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Démarche générale de maîtrise

du risque dans les industries de procédé

par Yvan VÉROT


Directeur Hygiène-Sécurité-Environnement Industrie chez ATOFINA

1. Éléments de maîtrise des risques ...................................................... AG 4 605 – 2


1.1 Principes généraux et définitions............................................................... — 2
1.2 Approche générale de la conception à la mise sur le marché................. — 3
2. Démarche appliquée dans les industries de procédé .................. — 4
2.1 Spécificités des industries de procédé ...................................................... — 4
2.2 Risques et inconvénients associés aux activités ...................................... — 4
2.3 Approche globale. Processus continu ....................................................... — 5
2.4 Tactique de maîtrise des risques ................................................................ — 5
2.5 Identification des risques ............................................................................ — 5
2.6 Système de management ........................................................................... — 7
2.6.1 Éléments de base................................................................................ — 7
2.6.2 Approche managériale....................................................................... — 7
2.6.3 Système de management .................................................................. — 7
2.6.4 Système « harmonisé »...................................................................... — 8
Références bibliographiques ........................................................................
— 9

out au long de son histoire, pour sa survie et son développement, l’humanité


T s’est affrontée aux risques naturels ainsi qu’à ceux résultants de ses activi-
tés. Toute action, toute initiative comporte une part de risque et d’incertitude.
Pour tout être, le risque est consubstantiel à l’existence.
Par l’évolution importante et rapide, dans un passé récent, des sciences et des
techniques, les pays industrialisés ont atteint un niveau élevé de développement
qui a permis d’accéder à une longévité et à un état sanitaire jamais atteints,
d’améliorer considérablement notre niveau de vie et de bien être, de répondre,
et au-delà, aux besoins en nourriture en dépit de l’accroissement démogra-
phique.
Bien que source de déchets, ce « progrès », essentiellement matériel a été glo-
balement accepté dans le présupposé qu’il devait, corrélativement, s’accompa-
gner d’un progrès social et moral. Il est désormais l’objet de doutes et de
discussions. Il est source d’interrogations, voire d’inquiétudes, sur les inconvé-
nients et nuisances liés au développement résultant de cet accroissement des
connaissances et de cette amélioration des techniques.
Toute activité industrielle comporte des risques. Ceux-ci suscitent, tant de la
part du public que des acteurs de l’entreprise, des interrogations, des attentes,
des exigences. Ceci fait donc obligation à tout industriel, dont les activités sont
porteuses d’inconvénients et de risques, d’apporter des réponses aux interroga-
tions ainsi exprimées :
— en tout premier lieu, il lui revient de montrer que l’initiative ou le projet
envisagé (nouveau produit, nouvelle activité), s’inscrit dans un contexte d’amé-

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lioration, c’est-à-dire de recherche d’un « bien », d’un « mieux », d’un « plus » et


que les « bienfaits » attendus sont bien en mesure de compenser les
« inconvénients » qui peuvent en résulter ;
— il convient ensuite de montrer que, dans le cadre des connaissances et des
techniques du moment, les risques associés à l’activité envisagée (ou à l’usage
du produit) ont été correctement identifiés et que les dispositions pour en assu-
rer la maîtrise ont été définies et mises en œuvre.
On peut, sur la base d’un certain nombre d’éléments scientifiques et techni-
ques, se donner une image « technique » répondant aux critères « d’objectivité »
du risque associé à une activité. La notion de risque revêt, cependant, également
une composante subjective liée aux composantes socioculturelles « du moment
et du lieu ». Ce « risque perçu », résultante des appréciations individuelles et col-
lectives, est un construit « social ».
Le présent document a pour objet de présenter les dispositions généralement
adoptées dans les industries de procédé pour la gestion globale des risques.
Dans une première partie seront présentés les éléments génériques constitutifs
de la démarche générale de maîtrise des risques dans un contexte industriel.
Dans la deuxième partie les concepts précédemment évoqués seront illustrés
par les dispositions retenues dans les industries de procédé en insistant notam-
ment sur l’approche globale et le processus continu dans la maîtrise des risques,
sur les éléments de tactique de maîtrise des risques et sur la mise en place de
systèmes de management.

1. Éléments de maîtrise
des risques Rassembler les connaissances

Évaluation du risque
1.1 Principes généraux et définitions
Se former un jugement
Pour une société exerçant des activités industrielles, vouloir assu-
rer la maîtrise des risques liés à ses activités signifie, au premier
chef, que les préoccupations correspondantes figurent au nombre
de ses objectifs et sont déclarées comme telles.
De façon générale, cela signifie qu’en premier lieu l’entreprise se
Prendre une décision
dote en la matière :
— d’abord, d’une politique définissant les valeurs et objectifs Gestion du risque
correspondants ;
— ensuite, d’une organisation et de moyens ; Assurer la mise en œuvre
— enfin, d’un ensemble de méthodes et procédures.
Par ailleurs, prétendre avoir la maîtrise d’un système suppose que
l’on dispose des connaissances nécessaires pour en avoir une com-
préhension convenable et que l’on a su définir et mettre en œuvre Figure 1 – Gestion du risque industriel
les dispositions techniques et organisationnelles permettant d’en
contrôler le fonctionnement et de réagir aux événements imprévus.
Ainsi de façon générale, vouloir assurer la maîtrise des risques
liés à un nouveau projet (nouveau produit, nouvelle activité) sup-
pose dans l’ordre que : Dans le présent document nous utiliserons les définitions sui-
— l’on dispose des connaissances nécessaires ; vantes (figure 2) :
— l’on se soit formé un jugement au regard de ces connais- — danger : propriété intrinsèque à une substance, à un sys-
sances, de règles (internes ou externes) établies et d’un système de tème qui peut conduire à un dommage ;
valeurs (internes ou externes) existant ; — situation de danger : situation caractérisée par la coexis-
— l’on adopte en conséquence une décision ; tence, éventuellement temporaire, d’un élément de danger en
— l’on procède ensuite à la mise en œuvre de cette décision, dans interaction potentielle avec un « élément vulnérable » suscep-
le respect des éléments qui y ont conduit. tible de subir des dommages ;
— risque accidentel : il caractérise la survenue du dommage
Les deux premières étapes constituent les éléments de ce que l’on
potentiel lié à une situation de danger. Il est habituellement
appelle l’évaluation du risque ; les deux dernières étapes consti-
défini par deux éléments : la probabilité de survenue du dom-
tuent les éléments de ce que l’on appelle la maîtrise du risque
mage et la gravité des conséquences.
(figure 1).

