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Classification des équations aux dérivées partielles;

méthode des caractéristiques pour les cas


hyperboliques

Grégoire Winckelmans
October 2, 2007

1 Introduction et terminologie
Soit une variable u (l’inconnue) dépendant de m variables indépendantes x1 , x2 , . . . , xm .
(Par exemple, pour l’espace physique qui nous entoure, les variables indépendantes sont
typiquement les trois coordonnées de l’espace, x, y, z, ainsi que le temps t.)
Toute relation entre u, xj (j = 1, . . . , m) et des dérivées partielles de u par rapport
aux xj ,
∂2u ∂2u ∂nu
à !
∂u
F u, x1 , . . . , ,..., 2, ,..., n,... = 0 , (1)
∂x1 ∂x1 ∂x1 ∂x2 ∂x1
constitue une équation aux dérivées partielles (en abrégé: une EDP).
Une EDP est dite d’ordre n quand la dérivée partielle d’ordre le plus élevé qu’elle
contient est d’ordre n.
Une EDP est dite linéaire quand elle l’est par rapport à u et à toutes ses dérivées
partielles. Par exemple, l’EDP linéaire du 2ème ordre et à deux variables indépendantes
x et y a la forme générale
∂2u ∂2u ∂2u ∂u ∂u
A + B + C + P + Q + Gu = F . (2)
∂x2 ∂x∂y ∂y 2 ∂x ∂y
où A, B, C, P , Q, G et F sont, au plus, fonctions de x et y.
Une EDP est dite quasi-linéaire quand elle l’est par rapport aux dérivées partielles
d’ordre le plus élevé en chacune des variables.
Une EDP est dite homogène quand elle ne contient que des termes faisant intervenir u
et ses dérivées partielles. Par exemple, dans le cas linéaire, L’EDP est homogène lorsque
F = 0.
La solution générale d’une EDP linéaire et non homogène (F 6= 0) est la somme
d’une solution particulière de l’EDP non homogène et de la solution générale de l’EDP
homogène.

Aussi basé, en partie, sur les notes du cours Introduction à la Physique Mathématique, par L. Bolle
et A. Laloux. Simulations numériques et figures associées réalisées par F. Thirifay. Figures schématiques
réalisées par G. Daeninck

1
Classification des EDP 2

Les EDP quasi-linéaires sont courantes en physique, et donc importantes. Elles sont,
en fait, fort proches des EDP linéaires. En particulier:

• Le concept de stabilité pour les schémas numériques peut encore être défini et utilisé.
En effet, la stabilité des schémas est dominée par les dérivées de plus haut ordre.

• Pour les EDP hyperboliques (voir plus loin), le concept de caractéristiques peut
encore être défini et utilisé.

Parfois, les EDP quasi-linéaires peuvent aussi être écrites sous forme conservative.
La solution d’une EDP, u = f (x1 , . . . , xm ), s’appelle aussi une intégrale ou encore une
surface intégrale de l’EDP.

1.1 Exemples

∂2u ∂2u
+ =0 (3)
∂x2 ∂y 2
est une EDP d’ordre 2, linéaire (même plus: à coefficients constants) et homogène.
∂u ∂u
x +y + xy u = 2 (4)
∂x ∂y
est une EDP d’ordre 1, linéaire et non homogène.
∂u ∂u
x +y + u2 = 2 (5)
∂x ∂y
est une EDP d’ordre 1, non linéaire (mais quasi-linéaire) et non homogène.

∂u ∂ 2 u ∂u ∂ 2 u
+ =0 (6)
∂y ∂x2 ∂x ∂y 2
est une EDP d’ordre 2, quasi-linéaire et homogène.
!2
∂u ∂ 2 u ∂u ∂ 2 u
Ã
∂u
2
+ + =0 (7)
∂y ∂x ∂x ∂x ∂y 2
est aussi une EDP d’ordre 2, quasi-linéaire et homogène.
!2
∂u ∂ 2 u
Ã
∂u
+ =0 (8)
∂x ∂x ∂y 2
n’est pas quasi-linéaire. En effet, elle est linéaire par rapport à sa dérivée partielle de
plus haut ordre en y, mais elle n’est pas linéaire par rapport à sa dérivée partielle de plus
haut ordre en x.
∂u ∂u
c
+ =0 (9)
∂x ∂t
avec c constant est une EDP d’ordre 1, linéaire (à coefficient constant) et homogène.
Classification des EDP 3

∂u ∂u
u + =0 (10)
∂x ∂t
est une EDP d’ordre 1, quasi-linéaire et homogène. C’est l’équation de Burgers (voir plus
loin). Elle peut aussi s’écrire sous la forme conservative:

u2
à !
∂ ∂u
+ =0. (11)
∂x 2 ∂t

Enfin, Ã !
∂ ∂u ∂u
α − =0 (12)
∂x ∂x ∂t
avec α = α(u) > 0 est une EDP d’ordre 2, quasi-linéaire et hompgène. C’est l’équation
de diffusion (voir plus loin) avec α le coefficient de diffusivité qui, ici, dépend de la valeur
locale de u. Sa forme développée est obtenue comme:
!2
∂ 2 u dα
Ã
∂u ∂u
α 2+ − =0, (13)
∂x du ∂x ∂t

ce qui est bien quasi-linéaire.


Classification des EDP 4

2 EDP du 1er ordre


Nous examinons ici les EDP du 1er ordre, à deux variables indépendantes (par exemple
x et y ou x et t), et ce dans un cadre général. Pour la théorie qui suit, on utilise les
variables x et y; il est clair qu’on peut tout aussi bien utiliser x et t.
l’EDP quasi-linéaire du 1er ordre et à deux variables indépendantes s’écrit, de la façon
la plus générale, comme:
∂u ∂u
P +Q =R (14)
∂x ∂y
où P , Q et R sont, au plus, fonctions de x, y et u. On peut toujours décomposer R sous
la forme R = F (x, y) + G(x, y, u). L’EDP est dite homogène lorsque F = 0. Le cas R = 0
est donc aussi homogène.
Quant à l’EDP linéaire du 1er ordre, sa forme générale est:
∂u ∂u
P +Q + Gu = F (15)
∂x ∂y
où P , Q, G et F sont, au plus, fonctions de x et y. L’EDP est homogène lorsque F = 0.
La forme explicite de la solution sera u = u(x, y). La forme implicite de la solution
sera une relation du type F(x, y, u) = 0. Quoi qu’il en soit, sa représentation géométrique
sera une surface dans l’espace (x, y, u): la surface intégrale de l’EDP.

2.1 Problème de Cauchy et méthode des caractéristiques


Soit u donné le long de la courbe paramétrisée Γ ≡ (x(s), y(s)) avec s le paramètre qui
décrit la courbe, voir Fig. 1: donc u(x(s), y(s)) = u(s) est une fonction donnée. La
question est: peut-on obtenir la solution u au voisinage de la courbe Γ? Si oui, on pourra
répéter la procédure en partant de la courbe voisine, etc., et donc obtenir (du moins en
principe!) la solution u(x, y) dans le domaine. C’est le problème de Cauchy.
Puisque u(s) est connu le long de Γ, du
ds
est aussi connu le long de Γ et on peut écrire:

∂u dx ∂u dy du
+ = . (16)
∂x ds ∂y ds ds
Il en résulte qu’on peut former, avec l’EDP elle-même, le système suivant:
∂u
à !à ! à !
P Q ∂x R
dx dy ∂u = du . (17)
ds ds ∂y ds

Tant que le déterminant ne s’annule pas, on peut résoudre ce système et donc obtenir,
le long de Γ, ∂u
∂x
et ∂u
∂y
. Cela permet alors de construire la solution u dans le voisinage
de la courbe Γ. En effet, pour toute direction locale (dx, dy) hors de la courbe et au
voisinage d’un point (x(s), y(s)) de la courbe, on a que
∂u ∂u
u(x + dx, y + dy) = u(x, y) + dx (x, y) + dy (x, y) . (18)
∂x ∂y
A noter que cette relation est exacte puisque dx et dy sont petits. On a donc obtenu u
hors de la courbe Γ et dans son voisinage immédiat. En répétant la procédure, on peut
Classification des EDP 5

Γ ≡ (x(s), y(s))

s
frag replacements
u(s)

caractéristique

0 x

Figure 1: Problème de Cauchy pour l’EDP du 1er ordre.

donc (du moins en principe) se propager petit pas par petit pas et obtenir la solution de
l’EDP de plus en plus loin de la courbe Γ.
Ceci, bien sûr, n’est pas très pratique. Et ceci ne fonctionne que si le déterminant ne
s’annule pas. Le problème de Cauchy est donc bien posé si la courbe Γ est telle que le
déterminant ne s’annule en aucun de ses points.
Pour la suite, on considère donc un problème bien posé. Considérons cette fois les
directions (dx, dy) non parallèles à Γ; la variation du qui y correspond est liée à dx et dy
par
∂u ∂u
dx + dy = du . (19)
∂x ∂y
Il en résulte qu’on peut former, avec l’EDP elle-même, le système:
∂u
à !à ! à !
P Q ∂x R
∂u = . (20)
dx dy ∂y du

Puisque que le problème est bien posé, il y a, en tout point de Γ, une direction locale
particulière (dx, dy) telle que le déterminant
¯ ¯
¯ P Q ¯
¯
¯ dx
¯
(21)
dy
¯ ¯
¯

s’annule. Cette direction est donc telle que dx et dy sont liés par la relation

P dy = Q dx . (22)

Cette direction est très importante car, on va le voir, très pratique; on l’appelle la direction
dy
caractéristique. La pente locale de la caractéristique est donc dx =Q P
ou dx
dy
=Q P
(choisir
l’un ou l’autre selon que P ou Q pourrait être nul localement, avec la condition que
Classification des EDP 6

