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TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
Techniques L’expertise technique et scientifique de référence
de l'Ingénieur
p2645
c2210
Spectrométrie
Formulation de masse - Principe
des bétons
et appareillage
Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Guy BOUCHOUX
Professeur à l’université Paris XI (Orsay), École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
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Techniques de
de l’Ingénieur
l'Ingénieur | tous droits réservés
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e béton, depuis son origine, a été réalisé à partir des composants de base
L que sont : le ciment, l’eau et les granulats. Les romains le confectionnaient
à partir de chaux, de céramique écrasée et de sable volcanique (Vitruvius « de
Architectura » 1er siècle av. J.C.). Le Panthéon de Rome, an 124 après J.C., est
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cm Affaissement au cône d’Abrams V e , V Eeff m3/m3 Volume d’eau, d’eau efficace par m3
de béton
A, A′ kg/m3 Quantité d’addition
Vc m3/m3 Volume de liant par m3 de béton
Abg , Abs Teneur en eau absorbée
respectivement par les granulats, les Vg m3/m3 Volume de granulats par m3 de béton
sables V* m3/m3 Volume de granulats par m3
g
a kg/m3 Quantité de chaque adjuvant de granulats secs
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La formulation des bétons fait intervenir de nombreux critères X0 Aucun risque de corrosion ni d’attaque
aussi bien techniques qu’économiques. Ces critères, hypothèses de XC1 à XC4 Corrosion induite par la carbonatation
travail, peuvent être regroupés en cinq classes :
— l’environnement de l’ouvrage au cours de son fonctionne- XS1 à XS3 Chlorures
ment ; Corrosion induite non marins
— les caractéristiques géométriques de l’ouvrage ; par les chlorures
XD1 à XD3 Chlorures marins
— les caractères spécifiques du matériau frais, durcissant et
durci ; XF1 à XF4 Attaque gel/dégel
— les conditions de fabrication et de mise en œuvre du béton
frais ; XA1 à XA3 Attaques chimiques
— les matériaux à disposition localement. (1) Extrait de la norme NF EN 206-1 de février 2002.
À partir de ces cinq classes de critères, il est nécessaire d’établir
les spécifications du matériau dont certaines ne sont pas toujours
parfaitement compatibles. Tous les cas ne seront pas présentés ici,
car trop nombreux, mais les éléments essentiels à l’établissement ■ Avec agression chimique
des formulations seront fournis. Environnement présentant une agression chimique. Dans ce cas,
la nature de l’agression chimique doit être spécifiquement étudiée
afin d’éviter toute altération dommageable pour l’ouvrage ; que
1.1 Environnement des ouvrages celle-ci soit ciblée sur le ciment ou sur l’un de ses composants ou
sur tout autre constituant du béton.
Contrairement aux idées reçues, les bétons sont plus ou moins Pour les critères minimaux à respecter, se reporter à la norme en
altérés par l’environnement dans lequel ils sont immergés. La vigueur.
compréhension des mécanismes de dégradation aussi bien du
béton que des armatures de renforcement, ainsi que les multiples
possibilités de formulation, ont incité le législateur à définir des
classes d’exposition des bétons, afin de garantir au mieux la péren- 1.2 Caractères issus de la géométrie
nité des ouvrages. de l’ouvrage : D max
Cinq classes d’exposition (tableau 1) permettent d’établir les cri-
tères de formulation des bétons. Les formulations doivent satis- ■ Volume
faire, au minimum, aux critères des classes définies (Annexe F,
EN 206-1 : 2002). Plusieurs classes d’exposition peuvent être affec- Formuler un béton c’est constituer un assemblage de
tées à l’ouvrage ; dans ce cas, il sera nécessaire d’établir une for- composants devant occuper un volume défini. Pour de multiples
mulation qui satisfera aux plus exigeants des critères définis pour raisons, aussi bien techniques qu’économiques, le concepteur a
chaque classe. tout intérêt à maximiser la taille des plus gros granulats D max .
faible.
■ Épaisseur
■ Carbonatant
Environnement où la carbonatation des bétons peut amener des L’organisation interne du béton, différente en pleine masse et au
désordres, à court ou moyen terme, comme la corrosion des arma- voisinage d’une paroi, nécessite de limiter la taille maximale des
tures par exemple. Selon l’intensité de la carbonatation, liée aux plus gros granulats afin que l’arrangement de l’ensemble des
conditions hygrométriques, plusieurs sous-classes ont été définies. composants soit optimal. Il est généralement admis que la dimen-
sion D max soit cinq fois plus petite que la plus petite dimension de
Exemples : structure béton armé peu exposée à la pluie en zone l’élément à réaliser (§ 3.2.3.2).
sèche ; voile extérieur de bâtiment avec alternance d’humidité et de
séchage. ■ Enrobage
■ Avec des chlorures L’espace entre la paroi coffrante et la surface de l’armature la
plus proche, paramètre fondamental vis-à-vis de toutes les agres-
Environnement présentant des chlorures, source de corrosion sions chimiques venant de l’extérieur et provoquant la corrosion,
des armatures. Les chlorures provenant de l’eau de mer, de sels doit être d’une qualité de remplissage maximale. L’enrobage et la
transportés par voie aérienne ou d’autres sources industrielles. présence des parois (coffrage et armatures) limitent respective-
Exemples : mur de quai d’un port maritime, chaussée, piscine. ment la dimension D max et la proportion de grains ayant cette
dimension.
■ Avec risque de gel
Remarque : la formulation choisie impose un minimum d’enrobage pas
Environnement avec gel et dégel. Selon la fréquence des cycles toujours respecté. En effet, compte tenu des tolérances de façonnage des
de gel/dégel et l’intensité du gel, plusieurs sous-classes ont été armatures, il n’est pas rare de trouver celles-ci quasiment en contact avec le
coffrage. En conséquence, la corrosion, quel que soit l’environnement, appa-
définies. raît seulement au bout de quelques mois. Par ailleurs, le squelette perturbé
fait souvent apparaître les fantômes des armatures. Souvent esthétiquement
Exemples : ouvrages verticaux exposés au gel et aux projections inacceptables, ces fantômes sont de plus en plus fréquents avec les bétons
d’eau ; routes exposées au gel et aux sels de déverglaçage. d’aujourd’hui fortement adjuvantés.
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Tableau 2 – Influence des paramètres géométriques sur la dimension maximale des granulats
Caractère géométrique Paramètre Effets sur D max
(1) e env : distance conditionnée par les conditions environnementales, le règlement de calcul du projet et éventuellement le CCTP (cahier des clauses techniques
particulières).
