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PROSPECTION

GEOPHYSIQUE

HACINE
R.

IAP BOUMERDES 2010

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Introduction générale
    La géophysique présente une difficulté particulière qui est de devoir conclure sur les
couches profondes ou sur les régions extérieures de notre globe en observant leur influence
au voisinage du sol. Les mesures superficielles ne déterminent pas complètement les
propriétés des milieux d'origine, d'où le recours à des modèles théoriques plus ou moins
arbitraires, dont la simplicité a souvent choqué ceux qui, géologues ou climatologues,
s'intéressaient aux détails des phénomènes. On s'efforce aujourd'hui de délimiter l'ensemble
des modèles compatibles avec les données que l'on possède, puis d'adopter explicitement
des conditions raisonnables pour restreindre les choix ; approche féconde imitée par d'autres
sciences. D'autre part, les observations menées et exploitées automatiquement se sont
multipliées en mer ou à distance, en altitude ou en profondeur.

    En altitude, on est passé des observatoires de montagne aux radiosondes, aux fusées, aux
ballons dérivants, aux satellites à défilement (souvent héliosynchrones) et aux satellites
géostationnaires. En profondeur, aux navires et aux bouées dérivantes se sont ajoutés les
submersibles - habités ou automatiques -, dont l'emploi pour l'étude des fosses océaniques a
débuté avec le projet franco-américain F.A.M.O.U.S. (French American Mid-Oceanic Undersea
Survey) en 1973. Les forages pétroliers atteignent des profondeurs de plusieurs kilomètres
dans les bassins sédimentaires ; ils utilisent en mer l'expérience des scientifiques, qui ont
carotté 20 m à 7 039 m (profondeur maximale) et 1 740 m (carottage maximal) à 3 900 m
de profondeur. Avoir foré dans des terrains cristallins (à 12 260 m dans la presqu'île de
Kola !) entretient l'espoir d'atteindre la discontinuité de Mohorovii (ou moho), base de la
croûte.

    Un autre élément de progrès est la réalisation d'expériences de laboratoire vérifiant le


comportement de la matière dans ses états supposés. De telles expériences sont rendues
difficiles par le caractère extrême de ces états. Dans la haute atmosphère, par exemple, les
chocs sont exceptionnels ; les états dissociés, ionisés, excités ont une durée de vie
extrêmement longue ; au laboratoire, la présence de parois que les atomes viennent heurter
nécessite des prodiges d'ingéniosité pour obtenir la reproduction de certains phénomènes,
comme les raies interdites de l'aurore polaire. À l'opposé, les pressions et les températures
élevées qui règnent au centre de la Terre ont été atteintes, mais pendant des temps
extrêmement brefs, au sein d'ondes de choc intenses, ou, à des températures insuffisantes,
à l'aide d'enclumes en diamant.

    On sait aujourd'hui mettre en jeu des énergies comparables à celles des phénomènes
naturels (tremblements de terre, foudre, aurores polaires, etc.) ; expériences précieuses,
mais exigeant des moyens importants et des précautions.

La coopération internationale
    La simultanéité ou tout au moins une étroite coordination dans l'observation des
phénomènes sur toute la surface de la Terre est vitale pour la géophysique. Elle a suscité la
formation des premières associations scientifiques internationales : Magnetisches Verein
(sous les auspices de Carl Friedrich Gauss, d'Alexander von Humboldt et de Wilhelm Eduard
Weber) en 1836, Europäische Gradmessung en 1863, Conseil international pour l'exploration
de la mer en 1901, Association internationale de sismologie en 1903, etc. Aujourd'hui encore,
l'Union géodésique et géophysique internationale (U.G.G.I.) est l'une des principales unions,
et sans doute la plus puissante, de toutes celles qui sont fédérées au sein du Conseil
international des unions scientifiques (International Council of Scientific Unions, I.C.S.U.). Elle

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est divisée en sept associations. Des groupements plus spécialisés que les unions sont
courants à l'I.C.S.U., et l'ensemble a des relations complexes avec les organismes s'occupant
directement ou indirectement du développement, l'U.N.E.S.C.O. par exemple. Cependant le
cadre de l'U.G.G.I. reste sans doute le plus commode pour énumérer les diverses disciplines
ressortissant à la géophysique, décrire leurs moyens d'action, faire comprendre leur
évolution et leur articulation avec les autres branches de la science. Bien entendu, les
frontières correspondantes ne sont ni fixes ni rigoureuses. Ainsi, plusieurs des associations
de l'U.G.G.I. patronnent des recherches en géochimie, à laquelle s'intéressent aussi l'Union
internationale de chimie pure et appliquée et surtout l'Union internationale des sciences
géologiques ; la radiochronologie, l'atmosphère moyenne (10 à 90 km), les
radiocommunications, les traceurs isotopiques, etc., fourniraient des exemples analogues.
L'important est que les recouvrements inévitables engendrent des collaborations et non des
rivalités.

Géodésie
    La figure de la Terre, qui reflète en partie la distribution de ses masses internes, s'obtient
(dans l'ordre d'apparition des méthodes) à partir de la direction des verticales, de l'intensité
de la pesanteur, ou des perturbations du mouvement des satellites artificiels lorsqu'ils
survolent différentes régions ; d'où les titres des cinq sections qui composent l'Association
internationale de géodésie :

    - la section Réseaux s'intéresse aux positions des points, obtenues à partir de mesures
d'angles ou de distances, et à leurs altitudes, déduites des nivellements ;

    - la section Techniques spatiales se penche sur l'utilisation des satellites comme cibles
pour les lasers, ou comme traceurs de la gravité ;

    - la section Gravimétrie s'occupe de la détermination de la pesanteur sur Terre, et observe


ses variations temporelles, essentiellement les marées terrestres, car la force de marée,
différence entre l'attraction des astres en un point et l'attraction moyenne, agit non
seulement sur les liquides mais aussi sur les solides et sur les gaz ; les effets de la marée
terrestre renseignent sur la déformabilité du globe, concurremment avec sa vitesse de
rotation et avec ses nutations (annuelle, chandlérienne, presque diurne) ;

    - les sections Théorie et traitement des données et Interprétation physique exploitent les
résultats.

Si la terre était parfaitement fluide, homogène


n'était pas en rotation autour de son axe, et
n'était soumise ni à l'attraction de la Lune ni à
celle du Soleil, elle serait parfaitement sphérique.
Car c'est la forme qui ramène tous les points de la
Terre au minimum d'énergie potentielle
gravitationnelle.

La rotation de la Terre autour de son axe entraîne


une déformation à symétrie de révolution. On peut
donc dire qu’en deuxième approximation, la Terre

a une forme d'ellipsoïde de révolution.


Cette forme de la Terre, est une forme à l'équilibre
pour un fluide en rotation. Ceci a été démontré par CLAIRAUT en 1743.
Le rayon de l'ellipsoïde terrestre est donné par la formule

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La forme réelle de la Terre correspond à une horizontale, c'est à dire en tout point, à un plan
perpendiculaire à la verticale. Cette horizontale est donc une équipotentielle du champ de
pesanteur terrestre. La forme réelle de la Terre est donc celle de l'équipotentielle qui s'ajuste
au mieux à l'ellipsoïde théorique, ou, exprimé autrement, celle de l'équipotentielle qui
s'ajuste au mieux avec le niveau moyen des océans.

On peut donc définir deux verticales différentes :

 La perpendiculaire aux équipotentielles du champ de pesanteur (donnée par le fil à


plomb].

 La perpendiculaire à l'ellipsoïde, donnée par des mesures par rapport à des repères
astronomiques.

La différence entre ces deux verticales peut être telle que l'altitude d'un point dépend du
chemin suivi pour la mesurer.

L'étude fine des déviations de la verticale ou de l'altitude des points du Globe constitue la
géodésie et sort du cadre de cet enseignement.

Avant toute compagne géophysique, on doit nécessairement effectuer un nivellement


géodésique

Celui – ci est très important, une erreur de quelques centimètres peut engendrer des erreurs de
même ordre que les anomalies recherchées. Un niveau ou bien un GPS permettent d’avoir des
données appréciables sinon assez précises pour éviter de telles erreurs. Ainsi, avant chaque
mesure on doit déterminer les valeurs relatives des hauteurs des points d’observation .

Sismologie
L'Association internationale de sismologie et de physique de l'intérieur de la Terre,
concernée à ce dernier titre par tous les phénomènes internes, y compris

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thermodynamiques, s'occupe avant tout des tremblements de terre. Des organismes issus de
l'Association - tels que l'International Seismological Centre et le Centre sismologique
euroméditerranéen - et d'autres centralisent les enregistrements à distance des séismes et
des explosions atomiques, déterminent le foyer et l'heure du début, d'où l'on tire des
renseignements sur le mécanisme des secousses et sur les milieux traversés par les ondes, y
compris le « noyau » liquide de la Terre. Des données complémentaires sont fournies, à la
suite de séismes exceptionnellement importants, par la mise en vibration du globe entier.

