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INSEE MÉTHODES

N° 72 - 73

1A DÉFAILLANCE
D'ENTREPRISE
Causes économiques,
traitement judiciaire
et impact financier

Régis BLAZY, Jérôme COMBIER

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INSEE
L1- 3É_'AILLANCE
D'ENTREPRISE
Causes économiques,
traitement judiciaire
et impact financier

Régis BLAZY, Jérôme COMBIER


Régis BLAZY est Maître de conférences à l'Université de Paris IX Dauphine.
Jérôme COMBIER est Administrateur de l'INSEE.

Les jugements et opinions exprimés n'engagent que les auteurs.

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
INSTITUT NATIONAL
DE LA STATISTIQUE ET DES ÉTUDES ÉCONOMIQUES

Direction Générale
18, boulevard Adolphe Pinard - 75675 Paris cedex 14

Directeur de la publication : Paul Champsaur


Sommaire
SOMMAIRE

INTRODUCTION 11

PREMIÈRE PARTIE : LE DOMAINE DE L'ÉTUDE 19


L L'ampleur de la défaillance 19
IL Les objectifs du droit 21
III. Les aspects juridiques de la défaillance 23
1. L'entreprise avant la cessation des paiements 23
2. Traitement judiciaire des difficultés 24
IV. Le champ de l'étude 33

DEUXIÈME PARTIE : LES CAUSES DE LA DÉFAILLANCE 39


1. Facteurs de déclin par issues 41
1. La défaillance « accidentelle » 42
2. Caractère structurel de la réduction des débouchés 43
3. La contrainte de financement 44
4. Le système d'information interne 45
5. Les coûts et la structure de production 46
6. Demande sectorielle et pressions concurrentielles 47
Il. Liens de proximité entre les facteurs de déclin 49
1.Classification pour les continuations 50
2. Classification pour les cessions 53
3. Classification pour les liquidations 56
III. L'analyse des causes de la défaillance et le diagnostic financier de
l'entreprise 59
IV. Comportements précédant la cessation des paiements 61
TROISIÈME PARTIE : L'OUVERTURE DE LA PROCÉDURE,
LA PÉRIODE D'OBSERVATION ET LA GESTION
DE L'ENTREPRISE 69

1. Les caractéristiques des entreprises à l'ouverture de la procédure 69


1. Structure par taille 69
2. Structure par âge 71
3. Structure par insuffisance d'actif 72
11. Les étapes du déroulement de la procédure collective 73
Ill. Les mesures de la période d'observation 77
1. Spécificités de la gestion de l'entreprise 77
2. Mesures engagées selon l'issue 79

QUATRIÈME PARTIE : L'ISSUE DE LA PROCÉDURE 89

1. Mesures des plans de redressement 89


I. Plans de continuation 90
2. Plans de cession 92
11. « Critères de choix » des tribunaux sur les propositions de reprises 95

CINQUIÈME PARTIE : IMPACT FINANCIER


DE LA DÉFAILLANCE 101

1. Compléments juridiques sur les taux de recouvrement 101


1. La connaissance du passif 101
2. La « fixation » du passif 102
3. Traitement particulier de certains créanciers 102
4. Le désintéressement des créanciers en fonction de l'issue 104
Il. Structure de bilan des entreprises en redressement judiciaire 107
111. Estimation des taux de recouvrement 109

CONCLUSION 115
ANNEXES 119

I. Positionnement de l'enquête de l'insee


par rapport aux autres travaux 119
Les causes de la défaillance à travers l'analyse de ses déterminants
macroéconomiques 120
Il. Présentation de l'échantillon 123
III. Les sources d'information utilisées 127
IV. Les grilles d'analyse 129
V. Codifications des causes de défaillance 139
VI. Mesures prises pour redresser l'entreprise, conditions des plans
de continuation ou de cession 141
VII. Description des grilles (données financières et causes
et mesures de gestion) 143
Données financières 143
Causes de la défaillance et mesures pour prévenir la défaillance
ou pour redresser l'entreprise 145

GLOSSAIRE 151

BIBLIOGRAPHIE 163

LISTE DES TABLEAUX, GRAPHIQUES ET FIGURES 173


Introduction

Analyse économique de la défaillance 9


INTRODUCTION

Historiquement, le droit de la défaillance a d'abord eu pour objectif de


sanctionner le débiteur en cessation des paiements'. La montée du nombre de
défaillances a toutefois progressivement conduit à la mise en place d'une législation
privilégiant l'objectif de sauvetage des entreprises.
Ainsi, en France, la procédure judiciaire doit «permettre la sauvegarde de
l'entreprise, le maintien de l'activité et de l'emploi et l'apurement du ,passif» (art.
ler de la loi du 25 janvier 19852).
Cependant, le diagnostic, le traitement des difficultés financières et l'issue
de la procédure seront différents selon la situation dans laquelle se trouve
l'entreprise lors de la défaillance et les causes de la cessation des paiements.
En effet, l'article premier de la loi ne doit pas être considéré comme
imposant, entre ces différents critères, une hiérarchie que les tribunaux seraient
contraints de respecter quelle que soit la situation de l'entreprise. Il s'agit davantage
d'une orientation générale à suivre lorsque cela est possible, cet article ayant pour
objet de fixer la philosophie de la loi : les bénéfices tirés de la préservation du tissu
économique et de l'emploi justifient de privilégier le sauvetage des entreprises par
rapport aux intérêts individuels des créanciers.
La législation sur les défaillances apparaît ainsi comme étant de nature
essentiellement économique, d'abord par son domaine d'application (les
entreprises), mais aussi et surtout par ses objectifs : la « gestion » de la procédure et
la décision du sort de l'entreprise nécessitent une appréciation économique de sa
situation et de ses potentialités.

L'objectif de l'étude : l'analyse économique de la défaillance


Cet ouvrage présente les résultats d'une étude analysant la législation sur les
défaillances d'un point de vue économique à partir de données qualitatives et
quantitatives sur les entreprises défaillantes'. Il aborde, en les reliant, les trois étapes
de la procédure :
- les causes des difficultés ayant conduit à la défaillance et la situation de
l'entreprise lors de l'ouverture de la procédure collective ;
- le déroulement de la procédure collective et le choix de l'issue par le
tribunal ;
- l'impact financier sur les créanciers de l'entreprise.

I Les termes français « banqueroute » ou américain « banlcruptcy » font d'ailleurs référence à la « banca
rotta », sanction qui était prise en Italie à l'encontre du débiteur ayant failli à ses engagements : son
banc à l'assemblée des marchands était brisé.
2 Cet article n'a pas été modifié par la loi de 1994.
3 Cette approche est complémentaire d'une approche théorique qui consisterait à modéliser l'impact des
différentes dispositions de la loi (et d'une éventuelle modification de ces dispositions) sur le
comportement des différents acteurs de la procédure.

Analyse économique de la défaillance 11


La conduite d'une telle étude a nécessité la mise en place d'une enquête
spécifique sur les entreprises défaillantes. Les informations qualitatives et
quantitatives nécessaires à l'analyse proviennent des dossiers des procédures
collectives, informations qui ne sont fournies par aucune autre source. Ces dossiers
ont été dépouillés à l'aide de grilles d'analyse conçues spécifiquement pour cette
enquête qui ont permis d'obtenir une information exploitable de façon systématique
sur un grand nombre d'entreprises.
Utiliser les données figurant dans les dossiers des procédures permet de
suivre l'entreprise :
'ù partir de l'origine des difficultés (les causes de la défaillance et la situation de
l'entreprise sont analysées pendant la période d'observation dans un rapport qui
figure au dossier),
- puis au cours de la procédure collective jusqu'au jugement décidant de son sort.
Il est ainsi possible de mettre en relation les causes des difficultés, les
modalités de leur traitement dans le cadre judiciaire, l'issue de la procédure et
l'impact financier sur les partenaires de l'entreprise (taux de recouvrement des
créances).

Les apports de l'enquête


L'enquête présentée dans cet ouvrage permet de disposer d'éléments
nouveaux sur l'analyse des causes de la défaillance et sur l'appréciation économique
du traitement judiciaire des difficultés des entreprises, dans ses modalités et dans ses
conséquences financières.
Outre l'analyse détaillée de chacun de ces points à partir des données sur les
entreprises, c'est précisément le fait de relier ces différents « moments de la
procédure» qui fait l'originalité de cette étude. L'ouvrage fournit ainsi des éléments
d'appréciation sur l'adéquation des traitements à la situation des entreprises et sur
les conséquences financières de ces traitements.
Deux enquêtes réalisées par la Caisse nationale des marchés de l'État
(CNME) en 1978 [024]" et le Crédit d'équipement des PME (CEPME) en 1986
[026] ont permis de disposer de données quantitatives sur les origines de la
défaillance. Toutefois, leurs résultats ne permettent pas de relier les causes de la
cessation des paiements avec le déroulement de la procédure collective ou avec
l'issue de celle-cis. D'autres enquêtes, qui s'apparentent davantage à des études de
cas compte tenu de la taille des échantillons retenus, ont porté sur le comportement
des banques face aux entreprises en difficultés [020] ou sur le taux de recouvrement
des créances [014].

4 Les chiffres entre crochets dans le corps du texte ou en note de bas de page renvoient à la
bibliographie en fin d'ouvrage.
5 Par ailleurs, ces deux enquêtes portent sur des entreprises défaillantes dans le cadre de la loi de 1967.
Or la loi de 1985 a bouleversé le régime juridique applicable (priorité accordée à la sauvegarde de
l'entreprise, sanctions moins fortes à l'encontre du dirigeant...), ce qui peut avoir exercé un effet sur les
causes de la défaillance, du fait de la « banalisation » du dépôt de bilan.

12 Insee Méthodes n° 72-73


D'autres études ont été réalisées à partir des données individuelles des
entreprises, mais il s'agit exclusivement de travaux effectués à partir des variables
financières des entreprises avant la défaillance .(analyse financière de l'évolution
vers la défaillance, scoring— i.e. prévision individuelle du risque de défaillance —...).
Ces études ne peuvent saisir ce qui se passe après la défaillance et se fondent quasi-
exclusivement sur des variables financières6. Or, si la défaillance est un phénomène
de nature financière (puisque celle-ci est déclenchée par la cessation des paiements,
i.e. l'incapacité pour l'entreprise de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible), la dégradation des variables financières n'est que le symptôme des
causes de la défaillance. Dans ces conditions, identifier les variables financières qui
permettent le mieux de « prévoir » la défaillance revient à déterminer les canaux
financiers de transmission des difficultés mais n'apporte pas d'information sur la
nature de celles-ci.
Les études macro-économiques qui mettent en relation les défaillances avec
d'autres variables économiques (les « déterminants » du taux de défaillance :
créations d'entreprises, taux d'intérêt, évolution ou erreurs d'anticipation de la
demande... [015], [021], [085]) apportent des informations sur les causes de la
défaillance au niveau agrégé. Mais elles ne permettent pas de comprendre quels sont
les facteurs internes qui expliquent que, face aux mêmes difficultés, une entreprise
disparaîtra alors qu'une autre poursuivra normalement son activité.

Cette enquête présente toutefois certaines limites qui doivent être


mentionnées.
• Elle a été réalisée en 1995 sur des entreprises faisant l'objet de l'ouverture
d'une procédure collective en 1991. Le choix d'une année relativement ancienne
s'imposait pour disposer d'informations suffisantes sur le déroulement de la
procédure (qui peut durer jusqu'à un an et demi) et surtout sur les conséquences
financières pour les partenaires de l'entreprise défaillante (la réalisation des actifs
dans le cas des liquidations -qui sont l'issue la plus fréquente- pouvant prendre
plusieurs années), Toutefois la méthodologie développée à l'occasion de cette étude
permet de réactualiser relativement facilement les résultats obtenus. Il serait
également possible de mettre en place un outil d'analyse de la défaillance en temps
continu en faisant remplir de façon systématique, dans le cadre de la procédure, les
grilles d'analyse utilisées dans cette enquête.
• Le choix de l'année 1991 conduit en outre à ne pas intégrer dans l'analyse
des entreprises faisant l'objet d'une procédure dans le cadre de la loi modifiée par la
réforme de 1994v. Cependant les modifications apportées par la loi de 1994
(moralisation des plans de cession, atténuation de la priorité dont bénéficient les
créanciers de l'article 40 essentiellement) s'apparentent beaucoup plus à des
aménagements de la loi de 1985 (à l'exception du domaine de la prévention qui est
nettement renforcée) qu'à un changement en profondeur des orientations et des

6 Des variables qualitatives peuvent en effet être utilisées (secteur d'activité, taille ou âge de
l'entreprise...).
7 En cas de réactualisation de l'enquête, il serait ainsi possible de disposer d'un point de comparaison
pour apprécier les conséquences résultant de l'introduction de la nouvelle législation.

Analyse économique de la defaillance 13


objectifs de la législation. En ce qui concerne les conclusions qui peuvent être tirées
de l'enquête, la nouvelle loi devrait surtout avoir un impact sur la situation des
entreprises à l'ouverture de la procédure collective si celles-ci utilisent pleinement
les nouvelles possibilités offertes par la procédure de règlement amiables.
• L'analyse des dossiers de procédure collective ne fournit aucun élément
sur la teneur des négociations entre les différentes parties9 (entreprise, créanciers,
repreneurs, tribunal). Elle permet seulement d'en constater les résultats dans le
déroulement de la procédure et à travers son issue (sort de l'entreprise et taux de
recouvrement des créanciers). Cependant ces résultats permettent de retrouver
certaines conclusions des modèles théoriques des négociations qui interviennent
pour résoudre les difficultés des entreprises (dans le cadre ou non d'une procédure
collective).
• Enfin l'enquête ne porte que sur des entreprises faisant l'objet d'une
procédure de redressement judiciaire devant le tribunal de commerce de Paris.
L'échantillon de l'enquête ne retrace donc pas nécessairement la structure de
l'ensemble des entreprises défaillantes en France, notamment pour la répartition par
secteur d'activité10.
*
* *
Cet ouvrage, après une première partie sur les aspects juridiques, décrit les
causes économiques de la défaillance, la gestion de l'entreprise pendant la période
d'observation, l'issue de la procédure et enfin l'impact financier sur les partenaires
de l'entreprise.
Un glossaire des termes « techniques » de la défaillance complète ce
volume.
Par ailleurs, cet ouvrage fournit une méthodologie, dont le détail figure en
annexe, permettant d'analyser de façon systématique une source d'origine judiciaire,
les dossiers de procédure collective.

8 Celle-ci peut bénéficier à « ...toute entreprise commerciale ou artisanale qui, sans être en cessation de
paiements, éprouve une difficulté juridique, économique ou financière ou des besoins ne pouvant être
couverts par un financement adapté aux possibilités de l'entreprise. ».
9 Même si le tribunal décide souverainement des mesures à prendre concernant l'entreprise pendant la
procédure et du sort de l'entreprise, des négociations ont lieu entre les différentes parties pour mettre au
point des solutions.
10 La structure des défaillances à Paris et France entière est comparée sur plusieurs critères en annexe.

14 Insee Méthodes n° 72-73


REMERCIEMENTS

Les auteurs tiennent à remercier toutes les personnes sans l'aide desquelles
cette étude n'aurait pu être menée à bien, et notamment :
- au Tribunal de commerce de Paris, son ancien Président M. ROUGER, les
Présidents de chambre MM. BALLOT-LÉNA, HAÏ et SERRÉ , ainsi que Me
CHAVAUX, Administrateur judiciaire, qui ont favorisé la mise en place de l'étude ;
- au Greffe du Tribunal de commerce, les Greffiers en chef Me GUÉNIX et
Me REGNARD, ainsi que Me DURAFOUR et Me MONNIER, qui nous ont ouvert
l'accès aux dossiers ;

- les mandataires judiciaires à la liquidation des entreprises Me PIERREL et


Me DE THORÉ, ainsi que Me AYACHE, Me BAUMGARTNER,
Me BELHASSEN, Me BOISSET, Me BROUARD, Me CHEVRIER, Me DAUDÉ,
Me DIDIER, Me FRECHOU, Me GIRARD, Me LE DOSSEUR, Me MARILLIER,
Me MIZON, Me PAVEC et Me PENET-WEILLER, qui nous ont permis d'accéder
aux dossiers de leurs études.

Analyse économique de la défaillance 15


Première partie : Le
domaine de l'étude

Analyse économique de la défaillance 17


PREMIÈRE PARTIE : LE DOMAINE DE L'ÉTUDE

La défaillance est d'abord un évènement économique dans la mesure où il


résulte des difficultés économiques et financières de l'entreprise. Mais il est
également juridique dans la mesure où la loi définit les critères de déclenchement de
la procédure" et encadre strictement la situation de l'entreprise après la cessation
des paiements.

L L'AMPLEUR DE LA DÉFAILLANCE

Même si l'évolution des défaillances s'est récemment améliorée après des


années de hausse continue (le pic ayant été atteint en 1993 avec plus de 60 000
défaillances), plus de 50 000 entreprises continuent de faire l'objet d'une procédure
collective en 1996 en France, ce qui représente plus de 240 000 salariés touchés.

Graphique 1 : Évolution du nombre de défaillances depuis 1989

6000

5500 H ,
5000

4500

4000

3500

3000 H
2500

2000

1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996

Série mensuelle des jugements d'ouverture de procédures de redressement judiciaire, données corrigées
des variations saisonnières.
Source : INSEE, Bulletin Officiel Des Annonces Civiles et Commerciales (BODACC)

11 Ainsi en Allemagne, l'ouverture d'une procédure collective est conditionnée au fait que l'actif du
débiteur permette le paiement au moins des frais de procédure, ce qui conduit dans les faits à écarter
76 % des demandes d'ouverture (c'est la « faillite de la faillite » [093]). Dans ce cas, les actifs de
l'entreprise sont liquidés en dehors de toute procédure, sans traitement collectif des créanciers. Le
nombre de défaillances en Allemagne devrait donc être approximativement multiplié par 4 pour être
comparable aux données françaises.

Analyse économique de la défaillance 19


L'évolution des défaillances s'est stabilisée en 1996 par rapport à 1995 avec
une infime évolution à la baisse (-0,02 % sur l'ensemble des secteurs). Certains
secteurs connaissent une évolution plus marquée, à la hausse (commerce de gros
+3,8 %, automobile +4,9 %, transports +7,1 %, services aux particuliers +3,9 %) ou
à la baisse (commerce de détail -3,5 % et immobilier -4,4 %).

Tableau 1: Défaillances par secteur


Entreprises Salariés
Défaillances Évolution Taux de Effectifs Évolution
1996 95-96 défaillance 96 1996 95-96
Ensemble 53 847 -0,02 % 2,42 % 243 134 -1,9 (Y,,
Industrie 7 575 -1,60 % 2,69 % 76 660 -3,1 %
Bâtiment, génie civil 10 360 -0,48 % 3,24 % 54 656 -4,3 %
Commerce 15 665 +0,03 % 2,40 % 45 634 -2,8 %
de gros 5 601 +3,76 % 3,42 % 21 659 +1,0 %
de détail 8 015 -3,54% 1,97% 17 921 -8,9 %
automobile 2 049 +4,92 % 2,45 % 6 054 +4,0 %
Transports 2 110 +7,11 % 2,20 % 12 693 +23,0 %
Immobilier 3 036 -4,41 % 3,24 % 3 172 -20,3 %
Services aux entreprises 6 474 +0,83 % 1,67 % 27 904 -2,0 %
Hôtels, cafés, restaurants 6 156 +0,21 % 2,94 % 14 613 +3,1 %
Services aux particuliers 2 471 +3,91 % 1,34 % 7 802 +0,3 %
Source : INSEE, BODACC

L'évolution plus favorable des défaillances en termes d'effectif salarié


touché (diminution de -1,9 % contre une stabilité en termes de nombre d'entreprises
touchées) s'explique par une modification de la structure par taille des entreprises
défaillantes : les entreprises touchées en 1996 sont plutôt de plus petite taille qu'en
1995.
Il faut noter que tous les salariés touchés par la défaillance de leur
entreprise ne perdent pas leur emploi : en effet toutes les entreprises ne sont pas
liquidées, et en particulier les plus importantes connaissent davantage que les autres
des restructurations qui permettent le maintien de tout ou partie de l'activité (50 %
des effectifs touchés par une défaillance appartiennent à des entreprises de plus de
20 salariés). Dans ce cas, le dépôt de bilan de l'entreprise peut malgré tout entraîner
des pertes de salaire, même si une partie des arriérés est prise en charge par la
collectivité au travers de l'AGS (Association pour la gestion du régime d'assurance
des créances des salariés).
Le taux de défaillance (i.e. le rapport entre le nombre de défaillances d'une
année et le nombre d'entreprises vivantes en début d'année) s'établit à 2,4 % en
1996 sur l'ensemble des secteurs. Il varie entre 1,3 % pour le secteur le moins atteint
(les services aux particuliers) et 3,4 % pour le secteur le plus touché (le commerce
de gros).

20 Insee Méthodes n° 72-73


IL LES OBJECTIFS DU DROIT

Historiquement, l'objectif premier du traitement de la défaillance a été de


punir le débiteur qui rompt ses engagements en n'honorant pas ses dettes. La
spécificité de la défaillance n'apparaissait à l'origine que dans la dureté des
sanctions à l'encontre du débiteur. Celles-ci devaient en effet être exemplaires, le
débiteur ayant trahi la confiance de ses partenaires, élément indispensable dans les
relations d'affaires.
Les caractéristiques économiques de la défaillance n'ont été prises en
compte que progressivement par le droit.
Le facteur de risque inhérent à toute relation d'affaires a conduit à accepter
l'idée qu'un débiteur malchanceux puisse faire faillite sans avoir volontairement
trahi la confiance de ses créanciers : la sanction peut être plus douce, la législation
devant se préoccuper essentiellement du paiement des créanciers.
Le grand nombre de créanciers concernés par la défaillance a rendu
nécessaire un traitement collectif des créanciers à la place d'un système où le
paiement serait le prix de la course (cf. glossaire en fin d'ouvrage). En effet, dans un
tel système, les créanciers doivent exercer une surveillance coûteuse de l'ensemble
de leurs débiteurs afin d'être les premiers servis en cas de difficultés. En outre, le
dépeçage de l'entreprise ne permet pas forcément d'en tirer le meilleur prix : la
vente séparée des éléments d'actif peut rapporter moins que leur cession globale. En
effet, lorsqu'un créancier fait saisir et vendre un bien, il ne prend pas en
considération les intérêts des autres ayants droit : il peut faire vendre un bien isolé,
même si celui-ci est indispensable au fonctionnement de l'entreprise et indissociable
des autres éléments d'actif.
Enfin, est apparu l'objectif de sauvetage de l'entreprise. Deux logiques
sous-tendent celui-ci. La première est qu'une entreprise peut se trouver
temporairement dans une situation d'illiquidité alors qu'il existe des perspectives de
rentabilité à plus long terme. Il peut alors sembler justifié de la redresser, tandis
qu'une entreprise insolvable (i.e. dont la rentabilité est insuffisante à long terme)
serait liquidée. La volonté de préserver le tissu économique (emploi, compétence
dans des secteurs stratégiques...) peut également conduire à la mise en place d'un
système privilégiant le redressement de l'entreprise, le cas échéant au détriment des
créanciers.

Les étapes récentes du droit de la défaillance en France

La loi du 13 juillet 1967 différencie pour la première fois le sort du débiteur


(qui dépend de son comportement) et celui de l'entreprise (qui dépend des
possibilités de redressement). L'appréciation portée par le tribunal sur le potentiel de
redressement de l'entreprise conduit à ouvrir soit une procédure de règlement

Analyse économique de la défaillance 21


judiciaire, soit une procédure de liquidation des biens. En cas de règlement
judiciaire, une proposition de contrat d'apurement du passif est faite aux créanciers
qui se prononcent par un vote. Si le concordat est accepté, il est homologué par le
tribunal et s'impose alors à tous les créanciers. Le sort de l'entreprise est donc lié à
une décision des créanciers. Quelle que soit la procédure adoptée, le débiteur, en cas
de faute, peut être sanctionné lourdement.
La réforme de 1967 a aussi mis en place un mécanisme de prévention avec
la procédure de suspension provisoire des poursuites (ordonnance du 23 septembre
1967). Il est applicable aux entreprises en situation financière difficile mais non
irrémédiablement compromise, dont la disparition serait de nature à causer un
trouble grave à l'économie nationale ou régionale et qui pourrait être évitée dans des
conditions compatibles avec l'intérêt des créanciers. Elle permet à une entreprise en
difficulté de préparer un plan de redressement sans être contrainte de trouver des
fonds pour payer ses créanciers, tout en étant à l'abri de leurs poursuites. Le tribunal
peut imposer un plan de redressement comprenant des restructurations et des délais
de paiement. Ainsi, pour la première fois, le sauvetage de l'entreprise peut être
imposé aux créanciers.
Face à la crise économique, la réforme de 1985 instaure un système plus
protecteur de l'entreprise. Une procédure de règlement amiable est applicable aux
entreprises n'ayant pas encore cessé leurs paiements (loi du ) er mars 1984). Une
procédure unique de redressement judiciaire est mise en place avec pour objectif de
« permettre la sauvegarde de l'entreprise, le maintien de l'activité et de l'emploi et
l'apurement du passif» (loi du 25 janvier 1985, art. 1). Le sauvetage de l'entreprise
et de l'emploi passe donc au premier plan avant le désintéressement des créanciers.
Cette réforme diminue considérablement les droits des créanciers : leurs droits de
poursuite sont suspendus, le tribunal décide seul du sort de l'entreprise (liquidation
ou redressement, par continuation ou cession) et peut imposer des délais de
paiement.
Le cadre juridique de 1985 est encore, pour l'essentiel, celui en vigueur
aujourd'hui, la loi du 10 juin 1994 ayant davantage procédé à des aménagements
qu'à une réforme de fond. Ses effets les plus importants concernent la prévention
des difficultés avec le renforcement du règlement amiable (suspension des
poursuites et développement des procédures d'alerte avec information du président
du tribunal de commerce) ainsi que la moralisation des plans de cession.

22 Insee Méthodes n° 72-73


III. LES ASPECTS JURIDIQUES DE LA
DÉFAILLANCE

Le système français de traitement des difficultés des entreprises comprend


deux volets. Avant la cessation des paiements, la prévention doit permettre d'éviter
la défaillance en anticipant les difficultés, ou en favorisant leur résolution dans le
cadre d'un règlement amiable. En cas d'échec de ces méca' ismes de prévention,
une procédure de redressement judiciaire est ouverte, dont l'objectif principal est la
sauvegarde de l'entreprise.
L'enquête porte sur des entreprises faisant l'objet d'une procédure
collective sous le régime de la législation de 1985. La loi de 1994 n'introduisant pas
de bouleversements, il a semblé préférable de présenter l'état actuel du droit tout en
soulignant les modifications apportées par la loi de 1994.

1. L'ENTREPRISE AVANT LA CESSATION DES PAIEMENTS

La prévention des difficultés passe essentiellement par l'amélioration de la


structure financière et le développement de l'information des dirigeants (documents
financiers prévisionnels ou déclenchement de procédures d'alerte). Lorsque les
difficultés n'ont pu être évitées l'entreprise peut prendre l'initiative d'une
négociation avec le soutien des pouvoirs publics ou d'un règlement amiable. Ces
dispositifs ont été mis en place par la loi du 1 er mars 1984 qui est le premier texte
officiellement consacré à la prévention des difficultés des entreprises. Elle a été
renforcée en 1994 (notamment le règlement amiable).

A. La prévention des difficultés des entreprises

La procédure d'alerte a pour fonction d'attirer l'attention des dirigeants sur


les difficultés et de les inciter à prendre des mesures de redressement. Elle a été
renforcée par la réforme de 1994 qui a introduit une information du président du
tribunal de commerce qui peut déclencher une procédure collective s'il constate la
cessation des paiements.
Le commissaire aux comptes d'une entreprise doit déclencher une
procédure d'alerte quand il relève des faits de nature à compromettre la continuité
de l'exploitation. Le comité d'entreprise et les associés disposent du droit de
déclencher une procédure d'alerte qui peut déboucher sur l'inforrnation du
commissaire aux comptes. Le président du tribunal de commerce peut également
convoquer les dirigeants de sa propre initiative.

Analyse économique de la défaillance 23


La prévention de la défaillance face aux difficultés

Lorsqu'une entreprise, sans être en état de cessation des paiements, est


confrontée à des difficultés trop importantes pour y faire face seule, elle peut
rechercher le soutien des pouvoirs publics (CIRI, CORRI, CODEF1), ou demander
l'ouverture d'un règlement amiable pour faciliter la négociation avec ses créanciers.
Le règlement amiable est ouvert à l'initiative des dirigeants d'entreprises
qui, sans être en cessation des paiements, éprouvent une difficulté juridique,
économique ou financière ou des besoins ne pouvant être couverts par un
financement adapté aux possibilités de l'entreprise. Si le redressement est encore
possible, le président du tribunal de commerce peut ouvrir le règlement amiable
pendant lequel il nomme un conciliateur pour favoriser un accord avec les
créanciers. Il peut aussi prononcer une suspension provisoire des poursuites s'il
estime qu'elle serait de nature à faciliter la conclusion de l'accord. Toutefois, la
publicité de cette mesure met fin à la confidentialité qui entoure la procédure de
règlement amiable.
En cas d'inexécution par l'entreprise des engagements du plan, le président
du tribunal prononce la résolution de celui-ci ainsi que la déchéance de tout délai de
paiement accordé. En cas d'inexécution des engagements financiers, il peut
également ouvrir une procédure de redressement judiciaire (depuis 1994 cette
ouverture n'est plus automatique), même si l'entreprise n'est pas en situation de
cessation des paiements.

2. T ITEMENT JUDICIAIRE DES DIFFICULTES

Lorsque, malgré les mécanismes de prévention à sa disposition, l'entreprise


n'a pu éviter le défaut de paiement, une procédure de redressement judiciaire est
engagée. Pendant la période d'observation, l'entreprise poursuit son activité dans
des conditions favorables grâce aux dispositions protectrices de la législation. Cette
période, qui doit permettre d'apprécier les perspectives de redressement de
l'entreprise, se termine par un jugement décidant du sort de celle-ci : redressement
(par continuation ou par cession) ou liquidation.

A. L'ouverture de la procédure de redressement judiciaire

Pour un débiteur entrant dans le champ d'application de la loi sur les


défaillances, la cessation des paiements entraîne l'ouverture d'une procédure
collective par un jugement du tribunal. Le champ des procédures collectives
comprend l'ensemble des personnes morales de droit privé, les commerçants,
artisans et agriculteurs. Les autres débiteurs ne bénéficient pas des effets protecteurs
des procédures collectives et les créanciers sont libres d'engager des poursuites
individuelles à leur encontre.

24 Insee Méthodes n° 72-73


• Une procédure collective ne peut en généralu être ouverte que si
l'entreprise est en état de cessation des paiements, i.e. dans l'impossibilité de faire
face à son passif exigible avec son actif disponible.
• Tout débiteur qui cesse ses paiements doit en faire la déclaration au
tribunal" dans un délai de 15 jours. Le défaut de déclaration est une cause de faillite
personnelle. La procédure peut également être ouverte sur assignation d'un
créancier, quel que soit le montant de sa créance. Le tribunal peut se saisir d'office,
ce qui permet de pallier la carence du débiteur et des créanciers ou de régulariser
une procédure mal engagée. Il peut également être saisi par le procureur de la
République.
• Si l'entreprise est bien en état de cessation des paiements, le tribunal rend
un jugement ouvrant la procédure collective : il ne peut pas refuser d'ouvrir la
procédure au motif, par exemple, que celle-ci serait inopportune. Le jugement
d'ouverture fait l'objet d'une large publication.

a) Choix de la procédure et durée de la période d'observation

Le jugement d'ouverture fixe le type de régime appliqué (régime général,


automatiquement pour les plus grosses entreprises, sur option pour les autres, ou
régime simplifié) ainsi que la durée de la période d'observation'4, pendant laquelle
l'activité de l'entreprise est poursuivie.
La période d'observation prend fin par un jugement du tribunal prononçant
soit le redressement de l'entreprise (par voie de continuaiion ou de cession), soit sa
liquidation.
Avant la réforme de 1994, le prononcé du jugement d'ouverture d'une
procédure de redressement judiciaire était nécessaire, même si l'entreprise devait
être liquidée le jour même. Le prononcé de la liquidation immédiate sans ouverture
d'une période d'observation est maintenant possible, lorsque l'entreprise a cessé
toute activité ou lorsque le redressement est manifestement impossible. Cette
modification ne fait que réglementer une pratique antérieure largement répandue.

12 Une procédure collective peut être ouverte dans certains cas sans cessation des paiements. Il s'agit
notamment du cas du locataire-gérant d'une entreprise en difficulté qui n'exécute pas son obligation de
rachat, du bénéficiaire d'un règlement amiable qui n'exécute pas ses engagements financiers, mais
également des cas de sanctions à l'encontre des dirigeants, et d'extension des procédures. L'inexécution
des engagements pris dans le cadre d'un plan de continuation peut également conduire à la liquidation
judiciaire.
13 Le tribunal compétent est le tribunal de commerce pour les artisans et les commerçants ou le tribunal
de grande instance pour les autres cas, notamment les agriculteurs ou les personnes morales de droit
privé non commerçantes.
14 Dans le régime général, la durée maximale de la période d'observation, qui peut être renouvelée une
fois, est de 6 mois. Elle peut en outre être exceptionnellement prolongée pour une durée n'excédant pas
8 mois. Dans la procédure simplifiée, la durée maximale de la période d'observation, qui peut être
renouvelée une fois, est de 4 mois.

Analyse économique de la défaillance 25


b) La fixation de la date de la cessation des paiements

La date de cessation des paiements est difficile à déterminer. Le tribunal la


fixe sans toutefois pouvoir remonter plus de dix-huit mois avant le jugement
d'ouverture. La période qui s'étend entre la cessation des paiements et le jugement
d'ouverture est la période suspecte. Pendant ce délai le débiteur risque de dissimuler
ses biens ou de favoriser certains créanciers. Les actes conclus à cette époque
peuvent donc être annulés.

c) Mise en place des organes de la procédure

Le jugement d'ouverture désigne un juge-commissaire qui dispose de très


larges pouvoirs d'investigation et qui est chargé d'accélérer et de surveiller le
déroulement de la procédure. Un administrateur judiciaire est obligatoirement
désigné dans le régime général pour participer à la gestion de l'entreprise, analyser
sa situation et apprécier ses chances de redressement. Un représentant des créanciers
(ou mandataire judiciaire à la liquidation des entreprises) est toujours désigné pour
agir au nom des créanciers, enregistrer et vérifier les créances sur l'entreprise. Ces
deux mandataires de justice spécialisés sont rémunérés par le débiteur.