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■ Du fait de l’évolution des connaissances et surtout des possibi-


Danger lités désormais offertes par l’évolution des techniques, les installa-
(propriété intrinsèque d'une substance, d'un système...) tions modernes comportent un niveau élevé de complexité. Cette
(potentialité de dommage) complexité revêt trois aspects :
— aspect technique dû au nombre élevé de composants et de
paramètres, à l’interdépendance forte entre les différents éléments
Élément constitutifs, au degré élevé d’interactions et à la dynamique même
Situation de danger Élément
porteur des unités en fonctionnement ;
(coexistence) vulnérable — aspect organisationnel dû à l’interdépendance des acteurs
de danger
appartenant à des métiers différents (transversalités), à l’ensemble
documentaire volumineux et complexe associés aux unités (docu-
ments techniques, consignes, procédures…) ;
Risque — aspect humain concernant, à la fois, l’aspect individuel et
Expression
Probabilité de survenue Dommage l’aspect collectif des acteurs, internes et externes, servant les unités.
du danger
Gravité des conséquences Cette complexité, sans interdire la définition des éléments per-
mettant la maîtrise des procédés et le contrôle des dérives qui pour-
Figure 2 – Notion de risque industriel raient conduire à des situations accidentelles graves, n’autorise
cependant pas une connaissance « intime » du système, c’est-à-dire
Dans tout projet, la démarche générale adoptée, pour favoriser la une connaissance complète et détaillée de la combinatoire possible
maîtrise du risque, consiste à donner la primauté aux mesures per- des différents états du système. Elle conduit donc à une certaine
mettant, chaque fois que possible, de supprimer ou à défaut de limi- « intransparence » qui ne peut être surmontée que par l’observa-
ter le risque à la source. La démarche s’inscrit dans une logique de tion attentive des différents « signaux faibles » (écarts, anomalies,
recherche d’un procédé « intrinsèquement plus sûr » [1]. Les mesu- incidents… dans les domaines humains, techniques, organisation-
res de contrôle ou de correction ne seront envisagées qu’en second nel) provenant des installations dans leurs différentes phases de
lieu. fonctionnement (figure 3).
■ Les risques associés aux procédés, équipements et installations
La démarche générale suivie dans la recherche de maîtrise exigent, au-delà des études nécessaires pour assurer les performan-
des risques consistera donc : ces attendues dans les domaines techniques et économiques, la
prise en compte, par une méthodologie formelle et adaptée, des
— d’abord à favoriser la prévention, c’est-à-dire en tout pre- préoccupations d’hygiène industrielle, de protection de la santé et
mier lieu à supprimer les éléments de danger ou à en atténuer de la sécurité au poste de travail, de prévention des risques majeurs,
les caractéristiques de façon à, si possible, supprimer le risque de protection de l’environnement.
ou, à défaut, le réduire ;
— ensuite à rechercher, définir et mettre en œuvre les La phase de projet est une phase qui correspond au domaine de
moyens de surveillance et d’actions permettant la conduite et la la logique et de la rationalité ; une volonté organisée, s’appuyant
maîtrise du système ainsi que le contrôle des dérives ; sur les connaissances scientifiques et techniques du moment, est au
— enfin, à s’organiser et à disposer des moyens pour interve- service d’un objectif.
nir et limiter les conséquences en cas d’événement accidentel. Dans cette phase d’anticipation [2] s’exerce l’art de l’ingénieur
qui, sur la base d’essais et de calculs et la définition de dispositions
organisationnelles, enferme le futur dans le prévu et l’organisé.
À ce stade sont définis les conditions de fonctionnement normal,
1.2 Approche générale de la conception de gestion des déviations ainsi que les éléments de réponse géné-
à la mise sur le marché rique à des situations dégradées voire accidentelles types (figure 4).
■ Ainsi, au terme de la phase de projet et avant la mise en service
La maîtrise du risque lié à une activité suppose une prise en des installations, les consignes et procédures d’exploitation,
compte systématique des préoccupations correspondantes depuis d’entretien, d’inspection … (et même si elles ont été rédigées par
le stade de la recherche jusqu’à la mise sur le marché et l’usage du l’exploitant) sont essentiellement l’expression d’attentes et d’exi-
(ou des) produit(s). gences des différentes lignes de savoir qui ont conçu le procédé et
construit les installations.
Elle suppose donc que les préoccupations correspondantes
soient systématiquement prises en compte aux divers stades : Ces consignes et procédures ont donc, par essence, une dimension
technique et rationnelle et pour ambition de fournir, a priori, un
— conception d’un produit ; ensemble de réponses aux différentes situations susceptibles d’être
— conception du procédé ; rencontrées au cours du fonctionnement réel. Sauf à tenter vainement
— construction des installations ;
— exploitation des installations ;
— mises sur le marché et devenir des produits.
La démarche de la maîtrise des risques correspond donc à un pro-
cessus continu, chaque stade ayant son importance et relevant
d’une logique et d’une méthodologie qui lui sont propres. Systèmes complexes :

