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Dossier
2
Prendre en compte l’agriculture dans les projets de territoire
La démarche du guide :
une méthodologie à adapter localement avec des étapes essentielles exposées en 4 dossiers.
Objectifs :
• Pour développer au mieux une stratégie commune et partagée avec les
acteurs locaux
• Pour mieux se connaître mutuellement
• Pour accompagner les bureaux d’études
• Pour utiliser les possibilités réglementaires existantes
Apports méthodologiques :
• Les étapes pour aller vers une démarche de concertation
• Le contenu du diagnostic agricole
• La grille de lecture pour analyser le diagnostic agricole
• Pour s’y retrouver dans les outils réglementaires existants
Sommaire
Des outils pour créer des passerelles entre enjeux urbains et enjeux agricoles
3. Quels sont les outils à ma disposition pour mieux gérer le foncier dans les projets de
planification et les documents d’urbanisme ? 18
Les impacts de la gestion du foncier sur l’agriculture 18
Des impacts économiques 18
Des impacts sur l’organisation du territoire et la structuration des paysages 18
Les leviers et les outils pour gérer la consommation du foncier 19
Réfléchir à sa stratégie de planification 19
Privilégier l’élaboration de documents d’urbanisme à plus grande échelle 20
Utiliser et organiser une veille sur les outils réglementaires à disposition 20
Pour s’y retrouver dans les outils réglementaires existants 21
Choisir un aménagement urbain plus économe en foncier 22
Veiller aux impacts réglementaires, économiques, environnementaux et paysagers des
zones à urbaniser 23
Surveiller la consommation d’espaces 23
La communication, au cœur des divers enjeux impliquant l’agriculture et Dans le cadre de l’élaboration d’un
les projets d’urbanisme ScoT ou d’un PLU, l’article L.300-2 du
Code de l’urbanisme rappelle que :
« le conseil municipal ou l’organe
délibérant de l’établissement public
de coopération intercommunale
délibère sur les objectifs poursuivis
et sur les modalités d’une
concertation associant, pendant
toute la durée de l’élaboration du
projet, les habitants, les associations
locales et les autres personnes
concernées dont les représentants
de la profession agricole, avant
La démarche de concertation n’est évidemment pas réservée à la problématique A l’issue de cette concertation, le
« urbanisme/agriculture ». En outre, sa mise en place peut s’avérer complexe maire en présente le bilan devant le
et délicate, et déboucher sur des débats et des difficultés. Il faut donc trouver conseil municipal qui en délibère. Le
les bons leviers, et surtout, les bons moments pour la mener. dossier définitif du projet est alors
arrêté par le conseil municipal et
tenu à la disposition du public. »
Au final, éviter le dialogue profonde mutation sociétale avec l’arrivée des néo-ruraux.
Le manque de concertation sur les choix pris pour urbaniser le territoire peut
contribuer à :
• renforcer la déstructuration de l’espace en favorisant le mitage ;
• intervenir sur le fonctionnement d’une exploitation (morcellement des
Parole d’élu :
« Sur ma commune, on parcelles, non respect de la réciprocité entre la localisation du siège de
avait le projet de mettre l’exploitation et la zone urbanisée) ;
en place une bretelle
• créer des difficultés d’accessibilité ou de trafics routiers (aménagements
de sortie. En allant voir
l’agriculteur du village, routiers, entretien des voiries...) ;
celui-ci nous a expliqué • choisir des classements (A, N, AU...) non appropriés pour certaines
qu’en la déplaçant de
quelques mètres, il pouvait parcelles.
l’utiliser lui aussi avec ses
engins et nous avons évité
Toutefois, dans certains cas, le dialogue ne semble pas possible. En effet,
des travaux qui n’auraient
pas été utiles pour tous, certains acteurs peuvent refuser d’échanger ou affichent des positions
ou qu’il aurait fallu immuables surtout s’il s’agit d’acteurs incontournables. Si le déséquilibre
recommencer avec un coût
conséquent. » est trop fort ou si les contacts préalables ne permettent pas d’envisager
d’évolutions, il est préférable d’en rester à la décision réglementaire, plutôt
que de s’enfermer dans un dialogue contreproductif.
Les leviers
Il est important de vérifier que la démarche pour initier le dialogue
correspond bien au public ciblé.
Pour identifier les préoccupations à court et à long terme, ainsi
que les conflits d’usage, les entretiens individuels permettent de
recueillir la parole de chacun et de pondérer certaines réactions.
ff Démarche possible :
-- Faire des entretiens par enquête et informer auparavant les
agriculteurs de cette démarche pour leur expliquer l’objectif.