B. La période d'observation

La période d'observation est une innovation de la loi de 1985. Pendant cette


période, l'activité est continuée et toutes les poursuites contre l'entreprise sont
suspendues afin de préserver son potentiel économique.

a) L'observation de l'entreprise et la préparation du plan de redressement

La période d'observation est l'occasion d'analyser les difficultés ayant


conduit l'entreprise à la défaillance ainsi que les perspectives de redressement dans
le cadre d'un plan de continuation ou de cession.
Lorsqu'un administrateur judiciaire est nommé, il établit le bilan
économique et social de l'entreprise avec le concours du débiteur et l'assistance
éventuelle d'experts. Ce rapport précise l'origine, l'importance et la nature des
difficultés de l'entreprise. Sur la base du bilan économique et social, il propose soit
un plan de redressement, soit la liquidation judiciaire.
Dans le régime simplifié, à défaut d'administrateur, le débiteur élabore le
projet de plan de redressement que le juge-commissaire soumet au tribunal en
donnant son avis.

b) La gestion de l'entreprise

La loi de 1985 a introduit un dessaisissement variable du chef d'entreprise


et en pratique celui-ci restera souvent à la tête de son entreprise : pour que le
redressement reste possible, l'activité doit se poursuivre dans des conditions proches

26 Insee Méthodes n° 72-73


de celles qui existaient avant le jugement d'ouverture. Les pouvoirs de
l'administrateur judiciaire varient selon le degré de défiance du tribunal envers les
dirigeant. Il peut être chargé, soit de surveiller les opérations de gestion, soit
d'assister le débiteur pour tous les actes concernant la gestion ou certains d'entre
eux, soit d'assurer seul, entièrement ou en partie, l'administration de l'entreprise.
Dans ces limites, le débiteur continue de gérer son entreprise, en respectant
toutefois certaines contraintes supplémentaires destinées à protéger la situation de
l'entreprise. Notamment, les licenciements pour motif économique doivent avoir un
caractère exceptionnel et ne peuvent intervenir que sur autorisation du juge-
commissaire.

c) Les modalités particulières de la continuation d'activité

Un certain nombre de dispositions facilitent la poursuite de l'activité de


l'entreprise pendant la période d'observation.
e Le jugement d'ouverture interdit de payer toute créance née
antérieurement au jugement d'ouverture (interdiction des paiements). Cette mesure a
mécaniquement un impact positif sur la trésorerie de l'entreprise en transformant
l'ensemble des dettes à court terme en dettes à moyen et long terme. L'entreprise est
également à l'abri de poursuites de la part de ses créanciers (suspension provisoire
des poursuites).
• L'administrateur (s'il n'en est pas nommé, le débiteur sur autorisation du
juge-commissaire), peut exiger la continuation des contrats en cours malgré le
défaut d'exécution par le débiteur d'engagements antérieurs au jugement
d'ouverture (article 37). Le débiteur est alors tenu de respecter pour l'avenir
l'ensemble des engagements qu'il a souscrits dans le cadre du contrat. Tous les
contrats sont soumis à l'article 37, à l'exception des contrats de travail.
• Afin de favoriser le financement de la poursuite de l'exploitation et
l'obtention de crédits après l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire,
les créanciers dont la créance naît après le jugement d'ouverture disposent d'un
droit de priorité (article 40).
• La loi `prévoit la possibilité d'annuler certains actes ou paiements
effectués au cours de la période suspecte qui s'étend de la cessation des paiements
au jugement d'ouverture : les sommes ou les biens récupérés rentrent alors dans le
patrimoine du débiteur. Lorsqu'un paiement est annulé, le créancier doit restituer ce
qu'il a reçu. Il peut ensuite déclarer sa créance pour en obtenir paiement dans les
conditions de droit commun. La nullité n'aboutit donc pas à une éviction, mais à un
rétablissement de l'égalité entre créanciers.

C. LA PHASE DEFINITIVE

La période d'observation prend fin avec un jugement qui arrête un plan de


redressement (continuation ou cession) ou prononce la liquidation judiciaire. Le
tribunal décide seul du sort de l'entreprise et des modalités de règlement des

Analyse économique de la défaillance 27


créanciers dans le cas d'un redressement, sans être lié par les propositions de
l'administrateur ou l'avis des créanciers.

a) Le redressement

Lorsque l'entreprise fait l'objet d'un redressement, le plan arrêté par le


tribunal précise les licenciements qui doivent intervenir dans le délai d'un mois
après le jugement, désigne les personnes tenues de l'exécuter et mentionne les
engagements pris et qui sont nécessaires au redressement de l'entreprise. Les
personnes qui exécuteront le plan ne peuvent pas se voir imposer des charges autres
que les engagements qu'elles ont souscrits au cours de sa préparation (cf. cependant
la transmission des contrats en cas de cession). Le plan de redressement peut être
adapté en cours d'exécution sans toutefois qu'il soit possible de modifier le prix de
cession.

La continuation de l'entreprise

Il s'agit du redressement de l'entreprise par le débiteur lui-même. Cette


solution est retenue lorsqu'il existe des possibilités suffisamment sérieuses de
redressement et de règlement du passif. Pour des petites entreprises, qui présentent
un intérêt moindre pour un repreneur éventuel, la continuation est en général la
seule alternative à la liquidation. Le plan, dont la durée est fixée librement par le
tribunal (la loi de 1994 a limité la durée du plan à 10 ans, mais l'échéancier de
remboursement n'est pas limité par le terme du plan), précise les conditions
économiques ou juridiques (restructurations...) et financières (apurement du passif,
financements ultérieurs) de la continuation. Un certain nombre de mesures de
restructuration peuvent être imposées par le plan de continuation.
Si le débiteur n'exécute pas ses engagements (depuis la réforme de 1994,
l'ensemble des engagements sont concernés et plus les seuls engagements
financiers) dans les délais fixés par le plan, le tribunal peut prononcer la résolution
de celui-ci et l'ouverture d'une procédure de liquidation judiciaire.

La cession de l'entreprise

La cession est adaptée aux cas où la continuation de l'exploitation par le


débiteur n'apparaît pas envisageable, alors que le redressement est possible. La
cession peut être totale ou partielle. En cas de cession partielle et en l'absence de
plan de continuation de l'entreprise, les biens non compris dans le plan de cession
sont réalisés comme en cas de liquidation.
Une fois son choix effectué, le tribunal ordonne la cession, et détermine les
contrats qui seront cédés avec l'entreprise. Si aucune offre ne paraît satisfaisante, la
liquidation judiciaire est prononcée.
La cession peut être précédée d'une période n'excédant pas deux ans durant
laquelle le fonds de commerce est donné en location-gérance au futur acquéreur. Si
le locataire ne s'acquitte pas de son obligation d'acquérir l'entreprise dans les
conditions fixées par le plan, il est automatiquement mis en redressement judiciaire.

28 Insee Méthodes n° 72-73


Toutefois, lorsque le locataire-gérant justifie qu'il ne peut respecter les conditions
initialement prévues pour une cause qui ne lui est pas imputable, il peut demander
au tribunal de modifier ces conditions, sauf en ce qui concerne le montant du prix.
Le principal intérêt que présente donc la location-gérance pour le repreneur est de
pouvoir bénéficier d'une modification du contrat en cas d'événements imprévus.

b) La liquidation de l'entreprise

La liquidation judiciaire peut intervenir à l'issue de la période


d'observation, ou sans période d'observation, dès lors que l'activité du débiteur a
cessé, ou que le redressement de celui-ci est manifestement impossible. La
réalisation de l'actif de l'entreprise peut se faire par la cession d'unités de
production, ou par la vente de biens isolés.
La liquidation judiciaire est arrêtée à tout moment par un jugement de
clôture soit pour extinction du passif, soit pour insuffisance d'actif. Le débiteur peut
alors reprendre la tête de ses affaires dans la mesure ou il n'a pas fait l'objet d'une
sanction l'en empêchant : par exemple, il peut créer une nouvelle entreprise... Le
débiteur est également libéré de ses dettes puisque le jugement de clôture pour
insuffisance d'actif ne fait pas recouvrer aux créanciers l'exercice individuel de
leurs actions contre le débiteur, sauf dans certains cas particuliers (sanctions).

c) Les sanctions à l'encontre du débiteur, des associés et des dirigeants.

Depuis la loi de 1967, le sort de l'entreprise dépend exclusivement de son


potentiel économique, indépendamment de l'appréciation qui peut être portée sur le
comportement de ses dirigeants et qui peut conduire le tribunal à prononcer à leur
encontre des sanctions spécifiques (pécuniaires ou personnelles).
Le tribunal peut prononcer des sanctions pécuniaires contre les dirigeants en
les condamnant à combler l'insuffisance d'actif de l'entreprise en tout ou en partie,
ou en leur étendant le redressement judiciaire qui frappe la personne morale, sans
que ces deux actions puissent se cumuler. Elles peuvent s'appliquer aux dirigeants
de fait (notamment les banques en cas d'immixtion dans la gestion de l'entreprise).
Les sanctions personnelles, notamment la faillite personnelle (sanction
civile) et la banqueroute (sanction pénale), ne sont encourues, par les débiteurs
personnes physiques ou les dirigeants de personnes morales ayant une activité
économique, que dans les cas les plus graves.

Analyse économique de la defaillance 29


Figure 1: Schéma simplifié du déroulement de la procédure de redressement
judiciaire dans le cadre de la législation de 1985

Cessation des paiements


sfçfnultdéolendjL

- Inexécution des ener,ternents financiers


Période suspecte d'un règlement amiable.
(remonte au plus 18 mois - Déclenchement facultatif en cas
avant le jugement d'ouverture) d'inexécution des engagements financiers
d un plan de continuation (seules issues :
cession ou liquidation judiciaire).
-Déclaraion de cessation des paiements - Déclenchement obligatoire en cas
-Assignation par les créanciers cf inexécution du rachat lors dune cession
précédée dune location gérance .
- Saisine d'office du tribunal
- Sanctions à l'égard des dirigeants.
- Saisine par le Procureur & la République
- Confusion de patrimoines.

Jugal-tilt cf ouverture

Période dobservation (au plus 18 imis)


Nomination de l'administrateur
-Elabcretion du bilan éoonomique et social de
l'entreprise judiciaire et du représentant
-Prpositions de l'administraeur &s créanciers.

Jugerrent sur le sort définitif de l'entreprise

Redressement I Sanctions éventuelles contre


le chef d'entreprise

Plan de Plan de
Liquidation
continuation cession


30 Insee Méthodes n° 72-73
Figure 2 : Schéma simplifié du déroulement de la procédure de redressement
judiciaire après la réforme de 1994

Cessation des mements


&e5fi05dei/Wenchement :

Déclenchement facultatif en cas


Période suspecte d'inexécution des en... ements financiers
(remonte au plus 18 mois d'un règlement amiable, ou des
avant le jugement d'ouverture) engagements d'un plan d._ continuation
(seule issue : la liquidation judiciaire).
- Déclenchement oblie oire en cas
-Déclaration cessation des paiements d'inexécution du rachat lots d'une cession
-Assignation par les créanciers précédée d'une location gérance.
- Saisine d'office du tribunal - Sanctions à l'égard des dirigeants.
- Saisine .t le Procureur de la République - Confusion de lm moines.

Jugement d'ouverture

Période d'observation (au plus 20 mois)


Nomination de l'administrateur
-Elaboration du bilan économique et social de
l'entreprise judiciaire et du représentant
des créanciers.
-Propositions de l'administrateur

Jugement sur le sort définitif de l'entreprise

-v V_
Redressement Sanctions éventuelles contre
1 le chef d'entreprise
1

Plan de F Plan de
Liquidation
continuation cession

Analyse économique de la défaillance 31


IV. LE CHAMP DE L'ÉTUDE

Le choix des entreprises du champ de l'étude a été réalisé à partir de la liste


des procédures ouvertes en 1991 en fonction de leurs issues, fournie par le greffe du
tribunal de commerce de Paris. L'ensemble des plans de redressement a été retenu,
soit 245 dossiers au total (108 plans de continuation et 137 plans de cession) et 517
dossiers parmi les 3 827 liquidations, soit un échantillon de 13,5 %.
L'analyse des liens entre les causes de la défaillance, l'issue de la procédure
de redressement et l'impact économique de celle-ci sur les partenaires de l'entreprise
nécessite de disposer de données connues parfois longtemps après le jugement
d'ouverture de la procédure. L'étude porte donc sur des entreprises faisant l'objet de
l'ouverture en 1991 d'une procédure de redressement judiciaire, de façon à disposer
dans la mesure du possible de dossiers clos. La durée maximale de la période
d'observation étant de 18 mois, le sort définitif de l'ensemble des entreprises's est
connu au plus tard à la mi 1993, et en fait beaucoup plus tôt pour la plupart des
liquidations. Pour ces dernières, l'étude ayant débuté à compter d'octobre 1994, il
reste dans le cas le moins favorable d'un jugement définitif courant 1993, encore
près d'un an et demi pour disposer de l'information sur les opérations de réalisation
d'actif.
Il faut toutefois distinguer les entreprises redressées de celles qui ont été
liquidées.
Pour ces dernières, le sort définitif de l'entreprise est connu avec certitude.
En revanche, le montant de liquidation (valeur pour laquelle les actifs de l'entreprise
sont effectivement réalisés dans le cadre de la liquidation) n'est pas toujours
définitif En effet, si la plus grosse partie des actifs a déjà été vendue à l'époque de la
collecte des données (d'octobre à décembre 1994), certains éléments peuvent encore
rester à liquider. Pour ces cas, la valeur de liquidation de l'entreprise a été chiffrée
en tenant compte à la fois des actifs déjà réalisés et de l'estimation faite par les
mandataires liquidateurs de la valeur des actifs restant à réaliser.
Pour les entreprises redressées, les données utilisées sont celles contenues
dans le jugement définitif décidant du sort de l'entreprise (en l'occurrence
redressement par continuation ou cession) et adoptant le plan de continuation ou de
cession devant être mis en oeuvre. Il est évidemment possible que les modalités du
plan ne soient pas respectées ou que de nouvelles difficultés surviennent, ce qui peut
conduire l'entreprise à faire de nouveau l'objet d'une procédure collective, celle-ci
pouvant notamment se terminer par une liquidation. Dans le cadre de cette étude, il
a été délibérément choisi de ne pas suivre le déroulement du plan de redressement
mis en oeuvre par le tribunal : les modalités de la survie de l'entreprise (et
notamment le remboursement des créanciers) sont celles figurant dans le plan
adopté par le jugement définitif.

15 Avec des exceptions concernant les dossiers multiples.

Analyse économique de la défaillance 33


Plusieurs raisons motivent ce choix.
Tout d'abord, les plans de redressement sont le plus souvent adoptés pour
une durée de plusieurs années. Pour juger de leur succès, il faudrait donc se placer
assez longtemps après leur adoption, ce qui impliquerait de ne traiter que des années
très anciennes, les plans concernant des entreprises déposant leur bilan en 1985
pouvant durer jusqu'en 1996 (pour la plupart des plans adoptés par le tribunal de
commerce de Paris, leur durée est inférieure à 10 ans'6).
Par ailleurs, dans l'analyse de l'échec du redressement, il est difficile de
faire la part entre l'adoption à tort d'un plan de redressement pour une entreprise non
viable qui aurait dû être liquidée et la conséquence de difficultés nouvelles.
Ceci rejoint la question de savoir s'il faut s'intéresser à la survie à long
terme de l'entreprise, ou bien uniquement au respect des modalités du plan. Les deux
aspects ne se recoupent pas entièrement, notamment dans le cas des plans de
cession.
Enfin, le suivi de l'entreprise après l'adoption d'un plan de redressement est
rendu difficile dans la mesure où sa structure peut être profondément modifiée
(notamment changement de numéro S1REN dans le cadre d'un plan de cession).

Le sort des entreprises bénéficiant d'un plan de continuation dans le cadre


d'une procédure de redressement judiciaire a été abordé dans une étude' qui montre
qu'environ 50 % des plans sont résolus, ce qui aboutit dans plus de 80 % des cas à la
liquidation de l'entreprise ayant fait l'objet du plan [056].

L'analyse des modes d'ouverture de la procédure fait apparaître un très petit


nombre de résolutions de plans dans l'échantillon, ce qui est cohérent avec la
structure des issues des procédures collectives qui débouchent dans plus de 93 %
des cas sur la liquidation de l'entreprise.
Pour des raisons de commodité et d'accessibilité des données, seules des
entreprisesul faisant l'objet d'une procédure collective au tribunal de commerce de
Paris ont été retenues dans l'étude. Le choix de Paris soulève donc le problème de la
représentativité de l'échantillon. Il est cependant raisonnable de penser que les
caractéristiques économiques des entreprises (taille, secteur d'activité, forme

16 11 s'agit d'une pratique volontaire du tribunal de commerce de Paris, la durée des plans de
continuation n'étant pas encore limitée par la loi en 1991.
17 Le sort des plans de redressement des entreprises en difficulté, étude statistique à partir des incidents
judiciaires des plans de continuation, automne 1993, présentée à la journée de l'AFFIC du 17 novembre
1993.
)8 Les personnes morales de droit privé non commerçantes et les agriculteurs qui font l'objet d'une
procédure devant le tribunal de grande instance ne font pas partie du champ de l'étude.

34 Insee Méthodes n° 72-73


juridique, capital social) ont une plus grande influence sur les causes de la
défaillance et sur la structure du passif que leur implantation géographique.

Analyse économique de la défaillance 35


Deuxième partie : Les
causes de la défaillance

37
Analyse économique de la défaillance
DEUXIÈME PARTIE LES CAUSES DE LA
DÉFAILLANCE

Les causes immédiates de la défaillance sont financières : en effet, aux


termes de la loi, une procédure collective doit être ouverte à partir du moment où
l'entreprise n'est plus en mesure de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible. Si l'entreprise pouvait avoir accès à des ressources financières
suffisantes pour faire face à ses échéances, elle ne serait jamais en situation de
défaillance et ce quelles que soient les difficultés « réelles » qu'elle pourrait
connaître.
Cependant ces difficultés financières peuvent résulter de facteurs d'origines
diverses qui ne sont pas nécessairement financiers. Il peut s'agir de débouchés
insuffisants, d'erreurs stratégiques, de coûts trop élevés, d'un système d'information
insuffisamment développé... Il peut également s'agir de problèmes financiers, mais
des éléments supplémentaires doivent être obtenus pour préciser le processus ayant
conduit l'entreprise à la défaillance : financement propre insuffisant, difficultés de
recouvrement sur des clients, structure financière inadaptée, taux d'intérêt trop
élevés...
La dégradation de la situation financière est la traduction des difficultés
« réelles » de l'entreprise. Ce sont ces symptômes financiers qui sont détectés,
parfois plusieurs années à l'avance, par les techniques de détermination précoce du
risque de défaillance (scoring). Cependant, l'utilisation de données comptables
permet seulement de disposer de données à des intervalles espacés alors que certains
ratios financiers se dégradent brutalement juste avant la défaillance. Par ailleurs, les
données comptables ne reflètent pas nécessairement la réalité de la situation de
l'entreprise dans la mesure où celle-ci peut être tentée de rechercher une
présentation favorable de ses comptes.
Pour comprendre le mécanisme ayant amené l'entreprise à la cessation des
paiements et apprécier ses chances de redressement, il n'est donc pas possible de se
contenter de l'analyse des données financières et de constater leur dégradation : il
faut rechercher les difficultés en amont.
L'objectif de la partie de l'enquête portant sur les causes de la défaillance
est précisément de mettre en évidence les difficultés rencontrées par l'entreprise
ayant conduit à la dégradation de la situation financière et finalement à la
défaillance. Face aux difficultés, l'entreprise a pu réagir, notamment en entamant
des négociations avec ses partenaires pour accroître ses marges de manoeuvre
(renégociation de contrats de prêt, négociation avec ses clients ou avec ses
fournisseurs pour bénéficier de conditions plus favorables...). Lorsque la réaction de
l'entreprise face aux difficultés a abouti à des mesures concrètes, celles-ci sont
prises en compte dans l'enquête.
La liste des causes figurant dans les grilles d'analyse (Cf. annexes) et les
libellés correspondants ont été déterminés à partir des travaux existants sur les
défaillances, d'entretiens avec des acteurs de la procédure (magistrats consulaires,

Analyse économique de la défaillance 39


greffiers, mandataires judiciaires) et de tests sur les données disponibles dans les
dossiers. La codification a ensuite été réalisée à partir des informations fournies par
les administrateurs judiciaires (bilan économique et social) ou par les mandataires
judiciaires à la liquidation des entreprises (rapport « L 13 ») sur les facteurs ayant
conduit l'entreprise à la cessation des paiements. Ces documents sont élaborés pour
effectuer un diagnostic sur la situation de l'entreprise, mais aussi pour apprécier les
chances de redressement et les mesures qui doivent être mises en oeuvre pour y
parvenir. Cette logique conduit donc à faire figurer dans ces documents les causes
les plus amont de la défaillance sans se contenter de la mention des symptômes
financiers.
Dans la plupart des cas, plusieurs causes se cumulent pour conduire
l'entreprise à la défaillance. Toutes ne seront pas nécessairement mentionnées dans
les documents utilisés pour l'enquête. Mais il est raisonnable de penser qu'au moins
la cause identifiée par l'administrateur judiciaire ou le mandataire liquidateur comme
étant le plus en amont, figure dans les dossiers.
Les grilles d'analyse comportent jusqu'à huit causes possibles pour chaque
entreprise, sans aucune hiérarchie entre elles : il s'agit seulement des différents
éléments qui concourent à la cessation des paiements. Le Tableau 2 retrace le
nombre de causes renseignées par entreprise en fonction de l'issue. Le nombre
d'entreprises exploitables - i.e. ayant au moins une cause renseignée représente
ainsi 86 % de l'échantillon (662 entreprises).

Tableau 2 Nombre de causes de défaillance identifiées par entreprise


Continuations Cessions Liquidations
Nombre total d'entreprises 108 137 517
Nombre d'entreprises renseignées 96 125 441
1 cause recensée 15 % 12 % 13 %
2 causes recensées 23 % 22 % 37 %
3 causes recensées 21 % 23 % 27 %
4 causes recensées 18% 16% 12 %
5 causes recensées 19 % 10% 5%
6 causes recensées 1% 6% 3%
7 causes recensées 1% 1% 2%
8 causes recensées 2% 9% 1%
(*) non redressé.
Source : INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991

L'orientation retenue dans l'enquête a été d'analyser séparément les


entreprises en fonction de l'issue de la procédure : liquidation ou bien redressement
par continuation ou par cession. En effet, la nature des causes de la défaillance a une
influence sur les perspectives de redressement de l'entreprise et, en cas de
redressement, sur les modalités de la solution à mettre en oeuvre. Cette analyse des
causes de la défaillance en fonction de l'issue de la procédure constitue une des
nouveautés de cette étude.


40 Insee Méthodes n° 72-73
L FACTEURS DE DÉCLIN PAR ISSUES

Le Tableau 3 met en évidence non seulement les causes de défaillance les


plus fréquemment observées, mais également, en négatif, celles dont l'importance
n'a été en définitive que marginale, alors que celles-ci sont citées parfois comme
ayant une influence déterminante sur le risque de défaillance des entreprises'9. C'est
le cas, par exemple, des difficultés de transmission de l'entreprise qui apparaissent
dans moins de 1 % des cas (ensemble redressé).

Tableau 3 : Ventilation des causes de défaillance (en %)


Cont. Cess. Liq. Ensemble
Libellés des causes de défaillance redressé
(*)
Problèmes de débouchés 38,5 44,8 44,7 44,5
Perte tendancielle de parts de marché 16,7 24,8 19,5 19,6
Perte brutale de clients 9,4 15,2 12,5 12,5
Défaillance de clients importants 7,3 6,4 9,5 9,4
Mauvaise évaluation du marché 8,3 9,6 9,3 9,3
Produits inadaptés 1,0 4,8 3,6 3,6
Produits obsolètes 1,0 1,6 1,6 1,6
Prix de vente trop élevé 1,0 1,6 0,9 0,9
Stratégie de l'entreprise 14,6 20,0 15,9 16,0
Echec de projets importants : investissements, restructuration... 14,6 18,4 15,0 15,1
Acceptation consciente de marchés peu rentables (dumping...) 1,0 1,6 0,9 0,9
Coûts, structure de production 40,6 36,8 21,1 22,1
Coûts d'exploitation trop élevés (hors frais de personnel) 26,0 18,4 10,2 10,9
Frais de personnel trop élevés 14,6 11,2 5,2 5,7
Capacité de production trop forte, surinvestissement 5,2 8,0 2,7 3,0
Hausse brutale des coûts d'exploitation (consommations 1,0 3,2 2,5 2,5
intermédiaires...)
Sous-investissement 2,1 2,4 1,6 1,6
Perte brutale d'un fournisseur ou refus d'accepter des retards de 0,0 4,0 1,1 1,2
paiement
Processus de production inadapté (obsolète...) 4,2 3,2 0,9 1,1
Dépréciation des actifs 0,0 0,8 1,1 1,1
Difficultés financières 42,7 61,6 41,7 42,4
Déficit de ressources propres 26,0 40,0 19,7 20,6
Défaut de paiement des clients (y.c. escompte de créances non- 10,4 18,4 15,9 15,8
échues)
Refus de prêt à l'entreprise 4,2 8,8 9,3 9,1
Allongement des délais clients 8,3 6,4 5,7 5,8
Taux d'intérêt supportés par l'entreprise trop élevés 4,2 12,0 2,9 3,3
Arrêt du soutien par la maison mère 0,0 4,8 1,8 1,9
Raccourcissement des délais foumisseurs 0,0 0,0 0,9 0,9
Arrêt de subventions à l'entreprise 0,0 0,0 0,7 0,6
Spéculation de l'entreprise 0,0 0,8 0,5 0,5
Source : INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991

19 II faut cependant conserver à l'esprit que l'enquête ne porte que sur des entreprises dont le siège est à
Paris et cessant leurs paiements en 1991.


Analyse économique de la défaillance 41
Cont. Cess. Liq. Ensemble
Libellés des causes de défaillance redressé
(*)
Problèmes d'information et de management 30,2 32,8 27,0 27,3
Système comptable déficient 12,5 14,4 12,9 13,0
Incompétence 12,5 14,4 9,3 9,6
Mésentente de l'équipe dirigeante 4,2 6,4 6,3 6,3
Prélèvements excessifs 7,3 4,0 2,3 2,5
Méconnaissance des coûts de revient 6,3 6,4 1,6 1,9
Difficultés de transmission de l'entreprise 3,1 0,8 0,9 1,0
Mauvaise évaluation des stocks 5,2 0,8 0,5 0,6
Provisionnements insuffisants 1,0 0,0 0,0 0,0
Causes accidentelles 42, 7 31,2 46,0 45,4
Litiges avec des partenaires privés 8,3 12,8 16,8 16,4
Litiges avec des partenaires publics (redressement fiscal...) 13,5 5,6 9,8 9,7
Malversations internes à l'entreprise 4,2 0,8 4,5 4,4
Problèmes sociaux au sein de l'entreprise 4,2 3,2 2,9 3,0
Escroquerie dont est victime l'entreprise 2,1 3,2 2,9 2,9
Décès du dirigeant 0,0 0,8 1,8 1,7
Sinistre 3,1 2,4 1,1 1,2
Accidents divers (départ du dirigeant, divorce...) 18,8 8,0 20,0 19,5
Facteurs macro-économiques de fragilité 31,3 33,6 25,9 26,3
Diminution de la demande adressée au secteur 19,8 25,6 14,7 15,2
Cas de force majeure (guerre du Golfe, catastrophe naturelle...) 10,4 3,2 5,7 5,7
Hausse de la concurrence hors les prix 5,2 8,0 5,2 5,3
Hausse de la concurrence sur les prix 4,2 7,2 5,0 5,0
Politique publique moins favorable au secteur 4,2 2,4 1,6 1,7
Période de rationnement des crédits 1,0 0,0 0,5 0,5
Niveaux général des taux d'intérêt trop élevé 1,0 0,0 0,2 0,2
Evolution défavorable du taux de change 2,1 0,0 0,0 0,1
Nombre moyen de causes recensées par entreprise 3,2 3,6 2,8 2,9
Nombre d'entreprises ayant une information sur la cause 96 125 441 n.s.
Source : INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991
Lecture du tableau : 38,5 % des entreprises faisant l'objet d'un plan de continuation ont, parmi les
causes ayant conduit à leur défaillance, au moins une cause faisant partie du sous-titre « Problèmes
de débouchés ». De même, 16, 7 % des entreprises faisant l'objet d'un plan de continuation ont, parmi
les facteurs ayant conduit à leur défaillance, la cause « Perte tendancielle de parts de marché ». Le
taux d'apparition de cette cause est donc de 16,7 % au sein des continuations. Au sein d'un même
sous-titre, la somme des pourcentages est nécessairement supérieure, sans être forcément égale, au
pourcentage du sous-titre : plusieurs causes peuvent être présentes sur la même entreprise, d'où un
total supérieur à 100 %.
(*) i.e. en tenant compte de la sous-représentation des liquidations dans l'échantillon.

1. LA DÉFAILLANCE « ACCIDENTELLE »

L'accident apparaît globalement comme la première source de difficultés


sur l'ensemble de l'échantillon, avec cependant des différences sensibles en fonction
de l'issue de la procédure : les causes accidentelles sont prépondérantes pour les
liquidations et les continuations mais pas pour les cessions.

Cette situation est à rapprocher du mode de déclenchement de la procédure


collective qui oppose également les cessions aux continuations et aux liquidations :


42 Insee Méthodes n° 72-73
les entreprises cédées ne font l'objet d'une assignation de la part des créanciers que
dans 10 % des cas, contre 26 % et 33 % respectivement pour les continuations et les
liquidations. De même le tribunal fait moins souvent remonter la date de la cessation
des paiements avant la date à laquelle il est saisi pour les entreprises cédées que pour
les autres issues ()4 % contre 19 % pour les continuations et 27 % pour les
liquidations, cf. Tableau 9 p.74). Les entreprises faisant in fine l'objet d'un plan de
cession semblent donc percevoir plus tôt les difficultés auxquelles elles sont
confrontées (difficultés moins souvent de nature accidentelle que pour les autres
entreprises), puis réagir plus rapidement en déclenchant une procédure collective
dès le début de la crise de trésorerie. La réaction avant que la situation se soit trop
dégradée contribue également à faciliter la mise en place d'un plan de redressement.
Les causes regroupées sous le libellé « causes accidentelles » correspondent
d'une part à de véritables accidents (accidents divers, sinistres...) qui sont
prépondérants, mais aussi à des litiges entre l'entreprise et ses partenaires publics ou
privés.
Les cessions se démarquent des liquidations et des continuations en ce qui
concerne les litiges avec des partenaires publics et les accidents divers, avec un taux
d'apparition de ces causes sensiblement plus faible. En revanche les cessions ne se
distinguent plus sur les litiges avec des partenaires privés. Ceci peut traduire le fait
que, lors d'une cession, seuls les actifs et certains contrats sont transmis au
repreneur : les litiges ne constituent donc pas un frein à la reprise.

2. CA CTÈRE STRUCTUREL DE LA ,UCT 111)


N DES
LtOUCHÉS

Les problèmes de débouchés qui sont, sur l'ensemble des entreprises, le


second facteur de défaillance, proviennent le plus souvent d'une baisse tendancielle
de la demande adressée à l'entreprise (19,6 % sur l'ensemble de l'échantillon).
La perte de clients est également à l'origine de tensions sur les débouchés.
Il peut s'agir du départ d'un client qui rompt volontairement ses relations avec
l'entreprise défaillante (dans 12,5 % des cas) ou bien de la défaillance d'un client
important (dans 9,4 % des cas), ce qui correspond à un phénomène de défaillance en
chaîne: la défaillance d'une entreprise entraîne celle de certains de ses partenaires
(cf. également le défaut de paiement de la part des clients).
La mauvaise évaluation du marché par les entreprises (i.e. positionnement
sur un marché peu rentable, mais sans que l'entreprise en soit consciente,
surestimation de la demande potentielle...) est également un facteur qui joue sur les
débouchés dans plus de 9 % des cas.
En revanche, la mauvaise adaptation des produits au marché (produits
inadaptés, obsolètes ou vendus à un prix trop élevé) n'est identifiée comme un
facteur de difficultés que dans 6 % des cas (quand ces trois causes sont regroupées).
L'influence des problèmes de débouchés est différente selon l'issue de la
procédure : les entreprises cédées sont, plus que les autres, touchées par une perte

Analyse économique de la défaillance 43


tendancielle de leurs parts de marché ou par une perte brutale de clients importants.
La situation des entreprises continuées apparaît de ce point de vue comme plus
favorable. La cession peut donc apparaître comme une issue adaptée à ces
entreprises dans la mesure où le repreneur sera en mesure d'intégrer les activités en
perte de vitesse de l'entreprise défaillante aux siennes pour créer des synergies et
accroître les débouchés.

3. LA CONTRAINTE DE FINANCEMENT

Les difficultés d'ordre financier rencontrées par plus de 42 % des


entreprises correspondent principalement à un déficit de ressources propres (taux
d'apparition de 20,6 %). L'apport de fonds propres étant évidemment un moyen
d'éviter la défaillance face aux difficultés financières, il faut comprendre que pour
ces entreprises les actionnaires ne sont pas en mesure ou ne souhaitent pas accroître
leur engagement financier..
Le défaut de paiement des clients est également une cause de défaillance
pour près de 16 % des entreprises. Pour autant les clients ne sont pas en situation de
défaillance. Cependant il s'agit bien de la même logique: dans les deux cas, la
défaillance est imputable au non recouvrement de créances sur des clients.
En ce qui concerne l'allongement des délais de paiement des clients, qui
joue dans près de 6% des défaillances, il n'est pas possible de faire la différence
entre un comportement spontané de l'entreprise qui pense attirer des clients en
offrant des conditions de paiement plus avantageuses et le cas d'entreprises qui
subissent des contraintes qui leur sont imposées par leurs clients.
Ces différents facteurs reflètent l'ampleur de l'influence des retards de
paiement sur le risque de défaillance des entreprises (le raccourcissement des délais
fournisseurs ne joue, au contraire, qu'un rôle marginal) 2°. L'allongement des délais
clients (quelle qu'en soit la manifestation : allongement imposé des délais, défauts et
retards de paiement, défaillance de clients importants...) implique, toutes choses
égales par ailleurs, une diminution des ressources nettes de crédit interentreprises
(qui correspondent aux dettes fournisseurs diminuées des créances clients); or,
celles-ci représentent la première source de financement des entreprises
françaises 21. Cette baisse des ressources nettes de crédit interentreprises, lorsqu'elle
s'ajoute aux difficultés de financement bancaire, peut empêcher toute possibilité de
substitution entre les deux sources de financement [047].
Les entreprises sont victimes d'un refus de prêt dans 9 % des cas : il peut
s'agir du refus d'un prêt destiné à financer un investissement indispensable à
l'entreprise ou bien d'un prêt qui servirait à combler un déficit de trésorerie.