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1.3.2 Tenue au choc et à l’usure terme (2, 3, 7 ou 14 jours) pour les ouvrages sollicités jeunes. Plu-
sieurs approches sont toujours possibles :
Sous l’effet de chocs en surface (faiblement énergétiques) ou de — formuler le béton pour obtenir cette résistance à court terme
frottements répétés, les granulats peuvent être cassés ou usés. et dépasser largement la résistance souhaitée à 28 jours ;
Des essais spécifiques ont été mis au point pour mesurer ces — conditionner le matériau (par thermomaturation par exemple)
caractères : essais Los Angeles (LA)(1) et micro-Deval (MDE)(2) pour garantir cette résistance à court terme sans majorer les per-
(tableau 3). Parfois l’exigence anti-usure des surfaces est telle qu’il formances du béton à 28 jours. Ici l’application et le coût oriente-
devient nécessaire d’incorporer des granulats spécifiques (corin- ront le choix. La résistance du béton jeune peut être suivie à tout
dons) dans la chape dite d’usure. instant par maturométrie [2].
(1) NF P 18 573 (décembre 1990) : Essai Los Angeles.
Inversement, il est parfois nécessaire de valider les résistances à
(2) NF P 18 572 (décembre 1990) : Essai d’usure micro-Deval.
plus long terme (90 jours) dans le cas de liants à faible cinétique
Exemple : la réalisation des chaussées en béton nécessite l’utilisa- (ciment aux cendres volantes).
tion de granulats devant résister aux chocs et à l’attrition pour qu’elles
conservent leurs propriétés d’adhérence dans le temps.
1.3.5 Variations dimensionnelles et fissurabilité
Les chocs plus énergétiques sollicitent le béton dans sa masse
plus que les granulats eux-mêmes. Pour se prémunir de cela, il est La formulation du matériau doit prendre en compte l’effet des
nécessaire d’augmenter la résistance à la fissuration très faible du variations dimensionnelles du béton car les conséquences sont
béton (environ 120 J/m2) par l’incorporation de fibres ductiles en souvent compromettantes pour l’ouvrage et au minimum pour sa
acier par exemple. Des dosages faibles (20 à 40 kg/m3) suffisent à durabilité et son esthétisme. Ce point est complexe car il met en
éviter la propagation de la fissuration. Pour les plus performants jeu plusieurs phénomènes qui affectent non seulement la formula-
(BFUHP, (§ 3.2.6.3), cette résistance peut atteindre 30 000 J/m2 [23]. tion mais aussi les conditions de conservation du matériau.
Exemple : déversoirs sollicités par des chutes de blocs, dallages • Le retrait de séchage, avant prise (encore appelé « retrait
recevant des chocs de dépose d’objets lourds ou des chutes d’objets. plastique ») est à combattre absolument. La perméabilité du béton
frais est si grande que ce retrait conduit à des fissurations traver-
Pour des chocs encore plus énergétiques ou de longue durée, la santes des pièces minces malgré la présence d’armatures. L’utilisa-
réponse dynamique de la structure est à prendre en compte et la tion de produits de cure est alors indispensable.
dissipation locale de l’énergie dans le matériau modifie le temps
• Le retrait endogène, conséquence directe de l’hydratation du
de chargement.
ciment, mais limité par la présence des granulats, produisant géné-
ralement des fissurations dans le coffrage si les retraits sont impor-
1.3.3 Tenue au feu tants ou empêchés [3].
• Le retrait thermique, conséquence de la réaction chimique mais
La tenue au feu des bétons est conditionnée par la nature des
aussi de sa cinétique de la massivité de l’objet et des échanges
composants ainsi que par les propriétés du béton durci. Ainsi, on
thermiques avec le milieu extérieur. Ces variations volumiques
évitera les granulats siliceux qui augmentent de volume vers
conduisent à la fissuration des ouvrages massifs tels les radiers,
850 oC en changeant de forme cristalline, de même que les bétons
piles et barrages [4].
ayant une très faible perméabilité provoquant des écaillages sous
la pression de vaporisation de l’eau interne. • Le retrait de séchage, généralement différentiel, du béton durci
ou durcissant conduit à des déformations structurelles, comme le
Pour les bétons devant résister à des températures élevées dans
tuilage des dallages, et à la création de joints [5].
des conditions normales d’exploitation, comme les revêtements de
four par exemple, la température de fonctionnement définira non Le choix des composants afin de minimiser ces trois effets peut
seulement le type de granulat mais aussi celle du liant (chamotte, se faire selon le tableau 4.
granulats à base d’alumine, ciment alumineux).
1.3.6 Durabilité
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Tableau 4 – Choix des composants et des conditions environnementales sur les phénomènes de retrait
Composants du béton et environnement
Objectif
Ciment Eau Granulat Environnement
Classifications Incidence 1 2 3 4 5
des ouvrages des désordres
XC2-XC3-XF1- XF4-XD1-XD2-
X0-XC1 XS2-XS3 XA1-XA2-XA3
XF2-XF3 XD3-XS1
gel des bétons est assez peu sensible à la gélivité des granulats, en
Trois niveaux de prévention A, B, C sont définis en fonction
revanche la résistance à l’écaillage est fortement influencée par
de l’incidence de désordre sur l’ouvrage et de l’environnement
celle-ci (EN 12620 : 2003).
(tableau 5).
● Classement des granulats vis-à-vis des réactions alcali-silice Pour obtenir la résistance au gel, on incorpore des microbulles
Après enquête sur le gisement et les essais déjà effectués, les gra- d’air (diamètre < 50 µm) permettant l’expansion de la glace. L’utili-
nulats sont qualifiés vis-à-vis de leur réactivité en trois catégories : sation d’un adjuvant entraîneur d’air est alors nécessaire lors de la
— NR : non réactifs ; fabrication. La teneur en air entraîné doit être supérieure à 4 %
— PR : potentiellement réactifs ; (EN 206-1 : 2002).
