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Spécialité Mécanique
Présenté par
Jérôme LAVERNE
Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS XIII
Composition du jury
Mes remerciements vont aussi à S. Andrieux, P.-B. Badel, G. Debruyne et Y. Wadier pour les
discussions enrichissantes que nous avons eu sur le sujet et plus largement en mécanique de la
rupture, ainsi qu’à A. Assire pour son aide précieuse sur le Code_Aster.
Pour finir, je tiens à associer à la réalisation de ce travail mes parents et mon frère. Ils m’ont
toujours encouragé à prendre du plaisir à apprendre et comprendre, c’est une des raisons
majeures qui m’ont permis de trouver la force pour réaliser cette thèse. Merci aussi à mes amis et
proches qui m’ont soutenu chacun à leur manière. Enfin, un grand merci à ma plus proche
supportrice : ma petite chérie Fanny.
1 Contrat CIFRE entre le Laboratoire des Propriétés Mécaniques et Thermodynamiques des Matériaux (UPR CNRS 9001) de
l’Institut Galilée et le département d’Analyses Mécaniques et Acoustique d’EDF R&D et collaboration avec le Laboratoire de
Mécanique des Structures Industrielles Durables (UMR CNRS - EDF R&D 2832).
2 Mon seul regret est que nous n’ayons pas réussi à nous mettre d’accord sur le signe de la différence de nos vitesses à vélo. Force m’a été
d’en conclure que Jean-Jacques connaît quelques lacunes dans le domaine de l’expérimentation !
Table des matières
INTRODUCTION 9
I. MODELE DE JOINT.................................................................................................................67
I.1. Loi d’interface de l’élément de joint ................................................................................................67
I.1.a. Energie de surface............................................................................................................67
I.1.b. Vecteur contrainte............................................................................................................69
I.2. Propriétés de l’élément de joint .......................................................................................................70
I.3. Minimisation de l’énergie totale......................................................................................................71
I.3.a. Définition du saut de déplacement................................................................................72
I.3.b. Résolution du problème de minimisation ....................................................................73
6
TABLE DES MATIERES
7
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
8
Introduction
G < Gc
- La seconde lacune porte sur son incapacité à prédire seule le trajet spatial des fissures. Pour un
milieu bidimensionnel, le critère ne prend en compte que la longueur de fissure or l’évolution
spatiale nécessite une seconde information qui correspond à un critère de branchement.
- Enfin, une troisième lacune concerne le trajet temporel de la fissure, seules les propagations
progressives sont traitées de façon satisfaisante. En effet des situations où l’inégalité du critère
est violée peuvent survenir. Celles-ci correspondent au cas de figure où l’excès de restitution
d’énergie élastique conduit à l’apparition d’énergie cinétique. La propagation est alors
considérée comme brutale.
On peut résumer ces trois points en disant que le problème majeur de la théorie de Griffith est de
ne pas laisser assez de souplesse à l’évolution spatio-temporelle des fissures. De nombreux
aménagements tentent d’y remédier proposant des ingrédients spécifiques à chacun des
problèmes.
Une première tentative, destinée à proposer une théorie unifiée permettant de remédier aux
principales lacunes citées précédemment, fut proposée par G. A. FRANCFORT et J.-J. MARIGO [22]
en 1998. Celle-ci consiste à garder l’hypothèse d’une énergie de surface proportionnelle à la
longueur de la fissure, mais abandonner le critère de Griffith au profit d’un principe de
minimisation d’énergie. Le problème revient à chercher, à chaque instant, le champ de
déplacement admissible qui conduit à un minimum global de la somme de l’énergie élastique et de
l’énergie de surface. Les travaux de thèse de B. BOURDIN [8], sur un plan numérique (régularisation
des discontinuités), et de F. BILTERYST [6], sur un plan théorique appliqués à la fissuration des
matériaux composites, ont permis d’illustrer les capacités de cette nouvelle approche à pallier
pour une part importante aux lacunes de la théorie de GRIFFITH initiale.
10
INTRODUCTION
Au vu de ces difficultés une nouvelle idée a vu le jour. Celle-ci consiste d’une part à adopter une
énergie de surface qui dépend du saut de déplacement δ entre les lèvres de la fissure et d’autre
part à chercher des minima locaux de l’énergie totale. Les formes de la fonction énergie à adopter
sont suggérées par les potentiels d’interaction à l’échelle atomique (voir Figure 1). L’idée d’une
telle approche remonte à BARENBLATT [3]. Cependant, son utilisation concernant le cadre de la
minimisation d’énergie est assez récente (voir DEL PIERO [17] et TRUSKINOVSKY [54]). On peut
aussi citer les travaux de thèse de M. CHARLOTTE [14] sur des modèles discrets de rupture ou
encore CHARLOTTE et al [13].
Energie de Griffith
Y
Gc
0 δ
C’est dans ce formalisme qu’ont été réalisés les travaux de thèse présentés dans ce manuscrit.
L’idée principale est de confronter cette nouvelle approche à des problèmes théoriques et
numériques en mécanique de la rupture afin de tester sa capacité à prédire l’évolution de fissures.
Notons que la dimension de validation expérimentale ne sera évoquée que très succinctement.
Les motivations industrielles liées à ce travail de thèse sont importantes, elles sont principalement
liées à la sûreté des installations du parc électronucléaire français. Depuis de nombreuses années
la division R & D d’EDF effectue des travaux de recherche afin de prédire le comportement des
composants en service dans le but d’anticiper d’éventuels incidents liés au vieillissement des
structures. Pour ce faire, elle s’appuie pour une large part sur des outils de simulation numérique
qu’elle développe. Citons, entre autres, le code de calcul thermomécanique Code_Aster [21] dans
lequel les modèles numériques présentés ici ont été implantés.
Nous proposons d’exposer les travaux effectués au cours de cette thèse adoptant le plan suivant :
- Un premier chapitre permettra de présenter le cadre de notre travail et de le situer parmi
ceux développés dans la littérature. Dans une première partie on effectuera un bref survol des
principales techniques utilisées pour modéliser l’évolution de fissures dans les milieux
continus. Une seconde partie sera consacrée à la formulation du modèle théorique sur lequel
11
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
on s’appuiera dans les chapitres 2 et 3. Enfin, la résolution analytique d’un essai d’arrachement
permettra d’illustrer le modèle sur un premier exemple.
- Le deuxième chapitre a pour but de montrer les capacités de notre approche à prédire
l’amorçage de la fissuration. Nous verrons en particulier que l'on peut rendre compte de
l'initiation d'une fissure tridimensionnelle en utilisant uniquement la notion de minimum local
de l'énergie totale. Les critères d'amorçage obtenus dépendent du choix de la forme de
l'énergie de surface. Pour des énergies suffisamment régulières, on obtiendra un critère en
contrainte de type traction maximale et cisaillement maximal. Dans le cas général, le critère
d'amorçage obtenu sera un critère en contrainte du type courbe intrinsèque.
- On présentera, au chapitre 3, deux modèles numériques d’amorçage et de propagation (dans
une direction donnée) de fissures bidimensionnelles basés sur l’approche énergétique avec des
énergies de surface de type Barenblatt. Le premier modèle s’appuie sur un élément fini de joint
s’inspirant des modèles de zones cohésives de la littérature. Le second est basé sur un élément
fini avec une discontinuité de déplacement interne, proche des modèles connus sous
l’appellation « embedded discontinuity finite element ». Pour chacun d’entre eux on présentera
la forme des énergies adoptée, on décrira les propriétés de l’élément, enfin on terminera par
une description détaillée de la minimisation de l’énergie totale. Par ailleurs nous décrirons une
technique de pilotage du chargement permettant de suivre d'éventuelles instabilités dans la
réponse globale de la structure.
- Le quatrième et dernier chapitre sera l’occasion de présenter les résultats des simulations
numériques obtenues avec les modèles éléments finis du chapitre 3. Après les avoir validés sur
des cas tests dont on connaît la solution, on tentera d’analyser les résultats obtenus sur des
essais plus complexes. Nous verrons en particulier qu’une première confrontation du modèle à
des données expérimentales, sur la multifissuration d’un composite, conduit à des résultats
(qualitatifs) encourageants.
Enfin, nous terminerons ce manuscrit en donnant quelques perspectives de travail pour améliorer
le modèle développé ici, et plus largement, d’autres idées pour contribuer à la compréhension des
processus complexes intervenant lors de la fissuration.
12
Equation Chapter 1 Section 1
Chapitre 1
ETAT DE L’ART,
MODELE ENERGETIQUE DE FISSURATION
ET EXEMPLE D’APPLICATION
L’objectif de ce chapitre est d’une part de situer notre travail de recherche parmi le grand
nombre d’études développées dans la littérature et d’autre part de présenter le cadre théorique sur
lequel nous nous appuierons dans les chapitres suivants. Dans un premier temps, on présentera les
l’évolution de fissures avec un modèle théorique basé sur un principe de minimisation d’énergie.
Enfin, nous terminerons ce chapitre sur un exemple d’application en exhibant, à partir de notre
modèle, une solution analytique d’un problème d’arrachement d’une armature rigide.
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
PLAN
I. ETAT DE L’ART.......................................................................................................15
I.1. Lois d’interface des modèles de force cohésive ...................................................................................15
I.2. Modélisation des discontinuités ......................................................................................................18
I.2.a. Modèles d’interface ...........................................................................................................19
I.2.b. Modèles régularisés............................................................................................................19
I.2.c. Modèles à discontinuité interne.......................................................................................20
I.2.d. Modèles basés sur la partition de l’unité.........................................................................25
14
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
I. ETAT DE L’ART
La modélisation de la rupture fait l’objet de nombreux travaux, au niveau de l’évolution de la
fissuration, de la loi d’interface entre les lèvres de la fissure ou de la représentation numérique des
discontinuités. Loin de vouloir donner un panorama exhaustif des modèles de la littérature nous
nous contenterons de dégager les grandes lignes de différentes approches concernant deux points
essentiels de leur élaboration. On commencera par une revue de quelques lois d’interface pour les
modèles de zones cohésives. Puis on présentera quelques approches pour la représentation
numérique de la fissure comme surface de discontinuité.
Tant que la taille de cette zone est petite devant l’échelle de la structure, les principes de la
mécanique de la rupture linéaire peuvent êtres appliqués. Dans le cas contraire cette zone doit
être prise en compte. Les premiers modèles furent introduits par DUGDALE [19] et BARENBLATT [3]
au début des années soixante. Prenant acte du fait que les contraintes infinies en pointe de fissure,
prédites par le modèle élastique, n’ont pas de signification physique, ces derniers ont émis
l’hypothèse de l’existence d’une « zone cohésive » (Fracture Process Zone dans la littérature) dans
laquelle des forces s’exercent entre les futures lèvres de la fissure. Dans les années soixante-dix
HILLERBORG et al. [28] ont introduit le concept d’énergie de rupture dans les modèles de force
15
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
sn
sc
0 dc dn
Figure 3 : Loi d’interface de Dugdale dans la direction normale.
sn
sc
pénalisation du contact 0 dc dn
¶y ¶y
sn = , st = .
¶d n ¶d t
16
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
Ce dernier est choisi comme une fonction polynomiale faisant intervenir les paramètres s c
contrainte critique du matériau en ouverture, d c saut critique au-delà duquel l’interaction entre
les lèvres de fissure devient nulle ainsi que la part de résistance au glissement par rapport à la
résistance normale. On note que lorsque d n < 0 la valeur de la contrainte normale dérivant du
potentiel joue le rôle d’une pénalisation afin de tenir compte de la condition de non
interpénétration des lèvres de la fissure. Aucune autre hypothèse n’intervient pour prendre en
compte cette condition. Notons que ce modèle fut repris et modifié par de nombreux auteurs.
Citons par exemple RICE et WANG [48] qui ont proposé une expression exponentielle du
potentiel. La différence avec le modèle précédent tient au fait que la force tend
asymptotiquement vers zéro quand le saut de déplacement augmente. Ce modèle ne fait donc pas
intervenir le paramètre d c .
st
tc
décharge
0 dc dt
zone cohésive frottement
Figure 5 : Evolution de la force tangentielle en fonction du saut tangent.
Notons que le modèle formulé initialement par l’auteur s’appuie sur un indicateur de décohésion
variant de zéro à un, faisant intervenir le saut normé par le saut critique, et qui fait office de
variable d’endommagement dont dépendent les forces d’interaction.
D’autres modèles ont été développés en s’inspirant de celui-ci. Par exemple, CHABOCHE et al.
[11] (1997), pour modéliser la décohésion interfaciale dans les composites à matrice métallique,
proposent d’activer le frottement de Coulomb dès le début de la décohésion. Citons par ailleurs
CHABOCHE et al. [10] qui reprennent ce dernier modèle et introduisent une régularisation
visqueuse afin de lisser les instabilités intervenant dans l’ouverture brutale de fissure. La réponse
dépend alors de la vitesse du chargement. Cette technique permet de remédier aux problèmes
numériques liés à un saut de solution important difficile à capter avec des méthodes de type
17
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Newton. Cela permet d’avoir une réponse globale continue à tous les niveaux de chargement
mais cette technique modifie les équations de comportement de l’interface.
Notons par ailleurs que ces lois peuvent être utilisées soit pour décrire le comportement
d’une interface : séparation de deux parties d’un solide comme la propagation de fissure (objet
d’épaisseur nulle) soit pour représenter le comportement d’une interphase entre deux matériaux
(objet volumique de faible épaisseur) pouvant représenter une colle. A ce sujet SUQUET [52] et
MICHEL et al. [41] ont travaillé sur la modélisation d’interphase dans les composites à matrice
métallique. Ce type de modèle pose des questions de convergence mathématique du modèle
d’interphase vers le modèle d’interface.
Remarques : Nous verrons par la suite que le comportement initial linéaire croissant des
modèles d’interface présentés ici soulève des questions quant à sa signification physique. En
adoptant une approche énergétique on montrera au Chapitre 2 que cette pente « élastique »
initiale se traduit par l’annulation de la contrainte critique d’amorçage. Par ailleurs ce
comportement initial conduit à des instabilités numériques et à des solutions fortement
dépendantes de la pente (voir Chapitre 4 et DE BORST [16]). Certains auteurs (FEYEL [20]) ont
développé des modèles permettant d’y remédier et de prendre en compte un comportement
rigide initial en s’appuyant sur une méthode de type Lagrangien augmenté. Pour notre part nous
présenterons au Chapitre 3 deux types de loi de comportement d’interface, l’une avec une pente
initiale et l’autre avec un comportement initial rigide.
18
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
2
3
t n
Y
1
X 4
Ces éléments sont utilisés pour modéliser des fissures dont on connaît a priori le trajet de
propagation. Ils ont le gros avantage de représenter une discontinuité sans sortir du cadre
classique de la théorie des éléments finis.
1 æ a2 ö
min
u ,a
a Î[ 0,1]
2 ò
W
( 1 - a )2 Aε ( u ) .ε ( u ) dx + Gc òç
Wè
hÑ a .Ña +
4h ÷ø
dx
où le déplacement u n’est plus discontinu, le champ a indique les zones de fissuration lorsqu’il
est voisin de 1 . Cette approche, permet de prédire l’amorçage et la propagation de « zones
endommagées », n’importe où dans la structure, en s’appuyant sur des résultats mathématiques
complexes et en invoquant des notions de G -convergence de la solution régularisée vers la
solution discontinue lorsque h tend vers zéro. Cette approche présente des similitudes avec un
problème de segmentation d’image dit problème de MUMFORD et SHAH [44]. Ce dernier à fait
19
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
l’objet de nombreuses études citons entre autre AMBROSIO et TORTORELLI [1], DAL MASO et al. [15],
ou CHAMBOLLE.[12].
¶W N
¶W D W
Ud
En utilisant le principe variationnel à trois champs de HU-WASHIZU [29] et [56], on suppose que
les champs : déplacement u , déformation ε et contrainte τ sont indépendant. Dans ce cas les
équations du problème s’écrivent sous forme faible :
d τ : ( Ñs u - ε ) d W + τ : ( Ñ sd u - d ε ) d W =
ò W
σ ( ε ) : d εd W +
ò W ò W
(1.1)
ò W
f . d ud W +
ò ¶WN
F . d ud W
20
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
I.2.c.ii Discrétisation
La discrétisation de problème élément fini conduit au choix d’interpolation des inconnues
suivant :
u » Nd + Mu%
ε » Bd + De% (1.2)
τ » Ss
d dt é B t σ ( ε ) d W - F ext ù + d e% t é Dt σ ( ε ) d W - Dt Ss d W ù
ëê ò W ûú ëê W ò W òúû
(1.3)
d u% é Dct Ss d W - F% ext ù + d s t é S t Dc u% d W - S t De% d W ù = 0
êë ò ò ò
t
W úû êë W W úû
avec
F ext =
ò W
N t f dW -
ò¶WN
N t F dG
F% ext =
ò W
M t f dW -
ò ¶WN
M t F dG
vecteur des forces extérieures non standard dues à l’enrichissement des déplacements. Pour
simplifier le problème on suppose qu’aucun chargement n’est appliqué sur les éléments enrichis,
on a donc : F% ext = 0 . En tenant compte de l’indépendance des variations ( d d , d u% , d e% , d s ) on
obtient les équations suivantes :
21
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
ò W
B t σ ( ε ) d W = F ext (1.4)
ò W
Dt σ ( ε ) d W -
òW
Dt Ss d W = 0 (1.5)
ò W
Dct Ss d W = 0 (1.6)
ò W
S t Dc u% d W -
òW
S t De% d W = 0 (1.7)
σ ( ε ) » A ( Bd + De% ) (1.8)
é
ê ò W
B t ABd W
ò W
B t ADd W 0 0 ù
ú
ê ú é d& ù é F& ext ù
ê
ê
ò W
Dt ABd W
ò W
Dt ADd W
ò
W
D t Sd W 0 ú ê e&% ú ê 0 ú
úê ú = ê ú (1.9)
ê - S t Dc d W ê s ú ê 0 úú
ú ê & ú ê
ê
0 -
ò W
t
S Dd W 0
ò
W ú &
ê ú ë u% û ë 0 û
ê
ë
0 0 -
ò W
Dc t Sd W 0 ú
û
Remarquons que les interpolations des contraintes, des déformations ainsi que des déplacements
enrichis ne sont pas nécessairement continues d’un élément à l’autre, les équations (1.5)-(1.7)
peuvent donc s’écrire sur chaque élément du domaine W . Dorénavant on écrira les équations
(1.4)-(1.7) et (1.9) sur un élément donné que l’on note We . Les efforts extérieurs F ext sont alors
remplacés par les efforts intérieurs correspondants sur l’élément que l’on notera Feint .
