEiT, Œur. En Oriental ~3 ~«~, ceur.
K.

KA!.i.< pornon fupérieure Kelluvok, devé. Primitif C< cleve; Hon-


grois Kel.
KiLL«A, Ciel, du même Cel, élevé ou de <Kas/, creux.
KALL-~A tonnerre. ~<t/~r-PoA, tonner. Oriental KoLL.
KALLA-Po~, bouillir, fermenter, cire fervent. Primitif, Kal, choeur,
KALE, parle. Oriental Cal. parler. latin & Grec, C<~o, appeller.
KAB/o fburcthA~oA, monrer de CAP, fommer, (ur, ce qui cou-
vre.
KEp~, couverture habillement du mcme.
KAU jour; RAU-M~T, Lune. En primitif, GE, KE Soleil.
KAT, afïeniblée d'oit KAT-J~c~, fe rendre au même lieu.
KAT-M~, Place Publique; c'ett le prim. H GaD, d'où le Lat. CAT~y<t,
bande troupe.
KAMm~ bottes .K~/nwt~, voyage. Primitif Cam, d'ott chemin.
KA!~< tête; KANGO, monr,J~<!H~-<oA, monter, s'élever; pri.
mhifC<t7!, d'o~ le Lann/can~o monter s'élever.
KAt< neige; KANM<r/)u~ il neige:de CAM, blanc.
Kii.i. ulcere, pus Hongrois, ~e/tj liïand. ~y/<.
Ki chaleur Gr. ~a~, chauffer, brûler.
Kirut, faulx; Kipa.Ko, morceau ;~<C~'oA, il a été coupe. Primitif,
~c~, couper.
KiMw<ï~, chien Gr. &c. ~y~.
Ko~<ï, femme. Gr. & Nord, Gyn, ~n.
KoNCf, Roi dans le Nord, King. Danois,
KAR-7/~A, cerveau primitifKar qui a donné des dcrtvcs au Grec, att
Latin, &c.
KoLic~, lampe. Nor~gien J~o/
Ku!-i.ï~, dos. Gr..Ku/, qui Mt, qui eft derriere.
KUT'IE goutte c'ef~ le mot même Latin, François, &c.
KuT'.&K~, petit. Hongrois, .KK~-t~ & ~t(~.
M.

MAKi-Po~, il levé, il éleve. Pr. Mag, grand.


M~KA~-fo~ il mange. Latin Af.M< François, ~~<r.
MAM-MAT, nourriture. Hongrois, JM~
Primitif Ma, jM~.
MAtT/< Latin M~MJ, mouitle.HongcoM.~f~M.
f N.
NtSE, poiflon. Norvégien, A7/~ dans tes Langues du Midi, P-Ish, F-ïsh,
NuTEt/!«A, neuf. Oriental, Nu, ~0~,
NuM, nuée, commun à une foule de Langues.
NArpuA, fe brûler échauder. En Arabe, NApp~ manger un ragoût
chaud.
NouKy fin, ~n~<. A~M~.Pc~, dans Andersen Hnir, terminer. Or.
A~,nn, repos,
Nuï- nouveau, neu~ Primitif, Nor, No.
NuiA-~c~itett nouveau.
Nu-NA, terre, fol, mot commun aux Groentandois avec les Caraïbes
les Galibischez qui il fignifie Terre & Z.«~. H a beaucoup de rapport a t'O-
riental A~, habitation, demeure d'où Nef, Navire, &c. ~o~ en Grec,
Navis en Latin.
0.
OK-~ parole. Hongrois, Ige, parole mot di~ion.
langue
OKALY.o~, parler: ~&M~,
Hifioire.
OKAi-i~M, Temple, lieu confacré à la parole. Du primitif
Oxior, ht ver i". année, qu'ils comptent par hiver c'e~ le Celte KtR,
froid.
ORM-G'<<, aile 1'. aiHette.
ORN-~o~, il vole, s'envoler. Gr. 0/w.f, cMeaH.
OMA, tui mot commun aux Langues du Nord & d'Orient

P.
PANN<~ fille. Oriental, ~<n~
PAUM~, le plus haut BAM PzN, en Celte, ~leve,
PEK-J~o~ courbé. Nord, Bog arc.
PENM-M~A, lame d'epee, pointe primitif, P~a, po!nte & ~~t
Mie, grand.
PiG- veille Pig-.drpok il veille primitif~, veiller.
Pn~, tà-deflus; P~M~<ï, (ur primitif, P~ pointe, commet,
PM
PEc~ pointe, (ommct;P~j<t, quie~fur;P~<ï/«~, trois le nom-
bre ~uperieur~ pluriel.
P!NNER/o~,beau;P<K<rMM, i!p!aît;P//M!<r/<M<f, ornement: primitif
y<n beau.
P!Li.<!M, petite rautx; P/<
<cie: primitif Fal, faulx, a~ion de couper.
Pissw, agilité; Pifukpok il va. Aigonquin Pitchi-Bac courir.
Piss.A~, ancien, pour ~K< Latin, ~Kj, ancien, formé du primitif
OcD, tems.
Puti.i.oA, fontaine. Anglois, ~<
puits.
PuriK lèpre. Hébreu, ~ey.
PooK, fac, poche c'eA le même mot Poox-SAc, un fac.
Q.

QuAN, racine d'Angélique en Norwégien Q~MM.


R.

RYpAn, perdrix en Mand. Ryper. Danois Rype.


S.

SANE, rein i*. devant, avant en Latin SiMM~ en Ff~nco!s~M moc


egatement Oriental.
StK~; Latin, Socrus,belle-mere.
SEKKO, pique, arme, pieu: c'eft la ZAG«~ des Africains) le SAG/M de<
anciens Celtes.
SoR-0/«~o~, il eft bacbouiHe crâneur. Latin 5or~<:o.
SoRT-i~, racine. Hébreu, ~~jA, ~crjA, racine.
Sm~, pierre à ai~.uijter ici fë rapporte le Latin Sii.<.c, mot également
Oriental.
S<n.A air, Monde, Ciel. Grec Selas', lumière. Orienta! Hell.
S~f~t il eft (ec. Latin Siccus, François Sec.
St&K!n<!r-Po~, ie Soleil brille, luit. Danois Skinner. Anglois ~A<<.

T.
TAR!< ombres, ténèbres; Tarfoak, grandes tcncbrcs.Angtois, Z?<ïrA<
J~.
13~ Tom. 7. R rr
ToKo, mort. Dan. Z~<y mourir.
Le R Danois fe change ici en K, ce qui cA commun en 6M<n!ando!<.

U.
UGB ) Semaine. Anglais y~c~
Uiro~ il leve les yeux. Primitif~?) élévation, ~ur..
UN-NuK (oir, peut-être de la même famille que Nox., nuir.
UpER~~ priniems de la même famille que ~r des Latins, pnntem~.
Une, flots de la Mer. François Houle.
UHf~, jour, année; C~/ef- eroUe. Ces mots paroiftent tenir à l'O-~
lienrat lumiere, ~tendeur.
Un.so~ cu!t,.d'où C~/û-Po~, brûler. Orienta! feu. Latin ~Tro,.
C~M~.
La Langue Groënlandoife d'aiHeurs&icu~aged'AF.HxES, à ta ïnanieredes
Langues Orientales, Hongroife & Américaines-Septenirionaies mais elle
les place, à la manière des Orientales à la fin des mots. Ainfi on dit Nana-
Ga, ma terre Nunet la terre A~~<ï, ~a terre (de lui pour qui on agit ) j-
.MfM<M~ fa terre ( de lui qui agit) .MM<M~o~, une petite terre ~<M<<r-
~oaA, une grande terre..
Les VERBES fe dcngncnt, comme dans les Langues Q~ienta~es, par !a.
iroineme Perfonne du Prêtent qui eft en même temsun Prétérit & elle.
marche, par conséquent, la premiere de même que dans ces Langues
.Er/n~P(~, il ~e lave; .Ef/n~-Poy~, tu te laves; Ermik-Pongd., je me lave..
Ajoutons, que les rapports que nous avons cités ici de la Langue Groën-
landoife avec la Hongroité, font d'autant plus remarquables ) que cette der-
niere Langue eft ta même que celle des Vogules habitans de la Tartarie,
comme M' ScHtRtR t'a fait voir dans fon Ouvrage fur la Population de
rAmcrique, A: la même que celle des Lapons, tes plus près voinns des
Groënlandois, comme t'a reconnu le P. HEiL dans fbn Voyage en Laponie..
IL
LA N GUES DU CANADA.
Defeendent ~< /C/<t7!.
Les Nations Sauvages du CANADA, parlent diverses Langues qui paro!
fent cire des dia)ecies de celle des Ai.GONQUiNS.Void les principales, fe)on le
P. f~MM.
La Langue des HURONS, qu'on peint nob!e & majefiueufe, mais d'un$
prononciation rude & gutturale.
Cette des Ac~tES. EUe e(t plus douce & moins gutturale.
Celle des ONONTAsuEs. Elle approche le plus de celle des Hurons.
Celle desONNoioUT!.E!)e parole s'être formée de l'Agnies. Ce Peuple
~tnecte de ta deticateue dans fa prononciation. Il change R en L, comme les
Chinois, la Langue Zend, &c. & il ne fait pas fentir les finales.
Celle des TsoNMONTOUANS. Ette eO: très -rude les Iroquois s'en moquent
cependant, félon te P~ CARjiEiL elle e~ la .plus énergique & la plus abon.
dante.
Ce!!e. des ÎRoQUois, moins regunere qae ce!)e des Hurons.. v

Voi!à donc nx DicHonnaires qu'il faudroit avoir pour analyser ces Langues,
arriver à une ~ource commune qui pût nous conduire à des objets de com-
paraison affres entre ces Langues & les nôtres. Or, je ne connois à cet égard,
en fait de Livres imprimes~ que le ~<<H'r< la Langue Huronne du P.
~r~ ÏHEODAT imprimé à Paris en 16; & celui de la Langue ~o/ï-
~.M/ne duiBaronde LAHoNTAN, qu'il accompagne de quelques mots
Hurons.
<~e dernier Voyageur dit que toutes les Langues du Canada ne ditRrenc
M pas canr de
l'Atgonquine, que l'Italien de t'Efpagno!, ce qui fait que tous les
«Guerriers & les Anciens de tant de Peuples di~erens, (e piquent de la par-
« !er avec toute forte de delicatene. Elle eft tellement necenaire pour voyager
M en ce
pays-là, qu'en quelque lieu où l'on puiflè aller, on ett afïure de &
faire encendre à toutes fortes de Sauvages, foit à l'Acadie à la Baie d'Hud-
ton dans les Lacs, & même chez les Iroquois M.

Z.~W~ OM /C7M leur manquent.

LA HoKTAN auure que les Hurons & même les Iroquois n'ont point de
lettres labiales, c'eft-à.dite point de B, F, M, P
que pour prononcer
R rij
ils difent e«M n~ pour fils: Co<t/~<ar pour Monfieur & qu'aucune Nadoa
du Canada en-deçà du MiOldtpi n'a la lettre F.
Le P. Lafiteau voulant donner quelque idée de ces Langues Cana-
diennes, aduroit (M~Mr~M~/MMJ~Tom.IV. ï~)« qu'elles n'ont
M proprement que des Verbes que tout fe conjugue & que rien ne Ce dé-
» cline que chez ces Peuples tout e(t Verbe qu'il n'y a point de Sub~an-
Il tif, d'Adjedif & d'Article Le P. Lafiteau croyoit dire quelque chofe j,
& il ne peignoit qu'une chimere.
Si les Onnoiouts changent R en L, les Iroquois au contraire changent L
en R, & P & F en K. Ils difent rM< au lieu de lux Ro~~M~r au tieH. de
Lucifer.
Ils prononcent OM au lieu de B & de M.
Comme les Cettes il font précéder R de C ou de G, & tandis que les
Hurons dirent ~r<j~cM ( Dieu~ ~°.Soteit ), les Iroquois difent ~~r~eM<<.

O~rM~oa~ Grammaticales.
T e(t pour eux une efpece d'Arricle
comme dans la plupart de nos an-
ciennes Langues. Ainh 7'-<ïfy-~<! ngni~e </y a là uneforêt.
Leurs VERBES ~e terminent à l'Infinitif en IN, EiN, rerminaifon commune
aux Verbes Grec&, Theutons~, Celtes, &:c. ce q~ute~ déjà un rapport ungur-
lier.
Leurs ~~<
En voici un a~:re auul frappant. N e(t le Pronom de la première Per*
fonne K celui de la Seconde, Ou celui de la troifieme.
Nt-&ï~<<, j'aime.
Ki-Sahia, tu aimes.
Ou-~<<t, il aime.
Or, dans les Langues Orientales JV dëngne fa premiere Redonne~ K ta
Seconde Hou la troineme.
MiN eA ici, comme en Grec ~a, la marque nnate de la premiere Perfonne
du pluriel. Nifakia-Min,. nous aimons~
Ils ont, comme tes Péruviens, deux premieres Personnes plurielles, celle
que nous venons de voir, & une autre formée de celte là & de la terminaison.
de la Seconde Perfonne plurielle.
j~t/Mï~CM, nous & vous~ aimons.
Les Langues Latine & Grecque emploient également N pour dengner la
premiere Personne, du moins au pluriel & ou Ao« pour la troiueme.
Entrant dans le défait de leurs mots, ptuueurs paroincni avoir un grand.
rapport avec nos anciennes Langues.
Tï~PjPC'jRr~ DE M 0 T
t Tirés du ~f?~7!C~r< <~<P.THEOBAT.
t
HAR WAR GAR eR un mot primitif qui fignifie fur, au-dedus, & qui
deHgnet'ctcvafion nous avons eu ~ans cène occafion de le voir;.il <e prononce
également Hop, WOR, GoR. Ces Peuplcs en ont fait
GAR.AKMM & lKAR<, te So~eiL
Le comparatif Ap, plus, comme en Latin OR.
Hou-EN âgé; Ap-OuANME, plus âgé. Ce HEM âge, eft un mot Ce!~
dont les Latins nrentSEbx~, vieux; SENI-OR, plus âgé.
HARR&GAR, uneForci; en Hébreu 1~) 1-HoR, hcAR: de-tà!emot
7'.«rr-A<! que nous avons cité d y a un. infant.
AouEM eau E-Auov, je nage, je vais à l'eau. C'eft le ptiminf Au, Av,
Aau EAU en toutes Langues.
AIHTAA, ÂYSTAN pere, c'eft t'A~TA, père, d'un grand nombre de Lan-
gues t'A-TTA d'Homère, du Groenland, des Sabins. Voyez ce que nou~ avons
dn dans ce Volume fur Arpius.
AcH~, En&ns:pnmitif~e' Triba, Famille.
AtN voir YE-EiN, & EG<t YïiM, je vois. Peur-on mecenne!tre ici le pri-
mitif <E~, Ain oci! i So!ei! ?
CARH~<t, ViUage: en Prim. X~R, X< K.irth, Vitte: il tient aGm,
CAR, enceinre.
ScpN, TscoM, cabane: mais c*e<t un mot Oriental puf, d'où le Grec SMMt,
tente cabane, qui a rbrme notre mot ScEME.
OuRHM~<ï, jour. En Oriental OR OuR, jour, lumière, Soleil teu
Famille immenfe en toute Langue.
TANon~, donne. Dans nos anciennes Langues~ D~ TA, DoNN~.
GACN~MCM chien. C'ett une Ono<natopee tes Latins en ncent CAM~, chien,
prononciation que nous avons confervee dans faim CAK< la CAN<fM/<,&c.
HOUOYSE aimer, a beaucoup de rapport avec le primitif ~oec, chérir
d'où le Latin Avec.
YouRY il eft cuit; du primitif OR, O~R d'où le Latin URo brûler
chauffer. Nous venons de le voit également chez !es Groenlandois.
a", r~~ < ~OM~M/<!(~ ,m<!pM~f~.

Un jeune Huron de nainance, M. Louis VINCENT, Etudiant au Co!!ege de


Darmouth dans l'Amérique Angtoite, né d'une Tribu Huronne dabtie à
Lorette petit bourg à neuf milles Nord-Oued de Québec, fur la riviere
Saint-Charles, nous a envoyé un Abrège de Grammaire Huronne de fa façon
accompagnée d'un petit Vocabulaire.
Nous y retrouvons quelques uns des mots que nous avions extraits du
P. ÏHEODAT & nous y appercevons que L & T & placent, chez ce Peuple,
à la tête des mots en qualité d'articles. ~inn
TicHeon lignifie Etoiles
&
La-DicHa, la Lune; mots formes de Ti, Di lumière.
KtoR~M fignifie ténèbres, obfcurité. Mais c'eft le Groelandois Kto~ qui
<dcCgne l'hiver, leur -tems de ténèbres & d'obfcurité.
TE OR<4~ lumiere mot formé mani&ftemenr de l'article Oriental
T~, & du mot primitif OR lumiere.
L.A-RAKeM<t, Soleil, formé de t'artide L, & du primitif RAY RAG, So-
Jei! Roi, rayon.
LA-RonH~ te Ciet, ~brme du même article L, & du.primitif R.oM
Ronh élevé deJà'~ncore
RoNHM-R.ON<Mz, Ange; M0f~-<nc~es Trcs-Eteves.
ONDHsA4, la Terre. ONDEsnon colline. C'e~ le BENDES ou Bendis des
Thraees, des Phrygiens, par lequel ils deugnent la Terre. En Siamois B!NDIS,
encore de nos jours. Ces rapports prouvent le chemin immenfe qu'a fait ce
moc, & que Je centre commun du point de départ eft à de grandes di~ances.
Ajoutons elu'il n'eft pas étonnant que ce mot ait perdu fa tettre B chez les
Hurons, puisque cette lettre labiale leur mAnque d'aiueurs elle peut avoir
été ajoutée par les Phrygiens pour adoucir !'a(piration.
HAtSTfn Père c'eft le A!ST<tn du P. ÏHEODAT.
AN-lM-EN, Mère c'eft le primitif ÀM, mere repetC{ ce Peuple n'ayant
point de labiale, changea necedai.rement M en N.
HAT-IsH<!t~<ï, Eo&ns, Race poflérité oserons-nous entrevoir que ce
mot eft compote de HAT, femence, po~erit~, & de IsuA, femme i
A~OM~JOB Jo~R~.
Nous n'avons pas auez d'Etemens pour ana!yfer les noms de leurs jours,
d'autant plus que nous n'avoue que les no<ns de lix: le ~epdeme ou le Di.
manche ayant un nom Européen DiODE, jour de Dieu.
Cependant ceux des Jeudi & Vendredi font très-remarquables.
OKAR//?M Jeudi, tient à OKAR Suprême.
HoNou<MM RuNT~-T!, le Vendredi, en: un nommaniMemenf compose*
RuN dengne le Ciel HoN WoN fignifie beau, brillant:c'eft donc le jour
de la brillahte Etoile du Ciel nous dirions VÉNUS CEï.f/?~.
OuATATOTENTi 0(1 une terminaison qui fignifie ~< Par ces T redoublés
ils ont donc voutu peindre la vénération le reiped; idées qu'emporte le pri-
nnuf Tj..
Tirés du ~~M/~fif de Z~~ojvr~y.
AcoM (uc; de ~v, eau liqueur.
ÂRtM~c, de grand prix important. Prim. Rym élevé, grand.
~<t/ Etoile. En Prim. Hal briller.
HEMt/M, aller par eau. P-imifca, naviger fe lient avec nos primitifs 7~ &
J~c, eau.
Kiss, ge!éë, mot Ce!té. Dans !'Eddà CA~~ ngnine ~<
MAG~, fortement, beaucoup. Prim. & Groenl. Mag, tout ce qui eft grand
étendu..
MAcK<w, noir Ce!re Af~<t, meurtrir François ~Me~ &c.
MAi. mal Af<ï/<M~, mauvais..
Ntp dormir. En A'ng!. ~p..En Celte Lap d'où Sleep dans lé Nord..
OK!M<<,Chet.Pnm. og., grand, fupérieur.
OHA~n, Enclave. Gan e~ uneTerminai(bnA!gonqutne commune'aux
Sub~aniits. Re~eoM~pourteradica!, qui correfpond au Celte y~, GpMaj,
Efclave, DomeRique.
Ou-DEN«/!c, village. Prim.. Den habitation, Ville.
OuAcK-Ay~n, un Fort 0~<M~A, faire un Fort. Kemettfz ou en
& vous avez .B~ des Egyptiens P~ des Celtes ~<t des Péruviens
dcngnant une habitation, un Canton, une Contrée.
OuATs-GAAM~D<tf~-7h'/M,les Anglois; /Mo/-<ï-/Mo~, les hommes d'au-
delà de la grande Mer. Ouats, au-delà en Anglois y«!~A..D~ derrière
en AngL Danois, &c. ~< dos, derrière ici d pour à la Grecque &:
~ur.tout chez un Peuple qui n'a point de b.
Ipi~i, homme; en Péruvien ~M~a en Egyptien DYF ~!e~ ou P~o/n~
(n Ceyland. Pt-y<t<t.
OcKOL<ï, robe; Hebr. Qv~ Glom, manteau. Angt. (Yo~ Franç. C/cfA~,
<mcicn, habillement d'homme, enfuite de femme.
Ou-ToN, Langue. Dans le Nord, Tong Z~ Langue. On voit par
ce moi& par celui de Ou-DENane que les Huronsemptoyent ou comme
article ainn que les Caraïbes, les anciens Egyptiens, les Grecs, &c.
Pfouf/, poil des animaux mot primitif.
PouT<tc/7M faire chaudière mot qui tient au primitif P< ~o~, &c.
thaudiere pot.
ScoMf<, feu; primitif ~~f,
J~/eA, ~eu, prononcé ~c.
SAK«!, aimer Angt. Sake amour, égard, considération.
TALAM«t, (aluer en Orienral 'T«/<ï~ & ~/<!M.
Tir dire prim. Di jour, dire.
VEND«c, lumiere prim. Yen en Pehlvi ~i'/ï~~ lumiere.
YAo, corps, fubOance. 7~o, en Héb. en Chinois, en Egypt. l'~re.

1 1 I.

Langue ~j C'~A~/B~~ C~fBf~


Les Caraïbes éroient tes Habirans des mes qui font entre l'Amérique Sep-
trionale & l'Amérique Méridionale, torique les Européens en firent la décou-
verte. Leur Langue a un grand rapport avec celle des Galibis, Peuples de la
Terre-Ferme du coté de Cayenne, qu'on voit manite~ement qu'ils eurent
une on~ne commune, lors même que ces Peuples n'en conviendrpient pas; car
les Caraïbes di~oienc, feton quetques Auteurs, qu'ils étoient (ortis du Pays des
Gatibis, & qu'ayant fait la Conquête des Mes ils en avoienc extermine les
Habitans mà!es~ & avoientcpoute leurs 6!!es& leurs femmes. C'eft ainn qu'i!t
rendent raifon d'une multitude de mors dont le fexe reminin (e fert feul chez
eux, comme étant les re(tes de leur Langue maternelle, tranfinife avec (oin à
leurs Ëttes par les Defcendans de la Nation exterminée. Mais dans t'Hiftoire
des Antilles, par Rochefort, Tome II, on dit pontivemenrque les Caraïbes
(ont originaires de rAmerique Septentrionale, de la Contrée qu'on appelle
aujourd'hui la Floride, qu'ils demeurèrent !ong-tems dan! le voif~oage des
Apatachites, où quetques-un! de leurs Defcendans s'appet!ent encore Caraïbes;
& qu'ils parurent de chez les Apalachites pour la Conquêce des Mes.
Les Rapports de la Langue des Caraïbes avec cette des Galibis (ont d'autant
plus intérenans, qu'ils ne s'crendent pas à tous les mots qui composent ces
Langues, qu'ils n'en embraient pas même la moitié; enforie qu'ils font une
prçuve
preuve fans réplique des altérations prodigieufes qu'ont éprouve les Lan"
gues de l'Amérique &: qu'à cet égard on doit fe contenter de quelques rap-
ports, étant peut-être impoffible de re~ituer ces Langues dans leur état primi-
tif.Ils font tirés du Vocabulaire Caraïbe de RocnEFoRT, dans foii Hitloire des
Antilles /< 6~ 8 du Di~ionnaire Gatibi, ~-8 imprimé à Paris de-
puis quelques années, & du Di~ionnaire de la Langue Caraïbe du P. RAY-
MOND BRETON un des premiers Millionnaires de la Guadeloupe & de quel-
ques autres Ifles, imprimé à Auxerre en 166~ in- i.

On peut donc rapporter les mots de ces Peuples à quatre Cla(fes différen-
tes t~.mots communs aux Caraïbes~ aux Galibis; 1°. mots particuliers à
chacun 3 mots qu'ils peuvent avoir pris des autres Nations Américaines
mots qu'ils ont empruntée des Européens. La maniere dont ils ont alté-
ré ces derniers, & les diflérences qu'on remarque entre les mots qui leur
font communs, donnent une idée de leur prononciation ainu que des change*;
mens qu'ils peuvent avoir faits à leurs mors primitifs.

Exemple de Mots C~f~ </K~n~ deurope.


J~~OMAoM Arqacbufc. Choukre Sucre.
Canabire, Navire. ~foMCÂ< Beaucoùp.C'e(U'EC.
J
f~Ae~ PoiHon. pagnol Af~eAo
>
Cc~Aw~r~,i Couleuvre. Beaucoup.
C'<tf<ïf~oM
p
Rat. ~<ït/!<t
3
Peigne.
Pipa, Futaille, Tonneau,
$
Bouiroucou, Porc.
Pipe. ~M~ Batiedefuti!.
A«/< Canne à fucce. CA<:w~p~<<, Tambour..

Cependant Choukre étant Indien -AfcMe~ priminf de m~me que Kan


pour canne ces mots pourroicnc bien avoir été connus des Caraïbes io~g-
tems avant que les Européens découvrirent rAmerique au tems de Chrifto*
phle Colomb.

J~. Tcw. 7.
f~ GAL!BI.
Mots communs aux

CARAÏBE.
C~fIBI~ ««?
FRAN~OïS.
C~A~f~Bt.

Ouato. Onactou. Feu.


Veyou. Huyeyou.
Nouna. Nonum. Lune.
Bcbctto &:Pepeite. Bebeité. ~r.
Guld! Ouckelli. Homme.
Ouheli. OueUi. Femme.
Touna. Tona. Eau.
Tobou. Tebou< Pierre.
Ourepa. Oullaba. ~re.
Iromou. Liroinouli. ~/c.
Butana. Ratanna. Mer.
Penna, Pcna. Bena. Por~.
Eitoto. Etoutou. ~n<H,
Iroupa. Iroponti. Bon.

Rapports des Mots C~A~r~ avec ceux de notre ~/n~A~r~.


NA marque ia première Perfonne, de même que diez les Algonquins .unf!
d'.<~yoa~<t, marcher ils font .<?yo~<t~e-y<n, je marche.
LA Lt, Lou, eH: l'article le.
T eft chez eux un autre article que nous avons déjà vu en ufage dans les
Langues du Canada qui répond à l'article 7A< des Anglois, & qui eA venu
de l'Orient.
Ou eft auJfE une initiale comme chez !es Egyptiens & chez les Grecs.
Famille A C.
Du Prim. Ac, pointu aigu, piquant, pointe, ils ont dérivé
Axoucha aiguille, Axourou, fcorpion.
t
HAG«< fourmi. 1 AKo«r</cM
gros chardon.
Du même mot défignant i'ccm de i'osil, l'ceil perdant, ils ont Mit~t
~xou oeil; en Primit. Ax, Ox~ Auc, ce)!.
) Ils en ont fait la famille Ac veUter, d'o~,
Ac-Acotoni, réveil. Ac-Acoutoa, reveiller..Ac-AccfAp~ re(Urrcûion
C'eâ notre racine Occidentale WAG, Wic, veitier vigilance.
Famille A U.
Du Primitif Au Av eau, ils ont dérive
AuT/ poiflon habitant des eaux mot élément Arabe.
Op<, baigner, lav er.
Famille A S H, feu.
Du Prim. Astt, ArA, feu ils ont dérivé
Assimbei, chaud. Ou-EiE bois du BreH! en Orienta! Ers, Lo!5
d'ailleurs ce boiser rouge.
Ou-ÂTOM, feu. A-OT~<, AuTo, hme, cate mot de toutes nos Lan-
gues.
Les cafes ou hutes fonten bois, & le bois Cert au feu de-là tous ces rapports
de mots, non-feulement chez les Caraïbes mais chez les Orientaux en
Europe. Ainfttes mêmes idées, les mêmes combinaisons ont lieu dans tout FU-
nivers & l'intelligence des Américains en fait de Langues, ne cede en rienil
h norre. Moins éloignés de la Nature, leurs Langues mieux connues feront
une anfe au moyen de laquelle nous ia fainrons mieux; nous retrouverons
mieux les traces primitives du langage qui fembtoient perdues pour toujours.
A s'eH: ians cc!!e ajoute à la tête des mots chez eux, comme chez nous.
A-CAYOUM~, un caïman, efpece de crocodile,
Aco~-RABAM~, quatre: Orient. RAny, & en M~ftor. RABAn~.
A-MOGN~A, il eft beau en Lat. AMOENUS. Ces mots viennent de MotM,
Vo~N VEN beau moi Celtique, d'où VnN//j, &c.
Cette famille eft très-remarquable. Les mots fuivans ne le font pas moins.
ABo&-PouT<w, pied en Prim. Pou PoD pied.
A-PoTo, grand, gros, enflé: c'eit le Prim. PoT, grand, dont nous ayons
ranembte la Famille dans ce Volume.
A-B!HER<t, (ang)ier, en Orient. BnER.. d'ou le Lar. A-PER.
A-RïABOM, nuir; en Orient. ARAB t'EREBE des Grecs.
AROU,bord, libère en Lar. ORa: en Grec Ox.0~, bord rrontiere, born":
AOUEMBO, 6n, fini, termine. C'ed te Zend ApEMa, fin, achevé, qui ~e
prononçant AouKMC, ie rrouve le même que le Caroube.
C'eft donc à ce mot qu'il faut rapporter le V.U.iois
ApAMo~, nom du repas qui termine les iunerauies il étoit donc très-bien
dchcme par ce mot, la fin de ~p~.
Sffij
S f[jj
AGANeuke, tems, <ai~bn c'e~ le primit. 0~, GoM, GAN, remt, tbfmé
de OEn, So!ei!, devenu les AeoN~/M chez les Latins, & qui e0: entré d<u<t
k nom de GANy-Mede, chez les Troyens
De la même f~miHe, A-GuBN<:m, !ueur~ lumière
.AR<M/.t, tems chaud & fec où on rôtir.
AR<!<~M<, tueur. Ces mots tiennent au primitif AuR, UR, brùîer.
ARM/7~, parler, haMnguer. ? OnnepeucmeconnoKreicl!epn-
ARiangonc, Langue, idiome, S mitif AR., HAR, parler.
ATAR<ï, potage, pitance, viande cuite. Ce mot tient donc au Grec & an
Latin AïAR<t, porage, bouillie, &c.
AHAN, respiration forcée, & qui a fourni des mots à notre HemifpheK, fuc<
tout aux Celtes.
B.

F~t/a~ BAL, ~<v/or~


De la ram)!!e primitive & n connue BAL, élevé, fort; vigoureux, ofc. têt
Caraïbes ont dérivé
BAL-Oc< la grand-terre.
BAL<<oM, & BAi.<M<t, la grand-eau la mer.
~fo~<-PEEL<, très-grand.
BA i.j!<, vigouréufement, rbriemenc.

Ou An/ guerre en Algonq. A~OuAn. C'*cil le primitif BAL,BEi.i.w/~


2" De cette même famille ils ont fait
BouL~oa<t, grand rofeau, dont ils font des ncches. C'eA le Malais
BouL~H; & à Madagascar Vou~i-oM. De-là
Bo u !.<<!<, écris on fe fert en effet de rofeaux pour écrire c'ett mot-à-mot,
prends !e boulou !e rofeau.
K<t-Bbui.Mc<ïy<)7:, j'écris, je pein?.
A-BoUL<M~, Peintre, Ecrivain.
A-Boui.M/!ï peinture, ccrirure.
A-B&uLt~/<, pinceau, rofeau à peindre.
Voilà donc un nom a<Egne chez ces Peuples à !a pefnMre, ou écriture, &r
ce nom leur e(t commun avec les Orientaux. Ils ont donc connu la peinture
ou écriture par t'Otient mais en quel tems ? 0 Européens qui- avez exiermi-
ne ces Peuples, que de connoiHanfces vous avez en~evehes Ainn notre mo-
nument des rives du yon~on s'accorde- avec cette connoilfance de l'écriture
oui nous ramené aint! que ce monument à-t'Orient.
Famille BOU petit ~MMc.
Le primitif Bou, Bov a toujours d~ngné les idées de petit, jeune, enfant'9
domeRique de-)à chez tes Caraïbes,
BouTO,Po!TO, jeune, périt.
A-Bouyou, eict~ve, dome~ique en Vaîd. Boybe, un petit goujat.
N-ABOUYOU, mon efclave. ABouyoM-<, il feu encore.
A-Bouyou MATOBo«, ouvrage commande.
Famille B A, B 0, M~.
ABoA, venir. 0-Boui, je fuis venu. M-Osoui, tu es venu..
~ETE-Boui, venir, être arrivé.
No-Boui, venu.
B.
BABA Pere t*. Onde paternel mot pnm.
BouL~, Iburdre..ABOUMM/M, Source du pritn. BocL, Bui.i.to, &c. bomt-
lonner.
BiAM<<, deux en Lat. Bis deux.
Bs-BEtTe vent en Zend VAi>, prononce V~tD BuT: naza!c, VEND.
BAMBOM rofeau mot Indien.
BA Th lit en Angl. BED, mots venus de l'Orient.
BAT«ï, melon; en Orientât nt~-y. A-BAT~, melon en Chatd. A-BAT~
)me!ons. Le Caraïbe eft plus nmple que l'Oriental.
BAR<ï, porter, faire c'en: un mot de toute Langue.
BARe-~BanN/n porte-le.
BAcachou, vache; en Gillibt, PAc« en Lat. V Acca, vache.
Famille CAL, «~<<r, parler MMf.