Elle s’appuie sur un ensemble de dispositions de type organisa- — nombre élevé de composants et paramètres ;
tionnelles, techniques, procédurales et managériales. L’aspect — interdépendance des éléments constitutifs ;
— degré élevé d'intégration ;
humain et la mise en place de systèmes de management consti-
— situation dynamique.
tuent, également en la matière, des éléments importants.
Les stades conception du produit et conception du procédé revê-
tent cependant une importance particulière, car c’est à ces stades
que se prennent les décisions fondamentales qui constitueront, « Intransparence »
avec les procédures qui y sont associés, le socle technique et procé-
dural sur lequel repose la démarche. Figure 3 – Intransparence des systèmes complexes

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Éléments de complexité Éléments de complexité

Technique : Technique :
— nombre élevé de composants — nombre élevé de composants
— et de paramètres ; Anticipation : (prévu) — et de paramètres ; Adaptation,
— interdépendance des éléments (prévention - maîtrise) — interdépendance des éléments résilience : (réel)
— constitutifs ; — constitutifs ; (capacité à réagir)
— degré élevé d'interactions ; • Fonctionnement normal — degré élevé d'interactions ;
— situation dynamique. • (consignes). — situation dynamique.
• Gestion des déviations
Organisation : Organisation : • Situation anormale ou
• (consignes de sécurité).
• dégradée.
— gestion des « transversalités » ; • Situations accidentelles — gestion des « transversalités » ; • Situation accidentelle.
— ensemble documentaire. • types (plans d'urgences). — ensemble documentaire.
Aspect humain : Aspect humain :
— aspect individuel ; — aspect individuel ;
— aspect collectif. — aspect collectif.

Figure 4 – Stade projet-anticipation Figure 5 – Stade exploitation : adaptation résilience

de décrire, dans les plus intimes détails, tous les états envisageables approche systémique et à la mise en place de systèmes de manage-
d’un système trop complexe (et cette tentative, si elle pouvait abou- ment dans les domaines de l’hygiène, de la sécurité et de la protec-
tir, enlèverait toute vertu applicative aux documents trop nombreux tion de l’environnement. On pourra se reporter à l’article [AG 4 681]
et volumineux), ces consignes et procédures ne peuvent offrir qu’un Système de management de sécurité.
cadre, au demeurant « vrai », mais inéluctablement réducteur et
simplificateur de ce que sera la réalité du fonctionnement.
Face au constat de la complexité des systèmes industriels actuels,
complexité résultant des aspects techniques, organisationnels et 2. Démarche appliquée dans
humain, il revient ainsi à l’exploitant, lors du fonctionnement réel
des installations d’assurer :
les industries de procédé
— la réconciliation entre le réel et le prescrit tout en respectant
les éléments fondamentaux fournis par les concepteurs pour assu-
rer la performance technique et économique, et le fonctionnement 2.1 Spécificités des industries de procédé
sûr des installations (adaptation) ;
— le « recueil et l’interprétation » des « événements » : anomalies,
On appelle en général industries de procédé l’ensemble des
écarts, incidents, accidents…, qui sortent du cadre de fonctionnement
activités industrielles qui mettent en œuvre des équipements,
prévu et organisé des installations (retour d’expérience). On pourra
très diversifiés, pour la réalisation d’opérations chimiques ou
se reporter aux articles [AG 4 610] Retour d’expérience dans les
physiques ayant pour objet la transformation de la matière. Ren-
industries de procédé, [BN 3 845] Transport des matières radioacti-
trent dans cette catégorie, entre autres, des industries comme la
ves. Sûreté et réglementation, [S 8 250] Sûreté de fonctionnement
cimenterie, la papeterie, le raffinage, la pétrochimie, la chimie,
des systèmes industriels complexes et [T 7 700] Gestion de projet.
etc. [3]. Les industries de procédé sont caractérisées par :
Il lui revient également de définir et mettre en œuvre les — l’évolution permanente de leurs produits afin de répondre
éléments : organisation, moyens et procédures pour faire face à des aux nouveaux besoins ;
situations dégradées ou accidentelles inattendues (consignes de — la diversité des techniques, procédés et installations ;
sécurité, plans d’urgence). C’est ce que certains auteurs appellent la — la complexité des procédés mis en œuvre et des installa-
capacité de résilience [2] (figure 5). tions.
■ Ainsi que cela ressort des éléments exposés ci-avant, la démar-
che de maîtrise des risques suppose la mise en place, au sein des Même si elles retirent l’expérience et le savoir de situations du
usines, d’un « socle » technique et procédural basé sur un ensem- passé et d’activités similaires et en regard des innovations introdui-
ble de règles, de méthodologies, de procédures et de contrôles per- tes face à la nouveauté et à la diversité, les industries de procédé
mettant de guider les acteurs dans leurs décisions et dans leurs doivent, à l’occasion de chaque projet, apporter une réponse adap-
actions. Elle ne saurait cependant uniquement reposer sur ces élé- tée en regard des préoccupations non seulement techniques, éco-
ments là. Elle exige également des acteurs formés, respectueux des nomiques et organisationnelles, mais également en regard des
règles et procédures et motivés. préoccupations d’hygiène, de sécurité et de protection de l’environ-
nement.
La démarche de maîtrise des risques requiert donc la mise en
place d’une démarche managériale ayant pour objet d’obtenir
l’adhésion et l’implication de chaque membre du personnel afin 2.2 Risques et inconvénients associés
d’en faire un acteur motivé, impliqué dans le respect des règles aux activités
internes et dans la recherche de l’amélioration des performan-
ces. Les installations exploitées dans les industries de procédé sont
susceptibles de présenter des risques et des inconvénients vis-à-vis
La prise de conscience des interrelations et interactions entre les des différents acteurs et biens de l’entreprise, vis-à-vis des popula-
différents aspects : techniques, économiques, humains, liés à la tions vivant au voisinage des établissements industriels et plus
sécurité, etc., et la recherche de mise en harmonie des démarches généralement des différentes composantes de l’environnement, de
des différents acteurs conduisent désormais les entreprises à une part :