— PRP : potentiellement réactifs avec effet « pessimum ». Le contrôle de la teneur en air entraîné doit être fait juste avant
Bilan des alcalins
● la mise en place car bien des paramètres influencent celle-ci,
comme : la présence d’un fluidifiant, la température du béton, le
Le bilan des alcalins (Na2O et K2O) est obligatoire pour les
transport, etc.
niveaux de prévention B et C. Ce bilan des alcalins est exprimé en
équivalent Na2O. Tous les apports sont à prendre en compte :
— apport du ciment (fiche technique du ciment) ; ■ Résistance aux agressions chimiques
— apport des additions et ajouts ; L’altération chimique des bétons suppose que les agents réactifs
— apport des adjuvants ; accèdent aux composants du béton avec lesquels ils sont suscep-
— apport de l’eau ; tibles de réagir. En conséquence, deux paramètres gouvernent
— apport des granulats. l’altération chimique des bétons : la nature des agents agressifs et
La connaissance de l’ouvrage et de son milieu environnant, de la la perméabilité du béton . En fonction du type d’agression, il
source d’approvisionnement en granulats et des composants du est possible d’identifier les réactions pouvant se produire et par
matériau permet d’identifier une procédure et éventuellement les voie de conséquence d’agir sur les paramètres de formulation
essais à effectuer. (tableau 6).
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Choisir des granulats peu perméables Limite la continuité capillaire à travers les granulats
Granulats Choisir un granulat ayant un module de déformabilité Limite les déformabilités différentielles et les fissures
voisin de celui de la pâte durcie aux interfaces pâte-granulats sous chargement
Employer des additions minérales réactives comme Complète la formation d’hydrates, à court et long terme,
les laitiers, les cendres volantes, les fumées de silice diminuant la porosité et la taille des capillaires
Liant, additions, Limiter la quantité de ciment et sa réactivité Limite le retrait endogène, donc la microfissuration interne
adjuvant
Utiliser des agents hydrofuges de masse Les hydrofuges de masse diminuent la connectivité
du réseau capillaire
Minimiser les quantités d’eau en utilisant un fluidifiant L’eau ne participant pas à l’hydratation du liant forme
Eau, conditions la porosité du milieu durci
de conservation Effectuer une cure humide longue (ex : 72 h au lieu de 12 h) Empêche la formation de capillaire de dessiccation à court
terme
■ Perméabilité et diffusivité faire apparaître l’empreinte du coffrage sur la surface moulée, soit
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Pour certains ouvrages, il est nécessaire d’avoir des exigences de travailler la formulation du matériau afin qu’il révèle une cou-
de perméabilité, à l’eau, à l’air ou à certains gaz, et de résistance à leur, une texture voire les deux à la fois. La qualification des pare-
la diffusion d’ions. Même si les mécanismes et les lois qui les ments, couleur et bullage, est définie par le document de référence
régissent sont différents, les moyens d’action limitant ces effets NF P 18-503.
sont les mêmes : limiter le volume occupé par l’eau et la
Le tableau 8 donne quelques pistes de formulation.
connectivité du réseau capillaire.
Pour formuler ces bétons, une étude spécifique est à prévoir.
Toutefois, il faut distinguer la perméabilité d’une paroi (condition-
née par celle du matériau) et la perméabilité des fissures et des
1.3.8 Caractères liés à l’échauffement de l’ouvrage
joints de reprise de bétonnage. pendant la prise et le durcissement
Pour les reprises de bétonnage, un traitement particulier est
souvent nécessaire (joint hydro-gonflant ou dispositif de rupture Les réactions d’hydratation des liants hydrauliques s’effectuent
capillaire). avec dégagement de chaleur qui active ces réactions. Aussi, lors-
que l’ouvrage mis en œuvre est massif, l’élévation de température
Pour limiter la perméabilité du matériau lui-même, on peut agir à cœur et en surface, ou entre deux zones voisines, n’est pas la
sur plusieurs paramètres de formulation (tableau 7). même. L’écart de température dépend de la cinétique d’hydrata-
tion, des volumes et des échanges thermiques avec l’extérieur au
cours du temps.
1.3.7 Esthétisme
La formulation devra donc prendre en compte cette donnée afin
(Se reporter également à [8] [C 2 232]). de minimiser ces risques. À défaut, d’autres techniques pourront
Alors que la grande majorité des bétons anciens sont cachés ou compléter cette approche en agissant sur les paramètres ne dépen-
recouverts, actuellement les bétons bruts de décoffrage sont de dant pas de la formulation, comme les échanges avec le milieu
plus en plus recherchés par les architectes. L’objectif est soit de extérieur par exemple.
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Béton texturé Moulage d’une empreinte, Majorer la proportion de fines, compléter par des ultra-fines pour une texture
d’un motif décoratif très fine, faible E /C avec fluidifiant
Utiliser un ciment blanc avec des sables très fins teintés naturellement
Béton teinté Couleur uniforme ou des pigments artificiels
Faire apparaître un granulat Utiliser une granulométrie discontinue. Supprimer les tailles immédiatement en
Béton désactivé
particulier en surface dessous de la taille du grain que l’on veut révéler
Recherche d’un contraste Béton très compact, de haute performance, faible E /C avec des granulats
Béton poli de couleur avec effet poli prenant le poli
Utiliser des bétons très peu poreux.
Béton anti-tag Conservation de l’état initial
Traitement de surface « anti-graffitis »
Béton bouchardé, sablé, Faire apparaître une texture
acidé... plus ou moins rugueuse Traitement de parement a posteriori révélant les granulats en modifiant leur aspect
(0)
(0)
Gravité (sans ségrégation) Autoplaçant, autonivelant Béton fluidifié, riche en éléments fins avec ou sans agent
viscosant
Gravité Coulé sous l’eau Béton fluide avec antidélavant (agent de cohésion)
Gravité
(sédimentation rapide) Béton de remplissage Forte perméabilité du squelette
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mécaniques.
• Additions : matériau finement divisé améliorant certaines Si A est la quantité d’addition exprimée en kg/m3 et k le coeffi-
propriétés ou conférant des propriétés particulières au béton. cient d’équivalence alors, le produit kA sera équivalent à une quan-
• Adjuvants : produit ajouté au béton durant le processus de tité C ′ de ciment CEM I.
mélange, en petites quantités par rapport à la masse de ciment,
pour modifier les propriétés du béton frais et durci. Le liant équivalent L s’exprime alors par :
• Air : occlus (vides d’air dans le béton non intentionnellement L = C + kA ou L = C + C ′ (1)
créés) ou entraîné (bulles d’air microscopiques : 10 µm à
300 µm, intentionnellement incorporées au béton lors du Pour la valeur de k se reporter à la norme EN 206-1 et aux
malaxage). annexes nationales. Cette valeur est non seulement fonction de
• Ajouts : tous les produits qui ne sont ni ciment, ni eau de l’addition mais peut être aussi fonction des conditions d’exposition
gâchage, ni granulats, ni additions, ni adjuvants (exemples : des ouvrages et de la nature du ciment utilisé. Par ailleurs, elle ne
fibres métalliques ou non, agents de viscosité ou de tixotropie porte que sur une quantité limitée d’addition.
autres qu’un adjuvant). Exemple 1 : soit un béton comportant 280 kg de ciment CEM I et
50 kg d’addition calcaire (d’indice d’activité 0,71 ) par mètre cube de
béton. Le coefficient d’équivalence est égal à 0,25.