P et Q ne s’annulent jamais ensemble). Pour la suite, nous considérons, sans perte de


généralité, que P est non nul et que Q est général (non nul ou nul). Le cas Q non nul et
P général se traite de la même manière.
Bien que le déterminant du système s’annule le long de cette direction particulière
(la direction caractéristique), le système est néanmoins encore “soluble” le long de cette
même caractéristique à condition que le déterminant formé en remplacant une des colonnes
de la matrice par le membre de droite s’annule également (cfr. résultats des cours
d’algèbre linéaire). Choisissons de remplacer la deuxième colonne; cela donne:
¯ ¯
¯ P R ¯
¯=0 (23)
¯ ¯
¯ dx du
¯
¯

et donc
P du = R dx . (24)
Cette relation de compatibilité constitue, en fait, la relation différentielle qui détermine
la variation du de la solution pour une variation dx le long de la caractéristique. Il
s’agit d’une équation différentielle ordinaire (EDO) du premier ordre: L’EDP de départ
est donc devenue une EDO le long de la courbe caractéristique! Ce qui constitue un
problème beaucoup plus simple! Ceci forme la base de la méthode des caractéristiques:
construire la solution en dehors de Γ en intégrant la relation caractéristique: l’EDO
valable le long de la caractéristique.
A noter que le cas R = 0 est particulier: cela donne du = 0 le long de la caractéristique;
la fonction u est donc conservée le long de la caractéristique (on appelle cela un invariant
de Riemann).
De manière équivalente, on aurait pu remplacer la première colonne; ce qui donne:
¯ ¯
¯ R Q ¯
¯=0 (25)
¯ ¯
¯ du dy
¯
¯

et donc
Q du = R dy , (26)
la relation différentielle qui détermine la variation du de la solution pour une variation dy
le long de la caractéristique. Attention, ceci n’est pas une autre EDO! En effet, puisque
Q dx = P dy, cette EDO est équivalente à la précédante, P du = R dx. On utilisera l’une
EDO ou l’autre selon ce qui est la plus simple à intégrer.
Comme moyen simple de retenir les relations ci-dessus, on écrit
dx dy du
= = , (27)
P Q R
ce qui correspond bien à deux relations et non trois. Attention, ceci n’est que pour
mémorisation! En effet, pour les calculs, il faut vraiment utiliser les relations de base,
et qui n’ont aucun problème lorsque P ou Q est nul: d’abord intégrer P dy = Q dx pour
déterminer les caractéristiques; ensuite intégrer P du = R dx ou bien Q du = R dy pour
déterminer la variation de u le long de chaque caractéristique.
Classification des EDP 7

Finalement, on obtient aussi facilement (exercice) que la relation différentielle qui


détermine la variation du de la solution pour une variation dl directement le long de la
caractéristique (avec donc dl 2 = dx2 + dy 2 ) est
q
P 2 + Q2 du = R dl . (28)

Clairement, les EDP du 1er ordre sont toutes telles que les caractéristiques existent
(on ne considère ici que les EDP avec P et Q réel; on ne considère donc pas les EDP
avec P ou Q complexe). Elles sont donc toute telles qu’on peut utiliser la méthode des
caractéristiques pour les résoudre. Comme on va le voir, la méthode des caractéristique
constitue d’ailleurs un outil puissant pour les résoudre.
En conséquence, toutes les EDP du 1er ordre sont dites à caractère hyperbolique. Nous
verrons plus loin, pour les EDP du 2ème ordre, que ce n’est pas le cas: celles-ci seront, soit
à caractère hyperbolique, soit à caractère parabolique, soit à caractère elliptique; certaines
auront même plusieurs caractères (e.g., EDP hyperbolique et parabolique).
Il est important d’insister sur le fait que les données u du problème de Cauchy ne
peuvent pas être fournies le long d’une caractéristique: la variation de u le long de
la caractéristique est déterminée par la relation caractéristique; on ne peut donc pas
l’imposer. Clairement, pour que le problème soit bien posé, direction caractéristique
et courbe Γ doivent, en tout point, être non-parallèles. Il est clair aussi que chaque
caractéristique ne peut intersecter la courbe Γ qu’une seule fois: en effet, on ne peut
imposer u en deux points reliés par une même caractéristique puisque c’est la relation
caractéristique qui détermine la relation entre ces deux points.

2.2 Exemples
2.2.1 EDP homogène et non-homogène
On considère d’abord une EDP pour un problème dans le plan (x, y). Soit l’EDP

∂u ∂u
y −x =R. (29)
∂x ∂y
On a donc P = y et Q = −x: les caractéristiques seront donc obtenues en intégrant
y dy = −x dx.
On considère, par exemple, un problème de Cauchy avec la courbe Γ définie par
x(s) = s (avec s > 0) et y(s) = 0. On y spécifie la fonction:

u(x(s), y(s)) = u(s, 0) = f (s) (30)

donné. Les caractéristiques sont alors obtenues par intégration:

y2 x2 s 2
à !
Z y Z x
0 0 0 0
y dy = − x dx ⇒ =− − (31)
0 s 2 2 2

et donc, finalement,
x2 + y 2 = s 2 . (32)
Classification des EDP 8

Les caractéristiques sont donc des cercles de rayon s. On vérifie que Γ est bien admissible:
elle est non-parallèle, en chacun de ses points, à la direction caractéristique locale et elle
ne coupe chaque caractéristique qu’une seule fois.
Considérons d’abord le cas homogène: R = 0. Comme du = 0 le long de chaque car-
actéristique, la function u est conservée le long de chaque caractéristique. L’intégration
donne effectivement que
Z u(x,y)
du0 = 0 ⇒ u(x, y) − u(s, 0) = 0 . (33)
u(s,0)

Pour tout point (x, y) du


√ plan, il suffit de suivre la caractéristique et de retrouver le s
2 2
qui lui correspond: s = x + y . La solution est donc finalement, exprimée en fonction
de x et de y, µq ¶
u(x, y) = u(s, 0) = f (s) = f x2 + y 2 . (34)

En particulier, on obtient que u(−x, 0) = u(x, 0). On vérifie bien qu’on ne peut pas
ici spécifier u(s, 0) pour les s négatifs: la courbe Γ croiserait alors deux fois la même
caractéristique, ce qui n’est pas autorisé.
Considérons ensuite un cas non-homogène: par exemple R = u0 xy/l2 (avec u0 con-
stant et de mêmes dimensions que u et l une constante de longueur). La relation car-
actéristique est alors (l’une ou l’autre équation pouvant être utilisée):
u0 u0
y du = xy dx ou − x du = xy dy (35)
l2 l2
c.-à-d.
u0 u0
du = x dx ou du = − y dy , (36)
l2 l2
et son intégration donne:
u0 Z x 0 0 u0 x 2 s 2 u0 y 2
" #
u(x, y) − u(s, 0) = 2 x dx = 2 − =− , (37)
l s l 2 2 2 l2
ou bien
u0 Z y 0 0 u0 y 2
u(x, y) − u(s, 0) = − 2 y dy = − (38)
l 0 2 l2
ce qui est bien la même chose. On a donc, finalement:
u0 y 2
µq ¶
u(x, y) = f x2 + y2 − (39)
2 l2
Considérons un autre cas non-homogène: R = u0 . La relation caractéristique est alors
(l’une ou l’autre équation pouvant être utilisée):
y du = u0 dx ou − x du = u0 dy . (40)
Intégrons en utilisant la première. Pour ce faire, il faut d’abord exprimer y en fonction
de x: √ils sont, en effet, liés puisqu’on est le long d’une caractéristique! Cela donne
y = ± s2 − x2 . Pour le cas y > 0, on prend le signe positif. La relation caractéristique
devient alors:
dx
du = u0 √ 2 . (41)
s − x2
Classification des EDP 9

Son intégration donne


x dx0 x
Z · µ ¶ ¸
u(x, y) − u(s, 0) = u0 √ = u 0 arcsin − arcsin(1) (42)
s s2 − x02 s
et donc, finalement:
" Ã ! #
x π
µq ¶
u(x, y) = f x2 + y 2 + u 0 arcsin √ 2 − . (43)
x + y2 2

Pour le cas y < 0, on prend le signe négatif:


dx
du = −u0 √ (44)
s2− x2
et donc, finalement:
" Ã ! #
x π
µq ¶
u(x, y) = f x2 + y2 − u0 arcsin √ 2 − . (45)
x + y2 2

2.2.2 Equation de transport


On considère ensuite un problème unidimensionel et qui dépend du temps: donc un
problème (x, t). L’exemple le plus classique est l’équation de transport (aussi appelée
équation de convection):
∂u ∂u
c + =0 (46)
∂x ∂t
c ayant la dimension physique d’une vitesse. On a donc que P = c, Q = 1 et R = 0.
Comme R = 0, cette EDP conserve u le long de chaque caractéristique. La direction
des caractéristiques est ici obtenue comme dx = c dt. En toute généralité, on aura que
c = c(x, t, u); dans le cas linéaire, on aura que c = c(x, t).
On considère un domaine ouvert (i.e. non borné) et le problème de Cauchy défini en
condition initiale: la courbe Γ est donc x(s) = s et t(s) = 0; elle est admissible car elle
est non-parallèle, en chacun de ses points, à la direction caractéristique et elle ne coupe
chaque caractéristique qu’une seule fois. On y spécifie la fonction:

u(x(s), t(s)) = u(s, 0) = f (s) (47)

donné.
On considère d’abord le cas c constant: il correspond à l’équation de convection
à vitesse constante. Dans ce cas, toutes les courbes caractéristiques sont des droites
parallèles, voir Fig. 2. En effet, l’intégration donne
Z x Z t
0
dx = c dt0 ⇒ x − s = ct , (48)
s 0

ce qui est bien un réseau de droites. La solution de l’EDP est obtenue comme

u(x, t) = f (s) = f (x − c t) . (49)


Classification des EDP 10

1
u 0.9

0.8

0.7

0.6

0.5

0.4

0.3 5

0.2 4
t
0.1 3

2
0
−5 1
0
5 0
10
x

2 /b2
Figure 2: Cas avec c = c0 (ici: c0 = 1). La condition initiale est u(s, 0) = u0 e−s (ici:
u0 = 1 et b = 1).