20 Une enquète de Dun & Bradstreet, citée dans [037], souligne l'accroissement de la population des
mauvais payeurs » entre décembre 1989 et mars 1993 : sur cette période, le pourcentage d'entreprises
qui font subir à leurs fournisseurs des retards de paiement supérieurs à 15 jours est passé de 31,9% à
37%. La même tendance s'observe sur les entreprises accusant des retards supérieurs à 30, 60, 90 et 120
jours.
21 Prés de 2 160 milliards de francs en 1992, soit le triple des concours bancaires courants ([0191).

44 Insee Méthodes n° 72-73


11 existe vraisemblablement une période au cours de laquelle l'insuffisance
d'actif s'accroît, sans que la banque réagisse (par exemple, en refusant l'octroi d'un
nouveau prêt), compte tenu du caractère biaisé et incomplet de l'information dont
elle dispose 22. L'entreprise jouit en effet d'une certaine marge de manoeuvre dans la
présentation de ses comptes ainsi que dans l'information qu'elle communique à ses
créanciers quant à l'utilisation des fonds empruntés. Ceci peut retarder le constat
d'échec par les partenaires financiers ainsi que le retrait de leur soutien à l'entreprise.
Les comportements visant à retarder l'ouverture du redressement judiciaire ont
notamment pour conséquence une baisse substantielle des taux de recouvrement,
surtout lorsqu'ils ne sont pas connus des bailleurs de fonds.
Le niveau trop élevé des taux d'intérêt joue relativement peu (taux
d'apparition de 3,3 %), sauf dans le cas des cessions où il s'agit d'une cause de
défaillance dans 12 % des cas.
Plus généralement, les entreprises cédées se distinguent par un taux
d'apparition de causes de défaillance liées à des difficultés financières nettement
plus élevé que pour les entreprises continuées ou liquidées (61,6 % des cas pour les
cessions contre 42,7 % pour les continuations et 41,7 % pour les liquidations).
Les entreprises cédées souffrent d'un net déficit de ressources propres
(40 %) ajouté à un accès difficile au crédit bancaire. Ce dernier se manifeste
davantage par les niveaux de taux d'intérêt jugés trop élevés que par les
comportements de refus de prêt.
Cette faiblesse des ressources propres se traduit par une hausse importante
du levier d'endettement 23 : le poids sur les charges financières lié essentiellement à
un endettement de court terme (moins d'un an) est un frein' à l'accroissement des
fonds propres. La cession apparaît en définitive comme une solution relativement
bien adaptée à des entreprises économiquement viables, mais souffrant d'un manque
temporaire de sources de financement, dans la mesure où le repreneur peut injecter
dans l'entreprise des fonds nouveaux et dont le coût est généralement plus faible.

4. LE SYSTÈME D'INFO ATION INTE

Des problèmes d'information et de management contribuent aux difficultés


pour 27,3 % des entreprises défaillantes. Il s'agit le plus souvent d'un système
comptable déficient (taux d'apparition de 13 %) ou d'un problème de compétence
de l'équipe dirigeante (pour 9,6 % des cas). Dans les deux cas les dirigeants n'ont
pas d'informations suffisantes sur les difficultés auxquelles est confrontée

22 Cf. Bloch et al. (1995) qui ont analysé le comportement des banques face aux entreprises en
difficultés « l'analyse des informations comptables montre que, pour la plupart des entreprises
observées, les difficultés financières commencent bien avant le moment où le banquier révise son
jugement ou change de comportement. » Bloch et al. (1995) : « Du défaut de paiement au dépôt de
bilan : les banquiers face aux P.M.E. en difficulté », Revue d'Economie Financière, n°32, p. 237.
23 Cette hausse du levier a pour effet d'augmenter artificiellement le niveau de la rentabilité financière
des entreprises les plus risquées (Blazy, Charlety et Combier (1993) : « Les défaillances d'entreprises :
des difficultés visibles plusieurs années à l'avance », Economie et Statistique, n°268-269, 1993-8/9,
pp. 101-111).

Analyse économique de la défaillance 45


l'entreprise et ne disposent pas des outils ou des compétences pour mettre en place
une solution adéquate. Ce constat justifie l'importance qui est accordée par la
législation à la prévention et à l'information (notamment la procédure d'alerte qui a
précisément pour objectif de permettre d'informer les dirigeants des difficultés
rencontrées par leur entreprise).
En revanche, la mésentente de l'équipe dirigeante n'est un facteur de
défaillance que dans 6,3 % des cas. Ce taux d'apparition est le plus faible pour les
entreprises continuées, ce qui apparaît naturel dans la mesure où le redressement par
continuation est en général assuré par la même équipe dirigeante. Par ailleurs, les
entreprises continuées sont le plus souvent de petites structures, ce qui limite la taille
de l'équipe dirigeante et les risques de conflits en son sein.
Le taux d'apparition de problèmes d'information et de management est
légèrement plus important pour les entreprises cédées que pour les continuations ou
les liquidations. En revanche la méconnaissance des coûts de revient a une influence
beaucoup plus nette pour les continuations et les cessions que pour les liquidations
(cf infra: cette même opposition existe sur les problèmes de coût et de structure de
production).
En revanche les difficultés de transmission de l'entreprise ne jouent qu'un
rôle marginal dans la défaillance: taux d'apparition de 1 % sur l'ensemble des
défaillantes.

5. LES COÛTS ET LA STRUCTURE DE PRODUCTION

Les entreprises défaillantes ne connaissent des problèmes de coût et de


structure de production que dans 22` l Y6 des cas. Toutefois ce pourcentage
relativement faible masque une opposition marquée entre les liquidations peu
concernées par ce type de difficultés d'une part et les continuatiems et les cessions,
nettement plus touchées d'autre part.
Cela traduit vraisemblablement une plus grande efficacité du traitement
judiciaire de la défaillance lorsque les difficultés concernent l'organisation interne
de l'entreprise : la période d'observation permet de mettre en évidence les points
négatifs de l'organisation qui seront corrigés dans le plan adopté par le jugement
définitif
L'influence d'un plan de restructuration peut être d'autant plus grande que
ces difficultés sont largement internes à l'entreprise (influence très faible d'une
hausse brutale des consommations intermédiaires, de la perte brutale d'un
fournisseur ou encore de la dépréciation des actifs).

46 Insee Méthodes n° 72-73


6. DEMANDE SECTORIELLE ET PRESSIONS
CONCU " NTIELLES

Concernant les facteurs macro-économiques de fragilité, le choix de l'année


1991 biaise quelque peu les résultats présentés. En effet, les conséquences de la
guerre du Golfe sur l'activité des entreprises explique la proportion relativement
élevée des cas de « force majeure ».
Plus que l'environnement financier dans lequel évoluent les entreprises (cf.
« niveau général des taux d'intérêt », « période de rationnement des crédits »,
« évolution défavorable du taux de change »), ce sont les variables macro-
économiques liées au niveau général de la demande ainsi qu'à l'importance des
pressions concurrentielles qui semblent apparaître plus fréquemment sur les données
d'enquête.

Analyse économique de la défaillance 47


IL LIENS DE PROXIMITÉ ENTRE LES FACTEURS
DE DÉCLIN

Les codifications de causes utilisées dans le Tableau 3 p.41 ont été choisies
de façon à prendre en compte l'ensemble des facteurs pouvant influencer le niveau
de performance des entreprises ainsi que leur niveau de solvabilité. Ces causes ont
été regroupées par thèmes, ceux-ci ayant été déterminés lors de la constitution des
grilles d'analyse, donc avant l'analyse des résultats de l'enquête. Ces regroupements
ne reflètent cependant pas nécessairement les associations de causes ayant
effectivement contribué au processus de défaillance.
Dans la mesure où la défaillance résulte généralement de la conjonction de
plusieurs difficultés (trois causes en moyenne sur l'ensemble de l'échantillon), il a
semblé intéressant de mettre en évidence les associations de causes se retrouvant
fréquemment à l'origine de la défaillance'''. Pour cela une classification ascendante
hiérarchique sur les causes détaillées de la défaillance a été réalisée25.
Cette méthode consiste dans un premier temps à construire une matrice de
« distance » entre les différentes causes. La nature des données (variables
qualitatives) ne permet pas d'utiliser une véritable distance (i.e. une mesure vérifiant
les propriétés mathématiques d'une distance), mais seulement un indice de
dissimilarité. L'indice retenu est l'indice de Dice qui mesure la proximité de deux
causes à partir du nombre de dossiers où ces deux causes figurent simultanément (a)
et du nombre de dossiers où seule l'une des deux causes apparaît (e). L'indice de
Dice vaut alors 2a / (2a+e). Plus cet indice est proche de 1, plus les deux causes sont
proches. La classification consiste ensuite à regrouper les causes les plus proches.
Les résultats des classifications sont présentés sur les figures ci-dessous. Les
cadres en traits pointillés mettent en évidence les regoupements qui peuvent être
effectués entre les causes. Il faut cependant noter que ces regroupements dépendent
de l'indice de dissimilarité retenu et de la méthode d'agrégation employée. La
comparaison des , résultats de différentes méthodes a permis d'identifier les
regroupements stables sur lesquels portent les commentaires qui suivent.

2411 peut exister parfois une relation de cause à effet entre les différents facteurs de fragilité.
Néanmoins, les causes de défaillance mentionnées dans le Bilan Economique et Social ou dans le
rapport « LI3 » correspondent en général aux facteurs premiers ayant engendré le défaut de paiement.
25 Tous les libellés de causes n'ont pas été choisis ; un certain nombre d'entre eux étant peu souvent
mentionnés : seules les causes touchant plus de 5% des entreprises ont été retenues pour la
classification. ceci explique que, selon l'issue, le nombre de causes retenu est légèrement différent (21
pour les continuations et les liquidations, 24 pour les cessions). Par ailleurs, les modalités « C1051NA »,
« C1060BS » et « C107ELE » qui traduisent l'inadaptation de l'offre ont été regroupées sous la modalité
« ClOOINA », de mème que « C501COM » et « C504STO » (inefficacité du système comptable), sous
la rubrique « C50000M ». Enfin, l'étude des problèmes liés à la hausse du niveau de la concurrence n'a
pas permis de séparer les effets de concurrence sur les prix de la concurrence hors prix : les codifications
« C703CHP » et « C702CP1 » ont également été regroupées sous la modalité « C70000N » (hausse des
pressions concurrentielles).

Analyse économique de la défaillance 49


1. CLASSIFICATION POUR LES CONTINUATIONS

Figure 3 : Classification des causes pour les continuations

110

100
90

80

70

60
(Dlink/Dmax) .100

50

40
30

20

10
Gpe I Gpe 2 Gpe 3 Gpe 4 Gpe 5
Z d 0 an
a.
-] 0 a Lu
g o 0
eL) 0

Tableau 4 : Contenu des regroupements pour les continuations


Groupe 1
• C505PRE Prélèvements excessifs
• C I 02BRU Perte brutale de clients
• C608DIV Accidents divers
• C101 PDM Perte tendancielle de parts de marché
Groupe 2
• C607FIS Litiges avec des partenaires publics (redressement fiscal...)
9 C606LIT Litiges avec des partenaires privés
• C502REV Méconnaissance des coûts de revient
• C50000M Système comptable déficient
• C506INC Incompétence
Groupe 3
C709MAJ Cas de force majeure (guerre du Golfe, catastrophe naturelle...)
9 C701 DEM Diminution de la demande adressée au secteur
• C70000N Hausse de la concurrence (prix et hors prix)
C405DEL Allongement des délais clients
Groupe 4
• C201ECH Echec de projets importants (investissements, restructurations...)
• C104EVA Mauvaise évaluation du marché
• C403PRO Déficit de ressources propres
• C307GAB Coûts d'exploitation trop élevés (hors frais de personnel)
Groupe 5
• C103DEF Défaillance de clients importants
• C406DCL Défaut de paiement des clients (y.c. escompte de créances non échues)
• C303CAP Capacité de production trop forte, surinvestissement
• C305HUM Frais de personnel trop élevés

50 Insee Méthodes n° .72-73


Causes « extérieures » à l'entreprise

Les entreprises qui sont touchées par les causes du groupe 1 sont victimes
de problèmes de débouchés (perte tendancielle de parts de marché et perte brutale de
clients) et de causes accidentelles. A l'exception des prélèvements excessifs, il s'agit
donc de causes qui peuvent être qualifiées dans une certaine mesure de causes
« exogènes » à l'entreprise dans la mesure où elles ne sont pas directement
imputables à des problèmes d'organisation interne de production ou à une structure
financière inadaptée.
Il faut en effet rappeler que l'ensemble des causes qui s'enchaînent ou se
cumulent pour conduire à la défaillance figurent dans les grilles d'analyse : par
exemple si les pertes de clients ou de parts de marché devaient être imputées à des
problèmes d'évaluation du marché ou d'organisation, ces causes apparaîtraient dans
les traitements.

Organisation interne déficiente

Le groupe 2 est très proche du groupe 1 des cessions: comme pour ce


dernier, les entreprises souffrent d'une organisation interne déficiente
(incompétence ; système comptable déficient et méconnaissance des coûts de
revient) qui ne permet pas aux dirigeants de disposer d'une information suffisante et
de qualité et les empêche ainsi de réagir à l'apparition des difficultés ou de prévenir
des litiges avec des partenaires de l'entreprise, publics ou privés.
Il peut sembler étrange de préférer la continuation (avec maintien le plus
souvent de la même équipe dirigeante) à la cession pour le redressement de telles
entreprises. Il faut cependant tenir compte du fait que la continuation, quels que
soient ses inconvénients et ses handicaps, est souvent la seule alternative à la
liquidation pour de petites entreprises pour lesquelles aucun repreneur ne s'est
manifesté.

Problèmes d'environnement de l'entreprise

Le groupe 3 correspond à des entreprises qui sont confrontées à une


évolution défavorable de leur environnement : la diminution de la demande adressée
au secteur et la hausse de la concurrence réduisent les débouchés des entreprises qui,
pour développer leur clientèle, peuvent être amenées à consentir des conditions de
paiement très favorables à leurs clients (et notamment des délais de paiement trop
importants). Le fait de laisser augmenter les délais de paiement influe négativement
sur la trésorerie de l'entreprise et accroît le risque de recouvrement sur les clients.
Ces causes sont relativement proches d'une partie du groupe 5 des cessions (i.e. en
« retranchant» les coûts d'exploitation).
Par ailleurs la spécificité de l'année faisant l'objet de l'étude apparaît dans
ce groupe de causes (effet « guerre du Golfe »).

Analyse économique de la défaillance 51


Positionnement sur le marché

Les entreprises touchées par les causes du quatrième groupe connaissent des
difficultés d'adaptation à leur environnement. Une mauvaise évaluation du marché a
pu les conduire à engager des projets importants mais dont l'échec a entraîné des
coûts sans les rendements escomptés et à accepter des coûts d'exploitation trop
élevés. Ces erreurs ont grevé le résultat d'exploitation de l'entreprise alors que la
fragilité de sa structure financière ne permet pas de compenser les manques à gagner
par des ressources propres.
La solution de redressement par continuation nécessite alors de modifier la
stratégie de l'entreprise pour adapter davantage celle-ci au marché sur lequel elle se
trouve.

roblèmes de débouchés surcapacité et difficultés de recouvrement

Les causes du groupe 5 s'articulent toutes d'une certaine façon autour de


problèmes de débouchés. D'une part les entreprises ont pu surévaluer leurs
perspectives ce qui les a conduit à sur-investir et à développer des capacités de
production trop fortes, mais aussi à accepter des frais de personnel trop élevés. Le
recouvrement des créances liées à des ventes effectives pose également des
problèmes du fait du défaut de paiement des clients que celui-ci soit lié ou non à une
défaillance (dans ce cas l'interdiction de paiement des créances nées antérieurement
à l'ouverture de la procédure en rend très difficile le recouvrement).


52 Insee Méthodes n° 72-73
2. CLASSIFICATION POUR LES CESSIONS

Figure 4 : Classification des causes pour les cessions

110

100

90

80

70

60

40

30
Gpe 1 Gpe 2 Gpe 3 Gpe 4 Gpe S
> V) F > e 41.1
0 2
.,L
0 > O Lu
u,
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c
e 8
cr, c
ô P C, o,
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U

Tableau 5 : Contenu des regroupements pour les cessions


Groupe I
• C608DIV Accidents divers
• C507MES Mésentente de l'équipe dirigeante
• C607FIS Litiges avec des partenaires publics (redressement fiscal...)
• C606LIT Litiges avec des partenaires privés
• C502REV Méconnaissance des coûts de revient
• C50000M Système comptable déficient
• C5O6INC Incompétence
Groupe 2
• C709MAJ Cas de force majeure (guerre du Golfe, catastrophe naturelle...)
• C404REF Refus de prêt à l'entreprise
Groupe 3
• C201ECH Echec de projets importants (investissements, restructurations...)
• C402TXI Taux d'intérêt supportés par l'entreprise trop élevés
• C103DEF Défaillance de clients importants
• C403PRO Déficit de ressources propres
• C102BRU Perte brutale de clients
• CIOIPDM Perte tendancielle de parts de marché
• C406DCL Défaut de paiement des clients (y.c. escompte de créances non échues)
Groupe 4
• ClOOINA Produits inadaptés ou obsolètes
• C303CAP Capacité de production trop forte, surinvestissement
• C104EVA Mauvaise évaluation du marché
Groupe 5
• C70000N Hausse de la concurrence (prix et hors prix)
• C405DEL Allongement des délais clients
9 C701DEM Diminution de la demande adressée au secteur
• C307GAB Coûts d'exploitation trop élevés (hors frais de personnel)
• C305HUM Frais de personnel trop élevés


Analyse économique de la défaillance 53
Organisation interne déficiente et manque de réactivité

Le groupe 1 correspond à des entreprises souffrant d'une organisation


interne déficiente (mésentente de l'équipe dirigeante et incompétence, système
comptable déficient et méconnaissance des coûts de revient) qui ne permet pas aux
dirigeants de disposer d'une information suffisante et de qualité et les empêche ainsi
de réagir à l'apparition des difficultés. Les litiges avec des partenaires publics ou
privés qui sont à l'origine de la défaillance pourraient ainsi dans une certaine mesure
être prévenus, et des réactions plus rapides aux accidents auxquels est confrontée
l'entreprise pourraient permettre de la sauver.
La cession apparaît ainsi préférable à la continuation pour ces entreprises
dans la mesure où il est nécessaire de réorganiser la direction et les systèmes
d'information de l'entreprise : même si la cession n'entraîne pas nécessairement des
remaniements substantiels de l'équipe dirigeante (cf. le tableau sur les mesures et
conditions prévues par les plans de redressement), le changement de contrôle est
sans doute de nature à améliorer l'organisation interne de l'entreprise.

Tensions sur les débouchés et fragilité financière

Les causes du groupe 3 touchent des entreprises qui sont affectées par des
tensions sur leurs débouchés (perte tendancielle de parts de marché et perte brutale
de clients) qui diminuent leurs ressources d'exploitation alors qu'elles connaissent
dans le même temps des difficultés financières dues pour une part à des difficultés
de recouvrement sur leurs clients (défaillance de clients importants -cette cause
affectant également les débouchés- et défaut de paiement des clients) mais
également à une structure financière faisant peser des charges importantes sur
l'entreprise (déficit de ressources propres et taux d'intérêt trop élevés). Par ailleurs
l'échec de projets importants obère les comptes de l'entreprise sans pour autant
rapporter les revenus espérés.
L'apport de nouveaux financements par le repreneur ainsi que les synergies
que celui-ci sera à même de créer avec son propre portefeuille de clients peut
expliquer le redressement par cession plus que par continuation.

Inadaptation au marché

Les entreprises touchées par les causes du groupe 4 sont manifestement


victimes de problèmes d'adaptation à leur marché : elles ont mal évalué celui-ci, ce
qui les conduit à proposer des produits inadaptés qui ne permettent pas d'engendrer
des rentrées suffisantes alors que l'entreprise est surdimensionnée par rapport à son
marché.

54 Insee Méthodes n° 72-73


Environnement difficile et coûts d'exploitation élevés

Le groupe 5 rassemble des causes liées à la détérioration de


l'environnement dans lequel évoluent les entreprises : la diminution de la demande
adressée au secteur et la hausse de la concurrence peuvent conduire les entreprises à
accepter des délais de paiement élevés de la part de leurs clients pour les attirer ou
les conserver. Cet allongement des délais de paiement peut conduire à des difficultés
sur la trésorerie des entreprises dans la mesure où elles connaissent une situation
financière tendue du fait du poids de leurs charges d'exploitation (coûts
d'exploitation trop élevés, y compris pour les frais de personnel).

Analyse économique de la defaillance 55


3. CLASSIFICATION POUR LES LIQUIDATIONS

Figure 5 : Classification des causes pour les liquidations

110

100

90

80
(D1ineDrnaz) .100

70

60

50

40
Gpe Gpe 2 Gpe Gpe 4 Gpe 5 Gpe 6

• (-)
i?à
te>' ° s .
(5 3 C.>
c. 3
Û 6

Tableau 6 : Contenu des regroupements pour les liquidations


Groupe 1
• C607FIS Litiges avec des partenaires publics (redressement fiscal...)
• C608DIV Accidents divers
• C606LIT Litiges avec des partenaires privés
• C50000M Système comptable déficient
• C506FNC Incompétence
Groupe 2
• C404REF Refus de prêt à l'entreprise
*C201ECH Echec de projets importants (investissements, restructurations...)
• C701DEM Diminution de la demande adressée au secteur
• C507MES Mésentente de l'équipe dirigeante
Groupe 3
• C403PRO Déficit de ressources propres
• C406DCL Défaut de paiement des clients (y.c. escompte de créances non échues)
• C405DEL Allongement des délais clients
Groupe 4
• C103DEF Défaillance de clients importants
• C70000N Hausse de la concurrence (prix et hors prix)
• CIOIPDM Perte tendancielle de parts de marché
Groupe 5
• C104EVA Mauvaise évaluation du marché
• C307GAB Coins d'exploitation trop élevés (hors frais de personnel)
Groupe 6
• ClOOINA Produits inadaptés ou obsolètes
• C709MAJ Cas de force majeure (guerre du Golfe, catastrophe naturelle...)
• C102BRU Perte brutale de clients
• C305FIUM Frais de personnel trop élevés


56 Insee Méthodes n° 72-73
Organisation interne déficiente

Le premier groupe de causes est très proche du groupe I des cessions et du


groupe 2 des continuations : les entreprises souffrent d'une organisation interne
déficiente (incompétence et système comptable déficient) qui ne permet pas aux
dirigeants de disposer d'une information suffisante et de qualité et les empêche ainsi
de réagir à l'apparition brutale de difficultés ou de prévenir des litiges avec des
partenaires de l'entreprise, publics ou privés.

Difficultés d'adaptation

Les entreprises touchées par les causes rassemblées dans le groupe 2


semblent avoir tenté de s'adapter à la diminution de la demande adressée au secteur,
mais la mésentente de l'équipe dirigeante complique le processus de décision et
diminue ainsi la réactivité de l'entreprise face aux difficultés. Par ailleurs
l'adaptation de l'entreprise peut passer par des projets importants de restructuration
ou d'investissements, mais leur échec entraîne des coûts qui ne seront pas couverts
par les revenus qu'ils auraient dû engendrer. Enfin le refus de prêts nouveaux
fragilise la situation de l'entreprise en l'empêchant de substituer des ressources
financières aux ressources d'exploitation qui lui font défaut.

Difficultés financières

Les défaillances liées au troisième groupe de causes sont imputables à des


facteurs de nature financière : les à-coups sur les rentrées (allongement des délais
clients et défaut de paiement des clients) sans évolution des débouchés ne peuvent
être absorbés par l'entreprise qui ne dispose pas de ressources propres suffisantes.
Il s'agit donc d'entreprises qui auraient pu être redressées si des apporteurs
de capitaux nouveaux avaient pu être trouvés : les caractéristiques « réelles » de
l'entreprise ne semblent pas en cause.

Problèmes de débouchés

A l'inverse du groupe 3, les causes du groupe 4 reflètent des difficultés de


débouchés : dans un secteur concurrentiel, ces entreprises ne sont plus en mesure de
maintenir leurs parts de marché. Par ailleurs, la défaillance de clients importants
exerce un double effet en diminuant les ventes de l'entreprise car dans la plupart des
cas ces clients seront perdus, et à plus court terme en diminuant la trésorerie de
l'entreprise du fait de la difficulté à recouvrer des créances sur des entreprises
défaillantes.

Surévaluation des débouchés

Le groupe 5 correspond à des entreprises dont la mauvaise évaluation du


marché et des perspectives de ventes a pu les conduire à accepter des coûts
d'exploitation (hors frais de personnel) trop élevés au regard des résultats obtenus.

Analyse économique de la defaillance 57


Situation générale dégradée

Le groupe 6 rassemble des causes relativement diverses qui semblent se


cumuler sur les entreprises pour les conduire à la défaillance. Les deux causes les
plus proches de ce groupe sont la perte brutale de clients importants et les cas de
force majeure (effet « Guerre du Golfe ») : un lien de causalité peut exister dans la
mesure où les clients peuvent eux-mêmes être victimes du contexte spécifique à la
période de l'enquete.
Par ailleurs ces entreprises sont caractérisées par des frais de personnel trop
élevés et des produits inadaptés ou obsolètes.


58 Insee Méthodes n° 72-73
III. L'ANALYSE DES CAUSES DE LA
DÉFAILLANCE ET LE DIAGNOSTIC FINANCIER
DE L'ENTREPRISE

L'analyse des causes de la défaillance a bien mis en évidence que la


traduction financière des difficultés ne suffit pas à appréhender l'ensemble des
mécanismes qui conduisent à la cessation des paiements. En effet, l'exception du
groupe 3 de la classification des causes pour les liquidations, aucun regroupement
de causes n'est purement financier.
Il apparaît donc que la seule analyse des données comptables et financières
des entreprises n'est pas suffisante pour détecter l'ensemble des risques de cessation
des paiements. Néanmoins l'accès aux « données réelles» (caractéristiques du
marché et des produits de l'entreprise, organisation interne, ...) qui permettrait de
porter un jugement sur l'adéquation de l'entreprise à son environnement et sur ses
capacités de réaction face aux difficultés est beaucoup plus coûteux que l'accès aux
informations comptables qui présentent en outre l'avantage d'être standardisées et
aisément exploitables.
Pour utiliser ces données dans une perspective de prévention du risque de
cessation des paiements, les banques ont développé des outils statistiques
prévisionnels qui permettent de disposer rapidement d'une probabilité de défaillance
à partir des ratios financiers des entreprises. Le scoring constitue un outil de
diagnostic relativement efficace, dans la mesure où certains indices de fragilité
peuvent être décelés plusieurs années avant la cessation des paiements. Par ailleurs il
présente l'avantage de permettre une détection systématique à partir de données
dont disposent toutes les entreprises et qui peuvent être exigées par les bailleurs de
fonds.
Cependant le score d'une entreprise ne doit pas être le seul élément dans la
décision d'octroi d'un crédit à l'entreprise et il serait nécessaire de tenir compte
d'autres éléments pour porter une appréciation d'ensemble sur l'entreprise.
En effet, certains ratios ne se dégradent que tardivement et soudainement,
en particulier pour les plus petites entreprises : l'efficacité de la prévision du risque
de défaillance s'en trouve naturellement amoindrie. Par ailleurs, l'utilisation d'un
score, aussi efficace soit-il, ne peut se substituer à l'analyse détaillée du dossier de
crédit: celle-ci doit être menée en parallèle, le score ne donnant qu'une indication
plus ou moins arbitraire sur le risque propre à l'entreprise. Faute d'informations
détaillées, les scores ne tiennent généralement pas compte des renseignements
qualitatifs sur l'entreprise, ni des perspectives de rentabilité d'un projet
d'investissement, autant d'éléments dont dépend pourtant la pérennité de
l'exploitation.
Même si les informations disponibles le permettaient (ce qui serait, de toute
évidence, coûteux pour les bailleurs de fonds) et en dépit des retraitements

Analyse économique de la défaillance 59


éventuellement opérés par l'analyste financier, il demeure très difficile de déterminer
uniquement à partir des données comptables et financières quelle réalité économique
est à l'origine d'une simple évolution de ratios: par exemple, l'augmentation des
cessions d'actifs reflète-t-elle une politique réfléchie de restructuration (auquel cas
les cessions doivent être interprétées positivement) ou, au contraire, une volonté
rationnelle de dissimulation des difficultés? La réponse à de telles questions
nécessite une étude détaillée du dossier de chaque entreprise, voire son audit, ce qui
entraînerait des coûts élevés.
Les variables financières utilisées ne reflètent pas non plus nécessairement
de manière fidèle la situation dans laquelle se trouve l'entreprise. En effet
l'entreprise sait que l'information comptable qu'elle transmet aux tiers sera utilisée
par eux pour identifier la classe de risque à laquelle elle a la plus grande probabilité
d'appartenir. Elle peut ainsi être incitée à choisir une présentation des comptes qui
lui soit favorable, afin de préserver la confiance des partenaires, condition
nécessaire à la poursuite de l'activité, notamment lorsque celle-ci se dégrade. Par
exemple, un niveau de rentabilité financière élevé ne signifie pas pour autant un
risque de défaillance réduit: la rentabilité peut être artificiellement gonflée par les
opérations sur cessions d'actifs ou par un levier d'endettement important. L'analyse
des variables financières doit être alors particulièrement poussée pour repérer une
éventuelle dissimulation des difficultés.
Enfin, le score est parfois pris en défaut : une entreprise défaillante peut être
classée comme non défaillante, et inversement. En effet, le score n'est pas en mesure
de fournir une prévision infaillible sur la survie de l'entreprise, mais seulement une
probabilité d'appartenance au groupe des entreprises défaillantes. Lors de la décision
d'octroi de crédit, le banquier doit ainsi tenir compte du coût qu'il encourt en cas
d'erreur (coût d'opportunité s'il refuse un prêt à une entreprise saine, perte sèche s'il
ne rejette pas une entreprise défaillante).
Cependant le score présente l'avantage de permettre aux banques de se
préo`uniccon/ro une sensibilité trop forte à la défaillance en disposant d'une mesure
globale du risque de leurs engagements.
Par ailleurs il apparaît au travers de l'analyse des causes de la défaillance
que les entreprises sont souvent victimes d'un manque d'information sur leur
situation (ensemble de causes «Problèmes d'information et de management » et
notamment «système comptable déficient» ainsi que « méconnaissance des coûts
de revient »). Le fait de disposer d'un outil de mise en oeuvre aisée pourrait
permettre aux dirigeants d'être alertés aux premiers signes de dégradation du score,
même si la périodicité annuelle de l'information utilisée par cet outil en rend
l'utilisation insuffisante comme outil de gestion.

60
Insee Méthodes n° 72-73
IV. COMPORTEMENTS FrItÉDANT LA
CESSATION DES PAIEMENTS

Le petit nombre d'entreprises redressées à l'issue de la procédure collective


(moins de 7Y6 des entreprises faisant l'objet de l'ouverture d'une procédure de
redressement judiciaire) et plus encore la part très élevée de liquidations immédiates
(83 % des entreprises liquidées le sont le jour même du jugement d'ouverture)
indique bien que la situation de l'entreprise s'est déjà forteme, t dégradée à
l'ouverture de la procédure.
Les dirigeants ont pu prendre un certain nombre de mesures avant la
cessation des paiements : leur analyse permet d'apprécier les réactions des dirigeants
face aux difficultés. L'interprétation de cette partie de l'enquête doit cependant être
conduite avec prudence: il peut en effet être difficile d'isoler les mesures prises
spécifiquement pour faire face aux difficultés rencontrées de l'ensemble des
mesures de gestion courantes.

Analyse économique de la défaillance 61


Tableau 7 : Mesures prises avant la cessation des paiements
Liqu.
Libellé des mesures prises avant la cessation des paiements Cont. Cess. Imm. Après
PO
Mesures prises au regard des problèmes de débouchés 35,1 33,3 22,2 16,7
Restructuration des activités 16,2 25,9 13,9 8,3
Amélioration des produits vendus 2,7 3,7 5,6 4,2
Publicité, meilleures connaissance du marché, effort commercial 13,5 14,8 4,2 4,2
Baisse des prix de vente 2,7 0,0 2,8 0,0
Innovation, accroissement de la recherche et développement 0,0 3,7 0,0 0,0
Amélioration de la stratégie de l'entreprise 5,4 22,2 8,3 16,7
Nouvel actionnaire dans le capital 0,0 7,4 5,6 12,5
Recentrage autour de certains partenaires économiques 2,7 3,7 2,8 4,2
Diversification des partenaires économiques 2,7 14,8 1,4 0,0
Rupture ou non-renouvellement de contrats peu rentrables 2,7 0,0 0,0 0,0
Mesures concernant les coûts et la structure de production 64,9 66,7 70,8 54,2
Licenciements 48,6 51,9 59,7 41,7
Restructurations économiques (fusions, acquisitions, absorptions...) 8,1 18,5 11,1 4,2
Baisse des coùts d'exploitation 13,5 18,5 4,2 4,2
Baisse des salaires 8,1 11,1 1,4 4,2
Investissements nouveaux 2,7 11,1 1,4 0,0
Annulation de projets d'investissement 2,7 0,0 1,4 0,0
Hausse des prix de vente 2,7 0,0 0,0 0,0
Mesures prises au regard des difficultés financières 37,8 37,0 29,2 37,5

oe •ct:' ccô -a- ô ô


Cession d'actifs 8,1 7,4 23,6

rn ev ev,CD C,
Abandons de créances, remises de dettes... 16,2 7,4 2,8
Emprunts nouveaux 5,4 3,7 2,8
Hausse des fonds propres 10,8 18,5 1,4
Recours à des créanciers nouveaux 0,0 3,7 0,0
Désintéressement (partiel ou total) des créanciers 0,0 3,7 1,4
Liquidation des stocks 2,7 0,0 2,8
Tentative de règlement amiable (loi de 1984) 2,7 0,0 0,0
Réduction des problèmes d'information et de management 13,5 11,1 8,3 12,5
Changement substanciel de l'équipe dirigeante 2,7 3,7 5,6 4,2
Appel à des experts extérieurs 2,7 3,7 2,8 8,3
Changements des méthodes de comptabilité et de gestion 8,1 11,1 1,4 0,0
Amélioration de la compétence (formation, qualification du 2,7 0,0 1,4 0,0
personnel)
Meilleure connaissance des coûts de revient 2,7 0,0 0,0 0,0
Nombre moyen de mesures recencées par entreprise 1,9 2,5 1,6 1,4
Nombre d'entreprises ayant une information sur les mesures 37 27 72 24
Source : INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991.
Les renseignements utilisés pour ce tableau proviennent des rapports rédigés par les administrateurs
judiciaires et les mandataires judiciaires à la liquidation des entreprises. Cependant ces rapports ont
davantage pour objectif d'analyser les difficultés qui devront être traitées dans le cadre de la
procédure de redressement judiciaire que de décrire les mesures prises par l'entreprise avant la
cessation des paiements. Les dossiers peuvent donc être incomplets sur ce point et l'absence de
renseignements sur les mesures prises ne signifie pas nécessairement qu'aucune mesure n'a été prise
par l'entreprise pour faire face à ses difficultés.