Ini-CALeteli, parler.
Chi-CALeteba-Lone parle-lui.
Ï/:<.CAL<~CM, Livre qui parle d'ou l'on tire fes paro!e~

Famille C A M.

Le mot primitif C'HAM ngnine lumière, chaleur, Soleil &c, dc-


CHEMM/ le BoN-Dnu le bon Efprit. Il. tient au Japonois
CAM:<ï, Dieu: à l'Or. SAM, le CieL
CAM~eM~c, lotir la viande boucanner.
<
KtM<r<'t, brou!t!ard Or.KAM<ïf, obscur, nuit, absence de !um!eM;
Les extrêmes s'expriment toujours par la même racine.
De- là, les ténèbres Cimmériennes, pour dire les ténèbres les plus épaifres
les plus profondes.
~/n/< CAR.
Le mot primitif CAR., CAR, cievé, que nous avons déjà vu chez les Hu"
tons, a donné aux Caraïbes ces mots
1 CHEiR<, Dieu: ce mot correfpond à l'Algonquin IxARE, Soleil.
1-Coufu' le midi le moment ou le Soleil ed !e plus élevé.
A cette Famille CAR tient celle de CAR., rouge, Famille répandue dans
tout l'ancien Monde, & qui doit ce nom à fa quatité d'être la plus élevée,
la dominante, la plus &nnbte entre les couleurs. De-tà en Caraïbe
KAH/c'dro~ Liane dont les feuilles donnent, en teinture un très-beau
cramoin le plus beau rouge.
Nous trouvons donc ici la premiere étymologie qu'on Ce toit avifé de donner
d'un nom de Peuple Américain celui de CAR<:t~j il vient de cette Famille
CAR (oit qu'il ait déngnc la couleur rouge & il croit très-bien nomme
paifqne nous les appellons nous-mêmes les hommes rouges ~bit qu'il ait de-
figné les habitans des Montagnes, puifqu'it: font defcendus des Apalaches.
Pendant que nous tommes en train de conjurer de rêver n on veut
le nom de ces Montagnes Ce préfente lui-même à merveille. On voit fans
peine qu'il tient au radical BAL, VAL PAL éteve escarpé Famille qui
leur a donné nombre de mots comme nous venons de voir.

lieu une autre Famille en KnAR, très-connue, qui fignifie faire une incinon,
labourer, tracer des ntions des caractères elle (e trouve chez les Carabe:
avec cette dernière ngnincation.
CHAR.o~<oM<t,u eft gravé.
7~CHAROM~y Graveur.
T'CHERtt-AcM~~ dtvinon, feparat)pn.
~-CHAR<<;77: ,.je ptante je poime.
~<7/e CAP.
C~r,rëte, (ur, &c. vinfeat
De la famille prhmfive
A-CABt~ iourdt.CABO, VtCHX.
c.
CAN~M, grand vaineau c'eA le pnmtufCAM, qui dc~gne la contenance;
Couu</<t, canot; du primitif CA L, Cou., tfeux de-là encore ces denve$

c'/f«/
KAi.-o~ en Galibi, canot.
CHAn'Me
creufer.
creufcr CHAt.c~7~t~o ~rcM, je l'ai creute: en Or. 'n
Coci, aller vïre CocH!, v!re, promptement. Or. t~in c'Aa~ e'~ courir,
Ce hârer, marcher nuit & jour. En Abenaq. KisoMj, le Soleil.
CmR~n~ t rond. ) CmR<<<-NoMM~, la Lune cA
CHiR!~c~/«, faire virer tourner. { ronde, pour dire pleine.
CHIRIC l'année c'ett un cercle i". la Poulinière cette con~eHation
eft ranernblce en rond.
Tous ces mors tiennent au primitif GvR cercle, dont nous avons rafïcm-
blé une toute de mots en toute Langue dans notre Grammaire univerfelle &
comparative, en particulier.
CHiMMt, CHiQH<f<, couper du prim. Cmc, morceau, dont nous avons
fait CHtQKff~ & DE-CHtC'«~~r.
CnEu brûier L~-CHcu ~~y~-jK~ le Soleil brûle en Grec
brû)er.
E.

EhtE voila. ENourou a:il. Latin EN vo!!a du primitif EN, ŒN cei!


'voir.
E-PERI fruit c'e~ l'Oriental PtM, que nous prononçons Plu, qui fignifie
fruit, & qui a, donné à l'ancien Monde une mafle prodtgicufe de utots.
H.
AN-HIN, moN a!ne plus vieux que moi c'c~ le pnm. Celte H<N, vieux.
HuERA Ne-huera, nudité T-0n<t, la peau.
Ces mots tiennent à l'Or. liy HuR Hou, peau nudité: quiîepronon'
çant également Go&, CoR, a produit le Co~'K~ des Latins nos mots cuir
courroie, &c.
I.
ICHE, vouloir: en Algonq. D~KMA!, avec l'article T. Dans tout le Nord
~tsn, Souhait, de(u-.
ÏMM~r, mere: Oriental ÂMM Etf.
L.
Dtt primitif Lou, Lu lumière, blanc font venus
AL-Loutacaoni, blancheur.
ÂL-LouT~, iteftbtanc.
L-At-LouN~ !e blanc.
M.
MAI.M, MAR<« couteau c'eft le primitif MAL:
MAN~<, mamelle c'eft le primitif MA.
MoNa, la Lune, dans la langue des femmes. C'e<t donc le prim. Mo~, MEM
que nous avons eu tant de fois occafion de voir, & que nous trouvons au-
deta des Mers, chez les Caraïbes ain(! que At<z les Virginiens, comme nous
le verrons tout-à-t'heure.,
MoucH<n<<<~cM~, long du primitif MAc, Moue, Mue, grand; le même
que nous avons vu dans AfoMcAt-<, très-grand.
A-MACHI, Capitaine, doit tenir à la même rami!!e,
N.
N!M<M, aller, partir en Or. yoj A~o; en Matïoreth Nts~n, aller J
partir.
NucE hauten Or. ~03 Nafé eteyer.
]NucH-Uc«, derriere de la tcie ce mot reuembte bien à nuque.
0.
OuA e~ une négation comme Ou en Grec: en termitui(bn, elle.fe change
en Pa. IcE, vouloir; IcE-P<t, ne vouloir pas.
OuiMBo, entrailles, vetttre c'en: le primitif On na(a!e en 0~ ventre.
Ouip/, haut; OutpoKt, montagne, chez. les Galibis en Caraïbe OuEBo:
c'e~ le primicifUr Hour ) haut.
OUIN, AuN~~ AHU!N< TE-OuiM, ~eul, UN, unique t c'e~ le primitif
ENjUM, un. i
Ou, eft une initiale ajoutée à la tête de ptufieurs mots comme article.
Ou-CABo la main de l'Or. Caph', main.
Ou-AR< te fec la terre. Orient. 4R., la terre le fec d'o~ ARide.
Ces mots appartiennent à la famille AR, (ueur, que nous avons déjà vue ci-
denus; en Latin An~/co.
0-CcrM~,
J
0-CuN«, & lE-cotW~, genou c'eA le primitif CsN GzN« en Latin i
<GoN« en Grec.
Du primitif Hoi., creux, trou, tes Caraïbes firent:
OuLLo~ec, fenêtre T.0ui.i.<~c/z, trou, ouverture.
Oun.<y~ il en: perce troue.
r*
PHouB<!< foufHe. En Grec P~R/<<, tourne.
PouL mot primitif q'n n~nine eau, ctang en Oriental Pou)., lac, ma-
tais en Anglois Puul nous l'avons vu dans le Difcours Préliminaire de nos
Origines Latines. Dc-!à,
N<t-Poui.oH-X~<H, je nage eu Atgonq. 'Z~OM, nager.
I-PoLiri riviere fleuve.
PouRONNE fille: en primitif Pou., enfant; d'où Puer en Zend A-Pt'
HtN~cko fille jeune fille.
PoN, rouge en Or. Puw d'oû P<tNt, & le Latin Putf«e«j, PoNCMM.
PtT<!M, jeune enfanr. Primitif PE~A d'où le François PET~.
PuA, ncche. En Celte voler; nèche, &c.
PutT, couper, e~ le primitif PuT; d'où le Latin Pur~ couper qui a
forme le François AM-Pur<r.
Pu!T<ïco<*<t- ~is-mot une incifiou,
NA-PutT<~f/ incidon.
T.
Ti-Tt, grand, ctevc, en tertninai~bn.
ToBo«, lieu, en terminaitof).
Tou.B.AN«, maison ils difent au(R BAMN«. En Or. J?~«.
ToM, eau, riviere. En Celte DoN, Tos, eau profonde.
Ajoutons que l'orthographe du même mot change beaucoup dans routes
Langues, fuivant les personnes qui nous les tranGnetteni. Ain~ dans le
ces
mcme Diftionnaire Galibi on voit repr manieres di~reniet d'écrire moe
le
qui correspond à pefant, cpais, manif: ~/7<o~cAt/ M~ct/n~J, ~jH~~1
Mochimbé Mo/?M~e Mc~M: ~MC~~ en forte qu'on !e prendroit pour
~ept mots diHerëns.
On y voit

~.r~
~coro~o, Acolopo, ~o~o Co/o~, pour demain.
T t
1:
~oy~, Co~Mfo, hier.
~<<- Nonna, Nouna, Lune & rerre.
CA~, oM<~t, oM<!ry, fille, femme.
F~M~ ~M, oule-mary, bois qui feK à écrire, &c.
1 V.

Z~jvcy~ jo~y~~c~~c~
Les Abenaquis anciennement Canibas, font une Nation du Canada unie
Souriquois Micmas habitans de l'Acadie, & aux Etechemens leurs
aux ou
VoiGns. Ces trois Nations parlent à peu près la même Langue, & on Fap-
pelle Langue Abenaquife. Je ne connois aucun Ouvrage aucun Vocabulaire
imprimé fur cette Langue; mais quelques mots que j'en polféde font voir
qu'elle a un très-grand rapport avec la Langue des Sauvages de la Virginie &
avec nos anciennes Langues. On anure d'ailleurs qu'elle n'eH: qu'un dialecte
de la Langue Algonquine& de l'Outaouaife & qu'ell'e e~ riche & énergique.
~< marque ta premiere personne Ka la Seconde Ou la troifieme de
même que chez les Algonquins & ceux de Virginie :A~-o~, nous ÀNMïNt~.
nous en rerminaifon verbale.
Jvj:j nguine deux de même qu'en Virginien oc en Thibctan~
w
y<;oM, quatre & en Virg. n'o~
A~e vingt en Virg. Aï//HA~,
Nanninfke cinquante en Virg..A~/M/M~A-t~c~.
R.AOUE, ~r<oM<j<ï~, cceur: c'ett l'Or. Af~, ~Ao< aHedion de coeur,
amitié, co:ur.
On voit Mt la terminaifon C<ïa commune à. ces divers Peuples du Nord
de l'Amérique.
2~, dans les compotes, A-OtfASOM,bois à bru!:r;c'eftl'0r. YTZ, ~f~
~< bois; & le Caraïbe Ou-ET<, nom du bois de BrcM il e(t rouge.
De, comme l'Hébreu mi min.
TEB<!t, mefurer ;<n~n TEVE en Hépr. mefurer, borner, limiter.
KizcMj, Soleil~ tems: en Hébr. ~yin <'X~, ~yj, courir, te haier..
ABAN~</nM<<, pain Orient. < aban, nruit, nourriture.
Obfervons que les Aben-aquis font les mêmes Peuples que les Anglois ap-
pellent OwENAGMy~tt: c'eO le même mot exactement avec une pronon-
ciation & une terminaifon dinrrentes.
Les Algonquins portent egalemenc un ncm. diffèrent che~ Icf Angtois i!<
les appellent ÂDJRONDAK:.
Demandera-t-on enfuire pourquoi on a tant de peine à reconno~re chez
les Anciens les mêmes Peuples, tes mêmes perfonnages à travers les
nom?
dMercns que chaque Hi~orien leur donne
V.
JL~JVC~ ~<~c/yr~
Cette Langue eft à peu-près inconnue il n'en exifte qu'une Grammaire
imprimée à Londres en 1666,u rare que je n'ai encore pu la découvrir nulle.
part on n'a pu me la procurer ni à Patis, ni à Londres, ni en Amérique
on m'a écrit du nouveau Monde qu'il en exiftoit un ou deux exemplaires dans
une Me; qu'on y avoir écrit pour m'en procurer un & que les malheurs de
la guerre avoient empêché tout~ réponfe. Qu'e~-ce donc que cette guerre qui
m'empêche d'avoir un Semblable Livre Que font donc mes Recherches
qui exigent des correfpondances dans tout l'Univers, qui me rendent tout
néeeuaire à moi qui n'ai pas même deux pouces de terrein qui ai été
obligé de lutter contre tous les obftactcs pour m'enfoncer dans ces Recher-
ches qui efpérois que la gloire, t'amour de la lumiere, le zèle pour les Scien-
ces engageroient les Puiuans de la terre à venir au fecours d'une personne quii
en arrangeant les matériaux desOrigines du Monde, en facilitoit fi prodigieufe-
ment la connoi(!ance~
Heureufement-une perfonne dont le nom feul e~ un étoge, M. ISELIN Se.
crétaire de la République de BAn eut la généronré de fe défaire en notre
faveur d'une Bible en Langue Virginienne, traduire de t'Angtois au necie
dernier ce prêtent ne pouvoit être plus précieux il nous a valu ces Diction-
naires, ces Grammaires que nous n'avions pu nous procurer malgré nos foins.
D'après cette Bible, nous n'avons pas eu de peine à ébaucher une Gram-
maire de eerte Langue, un Tableau de Ces terminaisons & de fes initiales un
commencement de Dictionnaire.
Nous y avons reconnu nombre de grandes Familles communes aux habitans
dej'ancien & du nouveau Monde: des mots communs aux Peuples du Canada,
qui prouvent qu'une feule Langue fut pattée dans tout le Nord de t'Amé-
tique.
Ici, comme chez les autres Peuples de l'Amérique donc nous avons déjà
parlé, & comme dans l'Orient, les prénxes ou les pronom: qu'on met à la
tête des mots font les mêmes.
NE marque la premieM personne, How la troi~eme,
KE la fccpndc, How«/ qui.
Tu;;
On trouve chez eux ega!cment les terminairons Orientales des
nom,
Pluriets; IM pour les noms matculins: QiA pour les noms féminins.
Ils ont une autre terminaifon plurielle très-remarquable, celle de oH~a~jA,
& ouongash elle répond àl~~j, al'o/j des participes pluriels Latins &:
Grecs, prononcés anghes, jMj~.
Ils ont la terminaifbn Grecque KONT pour marquer la multitude mais
dans les dixaines, ils ne la nafaicnt pas; c'efi le primitif pur KAT, Kur, multi-
tude, dont les Latins firent CAT-~M, troupe armée.
.R~ppo~T~ ~or~.
Les Rapports des mots entre cette Langue les autres, font très-remarquk
blés.
G~ ou GHB,!a Terre.
On ~airque la Terré s'àppe!!oir CAe en Grec & que ce Peupfe !ngen!eux
en fitla Fille célébre d'Elion, la Femme d'Uranus ou du Ciel, & la Mere non
~cius célébre de Saturne ou de Cronus. Ce mot exifte chez les Peuples du
Canada, .unn que chez les anciens Perfes mais ici précédé de l'article 0,
ou A.
En Atgonquin AAKB, en Virginien O~K<; en ancien Perfan ou Pelh~iAK~
chez tous, la Terre le Monde. Ils en ont dérivé OAK«~ Terre Pays
OAK<-Acy: des champs; 7~-OAKft-eo~<M~A, Jardin~OAfM-~on~,du pays~
de loin MuM-CAx~, le Monde.
On a déjà du remarquer dans cette Dinertation divers autres rapports des
Langues du Canada avec celles de la. Per~ Ces Rapports particuliers (ont très-
frappans ils mériteroient d'être iuivis avec foin non qn'H en faille conclure
que les Canadiens font Perfans; ce feroit le caue-cou ordinaire des Etymo-
logucs mais ils fuppoferoient un foyer commun à rechercher & à approfondir~
A T Ta Père.
Nous avons déjà eu occanon de voir que chez tous les anciens Peuples
'ATTa Cignifioit Père dans ce Volume acquêt nous t'avons trouve chez les
Sabins nous venons de le voir chez les Peuples du Canada; il elt également
chez les Virginiens mais adouci..
Les Peuples du Tangut le prononcent AïsA~.
Les Czeremiues,vrais Tartares, Arsa.
Les Enclavons, OTSE.
Chez tous, le T changé en unante 7<A. Les Virginiens ont fuiyi ce Dialecce~
'de mcme que les Atgonquins.
OusA, chez ces deux Peuples, lignifie Pere.
K'OusA, mon Père. K*ousA, ton Pere. H-ousA, ~on Père.
VON,BON,BUN,J~ÏM.
Du Primitir'BtTN ,Von intelligence prudence, fagene, les Virginiens ont
fait WANi<!M, fage WANT<!M~o/ (ageue.

V E N~beau.

Le Primitif 0 EN, V E N, lignifie OEil Soleif; i ecbc )0. beauté,


perfecHon nous avons déjà vu qu'il a donné des mots à diverses Nations
Américaines nous le retrouvons en Virginie.
WuN M, voir; VuNM~aynMn, il vit; VuNN~o~bonyp.u'faït VuNN<-
7'cwc/ bonté intégrité WuNNanum, bénis.
Les Penfytvantens le prononcent WiNN~, bon.

KE ?y Ni r. Eau.
N E p notre hemifphere lignifie étendue d*eatt; de-!à notre expreC-
dan~s
non, une belle NAppc d'eau. Les Grecs ne négligèrent pas cette Famille ils
en firent Nir~ y ]e laverai Nir~ & Ntno, je lave Nip~M, neige. De-là
les Monts NirA<j les Monts blancs ou neigeux; le NApA~, bitume liqut-
de ~Ep-TUNE ou la grande Eau, &c. &c.
En Virginien, NiPp<-KoNTW eau ici KoNT~repond au KoMT« des Grecs
pour marquer multitude.
Dans le Dialecte de Noridgeva!k,Tribu Indienne qui habite les bords de
la Rivière de Kennebec ce mot fe prononce nmplëmenc Nippy.
N A M, prendre..

N AM ett une FamiHe antique très étendue dont nous avons eu


occanon de parler plus d'une fois qui fignifie prendre & qui a produit des
mots Orientaux Theuions, &c. même E(pagno!s, comme nous avons yu
dans!'E(!ai fur les Tarots.Il a formé
Le Virg. NEOMMn<!M, il prit.
K A L
parler.

KA eft un mot primitif qui ngnine voix, parole


t parter en Hebr,
QuL~voix en Tangur & en Mongate K a ï., parler. C'c~ le ÇAM des La~j
J #
tins & des Grecs, d'où font venus chez nous une ~bu!e de mots, te!qpe
C~M~r.
En Virg. KEKoj, parle? Ici L changé en N, comme cetaarrivecontiaueUe-
ment même à Paris où on prononce fans ceue Nantille pour Lentille.
MAT, mauvais, runede.
MAT MAïcA, npnine en toute Langue, mauvais, runeue, ruine, mat,
mon. En Hébr. fllQ ~«~, mort, ruine, deftrucHon.
Virg.MATc~~e, prononcé Af~ttcA~, en A!gonq.MATcA<; en Abenaquis,
MATs~/t~, mauvais. De-ta, ces dérives Matchce-TowcA~, !e méchant
Md[chcs-eaen~M/, les pécheurs :ï~um-matche$-eongan~/t, mes pechps.
MATT<ï, privatioa.

Autres Mots Orientaux.


Squ!TT<r,ngni6e feu chez les Indiens Noridgewa!k.C'etH'A)gonquin
SCOUTe reu, formé du primitif ~*H, jF/cA feu.
.Ou-TcHtrr-~ooeo/ Tribu Héb. tJ3~ Sma~, Tribu, fceptre.
GAMiT cit un terminatif de Co!!ection.
'Nou-SiTM/7!o/<mes~ugemens.Or!enr,*~0 JM<~ ,Sy~~ con~e~,
i
avis, Seigneurie joint àA~M, mes.
N&'<KAuK-Ouwaong~A mes commandemens mot compose également
de la terniiiiaifon OMM~<<o/<uA du prcnxe Nou, écrit Nu, oedeKuAK, mot
Orienta.! pIF!, ~y, ~4~ qui ngnine fiatut, décret, commandement &
dérive de pH, ~~C! peindre, graver tracer, décerner, où t'on ne peut me*
conno~tre~a racine pfimiriveAc.
Nou ou Nu eu. ici <uivi d'un K, ce n'eft qu'un redoublement de la eonfon-
ne K qui commence le radical Kuhx.
KA~ e& la conjonction et. On ne peut y méconno~re !a même racine qui
forme le ~«<, &, des Grecs, & le que des Latins.
MANiTTOH, la Divinité le Dieu bon. C'eâ un nom très-connu par toutes
les Relations de rAmerique. Ç'e(t le même nom que MAN donne au Soleil
& à la Lune.
AvNKM~, habitation mot primitif en Cnenrat M~ JVca Oyn, habi-
ter, d'où le Flamand WoN~/ï, habiter de-là peut-être WuMN<tamM~,il vit;
~ivre en un lieu, l'habiter font termes fynonymes.
P.UN, mot primitif qui fignifie peine, punira ~c.Les Virginiens en ont
fait 0<~<MMA-ruNNA.O/MPM.fes troubtes, Ces peines, fes inquietudet.
-Aie, motprimitif, en Orient. nu, ~cA, trere; les Virginiens le ratfanc
procéder de t'article P, en ont fait,
P<y-AoG, freres.
WB-QuAt, lumiere; c'e~ l'article ou & le primitif Ghé, fj, lumière.
W<t~n<M~«MjA, luminaires. W<-QuoA-~M/n~og pour cciatcer. Ce
mot doit être entré dans la formation de celui-ci, Kas-uK, Ciel i bmiere,
jour °. face 'vifage le nege de la lumiere de l'homme<
NASHAu~~A eiprit, ame du prhn. 3~3 Nashav foune, ~ou~er, re~
pirer & Q~j ~</X~m ame~efprk, refpiration c'ett une vraie Onoma-
top~
C<tAû eft un primitif qui ugnine tailler coupef. rogner les Orientaux
en firent inD<< & les Latins Cje~o, couper, trancher, tailler. De..
la le Virg. CHAD-CHAr, divifion partage d'où

CHAD-Chape-naoou<qM'it divife Chadcha-penumo-admog, ifs partagent
Wmchadchabe-ponumun-n<y, il partagea il divifa il mit en partage de
Pono meure.
SBfA~ doit fignifier clevation c'en: !'OrientaL~a~,JA<< élever, hauuer:
de-ta,
SEpAKe~M .Mee~ le Firmament, ht Voûte cctefte ( ce qu'on prononce
& écrit ici Afo«n~ ,eu: écrit dans d'autres mots par ~b/!A ).
MAss, eA un mot primitif qui ngniSe grand; il eft devenu M:ss & en
Virginien Miss dé-là
Mtsst-YeMjA les grands MtS!Ugk<n grand.
Mis~a/Muchnm~, croiflest.
AIHE fignifie chez les Virginiens, e& être.
~«~-AiH<, e(t PiSH-NuT~-ath, je itérai y
Pisli e(t chez ce Peuple la marque du tutur.
DïAM ptoduire, donner !e Ta, T'<M P<M, ptimiu~, donnef produire.
JVOM~ 2?~ ~OJMFA~
Deux. Q~tre. Vingt.
En Nondgewalk Nées, proiTonce! I'Jis You, Nees-intcur.
Virginien, NeefutM, prononcé Ni(una~ Yaou Nis-nikha.
Atgonqutn, Nis. Yeou, Niz'intke..
Nis & Ni~h.
~T
~T.
Abcnaquis Yeou.
y
Tanguf.. Nts.
Cor, CoT, comme nous avons déjà observe qui fert Ici pour marquer le.
dixaines, efl le primitif COT qui défigne multitude, & qui fe nafatant fit le
KoNT< des Grecs & le GtNT~ des Latins qui marquent également les dixaines.
Seul, il fit KAT, qui fignifioit cent, ~ue les Gtecs changerent en ExATo/ï,
9
& donc les Latins en le nafalant firent CBOTam, cent, qui ett u digèrent du
CuT des Indiens quoiqu'ils ayent tous puiîe dans une même fource.
N~-QouTT~ ed fix en Virg. NExouT~M en Algonquin.
V 1 V 1 I.
f~jvp~ C~jp~r~ .A~t~o~r~.r~.f.
M. CARv~R, Capitaine Anglois qui fit dans les années ty~t, !7<ï7 &
17 6 8 un voyage dans l'intérieur de l'Amérique Septentrionale en a don-
né une Relation tres-iniereuante à en juger par les Extraits que m'en a rbur-
nis M. RAMOND ver~ dans les Langues du Nord, qui les étudie d'âpres les
vrais principes.
M. Carver di~ribue toutes les Langues de l'Amérique Septentrionale en
quatre claues, fuivant les quatre Points Cardinaux. Dans la première font les
Nations hoquettes qui habitent l'Orient la (econde renferme les Dia!ecte<:
des Cn~EWAts ou Algonquins dont le Séjour eft la partie Septentrionale en
tirant vers l'Oued. La Langue des NAucewEssiEs qui habitent l'Oued for-
me la troifiéme claffe. La quatrième eft compofée des Langues que par-
lent les CHEMKis, les C~iKASAWS &c. habitans des Régions plus méridio-
nales. On trouve, ajoute-t-il, l'une ou l'autre de ces quatre Langues constam-
ment en ufage dans toutes les parties de cette immenfe étendue comprife en'
tre les Eskimaux, la Floride, l'Océan, & fans doute la grande mer Pacifique,
ou le Nord de la mer du Sud.
La Langue des Chipéways comme on le ~avoit d~a paroît la plus éten-
due c'e~ la feule que parlent dans leurs Confeils les Chefs des Tribus qui
hab~eni les environs des grands lacs jusqu'aux rives du MimHIpi, de l'Ohio~
& de la baie de Hud~bn elle eO auHl la Langue du Commerce.
Ettec~ devenue naturelle auxOTTo~AWs~auxSAUK!M,auxOTTAGAUMiM,
peuples dont les terres font comptites entre le lac M<a l'<?H</co«/ïyï, le
.M, &: la riviere Chipéway. En~n auxKti.i.isToNOES, aux NtrEeoNS&aux
Pandes du Z.M de la Pluie.
Si la Langue des Chipéwais eft la plus riche celle des Naudoweffies e(t
Lt plus douce j5< (a prononciation n'a rien de guttural. Prefqu'autB répandue
que
que l'autre dte prévaut t'Ouc~ du MimfUpi & même, (uivant ~e rapporc
des NaudoweHtes qui campent à la fourche de la Rivière Saint-Pierre, elle
domine chez tous les Peuples qui s'étendent depuis le Nord du Midoufi ju~
qu'a la mer Pacinque.
Un Vocabulaire de cette Langue devenoir ainn un complément urccieux u
de tout ce qu'on a fur les Langues du Nord M. Carver l'a publié dans (on
Voyage, en t'accompagnant d'un Vocabulaire des Chipewais & M. Ramond
nous a donné une Copie comparée de l'un & de l'autre.
I! y a joint quelques remarques de fa façon, qui nous ont paru trop inté.
re(ïantes pour les omettre d'autant plus qu'on aura occifion de voir par-là
que !es Principes du Monde Primitif tbnc déjà employés dans l'étude des Lan-
gues ) & quelles lumieres ils répandent fur leur anatyte.
Les Naudowefues ont le mot WAHKON dont il s'agit de déterminer le fens
propre. H entre dans un grand nombre de mots
Wahkon-She/< l'OuK. 1 Shanua/~w-Wahkon, !e Calumet..
Muzah-Wahkon, le Ri~ Me~Wakon~ liqueurs forcer
Mais MM< ngmtie eau, liqueur; c'eft le primitif~ Af< ~j.
Wahkon ngninc donc ,/o~M~txA C'eft donc le primitif ÂK, OuAK
MAC grand, fort puinant.
Le mot qui défigne le Calumet, lignifieradonc/c/c,<M~.
Le mot qui défigne le ~'&) fignidera /c/c/'j~r~ 6' r<~cM<
Le mot qui dc~gne FOurs étant compote de leur mot Shejah, méchant,
gni6era la mauvaife ~c~ &' /'K~n~.
Enfin dans !e motTo~Co-on, qu'on applique M Malcre de rUtUvers~
il <tgni6era le For~e~.
Ici T'ong~e'j:n: formé du prim. To~f, DoN, e!eve.
Dans les mots C<yc~M/z, habit ;~<w-.Z?ûn~M ,a!guitte;& Af~M~-S~dM-'
gon, une lettre, M. Ramond reconnoit les altérations du mot François Ca-

~c.
pote, ou du mot Anglois Coat,habit de Mngtois ~o~~ épingle, &: du mot,
Européen,~g~.
Il trouve d'ailleurs des rapports tîcs-(cnnb!es entre ces Langues & celle
que nous appelions GALUQUE; parlée dans FEcoue, dans les Ifles ORCADES,
& Dialecte des Langues Erfe & Bas-Breton,
I,lN,ÏNMis exiH.e dans les Dialet1:es Ga!!iques,Erfes~ Armorique!bit(eu!~

M'Miss- Prefqu'IHe..
~bit encompoution. pour ngniner une Me, ou les objets relatifs à l'eau. Les
Chipeways l'ont ~ait précéder umplement de la lettre M; MiNM<j, Ide:

Tvm, 7. V vv
MïN~w~ boire Kitchi.gaw-MiMK, grande eau !ac; & chez les Na«-
~owefues MEN~A, eau.
Tv, maifbn dans tous les Diateetes Celtes les Naudow apppellent une
maison Tt-Bt. Or Ky, font pouf eux des terminaifons favorites.
TAD dans ces Diatectes fignifie pere nombre de Peuples en ont fait
.A-rT~ &r ies Naudow difent OïA~ dans ce même fens.
Bou,ngni6epetit)eune les Bas-Bretons enontfaits.B~-6~ enfant mâle,
ou Ghel ngnine gardon chez les Chtpéways Bo-BEtosh-in enfant <nâ!e.
Ici tN c~ une term!natfbn diminunve comme dans Af~~<
MAHON, MAT~cn en Gallique un Ours; en ChipcwaysMAKon&MAK~~A.
~R, homme en Gallique; chez les Chip. Imne, Nauon.
Ci lo, NioN ,Moi, font autant de radicaux Ceices relatifs aux idées de

femme~t/
femme, ni)e~ vierge. De-là en Chip. JeA~, & en Naudow Winna-Kejah,

y<c~<
épouser.
jeune fille. Mais on peut reconnoitre dans ces mots 7-
7-K, le primirif Gu, Gun,femme, egatenaent Celtique.

S~<
O'-SHF~n, en Gallique vieux. Chez les Chipeways

SHia fait pane


vtrux arrive il y a long-tems.
~M/ paffé écouté.
TA iamh en Ecofiois, la terre natale. En Chipeways, ~<n, qui ngnï-
fie terre, eft joint à Endala :F~DAi.<ï pour défigner Patrie, Con-
trée. (Et dans ce mot ~a~T~ on reconnoit également le C~e primitif,
Terre ).
SïNN<, en Naudow neige. C'en: le ~c,
neige des Septentrionaux, le
~c~ Angl. & ~y!~ Auem.
MEOH, moi; MEw<tA mien, des Naudow nous ramene au Me de tous
les peuples.
Ajoutons quelques obfervations.
Un javelot, un dard eft appelle .M<-S~w/ en Chip. c'en: le Z<tg~~ le
S<~ de rous les Peuples.
K-in'!n gelée .K~w<~<ï~ forte gelée, 'en: le Nord 7~~ y glace d'o~
Js-lande, pays de glace.
F<AHTA<tA des Naudow. Feu Soleil, e~ le ~K )~A, ~r, Oriental.
Les Indiens s'appellent chez les Chip~w~ys~ IsHi-NAWBATS & un hom-
me, ~-Isst-n~. Ce font donc deux mots de la même narure, compotes
du primitif 7~A homme & du Chipeways A~< mâte~ au pluriel ~<tMy~<
C'en: de ce mot que les François auront fait AsMNtPOBi.s nom d'une Tnbx
Indienne dans le Canada Occidental.
M<<or ugnine en Chip. un fac: tl'e~ donc formé du nnmiufSAc
devenu y<'e Sc.
NEBBi~ eau; de Fv, eau.
L-OuTM, vent d~ pmnit!fOuT venr.
M-tTTT bois du prhniuf Ir~ Frs bois.
N-Ar<~ mâle du pr! ')' ~r Pcre.
On voit qu'ils aimem n ccmrrcncer les mon par des consonnes plutôt
ique par des voyelles qu'its les ~bnr procéder des lettres liquides 1 n.
Ce qui peut former un cara6tcre particulier de ces Langues de l'Amérique
Septentrionale & propre à les faire reconno~rre.
N'omettons pas que le Vocabulaire Chipewais du Capitaine Carver a de
très-grands rapports avec celui du Baron de LA-HonTA~ contre la véracité:
duquel on avoit élevé de grands doutes le travail intcredanc du Capitaine:
Anglois venge donc le Voyageur François.
VIII.
Z~j~c~f DE /jv~r~r~~rF.
Dans le Journal desScavansin- 1710, pag. ~.9 fuiv. on trouve
quelques mots de la Langue de PENSYLVANiE, voinne de cette de Virginie.
On voit par-ta que ces deux Langues ont un très-grand rapport entr'etles &:
avec les noires.
MATM, dans les deux Langues ngnine~ï/M, non.
WiN~~ bon; & en Virginien, ~'M/<
ANN~ mère. PoM<, pain. En Oriental Pan, P<a, 6'ult.
HATT«, avoir. PAY<ï, venir, primittfBA.
MET~, manger. Celtique Mad, A~mets.
I X.
Z~~Ct~~ Af~jric~jr~jc.
Je ne connois de ceice Langue que quelques mot! que ~AN DE LART
dit avoir tirés d'un Vocabulaire que les Efpagnols avoient publié à la Vtt!e
de Mexique dans cette Langue, & qui font rapportés en partie par RELAND
dans la dineftation donr j'ai déjà parlé, & dans le ~.8e. Volume de. t'Hiuoire.
des Voyages << i. Malgré cette difette de mots on ne laiue pas que d'ap-
percevoir divers rapports de cette Langue avec d'autres,
Vvvij
La première Personne y eA également défignée par Ne, comme dans toutes
celles que nous venons de parcourir) & lui par yeu; la féconde Perfonne
par
~c, K étant devenu ici t par un changement très-commun. Mais ce en quoi
la Langue Mexicaine (e di dingue de toutes les autres, c'eit par la termi.
naifon HuATL qu'ette a ajoutée à chacun de ces mots, difant
NE-~M~moi;TE-~f«<toi;YBU-~<< lui, Quant à la vaieur
il.
de l'addition, c'eA ce que je ne faurois déterminer avec n peu d'cicmens. Ce
doit cire un mot exprefïtf, & qui dcngne quelque idée relative à une exi&
tence élevée c'eft ainn que l'Efpa~not ajoute autres à ces Pronoms p!urie!s,
~J-O/fOJ, &c.
Ils ont le Verbe E pour dengner t'exiftence ce Verbe qui marque la même
idée dans toutes les Langues de Fancieo Monde comme nous l'avons vu it<
difent,
M<< Ni E, que je Cois.Ni E~t je ferai.
1 ~M< Ni E~, que je ferai.
1

M~XtE, fois. Ti E~, que tu feras. M« Ti E~, quetuferas.