La fonction initiale est donc simplement transportée (convectée) à vitesse constante c,


voir Fig. 2. A noter que la solution est aussi obtenue pour des temps négatifs: u(x, t) est
ici obtenu pour tous les x et pour tous les temps.
Considérons aussi le taux de variation de u pour un observateur se déplacant selon
une loi xp (t) donnée. Ce qu’il perçoit comme variation de u sera
d ∂u dxp ∂u
u(xp (t), t) = + . (50)
dt ∂x dt ∂t
Comparons avec l’EDP: il apparaı̂t que si l’observateur se déplace exactement à la vitesse
c, il n’observera aucun changement de u: u demeure inchangé pour un observateur se
déplaçant le long d’une caractéristique.
Considérons l’exemple d’un train se déplaçant à vitesse c constante. Un observateur
qui ne se déplace pas (cp = dx dt
p
= 0; par exemple, un observateur dans le pré avoisinant
la voie ferrée) voit passer tout le train, et ce à la vitesse c: si il le filme avec une caméra,
il en aura toute l’histoire (depuis la locomotive jusqu’au dernier wagon). Par contre, un
observateur se déplaçant exactement à la vitesse du train (cp = dx dt
p
= c; par exemple, une
personne dans une voiture à vitesse c sur une route parallèle à la voie ferrée) voit toujours
la même partie du train: si il le filme, il aura toujours la même image. Si l’observateur
se déplace moins vite que le train (cp < c), il verra défiler le train à la vitesse c − cp : si il
le filme, il en aura toute l’histoire, mais au ralenti. Finalement, s’il se déplace plus vite
que le train (cp > c), il verra le train défiler, mais en sens inverse, à la vitesse c − cp < 0:
si il le filme, il en aura aussi toute l’histoire mais en sens inverse (depuis le dernier wagon
jusqu’à la locomotive). Tout ceci est évident mais néanmoins illustratif de la méthode
des caractéristiques appliquée à un tel problème. On reportera utilement tous les cas de
trajectoire d’observateur considérés ci-dessus dans un diagramme (x, t) et on comprendra
encore plus clairement le concept et la méthode des caractéristiques (exercice).
Classification des EDP 11

A noter aussi que, plutôt que de considérer, comme ci-dessus, un problème de Cauchy
défini en condition initiale, (x(s) = s, t(s) = 0 et u(s, 0) = f (s) donné), on peut tout aussi
bien considérer un problème de Cauchy défini en condition limite: x(s) = 0, t(s) = s
et u(0, s) = h(s) donné. Effectivement, ce problème est également bien posé puisque
l’axe du temps n’est pas confondu avec la direction des caractéristiques. L’équation des
caractéristiques est obtenue par intégration:
Z x Z t
dx0 = c dt0 ⇒ x = c(t − s) (51)
0 s

et donc aussi s = t − x/c. La solution de l’EDP est facilement obtenue

u(x, t) = h(s) = h(t − x/c) . (52)

Ici aussi, la solution est aussi obtenue pour des x négatifs: u(x, t) est ici obtenu pour
tous les x et pour tous les temps t.
Pour le cas c > 0, on peut aussi considérer un problème de Cauchy avec condition
initiale et sur un domaine borné à gauche. Il faut alors fournir la condition initiale pour
tous les points du domaine (u(s, 0) = f (s) donné pour s > 0) ainsi que la condition à
la limite, sur le bord du domaine pour tous les temps futurs (u(0, s) = h(s) donné pour
s > 0. La solution est alors aussi obtenue en utilisant le diagramme (x, t) et la méthode
des caractéristiques (exercice).
Et que se passse-t-il si on considère la frontière x = L? l’information sort simplement
du domaine sur cette frontière; on ne peut imposer aucune condition sur cette frontière:
u(L, t) est complètement déterminé par ce qui vient de la gauche!
Les cas c = c(x, t) sont aussi intéressants et facilement intégrables. Considérons
d’abord le cas c = c(x): du transport dans un milieu non-homogène. Les courbes car-
actéristiques sont alors obtenues par intégration de dx = c(x) dt. On considère, de
nouveau, un problème de Cauchy défini en condition initiale (x(s) = s, t(s) = 0 et
u(s, 0) = f (s) donné). Définissant la primitive
Z x dx0
I(x) = , (53)
c(x0 )
l’équation des caractéristiques est alors obtenue sous la forme:

I(x) − I(s) = t , (54)

ce qui constitue une relation implicite qui définit le réseau des caractéristiques.
A titre d’exemple, considérons le cas c(x) = x/τ , avec τ une constante de temps. Les
caractéristiques sont alors obtenues par intégration de
Z x dx0 Z t dt0
= , (55)
s x0 0 τ

ce qui donne
x t
µ ¶
= .
log (56)
s τ
Ce résultat est aussi facilement inversible. On obtient

x = s et/τ . (57)
Classification des EDP 12

1
u 0.9

0.8

0.7

0.6

0.5

0.4

0.3 5

0.2 4
t
0.1 3

2
0
−20 −15 1
−10 −5 0 5 10 15 0
20
x

2 /b2
Figure 3: Cas avec c = x/τ (ici: τ = 4). La condition initiale est u(s, 0) = u 0 e−s (ici:
u0 = 1 et b = 1).

et donc l’origine s de la caractéristique passant par le point x au temps t est

s = x e−t/τ . (58)

Les caractéristiques sont donc des courbes exponentielles, voir Fig. 3. La solution de
l’EDP homogène (R = 0) pour le problème défini en condition initiale est donc:
³ ´
u(x, t) = f (s) = f x e−t/τ , (59)

On constate aussi que la fonction se déforme: son intégrale n’est pas conservée!
Considérons ensuite le cas c = c(t). Les courbes caractéristiques sont alors obtenues
par intégration de dx = c(t) dt. Ce sont des courbes parallèles. En effet, définissant la
primitive Z t
H(t) = c(t0 ) dt0 , (60)
l’équation des caractéristiques est obtenue sous la forme:

x − s = H(t) − H(0) . (61)

A titre d’exemple, considérons le cas c(t) = l/(t + τ ). Les caractéristiques sont obtenues
par intégration de
Z x
dx Z t dt0
= , (62)
s l 0 t0 + τ

ce qui donne
(x − s) t+τ
µ ¶
= log , (63)
l τ
Classification des EDP 13

1
u 0.9

0.8

0.7

0.6

0.5

0.4

0.3 5

0.2 4
t
0.1 3

2
0
−5 −4 1
−3 −2 −1 0 1 2 3 4 5 0
6 7
x

Figure 4: Cas avec c = l/(t + τ ) (ici: l = 1 et τ = 1). La condition initiale est


2 2
u(s, 0) = u0 e−s /b (ici: u0 = 1 et b = 1).

et donc
s = x − l log(1 + t/τ ) . (64)
La solution de l’EDP homogène pour le problème défini en condition initiale est obtenue
comme
u(x, t) = f (s) = f (x − l log(1 + t/τ )) , (65)
voir Fig. 4. On voit que la fonction ne se déforme pas, mais qu’elle se déplace à vitesse
non constante.

2.2.3 Equation de transport sous forme conservative


Une autre classe intéressante est l’équation de transport écrite sous forme conservative:
∂ ∂u
(c u) + =0, (66)
∂x ∂t
avec, en toute généralité, c = c(x, t, u).
Avant de procéder plus avant, remarquons que, pour les cas c constant et c = c(t), il
n’y a aucune différence avec le cas précédent,
∂u ∂u
c + =0. (67)
∂x ∂t
Il n’en est cependant pas de même pour les autres cas!
On considère, de nouveau, le problème de Cauchy défini en condition intiale. On
considère, soit un domaine non borné (i.e., ouvert, avec u → 0 lorsque x → ±∞), soit
un domaine périodique de période L (u(x, t) = u(x + L, t)).
Classification des EDP 14

L’équation sous forme conservative est telle que l’intégrale de u est conservée. En
effet, en intégrant l’EDP et en supposant que la fonction u(x, t) demeure continue (on
verra plus tard ce qu’il en est pour le cas avec discontinuité), on obtient que
à !
d Zb Z b
∂u Z b

u dx = dx = − (c u) dx = − [c u]ba = 0 (68)
dt a a ∂t a ∂x

où a = −∞ et b = ∞ pour un domaine non borné, et a = 0, b = L pour un domaine


périodique. C’est donc souvent ce type d’équation qu’on rencontre en physique: en effet,
la plupart des phénomènes physiques de transport sont tels que la quantité globale de u
(i.e., son intégrale) est conservée.
Il est clair, par contre, que u n’est plus conservé le long des caractéristiques. En effet,
la forme développée de l’EDP est:
∂u ∂u ∂c
c + =− u. (69)
∂x ∂t ∂x
Le long des caractéristiques (obtenues par intégration de dx = c dt), la variation de u est
∂c ∂c
donc régie par du = −u ∂x dt ou, de façon équivalente, par c du = −u ∂x dx.
On considère le cas de transport au travers d’un milieu non-homogène: c = c(x). Le
dx
réseau des caractéristiques est alors obtenu par intégration de c(x) = dt: idem qu’à la
section précédente. Pour la variation de u le long de chaque caractéristique, on obtient
du dc dx dc
=− =− ⇔ d(cu) = 0 . (70)
u dx c c
On constate donc que c’est cu qui est conservé le long de chaque caractéristique! L’intégration
donne à ! à !
u(x, t) c(x)
log = log ⇔ c(x) u(x, t) = c(s) u(s, 0) (71)
u(s, 0) c(s)
et donc, finalement,
c(s) c(s)
u(x, t) = u(s, 0) = f (s) . (72)
c(x) c(x)
Pour terminer, il reste simplement à exprimer s en fonction de x et de t: pour ce faire,
on utilise l’équation des caractéristiques.
Une autre façon, tout aussi simple, d’obtenir ce résultat est de multiplier l’EDP par
c(x). La fonction v définie par v(x, t) ≡ c(x) u(x, t) satisfait alors l’EDP
∂v ∂v
c + =0. (73)
∂x ∂t
On a donc que v = cu est conservé le long des caractéristiques:
v(x, t) = v(s, 0) ⇔ c(x) u(x, t) = c(s) u(s, 0) = c(s) f (s) (74)
ce qui correspond bien au même résultat que ci-dessus.
Finalement, on note aussi que l’EDP en forme conservative et avec c = c(x) ne
conserve pas l’énergie (i.e., l’intégrale ab u2 /2 dx). On obtient (exercice):
R

d Z b u2 dc u2
à ! Z b
dx = − dx . (75)
dt a 2 a dx 2
Classification des EDP 15

1
u 0.9

0.8

0.7

0.6

0.5

0.4

0.3 5

0.2 4
t
0.1 3

2
0
−20 −15 1
−10 −5 0 5 10 15 0
20
x

Figure 5: Cas conservatif avec c = x/τ (ici: τ = 4). La condition initiale est u(s, 0) =
2 2
u0 e−s /b (ici: u0 = 1 et b = 1)

On vérifie par contre (exercice) que ab c(x) u2 /2 dx est conservé.


