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■ 1. Le Courage de la vérité (Le gouvernement de soi et des autres II), cours au Collège de France, 1983-
1984, Paris, Seuil-Gallimard, 2009.
■ 2. L’Herméneutique du sujet, cours au Collège de France, 1981-1982, Paris, Seuil-Gallimard, p. 240.
■ 3. Cf. F. Rambeau, « La critique, un dire vrai », notamment p. 34.
■ 4. Cf. J. Terrel, « De la critique de la volonté de vérité au courage de la vérité », p. 25 sq.
■ 5. Aristote, Les Politiques, III, 13, 1284b, GF.
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reprise par Foucault en 1984 dans « Qu’est-ce que les Lumières6 ? » et qui
consiste en un rapport à soi dont la finalité est d’interroger sans relâche les
principes et les raisons de l’obéissance à des instances de gouvernement.
La critique se définit comme « le désassujettissement dans le jeu de ce que
l’on pourrait appeler, d’un mot, la politique de la vérité7. »
Dans L’Ordre du discours, leçon inaugurale au Collège de France
prononcée en décembre 1970, la volonté de vérité était présentée comme
ce qui ordonne toute volonté de savoir et elle était identifiée à une « formi-
dable machinerie destinée à exclure ». Dans les deux dernières années de
sa vie, Foucault revient sur ces propositions, pour affirmer la continuité de
son travail en même temps qu’il rend compte de déplacements significa-
tifs8. Ceux-ci n’ont pas le sens d’une réorientation d’ensemble, ils consistent
plutôt en des reprises à partir d’éclairages différents, de découpages plus
fins, qui ouvrent à des problématisations nouvelles. C’est ainsi que dans le
cours de 1973 sur le pouvoir psychiatrique, Foucault revient sur l’Histoire
de la folie parue en 1961. Il s’adresse le reproche d’y avoir trop souvent usé
de la notion de « violence » sans interroger l’opposition implicite qu’elle
suppose entre un pouvoir violent et un pouvoir qui ne le serait pas, et
d’être passé à côté de la caractéristique physique essentielle à tout pouvoir.
De ce retour réflexif naîtra une nouvelle approche des corps au sein d’une
« microphysique du pouvoir9 ». De la même manière, la perspective du
« courage de la vérité » ne contredit pas celle de la « volonté de la vérité »,
elles participent toutes deux à cette entreprise aux multiples facettes, d’une
« histoire de la pensée en tant qu’elle est pensée de la vérité10. » Dans
Le Courage de la vérité, la figure d’un Socrate non sage mais parrésiaste,
donne corps à l’idée que nous devons transformer notre existence pour
accéder au vrai, transformation qui nous engage à constamment vivre et
penser autrement. Le souci de soi, pratique d’une « vie vraie », ne nous
entraîne pas hors de ce monde mais vers l’horizon d’une vie qui soit autre
que celle qu’on mène, d’une vie définie par sa dimension d’incertitude11.
Pourquoi parler avec la parrêsia d’une « politique de la vérité » ? On
pourrait considérer qu’on se trouve bien davantage sur le terrain éthique.
C’est cette opposition même que Foucault conteste lorsqu’il insiste sur les
n° 130 / 3e trimestre 2012
■ 6. Dits et Écrits, II, Gallimard Quarto, p. 1391. Voir p. 10 et p. 32 de ce numéro.
■ 7. Cf. J.-C. Vuillemin, « Réflexions sur l’épistémè foucaldienne », p. 48.
■ 8. Cf. J. Terrel, « De la critique de la volonté de vérité au courage de la vérité », p. 7-28.
■ 9. Cf. M. Potte-Bonneville, « Les corps de Foucault », p. 82.
■ 10. Dits et Écrits, II, Gallimard Quarto, p. 1361, cité p. 10.
■ 11. Cf. « La vraie vie », entretien avec M. Potte-Bonneville, in Cahiers philosophiques n° 120.
■ 12. Dits et Écrits, II, Gallimard Quarto, p. 1415, cité p. 34.
■ 13. Ibid., p. 1404.
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ÉDITORIAL
N. C.
n° 130 / 3e trimestre 2012
CAHIERS PHILOSOPHIQUES
■ 14. Cf. J. Cavagnis, « Michel Foucault et le soulèvement iranien de 1978 : retour sur la notion de “spiritualité
politique” », p. 51.
■ 15. « Inutile de se soulever ? » in Dits et Écrits, II, Gallimard Quarto, p. 794.
■ 16. Cf. J. Cavagnis, art. cit., p. 55.
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