Ma Y É, qu'il ~bir. Y E~, qu'iKera. Ma Y E~, qu'il fera.
Ys, Ggnifie lui celui qui eft: c'eft comme en Latin Is, & en Hébreu
ïsA.
Su-E, lignifie homme mot-à-mot, celui qui eft.
Tli 77, abréviation de Tel, e(t une terminaison très-fréquente dans cette
Langue eUe paroît répondre à notre terminaifon w
des Ladns, & M M
Francois.
TAHT/t, pere, Primitif, Tat.
NAMT/<,mere.Primitif,
TEUcH-Po~ En Oriental Tuch, Z?c~ &c. fille.
fille.
TcuT-CAT/t, nom du Temple de ~~Ap~/t; mot-à-mot, dit-on~ mai
fon de Dieu mais Ca~ fignifie
c'eit ain(t un mot primitif.
/<ï
en Mexicain. 7<~ eA donc Dieu; &

CA- Tli, maifon. Primitif, & Or. Ca, C~, maifon.


ViT~-PuT~, Pieu Souverain du Mexique. C'edun mot manire~emeM
compote.-M ngniHe le tems;PuT, Poo, la puiuance~ racine dont nousve-
Hons de donner les diverfes branches & ramifications & que nous avons
déjà rencontrée dans les Langues d'Amérique Ce mot déngne donc le Dieu
des Teins.
LAN, pays, région, lieu. Ea Celtique ~.«/
pays La, lieu qui, ea
~e nafalant, ~ut Z«/ï.
A-T7, eau ~v, eau,
en Primitif.
It.Hui.CA/ le ciel. Ce mot eft donc compose de CA~ ma!&n, & do
Ilhui, qui lignifiera lumiere, aftres. En Primitif bri!)er, ec!ac,
tendeur, Soleil, &c.
TEp«', montagne. Primitif Top, T?/ Commet, élévation, toupet.
ÂMEYA~t, fontaine. Primitif Mey, eaux.
TE-Cot. charbon. Primitif Col, charbon. Te feroit un prefixe, cet article
que nous avons rencontré dans toutes les Langues d'Amérique.
ZAH~-CA//< iac.PdnutifZc, Za mouvement~ agirationdes eaux.
<Z<,j~<f, mer, lac.
Puij~u'avec fi peu d'cicmens~ nous avons reconnu fant de mots primitifs,
que ne pourrions-nous pas etperec avec des Vocabulaires bien faits & étendus
X;
L~ycu~jo~o~.
Dans un Mémoire de M. PELi.ouT!:Rt fur le rapport de: Américains avec
les jettes (Mém. de Berlin, 17~~ ),
on voie que le Doreur HEtNius [rou-
voit une grande co/z/or~~e entre !a Langue Hébraïque & celle des habitans
du Pérou, qu'il croyoir defcendus des Carthaginois. Il e& fâcheux que ce Sa-
vant n'ait point fpécifié la nature de ces rapports: nous en aurions pronté
avec emprenement) & nos Lecteurs y auroient furement gagné. A ce dctaur,
yaici quelques comparaisons qui nous ont rrappcs,

taux..
M. de !a CONDAMINE, dans (on Mémoire fur tes anciens Monumens da
(
Pérou au tems des Incas Mém de Berl. t7~.<? ), rapporte ces fix mots Pé-
ruviens, dans lesquels nous n'avons pu meconno~tre autant de mots Ouen-

ÏNC~, fils du Soleil fN-Ti, Soleil: e'eA J'Orîenta! ÏN, Soîei!, & Tt, élevé.
lNC<ï-PiNM, Palais des Incas et~ Oriental F~A, Palais d'b~ Z<ï-j9~-lNT,

t.
ïePatais du Soleil ou le Labyrinthe.
IcHO, jonc délié, donc les Péruviens, font la brique entapétfinancavec
de la terre grafÏe. En Oriental inb(, jonc.
TicA ,~b~ue faite avec !bu. peinr,broyer.
.TicA Marâtre lubrique.
Boco, une niche i". une tenêtre PrimîtifOG cei!, ouverture.
C'eR une choj~e digne de remarque, que ce Savant Académicien n'ayant
cité que ~x motsPcruvkns, ils ontenf tous des rapports aufÏi n-appan!. En
voici quelques autres non moins fennbtes, & plus nombreux qu'on ne pour*
roi): croire, relativement à une Langue auffi peu connue & dont les Vocabu-
laires font n informes.
A.
A, exclamation.
Ac~ty exctamacion de celui qui Ce brute.
A-CAR.<MM, membrane qui enveloppe les Tiuere!;du primitifCAR cercle.
A-CHU~<t, morceau de chair.
A-CHURaeM/!t, couper un morceau de chair [ Du prinmifQAR. couper,
diftribuer des morceaux de viande~ de CAR, cna~
ou
découper. )
AcHCA en quantité, beaucoup, extrêmement: du primitif,
Ax, Ox, OcHS, grand, nombreux il s'ef): aufït prononcé & écrit
ANCHA, d'ou un grand nombre de dérivés.
ANCHA-7ï, chofe très-bonne.
A~CHÀ-C~MPC, d'un grand prix.
A~cHA-Coc, libéral.
AncHA.J~/Mjg~, exagérer, fe gloriner, (e vanter.
A Cun. manger des herbes, brouter primitif CAL, AcAL, nua-
8~
AL<ï, ma!heu.reux:c'eft l'exd.tmanqn hélas
~/< &C..
en Pemvten ~«~,
An.~ chofe bonne AniMy, pro6c.
Ai.i.Me~H, donner la (ante, guérir, fauver.
Am~KM, recouvrer la (ante guérir.
On ne peut mcconnoltre dans ces~ tnot! te pnmïtifHAi., <a!uC, &nte
bonheur~ qui fait SAL~, FEt.«' ~c. On peut.yotr cette immenfe,F&-
a
mille dans nos Origines Latines.
A-MAR~c, méchant, mauvais,amer: qui vaut: peu: c'eft le primitif
MAi<enLa[inA-MAR~~amer.
A- MACH~c Protecteur c'e~ te priminf.MAG, grand; Famille immenfe
qu'on peur voir (tevetoppee dans nos Origines Francoifes & Latine!.
A-nu, muet. AMuy~, devenir muet:c'eft le primitif Mu ) muet,u-'
!ence:fburcedenosmotSM«~~ /7zy/?<r<,c~c.
LaFamii!e ANC, ferre, crochu, angoiue, o~c. leur a fourni nombre d<
mot!.
~ncÀ, aigle ou l'oifeau au bec crochu.
ÂNCH! être dans l'angoiffe, gémir, fbupirer.
AMCHUYf~, fe faire en dedans, dans l'intérieur.
ANCHNr~, etrefcparé.
AsTi, les Andes, hautes montagnes du Chili; du primitif A~D, c!eve.
Ce nom eft devenu celui d'une des IV parties de l'Empire des Incas
ÂNT~-SUYU.
A-PAcHiT<ï, colline, montagne de pierre de PAC, Pic montagne pic.
A-PACHt/nM/z~, faire apporter.
A-PACH~«/zt,envoyer.
A-PAYcn<!<M,
envoyer, tr~~n~~
~.De~M, porter
por ;ierv)r.
lerV)r. r
apprêter.
A-PAC, celui qui conduit.
An bifcuit; AM/ ~aire du bifcuit du primitif ApH, Op, cuire.
Du primirif AB, pere, élevé, excellent, vinrent,
Aru, Atpo, Aproedc, Chef, Maure, Seigneur. En BreGtien~Aro; en
Galibi, Youpo-Po.
ApPo-Suyoch~, Capitaine mot-a-mot, le Seigneur, Chef d'une Di-
virion.
AppoTHCN/!t-g&<, devenir riche grand Seigneur.
Apposquine, ayeui, bifayeul, preci(ement les Avt des Latins, abiaf,
Avo.
Appo/<:<!cA«e, présomptueux :ApPo/f~ présomption.
Apu-Rucu, grands chiens.
AYCAn<t, balance; AveAN~ pefer avec une balance AYc<~ cho(e
bien pefée. Cette Famille relative aux Arts eft très-remarquable. Elle tient à
une Famille Orientale très-fortement caractérifee AzEN, à la Manorethique
AuzEN, lignifie en Arabe, poids: en Hébreu, ba!ances & oreille. Nous
avons vu dans nos Origines que notre mot ANSE vient de la même racine.
Voi!à donc des rapports d'Arts bien contâtes, enrre le Pérou & l'Orient.
A-TuN, grand, ehofe très-grande :.c'e0: donc le primitif DuN, TuN~
élevé.
ATUt~TM- devenir grand.
Auc<ïnt, combattre en bataille. Aucac, combattant, ennem!:Avc<t-
Co/ cris descombattans. Auc~~c, Tyran: AucÂc, Corsaire, Sotdar, &c.
Du primitif & Hébreu n~)~ t poiote :d'une <pee 1°. combat
tuerie, carnage.
Ajoutons que !e nom de leur dernier Roi, te trop célèbre AiAPAi.iBA, que
fes vainqueurs firent mourir avec une férocité qui a peu .d'exemple a\on un
Hom ~gni~canfen Péruvien dans mes Vocabulaires ce mot lignine Poule.

C.

CACH<< &HÀCH<<. arbre, plante: du primitif ~~1 <?<t~,arbre~


CActM-CAc~ forêt un nom for-
c*eA
mé à la maniere primitive en redou- HACH<ï-~n<ï,homme f&uvage,
blant le mot.
mot-à-moc homme des bois.
CActM-Ptc<~ arbre de montagne, de
pic.
CAY& CHA Y, celui-ci, celle-ci, ce. C'eft le primitif Ze ,y~~ ce.
CAYn, CAY~<, le voici les voici. CnAY-CHAy, ces choses-là.
CAY~M~t, ainfi CAYT~, pour ceci.
CAL~o, Langue: en Oriental CAi.i., ~gnine appdler, parler.
CAM~, ame, e~pric: en Galibi A-CApo, âme de-là encore
CAMAc Souverain, qui commande, qui gouverne: Dieu.
CAMAcA~oe, pourvoyeur, qui commande.
CAMAcA~TM, commander.
Du primitif CAP, chef, tête, fonc venus
CAPAç, Roi, empereur. CAp~«<y, Mon-Seigneur.
CAr~ecA~, faire le Seigneur, le riche.
ÇAp~-MAM~, matrone, grande Dame.
CAp<!<< très-gracieux.
CApas-Raymi, fête des Indiens qui <e célebre en Décembre. C'eA donc la
C~te des Saturnales où l'on faifoit un Roi.
Du.primuif CAR, cher, rare, de grand prix {

JCARK excès,
excede de beaucoup.
ÇAR~M,
qui

~CARM, dédaigneux.
CARM-~M/!«, homme qui vient de loin, étranger.
.CAPA, main étendue CAp~e, palme, empan c'eti l'Oriental CArA, main,
d'o~ le LapR CAP)er<, prendre, dont la famille e~ immenfe.
ÇHAi.1. patUedumaïs tient au primitif CAi-, tuyau, d'où le Latin
CAt<!WH~.
CHtM, froid. CmR~<tnt, avoir froid, ~e re&oidir,
C~lT~,
CHiR~-Iïd, hiver Chiringa PAc.tieuà rafraichir les liqueurs: ce mot
tient au primitif Kar, Keir, froid.
CHouN, Condudeur de l'Univers chez les Péruviens; il abainbit les monta-
gnes, comb)oit les vallées, &c. C'eft le CHOM des Egyptiens, !'Hercu!e Céle~e.
CiRM, veine CiRcafca, faigner Cmpc~ lancette ces mots tiennent
au primitifKer rouge, ~ang.
Coi-Loc, homme qui perfectionne, qui achevé la descendance; en Oriental
COLL achever, nnir, parfiiire.
CuMM & CoMo, courbe, tortu, bonu.
CoMf~<, Comoni-gui, fe courber, baiuer la tête.
CoMoy<MÂt'nt, courber quelque chofe. Ces mois tiennent au primitif CAM~
courbe, dont on peut voir les dérivés dans nos Orig. Lat. & Franc.
CoM~, Con(ei!ter. CoM«n<, conteiuer, avertir: du primitif Co~~ KEM,
Chef, Ma~re, Seigneur.
CoNgouy, les genoux Grec GoNM, Latin, GEMM; François, GENOM~
Cu~AN à cette heure; CoN<M-~MAï, cette année CoNM/M lïA, cette
fois; de l'Orientât GoN révolution, d'ou les Agonales.
CoM, balayeure tient au primitif quia formé le Latin Scop<B, en Langue-
docien E~coube balay ba!ayeures.
CoB.t,or,avec nombre de dérivés. H s'eH: donc formé de t'Orienta!
Hou.) or. Ici l'aspiration s'eft changée en C ,comme cela eft arrivé (am cee en
Orient & dans toute l'Europe nos Origines en fourmillent d'exemples. Nous
en trouverons d'autres en Péruvien même.
CoTo'CoTco, CoTo/ï, à tas, par monceaux. C'eH donc !e primitif Cor,
<mas, que nous avons déjacitc dans l'article des Virginiens &c.
CozN<rumee;Coz~Mnt) fumer. CozKi-P~~nd, tuyau de cheminée;
c'eft l'Orienta! pur ~y, Go~ c~cjA/z, fumer raire de la fumée.
Co~~ recueUtir; CoRt/M~ chofe ra(Iembtée c'e(t le primitif CoR, CAR.
$uemb!er~ mot Hébreu Grec, &:c.
CoR~M~c~oifeau de proie, qui tournoie.
CeR/n< rouler CoR/M/Mc~, aller en routant.
CuRK~ pe!oton;CuRM/ faire un peloton: du primitif GYR~GpR~
rouler cercle.
CoYn. briHant, étince!!ant:CoYHMr & CUYLLor, étoile. Ces mots
tiennent à Cun.i.<t Lune que nous verrons tout-à-1 heure.
CucMa~ rôtir à ]a braife Cu~<~ rôt! c'elt le primitif Coo~ HoMQ i
cuire, tôtir.
~ro~.7, Xxx
CucHt~ cochon font les mêmes mots.
ce
CucH~-VtT~, Sain-doux.
CucH~HdMn, grogner.
CucH<, diligent, empreffé, adi~ CucHtcM~t être diligent. Nous avons
vu p. i au mot Kizo«~ la famille à taqueite ces mois répondent.
CuLi.~ tronc c'e(t le primitif CoL, tige, que nous avons cite il y a ua
moment.
CuMM, Seigneur, amé de t'Orienta! J~A«r, Prince.
CHin.e~<t, danfer avec des bonnettes, du pruttit.Q~ti., SQUtH., bonnette.
CHUR~ ) former Mfe.
CHUR<!<, Dieu le Conducteur de l'Univers: ces mots viennent du pri-
mitif Km faire on peut le voir dans nos Origines Latines & Fran coites.
CHUR~nts; CHURt.C~aeMntj adopter un fils en Grec KoRcj,nis: mot
Orientât auHi. Il tient certainement à la famille précédente.

GuAYNA & HuAYN~~ jeune c'eQ: le Cette YuEN d'ou le Lann JuvE~
GuAYU.< air ici le G ajoûté comme dans Huayna: c'e~ donc le primitif
HAiR AtR~ l'air: ce mot eft ainft employé fur tout le Globe.
Gv AYR.ont, jouer au jeu de la Fortune ce mot a bien l'air d'être une altéra"
non du nom des Taro.
GuARA~ cutone c'eA donc un dérivé du primitif iy Cor, C~Mr nudité.
H.
Nous avons déjà vu que H (e change en G &: en C chez les Péruviens~
ainft que chez tous les Peuples du Monde.
Ac~ HAc, pointu, eft un primitif qui (e retrouve chez ce Peuple.
HACHMM ) croc crochet, hameçon.
Acu<t~ acide d*ouAftï/na-Acu<t) vinaigre; mot-a-mot, mère-acide.
HAr<7!<, taiGr, empoigner. HAp~/c~, ce qu'on a cueilli; HAr~N/ faifir
HATT~jy, poignée, &c. C'eft le primitif HA p<r.
HAN~n Supérieur du primuifAN, 0~, élevé.
HA~<!7ï-PACH<t~ le Ciel mot à-mot, le Monde fupcrieur.
HARtWM, rctir; tient au primitif ÂR chatcur rorir.
HA un te même qu'A-Tu~ grand famille e!t conndcraMe.
HA-T"N~<M< cro!fre.
HATuN Poc~~le mois de Février :c'etoit le dernier de l'année ;e!!e
&vo't fait fon cru, & c'éfoif te mois des Ancêtres.
H.~Li.MH~chanter, chanter victoire il. triompher; c'e~ l'Orienta! b~n
chanter danfer, jouer de la nùte:HAy//</M-M/M~ captif, pnondcr de
guerre /7!o~-<! /o~,homme acquis par la victoire.hotnme dont on ainj'nphé,
HoM~~ tête 1°. Commet de montagne.
HuA-HuA fils ce mot rient au Grec Uios, nts~ & au primitif Hou VoA.
fruit.
Cetre famille eft très-étendue en Péruvien.
Hua-Hua CoTO~ femme féconde, ou revient le primitif Cor.
HuAcA<ï/!<, accoucher, mettre au monde 1°. produire.
HuAcAdc~< Sage-Femme.
H'jAcAay, accouchement.
HuA-CAoc~ adultere, avec une grande famille.'
HuAchi, neche~ tavetot, zagaie: i°.j'ayon du Soleil.
HuAcAt/c~ archer, tireur d'arc.
HuAcA< C~~&M, tirer des ncche~.
Ces mois tiennent à la famille Ac pointe dard.
HuAcf, maison; fa famille eft très-nombreuCe en Péruvien: c'eu: un mot
primitif: d'ou le Grec OtKoj, maifbn d'oil le Vtc&j des L3[ins.
Mais on Ce !afÏe pcut-ecre de tant de rapporcs,comme je me bde moi-même
de les tranicrire.
Cependant en voici encore quelques-uns, & je nnis cet Article.
I, L, M, &c.
Yscay, deux, nous rappelle le N-Is des Peuples de l'Amérique Septen-
trionale & du Thibet pour douze ils ont ajoûce Pachac qui ttgnine grandes
quantité, la dixain? Yxc~-P~cAac douze.
Yt7R<t, blanc, ou IouR<ï;c'e(t !e primitif lin, HuR., blanc.
LuQHtM, déchirer, lacérer c'ed un dérive de la même famille que ce der-
nier.
Li.ocLKïy, déluge ce mot tient au Celte Loc, eau, qu'on peut voir dans
le Difcours Préliminaire de nos Origines Latines, en Irl. Loue.
MAcA., grand,vieux, âge. s pn~;fMAG,grand.
MAc-MA, grande une. )
JMAYo, neuve primitif MA!, Mt, eaux.
MA-MA,Mere: 1°. Be!te-Mere: )°. Tante. Peut-on meconnol:re ici le
primitifcommun à tous tes Peuples
MtCMy, manger, dmer c'eA du primitif MAC mâcher. On trouve ce
mot anocic avec le primitif M AN M, ou MAYA, morr.
Xxx ij
Mic<M-MMM, mourir de faim: à moins qu'on ne dérive ce .~M/« du
négatif Man non qui n'a rien à manger.
Mti-LM, toifbn, laine. C'eH un primitif, d'ou le GrecitIti.oN, & leLatin
VEH~,toifon, laine.
Oyani, entendre, écouter.
Oyac, Auditeur, qui entend. G'ed !e primitif Ou, oreille, Ou<r, enten-
dre. ·
P,Q,T.
PAcAm tamatinée, le matin c'e&!e mot Oriental 133 2~X<~R, le matin.
PA ccha, tbntaine~ Source i". conduite d'eaux. C'eH: le primitif ,1~3
~<, couler le Grec Pagâ, & puis Pêghê, fontaine fbnrce mot qui entre
dans celui d'Arco-Page.
Les Péruviens dirent auOi Pucyo, fontaine.
Pucyu, citerne.
Pu cyo Puc~M, lieu rempli de fources, de fontaines.
PAv eft un Article Péruvien mais il eit cga!ement Oriental, & fur-tout
Egyptien.
Quii.i.<ï, lune i". mois ) ° argent.
Qun.i.<ï-Par<ï, pleine lune Q~t~n~n, à chaque mois.
A-qu!M.< plat d'argent.
Ces mots tiennent aux précédens CoYLM, blanc, & viennent tous du
pnmitifHEi.~ On., (plendeur.
QuiLL~c<ï, charbon, ett l'Oriental 'H Goel, charbon.
De Ti, primit. maifon, font venus,
TY<:n<ï. demeure ~~aHiette: ;nege, chaife.
Ti<!e, habitante TY<ï-Poeoe étranger.
Ti~ demeure. TM-Pfn~coc, nouvelle Manëe.
TicNo, borne, Mmire du primitif TAB“ *!Mr) ? ~g"e, borne !imite d'otl
fOccidentat TAG.
ToME, couteau, ravoir, tient àta~amiHe A-TeME~ToMH, EN'r<Mne~~&c.

U.
UiCH<ïy, e(ca!ader: monter fur une montagne c'ett le primitifUcH, ~'c~.
VtCQUE, pleurs VicQM<y<!M verfer des larmes.
VicQP!, gomme, elle di~iHc des arbres. C'ett l'Oriental n~~ ~K~~ ?
p!eurer.
VicRO, manchot, ettropié c'eft l'Orientât ~p3 ~~o, enropier, b!eC-
(er,déchirer.
Vm< graifïe; ViRofy~t, engraifÏer ViRpacapa, qui a de groues lcvres
c'en: l'Orienta! n3 Biria, gras, graiffe.
UpMfz~ boire; Upt<ïc-C<t/7<t, buveur &: toute fa famille; c'eft le primitif
Pi, boire, en Grec Pino, en Latin Bi.Bi, j'ai bu.
UpM/M, travailler UR~c travailleur.
URo-P~cc~<ï araignée, mot-à'mot, grande travai!!eu(e.
C'eft donc un dérivé du primitif OR, WoR travail, d'o~ notre mot
FoRGE & toute (a Famille qu'on peut voir dans nos Origines Fran~oifes. ~<t-~
72~<ï, araignée, en Oriental ~.RC<M, tieHt à la même Famille, d'où le Grec
f7:Co/~ ouvrage.
En voilà plus qui ne faut pour montrer les rapports nombreux & fenfibles
qui regnent entre le Péruvien ou la Langue générale du Pérou appe)!ee
QUICHUA, & toutes celles de l'ancien Monde en particulier avec'l'Hébreu
& par confëquent avec Langue des Phéniciens qui ét&it la même.
Ces réfu)rats mettront les ~avans beaucoup mieux en état de juger de !a
Langue Péruvienne en eite-même &: de l'origine de ce Peuple, & fur-tout
d'où put venir ce Légiuateur habile qui fonda fur de très belles connoiitancM
le vaite Empire du Pérou..

'T~AMJ~~f~OJV~ P~A~jf~
On voit en particulier par !es exemples que nous avons rapportes, que ce
Peuple employoit un certain nombre de terminaifons entre lefquelles on en
reconno!t une qui leur eft commune avec la plupart, des Langues d'Europe:
c'eft celle d'ÂN pour deftgner t'InnnitiE Ce rapport eft très-remarquable.
Si M. GoDtN qui a demeuré un u grand nombre d'années dans le Pérou,
& qui en fait tt bien !a langue, ainn que fon époufe, connue fur-tout par fon
Voyage in&rtuné & attendrinanc à travers toute l'Amérique Méridionate,
u M. Godin, dis-je, avoit exécuté ~on projet de donner un Dictionnaire com-
p)ei & raifbnné de cette Langue, nous aurions été en état de raffembler des
rapports plus nombreux.
11 faut efpérer qu'il viendra un tems où l'on fera plus heureux & où les Sa-

vans de toutes les Nations fentant vivement l'utilité d'un pareil travail, s'em-
pre!leront à publier des Vocabulaires bien faits de toutes les Langues qui eo
&nc privées..
23 B Q y f p o s.
Les Outres, ce mot fi célèbre & par lequel les Péruviens dcngnent !e<
noeuds qui femblables aux grains des, chapelets, leur Cervoienr d'écrirure, e~
un de ces mots que nous n'ofons analyfer par le défaut d'élémens. H eu: cer-
tainement compose de Qui & de Pos mais que lignifient ces deux mors fé-
parcs ?
I! e~trcs-remarquable qu'une parei!!e écriture s'appelle dans la Chine CouE:
Mais ce mot ngnine en Oriental ~Zt/n~nf.
Po en Oriental ngnine la bouche, & par-là même 1°. la parole.
Qui-Pos devroit donc figni6er élémens du discours, caraderes qui pet-
gnent la parole niais nous n'osons affirmer.
Don ~/MPM< C~~o~yHr la Langue ~M P~0)y.
Le Savant DoNÂ~TOtuE DEULi-oA fit imprimer à Madrid en t77; un
Ouvrage aun! interenant que rare puisqu'il n'en exitte, à ce qu'on dit, que
quelques exemplaires en Europe, où il expose avec une grands fagac'té i'Hit-
toire Naturelle de rAmérique Méridionale, ainu que les mceurs & tes anti-
quirés du Pérou, de même que fes rénexions fur l'origine des Péruviens & fur
cd!e de leur'Langue.
D'après les grands rapports qu'on trouve félon lui, entre le Péruvien &:
l'Hébreu, & d'âpres quelques rapports de mœurs, il ne doute pas que le Pé-
rou n'ait eu pour Ces premiers Habitans quelque peuplade Orientale voinne des
ÏIcbreux il avoir fans doute en vue les Phéniciens mais il n'aura ofé franchir
le mot.
L'espace immenfe qui eft entre les Canaries & l'Amérique Orientale oa
tntre l'Ane & l'Amérique Occidentale, ne l'étonné point les Péruviens na-
gent comme des poiuons.En t7}S ou en 17~9, quelques Indiens qu'oM
occopoit à la pêche aux Ifles de luan Ferna.ndez, ennuyés de ce genre de vie,
abandonnèrent ces Mes furtivement, & avec un nmple canot, fans provi-
fions & fans agrcts, ils s'en ntrenc à travers une vafte étendue de Mer à Valpa-
raifb, ouliiFlotillequilescroyoitenfevelisdansIcsnois, fut fort (urprife de
les retrouver. Ce voyage, Celon Don Ut-LoA, eft plus donnant que celui des
Canaries aux Ifles Américaines.
.Les hardis Navigateurs qui vinrent dans le Pérou n'eurent befbin ni de
ni de bounole les & tes fufnfbient pouf les faire avan-
cartes vents courants
cer & cependant DoN d'Ui.i.oA ef~ un bon Juge en ces matières il a fait Ces
preuves en fait de navigation & il a long-tems habité le Pérou. Nous devons
la connoi~nce de cet Ouvrage qui niériteroit d'être traduit en notre Langue,
a M. Le FEYRBdeViLLEBRUME, connu lui-mêm: avantageusement dans la
République des Lettres.
N'omettons pas, d'après les remarques du Savant Erpagnol, que la Langue
QuicHUA (e parle dans toute l'étendue du Pérou; mais que dans le haut Pé-
rou, la prononciation diffère de celle du bas & qu'elle y eft plus gutturale.
Cette observation s'accorde parfaitement avec les Principes du Monde Primi-
tif, & démontre que les gofiers Américains fubident les mêmes loix que ceux
de l'ancien Monde.
Ce Savant ajoute que cette Langue eft conçue & agréable.

I. X

f~~Ct~ ~r C~ff~f.
Nous n'avons du Cmu, Pays plus enrbncé dans tes terres, que quelques
mots recueillis par REiA~o dans (a Difîertation fur les Langues de l'Amé-
rique. Cependant nous en avons trouvé un grand nombre de communs aux
fi
autres Langues ce oui nous perfuade que nous avions eu un Vocabu-
laire complet, nous aurions pu beaucoup mieux prononcer fur l'origine de
cette Langue & du Peuple qui la parle.
B!D<ï, palais de la bouche en Oriental F~A, palais
BuT~, grand n'eft-ce pas le Bor, POT de tous les Peuples ï
BsMGf;< bâtir en primitif & Oriental BEN ici, il fe mouille en
CHAR~/At, calecoM. Co mot très-remarquable tient au Perfan.
Cu~<!M, Seigneur eft le mot Péruvien.
CuRa/n, œuf, tient au primitif *nn< Cur, blanc.
CuRi ortie, tient au primitif HuR cuire, brûleE.
Cuc~, cochon, eft primitif ot Américain.
Z~~c.Cuc~t, Canglier.
GuET~ feu tient au primitif El, W~o fen.
ItN, manger, eft le primitif nafalé E, lE, manger.
L.
LAME, Phocas, même Famille que LAM~M~ vient de l'Américain LEM
LAM main, formé du primitif ÂM réunion.
JLEvo fleuve tient à Ev eau.
L!Q«<ec lumiere c'ett un dérive de Z~ ~~jc.
LvE bhmc tient au même mot Lux.
LY-CuM/n, blanc de !'ceuf, eA donc un compote Chilien de <«/'<<<n, oeuf,
& de fy, lumière~ blancheur.

M ~'ya~
MAc<M<, manue ferrée du primitif MAC anbmmer, meurtrier.
MA-MA~ mere; mot de toute langue.
MApr~ terrain (oh n'e~-ce pas notre mot Mt/y~ étendue~ champ ?
MEDM, bouillie l'Onental M<~ manger formé de El.
PicH~ petit, molprimitiC
De la racine primitive TAL, élevé, ils ont fait,
Toi., front la portion la plus élevée de l'homme.
UïAL~M, élever, drefler, relever,
UM~H/M j dormir: en Ta'tien EMC~.
WEDDo nombril en Tauien, Pno.
Wn~cetui-ci; c'etHe primitif ~oM,~o~-c.
ZEvo <ein en Javan, Sou-Sou en Taitien, Eou &c. c'e& le Zn SHE
J
primitif, en Orienta!/c/
XII.
LANGUES SUDÉÈNNES ou des 7ME~ r~<M<~M.t dans la ~ME~ SUD.