R

A titre d’exemple, considérons de nouveau le cas avec c(x) = x/τ . L’équation des
caractéristiques a déjà été obtenue: s = x e−t/τ . On obtient donc

s x e−t/τ ³ −t/τ ´
v(x, t) = f (s) = f xe (76)
τ τ
et, finalement,
v(x, t) ³ ´
u(x, t) = = e−t/τ f x e−t/τ . (77)
c(x)
On vérifie aisément que la solution conserve effectivement l’intégrale de u:
Z ∞ Z ∞ ³ ´ Z ∞
−t/τ −t/τ
u dx = f xe e dx = f (s) ds . (78)
−∞ −∞ −∞

Un autre exemple correspond au cas d’un milieu non-homogène avec un puit de vitesse:

(cmax − cmin ) (cmin + cmax x2 /a2 )


c(x) = cmax − = . (79)
(1 + x2 /a2 ) (1 + x2 /a2 )

On obtient le réseau des caractéristiques sous la forme I(x)−I(s) = t, relation (implicite,


donc à résoudre numériquement!) qui permet d’obtenir, pour tout x et t, l’origine s
correspondante et donc de construire le réseau des caractéristiques, voir Fig. 6. Le cas
d’une fonction gaussienne passant au travers du puit de vitesse et “ressortant” de l’autre
côté est illustré à la Fig. 7: la fonction conserve bien son intégrale; de plus, elle ressort
ici inchangée.
Classification des EDP 16

120

t
100

80

60

40

20

0
−80 −60 −40 −20 0 20 40 60
x

Figure 6: Cas conservatif avec puit de vitesse. Réseau des caractéristiques (ici c min = 1/4,
cmax = 1 et a = 10).

4
u 3.5

2.5

1.5

0.5
100
t
0 50
−60 −40 −20 0 20 40 0
60
x

Figure 7: Cas conservatif avec puit de vitesse. La condition initiale est u(s, 0) =
2 2
u0 e−(s−sc ) /b (ici u0 = 1, sc = −40 et b = 5).
Classification des EDP 17

2.2.4 Equation de tranport: cas non-linéaire


Les cas non-linéaires sont ceux pour lesquels c dépend de u. Une sous-classe intéressante
est c = c(u). En forme non conservative, cela donne

∂u ∂u
c(u) + =0. (80)
∂x ∂t
Considérons, de nouveau, un problème de Cauchy défini en condition initiale (x(s) = s,
t(s) = 0, u(s, 0) = f (s) donné). Les caractéristiques sont donc obtenues par intégration
de
dx = c(u(x, t)) dt (81)
Cela paraı̂t compliqué... Mais ça ne l’est pas. En effet, puisque u est conservé le long de
chaque caractéristique (car l’EDP est homogène), il résulte que c = c(u) est aussi conservé
le long de chaque caractéristique. Il en ressort que les caractéristiques sont des droites!
Ce sont simplement des droites dont la pente dépend de la valeur de u(s, 0) = f (s) donné
initialement.
Une différence notoire avec le cas des l’EDP linéaires est que le réseau des car-
actéristiques dépend ici de la condition initiale du problème: à chaque u(s, 0) = f (s)
donné correspondra un réseau particulier de caractéristiques.
A noter que la forme
Ru
conservative de l’EDP est aussi facilement obtenue. Définissant
la primitive g(u) = c(u0 ) du0 , on obtient

∂ ∂u
(g(u)) + =0. (82)
∂x ∂t
Il y a, en fait, deux types de zone: 1) Les zones dites d’expansion: ce sont les zones
avec c fonction croissante de x; elles sont donc telles que la pente de la caractéristique en
x + dx est plus grande que celle en x: les caractéristiques ne se croisent pas et la solution
est régulière: la fonction subit une expansion. 2) Les zones dites de compression: ce
sont les zones avec c fonction décroissante de x; elles sont donc telles que la pente de la
caractéristique en x + dx est plus petite que celle en x: les caractéristiques se croisent.
La fonction subit une compression. Après un certain temps fini, la solution deviendra
discontinue: l’onde de compression est alors appelée onde de discontinuité (ou onde de
choc). On consultera aussi utilement, pour de plus amples informations, le livre de R.
Haberman, Elementary Applied Partiel Differential Equations, aux pages 546 à 562.
Pour la suite, on considère le cas le plus “classique” de ce type d’équation: l’équation
de Burgers. Elle correspond à c(u) = u (la fonction u a donc ici aussi les dimensions
d’une vitesse!):
∂u ∂u
u + =0, (83)
∂x ∂t
ou, de façon équivalente,
∂ u2
à !
∂u
+ =0. (84)
∂x 2 ∂t
On considère soit un domaine non borné (a = −∞ et b = ∞), soit un domaine périodique
(a = 0, b = L). On considère aussi un problème de Cauchy défini en condition initiale:
u(s, 0) = f (s) donné.
Classification des EDP 18

En l’absence de discontinuité, on a conservation de l’intégrale de u. En effet,


" #b
∂ u2 u2
à ! à !
d Zb Z b
∂u Z b
u dx = dx = − dx = − =0. (85)
dt a a ∂t a ∂x 2 2 a

On a aussi conservation de l’énergie: l’intégrale de u2 /2. En effet, en multipliant l’EDP


par u, on obtient:
∂u ∂u
u2 +u =0, (86)
∂x ∂t
et donc
∂ u3 ∂ u2
à ! à !
+ =0, (87)
∂x 3 ∂t 2
et donc:
" #b
d Z b u2 ∂ u2 ∂ u3 u3
à ! Z b à ! Z b à !
dx = dx = − dx = − =0. (88)
dt a 2 a ∂t 2 a ∂x 3 3 a

Qu’en est-il lorsque la fonction devient discontinue? On examinera cela plus loin.
Les caractéristiques de l’équation de Burgers sont obtenues à partir de dx = u(x, t) dt.
De plus, on a que u est conservé le long de chaque caractérique: u(x, t) = u(s, 0) = f (s).
Il résulte donc que dx = f (s) dt. L’intégration donne alors le réseau des caractéristiques:
Z x Z t
0
dx = f (s) dt0 ⇒ x − s = f (s) t . (89)
s 0

Ce sont bien des droites.


La solution de l’équation de Burgers est donc finalement obtenue: u(x, t) = f (s) avec s
correspondant à la caractéristique passant par (x, t) (et obtenue à partir de x = s+f (s) t:
une relation implicite à résoudre, soit numériquement soit graphiquement).
On notera aussi que la solution peut s’écrire sous la forme: u(x, t) = f (x − u(x, t) t)
(une relation implicite qu’il faut aussi résoudre par voie numérique). On vérifie effective-
ment, par introduction directe dans l’EDP et utilisation des dérivées en chaı̂ne, que cette
solution satisfait effectivement l’équation de Burgers (exercice).
Le cas d’un problème de Cauchy correspondant initialement à une fonction gaussienne
est présenté aux Figs. 8 et 9: réseau des caractéristiques et solution. On y constate
effectivement l’apparition d’une discontinuité. Le temps critique, t∗ , pour l’apparition
de la discontinuité correspond au minimum de −1/(df /ds). En effet, l’équation de la
caractéristique émanant d’un point s est

x = s + f (s) t . (90)

L’équation de la caractéristique émanant du point voisin, s+ds (donc infiniment proche),


est
df
x = s + ds + f (s + ds) t = s + ds + f (s) t + ds (s) t . (91)
ds
Dans la zone de compression, ces caractéristiques se croisent lorsque x est le même, ce
qui donne:
df
s + f (s) t = s + ds + f (s) t + ds (s) t , (92)
ds
Classification des EDP 19

10

t 9

0
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
x

Figure 8: Equation de Burgers. Réseau des caractéristiques pour la condition initiale


2 2
u(s, 0) = u0 e−s /b (ici: u0 =q1 et b = 1). Trajectoire de la discontinuité en train épais;
le temps critique est ici t∗ = e/2 = 1.1658 .

1
u 0.9

0.8

0.7

0.6

0.5

0.4

0.3 10

0.2 8
t
0.1 6

4
0
−5 −4 2
−3 −2 −1 0 1 2 0
3 4 5
x

Figure 9: Solution de l’équation de Burgers.


Classification des EDP 20

1.8

1.6

1.4

1.2

0.8

0.6

0.4

0.2
0 1.1658 2 4 6 8 10
t

Figure 10: Equation de Burgers: évolution de l’intégrale de u et de l’intégrale de u 2 /2.

et donc à !
df
0 = ds 1 + (s) t . (93)
ds
Le temps de croisement de deux caractéristiques voisines est donc fini! Il correspond à
df
t = −1/ ds . Le temps critique pour l’apparition de la discontinuité correspond simplement
df
au plus petit des temps de croisement possible, donc au minimum de −1/ ds . Cette
2
d f
fonction est minimum lorsque ds2 s’annule. En effet,