62 Insee Méthodes n° 72-73
Les premières mesures prises par les entreprises avant la cessation des
paiements26 sont celles qui tendent à diminuer les.coûts de production. Parmi celles-
ci, le licenciement du personnel revient le plus fréquemment, quelle que soit l'issue
de la procédure collective. Une telle mesure permet certes de diminuer les coûts
d'exploitation en agissant sur la masse salariale, mais elle entraîne également des
frais supplémentaires à court terme car des indemnités doivent être versées aux
salariés licenciés. En revanche les réductions de salaires qui pourraient permettre de
sauvegarder l'emploi tout en diminuant les coûts semblent peu utilisées
(respectivement 11,1 % et 8,1 % pour les cessions et les continuations, et moins de
4% pour les liquidations). Les entreprises cédées procèdent également à des
restructurations économiques et diminuent leurs coûts d'exploitation 98,5 % dans
les deux cas).
Les mesures prises pour faire face aux difficultés financières viennent
ensuite (29,2 % des liquidations immédiates y recourent, ainsi que plus de 37 % des
entreprises liquidées après une période d'observation ou redressées). Les cessions
d'actifs sont surtout utilisées par les entreprises qui font, in fine, l'objet d'une
liquidation immédiate (23,6 % des cas contre des pourcentages compris entre 7,4 %
et 8,3 % pour les autres issues). Une telle mesure permet sans doute de retarder
l'ouverture du redressement judiciaire en alimentant la trésorerie, mais ne fait que
repousser l'échéance sans apporter de solution aux difficultés de l'entreprise et
aboutit en fin de compte à accroître le passif (du fait de la poursuite de l'activité)
tout en diminuant le patrimoine de l'entreprise [016].
Peu d'entreprises liquidées augmentent leurs fonds propres avant la
cessation des paiements (moins de 4 %) tandis que les entreprises redressées
accroissent plus souvent leur financement interne (dans 18,5 % et 10,8 % des cas
pour les cessions et les continuations respectivement).
Les entreprises tentent également, mais dans une moindre mesure,
d'accroître leurs débouchés, principalement par la restructuration des activités (près
de 26 % des entreprises cédées y recourent, de même que 16 % des entreprises
continuées et )4 % des entreprises liquidées le jour de l'ouverture de la procédure).
Les entreprises redressées font également des efforts de publicité ou pour améliorer
leur connaissance du marché (15 % des cessions et 13,5 % des continuations). En
revanche très peu d'entreprises agissent sur les produits que ce soit pour en
améliorer la qualité ou pour en diminuer les prix.
Peu d'entreprises parviennent à améliorer leur stratégie : l5 Y4 des
entreprises cédées tentent d'opérer une diversification de leurs partenaires
économiques et 12,5 % des entreprises liquidées introduisent un nouvel actionnaire
dans le capital, mais les autres mesures ne sont que rarement mises en oeuvre.
Enfin, très peu de mesures tendant à réduire les problèmes d'information et
de management sont prises par les entreprises avant la cessation des paiements. Elles
n'ont notamment pas recours à des experts extérieurs. Les entreprises redressées
peuvent recourir à des changements des méthodes de comptabilité et de gestion

26 ll ne s'agit ici que d'entreprises défaillantes, ce qui signifie que les mesures prises n'ont pas permis
de surmonter les difficultés.

Analyse économique de la défaillance 63


(11,1 % et 8,1 % pour les entreprises cédées et pour les entreprises faisant l'objet
d'un plan de continuation, respectivement).
Confrontées aux difficultés qui les conduiront à la défaillance, les
entreprises réagissent donc essentiellement par des mesures de court terme qui
retardent le dépôt de bilan, mais diminuent le patrimoine de l'entreprise (du fait de
la continuation d'une activité déficitaire).
Le taux élevé de liquidations à l'issue de la procédure de redressement
judiciaire ne peut être considéré comme traduisant l'échec de la loi de 1985.
L'impossibilité de redresser les entreprises résulte bien davantage du déclenchement
trop tardif de la procédure ou du recours insuffisant à la prévention (notamment
dans le cadre de la loi du ler mars 1984 relative à la prévention et au règlement
amiable des difficultés des entreprises). En effet, l'ouverture de la procédure
collective intervient le plus souvent sans que l'entreprise ait tenté de résoudre ses
difficultés en utilisant les possibilités de la loi de 198427 (cf. Tableau 7, p.62) : aucun
règlement amiable n'a précédé la défaillance sur la population des entreprises
liquidées ou cédées (et dans une proportion inférieure à 3% pour les
continuations)28. La réforme introduite par la loi de 1994, en renforçant nettement la
protection dont peut bénéficier l'entreprise dans le cadre d'un règlement amiable,
est de nature à favoriser le recours à cette procédure, ce qui permettrait d'éviter
l'aggravation des difficultés et de favoriser le redressement de l'entreprise.
Cette réforme pourra peut-être modifier le comportement des dirigeants qui,
confrontés aux difficultés, tentent de maintenir l'entreprise en vie le plus longtemps
possible pour éviter la défaillance tout en masquant les difficultés financières (risque
de perte de réputation, moindre confiance des partenaires...), quitte à diminuer les
chances de redressement.
Les motivations de ce comportement peuvent être différentes selon que les
dirigeants sont en même temps propriétaires de l'entreprise ou non.
Traditionnellement, la relation entre les actionnaires et les dirigeants est
envisagée comme une relation de type « principal-agent » dans laquelle l'actionnaire
(le principal) délègue la gestion de son patrimoine au dirigeant (l'agent) [074]. Les
efforts consentis par ce dernier ont un effet sur la valeur de l'entreprise et donc sur
la situation des actionnaires, mais ceux-ci ne connaissent pas le comportement réel
des dirigeants, dont ils n'observent que les résultats, alors que leurs intérêts
divergent (situation d'aléa moral). En effet, les dirigeants supportent l'intégralité du
coût des efforts qu'ils doivent fournir pour accroître la valeur de l'entreprise, mais
ne jouissent que d'une partie des bénéfices, à moins de détenir l'intégralité du
capital. Ils peuvent donc avoir intérêt à adopter un comportement sous-optimal
collectivement, mais qui améliore leur situation personnelle (par exemple, projets
d'investissements peu rentables mais attractifs du point de vue des dirigeants,
dépenses somptuaires, avantages en nature...).

27 Il faut noter que ce tableau ne fournit aucun renseignement sur les règlements amiables ayant permis
à l'entreprise d'éviter la défaillance. Il n'est donc pas possible d'en tirer des conclusions quant à
l'efficacité de la législation de 1984.
28 II est raisonnable de penser que, du fait du cadre particulier du règlement amiable (il s'agit d'une
procédure réglementée), toutes les tentatives qui ont eu lieu sont mentionnées dans les dossiers.

64 lnsee Méthodes n° 72-73


• Les divergences d'intérêt diminuent lorsque la part des dirigeants dans le
capital augmente [074] (par exemple, dans les petites et moyennes entreprises, où
les dirigeants sont souvent les propriétaires de l'entreprise). Par ailleurs,
l'augmentation de l'endettement réduit les sommes dont les dirigeants peuvent
disposer pour une utilisation sous-optimale (« free cash flow » [073] et [103]).
• Si la défaillance est considérée par les dirigeants comme leur faisant subir
des coûts (perte de réputation, de contrôle sur l'entreprise, de leur emploi, sanctions
personnelles...), l'augmentation de [endettement les incitera également à faire plus
d'efforts pour compenser la hausse de la probabilité de défaillance [062].
Contrairement au sur et sous-investissement, les deux points précédents
traduisent donc des effets positifs de l'endettement.
• Enfin, le mode de rémunération des dirigeants peut les inciter à prendre
les intérêts des actionnaires en compte (intéressement, distribution d'actions,
d'options d'achat...) [095].
Cette vision doit être légèrement modifiée pour expliquer le processus à
l'oeuvre dans le déclenchement de la procédure collective.
En effet les dirigeants, lorsqu'ils ne sont pas en même temps les
actionnaires de l'entreprise (c'est à dire le plus souvent pour des sociétés de
capitaux ayant dépassé une certaine taille en deçà de laquelle la propriété et le
contrôle effectif sont confondus), peuvent craindre que la défaillance entraîne leur
départ, celui-ci étant certain si l'entreprise est liquidée, mais également possible
dans le cadre d'une solution de redressement qui prévoirait le remplacement de
l'équipe dirigeante. L'exploitation des résultats de l'enquête montre cependant que
cette crainte est largement infondée dans le cas des redressements: en effet un
« changement substantiel de l'équipe dirigeante » n'est prévu que dans 5,4 % des
plans de cession acceptés par le tribunal et dans 8,7 % des plans de continuation.
Lorsque les dirigeants sont en même temps propriétaires ou actionnaires de
l'entreprise, leur préoccupation change et devient prioritairement la survie de celle-
ci. Or ils peuvent considérer la défaillance comme une procédure « sanction »
entraînant quasi mécaniquement la disparition de l'entreprise. La poursuite de
l'activité quelle que soit la gravité de la situation peut alors apparaître comme la
solution préservant le plus les chances de survie de l'entreprise.
Co comportement des dirigeants (qui sont les plus à même, de par
l'information dont ils disposent, de déclencher une procédure de traitement des
difficultés alors qu'el(e a encore des chances de réussir) aboutit à une double
conséquence: d'une part les intérêts des créanciers ne sont pas suffisamment bien
pris en compte et d'autre part les perspectives de survie de l'entreprise à l'issue de la
procédure de traitement judiciaire des difficultés sont considérablement dégradées.
Les effets négatifs du retard du déclenchement de la procédure par les
dirigeants de l'entreprise sont d'autant plus importants que les créanciers ne sont
qu'assez peu souvent à l'origine de la procédure (Cf. tableau sur le déroulement de
la procédure). En effet, ceux-ci ne sont pas nécessairement incités à déclencher une
défaillance car celle-ci conduit à un traitement collectif des créanciers auxquels
ceux-ci peuvent espérer échapper en recherchant le paiement de leur créance par

Analyse économique de la défaillance 65


d'autres moyens. Le déclenchement de la procédure par les créanciers a donc toutes
les chances d'être relativement tardif et de ne pas intervenir suffisamment en amont
pour permettre un traitement adéquat des difficultés de l'entreprise.

66 Insee Méthodes n° 72-73


Troisième partie
L'ouverture de la
procédure, la période
d'observation et la
gestion de l'entreprise

Analyse économique de la défaillance 67


TROISIÈME PARTIE : L'OUVERTURE DE LA
PROCÉDURE, LA PÉRIODE D'OESERVATION ET
LA GESTION DE L'ENTREPRISE

La période d'observation qui s'étend entre le jugement d'ouverture de la


procédure collective et le jugement sur le sort définitif de l'entreprise (liquidation ou
redressement par continuation ou cession) doit permettre le diagnostic de
l'entreprise et la recherche d'une solution de redressement. Pendant cette période,
l'entreprise n'arrête pas son activité, ce qui lui serait sans doute fatal, et il est donc
nécessaire d'en poursuivre la gestion. La gestion pendant la période d'observation
doit à la fois préserver la situation de l'entreprise et préparer dans la mesure du
possible le redressement en prenant un certain nombre de mesures de nature à faire
face aux difficultés qu'elle rencontre. La situation de l'entreprise est de ce point de
vue plus favorable qu'avant la cessation des paiements dans la mesure où elle
bénéficie des dispositions protectrices de la législation sur la défaillance
(interdiction des paiements, suspension des poursuites, continuation des contrats...).

L LES CA , CTÉRISTIQUES DES ENTREPRISES À


L'OUVERTURE DE LA PROCÉDURE

Les différents critères de taille (effectifs salariés, chiffre d'affaires ou


capital social) mettent en évidence une différence significative entre les
caractéristiques entreprises défaillantes selon l'issue.

Tableau 8 : statistiques élémentaires sur les variables économiques selon l'issue


Données moyennes Effectifs Chiffre Capital Age Durée de la Insuffisance
d'affaires social (années) procédure d'actif (KF)
(KF) (KF) (mois)
Continuations 15 x965 700 12,5 8,6 1 534
Cessions 36 36 443 \37s 12,1 5,1 24 787
Liquidations 5 4o73 280 6,4 0,5 4x27

1. STRUCTURE PAR TAILLE

Les liquidations se caractérisent par un nombre moyen (5) de salariés plus


faible que les entreprises continuées ou cédées. La population des entreprises
liquidées est essentiellement constituée de micro-entreprises (O salarié dans 42 %
des liquidations). La prise en compte de l'impact social au moment du choix de
l'issue définitive de l'entreprise au terme de la période d'observation peut jouer en ce
sens (les grandes entreprises sont moins souvent liquidées).

Analyse économique de la défaillance 69


La faiblesse du chiffre d'affaires (moyenne : 4 073 KF) ainsi que la
fréquence peu élevée (3 % seulement) de dossiers multiples (i.e. plusieurs
entreprises regroupées suite à un jugement d'extension, compte tenu du caractère
indissociable de leur patrimoine) reflètent également la petite taille qui caractérise
les liquidations.
Il existe une opposition marquée entre les entreprises cédées au terme de la
procédure collective - de taille importante (en termes de chiffre d'affaires ou
d'effectifs salariés) - et les autres issues : les liquidations et les continuations, de
taille moindre et dont l'insuffisance d'actif est plus modeste.
Les plus grosses entreprises sont en effet davantage susceptibles d'intéresser
des repreneurs éventuels, notamment parce que leur taille importante s'accompagne
d'économies d'échelle, de synergies ainsi que d'effets de réputation, d'expérience et
de savoir-faire. De plus, l'impact social d'une liquidation est vraisemblablement pris
en considération par les tribunaux lors du jugement sur le sort définitif de
l'entreprise. Enfin, la recherche d'une solution de redressement passant par un plan
de continuation est facilitée, pour les entreprises de taille modeste, par la faiblesse
des sommes en jeu.

Graphique 2 Taux de défaillance par tranche de taille (effectif salarié)

4,0

3,5

3,0

2,5

2,0

1,5

0 2-4 5-9 10-19 20-49 50-99 100 et +

Source lnsee, Bodacc (1996)

Sur l'ensemble des entreprises défaillantes ventilées par tranche de taille et


sans tenir compte de l'issue de la procédure collective, le taux de défaillance
commence par croître avec la taille de l'entreprise jusqu'à la tranche de 10 à 19
salariés pour décroître ensuite.
Deux éléments jouent dans le sens d'un risque croissant avec la taille.
A mesure que l'entreprise croît, la dissociation entre le patrimoine de
l'entrepreneur et celui de l'entreprise augmente (les entreprises de grande taille sont
souvent constituées sous forme de sociétés de capitaux dont le risque de défaillance
est plus élevé). En outre, les entreprises de plus grande taille ont des besoins de
financement plus importants, ce qui conduit en général à un endettement plus lourd
et à un risque de défaillance plus élevé.


70 Insee Méthodes n° 72-73
En sens inverse, plus l'entreprise a une taille importante, plus elle est en
mesure de bénéficier d'économies d'échelle et de peser sur ses partenaires
économiques pour obtenir des conditions plus favorables. Par ailleurs, l'ancienneté
des entreprises de plus grande taille leur confère une plus grande expérience (effets
d'apprentissage) et leur donne l'occasion de développer des relations stables avec
leurs partenaires.
La taille de l'entreprise a donc deux effets opposés sur le risque de
défaillance, ce qui permet d'expliquer le pic du taux de défaillance sur les
entreprises entre 10 et 19 salariés.

2. STRUCTURE PAR ÂGE

L'âge, pour sa part, est une variable qui oppose davantage les liquidations à
l'ensemble des redressements : les entreprises continuées et cédées ont un âge voisin
à l'ouverture de la procédure, nettement supérieur à celui des liquidations
(respectivement 12,5 et 12,1 années contre 6,4 années). Cette opposition traduit la
plus grande fragilité et l'expérience plus faible des jeunes entreprise qui sont donc
moins susceptibles de redressement.

Graphique 3 : Taux de défaillance par tranche d'âge (en années)


5

4.5

3.5

2,5

L5

2 3 4 5 6 7

Source : Insee, Bodacc (1996)

Sur l'ensemble des défaillances, la courbe en cloche constatée sur les taux
de défaillance en fonction de la taille se retrouve lorsque l'analyse porte sur les
tranches d'âge.
11 existe un délai minimum entre la date de création et la date de défaillance.
L'impact non-anticipé de l'arrêt des subventions aux jeunes entreprises peut être à
l'origine du défaut de paiement. En outre, en cas d'échec du projet d'entreprise dans
ses toutes premières années, les pertes peuvent être couvertes par le capital social.
Enfin, il existe un décalage entre la date d'obtention des financements permettant la
réalisation d'un projet d'investissement et celle d'encaissement des revenus tirés de
ce projet (cycle de production).

Analyse économique de la défaillance 71


3. STRUCTURE PAR INSUFFISANCE D'ACTIF

La relative faiblesse de l'insuffisance d'actif 29 et des montants financiers


engagés - observée sur les continuations - facilite la renégociation de la dette et le
consentement de sacrifices de la part des créanciers dans le cadre du plan
d'apurement du passif.
Les entreprises faisant l'objet d'une liquidation à l'issue de la procédure
collective présentent, pour leur part, un niveau moyen d'insuffisance d'actif trois fois
plus élevé que les entreprises continuées ". Cet état fortement marqué d'illiquidité -
qui laisse présager des niveaux réduits de taux de recouvrement - reflète l'état
exsangue dans lequel se trouvent ces entreprises lorsqu'elles se présentent devant les
tribunaux : l'impossibilité d'une voie de redressement est rapidement admise 31.

29 Définie comme la différence entre le passif exigible et l'actif disponible (conformément au critère de
cessation des paiements retenu par la loi du 25 janvier 1985).
30 Les cessions présentent une insuffisance d'actif nettement plus élevée (24,8 millions de francs en
moyenne contre 4,8 millions pour les liquidations). Cependant, lorsque ces montants sont rapportés à la
taille de l'entreprise, mesurée par le chiffre d'affaires, l'insuffisance d'actif des entreprises liquidées
apparaît deux fois plus élevée que celle des entreprises cédées.
31 Ce fait se traduit par une durée de période d'observation particulièrement courte pour les
liquidations : quinze jours en moyenne.


72 Insee Méthodes n° 72-73
II. LES ÉTAPES DU DÉROULEMENT DE LA
PROCÉDURE COLLECTIVE

L'étude des caractéristiques des dossiers de défaillance en fonction de l'issue


(cession, continuation ou liquidation), fait apparaître l'existence d'une relation
significative entre le mode d'ouverture de la procédure et le sort définitif de
l'entreprise (cf. Tableau 9) : les liquidations se caractérisent ainsi par une part plus
importante d'assignations de la part des créanciers (33 %, que les autres issues. Cu
fait corrobore l'idée selon laquelle, sur cette population, l'ouverture se fait trop
tardivement, alors que le dépôt de bilan, à l'initiative du chef d'entreprise, aurait
peut-être permis, en anticipant les difficultés, le redressement de l'entreprise. En
outre, l'assignation par un créancier est parfois le signe de l'abandon pur et simple de
l'entreprise par son dirigeant.

Analyse économique de la defaillance 73


Tableau 9 : Etude du déroulement de la procédure (1991, Paris)
Issue Continuation Cession Liquidation
(échantillon)
Nombre total d'entreprises 108 137 517
Mode d'ouverture de la procédure
Assignation 26 % 10 % 33 %
Dépôt de bilan 68 % 87 % 64 %
Résolution d'un accord 0% 1% 1%
Saisine d'office du tribunal 6% 1% 3%
Durée moyenne de la période d'observation
En mois 8,6 5,1 0,5
Type de régime appliqué
Liquidation immédiate (a) - - 83 %
Régime général 56 % 21 % 2%
Régime simplifié 44 % 79 % 15 %
Report de la cessation des paiements avant la date de saisine du tribunal -période suspecte (b)
Oui 19 % 14 % 27 %
Non 81 % 86 % 73 %
Existence d'un jugement à l'encontre du dirigeant (seul le jugement le plus sévère est retenu)
Extension 3% 4% 2%
Comblement du passif 1% 1% 2%
Autres (sanctions pénales) 0% 2% 23 %
Aucun jugement 96 % 93 % 73 %
Source : Enquête réalisée auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991.
(a) Ce qui est appelé « liquidation immédiate » dans ce tableau et dans le corps du texte ne
correspond pas à proprement parler à une procédure qui se juxtaposerait au régime général et au
régime simplifié. Il a cependant semblé intéressant d'identifier les cas où un jugement de liquidation
est rendu immédiatement après le jugement d'ouverture, avec une période d'observation d'une durée
nulle. Ces cas ont été agrégés aux régimes simplifiés pour le calcul des pourcentages de la colonne
ensemble.
(b) Il arrive dans un certain nombre de cas que le tribunal fasse remonter la date de cessation des
paiements avant la date ou il a été saisi d'une demande d'ouverture de procédure collective (par
déclaration de cessation des paiements, assignation d'un créancier ou saisine d'office). La date de
cessation des paiements ainsi fixée peut remonter jusqu'à 18 mois avant le jugement d'ouverture.
Les actes conclus pendant cette « période suspecte » peuvent être annulés par le tribunal. Il
apparaît ainsi que, dans plus d'un quart des cas, le débiteur est en état « virtuel » de cessation des
paiements sans en prendre conscience ou sans le reconnaître.

La durée très brève de la période de la procédure collective pour les


liquidations (15 jours) confirme le fait que les entreprises liquidées sont pour la
plupart des entreprises qui arrivent exsangues au dépôt de bilan et qui n'ont plus
aucune chance de redressement. Le tribunal ne peut alors que constater l'échec
définitif de l'entreprise, aucune tentative de redressement n'étant plus possible, ce
qui aboutit dans 83 % des cas à la liquidation immédiate. Au contraire, la durée
nettement plus longue des procédures aboutissant à un redressement (8 mois et demi
pour les continuations et 5 mois pour les cessions) résulte sans doute de la
complexité de la recherche d'une solution viable aux difficultés de l'entreprise,
notamment dans les cas de continuation.
La « peur » du dépôt de bilan 22 repose essentiellement, d'une part, sur la
remise en question de la réputation dont pouvait jouir l'entreprise avant la cessation

32 Les comportements visant à retarder la constatation des difficultés financières de l'entreprise font
partie des facteurs généralement avancés pour expliquer l'échec relatif de la loi sur la prévention des
difficultés des entreprises (cf. loi du ler mars 1984).

74 Insee Méthodes n° 72-73


des paiements (la publicité du jugement d'ouverture exclut la confidentialité) et,
d'autre part, sur le risque de perte de contrôle des dirigeants-actionnaires au profit
des créanciers. Les facteurs retardant l'ouverture de la procédure collective peuvent
être pris en compte par le tribunal qui a la possibilité de faire remonter la date
« réelle » de cessation des paiements jusqu'à 18 mois avant le jugement d'ouverture
(« période suspecte »). Ceci arrive dans 27 % des cas pour les entreprises liquidées
(contre respectivement )9 % et 14 % pour les continuations et les cessions).
La responsabilité du dirigeant dans l'aggravation des difficultés de
l'entreprise est souvent engagée pour les entreprises liquidées qui se caractérisent
par un taux élevé de sanctions pénales à l'encontre du dirigeant (23 %). Il faut noter
que ce taux concerne le jugement le plus sévère (sanction:, pénales) et qu'il peut
également s'accompagner d'un jugement d'extension à l'encontre du dirigeant ou
d'une action en comblement de passif. Cette importance du rôle du dirigeant ne doit
cependant pas être interprétée comme la cause principale de la cessation des
paiements mais davantage comme un facteur d'aggravation des difficultés : les
entreprises sont liquidées plus au regard de leur potentiel économique réel que de
l'incompétence de leur dirigeant qui, dans le cas des plans de redressement, peut être
évincé de l'administration de l'entreprise, notamment dans le cadre d'une cession.
Sur la population des entreprises cédées ou liquidées, les pouvoirs donnés à
l'administrateur (cf. Tableau 10) correspondent assez fréquemment à une
substitution pure et simple de l'administrateur au dirigeant dans la gestion de
l'entreprise. La substitution est parfois inévitable suite au départ du dirigeant (ce
point concerne vraisemblablement davantage les entreprises liquidées).
Par ailleurs, l'élaboration du bilan économique et social constitue l'occasion
pour l'administrateur d'exprimer son avis sur le sort de l'entreprise. Cet avis est
presque toujours confirmé (dans plus de 90 % des cas) par le tribunal lorsqu'il
prononce le jugement définitif.

Tableau 10 : Rôle de l'administrateur judiciaire et avis sur le sort de


l'entreprise
Issue Continuation Cession Liquidation (*)
Nombre total d'entreprises 108 137 87
Pouvoirs donnés à l'administrateur sur la gestion de l'entreprise
Assitance 73 % 60 % 69 %
Contrôle, surveillance 18 % 21 % || %
Substitution 9% 19 % 20 %
Avis de l'administrateur sur le sort de 'entreprise à l'issue de la période d'observation
En faveur d'une continuation 99 % 2% 3%
En faveur d'une cession /m 96 % 3%
En faveur d'une liquidation 0% 2% 94 %
(*) Hors liquidations immédiates
Source : Enquête réalisée auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991.

Analyse économique de la defaillance 75


X~K LES MESURES DE LA PÉRIODE
D'OBSE',VATION

L'analyse des mesures et actes de gestion pris à l'égard des entreprises


bénéficiant d'une période d'observation (ce qui exclut le cas des entreprises liquidées
immédiatement" - qui constituent cependant la grande majorité des issues) permet
de mettre en lumière le coût social très élevé du traitement des difficultés, encore
accru lorsque les licenciements opérés durant cette période bnt suite à d'anciennes
suppressions de postes ayant pris place avant l'ouverture du redressement judiciaire.
L'étude des actions menées par les créanciers renseigne également sur les reprises de
biens, les abandons de créances ou les prêts nouveaux octroyés durant la période
d'observation (dans ce dernier cas, les créanciers bénéficient de la priorité accordée
aux « créances de l'article 40 »).

1. SPÉCIFICITÉS DE LA GESTION DE L'ENTREPRISE

Le contexte de la procédure collective rend impossible l'emploi des


méthodes classiques d'analyse financière et de gestion dans la mesure où leur
fondement suppose la continuité de l'exploitation et la fiabilité comptable: la
défaillance représente au contraire une rupture dans la vie de l'entreprise et il est
fréquent que son système d'information ne réponde plus depuis un certain temps aux
critères de fiabilité requis.
Après la cessation des paiements, l'administrateur judiciaire commence par
réaliser un diagnostic d'urgence, puis se place dans l'optique du redressement pour
assurer la gestion de l'entreprise. Il détermine ainsi au cours de la période
d'observation les opportunités d'apurement du passif (en comparant les engagements
existant à la date du jugement d'ouverture avec les perspectives de revenus à court
terme), puis analyse la capacité de création de richesses de l'entreprise sur un
horizon à moyen f long terme.

a. Diagnostic d'urgence

L'ouverture d'une procédure collective a mécaniquement un impact positif


de court terme sur la trésorerie de l'entreprise. L'article 33 de la loi de 1985 "
interdit en effet le règlement, même partiel, des créances nées avant l'ouverture de la

33 Pour lesquelles, par nature, aucune donnée n'est disponible.


34 Selon les dispositions de cet article, le jugement ouvrant la procédure collective emporte, de plein
droit, interdiction de payer toute créance née antérieurement au jugement d'ouverture. La réforme du 10
juin 1994 a tempéré quelque peu ce principe en autorisant le paiement par compensation de créances
connexes.

Analyse économique de la defaillance 77


procédure collective : d'un point de vue financier, l'interdiction des paiements à
compter du jugement d'ouverture signifie la transformation, au début de la période
d'observation, de l'ensemble des dettes à court terme en dettes à moyen et long
terme. Il y a donc augmentation du fonds de roulement (accroissement des
ressources stables) et des besoins en fonds de roulement (baisse des ressources
cycliques): le gel du remboursement des concours bancaires courants permet ainsi,
parfois, de reconstituer momentanément le niveau de la trésorerie.

Figure 6 : Évolution des équilibres de bilan durant la procédure collective


Acti Passi Actif Passif

Ressources stables

- Fonds propres
Immobilisations (en général négatifs) Immobilisations Ressources stables

- Dettes à moyen/long terme


Article 33
- Fonds propres

Dettes - Dettes à moyendong terme


Fournisseurs (Cf gel des dettes à court
Stocks Stocks terme)

Dettes fiscales et sociales


Créances clients Créances clients
Trésoretie
nOgative Disponibilités Trésorerie
Disponibilités Concours bancaires 1 positive

La reconstitution de la trésorerie durant la période d'observation du fait de la


suspension des paiements permet à l'administrateur judiciaire de poursuivre
l'activité de l'entreprise et de disposer du temps nécessaire pour rechercher une
solution de redressement.

Le diagnostic d'urgence doit permettre d'anticiper la solvabilité de


l'entreprise à très court terme. L'administrateur judiciaire peut alors juger rapidement
de l'opportunité d'une liquidation immédiate ou d'une prolongation de la période
d'observation, alors même que la restructuration des activités n'a pas encore eu lieu.
De ce point de vue, l'étude de la trésorerie est prioritaire par rapport à celle du
compte de résultat : il convient en effet de savoir si l'entreprise peut déjà faire face à
ses décaissements de très court terme avant d'envisager la restauration de sa capacité
bénéficiaire. L'analyse de la cohérence des prévisions nécessite leur comparaison
avec les données historiques de l'entreprise. Enfin, le contrôle des mouvements de
trésorerie doit être effectué par le rapprochement périodique entre les montants
prévus et ceux réalisés.
La gestion du début de la période d'observation nécessite une méthodologie
particulière. Dans un premier temps, il s'agit de privilégier l'hypothèse d'une
continuité de l'exploitation (sauf naturellement lorsque la liquidation apparaît
inévitable dès le jugement d'ouverture). L'administrateur judiciaire se renseigne
également sur le caractère indispensable des biens qui font l'objet d'un droit de
rétention ou d'une clause de réserve de propriété. La gestion de l'entreprise et
l'élaboration d'un diagnostic financier au début de la période d'observation doivent
enfin distinguer les opérations qui précèdent le jugement d'ouverture de celles qui le
suivent. En effet, l'objectif est d'évaluer la capacité de l'entreprise à renouer avec sa

78 Insee Méthodes n° 72-73


liquidité (trésorerie), voire de dégager une capacité bénéficiaire à plus long terme
(situation nette), à partir de sa nouvelle structure.

b. Poursuite de l'exploitation et élaboration du bilan économique


et social

La poursuite de l'exploitation durant la période d'observation doit permettre


d'évaluer sur la base d'états prévisionnels les chances de redressement de
l'entreprise. La gestion de l'entreprise ne s'inscrit donc pl,s dans un contexte
d'urgence comme cela était le cas au lendemain du jugement d'ouverture. Le bilan
économique et social contient dans ses conclusions l'avis de l'administrateur sur le
sort de l'entreprise, sur lequel le tribunal se prononcera lors du jugement définitif.
La poursuite de l'exploitation crée de l'actif circulant 'accroissement des
stocks et des créances clients' et du passif de court terme - concours bancaires
courants, dettes fiscales et sociales et dettes fournisseurs. La reconstitution de ce
dernier poste durant la période d'observation se fait néanmoins difficilement car les
fournisseurs de l'entreprise réclament en général un règlement comptant ".

2. MESURES ENGAGÉES SELON L'ISSUE

Avant de formuler un avis sur le sort de l'entreprise, l'administrateur


judiciaire peut, au cours de la période d'observation, prendre un certain nombre de
mesures qu'il juge opportunes et dont le principal objectif est d'améliorer les
perspectives de redressement de l'entreprise en préparant celle-ci à un éventuel plan
de cession ou de continuation.
La plupart des mesures qui dépassent la gestion courante de l'entreprise
font l'objet de requêtes auprès du juge-commissaire et ont ainsi pu être recensées.
Ces requêtes motivées, ainsi que les décisions du juge-commissaire, figurent dans
les dossiers de défaillance des greffes des tribunaux de commerce. En moyenne, ce
sont les entrepriseS continuées qui connaissent le nombre le plus élevé de mesures
prises au cours de la période d'observation (3 en moyenne). En revanche, les
liquidations comme les cessions ont un nombre moyen de mesures plus faible
(proche de 2), traduisant soit, pour les liquidations, l'impossibilité de mettre en
oeuvre les mesures nécessaires pour un éventuel redressement, soit, pour les
cessions, l'engagement par le repreneur de prendre à sa charge les mesures et actes
de gestion qui s'imposent.
Outre la fréquence d'apparition particulièrement élevée des mesures de
licenciement sur toutes les populations, une remarque d'ordre général peut être
formulée pour les entreprises liquidées au terme de la période d'observation. En
effet, les mesures prises à leur égard se concentrent essentiellement sur la réduction
des coûts d'exploitation et l'amélioration de la structure de production (62,5 % des

35 Suite à la réforme de 1994, le règlement comptant peut être imposé au débiteur.

Analyse économique de la défaillance 79


cas : cf. Tableau 11) ainsi que sur le traitement des difficultés financières (43,7 %).
Sur un plan plus détaillé, ces mesures concernent majoritairement des licenciements
et des cessions d'actifs. S'il est admis que la liquidation apparaît rapidement
inéluctable, elles peuvent être interprétées comme des mesures préalables à la
disparition définitive de ces entreprises. Il s'agit sans doute plus de préparer « en
douceur » la procédure de liquidation que d'organiser un improbable redressement.
Cette démarche s'applique vraisemblablement également aux cessions : les
licenciements et les cessions d'actifs peuvent préparer l'opération de reprise de
l'entreprise en ne conservant que les branches d'activité les plus rentables.