Jufques dans ces derniers tems, les Mes de la vafte Mer du Sud étoient
inconnues à l'Europe. En vain avoient-elles été découvertes il y a environ
deux fiècles par le cé!ebre Le MAIRE après qu'il eût trouvé le padage du Sud
de l'Amérique qui porte ~bn nom: en vain avoic-i! [racé la route de fon
voyage & donné des noms à ces .Ifles; pardonne depuis lui n'avoir eteauez
heureux pour les retrouver il fembloir qu'elles euOent difparu du milieu des
Mers. Leur découverte étoit donc re~ee (ans.utilité: on ne pouvoir même
tirer aucun parti pour les Langues, de quelques mots que ce cékbre Naviga-
teur avoit rapportés de ce' voyage.
Mais
Mais depuis que nous nous fommes livrés aux recherches immentes du
Monde Primitif, la découverte de ces Ifles a été faite de nouveau, à trois mois
de dtfhmce, pard'iitunres Navigateurs de deux Nations rivales: MM. BANxs,
SoLANDER.&: Capitaine CooK pour les Anglois M. de BouGAiNvu.i.B pour
la France. Les uns & les autres, enir'autres richefles, en ont rapporté de nom-
breux Vocabulaires plus précieux pour nous que l'or, &qui viennent arrondir
& perfectionner nos recherches fur le rapport des Langues confirmer fur-
tout nos grands Principes que tout en: un.
M. BAMKs nous mit lui-même à cet égard a une épreuve unique jufques
alors, & qui a fait trop de bruit pour que nous n'en fafnons pas mention ici
d'autant p!m: que la renommée qui l'a répandue en divers lieux, l'a fbuvent dén*
gurée comme c'eft l'ordinaire en pareil cas.
A peine cet illuflre Anglois étoit-il de retour à Londres avec les richefÏes
nombreufes & variées qu'il avoit apportées de ces Mes, qu'i! entendit parler
de nos recherches fur les Langues la renommée menfongere y avoit ajouré un
tel merveilleux, que ne pouvant y croire il fe décida à nous envoyer une
Soixantaine de mots Tairiens, numérotés & fans explication afin que nous en
devinaflions la valeur fi nous pouvions notre excellent ami M. HuiTON dont
il fe fervit pour nous les faire parvenir nous dit que ft nous pouvions les
dcchinrer, nous ferions pour lui Magnus ~o//o, le devin par excellence.
En témoignant aux célèbres Auteurs de ce déf] notre vive reconnoiflance
de leur attention, nous répondîmes que nous ne nous étions jamais donnés
pour devineurs de Langues mais pour une pecfonne qui fe conrentoit de les
rapprocher: que dans leurcomparaifon, nous étions toujours dirigés par deux
principes, par le ton du mot & par fa valeur qu'ici nous n'avions qu'un de
ces deux objets à comparer & ou'ainft le défi ne nous regardoic point que ce-
pendant pour ne pas laitier fans réponfe l'efpece d'énigme qu'ils nous propo-
foient & pour-leur donner une idée de notre manière d'opérer & de ton utitité,
nous avions eflayé de comparer tels & tels de ces mots inconnus avec 'tels ou
tels mots Orientaux & primitifs entre lefquels nous appercevions de très-
grands rapports enforte que ft ces mots inconnus que nous citions, avoient un
rapport eftccUf de fens avec les mots que nous leur affimilions ils devoienc
offrir en Taïtien telles & telles idées générales fans que néanmoins nous
pufiïons déterminer leur objet particulier: & pour faire mieux faiur cCKe idée,
nous ajoutions, qu'une perfbnhe, par exemple, qui ne (auroit pas l'Anglois &
qui voudroit l'analy(et d'après nos Principes, pourroit fans fe tromper rap-
~~f. ro/?!. I. Y y y
porrcr à une n~me FamiHe & à t'idce gcncr~e de /'o/ de~< une
trentaine de mots Angtois que nous citions en /?t'~ fpeck, &c. quoiqu'elle ne
put déterminer la valeur propre de chacun. Cet c(Ïai parut plaire, & on nous
écrivit que nous avions paffé ce qu'on attendoit de nous.
L'analyse des Langues parlées dans les Mers du Sud & dont M' de Bou-
g~inviUe M~ Banks, So!ander, Cook &: le Maire ont publié divers Voca-
~jtaires, cette analyse, dis-je, prouve que ces Langues tiennent ctroitement à
la Langue Malaye, la plus méridionale de t'AGe & parlée dans les Ifles du Midi
de t'Ane & de l'Afrique ou dans toure la Mer des Indes cntorre que le Midi
entier de notre globe paroît uni par une Langue commune aux peuplades
qu'on y a rencontrées.
Mais comme la Langue Malaye ette-memea a les plus grands rapports avec
les autres Langues de l'AGe fur-tout avec la Langue Arabe qui en a elle-
inême de très grands avec la Celtique, on ne tera pas étonne de voir que les
Langues de la Mer du Sud ouSudcennes,. ont de fi grands rapports avec
toutes nos anciennes Langues.
I.
J~j~ .D'Or~~fr~B ou de T~tTT.
Les Habitans des Mes de Tg:iri en Angtois Otahitée qu'on prononce
Orattt, font riches en voyelles & en diphtongues ils le font moins en con-
sonnes. Leurs voyelles font A, E long, E bref, 1, 0 long, 0 bref, U prononcé
Ou ce qui donne fept voyelles.
Ils ont pour diphtongues At, aou ei & eou.
Leurs consonnes font L,M,N,P,R,T,V,au nombre de Cept aunt, ou
deux linguales, L, R: deux labiales, M P même V une na(a!e N & une
dentale T. Ils font donc ufage de quatre touches de i'in~rument vocal &
même de ces quatre ils n'en tirent en quelque façon que l'intonation forte.
On voit par-là que leur Langue n'.e~ pas anez riche pour qu'ils ayent eu
befoin de faire ufage d'un plus grand nombre d'intonations naturelles. Auui,
lorfqu'ils ont eu occafion de prononcer eux-mêmes des mots Européens com-
pofés d'intonations nouvelles pour eux, ils ont été obligés d'y (ubRituer
des intonations analogues ainn ils changent B en P G C<: C en T à la Pi-
carde à la Grecque, &c. & deux L en R. Il n'cft donc pas étonnant que le
Taitien AToi'Rou celui que M. de Bougainville avoit amené à Paris chan-
geât le nom de ce Capitaine de Vaiueau en celui de Poui~ on y recoo~
no~t toutes les intonations correspondantes afforties à un inurument moins
étendu moins parfait & d'une maniere cxaaement conforme aux loix
générales pofées dans le Monde Primitif
Nous croyons même pouvoir auurer d'âpres la comparaifon des Vocabu-
laires modernes avec celui de Le MAiRF, que les Ifles de Tant font lesmeme:
que celles que ce Voyageur dengna fous lé nom d'Iues de SALOMoM elles font
~buste< mêmes Méridiens, & la Langue eft la même; mais celles de Salomon
étoient marquées trop au Nord. Il ne feroit pas étonnant qu'il (e fût gline
une erreur relativement à leur latitude dans rim~retlion du Journal de Le
Maire. Sinon il faut (uppofer qu'au Nord des Ifles de Tanictoienc alors d'au-
tres Ifles où on partoit la même Langue, & que d'affreux trembtemens de
terre ont anc.tnries. Une erreur de chifFre eu: bien plus aifce à admettre qu'une
caia(tfophe auffi terrible.
On peur donc dire que l'Archipel des mes de Taït! e(t *à
au centre, d'une
chame ou d'un cercle qui (e conrbndant avec le Tropique méridional em*
braffe toutes les Ifles de 1 Ancien & du Nouveau Monde placées fous ce parat-
!c!e qui renferme d'un côre les lues Motucques, celles de.la Sonde & s'é-
tend )u(qu'à l'Ine même de Madagafcar & qui de l'autre cote embrane la
nouvette Zctande, puisque le Taïtien ToBiA s'y fai(oit fort bien entendre, la
nouvelle Guinée t'iHe des Princes, !'Me Am~erdani &c. & celles que le
Maire appelloit lues de Cocos, de Moyfe & de Moo.
Afin qu'on en foir mieux anure, nous allons entrer dans quelque derai! fur
les Rapports des Langues qu'on parle dans ces diverfes l(les~& en particulier fur
la conformité de leurs Noms de NoMan~s.

NoM~
li*

Yyy ij
NOMS 2?~ CINQ
EN XIV LANGUES
f~7~ 7/0 Af~
LA MtR DU SUD,
DB
!7y. J~jr. T~o~~ QUATRE. C/jv~
Ta'menFran~. Ara't. Aroua. Acorou. Aheha. Erima.
Taïtien Ang!. Atahay. Eroua. Torou. Ahaa. Erima.
Le Maire, Taki. Loua. Totou. Fa. Lima.
Me de Pâques, Kattahaï. Roua. Torou. Haa, Faa. Rima.
.desMarqutfcStAttahaï. Aoua. Atorou. Afaa. Aïma.
.d'Am~erdam, Taha' Eoua. Torou. A-&a. Nima.
.du Prince, ~< Dua. Tollu. 0-par. Limah.
Nouv. Guinée~ Tika. Roa. To!a. Farta. Lima.
Javan, Lo-Rou. TuHu. Pappar. Limo.
Malais, S-atou. Dua. Tiga. Ampar. Lima.
MedeMadaga~ Rua. Tet!ou. Ertats. Limi.
.deMa!ico!o, Tfikaï.
.~de Tanna,
t
Ridi.
Nouv. Calcdo. ~g«ïMj.
E-Ry.
Ka-Rou.
Wa-Rou.
A<
Erei..

Watin.
Ebats. Erim.
Kai-phar. Kri-rum.
Wam-baïk. Wan-nim.
Nouv. Zélande, Tahaï. Rua. Torou. Ha. Rama.

Nome des cinq derniers A~/H~J.

VL VIL VIIL IX. X.


Tau!en Franç. Aouno. Ahirou. Awaroo. Ahiwa. Aourou.
Taïtieq Angl. Aono. Ahirou. Awarou. Aïva. Ahourotï.
Le M~ire, Houw. Fitou. Walou. Ywou. Ongefoula.
Me de Pâques, Honou. Hidou. Varou. Htva. Accahorou.
.des Marquifes, Aono. Awhitou. Aw.too. Aiva. Wann-ahou.
~.du Prince, G-unnap. Tudiu~ De!apah. Sahpatt. Sapoulou.
Nouv.Guince, Wamma. Fita. Wala. Siwa. Sanga-foula.
lâvan, Nunnam. Petu. Wolo. ~ong'0. Sapoulou.
Matais Annam. Tudjtt. Delapan. Sambilan. Sapoulou.
Madagascar, Ene,Enny.Tirou. WaUon. Sivi. Poulo.
Majicoto~ 'A~okai. Gouy. Hourey. Goodbats. Sone-arn.
Tanna, Ma-ridi. Ma-Karou. Ma-kahar. Ma-kaiphar. Ma-krirum.
Nouv. Catédo- Wannim- Wannim- Wannim- Wannim. Wannim-
nie. g'ck. noo. gain. baïk. miuk.
Nouy.Zélande, Cno. Etu. Warou. Wa. Angahourou
Tel eft le Tableau des Nombres en ufage dans les mes de Tait! de Pâ-
ques, des Marquises d'Amderdam de Maîicoto de Tanna de la Nou-
velle Calédome & de la Nouvelle Zélande, toures dans la Mer du Sud
en
Amérique dans la nouvelle Guinée entre la mer du Sud & h mer des Indes
chez les Malais, dans l'Ifle de lava & dans celle du Prince & de Madagaf-
car, ces quatre derniers Peuples dans la merdes Indes.
Leur rapport frappant prouve de la maniere la plus fennbte que tous les
Peuples épars dans ces vaf~es mers tiennent tous ces Noms de Nombres d'une
même origine, &: que peut-êcre ifs ne ~brmoienr eux-mêmes dans le principe
qu'une feule & même Nation qui de proche en proche fe fépandic dans.
toures ces Iiles, rainant ainn le tour du Globe.
Du Nombre CM~,

Le Nombre Cinq dr parfaitement fe même dans fes XV Lines que con~


tient ce Tableau. Compote du fon IM~ précédé de la touche linguale, il n'offre
d'autre variété que celles qui réfuttentdecerte touche ette-même, qui fait
entendre R fi on ta frappe fortement, L ft elle eft frappée légetement, & N
fi îe fon eft plus lourd auflf ce mot (e prorronce-t-it en Lim Rim & Nim.
Lim chez nx Peuples, ~ï~/n chez fix audi, Nim chez deux. Un feul a fait
difparoïtre la tinguaîe c'ett celui de t'Me des Marquées qui dit ~)n<t.
Ce mot ugnine en même rems chez tous la MAIN. C'étoit très-bien vu
puifque la main fe divife en cinq.
Ici la tinguaîe L n'eft qu'un article te mot primitif eft HfAM, HEAf, qui n-
gnifie réunion les Orientaux en formerent HEMS pour déngner le même
nombre. Les Grecs & les Theurons le firent précéder de l'article P d'oA
PEM~een Grec atteréen~chczlësTheutons: les Latins changerent IeT.
en Q à leur maniere y d'où Qa~a< ~ce qui a formé notre Cinq. Ainn chet
«

tous les Peuples la même racine primitive H~,réunion a produit le. nombre
cinq HEMs en Oriental, P-EM dans l'Occident, L-E\f au Midi.
Nous inu~ons fur cet Objet, parce que ce rapport foutenu & contant ne
peut être que l'effet d'un accord muvetfet & non celui du HaCu'd ou de l'arbi-
traire.
N'omettons pas qu'à l'Me de Tana, on a fait précéder /!«? & rous les au-
tres nombres, de la (yttabe Kri, & dans la nouvelle Calédonie de la (yttabe Way
~~ï, &c. Sans cette ob&cvation on feroit tenté de croire q,ue ces deux
Mes font bande à party
Du nombre Trois.
Ce nombre ett exprimé par un mot compote de !a Dentale T Suivie de la
Linguale R chez ceux qui prononcent fortement, & L chez ceux qui pro-
noncent légèrement.
Six prononcent ToRoM ou ~oroM ce font les mêmes qui dirent RIM.
Cinq difent ToKW, TouM &c. ce font ceux qui difent LIM. La nouvelle
Calédonie qui aime les fbns fourds, & qui a fait /!<w de lim, obferve ici la
même chofe & dit ~ï-n pour ~7. Le Malais en a fait 7~g'a, non moins
fourd deux ont (upprimé T Malicolo qui dit Erci & Tanna qui dit Ka-
har.
On ne peut mcconno~rre dans ce mot le primitif TAi.~ trois devenu T~/M
en Chatdéen, Shels en Hébreu par le changement G commun de T en S & Z:
& qui changeant L en R, comme dans !'i(!e de Taiti~ eft devenu TEnenGrec,J
en Latin en François &c.
Ainfi 7'ro~ eft exprimé par les mêmes etémens depuis le Nord jusqu'au
Midi, dans roure i'crenduedt! Globe.
Quant à l'Origine de ce nom elle eO: due à la valeur de la dentale T, qui
marque la (uperiorité le Peuple primitif qui vit que t'harmonie n'étoit com-
plette qu'à la tierce qu'une Famille n'éroit complette qu'à trois, &c. ex-
prima ce nombre par le fon T, qui dengne !'exce!)cnce la perfe~ion i! !e
fit Suivre de la )ingua!e al qui matque toujours i'eJevation & qui étoit par
confcquent très-propre à figurer à côte du fon T.
Ces idées ne (ont point bifàrres elles ne font point arbitraires elles font
une fuite néceHaire des Principes du Monde Primitif: elles n'en font qu'un
développement elles prouvent qu'avec eux, on n'e(t étranger nulle part; qu'a-
vec eux, on voit la Nature donner une feule Langue aux hommes, ainn
qu'eite leur a donné le même goder la même ngure les mêmes Loix.
Malheur à celui qui, plein de (ois & vains préjuges aime mieux en être
la victime & te~er dans les ténèbres que de fe pénétrer de principes lumineux

DM Nombre Deux.

Nous ne pouvons réutter aux rapports que fournir le Nom de ce nombre


'dans ces divers pays. Il eh formé chez les Malais & à riHe du Prince du
moi DuA. Peut-on y méconnoitte le DM le Deux des Grecs des Orien-
taux~ de l'Europe entière t
Mais D Ce change (ans ce(Ie en L & en R, même en Europe; ainn d'O-
dyde les Latins nrent Ulyde un de ces Vocabulaires dit donc ici io~« can-
dis que dix prononcent & Roua.
Nous pourrions parcourir de la même maniere tous les autres Nombres fi
nous n'avions peur d'excéder nos Lecteurs.
Obfervans feulement que plufieurs de ces Peuples (e Servant de la Cyllabe
FouL ou PouL pour dcngner le nombre Dix. Ce qui ett très-bien vu, ce mot
primmfngninantmuhitude; n'extne-t-i! pas dans nos mots FoULE,Pi.us,&:c!
Obfervons encore que chez tes trois derniers Peuples on a repris les
noms des cinq premiers Nombres pour dcngner les cinq derniers, en les r~u-
fant précéder d'une même ~yUabe: âin~ fine de Tanna chez qui .K<ï-rc&ngnine
/'o/
deux, en a fait M<ï-A<ï pour défigiler fspr, /no~-<t-c:o/, cinq & deux.
Les Calédoniens qui font précéder les cinq premiers Nombres de la (yttabe
Wan fë contentent de t'accompagner de la tetminai~bn plurielle im pour dcu-
glier les cinq derniers Nombres.
~/H ~<M~ quatre; Wannim-baïk, quatre & cinq, ou neuf.

7~~ ~JE ~~Ft~.


Nous retrouvons les mêmes Noms de nombres dans l'Ifle de Savu voi-
(Ine de celle de Java, & dont le Capitaine Cook a pubiie un Vocabulaire très-
court.
Une, un. Unna <nf.
Lhua deux. Pedu, tepr.
TuUu, trois. ~rru, huir.
~cpah, quatre. Saou, neuf.
Lumme,c!nq. Singourou dix.
AOA~s DIS F~~r r~~ f~/ Cojtjp~~aTAiTi,
Eure tête: c'e~ !e primitif Hup, élévation, hupe.
MAT<ï, les yeux. MA Tari, oeit du taureau ou les Pleyades. Ce mot e(t
M~ayen chex eux, Matta ,aeit de même dans t'Ifle des Cocos. Moyfe le pro-
longe & en fa)r A~<ï. En Javanois MoTo à riue de Savu Matta.
Dans la même Ifle & aux Cocos Matta-Alai ngnine que je voye. On ne peut
méconnoître ici me, moi avec la ncg~uon Pô tes Taniens en font JM<
Fo, borgne louche.
ARR~c, ta Langue ce mot eft ~orme parla Linguale même ce qui cil con~â
forme aux Principes du Monde Primitif; il vient de la radicale ÂR d'oA tes
mots Bar, Dvar, Par, &c. qui font tous noms de la parole dans notre ancien
Monde.
TARM, tes oreilles. Tous les autres Peuples voi~ns changent ici R en L.
De-là ÏAU/<ï en Malais & aux Cocos: TAu~M dans la nouvelle Guinée;
qui tous ngnînenr oreilles. ·
LAMoAw, tes lèvres aux Cocos LAMcroH: ici M eft une labiale de la mê-
me narure que P. Ce mot tient donc à Z~, Icvre, dont les Latins firent
~ABMM.
OupoH, tes cheveux ce mot tient donc à HoR HuRE, dont vient notre
mot A<t<r< en parlant d'une peau avec (on poil.
R!M«, le bras E-R.!M<ï, la main Apou-RtM~ la paume de !a main.
Ces mocs tiennent à /!<i'/7ï, /!</?, élévation force la force en: dans le
bras le ~r<M dans t'ancien Monde, fut toujours le ~mbote de la puiuance.
A-HouTOM, le cceur en Egyptien Hn, le cceur: en Gcec HETor.
Eou les mamelles. Tous les autres ont changé i'a(piranon en Mante.
CHou aux Cocos ~ous, en Malayen ZEUo, au Chili.
Zou Sou eh Javanois ~ou Sou dans la nouvelle Guinée &c.
chez tous, mameUc, ~ein poitrine. C'efl l'Orientât n&' S~, qui a la mcnie
~gni6cation,
T!N<ït, le ventre, tient à notre radical TEM, qui contient ;&:d'out'0-'
riental ~-T~y, ventre; d'où notre mot ~-<~M: à l'Ifle du Prince, .B~M~;i
à lava, ~M~on~.
QBCM, tes inieftins dans t'Onent, OB le ventre, les entrailles,
A.

AlBou, venez: de !'0f. ~o, venir.


Aou Aou fi c'eft t'Onamaropée aou, oué des Anciens; tes Ta'ment
en ont formé divers dérives coMt, roter coe~o dérober &c.
Du prim. OR lumière feu, chaleur, rouge, &c, vinrent
A-OutR<t, ectaif EouR~/n~ lumiere.
Oun< rouge: OuER«&:IyER<ï, rouge.
BAi~ feu à la nouvelle Guinée, .Ec/'cM If: c'e& l'Orient. <H/X) feu,
AîNûa boire, tient à l'Or. ?~ EjN vin.
Etuu, ou Iu« le matin c'cft l'Of. Ed, l'aurore.
E:T<, ou iTi connoître mais c'eA le primitif lo, main, connoiuance,
comme
comme nous avons vu au fujet de l'iDEB dans la Grammaire univefïelle &'
comparative.
Ea-TouA Supérieur; Dieu Génie.
Chez les Cocos, L«-Tov un Che~
Chez le Maire, L~-Tou un Prince.
Nouv. Guinée, L«- T«w, un Roi.
Malayen, Ra-Tou, un Che~
C'eH: le Tho des Orientaux; le r~M-f des Grecs de-là fans doute,
Me-TouA, parent.
EuRE, le fer; AouM, les métaux du primitif ÂR, fer.
Ev~M) t'eau: Ev<!«, humide: dans t'Me des Cocos, ~M.C'ettun mot de
toute Langue d'ou l'Ev<, mot ufité fur l'Océan pour dengnei; le flux.
Ev~tMc, femme c~ft l'Or, B~N~, femme en Ce!te, B~M.
EvtRc, lance c'cft le prina. Bj:BL d'où le ~r« des Latins, & le Sper du
Nord, lance.
Evuv~, nûte c'cft le Avuv ou Oriental, flûte: d'ou le Latin nafalé
AMBUB<<«e, joueufes de flûte.
HvtTOM, étoile du prim. EsA Eï, feu, lumière.
HuEfc, fruit du prim. HuA, fruir.
Hu~a-HuRM, poil, haire il tient au mot OuRo&, cheveux, que nous
venons de voir.
M.
MAt'.de plus.
<.
MAK,
plus.
ptus.
Ces mots appartiennent a une .« tmmenfe
Famille r de
grand.
MAILOU, grand,
MAi.e«, j mois Orientaux, Cènes.
t Grecs, Latins,
t &c.
o
1

MAMM~, Lune, flambeau de la nuit en Malais, ~f«/<t~ nuit en Ja-


vanoiSt fbir.
MA-DM, Mere. Ce mot e(t formé du prim. MA, grand: i Mere.
De la même FamiUe MA, viennent
MAM-MA, bouillie. MAE, gras.
MAA manger: t". aliment. E-MAo, requin.
MAEo démanger.
MA-Gm froid, doit venir de Ma, grand, & du pMm. GEL qui en
toutes Langues fignifie gelée froidure.
MANc«, bon jour, a le plus grand rapporc au prim. MAM~ bon; d'où Je
Tom. 7. Z zz
Latin MAN~, !e mat!n } le moment où on dit qu'il ~bit bon pour vous ce
our-ci.
MA~fOM, maint, en nombre. C'eft le prim. M<ïn, nombreux.
MAR<t-MAR<ï-yM, jour grande lumiere du prim. MAR jour, !um!cre.
MAT) vent: c'eft: te V~T des Orientaux des Perfans &c. qui lè nafalant
eft devenu ~n~. Les Caraïbes en onc6tirBE-BnT<. De-]à ~<ï/A~
vent d'Ortent. ~~z-~oM<r<t~ vent d'Occident. Ce dernier mot AouER<H,
cft une altération du Malais BAR< où OuAR~ Occident.
MA!.<!c vient egatement du Matais, MAL, Moui., origine. L'Orient e~
en eflet t'origine du jour.
Tous ces mots ~oni donc venus de l'Orient ou de FÂue.
MAi~, tuer: en Malayen Matta: en Javanois Fa~/< C'edun mot Or.
d'où ~cA<c- pour SA<ïA-M< le Roi eft mort. En Hcb. Mat mourir.
De-!à fans doure
MATTEr<, baguette à pécher. MAT«o, hameçon chez le MAIRE, .M~H<
en Matais, ~fa~.
MA-TuM~, diitriet; mot qui appartient au prim. TAK, dinriec~ pays,
contrée. J

Mt, moi.
Mo~<ï, eau profonde ce mot tient à ~o/t, fan, fon, eau, fource.
MouÀ, MAou, montagne: mot formé du prim. MA, grand.
MoR<o~, calme; mot Orient. Il tient au Latin .Mo~, retard; d'où notre
n.ot Remore.
0.
Ou-MAR«, puiftanc, fort: c'eftie prim. MAP grand, fort; un des dé-
Tivcs de MA grand.
OuAN<!o, accoucher. Ou, ou u, eft ici le même que B ce mot tient au
Javanois Biang, Sage-Femme & à i'Or. Ban Ben, enfant.
OuENeo, qui ne fent pas bon Onomatopée, comme nos mots VEN<
yEN<cn.
Ou-PAN!, fenêtre: Tou-PAMM, ouvrir la fenêtre, !a porte, &c.
PA-PANI, non-ottvtir, fermer, boucher. Du prim. PAN, qui a fait !e
Malayen PENT, porte.
OupM, epameur du prim. o~, épais, gros.
OUTI bic~ïure de t'Or. Or: en Gr. OuT<M bieuer; qui en Ce naû-
hnt a fait le Theur. ~/ï~, Wound, Menure, plaie.
OuR~, piece d'éto~ dont on s'enveloppe. C'e~ le prim. Hou&, en Héb.
liy Hur, habit de peau i*. toute efpéce d'habitlement.
P.

PAR~oM, langage, par!er. Ce mot tient au prim. P~~t, parole.


PouAA & BouA cochon fanglier; aux Cocos PcM<tce<ï; chez le Ma!fe~
~t~. Ce mot a bien du rapport à Poa<!cr< ils tiennent au même prim. ac
à la même idée.
PouA, H?ur des plantes il tient à l'Or. VoA plante production
Ceur.
Pou-Poui, à la voile.
E.PouM<ï, tourner. Ono<natopee, comme ~cM des Latinf.
E-Pou-Pu/M, fbumer le feu.
Pou!<<, !e verd de la même Famille que PouR~a.
PouTo, b!euer E-PouT<ï, bteHurc. Voyez la Famille PoT.
PoT«, grand large.
PoTo, petit; mot de toutes Langues. C'en: t'oppofe de P<T, grand ce qui
confirme notre principe que les extrêmes ont toujours été dcugnes par la même
racine.
R.

De la Famille RA, Roi, So!eit, les Taïciens ont dérivé,


E.RA, le Soleil. EniE, Royal.
E-R.At, le Ciel. Ef-o~, rendre blanc, laver.
E.Rt, Roi. Et<.EP<nonbIa.nCt~!e.
Les Cocos difent .AmKt~ Roi.
T.
De la Famille TAN, pays, mot de tout l'ancien hémifpf1ere; i po(!e(Eon ¡
propriétaire, ma~re, qui tient, qui poftede vinrent:
TANE, homme, maci.
TARA-T.ANE femme mariée: de TAR., qui en Taïtien ngntfie, uni, a<!b«
clé, adorti.
Cette Famille tient donc à t'Erfutque TAMA, dame, le Féminin de TAN.
TAME, pofÏefRon, terre, e(t un mot également Malais.
Zzzij
M<t-TEîHï, di~nA ) que nous avons vu plus haut, appartient ainft Une
Famille de l'ancien & du nouveau Monde.
TAM~M, le Tems; c'eR encore un mot de Famille ancienne; en Angt.TtMB.
TAR!«t, rudeue, âpreté.afpérité; TiRo',noir.Ces mots appartiennent au pri-
mitif'TAR, rude, efcarpé, noir; & au Latin A.TER, noir.
TEou-TEou enclave, valet, eft un ancien mot qui forma le Grec 7%~
efctave, ~er~
ToM< enfant; dans l'IHe de Cocos Tama: c'eft le diminutif de Dom,
grand.
ToN~, cri d'appel ou d'invitation, paro!c venir du Malais T<M, prier, invi-
ter.
Topa, prcc!pitet~ de To~ D~, bas, profond.
Ajoutons qu'à t'lue des Cocos
FATTOM ugnide Pierre mot qui eft le VATo« du Madagascar BATo~ en
Malais.
Du Nom </< T A ï T i.
Chez ces Peuples, TAï ftgnine Mer dans la nouvelle Guinée, Taa mais
Ti fignifie pays c'eR donc pays de Mer. Les Siamois appellent également leur
Contrée TAï, & c*e(t une Contrée Maritime, une Prefqu'Ifle.
E~M, lignifie Pays chez les Taïtiens mais E~, dans les Langues tncien~
nes, ugni6e Ifle.
Rapports apperçus pat le Capitaine Coox.
Le Capitaine Coox, & ceux qui ont voyagé avec lui, ont remarqué eux-
mêmes divers rapports entre ces Langues leur témoignage ed trop favorable
à nos Principes pour que nous l'omettions voici donc leur tableau de compa-
raison.

yr<t~0{~. Mer <&< ~M~. Af«/«~. J<M7!OM.


<Ei!, Matta. Mata. Moto.
9
J~anger, Maa. Macan. Mangan.
Boire,0 Einu. Menum. Gnumbe.
.Tuer Mane. Matce. Matce.
p{uie, Ettwva. Udian. Udan.
Bambou; Owhe. Awe~M/7~fn/ï~.
Pottnne, Eu. Sontbu. Soufou.
Français. A<<r du Sud. M< 7<:f<Mo~.f.
Oifeau Mannu. Maunu.
t
Poffon, Eyca. Ican. Iwa.
Pied, .9
Tapaa. Tapaan.
Ecrcvine de Mer, Tooura. Udang. Urang.
Igname, Ifwhe. Ubi. Urve.
Enterrer, Etannou. Tannam. Tandour,
Mofquire, Enammou. Gnammuck.
Se grattert Hearu. Garru. Garu
Racines de cocos Taro. Tallas. Tallas.
Intérieur des Terres, Uta. Vtan.
Ils ont très-bien vu encore que les Noms de Nombre, dans l'Me de Mada-
gascar~ ont quelque rapport à ceux en ufage dans ces Mes mais n de ce Ta-
bleau précèdent, ils ont conclu que ces dinerens Peuples ont une origine com-
mune, ils avouent que ce rapport avec l'Me de Madagafcar les déroute
c'eft on problême qu'ils regardent comme trop difficile à réfoudre.

XIII.
JvoMy~ Z~Z~D~.
La nouvelle Zélande placée entre les deux hémisphères, & comparée réelle-
tnent de deux Ifles, l'une au Nord, l'autre au Midi, réparées par un Détroit
peu large, & qui font à ~oo lieues des Ifles de Taïti, offre la même Langue
que celle de ces Mes, C'ea ce dont conviennent tous les Voyageurs voici
quelques-uns des mots comparés par le Cap. Coox.
~T'<H'/<. Nouvelle Z~A<7!<
Homme, Taata. Taara.
Femme, Whahine. Whâhine<
La tête, Eupo. Eupo.
L'oreille Terrea~ Terringa,
Le &onc, Erai. Ecat.
Les yeux Mata, Mata.
Les joues Paparea. Paparinga.
La bouche~ Outou. Hang-Outou.
Venez ici, Harromait Haromai.
Poiuon,2, Eyc~ Heica~
7~ ~av</Z! Z~n~f.
Oiseau*, Mannu. Mannu.
Denc, Nihio. Hen Nihew.
Non, Oure. K-Aoura.
Mauvais, JEno. KEno.
Arbres, Eraou. Eratou.
Grxnd-Pere, Toubouna. Toubouna.
Comment appellez-
Owyterra. Owyterra.
vous ceci, cela <

Le & le K ajoutés dans ces derniers mots Zélandois, font des articles, de
l'aveu du Capitaine CooK.

/yor~ M~r~ y~/y~~ <ï~fM .MJ/n~

Ils ont encore apperçu ces rapports entre !'ine du Prince, le Malais & Java.

//?e du Prince. A~<<f~. J<<M. Madagafcar.


Erung. JEdung. Erung. Ourou.
~<<, Beacung. Wu~ong.
C/o~, Cucu. Cucu. Cucu.
.M<H/ Laugan. Tangan. Tangan. Tang.
Ajoutons que le troineme de-ces mots en: attribué par Le Maire aux Ifles de
Sa!omon,&: qu'il t'ccrivoit Ha-Kou-Bea.

i'.
Les Voyageurs Anglois ont cgatement apperçu divers rapport: entre les
Ifles de Taïti & cettes de Pâques, des Marquises, d'Am~erdam, de la nouvelle
Zélande de Malicolo de Tanna & de la nouvelle Calédonie & ils en ont
fait un rapprochement dans le deuxieme Voyage du Capitaine Coox.
Ainu ~<OK fignifie un oiseau à Taïti, Pâques, Amtterdana, Tanna,
& nouvelle Calédonie.

Un arc eft.E/<M/M à Taïti; Fanna à Amfterdam Na-Fanga à Tanna.


Evaa, un canot à Taïci & aux Marquites; Wagga à Pâques; ~F<Mt~ à Cate-
donie Ta ~~<ï à la nouvelle Zélande.
Matta Œil, prévue par-tout à Malicolo.
foo<t,pluieàTatti; Oo<ïà Pâques, ~<tM-~f~<tr à Tanna; Oc< Cale-
donie, où il ugntne autfi eau.
Oui (e dit prefque par-tout Ai, o<,«o, ou to.
En général les cinq premieres de ces Nations ont beaucoup mieux conservé
les rapports de leurs Langues, que les trois dernieres. Cependant les Anglois
obfervent que dans la nouvelle Cutédonie, on femble parler deux Langues,
dont l'une a le plus grand rapport à cette de Taiti ainn, par exemple, ils ap-
pcfient une étoile Pljou) & ~y-M, dont le dernier approche beaucoup de
Efaitou, !e~oH, nom des étoiles à Taïti.
Ces mêmes Obier valeurs nous apprennent qu'à Malicolo la prononciation
ed chargée de labiales très-rudes à Tanna de gutturales, & à la nbuveMe
Calédonie de natales, quoique ces Ifles foient peu éloignées les unes des au-
tres.
OB~EAr~r/o~
I! re(u!re donc de ces rapports qu'une feule Langue eïi par!ee dans toutes
ces Isies qui font au Midi de notre Globe, &: que cette Langue a le plus
grand rapport au Malais & à celle de Madagafcar
Par conféquent que ces Peuples Méridionaux ont eu, en fait de navigation~
des connoiflances qu'on ne leur avoit jamais Soupçonnées, & d'autant moins
que ces Peuples eux-n.êmes etoient absolument inconnus.
Il y a donc eu très anciennement une communication étroite entre tous
ces Peuples du Midi, foit que ces IHes foient les débris d'un très-ancien Conti-
nent, ïbit que la hardieuc &: la curiofité d'anciens Peuples les aient pone â
aller de découvertes en découvertes à travers mille périls.
Mais d'où feroenr venus ceux qui ont peuplé ces Inès, ou qui y ont porté
la Langue ? On ne peur s'y méprendre des que l'on conudere les Langues de
Madagascar. Ici nous hommes obligés d'anticiper fur notre plan nous ne par"
lions que des Ifles de l'Amérique, & nous voilà obligés de parler de l'Ane &
de l'An-ique, ou de la Mer des Indes.