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— les propriétés (toxicité, inflammabilité, réactivité) des substan-


ces employées et fabriquées ; Encadré 1 – Dispositions adoptées, sur l’ensemble du
— les paramètres des procédés utilisés (température, pres- processus, en matière de maîtrise des risques
sion…) ;
— les caractéristiques des techniques mises en œuvre. ● Conception :
— identification des dangers liés aux produits et techniques ;
L’examen du rapport qu’une activité peut avoir en regard des pré-
— évaluation des risques liés aux procédés et technologies ;
occupations de sécurité ou d’environnement conduit à considérer
— étude des dangers (prévention des risques majeurs) ;
les éléments suivants :
— étude d’impact (protection de l’environnement) ;
— pour ce qui concerne la protection de l’environnement : — mesures de prévention, contrôle, correction ;
• au stade de la conception, c’est-à-dire lors de la définition du — scénarios d’accidents et mesures d’intervention.
procédé, les choix effectués pour l’utilisation (type et quantité) de ● Construction :
ressources naturelles, de matières premières, de tel ou tel type — standards techniques, spécifications et cahiers des
d’énergie, etc., charges ;
• au cours de l’exploitation des installations, les rejets et les — choix des fournisseurs ;
inconvénients associés (émissions gazeuses, effluents liquides, — inspection des matériaux et des équipements (en cours et
déchets, bruit, odeurs…), en fin de construction) ;
• au stade de la commercialisation des produits, les émissions, — audit de prédémarrage avant mise en service.
les effluents, les déchets associés à leur usage et les éventuels ● Exploitation :
problèmes liés à leur devenir en fin de vie ; — recrutement, formation, entraînement du personnel ;
— pour ce qui concerne la sécurité (prévention des risques — consignes d’exploitation ;
majeurs, sécurité et protection de la santé au poste de travail) : — procédures pour entretien et modification ;
• au stade de la conception, c’est-à-dire lors de la définition du — audits ;
procédé, les choix effectués pour les substances utilisées et fabri- — plan d’urgence.
quées (dangers associés) et les conditions de mise en œuvre et le ● Transport :
choix des équipements (risques associés), — choix des emballages et des contenants ;
• au cours de l’exploitation des installations, le maintien en bon — choix des modes de transport et sélection des trans-
état des équipements et la maîtrise dans le fonctionnement, porteurs ;
• en cas d’événement accidentel, la mise ne place d’une orga- — modalités et procédures de réception, stockage et expédi-
nisation adaptée et la mise en œuvre de moyens d’intervention. tion de produits.
● Contrôles :
— approbation des projets d’investissements (prise en
2.3 Approche globale. Processus continu compte des préoccupations d’hygiène, de sécurité et d’environ-
nement au stade des projets) ;
— inspection technique (équipement) ;
Pour répondre aux difficultés résultant des éléments cités précé- — audits en matière de sécurité, d’environnement et de trans-
demment (§ 2.1) – nouveauté, diversité, complexité –, les industriels port de matières dangereuses.
de l’industrie de procédé ont développé au fil des ans un ensemble
de méthodes permettant d’aborder les problèmes liés aux préoccu-
pations d’hygiène industrielle, de santé et de sécurité et de protec-
tion de l’environnement par :
— une approche globale, c’est-à-dire permettant la prise en 2.5 Identification des risques
compte de l’ensemble de ces préoccupations (prise en compte
pouvant conduire à des conflits entre les mesures à adopter et Cette étape, fondamentale dans la démarche de maîtrise des
à la définition « d’ajustements » entre les différentes contraintes risques, comporte, au plan méthodologique, deux étapes :
antagonistes) ; — l’analyse préliminaire des risques : cette analyse préliminaire
— un processus continu, d’abord au stade de la recherche et de la (« préliminaire » ne signifiant pas « sommaire » mais « réalisée aux
conception des produits et des procédés puis au stade de l’exploita- premiers stades du projet ») réalisée aux stades « recherche » et
tion (exploitation des installations, entretien, inspection technique, « conception » porte sur l’identification et l’étude approfondie :
modifications) et enfin au stade de la mise sur le marché et de • des dangers liés aux produits et techniques,
l’usage des produits. • des risques liés aux procédés et technologies ;
Sur l’ensemble du processus, allant depuis la recherche et la — l’analyse des systèmes : l’analyse préliminaire des risques per-
conception jusqu’à la commercialisation et l’usage du produit, les met de mettre en évidence un ou plusieurs sous-ensembles qui, de
dispositions adoptées, en matière de maîtrise de risques, sont pré- part les fluides manipulés, leurs caractéristiques, les quantités
sentées de manière synthétique dans l’encadré 1. mises en œuvre, les conditions opératoires, les équipements et
techniques employés, etc., présentent un potentiel de risque élevé.
Il est dès lors nécessaire, par une analyse plus approfondie, d’appré-
cier les possibilités d’apparition d’un événement grave non seule-
2.4 Tactique de maîtrise des risques ment du fait d’une dérive du procédé, mais également du fait d’une
défaillance d’un élément technique ou d’une erreur humaine. Pour
De nombreux ouvrages fournissent désormais des listes d’élé- cela dès que l’on dispose des plans et schémas représentant
ments de tactique de maîtrise des risques permettant de répondre l’appareillage, les tuyauteries, l’instrumentation de conduite, etc.,
aux exigences des principes généraux indiquées au paragraphe 1.1 on complète l’analyse préliminaire des risques par une analyse de
et de favoriser la prévention par rapport aux mesures de contrôle ou systèmes.
de correction. Trevor Kletz [1] fut l’un des pionniers en matière de De nombreux ouvrages ont décrit ces différentes méthodes [4] [5]
sécurité des procédés et dans la démarche de recherche des condi- [6] [8]. On se reportera aux articles spécifiques de cette rubrique
tions permettant de rendre un procédé intrinsèquement plus sûr. Sécurité qui en donne une description détaillée, ainsi qu’à l’article
On distingue les mesures de prévention, les mesures de correction- [S 8 250] Sûreté de fonctionnement des systèmes industriels com-
limitation et les mesures de protection (encadré 2). plexes.