-- Partager ses préoccupations et ses enjeux pour co-construire un
projet dont les détails font toute la différence.
Pour les questions d’ordre général liées à l’urbanisme, au
diagnostic agricole, aux tendances conjoncturelles, il est préférable
de s’adresser à un groupe d’agriculteurs plutôt qu’à un individu
pour éviter les intérêts personnels (cas des propriétaires).
ff Démarche possible :
• Organiser des visites de terrain
Echanger sur la qualité agronomique des terres ou solliciter la chambre d’agriculture ou Contacter les usagers de l’ouvrage (pas
la DDTM seulement les agriculteurs !) : artisans,
Vérifier la nécessité, l’intérêt et la possibilité : routiers, agriculteurs, par le biais de
• de procéder à un remembrement, réunions groupées par exemple.
• de pouvoir réaliser une réserve foncière.
• Contacter les agriculteurs locaux (si la commune n’en a pas, voir avec les organisations La population locale est-elle correctement
professionnelles agricoles ou des agriculteurs voisins pour identifier les agriculteurs desservie ? Comment a été mise en place
concernés), la concertation ?
• Organiser une concertation dès le début du projet avec les agriculteurs et les
propriétaires impactés au niveau du terrain et des transports : réunions locales,
questionnaires, visites de terrain, échanges thématiques…
(cette liste a été élaborée au cours d’ateliers locaux réunissant des élus locaux et des agriculteurs, dans le cadre de l’étude
« agriculture et territoire de Caen-Métropole » menée par Blézat Consulting pour la DDTM 14)
L’approche L’entreprise et
agronomique les filières
et spatiale
Le diagnostic
agricole
Les hommes
et
les projets
moyenne nationale (en moyenne 96 q/ha en blé tendre, un tiers de plus que
la moyenne française de 71 q/ha). C’est un facteur important à prendre en
compte dans les prises de décisions pour les projets de développement et Informations pratiques
les actions d’aménagement (Extrait du Diagnostic agricole mené par Blézat
Consulting pour la DDTM 14, dans le cadre de l’étude « prise en compte de Qui peut m’aider à élaborer un
cahier des charges (modèles) ?
l’agriculture sur le territoire du ScoT de Caen Métropole). • le CAUE
• la Chambre d’agriculture
L’approche sociale : les hommes et les projets
Qui peut réaliser un diagnostic
Cette dimension est primordiale à intégrer dans le diagnostic agricole. En
agricole ?
effet, les projets et les intentions des agriculteurs, à plus ou moins long terme, • la Chambre d’agriculture du
tels que la transmission de l’exploitation, la vente de parcelles si l’agriculteur Calvados
• la SAFER
est propriétaire foncier, ou le développement de l’entreprise agricole pour
• des bureaux d’études avec des
résister aux marchés, sont autant d’éléments qualitatifs qui renseignent sur compétences en agronomie
la vision des agriculteurs quant à leur activité et les dynamiques à venir. Les
choix qu’ils envisagent vont interagir avec les projets territoriaux et doivent Pour quel budget ?
Il est vrai que dans le cadre
donc être pris en considération. L’analyse quantitative (évolution du nombre
d’un PLU qui doit travailler sur
d’agriculteurs, capacité des entreprises à résister aux marchés) apporte des de nombreux autres thèmes,
compléments sur la conjoncture agricole locale. la réalisation d’un diagnostic
agricole peut représenter une
En région Basse-Normandie, le fermage représente 82% des surfaces agricoles. part conséquente. Ce travail
Sur le territoire de Caen Métropole, près de 750 exploitations déclarent à la doit être considéré comme un
PAC et exploitent 88% de la SAU identifiée par le Mode d’Occupation des Sols. investissement sur le futur (par
exemple en ramenant le coût par
Ces entreprises agricoles représentent environ 10% des exploitations et 15% habitant), et éviter en particulier
de la SAU du Calvados. La taille moyenne des exploitations (104 ha) de ce certaines situations qui pourraient
s’avérer coûteuses à la société
territoire est donc supérieure à la moyenne départementale.