Les moyennes à chaque profondeur de la densité, de la pression, des paramètres


élastiques sont assez bien connues aujourd'hui. Grâce à des informations d'origine
différente, les incertitudes sur la température et sur la composition minéralogique diminuent.
Cependant, des différences régionales subsistent, peut-être jusqu'au noyau. La répartition
géographique des séismes, informant sur la tectonique mondiale, est une source
fondamentale de renseignements. Elle est aussi à la base de la prévention, voire de la
prédiction des risques sismiques directs ou indirects (raz de marée).

L'étude plus détaillée de la croûte terrestre bénéficie aujourd'hui des méthodes de la


prospection pétrolière ou minière (profils sismiques, programmes E.C.O.R.S., Cocorp...).
Faute d'une association de tectonophysique discutant la formation des chaînes de
montagne et les mouvements épirogéniques, l'Association de sismologie et l'U.G.G.I. tout
entière ont lancé avec l'Union internationale des sciences géologiques trois programmes
successifs (Manteau supérieur, Géodynamique, Lithosphère) tirant parti du développement
de la géophysique marine et de l'avènement de la théorie des plaques.

Volcanologie
    L'Association internationale de volcanologie et de chimie de l'intérieur de la Terre, après
avoir été responsable de la géochimie profonde, est passée avec bonheur de la pétrologie
des éruptions terrestres ou sous-marines et des épanchements basaltiques à la modélisation
générale des phénomènes thermiques de toutes échelles : celle des dorsales, des zones de
subduction, des « points chauds » intérieurs aux plaques ; celle des chambres
magmatiques ; celle des circulations hydrothermales à la crête des dorsales, etc. Avec
l'Association de sismologie, elle exploite les déterminations du flux de chaleur montant dans
la croûte continentale ou océanique.

    Les éléments radioactifs étant la source fondamentale de la chaleur interne, l'Association


internationale de volcanologie et de chimie de l'intérieur de la Terre s'est également orientée
vers la géothermie, la géologie isotopique et la géochronologie. Accessoirement, elle
s'associe à l'étude des effets atmosphériques d'éruptions violentes (mont Saint Helens, El
Chichón, Pinatubo, par exemple).

Géomagnétisme
    Le magnétisme terrestre jette un pont entre géophysique interne et géophysique externe.
    L'Association internationale de géomagnétisme et d'aéronomie porte ce double nom
depuis 1954, date à laquelle l'accent mis pendant longtemps sur les mesures magnétiques
en campagne (faites aussi aujourd'hui en avion ou en satellite) et sur les enregistrements
des observatoires spécialisés s'est déplacé vers la haute atmosphère, que les véhicules
spatiaux commençaient à explorer. Cette mutation de la technique vers la science a été
suivie peu à peu par toutes les associations de l'U.G.G.I., et se reflètent dans leurs titres
actuels.

    Le champ magnétique varie et les géomagnéticiens, comme les météorologistes, font des
observations continues et synoptiques. Renforcer la densité des stations correspondantes

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dans des régions déshéritées fut le but des Années polaires organisées en 1882-1883 et
1932-1933, périodes probables de minimums d'activité solaire, d'où une diminution des
perturbations irrégulières ou de courte période. C'est au contraire pour mieux étudier ces
perturbations que l'on fit coïncider avec un maximum solaire l'Année géophysique
internationale (1957-1958), entreprise exemplaire étendue au monde entier et à la plupart
des disciplines géophysiques, qui a inspiré le traité de l'Antarctique, créé les Jours mondiaux
d'observations simultanées et les Centres mondiaux de données, stimulé les projets de
lancement des premiers satellites.

    Les variations magnétiques liées aux phénomènes solaires induisent des courants
électriques dans l'ionosphère, dans la magnétosphère, et dans la Terre elle-même, où leur
pénétration apporte des renseignements sur sa conductivité électrique. La partie principale
du champ et sa variation séculaire sont d'origine interne ; on est généralement d'accord pour
les attribuer à une convection turbulente dans le noyau fluide, mais la théorie est encore
incomplète.

    Les observations magnétiques ne remontant qu'à un siècle, on les prolonge dans le passé
historique en s'appuyant sur l'aimantation des terres cuites et, pour les temps géologiques,
sur celle des roches (paléomagnétisme, reconstruction des continents). Des inversions
mondiales du champ permettent de dater les fonds océaniques.

Hydrologie
    Le domaine de l'Association internationale des sciences hydrologiques, contigu à celui de
la météorologie et, en partie, à celui de la géomorphologie, est assez bien décrit par les
titres de ses commissions permanentes : commission des eaux de surface, commission des
eaux souterraines, commission de la neige et de la glace, commission de la qualité des eaux,
commission de l'érosion continentale, commission des ressources en eau.

    Toutes ces disciplines sont susceptibles d'applications immédiates, et le problème de l'eau,


aujourd'hui crucial, a suscité la création de nombreux organismes. L'Association
internationale des sciences hydrologiques participe notamment aux travaux du Cowar
(Scientific Committee on Water Research, comité commun de l'I.C.S.U. et de l'Union des
associations techniques internationales), qui a organisé avec l'U.N.E.S.C.O. la Décennie
hydrologique internationale.

Océanographie physique
    L'Association internationale des sciences physiques de l'océan a pris ce nom pour montrer
qu'elle s'intéressait non seulement à la physique marine proprement dite, mais aussi à la
mécanique des mouvements de la mer, à la chimie de ses eaux, à la sédimentation et à la
nature géologique des fonds. Comme dans le cas de la météorologie ou de l'hydrologie, il
existe à côté de l'Association d'autres organismes internationaux à vocation plus large :
S.C.O.R. (Scientific Committee on Oceanic Research, avec la participation de biologistes),
Comité océanographique international (dépendant de l'U.N.E.S.C.O.), Bureau hydrographique
international, etc.

    Couvrant plus des deux tiers de la Terre, l'océan joue un rôle fondamental dans tous les
phénomènes d'échelle planétaire ; l'océanographie physique a donc avec toutes les autres
branches de la géophysique des liens aussi variés que les échanges à la surface des mers,
les raz de marée, les fonds océaniques ou les glaces polaires. C'est probablement la partie
de la physique du globe qui se développe le plus vite à l'échelle planétaire, comme en
témoignent certaines polémiques à propos du droit de la mer.

3. Géophysique et environnement

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    Pour terminer cette revue rapide de la géophysique, indiquons que le géophysicien, au
même titre que le naturaliste, s'inquiète aujourd'hui d'une disparition rapide des conditions
qu'il a la tâche d'examiner. En contrepartie des services inestimables que leur rend la
technique moderne, le sismologue est gêné par l'agitation industrielle, le géomagnéticien
par les courants vagabonds, le météorologiste par les brouillards de la ville, l'océanographe
et surtout l'hydrologue par la pollution croissante des eaux, etc. Ils peuvent heureusement
apporter des méthodes pour estimer ces « nuisances ». Il est cependant important et urgent
de préserver des zones, comme l'Antarctique, où les recherches puissent se poursuivre, non
seulement pour améliorer la connaissance des phénomènes et s'efforcer de prévoir les
catastrophes possibles, mais pour mesurer les modifications subies par le milieu et pour
éviter qu'elles ne deviennent irréparables.

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GÉOPHYSIQUE

La prospection géophysique est l'application à l'étude du sous-sol de techniques dérivées de


la physique. Son but principal est la recherche des gîtes minéraux. Elle est fondée sur la
mesure, à la surface du sol ou de la mer, parfois à partir d'un avion ou d'un hélicoptère,
d'une grandeur physique dont la valeur est influencée par la structure du sous-sol et par la
nature des roches qui le composent. Les méthodes les plus employées sont les méthodes
gravimétriques, magnétiques, électriques, électromagnétiques et sismiques. Elles sont
caractérisées par leur pouvoir de pénétration (à quelle distance les roches font-elles sentir
leurs effets sur les instruments de mesure ?), leur pouvoir de résolution (quelles sont les
dimensions minimales des masses rocheuses dont on peut estimer les propriétés ?), leur
spécificité (que peut-on dire sur la nature des roches étudiées ?) et leur mode
d'interprétation.
    Aucune méthode n'étant parfaite, on est souvent amené dans la pratique à en utiliser
plusieurs successivement. On fait d'abord une étude de reconnaissance pour dégrossir le
problème, puis des travaux de détail utilisant des méthodes de plus en plus puissantes.
L'emploi de chacune des méthodes géophysiques consiste d'abord en missions de terrain,
puis en traitement de données et enfin en une interprétation géologique des résultats ainsi
obtenus.
    Il est à noter que le terme « géophysique » inclut parfois la technique des carottages, pour
laquelle nous renvoyons le lecteur aux articles DIAGRAPHIES et FORAGES.