DE LA Z~~vGt~ DE .M~.D~G~C~Jt,
L'lUede Madagascar e~ remplie de mots Phénicien!; nous pourrions en
rapporter une longue nomenclature contentons.nousde quelques-uns d'au-
tant plus mtéreuans qu'on fes retrouve dans les Langues Theutonnes ou Gec-
.ïnaniques.ce qui eA très-remarquable.
Ainn, ils ont la Famille TAN, pays.
TANE, terre, pays: TAm-Ti pays haut, montagne.
On-TAGNB la Nacion qui occupe le pays, la Ca~e.
TANOM, tenir, occuper, poneder.
Ils ont le mot WAz<M, blanc; c'en: le TheutonWftss, blanc; l'Oriental
)13 ~By~, blanc, d'ou ~~«~, coton & Bazin &c.
RA, fang; de R couler en y ajoutant l'article D, le Malais en a fair
D«-R« 6ng, & le Theuton A-Dcp.
Soi.pA, Renard; c'eA l'Oriental ~'7~ Hoi~A, que le Latin adoucir. en
yoLMj, & le vieux François en Goor~.
VouA, fruit; le HuA du Pérou; le Po~ des Grecs: le Te-BouA oa T<-
YouA fruit en Hébreu.
HouRoM, brûlé; de OuR, Oriental, feu.
0- MALLe, hier; en Hébreu T~-Moui-, hier de devant, &c, &c.
Mais puisque cette Langue eft remplie de morsPheHiciens, qu'ette en a
fur-tout tes noms de nombre, nul doute q~'ette ne foit l'e8et des Voyagas
Phéniciens fur les Coies de l'Afrique nul doute qu'ils n'eurent des Comptoirs
tics-conuderables dans cette Me, & de tics-grands Entrepôts pour leur com-
merce dans toute la Mer des Indes, & dans les deux Continens des Naviga-
teurs aum diuingues audi entendus, auul favans, au(H habiles n'auroient-
ils pas fait ce qu'ont exécuté ces Peuplades Méridionales ce que les Indiens
exécutaient avant que les Européens eurent été dans tous ces parages Tout
ceci n'ajoûte-t-il pas infiniment de force à ce que nous avons déjà dit fur les
Voyages des Phéniciens, non-seulement autour de l'A&ique, mais auul dans
Je Continent de l'Amérique J
Rien n'ctoit plus anc pour eux que de fe tranfporter à Madagafcar; d'aller
de-là aux Indes Orientales: mais d'ici on eft allé dans toutes les Mes de la Mer
du Sud pourquoi donc n'en auroient -ils pas fait autant i
Des Géographes modernes ont cru qu'ils n'avoient navigué que le long
des Côtes Orientales de l'Afrique ils placent Ophir à Sophala, fur cette Côte,
au Nord même de Madagafcar en vérité, c'eft (e moquer de fes Le&eurs
c'eft abufer de leur crédulité ou vouloir (e tromper cruellement foi-même.
JDes Marins qui franchiuoient la Méditerranée entière, qui avoient des eta-
budemcns à Cadix à l'entrée de l'Océan ) auroient-ils mis trois ans à aller à
mi-chemin de la Mer Rouge à Madagascar, & à revenir fur leurs pas Ces
Yoyageurs
Voyageurs hardis on les n'avenir en enfans qui favent à peine marcher. Non
9
<:e n'cft point là oà e~ Ophir ou ce n'e& point là où on le place, que (e ternu-
Koir ce tong voyage.
Quoi qu'il en (oit, tout dépote la communication !a plus étroite entre toutes
les IHes du Midi de notre Globe dansles deux Hémisphères, & tout nous ra-
<nene à cet égard aux Phénicien!.
X 1 V.
LANGUE J?t C~t~FOA~f~.
Pour achever le tour de t'Aménque, n'omettons pas la Langue des CAti-
ton.NiEMs, ce Peuple qui eu à l'extrémité Occidentale de t'Amérique & dont
on n'a prefque aucune !dée.
Ce que nous en (avons nous le devons fur-tout à M. le Baron de CouM*
BACH qui nous envoya dans le tems, entr'aufres Notices, t'Extrait d'un Ou-
vrage Allemand intitulé Ilelation de la Pr~M'y/7< ~<c<!<7:< de ~'<t/e/'n<c
publiée'à Manheim en t ?7t.
L'Auteur de cette Relation, après avoir dit qu'on parle dans cette Contrée
~x Langues diHercnies, entre daus divers défaits fur la Langue WAÏcufMENNB,
la feule qu'il ait apprife: il en dit tout le mai pofitbte fe)on lui elle eH: fauvage
& barbare au (uprcme degré ).e!te eft a'bfb)mnem phynque, & bornée aux
Cens tes plus grofiters les plus imparfaits, n'ayanfpas même tes mots de vie,

Mort, ~roid chaleur, monde, pluie étant à ptus force raifon privée de ceux
d'intelligence, mémoire, volonté amour haine, beauté, ngure, jeune,
vieux, vite, rond, profonrl1 .&c. &c. &c. car it en cite une légende. De mots
métaphoriques, it en taut bien moins encore chercher chez eux la moindre
trace quant aux couleursils n'ont que quatre mots pour les dcngner toutes.
Voità donc un Peuple bien grofner, bien inférieur à tous fcs Sauvages Jes
plus fiupides de ce va~e continent Voità. Non vous vous tromperiez en
tirant cette confcquence elle eft tout au moins prématuré:; car on trouve
enfuire dans cet Ecrivain qu'ils (avent fort bien dire, il eft chaud, il pleut, il
eR vivant, &c. qu'ils faventimpofer pour nom à chaque objet une éphhere
qui ta peint par~itemeut par métaphore: qu'ils appellem une porte, bouche: le
fer ~</<te vin, eau we~<!n«: un Supérieur~ Por~e-~on: l'Espagnol, le
~!rcaeA<, le Cruel.
Que coneture de là que fAuteur de cette Relation s'eA trompé du tout au
Z~. T~ A A
tout dans les !decs qu'it s'eQ. formées de cette Langue parce qu'il ne 1~ pat
trouvée fcmb!ab!e a celles d'Europe, il n'a pu fe reconno~re & la Langwe
Waïcurienne en a été la victime.
Nos Principes deviendront fans doute un moyen propre à ana)y<er les.
Langues avec plus de vérité & de ju~efle & celles-ci deviendront ainG à leur
tour une confirmation pleine & entière de nos Principes.
Dans cette Langue, ainti que dans toutes celles de l'AmériqueSeptentrionale,
les Pronoms fe confondent dans les noms & les précédent. La labiale ME &
quelquefois BE qui la remrlace, marque la premiere Personne au Ciiigulier
M-~rA mon ~ront; jET-< ton front; T-<<ï, fon front: ici T eft l'Ac-*
ticle commun à tant de Langues Orientales & Occidentales.

~r<, 6'ont~.tient au primitif Ar Ur,e!e\'c.


~Rc hE'nine ~< pour tes hommes c'eA le primitif ÂR, HER, ma)frc.
Cu~, hgnine P<~ pour les tcmmes, n)'entends bien mon Auteur:c*ef!:
le prim. CuH, produire, mettre au monde.
J~TEMBa, &~ D-ÂTEMB< tetre;du primitif ÂD~ !a terre: joint à Mri. T~
ATUK~~a, ma! en Oriental ry!.i, 7~.4 Coc'~ faire mat, faillir.
A~'A~N<, grand; du primitif P~n, grand.
~B, D, E, I.
BARRAK, obéir en Oriental 2~<!jC, être à genoux, fervir.
D-A!,tues:onretrouvedoncici!eprimitifE.
ETe, homme ils difent aum Tt le premier peut tenir à Is homme Ct~
,t)r!enta!, prononcé Ess, ET. Le Second au primitif Tt élevé.
1~-BtTscHMe, qui commande: en Oriental At~

~ebainer.
K, N, P.
K~RiTsA~, defcendu;i! paroit tenir à

Ku!T!c~<r~ pardonner
1
1
!0rienta!cip, ~<ï~jr,s'inc!iner~

on ne peut meconno~re ici le 01~ ~-c des


Orientaux qui ngnineegatementpatdonner.
KAMM~ nez. C'eft donc une onomatopée
comme chez nous, ou t< nom dtt
nez dérive du fon même n~que rend cette touche de l'inhument yocal
PuDt/M/M, pouvant, C'ed !a grande Famille PuD, PoD, puinanc, de tous
les Peuples.
PE en i*. par, &c. C'eO le des Orientaux en, par & le by des Sep-
tentrionaux.
R, S, T, U.
RiMAa, croire: I-Rt-MAN-7&r< je crois: de regarder, Se Man, Mun;
arfuré, certain.
ScHANM, fils: ce mot tienc au Theut. SoM, San, fils.
TAu. ce; Tau-pe, celui-ci mots qui tiennent au primitif TE, ce; TAu,
ce)a, ce ngne.
TE-KEREK<t-D~<m~<t, terre courbée, c'e~-a-dire le Ciel, la voute ce!e(te
de ~z~«, terre, & Km, KERK, cercle.
T.l! vivant; du primitif Ir, Iv, Ev, vie & avec la négation T-ht-
K/Tï, mort.
TscH<!K<tRK., louer c'eH: t'Orientai '13~ ~«jc~a~ évaluer, mettre un prix
à une chofe la louer.
TscHUK<M, !a droite TscHUK< monté. Ces mots tiennent à !'0rient&i
p')~ l'épaule la cuine.
U~-TA~n.<, jour: ce mot pourroit tenir à Day, jour, prononcé Dair: le
R ie joint fans celle en terminaison autH difenr-i!s
DEt, toujours.
Ces mois font prévue tous tirés du Pater & du Credo.: il eft fâcheux que
l'Auteur n'ait pas joint à Con Ouvrage quelque Vocabulaire on en auroit pu
tirer plus de lumiere. Il n'eft pas moins à déHrer qu'on recueille les mots non-
feutement de cette Langue mais audi de tous les autres idiomes qu'on parle
dans cette Contrée, la moins connue de toutes. Les Ruifes qui font de Ci gran-
des découvertes de ce cote-ta, (uppléeront (ans doute quelque jour à tout ce
qui nous manque à cet égard.

A~ij
OBSERVATIONS GÉNÉRALES
Sur la Population ~f /n~M< Septentrionale.

Quant aux Langues de t'Aménque Septentrionale, elles portent un carac~


elles (c rapprochent beaucoup
tcre absolument dincrent de celles du Midi
ptm de celles du Nord de l'Europe & de l'Ane même du Zend. Ces Conrrée<
~e font donc peuplées parle Nord, fait par la Mer d'Europe, ~bir parla Mer
d'A(!e. Premièrement, les découvertes modernes des RuHcs entre le Kam(aikt
& l'Amérique, prouvent que l'Amérique eft très-peu éloignée de t'Ane:&
comme l'enne-deux eft rempli d'Mes & de Volcans,' c'eft preiqu'une vérité
inconteftable que dans l'origin: ces deux Connnensou n'étoientpohttfep.iréï,
reioknt. que par des détroits pre(qn'au(n peu. larges que celui qui eft
ou ne
entre Conftantinopte & l'Aue & qu'Us ont été (ans cefle augmentes par d'aP.
~feux Volcans qui rbnt tomber: tout à tà.tbts dans !a Mer des lieues entières
de pays :au(R tes Côtes d'Amérique de ce côte font coupées à ptc,& por-
tent les preuves les plus rrappantesdes bou!ever(emenslesptusepouv~ntah!e$
D'un autre cote, le Paifage du Nord de l'Europe au Nord de l'Amérique,
a été connu dans tous les tems, à ce qu'il paroh. Les Eskimaux d'Amérique
& les Groenlandois de np.tre Hémisphère, ne font. qu'un feul & même
Peuple.
~/a<f<~&< <'o~ ~7!~<nnc~M< ~y/K'a/'j P~a~~
On [lit que dans le XIe Siècle les Norvégiens Navigateur! & Conquérant
ces Norvégiens auparavant (f redoutabfes à l'Europe, à la France en particulier
t
ne pouvant plus faire de courtes en Europe,(e jeuerent fur l'Amérique Septen-
trionale, & qu'ils y découvrirent des Provinces qu'ils appellere.nt
jtjf«re~& ~M-Z.
~<e~
qu'on prend pour les Côtes des Eskimaux de
Terre-Neuve, du Canada, &c.
ScHEtDt~t, à la tête des OriginesGermamques~parEceARD,dtr,d'après An~
dre Hessmus, que les Norvégiens & les Suédois avoient découvert l'Améft-
que, &'y écoient descendus fous les règnes d'Olaus Trygguin & de Charles Il,.
& qu'ils donnèrent le nom de Nouvelle-Suede à la Contrée qu'on appelle au-
jourd'hui Peniylvanie: que ThormodToRFEE, dans (on Hi~oire de l'ancien
Wein Land~ dit qu'ilen: prefque tur que les Mandois onc fait, dans des tems
ïcculés, nombre de Voyages en Aménque. Que dans le XIe Siècle l'Eveque
Saxon JoMA;, ibu~ht le Martyre dans ce pays de. Weiu'Land & que dans,
te XIIc, MANDOC fils d'Ouen Guilneth & Prince de Cornouaille, conduire
des Colonies dans l'Amérique, (bit dans la Virginie, foit dans te Mexique, Ce
qu'il y conftruifit des rbrtereues.
Charles LuMDius, dans~ Diflertation fur Zamolxis premier LégiHareuc
des Getes,.affûre également que le Nord de l'Amérique a été connu ancien-
nement par les Norvégiens, les Danois, les Suédois & les Bretons.
On annonça il y a peu d'années un Voyage Ang!bis à la Baye de Hudfbn
o~ l'on affuroit avoir rencontre dans les terres adjacentes à cette Baye une
Peuplade qui avoit le plus grand' rapport à un Peuple Tarrare voinn de la Sb'
berie~ qu'on y nomme, & qui entendant très-bien ce qu'on tëur difoit dans cette
langue Tartare, ont repondu exactement dan? cette même Langue.
J'à! lu auffiquelque part que des PP. Jcfuites fe trouvant dans un Bourg pett.
Joigne, de cette Baye furent fort étonnés d'y rencontrer une temme qu'ils,
avoient vue dans la Chine, & qui leur dit y avoir été amenée à travers i'A'
merique par des Tartares qui l'avoient fatte prisonnière.
Les Naudbwefnes raconroient à M. Carver qu'ils éto!ent Peuvent en guerre
avec une Nation qui habite plus l'Oued vers la Mer Pacifique, & qui com-
bar à chev<t!. C'eft donc comme !es Tartares. Ils ont pour armes une pierre
médiocre attachée à une corde de quatre ou cinq pieds de long, Exée à leur.
bras:
Une autre preuve de. communication entre t'Amétique & l'Afie, c'ëtt qu'au;
Nord du Kamfatka on présenta aux Capitaines Ruffes BtRiNG & TsmMKow
!e calumet ou la pipe de paix,, ufage que jufqu'a prêtent on n'avoit trouvé
établi que dans l'Amérique Septentrionale ( i ).
Il eft donc à préfumer que plus on s'bccupecoit de ces objets, plus on re<
M!t des recherches à cet égard, & plus on découvriroit des traces nombréu-
<e!& frappantes d'une communication Ibutenue entre le Nord de l'Ancien.
Monde & le Nord du Nouveau.
Quant à i'AnMrique Occidentale, il paro!t que n M. de Guignes,-dont nous
ayons cité !e Mémoire ci~dedus, a raison, les Chinois t'ont connue lone-
tems avant nous & qu'ils y ont fait. un grand commerce.
» Les Chinois, dit-il en fe rcfumanr (. ), ont pénétré dans des Pays'
M
ires-éloignés du-côcé de l'Orient: j'ai examiné leurs mefures~ & eltcs m'ont*

( t ) Nbuv. Di~ceuv. dés RuHes entre l'A~e & l'Amérique, Paris M- t~8t. p. t0~.
(~Alem. des tnfcrip!. T. xxvu~p. ï~o~
conduit vers les Cotes de la Californie, j'ai conclu de -ta qu'ils avoient
t*'connu l'Amérique l'an de J. C. Dans les Contrées voHines Je l'endroic
M où ils abordoient, on trouve les Nations les plus policées de l'Amérique

j'ai penfe qu'elles étoient redevables de leur pplitene au commerce qu'elles


f ont avec les Chinois
Selon lui, pluneurs Colonies onr pane en Amérique rar le Nord de l'A-
fie les Peuples de la Baye d'Hudton du Mididipi de la Louinane ont
pu venir de Tarrarie.
Les lues Britanniques, la Norvège~ finaude, &c. peuvent avoir contri-
bué à cette population.
Il ne trouve pas moins naturel que les Chinois & les Indiens, après avoir
peuple toutes les Mes de la Mer des Indes, ayent pane dé-là fuccefuvement
dans toutes celles de la Mer du Sud :.les Peuples les plus barbares ayant too-
jours été anez habiles dans l'art de la Navigation pour aller dans des Ifles Mcs-
éloignées, & par une fuite nccenaire fe rendre jusqu'en Amérique.
Cet amas d'Inès Européennes qui font dans le Golphe du Mexique & que
nous appelions Antilles & lues du Vent, ont pu fe peupler par l'Afrique &
par l'Europe. On remarque des ufages bien nnguliers communs aux Caraïbes,
aux Cantabres des Pyrénées & à d'autres Peuples, tel que celui pour les maris
dont les femmes font en couche, de fe mettre au lit en expiation pendant nx
~maines.
Les anciens Hiftoriens citent divers traits qui femblent fe rapporter à l'A-
tnclique.
DioDORE de StC!LE ( Liv. V. ) dit que les Phéniciens ayant padc le Dé-
troit de Gibraltar & voguant le long de l'Afrique furent repoudcs par les
vents au milieu de l'Océan, & qu'après une tempête qui dura pluneurs jours,
ils rurent jettés dans une Ifle trcs-conndérable très-peuplée & tres-tertile.Que
les Toscans voulurent y envoyer des Colonies mais que les Carthaginois les
en empêchèrent, craignant que les charmes de ce Pays ne nuent dépeupler le
tcur & le regardant comme un a(yle anuré en cas d'accident.
PAusANiAS raconte un fait pareil (Defc. de l'Attique) & il y ajoute la
Defcription des Habitans. Faifant des recherches pour favoir s'il exidoit des
Satyres; E~pHEMus, Carien de nation, lui dit que voyageant fort au-delà de
l'Italie, il fut pounc par une tempête des plus violentes, aux extrémités de
l'Océan qu'ils y trouvèrent des lues appellées, par les Marins, SATYRiDM, &
qu'habitent des hommes Sauvages dont la chair cfi fort ROUGEÂTRE & qui
ont de grandes queues comme celles des chevaux. 0~ ne peut méconnoitre
!d dit P. LAFITEAU les Habuahs des lues de l'Amérique, ou les Carabes,
hommes rouges & qui s'ornent, :un<! que les autres Niions Sjuvage~, de yt~M~
yp/?!'<)cj, fur-tout lor~u'Hs vont en guerre, amt~ que dans Foccanon dont
parle ~~M~e & ou ils attaquèrent ccsEn'angers, qui, ajoute-t'il, ne purent
fe dégager qu'en leur abandonnant une remtne de l'équipage.
Auni. Je célèbre Jean LE CLERC avec qui nous nous accordons Ci rarement,
étoit perfuadé ( ) que les Phéniciens ou des Peuples de l'Europe avoicm peu-
plé i'Amerique, & c'ef: par-là qu'il expliquait comment les Iberiens d'E~agne,
les Tibareniens d'Ane & tes Caraïbes étoient en u(age de y~trg la C~~M~e
y
cet utage dont nous venons de parler,
Mais fi nous voulions prouver le rapport des Américains avec l'Ancien
Monde par les ufages communs nous ferions obfges d'aller fort au dc!~ de
l'objet de cette Differtation peut-être pourrons-nous nous en occuper quel-
que jour, d'après tous les Ouvrages & toutes les Dcfcriptions de ces 'derniers
tems, fans negnger ce qu'ont recueilli à cet égard le P. LAFiTEAu ( ) 8~
notre amiM.ScHEREB.( ).
Origine des C'~OB~Z~o~~ des ~jA:JM~t/
Ce dernier rapporte un fait propre à répandre un grand jour fur l'origine
des Efkimaux & des Groenlandois & qui tient crroitemenr à l'objet donc
nousnous occupons ici: il e~ tiré de l'Hi~oire desMongous, partcP.GAUBti..
En 11 o ) un Prince nommé 7'~t ou Taugrul, Seigneur des Keraïts ou de !.)'
Corée, ayant abandonne le paiti de Gengiskan fut battu & manacre par ce
Monarque (on fils llaho nt de vains ertonspour Ce relever de l'état de foi-
b!&(Ie où il ie trouvoit réduit dès-lors il n'eft plus queftion de cette Tribu
dans l'Hift. des Mongous c'cu qu'elle abandonna une Patrie où elle étoit trop
matheureufe, & qu'elle alla chercher~ans les glaces du Nord un a~yte contre
fes nouveaux Tyrans & c'eft elle que nous retrouvons chez les Groenlandois &
chez les Eskimaux qui s'appellent encore aujourd'hui Kalalit & Karaté
Comme cette Tribu ne connoifibtt point le tabour&ge, il lui fut plus aifé de

f t) Bibliot. & Mod. T. xxif. p. 10~


Anc.
( i ) Vie & mceur! des Sauvages Américains comparées aux moeurs des premier!
tcrns, Vol. in-ta AmC. )7;t.
( ) Recherches Hutoriques Géographique; fur le NoHYcau-Monde ~Par~jB-
~777'
fuir loin de (e< nouveaux Maires par-tout ou elle pouvo!c pêcher, e!!e trott-
voit une Patde.
C'ed un de ces exemptes n &équens dans t'Hi~oire, de Nations ~citées à
des di~ancos immenfes de leur Pays natal celle des Peuples actuels de l'Eu-
rope e~-eUe autre chofe dans ton origine que le tableau de leurs dcptacc-
mens & de leurs tranfinigrations à des dtftances bien .plus conndérabtet que
ce!i)e des Groeniandois au Pays des Karaus f

i~r ~p~MM<~< ~R< fait /*o~~ <& ~< Z?~f~~on ~y<!7Ufe'.


Si jufques à prêtent~ mous avons été réduits, fur t'origine des Américains,
'à des r~pporfs de mŒurs d'u~ges de Langues ta <ccne change nous at-
tom voir te" fairs mêmes pader en notre faveur un Monument gtav< en
An'crique dans des temstrcs-anciens par des Phéniciens, peut-être par ceux-
!à même donc nous avons vu que parle DIODORE va noj<h apprendre de ht
tnanicte la plus évidente que l'Amétique fut connue de l'ancien Monde.

'OBSERVATIONS
0 J8SERVATÏONS
SUR LE MONUMENT AMÉRICAIN
De la Planche J. P~~ ~8

.uL< oRsqu'Au fujet des Navigations Phéniciennes nous avons parte de ce


Monument unique, nous promîmes quelques obfervations relatives à fon
origine que nous regardâmes comme Phénicienne. Nous ferons plus
Nous prouverons ï que ce.Monument n'e~ point t'ouvrage d'une Na~
tion Américaine.
i~. Mais celui d'une Nation Phénicienne, qui divifant ce Tableau en
trois Ades ou en trois Scènes, l'une panée, l'autre prcfenie la troineme
future, nous a tracé de la maniere la plus fenfible le Souvenir de fon arri-
vée en Amérique, celui de ~bn alliance avec les Naturels du pays, ~cs voeux
pour Con retour.
)*.Ennn, qu'on ne peutmeconno!n'e Jur ce Tableau diverses Divinités Phé-
niciennes rbrtementcarac~ehfces, & des lettres de la même Nation, tracce<
avec beancoup de goût & d'élégance.
t.
C< Monument ~/? pas un 0«v~< ~7M<nc<i!n.

Ce Monument n'e(t point l'ouvrage d'une Nation Américaine, t Les Sa-


vans du Nouveau Monde qui nous en ont envoyé une copie, font perfuadés
que c'eft celui d'une Nation étrangère, telle peut-être que les Chinois, les
Vaponois; ou même les Phéniciens il faut donc qua l'Amérique ne leur ait rien
offert d'analogue dans les diverfes peintures que gravent ces Nations Indiennes
fur les arbres & fur les rochers. On ne va pas chercher au loin re dont on a
des modèles fous les yeux. Ce jugement de leur pan feroit donc feul fumianc
pour trancher la question. Voici quelques autres considérations dont on peut
appuyer cette preuve.
Les Peintures Indiennes connues )u<ques-kt, foit du Mexique publiées
p~.r~ B~
THtVBMoT, foit des Nations du Canada dont le Baron de LA HoNTAM
par
donné des exemples, n'ont rien qui approche des cara~eres alphabé-
nous a
tiques.
C'e~ d'ailleurs une vérité généralement reconnue, que les Américains n'ont
poinr de caractères pareils.
Enfin, & ceci eft decinf, on voit fur ce Monument des objets inconnus
à l'Amérique.
i.
Jf/< divifé en trois Scènes.

Ce Monument offre trois Scènes différentes auxquelles on ne peut fe mé-


prendre & qui présentent, l'une un événement pane, i'aurre un événement
préfent; la troinéme un événement futur :c'eu: ce que prouve la pofition des
figures relatives à chacune de ces Scènes.

Premiere Scène ~v~ne/nent /'<


A la droite (ont quatre figures dont les regards ~e portent hors du Ta-
t!eau, tournant le dos aux figùres principales qui repréfentent i'événemenc
prêtent au moment où on 6t le Tableau elles font donc manifeftement rela-
tives à un événement paué & comme elles font groupées avec beaucoup
d'iniettigence & de gradation elles n'indiquent pas moins manifeftement les
divers événemens de cette Scène paffée la nature même des figures qui
tompofent ce groupe, indique hautement que ceux qui les gravèrent furent
des Phéniciens foit de Tyr, foit de Carthage & ne purent être que des
Mavigateurs de cette Nation comme nous allons en auurer.
t. FtG. On voir d'abord le Dieu de la fécondité Pn.i-ApE, m. à m. Père
des fruits on ne peut le méconno!rre il indique le Pays d'où venoienc
ces
hardis Navigateurs d'un Pays prospère abondant en toutes choses.
i. Fie. Vient enfuite un HtBoo c'étoit le Symbole de MtNtRvB Isis
ou AsTAf-TE, Déefte de la Sage(Ie & des Ans il déngne donc la grande fu-
périorité dans les Arts de la Nation dont étoieni les nouveaux débarqués
& leur habiteré dans la navigation à laquelle ils dévoient leur découverte.
3. FtG. La tête d~EpERVîER qu'on voit un peu plus bas avec une
efpcce de manteau fur les épautes~ marque, à ne pas s'y méprendre des
personnes arrivées par mer. Chez les Egyptiens & les Phéniciens l'Epervier
étoit l'embtême des vents, fur-tout du vent du Nord, nécefÏaire pour ~e ren-
dre d'Europe en Amérique.
PIG. La Figure qui termine ce groupe, & qui par conféquenc e(t !at
plus baue e(t Ci fortement cara&éri(ee qu'on ne peut s'y tromper c'e~ !e
petit TEI.ESPHORE ou la Divinité de l'heureux Evénement ( Te/oj, la fin le
fuccès & Phore, qui apporte. ) On le voit enveloppé de ton manteau fans
manche & couvert de Con capuchon il démontre que cette Navigation avoit
eu le plus grand fuccès. Pour des personnes qui avoient traverfé tant de mers
inconnues & qui avoient tout à craindre, la vue de la terre dut être un
fujet de joie inexprimable & dont ils durent remercier les Dieux de tout leur
coeur. Qu'on (e rappelle tout ce qu'eut à fou~rir en pareil cas Chriftophle Co-
lomb, &on n'aura point de peine à convenir de notre observation.

S~o~e Se~~ ~~n~/n~n~ préfent.

La Scène change enfuite ce n'ed plus un événement paue qu'elle indi-


que c'eft un événement préfent & dont on cherchoit à conferver le fouve-
nir, non moins que des objets précédens. AuHi eft-il placé fur le devant du
Tableau.
Deux Animaux en regard composent l'objet efrentiel de cette Scène ils
font armés de bannieres ou de banderolles qui flottent au gré du vent. On ne
peut douter qu'ils ne représentent deux Nations, t'une étrangère~ l'autre Amc<
ticaine.
L'Etrangère, représentée par un Cheval qui fc repote en s'ag<noui))anc
la Nationale par un Ca~or qu'on ne peut méconnoître fur-tout à fa queue
longue & applatie.
Le bon accord de ces deux animaux prouve FinteHigence des deux Na-
tions, & l'accueil favorable qu'on fit aux Etrangers, foit à titre d'hofpitatidJ!~
vertu connue dans routes les Nations, fbit à titre des merveilles qu'offroient
ces Etrangers aux yeux des Sauvages de l'Amérique ainn lorsque les Espa-
gnols y arrivèrent à leur tour, ces mêmes Peuples les regardèrent comme des
Dieux mais que ces Efpagnols (ont au-deffous de ceux qui nous ont !aine ce
rare Monument!
Le Cheval, & fur-tout la tête de ce fier animal, étoit d'ailleurs le fymbole
de Carthage, comme ville maritime. La Colonie de la (ccur infortunée de
Pygmalion avoit choifi di~bit'on, ce fymboie, parce qu'en jettant les ronde-
tnens de teur nouvelle ville ils avoient trouvé une tcte de cheval après ça
avoir trouvé une de boeuf. Et cela étoit vrai non une tête de cheval réel
mais de cheval Symbolique un excellent porc de mer, ce! qu'il en &oit pour
établir une Reine des mers & précédée d'une tête de bœuf, Symbole égate"
ment d'un pays des plus fertiles en tout genre d'un pays chéri du Dieu des
jardins &,de la fécondité.
Perfonne n'ignore que fi le bceuffut le fymbole de l'Agriculture, le che-
val fut celui de h) Navigation, l'animal favori de Neptune, Son oeuvre mer-
veilleufe dans fa difpute contre Minerve à qui auroit la gloire de donner fon
jnom à la Capitale de l'Afrique. Neptune, d'un coup de pied, fit (brtir de terre
un fuperbe Couruer Minerve l'Olivier & elle l'emporta c'eft que les pro-
dudions de la terre font fupérieures à l'art de les voiturer & fans elles, qu'au-
roit-on à voiturer ?t
]t n'e~ pas étonnant qu'un vaineau tut comparé à un cheval dans le ~y!e
aUcgonque ils fervent tous les deux à transporter les richeues nourricières des
tommes le vaiffeau parcourt la plaine liquide avec cette vîteffe qu'un che-
val met a rcndt'e les airs fur les plaines terreftres.
Ce cheval d'ailleurs a l'air d'un Souverain tandis que le ca~or a prefque
celui de (uppliani peinture bien vive de la différence qui regne entre ie no-
Me orgueil de la Science & des Arts & la timide rbibiene de l'ignorance
ainu, alors, comme aujourd'hui, l'Européen dominoit pat-tout où il étoit
t
par cette fupériorité prodigieufe que donne la connoinancc des Arts & des
Sciences, la fcience de s'élever au-deffus des befoins, de commander à la Na-
ture entière, d'être véritablement homme ou le maître &: le bienfaiteur de
la terre, dont les autres ne (ont que les inutiles Spoliateurs..Heureux ces
Peuples, s'ils avoient fu joindre bienfaisance à fcience; n leur joug n'étoit pas
devenu trop fouvent une tyrannie affreuSe un fléau épouvantable plus fu-
«ite que ces déluges ces embrâSemcns qui accablèrent tant de fois te~
Nations consternées 1

P<tr/« /n<Mr< e~e ScM~


La partie fupérieure de cette Scène, ou du milieu du TaMeau, onre wtt
grand TERREJM enfermé root autour avec trois entrées enfoncées comme
trois porrcs une au Nord une à l'Orient, Ia.troiSiéme au Midi: il fe rer-
mine à l'Occident par u~ triangle avec une croix plantée ou deSEuée dant
le milieu on voit enfuite au n". 8. une BARqus ou Vaiueau; on en diflingue
la poupe, la proue le mâr, le 'gouvernail.
le!, on ne peut mcconno~re une habitation divine en deux portions la
plus grande où <ont les Naturels du Pays la plus pente où fe font logés les
Etrangers, & où ils ont placé la croix. On ~aic que la croix étoit en ufage
dès la plus haute antiquité chez les Egyptiens on doit la retrouver chez les
Phéniciens; d'ailleurs elle étoit connue des Carthaginois, puisqu'elle doit un
de leurs inftrumens de fupplice.
Ceux-ci ont derriere eux la Barque ou le Vaineau qui les a amenés, &
avec lequel ils s'en retourneront.
Entre cette Partie Topographique & les deux Animaux, eft une bande de
Caractères alphabétiques qui vont de droite à gauche ils commencent aun".
11. & Ce terminent au nQ. y. vers la figure n". <?.
La lettre n~ 11. peut être un H ou un A fermé, ce qui feroït unique
en rait de caractère Phénicien, & qui pourroit de~gner un alphabet un peu diH~-

rent car en Supprimant la portion à droite du trait coupé en deux qui


ferme t'A, on a l'A Phénicien de la maniere la plus exacce.
La lettre 11. peut être un B ou un R ces deux lettres ayant fouvent
cette forme fur divers monumens.
Cette bande Alphabétique dont on ne peut déchinrer la fuite fe termine
par trois X, qui peuvent être ou trois T alpliabétiques, ou plutôt trois X in-
diquant fans doute le nombre des Etrangers.
Entre le no. 8. & le n". efUe n". 7. qui reftemble à des Caph PhénIcieM
reconnus pour tels par les Savans.
Tro~a<
Nous voici arrivés à la dernière .Scène de ce Tableau e'ed celle qui eft
gauche: elle eft très-peu remplie; elle e~prefqu'auninue, que celle de la droite
e~ abondante en objets variés c'eft la folitude de l'avenir n'en (oyons pas
étonnés; cette (cène déugne en effet un avenir des vceux pour un heureux
retour.
Elle eft compose d'abord d'un Bufle colonal n~. Une petite Statue ou
Personnage eft au-denous un Perfonnage n". G. s'avance avec emprenëmenr,
Ce Bu~& cft l'Oracle le voite n?. i. qui l'enveloppott ett déjà tiré on vient le
consulter ~on Prêtre cft déjà prêt.
Ce qu'on lui demande, c'eft le rems du départ pour retourner d'où on ctoit
Tenu; c'e~ qu'il accorde UR tems favorable,
AufH voit-on fur le bras droit de l'Oracle un papillon, emblème du re-
tour, de la résurrection.
Sur la poitrine du Dieu eft un caractère qui, s'il eft hiéroglyphique peint
le Trident de Neptune n'ed-ce pas ce Dieu qu'il fattoit fe rendre favorable
pour avoir une heureufe navigationt
Si ce caractère eft atphabétique, c'eft un M Phénicien. Comme cette let-
tre commence en Phénicien le nom des eaux, elle pourroic fort bien être de-
venue le Symbole de ce Dieu & comme fa figure e(t celle du Trident il fe
pourroit très-bien que ce fut par cette raitbn que le Trident eft devenu le
Sceptre de Neptune.
Au-de(tous du n". en: une lettre qui refîembte parfaitement à la lettre
Q des Syracufains Corinthiens, Carthaginois &c. & qui étant un des ca-
raûcres de Carthage & la premiere lettre de Con nom, nous ramene encore
à ce Peuple navigateur & qui ~toit bien dans le cas d'avoir été pouçré par
les vents du Nordfur les côtes Orientales de l'Amérique. On pourroit mê-
me (oupconner que ce vaineau étoit fort avancé dans t'Ocean aUant ou re"
venant des lues Cauttetides nom ancien de t'Angteterre, lorfqu'il fui poune
par quetqu'orage fur cette côte devenue dans ces derniers tems rAngteierre
Amcrtcatne.
A l'extrémité du Tableau n~. ï. font trois Monogrammes, formes par des
caractères incontCKabtementPhéniciens. Celui d'en haut offre les deux lettres
Sh & N ou le mot année (ans doute l'année de cet événement me-
morable ceux de deucos doivent indiquer le quantième & vraifembtabtemenc
le mois aufu.
J9< l'Art des ~Mc?<r~.