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Encadré 2 – Éléments de tactique de maîtrise des risques

1. Mesures de prévention ● Redondance : lorsque le niveau de fiabilité requis l’exige, pour


● Identification : connaître les dangers liés aux produits et tech- les instruments, des automatismes et des équipements importants
niques, les risques liés au procédé et aux activités de production, de pour la sécurité.
manutention et de transport, afin de les prévenir et les limiter. ● Conception intrinsèquement sûre : visant à entraîner la mise
● Substitution : remplacer, chaque fois que possible, une subs- en sécurité de tout ou partie d’une installation sur défaillance d’un
tance par une autre présentant un potentiel de danger (toxicité, instrument ou d’un automatisme.
inflammabilité, instabilité…) inférieur.
● Suppression des modes communs de défaillance : éviter la
● Réduction : réduire, chaque fois que possible et au minimum
défaillance dans la fourniture des « éléments supports » nécessaires
compatible avec le bon fonctionnement des unités, les volumes et au maintien dans le domaine de fonctionnement opérationnel (utili-
flux de substances dangereuses. tés : électricité, air pour instruments, etc.). La suppression totale de
● Atténuation : rechercher les conditions : pression, tempéra- modes communs étant, dans la pratique, souvent inaccessible, on
ture, concentration, etc., pour lesquelles les dangers liés aux subs- adopte des dispositions qui ont pour effet, sur détection de
tances mises en œuvre et les risques associés sont réduits. défaillance d’un élément support, d’entraîner la mise en sécurité de
● Simplification : rechercher : tout ou partie de l’installation.
— les conditions de procédé aisées à maîtriser dans la conduite
en marche stable et dans les phases transitoires ; 2. Mesures de correction – limitation
— le nombre minimal d’appareils et de circuits annexes ; ● Confinement : réduire ou supprimer, sur incident, la propaga-
— une technologie éprouvée pour les équipements (« éprouvée » tion de flux matière ou d’énergie vers l’extérieur, en captant ou rete-
signifie que l’on a une expérience convenable des équipements aux- nant à la source (double enveloppe, rétention, bâtiment).
quels on a recours. Une telle démarche ne signifie pas cependant
immobilisme ou renoncement à toute innovation. Elle exige, pour ● Mitigation : atténuer les conséquences d’un incident en rédui-
toute nouveauté, un examen soigneux des conditions qui la légiti- sant la durée, le débit d’émission ou le flux d’énergie, en favorisant
ment et si besoin le recours à des essais) ; la dispersion de substances toxiques et la dilution du flux d’énergie
— une configuration simple des systèmes de conduite et de sécurité. rayonnée.
● Conception tolérante : vis-à-vis des sollicitations et erreurs, en
3. Mesures de protection
introduisant les marges adaptées à l’importance des risques analysés.
● Protections multiples : par interposition de sécurités, automa- Réduire l’ampleur des dommages en protégeant les éléments
tismes, barrières multiples offrant des moyens successifs pour vulnérables soumis aux effets de l’incident : implantation, ségréga-
l’action, le repli ou une compensation vis-à-vis de risques impor- tion, bâtiments résistant aux effets d’un événement accidentel, plan
tants (notion de défense en profondeur). d’évacuation, protection anti-incendie…