Le liant équivalent L = 280 + 0,25 × 50 = 292,5 kg/m3 de ciment
2.1 Quel ciment utiliser CEM I.
dans la formulation ? Exemple 2 : soit un béton de classe d’exposition XA, dosé à
310 kg de ciment CEM I et 25 kg de fumée de silice par mètre cube de
Il existe un grand nombre de ciments. Le CEN/TC 51 a jugé béton. Le rapport E eff /C = 0,45. Dans ce cas le coefficient d’équiva-
opportun de séparer les « ciments courants » des « ciments lence est égal à 2.
spéciaux » : Le liant équivalent L = 310 + 2 × 25 = 360 kg/m3 de ciment CEM I.
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(0)
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(1) Dans la mesure où cette classe est produite. Il est rappelé qu’il s’agit ici de la classe au sens de la norme. La classe vraie du liant ne peut être connue que si on
la mesure.
(2) X désigne les caractères S, P, Q, V, W, T, L, LL, et M (voir tableau 11).
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(1) Dans la mesure où cette classe est produite. Il est rappelé qu’il s’agit ici de la classe au sens de la norme. La classe vraie du liant ne peut être connue que si on
la mesure.
(2) X désigne les caractères S, P, Q, V, W, T, L, LL, et M (voir tableau 11).
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2.1.3 Les autres ciments Les applications qui nécessitent des propriétés singulières des
granulats ne sont pas très nombreuses. Pour les bétons, dits
Les ciments autres que ceux définis aux tableaux 11 et 12 sont courants, la norme exige des caractéristiques minimales qu’il est
des ciments pour lesquels il n’existe pas encore de norme ou bon de contrôler (tableau 14).
d’agrément européen mais qui peuvent posséder la marque NF. Il
s’agit des ciments à maçonner et des ciments à propriétés singu-
lières, tels que le ciment alumineux et le ciment prompt naturel.
Pour l’emploi de ces ciments, se reporter aux recommandations 2.3 Qu’appelle-t-on eau efficace ?
d’emploi afin d’exploiter au mieux les propriétés tout en évitant
des désordres fâcheux (tableau 13). L’eau est sans doute le sujet le plus discuté de la formulation des
bétons. En effet, si elle est nécessaire à l’ouvrabilité et à l’hydrata-
tion du liant, elle est aussi le pire ennemi du béton car c’est elle qui
2.2 Quels granulats utiliser confère la porosité à long terme du matériau donc pour une très
dans la formulation ? grande part sa durabilité. (0)
Tout comme pour les ciments, il n’existe pas une grande variété Exemple : afin d’imager ce propos, dans un mètre cube de béton
de granulats disponibles en un lieu donné. Aussi, à quelques rares contenant 350 kg de ciment et 400 litres d’eau, seulement 20 % de
exceptions près, la formulation du béton devra tenir compte des res- cette eau formera avec le ciment des hydrates. Les 80 % restants for-
sources locales et des prix. C’est pourquoi les propriétés intrinsèques meront la porosité du béton durci. Celui-ci aura donc une porosité mini-
des granulats ne sont pas toujours valorisées dans les bétons. male de 16 %.
Ciment à maçonner Propriétés variables À réserver pour des travaux à faibles caractéristiques
(0)
Béton pour chaussée : couche de fondation Dureté (LA), résistance à l’attrition Propreté VBF, IVR
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Propreté PS ou VB
de base et de liaison, couche de roulement (MDE) ∆TBA
(liant hydrocarboné) Granularité, angularité, sensibilité au gel, sulfates solubles Blaine
Dureté (LA), résistance à l’attrition
(MDE), résistance au polissage Module de finesse (MF), propreté
Béton pour chaussée : PS ou VB
Absorption d’eau Propreté VBF
couche de roulement
Absorption d’eau (Ab ), teneur en sulfates, teneur en chlorures, sensibilité
au gel, granularité
Dureté (LA), sensibilité au gel, Module de finesse (MF), propreté
Bétons hydrauliques pour ouvrages propreté, aplatissement PS ou VB Granularité, propreté
courants, autre que pour chaussées (3) Granularité, absorption d’eau (Ab ), réaction alcali-silice, sulfates VBF
et sulfates solubles dans l’eau, chlorures
Bétons hydrauliques Idem granulats pour bétons hydrauliques
de hautes performances Catégorie A pour toutes caractéristiques suivant les propriétés recherchées (3)
Bétons lourds, légers Densités adaptées
Bétons teintés lisses Sans incidence
Couleur de fond donnée par les fines ou par des pigments
Bétons désactivés Couleur, granularité
(1) Se référer aux normes en vigueur.
(2) ∆TBA température de ramollissement des produits bitumineux (méthode bille et anneau), IVR indice des vides de Rigden ; LA essai Los Angeles ; VB valeur de
bleu ; MDE essai micro-Deval sous eau ; VBF valeur de bleu du filler.
(3) Quatre catégories (A, B, C ou D) désignant les caractéristiques dans l’ordre décroissant.
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Pour éviter les confusions entre eau totale, eau de gâchage etc., Remarque : les propriétés de l’eau sont définies par la norme XP P 18-303
la notion d’eau efficace a été retenue. (août 1999) ; les eaux de lavage sont acceptées sous réserve qu’elles res-
pectent les prescriptions de la norme.
Effet secondaire
Adjuvant (1) Effet recherché
possible
Retardateur de prise À consistance égale : augmente le temps de prise Augmentation de la résistance à 28 jours
Accélérateur de prise À consistance égale : diminue le temps de prise Diminution faible de la résistance à 28 jours
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80 3
50 2
1
25
0
(C + kA )/E ; qualité de la pâte
Photographies : en bas fck – cyl = 22 MPa, en haut fck – cyl = 75 MPa Figure 1 – Faciès de rupture en fonction
de la qualité de la pâte
3. Formulation
matériau frais et durci. Son coût réduit permet d’obtenir des grains et par les propriétés rhéologiques de la pâte. Ainsi, plus les
bétons à des prix faibles. granulats sont distants plus l’ouvrabilité croît, à qualité de pâte
donnée.