(entretien de l’espace, réfaction
25% des exploitations ont moins de 50 ha et gèrent 7% de la SAU, 39% des de chaussée…)
exploitations ont plus de 100 ha, 24% entre 50 et 100 ha. On rejoint là le Le diagnostic agricole mené à
l’échelle intercommunale présente
constat effectué à l’échelle départementale, qui fait état d’une agriculture à un certain nombre d’avantages,
deux vitesses (Extrait du Diagnostic agricole mené par Blezat Consulting pour au niveau :
la DDTM 14, dans le cadre de l’étude « prise en compte de l’agriculture sur le
• du prix : le coût du diagnostic
territoire du ScoT de Caen Métropole).
est rationnalisé
• de la qualité du diagnostic :
L’approche économique : les entreprises et les filières pour un effort modeste de
Au delà d’un simple état des lieux, il est intéressant de connaître la conjoncture chaque commune, le budget
permet un travail plus poussé.
du moment et celle à venir, ce qui peut déstabiliser ou au contraire, renforcer
• de la vision d’ensemble :
une filière (augmentation ou baisse des prix de la viande, du lait, des
la logique d’exploitation se
céréales). L’évolution des marchés a une répercussion directe sur les choix fait à une échelle supérieure
des agriculteurs et par conséquent, sur l’agriculture du territoire. à l’échelle communale
Cette dimension doit aussi être approfondie dans le cadre de réflexions sur (particulièrement pour des
exploitations de grandes
les circuits courts, pour favoriser des activités agricoles viables humainement
cultures, qui font près de 90 ha
et économiquement.
en moyenne dans le Calvados)
S’approprier le diagnostic
Le diagnostic tend à récapituler les caractéristiques du territoire, mais la lecture n’est pas forcément aisée pour un
néophyte, ou lorsque l’on veut saisir rapidement les enjeux essentiels.
Le tableau suivant propose quelques clés de lecture. Selon les filières, certains éléments constituent un enjeu de plus
ou moins grande importance.
Type de zonage (A/N)
Comment le territoire
agricole fonctionne
t-il ?
Valeur de travail des terres :
morcellement /accès aux parcelles
équipements
Quels sont les enjeux dégagés par l’analyse de ces Quelles traductions en terme de préconisations pour les SCOT/PLU
indicateurs ? cela entraine-t-il ?
Cas général
Quelles sont les spécificités agricoles de mon territoire ? • Caractériser et valoriser le terroir
Grandes cultures
Enjeux nourriciers et économiques :
• S’efforcer de conserver les terres avec le meilleur potentiel
• permet la présence de cultures à forte valeur ajoutée
• Classer les terres en A
• un revenu directement lié au rendement
Prairies
Enjeux environnementaux :
• engagement MAE, zones humides, naturelles… • Faire le lien avec les trames vertes et bleues
• enjeux liés aux paysages
Cas général
En grandes cultures
• Se fixer un taux maximal d’urbanisation
• Taille des parcelles directement corrélée à la productivité + • Eviter le « grignotage »
seuil «minimum» d’intérêt d’exploitation • Limiter l’étalement diffus, éviter le phénomène « dent creuse »
• Penser aux dessertes agricoles
• Temps d’accès • Différencier les engins agricoles des poids lourds lors d’interdictions de
• Menace sur la circulation des camions betteraviers, pommes circuler
de terre… impact sur la rotation culturale et les pratiques • Urbaniser prioritairement les « dents creuses »
En élevage
• Attention enclavement : nécessité d’un accès à des terres de • Veiller à un accès à des terres de proximité pour le bétail
proximité pour le bétail
Cas général
• Veiller à mettre en place un système de concertation
• Possibilité de dialogue facilité
• Demander de l’aide aux structures représentant l’agriculteur s’il n’y a
pas d’exploitant sur la commune
En élevage
• Distances de recul
• Nuisances sonores, olfactives…
• Charte de bon voisinage
Sans action coordonnée et volontariste, les choix établis dans les documents
de planification et d’urbanisme vont impacter non seulement sur le foncier
agricole, mais aussi l’activité agricole dans toutes ses dimensions.
Le prix du foncier
Parole d’agriculteur :
La spéculation sur le foncier joue sur la hausse des prix des terres, ce
« jusqu’à des prix multipliés
par 30 ! » qui engendre des contraintes sur les possibilités d’agrandissement et
d’installation.
Parole de technicien Les prix des terres sont élevés, d’une part, à cause de la concurrence entre
d’une commune : « il faut agriculteurs et de la faible disponibilité du foncier, et d’autre part, du fait
protéger les agriculteurs
d’eux-mêmes » de la concurrence avec des non agriculteurs prêts à payer cher leur terrain.