22
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
Kinematically Optimal Nonsymmetric ». Pour chacune d’elles nous préciserons le choix des
interpolations et donnerons quelques éléments de comparaison.
ò We
S t De%d We = 0 (1.10)
Cette équation stipule que la déformation enrichie n’apporte pas d’énergie supplémentaire au
système. Dans le but de passer le patch test, c’est-à-dire reproduire correctement une contrainte
constante dans l’élément, l’équation précédente doit être vérifiée pour S = I (avec I matrice
identité) cela impose que la matrice d’interpolation des déformations soit à moyenne nulle :
ò We
D d We = 0 (1.11)
é
ê òWe
B t ABd We
òWe
B t ADd We ù &
ú é d ù é F&eint ù
ê úê & ú = ê ú (1.12)
Dt ADd We ú ë e% û ë 0 û
ê
ë òWe
Dt ABd We
òWe û
Cette technique est dite « Statically Optimal » car l’interpolation des déformations est déterminée
par des considérations relatives à l’espace des contraintes. Ceci permet d’assurer la continuité de
la contrainte normale le long de la surface de discontinuité. En outre, la condition de
compatibilité entre la déformation et le déplacement n’est pas vérifiée. Les redistributions de
contrainte dues au saut de déplacement ne sont donc pas forcément bien prises en compte. Sans
entrer dans les détails citons par exemple l’utilisation de cette technique par BELYTSCHKO et al. [5]
qui modélisent la discontinuité sur une bande de localisation dans l’élément. L’introduction d’une
déformation enrichie renvoie également à SIMO et RIFAÏ [50] qui ont donnés les conditions que
doivent vérifier les différentes matrices d’interpolation, et en particulier (1.11).
23
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
é
ê ò We
B t ABd We
ò We
B t ADd We ù &
ú é d ù é F&eint ù
ê úê & ú = ê ú, (1.13)
D ADd We ú ë e% û ë 0
ê
ë ò We
t
D ABd We
ò We
t
û
û
ce dernier correspond au même système que la méthode (SOS). La différence entre les méthodes
(SOS) et (KOS) réside donc dans la construction de la matrice d’interpolation D . Le point négatif
de cette méthode est qu’elle n’assure pas la continuité de la contrainte normale (au sens faible) le
long de la discontinuité. Les travaux de LOTFI et SHING [38] relèvent de cette approche.
ò W
D*t A ( Bd + De% ) d W = 0
é
ê ò We
B t ABd We
ò We
B t ADd We ù &
ú é d ù é F&eint ù
ê úê & ú = ê ú
D* ADd We ú ë e% û ë 0 û
ê
ë ò We
D*t ABd We
ò We
t
û
Remarques :
- Les formulations (SOS) et (KOS) peuvent se formuler dans le cadre de la méthode B-bar (voir
HUGHES [30]). Il suffit d’éliminer e% dans la seconde équation du système (1.12) et d’injecter le
résultat dans la première. La déformation s’écrivant alors uniquement en fonction de d et d’une
matrice B :
24
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
ε = Bd .
u » Nd + H G Nu% (1.14)
N désigne l’opérateur des fonctions de forme classique, d les déplacements nodaux, u% le saut
déplacement et H G la fonction de Heaviside sur la surface de discontinuité G . Notons que
l’interpolation du saut de déplacement est identique à celle du déplacement. Contrairement aux
modèles précédents le saut de déplacement n’est plus considéré comme une inconnue
élémentaire mais comme un degré de liberté supplémentaire du problème global. Cette approche
conduit à une augmentation du nombre de degré de liberté (sur les nœuds dont le support est
traversé par une discontinuité) au fur et à mesure que la fissure évolue. Ainsi, au cours du calcul,
la taille du problème évolue.
D’autres approches, proches de celle de Wells, sont basées sur la partition de l’unité. Citons par
exemple la méthode X-FEM (eXtended Finite Element Method) développée par BELYTSCHKO et
BLACK [4], MOËS et al. [43], SUKUMAR et al. [51]. Cette méthode permet de prendre en compte des
évolutions de fissures partout dans le domaine et dans toutes les directions indépendamment du
maillage. Cette flexibilité a le gros avantage de pouvoir modéliser n’importe quelle évolution
géométrique de fissure sans remaillage. Dans les articles cités précédemment la fissure est
considérée comme une surface de discontinuité sans interaction entre les lèvres de la fissure. Pour
ces méthodes un type d’enrichissement particulier est introduit pour modéliser la pointe de
fissure. L’approximation correspond à (1.14) avec un terme supplémentaire qui enrichit le ou les
éléments contenant une pointe de fissure. Le choix des fonctions de forme en pointe de fissure
est établi à partir de développements asymptotiques du champ de déplacement.
25
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Plus récemment DOLBOW et al. [18] ont permis de coupler la X-FEM avec une loi de contact
frottement pour simuler la propagation de fissure en compression. Par ailleurs MOËS et
BELYSCHKO [42] ont étendu cette méthode en introduisant une loi de cohésion entre les lèvres de
la fissure. Notons pour finir que la modélisation de fissures cohésives en s’appuyant sur les
propriétés de la partition de l’unité des éléments finis a aussi fait l’objet de travaux de WELL et al.
[57]. Pour un état de l’art plus détaillé des travaux récents avec ce type de méthode voir l’article
de KARIHALOO et XIAO [35].
26
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
δ = § u ¨G
On définit l'énergie totale ET de cette structure comme la somme de son énergie élastique notée
F , d'une énergie de surface notée Y et de W ext potentiel des efforts extérieurs :
ET = F + Y - W ext
On note F =
ò f dW
W
et Y =
ò y dG
G
où f et y désignent respectivement la densité
d’énergie élastique et la densité d’énergie de surface. L’énergie totale est une fonction du
déplacement u et du saut de déplacement δ , le problème de minimisation s’écrit :
27
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Rappelons que l’on effectue une rechercher de minimum local car l’énergie totale n’est pas
bornée inférieurement. A présent, voyons quelles hypothèses on peut formuler sur l’énergie de
surface afin de prendre en compte la condition de non inter-pénétration des lèvres de la fissure et
suivant que l’on considère la fissuration comme un processus réversible ou non.
Y ( δ ) = Y rev ( δ ) + I ¡ + ( d n ) (1.15)
ì +¥ si d n < 0
I ¡+ ( d n ) = í
î0 si d n ³ 0
ìï k ( 0 ) = k 0
í k ( t ) = sup { d ( t ) , k } " t > 0 (1.16)
0
ïî t <t
On peut de manière équivalente exprimer cette loi d’évolution au moyen d’une fonction seuil f
définie par f ( k , δ ) = δ - k . La loi d’évolution prend alors la forme d’une condition de
cohérence classique :
28
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
Y ( δ, k ) = H ( δ - k ) Y dis ( δ ) + [ 1 - H ( δ - k ) ] Y lin ( δ , k ) + I ¡ + ( d n )
ì 1 si x ³ 0
H (x) = í
î 0 si x < 0
L’énergie de surface vaudra donc Y dis , traduisant la dissipation lorsque la fissure évolue, si le
seuil est positif, et Y lin , traduisant une évolution sans dissipation d’énergie, si le seuil est négatif.
Y lin prend en compte le cas où la fissure se referme, on fait le choix d’une décharge linéaire,
donc la densité d’énergie de surface correspondante y lin , sera de la forme :
1 2
y lin ( δ ,k ) = R(k ) δ + C0 (1.18)
2
ì σr = ¶y lin si δ <k
ï ¶δ
í (1.19)
ï σr = ¶y dis si δ >k
î ¶δ
29
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Y ( δ, k i -1 ) = H ( δ - k i -1 ) Y dis ( δ ) + éë 1 - H ( δ - k i -1 ) ùû Y lin ( δ , k i -1 ) + I ¡+ ( d n )
min ET ( u, δ; k i -1 )
u ,δ
La variable interne à l’instant i est actualisée une fois le saut à l’instant i connu :
k i = max { δ , k i -1 } .
30
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
Dans un premier temps, en utilisant des notions classiques de calcul des variations, nous verrons
que la condition d’équilibre (condition d’optimalité d’ordre 1) conduit aux conditions locales
suivantes :
31
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
avoir apparition de plusieurs fissures. De plus, l’étude des branches d’équilibre correspondant aux
réponses globales possibles de la structure nous permettra de mettre en évidence une longueur
caractéristique du cylindre dont dépendra l’évolution brutale ou progressive de la fissuration.
Enfin une étude sur le transfert d’énergie lors de la fissuration nous permettra d’effectuer une
sélection de minima locaux physiquement admissibles.
Dans une dernière partie nous présenterons les évolutions possibles de la fissuration
correspondant aux minima locaux obtenus. L'hypothèse d'un champ de déplacement anti-plan et
axisymétrique conduira à une décohésion circulaire identique sur toute la hauteur du cylindre.
Dans le cas où la fissure évolue progressivement, il y aura unicité du minimum local et la
décohésion s’effectuera à l’interface entre le cylindre et l’armature. Dans le cas où l’apparition de
la fissure est brutale il y aura plusieurs minima locaux possibles. On ne pourra pas conclure sur
l’emplacement exact de la décohésion mais prédire que cette dernière se produira pour des rayons
inférieurs à un rayon critique.
Remarque : Ce même problème est traité au Chapitre 4 à partir d’un modèle éléments finis de
fissuration (présenté au Chapitre 3), on s’appuiera sur la résolution analytique présentée ici pour
tester la validité du modèle numérique.
Wa Wm Sm
Sa
L
R
Gi Ge Rf
eθ
ez er
er
R
Rf eθ
32
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
Propriétés matériau
Le cylindre creux Wm est élastique, notons l et m les coefficients de Lamé. L’armature Wa est
rigide, notre domaine d’étude se réduit donc au cylindre creux Wm . Avant tout chargement ce
dernier est considéré comme étant sain (sans fissure). Nous verrons par la suite ses propriétés de
rupture.
Chargement
On impose un déplacement U ez sur la face supérieure de l’armature rigide Sa ´{ L } et on
encastre le bord extérieur du cylindre creux Ge .
Hypothèses
Etant données les propriétés matériaux et la géométrie du problème, nous ferons l’hypothèse
d’un champ de déplacement anti-plan et axisymétrique. Ce dernier s’écrit alors sous la forme
u = u ( r ) ez . Résoudre le problème d’équilibre revient donc à trouver le champ unidimensionnel
33
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
u ( r ) = u- ( R f ) =U pour 0 £ r < R f
(1.20)
u ( r ) = u + ( R ) = 0 pour r > R f
La géométrie du cas test ainsi que le chargement conduit à des ouvertures de fissure en mode II,
le saut de déplacement pourra donc prendre des valeurs positives ou négatives. Dans la définition
du minimum local la notion de voisinage d’un déplacement u apparaît. Cela nécessite
d’introduire une norme, on choisit :
+¥
u =
ò 0
u ' ( r ) rdr + å( ) r § u ¨ ( r )
S u
. (1.21)
Y(u )=
ò(S u)
y( § u ¨ ) dS (1.22)
avec les propriétés de la densité d’énergie de surface y définie pour des valeurs positives :
y ( 0 ) = 0, y croissante , lim y ( § u ¨ ) = Gc .
§ u ¨ ® +¥
Remarquons d’une part que l’énergie est indépendante de l’orientation de la fissure, d’après les
hypothèses, cette dernière a pour normale er . D’autre part l’énergie ne dépend pas du signe du
saut de déplacement puisque l’ouverture s’effectue en mode III. Par ailleurs les propriétés de
convexité de y jouent un rôle essentiel dans l’analyse de la stabilité des états d’équilibre. En
s’appuyant sur des considérations microscopiques (forme des potentiels inter-atomiques) on
prend une fonction y trois fois différentiable et telle que :
Dans l’analyse des minima locaux, la dérivée de y en 0 joue un rôle fondamental. y ayant la
dimension d’une énergie par unité de surface, sa dérivée a la dimension d’une contrainte, on
pose :
34
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
s c =y ¢ ( 0 ) , lc = Gc s c .
ET ( u ) = F ( u ) + Y ( u ) - Wext ( u ) (1.23)
1
ò
2
F( u ) = m ( u ¢ ( r ) ) d Wm .
2 Wm
Le travail des efforts extérieurs est nul puisque aucune force n’est appliquée.
35
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
chargement. Dans de telles situations, des effets dynamiques devront être pris en compte mais
cela sort du cadre de notre étude.
Par ailleurs les états d’équilibre admis doivent être compatibles avec le caractère irréversible de la
fissuration. Avec des énergies de surface de type Barenblatt cette condition n’est pas triviale, dans
notre étude nous nous affranchirons de cette difficulté en considérant uniquement des
chargements monotones. La condition d’irréversibilité revient alors à vérifier que l’ensemble des
discontinuités S ( u ) s’étend avec le chargement ou encore qu’une discontinuité ne peut
disparaître.
I 0 = [ R f , r1 ] , I i = [ ri , ri +1 ] " i = 1,..., n - 1 et I n = [ rn , R ]
S0 = 2p R f L , Si = 2p ri L " i = 1,..., n - 1 et S n = 2p RL
36
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
ET ( u ) = p L m
ò[ R f ,R ] S ( u )
( u ¢ )2 r dr + å Sy ( §u ¨ ) ,
S( u )
(Pour alléger la notation on n’utilise pas l’indice dans les sommes discrètes lorsque ce n’est pas nécessaire, on note
Si = S ).
On en déduit sa dérivée dans la direction j :
ET¢ ( u ) j = 2p L m
ò[ R f ,R ] S ( u )
u ¢ j ¢ r dr + å sign ( § u ¨ ) S y ¢ ( § u ¨ )§ j ¨
S( u )
(1.26)
+ å
( ) (
S j S u)
Ss c §j ¨
A présent, appuyons nous sur le fait que la condition d’optimalité d’ordre 1 soit vérifiée pour tout
j afin de dégager des conditions locales :
ET¢ ( u ) j = 2p L m
ò[ R f ,R ] S ( u )
u ¢ j ¢ r dr (1.27)
ET¢ ( u ) j = -2p L m
ò[ R f ,R ] S ( u )
( u ¢r )¢ j dr
ainsi, en jouant sur le signe de j , la condition d’optimalité (1.25) devient une égalité :
37
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
ò[ R f ,R ] S ( u )
( u ¢r )¢ j dr = 0 "j
n -1
æ ri +1 r1 R ö
ET¢ ( u ) j = 2p L m ç
ç
è
åò
i =1
ri
Cij ¢dr +
ò Rf
C0j ¢dr +
ò
rn
Cnj ¢dr ÷
÷
ø
n
= 2p L m å( C
i =1
i -1 - Ci ) j ( ri )
et d’après (1.28) :
ru ¢ = C sur [ R f , R ] S ( u ) . (1.30)
Cherchons maintenant à déterminer la constante C . Soit Fez la force imposée par la partie
σ = m u ¢ ( R f ) er Ä ez d’où :
F = -2p R f L m u ¢ ( R f ) .
ru ¢ = - F / 2p L m sur [ R f , R ] S ( u ) (1.31)
38
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
ET¢ ( u ) j = -
ò[ R f ,R ] S ( u )
Fj ¢ dr + å
( )
S u
sign ( § u ¨ ) S y ¢ ( § u ¨ ) § j ¨
De plus
ò[ R f ,R ] S ( u )
j ¢ dr = - å
( )
S u
§j ¨
donc la condition d’optimalité (1.25), en jouant sur le signe de j , devient une l’égalité :
å
( )
S u
( F + sign ( § u ¨ ) S y ¢ ( § u ¨ ) ) § j ¨ = 0 "j
c’est-à-dire :
Comme y ¢ est une fonction positive alors sign ( § u ¨ ) = - sign ( F ) . On en déduit donc la
condition de saut :
F
y ¢( §u ¨ ) = S sur S ( u ) (1.32)
ET¢ ( u ) j = -
ò[ R f ,R ] S ( u )
Fj ¢ dr + å
( )
S j
Ss c §j ¨
De plus :
ò[ R f ,R ] S ( u )
j ¢ dr = - å
( )
S j
§j ¨
å ( F §j ¨ + S s
S(j )
c § j ¨ ) ³ 0 "j
39
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
i.e. :
F £ Si s c "i = 0,..., m
ce qui équivaut à :
F £ S0 s c (1.33)
Remarques:
- Nous constatons que la condition d’optimalité d’ordre 1 conduit non seulement aux équations
d’équilibres classiques (1.31) mais aussi à une condition de saut (1.32) et à un critère en contrainte
(1.33) (voir Chapitre 2 et LAVERNE et MARIGO [36]).