80 Insee Méthodes n° 72-73


Tableau 11 : ventilation des mesures de la période d'observation (en %)
Libellé des mesures prises durant la période d'observations Cont. Cess. Liqu.*
Mesures prises au regard des problèmes de débouchés 44,4 15,4 9,4
Restructuration des activités 27,8 9,9 6,3
Publicité, meilleure connaissance du marché, effort commercial 21,1 6,6 3,1
Amélioration des produits vendus 15,6 4,4 0,0
Baisse des prix de vente 1,1 0,0 0,0
Amélioration de la stratégie de l'entreprise 17,8 5,5 12,5
Diversification des partenaires économiques 5,6 2,2 6,3
Embauches nouvelles 6,7 3,3 0,0
Recentrage autour de certains partenaires économiques 5,6 0,0 3,1
Rupture ou non-renouvellement de contrats peu rentables 3,3 0,0 3,1
Nouvel actionnaire dans le capital 1,1 1,1 0,0
Réduction des coûts, amélioration de la structure de production 71,1 67,0 62,5
Licenciements (#1) 38,9 58,2 53,1
Baisse des coûts d'exploitation 34,4 11,0 3,1
Baisse des salaires 13,3 7,7 3,1
Restructurations économiques (fusions, acquisitions, absorptions ...) 3,3 1,1 9,4
Hausse des prix de vente 4,4 2,2 0,0
Investissements nouveaux 5,6 0,0 0,0
Annulation de projets d'investissement 2,2 0,0 0,0
Mesures prises au regard des difficultés financières 34,4 42,9 43,7
Emprunts nouveaux (#2) 20,0 25,3 15,6
Cession d'actifs 5,6 15,4 21,9
Recours à des créanciers nouveaux 4,4 6,6 6,2
Abandons de créances, remises de dettes... 5,6 5,5 6,2
Recouvrement des créances clients 4,4 5,5 6,2
Hausse des fonds propres 7,8 2,2 0,0
Liquidation des stocks 1,1 3,3 0,0
Diminution du risque financier (retrait de spéculation, couverture) 1,1 0,0 0,0
Réduction des problèmes d'information et de management 25,6 16,5 9,4
Appel à des experts extérieurs 7,8 14,3 3,1
Changement des méthodes de comptabilité et de gestion 12,2 2,2 0,0
Changement substantiel de l'équipe dirigeante 6,7 1,1 6,2
Meilleure connaissance des coûts de revient 6,7 1,1 0,0
Amélioration de la compétence (formation, qualification du personnel...) 2,2 1,1 0,0
Mesures légales (loi de 1985) 10,0 18,7 12,5
Reprises de biens par les créanciers (revendications, rétention...) 6,7 15,4 3,1
Continuation imposée des contrats 3,3 4,4 9,4
Location gérance 0,0 1,1 0,0
(#1) Nombre moyen dè licenciements 6 Il 6
(#2) Montant moyen des emprunts nouvellement contractées (KF) 3 750 2 200 I 390
Nombre moyen de mesures recensées par entreprise 2,9 2,1 1,7
Nombre d'entreprises ayant une information sur les mesures 90 91 32
Source : INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991.
(*) Hors liquidations immédiates.

a. Rationalisation de la structure de production par les


licenciements

Le coût social du traitement des difficultés apparaît particulièrement élevé :


selon l'issue, entre 40 % et 60 % des entreprises en redressement judiciaire font
l'objet de suppressions de postes. Or, ces dernières font généralement suite à

Analyse économique de la défaillance 81


d'anciens licenciements engagés au moment des difficultés qui ont précédé la
rupture des paiements.
Les licenciements se concentrent sur les entreprises cédées pour lesquelles
le nombre moyen de licenciements apparaît de loin comme le plus important :
presque 11 suppressions de postes en moyenne contre 6 environ pour les
continuations et les liquidations 36 . Ce poids des licenciements provient en partie de
la taille plus importante des entreprises cédées (cf. supra) dont le « potentiel » de
réduction des effectifs reste élevé. Il est intéressant de noter que les plans de reprise
de ces entreprises envisagent souvent une nouvelle réduction d'effectifs (cf. infra) :
62 % des plans de reprise acceptés par le tribunal prévoient des licenciements (11
suppressions de postes en moyenne). Néanmoins, dans le cadre d'une redéfinition de
la stratégie, les plans prévoient, en contrepartie, des embauches nouvelles dans près
de 21 % des cas, atténuant ainsi en partie le coût social de la cession. Il s'agit
néanmoins d'engagements de la part du cessionnaire : ils ne correspondent donc pas
nécessairement aux mesures effectivement prises.
Les salariés apparaissent ainsi comme directement affectés par le traitement
des difficultés de leur entreprise. Toutefois, lorsque l'issue correspond à un
redressement, la poursuite de l'activité peut laisser espérer un maintien de l'emploi.
En revanche, pour les entreprises liquidées à l'issue de la procédure collective, la
part élevée de licenciements peut être considérée comme un « préalable » à la
liquidation, lorsque celle-ci apparaît rapidement comme la seule solution
envisageable.
Les entreprises continuées sont également celles pour lesquelles la
fréquence d'apparition des licenciements est la plus faible, comparativement aux
autres issues (moins de 39 % des cas). De même, les licenciements prévus dans le
plan de continuation et devant intervenir après le jugement définitif sont
relativement peu fréquents (6,1 %). Or, la population des entreprises continuées est
celle dont les problèmes de coûts d'exploitation et de structure de production
constituent l'essentiel des causes de défaillance. Ainsi, plus que des suppressions de
postes, les mesures prises à l'égard de ces entreprises concernent surtout une
rationalisation, en valeur, des frais d'exploitation (baisse des salaires ; des dirigeants
en particulier).

b. Recours aux anciens créanciers

L'augmentation des ressources financières peut se faire par un


accroissement du niveau des fonds propres, de l'endettement ou des ressources
nettes de crédit interentreprises (c'est-à-dire la différence entre les dettes
fournisseurs et les créances clients). Quelle que soit l'issue, les nouveaux emprunts
contractés auprès des créanciers (entre 15,6 % et 25,3 %) l'emportent nettement sur
l'accroissement des fonds propres ou le recouvrement des créances clients, sans
doute plus difficiles à réaliser lorsque l'entreprise est en cessation des paiements. Les
entreprises continuées mobilisent cependant davantage de fonds propres que les

36 Hors liquidations immédiates.


82 Insee Méthodes n°72-73
liquidations ou les cessions. Pour les liquidations, la hausse des fonds propres est
vraisemblablement irréalisable durant la période d'observation. Pour les cessions,
celle-ci n'apparaît pas forcément nécessaire, puisque c'est au repreneur qu'incombe,
en partie, la charge d'injecter des fonds nouveaux dans l'entreprise qu'il rachète.
Cette nouvelle augmentation de l'endettement concerne davantage les anciens
créanciers de l'entreprise: le recours à des nouveaux créanciers ne représente en
effet pas plus de 6,6 % des cas. Les créanciers de la période d'observation
(« article 40 ») apparaissent donc en majorité déjà impliqués dans le financement de
l'entreprise en difficulté. La fréquence relativement élevée des emprunts postérieurs
au jugement d'ouverture ne crée cependant pas un montant global de passif impayé
très important : la majorité des règlements s'effectuant au cor iptant, les dettes de
l'article 40 représentent moins de 2 % du passif des entreprises défaillantes (cf.
Tableau 15).
Cet alourdissement du passif, à travers la hausse de l'endettement, concerne
davantage les entreprises redressées (20 % pour les continuations, 25,3 % pour les
cessions) que celles qui sont liquidées au terme de la période d'observation (15,6 %).
Un accroissement du passif n'apparaît en effet envisageable que si les entreprises
présentent des chances réelles de redressement et n'a vraisemblablement pas lieu
d'être pour celles qui apparaissent rapidement insolvables. La faiblesse relative des
abandons de créances et remises de dettes volontaires apparaît également (moins de
6,2 % des cas) ; faiblesse en partie prévisible dans la mesure où les taux de
recouvrement anticipés par les créanciers sont déjà très faibles : moins de 10 % de
créances recouvrées en moyenne toutes issues confondues.
Enfin les cessions d'actifs 'génératrices de ti ésorerie - jouent un rôle
significatif pour les cessions et les liquidations. Une partie de ces cessions d'actifs
s'intègre dans l'ensemble des mesures qui accompagnent ou préparent le transfert de
propriété de l'entreprise ou sa vente en appartements.

c. Organisation interne et modifications de stratégie

La réduction des problèmes d'information et de management, qui entraînent


l'incapacité de certaines entreprises à évaluer correctement le niveau réel de leurs
performances, passe essentiellement par le recours à des experts extérieurs
(comptables, cabinets de conseil...) et un changement des méthodes de comptabilité
et de gestion.
Les entreprises continuées sont celles pour lesquelles les mesures ayant
pour objectif une augmentation des débouchés et/ou un changement substantiel de
stratégie sont les plus nombreuses (62,2 % des cas). Ainsi, l'amélioration du chiffre
d'affaires passe principalement par une restructuration des activités (27,8 %), une
meilleure connaissance du marché (21,1 %) et une amélioration des produits vendus
(15,6 %).
En revanche, la fréquence d'apparition des mesures ayant pour objectif une
augmentation des parts de marché ou un changement de stratégie est beaucoup plus
faible pour les liquidations (ce qui semble assez naturel compte tenu de l'état

Analyse économique de la défaillance 83


exsangue de cette population) et les cessions. Pour ces dernières, qui souffrent
davantage de problèmes financiers, le plan de reprise peut fournir à lui seul une
solution aux problèmes de débouchés ou de stratégie (dans 54,3 % des plans de
reprise, les mesures doivent permettre une augmentation des débouchés ou une
modification substantielle de la stratégie; en outre, les motifs de rachat répondent
prioritairement à l'existence de synergies ou de diversification de l'activité :
respectivement 73,9 % et 36,4 % des plans retenus par le tribunal cf. Tableau 13).

d. Mesures « légales »

Les mesures « légales» sont prises à l'initiative des créanciers qui


exploitent les possibilités offertes par la législation pour recouvrer leurs créances en
dehors du traitement collectif (droit de rétention ou de revendication
essentiellement).
Contrairement aux mesures analysées ci-dessus, celles-ci n'ont pas pour
objet d'accroître les chances de redressement de l'entreprise ; au contraire, elles
risquent de précipiter sa disparition.
Du point de vue du créancier titulaire d'un gage ou d'une clause de réserve
propriété, la reprise d'un bien, par voie de rétention ou de revendication, constitue
un moyen relativement efficace pour récupérer tout ou partie de sa créance. Les
reprises de biens, qui diminuent les chances de redressement de l'entreprise mais
constituent un outil de protection pour les créanciers, interviennent principalement
pour les cessions. En effet, les règles de désintéressement des créanciers, dans le
cadre d'une cession, sont proches de celles d'une liquidation" et incitent les
créanciers à utiliser les moyens dont ils disposent pour recouvrer leurs créances.
Pour les entreprises liquidées, la faiblesse des actifs restants empêche
toutefois ce comportement de la part des créanciers. En revanche,' les continuations,
pour lesquelles les taux de recouvrement anticipés sont sensiblement plus élevés, se
caractérisent par une fréquence moindre des reprises de biens (6,7 %). Ces dernières
pourraient en effet compromettre la survie de l'entreprise.
La continuation imposée des contrats durant la période d'observation,
génératrice de dettes « article 40 » en cas de non-paiement - si celui-ci est différé `
tient une place relativement modeste (moins de 5 %), sauf pour les liquidations
(9,4 %). Cette particularité des liquidations traduit un certain désengagement de la
part des créanciers : il est probable que si l'administrateur ne prenait pas l'initiative
de la poursuite imposée des contrats, afin de préserver les chances de redressement
des entreprises, leur rupture précipiterait la liquidation.
Les mesures prises au cours de la période d'observation doivent être
envisagées dans la perspective d'un redressement. Elles doivent notamment anticiper
les conditions susceptibles d'être annoncées dans les plans de continuation et de
cession. Or, l'analyse de ces dernières fournit une indication utile sur les actions à

37 Les créanciers sont désintéressés uniquement sur le montant de la cession ou le produit des actifs
réalisés.

84 Insee Méthodes n"32-73


mener dans la perspective d'un redressement de l'activité : elles s'inscrivent dans la
continuité des mesures engagées au cours de la période d'observation.

Analyse économique de la défaillance 85


Quatrième partie
L'issue de la procédure

Analyse économique de la défaillance 87


QUATRIÈME PARTIE L'ISSUE DE LA
PROCÉDURE

L MESURES DES PLANS DE RE RESSEMENT

Le bilan économique et social, rédigé par l'administi.Jteur judiciaire,


contient une analyse détaillée des propositions de plans de cession et/ou de
continuation (lorsque ces propositions existent). L'administrateur judiciaire émet un
avis, qu'il communique au tribunal, sur chacune d'entre elles. Un recensement des
mesures envisagées dans les offres de reprise ainsi que des conditions prévues dans
les plans de continuation a été effectué. Contrairement aux mesures de la période
d'observation, les résultats tirés de ce recensement doivent être considérés avec
prudence, dans la mesure où il s'agit des mesures et conditions annoncées ou sur
lesquelles s'engagent les parties : rien ne garantit leur application stricto". En outre,
il est possible que d'autres mesures soient prises après le jugement sans figurer dans
le plan adopté, elles échapperont donc au recensement 39.

38 L'année retenue ()991) précède la réforme de juin 1994, dont un des objectifs principaux est la
moralisation des plans de cession. Elle prévoit notamment la résolution du plan de cession en cas de non
respect par le cessionnaire des engagements (y compris non financiers) qu'il a souscrits.
39 Les cas signalés d'abandons de créances ont été volontairement exclus de l'analyse dans la mesure où
ils se reflètent déjà à travers le niveau des taux de recouvrement.

Analyse économique de la défaillance 89


Tableau 12 : ventilation des mesures et conditions prévues par les plans de
redressement (en %)
Libellé des conditions prévues par les plans de continuation et de
cession acceptés par le tribunal Cont, Cess.
Mesures prise au regard des problèmes de débouchés 33,7 23,9
Restructuration des activités 21,3 10,9
Publicité, meilleure connaissance du marché, effort commercial 11,3 12,0
Amélioration des produits vendus 11,3 5,4
Innovation, accroissement de la recherche et développement 0,0 2,2
Amélioration de la stratégie de l'entreprise 17,5
Embauches nouvelles 5,0 20,7
Diversification des partenaires économiques 3,8 4,3
Recentrage autour de certains partenaires économiques 7,5 1,1
Rupture ou non-renouvellement de contrats peu rentables 1,2 5,4
Nouvel actionnaire dans le capital 2,5 0,0
Mesures concernant les coûts et la structure de production 35,0 71,7
Licenciements 6,2 62,0
Baisse des coûts d'exploitation 20,0 5,4
Investissements nouveaux 7,5 9,8
Restructurations économiques (fusions, acquisitions, absorptions...) 2,5 3,3
Hausse des prix de vente 3,7 1,1
Baisses des salaires 2,5 1,1
Annulation de projets d'investissement 1,2 0,0
Mesures prises au regard des difficultés financières 75,0 26,1
Hausse des fonds propres 45,0 10,9
Emprunts nouveaux 18,7 13,0
Cession d'actifs 13,7 0,0
Recours à des créanciers nouveaux 3,7 2,2
Recouvrement des créances clients 3,7 1,1
Réduction des problèmes d'information et de management 20,0 18,5
Changement des méthodes de comptabilité et de gestion 8,7 10,9
Changement substantiel de l'équipe dirigeante 8,7 5,4
Amélioration de la compétence (formation, qualification du personnel...) 5,0 4,3
Meilleure connaissance des coûts de revient 2,5 2,2
Appel à des experts extérieurs 1,2 0,0
Location gérance - 2,2
Nombre moyen de conditions recensées par entreprise 2,6 2,0
Nombre d'entreprises ayant une informations sur les mesures 80 92
Source : INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991

1. PLANS DE CONTINUATION

L'analyse des mesures prévues et des conditions au redressement des


entreprises par voie de continuation fait apparaître une nette prépondérance des
dispositions visant à accroître le niveau des fonds propres. ()3 ',41 des cas). Cette
mobilisation de fonds est probablement plus facile à réaliser après le jugement
définitif qu'au cours de la période d'observation40 seules 'U % des entreprises
connaissent en effet un accroissement du niveau des ressources internes avant le
jugement définitif (soit un niveau tout de même sensiblement supérieur à celui des

40 En effet, l'incertitude sur le sort de l'entreprise après le jugement définitif est levée.

90 Insee Méthodes n° 72-73


cessions, 2,2 %, ou des liquidations pour lesquelles une hausse des fonds propres
n'est jamais enregistrée). Cette augmentation annoncée de l'autonomie financière
peut prendre la forme, par exemple, de nouveaux apports en compte courant et
diminue la probabilité d'échec du plan.
Une étude [056], réalisée également sur les données du tribunal de
commerce de Paris, montre que 50 % des plans de continuation adoptés se soldent
par un échec: cette « rechute » de l'entreprise entraîne alors la liquidation de
l'entreprise dans plus de 80 % des cas. Il reste néanmoins que cette hausse annoncée
des ressources internes constitue le gage d'une plus grande autonomie financière et
reflète, dans certains cas, un engagement accru des associés (voire des dirigeants
lorsqu'ils détiennent le contrôle de l'entreprise - pour des P.M.E. nc .a.mment).
A côté du renforcement des fonds propres, les plans de continuation
prévoient également un recours accru à l'endettement (taux d'apparition de 18,7 %).
L'obtention de prêts nécessite d'avoir préservé la confiance des partenaires
financiers, ce qui apparaît être le cas pour les continuations Si elle constitue un
apport de trésorerie, une nouvelle hausse de l'endettement est cependant
dommageable car elle atténue l'effet positif lié à la hausse des fonds propres en
accroissant la probabilité d'échec du plan. Or, le non-respect des engagements
financiers représente la cause immédiate de l'ouverture d'une nouvelle procédure de
redressement judiciaire [056].
Les dispositions destinées à réduire les problèmes de coûts d'exploitation et
de structure de production apparaissent dans des proportions assez élevées (35 %).
Néanmoins, les prévisions de licenciement interviennent beaucoup moins
fréquemment que pour les cessions (6,2 % contre 62 %). Cependant, des
compressions d'effectifs ont souvent eu lieu durant la période d'observation. Dans la
perspective des choix d'issues, le nombre relativement restreint de licenciements
annoncés par les plans de continuation peut constituer un atout en leur faveur, le
tribunal tenant compte du coût social des différentes solutions proposées (cf.
Tableau 13 p.97). La diminution des coûts passe ainsi par d'autres voies que la
réduction du nombre de personnes employées (20 % des entreprises prévoient une
baisse de leurs coûts d'exploitation, hors licenciements). Les baisses de salaires ne
jouent qu'un rôle relativement modeste (taux d'apparition inférieur à 3 %) ; celles-ci
ayant surtout pris place durant la période d'observation (13,3 % de cas).
En ce qui concerne la réduction des problèmes d'information et de
management, le recours à des experts apparaît peu fréquemment (des experts
peuvent toutefois être consultés après l'adoption du plan, sans que cela soit pour
autant signalé dans le bilan économique et social). Enfin, les prévisions de
changement substantiel de l'équipe dirigeante ne sont pas très fréquentes (8,7 %). La
continuation implique donc généralement le maintien, au moins partiel, des
dirigeants à la tête de l'entreprise. Or, les dirigeants apparaissent souvent impliqués
dans les causes de défaillance (cf. Tableau 3 p.41), ce qui justifierait leur mise à
l'écart de la gestion de l'entreprise.

41 Ainsi, seules 4,2% des entreprises continuées se voient refuser un prêt avant la cessation des
paiements (celui-ci engendrant la défaillance) contre 8,8% pour les cessions et 9,3% pour les
liquidations.

Analyse économique de la defaillance 91


2. PLANS DE CESSION

Alors que les plans de continuation prévoient une compression des charges
d'exploitation en privilégiant la baisse des salaires par rapport aux licenciements, les
plans de cession se distinguent par une fréquence nettement plus élevée de mesures
prévoyant le licenciement d'une partie du personnel en place (11 suppressions de
postes en moyenne). En outre il s'agit de prévisions: les plans sociaux effectifs
impliquent probablement davantage de licenciements. Ainsi, la cession apparaît non
seulement comme une issue relativement défavorable aux créanciers (en termes de
taux de recouvrement), mais également comme une solution dont le coût social est
élevé. Or, les plans considérés sont ceux acceptés par le tribunal : les plans refusés
prévoyaient en moyenne davantage de licenciements, ce qui confirme que l'impact
social constitue vraisemblablement un critère de choix significatif pour les
tribunaux. Le nombre relativement élevé de suppressions de postes est néanmoins
partiellement compensé par les embauches nouvelles auxquelles s'engage le
repreneur (avec, naturellement, la réserve qu'impose un simple engagement ou une
prévision) : 20,7 % des plans de reprise retenus par le tribunal prévoient des
embauches nouvelles. Ce renouvellement du capital humain accompagne
vraisemblablement les opérations de restructuration des activités (10,9 % des cas),
ou l'engagement dans de nouveaux projets d'investissement (9,8 %).
Le taux d'apparition pour les cessions des mesures ayant pour objectif une
meilleure connaissance du marché ou un accroissement de l'effort commercial est
significativement plus élevé dans les prévisions du plan de reprise (12 %) que durant
la période d'observation (6,6 %). Une redéfinition de la politique commerciale
d'ensemble peut en effet être plus difficile à réaliser durant la période d'observation
où l'objectif principal est de restaurer la liquidité de l'entreprise ainsi que d'en
effectuer un diagnostic rapide dans la perspective du redressement. En revanche,
pour les continuations, ces mesures interviennent plus fréquemment pendant la
période d'observation (21,1 % contre 11,3 % dans le plan). En effet, la gestion de
l'entreprise pendant la période d'observation peut anticiper le redressement de
l'entreprise dans le cadre d'un plan de continuation.
Les mesures ayant pour objectif d'atténuer les difficultés financières sont
sensiblement moins fréquentes dans le cadre de la reprise que durant la période
d'observation, au cours de laquelle des solutions aux difficultés de trésorerie ont dû
être rapidement trouvées. De plus, le repreneur -s'il est solide financièrement 43 ou
s'il injecte des fonds nouveaux' peut, par l'opération de reprise, offrir une solution
au manque de ressources. Cet apport financier, auquel s'ajoute l'effacement de la
dette de l'entreprise, améliore la solvabilité et évite de recourir à une augmentation
du niveau des fonds propres (10,9 % des cas contre 45 % pour les entreprises
continuées) et à une hausse de l'endettement (13 % contre l8,7% pour les
continuations).

42 A laquelle participe le plus souvent le chef d'entreprise.


43 Ce qui - du point de vue de l'administrateur judiciaire - est le cas dans 44,5% des plans de reprise
acceptés.

92 Insee Méthodes n° 72-73


Le recours à des experts extérieurs ainsi que les changements de dirigeants
interviennent peu fréquemment et apparaissent dans des proportions équivalentes à
celles observées sur les continuations.

Analyse économique de la défaillance 93


H. « CRITÈRES DE CHOIX » DES TRIBUNAUX SUR
LES PROPOSITIONS DE REPRISES

Les repreneurs sont majoritairement des agents ayant déjà une activité
économique : les rachats correspondant à l'établissement d'une première affaire par
le cessionnaire apparaissent en effet peu fréquents (moins de 8 % sur l'ensemble des
propositions de plan). En revanche, les motifs de rachat répondent fréquemment à la
recherche de synergies et à la volonté d'absorber un concurrent (le taux d'apparition
de ce motif de rachat dépasse 40 % pour les plans retenus par le tribunal) ". Les
motifs répondant à la diversification des activités et à l'acquisition d'une réputation
apparaissent environ dans un tiers des cas. De ce point de vue, en dépit de la crise de
trésorerie, les entreprises faisant l'objet d'une cession à l'issue du redressement
judiciaire jouissent d'une bonne image et présentent des perspectives de rentabilité
économique. L'existence de synergies et le niveau élevé de réputation va de pair
avec la taille des entreprises cédées'''.
Outre les motifs de rachat, la description des propositions de plan dans le
bilan économique et social comporte l'avis de l'administrateur judiciaire pour chaque
offre. L'analyse de cet avis permet de mettre en évidence les critères
d'appréciation des administrateurs judiciaires sur les forces et faiblesses de chaque
proposition. En outre, la distinction entre plans retenus et plans rejetés fournit une
indication précieuse sur les « critères de choix » des tribunaux, ce qui permet de
disposer d'un aperçu du processus de décision du tribunal.
Le maintien de l'emploi apparaît très nettement comme un facteur
déterminant des chances de sélection. Ainsi, les plans finalement acceptés
permettent dans presque 69 % des cas une sauvegarde relative de l'emploi, contre
moins de 33 % pour les plans refusés (une partie assez importante de ces derniers,
27,6 %, prévoit en outre explicitement une réduction significative des effectifs).
Cette préférence pour les plans dont le coût social est plus modéré se reflète à
travers le nombre moyen de licenciements envisagés : celui prévu par les plans
rejetés excède de presque 2 emplois celui des plans finalement retenus. L'importance
du volet social de la reprise n'échappe pas aux administrateurs judiciaires qui, dans
le bilan économique et social, signalent le plus souvent possible (dans presque 70 %
des cas) si les propositions permettent ou non le maintien de l'emploi.
La proposition de reprise doit offrir des garanties de succès. L'expérience
dans le secteur d'activité du repreneur, sa solidité financière (garanties bancaires,

44 Une étude ([055]) souligne également la proportion importante de concurrents repreneurs ainsi que le
rôle joué par l'existence de synergies : « Dans la majorité des cas, pour 78%, le repreneur est un
concurrent de l'entreprise cédée. La reprise d'entreprise est donc un mode non négligeable de la
concentration économique. (...) Dans une proportion très élevée, le repreneur exerce la même activité
que le débiteur. (...) On relève des cas de quasi-identité entre les deux activités, mais aussi des cas de
complémentarité, lorsque le repreneur entend diversifier son activité ».
45 En moyenne 36 salariés contre 15 pour les ocntinuations et 6 pour les liquidations.
46 Cet avis ne lie en aucune façon le tribunal.

Analyse économique de la défaillance 95


cautions,...) ainsi que l'existence de synergies propres à la reprise constituent donc
des gages de réussite qui accroissent la probabilité d'acceptation du plan. Ces trois
points apparaissent ainsi, dans l'ordre, derrière le maintien de l'emploi.
Le sort des créanciers exerce une influence moins grande sur le choix
effectué au moment du jugement définitif (27,3 % seulement des plans retenus se
caractérisent par un prix de rachat élevé, assiette du désintéressement des
créanciers). Le prix de rachat moyen des plans retenus par le tribunal est d'ailleurs
légèrement inférieur (de 130 KF environ) à celui proposé par les plans refusés. Ce
fait traduit en partie la volonté du législateur d'assurer la sauvegarde de l'entreprise,
même lorsque celle-ci doit se faire au détriment des créanciers ". En outre, le
redressement éventuel de l'entreprise profite peu aux ayants droit, dans la mesure où
seul le prix de rachat, généralement modeste, sert au désintéressement des créances.

47 La même étude [055], portant sur le dépouillement de 500 jugements du tribunal de commerce de
Paris et 45 jugements du tribunal de commerce d'Angers rendus entre le ler janvier 1986 et le 30
septembre 1991, confirme les résultats de l'étude sur les critères d'arbitrage entre le niveau du prix de
cession, assiette du remboursement des créanciers, et le maintien relatif de l'emploi :

« Il est ainsi remarquable que l'ampleur de l'actif n'est pratiquement jamais mentionnée [dans les
jugements] et que celui du passif ne l'est pas si fréquemment que l'on pourrait le croire. (...) Cette
donnée négative est très éclairante sur les critères pris en considération par les juges consulaires, à
supposer que la motivation et les éléments mentionnés dans le jugement de cession ou de continuation
reflètent effectivement le raisonnement adopté par le tribunal. 11 semble en effet que les considérations
financières, attachées principalement au montant comparé de l'actif et du passif, ne soient que peu prises
en compte par le tribunal, notamment dans la perspective de paiement des créanciers. (...) Cependant, les
juges consulaires prennent souvent en considération le maintien des contrats de leasing et des baux,
pour des montants qui peuvent être très élevés et sont fréquemment de l'ordre de un ou deux millions de
francs. (...) Cela permet de nuancer le constat du sacrifice des créanciers, au-delà même de la sauvegarde
des créanciers munis de privilèges ou de sûretés : les bailleurs et les sociétés de crédit-bail sont ainsi
préservés. (...) Sur les 340 jugements qui mentionnent les chiffres nécessaires pour établir un
pourcentage en la matière, il est remarquable que 73% des jugements permettent une reprise de 100%
des salariés. A priori donc, d'une part, les juges consulaires prennent comme considération première le
maintien de l'emploi et, d'autre part, les repreneurs sont en mesure de reprendre l'intégralité ou presque
des salariés. Il s'agirait là d'un succès de la loi, même si l'on observe que la sauvegarde de l'emploi vient
après le redressement de l'entreprise dans son article premier. Cette sauvegarde de l'emploi est « payée »
en quelque sorte par un prix de cession peu élevé, les tribunaux évaluant la charge financière du
maintien d'un emploi pour le traduire en une sorte de défalcation sur le prix de cession. Le calcul est
souvent expressément mené et mentionné dans le jugement en ce qui concerne les charges sociales ».

96 Insee Méthodes n° 72-73


Tableau 13 : motifs, forces et faiblesses des offres de reprise, selon la décision
du tribunal : plans retenus ou rejetés
Plans Plans Ensemble
retenus rejetés
Nombre total d'entreprises 128 152 280
Motifs de rachat annoncés par le repreneur
Nombre d'entreprises renseignées 88 86 174
Existence de synergies 73,9 % 67,4 % 70,7 %
Absorption d'un concurrent 40,9 % 34,9 % 37,9 %
Diversification 36,4 % 36,0 % 36,2 %
Acquisition d'une réputation 33,0 % 36,0 % 34,5 %
Première affaire 8,0 % 7,0 % 7,5 %
Qualité de l'offre du point de vue de l'administrateur (cf. bilan
économique et social)
I. L'offre permet un maintien relatif de l'emploi
Nombre d'entreprises renseignées 128 152 280
Oui 68,8 % 32,9 % 49,3
Non 10,9 % 27,6 % 20,0 %
Sans commentaires 20,3 % 39,5 % 30,7 %
2. Le repreneur jouit d'une expérience dans le secteur d'activité
Nombre d'entreprises renseignées 128 152 280
Oui 54,7 % 46,0 % 50,0
Non 3,1 % 9,9 % 6,8 %
Sans commentaire 42,2 % 44,1 % 43,2 %
3. Le repreneur est solide financièrement (existence de
garanties , cautions
Nombre d'entreprises renseignées 128 152 280
Oui 44,5 % 27,6 % 35,4 %
Non 5,5 % 18,4 % 12,5 %
Sans commentaire 50,0 % 54,0 % 52,1 %
4. La reprise bénéficie de l'existence de synergie (apports de
débouchés, technologie...).
Nombre d'entreprises renseignées 128 152 280
Oui 41,4 % 29,6 % 35,0 %
Non 1,6 % 6,6 % 4,3 %
Sans commentaire 57,0 % 63,8 % 60,7 %
5. Le repreneur jouit d'une bonne réputation
Nombre d'entreprises renseignées 128 152 280
Oui 28,9 % 21,7 % 25,0 %
Non 0,0 % 5,3 % 2,9 %
Sans commentaire 71,1 % 73,0 % 72,1 %
6. Le prix de rachat proposé est relativement élevé
Nombre d'entreprises renseignées 128 152 280
Oui 27,3% 16,5% 21,4%
Non 18,8 % 37,5 % 28,9 %
Sans commentaire 53,9 % 46,0 % 49,6 %
Nombre moyen de licenciements prévus et prix de rachat
proposé moyen
Nombre d'entreprises renseignées 54 61 115
Licenciements (moyenne, nombre) 11,3 13,2 12,3
Prix de rachat (moyenne, en KF) 3 530 3 661 3 602
Source INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991.


Analyse économique de la défaillance 97
Cinqrime partie
Impact financier de la
défaillance

Analyse économique de la défaillance 99


CINQUIÈME PARTIE IMPACT FINANCIER DE LA
DÉFAILLANCE

L'organisation d'une procédure collective engendre des coûts directs via


notamment la rémunération des mandataires de justice (administrateurs judiciaires er
mandataires judiciaires à la liquidation des entreprises, en particulier). La période
d'observation, si elle permet d'apprécier les possibilités de redressement,
s'accompagne également de coûts indirects (coûts d'opportunité, de réputation,...).
Le contrôle judiciaire du débiteur rend ainsi la gestion plus comple , e ". En outre, la
publicité du jugement d'ouverture informe les partenaires de l'entreprise (clients,
fournisseurs, banques...) des difficultés qui la touchent. Ces « coûts de faillite »,
auxquels s'ajoute le gel des remboursements afin de permettre le bon déroulement
de la période d'observation réduisent la valeur de l'entreprise et diminuent davantage
le montant que les créanciers auront à se partager en fin de procédure.
Lorsque l'entreprise entre dans le cadre du redressement judiciaire, une
estimation « réelle » (non comptable) de l'actif et du passif est effectuée: cette
estimation permet d'appréhender rapidement le montant d'insuffisance d'actif qui
caractérise le défaut de paiement. La procédure collective doit ensuite permettre de
vérifier les données de bilan annoncées par le débiteur. Enfin, au terme de la période
d'observation, le passif se trouve modifié par le jeu des acceptations et rejets de
créances 49 et par le financement de l'activité par les créanciers postérieurs au
jugement d'ouverture (article 40 de la loi de 1985). L'analyse de la structure de bilan
au terme de la procédure collective permet ainsi de disposer de la ventilation des
créances selon leur ordre de priorité et de calculer le niveau probable du taux de
recouvrement, en attendant le jugement définitif sur le sort de l'entreprise.

L COMPLÉMENTS JURIDIQUES SUM LES TAUX


DE RECOUVREMENT

1. LA CONNAISSANCE DU PASSIF

Le débiteur doit remettre la liste de ses créanciers et de ses dettes au


représentant des créanciers. Cette déclaration ne suffit pas pour avoir une

48 Inversement, la priorité qui est accordée aux créanciers acceptant de financer l'entreprise après le
jugement d'ouverture (créances de l'article 40) facilite la poursuite de l'activité durant la période
d'observation.
49 Les créanciers ont l'obligation de déclarer leur créance sur l'entreprise en redressement judiciaire
(sommes échues et non échues) dans les deux mois de la publication du jugement d'ouverture au
BODACC. Le représentant des créanciers vérifie les créances déclarées et propose au juge-commissaire
de rejeter celles qui seraient contestables.