    La prospection géophysique industrielle concerne presque exclusivement les


hydrocarbures (environ 97% en chiffre d'affaires), et c'est là qu'elle trouve le moteur de son
développement. Celui-ci est très rapide. Si le principe des méthodes ne varie pratiquement
pas, les techniques évoluent très vite.

Les différents types de prospection


    Les nombreux problèmes que les prospecteurs ont à résoudre sont évidemment très
différents suivant les circonstances : on ne prospecte pas de la même façon un amas de
pyrite ou un gisement d'hydrocarbures. L'échelle, les phénomènes physiques utilisés, les
conditions économiques, rien ne reste identique d'un cas à un autre.

    En premier lieu, l'échelle est radicalement différente. Un gîte minier, pour être exploitable,
doit, dans la plupart des cas, être très peu profond : il faut en effet que l'on puisse, sans trop
de dépenses, ôter la couverture de morts-terrains, s'il y en a une, et procéder par des
moyens mécaniques à l'extraction et à l'enlèvement du minerai ; de plus, beaucoup de gîtes
sont filoniens, donc très minces. En ce qui concerne le pétrole ou le gaz, l'exploitation se fait
par mise en perce du gisement à l'aide d'un puits très étroit par lequel on fera s'écouler le
fluide ; on peut alors utiliser industriellement des accumulations se trouvant à plusieurs
kilomètres de profondeur. Le prospecteur d'hydrocarbures doit donc avoir à sa disposition
des moyens d'investigation profonde, très différents en cela de ceux dont a besoin son
collègue mineur.

    En second lieu, les grandeurs physiques mesurées à la surface du sol ne sont pas les
mêmes. Un amas de pyrite ou de chalcopyrite est relativement beaucoup plus conducteur de
l'électricité que les roches encaissantes. De plus, il peut être le siège de phénomènes
électrochimiques. Aussi a-t-on recours, pour la prospection de tels gîtes, à des méthodes
électriques ou électromagnétiques. Dans le cas des gisements d'hydrocarbures, la méthode
à employer, par excellence, sera la méthode dite sismique, qui permet d'étudier les échos
produits par les couches profondes lorsqu'on provoque un séisme artificiel en surface ; on
déduit de ces échos la forme des couches et un raisonnement géologique permet d'estimer

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la probabilité de rencontrer en tel ou tel lieu des accumulations favorables.

    Enfin, dernier facteur qui est loin d'être négligeable, les conditions économiques sont
extrêmement variables. L'objectif du géophysicien pétrolier est d'éviter les forages inutiles,
le coût d'un puits étant extrêmement élevé : on peut admettre, en effet, que, pour le prix
d'un puits de profondeur moyenne (3 km) foré à terre, on peut faire de 500 à 1 500 km de
profils sismiques, ce qui permet de couvrir des surfaces considérables. En mer, les chiffres
précédents peuvent être multipliés par un facteur au moins égal à cinq. Aussi la prospection
pétrolière ne se conçoit-elle pas sans un usage intensif des levés géophysiques.

    L'objectif du géophysicien minier, en revanche, peut être simplement de préciser


l'extension d'un gîte déjà reconnu ; or il importe de remarquer que le forage de
reconnaissance ou le creusement d'une tranchée, de toute façon nécessaire pour estimer la
teneur du minerai en éléments utiles, est en général d'un coût relativement faible. On fera
donc toujours entrer en balance les éléments de prix de la prospection géophysique et ceux
de l'exploration mécanique. Et, dans la plupart des cas, les mineurs sont naturellement
conduits par les considérations économiques à se passer de géophysique.

    L'emploi le plus fréquent de la géophysique en dehors des prospections pétrolières est


l'étude générale de grandes régions. On utilise alors souvent des méthodes aéroportées pour
mesurer le champ magnétique naturel moyen ou pour étudier l'effet de champs
électromagnétiques induits. On couvre ainsi systématiquement, et à peu de frais, de grandes
surfaces de terrain, même si elles sont peu accessibles au sol.

    On pourra aussi faire des travaux de sismique pour trouver la profondeur d'anciennes
vallées, comblées depuis longtemps, dans lesquelles des accumulations de minéraux
intéressants ont pu se rassembler. Les recherches d'eau font également appel à la
géophysique, sous la forme de la méthode de polarisation provoquée.

Les différentes méthodes


    Les exemples qui précèdent donnent une idée de la variété des tactiques que le
prospecteur doit employer pour arracher, aux moindres frais, ses secrets à la nature.

    Les mesures géophysiques peuvent, comme celles de physique du globe, être de simples
observations de phénomènes spontanés : mesure du champ de pesanteur (gravimétrie) ; du
champ magnétique moyen (méthode magnétique) ; des courants électriques naturels
circulant dans le sol, soit seuls (méthode tellurique), soit associés aux champs magnétiques
correspondants (méthode magnétotellurique) ; mesure de radioactivité (scintillométrie) ; du
flux de chaleur (méthode géothermique). Toutes ces méthodes sont dites passives.

    On peut également faire intervenir des processus que l'expérimentateur a délibérément
provoqués : c'est le cas de certaines méthodes électriques et électromagnétiques et des
méthodes sismiques. Ces dernières sont les plus coûteuses, car elles nécessitent de
puissants dispositifs d'excitation au sol. Ce sont cependant les plus employées, car les plus
efficaces.

    Parmi les méthodes qui utilisent des phénomènes spontanés, deux concernent la mesure
de champs (champ de pesanteur et champ magnétique) en différents lieux. La méthode des
flux de chaleur est assez voisine en son principe. En admettant que le phénomène soit
semblable à lui-même aux différents instants où l'on fait les mesures (ou que, par des
corrections, on se ramène à ce cas), et si le sous-sol est homogène, on observe partout en
surface des champs uniformes. Ce n'est que si une hétérogénéité des roches sous-jacentes
se trouve située sous certains points de mesure que l'on observe en ces points, et aux points
voisins, des valeurs singulières. On dira qu'il y a une anomalie. De telles méthodes ne

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permettent pas d'obtenir des informations sur des roches qui seraient réparties en grandes
masses homogènes ou en structures tabulaires. Les autres méthodes, au contraire, peuvent,
au moins en principe, fournir ces informations. On ne parle guère d'anomalie en sismique,
sauf pour décrire des traits particuliers des cartes sur lesquelles sera reportée la répartition
de la vitesse de propagation des ondes. Cela tient à ce que le résultat principal d'une
prospection sismique, au moins par la méthode la plus utilisée, n'est pas une carte d'une
grandeur caractéristique des roches (comme c'est justement le cas pour les cartes de
vitesse), mais une sorte de coupe verticale du sous-sol.

Nature des résultats


    Les anomalies du champ de pesanteur et celles du champ magnétique résultent
respectivement de la répartition dans le sous-sol de roches de différentes densités et de
roches possédant différentes aimantations. Les méthodes électriques et électromagnétiques
reflètent la répartition de roches de diverses conductibilités électriques et, dans le cas des
méthodes de polarisation spontanée ou provoquée, de certains minéraux particuliers tels
que des sulfures. Dans le cas de la méthode de radioactivité, ce sont les minéraux
radioactifs, contenant de l'uranium, du thorium ou du potassium 40 qui, par leur
accumulation dans certaines roches, provoquent les anomalies.

    Le cas des méthodes sismiques est particulier, car les grandeurs caractéristiques des
roches qui exercent leur influence peuvent être différentes selon le mode d'observation.
Dans l'une des méthodes, qui utilise des rayons que l'on peut considérer comme réfractés
(méthode de sismique par réfraction : en abrégé, de sismique-réfraction), on mesure
directement la vitesse de propagation des ondes sismiques le long de certains bancs ou de
certaines surfaces de séparation entre des bancs différents. On obtient également des
renseignements sur l'inclinaison des bancs, ce qu'on appelle leur pendage. Mais, dans l'autre
méthode, dite de sismique-réflexion, dans laquelle on reçoit et on étudie les échos d'ondes
sismiques produits par les surfaces de séparation entre roches de type différent, ce sont les
coefficients de réflexion de ces ondes, tout autant que les vitesses de propagation, qui sont
les grandeurs intéressantes. On n'utilise guère actuellement les résultats de cette méthode
que sous forme de coupes du sous-sol et de cartes d'égale profondeur (cartes d'isobathes)
ou d'égale épaisseur (cartes d'isopaches) des couches. En prospection pétrolière, il importe
plus, en effet, de connaître la forme des couches que leur nature.