Ces lettres font tracées avec plus de goût & de dextérité que les agures
perfonnages, qui font d'une forme gronLcre & cela eft dans l'ordre. L'Ecri-
vain du vaitfeau devoit être plus habile que leur Peintre chez un Peuple tel
que les Phéniciens & les Carthaginois nos vaiueaux François ~croient fréquem-
ment aum mal habjttes en pareil cas ils ont des Ecrivains que feroient-ils
d'un Peintre ï
Cependantla di~ribunon du Tableau ett faite avec beaucoup d'intelligence;
elle o~e un hiftorique parfaitement lié dans routes Ces parties rcfultantes
chacune en particulier des traits qu'elles onrent & tellement déterminée:
qu'on ne fauroit fe tromper à leur en&mblc.
Et o'eO-ce pas fur cet Art qu'eft fondée la Peinture n'eft-elle pas un récitat
& ne faut-il pas que chacune de fes parties réponde parfaitement à fon objet,
& que l'ensemble foit tel qu'on ne puiue ~e méprendre dans l'application
qu'on en doit faire à l'objet Kprefenté & que cette peinture doit faire con-
no~tre t
Notre explication eft donc au(u honorable pour l'Attire qui dirigea ce Mo-
nument, que le Monument lui-même c~ intérenanc dans ton objet, rare
dans (on cfpèce, & propre à confirmer ce que nous avons déjà écrit fur la
connoifïance de l'Amérique trcs-antérieure à nos découvertes modernes.
Il eft heureux pour nous que ce Monument unique nous ait été envoyé à
point nommé par des Savans diftingués, dans le rems que l'enfemble de no-
tre Ouvrage nous obligeoif de développer nos idées à ce (ujet Ii nous avons
bien vu, le fait vient confirmer ainn de la manière la plus agrcabte tout ce
~e la vérité nous ~ifbit dire à cet égard.

CO~C~t/~fO~
Le bon ufage que nous tachons de faire de tout ce qu'on a la complaisan-
ce de nous communiquer, la vive lumiere qui réfu!ie de la comparaifbn & de
la réunion de tous les Monumens, les grands avantages qu'on en retire pour
les Sciences & pour la déciGon finale de tout ce qui a rapport aux grandes
origines de l'Univers, deviendront fans doute auranr de puiuans motifs pour
tous les Savans & pour les Voyageurs à ralfembler avec foin tous les
monumens de quelqu'e~péce que ce foit qui leur tomberont fous la main
iors même qu'ils ne leur onriroient en apparence rien d'edentiel. Que peu-
vent dire en e~ret des Monumens ifblés & dont on n'appercoir pas le rapport ?l,
en les ranemblant, en les méfiant en regard, il s'expliquent d'eux-mêmes
ce qui étoif mort & fans énergie, fe ranime il devient une fource abon-
dante de vérités (ublimes ou de démonRrations merveilleuses.
Nous avons tout à efpérer déformais à l'égard de Monumens pareils qui
exifteroient encore aujourd'hui en Amérique. Des Savans célebres viennent
de former dans les Colonies AngloiCes une Société des Sciences & des Arcs y
dont un des objets ed de rauembler tout ce qui a quelque rapport à l'origine
& aux antiquités de ce vafle continent que ne doit- on pas attendre d'un Corps
aum nombreux & au~H bien compote Nous ferons ircs-nattés s'ils goûtenc
l'explication du Monument dont nous leur fbmmes redevables; fi elle nous
en mérite d'autres de leur part; & fi nos Principes & nos Etiais dans ce genre
peuvent être de que)qu'ut)!ité pour réveiller l'attention fur ces objets intc-
teuans.
N'omettons pas d'obferver que les bords de ta riviere du laun~on (e font
déjà élevés au point que ce Monument eft couvert dans les grandes eaux en-
forte que u on n'y remédie, il fera ou rongé ou enfeveli par ces eaux mêmes i
il feroit donc digne de cette Société qu'elle pr!t les mefures les plus propres
pour la conservation d'une Antiquité auHi i!!u~re.
Peut-être pourront ils aufu découvrir quelle fur cette Nation qui avoit
pour tymbo!e le Caftor & qui reçut avec tant de cordialité fur ce beau neu-
tre ceux qui en confcrYerent le Souvenir par ce précieux Tableau.

ANALYSE
ANALYSE
j?'y jv <? y~ 7: c B 7~ r r </ z
LES DEVOIRS.
.d M~AM, «M ~Mo7!~<r< Impdrial <&: & ~ro~, in S~. 17~0. pp.

UN de nos Amis, frappé de ce que nous difons des Droits & des Devoirs de
PHomme, dans le compte que nous venons de rendre du Monde Primitif, &
de leur rapport avec l'objet d'un Ouvrage qui paroinoit dans le moment, in-
titutc les DEvoiRS, nous prêta cet Ouvrage devine à développer l'ordre Cim-
pte, éternet& immuable au moyen duquel fe formerent les Sociétés, les Em-
pires &. par tequet feul ils peuvent profpérer cet ordre nmpte, qu'ont tou-
jours fuppofé les anciens Légiuateurs, de même qu'ils ont toujours fuppofe
l'amour de foi-même, & fur lequel ils :ont fans cène fondé leurs Loix & leur
morale. Mais, ordre qu'il faut rappeller aujourd'hui, d'un côte, afin de pou-
voir juger par quels moyens les .hommes s'élevèrent à ce haut dégré de gloire
& de profpérité d'un autre afin de pouvoir Les y ramener relativement aux
objets fur !e(que)s ils s'en feroient écartés. Une anatyfe de cet Ouvrage h con-
forme d'ailleurs à tous les principes & -à la ba(e même fur tefqucHes e~ eieve
le nôtre nous a donc paru convenable dans te Monde Primitif, en mon-
trant les beaux développemens du principe fur tcque! il eft établi, que dès les
premiers momens, les hommes firent tour ce qu'i!s durent raire pour Curvenir
à leurs besoins & en exposant en même tems les vraies refÏources qu'ont les
Etats pour fe perfectionner & pour fe maintenir. Il rentre ainf! dans les vues
du Monde Primitif, deviné, moins à montrer ce qui s'eft fair, qu'à faciliter ce
qu'on doit faire par la connoinance de ce qui s'e(t fait, par cette des motifs
qui le dirigèrent & par celle des moyens qui en faciMtercnt t'.xecutijn.
Dans un tems où on cherche à détruire tous les lieus de la Société, à per-
fuader que les Enfans ne doivent rien à leurs Parens, comme b'its n'avoient été
dirigés que par un vil inftinct; les Sujets, nen aux Souverains comme n.!a
force feule tes avoit établis lt s hommes rien à la Religion comme H ette
n'était que l'effet de la terreur, de la fbibtefte, de la (uperfHtion dans ce rems
p~.r. c
l'Auteur entreprend de faire voir qu'il exiue un ordre donné par la Nature,
fondé (ur la terre ou fur la culture, qui regle les droits & les devoirs de
l'homme comme homme, comme membre d'une Société, comme dépen-
dant de Dieu: qui les règle invariablement de la maniere la plus calculable,
la plus falutaire po'jr le bonheur de tous, pour !'aflermiflement de la Société,t
pour ton avantage p!)yuque & moral, & qui devient la regle de toute mo-
ra!e, de toute Religion, de tout Culte. Aintt s'explique la grande promené du
bonheur, & de la longue vie promife-aux hommes s'ils refpec~nt leurs devoirs
A)i<tux & ce grand devoir de l'homme, analyse de toute la Religion, d'aimer
f~n prcct'ain comme (oi-mcme & Dieu de tout (on coeur.
La déduction des objets que l'Auteur veut établir, nous aparurigoureufe~
ferrée, ramenée fans ceMe aux principes qu'il a pofcs; les con~qu~nccsen (ont
claies, nombreufes, iniéref[antes:& par-tout ~'IN~T~ucT~ON y eft présentée
tcmme te (eut moyen d'amener les Sociétés à l'état parfait auquel elles font
aypetiées par l'Ordre. On peut dire de cet Ouvrage qu'il donne beaucoup à
penser, que la marche cn eft rapide, (ure~ tumineufe fur les quemons les plus
délicates.
11 eft pïécédé d'un Difcours Ptéliminaire qui fait
un Septième du tout & qui
amené très-bien l'Ouvrage entier.
L'Auteur commence par établir une de ces ventés dont on fera quelque
jour très-furpris qu'il ait fallu démontrer l'exigence ) que les Rois & leurs Mi-
nières ne peuvent être éclaires qu'autant que les Nations elles-mêmes feront
éclairées & innruires:& que celtes-ci ne peuvent t'être fi quelqu'un ne <e
tonfacre aux vrais objets de leur indruc~ion & ne s'occupe des moyens de
ftndre cette infiruction fennble dans (es preuves, Turedans.famarch" im-
tnuaUe dans fes effets & d'élever fur fa vraie bafe cette induction capitale &
primitive.
Cette bafe c~ la Nature toute Politique, toure Morale doivent être anor-
tiesà à fes plans à fes tccons:ainn de la Nature, bien ou mal obfervée, rétut-
tent nécenairemeni le bien & le mal phyfique iburce & principes du bien &
du mal moral.
En enet, nos devoirs (ont relatifs à nos droits; & nos droits partent tous
d'un point phynque, nos BESOINS. Notre premier droit en de les ~nsfaire; no.
tre premier devoir en )eTRAVA!i. qu'exige la Satisfaction de nos beroins.
Te! c~ en nous te principe de t'AcuoN, animate d'abord, fociale aufli- i6r
car la création phyfique & les reubrts devant être le moyen de la perfectibitité
de l'homme, Dieu voulut que l'in~inci: primitif dont fut douée cette créature
privilégiée étant mis en oeuvre par tesnécefHtés phynques, devint ind'tftrie
d'abord; que par les rapports indifpenfables avec fes pareils, il parvint à l'in-
teltigence & par le bien-être, à la fpiritualiré. L'Homme ifolé, dépourvu de
coût, en proie à Ces besoins, ne pouvoit être que brute craintive & farouche:
l'homme focial par ton intact préfent & journalier, devient le compagnon
& l'ami de tes (cmbtables & par obéifïance, amour & réugnation i'ami de
Dieu.
Nos droits fe trouvent ainn dans la Société, tous nos devoirs ~e rapportent
w elle. C'ed dans la manière d'y rechercher nos droits & d'y accomplir nos
devoirs, que conufte le bien ou le mal moral puisque tout le bien & )e mal
phyfique en résulte. Cette grande regle embrafïe tous les individus, grands
& petits, la généralité entière. Le bien de l'un eft le bien de rous le mal
de l'un eft, le mat de tous telle eft la loi de Société qui tient à la Nature
humaine.
);L'intelligence de ces principes eft !a véritable introduction aux penfées qui
nous initient à la vraie MAGNANIMITE ainn que l'habitude des ca'cuts qui
afiurent ces mêmes principes, e~ l'initiation aux moeurs qui en (aciiicent tes
effets puisque la magnanimité n'eft que le dégagement des petits intcrcts
pour ~'attacher à de plus grands & de plus euenuets or, plus on aura de !u-
<nieres, plus on aura le choix~à cet égard.
Ici, tespadtons ne font que ce qu'on les fait être l'amour, par exempte~
t'amour eu: pur, arden' paûtonné, tournant en e~ime & en amitié dans les
Sociétés umpte!:ittut noble, élevé, romanesque & brillant d<mstc3 fociétés
jactancieufet: il cft corruption, débauche, crapule dans les iociccés oinves&:
dépravées.
Tout dépend de t'ExEMPLE, véritabte agent de l'éducation & l'exempte a
la fin dépendra de t'in~ruction. Il n'en: point d'homme, en e~t, qui ne puifre
aifemeni être in~ruir de (on origine, de fa deflination de fa fin il n'en e(t
point que cette innrucHon, qui fe proportionne aifcment à tous les organes, à
tous les genres delprit & d'emploi, aidée par t'imputuon que lui donneronr
les moeurs publiques réfuttames d'une in~rucHon pareitte, ne puiffe préferver
de tout vice d'ignorance de toute erreur du déraur d'entendement. Re~fec
cette in~rucHon à t'homme, eft un crime la lui accorder, eft l'unique moyen
de le rendre inftruc~eur lui même par l'exemple, ~uie manière de le gouverner.
L'ignorance a amené la brutalité & la faufre Science a réduit t'oppremon en
fyUcme tous ont abandonné la Nature re~le infaillible & néceflaire des de*
voirs. Des-lors, la loi, l'cnfeignement n'ont auRoncé que les réuttiats l'igoo-
C~ i)
rance a jetté le voile le plus épais fur les principes liés à notre intérêt vinbte
& patpabte & fur les conséquences qui font dépendre notre honheur de t'ac-
quit de nos devoirs c< de l'exactitude de nos travaux dès-lors, l'homme n'a
plus vu de vrai intérêt à être équitable & bon les notions du juRe & de t'in-
juite n'ont plus été qu'arbitraires & variables.
L'objet de taSciENCE légiflative & politique en: donc d'éclairer tes hommes
fur la nature de leur inférer, fur les principes qui t'éfabtiuent, fur les con(é-
quences qui lient l'intérêt particulier aux divers intérêts qui t'environnent & qui
le croisent en apparence, & tous enfenole à t'intérêt commun:~ les réuit-
tats ennn qui aèrent & perpétuent ce grand & unique intérêt, en vertu de la
Toute-Puinance Divine, qui feule fait les fraix de cet ordre bienfaifant & ad-
tnirabte.
La démon~rarion en appartient à la SCIENCE ÉCONOMIQUE :)ufqu'à ette,
î'in~ruction religicufe avoir civilifé les Peuples, banni les vices brutaux, rbnd6
les hautes espérances l'in~rucHon <:<M/c- avoK accoutumé les hommes au
frein des Loix t'jnftrucHon ~oc/<ïA' avoit domicihe les Citoyens, établi des
annales excité l'émulation l'intrusion ~/n<M< avoi: perrecbionné les
Arts guidé l'imitation dirigé l'induOrie mais ces objets étoient demeurés
fujets aux variations aux abus & livroient tôt ou tard les Sociétés à des cal.
taRrophes déplorables, & fouvent à l'abfolue destruction. La raifon en c(t que
t'hommecharnetou phoque ne fut jamais dans ces in~ructions vraiment a~
~bcié à l'homme morat le perfectionnement à cet égard eft le point ou {e réu-
nineni toutes les inftructions pofïibtes c'eft-à-dife, la connoiflance de notre
'véritabte intérêt phynque perpétuel c<: momentané; celle des liens qui unifient
cet intérêt à celui d'autrui l'intérêt commun à t'inrérêt générât: la connoip*
~ance en un mot du point de réunion auquel aboucinent tous les intérêts.
La connoinance de cette grande UniTE ne peut être que le ffuit d'une
étude umpte, mais régulière, qui prend t'homme à fon aurore &: le voit naitte
avec le be~in de vivre & par conséquent de dcpenfer qui prend les dépendes à
leur fource, reconnoit leurs avances, voit marcher leur dt~ribStion remar-
que leurs effets & trouve enfin leur rcproduc~on mefurée.
C'eft pour préparer ces heureux eHcts, que notre Auteur entreprend d'em-
brauer & de déduire la maffe entière des devoirs de rhomme une c'rcon~.
tance particuliere en amena te commencement des chagrins & des malheurs
en firent achever t'exécution il en: beau il eft confbtant de favoir faire de
pareilles dtvcruons de s'acquitter fi bien de ce qu'on doit a la Société.
J!?<fptrj /owm<.
Les droits de l'homme font de jouir de fes organes ou de Ces attributs cof-
parels & de Ces ~CM/~ej ou attributs inte!)eAue!s.
Ceux. !a{ fervent à fa confervation, ceux-ci a ton bonheur.
Les devoirs de t'homme font donc de maintenir fa vie & d'être heureux,

i.
Devoirs du Citoyen ou de /*J?0/H~ en ~0~~

Mais t'homme (eut, ne fauroit vivre & être heureux, parce que feu! H ne
pourroit pourvoir à fa mbft~ance & à fa conservation dès-lors rcfulte !a tbctété
fondée fur des droits & fur des devoirs.
De même que les droits de l'homme font de fe conferver & de rendre à fba
bonheur; ainn ceux de la fociété font de fë conferver & de tendre à ton bon-
heur.
Le premier de fes devoirs efi donc de travailler à fa confervanon à fa fub-
f~~ance, à fa vie effets qu'opere l'AGRicuLTURE. Le fécond, de rendre cette
Agriculture aufnprofpere qu'il toit poffible: ce qui exige des ~<M<'<t annuelles
ptimitives & foncieres au moyen defqueUes on'fe procure un~~o</a~n~~
fource unique de la profperite des Sociétés: & qui fuppofeni pour le Cultiva-
teur une propriété perfonnelle, mobiliake & fonciere car s'il n'en: pas libre

tat de s'y livrer, ou il le feroir fans fucccs.


& s*it ne peut faire un libre ufage des fruits de fon travail, il feroit hors d'é-

Tour ce qui trouble cet arrangement & fbnaccroinementprogrenif, eu:


Jc/or~< de-là réfultent donc des conféquences nceeuaires & immédiates
tous les devoirs fbciaux: rendre à chacun feton fes avances, & ne rien préten-
dre dans ce qu'on n'a pas acquis par des avances en un mot recéder la pro-
priété d'autrui. C'ell par ces principes que fe démontrent les devoirs de fils de
irere, d'cpoux, de pere.

Devoirs du fF/'c~n~

C'eft fur-tout des devoirs des Propriétaires que refu!te la bonne conilitution
& ta durée des Société!. Ces devoirs font fondes fur le principe que, qui plus
-1
reçut, p!us doit rendre que qui plus entreprend, doif une mife d'autant plus
·
forte d'activité & de travail.
Le devoir de cette Ctaue.eft de faire valoir fa propriété c'eft-à-dire d'en
tirer le plus de produit-net pofiïbte ce qui s'opère en economitant le plus
qui! ed pofHMe &r les fraix, à production cgate..
Par ce moyen, le Propriétaire a du <~on< objet dont la mefure eft
celle de la vraie Société, & dont la contante égalité eft le ïeul garant de la
/?< fociale.
De-tà, te revenu confiant, fruit de la meilleure culture, garant premier oc
principal de l'ordre & de la durée des Empires, par la richcde des Entrepre-
neurs de cuttur& qui répondenc àt'Ëtat d'un revenu fixe & toujours égal
matsrc tes cas majeurs & fortuits qui attaquent la <ubu~ance dans fa.racine.
Ces cas majeurs ~bnt dans la Nature & dans tes vues de fon <age Aureur,
qui ordonnent le travail, & permettent les épreuves & les contradictions pour
redoubler ce travail mais l'ordre lui donne les moyens de rcn~ance & le
rend capable de prodiges en ce genre: l'humanité combinée a des forces
p~efque divines, tandis que l'homme feut ne peut rien.
Il faut de plus que le Propriétaire (ache faire la part de tous: celle des Cul.
tivateurs & Journaliers qu'il employe la nenne; & celle du Souverain qui,
à raison de fes devoirs envers le Propriétaire, a des droits fur (a propriété.
Ii faut encore qu'i! aime fa terre eh un moi, fon devoir eft d'accroître ~ans
Ceue les avances foncieres, & de le &ire d'une manière raisonnable & utile.

Devoirs du JVo~<t~/c <AïMj /< ~c~


La NoTABïHTE eH un droit qui fuppofë & qui entraîne un devoir pour
acquitter, étendre &: perpétuer ce droit. It fut acquis par des avances it
faut'donc qu'eltes (oient entretenues, & que le prodùit-net qui en réfulte
tourne le plus qu'il foir poflible en accroinemenc des mêmes avances enfbrtë
qùe l'Agriculture parvienne au point vraiment dcnfabie de n'acheter que des
fervices & de ne vendre que des denrées.
En effet, une Société agricole cH: entre les Sociétés humaines, ce que la
Claffe productive eft enrre tes Glanes <&indu(trie elle e~ cenfée tirer tour de
la Nature en piemiere main & peut n'acheter que des fervices & ne ven-
dre que des produits or, que vendent tous les Propriétaires, u ce n'eft des.
déniées, & qu'aehecent-its fi ce n'eft des fervices <
Cet c(prit eH le même néceffairemem pour tous les Etats agricoles ils
n'o~t que des denrées à vendre & des fervices à acheter de-là Co~cuK-
!<.E~cE, qui n'c~ que propriété aind, l'etprit de COMMERCE eu (ubordonn~
à rctpfit agricole.
Ju(qu'ici, tout edphynque dans la Notabilité: voici le moral. Un NoM"
coKNU eft un droit qui entraîne le devoir de te (ou~enirpar tes mêmes fer*
vices qui font fait coiinoître ou du moins par une Venu qui montre que fi
les circon~ances ecoient les mêmes, lcs (crvtces ou la votonté (eroient pareils.
~InG le devoir prête des forces à t'ambttton louable, & la Religion des'
devoirs p~ut feule la rendre tette: ainu du cercle des droits & des devoirs
terme tcy~M~M où fe trouve la fagene & te mérite devant Dieu & devant.
tes hommes.
Quant à l'iniérêt com-mbn dont fe forme la chofe commune, il conMe
dans te repos & la concorde publique afin que cttacua Me librement fes
affaires, qui, par cohérence font celles de tous: ainu (ë forme le devoir da
CHEF, de pourvoir à ce que chacun ra(Ïe (es anaires librement & ~acitemenr.
Ce devoir ne peur erre que celui d'un SEUL, en vertu de (es droits qui (bnc
ceux d'un feul re(uttant des avances de la Souveraineté fans lefquelles tes
avances foncieres ne purent exifter, & ne fauroient t'augmenter.
Audi tous les Peuptts ont-its, dans le fait, reconnu le titre de propriété
Souveraine feule bafe du bonheur des Socicrcs tandis que t'u(age des Sou-
verains Ettûifs y eft tcujcurs contraire ce titre eft en erfet la feule barrière'
tpntre les ufurpations civiles, & la bafe des devoirs de la Souveraineté qui
Ce rapportent aux trois parties des be(oin$ généraux de la Société.

i~, In(trueHon générale & perpétuette. i~. Paix & protection au-dedans
& au dehors. )". Travaux publics relatifs au maintien général du teMirotre &
à la facilité des débouchés.
Dans cette heureufe conflitution d'un Etar agricole, les Propriéraires nota-
bles font les vrais Confultans & Coadjudans de la Souveraineté ils aident
t'autorne (ans jamais la partager.
Aind, leurs devoirs font de fervir la Société, de t'induire", de la protéger à
de la gratiner de l'édifier & de lui rendre ce qu'ils en ont reçu.
y.
D<vo~ du Prince dans la ~oe/
Sans Société, point de Souverain: le Prince eft donc dans la Société, &
comme fon Chef: de-là réfultent tes devoirs puifqu'it n'y a point de droits
~ans devoirs: ain~, il e~t oblige de travailler, comme couc autre, à fon
avan-
tage perfonnel c'eâ-a-d)re, de connoître d'étendre & de maintenir fes
droits, qui ne peuvent fubfifter & fe développer que par le fucces, l'ordre, le
perfectionnement humain & par lui, t'extenuoM des propriétés publiques
& privées.
D'ailleurs, un Souverain n'a à GouvfRNER que & Cour, /es Confeiis, fes
Préposes tout le re~e va de foi -même il doit à fes Prepo~s, de la vigilance
fes Conseils, de l'équité à fa Cour, de bons exemples.
Son devoir e(t, ï °. de fervir le Public, en empêchant tout ce qui troubteroic
te devoir de chacun.
t". D'iH~ruire fon Peuple avec <oin, peWonneHemenf, c'e~-à-dire, de i'tn~
tfuire de la vcrire, s'il ne veut que t'etfeur toujours divergeme ne l'enrrame
& fi aujourd'hui on fc di~penfe des formalités dans les guerres, c'eft qu'on
fe bat avec de t'argent, &'qu'on compte plus !à-denus que fur les hommes.
Ici, le droit d'écrire en toute matiere refntte du droit de parler c'eft une
propriété acquife par les avances du tems & du traçai! pour apprendre à ccrire
l'oppofition à ce droit eft un délit; le bien de la Société peut feul le modifier.
Un troineme devoir du Prince, e~ de protéger ce qui embralfe Ju~ice,
Police Finance, Détente & Politique extérieure.
A tous ces égards fart de gouverner ne conMe pas à ordonner, pujfque
tous les droits, tous les devoirs, tous les intérêts font donnés & prefcrits
par la Nature mais it confifie à veiller à ce que l'ordre ancien fbit maintena
& (ub~~e perpétuité; car en cette perpétuité connAe la Loi de l'ordre, le
vo!:u de Nature, le vrai objet de la Société. Aux yeux du Sage, & dans le
(ait, les changemens les évenemens frappans, font la critique de t'admini~.
tfation plutôt que fon éloge attendu qu'il n'y a que !a maladie qui aveni~e
& non la fanté. D'auteurs, ~ur les changemens eOewiets la voie d'io~ru~ioa
e~ ouverte au Prince envers fes Sujets.
.ee,
Le Prince eft abfbtu dans fa pourvu qu'u Ce conforme à la Loi de
i'ordce, dans laquelle feule elle exifte.
La Fo/<e< eft l'exécution fommaire des ordres relatifs à la protecHon & à
!'acçctcration eUe a pour objet fur-tout les villes, les rendez-vous d'une popu.
lation
~adonentauee. Elle (croit despotique ,6 elle doit arbitraire mais il faut qu'elle
toit éclairée; car /'<MMor~ doit être abfolue: ce qui n'eft pas de~poti~ne, tou-
jours arbitraire. Quant aux campagnes la paix publique & le bonheur y
maintiendront l'ordre, y feront elles. mêmes la police la plus vigilante, la plus
ïure.
La Finance e<t le revenu de la propriété du Prince c'ed par les Propriéraires
feulement qu'il en peut faire la récolte & quant à la dépende c'eft l'objet
<~ue l'ordre facilitera le plus elle e~ ainf! un objet <f<t~M/M/P/-<M & non
de gouvernement, car c'eft le bien propre du Souverain.
Relativement ata <<n/<, le Prince c(t Chef de la Milice, hommes d'élite,
toujours disponibles prêts à <e porter au premier ordre par-tour o~ la
défenfe l'exigera d'ailleurs, équité & ~<'j concorde font les vrais Ptenipo.
tendaires d'un bon Prince.
Ënnn le Prince doit édifier la Société par Ces moeurs & par fa R.:tig<on,
feule manière dont il doive la gratifier.
La dennition des m««/'s ne fera plus vague torfque t'in~ru~ion aura ap-
pris à difcerner le bien & le mal phynque, bafe du bien & du mal morat
par-là s'établira cetre grande vérité bafe de toute bonne conduire que la
vraie liberté ne Ce trouve que dans l'acquit des devoirs; vérité qui tient à une

& de toure Société,


racine indispensable, la connoiuance des devoirs, leur nature les droits qui
en réfultenr, leur identité avec la vit & le bonheur; ces droits de tout homme,

Quant aux ~a'yact~j, elles (ont relatives a toute faction fuciate qui
confiée dans tes rapports mutuels des hommes enrr'eux. Le rapprochement eft
!«~r<yo<'M/< par exccttence. Les bonnes moeurs tout donc ccttes du rappro-
chemenr.
La Religion de ton côte, n'e!t pas (bumife a~ Politique h vertrabfe
épreuve de la Politique, au contraire, cft Con accord avec la Religion la nôrre
ne nous ordonne pas de réprouver notre frere elle nous défend au con-
traire, de le condamner & toute excommunication religieufe ne s'étend pas
au-delà de t'exctuuon de ta communauté des prieres, des Sacrifices, des grâ-
ces <urnaturettes,
D'ailleurs, tout eft pour nous, à nos pieds, fur nos t~res, un enfembte de
My~crcs aunt inconcevables que l'Incarnation, t'Eudun!tie la Trinité; /?/
~n~, <o& M~Mn~ feparees & réunies pour créer fauvcr cclairer
les hommes pour les ramener à jamais dam le (ein de l'éternelle Puittance~
tmour & intelligence.
ré/M. A D
On voit enduite que !a Religion eft t'étendafd nécetïaire de terne réunion
~dale que le Prince ne doit vouloir que ce qa'it peut & comme il le
~a recette du )o~e milieu eft la feule Tegte de fa conduite &: le feul
bkut; que
tnoyen par lequel il ~tï& K~dre a Sod~te <:€ qu'il en a reçu qa'en uh
iruot (oa devoir, dans
la Société, eft celui du Pere dans la FanuHe.

JP<yo/<~MMMW~yM:<r.