Analyse économique de la défaillance 101


connaissance exacte du passif : le débiteur est souvent réticent ou dans l'incapacité
de fournir une liste exacte et à jour. Les créanciers doivent donc déclarer leurs
créances 'sommes échues et non échues- dans les deux mois de la publication du
jugement d'ouverture. Le représentant des créanciers les vérifie et propose au juge-
commissaire de rejeter celles qui seraient contestables.

2. LA « FI • TION » DU PASSIF

L'inscription de sûretés nouvelles sur des créances antérieures au jugement


d'ouverture est interdite. En revanche, elle est possible sur des créances nées
pendant la période d'observation.
Le jugement d'ouverture arrête le cours des intérêts légaux et
conventionnels, sauf s'ils résultent de contrats de prêts conclus pour une durée égale
ou supérieure à un an ou de contrats assortis d'un paiement différé d'un an ou plus.
Dans ce dernier cas, les intérêts sont liés à la créance principale antérieure et doivent
donc être déclarés en même temps que le principal de la dette ; ils n'entrent donc pas
dans le cadre de l'article 40. Toutes les créances, qu'elles soient chirographaires ou
nanties de sûretés sont concernées.
Le jugement d'ouverture ne rend pas exigibles les créances non échues à la
date de son prononcé. Les créances nées antérieurement et venant à échéance
pendant la période d'observation sont traitées de la même façon que celles arrivées à
échéance avant l'ouverture de la procédure et seront donc soumises aux délais du
plan en cas de redressement. L'arrêt d'un plan de cession ou le jugement décidant la
liquidation judiciaire de l'entreprise entraînent la déchéance du terme.

3. T ' • ITEMENT PARTICULIER '1 E CERTAINS


CRÉANCIERS

A. Article 40

Selon l'article 40, les créances nées régulièrement pendant la période


d'observation, sont payées à leur échéance lorsque l'activité est poursuivie. A
défaut, les créanciers peuvent exercer leur droit de poursuite individuelle (le
paiement redevient donc le prix de la course) et l'article 40 confère à ces créances
un privilège général mobilier et immobilier sur l'ensemble des biens du débiteur.


102 Insee Méthodes n° 72-73
B. La situation des salariés et des salaires pendant la période
d'observation

Les six derniers mois de salaire dus avant le jugement d'ouverture


bénéficient d'un privilège général mobilier et immobilier. Il en est de même des
indemnités dues pour des licenciements intervenus avant le jugement d'ouverture.
Les soixante derniers jours de salaire (à concurrence d'un plafond mensuel) doivent
être payés dans les dix jours de l'ouverture de la procédure (superprivilège, qui
contrevient au principe de non paiement des créances antérieures). Les salaires dus
après le jugement d'ouverture sont normalement payés à l'échéan e, de même que
les éventuelles indemnités pour des licenciements intervenant pendant la période
d'observation. A défaut, la garantie de l'article 40 s'appliquera.
Si le débiteur ne dispose pas des fonds suffisants pour payer ses dettes
salariales, le paiement en est assuré par l'AGS (Association pour la gestion du
régime d'assurance des créances des salariés, système d'assurance obligatoire créé
en 1973 et alimenté par une cotisation spéciale des employeurs).

C. Créanciers titulaires d'un droit de rétention

Les seules exceptions à l'interdiction des paiements pendant la période


d'observation concernent le paiement, sur autorisation du juge-commissaire, de
créances antérieures pour retirer le gage ou une chose légitimement détenue par le
créancier (droit de rétention), lorsque ce retrait est justifié par la poursuite de
l'activité, ou pour payer un créancier qui voudrait exercer un droit de revendication
(clause de réserve de propriétén. Les salariés échappent aussi dans une certaine
mesure à l'interdiction des paiements. Enfin la compensation entre créances
connexes est également permise.
En cas de vente d'un bien grevé d'un privilège spécial, d'un nantissement
ou d'une hypothèque, la quote-part du prix correspondant aux créances garanties par
ces sûretés est versée sur un compte bloqué pendant toute la période d'observation.
Cr n'est qu'à l'issue de la procédure que les créanciers bénéficiaires de ces sûretés
ou titulaires d'un privilège général peuvent être payés suivant l'ordre de préférence
existant entre eux et, en cas de continuation, conformément aux délais prévus par le
plan. Le juge-commissaire peut cependant ordonner le paiement provisionnel de tout
ou partie de leur créance aux créanciers titulaires de sûretés sur le bien, ou leur
imposer la substitution de garanties équivalentes à celles qu'ils détiennent.

50 Le vendeur de biens est dans une situation très favorable par rapport aux autres créanciers tant qu'il
ne s'est pas encore dessaisi des biens vendus, puisqu'il peut exercer son droit de rétention. Même après
s'en être dessaisi, la suspension des poursuites individuelles par le jugement d'ouverture n'affecte pas le
droit de revendication qui peut être exercé par le propriétaire d'un bien identifié et existant en nature
dans le patrimoine du débiteur. Dans ce cas, la clause de réserve de propriété (qui doit figurer dans un
écrit établi au plus tard au moment de la livraison, par exemple un contrat cadre), subordonnant le
transfert de propriété au paiement intégral du prix, permet encore au vendeur de revendiquer son bien.

Analyse économique de la défaillance 103


4. LE DÉSINTÉRESSEMENT DES CRÉANCIERS EN
FONCTION DE L'ISSUE

A. Traitement de l'article 40

Les modalités de paiement des créances de l'article 40 non payées à


l'échéance et restant échues lors du jugement sur le sort de l'entreprise sont
différentes selon la nature de l'issue.
En cas de continuation, les créances de l'article 40 sont comprises dans
l'échéancier d'apurement du passif. En cas de résolution du plan de continuation, ce
qui entraîne l'ouverture d'une procédure de liquidation, les créances postérieures
perdent le privilège qui leur est conféré par l'article 40, puisqu'elles deviennent des
créances antérieures dans la nouvelle procédure.
En cas de cession totale, les créances de l'article 40 sont payées par priorité
à toutes les autres, assorties ou non de privilèges ou de sûretés, à l'exception du
superprivilège des salariés.
En cas de liquidation, les créances de l'article 40 sont primées par le
superprivilège des salariés, par les frais de justice et par les créances qui sont
garanties par des sûretés immobilières ou mobilières spéciales assorties d'un droit de
rétention ou constituées en application de la loi relative au nantissement de
l'outillage et du matériel d'équipement. Cette disposition a été introduite en 1994
pour renforcer les sûretés dont l'efficacité avait été restreinte par la loi de 1985.

B. La continuation

Il n'y a pas de déchéance du terme en cas de continuation et les créances


non échues sont payées à leur échéance normale.

Le plan de continuation peut imposer des délais de paiement (mais pas de


remises de dettes). Ces délais de paiement sont fixés librement par le tribunal (ils
peuvent dépasser la durée du plan de redressement). Le premier paiement ne peut
intervenir au delà de la durée d'un an (mais son montant peut être très faible)si. Les
délais de paiement ne sont pas assortis de versements d'intérêts : ils s'assimilent
donc à des prêts gratuits. Les délais ne peuvent pas être différenciés en fonction des
créanciers ou de la nature de leur créance (y compris pour le Trésor et la sécurité
sociale). Le plan peut cependant laisser aux créanciers le choix d'un paiement plus
précoce, mais assorti d'une réduction du montant de leur créance. Les créances
salariales et les créances les plus faibles ne peuvent pas faire l'objet de délais de
paiement.

51 11 s'agit d'une modification introduite par la loi de 1994.

104 Insee Méthodes n° 72-73


Lorsqu'un bien grevé d'un privilège spécial, d'un nantissement ou d'une
hypothèque fait l'objet d'une cession partielle, les créanciers bénéficiaires de ces
sûretés ou titulaires d'un privilège général sont payés sur le prix après le paiement
des créances garanties par le privilège des salariés. Ils sont payés immédiatement,
suivant l'ordre de préférence existant entre eux, mais le montant qui leur est versé
est réduit pour tenir compte du fait que le paiement est immédiat. Si un bien est
grevé d'un privilège, d'un nantissement ou d'une hypothèque, une garantie
équivalente peut lui être substituée en cas de besoin. En l'absence d'accord, le
tribunal peut ordonner cette substitution. Les créanciers qui bénéficient d'une clause
de réserve de propriété échappent également aux délais de paiement car ils peuvent
revendiquer le bien dont ils sont encore propriétaires.

C. La cession

Le jugement qui arrête le plan de cession totale de l'entreprise rend


exigibles les dettes non échues (déchéance du terme). En cas de cession partielle
accompagnant un plan de continuation, le produit de la cession partielle rentre dans
le patrimoine de l'entreprise et le désintéressement des créanciers est effectué selon
les modalités prévues par le plan de continuation. En revanche, en l'absence de plan
de continuation, les biens non compris dans le plan de cession sont vendus selon les
modalités applicables dans le cadre d'une liquidation.
Lorsque des biens grevés d'un privilège spécial, d'un nantissement ou
d'une hypothèque sont compris dans la cession, une quote part du prix de cession
est affectée par le tribunal à chacun de ces biens pour la répartition du prix et
l'exercice du droit de préférence. Co prix sera distribué en tenant compte des
créances prioritaires (superprivilège, article 40 et ordre des créanciers privilégiés).
Dans le cas où les sommes ainsi affectées aux biens grevés de sûretés ne suffisent
pas à désintéresser les créanciers inscrits, ces deviennent chirographaires pour le
surplus.
Le prix de cession payé par le cessionnaire correspond donc à l'assiette du
partage entre les créanciers. Seuls les créanciers nantis de certaines sûretés et les
créanciers gagistes obtiendront plus. Sauf dans certains cas (essentiellement
lorsqu'il y a fraude de la part du débiteur), les créanciers ne recouvrent pas leur droit
de poursuite individuelle.

La transmission des sûretés en cas de cession

Le paiement du prix de cession purge les inscriptions grevant les biens


compris dans la cession. Toutefois, la charge des sûretés immobilières et mobilières
spéciales garantissant le remboursement d'un crédit consenti à l'entreprise pour lui
permettre le financement d'un bien sur lequel portent ces sûretés est transmise au
cessionnaire. Il s'agit d'une modification introduite par la loi de 1994.

Analyse économique de la défaillance 105


D. La liquidation

Le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire entraîne la


déchéance du terme. Le règlement des créanciers sera effectué sur le produit de la
liquidation de l'actif.
Les créances salariales garanties par le superprivilège des salariés sont
payées en premier, puis les frais de justice, les créances garanties par des sûretés
immobilières ou mobilières spéciales assorties d'un droit de rétention ou constituées
en nantissement de l'outillage et du matériel d'équipement, les créances postérieures
(article 40)", les autres créances privilégiées, les créances chirographaires et enfin
les prêts participatifs. L'ordre entre les créances privilégiées dépend de la nature du
privilège. Les créanciers hypothécaires sont payés prioritairement (après les
créanciers d'un meilleur rang) sur le produit de la réalisation des biens grevés.
Les créanciers gagistes échappent à cette procédure d'ordre, puisqu'ils
peuvent être payés immédiatement. Le liquidateur peut, en payant la dette après
autorisation du juge-commissaire, retirer les biens constitués en gage par le débiteur
ou la chose retenue. A défaut, soit le liquidateur réalise le bien (sur autorisation du
juge-commissaire) auquel cas le droit de rétention est de plein droit reporté sur le
prix, soit le créancier gagiste demande l'attribution judiciaire du bien gagé.

52 La réforme de 1994 a diminué la priorité accordée aux créances de l'article 40 en cas de liquidations.


106 Insee Méthodes n° 72-73
IL STRUCTURE DE BILAN DES ENTREPRISES EN
REDRESSEMENT JUDICIAIRE

L'analyse des postes - vérifiés d'actif et de passif (selon un critère de


priorité des créances) de fin de période d'observation fait apparaître une insuffisance
d'actif moyenne de 15 milliards de francs (données sur Paris en 1991) : 22 milliards
de passif contre 7 milliards d'actif seulement. Ce dernier chiffre concerne
l'estimation de la valeur économique des actifs : une partie ne pourra être vendue
(les créances clients notamment, ainsi que certaines immobilisations incorporelles et
les stocks) ou sera réalisée dans des conditions défavorables (décote du fait de la
situation particulière dans laquelle se trouve l'entreprise). Ainsi, sur ces 7 milliards
d'actifs réalisables, seulement 2 milliards environ pourront servir au
désintéressement des créanciers (cf. Tableau 15).

Tableau 14 structure de bilan des entreprises défaillantes (Paris, 1991) vérifié


au cours de la procédure collective (*) (ensemble redressé)
Postes d'actif En % Postes de passif (selon le En %
du total rang de priorité des dettes) du total
Immobilisé d'exploitation, dont : 35,3 % Superprivilégiés 1,5 %
- Fonds de commerce et autres immo. incorporelles 23,9 %
- Immobilisations corporelles immeubles 39,6 % Dettes « Article 40 » (**) 1,4 %
- Immobilisations corporelles meubles 36,5 %
Circulant d'exploitation, dont : 43,9 % Privilégiés, dont : 35,8 %
- Stocks 25,3 % - Privilèges généraux 18,2 %
- Clients 74,7 %
Financier, dont : 6,8 % Chirographaires 61,3 %
- Immobilisations financières 28,6 %
- Disponibilités et valeurs mobilières de placement 71,5 %
Autres postes 13,9 %
Source : INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991.
(*) Le bilan présenté correspond aux grandeurs « réelles » et non comptables. L'égalité entre actif et
passif ne peut donc être respectée, le passif excédant toujours l'actif dans la mesure où les entreprises
sont en état de cessation des paiements.
(**) Au terme de la période d'observation.

Les postes de l'actif circulant d'exploitation (dont des créances clients pour
les trois quarts environ) représentent la plus grande part des actifs dont dispose
l'entreprise (presque 44 % du total). Une part importante de ces créances ne pourra
vraisemblablement être recouvrée : les difficultés financières dans lesquelles
peuvent également se trouver les clients rendent d'autant plus difficile l'opération,
longue et donc coûteuse, de recouvrement des créances clients. Les immobilisations
corporelles meubles et immeubles constituent l'essentiel des produits de réalisation
de l'actif : leur part s'élève à 26,8 % du total de l'actif (y compris certains actifs dont
la spécificité rend leur revente improbable). Enfin, le niveau particulièrement faible
des disponibilités reflète directement la crise de liquidité que connaît la quasi-totalité
des entreprises en redressement judiciaire.

Analyse économique de la défaillance 107


L'analyse du passif est riche en informations, notamment parce qu'elle
traduit une approche davantage juridique que comptable : les données collectées ont
ainsi permis de construire une structure de bilan « type » en fonction des rangs de
priorité. La majorité des créances ne bénéficie pas de sûretés : la dette est constituée
presque aux deux tiers de créances chirographaires. Compte tenu de la faiblesse des
montants d'actifs réalisés, le taux de recouvrement du pool de créanciers
chirographaires (fournisseurs en particulier) est très faible. Le reste du passif est
constitué essentiellement des créances privilégiées (créances détenues par les
établissements de crédit essentiellement).
Les montants agrégés des créances bénéficiant du superprivilège des
salariés et des créances de l'article 40 représentent 3 % seulement du total de passif.
Compte tenu de la faiblesse de ces créances, la priorité qui leur est accordée n'est
pas de nature à diminuer sensiblement le taux de recouvrement des autres
créanciers.


108 Insee Méthodes n° 72-73
III. ESTIMATION DES TAUX DE RECOUVREMENT

Les données d'enquête ont permis de calculer un taux de recouvrement


moyen " selon l'issue et en fonction des principaux privilèges dont peuvent
bénéficier les créanciers.

Tableau 15 : taux de recouvrement moyens par issue et par type de créance


Classes de mor, ans Ensemble
Continuation Cession Liquidation financiers engagés (1) redressé
Faibles Elevés (2)
Montants dus (KF)
Tous créanciers 835 388 3 694 618 18 280 490 4 583 002 18 227 495 22 810 497
Superprivilégiés 10 275 78 418 242 817 87 897 243 613 331 510
Article 40 1 347 130 649 189 339 27 693 293 642 321 336
Privilégiés 136 768 1 126 218 6 918 372 2 258 902 5 922 456 8 181 358
Chirographaires 686 998 2 359 333 10 929 962 2 208 510 11 767 783 13 976 293
Montants récupérés (KF)
Tous créanciers 554 438 476 799 1 177 468 333 602 1 875 103 2 208 706
Superprivilégiés 10 275 62 371 147 536 39 134 181 048 220 182
Article 40 1 103 49 245 114 172 14 202 150 319 164 521
Privilégiés 90 214 293 502 759 835 203 066 940 486 1 143 552
Chirographaires 452 846 71 681 155 924 77 200 603 251 680 451
Taux de recouvrement
Tous créanciers 66,4 % 12,9 % 6,4 % 7,3 % 10,3 % 9,7 %
Superprivilégiés 100,0 % 79,5 % 60,8 % 44,5 % 74,3 % 66,4 %
Article 40 81,9 % 37,7 % 60,3 % 51,3 % (4) 51,2 % 51,2 %
Privilégiés 66,0 % 26,1 % 11,0 % 9,0 % 15,9 % 14,0 %
Chirographaires 65,9 % 3,0 % 1,4 % 3,5 % 5,1 % 4,9 %
Source : INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991.
(1) Les entreprises appartenant à la classe « faible » (respectivement « élevée ») sont celles dont
les variables financières n'excèdent pas (resp. dépassent) trois fois l'intervalle interquartile
(Q3-Q1) pour chaque variable considérée.
(2) Redressement selon l'issue.
(3) Nombre redressé de liquidations renseignées.
(4)Les taux de recouvrement présentés sont des taux moyens. L'agrégation des montants peut donc
engendrer, parfois, des taux plus élevés pour des classes de créances dont le rang dans l'ordre des
priorités est pourtant inférieur. Pour illustrer ce point, considérons l'exemple de deux entreprises
dont les créanciers soit sont superprivilégiés, soit bénéficient de la protection de l'article 40 :

Entreprise 1 Entreprise 2
Montants... Montants...
dus remboursés dus remboursés
Superprivilégiés 1 000 100 500 500
Article 40 500 0 10 000 5 500
Le taux de recouvrement moyen des créances article 40 dépasse celui des superprivilégiés :
- Taux de recouvremement (superprivilégiés) = 600 / 1 500 = 40 %
- Taux de recouvremement (article 40) = 5 500 / 10 500 = 52 %

53 Ce taux reste toutefois théorique. Les sommes utilisées pour le calcul des taux de recouvrement dans
le cadre des plans de continuation sont issues des échéanciers de remboursement qui peuvent ne pas être
respectés par la suite. Par ailleurs, le choix du taux d'actualisation utilisé (10%) est arbitraire.

Analyse économique de la défaillance 109


Trois facteurs influent directement sur le taux de recouvrement : d'une part,
l'insuffisance d'actif - caractéristique de l'état d'illiquidité de l'entreprise, voire de
son insolvabilité -, d'autre part les coûts directs et enfin les coûts indirects, qui
diminuent la valeur de l'entreprise.
Le taux de recouvrement théorique moyen, toutes créances confondues et
sur l'ensemble des issues, a pu être estimé : il reste inférieur à 10 %. Néanmoins, les
taux de recouvrement sont relativement élevés pour les continuations. Ces taux de
recouvrement restent théoriques dans la mesure où ils correspondent aux
échéanciers de remboursement définis ex ante. Or, dans 50 % des cas, les plans de
redressement sont résolus, ce qui aboutit dans près de 80 % à une liquidation
judiciaire de l'entreprise" : le niveau réel des taux de recouvrement sur une
continuation est donc vraisemblablement inférieur aux pourcentages présentés. Pour
les continuations, les taux de recouvrement espérés par les différentes classes de
créanciers sont relativement similaires. La loi prévoit en effet un traitement
égalitaire de tous les ayants droit dans le cadre d'un plan de continuation, à
l'exception des créances salariales ainsi que des créances de faible montant.
Le coût social et financier apparaît en définitive plus faible dans le cas d'une
continuation que lors d'une cession ou d'une liquidation de l'entreprise. Lorsque
cette issue est prononcée, les licenciements qui en découlent sont effectivement
moins nombreux et les taux de recouvrement plus importants (les deux tiers des
montants dus sont, en théorie, recouvrés par les créanciers. Ce taux atteint 100 %
pour les créances superprivilégiées, dont la loi prévoit le règlement immédiat).
La taille des entreprises (mesurée ici selon l'importance des montants de
bilan) apparaît corrélée positivement avec le taux de recouvrement moyen:
l'ensemble constitué des entreprises dont les montants financiers sont faibles se
caractérise ainsi par un taux de recouvrement moyen inférieur de 2,4 points à la
moyenne. Sur cette population (qui exclut les données financières extrêmes) la
proportion de créances chirographaires est plus faible: 48 % contre 65 % pour les
plus grosses entreprises.
L'utilisation des données comptables disponibles à l'Insee (fichier
« SUSE ») sur l'ensemble des entreprises défaillantes permet d'obtenir une
estimation au niveau national du coût financier de la défaillance pour les créanciers
(passif non recouvré).

54 Frison-Roche et Germain (1993) : « Le sort des plans de redressement des entreprises en difficulté,
étude statistique à partir des incidents judiciaires des plans de continuation », étude présentée à la
journée de l'Affic du 17 novembre 1993.

110 Insee Méthodes n° 72-73


Tableau 16 : montants au bilan des entreprises défaillantes en 1991 (données
1990 en KF sur l'ensemble des défaillances)
Actif Passif
Fonds de commerce 4 449 834 Fonds propres - 10 962 886
Immo. incorporelles 1 889 804 dont capital social 7 436 967
Immo. corporelles 18 729 562 Provisions risques et charges 1 697 416
Immo. financières 9 200 764 Dettes 124 978 185
Stocks matières lér'' 13 708 028 dont dettes financières 51 982 061
Stocks marchandises 11 819 598 C.B.C. 14 253 025
Acomptes versés 695 811 dont fournisseurs 41 529 566
Clients 33 538 969 dont acomptes reçus 2 985 029
Autres créances 15 543 069 dont autres dettes 28 447 019
V.M.P. 538 873
Disponibilités 4 121 776
Source : INSEE (fichier « Suse »).
Les erreurs d'arrondis expliquent les légers écarts constatés dans le tableau.

La comparaison entre les données comptables et les données issues de


l'enquête, pour les entreprises défaillantes de Paris, fournit des taux de correction
qui permettent d'obtenir une estimation du poids réel (et non comptable) de la dette.
Le total de passif « réel » sur Paris, obtenu à partir de l'enquête, s'élève ainsi à 22,6
milliards de francs, tandis que le passif « comptable », sur le même champ, s'élève à
20,8 milliards de francs. Une simple règle de proportionnalité donne donc une
approximation du passif « réel » France entière, en 1991, de 136 milliards de francs
(auquel il est possible d'appliquer les taux de recouvrement de l'enquête).


Analyse économique de la défaillance I11
Tableau 16 : montants au bilan des entreprises défaillantes en 1991 (données
1990 en KF sur l'ensemble des défaillances)
Actif Passif
Fonds de commerce 4 449 834 Fonds propres - 10 962 886
Immo. incorporelles 1 889 804 dont capital social 7 436 967
Immo. corporelles 18 729 562 Provisions risques et charges 1 697 416
Immo. financières 9 200 764 Dettes 124 978 185
Stocks matières lér'' 13 708 028 dont dettes financières 51 982 061
Stocks marchandises 11 819 598 C.B.C. 14 253 025
Acomptes versés 695 811 dont fournisseurs 41 529 566
Clients 33 538 969 dont acomptes reçus 2 985 029
Autres créances 15 543 069 dont autres dettes 28 447 019
V.M.P. 538 873
Disponibilités 4 121 776
Source : INSEE (fichier « Suse »).
Les erreurs d'arrondis expliquent les légers écarts constatés dans le tableau.

La comparaison entre les données comptables et les données issues de


l'enquête, pour les entreprises défaillantes de Paris, fournit des taux de correction
qui permettent d'obtenir une estimation du poids réel (et non comptable) de la dette.
Le total de passif « réel » sur Paris, obtenu à partir de l'enquête, s'élève ainsi à 22,6
milliards de francs, tandis que le passif « comptable », sur le même champ, s'élève à
20,8 milliards de francs. Une simple règle de proportionnalité donne donc une
approximation du passif « réel » France entière, en 1991, de 136 milliards de francs
(auquel il est possible d'appliquer les taux de recouvrement de l'enquête).


Analyse économique de la défaillance I11
Conclusion

Analyse économique de la défaillance 113


CONCLUSION

L'analyse des résultats de l'enquête a permis de mettre en évidence la


complémentarité d'une approche qualitative des causes de la défaillance par rapport
à une vision purement financière qui consisterait à ne tenir compte que de la
traduction comptable des difficultés des entreprises.
En effet, il est nettement apparu que la défaillance ne résulte pas
exclusivement de la dégradation des variables financières, celle-ci n'étant le plus
souvent que le symptôme de difficultés économiques plus prof() ides.
L'analyse des seules variables financières ne rend donc que partiellement
compte de la situation des entreprises. D'une part, celle-ci peut se détériorer
profondément avant que cette évolution soit perceptible dans la dégradation des
variables financières. D'autre part, les perspectives de redressement des entreprises
dépendent beaucoup plus de leur potentiel économique que de l'importance de leur
passif. En effet, en privilégiant le redressement du débiteur sur le désintéressement
des créanciers, le droit français permet à une entreprise, qui pourrait être rentable si
le poids de ses charges financières était diminué, de bénéficier d'un « nouveau
départ » sous la forme d'une restructuration et d'un rééchelonnement de ses dettes
(échéancier du plan de continuation) voire d'un effacement de son passif (dans le
cadre d'un plan de cession)".
L'analyse des variables financières permet cependant aux partenaires
extérieurs de détecter certains signaux annonciateurs de la défaillance. Il s'agit en
effet d'une information aisément disponible pour les bailleurs de fonds de
l'entreprise et exploitable de façon systématique. Les techniques de scoring
permettent ainsi aux banques de répartir leurs engagements en fonction du niveau de
risque de leurs clients.
Une telle analyse, même faillible, permettrait également aux dirigeants de
prendre conscience des difficultés que leur entreprise traverse avant que toute
chance de redressement ait disparu. En effet, il apparaît que la procédure collective
est le plus souvent déclenchée très tardivement, lorsque la dégradation de la
situation économique et financière de l'entreprise est trop profonde pour espérer
mettre en place une solution de redressement. Or les chefs d'entreprise ne disposent
pas nécessairement des informations pertinentes sur la situation de leur entreprise.
L'utilisation de techniques systématiques appliquées aux données de bilan et de
compte de résultat dont toutes les entreprises doivent disposer, ne serait-ce que pour
satisfaire aux obligations en matière fiscale, fournirait ainsi de façon simple une
information de base (des « clignotants d'alerte ») aux dirigeants sur la situation de
leur entreprise leur permettant de réagir à temps face aux difficultés".

55 Puisque les créanciers seront désintéressés sur la base du seul prix de cession, sauf pour certaines
créances nanties de sûretés sur les biens qu'elles ont permis de financer.
56 Les problèmes d'information du dirigeant sont d'ailleurs au coeur de la loi de 1984 sur la prévention
des difficultés des entreprises (qui a été nettement renforcée par la loi de 1994) : la procédure d'alerte a
en effet pour fonction d'attirer l'attention des dirigeants sur les difficultés compromettant la poursuite de
l'activité qu'ils n'auraient pas encore perçues.

Analyse économique de la défaillance 115


Malgré les dispositions de la législation favorables au redressement des
entreprises que les tribunaux appliquent en privilégiant le maintien de l'emploi et la
survie de l'entreprise sur le paiement des créanciers, le déclenchement tardif de la
procédure conduit à des proportions très élevées de liquidations. De ce fait, le coût
social de la défaillance reste élevé (même dans le cas des plans de redressement qui
prévoient le plus souvent des licenciements) et s'ajoute, au niveau de l'ensemble de
l'économie, au coût que doivent supporter les créanciers.
*
* *
L'utilisation de fichiers gérés par certains organismes" permet d'analyser
différents aspects de la défaillance (et notamment la traduction financière des
difficultés de l'entreprise), mais aucune source ne peut se substituer aux dossiers de
procédure pour fournir des renseignements à la fois qualitatifs et quantitatifs sur les
défaillances, en mêlant ces deux aspects.
L'analyse du contenu des dossiers de procédures collectives permet ainsi de
disposer d'informations détaillées sur les causes de la défaillance, le déroulement
des procédures collectives et les conséquences de la défaillance sur l'économie.
Cette source, du fait même de sa richesse, ne fait pas encore l'objet d'une
étude systématique faute notamment d'une méthodologie disponible pour traiter la
diversité des situations qui peuvent être rencontrées dans la défaillance. L'enquête
présentée dans cet ouvrage, outre ses résultats propres, fournit un cadre d'analyse
permettant d'envisager une exploitation régulière des données présentes dans les
dossiers des procédures collectives. Une telle exploitation permettrait notamment
d'actualiser les résultats sur les causes de la défaillance et d'estimer l'impact de la
réforme de la législation intervenue en 1994.

57 L'INSEE dispose du fichier individuel des défaillances d'entreprises, qui contient notamment la date
de défaillance de l'entreprise, le code APE, son effectif salarié, sa date de création, son adresse... Les
données individuelles sont protégées par le secret statistique et restent donc confidentielles, mais des
résultats agrégés peuvent être diffusés (cf. par exemple [017] et [035]).

116 Insee Méthodes n°72-73


Annexes

Analyse économique de la défaillance 117


ANNEXES

I. POSITIONNEMENT DE L'ENQUÊTE DE L'INSEE


PAR ,11!PPORT AUX AUTRES T &VAUX
d

Plusieurs travaux existent sur des sujets voisins .e celui de l'enquête


présentée ici.
Tout d'abord des enquêtes ont été réalisées sur les causes de la défaillance
(CNME [024] et CEPME [026] ; Chambre des huissiers de justice [027]. Les deux
premières enquêtes, les plus complètes, ont été réalisées en 1978 (sur des entreprises
défaillantes entre 1967 et 1975) et 1986 (sur des entreprises défaillantes en 1983 et
1984), donc sur des entreprises relevant du régime législatif mis en place par la loi
de 1967. Or cette loi a subi des modifications profondes en 1985, ces modifications
étant susceptibles d'avoir un effet sur le comportement des entreprises avant la
cessation des paiements". Dans la mesure où celui-ci est susceptible de figurer
parmi les causes de la défaillance, il devenait nécessaire de réactualiser ces
travaux".Des modèles économétriques donnent des résultats sur les causes de la
défaillance en analysant les facteurs macroéconomiques de la défaillance.
Cependant ces travaux ne permettent pas d'avoir une vision fine des causes (par
exemple, le fait qu'une variable de demande adressée aux entreprises soit jugée
explicative ne permet pas d'expliquer pourquoi, confrontées aux mêmes difficultés,
certaines entreprises sont contraintes à la défaillance tandis que d'autres survivent)
et ne permettent pas de faire le lien entre les causes de la défaillance et l'issue de la
procédure (redressement par continuation, cession ou liquidation de l'entreprise).
Enfin un certain nombre d'études publient des résultats sur les taux de
recouvrement. Mais ces résultats reposent en général sur des échantillons de petite
taille et ne sont pas ventilés selon l'issue de la procédure.

58 En effet la loi de 1985 a fortement contribué à « dédramatiser » la défaillance (ce terme a d'ailleurs
été introduit à cette occasion pour remplacer celui de faillite, jugé plus péjoratif). Les dirigeants,
craignant moins les conséquences de la cessation des paiements, devraient ètre moins incités à retarder
ce moment, ce qui peut modifier les causes apparentes de la défaillance. Cependant ce comportement
n'est pas confirmé empiriquement (cf. les résultats de l'enquète).
59 L'enquéte porte sur procédures collectives régies par la loi de 1985. Certains aspects de celle-ci ont
été modifiés par une nouvelle loi adoptée en juin 1994. Mais les modifications sont d'une ampleur bien
moindre que celles introduites en 1985 (elles portent essentiellement sur le développement de la
prévention).

Analyse économique de la défaillance 119


LES CAUSES DE LA DÉFAILLANCE À T' 'VERS


L'ANALYSE DE SES DÉTE iINANTS MACRO-
ÉCONOMIQUES

L'évolution des défaillances d'entreprises résulte de la conjonction de


plusieurs facteurs macro-économiques. La défaillance étant à la fois un phénomène
•,liique et juridique, la législation ainsi que les créations d'entreprises, qui
:ioiniltint des cessations, sont susceptibles d'avoir un effet sur le nombre
vises concernées. Par ailleurs, la conjoncture (demande adressée aux
prix de vente...), les coûts supportés par les entreprises (coût des
premières, salaires, productivité, taux de change...) et leur situation
u uero (endettement et taux d'intérêt...) auront également un effet sur le risque
cl • •..-ssuatin des paiements. Ces effets ne se traduisent cependant pas nécessairement
tin lieu significatif entre les variables économiques et les défaillances.

A) L'incidence de la loi

La réforme intervenue en 1985 avait pour objectif premier de faciliter le


redressement des entreprises, notamment en favorisant l'ouverture plus rapide d'une
procédure collective face _au< difficultés, avant leur aggravation. Pour ce faire, elle n
notamment rendu la plus acceptable pour le dirigeant (renversement de
la charge de la preuve 'ou le prononcé de sanctions, maintien du dirigeant à la tête
de son entreprise, chac.einents terminologiques passage de la faillite à la
défaillance...). Ceci a pu faire dire que cette réforme avait entraîné une accélération
de la hausse des défaillances d'entreprises, les dirigeants utilisant la défaillance
comme un i< outil de gestion ». Cette relation de causalité ainsi que les conclusions
négatives sur la réforme de 1085 doivent cependant être nuancées.
11 •-l. r at eut d'abcPi tenir compte du Tait u,ae la loi de 1985 a été adoptée en
nide pet-- • .f ace it:emeetation raplde du..,u-ibt-e de défaillances n'est
' • une simultutuute la hausse des défaillances et
adoption 2,te le'
il est vrai e.:: réforme de 1985 a pu inciter les chefs d'entreprise.,
lo:sef ils étaient cceif -,:nés à des difficultés importantes, à déposer plus tôt leur
précis: ust positive, dans la mes:...re où elle ne mpitt de
cc' ua passif plus faible le tra1:t---- er-1 des
tôt une procédure
et
evanche, la sation » de 1.éfaillance ta effectivemea.: .. ..n.citer
•-epri e le plus risquée. C: oint
provoquani tis nces
• outre, le
- •iciter àee
ct- • défaillances.