1 d2 f
à !
d 1
− df = ³ ´2 2 . (94)
ds ds
df ds
ds

Dans le cas avec discontinuité, on définit les valeurs de u à gauche et à droite de la


discontinuité comme ug et ud (avec, bien sûr, ug > ud ). On montre aussi (voir livre de
Haberman) que la discontinuité xc (t) se déplace à la vitesse moyenne: dx dt
c
= 21 (ug + ud ).
La pente de la trajectoire de la discontinuité dans le diagramme (x, t) est donc la moyenne
entre la pente de la caractéristique de gauche, dxdt
= ug , et la pente de la caractéristique
de droite, dx
dt
= u d , voir Fig. 8. Le cas u d = −u g correspond au cas d’une discontinuité
stationnaire.
Pour examiner les lois de conservation, on doit tenir compte du fait que la fonction est
discontinue et que la discontinuité se déplace: on doit donc utiliser la règle de Leibnitz
pour la dérivation des intégrales. On obtient alors, pour l’intégrale de la fonction:
à !
d Z xc (t) Z b Z xc
∂u dxc Z b ∂u dxc
u dx + u dx = dx + ug + dx − ud
dt a xc (t) a ∂t dt xc ∂t dt
2 2
à ! à !
Z xc
∂ u Z b
∂ u dxc
= − dx − dx + (ug − ud )
a ∂x 2 xc ∂x 2 dt
Classification des EDP 21
# xc #b
u2 u2
" "
(ug + ud )
= − − + (ug − ud )
2 a
2 xc
2
³ ´ ³ ´
u2g − u2d u2g − u2d
= − +
2 2
= 0. (95)
Donc, même en présence d’une discontinuité, l’intégrale de la fonction est conservée: on
le voit aussi sur la Fig. 10.
Quant à l’énergie, elle décroı̂t. En effet, on obtient:
d Z xc (t) u2 u2 ∂ u2 u2g dxc Z b ∂ u2 u2 dxc
à Z b ! Z xc à ! à !
dx + dx = dx + + dx − d
dt a 2 xc (t) 2 a ∂t 2 2 dt xc ∂t 2 2 dt
³ ´
u3 u3 u2g − u2d dxc
à ! à !
Z xc ∂ Z b ∂
= − dx − dx +
a ∂x 3 xc ∂x 3 2 dt
# xc #b ³ ´
u3 u3 u2g − u2d (ug + ud )
" "
= − − +
3 a
3 xc
2 2
³ ´ ³ ´
u3g − u3d
u2g − u2d (ug + ud )
= − +
3 2 2
(ug − ud ) ³ 2 ´ (ug − ud )
= − ug + ug ud + u2d + (ug + ud )2
3 4
(ug − ud ) h ³ 2 ´ ³ ´i
= − 4 ug + ug ud + u2d − 3 u2g + 2ug ud + u2d
12
(ug − ud ) ³ 2 ´
= − ug − 2ug ud + u2d
12
(ug − ud )3
= − <0. (96)
12
Donc, en présence d’une discontinuité, l’énergie diminue, et ce à un taux qui est déterminé
par les valeurs de u de part et d’autre de la discontinuité, voir Fig. 10.
En résumé: tant qu’il n’y a pas de discontinuité, l’énergie est conservé et le problème
de Burgers est réversible: on peut retourner en arrière dans le temps! Dès qu’il y a
discontinuité, il y a dissipation d’énergie et le problème n’est plus réversible.
Tout ceci est profond de sens. En effet, même si l’équation de Burgers n’est qu’une
équation non-linéaire modèle, elle est représentative de ce qui se passe pour de vrais
systèmes physiques non-linéaires. Par exemple, si on considère la dynamique des écoulements
compressibles de fluides parfaits (i.e., sans viscosité et sans conductibilité thermique: ce
qu’on appelle les équations d’Euler de la dynamique des gaz), on obtient ceci: tant qu’il
n’y a pas de discontinuité, tout est réversible: la quantité de mouvement et l’énergie sont
conservés; dès qu’il y a une discontinuité (ce qu’on appelle une “onde de choc”), il a perte
de réversibilité: la quantité de mouvement est encore conservée mais l’énergie décroı̂t.

2.3 Discussion sur les conditions aux limites


Considérons à nouveau l’équation de transport, mais sur un domaine borné: 0 ≤ s. Peut-
on imposer la fonction u en 0? Cela dépend, en fait, de la pente de la caractéristique
Classification des EDP 22

locale. Si la caractéristique est sortante (i.e., que dx/dt < 0), l’information vient de la
droite: la fonction u se déplace de la droite vers la gauche; on ne peut donc pas l’imposer:
sa valeur est déterminée par l’intérieur du domaine. Si la caractéristique est entrante (i.e.,
que dx/dt > 0), l’information vient de la gauche: la fonction u se déplace de la gauche
vers la droite; on doit donc l’imposer: sa valeur est déterminée par l’extérieur du domaine,
donc par la condition que u(0, t) = h(t) donné pour t > 0. C’est effectivement ce qu’on
a déjà fait précédemment.
Tous les autres cas sont similaires: il suffit d’examiner la direction relative de la
caractéristique locale par rapport à une frontière pour savoir si on ne peut pas ou bien
si on doit imposer la fonction u en ce point de la frontière.
Classification des EDP 23

y
Γ ≡ (x(s), y(s))
2
frag replacements 1
s

∂φ
φ(s), ∂n (s)

caractéristiques
0 x

Figure 11: Probléme de Cauchy pour l’EDP du 2ème ordre.

3 EDP du 2ème ordre


Considérons L’EDP quasi-linéaire la plus générale du 2ème ordre et à deux variables
indépendantes, x et y. Elle est de la forme:

∂2φ ∂2φ ∂2φ


A + B + C =R (97)
∂x2 ∂x∂y ∂y 2

où A, B, C et R sont, au plus, fonctions de x, y, φ, ∂φ


∂x
et ∂φ
∂y
. Cette EDP est effectivement
quasi-linéaire puisqu’elle est linéaire par rapport aux dérivées de plus haut ordre. On
peut toujours décomposer R sous la forme R = F + G, avec F fonction, au plus, de x et
y. L’EDP est homogène lorsque F = 0. Le cas R = 0 est donc aussi homogène.
Quant à l’EDP linéaire du 2ème ordre et à deux variables indépendantes, sa forme
générale est:

∂2φ ∂2φ ∂2φ ∂φ ∂φ


A 2
+ B + C 2
+P +Q + Gφ = F . (98)
∂x ∂x∂y ∂y ∂x ∂y
où A, B, C, P , Q, G et F sont, au plus, fonctions de x et y. L’EDP est homogène lorsque
F = 0.

3.1 Problème de Cauchy et méthode des caractéristiques


∂φ
Soit une EDP du 2ème ordre, linéaire ou quasi-linéaire. Supposons que φ(s) et ∂n (s) sont
donnés le long de la courbe paramétrisée Γ ≡ (x(s), y(s)), avec n(s) la direction normale
à la courbe, voir Fig. 11. Peut-on obtenir la solution u au voisinage de la courbe Γ? Si
oui, on pourra répéter la procédure en partant de la courbe voisine, etc., et donc obtenir
(du moins en principe) la solution φ(x, y) dans le domaine. C’est le problème de Cauchy.
Classification des EDP 24
³ ´
∂φ ∂φ
Puisque φ(s) est connu, ∂s
(s) l’est aussi. Autrement dit, φ(s) et ∇φ(s) = ∂x
(s), ∂φ
∂y
(s)
³ ´ ³ ´
d ∂φ d ∂φ
sont connus le long de Γ. Donc, ds ∂x
et ds ∂y
sont aussi connus le long de Γ. On
peut donc écrire:
à ! à ! à !
∂ ∂φ dx ∂ ∂φ dy d ∂φ
+ = , (99)
∂x ∂x ds ∂y ∂x ds ds ∂x
à ! à ! à !
∂ ∂φ dx ∂ ∂φ dy d ∂φ
+ = . (100)
∂x ∂y ds ∂y ∂y ds ds ∂y
∂2φ ∂2φ
Il en résulte, avec l’EDP, et puisque ∂y∂x
= ∂x∂y
, le système:
 ∂2φ
 
³R ´ 

A B C

∂x2
dx dy  ∂2φ   d ∂φ

 ds ds
0 
 ∂x∂y
=
  ds ³ ∂x ´  .
 (101)
dx dy ∂2φ d ∂φ
0 ds ds ds ∂y
∂y 2

Tant que le déterminant ne s’annule pas, on peut résoudre ce système et donc obtenir,
2 ∂2φ 2
le long de Γ, ∂∂xφ2 , ∂x∂y et ∂∂yφ2 . Cela permet d’obtenir φ, ∂φ
∂x
et ∂φ
∂y
dans le voisinage de la
courbe Γ. On utilise, pour ce faire, les relations différentielles:
∂φ ∂φ
φ(x + dx, y + dy) = φ(x, y) + dx (x, y) + dy (x, y) , (102)
∂x ∂y
à ! à !
∂φ ∂φ ∂ ∂φ ∂ ∂φ
(x + dx, y + dy) = (x, y) + dx (x, y) + dy (x, y) , (103)
∂x ∂x ∂x ∂x ∂y ∂x
et
à ! à !
∂φ ∂φ ∂ ∂φ ∂ ∂φ
(x + dx, y + dy) = (x, y) + dx (x, y) + dy (x, y) . (104)
∂y ∂y ∂x ∂y ∂y ∂y

On peut ainsi se propager hors de la courbe Γ et donc construire la solution de l’EDP.


Ceci, bien sûr, ne fonctionne que si le déterminant ne s’annule pas. Le problème n’est
donc bien posé que si la courbe Γ est telle que le déterminant ne s’annule en aucun de
ses points.
Pour la suite, on considère donc un problème bien posé. Considérons cette fois des
directions (dx, dy) non parallèles à Γ. Considérant l’EDP et les variations de ∂φ
∂x
et de ∂φ
∂y
,
à ! à ! à !
∂ ∂φ ∂ ∂φ ∂φ
dx + dy = d , (105)
∂x ∂x ∂y ∂x ∂x
à ! à ! à !
∂ ∂φ ∂ ∂φ ∂φ
dx + dy = d . (106)
∂x ∂y ∂y ∂y ∂y

on obtient le système
 ∂2φ
 
R ´
 
A B C ∂x2 ³
 ∂2φ  =  d ∂φ  .
  
 dx dy 0   (107)

 ∂x∂y   ³ ∂x ´ 
0 dx dy ∂2φ ∂φ
∂y 2
d ∂y
Classification des EDP 25

On trouve alors, en tout point de Γ, deux directions particulières (dx, dy) telles que le
déterminant ¯ ¯
¯ A B C ¯
¯ ¯
¯ dx dy 0 ¯ (108)
¯ ¯
¯ 0 dx dy ¯
¯ ¯

s’annule. Ces directions caractéristiques sont donc obtenues comme les racines de

A dy 2 − B dy dx + C dx2 = 0 , (109)

que l’on écrit aussi comme


à !2
dy dy
A −B +C =0 (110)
dx dx

ou bien comme (choisir selon que A ou C serait éventuellement nul)