Au stade du présent exposé retenons, en simplifiant, que les ■ Méthode d’analyse de sécurité par analyse des plans de
méthodes les plus employées se répartissent fondamentalement circulation des fluides (P&I: Piping and Instrumentation Dia-
en deux grandes catégories : grams) ou méthode HAZOP (Hazard and Operability Study)
— celles qui, partant d’un événement redouté, remontent, par un Elle a pour objet :
processus logique et systématique, aux événements précurseurs ; — l’examen systématique des plans de circulation des fluides {P
— celles qui procèdent à un examen systématique des défaillances & I) ;
susceptibles de se produire sur chacun des éléments constitutifs et — la recherche des causes éventuelles de dérives des différents
qui analysent les conséquences sur le système et son environnement. paramètres de fonctionnement ;
— la détermination des conséquences et des risques éventuels
■ Méthode d’analyse par arbre de défaillances pour apporter toute correction ou protection appropriée.
Cette méthode, qui appartient à la première catégorie, consiste à L’analyse de sécurité sur les plans de circulation des fluides est
définir un événement redouté (incendie, explosion, émission acci- basée sur une procédure qui, à partir d’une liste de mots clés,
dentelle d’un produit toxique…) et à rechercher les défaillances des génère des questions. Pour cela, à partir de cette liste de mots clés
éléments constitutifs du système qui peuvent y conduire. Elle pris dans un ordre précis, sont suscitées des réflexions sur les
consiste à rechercher, par une construction graphique, la combinai- conséquences possibles résultant soit de dérives des valeurs des
son des différents événements. Elle conduit à l’élaboration d’un dia- différents paramètres et conditions de fonctionnement retenus dans
gramme logique qui décrit l’enchaînement logique, en parallèle ou les calculs d’un projet (débit, pression, température, concentrations,
en série, d’événements qui conduisent dans le cadre d’un système etc.), soit de défaillances des composantes du système.
donné un événement final indésiré. Cette liste type est systématiquement appliquée, successivement,
à chaque ligne de tuyauterie, à chaque appareil, à chaque capacité.
■ Méthode d’analyse par arbre d’événements La méthode permet donc :
— de générer une dérive (par exemple : pas de débit) ;
Elle appartient, ainsi que les méthodes suivantes, à la deuxième — d’en rechercher les clauses éventuelles (par exemple : robinet
catégorie et consiste en un examen systématique des défaillances fermé, bouchage d’un filtre, etc.) ;
ou pannes éventuelles pouvant survenir sur chacun des éléments — d’en déterminer les conséquences sur l’ensemble de l’unité
constitutifs, et à déterminer comment l’unité examinée répond à la (échauffement d’une pompe, emballement d’une réaction, etc.).
perturbation qui en résulte, compte tenu des éléments de compen-
sation et d’intervention mis en place. ■ Méthode d’analyse « causes – conséquences – compen-
Ainsi à partir de l’hypothèse de la défaillance d’un composant, on sations »
aura à analyser l’évolution du système. On construit donc, par une Elle s’applique à certains domaines industriels, tout particulière-
démarche logique, un arbre d’événements susceptibles de se pro- ment la pétrochimie ou le raffinage, pour lesquels une certaine stan-
duire en aval de l’événement primaire suivant que les dispositifs de dardisation des équipements et des schémas a pu, au fil des temps,
compensation, alarme ou sécurité aient fonctionné ou non. être obtenue.

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______________________________________________________________ DÉMARCHE GÉNÉRALE DE MAÎTRISE DU RISQUE DANS LES INDUSTRIES DE PROCÉDÉ