● Limiter les effets secondaires indésirables à moindre coût. Tou-
3.1 Les trois principes tes choses égales par ailleurs, toutes les propriétés sont améliorées
lorsque le squelette granulaire est de compacité maximale
de formulation des bétons (figure 3). En effet, la porosité du squelette ne peut être remplie que
par de la pâte, ou de l’air. La pâte, fraction onéreuse du béton, est
La formulation de la majorité des bétons est généralement éta-
source de désordres (retraits endogène, thermique, etc.) ; l’air
blie pour atteindre trois objectifs principaux :
introduit une porosité qui fait chuter les résistances.
● Obtenir une résistance mécanique : propriété répondant aux
fonctions principales du matériau dans l’ouvrage. La qualité de la Remarque : ces trois principes sont valables pour la majorité des bétons.
Toutefois, la résistance n’est pas uniquement conditionnée par la qualité de
pâte (rapport C/E) conditionne la résistance (voir note (1) § 3.2.1, la pâte. La déformabilité de la pâte étant généralement plus grande que celle
ainsi que les § 3.2.2 et 3.2.3). En effet, c’est elle qui apporte la cohé- des granulats, le rapport volumique pâte/granulats interviendra au second
sion à l’ensemble. On distingue trois domaines correspondant à des ordre [9].
mécanismes de rupture différents en fonction des performances de
la pâte (figure 1) :
— domaine 1 : rupture de la pâte et décohésion aux interfaces 3.2 Les méthodes de formulation
pâte granulats dans l’auréole de transition (les granulats sont peu
mobilisés) ;
— domaine 2 : ruptures mixtes dans la pâte, décohésion et rup- Plusieurs méthodes ont été développées. Même s’il reste beau-
ture de granulats ; coup d’empirisme, toutes reposent sur les mêmes principes. La
— domaine 3 : ruptures dans la pâte et transgranulaire, aucun méthode abordée ci-après nécessite l’emploi du calcul informatique
contournement, tous les granulats sont mobilisés. pour effectuer les optimisations [10].
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c granularité corrigée
50 d'un sable fin
a granularité
grossière
0
80 µm 6,3 mm Dmax
Ouverture tamis
3.2.1 C’est la qualité de la pâte (3) On peut estimer la quantité d’air occlus (V a en litres/m3 de béton frais)
à partir des expressions suivantes :
qui conditionne la résistance
V a = ( 1 + 0,9p + 0,07sp – 0,002 ) ( 0,004S – 0,001G )
avec affaissement en cm et p ou sp en kg d’extrait sec de plastifiant ou de
On appelle pâte l’ensemble {liant, eau efficace, air occlus ou superplastifiant par m3, G et S masses de gravillon et de sable en kg pour
entraîné}. 1 m3de béton [9].
2
directement de la nature du liant (ses performances), de la quantité Vc
f c28 = f cm28 K g -------------------------------
- ( exprimée en volume ) (4)
d’eau mise en œuvre et éventuellement de l’air contenu dans le Vc + Ve + Va
matériau. La résistance en compression dépend directement de la
porosité des hydrates (ou, ce qui est équivalent, de leur compacité). 1
Soit : f c28 = f cm28 K g --------------------------------------------------------------------------- ( exprimée en masse ) (5)
2
ρc E eff + ρ e V a
f c28 résistance cible en compression à 28 jours,
f cm28 classe vraie du liant mesurée sur mortier normal à
1 + ------ -------------------------------------
ρ e L ou ( C + kA )
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28 jours(1),
Kg coefficient granulaire qui prend en compte des caractères ■ Pour les bétons de hautes performances aux fumées de silice,
liés au squelette (nature de granulats, arrangement, l’expression identifiée prend la forme suivante, avec K g = 4,91 :
forme, propreté...) (valeur moyenne 5 ± 0,5),
1
Vc volume du liant (de masse C ) par mètre cube de béton, f c28 = f cm28 · 4,91 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
2
ρc
masse volumique du liant (3,1 pour le CEM I), ρ E eff + ρ e V a
Ve volume d’eau efficace (de masse E eff ) par mètre cube de 1 + -----c- ------------------------------------------------------------------------------------- - (6)
ρ e C ------ ρc ρ
ρe
béton,
masse volumique de l’eau,
ρ fs ρ fs
- + 1 – ------c- exp – 11 ------
Fs
C
A masse d’addition éventuelle par mètre cube de béton,
k coefficient d’équivalence de l’addition vis-à-vis de la avec ρfs masse volumique de la fumée de silice,
résistance(2),
Fs masse de fumée de silice pour 1 m3 de béton.
Va volume d’air (air occlus : 1 % en moyenne, 1 à 2 % avec
fluidifiant(3), ou air entraîné 4 à 6 % avec emploi d’un Dans le cas particulier où Fs = 0 ou bien, si Fs ≠ 0, avec
adjuvant entraîneur d’air), Eeff /C < 0,4 et Fs /C > 0,2, l’expression peut prendre la forme
L liant équivalent par mètre cube de béton (L = C + kA ) (2). simplifiée (7) où l’on retrouve le coefficient d’équivalence 2 pour la
fumée de silice sous certaines conditions :
(1) Compte tenu de la définition statistique de la classe normalisée d’un
f c28 = f cm28 ⋅ 4,91 -----------------------------------------------------------------------
ciment : résistance inférieure à « la classe » dans 5 % des cas et résistance 1
supérieure à « la classe + 20 MPa » dans 10 % des cas, la résistance moyenne (7)
2
statistique est égale à « la classe + 7,5 MPa » EN 197-1 : 2000. ρ ( E eff + ρ e V a )
1 + -----c- ---------------------------------- -
(2) Attention, le liant équivalent est défini par rapport au ciment CEM I de ρ e C + 2Fs
classe 32,5 ou supérieur. Le liant équivalent est donc constitué obligatoire-
ment d’un ciment CEM I et d’une addition minérale. ( BHP avec fumées de silice ) (7)
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■ Les travaux récents [9] montrent que la résistance n’est pas tota-
lement indépendante des quantités de pâte dans le béton. Ainsi, si
l’on appelle : Production à forte
dispersion
Vg le volume de granulats dans un mètre cube de béton,
Production à faible
V g* le volume de granulats dans un mètre cube de granulats dispersion
secs,
EMP l’épaisseur maximale de pâte dans le matériau, k2 k1
g la compacité granulaire au sein du béton,
g* la compacité granulaire des granulats utilisés pour fabri- Si Sm fcm pour une forte dispersion
quer le béton définie pour un indice de serrage de 9
(§ 3.2.3), fci fck fcm pour une faible dispersion
D max la dimension des plus gros granulats (D max = d passant à
90 %),
Figure 4 – Effet de la dispersion de la production
l’auteur exprime l’épaisseur maximale de pâte (EMP ) selon sur la valeur cible moyenne
l’expression :
V*
3 -----g- – 1 3 -V----gg- – 1
g* 3.2.2 C’est la quantité de pâte qui conditionne
EMP = D max ou encore EMP = D max (8)
l’ouvrabilité
L’ordre de grandeur d’EMP, celle-ci croissant avec l’ouvrabilité, ■ Le frottement intergranulaire et la viscosité de la pâte vont
est : conditionner la réponse rhéologique des bétons.