- De plus, d’après (1.31) et (1.33), la solution élastique vérifie la condition de stabilité pourvu que
le paramètre de chargement U soit inférieur en valeur absolue à une valeur critique U c :
U £ Uc (1.34)
Proposition 1 :
Pour chaque valeur de F telle que F < S0 s c et pour chaque S = { r1 , ... , rn } on peut associer
n +1
Fl -1 æ F ö
U =
S0 m
+ å sign ( F )y ¢
i=0
ç S ÷
è i ø
(1.35)
Preuve :
R
Puisque U = -
ò Rf
u ¢ dr - å § u ¨ et sign ( § u ¨ ) = - sign ( F ) , d’après (1.31) et (1.32) on obtient
S (u )
facilement le résultat.
40
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
Après avoir trouvé les états d’équilibre de la structure c’est-à-dire les états vérifiant les équations
d’équilibre (1.31), la condition de saut (1.32) et le critère en contrainte (1.33) ; reste à déterminer,
parmi eux, lesquels sont stables. C’est l’objet de la section suivante.
admissible avec h > 0 suffisamment petit tel que S ( v ) É S ( u ) . Alors E est deux fois
dérivable en u dans la direction j et en effectuant un développement limité à l’ordre 2, on
obtient :
h2
ET ( u + h j ) - ET ( u ) = h ET¢ ( u )( j ) + ET¢¢ ( u )( j ) + o ( h 2 ) (1.36)
2
h2
ET ( u + h j ) - ET ( u ) = E ¢¢ ( u )( j ) + o ( h 2 )
2 T
3 Ceci ne constitue pas stricto sensu une condition de stabilité, on s’en contentera pour cette analyse mécanique.
41
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Proposition 2 :
Condition nécessaire d’ordre 2 sur la stabilité d’un état d’équilibre :
Un état d’équilibre sera localement stable seulement si ET¢¢ ( u )( j ) ³ 0 pour toute fonction j
régulière par morceaux telle que S ( j ) Ì S ( u ) et vérifiant j + ( R ) = j - ( R f ) = 0.
Condition suffisante d’ordre 2 sur la stabilité d’un état d’équilibre :
Un état d’équilibre sera localement stable si ET¢¢ ( u )( j ) > 0 pour toute fonction j ¹ 0 régulière
par morceaux telle que S ( j ) Ì S ( u ) et vérifiant j + ( R ) = j - ( R f ) = 0.
Remarque : dans le cas où ET¢¢ ( u )( j ) = 0 , une analyse plus poussée (conditions d’ordre 3)
devra être effectuée pour déterminer la stabilité de l’état d’équilibre.
R
ET¢¢ ( u ) j = 2p L m
ò Rf
j ¢2 r dr + å
( )
S u
S y ¢¢ ( § u ¨ ) § j ¨ 2
(1.37)
Proposition 3 :
Les états d’équilibre élastique (réponse élastique de la structure quand le chargement est inférieur
à sa valeur critique) sont des états stables i.e. des minima locaux.
Preuve :
R
On a ET¢¢ ( u ) j = 2p L m
ò Rf
j '2 r dr > 0 pour toute j ¹ 0 régulière par morceaux telle que
Proposition 4 :
Tous les états d’équilibre avec plus d’une discontinuité sont instables.
Preuve :
Soit u un état d’équilibre avec n discontinuités, n > 1 , S ( u ) = { r1 ,..., rn } . Prenons une fonction j ( r )
tel que :
ì j ( r ) = 1 pour r1 £ r £ rn
í .
î j ( r ) = 0 pour r < r1 ou r > rn
42
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
ET¢¢ ( u ) j = S1 y ¢¢ ( § u ¨( r1 ) ) + Sn y ¢¢ ( § u ¨( rn ) ) < 0 .
Proposition 5 :
En s’appuyant sur le résultat de la proposition précédente et en utilisant la définition des
branches d’équilibre (1.35) on en déduit que les seules branches d’équilibre pouvant être stables
sont celles où il n’y a qu’une surface de discontinuité. Notons B0 , B1£ i £ n -1 et Bn les branches
d’équilibres correspondant respectivement à des sauts en R f , r1£ i £ n -1 et R . Elles sont de la
forme :
Fl æ F ö
Bi : U i ( F ) = + sign ( F )y ¢ -1 ç ÷ (1.38)
S0 m è Si ø
Fl æ F ö
U0 ( F ) = + sign ( F )y ¢ -1 ç ÷ (1.39)
S0 m è S0 ø
Comme on l’a vu précédemment, la réponse est élastique tant que U 0 ( F ) < U c . La branche est
Fl
linéaire et s’écrit U 0 ( F ) = (voir Figure 9), c’est une branche stable (cf. proposition 3).
S0 m
U0
Uc
F
s c S0
43
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
ì
ï U0 ( 0 ) = + ¥
ï
ï
ï
ï U 0 ( s c S0 ) = U c
ï
í (1.40)
ï l 1
ï U 0¢ ( F ) = S m +
ï 0 S0 y ¢¢ ( y ¢ ( F S0 ) )
- 1
ï
ï U ¢¢ ( F ) = - y ( y ( F S0 ) )
¢¢¢ ¢ -1
S02 y ¢¢ 3 ( y ¢ -1 ( F S0 ) )
0
ï
î
C’est une fonction convexe, en effet U 0¢¢ > 0 puisque y ¢¢ < 0 et y ¢¢¢ > 0 (voir III.1.c), monotone
et décroissante de +¥ à U c si U 0¢ ( s c S0 ) £ 0 c’est-à-dire si : l £ m y ¢¢ ( 0 ) . Autrement c’est
une fonction décroissante puis croissante passant par un minimum. La Figure 10 illustre ces deux
possibilités.
U0
Uc cas où l £ m y ¢¢ ( 0 )
cas où l > m y ¢¢ ( 0 )
s c S0 F
Proposition 6: Seuls les états d’équilibre situés sur une partie décroissante de la branche
d’équilibre sont localement stables i.e. des minima locaux.
Preuve :
Considérons l’état d’équilibre avec un saut de déplacement en r = R f avec S0 la surface correspondante, dans ce
cas, la dérivée seconde de l’énergie (1.37) devient :
44
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
R m S0 2
ET¢¢ ( u ) j =
ò Rf Rf
j ¢ rdr + S0 y ¢¢ ( § u ¨ ( R f ) ) § j ¨2 (1.41)
ì R ü
Introduisons l = min í
j î òRf
j ¢2 dr j Î S% ý où S% représente l’ensemble des j régulières sur ¡ \ { R f } ,
þ
telles que j = 0 sur ¡ \ [ R f , R ] et § j ¨( R f ) =1 . Selon la condition nécessaire et suffisante de stabilité,
u est stable si l m R f + y ¢¢ ( § u ¨( R f ) ) > 0 et instable si l m R f + y ¢¢ ( § u ¨ ( R f ) ) < 0 .
En s’appuyant sur des arguments classiques de calcul des variations on constate que l’argument j * qui conduit au
R
minimum l est un élément de S% vérifiant
òRf
j *¢ x ¢ r dr = 0 pour tout x dans C0¥ . Quelques calculs
Rf
l= . (1.42)
l
On peut illustrer les résultats précédents en représentant la branche d’équilibre dans les cas où
l £ m y ¢¢ ( 0 ) et où l > m y ¢¢ ( 0 ) (voir Figure 11). On dessine en maigre les branches
stables et en gras les branches instables.
F F
s c S0 s c S0
U0 U0
Uc Uc
45
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Ce résultat illustre les minima locaux possibles pour une décohésion en r = R f . Cependant il
existe d’autres minima locaux correspondant à des sauts pour des rayons supérieurs, c’est l’objet
de la section suivante.
Fl æ F ö
Bi : U i ( F ) = + sign ( F )y ¢ -1 ç ÷ pour i = 1,..., n .
S0 m è Si ø
s c S0
B0
Uc U
- Dans le cas où l > m y ¢¢ ( 0 ) seules les branches Bi ayant un point dont l’abscisse
est inférieure à U c peuvent être stables. Par ailleurs, une étude identique à celle de la branche B0
(proposition 6) nous permet de constater que seules les parties de ces branches où la fonction
F ® U i ( F ) décroît sont stables. On représente les parties des branches d’équilibre Bi stables
46
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
s c S0
Uc U
Une analyse de la variation d’énergie au cours de la rupture (passage d’une branche d’équilibre
stable à une autre, dû à l’apparition d’une fissure) nous conduit à la remarque suivante.
Remarque : Il existe une branche d’équilibre pour laquelle, en U c , l’énergie de surface dissipée
(surface pleine) sur la Figure 14 (voir démonstration dans CHARLOTTE et al. [13]) compense
exactement l’énergie élastique restituée (surface hachurée). Notons B* cette branche et r* le
rayon correspondant.
F F
s c S0 s c S0
B* B*
Uc U Uc U
Il est facile de voir que comparer ces énergies revient à comparer les deux surfaces (pleine et
hachurée) de la Figure 15.
47
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
s c S0
B*
Uc U
Cela nous conduit à distinguer deux types de branches d’équilibre : celles correspondant à une
discontinuité en ri > r* et celles correspondant à une discontinuité en ri < r* . Le premier type de
branche (voir Figure 16 gauche) illustre la situation où l’énergie de surface dissipée est plus
importante que l’énergie élastique restituée. Ce cas de figure est peu recevable d’un point de vue
physique puisqu’il supposerait un apport d’énergie extérieur au système ce qui n’est pas le cas.
F F
s c S0
Uc Uc U
U
48
CHAPITRE 1 : Etat de l’art, modèle énergétique de fissuration et exemple d’application.
s c S0
B*
B0
Uc U
Figure 17 : Branches d’équilibres stables admises dans le cas où l > m y ¢¢ ( 0 ) .
La Figure 17 illustre (en trait plein) les branches correspondant à des minima locaux admis pour
notre problème : la branche élastique (jusqu’au point de bifurcation) ainsi que toutes les parties
stables des branches comprises entre B0 et B* . On représente en gras la solution correspondant
au minimum global. La bifurcation entre la réponse élastique et la branche B0 s’effectue lorsque
l’énergie élastique restituée est égale à l’énergie de surface crée.
49
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
fissuration. Puis dès que U > U r l’évolution de l’ouverture devient progressive et la contrainte
dans le cylindre décroît progressivement vers 0 .
Remarque : Dans le second cas de figure, la recherche de minima locaux ne nous permet pas de
déterminer la valeur de U r , nous savons juste que celle-ci sera inférieur à U c .
50
Equation Chapter 2 Section 1
Chapitre 2
CRITERE D'AMORÇAGE
EN MECANIQUE DE LA RUPTURE
Dans ce chapitre, on montre que l'on peut rendre compte de l'amorçage d'une fissure en
utilisant uniquement la notion de minimum local de l'énergie totale, les critères d'amorçage obtenus
dépendant du choix de la forme de l'énergie. Nous commencerons par donner une définition précise
du critère d’amorçage. Ensuite nous ferons un rappel sur le critère obtenu avec une énergie de
surface de type Griffith en exhibant le fameux critère définit en terme du taux de restitution
d’énergie. Enfin nous verrons que pour une énergie de surface de type Barenblatt (dépendant du
maximale et cisaillement maximal. En revanche, dans le cas général (énergie non dérivable en
zéro), le critère d'amorçage obtenu est un critère en contrainte du type courbe intrinsèque.
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
PLAN
52
CHAPITRE 2 : Critère d’amorçage en mécanique de la rupture.
ut Î Ct , F ( ut ) - f t ( ut ) £ F ( v ) - ft ( v ) , "v Î Ct (2.1)
avec
F( v ) =
ò f ( x, ε ( v )( x ) ) dx .
W
(2.2)
Y(v ) =
ò Sv
y ( x,n ( x ) , § v ¨( x ) ) dH N -1 ( x ) (2.3)
L'énergie totale de la structure dans un tel déplacement v est la somme de son énergie potentielle
et de son énergie de surface, l'énergie élastique se calculant à partir de (2.2) à condition d'intégrer
l'énergie de déformation uniquement sur la zone saine W Sv :
E T ( v ) = F ( v ) + Y ( v ) - ft ( v ) . (2.4)
L'ensemble des champs cinématiquement admissibles est noté Vt , ce sont les champs qui
respectent les conditions aux limites cinématiques (en un sens affaibli - seule la « trace externe »
53
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
doit les vérifier - car les fissures peuvent apparaître aux encastrements) et dont le saut respecte la
condition de non-interpénétrabilité des lèvres des fissures :
Pour résoudre la question de l'amorçage d'une fissure dans la structure on utilise le critère
énergétique suivant :
Condition de Stabilité. Au niveau de chargement t , la structure est en état d'équilibre élastique stable si ut
est un minimum local (au sens d'une norme à choisir) de l'énergie E T sur Vt . Formellement,
Le choix de la norme et la précision du bon cadre mathématique sont des questions délicates qui
dépassent le cadre de ce travail. Nous ne les aborderons pas et nous contenterons de raisonner de
façon formelle.
Le reste du chapitre est consacré à l'établissement de conditions nécessaires, que doit remplir ut
(ou une de ses quantités dérivées), pour que la réponse élastique soit un état d'équilibre stable. On
procède ainsi : (i) on envisage une suite de champs admissibles vn présentant une discontinuité et
« convergeant » (sous réserve du bon choix de la norme) vers ut , (ii) on écrit la condition de
stabilité, (iii) après passage à la limite on obtient des conditions nécessaires de stabilité (au
premier ordre). Etant donné que seuls des déplacements discontinus sont susceptibles de
déstabiliser la réponse élastique, ces conditions seront appelées critère(s) d'amorçage. Elles
dépendent de façon essentielle de la forme de l'énergie de surface et l'on considèrera tour à tour
les modèles de Griffith puis de Barenblatt.
Rappelons que le premier à avoir remarqué, dans un cadre seulement unidimensionnel toutefois,
que l'approche énergétique avec minimum local et énergie de Barenblatt fournissait un critère
d'amorçage en contraintes est DEL PIERO [17]. Dans ce cadre unidimensionnel l'analyse de stabilité
peut être conduite à son terme, contrairement à ici où on se limite à des conditions suffisantes
d'amorçage, voir CHARLOTTE et al. [13] pour les détails. Rappelons aussi que la recherche de
minima absolus au lieu de minima locaux peut conduire à des conditions d'amorçage totalement
différentes. En particulier en unidimensionnel, cela conduit à des effets d'échelle non souhaités,
aussi bien avec des énergies de type Griffith que de type Barenblatt, cf. FRANCFORT et MARIGO [22]
et [13].
54
CHAPITRE 2 : Critère d’amorçage en mécanique de la rupture.
x0
n
Sn
1
x0 + e3 Ù n
n
Prenons pour champ de déplacement associé vn celui assurant l'équilibre de la structure fissurée
selon le segment Sn au niveau de chargement t . La condition de stabilité (2.6) donne :
E T ( ut ) £ E T ( vn )
F ( ut ) - ft ( ut ) £ F ( vn ) + Y ( vn ) - ft ( vn )
et le passage à la limite
lim n [ F ( ut ) - ft ( ut ) - F ( vn ) + ft ( vn ) ] £ lim n Y ( vn )
n ® +¥ n ® +¥
1
x0 + e 3 Ùn
ò
n
lim n Y ( vn ) A lim n y ( x,n ) dx = y ( x0 ,n )
n ® +¥ n ® +¥ x0
d’où :
Gt ( x0 ,n ) A lim n [ F ( ut ) - ft ( ut ) - F ( vn ) + ft ( vn ) ] £ y ( x0 ,n ) (2.8)
n ® +¥
55
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
d'amorçage, il s’avère que la réponse élastique de la structure saine sous le chargement t est une
position d'équilibre stable seulement si le critère de Griffith (i.e. l'inégalité (2.8)) est vérifié pour tout
x0 et pour tout n :
Notons que le critère est à vérifier en envisageant tous les points et toutes les directions
d’amorçage. Il est en cela un critère local. Toutefois sa vérification passe par le calcul d'une
quantité globale, le taux de restitution d'énergie.
Remarques :
- On n’a obtenu ainsi qu’une condition nécessaire de non-amorçage. Cela tient à deux choses : (i)
on n’a envisagé qu’une famille réduite de défauts naissants (des segments) et rien ne dit qu’un
défaut d’une autre forme (multisegments, par exemple) ne pourrait conduire à une plus grande
restitution d’énergie potentielle; (ii) on n'a écrit que des conditions d’optimalité au premier ordre
et (2.8) n’assure pas que ut soit un minimum local.
- La contraposée fournit évidemment une condition suffisante d'amorçage, i.e. s’il existe x0 et n
tels que Gt ( x0 ,n ) > y ( x0 ,n ) , alors nécessairement une fissure aura amorcée dans la structure
à ce niveau de chargement. Mais rien ne permet d'affirmer à ce stade du raisonnement qu’elle
s’amorcera au point x0 et dans la direction n .
Il reste à évaluer la restitution d'énergie due à un défaut naissant. On peut montrer, cf.
FRANCFORT et MARIGO [22] que Gt ( x0 ,n ) = 0 dès lors que ut ne possède pas de singularité forte
en x0 , i.e. en ra avec a £ 1 2 ( r désignant la distance du point courant x à x0 ). La présence
de singularités fortes dans une structure saine étant exceptionnelle (on peut en trouver à la
jonction d'interface et de conditions aux limites mixtes), on a donc obtenu le résultat négatif que,
dans le cadre des hypothèses adoptées, l’amorçage est en général impossible dans une structure
saine. Contrairement à une idée parfois répandue, ce résultat négatif n'est pas dû à l'approche
énergétique en soi. En fait, comme on va le voir, sa principale cause est l'hypothèse de Griffith
concernant l'énergie de surface.
56
CHAPITRE 2 : Critère d’amorçage en mécanique de la rupture.
K ( α, β ) = s c α + t c β .