L'homme doit tout à Dieu, la vie, d'abord, puis tout ce qui !a compofe
la perpétue. Ce font autant d'avances faites
& qui par là Nature avances que
Dieu veut que nous faffions valoir bien loin de les enfouir que nous les
hnion: iervir à notre profit bien entendu tel qu'on vient de le développer.
En effet, t'homme eft né pour ta Société; elle ne connue qu'en rapports z
ces rapporte font des échanges; & ces 'échanges ne (auroient être que des
produits de ton travail il a acquis te tangage re~u par l'exempte quelque
teinture de moeurs, conçu quelqu'cbauche d'opinions admîtes par l'éton-
.nemem & par la crédulité il a reuenti quelques (entimens attifes par la
Nature il a tout cela & ce n'e~ rien encore fi la Société ne l'éclairé il
fera toujours très éloigné de toute idée fixe de la Religion raisonnable &:
fenfible.
A cet égard, l'intrusion eft encore le chemin qui conduit à la piété vé-
ritable, picie des nmples qui ont reçu le germe de la véritable induction,
C~condée par une ame douce & (âge & qui (ont eux-mêmes bornés à l'acquitJ
de leurs devoirs à l'exactitude de leur travail dans le fuccès duquel ils con-
centrent leurs intérêts & à l'attention de ne pas létcr ceux des autres.
La Religion d'ailleurs ett dans le ccEur, non dans la tête mais pour ra-
mener celle-ci au cœur, il faut ncccfÏairement l'indruction.
Cette induction doit être générale & renfermer en même tems les droits
de chaque Clafle d'une Société agricole complene, compotce de Prophétaircs,
de Cultivateurs ou Productifs, & de Salariés.
Ceux de la Claf!e productive, fur-touc, qui onr de gro* fonds fur la Terre
& fous le-Ciel, fans ceue flouant entre la crainte & l'etpérance,
ont abfb!u-
ment besoin d'un Parron d'une croyance qut leur ocrent un appui iuperieur.
Si on leur ôte leur Religion épurée, cette Religion qui rend modèle dans
les ~cect & qui confbie dans les revers, ils ramèneront bientôt celle du bon
& du mauvais principe les oififs fe ferolent celle de leurs paûlons les Ph~-
io&phet, celle de leur Mctaphynque.
Heureufemenr, le Créateur veut l'cxtcn~on de nos reuons moraux, comme
il veuc la progremon de nos tichenes phynques: )1 veut qu'on éclaire l'homme,
que le tems nous apprenne à vivre que le vivre nous apprenne à vieillir;
vieillir à mourir; & mourir, à revivre dans le fein de norrc Puiflant Bienfaiteur:
il veut que nous tenions à h vie comme à un préfent du Ciel; que nous fa"
chions comment il cp faut ufer pour nous rendre le Ciel favorable & que
nous le cachions non'&utemcht dans le langage qui interroge la Foi, qui ré-
veille, étend & éleve nos efpérances; mais en même tems dans t'idiôme
qu'entendent les organes de notre cupidité, dans la Langue du calcul qui
anure chacun de nos pas, fixe chacune de nos idées & nous montre claire-
mcnt que l'obciuance à 1~ voix du Ciel cft la voie aMurcc de nos fucces fur la
Terre.
La Religion e(t un avantage réel pour la Société en ce qu'elle n'ed autre
<ho& que l'aveu, la connoifÏance, le fentiment d'une autorité Suprême du
Code d~ (es Loix de ta Sanction qui en af~tre l'exécution.
Toujours fainre dans fon principe c'eft la barbarie l'ignorance, te vice
!a rbibtetÏe qui en défigurent les ornemens extérieurs. La Religion préfence
toujours un Père bienfaifant, Protecteur, Rémunérateur, qui montre une
multitude d'és liés par le voeu de la fraternité qui n'exige de nous que
te travail pour nous tes procurer la
Ja recherche de nps propres avantages
~pnne-~bi pour nops tes aOujrer la ~butmnton à t'ordce propice, la reconHoi~-
(ançe envers fon Auteur, la KUgnafipn à (a vo~ontjé tpujoufs la plus &ge,
qui pour récompenfe promet une npuvette vie ~ns~n) car ce qu'on voit,
a(!ure de l'immense de ce qu'on ne ,voit pas.
Cette Religion qui n'e&poiot4~M, mais ~ndée (ur la fraternité,
<pnMe t*. à d~inguer te jdrqtt du prochain, du 6ep aie chérir com-
me inséparable du noire d'où réfutte t'e~ Elle doi~ donc ecre enseignée
prëchée (entie respectée & jamais livrée à la difpute euentiettement irreti-
gieufe.
Etablie fur l'Ordre elle e(t la régie des devoirs Sociaux de tous les gen-
res, enforte que l'homme jufle ou qui déure de t'être n'a plus d'offrande à
l'Ordre.
faire à Dieu que celle de fbn coeur, qui n'eu: autre chofe que la foumifEon à

Le Cutce enfin eft le poinc de ralliement phynqae, comme la Religion efc


le ralliement moral c'e& le feul acte de fraternité qui demeure entre les mem-
D ij
bres d'une Société complette & riche, difUnguée par les rangs & par tes for-
tunes. Celui qui s'y refufe par dédain ou par moHefïe fe donne un vernis de
faux frere & d'apo(tat qui nuit à (es vrais avantages. C'e~ une profeffion dc
foi extérieure des verrus que la Religion exige; on y fait des échanges d'édi-
fication refpeetive on y traite de la probité muruelle y on y apprend en&mb!e
ta langue de la juftice, l'alphabet des vertus.
Le devoir de l'homme envers Dieu, eft donc de le eonno~rre par fes
bienfaits, dans (ot-meme y dans tout ce dont on jouit dans tout ce qu'on e~
pere de l'aimer dans fon ordre de le fervir par Con ob~i~ance, par fou tM-
vail par (a re()gnatlon~

7.
Te!!e eft !a; fcience du bonheur de l'homme con(!dere comme un !ndîvid~
idedine à faire corps avec (es (emblables pendant le cours de ce qu'on appe!k
Ïa f~, carriere d'épreuve d'obeinance&rde travail toujours recompente par
fes fruits pat~ge pour arriver à la vit univerfelle & à la réintégration dans te
iein du grand Auteur (ource de tour ordre ce de toute rémunération telle en:
la fcience du bonheur de PHumanitc conddcré en ma~e comme douée ex.
clufivement d'intelligence & d'amour entre les OEuvres du Créateur.
Tous les travaux phynques & moraux des hommes doivent (e rapporter à.
Pobjet de parvenir à cette voie unique du bonheur, de s'y maintenu & de
concourir con~amment au bien public, général & particulier chacun doit
être affuré de travailler en cela à ~bn propre avantage. Là tout amour-propre
qui n'e(t pas fou & patHonné trouvera fa place marquée o< des fuccès a~rés
Funiverfatité de !'in(trudion contre-batanceMtesetfeiscontagieux du'délire oc
donnera une direction rage c'eft-a-otre utite, aux effbrta de tout amour-pro-
pre contant & à tous les talens diverfementrépartis par la Nature qui ne donne
rien en vain;t'</?//M< en montrera la yoie~ en applanira le tcajec~.e~
tccompenfefa tes eSort~.
SUR LES DEVOIRS. ·.

C~(/M/!M par y~&r du ~/o/!<~ P~


Quant à nous nous n'avons pas attendu cet encouragement qui ne pou"
voit nous venir chercher dans notre retraite pour faire le premier pas dans
une carriere devenue immense par norre manière de l'embrauer & par le
terrein que nous avons entrepris de parcourir. Mais à peine eûmes nous
débute que l'Humanité entière fembla jeuef fur nous un regard <ecourabte
parut avoir deviné nos intentions.
Si quelque cho(e en nous a pu paroÏtre mériter cène bonté c'e(t le zèle
& la bonne-foi ton caractcre in(eparab!e qui garantit de toute erreur volon-
taire de tout projet de décevoir. On ne fauroit donc nous foupçonner d'à'
voir fait tant d'études & tant d'obfervations éparfes & relatives à un grand
tout, pour en faire un ufage force à l'appui d'un fyfteme dont la bafe ne fur
jettée que vingt ans après l'époque de nos plus opiniâtres travaux.
Si donc nous nous fommes rencontrés depuis c'eA à la fontaine de vé.
rité j'avoue que la rencontre de tels Compagnons de voyage me donna
beaucoup d'aCurance & de courage qu'il me fut aife d'appercevoir qu'ils ar-
riv.oient par un chemin plus court mais ma miS!on étoit & fera d'éclairer la
vie humaine en la prenant depuis fon aurore jusqu'à nous à travers les brouil-
lards des Annales, des Traditions des Fictions des Aitcgoriesdes Opi-
nions des Conjectures~ &c. &c. De préserver les hommes de l'enflure de*
viGons généalogiques; de les relever du materia!ifme~ de les retirer du va-
gue ténébreux du Scepticisme historique de les ramener au nmpte ennn t
aux voies de la Natute hors deSqueUes ils tentèrent toujours de marcher, ee
toujours à leur dommage.
Mais quelque Succès que pu!tte avoir mon trava!! quelque crédit qu'il
puiffe me procurer fur l'cïpïii pubtic~ le terme de mon voyage feroit d'arri-
ver aux préceptes & au plan de conduite tracé ici pour le bonheur général
des Sociétés c'eft ce qui m'a fait un plaifir de cette Analyfe ce qui me doo~
droit a rinferer dans le Monde Primitif.

Fin du Tome 7. des P~<r/«M/M.r


jF~!7 T C 0 R H 1 C B R.
~0~ 7~,M~ne t~,Jcho)ak!m, /c~ JechoniM.
F<!ge 361, ligne )0, en remo/tt. antér!ewr à Hercule, Homère~
P<~c 41*, ligne ii, des XH Rois lif. des V I 1 Rois.
Page Il Globe! qm Yo~eM, qui to~cnt<
TABLE
I) "E .4 T 7 JE R E S.
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE

A.
A V"es fur ce Monument, f6t
fes Cgnincation! en Suédois, 460 AMi des hommes, <x
A, Aw, eau, to<, 480 AM MONITFS. Defcription de leur Pays, tf
r
Ac~AHAM, connut la monno!e, t;~
4
ADAM, ce que HgniSoit ce mot en BlaCon, Leur ruine, )~
t'~ AMORRHEEM, Description de leur Pays
AtMCAtN< Orientaux, leur habileté da«s n
ANGES. ve(Hge des Anges Tutélaires dans
ia Navtgatton
AFRIQUE, f Voyages autour de F) les Prophètes, to6
Noms de (es Caps Orientaux, ;o De Perfe & de Babylone 89
AcÉtHAS, bon motde ce Prince, t n< ANIMAUX d'Egypte, &uCe< idées qu'on
AGNEAU, Monnoie du tems de Jacob, i~t s'en fbrmoit tyz
Monnoie de France ~< Caufes de leur prétendu Culte 174
Ao&tcULTORB,fource du Blafon; fon Sym- Entretenus dans les Republiques mo-
bole, ~7? dernes, 177
Symboles qui furent relatifs 6< AMTMOR. fauve-garde que les Grecs m!-
Source des Nom: & Prénoms Ro- rent à itDorte, n8
maint,t iyo ÂNTitATtR deThc~!alMuque;Epigra!nme
Du Royaume de Juida, t~ de <afa;on, i~ts
AiMAM fon nom chez les Anciens, t ANT!QO!ï< nëce&e de connoître Ces
Amunut, nom d'un Druide, & ce qu'il Symboles, nyf
ngnine, t9tIf Apon-ct), pourquoi Mond, tôt
ALCMÈONtDE~, Nom de Famille, oc ce AroTH~os* des Empereurs, Con ongint,
qu'il lignine, i8<6 t!9, tty
Anx~ D~z t. Ces Symboles, i~ t valeur de ce nom,
Apptus
AmusCttt'Dics; origine &Hh!oired<:
Ai-CA~v~s, ancienne étendue de ce nom,
,19; t9'
43 cette Famille, iy<
An~GOMEsOrientales analyses AtL, eau, en Oriental mots qui en (ont vt-
xxvuj · nus, iof<
Anciennes de leur interprétation An, Oa, montagne noms Orientaux
qui en (ont venus tto
AMtI.Ft'TM, t7 ARABtS, en Méfopotamie & tret-tacien-
<

AMALrs, Famille, :f< nement ti.


i
A M & ï Q u t fi les Phéniciens l'ont con. ARABit d'Occident; quelle,1 4~
nue, .[7 Connue de Pline 4~
Rapports de fes Langues avec celles ARcm, bannierc facrée det Hébreux,1
d'Orient, <8 107
MomaMM qu'en y a trouvé, ib. ARCHU~MoMtoieOfienMtt,
1
~3~
A~oot, pourquoi un loup dans (es Armoi. Compara à ceux de l'Egypte
rie;. '~4 SaA;onnf~c,
ARMiÉts anciennes; comment on y recon- Ses Médailles nulles pour t'HiR~ire,
noinoittaNobtefTe. t;9 i6ï
ARMtthérélitdi es, exemples, <~7 Pour~o! ne mit jamais fur les Mon-
ARMES PAR< A~TtS, au(t) ncicnnes que les noie' l'cmgie d aucun Prixce i~
autres, fclon Speitnan, ~8 ATTA nom des Sénateur: ou Père 8
!.?<!
Leur rapport avec les Langues, t57 ATYADF.S, Famille t!7
Ce qu'on en a dit, t t AvtNitK;(e! Armoiries, i~~
En Egypte,
A Rome,
!8y Leur caufe,
Ap<:uRE,d&cedrnt,
t't[
t~p 1~7
En Grèce,
il
ïoo Azu~, ion <t)'mo!og!e, t9y
En Orient, t~t
Familles modernes qui en portent, B.

En Angleterre,
t;i<i!7 B. ( Mr. ) Obfervations fur les F.)ble!
Relatives au Soleil,
!~&MO!MEs leur origine
ï~y ~yf
ï;9
Allégoriques,
pAAnt, Roi des Ammonites; Con ppr-
~ytc
Héréditaires, trait, j~s
fon HiOoIre conciliée avec la
Imprimées avec un fer chaud,
Placées devant les maifons
m
tt.
BABYt-OKE
Sacrée,9 !t~
Re)attves.a l'Agriculture, i-'indetonEmp!re, 8t
1~7
Et~fesUivinitet~ tptf Son dernier Roi n'a pat été tué dans
Aux Vignobles, 170
la prife de cette Ville, $o
A la Mer, !~ï BjtBYtONtt, décrite y
Des Druides, l;o PACCHtS, pourquoi peint jeune cegrM,
Des Villes de Sicile,i ttt En Armoiries,
101
Des ViHt'& d'Egypte, i Sy t~o
Des Villes Sacrées, '88 B* nom Oriental du palmier,
HA~D,fa~nintation,
ty~
Des Colonies, t/S BAMK!EREStacrep!,
~o~
Communes $
diverfes Familles, & 107
pourquoi, <So BARBARiz,fesfuneBesenfet!, 4tH c
ARMORiAUSTES, n'ont jamais pu prouver BATON, ce qu'il peignoit, ;7?
rantiquitédu Blafon ny BEpER, publie une Médaille de Phidpn
A~rHAXAD Chef des Philofophes ChaL- 0
1~0
décns, < BzHA!An., Roi de Babylone; quel il c<t
E& le Caïnan d'après le Déluge, o dans Ptolomée, 8~
ARNAUD, fens de ce nom. Explication de fa viHpn,
to/ BtRNARU, Duc de Septimanie; fbn Hif-
«<<

Attf~ÊTtA le Soleil, le Croinant, &c. fens


de cette expre~on, t~y toire,
BïAN:, fes Armoiries,
j)t t
A~T~, combien parfaits à Babylone, 6 t iy<{
A Egine BERT, ce que ~gr~Se cç nom & fet démet,
As, ~on origine, t~ Biï~uB~, (M.) ce qu'il penfe du Bou-
ÏC4.
AsiE Occidentale, décrite, t
on (o'-t décidé à la Bataille deThym- clier d'Achille y
brée, 78 Comment tradun un paHage de cp
AsYLE,(burcedecedroit, ï9t Bouclier, j.~6
AsxYRtE, dccrite, 10
Bt.tnc, ce qu'il peignolt 10~
Bt-~tON Con ét~mol~gie t{)8
AsTA'Rt 6 t?;~ EUROPE
Ar~ la PhrYgIenne ton tombeau oc ce Son origine remonte a la plus haute
qu'~ '=g"ifie,
ATHÈfH.V'He Sacrée ,j
ï~ Antiquité, ft~
t~o ArmorialtH.es n'ont jamais pu la prou-
SetS/Lpl<.s, J60 Ycr~ 116
Légèreté
Ltgefete avec laquelle on s'en eft oc- Son Origine & celle de Con nom, ib.
cupé, t~y C A i N A M d'après le Déluge, nom d'Ar-
Monumens Llafonés antérieurs aux phaxad, 9
Croifades,
Pris dans la Nature,
t~ CAiu!' ce qui Hgnine ce nom
CALENUMïK
t~o
HiHoire du~ analyse <
t J
Moderne (es couleurs mi-parties xxxiv
d'Origine Ancienne. 10~. GREC, peint fur le Bouclier d'Achille
Br.EU~ ce qu'il défignoit, xci1.
BauF en Armoiries, fa lignification,
Ancienne Monnoie
t~ CAMpACfES, ne duroient que trois mois
Formoit l'attelage des Dieux,
t}~ ,1~f cbe~ les Anciens ) ft
i~)J CAHAA~ ( Pays de) décrit to
Boivm, venge Je noudier d'Homère, ~o CAp de Bonne Efpérance peut-étre plus
BOUCLIER droit de Bouclier,
Droit de le colorer,
i~ dangereux aujourd'hui,
CAPITALES, fune~es aux Empires,
s
1%
104 ix
Charge d'Armoiries,
Sonnettes & grelots qu'on y fufpen-
i~ De Crefu!, tuieR fu nefle
De Nitocris lui c~ funeftf
S7
77
doit, De(!gneesparlemotRabbah,ti.
Sacré, Cervoit de palladium, i*~ CARACTFRtS que vit Heifafar & fa Cour
Son nom chez les Peuples du Nord & dans quelle écriture furent tracé!,
p
origine,
fon
Des fept devant Thèbes t4~8
in CARTE des Conquêtes de Nabuchodonofor,
88

~AMCHB Symbole de Junon Sofpita, fes noms expliqués io<


t!o CARTES à jouer d origine Egyptienne p
D'AcHinE, chanté par Homère, 339 3~
Attaqué, ~o Efpagnoïes, leur Origine 389
Venge, Francoifcs, leur Origine ~90
Son motif, ~41r Quelles bonnes, quelles mauvaises,
Sa Defcription -f"
Son objet ~t t CAusiF, ce qu'on en;endoit par-la, &c. i~t1,
Point de vue fous lequel on l'envifa- CA~Lus, ( M. le Comte de) avoit appcrqu
,E~~ ;?! que t'! Armoiries étoient antérieu-
D HERcui.E, parHéf!ode, 36~ res aux Croifadet,1 t<t
D'Ë~~Edins Virgile, Monument dont il n'a pas apperçu le
BouoAtNVin.E, (M. de) tes Découvertes vrai objet,
dans la Mer du Sud. f}77 Son fcntiment fur le tems où vivoit
BOURGOGNE fa Noblefte porte presque Hénode, ;6t
toute de gueule & pourquoi, 187 CELTES, leur Nobleffc; )~t
BOURSE, ce qu'elle peignoit, 108 Pourquoi un lion leur fervoit d'Ar-
Pourquoi ce nom aux rendez vous des moiries, 18
Marchands, t&<. CÉRÈS. pourquoi blonde; lot
BocsspLE voyages fans elle J
Pourquoi fon char tiré par des Dra-
Si les Phéntcicns l'ont connue gons no
ExiAoit dans l'Afrique Orientale avant En Armoiries, '<~p
les Portugais, ri
~<!
CE&)ÊTHttMs Hérauts d'Armes chez les
BREBIS nom primitif de la Monnoie, Hébreux, no
~}4t t:(~ Cequengnineleurnom,
CjSRY<:ES, Hérauts d'Armes
:tt
(
chez les
BRETONS Origine de ce nom 10~
B& ( M, de la ) fa Critique fous le nom
1
Grecs, & leurs Fondions, 11~
9
de F. Paul, ~7 Origine de leur nom ib.
c. CHALD~EHS Phitofophes, 7
CHANSONde LINUS
CADMUS, pourquoi appelle Serpent,
CAouc~E emblème nécefEure des
m t
Hé-
Relative aux récoltes, ~7
CHAftAu Symbole des premiers Rois de
rauts d'armes,
z?~ r~/n.
tttt, Macédoine t~t.
Derofe! i~t &
CotpE'cequ'e!)epeigno!t, ~7~
CHAR'OTS, privilége de la Nobleffe, i ;y
utilité dans les batailles, 7?. 1
Leur
Cuc'ROtfMEdeJotham,
CouRT de GÉBU-tN Génie & Vertus de
n
CHFmfR,( Madame) fon explication de
la Dan(e Grecque
fon Pere
Privé de tout par
v.tx
des événement bar-
CH~RUEtM armé d'une épée de feu, ce
;;p
bare*, txvm
qu'il dc(!gnc ~/& Avantages qu'il en a retire!,1
CHtSfAux ( Loysde ) anecdote!,
Ses Ouvrages Alltronomiques, 99
il Ses premieres études
Combien redevable à fbn Pere, V. IX
v
CHEVAL, Monnoies; i}< Et a fa Mère x
En Armoiries, ce qu'il pe!gnoit, 71 Ses Liaifons, tx
CHEVALtME Ordres de ) très-anciens, Refond Ces études x
110; RéfuItattauxqueJs il parvint, xn
Cn~v<TFRS ancien!, blafonnés dans les Comment parvenu à l'analyse des Lan.
Tournois gués, XL
Du fiAtx, Tableaux de leur récep- Phdo[ophle qu'il trouve en che*
Con
tion ~f! min !.x
CHtFKS, ce qu'ilspeignoientenFgypte, ~7~. N'embrade aucun fyaême exc!H<?f,
CmFfLET, fon Sy~cnte tur ro"igine de la IXJt
monnoie, t~~ Ses vœux pour une PATME qui le mé-
CHiKOïs, au tems de Nabucnodonofbr, 71 connut toujours, LXIX
Leurs Grands Hommes à cette épo- Excellents Amis qu'il y trouve
que, 7t LX VIII
Monument ancien ;8y Monument qu'il a reçu d'Amérique 9
CtFL, (es droits fur l'homme~ xvïj
Ct.A!R ( S:'int ) pourquoi Patron des yeux Que lui a prêté M. BERTït), 387
foibles, to8 CooRTAUT, origine de ce nom, 10~
CLAN, met !rlan~o!s & Ftrufque, Cmsus commande l'Armée combinée con.
t?~
CLERGÉ (on Symbole en Egypte ~7;)
Ct.iStttrK! magn ficence de (es Tournois tre les Médes & les Petfes~ 7~
Banu à Thymbrée~ yg
pour fccho.Hr un Gendre 1~; Perd fes Etats, s'
CocH.N, Symbole de Troyc, '47 CRi de Guerre, divers, i~
C-BL~-SYRTE cecritc Des Hébreux,
~Pn tFAs d or ce qu'ils deGgnoIent, n~ toy
CtUTiQOfS fuperbes & excluCïs, prefque
Cot.o~(ps,}eurs Armoiries, 17!} tju;oursignorans, 4~
~OtotnEs de Tyr, s
i88
COMMERCF, fon Symbole, CRocoBtn, Symbole de l'Egypte, !~y
~oott f le (:ap. ) les Découvertes dans
~? CupEfL, écrit contre la médaille de l~hidon,
la Mer du Sud, ~7 iyo
Rapports qu'il apperçoit entre diverfes CuRie;, avoient des Armoiries relatives à
I.angucs, leur nom, Ht
CoRDONKiFRS pourquoi Saint Crépin cil CïAXARE, I. Roi des Modes, fon éloge,
leur Patron, xoS
Co~ps, droit de le colorer, }t
~04. H. Prince apocryphe, p~
Quand défendu t0~
Co~~o~)E, tes Symboles, CYcn parfait donné par les nombres de
t6o Daniel,
CoTTt.i d'armes, d'origine Orientale, ir~
CouLFfRS en Bl<t(on, CYRUS, fes Campagnes contre Créfus &
Leur Origine contre Nabonid 73. 80
Leur Nom <jr.ent~I, t~g Soumet la Lydie, gt
Mi Parties Prend Babyione, 8t
Des Boucliers, toï
Succefreur immédiat de Nabonid, ~t!
Leur rapport avec leb PJanettes & 10~
le< Soumet la Médtc les armes à la main.
Saifons; ino '~3
D. DissBRTATtOts au! entreront dar"; te
Monde Priminf, ~xit
DAMtt Orientales'qui ont des fonnctte! DiviMATTOt, par les F'eches, ;3
au bas de leurs robes DIVINITÉS Protectrices de t'Agriculture
Avec leur rouge comme des furies leurs Symboles, ~7t
~°! DR.tCMF,fbnetymotog)f, x~t
DANCO fille de Pythagore, avoit expliqué D&AGON Symbole coTtmun
le Bouclier d Achille, ~<ï Servoit d'étendard, tiwo
DAKiEL, trace la durée de la guerre entre
les Perfes & les Babyloniens) pj.p;
Ce qu'il peignoit
En Cavalerie origine de ce nom,
ttii
Sa Chronologie rétablie tfe
Son Hifloire & fon éloge 96 DROIT de colorer le corps, 10~
Ses connoi~anc'*s en Aitroiom!e, 93 Sac.)u(e,
Ce qui le diilingue des autres Pro- Quand dérendu, los
phett-s, ib. De monnoie, tt~
De fcs Ouvrages, too D'effigie (ur les monno!es uturp6, &
Leur authenticité, leg quand, it!)
Son Tombeau, n~ s D'EnfeIgne, ~oy
Faute ~tifïee dans (on J. Chap. ;y D~oiD: leurs Armoiries;
PANSE de Gnofle, décrite, ;t8
DAtHNë. Con Temple en Syrie,,
Dm ce que ngntfie ce nom, 306
17 UutLÉE des Empires, calculable, LYtU
Explication de fa Fable
DARiQ~ts, Monnoie
DAMu< le Mède Roi de Babylone quel
1~7 E.
il eA des Rois de Ptolomec gp
DAVID, fes Conquêtes, t ËAUt pourquoi der!gnée par les noms de
t~. t~, t~ N~rce, Pontus Se Pofei.ion ~6z
DBcfus lignification de ce nom ipe
DECOUVERTES fur l'Océan, ~oy~A&w~R.
DEDALE invente la Danfe dcGno(ïe, ~88 EcHARPtSdor, ce qu'elles dc~gnoient,i
DBt.FHE$ Ville facrée tt~
t~o EcRiVAlKS {acrés conciliés avec les pro-
Pourquoi fut appellée Delphes ou
nombril, fanes fur les derniers Rois de Ba.
tp[t bylone, t~
DEMODiCE établit lamonnoie en Phrygie EcuYBRS,lcurorig!ne, iiy
Ecl~E habileté de Ces habitans, 1~0
DtN!FR! ce qu'il pcignoit ;7? EcYprE tout y ctoit tymbulique !~o
DEVOIRS analyte d'un Ouvrage fur cet Armoiries de fes villes, t8y
objet, <~) Leur fource ib.
DiANE en Armoiries, ce qu'elle peint, Etoient parlantes t <8~
'77 Avoif trois villes [acrées 5c pour-
Chanerene fymbole de Sege~e quoi, )2~
t8t. Ses animaux facrés oc pourquoi
Defcriptton de fa ~atue, t~; 'S7
DtcTMuMAinE des Langues do Mada- Ses Symboles, ib.
gascar, 1. Ravagée par Nabuchodonofbr, ~o
D~ËD, Con vrai nom myHérKUX & pour- Source de nos fupettitions ~oy
quoi, tp? EGYff'ENS ne pouvoicnt naviguer fur la
Comment peint en Egypte,t tôt Mer-Rouge avec plus d'un vaifleau,
Ditox quand peints en rouge t6. ~y
Caufe des formes fous lefquclles on Leur valeur à Thymbrée go
les peignoit, T.ot Ne mirent jamais d'emgie humaine
D"fM.dela) fareponfcàF.Paul,44y tur leurs monnaies td8
DtoscuKES en Armoiries, leur ngninea- Pourquoi leurs monnoies inconnues,
Hon;1 t~t; E ~ij
o
Rapportoient tout aux Dieux & au Leurconnoittance Ind!(pen(aHe; tK
public, ~? Les mauvaites ne doivent pat faire
Monnoies de ce Peuple encore exu- rejetter les bonnes ib.
tantes, ib. Des nom! de plulie urs villes de Sicile,
Comparées avec les médaille! de leurs i8t
Empereurs 170 PARTÏCOHER.tS
Chacune de leurs villes avoit un ani- Adiabéne !o
-mal pour Symbole, i7t Aradus, T9
1,
Vues nouvelles fur leur culte des Aram Naharim,
animaux, Balbec,
Bélus ( Mont
if
Livre de ce Peuple trammis jufqu'i 17
nous, 3<f Ca~ut, !7
Et-oct! des Princes combien placés à CASPtEt)Nt,(mer)~ ïjtI
contre-fens Lvn CA UCASE
ÉMAUX, leur origine, !p9 Cap Praf!um, $ t'
EMPEREURS Romain! liberté qu'ils laif. Cap Raphum, ib.
(oient à la plupart des viles, i~ CuRD-iSTAN,
Diarbec,.
Pourquoi mirent leur effigie fur les y
monnoies
Villes qui s'y refuferent y
Pourquoi
i;99
ib..
16;
Kuth
Mambyce
Thapfaquc
ï
if
<

De Conflantinople; tout etoit rouge Zattht, n


cheveux, i0t Plufieurs autres t
EMPIRES leur durée peut (e calculer Ce 103
'.vtij- ETYMOLoens de Noms propret.
Et)St!GNE droit de NobIeHe 107 Dardanus j)!~
Militaires, honneurs qu'on letr ren- Erichton ib;
doit, 10~ Ganymede s, ~t0
De~auve-garje, ttS- HE~tONE,
EP]ÉE; ce qu'elle peigno!ty )79 Laomedon, ib.
EpIS en Armoiries, 170 PRIAM, ~HI
Ef~MBES d'Homère ou habitoient, 46 RHADAMANTmî <)8<r
Strabon n'y a rien compris ~.8 Rois de Rome, ~i<f
EnicHTOnn-! établit la monnoie ~>
t~<! Tanaquille, ~166
Roi de Troye ce qu'il défigne, 8 ~ufrej..
ESOPE, 7t
EspAGMF; expédition de Nabuchodonofor DESPOTE, ~«
dans ce Pays, .Lapifhes!, 3;~
40 Lacinia t6o~
Preuves,
Warb (on nom primitif, ~t Le Poggio
y 4~
ErATS
ne doivent pas s'ifoler,
Petafe,
nx
clafïe! étoient compofës, Répondre
De quelles
Spontis ib,
SUEDOISES ~.80 &C.
ETRCSQpES, avoient des noms & des pré' Grecques, ~gt G'~t~
noms, 194 ErYMOt.OGtQUt f Semence ) nulle fans
Prononcoient a l'Allemande, 190cS
Noms qui étoient Orientaux, l'harmonie des Langues, des mot:
197 & des idées,
Leurs femmes avoient les cheveux 4SI
trèfles à l'Allemande, ib. Et C on ne peut remonter à l'origine
ETYMCLOGiES des noms de lieux fleu- des mots, ~8~
ves, ocs. contenus fur la Carte EuDoxE fon voyage autour de l'Afrique~
des Conquêtes de Nabuchodonofbr,
108 EuMOt.piDtS, Famille & etymologic ) tS~
EcROM en Armoiries ce qu'elle peinti G.
.7~
EvïLMBROOACK, RoideBabylone; fa vie, GABALBHB, contrie des Idumten;,
13
t~
GARD ce que Hgninc ce nom :o~
EXPLICATION des noms de lieux fur la GAULors; marque de leur NobleCe
Carce des Conquêtes de Nabucho- G~AMs: ce qu'ils peignoient;
tiy
dbnofor, to8 ~77
G~ANS des PhilifMns,
Ez~cHïEL, & de fa Poë~e, toi i~
Authenticité de tes Ouvrages, 100~
GiÊN~ALOGtE
GiNÈVE
de ce droit,
fes Armoiries, iy~
j~
Un de fes Pairages expliquéJ ~t GENEVIEVE ( Sainte ) remplace !<!<, ioS
Son Tombeau, lis GÉxiB allégorique brille dans le Blafbn,
F. Symbolique & allégorique
tif
analyfe
XXXUt
~ABio!, innove à Rome en fait de mon- GENS ce qu'on entcndoit par-là i3;
noie, i<~ Famille qu'a produit ce mot, 134
Orgueil de cette Famille
FAITS fbuvent difficiles à le procurer
i~ Leurs Priviléges
Leur confédération,
ib.
y 13f
i;8 GÉOGRAPHIE ancienne, fort obfcure, &
FAMH.H; toute Famille eut un nom, pourquoi, 40
18; GER ce que lignifie ce nom tes dé-
Rois doivent veiller au lufhe des rivés, ~of
grandes Familles de leurs Etats, GoD ce que lignifie ce nom Ces dé-
~3~ rivés, ~Of
FAMiLm NOBLES, leur origine dans ta
Nature
GoTHS, eurent des noms de Famille,
GRAMMAtRE univerfelle & comparative,