    Certaines méthodes permettent l'identification certaine ou quasi certaine du type de


minéral présent dans les roches en même temps que sa localisation : méthode de
polarisation provoquée, mesures de radioactivité. Ce sera aussi le cas de la méthode
magnétique, lorsqu'on cherche des amas de magnétite et que l'on a d'avance de bonnes
raisons de croire que les anomalies observées sont dues à ce minéral. On dira qu'il s'agit de
méthodes directes de prospection, car, seul un très petit nombre de minéraux peut être
responsable des anomalies observées.

    D'autres méthodes peuvent être considérées comme semi-directes. Citons, par exemple,
la méthode électromagnétique à excitation artificielle par courants induits, qui détecte les
conducteurs superficiels, un peu à la manière des détecteurs militaires de mines à enveloppe
métallique. On obtient, en effet, des indications précises sur la position des corps
conducteurs, mais l'identification complète des minéraux concernés n'est pas possible.

Le cas des hydrocarbures


    Une prospection directe des hydrocarbures ne semble pas a priori impossible. On pourrait
penser en effet que l'effet de millions de tonnes de pétrole enfouies à quelques kilomètres de
profondeur seulement devrait être mesurable en surface au moins par l'une ou l'autre des
méthodes géophysiques : gravimétrie (il y a de grosses masses en jeu) ; méthodes

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électriques (les hydrocarbures ont une forte résistivité) ; méthodes sismiques (les ondes
sismiques ne se propagent pas tout à fait à la même vitesse dans une roche imprégnée
d'huile et dans la même roche imprégnée d'eau). Les gisements de gaz devraient, eux aussi,
être facilement repérables, puisque le gaz a des propriétés très différentes de l'eau qui
imprègne normalement les roches poreuses. Il faut pourtant se rendre à l'évidence : aucune
de ces méthodes ne permet, pour le moment, de conclure à la présence ou à l'absence
d'hydrocarbures dans les roches.

    La gravimétrie ne le permet pas, parce que les gisements se présentent beaucoup plus
sous la forme de feuilles ou de galettes sensiblement horizontales (par exemple, diamètre :
2 km ; épaisseur : 50 m) que sous la forme des « poches » dont on parle dans les manuels
scolaires. Or, les objets plats ne donnent guère d'anomalies gravimétriques que sur leurs
bords, et il s'en faut de beaucoup que celles-ci soient mesurables. La présence de gaz ou
d'huile dans les pores de la roche magasin ne produit pas, par rapport aux roches
avoisinantes, un contraste de densité suffisant, compte tenu de la faible épaisseur du
gisement. Les méthodes électriques ne sont pas non plus capables de reconnaître les roches
imprégnées d'hydrocarbures, car de nombreuses roches qui n'en contiennent pas ont des
résistivités du même ordre de grandeur que celles qui en sont saturées. La méthode de
polarisation provoquée a suscité quelques espoirs ; mais elle ne semble pas être assez
spécifique, ni avoir un pouvoir de résolution suffisant.

    Enfin, la sismique ne permet pas actuellement de prouver la présence des hydrocarbures


dans une roche, car la vitesse de propagation dans les roches imprégnées n'a rien de
spécifique. Les réflexions des ondes sur ces mêmes roches ne se distinguent pas a priori de
celles qu'auraient produites les mêmes assises si elles avaient été stériles. On peut
cependant s'efforcer d'étudier les variations de vitesse de propagation des ondes le long
d'une couche selon son imprégnation, en gaz, par exemple, dans le gisement, en eau,
ailleurs. Mais ce principe est très difficilement applicable, car on ne sait pas faire des études
de vitesse ayant la finesse suffisante.

Aussi la prospection des hydrocarbures est-elle, très généralement, une prospection indirecte.
On fait d'abord toutes sortes de raisonnements proprement géologiques sur l'opportunité de
prospecter la région. Interviennent ensuite des méthodes de reconnaissance (gravimétrie et
magnétisme) permettant d'étudier les mouvements du socle cristallin, donc d'estimer l'épaisseur
des roches sédimentaires, seules en principe à pouvoir contenir des gisements. Ensuite, on se livre
à des travaux de sismique-réflexion dans les zones reconnues favorables à la suite des premières
études ; la sismique donne une image des différentes couches de la partie sédimentaire sous
forme de coupes et de cartes. On cherche alors à identifier les assises géologiques de ces coupes
en s'appuyant sur ce que l'on connaît des roches aux endroits où elles affleurent, ou aux endroits
où on les a rencontrées dans des puits. Interviennent alors des arguments structuraux ; il faut, en
effet, que les couches qui sont susceptibles d'être des magasins se trouvent dans une position telle
que les hydrocarbures aient pu s'y accumuler et s'y conserver. On cherche donc les « pièges »
classiques sur les coupes et les cartes sismiques ; on s'efforce de montrer qu'ils sont bien fermés,
et l'on évalue le volume qui pourrait être rempli d'hydrocarbures. Toutes les conditions étant
réunies, seul le forage d'un ou de plusieurs puits pourra finalement confirmer la présence d'un
gisement. Il restera à en estimer les caractéristiques afin de préparer la décision d'abandonner ou
d'exploiter.
3.
Gravimétrie

    La gravimétrie consiste à faire des mesures relatives d'intensité de la pesanteur à la

11
surface du sol ou de la mer et à analyser les anomalies pour en tirer des renseignements sur
la répartition des roches du sous-sol. On se base alors sur la loi de Newton :

m1 m0
F  K ; m1 F F m0
r2

K - constante de la gravitation universelle,

K = 66,6667.10-9 cm3/g/s2, si l’une des masses est unitaire, la force d’attraction F devient
alors numériquement égale à l’accélération de la pesanteur g.
D’où sur la surface de la terre (qui est de masse M et de rayon moyen R)
KM
g ,
R2
le signe moins veut dire qu’il y a uniquement attraction entre les masses en jeu.

    L'unité de pesanteur utilisée en géophysique est le gal, qui vaut 10 -2 m/s2. Les anomalies
intéressantes pour les prospecteurs peuvent avoir une amplitude de quelques dixièmes de
milligal à quelques milligals, les appareils ayant une sensibilité de un à cinq centièmes de
milligal. En mer, la mesure est rendue difficile par les mouvements du navire qui porte le
gravimètre, et la précision tombe à quelques milligals.
    La pesanteur g en un lieu est la somme de plusieurs termes d'origines très différentes. La
partie de la pesanteur qui intéresse la prospection est celle qui est due aux masses
relativement peu profondes et proches du point de mesure, à l'exclusion toutefois des
masses superficielles. On opère donc, sur l'ensemble des valeurs mesurées de g, un certain
nombre de corrections destinées à compenser les effets produits par la rotation terrestre, par
l'aplatissement du globe, éventuellement par l'attraction de la Lune et du Soleil, enfin par
l'altitude et par la topographie. On retranche ensuite l'effet, dit régional, des masses plus
profondes que celles qui sont réputées intéressantes. On se trouve alors en face d'un
ensemble de valeurs qu'il s'agit d'interpréter.
Les résultats de mesure sont alors présentées sous forme de courbes ou de cartes
d’anomalies. Ces anomalies sont la différence entre les valeurs observées sur le terrain et
corrigées des effets d’altitudes , des masses des couches situées entre la surface de mesure
et celle de référence , de l’effet de l’attraction du relief et les valeurs théoriques évaluées
comme effet de cette surface de référence , effet variant en fonction des latitudes des points
de mesure. L’effet de la pesanteur sur la surface de référence est ainsi donné :

Où  - longitude du point d’observation sur une surface, dite géoïde et dont l’altitude est z=0

    La gravimétrie ne permet pas la définition complète des masses du sous-sol : on sait en
effet que deux corps sphériques enterrés, qui auraient même centre et même masse,
produiraient exactement les mêmes anomalies de g à la surface de la Terre. À cette
ambiguïté fondamentale et irrémédiable s'ajoute le faible pouvoir de résolution.

12
Schéma du système du gravimètre Worden

On s'efforce de pallier ce défaut à l'aide de transformations appropriées des cartes


d’anomalies. L'interprétation d'une carte telle que b est affaire d'expérience et de flair,
encore que des calculs numériques puissent être utiles dans la recherche de structures
plausibles expliquant correctement les mesures.