Soient x0 un point matériel de W , n un vecteur unitaire, δ un vecteur tel que δ.n ³ 0 et h une
fonction numérique régulière, positive, à support compact, valant 1 en 0. On envisage la suite de
champs de déplacements admissibles discontinus suivante :
1
vn = ut + w , avec w ( x ) = H ( ( x - x0 ) .n )h ( x - x0 ) δ , (2.11)
n
w( x ) n
w( x) = 0
δ
w( x) > 0
x n^
x0 x0
w ( x ) = 0 si ( x - x0 ) .n < 0
w ( x ) > 0 si ( x - x0 ) .n ³ 0
57
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
E T ( ut ) £ E T ( vn ) .
0 £ lim n [ F ( vn ) + Y ( vn ) - ft ( vn ) - F ( ut ) + ft ( ut ) ] . (2.12)
n ® +¥
Y ( vn ) A
ò( P x0 ,n )
y% ( § vn ¨.n , § vn ¨ - § vn ¨.nn ) dS
=
ò( y% ( § w ¨.n n ,
P x0 ,n )
§ w ¨ - § w ¨.nn n ) dS
lim n Y ( vn ) =
n ® +¥ ò( P x0 ,n )
K ( § w ¨.n , § w ¨ - § w ¨.nn ) dS . (2.13)
1
F ( vn ) - F ( ut ) =
2 òW P( x0 ,n )
Aε ( ut + w n ) : ε ( ut + w n ) dx
1
-
2 ò
W P( x0 ,n )
Aε ( ut ) : ε ( ut ) dx
ou encore
1
F ( vn ) - F ( ut ) =
2 òW P( x0 ,n )
A éë 2 ε ( ut ) : ε ( w ) n + ε ( w ) : ε ( w ) n2 ùû dx
d’où
lim n [ F ( vn ) - F ( ut ) ] =
n ® +¥ òW P( x0 ,n )
σt : ε ( w ) dx (2.14)
58
CHAPITRE 2 : Critère d’amorçage en mécanique de la rupture.
lim n [ ft ( ut ) - ft ( vn ) ] = - ft ( w ) (2.15)
n ® +¥
Enfin, en s’appuyant sur (2.13), (2.14) et (2.15) la condition de stabilité (2.12) devient :
0£
ò W P( x0 ,n )
σt : ε ( w ) dx - ft ( w ) +
ò(
P x0 ,n )
K ( § w ¨.n , § w ¨ - § w ¨.nn ) dS . (2.16)
En effectuant une intégration par partie et en utilisant le fait que σt vérifie les équations
d'équilibre on a :
òW P( x0 ,n )
σt : ε ( w ) dx - ft ( w ) = -
ò W P( x0 ,n )
div σt .w dx +
ò(
P x0 ,n )
σtn .w dx - ft ( w )
=
ò( P x0 ,n )
σtn .w dx
De plus w ( x ) P( x0 ,n ) = δh ( x - x0 ) , donc
òW P( x0 ,n )
σt : ε ( w ) dx - ft ( w ) =
ò( P x0 ,n )
σtn .δh ( x - x0 ) dx (2.17)
ò(
P x0 ,n )
K ( § w ¨.n , § w ¨ - § w ¨.nn ) dS =
(2.18)
ò(
P x0 ,n )
K ( δ.n , δ - δ.nn )h ( x - x0 ) dS
0£
ò( P x0 ,n )
[ K ( δ.n , δ - δ.nn ) - σt ( x )n .δ ] h ( x - x0 ) dS . (2.19)
Comme h est une fonction positive arbitraire, par un raisonnement classique de calcul des
variations, on obtient
59
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
ut minimum relatif Þ
(2.21)
σt ( x0 )n .δ £ K ( δ.n , δ - δ.nn ) , "x0 , "n , "δ, δ.n ³ 0
Si on choisit successivement δ tel que δ = ln puis tel que δ = l τ avec l réel strictement
positif, l’inégalité précédente devient dans le premier cas : σn .n £ s c et dans le second
σn .τ £ t c pour tout couple de vecteurs ( n , τ ) unitaires et orthogonaux. On reconnaît là les
critères de traction maximale et de cisaillement maximal qui en termes des contraintes principales
s i , 1 £ i £ 3 , s’écrivent :
60
CHAPITRE 2 : Critère d’amorçage en mécanique de la rupture.
La première indique que la plus grande contrainte principale est inférieure ou égale à s c , la
seconde que le rayon du grand cercle de Mohr est inférieur ou égal à t c . On représente ce critère
dans le plan de Mohr ( σn .n , σn .τ ) sur la Figure 20.
σn .τ
tc
σn .n
sc
Remarque : Dans le cas où la direction de fissuration est donnée (i.e. ( n , τ ) fixé) le critère en
contrainte ne s’écrit plus en terme de contrainte principale mais en terme des composantes du
vecteur contrainte σn : σn .n £ s c et σn .τ £ t c . Les cercles de Mohr n’interviennent plus. On
représente ce critère dans le plan ( σn .n , σn .τ ) sur la Figure 21.
σn .τ
tc
σn .n
sc
61
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Envisageons des δ tels que δ = ln , l réel positif, puis tels que δ = l ¢τ , l ¢ réel non nul,
l’inégalité précédente devient successivement l σn .n £ K ( l , 0 ) et σn .τ £ K ( 0,1 ) . Grâce à
l'homogénéité de K , et en combinant les deux inégalités obtenues, on a :
En jouant sur le signe de τ , on en déduit que, pour tout couple de vecteurs unitaires
orthogonaux ( n , τ ) :
σn .τ £ K ( l ,1 ) - l σn .n , "l ³ 0 , (2.24)
d'où
ˆ ( l ) = K ( l ,1 ) , sinon. C’est une courbe intrinsèque que l’on représente sur la Figure 22.
l < 0, K
y
y = -K * ( x )
y = l x - Kˆ ( l )
62
CHAPITRE 2 : Critère d’amorçage en mécanique de la rupture.
A partir de cette courbe, on peut définir l'ensemble des contraintes supportables par le matériau
comme le domaine défini par l'enveloppe des grands cercles de Mohr tangents à la courbe
intrinsèque (voir Figure 23).
σn .τ
( s 3 - s1 ) 2
w sc σn .n
s1 ( s1 + s 3 ) s3
2
ì ( s1 + s 3 ) ( s 3 - s1 )
ï σn n
. = + cos w
2 2
í
ï σn .τ = ( s 3 - s 1 ) sin w
î 2
( s 3 - s1 )
2 l ³0
{
é (s + s3 )
sin w = - sup l ê 1
ë 2
+
( s 3 - s1 )
2
ù
cos w ú - K ( l ,1 )
û } (2.26)
De plus, le quart de cercle et la courbe intrinsèque sont tangents en ce point. Sachant que le
coefficient directeur de la droite tangente à -K * est égal à -l et que celui de la droite tangente
au cercle est égal à : -1 tanw , on a :
1
l= (2.27)
tan w
63
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
A partir de (2.26) et (2.27), on peut écrire le critère (2.25) en termes des contraintes principales
extrêmes :
s1 + s 3
( s 3 - s 1 ) + 2K * æç ö£0
÷ (2.28)
è 2 ø
avec
Il est convexe, à frontière régulière (sans point anguleux sauf éventuellement en σ = s c I ), non
borné dans la direction des compressions hydrostatiques. La dissymétrie traction-compression
obtenue est une conséquence de la condition (2.5) de non interpénétrabilité des lèvres des
fissures.
Remarque : Cette approche énergétique tend à rejeter tous les modèles de type « forces
cohésives » où la dérivée à l'origine de l'énergie de surface est nulle, puisque alors le critère
d'amorçage interdit toute contrainte principale de traction dans la structure.
64
Equation Chapter 3 Section 1
Chapitre 3
MODELES NUMERIQUES
DE FISSURATION 2D
basé sur un élément fini de joint s’inspirant des modèles de zones cohésives de la littérature. Le
second s’appuie sur un élément fini avec une discontinuité de déplacement interne, proche des
Pour chacun de ces deux modèles nous détaillons la loi de comportement utilisée, les
propriétés de l’élément fini ainsi que la résolution du problème de minimisation de l’énergie totale.
Par ailleurs nous décrivons une technique de pilotage du chargement permettant de suivre
d’éventuelles instabilités dans la réponse globale de la structure. Ces deux modèles ont été
implantés et testés dans le code de calcul de structure Code_Aster d’EDF Recherche &
Développement [21].
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
PLAN
I. MODELE DE JOINT............................................................................................. 67
I.1. Loi de comportement de l’élément de joint.......................................................................................67
I.1.a. Energie de surface .............................................................................................................67
I.1.b. Vecteur contrainte .............................................................................................................69
I.2. Propriétés de l’élément de joint .......................................................................................................70
I.3. Minimisation de l’énergie totale......................................................................................................71
I.3.a. Définition du saut de déplacement .................................................................................72
I.3.b. Résolution du problème de minimisation......................................................................73
II. MODELE A DISCONTINUITE INTERNE ....................................................... 77
II.1. Loi de comportement de l’élément à discontinuité ............................................................................77
II.1.a. Energie totale dans l’élément à discontinuité...............................................................77
II.1.a.i Energie élastique .......................................................................................................................78
II.1.a.ii Energie de surface.....................................................................................................................79
II.1.b. Vecteur contrainte dans l’élément à discontinuité.......................................................81
II.2. Propriétés de l’élément à discontinuité.............................................................................................82
II.2.a. Géométrie de l’élément et paramétrage ........................................................................83
II.2.b. Continuité de la contrainte normale..............................................................................85
II.2.c. Condition d’existence et d’unicité du saut dans l’élément .........................................88
II.2.d. Energie parasite ................................................................................................................91
II.3. Minimisation de l’énergie totale......................................................................................................93
II.3.a. Minimisation de l’énergie totale par rapport au saut...................................................94
II.3.a.i Critère d’amorçage....................................................................................................................95
II.3.a.ii Calcul du saut ............................................................................................................................97
II.3.a.iii Algorithme de calcul...............................................................................................................100
II.3.b. Minimisation de l’énergie totale par rapport à U .....................................................100
III. METHODE DE PILOTAGE DU CHARGEMENT ...........................................103
III.1. Principe du pilotage.....................................................................................................................103
III.2. Résolution du système global ........................................................................................................104
III.3. Equation de contrôle du pilotage pour le modèle de joint ...............................................................105
III.4. Equation de contrôle du pilotage pour le modèle à discontinuité interne .........................................107
III.4.a. Résolution de l’équation dans le cas où k = 0 .........................................................108
III.4.b. Résolution de l’équation dans le cas où k > 0 .........................................................109
III.5. Prise en compte du Max dans l’ECP..........................................................................................112
IV. ANNEXE : Calcul de la matrice tangente…………………………………………..114
66
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
I. MODELE DE JOINT
Ce modèle, basé sur un élément de joint, a été développé dans le but de prédire l’amorçage et
la propagation de fissure dans une structure pour une direction donnée. Il permet d’introduire
une énergie de surface de type zone cohésive dépendant du saut déplacement à travers les lèvres
d’une fissure et proportionnelle à sa longueur. Cette énergie prend en compte le coût énergétique
de la fissuration. L’idée consiste à déterminer un saut dans les l’éléments de joint ainsi qu’un
champ de déplacement qui minimise l’énergie totale, somme de l’énergie de surface et de l’énergie
volumique emmagasinée dans une structure au cours du chargement. Ce modèle est proche des
modèles d’interface développés dans la littérature à la différence près qu’il est formulé en terme
de minimisation d’énergie. On pourra se rapporter à la partie bibliographique du Chapitre 1 pour
avoir quelques exemples d’autres lois d’interface.
Nous présenterons dans un premier temps la loi d’interface qui gouverne l’élément de joint. Par
la suite, nous mettrons en évidence les propriétés éléments fini de ce dernier. Enfin nous
expliquerons la résolution du problème de minimisation de l’énergie totale.
désigne la partie positive afin de s’assurer que lors du traitement numérique de l’indicatrice, par
une méthode de pénalisation, le saut normal négatif ne contribue pas à la dissipation d’énergie.
67
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Suivant la valeur du seuil, l’énergie de surface vaudra Y dis ou Y lin . Dans le premier cas on
parlera de régime dissipatif, dans le second cas de régime linéaire. On peut écrire les deux
énergies sous la forme :
Y dis ( δ+ ) =
ò Gj
y dis ( δ+ ) d G et Y lin ( δ+ , k ) =
ò
Gj
y lin ( δ+ , k ) d G
avec y dis et y lin densités d’énergie de surface. Présentons en détail les valeurs de ces densités.
1 2
y lin ( δ+ , k ) = P ( k ) δ+ + C0 (3.1)
2
où
sc s
P(k ) = exp æç - c k ö÷ (3.2)
k è Gc ø
s
y dis ( δ+ ) = Gc éê 1 - exp çæ - c δ+ ÷ö úù . (3.3)
ë è Gc øû
avec s c contrainte critique du matériau. La densité d’énergie de surface y dis n’est pas dérivable
par rapport à δ en zéro. Pour contourner ce problème, on effectue une régularisation de cette
dernière au voisinage de zéro. On suppose que la variable interne k n’est pas nulle pour un
68
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
élément sain. Notons k 0 sa valeur initiale qui est un nouveau paramètre du modèle. Ainsi l’énergie de
surface à l’amorçage, au lieu de valoir Y ( δ, 0 ) = Y dis ( δ+ ) vaudra
Y ( δ, k 0 ) = Y lin ( δ+ , k 0 ) tant que la norme du saut n’a pas atteint k 0 . On représente la
densité d’énergie de surface sur la Figure 24. Celle-ci correspond à une fonction quadratique du
saut au voisinage de zéro puis, au delà de k 0 correspond à la densité d’énergie du régime
dissipatif.
y Gc
0 k0
d+
L’indicatrice qui rend compte de la condition de non-interpénétration des lèvres sera approchée
numériquement par une fonction de pénalisation y pen continue qui tend « rapidement » vers
l’infini quand le saut normal devient négatif. Ainsi, la minimisation de l’énergie exclura les cas de
figure où les bords du joint tendent à s’interpénétrer de façon importante. On choisit :
1 2
I ¡ + ( δ.n ) : y pen ( δ.n ) = P ( k 0 ) δ.n - + C0 (3.4)
2
r r r r
σ = H ( δ+ - k ) σ dis + [ 1 - H ( δ+ - k ) ] σlin + σ pen (3.5)
r
r ¶y lin ¶σlin æ H ( δ.n ) 0 ö
σlin = = P ( k ) δ+ et = P(k )ç ÷ (3.6)
¶δ ¶δ è 0 1 ø
69
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
r ¶y dis δ s
σdis = = s c + exp æç - c δ+ ö÷ (3.7)
¶δ δ+ è Gc ø
r
¶σ dis é Id δ δ æs 1 öù s
= sc ê - + Ä + ç c + ÷ ú exp æç - c δ+ ö÷ (3.8)
¶δ ë δ+ δ+ δ+ è Gc δ+ ø û è Gc ø
r
r ¶y pen æ δ.n - ö ¶σ pen æ H ( -δ.n ) 0 ö
σ pen = = P (k0 )ç ÷ et ¶δ = P ( k 0 ) ç ÷ (3.9)
¶δ è 0 ø è 0 0 ø
On représente la norme du vecteur contrainte en fonction de la norme du saut sur la Figure 25.
Les flèches représentent le sens d’évolution possible de la contrainte suivant que le processus
d’ouverture est réversible (régime linéaire) ou non (régime dissipatif). A l’amorçage, l’élément se
comporte de façon linéaire (contrainte fonction linéaire du saut) avec une pente très importante,
puis à un comportement adoucissant avec une contrainte qui tend vers zéro. La pente en zéro est
gouvernée par le nouveau paramètre du modèle k 0 .
r
σ
sc Régime linéaire
Régime dissipatif
R (k )
0 k0 k δ+
Figure 25 : Norme du vecteur contrainte dans l’élément de joint
en fonction de la norme du saut de déplacement.
Remarque : Le choix d’une énergie régularisée en zéro conduit à une ouverture des éléments de
joints dès que la contrainte augmente. Cela revient à supposer que la contrainte critique
d’amorçage est nulle. C’est un point faible de ce type de modèle.
70
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
l’orientation des grands côtés définit un repère ( n, t ) local à l’élément. n est un vecteur unitaire
normal à un grand côté et t un vecteur tangent à celui-ci. Notons ( X , Y ) le repère global.
2
3
g t n
g
Y
1
X 4
Figure 26 : Schéma de l’élément de joint.
L'élément de joint possède deux points de Gauss. Ces derniers sont positionnés sur le segment de
référence [ -1,1 ] en 3 3 et en - 3 3 . On approche le saut de déplacement par des fonctions
de forme linéaires, on note :
δ ( x ) = M ( x )U
où M ( x ) désigne la matrice des fonctions de forme et U les déplacements aux nœuds. Un des
grands avantages de ce type de modèle est de rester dans le cadre classique de la théorie des
éléments finis.
ET ( U , δ, k ) = F ( U ) + Y ( δ, k ) - W ext ( U )
La recherche d’un minimum global pour une telle fonctionnelle n’est pas raisonnable
numériquement. D’une part parce qu’elle n’est pas convexe vis-à-vis du couple ( U , δ ) et d’autre
part parce que l’énergie totale n’est pas bornée inférieurement. On fait donc le choix de
rechercher un minimum local. Le problème de minimisation s’écrit :
71
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
La partie suivante sera consacrée à la définition du saut de déplacement dans l’élément de joint.
Celle d’après aura pour objet la résolution du problème de minimisation.