t;~
Comment formèrent un Etat, tt. analyfee, XLi
Leurs prérogatives dans la. Nature, Succès de cet ouvrage, LxxitI
t<<!
GREcs écrivirent trop tard l'HiKoire
Leurs Armoiries, LVt
Eurerit des noms de Famille, ~8<S
Leurs droits d'Images & de Généa- DeieurNobleHe,
logie, i~p
i;7 Armoiries de leurs Colonies, 17?
De feu facré !}~ GRiGNON ( M. ) Monument antique bla-
D'augure, !)7 fonné qu'il a découvert,
D'onction, 1~0
r~o GUEULE en Blatbn, (on étymologie, t~?
De Bouclier, GuYEMNE pourquoi un léopard dans ies
Exultent en Orient, ï;8 Armoiries, t8<s
En Grèce 1~9 Guvs, ( M. ) ce qu'il dit fur la Danfe de
Chez les Celtes, i~ï Gnoue, );W
Chez les Lombards, r~t
Illustres des Gaules, 300. ~oï H.
Qui portent des Armes parlantes
!yi. !!7. 333 HABITS blafonnés, to<!
F~ciAux, Hérauts d'armes des Romains; HARANGUES des Anciens' Inventée! après
leurs fondions an 8 coup, 419
FtSTUS Pafliigc remarquable de cet Au- HART ce que ngnine ce nom & tes dé-
teur; rivée ~e~
Fus & FILLE, fynonimësde domeAiques,
HAusSfCm.s, leur origine, ny
i8S
H~BREux ne mirent jamais d'effigie hu.
FLÈcHH!,(ervoientau(brt, maine fur leurs monnoies i6y;
38 HÉLIOPOLIS d'Egypte, ville facrée, 18~
F&ÈNE, deïigne les lances, ~16 De Syrie, ville facrée
s. !.M
HEM; ce que f~gnMe ~:e nom ~06 Délivré par Evilmerodach, y~
HEM&Y t. énbht des Tournois en Alle- J~HOjAKtM Roi de Jéru(alcm, ton por-
magne, t;.<! trait,
Exige xn. Quartiers des Tenans 1ERE, ce que ngnine cette terminauon,
t~y
JEREMIE, fon Hi~oire
3'~
Hj~RAcLfDrt, nom de Famille, 186, 1~7 10~
H~~AuTS d'Armes, leurs noms chez cha- Sa (.Chronologie,
que Peuple, t!7 Ses Lamentations, Jeur beauté 10~
Chez les Hébreux, tio Authenticité de tes Ouvrages, lé.
Inconnus jufqucs tel, ~6. Citc~uriaCotombed'A~vr.e, )?~.
Chez les Européens, i~; JmoBCAM pourquoi établit ptuHeura
Fondton!deccux-c!, U4 Veaux (acré<, j~o
Orig.nedeceN.m, n~S jERus'\t.tM,Vmeiacrée, 1'88
HERru-t, en Armoiries, ce qu'il pe!gnoit, Pourquoi appcUée6<fa!, ib.
1
'76 Sa ruine, t~
Sur tfs ~.onno!e! de Rome, t<S~ Jïu de rarot: explique, ~f
HERDfMu~, ou de la t oret, ip~J JtUbEï Mariée! ayoicnt un chapeau de
H[~M~ à Armoirin,
HERM~~His, Ville Sacrée,
in
1.89
rofe'.
IHRB, (M.) remarques i occa<!on,
Con
H~ROtiFM relevé, ao~ 478
HER( DOTE releva, 6 Doit renom er à tous Hts Principes
–SurOmphaIe, t<7 Etyntologi~ues, ou adopter les n6.
-Sur le {!)s dç Phtdon t;f tres ~87
Hss~orf, en quel rems vécut, ~i I$t.Efacree en Germanie, t?~J
t h.nte le Eo~clitr d'Hercule, ~61 InAcE, couverte en rouge, 10;
~a L'efcriptior), ib, iLus, pourquoi regardé comme le fonda-~
Imité par Hon.ere, teur d'Uium, igg
~Ea.A!us en Syrie, VtUc Sacrée, i~ IMAGES, droit de Noble~ïe
1~71
ti~Sfoi~E, doit poteries adions avec ccu~- I~ttoT~, Lur ~e Con)merce, trcs-ancten!,
0
rage 69
Anc[enne,n'e<t qu'une énigme, i.Vt ·
It.!TiATiott! fur la cpte de Guinée,
n
i 8
Du Calendrier analyse xxxiv J~~js~)/) origine de ce mot, io?
~OMERE < expliqué au (ujet des Ërembe!,
4~
Sangn.ncation,
Répondent à nos armoiries,
j~
i~6
Grand Géographe, <{8 Synonyme d'~rma 1
il,
Chante le Bouclier d'Achil!<, ~9 I~RLCT!CN quelle utile à tous tV
S't~ e~ antérieur He~ode, ~6* Sa nécc~tté pour les Empire!, c8
puMAMnÉ nous pubtitrons fon HI~oire, Fautes de Nabuchodonofor à cet
LVtIÏ égard,
Prolte de l'exil des gens éclaire!~ t3 E&orts qu'on fait ce, fpjet dans le
vie /?ccje avant J. C.
1 Jo~, fon tombeau en Chaldée
y;s
Joua prophct;que origine de cette n y
ex-.
'jAMBBs
déngnoit,
JAHUS, fur les Monnoict de Rome,
t/
Symbole à trois jambet, ce qu'il premon~
Isis, comment peinte, ~o
~ot
tô~. Patrone de l'Egypte i<~
Remplacé par S. Pierre 108 Remptacée à Paris par Ste Gene-
tpuMEE, décrite, Yiéve, ~08
!ouMEE~s, confondus mal à propos avec ïiHCBAL, Roi de Tyr, fon portrait,
les Phéniciens, 6[ Ju~DA fRoyatime de) décrit,
Empêchoient 1< s Égyptiens de navi- D'une manière plus étendue, it~
guer fur la Mer Kouge, )y
~ieHontA:, Roi dcjérula~em, faitprifon- SesInitiations, ttt
nier, Connu det anciens Phéniciens,
J 3.
JpNON en Armoiries, ce qu'elle pc!gno!t, LiVREs; Poëme fur les utilités du Pal-
178 mier, 6
Armée du Bouclier Ancile, & pour- Sur l'Agriculture, <
quoi,e 1~6 Ville des Livres, 11
LACTNIA; origine de ce nom, 160 Prophétiques des Hébreux René-
M:)NETA, (on origine, t~t xlonsileurtujet, to<
PKom'BA ou G~m:lia mois auquel Egyptien ~y
elle préfidoit
SoSfITA 1-t~
LoCM~N,IJcuqu!portecenom.,
LoD. ce que lignifie ce nom,
Il
~oy
f
19 LOMBARDS; de leur Noblefre i~t
K Loup, Monnoie, n~
Symbole du Soleil, & pourquoi, i<:t,
KAR, Ville noms Orientaux qui en font t~
venus, LouvE pourquoi nourrice de Remu: Se
KEDARENIENS,
L
~7 Romulus,
LuMiE~E, donnée Colonne,
i~
par une &c.
t8
IjABORO!OA&cHOD Roi de Babylone LUNE Divinités qui la reprëfentolent,
76 177
LAc~D!ÎMCN!ENs,(fbldats) pourquoi en SesfctesenAfr!que< m
rouge Temples qui lui (ont élevés, 16
LACiniA origme de ce nom donné a Ju- Grande Deefft: des Peuples,
n.in,1 ~~o Ses Symboies en Egypte, 18$
LAMENTATION~ de Jérémie, eIHn de tra- LuNUsen Armoiries ce qu'il peignoit,
dudton, t°~ ï/S
LA MoTHE, attaque Homère, 3<?o LYCAONrE~s étymologie de ce nom, t6;
LANCES, leurs noms ngurés, tï~ Lycos nom du Soleil, & pourquoi, ib.
LANGAGE fon origine & celle de l'Ecri- LvofE, fin de ce Royaume, 8t
ture anatyfees xxxvj LYDiE~t, eurent des noms de Famille,
Symbolique dansla Nature, 208 '87.
LANGUE unique d.nts l'Oricnt, M
LANGUES comment l'Auteur du Monde
Primitif eH. parvenu à leur anaiyfe,
XL M"~ (M. le C. de)~DMertat:on tur les
D'Amérique leurs rapports avec les Tarots,Livrcde Divination, f
Orientales, !~< 4<? MADAGASCAR (Me de ) connue des Phé.
LAPITHES, lignification de ce nom niclens, ~z
LAR, ce qu'il lignifie9 19f MAILS, ou Parlemens des François leur
LEGISLATEURS ne reufïtnent qu'en fe modele chez les Grecs 3~0
conformant à l'ordre, LIX MAtMBouRG, origine de ce nom, ~z
LEOCEDES, fils de Phidon amne à un AlAiRAN (M. de) ce qu'il penfe du
Tournoi, Cycle parfait de Daniel, 99
Si He'odote ne s'cC pas trompé à ton MAïs Con utilité en tifanne, g
é~ard, t~g M\tSoMS,à ptuneurs étages, i~
jLMrREdeF.Paul~
Réponfes,
4;7 MANDfBURGiQUE; fens de ce mot,
MARCHANDS, pourquoi leur rendez-vous
~t
(
443
Sur le motWAR, 449 appellé BOURSE, ~o:}
Sur les Allégories anciennes, 471 MEDAILLES, Macédonienne!, i~t
LIBERTÉ néce(I<nre pour les Empires, ;o Let plus anciennes avec têtes de
LIMAN; étendue & lignification de ce mot,
4!8
Princes,
MEDEs,H)bjuguesparCyrus, ~t, n}
~il
Lt~us, chanté, 3!< MEMpms, Vtilefactcc, ~$)
LïCN en Armoiries, ce qu*!i peint, l"~ MïMELAS fbn Voyage autour de l'AM-
LïprE,(Comtedeta) ix quc,b so
MtNfN!, leur origine 1-) iiï Si e!!c étoit dans l'origine fans em<-
NécefHté pour les Princes d'en avoir, prcintc,
Si Con ctabliuement dans certains
t~7
t~ États prouve qu'elle étolt incon-
MER Symboles qui y furent reiatifs,
t7i nue auparavant, 140
RoucE, donne ton nom aux Phéniciens, Nature des Symboles placés fur les
Monnoies, 147
Origine de Con nom, t~. Put naître en Orient, t;~
MtRcun.E, pourquoi peint avec un cadu- Sans tête de Princes dans l'origine,
cée, &c. iot ~8
Pourquoi appellé.pere de Ceryx, &c. Qui innova cet égard, ib.
M? Dans l'origine uniquement consacrée
Sur les Monnoies Romaines, 16~ aux Dieux
Sanéce<!ité,
t6~ t<
MERMMDES, nom de Famille 1~,8 xz?
Mm.OYinctfNS, nom de Famiiie,
MESOPOTAMIE, décrite,
N'eO qu'un figne
Ses Noms,
i;tt
Il
MÉTAUX, fervent de Monnoie, ~o Pourquoi mife fous la protecHon des
Leur dinérence à cet égard, dans la Dieux, t~ts
Nature, ib. Son Antiquité, t&
MiNER.VB, Ces Symboles, T<8 Connues Rome au tems de Romulus
Aux yeux bleux, & pourquoi, & de Numa~ t~~
tôt De l'Orient,9
Armée d'une quenouille, & pourquoi, t6y
167
Tableau des plus anciennes t4T
Son voile, bannière des Panathenées, Autre tableau ~77
romaine quand on y vit les noms des
t07 Confuis,
MinOTAU&E en Armoiries, fa fignifica- t6y
tion, i<!8 MonuME~T trouvé en Amérique < ~8, y<i
MoABiTK leur Pays décrit,
Envoyé de la Chine ;f!y
MoDERNÉt~E de la Monnoie cC une er-
it Mois primitifs confervés dans les noms
~<! de l'Orient, joS
reur, Mo~E~B arma, (ens de cette expreN!on,
MONDE PRIMITIF,
Vue Générale, ï4t
1 MoYSE, établit des Hérauts d'Armes, t:o
Objets qui ont déjà paru, xxt MuNp, cp que jRgnine ce nom, )0<
Ses Volumes précédens aua!y(es
xxvij N
Ouvrage de tout le Monde, LXII
Attaqué comme n'étant qu'un (y~éme, NABONio, R.oi de Babylone, y<
~xx Guerres qu'il e& obligé de foutenir,
Par M. de la Br. 77
Défendu par M. Pr, perd ~M! Royaume,
Par M. de la D. <)~ Devient Satrape de Caramanie
Le Public fon vrai Juge, Mxn NAjsucHODOMOsoA, devient Roi,
Objets qui refient à publier,
Dinertations dont il fera compote,
n Princes fes Contemporains, 3.
Époque de fon règne,
MHt)
Ses Principes connrmé! par la Langue
Explication de fon nom
Ses premiers exploits,
3
~<
f
Suédoife, ~8;S Met Sédécias fur le trnne de Juda, }X
Appuyés fur les trois Mondes,i 4?; Ses 3e & réexpéditions, i~.
MONDE, fes diverses révolutions, 47~ Son expédition d'Efpagne~ ~o
MONNOIE, opinions diverfes fur Con An. Preuves,
t~quité, 44.
t}t
2.
Si elle fut dé<!gnée d'abord par des
Motifs, 46
Ses, dernieres années ~t
noms d'Animaux, Prédidion qu tn lui attribue d;4
Ditparoit
DIfpMo~t fens de cette expre~Hon Signincatifs en François, divifes en
6f ~tCla~es, JtO
Funeiles effets de fa gloire pour tes Significatifs en Allemagne, 3 :p
Etats & fa Famine, < 70 En Italie, ib.
Son Éloge, 66 En Bretagne, ;o
Ce qu'il eût dû faire, t
En Languedoc
67 ~;tt
NAHUM,(paHagede) expliqué,
NAvtRE en Armoiries; ce qu'il représente,
in s En Angleterre
Dérivés de l'ancienne Langue Ro-
~f
Roi-d'Égypte
17* mance, joy
NECHAO, fon portrait, Des Romains, 219
Ses fautes, 34 Des Etrufques, i~t
Perd Carkemis, Peroëtués dans les Familles au ix
Fait faire le tour de l'Afrique pour le Hecte, ~;tz
Commerce, 49 De Famille, en utage aux viu* & ixe
NÉOMÉMiE, observée en Afrique,
NB&ÏGMSSA&, Roi de Babylone (a vie
ïiï Hèctes,
Au xe.
~ot
ib
74 Au XYe. ;0t
~BM~t Me, en Grec ety~nologiede ce Du moyen ~ge,t 30~
NtNïVE,
nont, 'i~ Métronymiques, ~p?
du nombre de tes Habitans, My&érieux ib.
t0 Patronymiques, t8~
Son Empire par qui détruit, i NUMISMATIQUE, fon étymologie, ij[t
Sa ruine annoncée par Nahum n~) 0
Ni!tBB,e~ l'ancienne Zoba, t~f
NïTOCRis, Reine de Babylone, 76 ODYssëz, couverte en b!cu ), ~ot
Sa mauvaife politique en fortifiant OtBA,ViUe(acrëe, ipt
Babylone, 77 OuvtEK en Armoiries ï(!~
NoBLEssE Celtique, à quoi te reconnoit- ONCTION, origine de ce droit, 140
~oit, t0~f O&D&E, gouverne tout, xix
Gautoife fcs marques 117 Fait ïeul prospérer les Peuples nx
Héréditaire antérieute au Xe Cède, Ses heureux effets ï.xvi
9
~7 ORD&Eï de Chevalerie très-anciens
Antérieure aux fiefs héréditaires, n.~
~9 –Même en France t&.
Ses preuves inséparables des Jeux & OMENT, combien a changé de face &:
Tournois ib. pourquoi, ip
NoiRt ce qu'il peignoit, t06 ORtENTAux, eurent une Hoblene ï;8
NoMBRtL pourquoi ce nom donné a Del- O&ioiNEsFrancoifesanalyfees, XLVt1
phes, ORtGtNES Latines analysées,
t XLVti~
)pt
NoM!, excellence d'un nomilluOre, *<; ORIGINES du Langage & de l'Ecriture
Son utilité pour les Etats, ~84 anatyfees, ~xxxv)<
De FAMILLES OR.Li6.tNS, (Ducd')Régent, v
t7F Ov~os, Lac qui porte Con nom, <~
FauHcs idées qu'on s'~n formoit, ib.
Fondées fur la connoMance impar- P
faite du moyen âge, i~tt
Leur Origine, 18~ PAcoMB, fFr.) ~a Lettre en réponfe à
De Fiefs fuccèdent- à ceux de Fa- celle de Fr. Paul, 4~
milles, )00 PALESTINE, décrite, 18
Héréditaires, ne peuvent exiger que PALMttR. en Armoiries, ce qu'il peignoit,
chez les Nations agricoles, i8f ~7!
Des Princes de l'Orient, leur vrai Abondant en Pale~ine, i&.
point de vue, f
3Y Son nom Oriental, i~
jp~r~
Grecs en Languedoc, io Poème fur Ces utilités,
t
F
6
P~tfp~MTt~. d'or!g:ne Orientale, For, Familles que Ce mot a pfoauïtet
tl~ 4~1 &'jMy.
PANBROSB,pourquoi mère de Ceryx, n? P&~MOMt Etrufque:, 298
FAM< ( Abbé ) fa Difrertation fur les -Romains, expliqua, ~90
Voyages de< Phéniciens autour do Leur antiquité ip t
l'Afnque, ï!; -Sabins, tpi
PATRiciEM donnés par la Nature,
J
'!9
PR"* ( M. ) fa réponfe a Fr. Pau!,
PRiNCFS, loués à contrc-fens,
<
t.vt)
le Mende Primit. P&OtMtTAiKES, fource de la Nobic~e
PAUL, (Fr.) fa Lettre fur

P~c~Ni~,<onor!g!ne,
4;7
PROSE&FiNE,enArmo!ries,
~n8
t6p
t}<
PË!.oPONÈ!Bt~on Symbole, ~74 PROTïtTAtts François leur exil utile à
P.<RECR!NU~bn-vrai(ens,
Peuple,
ï;; l'Europe, ~.9
Po~nc, vrai Juge du Monde Primitif,
PEB.uviEM mots de ce ~70
Leur Dieu Choun 47; LXXM
Pn~i-ÉTHNs, Hérauts d'Aimes chez les Q
Hébreux, 110
Origine de ce Noms tH QoBNOun.ï.B de Minerve, t <y
PH~MictE, décrite, 17
PaENtcuNS, leur origine,t ~9
Leurs Voyages 49 R
S'ils ont connu la Bouunle J'4
S'ils ont été en Amérifjue, f7 RtBBAH, Villes de ce nom, i ï~
Di~ettation de l'Abbé Paris à leur (u- RAONtMOnD, Syrien, Evêque de Paris
jct, ti;
Armoines de leursColonies,
>
178 RAHAB, Sauve-Garde mife à fa porte,
FHIDO' innove dans les Monnoies, ~8 ti8
Portrait de ce Prince, :49
Frere de Caranus premier Roi de RAiMOMD de Touloufe, tes Armoiries an-
Macédoine, !&.
térieures aux Croi.adc!, J
Médaille qui porte fon nom, RAïsms, en Armoiries, 170
xyo
Son .turhenn ité tft1
RELIGION unique dansl'Orient,
1
Pere oe Léoccdes, ~y; Une & néceUaire, xm
PHtUFriQUEs, Monnoie, 147 RBNA&D en Armoities, ce qu'il peignoit,
PHILISTINS, leur Pays décrit, t8 '7~
FmLf.soPHEsChaldéens, 7 R~ruzUQUfS d'Europe, nuvent fur leurt
Étnient Sabéens, 8 monnaies l'exemple d'Athènes &
Leurs Chefs, d'Egypte,
RtVE(M.i'Abbe)c!té,
i~
PHnosuptUB analytique, Ces avantages,
vuj
~t
RoBB~T Comte de Flandres Ces Ar.
(Genre de) qui a été uti'e aux re- moiries antérieutes aux Croifades,
cherches du Monde Primiuf,
PICTES, origine de ce nom
n ti?
PttRRB (Saint) remplace Janus, 10~
tOjf Rois, leur vraie éducation,
Enfans gâtés de la fortune,
tu
St
P i s en, ( Lucius Horace lui adrefiï: (on Doivent être e<.lairés 31t
An Poëtique, i~t Ne font grands que par leurs Sujets i
Il paone la Macédoine,
Epigr~mme à fa louange, ~o
Pi. a connu l'Arabie d'Occident, ~9
Coupables lorsqu'ils la!(Tent (e nétrt!:
les Familles des plus iUu~res de
l'affage remarquable fur les Alonnoics leurs Ftats, 18~
des Romains, De Babylone, leurs noms expliques,
PoiDs des Monnoies, n'cft pas incompa-
tible avec leur marque, 3 f.
1~77 Contemporains de Nabuchodcnofbr,
PoncEAC, origine de te mot ï~ combien foibics 30
D'Europe, fuivent fur leurs monnoies Suivant Eunptac @
149
L'exemple des Empereurs Romaine Bafe du Jeu des Tarots; ~7~
J
t7<! Utage de ce nombre dans les Monar-
De Rome, leur Chronologie allégo-
rique, ~8
chies,
DanslEglife, ~t
RoK ce que déugnoit cet habillement, Joas devoit frapper fept M:, 400
Sa. ~rmule appliquée a la LégiHation,t
ROMAN Egyptien, 370: ~!t
Des fept Sages, s Ror$ au Japon, &c. ~iy
RoMAim.avoientpludeursnoms, 289 Dans la Semaine ~j~
Combien ignorans fur leurs premicres Au Ciel,
monnoies,
RoMt, fon ancienne monnoie,i
14~ SEPTANTE, relevé!, t!;J
pourquoi Symbole de la Terre,
ny SERPENT
Ville facrée, 191 ZtlI
Son vrai nom Mystérieux & pour- -D'or, dans les M)~~& pourquoi,9
quoi, 199
Ses fuccès <juand elle prit la Vic-
1,
StWAn., ( M. ) Profeireur en Amérique
toire pour Symbole, t6~ cite,J ~8
Met fur ~e$ monnoies le nom de fes SiAMoïs, nom de leurs Rois un My~ère
Confuls, 1~6 & pourquo!, joo
S'éloigne ainn de l'ordre !&. StetLE Armoiries de tes v!lle<, !8i.
Rosts ( Chapeau de ) pour les nouvelles <S'JCN~, origine de ce mot 10~
mariées, 2. 2f. Smopn, ton étymologie, 1~9
RouoE pourquoi peint les combats, toi SOLOE desTroupes Ammonites, ttt
E~imé chez tous les Peuples, toi SoLEïL, Symbole de pluSeurs villes
S. '6~. 16~
AppclléLycien, & pourquoi, 16}
SABjÊBXs, leurs trois grandes Pivinnes, ~77 Ses Symboles en Egypte, i8d!
Adorées en Égypte, 186 Grande Divinité Sabéenne< '?< 177
~AB~tSME, en Orient S ONCES; leur explication exigeoit une
Son Culte, 7 grande fcience ~7
SABi, Capitale de Juida fon étymologie, Portion de la fagefle ancienne ~oy
u~ Y
De Pharaon comment auroit peut-
SABtHS, ont des prénoms, t~ être été expliqué par les cartes 406
SABLE, enbJafbn, fon étymologie, ï~
8tL
SONNETTES aux robes
fon opinion fur les
l~
Armes
SAciES, Fête de Babylone SpELMAN
SAGES de l'Égypte traces de leurs Inti- parlantes, ~Sg
tutions en Afrique SpERLiMG (on Sy&eme fur l'origine de
SATtONS leurs Symboles, 378 la monnoic. i~;
SAPi", nom figuré des lances,
n<
"o
6 SPHINX en Armoiries,
SroRius, ce que ~gniSe ce nom, t?o
«
SACVB-GARDB!, teurenfeigne,i
ScHOTT ton Sy~eme fur la médaille de STRABOH Géographe à fydëmc ~t
Phidon *!°o Attaque mal à propos Eudoxe So
SctENCBS, n'aiment que liberté ;o SuisSE& Egypte, divers rapports en-
ScYTHES qui anujettirent l'Atie, d'où ils tr'elles, i7<Ï, 177
venoient,il 70 So~DOtS rapports de cette Langue, ~78
S~GESTE ;fes Armoiries, ï8i SuRfOMsEtrufques, ip~
Son étymologie9 ï8; En utàge au !Xe. <!ec!c en Italie }o;.
StMAift, ce mot dans Daniel, < En Bretagne au Xe. ib.
SttT, ( nombre ) au phyuque <J SYMBOLF relatif à la triple encnce des
Au hiéroglyphique, ib. choses;, Ï:
Au civil, SYMBOLES, ~< ARMES & ÂRMOiRtES.
Couleurs dans le. Blafon, ï~p Jmprimés fer chaud,
avec un
Subiftitues aux Noms
i 2.
Devant Thèbes Boucliers de ces rp~
Princes Suivant Efehylc,p t~8 –.Egypnensteonferves dans les carf'
F~j
a louer,1 ;94 voyagea, td
SiTRït écrite !0. TY«.,<esrevolut!oM, ty
Ses Marchands venoient jusqu'à Paris, Son ï!ége,
!&. Vraie époque de ~a pn~e par les B<-
SYSr~MBt ( dM ), by Ioniens, K~
T. u.
T~L, TEL élevé; noms OneNMuxquï UM Armoiries,
Ces *?<
en mnt venus, ï'~s V.
TAHA; ce qu'il /?gni6e, t9t V~CHB de dinereates couleurs ce qu'elle
TAROTS, Jeu Egyptien, ~f reprefcnte, t6y
Ses Allégories, 3<y
Ses Atouts 3<S –Symbote d'Egypte, 187
t
VE~u d'or des juifs, fervoit de bannière )
Commments'en'conferTe, j8t
Fonde fur ïe nombre fept, ~7~ toy
Comment on lejoue, ~tt VB&D, pourquoi Symbole de l'Efpérance,
Conïldere comme un0 jeM de Géo- 107
graphie, J84 V~R'TÉ tourec de (on nom ~60
-Son rapport avec un Monument Chi- V~siAt ou Héraut d'Armes chex les Etruf-
ne!! 337 quet, 117. t!p
Avec nos Cartes, 38~ Statue à l'honneur d'un FécIalEtrufquc,
Sert à la Divination 39f 106
t
TARTA&LS, aiment la couleur rouge, tôt ~:xftt~t0r!glnedecen!0t, 208
T~AtPt.zs Sabe~ns, 7
Ce qu'il dé~gnoit, t0~
En Mésopotamie,
De Vénus
t
t
i<
f VïCTOïRE en Armoiries
gnoic,Il
ce qu'elle pei-
t7<
A HeJtopctts, Sur les monnoies de Rome t0~
A Hiérapolis, t6 Vi6MOBLf$, leurs Symboles, tyo
A Daphne, VILLES Ocrées, leurs Symboles, !9<
t7 Royaumes qui eurent des Armes par-
A Tyr ib.
T~RRAssot ( Abbé) attaque le Bouclier lantes, <oy
jttjMomere
<t ;ob Vi&oït.F chante le Bouclier d'Enée, )<
TETf: des Princes quand ont commencé fnférieur en cela Homère, ~o~
d'étre fur tes moneoies, t~9 VutCAtt), pourquoi enfumé t0t
TnÉs~E, écablit une monnoic 14~ En Armoiries, ce qu'il peignoit, ty~
Oublie de changer de pavillon yo~
THYMBKÉE ( bataille de ) w.
,on y décide par
les armes du Cort de l'Aue 7~ WACHTrR,(on SyRémefurlamonno!e, t~ï r'
To~TUt en Armoiries, 17~ WAR., lettre fur ce mot 449
TounMois, célèbre a Sicyone, ~3 W~&B, qu~l étoit ce Pays inconnu avant
Non inventes en France, ~;o~
Célébrés fous Louis le Germanique nous, <ti.
Homère le connoifroit, ~g
& Charles-le-Chauve i~.
Etablis en Allemagne au Xe. Hecle, De même que Pline & Hannon, 49
t WARD ce que lignifie ce nom, joo~
!A.
Origine des Cartes à jouer, ~M WARb ce que fignine ce nom, ;e6
Touas en Armoiries; leur Hgnincatioh Z.
'74
r~~t~Lt ce que peint cette expre~EoR Z~CRuf, ~brmé du même mot que Dagh;
:'6 ~'?ç
TRïm efïence deschofe:, <8 Ztz, fur tes Médailles de SégeQe ce
TfkOtE, (on Symbole, ï~y qu'il ~gniSe, t8;
Laufe de ce Symbole, ï6; ZoBA.eANUt~e, t~
T&omM ) ~c: mét~morphofet dans (es Zo&OASTKt!, J
y~
Fin <~ la T<ï~ Af<«r«.
S UPPL Ë MENT A LA LIST E
D MM. LES J0~7~C~7~T~J.
DE Puis AvRii. 1780.

A.

MADAME LA DUCHESSE D'ANV!H.t.


M. AssAiLi.Y Négociant à Mar~eilte.
B.

MoMSEtcNzuR DE BEAUMONT~ Archevêque de Par!s.


La BiBi.i.oTHBQUE Publique de GRENOBLE
<t– De la Maison de SoRBo~NE.
C.
M. le Prince de CARAMONico, a Naptes.
M. CARPENTtER. Négociant à Rouen.
Mad. CHESNIER.
M. CoNTENctN, Contrôteur-Generat des Fermes à Marfeille.
Mad. la M. DjB CouRTOMER.
D.
M. Do~NADïEU, Négociant à Mar(eit!e.
Dom D~uoN Piofcueur de Théologie à l'Abbaye Royale de S. Germain des
Prés.
E.
Madame des EssARTs.
c.
M. GoNDHAN, Negodant à M<r(c!e.
M. GRM!ER, Négociant à MarfeiMe.
J.
M. !c Comte de~ucovRT, Maréchal des Camps & Armées du Roi.
1.. M.
M. le Comte de MANTEUFEL.
M. DE MAziEREs Fermier Général.
M. MiDY aine Négociant à Rouen.
P.

1
M. l'Abbé PARENT Docteur de Sorbonnes Vicaire-Général d'Orléans.
M. de la PpEvALAYE Secrétaire de l'Académie de Marine à Breft.
R.0'

M. !e Prince FERDINAND de R.OHAM Archevêque Duc de Cambray.


S.

M. !e Marquis de SALzA-BERio Trefbrier de l'Académie Royale des Scien-


ces à Naples.
M. le Marquis de LA SAMBUcA Minière des Anaires Etrangeres à Naptes.
M. le Comte de SARSFtELD.
M. SiBiB, à Marfeille.
T.
Mgr. de TA~ARu Eveque de Coutance.
M. THiEBAULT, de l'Académie Royale de Berlin & Profedeura l'Académie
des Nobtes, à Berlin.
M. TiEMAN, de Leipfick.
M. le Prince de ToRREMuzzA, à Paterme~ Membre Honoraire de l'Acadé-
mie Royale des Sciences de Naples.
V.
M. ViNCtNT ,Cur~ de Quincey près du Parader.
~PF~OjS~TJO~V.
J ï !a, pat ordre d< Monfeigneur !e Garde des Sceaux, le huitieme Volume
~M~ ~< d'e. Je n'y ai rien trouvé qui puîné en empêcher
A
du Monde
l'impre~un. A Pâti! le 9 Mai 17 8t.
RI B A LL I E R., Cenfeur Royal.

~J~J~G~C~z 1.
jpc/- /{oj.
vJLt 0 U1
par la grace de Dieu, Roi de France & de Navarre A nos âmes
S
& féaux Confettters les Gens tenans nos Cours de Parlement Maîtres des Re-
quêtes ordinaires de notre Hôtei, Grand-Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs,
Sénéchaux leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufliciers qu'il appartiendra:p
SALUT. Notre amé le ueur Cou&T DE G E B E ï. ï N nous a fait expofer
qu'il defiferoif faire imprimer & donner au Public un Ouvrage de fa compofition
imiruté Monde Primitif an~<* d* <:o/K/!<ïre avec le ~on</e Moderne s'il
nous ptaitoit lui accorder nos Lettres de Privilége à ce nécenaires. A CES CAU-
SEs voulant favorablement traiter !'Expo{ant Nous lui avons permis & per-
mettons par ces Préfentes de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que
bon !uiiemb!era, & de le vendre ruire vendre & débiter par-tout notre Royau-
me Voulons qu'il jouiHe de l'effet du préfent Privilège pour lui & (es hoirs
perpétuité, pourvu qu'il ne le rétrocède à perfonne & fi cependant jugcoit à il
propos d'en faire une ceMion !'A&e qui la contiendra fera enregifrré en la Cham-
brè Syndicale de Paris à peine de nullité tant du Privilége que de laCéfUon
& alors, par le fait feul de la Centon enregi~rée la durée du prêtent Privilége
fera réduite à celle de la vie de l'Expofant ou & c&e de dix années à compter
de ce jour, fi l'Expofant décede avant l'expiration défaites dix années. Le tout
conformément aux Articles IV & V de l'Arrèt du Confeil du ~oAoût ~777,
portant Règlement fur la durée des Privilèges en Librairie. Faifons défenfes à
tous Imprimeurs Libraires & autres personnes, de quelque qualité & condition
qu'e))es&)ient d'en introduire d'impren!or étrangetedans aucun lieu de notre
obéinance. Comme auut d'imprimer ou faire imprimer, vendre, faire vendre, dé-
biter ni contrefaire lefdits Ou vrages,fhus quelque prétexte que cepuineetre~ns
!a permi~on exprene & par écrit dudit Exprfanr,ou de celui qui le représenterai
peine de faiHe <!c de cônfifcation des Exemplaires contrefais, de fix mi!!e livres
~'ame~de rqu~e~oacra~ é~'e modérée pour !a premiM-e fois, de pareH!& amende&
de déchéance d'état en pas de récidive,& de tous dépens, dommages & intérêts,
conformément a l'Arrêt du Confeil du )< Août ~777 concernant les contre-
façons. A la charge que ces Préfentes feront enregiûrées tout au long fur le Re-
gi~re de ta Communauté des Imprime HM & Libraires de Paris, dans trois' mofa
de la date d'icelles, quel'imprenton dudit Ouvrage fera&ite dans notre Royau-
me, Se non ailleurs, en beau papier & beaux cara&ères, conformément aux Ré-
gtemens de la Librarie-, a peine de déchéance du prélent Privilége qu'avant de
l'expoier en vente, le manufcrit qui aura fervi de copie à l'imprenion dudit Ou-
vrage, fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée,es mains
de notre très-cher Se féal Chevalier Garde des Sceaux de France, le Heur HuE DB
MmoMBSNtL; qu'il en fera enfuite remis deux Exemplairesdansnotre Bibliothè-
que publique un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de
notre très-cher 8c féa! Chevalier Chancelier de France, le neur DE MAUPBOU
& un dans celle dudit Heur Hus DE MnKiMBSNil.. Le tout à peine de nuitite
des Ptéfentes du contenu desquelles vous mandons 8c enjoignons de fairç jouir
ledit Exposant Se tes hoirs, pleinement 8c paiublement, &ns ïbuffrir qu'il leur
ibit fait aucun trouble ou empêchement. Voûtons que la copie des Préfente<
qui fera imprimée tout au long, au commencement ou à la fin dudit Ouvrage
foit tenue pour duement ugniËée &: qu'aux copies cottationnées par l'un de nos
atnés 8c Féaux Conteitters- Secrétaires, foi foit ajoutée comme à l'original. Com-
mandons au premier notre HaifSer ou Sergent fur ce requis~ de faire pour l'exé-
cution d'icetles, cous a&es requis Se nécenaires, fans demander autre perminion,
& nonob~ant clameur de Haro Charte Normande & Lettres à ce contraires
CAR têt eft notre ptainr. DoN NE' à Paris, te premier jour de Juillet, l'an de
grâce mil fept cent (bixante-~ix-huit, S~de notre Régne le cinquième. Par le
Roi en fbn Confei!.
LE BEGUE.
~w~ A<~MjMr<fe~M~
<$' 2\
e~onc~~ dans le ~r~<n~
i
.Z/~nM<Mrf ~e P<ïr~
F/
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con/or/ng'/n<n~ ~H~'
d' < cA<tf~<! d~ re~<M~ <ï /M
~Xa/n~re

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A~/ e~eM/)/~7'M~/K!/c/'tM~Ar~eïoS du ~!<MMf~ ïy~).
« ~1778.
9 .d ()Iu 7
1 7 A.M.LOTTIN,l'a!nè/Syndic.
1
Syn'dic.'

L. ~L1,`
~Y

De i'Impnmene de VAi.LEY~B i'funé.


7Y. ZT. r
7~. /7Z. T. I.

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