Les prix élevés peuvent encourager les agriculteurs/propriétaires à vendre
pour s’assurer un revenu complémentaire, notamment dans le cadre de
leur retraite.
En outre, le foncier n’est pas une ressource renouvelable : une fois les sols
artificialisés, il sera difficile et onéreux de réhabiliter une terre vers une
fonction agricole.
Face à ces questions, les collectivités adopteront une stratégie différente pour
lutter contre la pression de l’urbanisation, en fonction des choix effectués
dans les documents d’urbanisme.
Les outils
ZAC, Lotissement, AEU ®, charte paysagère,
d’aménagement
OPAH, PRI
opérationnels
Acteurs
Procédure / C’est pour moi
Principe d’action (opérateur - Echelle Cadre législatif
Outil si…
partenaires)
Servitude d’utilité Instituée par la
Communes/EPCI
publique ayant À l’échelle d’une loi d’Orientation
et État, Chambre
Zone Agricole pour objet de ou plusieurs Agricole de 1999
départementale
Protégée soustraire à la parcelles, d’une et modifiée par la
agricole, INAO,
(ZAP) pression urbaine ou plusieurs loi d’Orientation
Je souhaite CDOA
des espaces communes Agricole de 2006.
une protection Enquête publique
agricoles Article L.112-2 du CR
supplémentaire
Appelés
(par rapport au Conseil Général,
«périmètres
zonage agricole Politique de Communes
sensibles » par une
Espaces Naturels au PLU) préservation de la En cas de vente un
loi de 1959, ils sont
Sensibles qualité des sites, partenariat peut Département
devenus ENS par
(ENS) des paysages, des être mis en place
une loi de 1985.
milieux naturels… avec la SAFER
Articles L 142-1 et
suivants du CU
Je mets en place
Loi sur le
un programme Politique de
Périmètre de Développement
d’action et je protection et de
protection et de Conseil Général, des territoires
souhaite une mise en valeur des Ponctuellement,
mise en valeur Communes, ruraux (DTR) de
protection espaces naturels sur des espaces
des espaces Chambre 2005 et décret
supplémentaire et agricoles à enjeux, ou
agricoles départementale n°2006-821 du 7/
(par rapport au périurbains, auquel localisation à une
et naturels agricole O7/2006. Articles
zonage agricole s’ajoute le droit de échelle plus grande
périurbains Enquête publique L. 143-1 et suivants
au PLU) pour préemption
(PAEN) du CU
les secteurs
concernés
Acquisition des L’État, les
exploitations collectivités
agricoles sans locales, ou leurs
Créée par la loi
repreneur en vue et groupements
Je souhaite d’Orientation
de les remettre sur compétents, les
Réserve agir sur la Foncière de 1967.
le marché agricole Syndicats mixtes et
Foncière disponibilité des Articles L.221-1 et
Possibilité de les établissements
terres suivants du Code
mise en œuvre en publics SAFER,
de l’Urbanisme
vue d’opérations ADASEA, Chambre
d’aménagement départementale
agricole
Institution d’un
droit de préemption
À l’échelle d’une Instituée par
Zone Je souhaite agir permettant de
ou plusieurs une loi de 1962.
d’Aménagement sur le prix du bloquer les logiques Communes, EPCI
parcelles, d’une Articles R.212-1 et
Différé foncier (contrôle de spéculation compétent ou État
ou plusieurs suivants du Code
(ZAD) et régulation) foncière si un projet
communes de l’Urbanisme.
d’aménagement
existe
A ces différents outils, peut être également ajouté le classement des haies, trés utile notamment pour protéger les
parcelles agricoles de l’érosion et/ou du ruissellement.
Direction départementale des Territoires et de la Mer du Calvados 21
Prendre en compte l’agriculture dans les projets de territoire
PAYS de la
10 500 logements en F1 = 2 625 Ha
Louvigny © DREAL BN
Une simulation de l’impact foncier des différentes formes de développement résidentiel fait ressortir les besoins fonciers
nécessaires, à nombre de logements égal, pour accueillir les constructions nouvelles.
La répartition et plus généralement la mixité des formes de développement pourront donc avoir des effets plus ou moins
marqués en terme de consommation d’espace, d’où des enjeux de mixité entre formes urbaines passant par un rééquilibrage
des typologies de construction.
Source : Problématique foncière - Provence Verte, 2008, SAFER, AID
Février 2012
Crédit photos :
DDTM 14 - DREAL BN -
Laurent Mignaux - MEDDTL
Direction Départementale
des Territoires et de la Mer
du Calvados