Notons U loc
j = (u1loc , v1loc , ... , u4loc , v4loc )t et U j = (u1 , v1 , ... , u4 , v4 )t les déplacements des
nœuds de l’élément de joint G j respectivement dans le repère local ( n, t ) et dans le repère
global ( X , Y ) . On définit les sauts de déplacement ( d n , d t ) dans l'élément sur chacun des
points de Gauss à partir des composantes du déplacement dans le repère local :
1æ 3ö 1æ 3ö
C1 = ç1 + ÷ , C2 = ç1 - ÷
2 çè 3 ÷ø 2 çè 3 ÷ø
% g U loc
δg = M j (3.11)
avec
Cg 0 1 - Cg 0 Cg - 1 0 - Cg 0 ö
%g =æ
M ç 0 Cg 0 1 - Cg 0 Cg - 1 0 -C g ÷ø
è
δg = M g U j (3.12)
% gR.
avec M g = M
72
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
ET ( U , MU , k ) = F ( U ) + Y ( MU , k ) - W ext ( U )
1
F(U ) =
2 ò
W G
( BU )t ABUd W
Y ( MU , k ) =
ò y ( MU,k ) d G
G
avec y la densité d’énergie de surface, égale à y dis + y pen ou y lin + y pen suivant le régime des
l’éléments de joint. Enfin, le travail des efforts extérieurs est donné par :
W ext ( U ) =
ò W G
f .Ud W +
ò
GN
F .Ud G N
73
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
¶ET
( U , MU , k ) .V ³ 0 (3.14)
¶U
¶y ¶y ¶δ r
= = Mtσ (U ) ,
¶U ¶δ ¶U
r
òW G
B t σ ( U ) .Vd W +
ò G
M t σ ( U ) .Vd G -
ò W G
f .Vd W -
ò
GN
F .Vd G N ³ 0
pour tout V . L’inégalité précédente devient une égalité en prenant des V bien choisis, et comme
cette dernière est vraie pour tout V admissible, on obtient l’équilibre entre les efforts intérieurs et
extérieurs :
F int ( U ) = F ext
avec :
r
ì F int ( U ) =
ï ò
W G
Bt σ ( U ) d W +
ò G
M tσ ( U ) dG
í
ï F ext =
î òW G
f dW +
GN ò
Fd G N
ì F int ( U ) + C t l = F ext
í (3.15)
î CU = U d
æ F int ( DU i ) + C t li - Fiext ö
Chercher ( DU i , li ) qui annule le vecteur : R ( DU i , li ) = ç ÷
è C DU i - DU id ø
74
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
ì d U n + 1 = DU in + 1 - DU in
des itérations de Newton que l’on note í in + 1 , sont solution du système
î dli = lin + 1 - lin
linéaire :
é ¶F int ( DU in ) ù
ê Ct ú æ d U n +1 ö æ Fiext - F int ( DU in ) - C t lin ö
ê ¶U úç i
n +1 ÷
=ç ÷ (3.16)
ê ú è dli ø çè DU id - C DU in ÷
ø
ê C 0 ú
ë1444442444443û
K Tn
La matrice KTn est appelée matrice tangente (voir calcul en annexe). Le processus itératif, à
l’itération i, se résume donc de la façon suivante (on note r le paramètre de convergence) :
· Soient ( DU i0 , li0 ) valeurs initiales données par une phase de prédiction en linéarisant le
ì DU in = DU in +1
Actualisation des données í n n +1
î li = li
Calcul de ( d U in + 1 , dlin + 1 ) en résolvant (3.16)
ì DU in + 1 = DU in + d U in + 1
Actualisation des solutions : í n +1
î li = lin + dlin + 1
FIN
ì DU i = DU in + 1
· í n +1
solutions de l’équilibre à l’itération i.
î li = li
Enfin, la variable seuil k , qui mémorise le plus grand saut atteint, est mise à jour pour chaque
élément de joint de la façon suivante :
k i = max { MU i , k i -1 } . (3.17)
75
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
76
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
77
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
ET ( U , δ; k ) = F ( U , δ ) + Y ( δ, k )
We+ We-
D Ge
Y
A X
We
Figure 27 : Elément à discontinuité.
é UA ù
ê U ú
B
u( x ) = N ( x ) ê ú + HG ( x ) δ (3.18)
ê UC - δ ú e
ê ú
ëUD - δ û
avec N matrice des fonctions de forme bilinéaire classique de type Q1, H Ge la fonction de
78
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
continue et § HG ¨ = 1
e
sur Ge . De plus, les U (indicés par les sommets) correspondent aux
déplacements nodaux, en effet :
u ( A ) = U A , u( B ) = UB , u ( C ) = U C - δ + δ et u ( D ) = U D - δ + δ .
A partir du champ approché (3.18) on peut définir la déformation associée sur l’élément hors de
la discontinuité :
é UA ù
ê U ú
B
ε = ÑS N ( x ) ê ú + Ñ S H G ( x ) .δ
ê C
U - δ ú 1424 e
3
ê ú =0
ëUD - δ û
ε = BU - Dδ (3.19)
1
F(U , δ) =
2 ò
We
( BU - Dδ )T A ( BU - Dδ ) d W (3.20)
79
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
ì +¥ si δ.n < 0
I R + ( δ.n ) = í
î0 si δ.n ³ 0
Suivant la valeur du seuil, l’énergie de surface vaudra Y dis ou Y lin (plus la fonction indicatrice).
Dans le premier cas on parlera de régime dissipatif, dans le second cas de régime linéaire. On
peut écrire les deux énergies sous la forme :
Y dis ( δ ) =
ò Ge
y dis ( δ ) d G et Y lin ( δ , k ) =
ò
Ge
y lin ( δ , k ) d G
avec y dis et y lin densités d’énergie de surface. Présentons en détail les valeurs de ces densités.
1 2
y lin ( δ , k ) = P(k ) δ + C0 (3.21)
2
sc s
où P ( k ) = exp æç - c k ö÷ choisi afin d’assurer la continuité de la dérivée de Y en k (i.e. la
k è Gc ø
continuité de la contrainte dans l’élément d’un régime à l’autre) et C0 constante permettant
d’assurer la continuité de Y en k .
s
y dis ( δ ) = Gc éê 1 - exp æç - c δ ö÷ úù (3.22)
ë è Gc øû
80
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
¢ (0)
Gc représente le taux de restitution d’énergie critique (ou ténacité) du matériau et s c = y rev
la contrainte critique.
y rev Gc
sc
0 d
Figure 28 : Densité d’énergie de surface en fonction de la norme du saut.
r ¶y lin
s = = P(k )δ (3.23)
¶δ
et sa dérivée :
r
¶s
= Id P ( k ) .
¶δ
r ¶y dis δ s
s = = sc exp æç - c δ ö÷ (3.24)
¶δ δ è Gc ø
et sa dérivée
81
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
r
¶s é Id δ δ æ sc 1 öù æ -sc δ ö .
= sc ê - Ä ç + ÷ exp ç G ÷
¶δ ë δ δ δ è Gc δ ø ûú è c ø
On représente sur la figure suivante l’évolution de la norme du vecteur contrainte dans l’élément
en fonction de la norme du saut. Les flèches représentent les évolutions possibles du vecteur
contrainte suivant le cas de figure (élément sain, régime linéaire ou régime dissipatif).
r
s
sc
Régime linéaire
Régime dissipatif
R (k )
0 k d
Figure 29 : Norme du vecteur contrainte en fonction de la norme du saut.
s
R ( k ) = s c exp æç - c k ö÷ (3.25)
è Gc ø
Notons que lorsque k = 0 ce seuil correspond au critère d’amorçage que nous présenterons au
II.3.a.i.
82
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
éléments possède quatre points de Gauss. Ceux de l’élément de référence ont pour coordonnées
(± 3 3, ± 3 3 ) . Notons w g et wˆ g les poids des points de Gauss respectivement dans la
configuration réelle et dans la configuration de référence. Notons que wˆ g = 1 , pour chaque point
de Gauss de l’élément de référence. Enfin, rappelons que l’approximation du champs de
déplacement dans l’élément a été présenté dans la partie II.1.a.i.
C B ( - 1,1 ) ( 1,1 )
x
t
n
( 0, 0 ) h
D Ge
Y
A X
We ( - 1, - 1 ) ( 1, - 1 )
ˆe
W
Figure 30 : Elément à discontinuité (à gauche) et élément de référence (à droite).
Paramétrage
Soit T la transformation géométrique qui à un point ( x, y ) de l’élément à discontinuité
83
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
C B
T (h )
Q
M P
t
n
D G N (x ) Y
A X
We
Figure 31 : Paramétrage de l’élément à discontinuité.
ì uuur 1 uuur
ï AP = ( 1 + x ) AB
2
ï uuur uuur
ï 1
í DQ = ( 1 + x ) DC
ï 2
ï PM = 1 1 - h uPuu
uuuu
r r
ïî ( ) Q
2
on en déduit :
et donc
æ dx ö N (x ) T (h )
dM = ç ÷ = dh + dx
è dy ø 2 2
avec
84
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
æ dx ö æ dh ö 1 æ Nx Tx ö
On a alors le paramétrage ç ÷ = J ç ÷ où J = ç ÷ matrice jacobienne de la
è dy ø è dx ø 2 è Ny Ty ø
transformation.
Remarque : La discontinuité se situant au centre de l’élément, on peut définir les vecteurs du
repère local à celle-ci ainsi que sa longueur à partir du vecteur T en h = 0 :
ìn = R -p (T ( 0 ) ) T ( 0 )
ï 2
ï
ít = T ( 0 ) T ( 0 ) (3.27)
ï
ïîl = T ( 0 )
Ce paramétrage sera utilisé par la suite pour montrer la continuité de la contrainte normale (voir
II.2.b) ainsi que pour dégager une condition d’existence et d’unicité du saut dans l’élément fini
(voir II.2.c).
σ = σ g = Ae g
1
å w g ( Bg U - Dg δ ) A ( Bg U - Dg δ ) + ly ( δ )
t
ET (U , δ ) = (3.28)
g
2
avec w g poids des points de Gauss, l longueur de la fissure et y densité d’énergie de surface. La
minimisation de l’énergie nous conduit à chercher le saut de déplacement qui vérifie :
¶ET
¶δ
=- åw D A ( B U - D δ ) + ly ¢ ( δ ) = 0
g
g
t
g g g (3.29)
85
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Pour assurer la continuité de la contrainte normale, on cherche donc à savoir si, pour un tel saut
de déplacement, on a y ¢ ( δ ) = σ.n . Ce qui revient, en utilisant (3.29), à vérifier si :
æ ö
ç
ç
è
åw D ÷÷ø {σ} = L {σ}
g
g
t
g
t
(3.30)
æ s xx ö é ny ù
ç ÷ ê nx 0ú
2
pour tout {σ} définie par {σ} = ç 2s xy ÷ avec l’opérateur L = l ê
t
ú de telle sorte
ç s ÷ ê nx ú
è yy ø ê0 ny ú
ë 2 û
que Lt {σ} = l σ.n , ou encore à se demander s’il y a égalité des opérateurs åw D
g
g
t
g et Lt .
(1 , 0 , 1 , 0 , 0 , 0 , 0 , 0 ) ( 0 , 1, 0 , 1 , 0 , 0 , 0 , 0 )
t t
Les déplacements et aux nœuds de
l’élément correspondent respectivement aux déplacements :
ì 1+h ìu (h , x ) = 0
ïu (h , x ) = ï
í 2 et í 1+h
ïv (h , x ) = 0 ïv (h , x ) =
î î 2
sur les nœuds correspondants de l’élément de référence. Les déformations associées s’écrivent
respectivement :
t t
æ¶ h ¶ yh ö æ ¶ xh ¶ yh ö
{ε} x =ç x 0÷ et {ε} y = ç0 ÷
è 2 2 2 ø è 2 2 2 ø
é ¶ yh ù
ê ¶ xh 0 ú
t 1ê 2 ú
D =
2ê ¶ xh ú
ê 0 ¶ yh ú
ë 2 û
86
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
w g æ ¶ xh ö æ nx ö
å g
ç ÷ =lç ÷
2 è ¶ yh ø g è ny ø
(3.31)
æ dh ö 1 é Ty -Tx ù æ dx ö 1
ç dx ÷ = ê N x ûú çè dy ÷ø
avec j A det J = (N ÙT)
è ø 2 j ë- N y 4
d’où
ìï¶ xh = Ty 2 j
í (3.32)
ïî¶ yh = -Tx 2 j
ò W
f ( x, y ) dxdy =
ò
ˆ
W
fˆ (h , x ) j dh dx
de plus, les intégrales peuvent s’écrire sous forme de sommes discrètes sur les points de Gauss :
åw f ( x , y ) =åwˆ fˆ (h ,x ) j
g
g g g
g
g g g g
et comme, pour l’élément de référence, les poids des points de Gauss wˆ g sont égaux à 1, on en
déduit que pour tout g :
w g = jg (3.33)
w g æ ¶ xh ö 1 æ Ty ö
å 2 çè ¶ h ÷ø = å 4 çè -T ÷ø
g y g g x g
= R -p
2
(T ( 0 ) )
87
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
w g æ ¶ xh ö æ nx ö
å g
ç ÷ = lç ÷
2 è ¶ yh ø g è ny ø
contrainte normale à travers l’élément à discontinuité dans le cas d’une contrainte homogène.
min2 ET (U , δ, k ) (3.34)
δΡ
possède une seule solution à U et k fixés. Dans cette section nous allons voir que l’existence et
l’unicité du saut sont assurés dès que la condition suivante, portant sur la géométrie ainsi que sur
les paramètres matériau de l’élément, est assurée :
m 1 s c2
16 åg
min T ( h g
w g hg
) 2
> l
Gc
(3.35)
Présentons maintenant la démarche qui nous a permis de dégager une telle condition. On
rappelle que l’énergie totale de l’élément s’écrit :
ET (U , δ, k ) = F (U , δ ) + Y ( δ, k ) + I ¡+ ( δ.n ) (3.36)
- Existence :
F et Y sont des fonctions continues de la variable δ , I ¡ + est semi-continue inférieurement,
donc l’énergie totale ET est semi-continue inférieurement. De plus c’est une fonction coercive,
en effet il est facile de constater que :
lim ET (U , δ, k ) = +¥
δ ®+¥
88
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
car Y est bornée et F est quadratique définie positive. Il existe donc un saut solution du
problème de minimisation (3.34). A quelle condition est-il unique ?
- Unicité :
Il y aura unicité de la solution si l’énergie totale est une fonction strictement convexe du saut de
déplacement, c’est-à-dire si :
¶ 2 ET
j .j > 0 (3.37)
¶δ 2
pour toute direction admissible j = ( j n , jt ) non nulle telle que j n ³ 0 . En régime linéaire le
résultat est trivial en effet :
¶ 2 ET sc s
exp æç - c k ö j .j d G > 0 " j
¶δ 2
j .j A
ò W
DT AD j .j d W +
ò
G k è Gc
÷
ø
¶ 2 ET sc sc é ( δ.j )2 æ s c δ ö ù
¶δ 2
j .j = åg
w g Dgt ADg j .j + l
δ
æ
exp ç -
è Gc
ö
δ ÷ ê j .j -
øë δ 2 è
ç1+ G ÷ú
c øû
é sc s ù
min ê
j , j =1
êë
åw
g
t
g Dg ADg j .j + l
δ
exp æç - c δ ö÷ j .j ú
è Gc ø úû
é sc æ sc δ ö æ sc ö ( δ.j )2 ù
- max ê l ç 1 + G ÷ exp ç - G δ ÷ ú >0
j , j =1
ë δ è c ø è c ø δ 2 û
( δ.j )2 s
De plus il est évident que max = 1 et que exp æç - c δ ö÷ £ 1 donc l’inégalité
j , j =1 δ
2
è Gc ø
précédente devient :
é ù s2
min ê
j , j =1
êë
å g
w g Dgt ADg j .j ú > l c
úû Gc
89
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
å min X A X £ min å X A X
i
X =1
t
i
X =1
i
t
i
s2
å g
w g min éë Dgt ADg j .j ùû > l c
j , j =1 Gc
Le tenseur Dgt ADg est symétrique donc diagonalisable, la condition de stricte convexité devient
une condition sur la plus petite valeur propre de Dgt ADg que l’on note vg :
s c2
å g
w g vg > l
Gc
é ¶ yh g ù
ê ¶ xh g 0 ú
t 1ê 2 ú
Dg =
2ê ¶ xh g ú
ê 0 ¶ yh g ú
ë 2 û
{σ} = (s xx ) ( )
t t
2s xy s yy et {ε} = ε xx 2ε xy ε yy
æ l + 2m 0 l ö
ç ÷
A=ç 0 2m 0 ÷
ç l 0 m + 2 m ÷ø
è
mé
( ¶ xh g ) + ( ¶ yh g ) ùú .
2 2
vg = ê
4ë û
90
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
æ ¶ xh ö 1 æ Ty ö
ç ÷ = ç ÷ et jg = w g ,
è ¶ yh ø g 2 j g è -Tx ø g
on en déduit :
m
T (h g )
2
vg =
16 w g2
m 1 s c2
16 å
g
min T ( h g
wg h
) 2
> l
Gc
(3.38)
Il y aura donc unicité du saut de déplacement δ dans l’élément dès lors que cette condition est
vérifiée.
Remarque : Dans le cas particulier où l’élément de joint est rectangulaire, les poids des points de
Gauss sont égaux à un quart de la surface de l’élément. De plus, la longueur de l’élément est égale
à la longueur de la discontinuité l et, si on note e la largueur de l’élément, on a :
le
wg = (3.39)
4
pour tout g . De plus T = l sur chaque point de Gauss, donc la condition d’unicité (3.38)
devient une condition sur la largeur de l’élément :
Gc
e<m (3.40)
s c2
91
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
i +1
A A¢
l i
Y
X
e
On rappelle que le champ de déplacement dans l’élément est défini de la façon suivante :
u ( x ) = N ( x )[ U - { δ } ] + HG ( x ) δ
ui ( x ) = N i ( x ) [ U - { δi } ] + H i ( x ) δi
G
ui + 1 ( x ) = N i +1 ( x ) [ U - { δi +1 } ] + H Gi + 1 ( x ) δi +1
En tenant compte du fait que les N sont conformes (i.e. § N ¨ = 0 sur [ AA¢ ] ) et que la fissure
est continue d’un élément à l’autre (i.e. § H G ¨=0 sur [ AA¢ ] ), on obtient le saut de déplacement
sur [ AA¢ ] :
δ par ( x ) A ui + 1 ( x ) - ui ( x ) = - N ( x ){ δi + 1 - δi } + H ( x )( δi + 1 - δi )
G
C’est ce saut qui induit une énergie de surface parasite définie par :
e
Y par =
ò y (δ
0
par ) dx
92
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
e2 x
y æç ( δi + 1 - δi ) ö÷ dx
Y par = 2
ò 0 èe ø
n -1
e2 x
Y par = åò
i =1
2
0
y æç ( δi +1 - δi
èe
) ö÷ dx .