Cartes de Bouguer et régionale

La carte montre un résultat de mesures représenté en courbes de niveau (équidistance entre courbes : 0,2
milligal). La carte d’ anomalies résiduelles est obtenue au moyen d'un calcul numérique qui est la différence entre
l’anomalie de Bouguer et l’anomalie régionale calculée.
Ce sont les anomalies résiduelles qui sont souvent interprétée et traduites en données géologiques…

La méthode gravimétrique n'est pas spécifique ; seuls les contrastes de densité entre
roches donnent lieu à des anomalies. Le sel, dont la densité est relativement faible, donnera
des contrastes négatifs avec les roches sédimentaires usuelles ; une roche métamorphique,
au contraire, se manifestera au contact des mêmes roches par un contraste positif ; d'où, en
un contexte géologique donné, des probabilités de présence, soit d'une structure salifère,
soit d'un bombement, d'une cuvette ou d'une faille du socle cristallin.

13
    On utilise surtout la gravimétrie dans les phases préliminaires de la prospection des
hydrocarbures, dans le but d'avoir à peu de frais une idée des mouvements du socle
cristallin ou de ceux d'une couche moins profonde, présentant un contraste suffisant avec les
roches environnantes. En prospection minière, la gravimétrie est peu employée. Elle peut
toutefois servir à localiser les gisements de chromite ou de minerai de fer, à étudier
l'épaisseur des alluvions dans des vallées assez larges. Elle est aussi utilisée en physique du
globe en liaison avec la sismique par réfraction. Elle sert également à détecter les cavités
souterraines très peu profondes ; il faut alors travailler à quelques millièmes de gal près.

4. Méthode magnétique
    Si la science du magnétisme dérive de l'observation des propriétés de la pierre d'aimant,
le géomagnétisme est né avec la boussole, qui révèle l'existence, partout sur le globe, d'un
champ magnétique naturel, analogue aux champs magnétiques que l'on sait produire au
laboratoire. Une bonne boussole donne l'orientation du champ dans le plan horizontal : l'axe
de l'aiguille, suivi dans le sens de la pointe sud vers la pointe nord, matérialise la direction
dite du nord magnétique, qui fait avec celle du nord géographique un angle D, la déclinaison
magnétique ; le plan vertical défini par l'axe de l'aiguille est dit méridien magnétique. Mais le
champ terrestre n'est pas horizontal ; sa direction est inclinée d'un angle I, l'inclinaison
magnétique ; si l'aiguille de la boussole est horizontale, c'est parce que le constructeur l'a
surchargée convenablement, du côté de la pointe sud en France. Le vecteur champ terrestre
 a pour module F, qui est son intensité ; ses projections,  sur la verticale et  sur le plan
horizontal, sont dites composantes verticale et horizontale respectivement.

   
    Les géomagnéticiens expriment les angles D et I en degré, minute et dixième de minute ;
ils sont comptés positivement : D vers l'est et I vers le bas. Les autres éléments sont des
intensités de champ que l'on exprime en employant généralement un sous-multiple de
l'œrsted, le gamma, qui est le cent-millième d'œrsted. On peut passer dans le système légal
S.I. par la relation :

   
    On voit facilement que la connaissance de trois éléments bien choisis suffit à définir le
champ , par exemple DIH, DHZ, DIF. Dans la région parisienne, les valeurs approchées des

14
éléments magnétiques sont : D =  50 30´ (ou 50 30´ W, avec W pour ouest) ; I = + 640 30´ ;
F = 0,47 Oe, d'où Z = + 0,42 Oe et H = 0,20 Oe. Il s'agit d'un ordre de grandeur, car, et c'est
un fait capital en géomagnétisme, en un lieu donné, les éléments du champ subissent des
variations incessantes, mais d'amplitude très faible, et, à un même instant, ces éléments
sont différents d'un lieu à un autre.
    La méthode magnétique consiste à mesurer les valeurs que prennent, à la surface du sol,
le champ magnétique terrestre total ou l'une de ses composantes. La mesure des
composantes est lente, car les appareils doivent être installés avec soin en chacune des
stations ; on n'utilise donc ce procédé que pour de petites surfaces.

Origines du champ magnétique


    Une théorie complète de l'origine du champ moyen doit expliquer aussi sa variation
séculaire et, en plus, maintenant, le phénomène d'inversion considéré comme une
caractéristique très importante du champ. Depuis plus d'un siècle, de nombreuses théories
ont été bâties, dont plusieurs se réduisent à la recherche du mécanisme de production du
champ dipôle.

    Une sphère uniformément aimantée produisant, à l'extérieur de sa surface, un champ


équivalent à celui d'un dipôle centré, telle est l'image qui s'est d'abord imposée pour la Terre.
L'accroissement de la température avec la profondeur entraînant, à quelques dizaines de
kilomètres, le dépassement des points de Curie connus, l'aimantation devait être localisée
dans une couronne sphérique limitée par la surface de la Terre et une surface isotherme
correspondant au point de Curie maximal des minéraux magnétiques (670 0C). De cette
hypothèse, il ne reste rien, sinon l'explication des anomalies locales et régionales
(correspondant à des surfaces petites à l'échelle du globe), qui sont bien dues à des
aimantations de roches et qui restent fixes alors que les anomalies mondiales (champ non
dipôle) dérivent.

    D'autres théories ont fait appel à des causes électriques, par exemple à des courants de
conduction créés à l'intérieur du globe à son origine et s'éteignant lentement, ou à des
courants de convection dus à des charges électriques, entraînées par la rotation de la Terre,
et qui se trouveraient séparées en charges d'ailleurs énormes, positives vers l'intérieur et
négatives vers l'extérieur. D'autres théories encore se fondaient sur des phénomènes
nouveaux ; la plus récente, celle de Blackett (1947), qui a eu un succès énorme mais très
éphémère, invitait à considérer que tout astre possède un moment magnétique
proportionnel à son moment cinétique ; les deux moments ayant même axe et des sens liés,
cette hypothèse était en contradiction absolue avec le phénomène d'inversion.

    Depuis quelques décennies, on en est venu à imaginer une circulation de courants


électriques dans le noyau que la sismologie nous présente fluide et bon conducteur, les
forces électromotrices étant dues à un « effet dynamo ». On admet l'existence dans ce
noyau de courants de convection, d'origine thermique, qui peuvent être une des sources
d'énergie nécessaires. Mais il faut expliquer le mécanisme créant les forces électromotrices
par suite de ces mouvements. Une dynamo ordinaire est hétérogène avec des conducteurs
et des isolants ; le noyau, au contraire, est continu ; il s'agit d'une dynamo homogène, très
spéciale. Le problème complet, qui est de magnétohydrodynamique en milieu dense et qui a
donné lieu à d'importants travaux, s'est montré jusqu'ici trop difficile. Seuls des problèmes
partiels ont été résolus, en liaison vague avec le problème véritable ; l'un d'eux a pu être
traité théoriquement et expérimentalement et a montré au moins la possibilité d'un effet
dynamo dans un milieu conducteur continu : il s'agit de deux sphères conductrices tournant
dans un milieu conducteur ; à partir d'un champ magnétique infime, accidentel, des courants
électriques peuvent être produits dans le milieu et il en résulte un champ magnétique
extérieur qui peut être intense. Un autre problème, plus éloigné encore du problème réel, a
aussi été traité, c'est celui d'un système de deux dynamos couplées (mais non homogènes) ;

15
le courant produit oscille irrégulièrement (ce qui rappelle les variations d'intensité du champ
terrestre), puis s'inverse, soit brièvement (c'est l'événement dans le phénomène
d'inversion), soit plus longtemps avec à nouveau des oscillations (ce qui serait l'équivalent
de la période inverse). Mais il ne s'agit là que d'analogies.

   Le problème s'est élargi quand on y a inclus le champ magnétique des planètes ; les
mesures directes montrent que ce champ est nul ou très faible pour la Lune, Vénus et Mars,
mais appréciable pour Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.

Les méthodes magnétiques se basent sur la loi suivante :

m.m0
F    0
r2
    La mesure du champ total, en revanche, est rapide, car elle se fait à l'aide de
magnétomètres à résonance nucléaire, pratiquement insensibles à l'orientation et aux
mouvements de leur support : on peut les remorquer derrière des navires ou des avions (ou
hélicoptères).Le champ total T ainsi que ses composantes sont reliés par les expressions
suivantes :

J  T     où  ­ susceptibilité magnétique ; J – aimantation
Le   champ   T   est   ainsi   donné   en   fonction   de   ses   composantes :   T  H 2  Z 2   où   H   et   Z   –
composantes horizontale et verticale du champ.