120 Insee Méthodes n' 77-73


B) L'effet des créations d'entreprises

La plus grande fragilité des jeunes entreprises a pour conséquence une


liaison entre l'évolution des créations d'entreprises et celle des défaillances quelques
années plus tard. Ainsi, la diminution des défaillances d'entreprises depuis la mi-
1993 provient pour une part de la baisse des créations d'entreprises entre les années
1989-1990 et la fin 1992. Le lien entre créations et défaillances a été mis en
évidence dans plusieurs travaux économétriques sur données françaises, avec un
décalage compris entre 18 mois [021] et 3 ans [085].
Les entreprises les plus touchées ne sont cependant pas les plus jeunes, mais
celles ayant entre 2 et 3 ans d'existence. Plusieurs raisons peuvent expliquer ceci.
Tout d'abord, il existe un certain nombre d'aides directes ou indirectes à la créai;t,n
d'entreprise qui la soutiennent dans ses toutes premières années mais qui se tarissent
ensuite. il est possible que les conséquences financières de l'arrêt de ces subventJons
soient insuffisamment prises en compte dans les prévisions de l'entreprise:.
Par ailleurs, en cas d'échec immédiat du projet ei
d'investissements très lourds dès la création, le capital de départ de
permettre une cessation « en douceur », sans dépôt de bilan. Le tau?: de
des entreprises de moins d'un an est d'ailleurs plus élevé dans rex
bâtiment que dans les autres secteurs, sans doute du fait
importants nécessaires pour démarrer l'activité.
Enfin, il existe un décalage entre l'obtention des finan
réalisation d'un projet d'investissement et l'encaisseine.ni
l'entreprise attend de ce projet (cycle de production). En cas d
n'est qu'a ce moment que l'entreprise sera en difficulté.
Cependant, les créations ne peuvent être considérées corn.re. ne cause _Jt.
défaillance ce lien ne fait que traduire de façon indirecte
connaissance du marché, de la performance interne...) et la j,..;
(manque de fonds propres, portefeuille de clientèle en cours ae
entreprises les plus jeunes.

C) Liaison avec les performances des entreprises

L'origine immédiate de la défaillance pour une


l'impossibilité dans laquelle elle se trouve de faire face à ses eelt:e:
revenus tirés de son activité, il est naturel que les variables
traduisant la solvabilité des entreprises soient liées au niveau des
Le ratio le plus utilisé pour apprécier la solvabilité f.
l'excédent aux frais fine-IC.7s. !,
entreprise é e.ouvrir d'intéret liée
son activité
La liaison entre de ce ratio et ce] s ti
évidence dans plus.ieu- eu. e'es ([032] et [082]).

111
eé'::.ononfique de la défaillance.
• Le montant des frais financiers des entreprises dépend à la fois de leur
niveau d'endettement et des taux d'intérêt. La liaison entre taux d'endettement et
taux de défaillance a été mise en évidence par plusieurs travaux économétriques
([100], [021], [113] et [107]). Cependant, au niveau individuel, si un emprunt
nouveau entraîne une augmentation des charges financières de l'entreprise (donc de
son risque de défaillance), il peut lui permettre dans l'immédiat de faire face à ses
difficultés financières. L'établissement de crédit doit donc arbitrer entre le soutien
abusif à son client (ce qui peut engager sa responsabilité) et le refus de consentir un
prêt nouveau qui pourrait lui permettre de recouvrer ses créances en cas de réussite
du projet. L'influence du taux d'intérêt (réel ou nominal) sur les défaillances est en
revanche plus incertaine6° : seuls des chocs non anticipés sur l'inflation ou sur les
taux d'intérêt réels semblent avoir un effet significatif [113].
• La solvabilité dépend également de la capacité de l'entreprise à dégager à
partir de son activité économique un excédent de recettes par rapport à ses charges
d'exploitation (achats, consommations intermédiaires et salaires notamment). Ainsi
la plupart des études mettent en évidence un lien positif entre les charges salariales
et le risque de défaillance des entreprises ([021], [100] et [107]). En revanche,
l'impact des coûts intermédiaires au niveau de l'ensemble de l'économie est moins
clair. En effet, une partie des consommations intermédiaires d'un secteur correspond
à la production d'autres secteurs et ainsi l'effet négatif pour l'un d'une hausse des
prix de ses consommations intermédiaires est partiellement contrebalancé par
l'impact positif sur d'autres secteurs. Dans une approche sectorielle, l'effet des coûts
intermédiaires devient néanmoins sensible [100]. Plus que le niveau des coûts, la
mauvaise anticipation de leur évolution joue sur le risque de défaut de paiement des
entreprises [100]. D'une manière générale, les défaillances sont davantage liées aux
difficultés d'adaptation des entreprises à leur environnement qu'à l'évolution de
celui-ci [015].
• Outre les capacités de remboursement, l'accès plus ou moins facile aux
marchés des capitaux, notamment pour les PME, l'existence d'asymétries
d'information et le comportement de rationnement du crédit par les banques,
peuvent avoir pour conséquence d'empêcher certaines entreprises de trouver des
financements pour des projets d'investissement qui seraient pourtant rentables, ce
qui peut ainsi accroître le risque macro-économique de défaillance.

60 Pour Wadhwani [107], il existe un lien positif entre le taux de défaillance et les taux d'intérêt réels et
nominaux. En revanche, le lien est négatif chez Simmons [100] ou devient incertain chez Bordes et
Mélitz [021].

122 Insee Méthodes n° 72-73


H. PRÉSENTATION DE L'ÉCHANTILLON

L'échantillon d'analyse se compose de 762 entreprises, dont 245 plans de


redressements (par voie de cession ou de continuation) qui représentent l'ensemble
des plans jugés à Paris en 1991 et 517 dossiers de liquidation, soit 13,5 % des 3 827
liquidations à Paris sur la même année.
Cet échantillonnage différencié en fonction de l'issue (exhaustif sur les
plans de continuation et de cession, sondage sur les liquidatns) est motivé par la
volonté de disposer de l'information la plus robuste possible sur les redressements -
qui concernent a priori les plus grosses entreprises-, sans pour autant être en mesure
de traiter l'ensemble des liquidations, beaucoup plus nombreuses.

Comparaison entre la structure (s C f 1llances France entière et


celle de Paris

Pour, d'une part vérifier la représentativité de l'échantillon sur Paris et


d'autre part comparer la structure des défaillances de Paris à celle de la moyenne des
défaillances françaises, la structure des défaillances à Paris a été comparée à celle
des défaillances France entière sur un certain nombre de critères. Ces structures,
déterminées à partir du fichier des défaillances d'entreprises que gère l'INSEE, sont
présentées dans le tableau ci-après.
Le nombre de défaillances jugées à Paris en 1991 et comptabilisées dans le
fichier de l'INSEE diffère légèrement de celui présenté précédemment
(respectivement 4 140 contre 4 072) du fait que certaines personnes morales non
commerçantes sont comptabilisées par l'INSEE alors qu'elles ne font pas l'objet
d'une procédure collective devant le tribunal de commerce. Les résultats sont
présentés dans le tableau de la page suivante. Il apparaît que la structure de
l'échantillon correspond assez bien à celle de la moyenne des défaillances de Paris
en 1991.
Les défaillances jugées à Paris se distinguent essentiellement de la moyenne
nationale par un taux plus faible de micro-entreprises (0 salarié) (35 % contre 42 %
sur la France entière) ainsi que par une part plus importe de P.M.E. (entre 4 et 19
salariés). Les entreprises de plus grande taille (plus de 20 / 50 salariés) sont
représentées à Paris dans des proportions comparables à l'ensemble du pays.
Pour ce qui est du nombre d'années d'existence, les classes d'âge extrêmes
se retrouvent plus au niveau national qu'à Paris où les entreprises se concentrent
essentiellement autour des tranches moyennes (entre 3 et 10 années d'existence).
En terme de formes juridiques, les S.A. et les S.A.R.L. se retrouvent dans
une proportion beaucoup plus importante à Paris que sur la France entière (les
S.A.R.L. dominent nettement avec plus de 73 % du nombre total d'entreprises).

Analyse économique de la défaillance 123


Tableau 17 : structure de l'échantillon


Données moyennes Nombre Eff. CA 1990 Capital Age Durée
d'entreprises salarié (KF)(*) social moyen PO
de l'échantillon (KF) (*) (années) (mois)
brut redr.

Ensemble 762 4 072 6 5 629 (144) 328 (5) 6.7 0.9

Par issue

Continuations 108 108 15 8 965 (5) 700 12,5 8,6

Cessions 137 137 36 36 443 (5) 1373 12,1 5,1

Liquidations 517 3 827 5 4 073 (134) 280 (5) 6,4 0,5
Par forme juridique
S.A. 152 594 17 15 965 (13) 1519 8,6 2,1
S.A.R.L. 518 2 970 5 3 902 (102) 138 6,3 0,7
S.N.C. 6 25 8 2 160 (I) 352 5,8 2,3
Personne physique 80 439 1 850 (25) 0 7,1 0,9
Autres formes juridiques 6 44 1 789 (3) 172 (5) 5,6 0,0
Par secteur (NAP15/40)
I.A.A. 12 38 4 2 040 542 11,6 2,5
Biens intermédiaires 5 31 9 4 348 (1) 142 11,0 0,2
Biens d'équipt professionnel 12 50 21 6 312 (1) 274 9,3 2,
Biens d'équipement ménager 1 I 200 14 182 4 360 34,6 11,5
Biens de conso. courante 136 789 6.9 6 062 (35) 196 (2) 7,2 0,9
B.T.P. 61 362 6 6 359 (14) 96 (1) 5,8 0,5
Commerce de gros alimentaire 8 40 2 32 449 (1) 467 3,7 0,5
Commerce de gros non alim. 84 462 6 7 106 (18) 534 (1) 6,8 0,7
Comm. de détail alimentaire 5 24 5 214 (3) 33 6,4 0,6
Commerce de détail non alim. 72 405 4 5 536 (16) 153 7,0 1,1
Réparation, commerce auto 7 33 9 13 809 117 (I) 6,3 0,3
Transports et télécom. 31 172 9 10 512 (5) 372 5,0 0,6
Hôtels, cafés, restaurants 73 297 3 1 368 (12) 105 6,9 1,2
Services aux entreprises 197 1042 5 4 245 (28) 299 6,6 0,9
Services aux ménages 52 295 12 4 101 (6) 1 206 6,4 1,0
Autres secteurs 6 31 2 5 944 (4) 149 8,9 0,6
(*) Le chiffre entre parenthèses indique le nombre d'entreprises non renseignées de l'échantillon.
Source : INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991

124 Insee Méthodes n° 72-73


Tableau 18 : comparaison de la structure des défaillances Paris / France entière
1991 France* Paris* Echantillon
Paris redressé
Nombre total d'entreprises 52 484 4 140 4 072
Tranches d'effectifs salariés
0 salarié 42,0 % 35,0 % 40 %
Entre 1 et 3 salariés 33,2 % 34,8 % 25,1 %
Entre 4 et 9 salariés 14,9 % 18,0 % 19,1 %
10 et plus 9,9 % 12,2 15,9 %
Tranches d'âge
Inférieur à 3 ans 36,2 % 32,0 % 29,8 %
Entre 3 et 5 ans 21,9% 26,0 "Vo 25,1 %
Entre 5 et 10 ans 21,2 % 24,0 % 27,6 %
Supérieur à 10 ans 20,7% 18,1 % 17,4%
Formes juridiques
S.A. 7,9 % 12,0 % 14,6 %
S.A.R.L. 46,9 % 71,3 % 72,9 %
Personnes physiques 40,4 % 13,8 % 10,8%
Autres formes juridiques 4,8 % 2,9 % 1,7 %
Secteurs (NAP 15/40)
I.A.A. 2,2 % 0,7% 0,9 %
Production et distribution d'énergie 0,0 % 0,0 % 0,0%
Biens intermédiaires 2,7 % 0,6 % 0,8 %
Biens d'équipement professionnel 2,8 % 1,3 % 1,2 %
Biens d'équipement ménager 0,1 % 0,1 % 0,0 %
Construction de véhicules automobiles 0,2 % 0,1 % 0,0 %
Biens de consommation courante 7,4 % 18,3 % 19,4 %
B.T.P. 20,3 % 9,7% 8,9 %
Commerce de gros alimentaire 1,7 % 1,0 % 1,0 %
Commerce de gros non alimentaire 8,1 % 15,4 % 11,3 %
Commerce de détail alimentaire 4,6 % 1,9% 0,6%
Commerce de détail non alimentaire 12,0 % 9,9% 9,9 %
Réparation, commerce de l'automobile 3,8 % 0,7% 0,8 %
Transports et télécommunications 4,6 % 3,9 % 4,2 %
Hôtels, cafés, restaurants 10,6% 6,7% 7,3 %
Services aux entreprises 12,5 % 23,5 % 25,6 %
Services aux ménages 4,8 % 5,7 % 7,2 %
Autres secteurs 1,5 % 0,8 % 0,8 %
Source : INSEE, enquête auprès du tribunal de commerce de Paris, 1991 et (*) fichier des
défaillances INSEE

Analyse économique de la défaillance 125


III. LES SOURCES D'INITO ATION UTILISÉES

Toutes les données utilisées pour renseigner les grilles d'analyse


proviennent des dossiers rassemblant les différentes pièces de la procédure
disponibles au greffe du tribunal de commerce ou chez les mandataires liquidateurs.
Les dossiers du greffe du tribunal de commerce ont été utilisés pour obtenir
les informations sur les entreprises faisant l'objet d'un redressement et les dossiers
des mandataires judiciaires à la liquidation des entreprises pour les entreprises
liquidées. En effet, pour ces dernières, le plus souvent il n'y a pas de bilan
économique et social - BES - (notamment dans les cas de liquidation immédiate),
mais des données sont disponibles dans les «rapporta L13» des mandataires
liquidateurs. Comme ceux-ci sont chargés de la liquidation des entreprises, ils
constituent par ailleurs une source privilégiée pour obtenir des informations sur les
montants de réalisation de l'actif et donc sur les taux de recouvrement des créances.
Les principaux documents de la procédure sont les suivante' :

Déclaration de cessation des paiements (DCP) ou rapport d'enquête

Les informations qui figurent dans ces documents sont pour la plupart
reprises dans le BES sous une forme synthétique.

Extrait Kbis

Il s'agit d'une sortie informatique du registre du commerce qui reprend les


principales informations sur les caractéristiques générales de l'entreprise -date de
création, capital social et éventuelles augmentations de capital, dirigeant, activité...

Jugement d'ouverture de la procédure de redressement judiciaire

Il reprend les principales données sur l'insuffisance d'actif, sur les


caractéristiques de l'entreprise (forme juridique, capital, nom du dirigeant), fixe la
date de cessation des paiements (le cas échéant avant la date de la DCP ou de
l'assignation, ce qui correspond à la notion de période suspecte), désigne les organes
de la procédure et fixe les pouvoirs de l'administrateur judiciaire.

Extraits de jugements

Des extraits de jugements figurent pour le jugement d'ouverture, les


éventuels jugements modificatifs (changement de régime, prolongation de la période
d'observation, modification des pouvoirs de l'administrateur...) et le jugement
définitif.

61 Les explications ci-dessous sont extraites du document de formation destiné aux étudiants ayant
rempli les grilles d'analyse.

Analyse économique de la défaillance 127


Jugement définitif sur le sort de l'entreprise

Il fait suite à la proposition que l'administrateur judiciaire formule dans le


BES. Cette proposition ne lie en aucune façon le tribunal qui peut s'en affranchir.

Bilan économique et social de l'entreprise (BES)

Il est rédigé par l'administrateur pour permettre au tribunal de prendre une


décision sur le sort de l'entreprise. Il contient en général un résumé du déroulement
de la procédure, des informations d'ordre général sur l'entreprise, l'analyse des
causes des difficultés de l'entreprise, des renseignements sur l'actif et le passif lors
de l'ouverture de la procédure et à la fin de celle-ci, et les éventuelles propositions
de reprise ou de continuation, ainsi que l'avis de l'administrateur sur celles-ci.

Rapport L13

Il s'agit d'un document rédigé par le représentant des créanciers, dans le


cadre de l'article 13 de la loi du 25 janvier 1985, qui prévoit que celui-ci doit tenir le
procureur de la République informé du déroulement de la procédure. Il peut donc y
avoir plusieurs rapports L13 successifs pour la même affaire. Dans les cas de
liquidation (notamment pour les liquidations immédiates), le rapport L13 remplace
souvent le BES qui n'est pas disponible. Cu document figure dans les dossiers des
études des mandataires judiciaires à la liquidation des entreprises.

Requêtes

Les requêtes de l'administrateur judiciaire ou du représentant des créanciers


sont adressées au juge commissaire pour obtenir l'autorisation de procéder à un
certain nombre d'actes (notamment cessions d'actifs, obtention de nouveaux prêts,
opérations d'escompte ou de compensation, désintéressement d'un ancien créancier,
licenciements, recours à des experts extérieurs -commissaire priseur, cabinet de
recouvrement...). Elles figurent dans le dossier ainsi que la réponse du juge
commissaire (ordonnances).

Etat des créances

Ce document est élaboré par le représentant des créanciers. Il récapitule


l'ensemble des dettes de l'entreprise, créancier par créancier, avec notamment la
nature de la créance (privilégiée, chirographaire...) et les propositions du
représentant des créanciers sur l'admission ou le rejet de la créance, ainsi que la
décision du juge-commissaire. Un état des créances article 40 spécifique récapitule
les dettes nouvelles de l'entreprise nées pendant la période d'observation.

128 Insee Méthodes n° 72-73


IV. LES GRILLES D'ANALYSE6,

Les quatre premières pages de la grille d'analyse récapitulent les données


sur l'entreprise : identification, données financières, causes de la défaillance,
déroulement de la procédure. Les deux suivantes sont relatives aux propositions de
continuation ou de reprise. Il peut donc y en avoir plusieurs par entreprise. Enfin la
dernière page est relative aux liquidations. Chaque proposition est identifiée (C... ou
R...) et l'avis de l'administrateur ainsi que le choix du tribunal" figurent dans la
partie « déroulement de la procédure ».
Les grilles d'analyse utilisées sont relatives à des entreprises. Plusieurs
grilles peuvent donc être remplies pour chaque dossier (cas des dossiers multiples),
ainsi qu'une grille unifiée pour l'ensemble des entreprises concernées. Seule cette
dernière sera utilisée par la suite (Cf. paragraphe sur le traitement des dossiers
multiples infra).

Caractéristiques générales

Il s'agit d'identifier l'entreprise (n°SIREN), d'obtenir ses caractéristiques


juridiques (forme juridique, montant et répartition du capital social) et des
renseignements sur son activité économique et sur sa taille (effectifs salariés et
chiffre d'affaires).
Le numéro de dossier correspond au numéro d'enregistrement de l'affaire au
greffe du tribunal de commerce. Lorsqu'il y a une seule entreprise par dossier, le
numéro de dossier reporté sur la grille est le numéro qui figure sur le dossier du
greffe ou des mandataires. Lorsqu'il y a plusieurs entreprises isolées dans le même
dossier, il faut ajouter dans la case droite du numéro de dossier un identifiant
différent pour chaque entreprise (1,2...).
Les caractéristiques générales de l'entreprise figurent dans plusieurs
documents de la procédure : Kbis, DCP, jugement d'ouverture, BES...

Données financières

Pour les variables financières, les données sont scindées selon qu'elles
correspondent au début ou à la fin de la procédure (données initiales et données
finales).

62 Les noms en gras dans la partie droite des colonnes correspondent au nom des variables.
63 Le tribunal peut ne pas suivre l'avis de l'administrateur, mais en cas de redressement, son choix se
limite aux propositions formulées dans le rapport.

Analyse économique de la défaillance 129


Les données initiales sont les données connues lors de l'ouverture de la
procédure. Elles figurent notamment dans la DCP, le jugement d'ouverture et sont
souvent reprises dans le BES ou le L13.
Les données « définitives » correspondent aux données connues à la fin de
la procédure : c'est sur elles que le tribunal se fonde pour décider du sort définitif de
l'entreprise. Elles figurent surtout dans le BES ou dans le rapport L13.
Les données issues de l'état des créances complètent l'information sur le
passif: ces données sont les plus fiables mais ne sont pas toujours disponibles au
moment du jugement définitif sur le sort de l'entreprise. Enfin le montant des dettes
de l'article 40 de la loi de 1985 correspond aux dettes nouvelles générées par la
continuation de l'exploitation pendant la période d'observation.

Causes de la défaillance et mesures de gestion

Les causes de la défaillance sont précisées par l'administrateur judiciaire


dans le bilan économique et social, ou par le représentant des créanciers dans le
rapport L13. Les données disponibles sur les causes reflètent donc l'appréciation de
l'auxiliaire de justice sur l'évolution de la situation de l'entreprise.
Cette appréciation a ensuite fait l'objet d'une codification à partir d'une liste
de causes élaborée en tenant compte des différentes études du CEPME ainsi que des
résultats d'analyses théoriques sur le processus de défaillance.
Les mêmes sources permettent de codifier les mesures prises avant
l'ouverture de la procédure de redressement judiciaire pour faire face aux difficultés
de l'entreprise. Les mesures prises pendant la période d'observation figurent dans le
BES ou dans le rapport L13, mais doivent également, pour certaines d'entre elles
(licenciements, cessions d'actifs...), figurer dans une requête spécifique de
l'administrateur judiciaire adressée au juge commissaire qui les autorise, le cas
échéant, par ordonnance.

Déroulement de la procédure judiciaire

Les renseignements figurant dans cette partie des grilles permettent de


préciser les modalités du déclenchement de la procédure, les pouvoirs de
l'administrateur judiciaire (qui donnent une idée du degré de défiance du tribunal
envers le chef d'entreprise), la proposition de celui-ci quant à l'issue de la procédure
et enfin le jugement décidant du sort de l'entreprise et d'éventuelles sanctions contre
les dirigeants.
Les données relatives au déroulement de la procédure sont issues des
différents jugements qui figurent dans les dossiers, et dans le BES pour les
propositions de l'administrateur.

130 Insee Méthodes n° 72-73


Issue de la procédure (continuation, cession ou liquidation)

Le contenu des plans de continuation ou de cession proposés figure dans le


BES, ainsi que l'appréciation de l'administrateur judiciaire sur les propositions de
reprise.
Les renseignements collectés sur les mesures et conditions des plans
proposés permettent de déterminer les critères utilisés pour décider du sort de
l'entreprise et pour choisir entre les différentes possibilités de redressement.
L'échéancier de remboursement dans le cas d'un plan de continuation, le
prix de cession en cas de cession, les montants réalisés ou restant à réaliser en cas de
liquidation permettent, par comparaison avec les données financières (données sur
le passif), d'estimer des taux de recouvrement des créances par type de créancier.

Echéancier de remboursement en cas de plan de continuation

Le premier tableau correspond à l'échéancier de remboursement applicable


par défaut à tous les créanciers. La remise correspond au montant qui a été accepté
par tous les créanciers à qui s'applique cet échéancier. La durée en années
correspond à la durée entre la première et la dernière échéance. Les délais de
remboursements dans le cas d'un plan non linéaire se comptent également à partir de
la première échéance.
Le tableau suivant correspond au cas où certains créanciers accorderaient
des remises de dettes supplémentaires par rapport à celles consenties le cas échéant
dans l'échéancier général, en échange d'un remboursement anticipé. Les trois
premières lignes de ce tableau concernent l'ensemble des créanciers qui se
démarquent de l'échéancier général, tandis que les cinq lignes suivantes ne
concernent que les cinq plus importants au sein de ceux-ci.

Prix de cession

Le prix de rachat proposé correspond au montant que le repreneur propose


de payer pour la reprise de tout ou partie de l'entreprise. Dans le cas où la cession est
totale, c'est ce montant que les créanciers auront à se partager en fonction de leur
ordre de priorité. Si la cession n'est que partielle et que le reste des actifs de
l'entreprise (i.e. ceux qui ne sont pas concernés par la reprise) sont liquidés, le prix
de liquidation figure dans la ligne en dessous du prix de cession.
Si l'entreprise est cédée en totalité, mais que cette cession correspond à
plusieurs plans de reprise complémentaires, autant de feuilles de cession sont
remplies.

64 Les données de la grille sur les montants de liquidation sont extraites des dossiers des mandataires
liquidateurs. Ces dossiers retracent les actifs de l'entreprise ayant déjà pu are réalisés, ainsi qu'une
estimation de la valeur des actifs restant à réaliser.

Analyse économique de la défaillance Bi


Le traitement des dossiers multiples

Certains dossiers de l'échantillon concernaient plusieurs entreprises. En


effet, une procédure ouverte à l'encontre d'un débiteur peut être étendue à d'autres
en cas de confusion des patrimoines entre les débiteurs, ou si l'une des sociétés est
fictive (art 7 de la loi de 1985). Il est ainsi possible d'ouvrir une procédure collective
même à l'égard de débiteurs ne relevant pas d'un redressement judiciaire ou n'ayant
pas cessé leurs paiements. Cette extension est distincte de l'extension du
redressement d'une personne morale à ses dirigeants (art 182 de la loi de 1985). Les
cas d'extension concernent donc des débiteurs qui doivent être considérés comme
formant une seule entité économique et ne comportant qu'un seul patrimoine.
Un retraitement des données contenues dans ces dossiers a été effectué pour
tenir compte de l'unicité économique des débiteurs. Tous les dossiers « multiplex»
(i.e. concernant plusieurs débiteurs) ont été « unifiés » pour reconstituer les données
d'une seule entité économique à partir des données des différents débiteurs. Le
traitement des causes de la défaillance a été réalisé en retenant l'ensemble des causes
des différents débiteurs. En pratique, les causes étaient identiques pour tous les
débiteurs du dossier. Du fait du traitement opéré, il n'y a pas de cause « extension »
parmi les causes de défaillance possibles. Pour les données financières et
économiques, l'agrégation a été effectuée au cas par cas, toutes les variables n'étant
pas directement sommables (il a fallu notamment tenir compte des patrimoines
communs).

132 Insee Méthodes n° 72-73


N° DOSSIER

CARAC TE RI S TIQUES GENERALE S

SIREN SIREN

NOM DE L'ENTREPRISE

Activité (en clair)

Code NAP de Activité NAP

Date de création CREA

Forme juridique Fi

Capital social (CS) en KF CS

Nombre d'associés AS SOC

Part de CS Clo) détenue par le dirigeant C SD

Nom du dirigeant

Y-a-t-il une entreprise dans le capital?


(0)1a. (Mort aegion'tairs EN1RC S
SIREN des entreprises détentrices
du C.S.

Effectif salarié (4) EFFEC

Chiffre d'affaires HT annuel (KF) (5) CA

( 5) Choisir entre les données de la CP ou du JO


(**) Seules sont saisies les variables qui figurent dans une case non hachurée.

Commentaires propres au dossier


Analyse économique de la défaillance 133
DONNEES FINANCIERES ET INSUFFISANCE D'ACTIF (en KF)

ACTIF Données Initiales Données définitives


Montant (KF) Montant (KF) Valeur d'exploitation Valeur de réalisation
Immobilisé d'exploitsition IMISEECT IMMEGBE HAMM IMMEXVR

- Fonds de commerce FONDSCP FONDSBE FONDSEX FOMISVII


FLanttsimmnincona..
- Immo cœporelles
IMMOCP 1144011E IMMOIX MINOU
110Mellble_
- IMMO corporelles
MOBICP IMBIBE NOM MOSIVII
meubles
Circulant d'exploitation CIRCUCP CIRCUSE CIRCUEX CISCLPHI

- Stocks STOCKCP STOCIME STOCKE:A ST OMR

- Clients (Montant en KF) CLMTCP OMISE CLMTICi CSMTVR

Financier F1NANCP FlNANBE FlNANDI FINAPIVR

- Immobilisations financières PART1CP PAR list PARME< PASTIVR

• Disponibilités & VMP DISPOCP DISPOSE DISPOEX DISPOVR

Autres CRF1NCP CRFINCP CRFINFX CRFINVII

TOTAL ACTIFCP 00E


AL ACTIFIX ACTIFV11

- Disponible AC-11)CP SCIURE ACTDEX ACIDVB

- Non disponible ACIND CP ACINDBE SCINDES ACTNDVR

- Grevé de sûretés STRECP SUREBE SURSIS SURSIS

PASSIF Données initiales Données définitives Etat des créances


Montant (en KF) Nombre de créances Montant (en KF) Montant (en KF)
FT-CP ME FISC
Fonds propres

MSUPCP NSUPCP MSUPBE MSUPEC


Superprivilégiées

RIPRICP NPRICP FORME MPR1EC


Privilégiées

MPRIDICP NPRENCP MPIIIINBE


dt Insteutonnels (Une— )
MCHIRCP NCH1RCP MCFORBE MCHIREC
ChITOfaphilIrtS
g

MIDETTECP NDEITICP MDETTEBE PME


1 FLIC
Autres

KPASCP MUSC? MUASSE KM-SEC


TOTAL

MPASECP NPASECP MPASESE MIPASEEC


- Echu

MPASNECP NPASNECP BPASNEBE EflASNEEC


- Non échu

DETTES ART 40

- Dettes cautionnées


134 Insee Méthodes n° 72-73
N° DOSSIER
CAUSES ET MESURES DE GESTION

CAUSES PRINCIPALES - par ordre d'importance -



Code "cause" n° 1 CAUSEZ


Code "cause" n°2 CAUSEZ


Code "cause" n° 3 CAUSES


Code "cause" n° 4 CAUSE4


Code "cause" n° 5 CAUSES

LISTE DES MESURES PRISES


Avant la C.P. 1 Durant la per. d'obs°.

Code "mesures et conditions" n° 1 , MESCP1


L. NIES OBS1
Code "mesures et conditions" n° 2 MES CP2 MES OB S2

Code mesures et conditions" n° 3 NIES CP3 MES OB S3

Code "mesures et conditions" n° 4 MES CP4 MES OB S4


Code "mesures et conditions" n° 5 NIES CPS MES OB S5


Code "mesures et conditions" n° 6 MES cP6 MES OB 56


Code "mesures et conditions" n°7 NJESCP7 NIES OB S7

Code "mesures et conditions" n° 8 I MES CPS I


...
NIES OB SS
.1

Code "mesures et conditions" n° 9 , 111ES CP9 : ,i NIES OB S9


I

Code "mesures et conditions" n° 10 NIES CP10 I I MES OBS

Si licenciements
Nombre de licenciements L1C CP
..1
LICP0
Si prêts six
Montant des prêts PNC CP PNCPO
Si abandon de créances
Montant AB C CP I ABNPO
Si cessions d'actifs
Montant des cessions C ES CP CESP 0
Si remboursements de créanciers
Montant des remboursements RB S CP RB SPO


Analyse économique de la défaillance 135
DEROULEMENT DE LA PROCEDURE JUDICIAIRE

Cessation des paiements


Date DATECP
(D)épôt, (A)ssignation, ribunal
TYPECP
.CtIlés.oluti.on_ctun..accor.d
Si sur assignation, nature du créancier (2 lettres)
NATURAS
kIi.iB...2u...'A)uh P»iv ou
fitiv
Prononcé d'une période suspecte (0/N) SUSPECT

Jugement d'ouverture (JO)


Date DATEJO
Type de régime appliqué
-> (liCi)regime général ( Al) regime simplifie ou (14
liquidation immédiate
Pouvoir donné à l'administrateur
-> (A)ssistance, PontrildeSsumeil (S1.beinaion

DONNEES DEFINITIVES (ré .4 e, pouvoirs mira.)


- après éventuellement jugements modificatifs (*) -
D at e ou Code
Pouvoirs donnés à l'administrateur
-> (el)ssistanced9ontrCledesurveil, (S)ubstimtion P OUVAD M
Type de régime appliqué
-> (,ren,,, général (Kb) regmie sirnirlifié ou (Li)
liquidation m'idiote TYPEREG
(V Recopier les données du jugement le plue récent fixe d'ouverture ou jug. modificatif).

PROPOSITION DE L'ADMINISTRATEUR (BES)


Date D ATEBES
Proposition de l'administrateur judiciaire
Liquidation -> (L) Redressement por continuation -› (R) AVISADM
Pian de cession -> (c)

En cas de survie : numéro du plan choisi NUMCESA

JUGEMENT DEFINITIF
Date D ATEJD
Jugement
Liquidation -> (L) Redressement par continuation -> (12) JUGEMENT
Plan de cession -> (C)

En cas de survie : numéro du plan choisi NUMCESJ


C -. oa R ...

Jugt supplt pour l'apurement du passif SUPPLT


(Q "t de passif g:lx:eu-ion (4)“,,,,


136 Insee Méthodes n° 72-73
CONDITIONS DU PLAN
Code "mesures et conditions" n° 1 canot
Code "mesures et conditions" n° 2 colins
Code "mesures et condition? n° 3 CONEO
Code "mesures et conditions" n° 4 ' CONTAS
Code "mesures et conditions" n° 5 «tonna
Code "mesures et condition? n° 6 colin'
Code "mesures et conditions'. n°7 CONIM
Code "mesures et conditions" n° 8 colins
Code "mesures et conditions" e 9 corso,
Code "mesures et conditions" C 10 CONDIM

Si licenciements, nombre
IICC ON

Si prêts nouveaux, montant total.


PACCON

Si abandons de créances par associés, montant.


Axais
Si abandons de créances par autres, montant.
A.DALT

Si cessions d'actifs, montant


PNCCON

ECHEANCIER DE REMBOURSEMENT
Cadre général de l'échéancier
- hors montants attribuables aux cas particuliers décrits ci-dessous -


Montant de la dette à rembourser (1) CALCDET

Total de la remise (2) CALCREM

°A de remboursement de la dette (1)- (2)/(1) CALCPARI


Date de laprerniere échéance remi

Durée (en années) OUI= Linéaire? (0(N) Loi
SI NON LINEAIRE, REMPLIR

Délai de remboursement de 25% du total remboursable DDR2S


Délai de remboursement de 30% du total remboursable DISRECI


Délai de remboursement de 75% du tata? remboursable DUR7e

SI cas parllcullers : (certains créanciers se démarquent des conditions générales de l'échéancier)


- En sus des montants prévus par le cadre général décrit ci-dessus -

Montant de la dette à rembourser (1) CALPDRS

Total de la remise (2) CALPRZU

% de remboursement de la dette (1)-(2)/(1) CALP'PART


Don4 pour les 5 créanciers les plus importants
Montant d tte Type (SP/P/PVC) Remis Durée (am') ées)
Créancier n° 1 CRI DET CRISTAT CF
. tIREL4 CRI DUR

Créancier n° 2 CR2DET CRISTAT CR2REM CECDUR

Créancier n° 3 CR3DET CR3STAT CR3REM CR3DUR

Créancier n° 4 CRISTAT CX4REM CR4DUR

Créancier n° 5 CR5DET CILSSTAT CRSREM CR-5SM.