ø
n -1 n -1
e2 x e
Y par = å 2ò
i =1
0
s δ - δi dx =
e c i +1 å 4si =1
c δi + 1 - δi .
Dans une première section on cherchera à calculer δ* minimum local de l’énergie totale à U
fixé :
δ* ( U ) = arg min ET ( U , δ, k )
δ
93
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Dans la seconde, on se contentera de chercher une condition nécessaire pour que U * soit
minimum local de l’énergie totale avec δ = δ* ( U ) :
U * = arg min éë ET ( U , δ* ( U ) , k ) ùû
U
Cette seconde étape revient à résoudre les équations d’équilibre en tenant compte des éventuels
travaux des efforts extérieurs et des déplacements imposés à la structure.
Remarque : Le traitement numérique de l’indicatrice I R + ( δ.n ) , traduisant la condition de non-
interpénétration des lèvres de la fissure, s’effectuera en ajoutant la contrainte : δ.n ³ 0 au
problème de minimisation.
Deux points importants vont permettre de simplifier sensiblement le problème (3.41). Tout
d’abord, le choix d’un saut de déplacement indépendant d’un élément à l’autre permet de
minimiser l’énergie totale par rapport au saut à un niveau élémentaire (technique de condensation
statique). On a l’égalité suivante :
min
δi , δi .n ³ 0 åE
i
T ( U , δi , k ) = å
i
min ET ( U , δi , k )
δi ,δi .n ³ 0
Par ailleurs, on a vu (partie II.2.c) que pour des éléments suffisamment petits le saut de
déplacement est unique. Ainsi, le problème (3.41) se ramène à une recherche de minimum global
sur chaque élément :
94
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
La condition d’équilibre dite condition d’optimalité d’ordre 1 devient nécessaire et suffisante pour
déterminer la solution du problème (3.42). Celle-ci s’écrit sous la forme :
ET ( U , δ, k ) £ ET ( U , δ + hj , k ) (3.44)
pour tout j constant par élément et pour h suffisamment petit de sorte que δ + hj Î S . En
passant à la limite quand h tend vers zéro, (3.44) devient une condition sur la dérivée
directionnelle :
1
lim ( ET ( U , δ + hj , k ) - ET ( U , δ, k ) ) ³ 0 (3.45)
h ®0 h
pour tout j constant par élément tel que δ + hj Î S . D’une façon générale, la dérivée
directionnelle est une fonction positivement homogène de degré 1 en j .
Par la suite nous présenterons le calcul du saut déplacement sur un élément, en s’appuyant sur la
condition d’optimalité (3.45). On commencera par mettre en évidence une condition nécessaire
et suffisante, que l’on appellera critère d’amorçage, pour que le saut nul soit solution du problème
(3.42). Puis nous détaillerons le calcul du saut après amorçage, pour les deux types de
comportement de l’élément : linéaire et dissipatif.
1
lim ( ET ( U , hj , k ) - ET ( U , 0 , k ) ) = -
h ®0 h åw j D AB U
g
g
t t
g g + ls c j
- åw j D AB U
g
g
t t
g g + ls c j ³ 0 (3.46)
pour tout j Î S . Or, pour montrer la continuité de la contrainte normale (voir II.2.b), on a vu
que :
95
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
r
åwg
t
g Dg ABg U = lσ
r
-σ.j + s c j ³ 0 "j Î S
ì j n = r cos q p p
en posant í avec r > 0 et - £ q £ afin que j n ³ 0 , et en utilisant la
î jt = r sin q 2 2
r
définition σ = ( s n , s t ) , on obtient la condition :
p p
s n cos q + s t sin q £ s c "q Î éê - , ùú (3.47)
ë 2 2û
2
sup f (q ) = sn + + st2 avec . + = max ( . , 0 ) .
p p
- £q £
2 2
2
L’inégalité (3.47) conduit donc au critère d’amorçage en contrainte : sn + + st2 £ s c .
st
sc
sn
96
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
1 ¶E
lim ( ET ( U , δ + hj , k ) - ET ( U , δ, k ) ) A T .j ³ 0 (3.48)
h ®0 h ¶δ
pour tout j constant par élément tel que δ + hj Î S . En jouant sur les directions admissibles
on en déduit les conditions :
ì ¶ET j ³ 0 "j n ³ 0 si d n = 0
ï ¶d n n
ï
ï ¶ET
í jn = 0 "j n si d n > 0 (3.49)
ï ¶d n
ï ¶ET
ï ¶d j t = 0 "j t
î t
Par ailleurs, en approchant l’intégrale par une somme discrète sur les points de Gauss, la dérivée
de l’énergie totale dans la direction j s’écrit :
¶ET ¶y
¶δ
.j = - åw D A ( B U - D δ ) .j + l ¶δ .j
g
g
t
g g g (3.50)
avec y densité d’énergie de surface, égale à y lin en régime linéaire et à y dis en régime dissipatif.
Pour alléger les notations on définit S et Q de la façon suivante :
æ Sn ö æ Qnn Qnt ö
S =ç ÷=-
è St ø
åw
g
t
g Dg ABg U , Q=ç
è Qnt Qtt ÷ø
= åw
g
t
g Dg ADg
¶ET ¶y
.j = ( S + Qδ ) .j + l .j (3.51)
¶δ ¶δ
Cherchons maintenant à calculer le saut déplacement à partir des condition (3.49) en utilisant la
dérivée de l’énergie écrite sous la forme (3.51). On distinguera le calcul dans le régime linéaire de
celui dans le régime dissipatif et pour chacun d’entre eux on distinguera le cas ou le saut normal
est nul de celui où il ne l’est pas.
97
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
1
y = y lin A P ( k ) δ.δ
2
¶ET
.j = ( S + Qδ ) .j + l P ( k ) d .j
¶δ
ìS + Q d ³ 0
ïï n nt t
í
ïdt = - St
ïî Qtt + l P ( k )
Le saut tangent est donné explicitement par la seconde condition. La première impose que la
contrainte normale dans l’élément soit négative ou nulle. Si tel n’était pas le cas, il y aurait
nécessairement un saut normal. Dit autrement, le saut dans l’élément sera nul dès que l’élément
sera mis en compression. Ceci traduit la prise en compte de la non-interpénétration des lèvres de
la fissure.
Cas d’un saut normal strictement positif : ( d n > 0, d t ) . La condition d’optimalité (3.49)
donne directement le saut de déplacement :
δ = - ( Q + Id l P ( k ) )-1 S .
s
y = y dis A Gc éê 1 - exp çæ - c δ ÷ö úù
ë è Gc øû
¶ET δ.j s
.j = ( S + Qδ ) .j + ls c exp æç - c δ ö÷
¶δ δ è Gc ø
98
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
ìS + Q d ³ 0
ïï n nt t
í
ï St + Qtt d t + ls c sign ( d t ) exp æç - s c d t ö÷ = 0
ïî è Gc ø
La première condition implique que le saut normal soit nul quand la contrainte normale dans
l’élément est négative. Ce qui traduit la prise en compte de la non-interpénétration des lèvres de
la fissure. De la seconde condition, on déduit que sign ( d t ) = - sign ( St ) , donc
d t = - sign ( St ) b avec b > 0 solution de l’équation scalaire non linéaire suivante :
s
St + Qtt b + ls c exp æç - c b ö÷ = 0
è Gc ø
Cas d’un saut normal strictement positif : ( d n > 0, d t ) . La condition d’optimalité (3.49)
conduit à l’équation non linéaire suivante :
δ s
S + Qδ + ls c exp æç - c δ ö÷ = 0 (3.52)
δ è Gc ø
p p
On note δ = rδ% avec r > 0 et δ% = ( cosq ,sin q ) où - £ q £ de façon à ce que δ%.n ³ 0 .
2 2
D’après (3.52) on a :
-1
s
δ% = - æç rQ + ls c Id exp æç - c r ö÷ ö÷ S.
è è Gc øø
Il reste à calculer r , pour cela il suffit de résoudre l’équation scalaire non linéaire δ% = 1 par un
algorithme de Newton. En régime dissipatif la variable interne k évolue, elle correspond à la
norme du saut calculée : k = δ .
99
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Dans cette partie, on présente l’algorithme de calcul du saut δ* sur un élément donné ainsi
que l’évolution de la variable interne k .
1) Test d’existence et d’unicité de la solution (voir II.2.c).
2
2) SI ( k = 0 ET sn + + s t 2 £ s c ) ALORS
SI ( δc < k ) ALORS
δ* = δc , actualisation du seuil : k = δ* .
FIN DU CALCUL
Après avoir calculé les sauts de déplacement δ* ( U ) sur chacun des éléments à
discontinuité, l’objectif est de calculer le champ de déplacements qui minimise l’énergie totale. Le
problème se formule de la façon suivante :
100
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
Considérons une structure W avec le chargement suivant : f densité de force volumique sur W ,
F densité de force surfacique sur G N et U d déplacement imposés sur G D où G N et G D
parties disjointes de la frontière de W . Le travail des efforts extérieurs s’écrit :
W ext ( U ) =
ò
W
f .Ud W +
ò
GN
F .UdG N
ET ( U , δ* ( U ) , k ) = F ( U , δ* ( U ) ) + Y ( δ* ( U ) , k ) - W ext ( U )
¶ET
¶U
( U , δ* ( U ) , k ) .V ³ 0 (3.54)
B t A ( BU - Dδ* ( U ) ) .V d W -
òW òW
f .V d W -
ò
GN
F .V d G N ³ 0 "V
L’inégalité précédente devient une égalité en prenant des V bien choisis, et comme cette égalité
est vraie pour tout V admissible. On obtient l’équilibre entre les efforts intérieurs et extérieurs :
F int ( U ) = F ext
avec :
B t A ( BU - Dδ* ) d W
ì F int ( U ) =
ï òW
í
ï F ext =
î ò W
f dW +
ò GN
Fd G N
ì F int ( U ) + C t l = F ext
í (3.55)
î CU = U d
101
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
102
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
ìï F ext = Fcst
ext ext
+ h F pilo
í d d d
ïî U = U cst + hU pilo
Pour fermer le système, on associe à cette nouvelle inconnue une nouvelle équation appelée
équation de contrôle du pilotage que l’on note :
P ( DU i ) = Dt avec P ( 0 ) = 0
ì F int ( DU i ) + C t li = Fcst
ext ext
+ hi F pilo
ïï d
í CU i = U cst + hi U dpilo (3.56)
ï
ïî P ( DU i ) = D t
103
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
ì d U in + 1 = DU in + 1 - DU in
í n +1
î dli = lin + 1 - lin
é ¶F int ( DU in ) ù
ê Ct ú æ d U n + 1 ö æ Fcst
ext
- F int ( DU in ) - C t lin ö ext
æ F pilo ö
ê ¶ U úç i n
÷ = ç ÷ + h ç ÷ .
ê ú è dlin + 1 ø èç U id - CU in ÷ i ç
U d ÷
ê C 0 ú 1444442444443ø è424
1 pilo ø
3
ë144444 42444444
3û Rcst R pilo
KT
On peut exprimer ces derniers en fonction de h in en résolvant le système précédent par rapport à
chacun des seconds membres, on pose :
æ d U in + 1 ö æ d U icst ö n
æ d U ipilo ö
ç n + 1 ÷ = ç cst ÷ + h i çç ÷÷ (3.57)
è dli ø è dli ø è dli
pilo
ø
æ d U icst ö -1
æ d U ipilo ö
avec ç cst ÷ = K T Rcst et ç
ç dl pilo ÷÷ = K T-1 R pilo .
è dli ø è i ø
(
P% ( hin ) A P DU in + d U icst + h in d U ipilo = Dt ) (3.58)
104
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
La partie suivante sera entièrement consacrée au choix de cette équation et à sa résolution pour
chacun des modèles. Une fois hin calculé, il ne reste plus qu’à réactualiser les inconnues de
déplacement et les multiplicateurs de Lagrange :
ì DU in +1 = DU in + d U icst + h n d U ipilo
ï i
í
ïî li
n +1
= lin + dlicst + h in dli pilo
Notons ( DU iconv , liconv ) les valeurs convergées de la suite des incréments de Newton. La
solution à l’instant i est donnée par :
ì U i = U i -1 + DU iconv
í conv
î li = li
2
Gel ( d n , d t ) = dn + d t2 - k
+
Choisissons une équation de contrôle du pilotage de telle sorte que l’intensité du chargement h
fasse sortir du critère au moins un élément de joint de la structure d’une quantité liée à Dt .
L’équation de contrôle du pilotage (3.58) s’écrit (la fonction seuil dépend de h , notons la
G% el ( h ) ) :
105
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
G% el ( h ) = k Dt (3.60)
U i = U i -1 + DU in + d U icst + h d U ipilo
δi = δ p + h δd
avec δ p = M ( U i -1 + DU in + d U icst ) et δd ( )
= M d U ipilo . Donc (3.60) devient :
( δ p + h δd ) .n + ( ( δ p + h δd ) .t ) - k = kDt .
2 2
G% el ( h ) A
+
dt
2 solutions
1 solution
k ( 1 + Dt ) dn
0 solution
2 solutions
2 solutions
106
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
Chacun de ces deux polynômes possède 0, 1 ou 2 solutions, on admettra les solutions de p1 qui
vérifient ( δp + h δd ) .n > 0 et les solutions de p2 qui vérifient ( δp + h δd ) .n £ 0 . Les
solutions admises seront au plus deux, on les note hk (k = 0,1 ou 2 ).
2
Fel ( s n , s t ) = sn + + s t2 - R ( k )
r æsn ö 1
avec s = ç ÷=
è st ø l
åw
g
t
g Dg ( ABg U - Dg δ ) et R ( k ) la variable de seuil en contrainte
Gel ( d n , d t ) = d n2 + d t2 - k
avec d n ³ 0 et k seuil en saut. Choisissons une équation de contrôle du pilotage de telle sorte
que l’intensité du chargement h fasse sortir du critère au moins un élément de joint de la
structure d’une quantité proportionnelle à Dt . L’équation de contrôle du pilotage (3.58) s’écrit
(les fonctions seuil dépendent de h , notons les dorénavant F%el ( h ) et G% el ( h ) ) :
107
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Remarques :
- Dans le cas où k = 0 , le saut étant nul, nous utiliserons l’équation de contrôle du pilotage
exprimé avec le critère en contrainte (3.61).
- Dans le cas où k > 0 , nous utiliserons l’équation de contrôle du pilotage exprimé avec le critère
en saut (3.62). En effet, le saut n’étant pas connu, on ne peut utiliser les contraintes ( s n , s t ) qui
dépendent explicitement de celui-ci.
F%el ( h ) = R ( k ) Dt (3.63)
U i = U i -1 + DU in + d U icst + h d U ipilo
ìï U p = U i -1 + DU in + d U icst
Notons : í pilo
, on a : U i = U p + h U d
U
ïî d = d U i
æsn ö 1
çs ÷ = l
è t ø
åwg
t
g Dg ABg U i
ìS = 1
æsn ö
ï p l
ï
åw
g
t
g Dg ABg U p
D’où ç ÷ = S p + h Sd avec í
è st ø ï Sd = 1
ï
î
l åw
g
t
g Dg ABg U d
108
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
F%el ( h ) A
2 2
( S p + h Sd ) .n +
+ ( ( S p + h Sd ) .t ) - s c = s c Dt (3.64)
Pour trouver h , on résout ces deux polynômes. Cela revient, dans l’espace ( s n , s t ) , à trouver
l’intersection de deux demi-droites avec le critère en contrainte. La Figure 35 représente la
"sortie de critère" contrôlée par le paramètre Dt .
st
2 solutions
1 solution
sc (1 + Dt ) sn
0 solution
2 solutions
2 solutions
Chacun de ces deux polynômes possède 0, 1 ou 2 solutions, on admettra les solutions de p1 qui
vérifient ( Sp + h Sd ) .n > 0 et les solutions de p2 qui vérifient ( Sp + h Sd ) .n £ 0 . Les
solutions admises seront au plus deux, on les note hk ( k = 0, 1 ou 2 ).