à !2
dx dx
C −B +A=0. (111)
dy dy

L’EDP est dite hyperbolique lorsque cette quadratique a effectivement deux racines réelles
distinctes: on a donc deux directions caractéristiques distinctes. La condition d’hyperbolicité
est donc que B 2 − 4A C > 0. L’EDP est dite parabolique lorsqu’il y a une seule racine:
cas où B 2 − 4A C = 0. Finalement, L’EDP est dite elliptique lorsqu’il n’y a pas de racine
rélle (les racines sont complexes): cas où B 2 − 4A C < 0.
On considère ici, pour la suite, le cas d’une EDP hyperbolique. On peut alors réduire
l’EDP à deux EDO (une EDO le long de chaque caractéristique) et donc utiliser une
méthode des caractéristiques. En effet, bien que le déterminant du systéme s’annule le
long des caractéristiques, le système est encore “soluble” le long de ces caractéristiques
à condition que le déterminant formé en remplacant une des colonnes de la matrice
par le membre de droite s’annule également (cfr. résultats des cours d’algèbre linéaire).
Choisissons de remplacer la colonne du milieu; cela donne:
¯ ¯
¯ A
³R ´ C ¯¯
¯
¯
¯ dx ∂φ
d ∂x 0 ¯¯ = 0 .
¯
¯ ³ ´ (112)
¯ 0 ∂φ
d dy ¯
¯ ¯
∂y

Cela donne à ! à !
∂φ ∂φ
Ad dy + C d dx = R dy dx . (113)
∂x ∂y
Ces relations différentielles (il y en a une pour chaque caractéristique!) constituent les
EDO qui déterminent les variations de ∂φ ∂x
et de ∂φ
∂y
le long des caractéristiques. On peut
donc développer une méthode des caractéristiques pour construire la solution en dehors
de la courbe Γ. Le long de la caractéristique (dx1 , dy1 ), la relation de compatibilité est
à ! à !
∂φ ∂φ
Ad dy1 + C d dx1 = R dy1 dx1 . (114)
∂x ∂y
Classification des EDP 26

y
p3
frag replacements Γ ≡ (x(s), y(s))

p1 p2
s
1
2

0 x

Figure 12: Méthode des caractéristiques pour EDP hyperbolique du 2ème ordre.

Le long de la caractéristique (dx2 , dy2 ), elle est


à ! à !
∂φ ∂φ
Ad dy2 + C d dx2 = R dy2 dx2 . (115)
∂x ∂y

Partant de deux points distincts p1 et p2 (voir Fig. 12), on peut intégrer ces relations
et obtenir ∂φ
∂x
et ∂φ
∂y
en p3 . La valeur de φ en p3 est alors obtenue à partir de la relation
∂φ ∂φ
dφ = ∂x dx + ∂y dy.

3.2 Exemple d’EDP hyperbolique


L’exemple le plus classique d’EDP hyperbolique est l’équation d’onde:

∂2φ ∂2φ
c2 − 2 =0 (116)
∂x2 ∂t
avec c constant (qui a les dimensions d’une vitesse). C’est donc un problème unidimen-
sionel et qui dépend du temps: un problème (x, t).
On a donc A = c2 , B = 0 et C = −1, ce qui donne B 2 − 4A C = 4c2 > 0. Les
directions caractéristiques (dx, dt) sont les solutions de dx2 = c2 dt2 . Les racines sont
effectivement réelles et distinctes: dx
dt
= c et dx
dt
= −c. L’EDP est bien hyperbolique. De
plus, comme c est ici constant, les caractéristiques forment un réseau régulier de droites
, voir Fig. 13.
On considère d’abord le problème aux conditions initiales et en domaine non borné
ou périodique. Les caractéristiques émanant d’un point s de Γ ont comme équation
x − ct = s et x + ct = s. Le problème est bien posé puisque Γ est non parallèle au réseau
des caractéristiques. On doit y spécifier φ(s, 0) = f (s) et ∂φ
∂t
(s, 0) = g(s).
Classification des EDP 27

frag replacements
φ(0, t) = h(t)
ou
∂φ
∂x (0, t) = h(t)

p3

0 p1 p2 x
∂φ
φ(s, 0) = f (s) et ∂t (s, 0) = g(s)
Figure 13: Equation d’onde et méthode des caractéristiques.

La relation différentielle de compatibilité (relation caractéristique) est obtenue à partir


de ¯ 2 ¯
¯ c 0 ´ −1 ¯¯
¯ ³
¯ dx d ∂φ 0 ¯¯ = 0 ,
¯ ¯
¯ ³ ∂x ´ (117)
¯ 0 d ∂φ dt ¯
¯ ¯
∂t

soit à ! à !
2 ∂φ ∂φ
c d dt − d dx = 0; . (118)
∂x ∂t
³ ´ ³ ´
∂φ
On a donc, le long de la caractéristique dx
dt
= c, que c d ∂x ´
− d ∂φ
∂t
= 0. Ceci peut
³
∂φ ∂φ
s’écrire sous la forme d’une différentielle exacte: d c Il en résulte que
∂x
− ∂t
= 0.
c ∂φ
∂x
− ∂φ
∂t
est conservé le long de cette caractéristique. De la même manière, on obtient
que c ∂x + ∂φ
∂φ
∂t
est conservé le long de la caractéristique dx
dt
= −c. Ce sont les invariants
de Riemann.
Comme illustration de la méthode des caractéristiques, considérons la détermination
de la solution au point p3 , voir Fig. 13. On a que
à ! à !
∂φ ∂φ ∂φ ∂φ
c − = c − , (119)
∂x ∂t p3
∂x ∂t p1
à ! à !
∂φ ∂φ ∂φ ∂φ
c + = c + . (120)
∂x ∂t p3
∂x ∂t p2

Il en résulte que
à !  à ! à !  à ! à ! 
∂φ 1   ∂φ ∂φ ∂φ ∂φ
c = c + + −  , (121)
∂x p3
2 ∂x p2
∂x p1
∂t p2
∂t p1
Classification des EDP 28
à !  à ! à !  à ! à ! 
∂φ 1   ∂φ ∂φ ∂φ ∂φ
= c − + +  . (122)
∂t p3
2 ∂x p2
∂x p1
∂t p2
∂t p1

Qu’en est-il des conditions frontières si le domaine est borné? Considérons, par ex-
emple, le cas d’un domaine borné à gauche: 0 ≤ s, voir Fig. 13. La caractéristique
dx
dt
= −c transmet de l’information de l’intérieur du domaine vers la frontière. L’autre
caractéristique dx
dt
= c transmet de l’information de la frontière vers le domaine. On
doit donc fournir une et une seule condition limite sur la frontière: soit on spécifie
φ(0, t) = h(t) pour t ≥ 0 (condition de Dirichlet), soit on spécifie ∂φ
∂x
(0, t) = h(t) (condi-
tion de Neumann).
³ A noter´ qu’on peut aussi spécifier une condition mixte: une relation
∂φ
du type H φ(0, t), ∂x (0, t) = 0.
On constate aussi que l’équation d’onde se factorise sous la forme
à !à !
∂ ∂ ∂ ∂
c − c + φ=0. (123)
∂x ∂t ∂x ∂t

Si on considère le changement de variables ξ(x, t) = x − ct et η(x, t) = x + ct, on obtient,


pour les relations inverses, x(ξ, η) = (ξ + η)/2 et ct = −(ξ − η)/2, et donc
à !
∂ ∂x ∂ ∂t ∂ 1 ∂ 1 ∂ 1 ∂ ∂
= + = − = c − ,
∂ξ ∂ξ ∂x ∂ξ ∂t 2 ∂x 2c ∂t 2c ∂x ∂t
à !
∂ ∂x ∂ ∂t ∂ 1 ∂ 1 ∂ 1 ∂ ∂
= + = + = c + . (124)
∂η ∂η ∂x ∂η ∂t 2 ∂x 2c ∂t 2c ∂x ∂t

L’équation d’onde devient alors simplement (forme canonique):

∂ ∂ ∂2φ
φ= =0. (125)
∂ξ ∂η ∂ξ∂η
La solution générale est, pour un domaine non borné ou périodique:

φ = f1 (ξ) + f2 (η) = f1 (x − ct) + f2 (x + ct) . (126)

On a donc aussi:
∂φ
= −c f10 (x − ct) + c f20 (x + ct) = −c f10 (ξ) + c f20 (η) , (127)
∂t
avec la notation f10 (ξ) = dfdξ1 , etc.
Par exemple, considérons le problème non borné de conditions initiales φ(s, 0) = f (s)
∂φ
et ∂t (s, 0) = 0. Cela donne

f1 (s) + f2 (s) = f (s) ,


−f10 (s) + f20 (s) = 0 . (128)

La solution est f1 = f2 = f /2. On obtient donc, finalement:


1 1
φ(x, t) = (f (x − ct) + f (c + ct)) = (f (ξ) + f (η)) . (129)
2 2
Classification des EDP 29

0.9
φ
0.8

0.7

0.6

0.5

0.4

0.3

0.2
5
0.1
4
t
0
3
−10
−5 2
0 1
5
0
x 10

2 /b2
Figure 14: Equation d’onde (ici: c = 1). La condition initiale est φ(s, 0) = φ 0 e−s et
∂φ
∂t
(s, 0) = 0. (ici: φ0 = 1 et b = 1).

Un exemple est donné à la Fig. 13: la moitié de la fonction se déplace vers la droite à
vitesse c et l’autre moitié se déplace vers la gauche à vitesse −c.
Considérons ensuite le problème périodique de conditions initiales φ(s, 0) = φ 0 sin(πs/L)
(fonction périodique de période 2L) et ∂φ ∂t
(s, 0) = 0. Ici aussi, la solution est telle que la
moitié de la fonction se déplace vers la droite à vitesse c et que l’autre moitié se déplace
vers la gauche à vitesse −c:
φ0
φ(x, t) = (sin(π(x − ct)/L) + sin(π(x + ct)/L)) . (130)
2
En utilisant la relation trigonométrique, sin a + sin b = 2 cos((a − b)/2) sin((a + b)/2), on
réécrit la solution sous la forme

φ(x, t) = φ0 cos(πct/L) sin(πx/L) . (131)

Le résultat net est donc aussi que la fonction sin(πx/L) ne se déplace pas et que son
amplitude fluctue selon cos(ωt), à pulsation ω = πc/L: c’est ce qu’on appelle une onde
stationnaire. Les “noeuds” de l’onde sont en x = nL: ce sont les points qui restent
stationnaires (φ(nL, t) = 0).
Comme les noeuds ne bougent pas, on note que la solution obtenue ci-dessus est aussi
la solution pour le problème borné sur le domaine [0, L] et avec, comme conditions aux
limites: φ(0, s) = φ(L, s) = 0 (penser, par exemple, à une corde de guitare attachée aux
deux bouts et qui vibre).
Classification des EDP 30

φ(0, t) = h(t)
ou
frag replacements
∂φ
∂x (0, t) = h(t)

0 φ(s, 0) = f (s) x

Figure 15: Equation de diffusion. A noter que les caractéristiques sont dégénérées car
horizontales.