Pour de telles installations, et par le partage organisé du retour On est ainsi passé successivement de la préoccupation de la sécu-
d’expérience, on dispose de suffisamment d’éléments pour définir rité au poste de travail à la prévention des risques majeurs tout en
des équipements et schémas types permettant de répondre aux prenant conscience de deux niveaux de complexité déjà évoqués :
objectifs de sécurité, hygiène industrielle, santé au travail et protec- — l’un relatif à la complexité technique des installations avec une
tion de l’environnement. réponse technique et procédurale ;
Pour tout nouveau projet ou pour l’examen critique d’une instal- — l’autre relatif à la complexité organisationnelle avec une
lation existante, il est dès lors possible de procéder à la comparai- réponse managériale tenant compte de la dimension sociale et indi-
son avec le schéma type préalablement établi. viduelle des acteurs de l’entreprise.
La méthode « causes – conséquences – compensations » Dans un premier temps, la taille modeste, la simplicité des instal-
consiste, chaque fois que l’on dispose d’un retour d’expérience suf- lations et le rapport direct de l’opérateur aux équipements ont
fisant : conduit à instaurer un ensemble de règles essentiellement desti-
— à établir un schéma type d’une installation considérée avec les nées, à assurer la protection des individus au travail (consignes et
équipements correspondants, les paramètres et éléments de règles de sécurité au poste de travail). Dans un deuxième temps,
conduite, les paramètres et éléments de sécurité passive et active, l’évolution dans la taille et la complexité des installations a conduit
les éléments de lutte et d’intervention…; à élargir ces préoccupations de sécurité à la prévention des risques
— à définir un tableau de référence qui, pour chaque équipement, majeurs et à rechercher une gestion globale de l’ensemble
détermine les effets et conséquences redoutés, le paramètre con- « sécurité de fonctionnement – sécurité des acteurs ».
cerné et la déviation associée, la cause correspondante, les Les éléments suivants ont été définis et gérés : organisation,
conséquences sur le système, ou à l’extérieur, les mesures préventi- moyens, méthodologie, procédures, contrôles, retour d’expérience.
ves, les mesures correctives, les mesures de lutte et d’intervention ; Cela s’est traduit par la mise en place du « socle » technique et pro-
— à comparer le schéma envisagé avec le schéma de référence cédural évoqué au paragraphe 1.2 et basé sur un ensemble de
afin de s’assurer que l’ensemble des éléments apportés par le retour règles, de méthodologies, de procédures et de contrôles exigeant,
d’expérience ont été pris en considération et ont reçu une réponse en regard, des acteurs formés et disciplinés.
soit identique, soit équivalente au schéma de base.
■ Méthode « analyse des modes de défaillance, de leurs
effets et de leur criticité » (AMDEC) 2.6.2 Approche managériale
Cette méthode a pour vocation d’identifier tous les modes de
défaillance qui sont susceptibles d’avoir un effet sur le système étu- L’approche précédente (§ 2.6.1) qui apporte, à travers la mise en
dié. Son champ d’application déborde du domaine de la sécurité place des éléments de base correspondants, un premier niveau de
pour aborder tout autre domaine comme la « qualité » par exemple. réponse et qui constitue une étape indispensable à une prise en
Elle s’applique surtout à des sous-ensembles identifiés compte tenu compte et à la maîtrise de la sécurité, conduit cependant, en géné-
de leur importance dans le système. La méthode consiste à : ral, à faire porter sur un certain nombre d’acteurs limités, les
— rechercher tous les modes de défaillances possibles de chacun « responsables » ou les « spécialistes », les préoccupations corres-
des composants du sous-ensemble étudié ; pondantes. À s’en tenir à ce stade, la sécurité est susceptible de
— définir un classement ordonné de ces modes de défaillances demeurer une activité spécifique s’exerçant parallèlement à l’acti-
en fonction des risques associés ; vité principale.
— proposer des mesures de réduction des risques en donnant la Ainsi, la première approche uniquement organisationnelle, tech-
priorité sur les modes de défaillance générateurs de risques les plus nique et procédurale, trouve-t-elle assez rapidement ses limites.
importants. Afin de progresser, elle doit se doubler d’une démarche managé-
La méthode conduit à formaliser l’ensemble de la démarche dans riale ayant pour objet de faire de chaque membre du personnel un
une grille à double entrée : « probabilité – criticité » pour les modes acteur motivé, impliqué dans la prise en compte des préoccupations
de défaillance étudiés. de sécurité et dans la recherche de l’amélioration des performances
correspondantes. Cela passe notamment par un processus :
■ Méthode MADS-MOSAR (méthodologie d’analyse de dys-
— d’affichage de valeurs et d’objectifs (définition d’une politique
fonctionnement des systèmes – méthode organisée systémi-
interne) ;
que d’analyse des risques)
— de formation et de recherche de compréhension et
Cette méthode, récemment apparue, propose une approche sys- d’adhésion ;
témique, par l’utilisation d’un modèle qui « modélise le danger et — de participation à l’élaboration de consignes et procédures, à
donc le risque comme un ensemble de processus au sens systémi- l’analyse des anomalies et incidents, à la recherche de progrès ;
que du terme ». Elle prétend accéder à « l’identification a priori des
— d’information sur l’évolution des performances ;
dangers d’un élément d’installation et, par conséquent, aux risques
si l’on connaît les cibles, dans un contexte donné ». Elle a pour objet — de valorisation des performances et réussites ;
de définir dans, le contexte de relations « systèmes source ⇒ — de retour d’expérience à partir de l’analyse des écarts, des inci-
champs de dangers ⇒ système cible », les différentes barrières de dents et des accidents ;
prévention et de protection. Dans le contexte des industries de pro- — de définition de plans d’actions.
cédé, pour lesquelles les éléments de dangers et les sources de ris- Les considérations développées ci-dessus pour la sécurité valent,
ques trouvent leur origine dans l’intimité du procédé, l’identification bien entendu, également pour d’autres thèmes tels que l’hygiène
d’une partie importante des éléments du « système source » ne industrielle, la protection de la santé au poste de travail, la protec-
peut s’effectuer a priori. C’est l’étape préalable de l’analyse prélimi- tion de l’environnement.
naire des risques (ARP) qui en fournit et justifie les éléments.

2.6.3 Système de management


2.6 Système de management
Cette troisième étape a conduit, au sein des entreprises, à une
approche systémique tenant compte des relations entre différents
2.6.1 Éléments de base éléments :
Au fil du temps, la prise en compte de la sécurité a évolué en — la prise de conscience des interrelations et interactions entre
cohérence avec l’augmentation de la taille et de la complexité des les différents thèmes et de la nécessaire recherche de mise en cohé-
installations. rence des démarches ;

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— l’évolution dans l’approche des problèmes et dans les — en favorisant les démarches de « terrain » ;
pratiques ; — en s’attachant à consolider et prolonger les « acquis » (bonnes
— l’impulsion donnée par la démarche qualité en matière de pro- pratiques).
duits et prestations ;
— l’apparition de normes dans le domaine des systèmes de
management.
2.6.4 Système « harmonisé »

Tout système de management peut être défini comme un


« ensemble organisé et cohérent permettant d’évaluer, maîtri- L’approche « système » trouve son fondement dans une politique
ser, contrôler, corriger, améliorer tous les éléments appartenant clairement définie et affichée, et qui s’appuie sur une organisation
à un domaine HSE (hygiène, sécurité ou environnement) ». interne fortement pilotée par le niveau hiérarchique le plus élevé et
impliquant l’ensemble du personnel.