    Le champ et ses composantes se mesurent en gammas (1 g = 10 -9 tesla). Les anomalies


peuvent atteindre le millier de gammas, alors que la sensibilité des appareils peut aller de un
demi-gamma à quelques gammas. Les variations naturelles du champ terrestre au cours du

16
temps, qui peuvent aller d'une vingtaine à plusieurs centaines de gammas, se superposent
aux anomalies créées par l'inégale répartition des masses magnétiques sous terre. Ces
variations sont heureusement les mêmes en tous les points de régions assez vastes. Il suffit
donc de les enregistrer en une station fixe et de les soustraire des mesures faites aux
différents points de la zone à couvrir.
    Partant de la connaissance de la répartition des éléments du champ moyen à la surface du
globe, on peut s'élever à une formule donnant le potentiel magnétique dont il dérive, en
fonction de la latitude, de la longitude et de la distance du point au centre de la Terre. La
technique de l'analyse sphérique harmonique a été génialement appliquée au champ
magnétique terrestre par Gauss. La formule est une somme de termes qu'il faut calculer un à
un, ce qui était un énorme travail, et Gauss s'était limité à 24 termes. Actuellement, une telle
analyse est faite sur ordinateur et, si l'établissement du programme reste laborieux, les
calculs sont très rapides ; on va couramment jusqu'à plusieurs centaine de termes. De ce
vaste ensemble qu'est l'analyse sphérique harmonique du champ magnétique terrestre
moyen d'une époque donnée, on ne retiendra que les conclusions principales, celles de
Gauss, confirmées par de nombreuses analyses ultérieures :

    - Le champ moyen provient de causes situées à l'intérieur du globe, et la contribution du


champ de variation se trouve en moyenne nulle.

    - Le premier terme du développement correspond à un champ extrêmement simple,


analogue à celui que donnerait un dipôle (c'est-à-dire un aimant de petit volume) situé au
centre de la Terre, et dont le moment magnétique M t serait dirigé suivant l'axe de rotation de
la Terre (dipôle centré axial). Un tel champ est évidemment de révolution, c'est-à-dire
identique en tous points d'un même cercle de latitude, et, j étant la colatitude d'un point
quelconque situé à la distance r du centre de la Terre, ses deux composantes H r, radiale (ce
qui revient à dire verticale), et H t, horizontale, dans le plan méridien du lieu, ont pour
valeurs :
   
    Pour un tel champ, la déclinaison magnétique est donc nulle partout, et l'inclinaison I est
liée à la colatitude par la relation :
   

    - Les trois premiers termes, pris ensemble, correspondent encore à un dipôle centré, de
moment M, mais dont la direction est oblique par rapport à l'axe de rotation terrestre ; c'est
le dipôle de Gauss caractérisé par la colatitude j0 et la longitude f0 du point appelé pôle de
Gauss, où l'axe du dipôle rencontre la surface du globe, et par la valeur M du moment
magnétique. Actuellement, le pôle nord de Gauss ou « pôle géomagnétique » a pour
coordonnées : j0 = 11,50 et f0 = 690 ouest ; il est situé vers l'extrémité nord-ouest du
Groenland ; le pôle géomagnétique sud est évidemment antipodal. Quant au moment, on
l'exprime généralement en donnant la valeur de M/R 3, R étant le rayon de la Terre ; cette
quantité, désignée par H0, vaut 0,315 Oe = 25 A/m. Un tel champ a la même structure que le
précédent, mais il est incliné par rapport à l'axe du globe. Les relations indiquées pour le
dipôle axial restent valables, mais j n'est plus la colatitude géographique, c'est maintenant
ce qu'on appelle la colatitude géomagnétique, distance angulaire du lieu considéré au pôle
de Gauss ; connaissant j0, on calcule facilement j en un point donné P, en résolvant le
triangle sphérique ayant pour sommets P, le pôle géographique et le pôle de Gauss. Le grand
cercle normal à l'axe de Gauss est dit équateur géomagnétique ; il est incliné de 11,50 sur
l'équateur géographique. Le champ y est minimal avec la valeur H0 à la surface du globe, et
il est maximal sur l'axe de Gauss, avec la valeur 2 H0 au pôle de Gauss.

    La méthode magnétique souffre en gros des mêmes défauts que la méthode

17
gravimétrique en ce qui concerne le pouvoir de résolution. Dans le cas de matériaux
ferromagnétiques (par exemple la magnétite), l'interprétation est délicate, car l'aimantation
a une direction inconnue ; de plus, elle n'est pas nécessairement constante dans tout le
volume responsable de l'anomalie. En revanche, lorsque l'on sait avoir affaire à des
matériaux paramagnétiques (comme l'hématite ou la sidérose) ou diamagnétiques (comme
le sel), l'aimantation est liée assez simplement au champ terrestre. On peut estimer
convenablement la position et la forme des amas minéralisés dont l'aimantation est assez
forte, c'est-à-dire essentiellement ceux qui contiennent de la magnétite, de la pyrrhotite ou
de l'ilménite.
    À la surface de la Terre, en un lieu quelconque, on connaît le champ moyen actuel d'après
les cartes magnétiques récentes et, d'après ce qui précède, il est possible de calculer le
champ géomagnétique. Par définition, le « champ non dipôle » en ce lieu est le vecteur
différence entre les vecteurs champ réel et champ géomagnétique. Il est courant de
l'exprimer par sa composante verticale ZND et sa composante horizontale ND (d'intensité HND
et d'azimut a). Ainsi, à Paris, on aurait Z ND =  6 970 g, HND = 4 140 g, a = 730 (compté du
nord vers l'est). La même opération étant faite pour un grand nombre de points de la surface
du globe, on peut reporter sur une carte mondiale la valeur Z ND et le vecteur ND en chacun de
ces points. L'opération serait sans intérêt si ces grandeurs se distribuaient au hasard ; or, il
n'en est rien et l'on peut tracer des courbes iso-Z ND qui s'emboîtent les unes dans les autres,
formant de grandes régions à excès de Z(ZND positif), décroissant depuis une valeur centrale
maximale (foyer), et d'autres régions analogues à déficit de Z. Mieux encore, les vecteurs ND
se placent assez régulièrement normalement à ces lignes, convergeant vers les foyers
positifs de ZND et divergeant des foyers négatifs. Tout se passe comme s'il s'agissait de
grandes anomalies mondiales, que l'on schématiserait assez bien au moyen d'une dizaine de
dipôles radiaux, régionaux en quelque sorte, situés à grande profondeur, par exemple à la
limite noyau-manteau, les uns dirigés vers l'intérieur (donnant les Z ND positifs), les autres
vers l'extérieur.

    Il est intéressant de considérer l'ampleur du champ non dipôle : il ne constitue pas un petit
appoint au champ dipôle, mais il en est parfois une fraction importante. Par exemple, Z ND
atteint + 16 000 g (0,16 Oe), dans la grande zone positive qui s'étend sur l'Eurasie, et
 15 000 g sur l'Atlantique, à l'ouest de l'Afrique centrale ; les valeurs de HND peuvent
dépasser 10 000 g.

    La méthode magnétique est employée non seulement pour la recherche des minerais
magnétiques, mais encore en prospection pétrolière pour l'étude préliminaire de la
profondeur du socle cristallin. Elle a reçu une application brillante en géophysique dans
l'étude de l'expansion de la croûte océanique à partir du centre des dorsales.

    En archéomagnétisme, partant de rémanences, dans les terres cuites surtout, on cherche à suivre le détail de la
variation séculaire du champ magnétique terrestre durant la période historique. En paléomagnétisme, on part aussi de
rémanences, dans toutes sortes de roches, et on explore le champ magnétique terrestre durant les temps géologiques ;
il ne peut plus s'agir, en général, de variation séculaire. Le champ magnétique terrestre fossilisé dans les roches va
plutôt servir à résoudre des problèmes géologiques. Bien qu'il s'agisse dans les deux cas d'aimantations de roches et
de temps géologiques, il faut distinguer deux chapitres assez indépendants : celui de l'inversion du champ et celui du
paléomagnétisme proprement dit.

5. Méthodes
électriques

Méthodes

18
passives

    La méthode de polarisation spontanée et la méthode tellurique utilisent toutes deux des
courants telluriques spontanés, mais à des échelles très différentes.

    La polarisation spontanée est celle qui prend naissance lorsqu'un amas de sulfure ou de
graphite traverse la surface d'une nappe phréatique. L'oxydation de la partie supérieure de
la masse conductrice transforme celle-ci en un générateur de courant électrique : d'où des
différences de potentiel mesurables entre des électrodes plantées dans le sol.