— 0,23 à 0,65 mm pour les mortiers ; Pour les bétons non adjuvantés, les frottements entre grains de
— 1,3 à 2,6 mm pour les bétons. ciment au sein de la pâte ont un effet prépondérant. Pour une qua-
lité de pâte donnée, la seule façon d’accroître l’affaissement au
La résistance devient, en prenant en compte l’épaisseur maxi- cône sera de diminuer la composante granulaire en desserrant le
male de pâte : squelette, c’est-à-dire en augmentant la quantité de pâte [12].
Pour les bétons adjuvantés, l’ajout d’un plastifiant ou d’un fluidi-
1 – 0,13
f c28 = f cm28 K ′g ----------------------------------------------------------------------------2- D max 3
g*
-------- – 1 fiant va considérablement diminuer la composante de frottement
ρe E + ρe Va g entre grains de ciment donc l’affaissement. Cette grandeur ne sera
(9)
1 + ------ - ---------eff ------------------------------ donc plus très significative et il faut avoir recours à la viscosité du
ρ c L ou ( C + k A )
mélange. Les frottements entre granulats deviennent prépon-
dérants et la seule façon de diminuer la viscosité sera de diminuer
Généralement cette expression est suffisante pour évaluer la la composante granulaire en desserrant le squelette.
résistance. Toutefois, les caractéristiques des granulats (nature, En conclusion, pour une qualité de pâte donnée (c’est-à-dire une
propriété de surface, résistance intrinsèque) peuvent avoir un effet résistance donnée) c’est la quantité de pâte par effet de desserre-
sur les résistances. Le paramètre K ′g n’est donc pas constant. Pour ment qui pilote l’affaissement ainsi que la viscosité des bétons.
les résistances élevées (supérieures à 60 MPa), la résistance intrin-
sèque du granulat a un effet limitant [9]. Cette quantité de pâte est difficile à prévoir sans avoir recours à
des essais car de nombreux paramètres interviennent comme la
Dans l’expression (9) la valeur moyenne de K ′g = 5,25. compacité granulaire du mélange, la rugosité et l’angularité des
granulats, la teneur en air occlus...
Exemple : à partir d’un granulat de roche microgrenue (porphyre du
Morvan), il n’a jamais été possible de dépasser 60 MPa. Après ■ Bien qu’il soit le plus utilisé, le test d’affaissement au cône
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enquête, l’extraction de la roche avant concassage avait été réalisée à d’Abrams est insuffisant pour caractériser correctement les pro-
l’explosif, les granulats se sont donc trouvés microfissurés. Intrinsè- priétés rhéologiques des bétons frais [13] [14] [C 2 230]. C’est pour-
quement la roche massive est performante mais les granulats ne le quoi on a recours à divers autres tests : Vébé, étalement et, pour
sont pas. les bétons autoplaçants, le test de la boîte en L.
Pour tenir compte des dispersions introduites dans le système Un modèle de type Herschel-Bulkley [relation (13)] reliant la
de production, la valeur cible à 28 jours f c 28 doit être déduite contrainte de cisaillement τ au gradient de déformation γ est
•
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c viscosité apparente
concentration du squelette (gravier + sable) dans le béton :
b Bingham
µ0 1
a Herschel-Bulkley µ a = -----------------------------------------
- ------------------------------------
- (16)
( 1 – ω c / α c ) 1,08 [ 1 – V g /V * g ]
µa (V g /V *
g peut être remplacé par g /g*)
µ
τ0 avec µ 0 = 36,2 pour les bétons avec superplastifiants et 19,8
pour les non fluidifiés,
V g volume de granulats dans le béton,
V*
g volume de granulats pour le test de référence [16]
0 1 2 3 mesuré sous vibration avec une contrainte de 10 kPa
•
Gradient de déplacement γ (s– 1) ou calculé pour un indice de serrage de 9 (§ 3.2.3.3),
ω c concentration du ciment dans la pâte :
Figure 5 – Comportement et modèles de viscosité des bétons ω c = V c /(V c + V e + V a ),
αc compacité du ciment (0,6311 avec adjuvant et 0,5886
sans) calculée pour un indice de serrage de 9.
■ Pour les bétons fluidifiés, le seuil de cisaillement très faible n’est On retrouve bien ici que pour un arrangement granulaire donné
plus mesurable avec le cône d’Abrams, ni même significatif. Aussi (g /g *) et pour une qualité de pâte donnée (C /E et µ 0 ) la viscosité
a-t-on recours au test d’étalement qui mesure le diamètre de la apparente du béton est pilotée par la concentration en ciment ω c
galette de béton après arrêt de l’écoulement. donc également la quantité de pâte.
Plusieurs approches prédictives ont été proposées :
Les ordres de grandeur d’affaissements et de viscosités appa-
— méthode CES (béton sans fluidifiant) où, pour une qualité de rentes pour des bétons de densité courante (2 à 2,6 après durcis-
pâte donnée et à partir de l’affaissement souhaité, on détermine la sement et séchage) sont donnés dans le tableau 16.
quantité de pâte à l’aide d’abaque,
— méthode Baron-Lesage où, pour une qualité de pâte donnée
(C /E fixé) à partir du temps d’écoulement au maniabilimètre à béton, 3.2.3 Compacité du squelette granulaire
on détermine la concentration en ciment dans le mélange granulaire (approche théorique)
ciment-sable-gravillon, ce qui revient à déterminer la quantité de
pâte, Dans une très grande majorité des cas de formulation, l’opti-
— méthode de Larrard LCPC (Laboratoire central des ponts et mum, aussi bien économique que technique (rhéologique notam-
chaussées), qui calcule l’affaissement à partir des arrangements ment), conduit à rechercher la compacité maximale du squelette
granulaires des composants(1) et dans l’hypothèse d’une loi granulaire du béton mis en œuvre. En effet, à quantité de pâte don-
newtonienne, exprime une viscosité apparente µ a , calculée pour un née, l’optimum de maniabilité correspond à l’optimum de compa-
gradient de vitesse donné de 3 s–1, généralement suffisante pour cité du squelette [17]. Toutefois cette approche n’est plus valable
formuler le matériau(2). lorsqu’on impose des propriétés singulières au béton notamment
rhéologique (béton pompable ou autoplaçant...) ou de porosité
(1) Le modèle complexe ne sera pas développé dans cette présentation. comme les bétons drainants.