G% el ( h ) = kDt (3.65)
109
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
U i = U i -1 + DU in + d U icst + h d U ipilo
ìï U p = U i -1 + DU in + d U icst
Notons : í pilo
, on a : U i = U p + h U d
ïî U d = d U i
æsn ö 1
çs ÷ = l
è t ø
åw g
t
g Dg A ( B g U i - Dg δ )
D’où :
æsn ö
ç s ÷ = S p + h Sd + Qδ (3.66)
è t ø
ì 1
ï Sp =
ï l åw
g
t
g Dg ABg U p
ï
ï 1
avec í Sd =
ï l åw
g
t
g Dg ABg U d
ï
ï Q =1
ïî l åw
g
t
g Dg ADg
Par ailleurs pour un seuil en saut k > 0 fixé on a, d’après la loi de comportement de Barenblatt :
æsn ö
ç s ÷ = P ( k ) Id δ (3.67)
è t ø
sc s
avec P ( k ) = exp æç - c k ö÷
k è Gc ø
æ dn ö ìï δ p = ( P ( k ) Id - Q )-1 S p
δ = ç ÷ = δ p + h δd avec í
è dt ø -1
ïî δd = ( P ( k ) Id - Q ) Sd
110
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
( ( δ p + h δd ) .n ) + ( ( δ p + h δd ) .t )
2 2
G% el ( h ) A - k = kDt (3.68)
( δp + h δd ) .n ³ 0 (3.69)
Le critère se réduit à un demi cercle dans l’espace ( d n , d t ) . Pour pouvoir utiliser le pilotage
lorsque le saut normal tend à être négatif (compression de l’élément) nous allons autoriser une
petite sortie de critère pour de tels sauts. La « sortie de critère », contrôlée par le paramètre
Dt , peut être représentée dans l’espace ( d n , d t ) par un arc de cercle et un segment (voir Figure
36).
dt
2 solutions
2 solutions
0 solution
d
dn
k (1 + Dt )
k Dt 1 solution
Remarque : Il est entendu que seule la prédiction de l’algorithme de Newton sortira du critère,
donc en particulier pourrait violer la condition de contact. La solution du problème, quant à elle,
la respectera.
La résolution de l’équation de contrôle du pilotage revient donc à trouver l’intersection entre une
droite et un arc de cercle ou l’intersection entre une droite et un segment.
En résumé, on résout :
- le polynôme de degrés 2 en h : (3.68) (intersection droite/cercle), on admet les h qui
vérifient ( δ p + h δd ) .n ³ -k Dt .
111
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
où C j désigne la fonction seuil ( F%elj ou G% elj pour l’un ou l’autre des modèles) et où c vaut k ou
s c suivant que l’on utilise le critère en saut ou celui en contrainte. L’équation de contrôle du
pilotage est non linéaire en h à deux titres. Une non linéarité vient de la fonction C j . L’autre est
due à la fonction max qui est de plus non différentiable. Pour contourner ce problème l’idée
consiste à linéariser C j au voisinage des hk (k = 0,1 ou 2 ) solutions :
¶C j ( hk )
C j ( h ) » C j ( hk ) + ( h - hk ) A A0j ,k + h A1j ,k
¶h
P ( h ) = max L j ,k ( h )
j ,k
On peut montrer (voir LORENTZ et BADEL [39]) que l’ensemble des solutions de P% ( h ) = cDt et
de P ( h ) = cDt sont égaux :
P% ( h ) = cDt Û P ( h ) = c Dt
112
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
Celle-ci ne fait intervenir que des droites, l’algorithme de résolution est simple, on ne le
présentera pas ici (voir [39]). On obtiendra au plus deux solutions. Dans le cas où l’équation
n’admet aucune solution, on subdivise le pas de chargement Dt , l’absence de solution pouvant
provenir du fait que l’on sorte du critère de façon trop importante. Si il y a deux solutions, la
stratégie consiste à garder celle qui conduit au résidu le plus faible (i.e. qui résout le mieux les
équations), permettant ainsi de stabiliser la convergence de l’algorithme de Newton-Raphson
(voir HELLWEG et CRISFIELD [27]).
113
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
B t A ( BU - Dδ* ) d W
F int ( U ) =
ò W
donc
¶F int ( U ) æ ¶δ* ö
¶U
=
ò
W
Bt A ç B - D
è ¶U ÷ dW ;
ø
¶δ *
Il faut calculer le terme : . La minimisation par rapport à δ de l’énergie totale nous a conduit
¶U
à calculer δ* solution de l’équation :
Dt A ( BU - Dδ* ) d W = ly ¢ ( δ* )
òW
æ dδ* ö * dδ
*
ò Dt A ç B - D
dU ÷ d W = ly ¢¢ ( δ ) dU
W è ø
Donc
dδ*
( ) ò
-1
= ly ¢¢ ( δ* ) +
dU òW
Dt AD d W
W
Dt AB d W
· Si d = 0 alors y ¢¢ = 0
sc s
· Si le joint est en régime linéaire : y ¢¢ = y lin
¢¢ = exp æç - c k ö÷ Id 2 ´ 2
k è Gc ø
· ¢¢ = C Id 2 ´ 2 + C% δ Ä δ
Si le joint est en régime dissipatif : y ¢¢ = y dis
114
CHAPITRE 3 : Modèles numériques de fissuration 2D.
ì sc æ sc ö
ï C = δ exp çè - Gc δ ÷ø
ï
avec : í
ï C% = - æ 1 + s c ö s c exp æç - s c δ ö÷
ïî ç δ Gc ÷ø δ 2
è è Gc ø
115
Equation Chapter 4 Section 1
Chapitre 4
SIMULATIONS NUMERIQUES
Dans ce chapitre on présente les résultats obtenus avec les deux modèles de fissuration
développés au Chapitre 3. On cherche dans un premier temps à valider ces modèles sur des cas test
simples dont on connaît la solution analytique : Patch Test, validation de l’élément à discontinuité
et essai d’arrachement. Par la suite on confronte les modèles à des cas plus complexes comme l’essai
sur une plaque trouée ou la multifissuration d’un composite. On cherche alors à interpréter les
résultats et analyser les mécanismes intervenant au cours du processus de fissuration. Cela nous
permet d’évaluer la qualité de nos modèles et de dégager des perspectives pour les améliorer. Notons
de plus qu’une première confrontation de notre modèle à des résultats expérimentaux, sur la
PLAN
118
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
I. PATCH TEST
Un des besoins essentiels de la modélisation par éléments finis est de s’assurer que la
solution approchée converge vers la solution exacte lorsqu’on raffine le maillage. Dans un
premier temps nous présenterons le patch test qui permet d’assurer une telle convergence, puis
nous expliquerons sa mise en œuvre numérique ainsi que les résultats obtenus par l’élément à
discontinuité.
7 6 5
119
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Deux éléments à discontinuité représentent une fissure rectiligne, de telle sorte qu’il y ait
continuité des déplacements à travers la frontière de ces éléments (côté [8-9]) ; les deux autres
éléments sont des quadrangles linéaires à quatre nœuds ayant un comportement élastique. On
prend les paramètres matériau de telle sorte qu’il y ait unicité du saut déplacement dans chaque
élément à discontinuité (voir Chapitre 3 partie II.2.c) :
120
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
élastique notée W = ]0, L[ ´ ]0, H [ (voir Figure 38). Notons G 0 = {0} ´ ]0, H [ la face gauche du
G0 W H
Y
X
L
Figure 38 : Schéma de la plaque.
Dans un premier temps on exhibera une solution analytique avec un saut non constant le long de
G0 , dans un deuxième temps nous montrerons que cette solution est unique sous une certaine
condition, enfin on présentera les résultats de la simulation numérique obtenus par l’élément à
discontinuité.
121
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Remarque : Ce test a l’intérêt d’être suffisamment général pour servir à la validation d’autres
types d’éléments modélisant un saut déplacement. On aurait pu en particulier l’utiliser pour
valider l’élément de joint ou pour tester la sensibilité des résultats au petit paramètre de
régularisation k 0 du modèle de joint. Nous avons fait le choix d’effectuer ce travail en s’appuyant
sur l’essai d’arrachement d’une armature rigide dont on a exhibé une solution analytique au
Chapitre 1 et dont on présente les résultats numériques dans une partie à suivre.
¶ 2F ¶ 2F ¶ 2F
s xx = 2 , s yy = 2 et s xy =- (4.1)
¶y ¶x ¶x¶y
y3 y2
F ( x, y ) = b + (a x + g ) + h xy
6 2
ìs xx = a x + b y + g
ï
ís yy = 0 (4.2)
ï
îs xy = -a y - h
æ1æ æ x2 2ö
öö
ç ça ç - y ÷ + x ( b y + g )÷÷
æ u ( x, y ) ö çEè è 2 ø ø÷
u A ç ÷ = ç ÷ (4.3)
ç v ( x, y ) ÷ 1æ x 2
ö
è ø ç ÷
- çb + 2h x ÷
ç Eè 2 ø ÷
è ø
122
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
Gc F ( y ) æ F ( y) ö
δ( y) = - ln ç ÷
sc F ( y) ç sc
è
÷
ø
pour tout y dans [0, H ] . Ainsi, le nouveau déplacement imposé sur G 0 générant un tel saut est
égal à U 0 - δ . On a donc construit une solution analytique de la plaque plane vérifiant les
équations d’équilibre et de compatibilité avec une discontinuité en G0 le long de laquelle le saut
de déplacement δ n’est pas constant. Rappelons les conditions aux limites du problème :
ì u = U ( x, y ) sur ¶W G 0
í (4.4)
î u = U 0 ( y ) - δ ( y ) sur G 0
u=U
G0
u = U0 - δ W u=U
Y
X
u=U
Figure 39 : Schéma de la plaque et du chargement (voir (4.4)).
123
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
déplacement pour un tel problème. Nous verrons que cette unicité est garantie dès qu’une
condition, sur la géométrie du domaine ainsi que sur les paramètres matériau, est vérifiée.
La résolution du problème aux limites présenté dans la partie précédente s’écrit sous la forme
d’un problème de minimisation :
min [ F ( u ) + Y ( δ ) ] (4.5)
u, δ
u ÎC
avec F et Y respectivement énergie élastique définie sur W et énergie de surface définie sur
G0 et avec C l’ensemble des déplacements cinématiquement admissibles défini par :
min {W ( δ; U , U 0 ) + Y ( δ ) } (4.6)
δ
avec
W ( δ; U , U 0 ) = min F ( u ) (4.7)
u
uÎC
ì% 1
ïïW ( δ; U , U 0 ) = W ( δ; U , U 0 ) - 2 h ò G0
δ2 d G
(4.8)
í
% ( δ ) = Y ( δ ) + 1 h δ2 d G
ïY
ïî 2 G0 ò
L’idée consiste à mesurer « l’écart à la convexité » de W et Y . En d’autres termes cela revient à
se demander à quelle condition sur h la fonction W restera convexe si on lui ajoute la fonction
1
concave - h
2 ò G0
δ 2 d G ; et à quelle condition sur h la fonction Y deviendra convexe si on lui
124
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
1
ajoute la fonction convexe
2
h
ò G0
δ 2 d G . C’est l’objet des deux sections suivantes. Dans une
dernière section on fera la synthèse des conditions de stricte convexité conduisant à la condition
d’unicité de la solution analytique.
II.2.a. Convexité de Y%
% soit strictement convexe. Par
Cherchons une condition sur h de telle sorte que Y
définition :
1
Gc éë1 - exp ( - δ lc ) ùû d G + h
% (δ) =
ò ò
2
Y δ dG
G0 2 G0
que Y le sera. De plus, Y est strictement convexe si Y¢¢ ( x ) > 0 pour tout x positif c’est-à-
dire si :
s c2
-
Gc
( exp ( - x lc ) ) + h > 0
et comme exp ( - x lc ) £ 1 pour tout x positif, on en déduit une condition suffisante de la stricte
% :
convexité de Y
s c2
h> (4.9)
Gc
II.2.b. Convexité de W%
Cherchons maintenant une condition suffisante sur h pour que W% soit strictement convexe.
Rappelons tout d’abord que d’après les définitions (4.7) et (4.8) on a :
1 1
W% ( δ; U , U 0 ) =
ò Aε ( u ) : ε ( u ) d W - 2 h ò
* *
δ2 d G
2 W G0
125
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
1
W% ( δ; U , U 0 ) = Q 0 (U , U 0 ) + b (U , U 0 ; δ ) + Q1 ( δ ) - h
2 ò
G0
δ2 d G
avec Q 0 et Q1 des formes quadratiques et b une forme bilinéaire. Il est donc facile de voir que
la fonction W% sera strictement convexe par rapport à δ dès que la fonction
1
δ a Q1 ( δ ) -
2
h
òG0
δ 2 d G le sera, avec par définition :
1
Q1 ( δ ) A
ò Aε ( u ( δ, 0, 0)) : ε ( u ( δ, 0, 0)) d W .
* *
2 W
2
æ ¶u* ö 1
ò ç
W è ¶x ø
÷ dW ³
L ò G0
δ2 d G . (4.10)
2 2
L
æ ¶u* ö L
æ ¶v ö
ò 0
ç
è ¶x ø
÷ dx ³ min v
v ( 0) = δ
ò0
ç ÷ dx .
è ¶x ø
(4.11)
v ( L ) =0
2
L
æ ¶v ö δ2
min
v
v ( 0) = δ
ò
0
ç ÷
è ¶x ø
dx =
L
(4.12)
v ( L ) =0
2
L æ ¶u* ö δ2
ò 0
ç
è ¶x ø
÷ dx ³
L
. (4.13)
Enfin, en intégrant chacun des termes de (4.13) sur G0 (i.e. sur ] 0, H [ ) on obtient directement
le résultat (4.10). Par ailleurs, si on note m le coefficient de Lamé, on a les inégalités suivantes :
126
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
2
1 æ ¶u* ö
Aε ( u* ) : ε ( u* ) ³ m ε ( u* ) : ε ( u* ) ³ m ε xx ( u* ) ε xx ( u* ) = m ç ÷ (4.14)
2 è ¶x ø
2
1 æ ¶u* ö
Aε ( u ) : ε ( u ) d W ³ m ç
Q ( δ) A
ò ò
1 * *
÷ dW (4.15)
2 W W è ¶x ø
m
Q1 ( δ ) ³
L ò G0
δ2 d G (4.16)
et donc
1 æm 1 ö
Q1 ( δ ) -
2
h
òG0
δ2 d G ³ ç - h ÷
èL 2 ø ò
G0
δ2 d G .
1
Conclusion : la fonction δ a Q1 ( δ ) -
2
h
òG0
δ.δd G et donc W% sera strictement convexe en δ
si :
2m
h< (4.17)
L
2m Gc
L< . (4.18)
s c2
127
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Dimensions du domaine W :
L = 1 mm , H=2p mm ,
Paramètres matériau :
Constantes arbitraires :
¶W G 0 (voir Figure 39). En notant δ num la solution numérique du saut de déplacement le long
de G0 , on constate sur la Figure 40 que l’erreur numérique δ - δ num décroît lorsqu’on
L2 ( G )
raffine le maillage.
128
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
Ce résultat nous permet de conclure que notre modèle conduit à une bonne approximation de la
solution analytique. De plus, on constate que la faiblesse de l’élément due au saut constant peut
être surmontée en raffinant le maillage. L’ordre de convergence du modèle est en O ( h q ) avec
1£ q < 2.
129
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
A ur = 0
u = U i ez
L Gi Ge
ez
A¢ ur = 0 er
Rf
R
Figure 41 : Schéma du domaine, maillage et chargement.
On fait l’hypothèse d’une solution axisymétrique ce qui nous permet de restreindre notre étude a
un domaine 2D rectangulaire. Les dimensions du domaine sont les suivantes :
R f = 1mm , R = 6.01mm , L = 10 mm . On maille ce dernier avec des éléments finis linéaires
de type Q1 (quadrangles à quatre nœuds). La simulation s'effectue en axisymétrique. Le
130
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
chargement sur l'armature rigide sera pris en compte en appliquant le déplacement imposé U i e z
sur tout le côté Gi du domaine 2D ainsi qu'un déplacement nul sur le côté Ge pour prendre en
compte l'encastrement du cylindre. Enfin on impose un déplacement radial nul sur les faces
inférieure et supérieure du domaine afin d’éviter une singularité liée à un changement de
condition aux limites aux points A et A¢ (voir Figure 41). Ces conditions aux limites vont
conduire à une solution anti-plane (indépendante de z ) ce qui permet de respecter l’hypothèse
effectuée lors du calcul de la solution analytique et de se placer dans les mêmes conditions.
131
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
La Figure 42 nous permet de constater que notre modèle prédit correctement la décohésion à
l’interface entre l’armature rigide et le cylindre. Celle-ci s’effectue de façon identique sur toute la
hauteur du cylindre. Comme le montre le snap-back global, la fissuration est brutale. On constate
cependant un grand nombre de petites instabilités (petits snap-back) que l’on peut expliquer par
l’élasticité introduite dans les éléments de joint en effectuant la régularisation de l’énergie de
surface. La simulation présentée ici a été faite avec k 0 = 0.005 .
Remarque : En jouant sur les valeurs des paramètres du modèle, on peut constater
numériquement que l’évolution progressive ou brutale de la fissuration dépend comme prévu de
la longueur interne du cylindre l = R f ln ( R R f ) (voir étude analytique Chapitre 1 partie III). On
observe que la décohésion est brutale si cette dernière est inférieure à m Gc s c2 , et progressive
dans le cas contraire (pas de snap-back global).
On constate que l’amplitude des instabilités diminue lorsqu’on réduit k 0 . Ce résultat est positif et
nous permet d’espérer que notre modèle de joint donne une bonne prédiction de la fissuration
pourvu que ce paramètre soit suffisamment petit. Cependant la convergence du calcul devient de
plus en plus difficile et l’on ne pourra pas éliminer totalement les instabilités en jouant
uniquement sur ce paramètre. Nous verrons par la suite qu’il faut aussi que le maillage soit
suffisamment fin.
132
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
Remarque : Dans le cas d’une évolution progressive de la fissuration les petites instabilités sont
moins importantes et celles-ci tendent à disparaître pour des petites valeurs du paramètre k 0 sans
trop entraver la convergence du calcul.
Pour finir on présente une étude de sensibilité au maillage sur la Figure 44. Pour plus de visibilité
on effectue un zoom sur le point critique de la réponse globale. On choisit une valeur du
paramètre de régularisation k 0 = 0.01 . On constate qu’en raffinant le maillage on peut éliminer
les instabilités liées à la régularisation de l’énergie. Ceci est valable pour ce type de simulation, il
se peut cependant que pour des simulations plus complexes le raffinement du maillage ainsi que
la diminution du paramètre k 0 ne permettent pas de supprimer de telles instabilités. Notons
toutefois que ce résultat est cohérent avec les observations faites par BOSCO et CARPINTERI [7].