    La méthode tellurique permet des reconnaissances de la profondeur du socle cristallin, en


général moins conducteur que les roches sédimentaires. On utilise pour cela les courants
induits dans le sol par des fluctuations de l'ionosphère. Leur fréquence varie de cent hertz à
un centième de hertz. La méthode magnétotellurique utilise l'enregistrement simultané des
différences de potentiel aux extrémités de deux lignes électriques perpendiculaires et des
composantes magnétiques associées. La pénétration est bonne, la résolution et la précision
sont médiocres. Cette technique est utilisée en physique du globe et pour la recherche de
sites se prêtant à des exploitations géothermiques.

Méthodes actives

    La première méthode active à être utilisée fut celle qui consistait à envoyer un courant
continu dans le sol au moyen de deux électrodes. En traçant des courbes équipotentielles à
la surface du sol, ou en mesurant la variation de la différence de potentiel entre deux
électrodes de mesure, lorsque l'on fait varier l'écartement des électrodes d'injection de
courant, on peut obtenir des informations sur la répartition de la résistivité des roches.
Champ électrique
Soit un milieu homogène et isotrope, de résistivité  à l’aide d’une électrode A, on injecte dans
ce milieu un courant I .Ce courant fait alors propager dans le milieu un potentiel électrique, dont
la surface équipotentielle est une sphère (puisque le milieu est homogène).
En un point M de mesure, on peut alors noter que le potentiel peut être évalué grâce à
l’expression suivante :

I
UM  ; Où I – intensité du courant
2AM
Sachant qu’un potentiel ne peut être mesuré qu’à l’aide d’un dipôle, et en disposant N dans le
même milieu, on obtient :
I I  1 1 
Si U N  , dans ce cas U MN  
A
 
2AN 2  AM AN 
Comme la mesure, l’injection du courant dans le milieu se fait aussi à l’aide d’un dipôle AB , et
analogiquement par rapport à A , pour B , le champ potentiel est donné ainsi :

I  1 1 
U MN
B
   
2  BM BN 

De là la DDP mesurée entre M et N est :

19
I  1 1 1 1 
U      
2  AM AN BM BN 
En général, dans un sondage, on ne dispose que trois électrodes, l’électrode B est mise à la terre
en surface .On dit qu’elle est à un potentiel nul, donc située à l’infini.
Si B se trouve à l’infini, dans ce cas BM et BN  
Dans ce cas 1/BM et 1/BN  0 ce qui permet d’écrire :

De là on peut tirer la résistivité ainsi :

U MN AM  AN
 2
I AB MN

AM  AN
Le terme k= 2
MN
est appelé coefficient géométrique

Il exprime la disposition mutuelle des


Électrodes entre elles.

Dans ce cas, le schéma d’un tel


dispositif est donné par la figure ci – contre.

Cette méthode n'est pratiquement plus employée pour les études en profondeur, mais reste
intéressante pour le génie civil, la recherche de l'eau ou la prospection minière.

Dispositif à quatre électrodes en surface injection de courant à l’aide de C1,C2(A,B) et


mesure de la DDP à l’aide de P1,P2(MetN)
La variation des distances entre les électrodes permet une investigation en profondeur : ce
que l’on nomme Sondage Electrique Vertical, dans ces conditions on peut enregistrer quatre
type de courbes, ce que montre la figure suivante :

20
En maintenant ces distances constantes, on réalise une cartographie de la surface de
mesure
en général la configuration des électrodes peut être la suivante :

    La deuxième méthode, dite électromagnétique, fait appel aux phénomènes d'induction :

21
l'énergie électrique est, le plus souvent, injectée dans les terrains au moyen d'une bobine
(fréquences inférieures à 5 000 hertz) ; une autre bobine est connectée à l'appareil de
mesure. La méthode est fondée sur le fait que les courants induits dans les corps
conducteurs du sous-sol sont plus importants que ceux qui circulent alentour. Ces courants
se manifestent par induction dans la bobine réceptrice. Le procédé, qui a de nombreuses
variantes concernant la disposition et l'écartement des bobines, est utilisé exclusivement en
prospection minière, souvent avec des appareillages aéroportés ; on peut alors prospecter
facilement de grandes étendues, même si le terrain est difficilement accessible.

    Enfin, la méthode de polarisation provoquée utilise des phénomènes électrochimiques


transitoires créés par une excitation électrique discontinue. Elle se pratique au sol en vue de
certaines prospections minières (porphyres cuprifères par exemple) et pour la recherche de
l'eau. Elle a été envisagée comme une méthode de détection des hydrocarbures.

6. Méthodes
sismiques

    Les méthodes sismiques sont fondées sur l'observation en surface d'ondes élastiques
ayant pénétré dans le sol. La démarche est assez semblable à celle de la sismologie. Les
différences sont surtout dans l'échelle et dans la nature des ébranlements qui produisent les
ondes utilisées. Alors que les physiciens du globe étudient l'intérieur de la Terre jusqu'en son
noyau à l'aide des ondes émises par les tremblements de terre, les prospecteurs, eux, ne
s'intéressent qu'aux premiers kilomètres de la croûte terrestre. Ils créent eux-mêmes, en
surface, de petits séismes artificiels.

    Dans le mode de travail le plus fréquemment utilisé à terre, les géophysiciens disposent
des capteurs (géophones) à la surface du sol. Ils les relient par des câbles à des
amplificateurs, à un ensemble de numérisation et à un système d'enregistrement, tous
situés dans un camion-laboratoire. Pendant ce temps, des foreurs ont préparé de petits puits
très peu profonds (de quelques mètres à quelques dizaines de mètres), dans lesquels on
dispose une ou plusieurs charges d'explosif amorcées avec des détonateurs électriques.
Lorsque l'appareillage d'enregistrement est prêt, on fait détoner les charges en enregistrant
soigneusement l'instant de mise à feu.

22
    On utilise aussi aujourd'hui des dispositifs d'émission sismique ne nécessitant pas de
forage, essentiellement des vibrateurs mécaniques ce sont des camions soit dynoseis , qui
envoient – par tir – une impulsion unitaire , soit des camions vibroseis envoyant un signal
(sweep) d’amplitude et de frequence connues. D'autre part, le système d'amplification et de
numérisation est, dans de nouveaux matériels, contenu dans des boîtiers qui sont disposés
sur le terrain près des géophones. Ces boîtiers peuvent être reliés à l'enregistreur du camion
au moyen de câbles dans lesquels l'information circule sous forme codée numérique, ou au
moyen de liaisons radio.

    Le travail se fait en mer d'une façon semblable : le navire remorque l'ensemble des
sources d'ébranlements sismiques, des câbles électriques et des capteurs, qui sont ici des
hydrophones. Comme à terre, la technique évolue rapidement. La source d'ébranlements à
d'abord été une charge d'explosif. Actuellement, c'est le plus souvent un dispositif à air
comprimé, quelquefois un système mettant à profit le principe de l'implosion. Le but
poursuivi est d'émettre à peu de frais le plus possible d'énergie dans la bande de fréquences
utile ; on désire également que la source soit capable d'émettre à intervalles assez rapides,
de l'ordre de la dizaine de secondes.

RAPPELS THÉORIQUES
La propagation des ondes
Les phénomènes observés en sismique sont régis par l’équation de propagation des
ondes. Dans un milieu infini, homogène et isotrope deux ondes se propagent. La plus
rapide est l’onde P (Primaire) et la seconde est appelée onde S (Secondaire). Ces
deux ondes ont pour équation de propagation, dans un milieu à une dimension :

23
Fronts d’ondes

Lorsque le milieu n’est plus homogène et isotrope, on observe, en plus des ondes de
volumes P et S, des ondes de surface qui prennent naissance et se propagent le long
des surfaces où le milieu change de caractéristiques. Elles sont particulièrement
importantes à la surface du sol (c’est le grounds-roll) et dans les puits, ce sont les ondes
de tubes (dont les particularités seront détaillées au paragraphe 2.2.).
Vu sous un aspect géométrique, la propagation des ondes à une interface se fait de la
manière suivante : la source génère des ondes de volume dans le sol. Celles-ci se
propagent, puis lors de leur rencontre avec une interface, elles peuvent soit se réfléchir
soit être transmises dans la couche suivante. La figure 1 représente schématiquement
les fronts d’ondes.