3.3 Exemple d’EDP parabolique


L’exemple le plus classique d’EDP parabolique est l’équation de diffusion, aussi un
problème (x, t): Ã !
∂ ∂φ ∂φ
α = (132)
∂x ∂x ∂t
avec α > 0 la diffusivité (éventuellement fonction de x, t et φ). Le cas avec diffusivité
constante est:
∂2φ ∂φ
α 2 = . (133)
∂x ∂t
On note que l’équation de diffusion est particulière: on a une dérivée seconde en espace
et une dérivée première en temps.
On a donc A = α, B = 0 et C = 0, ce qui donne B 2 − 4A C = 0: l’EDP est
parabolique. Les directions caractéristiques sont obtenues comme: α dt2 = 0, et donc
dt1 = dt2 = 0. Les racines sont réelles mais non-distinctes! Les caractéristiques sont
dites dégénérées car elles sont parallèles à l’axe des x, voir Fig. 15: on ne peut pas les
utiliser; il n’y a pas de méthode des caractéristiques.
Un problème de diffusion se résoud toujours à partir d’une condition initiale: φ(s, 0) =
f (s) donné. Si le domaine est borné, on doit aussi imposer une condition sur chaque
frontière. Considérons, par exemple, un domaine semi-infini: 0 ≤ s, voir Fig. 15: on doit
alors donner soit la valeur φ(0, t) = h(t) pour t > 0 (condition de Dirichlet) soit le flux
∂φ
(0, t) = h(t) (condition
∂x ³ ´
de Neumann), soit une condition mixte: une relation du type
∂φ
H φ(0, t), ∂x (0, t) = 0.
Considérons la diffusion en domaine non borné ou périodique. L’équation de diffusion
Classification des EDP 31

conserve alors l’intégrale de φ. En effet,


à ! à ! " #b
d Zb Z b
∂φ Z b
∂ ∂φ ∂φ
φ dx = dx = α dx = α =0. (134)
dt a a ∂t a ∂x ∂x ∂x a

Quant à l’intégrale de φ2 , elle diminue. En effet:


d Z b φ2 ∂ φ2
à ! à ! à !
Z b Z b
∂ ∂φ
dx = dx = φ α dx
dt a 2 a ∂t 2 a ∂x ∂x
à !
Z b
∂ ∂φ Z b
∂φ ∂φ
= φα dx − α dx
a ∂x ∂x a ∂x ∂x
" #b à !2
∂φ Z b ∂φ
= φα − α dx
∂x a a ∂x
à !2
Z b ∂φ
= − α dx < 0 . (135)
a ∂x

Si on considère, par exemple, le problème non borné de conditions initiales φ(s, 0) =


2 2
φ0 e−s /b , on obtient comme solution (on verra plus tard que la fonction gaussienne
constitue effectivement la solution fondamentale pour l’équation de diffusion en domaine
infini; pour l’instant, on se contentera de vérifier qu’elle satisfait effectivement l’EDP):
b −x2 /(b2 +4αt)
φ(x, t) = φ0 √ e . (136)
b2 + 4αt
Le graphe est donné à la Fig. 16: la fonction diffuse mais son intégrale est conservée:
Z ∞ Z ∞ dx Z ∞ √
e−x /(b +4αt) √ 2
2 2 2
φ(x, t) dx = φ0 b = φ0 b e−s ds = φ0 b π . (137)
−∞ −∞ b + 4αt −∞

Considérons ensuite le problème périodique, et de condition initiale φ(s, 0) = φ 0 sin(πs/L).


On cherche alors une solution de la forme φ(x, t) = g(t) sin(πx/L) (c’est la méthode de
séparation des variables: on la verra en détails plus tard). L’introduction dans l’EDP
donne alors:
dg
−α g(t) (π 2 /L2 ) sin(πx/L) = (t) sin(πx/L) . (138)
dt
La fonction g(t) satisfait donc l’EDO:
dg
= −α (π/L)2 g (139)
dt
dont la solution est
2
g(t) = g(0) e−α (π/L) t
. (140)
La solution de l’EDP est finalement obtenue:
2
φ(x, t) = φ0 e−α (π/L) t
sin(πx/L) . (141)

De nouveau, on note que c’est aussi la solution pour le problème borné, sur le domaine
[0, L], et avec les conditions aux limites: φ(0, s) = φ(L, s) = 0. A noter aussi qu’en
Classification des EDP 32

1
φ 0.9

0.8

0.7

0.6

0.5

0.4

0.3 5

0.2 4
t
0.1 3

2
0
−10 −8 1
−6 −4 −2 0 2 4 0
6 8 10
x

2 /b2
Figure 16: Equation de diffusion (ici: α = 1). La condition initiale est φ(s, 0) = φ 0 e−s
(ici: φ0 = 1 et b = 1).

domaine borné, l’intégrale de φ n’est pas conservée: sa variation correspond à la différence


³R ´ h iL
entre le flux en x = L et le flux en x = 0: dtd 0L φ dx = α ∂φ ∂x 0
.
Considérons ensuite le cas avec, comme condition initiale, φ(s, 0) = φ0 M k=1 ak sin(kπs/L):
P

donc une fonction représentée par une série de modes. Comme l’EDP est à coefficients
constants, la solution est obtenue comme la somme des solutions pour chacun des modes:
M
2
ak e−α (kπ/L) t
X
φ(x, t) = φ0 sin(kπx/L) . (142)
k=1

On constate que les modes de grand nombre d’onde (k grand, c-à-d longueur d’onde
λ = 2π/k petite) décroissent beaucoup plus rapidement que les modes de petit nombre
d’onde: le taux de décroissance est proportionel à k 2 , et ce dans un facteur exponentiel!
La solution perd donc très rapidement la mémoire des détails de sa condition initiale:
elle diffuse.
En particulier, un phénomène de diffusion n’est pas réversible: il n’est pas possible
de “remonter le temps”, c-à-d de reconstruire la solution initiale, dans tous ses détails,
à partir de la solution en un temps ultérieur. A noter aussi que remplacer t par −t dans
l’équation de diffusion revient à résoudre un problème de diffusion avec un coefficient de
diffusion négatif: ce processus est instable et est voué à l’échec.
Tel n’est pas le cas pour l’équation d’onde vue ci-avant: il est possible de “remonter
le temps” et d’obtenir la solution initiale à partir d’une solution ultérieure: elle est
réversible.
Finalement, il convient de mentioner que l’équation de diffusion peut aussi avoir un
terme source: Ã !
∂ ∂φ ∂φ
α − =R. (143)
∂x ∂x ∂t
Classification des EDP 33

3.4 Exemples d’EDP elliptique


L’exemple le plus classique d’EDP elliptique est l’équation de Laplace:

∂2φ ∂2φ
+ =0. (144)
∂x2 ∂y 2
Le cas avec terme source s’appelle l’équation de Poisson:

∂2φ ∂2φ
+ =R. (145)
∂x2 ∂y 2
En toute généralité, l’EDP elliptique s’écrit:
à ! à !
∂ ∂φ ∂ ∂φ
A + C =R (146)
∂x ∂x ∂y ∂y

avec A et C de même signe, A, C et R étant éventuellement fonctions de x, y et φ.


Dans tous les cas, il n’y a pas de caractéristique: en effet, puisque A et C sont de
même signe, les solutions de A dy 2 + C dx2 = 0 sont imaginaires: l’EDP est elliptique.
Les problèmes elliptiques doivent être résolus de manière globale: tous les points
influencent tous les points. Ces problèmes sont toujours résolus sur un domaine physique
Ω. Si le domaine est borné, il faut donner une condition en tout point de sa frontière,
∂Ω paramétrisée par s, voir Fig. 17. On y prescrit soit φ(s) (condition de Dirichlet), soit
∂φ
∂n
(s) (condition de Neumann), soit une condition mixte.
Il faut aussi respecter la contrainte globale de compatibilité imposée par l’EDP. Par
exemple, pour l’équation de Poisson, on obtient:
Z Ã Ã ! Ã !! Ã !
Z
∂ ∂φ ∂ ∂φ I
∂φ ∂φ∂φ I
R dx dy = + dx dy = nx + ny
(s) dl(s) .dl =
Ω Ω ∂x ∂x ∂y ∂y ∂Ω ∂x ∂Ω ∂n∂y
(147)
Un exemple de solution en domaine non borné (domaine infini) est donné à la Fig. 18.
Il s’agit du champ induit par une charge ponctuelle d’intensité Q et plaçée à l’origine. Il
s’agit donc de la solution de l’équation de Poisson avec un terme source correspondant à
une “singularité” ponctuelle. Le champ induit est alors:

x2 + y 2
à !
Q r Q dφ Q
µ ¶
φ= log = log , = (148)
2π L 4π L2 dr 2π r

avec L une référence de longueur arbitraire (le champ n’étant défini qu’à une constante
près). On vérifie que ce champ satisfait effectivement l’équation
H ∂φ
de Laplace en tout
point autre que l’origine. On vérifie aussi que l’intégrale ∂n (s) dl(s) sur tout domaine
englobant la singularité donne effectivement Q (e.g., considérer le cas particulier d’un
domaine circulaire).
On peut aussi consirérer le cas d’une charge répartie, et d’intégrale Q. Par exemple,
le champ
r2 + σ 2 r2
à !
Q dφ Q
φ= log , = (149)
4π σ2 dr 2π r (r2 + σ 2 )
Classification des EDP 34

∂φ
∂n (s) = h(s)
y

frag replacements
s
∂Ω

φ(s) = f (s)

0 x

Figure 17: Equation elliptique sur un domaine Ω.