Pour les activités industrielles dans l’industrie de procédé, cela Une telle démarche a pour objet la recherche continue de l’amé-
concerne : lioration du système lui-même ainsi que celle des performances des
domaines sur lesquels il porte (figure 6). Elle vise à fonder la
— la conception des produits ; confiance des acteurs tant internes qu’externes à l’entreprise :
— la conception des procédés ; clients, riverains, public, associations, médias, actionnaires, milieux
— la conception et la construction des installations ; financiers, assureurs, administrations, élus, personnel…
— l’exploitation des unités ;
— le transport et l’usage des produits. Différentes normes dans les domaines de la qualité et de l’envi-
Cela porte sur l’ensemble des éléments suivants : ronnement, différents référentiels dans le domaine de la sécurité,
sont apparus. Compte tenu de la communauté des principes qui
— la politique de l’entreprise et de chaque établissement ; les sous-tendent, la tentation est grande dans la mise en place de
— les objectifs et cibles ; systèmes de management d’adopter une démarche « intégrée »
— l’organisation et les moyens ; qui aurait pour finalité d’enfermer l’ensemble « qualité, hygiène,
— les acteurs et leur comportement. sécurité, environnement » dans un système unique.
Ainsi, en tout domaine, la mise en place d’un système de mana-
Dans la pratique, une telle démarche a pour effet de diluer dans
gement est sous-tendue par une exigence forte liée aux intentions,
un ensemble de « généralités » d’un niveau conceptuel élevé, les
valeurs et objectifs découlant de la politique définie.
spécificités de chaque domaine, d’affaiblir la rigueur propre à cha-
La réussite dans la mise en place d’un système de management que domaine et de laisser les acteurs chargés de l’application
suppose donc le recours à un système permettant une mise en désemparés par un niveau d’abstraction ou de généralisation trop
cohérence des démarches propres aux différents thèmes HSE en élevé en regard de la réalité.
plus :
En face de cette difficulté, et afin de respecter et maintenir les
— d’une approche technique et procédurale fournissant les
acquis dans les différents domaines HSE et répondre aux besoins
bases pour la prise en compte des aspects hygiène, sécurité et
des acteurs dans leurs fonctions et attributions, il paraît souvent
environnement ;
préférable de définir un système de management de type
— d’une approche managériale favorisant l’action des différents
« harmonisé ». Ce concept s’appuie sur les similitudes des différen-
acteurs pour la recherche permanente de l’amélioration des perfor-
tes normes et, chaque fois que possible et pertinent, sur le système
mances.
documentaire et sur les pratiques résultant de la mise en place de
Une telle approche doit cependant tenir compte des diversités et l’assurance qualité en matière de produits. Dans la pratique, cela
spécificités de chaque thème HSE, ainsi que celles des établisse- conduit à (figure 7) :
ments et activités (métiers, procédés, histoires, cultures), ainsi que
— l’adoption de référentiels spécifiques à chaque domaine
des acquis (méthodologies, procédures, pratiques).
(HSE, …) ;
Seule une approche pragmatique permet de réconcilier l’exi- — la définition au sein de chaque établissement et le regroupe-
gence manifestée par les objectifs et le formalisme attaché aux élé- ment dans le système documentaire de dispositions générales aux-
ments du système avec l’histoire et les pratiques d’une filière quelles se rattachent ensuite les dispositions particulières à chaque
industrielle, d’une société, d’un établissement : domaine (qualité, sécurité, environnement,…). Le système docu-
— en s’appuyant sur les pratiques et l’expérience des différents mentaire : manuels, procédures, etc., est organisé et géré en
établissements ; conséquence ;

Boucles amélioration performances

Hygiène Sécurité Environnement


Politique
Aspects Aspects Aspects
Procédures significatifs significatifs significatifs

Programme Programme Programme


Maîtrise opérations

Contrôle - Retour d'expérience

Boucle amélioration système Figure 6 – Boucles d’amélioration du système


et des performances

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— le souci de fournir aux acteurs les éléments de connaissance


Domaines pour l’accomplissement de leurs tâches, mais également pour assu-
rer une compréhension du système permettant une certaine
Qualité autonomie ;
Environnement
Sécurité
— la mise en place de modalités de formation et de contrôle spé-
cifique à chaque domaine.
Dispositions
générales
Q E S
communes La mise en place d’un système de management de type har-
au site monisé, modulaire et cohérent permet d’éviter les contradic-
tions ou incohérences, d’assurer l’optimisation des actions
+ Q entreprises et des efforts déployés, mais aussi de respecter les
Manuel qualité
+ E spécificités de chaque domaine et surtout de répondre aux
Manuel environnement besoins des acteurs de terrain.
+ S
Manuel sécurité
+ Q + E + S
Manuel site
Elle s’appuie sur les acquis retirés de la démarche « qualité
Ensemble des dispositions produits », sur le recours à des référentiels spécifiques, tout en pro-
applicables au site fitant de leurs similitudes pour définir des dispositions communes
et retenir, chaque fois que nécessaire, les dispositions spécifiques à
Figure 7 – Système harmonisé tel ou tel domaine.

Références bibliographiques

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