    L'ébranlement créé se propage dans les roches par ondes progressives. Lorsque ces ondes
arrivent à une surface de discontinuité séparant deux milieux de propriétés élastiques ou de
densités différentes, il y a, comme en optique, des phénomènes de réflexion et de réfraction.
Les ondes réfléchies remontent vers la surface du sol. Les rayons sismiques prennent alors
l'allure de SP1R1 dans la figure. Si, lors d'une même émission, on dispose plusieurs récepteurs
à la surface du sol, par exemple sur un profil passant par le point d'émission, et que l'on
enregistre les signaux correspondants, on obtient un sismogramme. En effet, les signaux,
issus de S  et réfléchis sur une surface (ou miroir) M, vont être sensiblement alignés sur
l'enregistrement. Si l'on a pris soin de disposer les différentes pistes comme le sont les
récepteurs sur le terrain, on dit qu'on voit une réflexion sur le sismogramme. Il y a, d'autre
part, une relation étroite entre l'allure de cette réflexion et celle de la surface M. Si cette
dernière se rapproche de la surface du sol, les temps de parcours de la source au récepteur
sont plus courts, et la réflexion du sismogramme se rapproche de l'origine des temps sur
celui-ci. Il suffit donc de regarder l'enregistrement, en plaçant l'axe des temps verticalement,
l'axe des distances horizontalement, pour se faire une bonne idée des mouvements de la
surface M dans le sous-sol. D'où le nom de coupe sismique que l'on donne à cette figure.

24
   
Rayons réfléchis et réfractés
Le phénomène de réflexion s'accompagne d'une transmission d'énergie à travers la
surface de discontinuité avec réfraction des rayons, comme en optique. En fait, les miroirs
sismiques sont semi-transparents. Cette circonstance heureuse Film sismique
permet l'observation
simultanée de plusieurs surfaces de discontinuité à la fois. Les assemblages de
sismogrammes méritent leur nom de coupes sismiques, car ils donnent une bonne image de
ce que serait une coupe verticale des terrains situés sous le profil. Un autre avantage de la
transmission d'énergie sismique à travers les surfaces est qu'elle peut donner lieu à une
propagation le long de certaines de ces surfaces par un phénomène de réfraction limite. Cela
se produit dans les cas où un milieu 1 surmonte un milieu 2 où la vitesse de propagation des
ondes est supérieure. Il est alors possible d'observer des ondes qui se comportent comme si
elles avaient suivi des trajets tels que SP 2P3R2. Elles attaquent la surface M et en sortent avec
le même angle, fonction seulement du rapport des vitesses en 1 et en 2. Le trajet P 2P3 est
parcouru à la vitesse à laquelle les ondes se propagent dans le milieu 2. On observe ces
ondes jusqu'à d'assez grandes distances : on dit alors que l'on fait de la sismique-réfraction
(en abrégé pour réfraction sous l'angle limite).
    Ce type de méthode sismique présente plusieurs avantages sur la sismique-réflexion : la
pénétration est souvent supérieure et on mesure de façon fort précise certaines des vitesses
de propagation. En revanche, elle présente des inconvénients assez graves : le nombre des
surfaces que l'on peut détecter est toujours beaucoup plus faible qu'en sismique-réflexion, et
il faut souvent des charges assez fortes pour fournir au sol l'énergie suffisante pour une
réception correcte des ondes après un parcours de plusieurs dizaines de kilomètres. De plus,
la sismique-réfraction ne fournit pas d'image du sous-sol.

    Le schéma de propagation des ondes, tel qu'il est décrit par la figure, peut paraître très
simple. En fait, il est compliqué par toutes sortes de phénomènes. D'abord, on doit
mentionner l'existence de deux types d'ondes, les ondes de condensation (ou longitudinales)
et les ondes de distorsion (ou transversales), qui se propagent avec des vitesses différentes.
Chaque fois qu'une onde d'un type donné se réfléchit ou traverse une surface de
discontinuité sous une incidence non normale, il y a conversion d'une certaine partie de
l'énergie de cette onde en une onde de l'autre type. D'autre part, il y a, comme en optique,
des phénomènes de réflexion multiple et de diffraction. Il existe aussi des ondes qui suivent
la surface libre et qui ne transportent donc pas d'information sur les couches profondes.

25
Enfin, il y a toujours une certaine agitation naturelle du sol, qui est gênante. On conçoit, dans
ces conditions, que les coupes de sismique-réflexion aient souvent un aspect assez
compliqué.

    En sismique pétrolière, le travail sur le terrain, qui permet l'enregistrement des résultats
de mesure, est suivi d'une phase de traitement de ces données par des moyens
informatiques.

    Ce traitement est rendu nécessaire par les nombreuses imperfections de la représentation
que la sismique-réflexion fournit du sous-sol. Certaines sont dues au fait que le temps que
mettent les ondes à traverser la couche superficielle n'est pas partout le même ; il faudra
donc compenser ces variations si l'on souhaite produire une image fidèle des miroirs
géologiques. D'autre part, le sismicien est en butte à

divers bruits, les uns naturels, les autres provoqués par l'émission elle-même. Pour les
combattre, on utilise le fait que les bruits naturels sont désordonnés et que les ondes de

26
surface ont des vitesses et des fréquences assez faibles. La méthode qui est universellement
employée consiste à appliquer la théorie des antennes : on émet en plusieurs points, on
reçoit en plusieurs points et on combine judicieusement les signaux correspondants.
Certaines des combinaisons se font directement sur le terrain par des branchements
électriques des capteurs, d'autres sont effectuées dans un centre de traitement par calcul
numérique. On procède encore à un certain nombre d'opérations de filtrage destinées à
diminuer les bruits et à améliorer le pouvoir de résolution. Enfin, on effectue des traitements
spéciaux destinés à fournir une description des formations rocheuses qui soit exacte
physiquement et géométriquement. C'est dans des centres de calcul que les bandes
magnétiques, support de l'information recueillie sur le terrain, sont lues et que les opérations
de traitement sont effectuées. La tendance à utiliser à cet effet les plus gros ordinateurs,
rapides et doués de mémoires de grande capacité, s'est généralisée quitte à effectuer des
traitements préliminaires ou complémentaires sur des machines plus petites. Le traitement
des données peut constituer un poste important dans la constitution du prix de la
prospection sismique. Après les calculs, et comme toujours en géophysique de prospection,
le dernier mot appartient à l'interprétation qui s'efforce d'identifier les différentes couches
reconnues par sismique, d'en dresser des cartes d'isobathes ou d'isopaches et de déterminer
si l'on est en présence de structures intéressantes. Les opérations sont grandement facilitées
et sont rendues plus efficaces par toutes les ressources de l'informatique. Pour les usages
autres que la prospection pétrolière, on n'effectue pratiquement aucune des opérations de
traitement de l'information qui viennent d'être décrites. Les spécialistes estiment en effet, à
tort ou à raison, qu'elles sont trop onéreuses.

    Les voies dans lesquelles s'engage avec succès la sismique-réflexion sont l'amélioration
des techniques d'estimation de certaines propriétés des roches réservoirs (porosité,
saturation) à partir de leurs paramètres élastiques, le développement des travaux à trois
dimensions, lesquels supposent des dispositifs de tir et d'enregistrement étalés en surface,
le raffinement des mesures utilisant des puits profonds, l'enregistrement de plus de cent
canaux par tir, l'utilisation d'émissions et de réceptions spécialisées dans les ondes de
distorsion, l'extension de l'emploi des ordinateurs embarqués ou de matériels incorporant
des microprocesseurs, donc dotés de capacité de traitement, la mise au point de méthodes
d'inversion des données prenant en compte de plus en plus fidèlement les phénomènes
physiques qui régissent la propagation des ondes élastiques dans les milieux géologiques.

27
   
Exemple d’une section sismique
 Le champ d'application de la sismique-réfraction
est, pour le génie civil ou pour la prospection
minière, la recherche de la base des alluvions dans une vallée, pour la prospection pétrolière,
la reconnaissance par points d'un socle cristallin et l'étude de l'épaisseur de la croûte
terrestre à terre et en mer. Celui de la sismique-réflexion comprend l'étude de l'épaisseur des
sables et graviers en mer, la recherche pétrolière à terre et en mer, et l'océanographie
géophysique. C'est la sismique-réflexion qui, du fait de ses qualités propres, est, de
beaucoup, la plus utilisée (97% du chiffre d'affaires de la prospection pétrolière ; 95% du
chiffre d'affaires de l'ensemble de la prospection géophysique). Beaucoup de progrès restent
encore à faire dans la voie de l'amélioration de l'exactitude et de la finesse avec laquelle elle
décrit les propriétés des roches. Cependant, son pouvoir de résolution, si imparfait soit-il
encore, explique qu'elle soit la seule qui permette d'envisager l'étude détaillée des couches
réservoirs qui contiennent les hydrocarbures. Elle ne peut constituer une méthode de
prospection directe, mais elle peut fournir, et fournira de plus en plus, les renseignements
dont ont besoin explorateurs et producteurs de pétrole et de gaz.

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