Pour les bétons non adjuvantés, se référer au modèle CES.
(2) Actuellement peu d’outils permettent de mesurer simplement la visco- Plusieurs approches sont possibles pour obtenir la compacité
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sité en fonction de la vitesse de déformation. Le rhéomètre BTRHEOM du maximale du squelette granulaire. Caquot a montré à partir d’une
LCPC permet de faire ces mesures. L’essai au cône modifié [31], prenant en série d’essais que la courbe granulaire optimale était constituée de
compte le temps d’affaissement, permet d’estimer la viscosité même pour les deux demi-droites sur un graphe exprimé en 5 d i (d i diamètre des
bétons fluides [32]. grains). Sur cette base, Faury puis Dreux ont exprimé cette courbe
granulaire optimale en faisant intervenir d’autres paramètres (gra-
nulaires mais aussi de densité de paroi et puissance de serrage)
3.2.2.1 Seuil de viscosité : affaissement au cône
pour optimiser les proportions des différentes tailles.
La relation trouvée [16] pour des affaissements supérieurs à Des travaux récents [9] ont repris ce problème et proposent une
100 mm est la suivante : approche plus complète qui nécessite bien souvent le recours au
numérique.
( τ 0 – 212 )
= 300 – 0,35 ---------------------------
- (15)
ρ
3.2.3.1 Compacité d’un mélange binaire sans interaction
avec affaissement au cône d’Abrams en mm,
Étudions le mélange de deux classes granulaires élémentaires
τ0 en Pa, de diamètre di de compacité Ci . Dans un volume unité, on désigne
par φi le volume partiel de la classe i , et par yi la proportion volu-
ρ densité.
mique relative de chaque classe.
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Béton coulé vibré pour structures BA ou BP pompable 150 à 200 τ 0 = 1 240 à 900 µ a 200
Béton de haute performance coulé en place 180 à 250 τ 0 = 1 035 à 212 µ a 300
(avec superplastifiant)
Béton de haute performance avec ultrafines
(FS + superplastifiant)
180 à 250 τ 0 = 1 035 à 212 µ a = 400 à 600
> 250
Béton autoplaçant (étalement > 600 mm) τ 0 < 300 µ a < 200
C m2 = C 2 + (1 – C 2) φ 1 = C 2 + (1 – C 2) y 1 C m2
avec b 2,1 effet de paroi sur les petits grains engendré par les gros.
donc :
C m2 = C 2 / [1 – (1 – C 2)y 1]
3.2.3.3 Généralisation du modèle à n classes en interaction
3.2.3.2 Modèle linéaire avec interaction On peut généraliser à n classes les effets de paroi et de desser-
rement et vérifier [18] qu’il existe toujours une classe dominante
Les hypothèses du paragraphe précédent ne sont en réalité pas qui subit de façon additive les interactions exercées par les autres
valables. En effet, il existe des interactions entre grains qui classes. La compacité maximale obtenue pour n classes de grains
modifient l’arrangement granulaire. s’écrit alors :
■ Cas où les gros grains sont dominants
C m = inf (C mi ) pour 1 i n , et y i ≠ 0
L’empilement des gros grains est perturbé par la présence des
avec :
petits par effet de desserrement. En faisant l’hypothèse que cet
effet soit une fonction linéaire (a 1,2 ) de φ 2 sur la compacité des Ci
C mi = ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- (17)
gros grains, φ 1 devient : i–1 n
φ 1 = (C 1 – a 1,2 φ 2 C 1 /C 2)
1– ∑ [ 1 – Ci + bij Ci ( 1 – 1 ⁄ Cj ) ]yi – ∑ [ 1 – a ij C i ⁄ C j ]y j
j=1 j = i+1
La compacité du mélange C m1 en fonction des compacités pro- Dans cette expression, seuls les coefficients d’interaction (b ij
pres C 1 et C 2 des grains et de la proportion de petits grains y 2 effet de paroi et a ij effet de desserrement) limités aux interactions
s’écrit : binaires ont été pris en compte. Ces coefficients d’interaction,
C m1 = φ 1 + φ 2 = C 1 + (1 – a1,2 C 1 /C 2 ) φ 2 mesurés sur divers grains, ont pour expression :
or :
φ 2 = y 2 (φ 1 + φ 2) = y 2 C m1 a ij = 1 – ( 1 – d j ⁄ d i ) 1,02 et b ji = 1 – ( 1 – d i ⁄ d j ) 1,5 (18)
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1 – ∑y
i–1 n
refléter toutes les caractéristiques des granulats intervenant dans ces deux
effets.
φ i = y i C m et y i = j – ∑ yj (21)
j=1 j = i+1
0,9
Compacité
0,85
Effet
de paroi R1 Desserrement
0,8 R8 majoritaire
majoritaire
0,75
Sans
Sans
interaction 0,7 interaction
R1
R8 majoritaire
majoritaire
0,65
0,6
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Concentration
Figure 6 – Compacité en fonction
sans interaction empilement compressible des concentrations en éléments fins (R1)
suivant les différents modèles et compacité
avec interaction points expérimentaux
expérimentale.
Valeurs pratiques de l’indice de serrage
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(0)
3.2.4 Autres approches (Caquot, Faury, Dreux) 3.2.5 Conclusions sur la compacité
■ Caquot et la granularité du squelette
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Pk – Pk – 1 = A ⋅ 5 dk (23)
La granularité optimale du squelette s’enrichit en classes granu-
laires de taille maximale. La compacité s’accroît. La classe de
où : dimension maximale est volumiquement majoritaire (figure 7a).
V g1 1
A = -------------------
- -------------------- ■ Compacité et ségrégabilité
n ( d1 ) 1 / 5
∑ Vgj La compacité maximale ne conduit pas à la ségrégabilité minimale.
La ségrégabilité est minimisée en augmentant les classes intermé-
j=1
diaires au détriment de la plus grossière. Chaque classe granulaire
avec V g1 et V gj volume de granulats respectivement d’ordre 1 et doit occuper l’espace intergranulaire lui conférant sa compacité
j et d 1 dimension du granulat d’ordre 1. maximale. La granularité est plus « régulière » (figure 7b).