D’une façon générale cette étude nous permet de conclure que la simulation de la décohésion
avec des éléments de joint donne des résultats encourageants. Cependant ces derniers restent très
dépendants du paramètre de régularisation k 0 ainsi que du maillage. Il se peut donc que pour des
cas tests plus complexes ce «petit paramètre», qui n’a rien de physique, pose des problèmes de
convergence plus importants. Par ailleurs il n’est pas possible d’envisager de mettre des éléments
partout dans le maillage ce qui limite l’utilisation de ce modèle. Nous verrons par la suite que
l’élément à discontinuité permet d’y remédier en partie.
133
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
On constate que l’élément à discontinuité permet une bonne prédiction de la décohésion, de plus
il n’induit pas d’instabilités numériques locales dans la réponse de la structure. D’un point de vue
énergétique, la décohésion à l’interface correspond au minimum global (voir étude
analytique Chapitre 1 partie III).
134
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
Fi
A B A’ B’
R = 500
650 350
500
135
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Figure 47 : Raccordement des éléments de fissure avec le maillage non structuré (côté [A’B’]).
Le chargement consiste à appliquer une densité de force surfacique F i sur la partie supérieure
du domaine que l’on note ¶P F et des conditions de symétrie sur ¶P S . L’intensité de la force
imposée est gérée par une technique de pilotage. On considère F i comme une inconnue
supplémentaire gouvernée par une nouvelle équation (pour plus de détails voir Chapitre 3
partie III). Nous reviendrons dans la partie suivante sur l’importance de cette technique pour
assurer la convergence du calcul.
Le calcul est effectué en utilisant l’algorithme de statique non linéaire du Code_Aster basé sur une
méthode de type Newton-Raphson.
136
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
Dans un premier temps, on observe sur la réponse globale une phase où la force évolue
linéairement en fonction du déplacement. La plaque se comporte de façon élastique et aucune
fissure n’apparaît.
137
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
Ensuite, une fissure s’amorce à droite au niveau du point A’, suivi quelques itérations après par
une ouverture des éléments à gauche du trou (point B). On assiste alors à une propagation
progressive et simultanée des deux fissures respectivement vers les points B’ et A (instant i1 ).
Puis, la fissure de gauche s’arrête et celle de droite se propage brutalement, cela correspond au
premier snap-back (retour arrière) de la réponse globale (instant i2 ). Lorsque la fissure de droite
atteint le bord libre, la fissure de gauche se propage de nouveau. Dans un premier temps la
propagation est progressive (instant i3 ) puis brutale, cette seconde instabilité est illustrée par le
second snap-back de la réponse globale (instant i4 ). Enfin, la fissure de gauche se propage de
nouveau progressivement et atteint le bord libre, la force est quasiment nulle ce qui traduit la
rupture totale de la plaque.
i1 i3
i2
i4
Figure 49 : Champ de déplacement aux instants i1 , i2 , i3 et i4 .
Analyse énergétique
A partir de l’évolution des énergies au cours des itérations (voir Figure 50), on tente de
mettre en évidence les processus de transfert en s’appuyant sur les instants remarquables i1 à i4 .
L’énergie fournie par le chargement (travail des efforts extérieurs) est toujours égale à la somme
de l’énergie élastique et de l’énergie de surface.
Dans un premier temps, on constate une augmentation de l’énergie élastique jusqu'à l’amorçage
d’une fissure. L’énergie de surface, quant à elle, est nulle puisque la plaque est saine à l’instant
initial.
Après amorçage, et jusqu’à l’instant i1 , l’énergie élastique et l’énergie de surface augmentent
simultanément, la fissure de droite se propage progressivement. On assiste alors (instant i2 ) à une
chute de l’énergie élastique et à une augmentation de l’énergie de surface qui ne compense pas
totalement cette dernière : une partie de l’énergie est restituée au milieu extérieur (diminution du
138
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
travail des efforts extérieurs). Cela correspond à une instabilité de la solution, la fissure de droite
se propage alors brutalement jusqu’au bord libre. La phase suivante est de nouveau stable, les
énergies croissent simultanément, la fissure de gauche se propage progressivement jusqu’à
l’instant i3 . Enfin, une seconde phase instable intervient (instant i4 ) elle correspond à la rupture
brutale de la plaque, on assiste de nouveau à une forte restitution d’énergie élastique conduisant à
une augmentation de l’énergie de surface et à une chute du travail des efforts extérieurs.
139
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
plaque disparaît. Ceci peut s’expliquer par le fait que les joints ont, dans leur phase élastique, un
comportement élastique plus souple que celui de la structure, ce qui atténue les instabilités.
- De plus, pour la simulation effectuée avec le plus petit paramètre : k 0 = 0.005 , on note
l’existence de petits snap-back certainement liés à la rupture successive des joints.
- Enfin, il semble tout de même intéressant de constater que la solution obtenue converge quand
le paramètre k 0 tend vers zéro.
140
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
IV.3. Synthèse
Pour conclure, on constate que les deux types d’élément de fissuration permettent de
reproduire la rupture de la plaque dans un processus qui semble réaliste aux vues de la géométrie
et du chargement appliqué.
Cependant les éléments à discontinuité sont mieux adaptés pour ce type de problème. En effet,
leur ouverture successive n’implique pas (ou très peu) de petites instabilités. De plus, la forte
dépendance au paramètre de régularisation ajoutée à la mauvaise convergence du calcul quand ce
dernier est faible rend difficile l’utilisation des éléments de joint.
141
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
L = 10 mm , R f = 1 mm et R = 2 mm .
142
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
l’algorithme de Newton ne nous permet pas de vérifier la condition d’optimalité du second ordre
pour que notre solution soit un minimum local (voir II.3.b Chapitre 3). Une façon de voir si la
solution homogène (où tous les éléments s’ouvrent) est un minimum local est de la perturber un
peu et de voir si cette dernière « émerge » tout de même. Ainsi, on suppose que le matériau
possède une petite hétérogénéité. Pour ce faire nous choisissons d’« affaiblir » (contrainte critique
moindre) un élément fini situé sur le bord extérieur du cylindre (élément colorié, voir Figure 52).
uz = U i
L
Pli à 0° : Eléments à discontinuité
er
Rf
R u z = -U i
avec une contrainte critique de 1 MPa pour l’élément affaibli. Pour le pli à 90° le module
d’Young et le coefficient de Poisson sont identiques. Le maillage du domaine est structuré avec
100 éléments dans la longueur et 12 dans la direction radiale.
143
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
On peut voir à partir de la réponse globale les faits suivants. Tout d’abord, le cylindre se
comporte de façon élastique jusqu’au moment où l’élément affaibli atteint sa contrainte critique.
Comme on pouvait le prévoir, une fissure s’amorce au niveau de cet élément et se propage dans
la direction radiale jusqu’au pli à 90° (1ère fissure). On note que cette évolution est progressive, la
force diminuant régulièrement. Par la suite quatre autres fissures apparaissent successivement
dans le cylindre. Ces dernières s’initient sur le bord extérieur et se propagent dans la direction
radiale. On constate que les fissures 2 et 3 se propagent progressivement tandis que les fissures 4
et 5 évoluent brutalement (snap-back dans la réponse globale). On note aussi que l’espacement
des fissures est régulier. Ceci met en évidence un phénomène d’écran : au voisinage d’une fissure
la contrainte diminue et empêche toute nouvelle fissure d’apparaître (voir KACHANOV [34]).
En outre plusieurs questions se posent. Notons que la fissure 3 apparaît sur la couche d’éléments
du bord inférieur du cylindre, elle n’est pas très visible sur la Figure 54, puisqu’elle a conduit à
144
CHAPITRE 4 : Simulations numériques.
une dissipation d’énergie moins importante que les autres fissures. Remarquons par ailleurs que
les fissures n’ont dissipée au maximum que 70 % de l’énergie de surface, cela signifie qu’il reste
un interaction importante entre les lèvres des fissures. Ces dernières correspondent donc plus à
des « zones cohésives » qu’à de vraies fissures. Remarquons enfin que la création des fissures 2 à
5 ne diminue que de façon assez faible la force dans le cylindre (de l’ordre de 5% pour chacune
d’elles). On ne saurait, pour le moment, donner d’explications plausibles de ces résultats.
1ère fissure
4ème fissure
2ème fissure
5ème fissure
3ème fissure
Tentons d’analyser maintenant la dernière partie de la réponse globale (voir partie croissante à la
fin de la courbe sur la Figure 53). On a terminé l’essai à un instant ou la force augmente à
nouveau sans créer de nouvelles fissures. Ceci doit être lié au fait que les fissures se sont réparties
périodiquement partout dans le cylindre. Pour créer de nouvelles fissures il faut donc augmenter
de façon plus importante la force dans le cylindre. Il serait intéressant de pouvoir poursuivre le
calcul et, peut être, de voir apparaître une autre série de fissures intercalées entre les premières.
Malheureusement quelques difficultés numériques nous ont amenées à stopper le calcul à ce
niveau.
En effet, le fait que le saut de déplacement soit constant par élément a posé quelques problèmes
de convergence. En fait, on constate un phénomène de blocage numérique lorsque la fissure dans
145
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
le pli à 0° atteint le pli à 90°. On se trouve alors dans la situation où sont côte à côte un élément à
discontinuité (avec un saut constant) et un élément élastique (sans saut). Cela conduit à une erreur
sur l’évaluation du saut qui détériore la convergence du calcul. Cette situation traduit un certain
manque de souplesse de notre modèle. Nous verrons dans la partie suivante quelques idées pour
y remédier.
V.3. Perspectives
Beaucoup de questions restent en suspens. On peut se demander en particulier dans quelle
mesure ces résultats sont reproductibles. On pense par exemple qu’il serait intéressant d’effectuer
d’autres simulations pour connaître l’influence de la géométrie du cylindre sur la périodicité des
fissures, ou encore l’influence des paramètres du modèle sur le caractère brutal ou progressif des
fissures. Par ailleurs il serait judicieux de disposer des éléments à discontinuité dans la direction
longitudinale, à l’interface entre les plis, afin d’illustrer le rôle du chargement dans les éventuelles
« compétitions » entre un délaminage à l’interface et une fissuration radiale (à ce sujet, voir les
études asymptotiques F. BILTERYST [6]).
Du point de vue du modèle numérique il s’avère important de résorber le problème de blocage
quand la fissure débouche sur une zone élastique (élément à discontinuité voisin d’un élément
élastique). L’utilisation d’un élément sous-intégré, à un point de Gauss, pourrait être une bonne
idée pour y parvenir. En effet, tout en gardant un saut constant par élément, cela introduirait plus
de souplesse dans l’élément et conduirait à une erreur sur le saut moins importante.
Pour finir, un algorithme spécifiquement dédié à la minimisation et pas seulement à la résolution
d’équations non linéaires nous permettrait de prendre en compte la condition d’optimalité
d’ordre 2 (stabilité) et éviterait ainsi de se retrouver dans le cas où tous les éléments s’ouvrent,
solution qui ne correspond manifestement pas à un état d’équilibre stable. Pour l’essai présenté
ici, cela permettrait d’éviter de déterminer arbitrairement le lieu de propagation de la première
fissure en affaiblissant un élément. Notons que certains auteurs tentent de remédier à ces
problèmes par des méthodes de régularisation visqueuse (voir par exemple OLIVER [46]).
146
Conclusions & Perspectives
Le travail présenté dans cette thèse s’est articulé autour de quatre grandes parties, revenons
rapidement sur les principaux résultats.
Tout d’abord, la formulation d’un modèle énergétique basé sur un principe de minimisation
d’énergie et l’étude analytique de l’essai d’arrachement, en guise d’exemple d’application, ont posé
les jalons de notre approche. Nous avons par la suite montré que le principe de minimisation
d’énergie permettait, à lui seul, de dégager un critère d’amorçage de fissure tridimensionnel
dépendant de l’énergie de surface considérée. Nous nous sommes ensuite concentrés sur les
aspects numériques. Dans un premier temps, nous avons proposé deux modèles éléments finis
permettant de simuler des évolutions (progressives ou brutales) de fissures bidimensionnelles
dans une direction donnée. Dans un second temps nous avons présenté les résultats obtenus par
ces deux modèles. Des cas simples ont permis de les valider tandis que des essais plus élaborés
ont testé leur capacité à reproduire des évolutions de fissures réalistes aux vues de la géométrie et
du chargement appliqué. Enfin, une première confrontation à des données expérimentales a
conduit à des résultats positifs sur un plan qualitatif.
Cette nouvelle approche a donc permis de remédier aux déficiences de la théorie de GRIFFITH
revisitée par FRANCFORT et MARIGO. Rappelons-en les principaux aspects.
- Il était nécessaire de remplacer la notion de minimum absolu par celle de minimum local
pour pouvoir traiter les problèmes à forces imposées.
- En retour, cela imposait de remplacer l’énergie de surface de Griffith par une énergie
fonction du saut de déplacement. On a effectivement montré ainsi, cf. Chapitre 2, qu’on
pouvait rendre compte de l’amorçage puisque la condition d’optimalité d’ordre 1 fournit un
critère en contrainte. Signalons au passage que cela interdit l’usage de modèles à forces
cohésives avec un comportement linéaire à l’origine.
- Par la même occasion cela règle la question des effets d’échelle néfastes présents dans la
théorie de Griffith, puisqu’en particulier le critère d’amorçage est un critère en contrainte,
intrinsèque au matériau, indépendant de la taille du domaine.
- Notons que cette approche est à la fois une approche globale et locale. Elle est globale
puisqu’on s’intéresse aux minima (relatifs) de toute la structure. Mais en retour, la forme de
l’énergie de surface fait que l’on obtient des conditions locales à respecter.
Formulation Energétique de la Rupture par des Modèles de Forces Cohésives.
A côté de ces améliorations, cette nouvelle formulation conserve les principaux avantages de
l’approche FRANCFORT - MARIGO. Du moins en principe. En effet, si l’on est capable d’envisager
tous les champs de déplacement et si l’on sait trouver l’optimal, alors, sans hypothèses a priori sur
le trajet spatial ou temporel des fissures, on peut suivre leur évolution avec le chargement.
Paradoxalement l’une des faiblesses de cette approche pourrait être sa souplesse. En effet, les
possibilités de choix de la forme de l’énergie de surface sont très nombreuses. Sur un plan
expérimental, si la dérivée en zéro et l’asymptote horizontale sont des valeurs facilement
accessibles, l’identification du reste de la courbe l’est moins.
De plus certaines questions restent ouvertes concernant le lien entre la théorie de Griffith et
l’approche avec énergie de Barenblatt. On peut se demander en particulier dans quelle mesure
cette dernière converge vers la théorie de Griffith quand la longueur caractéristique tend vers
zéro.
Pour finir, donnons d’autres idées d’applications des éléments de fissuration développés ici.
Il serait par exemple intéressant de coupler la modélisation de l’évolution de fissures par des
éléments de joint avec d’autres phénomènes dissipatifs tels que la plasticité.
148
CONCLUSIONS & PERSPECTIVES
Par ailleurs, des recherches industrielles (EDF R&D) sont d’ores et déjà en cours afin d’utiliser les
éléments en vue de modéliser des évolutions de fissures en dynamique.
Notons aussi qu’une approche de la modélisation de la fatigue par une formulation énergétique
semble donner des résultats intéressant d’un point de vue théorique (travaux de thèse en cours de
A. JAUBERT). Il serait donc judicieux d’utiliser nos modèles numériques pour tenter de reproduire
des propagations de fissures sous chargement cyclique.
Pour finir, un modèle ne saurait être fiable sans une validation expérimentale. Notons que les
résultats de simulations numériques sur la multifissuration d’un composite sont assez
encourageant. Cependant ils ne constituent qu’une première ébauche et devrons être affinés.
149
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155
Résumé
Formulation énergétique de la rupture par des modèles forces cohésives :
considérations théoriques et implantations numériques.
Les travaux présentés dans ce manuscrit s’appuient sur l’approche énergétique en mécanique de
la rupture fragile proposée par G. A. FRANCFORT et J.-J. MARIGO. Ils permettent de remédier aux
déficiences de cette dernière tout en gardant les principaux avantages. L’idée consiste à faire
dépendre l’énergie de surface du saut de déplacement entre les lèvres de la fissure (notion de
forces cohésives) et d’effectuer une recherche de minima relatifs de l’énergie totale.
Sur un plan théorique, on montre que l’on peut prédire l’initiation de fissures tridimensionnelles
dans un milieu sain en utilisant uniquement le principe de minimisation. Les critères d'amorçage
obtenus dépendent de la forme de l'énergie de surface. Sur un plan numérique on présente deux
modèles éléments finis permettant de suivre des évolutions de fissures bidimensionnelles dans
une direction donnée, ainsi que des résultats de simulations sur différents cas tests.
Mots clés : rupture, approche énergétique, forces cohésives, principe de minimisation, méthode
variationnelle, éléments finis, Griffith, Barenblatt.
Summary
Energetic approach of fracture mechanics with cohesive zone models :
Theoretical considerations and numerical simulations.
The present work relies on the energetic approach for brittle fracture proposed by G. A.
FRANCFORT and J.-J. MARIGO. Developments have been made to overcome some deficiencies in
this theory : the surface energy is now a function of the displacement jump between the cracks
lips (cohesive forces) and the mechanical fields are calculated by seeking the local minima of the
total energy.
We theoretically proved that it is possible to predict the onset of three-dimensional cracking in a
sound structure by using only the least energetic principle. The obtained yield criterion depends
on the choice of the surface energy. Besides, two numerical models have been developed to
predict a bi-dimensional crack evolution in a given direction. These types of brittle fracture
models are then tested numerically by using cohesive elements in several test cases.