0.4

0.3
φ
0.2

0.1

−0.1

−0.2

−0.3

−0.4

−0.5
5
4
3 5
2 4
1 3
0 2
1
−1
−2 −1
0 x
y −3
−4 −3
−2
−4
−5 −5

Figure 18: Equation de Poisson. Solution pour une charge unitaire ponctuelle en milieu
infini.
Classification des EDP 35

correspond à une charge répartie selon la loi de distribution

∂2φ ∂2φ σ2
à !
1 d dφ Q
R= + = r = , (150)
∂x2 ∂y 2 r dr dr π (r2 + σ 2 )2

σ étant la taille caractéristique du noyau.


Par exemple aussi, le champ avec
dφ Q ³ ´
= 1 − exp(−r 2 /σ 2 ) (151)
dr 2π r
correspond à une charge répartie selon une loi Gaussienne:
Q
R= 2
exp(−r2 /σ 2 ) (152)
πσ
On peut aussi additionner des solutions. Par exemple, si on place une charge unitaire
ponctuelle Q en x = x0 et une charge unitaire ponctuelle −Q en x = −x0 , on obtient
alors le champ induit par un dipôle:

(x − x0 )2 + y 2 ) (x + x0 )2 + y 2 ) (x − x0 )2 + y 2
à ! à ! à !
Q Q Q
φ(x, y) = log − log = log .
4π L2 4π L2 4π (x + x0 )2 + y 2
(153)
Le graphe est donné à la Fig. 19. Le graphe des iso-contours de φ est également fourni.
Classification des EDP 36

0.6

0.4
φ
0.2

−0.2

−0.4

−0.6

−0.8
5
4
3
2
1
0 4 5
−1 2 3
−2 1
y −3
−4 −3 −2 −1 0
x
−5 −5 −4

y 4

−1

−2

−3

−4

−5
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
x

Figure 19: Equation de Poisson. Solution pour un dipôle formé de deux charges unitaires
ponctuelles de signes opposés et en domaine infini.
Classification des EDP 37

y
Γ ≡ (x(s), y(s))
2
1
frag replacements
s

u(s), v(s)

caractéristiques
0 x

Figure 20: Problème de Cauchy pour système de deux EDP du 1er ordre.

3.5 Système d’EDP du 1er ordre


On peut facilement généraliser les EDP du 1er ordre à des systèmes d’EDP. Considérons,
par exemple, le système quasi-linéaire de deux EDP du premier ordre pour les fonctions
u et v:
∂u ∂u ∂v ∂v
M1 + N1 + P1 + Q1 = R1 ,
∂x ∂y ∂x ∂y
∂u ∂u ∂v ∂v
M2 + N2 + P2 + Q2 = R2 , (154)
∂x ∂y ∂x ∂y
où M1 , N1 , P1 , Q1 , R1 , M2 , N2 , P2 , Q2 , R2 sont, au plus, fonctions de x, y, u et v. Pour
le problème de Cauchy, les valeurs u(s) et v(s) sont données le long de la courbe Γ, voir
Fig. 20.
Comme u(s) et v(s) sont donnés le long de Γ, on a que du ds
et dv
ds
sont aussi connus.
On peut donc écrire:
∂u dx ∂u dy du
+ = ,
∂x ds ∂y ds ds
∂v dx ∂v dy dv
+ = , (155)
∂x ds ∂y ds ds
ce qui, avec les deux EDP donne le système:
∂u
  
M1 N 1 P 1 Q 1 R1
 
∂x
∂u
 M2 N 2 P 2 Q 2    R 
  
∂y

=  2 
 dx
 dy

∂v du  . (156)
 ds ds
0 0 
 ∂x

  ds

dx dy ∂v dv
0 0 ds ds ∂y ds
Classification des EDP 38

Tant que le déterminant ne s’annule pas, on peut résoudre le système pour obtenir ∂u
∂x
,
∂u ∂v ∂v
, ,
∂y ∂x ∂y
le long de Γ, et donc construire la solution en dehors de Γ. En tout point de
Γ, il existe aussi deux directions particulières (dx, dy) telles que le déterminant
¯ M1 N1 P1 Q1 ¯¯
¯ ¯
¯
¯ M N2 P2 Q2 ¯¯
2
¯
¯ dx
(157)
dy 0 0 ¯¯
¯ ¯
¯
¯ 0 0 dx dy ¯
s’annule. Ces directions sont alors obtenues comme les racines de

A dy 2 − B dy dx + C dx2 = 0 , (158)

avec

A = M 1 P2 − M2 P1 ,
B = (P2 N1 − P1 N2 ) + (Q2 M1 − Q1 M2 ) ,
C = N 1 Q2 − N 2 Q1 . (159)

Si B 2 − 4AC > 0, il y a deux racines réelles distinctes et le système est hyperbolique.


Si B 2 − 4AC = 0, les racines réelles sont confondues et le système est parabolique. Si
B 2 − 4AC < 0, il n’y a pas de racine réelle et le système est elliptique.
Dans le cas hyperbolique, les relations caractéristiques sont aussi facilement obtenues.
Par exemple en annulant le déterminant
¯ M1 N1 R1 Q1 ¯¯
¯ ¯
¯
¯ M N2 R2 Q2 ¯¯
2
¯ . (160)
¯
¯ dx dy du 0 ¯¯
¯
¯
¯ 0 0 dv dy ¯

3.6 Equivalence entre EDP du 2ème ordre et système de deux


d’EDP du 1er ordre
Il y a, en fait, équivalence entre une EDP du 2ème ordre et un système de deux EDP du
1er ordre. En effet, l’EDP
∂2φ ∂2φ ∂2φ
A + B + C =R (161)
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
∂φ ∂φ
s’écrit aussi, en définissant u = ∂x
et v = ∂y
, sous la forme:
à !
∂u B ∂u ∂v ∂v
A + + +C = R,
∂x 2 ∂y ∂x ∂y
∂u ∂v
− = 0, (162)
∂y ∂x
où la seconde équation provient de la compatibilité entre u et v:
∂u ∂2φ ∂2φ ∂v
= = = . (163)
∂y ∂y∂x ∂x∂y ∂x
Classification des EDP 39

Le sytème équivalent du 1er ordre est donc obtenu. On obtient aussi:


 ∂u

A B2 B
C R
  
2 ∂x
∂u
0 1 −1 0  0
    
 ∂y


 =  .

(164)
∂v
dx dy 0 0   du
  
∂x
    
∂v
0 0 dx dy ∂y
dv

L’annulation du déterminant, afin de déterminer les directions caractéristiques, conduit



A dy 2 − B dy dx + C dx2 = 0 , (165)
ce qui est bien le même résultat que précédemment: hyperbolique si B 2 − 4AC > 0,
parabolique si B 2 − 4AC = 0, et elliptique si B 2 − 4AC < 0.
Considérons, par exemple, l’équation d’onde. Elle peut s’écrire sous la forme équivalente
d’un système du premier ordre à deux inconnues. En effet, définissant u ≡ c ∂φ∂x
et v ≡ ∂φ
∂t
,
on obtient
∂u ∂v
c − = 0,
∂x ∂t
∂v ∂u
c − = 0. (166)
∂x ∂t
Ce sytème peut aussi s’écrire sous la forme vectorielle:
à ! à ! à !
∂ u 0 −c ∂ u
+ =0, (167)
∂t v −c 0 ∂x v
et donc
∂s ∂s
+A =0, (168)
∂t ∂x
avec s le vecteur d’inconnues et A la matrice:
à !
0 −c
A= . (169)
−c 0

Les valeurs propres de cette matrice (obtenues par annulation du déterminant de A−λ I)
sont, en fait, les directions caractéristiques. Effectivement, on obtient λ 2 − c2 = 0 et donc
λ1 = c et λ2 = −c, qui sont bien les deux directions caractéristiques.
Pour l’équation de Laplace, on obtient, avec u = ∂φ ∂x
et v = ∂φ
∂y
, le système équivalent:

∂u ∂v
+ = 0,
∂x ∂y
∂v ∂u
− = 0. (170)
∂x ∂y
On obtient donc, pour la matrice A,
à !
0 1
A= , (171)
−1 0

dont les valeurs propres sont complexes: λ2 = −1 et donc λ1 = i et λ2 = −i. Ce système


est donc elliptique. Il n’y a pas de direction caractéristique.
Classification des EDP 40

3.7 EDP de type mixte


Finalement, il est important d’aussi réaliser que certains problèmes physiquies sont de
type mixte. Par exemple, l’équation de transport avec diffusion,

∂u ∂u ∂2u
c + =α 2 , (172)
∂x ∂t ∂x
est de type hyperbolique/parabolique: sa composante de transport lui confère un car-
actère hyperbolique tandis que sa composante de diffusion lui confère un caractère parabolique.
Ce problème est toujours posé en condition initiale: u(s, 0) = f (s) donné. Il ne peut pas
être résolu par la méthode des caractéristiques, puisqu’il a aussi un caractère parabolique.
Il en est de même pour l’équation de Burgers avec diffusion:

∂u ∂u ∂2u
u + =α 2 . (173)
∂x ∂t ∂x
Il convient de noter que la diffusivité, α 6= 0, guarantit la continuité de la fonction u:
aussi faible soit-il, mais non-nul, il n’y a pas de possibilité de développer une discontinuité
dans la solution. Il y a, par contre, développement de zone(s) de compression avec des
gradients importants (et d’autant plus importants que α est petit).
En domaine non borné ou périodique, ces deux EDP conservent l’intégrale de u.
Quant à l’énergie, elle diminue:
!2
d Z b u2
à ! Z bÃ
∂u
dx = −α dx < 0 . (174)
dt a 2 a ∂x

Comme autre exemple d’EDP de type mixte, citons l’équation des télégraphistes.
C’est l’EDP qui régit la chute de potentiel, v(x, t), pour la transmission de signaux
électriques sur un long câble:

∂2v ∂2v ∂v
2
− L C 2
= (R C + L G) + RGv (175)
∂x ∂t ∂t
avec R la résistance série par unité de longueur, L l’inductance par unité de longueur,
G la conductance parallèle par unité de longueur et C la capacité par unité de longueur.
Cette EDP est de type hyperbolique/parabolique.

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