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% % + Affaissement
100 100 ou (– τ0)
K ' croissant Moins ségrégable
50 50
– Viscosité µa
0 0
Dmax /10 Dmax Dmax /10 Dmax y2 = VG /(VG + Vs )
lg d lg d
a b c
% Rc %
100 F optimal 100
Fuseau de
Diminution de pompabilité
l'effet de parois optimale
50 50
Filler = 0
Compacité
maximale
0 0
Dmax /10 Dmax G /(C + F ) Dmax /10 Dmax
lg d lg d
d e f
% d ouverture tamis
100 Dmax dimension maximale des gros granulats
C quantité de ciment
Plus d'éléments fins
G quantité de graviers
50
F quantité de fillers
Rc résistance du ciment
Compacité maximale
0 VG volume de gravier
Dmax /10 Dmax Vs volume de sable
lg d En ordonnée des figures a , b , d , f et g :
g pourcentage cumulé des tamisats
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2
ρ c E eff + ρ e V a
pable).
1 + ------- ------------------------------- (2) La masse de fluidifiant est à déterminer à partir d’un test sur coulis per-
ρe C mettant de définir le seuil de saturation (généralement inférieur à 1 % du
poids de ciment).
D’où le rapport pondéral : (3) La présence d’un entraîneur d’air ayant pour effet de diminuer la visco-
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Tableau 19 – Exemple de formulation d’un BTHP (en kg/m3) de résistance supérieure à 100 MPa
Granulats calcaires durs concassés E
Sable roulé Ciment CEM I Fumée Fluidifiant -----------------
Eau efficace
siliceux 52,5 de silice (extrait sec) C + Fs
12,5 / 20 5 / 12,5 0,5
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Tableau 20 – Exemple de formulation d’un BFUHP (en kg/m3) de résistance supérieure à 200 MPa
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(0)
BAP 180 150 oui oui 0 150 200 775 947 1,26 35 36
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Tableau 22 – Caractéristiques mécaniques vue, le volume réalisé est inférieur à celui prévu et le béton est sur-
et réexcavabilité des remblais rapides dosé en pâte. Le squelette granulaire n’occupe pas un volume
suffisant.
f C28 < 0,7 MPa 0,7 à 2 MPa > 2 MPa
Inversement, si γ ex /γ th < 1, le volume est plus grand que prévu et
le béton sous-dosé en pâte.
Facile Moyenne Difficile
Les corrections doivent donc être apportées à la formulation
Réexcavabilité Manuelle ou jusqu’à ce que la densité théorique soit égale à la densité expéri-
Manuelle mécanisation Mécanisation mentale (on suppose ici que les autres caractéristiques ne sont pas
légère affectées).
■ Teneur en air
4.1 Essais d’études La quantité d’air contenue dans le béton est soit volontairement
incorporée (air entraîné) grâce à l’emploi d’un adjuvant spécifique,
Les essais d’études ont pour objectif la qualification de la formu- soit involontairement incorporée lors du malaxage ou à cause de
lation. L’ensemble des spécifications doit être contrôlé, à l’utilisation d’un adjuvant à effet secondaire (air occlus). On ne
commencer par celles du béton frais, densité, ouvrabilité, air contrôle généralement que la teneur (% volumique d’air dans le
entraîné puis celles du béton vieillissant et durci. béton frais) mais en tout état de cause lorsque les bétons doivent
Agir sur un paramètre de formulation fait généralement évoluer résister au gel la demi distance moyenne e b entre les bulles doit être
toutes les propriétés du béton frais. Toutefois, si celles-ci ne sont pas également contrôlée (e b < 250 µm).
trop éloignées de celles recherchées, on peut considérer que,
lorsqu’on agit sur un paramètre de formulation pour modifier une À faible dosage, l’air et l’eau jouent le même rôle aussi bien
propriété, les autres ne sont affectées qu’au second ordre. Attention, vis-à-vis de la résistance que vis-à-vis de l’ouvrabilité. En
certaines études peuvent être longues et onéreuses et demandent à conséquence, augmenter la teneur en air d’un béton frais pour le
être entreprises très en amont de la formulation (cas des granulats rendre moins gélif améliorera l’ouvrabilité et diminuera sa résis-
siliceux susceptibles de réactivité avec les alcalins). tance. Ici les variations ne sont plus du second ordre (§ 3.2.2.1).
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4.2 Essais de convenance Par ailleurs, compte tenu des fluctuations inévitables du système
de production, il est souvent demandé d’effectuer une étude de
sensibilité en faisant varier les dosages des constituants dans une
Les essais de convenance doivent permettre de valider la formula- fourchette prédéfinie (exemple ± 5 % pour le ciment, l’eau, les
tion dans le système production prévu pour la confection de granulats etc.).
l’ouvrage et avec les moyens de fabrication, de transport et de mise
en œuvre industriels.En effet, lors d’un processus industriel, il n’est
pas toujours possible d’obtenir le même résultat qu’en laboratoire.
Des ajustements sont donc nécessaires.
4.3 Essais de contrôle
Selon les cas, on sera amené à contrôler le rendement (en utili-
sant un coffrage calibré, ce qui est l’équivalent du contrôle de den- On distingue deux types d’essai : les essais d’information utile à
sité), ainsi que toutes les propriétés susceptibles d’être affectées l’avancement de l’ouvrage (mise en précontrainte par exemple) et
par le processus comme la rhéologie (affaissement, étalement...), les essais de contrôle proprement dits, c’est-à-dire ceux imposés
la teneur en air. Attention, ces essais ne garantissent pas la réussite par le plan assurance qualité (PAQ) prouvant la qualité du matériau
systématique car d’autres paramètres difficiles à maîtriser peuvent mis en œuvre.
agir sur les propriétés du béton frais, comme la température Actuellement, le suivi en maturométrie [2] du matériau dans
ambiante par exemple. Pratiquement, un essai de convenance vali- l’ouvrage permet de s’affranchir des essais d’information qui, en
dant une formulation l’hiver peut ne plus la valider l’été. réalité, ne donnent qu’un aperçu des propriétés du matériau en
Généralement, si l’essai de convenance valide la formulation du place.
béton frais, les spécifications du matériau durci seront elles aussi
conformes.
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N NF EN 934-2
classement : P15-101-1
04-98 Adjuvants pour béton, mortier et coulis – Partie 2 :
XP P 18-011 06-92 Bétons. Classification des environnements agressifs
adjuvants pour bétons. Définitions et exigences. Indice XP P 18-303 08-99 Eau de gâchage pour béton
de classement : P18-342.
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