(*) SP (superprivilegia), P (privilégie non institutionnel), PI (privilégie institunonnel), C (chirographaire)


Analyse économique de la defaillance 137
.r>4..3.0w
CESSION : proposition (définitive) de reprise n° -

Profil du repreneur potentiel Mesures envisagées par le repreneur (ou imposées)


SLREN SIRENBER
Code 'menues et conditions' e i KESCESI

Cax
Dénomination
Code 'mesures et conddions* n° 2 atroces,
Acténité
Code 'mesures ct condotions* n°3 ILESCESS
Code NAP ciaidité NAM.
Code 'mesures et condano. n° 4 ITFESCES■
Forme juridique F.M.
Code "mesures et conciliions' n° 5 NOLSCESS
Effectif sali-rie MT-CRue
Code hrnetures et condition? n° 6 ramena
tfilffrOiriffaires annird -Ce) CAR.
Code 'mesures et conddiom' e 7 IESCES7
Capital sociiti (CS) en KF CSREP
Motif du rachat
Prix de rachat proposé nouante SYnergk's
Coder ”0" si oui SYNERGIE
P. de hqudanon de la parte roueront Alsodoer un concurrent
hcpudne (set cession parbeZe) ABSORBE
TAvérsidcation
Caractéristiques de la reprise (cession partielle) DIVERS(

Type de reprice: T;P;A (1 Mentant (ES) Première affaire


Immobilisé &exploitation canant continu PREkIA.
Réputation
- Fonds de commerce CrorcOrr crornona REPVIIS
& autres ùmno incom
• immo corporel'. immeubles Canent contera Qualité de l'offre (du point de vue de l'administrateur : Cf. BES)
Mai.te de l'emploi
- Mono corporelles meubles c.10112 CIII06(nt .0-i 0 mord aida JUEMPLOI
Repreneur solide 6nanciérement
SapOlfleV aaS141

Circulant d'exploitation couver connote SOLSOBFI


Ezpérience dans le secteur d'activité
- Steieks CSTOCICI CSIOCEss IMPERIEN
Synergies (apport ffinneier. technologique.
• CrefltS cour occire chentele I débouchés nouveaux, etc.) SYNERGIE
Rapdanon
Financier canote certaine REBUTQ
Prdi de rachat élevé
- Immo financières certain cnAntInt PXEIXVE

-IliSpo & VMP veinai convent Si licenciements,


Nombre LICLIQ
ou

Autres caserne corneront petto nouveaux


Montant FACLIQ
TOTAL cocota cocotas
Mont. PNCLIQ
()irsprere2Mterre), Iyarnells), (»mole
V. CODIFICATIONS DES CAUSES DE
DÉFAILLANCE

I PROBLEMES DE DÉBOUCHÉS
1.1 PDM Perte de parts de marché (baisse tendancielle de la demande).
1.2 BRU Perte brutale de clients.
1.3 DEF Défaillance de clients importants.
1.4 EVA Mauvaise évaluation du marché.
1.5 INA Produits inadaptés.
1.6 OBS Produits obsolètes.
1.7 ELE Prix de vente trop élevés.

H STRATÉGIE DE L'ENTREPRISE
2.1 ECH Echec de projets importants (partenariats, investissements, restructurations...).
2.2 PEU Acceptation consciente de marchés peu rentables (dumping, gain de marchés...).

HI COUTS, STRUCTURE DE PRODUCTION


3.1 PRD Processus de production inadapté (obsolète...)
3.3 CAP Capacité de production trop forte, sur investissements.
3.4 SSI Sous investissement.
3.5 HUM Frais de personnel trop élevés.
3.6 DEP Dépréciation des actifs.
3.7 GAB Coùts d'exploitation trop élevés.
3.8 HCO Hausse brutale des coûts d'exploitation (matières premières, foumisseurs...).
3.9 PER Perte brutale d'un fournisseur (dé() ou refus d'accepter retards de paiement.

IV DIFFICULTÉS FINANCIERES
4.1 SUB Arrêt de subventions (à l'entreprise).
4.2 MER Arrêt du soutien par la maison mère.
4.2 TX1 Taux d'intérêt trop élevés.
4.3 PRO Déficit de ressources propres.
4.4 REF Refus de prêt (à l'entreprise).
4.5 DEL Allongement des délais clients.
4.6 DCL Défaut de paiement des clients (y.c. responsabilité de l'entreprise sur les EENE).
4.7 FRS Raccourcissement des délais fournisseurs.
4.8 JEU Spéculation de l'entreprise, problèmes de change.

V PROBLÈMES D'INFORMATION ET DE MANAGEMENT


5.1 COM Système comptable déficient.
5.2 REV Méconnaissance des coûts de revient (d'où notamment prix de vente trop faibles).
5.3 PRV Provisionnements insuffisants.
5.4 STO Mauvaise évaluation des stocks.
5.5 PRE Prélèvements excessifs.
5.6 INC Problèmes de compétence (incompétence)
5.7 MES Mésentente de l'équipe dirigeante.
5.8 TRA Difficultés de transmission de l'entreprise.


Analyse économique de la défaillance 139
VI CAUSES ACCIDENTELLES
6.1 MAL Malversations internes à l'entreprise
6.2 SIN Sinistre
6.3 MOR Décès du dirigeant
6.4 SOC Problèmes sociaux au sein de l'entreprise
6.5 ESC Escroquerie dont est victime l'entreprise
6.6 LIT Litiges avec des partenaires privés.
6.7 FIS Litiges avec des partenaires publics.
6.8 DIV Divers.

VII FACTEURS MACRO ÉCONOMIQUES DE FRAG1LITE


7.1 DEM Diminution de la demande adressée au secteur
7.2 CPI Hausse de la concurrence sur les prix
7.3 CHP Hausse de la concurrence hors prix
7.4 APP Hausse générale du prix des approvisionnements du secteur (matières 1°...).
7.5 CHG Evolution défavorable du taux de change.
7.6 POL Politique publique moins favorable au secteur.
7.7 RAT Période de rationnement des crédits
7.8 TAU Taux d'intérèt trop élevés.
7.9 MAJ Cas de force majeure (guerre, catastrophe naturelle...).

140 Insee Méthodes n° 72-73


VI. MESURES PRISES POUR REDRESSER
L'ENTREPRISE, CONDITIONS DES PLANS DE
CONTINUATION OU DE CESSION

I PROBLÈMES DE DÉBOUCHÉS
1.1 MIE Amélioration des produits (élargissement de la gamme...)
1.2 RED Innovation, accroissement de la recherche et développement.
1.3 PUB Publicité, meilleure connaissance du marché, effort cr.nmercial.
1.4 BAS Baisse des prix de vente.
1.5 RES Restructuration des activités (arrêt d'activités peu rentables, développement de
nouvelles plus rentables...).

II STRATÉGIE DE L'ENTREPRISE
2.1 DPA Diversification des partenaires économiques.
2.2 REC Recentrage autour de certains partenaires économiques.
2.3 ACT Nouvel actionnaire dans le capital.
2.4 RUP Rupture ou non renouvellement de certains contrats (marchés peu rentables...).
2.5 EMB Embauches nouvelles.

III COÛTS, STRUCTURE DE PRODUCTION


3.1 INV Investissements nouveaux.
3.2 NUL Annulation de projets (investissements...).
3.3 ECO Restructurations économiques (fusions et acquisitions, partenariats, alliances...).
3.4 PRI Hausse des prix de vente
3.5 EXP Baisse des coûts d'exploitation.
3.6 LIC Licenciements. Remplir la case nombre
3.7 SAL Baisse des salaires.

IV DIFFICULTÉS FINANCIÈRES
4.1 AID Obtention de subventions, aide publique.
4.2 CES Cession d'actifs.
4.3 LIQ Liquidation des stocks.
4.4 RCL Recouvrement des créances clients.
4.5 HEP Hausse des fonds propres.
4.6 BFP Baisse des fonds propres.
4.7 SPE Diminution du risque financier (retrait de spéculation, couverture du risque de
change).
4.8 DES Désintéressement (partiel ou total) des anciens créanciers.
4.9 REE Rééchelonnement, remises de dettes (renégociation privée).
4.10 AMI Tentative de règlement amiable (loi de 1984).
4.11 NCR Recours à de nouveaux créanciers.
4.12 PNC Prêts nouveaux contractés par l'entreprise remplir montant.
4.13 ABA Abandon de créances par dirigeants / propriétaires remplir montant.


Analyse économique de la défaillance 141
V PROBLÈMES D'INFORMATION ET DE MANAGEMENT
5.1 FOR Amélioration de la compétence (actions de formation, embauche de personnel
qualifié : dans ce dernier cas, remplir aussi l'intitulé 2.5).
5.2 EXT Appel à des experts extérieurs.
5.3 DIR Changement substantiel de l'équipe dirigeante
5.4 REG Changement des règles de comptabilité, de gestion.
5.5 COR Meilleure connaissance des coûts de revient.

VI MESURES LEGALES
6.1 CON Continuation des contrats imposée.
6.2 LOC Location gérance en cas de plan de cession.
6.3 REP Reprises de biens (par des créanciers de l'entreprise) : utilisation de la clause de
réserve de propriété, rétention.

142 Insee Méthodes n° 72-73


VII. DESCRIPTION DES GRILLES (DONNÉES
FINANCIÈRES ET CAUSES ET MESURES DE
GESTION)

Les grilles d'analyse ont été remplies sous le contrôle des auteurs par une
équipe d'étudiants ayant une double formation en droit et en comptabilité / analyse
financière. Pour assurer l'homogénéité du remplissage entre les différents étudiants,
une formation commune leur a été dispensée, accompagnée d'un exercice « à
blanc » sur le même dossier pour tous les étudiants.
Les explications figurant ci-dessous sont extraites des documents de
formation auxquels ils se référaient.

DONNÉES FINANCIÈRES

L'actif, tel qu'il est présenté dans les grilles, regroupe les principaux postes
qui doivent toujours apparaître dans le bilan d'une entreprise. Il est utilisé pour
calculer l'insuffisance d'actif des entreprises à la cessation des paiements. Par contre
les montants utilisés pour le calcul des taux de ecouvrement des créanciers
correspondent, selon l'issue, au montant actualisé des remboursements futurs en cas
de continuation, au prix de cession, ou au produit de la liquidation.
En revanche, la présentation du passif répond à une approche davantage
juridique (notion d'ordre des paiements) que comptable.
Certaines opérations qui affectent la solvabilité de l'entreprise doivent faire
l'objet de traitements spécifiques.

Opérations d'escompte

Lorsqu'elles ont lieu durant la période d'observation, les opérations


d'escompte font l'objet d'une requête, au même titre que tout octroi de prêts
nouveaux. Les effets escomptés non-échus (EENE) sont des titres de créance que
l'entreprise détient sur un autre débiteur du fait de son activité commerciale et
qu'elle escompte (augmentant ainsi ses disponibilités) auprès de sa banque. Si cet
autre débiteur fait défaut, la banque peut se retourner contre l'entreprise au titre de la
créance escomptée. Ainsi, les EENE - qui sont normalement des sommes de hors
bilan - constituent en réalité des dettes financières de court terme et devraient être
réintégrés dans le poste «concours bancaires courants ». En contrepartie, les
sommes en question devraient augmenter le poste « créances clients ». Néanmoins
ces retraitements n'ont pas été effectués dans le cadre de l'enquête.

Les opérations d'escompte doivent être autorisées par le juge commissaire :


elles doivent donc figurer dans une requête.

Analyse économique de la défaillance 143


Crédit bail

Les biens en cours d'acquisition dans le cadre d'un contrat de crédit-bail ne


doivent pas apparaître à l'actif car ils n'appartiennent pas à l'entreprise tant que
l'option d'achat n'a pas été levée une fois toutes les redevances réglées. Les
immobilisations acquises dans le cadre d'un contrat de crédit-bail doivent être
retirées de l'actif.
Les dettes liées aux opérations de crédit bail doivent représenter non le
montant des échéances de crédit bail restant à verser, mais le montant que le
débiteur devra au crédit-bailleur après résiliation du contrat (somme des échéances
futures + indemnité de résiliation - valeur de réalisation du bien). C'est d'ailleurs ce
montant qui apparaît dans les états de créances.

Créances art.40

L'article 40 de la loi de 1985 traite de l'ensemble des dettes de l'entreprise


postérieures au jugement d'ouverture, qu'elles soient ou non payées à l'échéance. Ce
qui doit figurer dans les grilles correspond exclusivement à l'aggravation du passif
imputable à la période d'observation, et donc uniquement aux dettes de la période
d'observation non payées à leur échéance qui devront être apurées dans la mesure
du possible par le prix de cession ou de liquidation. Elles doivent figurer dans la
ligne « dettes art. 40 », et ne pas être reprises dans les colonnes « données
définitives,> et « état des créances ».

Compensations

Lorsque une entreprise A en redressement judiciaire est à la fois débitrice et


créancière d'une autre entreprise B, la compensation des deux dettes est parfois
utilisée : A paye B et B paye A. La différence des deux paiements fait, selon le cas,
apparaître une créance résiduelle nette de A envers B (dans ce cas, elle doit figurer
dans l'état des créances du dossier de l'entreprise défaillante A, au bénéfice de
l'entreprise B) ou de B envers A (ce montant est alors inclus dans l'actif de A, au
niveau par exemple des créances client). Les compensations doivent être autorisées
par le juge commissaire : elles doivent donc faire l'objet d'une requête.

Dettes cautionnées

A la différence du traitement des dettes article 40, ces dettes doivent figurer
une fois dans la ligne « dettes cautionnées », et une fois dans les colonnes « dettes
initiales », « données définitives » ou « état des créances ». En général les dettes
cautionnées sont chirographaires, la caution diminuant l'utilité du recours à des
sûretés.

144 Insee Méthodes n° 72-73


CAUSES DE LA DÉFAILLANCE ET MESURES POUR
PRÉVENIR LA DÉFAILLANCE OU PC JR _£DRESSER
L'ENTREPRISE

Les commentaires ci-dessous ne concernent pas tous les libellés figurant


dans les grilles d'analyse, mais seulement ceux pouvant prêter à confusion.

Codes « causes »

Les causes sont regroupées suivant leur nature :

• Données propres à la firme :


I. Problèmes de débouchés
II. Stratégie de l'entreprise
III. Coûts et structure de production
IV. Difficultés financières

V. Problèmes d'information et de management


VI. Causes accidentelles
Facteurs macro-économiques de fragilité (propres au secteur) : (VII)
Les causes qui affectent non seulement l'entreprise mais également
l'ensemble du secteur devront donc apparaître dans les « facteurs macro-
économiques de fragilité ». Inversement les groupes I à VI concernent des causes
n'affectant que la firme en difficulté.

1.2. Perte brutale de clients

Lorsque, par exemple, un client, pour des causes diverses (sauf pour les cas
de défaillance du client qui sont traités plus loin) - mécontentement par exemple -
arrête de se fournir auprès de l'entreprise.

1.3. Défaillance de clients importants

Il ne faut pas confondre la défaillance (qui correspond au déclenchement


d'une procédure collective) avec le simple défaut ou retard de paiement qui n'induit
pas forcément le recours aux tribunaux.

1.4. Mauvaise évaluation du marché

Mauvaise anticipation de la demande sur le marché sur lequel l'entreprise


s'est engagée, l'entreprise a pu s'engager sur un marché peu rentable... : cette

Analyse économique de la défaillance 145


mauvaise évaluation n'est pas volontaire et se distingue donc de l'intitulé 2.2
(acceptation consciente de marchés peu rentables).

L6. Produits obsolètes

Ne pas confondre cet intitulé avec l'intitulé 3.1 (processus de production


inadapté ou obsolète) : en effet, l'intitulé 1.6 se réfère aux produits finis fabriqués
par la firme, tandis que l'intitulé 3.1 concerne les installations, machines et
outillages ayant servi dans le processus de production.

3.5. Frais de personnel trop élevés

Frais de personnel = (effectifs) * (salaires). Outre les rémunérations du


personnel trop importantes, entrent dans cet intitulé les embauches excessives
conduisant à un sureffectif et donc à un gonflement des frais de personnel.

3.7. Coûts d'exploitation trop élevés

Il s'agit des coûts d'exploitation endogènes et structurels. Par exemple,


l'entreprise gère mal ses coûts d'exploitation (trop de frais d'électricité...). A ne pas
confondre avec l'intitulé 3.8 ci-dessous.

3.8. Hausse brutale des coûts d'exploitation

Il s'agit d'une hausse conjoncturelle ou brutale des coûts de la firme et non


d'une hausse du niveau général des prix d'un certain type d'approvisionnements
utilisés dans le secteur auquel appartient l'entreprise et dont elle est consommatrice :
dans ce dernier cas, il faudrait se reporter à l'intitulé 7.4 (hausse générale du prix des
approvisionnements utilisés par le secteur).

4.1. Arrêt des subventions (à l'entreprise)

A ne pas confondre avec l'intitulé 7.6 (politique moins favorable au secteur)


qui concerne l'ensemble d'un secteur et non les seules subventions adressées à
l'entreprise.

4.4. Refus de prêt (par un établissement de crédit à l'entreprise)

Même remarque que pour le point 4.1.

5.5. Prélèvements excessifs

Cet intitulé recouvre des prélèvements excessifs au profit des dirigeants (par
exemple, salaires des dirigeants trop élevés). Ils conservent malgré tout un caractère
légal, ce qui n'est pas le cas du point 6.1 (malversations).


146 Insee Méthodes n° 72-73
5.6. Problèmes de compétence (incompétence)

Il s'agit des carences du ou des dirigeant(s).

6.1. Malversations

Malversations au sein de l'entreprise.

6.7. Litiges avec les partenaires publics

Il s'agit notamment des redressements fiscaux.

6.8. Divers

Sinistre, accident du dirigeant, divorce...

Codes « mesures et conditions »

1.3. Publicité, meilleure connaissance du marché, effort commercial

L'ensemble des dépenses destinées à mieux connaître la demande, un


marché (marketing) ou à accroître la renommée des produits de la firme (publicité).

4.8. Désintéressement (partiel ou total) des créanciers

Lorsque l'entreprise rembourse partiellement ou entièrement ses créanciers.


Cet intitulé peut être complété par les titres 4.9 (rééchelonnement, remises de dettes
- renégociation privée- ) : par exemple, lorsque la firme paie une partie de sa dette
tout de suite et, en échange, se voit accorder une remise.

4.9. rééchelonnement, remises de dettes (renégociation privée)

Cf. remarques des intitulés 4.8 et 4.10.

4.10. Tentative de règlement amiable (loi de 1984)

Contrairement au point 4.9, la tentative de prévention des difficultés s'est


faite de façon formelle via la loi de 1984 sur le règlement amiable.

4.13. Abandon de créances par dirigeants /propriétaires

Par exemple, lorsque les associés renoncent aux sommes dont ils disposent
sur leurs comptes courants auprès de la firme.

Analyse économique de la défaillance 147


Glossaire

Analyse économique de la défaillance 149


GLOSSAIME

AGS

Association pour la gestion du régime d'assurance des créances des salariés,


système d'assurance obligatoire créé en 1973, qui garantit la couverture d'une partie
des salaires impayés.

Acte de disposition

Acte qui diminue ou risque de diminuer sensiblement la valeur d'un patrimoine (par
exemple vente, hypothèque, emprunt...).

Administrateur judiciaire

Mandataire de justice nommé par le tribunal qui est chargé de surveiller, d'assister
ou de remplacer le débiteur dans la gestion de son entreprise. Il est également chargé
d'analyser les causes de difficultés ainsi que les perspectives de redressement dans
un bilan économique et social.

Apurement du passif

Paiement des dettes de l'entreprise (désintéressement des créanciers) avec les


sommes disponibles (prix de cession, produit de la liquidation, échéancier de
remboursement...). L'apurement peut être total, mais reste le plus souvent partiel.

Banqueroute

Actuellement délit qui peut être reproché notamment aux dirigeants d'une personne
morale en redressement judiciaire. Dans l'ancien droit, ce terme désignait les cas de
faillite frauduleuse.

Bilan économique et social (BES)

Document élaboré par l'administrateur judiciaire analysant la nature des difficultés


ayant conduit l'entreprise à la défaillance, ainsi que les perspectives de
redressement. Le cas échéant, les offres de reprise ainsi que les propositions de plan
de continuation sont exposées, avec l'avis de l'administrateur. Lorsqu'il n'est pas
nommé d'administrateur, il n'existe pas de BES à proprement parler, mais les
mêmes informations figurent dans divers rapports du représentant des créanciers ou
du juge-commissaire.

Caution

Un tiers (la caution) peut s'engager vis-à-vis d'un créancier à faire face aux
obligations du débiteur principal si celui-ci n'y satisfait pas lui-même. La caution

Analyse économique de la défaillance 151


peut être personnelle (engagement sur l'ensemble des biens du tiers) ou réelle
(hypothécaire...), lorsque le tiers ne s'engage que sur un bien immobilier sur lequel
il accepte que le créancier prenne une hypothèque.

Cessation des paiements

Événement à l'origine de la défaillance : le débiteur ne peut plus faire face à son


passif exigible avec son actif disponible. Le simple défaut de paiement d'une dette
échue en est un indice, mais ne suffit pas.

Cession

Cf. période d'observation.

CIRI

Le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle correspond à l'échelon


national du dispositif de traitement public des difficultés des entreprises (CORRI à
l'échelon régional et CODEFI à l'échelon départemental).
Ces différents organismes peuvent accorder des prêts du Fonds de Développement
Économique et Social (FDES), accélérer le cas échéant le règlement de factures dues
par l'administration, négocier l'octroi de délais de paiement sur les dettes fiscales ou
sociales ou encore faire en sorte que l'entreprise en difficulté bénéficie de
subventions publiques ou d'exonérations fiscales. L'octroi de ces différentes aides
peut être subordonné à la restructuration de l'entreprise. Ils favorisent également la
conclusion d'un accord avec les partenaires privés de l'entreprise, mais ne peuvent
pas imposer de solution.

Clause de réserve de propriété

Clause du contrat de vente en vertu de laquelle le vendeur demeure propriétaire des


marchandises jusqu'à complet paiement du prix : le transfert de propriété est
suspendu. Elle permet notamment au vendeur de revendiquer auprès des créanciers
les marchandises vendues malgré le redressement judiciaire de l'acheteur (droit de
revendication).

CODEFI

Comités Départementaux d'Examen des problèmes de Financement des entreprises


(Cf. CIRI).

Commissaire aux comptes

Il est chargé de certifier la régularité et la sincérité des comptes annuels de certaines


catégories de personnes morales et de vérifier la sincérité des informations
financières qui sont transmises aux actionnaires.


152 Insee Méthodes n° 72-73
Common pool problem

Problème lié aux conflits d'intérêts entre les créanciers : l'intérêt individuel de
chaque créancier peut être en contradiction avec l'intérêt collectif de l'ensemble des
créanciers.

Continuation

Cf. période d'observation.

CORIZI

Comités Régionaux de Restructuration Industrielle (Cf. CIRI).

Créancier chirographaire

Créancier dont la créance n'est garantie par aucun privilège ou sûreté.

Créancier résiduel

Détenteur d'un droit sur l'entreprise à qui revient l'intégralité d'un accroissement
marginal de la valeur de l'entreprise. Lorsque l'entreprise est en bonne santé il s'agit
des actionnaires, lorsqu'elle devient insolvable, il s'agit généralement d'un
créancier. Le créancier résiduel est ainsi celui dont les intérêts coïncident avec
l'intérêt collectif.

Crédit-bail (leasing)

L'entreprise de crédit-bail loue à un client un bien d'équipement pour une durée


déterminée en contrepartie de redevances ou de loyers. A l'issue de la période fixée,
le locataire peut soit restituer le bien à la société financière, soit demander le
renouvellement du contrat, soit acquérir le bien pour un prix qui tient compte, au
moins pour partie des versements effectués à titre de loyer. Pendant la durée du
contrat le client n'est pas propriétaire du bien : il n'en est que le locataire.

Date de la cessation des paiements

Date à laquelle le débiteur s'est trouvé effectivement en état de cessation des


paiements. Elle est fixée pendant la procédure par le tribunal qui peut remonter
jusqu'à dix-huit mois avant le jugement d'ouverture. La période entre la date de
cessation des paiements et le jugement d'ouverture est la x période suspecte»
pendant laquelle certains actes du débiteur peuvent être annulés.

Déclaration de cessation des paiements

Dans les quinze jours de la cessation des paiements, le débiteur doit prendre
l'initiative du déclenchement d'une procédure de redressement judiciaire en
effectuant une déclaration de cessation des paiements au greffe du tribunal

Analyse économique de la défaillance 153


compétent. Cette déclaration s'accompagne du dépôt des comptes (d'où le terme
« dépôt de bilan »).

Déconfiture

Situation d'un débiteur qui n'entre pas dans le champ des procédures collectives et
qui ne peut plus faire face à ses obligations : ses créanciers exercent
individuellement leur droit de poursuite, sans traitement collectif.

Défaillance

L'état de défaillance correspond à la situation du débiteur à l'encontre duquel une


procédure de redressement judiciaire a été ouverte.

Defaut de paiement

Le fait pour un débiteur de ne pas faire face à une échéance.

Dépôt de bilan

Cf. déclaration de cessation des paiements. Par extension, dans le langage courant,
le dépôt de bilan est assimilé à la défaillance alors qu'il ne correspond en fait qu'à
l'une des modalités de l'ouverture d'une procédure.

Désintéressement d'un créancier

Cf. apurement du passif.

Difficultés financières

Incapacité pour le débiteur d'honorer ses échéances (défaut de paiement) à moins


d'un concours extérieur. Il peut s'agir d' illiquidité ou d'insolvabilité.

Dirigeant de fait

Personne qui, sans être le dirigeant nommé du débiteur, exerce néanmoins un rôle de
direction (par exemple bailleur de fonds s'immisçant dans la gestion).

Droit de rétention

Ce droit permet au créancier de ne pas se dessaisir de la chose retenue tant qu'il n'a
pas été entièrement payé (il doit exister un lien de connexité entre la créance et le
bien retenu).

Droit de revendication

Cf. clause de réserve de propriété.


154 Insee Méthodes n° 72-73
Faillite

Terme qui n'est plus employé dans le droit français depuis la loi de 1985. Dans le
langage commun correspond encore à la notion de défaillance.

Fonds de commerce

Enseigne, nom commercial, droit au bail, clientèle et achalandage, mobilier


commercial, matériel et outillage servant à l'exploitation du fonds, droits de
propriété industrielle, artistiques ou littéraire attachés au fonds.

Gage

Bien mobilier appartenant au débiteur qui garantit au créancier le paiement de sa


créance. Si le débiteur rembourse sa dette, le bien lui est rendu. Sinon le créancier
peut faire vendre le bien et se faire payer sur le produit de cette vente. Le débiteur
est en général dépossédé du bien gagé (gage avec dépossession, auquel cas le
créancier gagiste exerce son droit de rétention jusqu'au paiement).

Hypothèque

Elle confère au créancier une garantie sur un immeuble du débiteur, sans


dessaisissement de celui-ci. Elle permet au créancier non payé à l'échéance de faire
saisir et vendre l'immeuble en quelque main qu'il se trouve (droit de suite) et à se
payer sur le prix avant les créanciers chirographaires. Il existe quelques cas
d'hypothèques sur des biens mobiliers (navires et avions). L'hypothèque peut être
prise sur un immeuble n'appartenant pas au débiteur dans le cas d'une caution
réelle.

Illiquidité

Incapacité temporaire du débiteur à faire face à ses échéances (valeur de


continuation supérieure aux dettes).

Insolvabilité

Incapacité durable du débiteur à faire face à ses échéances (valeur de continuation


inférieure aux dettes).

Insuffisance d'actif

Situation où la valeur de marché (par opposition à la valeur comptable) des actifs ne


couvre pas les dettes de l'entreprise. Il peut s'agir d'une insuffisance à court terme
(critère de cessation des paiements : actif disponible inférieur au passif exigible) ou
« globale » (valeur totale des actifs inférieure à l'ensemble des dettes).

Analyse économique de la défaillance 155


Juge-commissaire

Magistrat désigné par le tribunal pour suivre la procédure et qui est chargé d'en
accélérer et d'en surveiller le déroulement.

Jugement d'ouverture

Jugement qui constate la cessation des paiements et déclenche la procédure de


redressement judiciaire en ouvrant la période d'observation. 11 peut aussi s'agir,
depuis la réforme de 1994 d'un jugement prononçant la liquidation judiciaire directe
de l'entreprise.

Liquidation des biens

Dans le régime juridique issu de la loi de 1967 (i.e. avant la refonte intervenue en
1985), la cessation des paiements déclenchait l'ouverture d'une procédure de
règlement judiciaire ou de liquidation des biens. La loi de 1985 a unifié la
procédure : suite à la cessation des paiements, l'entreprise passe par une période
d'observation à l'issue de laquelle elle est liquidée ou redressée (par continuation ou
par cession). La réforme de 1994 a réintroduit la possibilité de liquider directement
l'entreprise dès la cessation des paiements.

Liquidation

Cf. période d'observation.

Location gérance

Contrat de location par lequel le propriétaire d'un fonds de commerce confie


l'exploitation de celui-ci à un gérant qui l'exploite en son nom, pour son compte et à
ses risques et périls, en échange du versement d'une redevance. Pour une entreprise
en redressement judiciaire, la location gérance peut intervenir pendant la période
d'observation pour des entreprises importantes ou avant la cession.

Mandataire judiciaire à la liquidation des entreprises / Représentant des


créanciers

Mandataire de justice qui a pour mission de vérifier le montant du passif de


l'entreprise et, le cas échéant, de procéder à la liquidation de l'entreprise.

Nantissement

En matière civile, il s'agit d'une garantie de paiement portant sur un bien mobilier
(le gage) ou immobilier (l'antichrèse). En matière commerciale, le nantissement est
une forme spéciale de gage sans dépossession qui peut porter sur des créances
professionnelles, sur le fonds de commerce, ou sur l'outillage et le matériel
d'équipement.

156 Insee Méthodes n° 72-73


Paiement au marc le franc

Au sein d'une classe de créanciers de priorité égale, la répartition des fonds


disponibles entre les créanciers s'effectue au prorata des créances de chacun.

Période d'observation

Période suivant la cessation des paiements pendant laquelle les capacités de


l'entreprise sont analysées, ce qui permet de formuler des propositions quant à
l'issue de la procédure. 11 peut s'agir soit d'un redressement (par voie d'un plan de
continuation ou de cession) ou d'une liquidation.

Période suspecte

Cf. date de cessation des paiements.

Personne morale

Groupement de personnes distinct des individus qui se sont réunis pour lui donner
naissance et disposant d'une capacité juridique autonome (elle peut conclure des
contrats, agir en justice, avoir un patrimoine...).

Privilège

Droit que la loi reconnaît à un créancier , en raison de la qualité de sa créance, d'être


préféré aux autres créanciers, même hypothécaires, sur les biens de son débiteur.
Les privilèges peuvent porter sur les meubles ou les immeubles et être généraux (ils
portent sur l'ensemble des biens) ou spéciaux (ils ne portent que sur un bien
précisément désigné).

Prix de la course

S'il n'y avait pas de traitement collectif des créanciers, leur désintéressement en cas
de difficultés serait fonction de leur rapidité à poursuivre le débiteur pour obtenir la
saisie de ses biens : le premier créancier déclenchant les poursuites serait le premier
servi, et le paiement serait le « prix de la course ». Cf. common pool problem.

Procédure collective

Correspond à la procédure de redressement judiciaire. Ce terme est employé en


référence à une des caractéristiques fondamentales du droit de la défaillance, le
traitement collectif des créanciers (par opposition au régime de déconfiture).

Procédure d'ordre

Répartition du produit de la cession ou de la liquidation du débiteur entre les


créanciers dans le respect des ordres de priorité.

Analyse économique de la défaillance 157


Procédure de redressement judiciaire

Procédure qui est ouverte à l'encontre du débiteur en cessation des paiements, qui
peut déboucher soit sur le redressement (par continuation ou par cession) soit sur la
liquidation judiciaire.

Purge des hypothèques

Procédure par laquelle l'acquéreur d'un immeuble hypothéqué remet aux créanciers
hypothécaires le montant du prix d'acquisition, ce qui supprime les hypothèques
grevant l'immeuble.

Rang d'un créancier

Les créanciers ne sont pas tous égaux entre eux. Certains bénéficient de priorités
(privilèges, sûretés) qui améliorent leur situation dans l'hypothèse où le
remboursement de tous les créanciers ne serait pas possible : les créanciers sont
alors payés selon leur rang, ceux ayant le rang le plus élevé étant remboursés en
premier... Le plus souvent les créanciers sont répartis en classes de rang égal, le
paiement des créanciers au sein d'une classe, s'il ne peut être total, se faisant en
proportion des créances de chaque créancier.

Redressement

Cf. période d'observation.

Régime général / Régime simplifié

Selon sa taille, l'entreprise défaillante est soumise à une procédure relevant du


régime général (obligatoirement pour les plus grosses, sur option pour les autres) ou
du régime simplifié. Le régime général permet essentiellement à l'entreprise de
bénéficier d'une période d'observation plus longue. En cas de besoin, le passage du
régime simplifié au régime général est toujours possible pendant la procédure.

Règlement amiable

Procédure ayant pour but de permettre la résolution des difficultés des entreprises
par la conclusion d'un accord entre l'entreprise et ses créanciers.

Règlement judiciaire

Cf. liquidation des biens.

Superprivilège

Privilège particulier dont bénéficie une partie des créances salariales et qui permet
aux créanciers concernés de primer tous les autres créanciers.

158 Insee Méthodes n° 72-73


Sûreté

Garantie dont le créancier dispose contre le débiteur pour le recouvrement de sa


créance. Elle peut être personnelle et résulter de l'engagement d'un tiers (la caution)
qui garantit l'exécution de l'obligation. Elle peut être réelle et porter sur certains
biens que le débiteur affecte au paiement de sa dette (antichrèse, gage, hypothèque,
nantissement).

Suspension provisoire des poursuites

La suspension des poursuites s'applique automatiquement au bénéfice du


débiteur pendant la période d'observation. Le jugement d'ouverture suspend ou
interdit toute action en justice de la part des créanciers dont la créance a son origine
antérieurement et tendant à la condamnation du débiteur au paiement d'une somme
d'argent ou à la résolution d'un contrat pour défaut de paiement. Il arrête également
toute voie d'exécution de la part de ces créanciers tant sur les meubles que sur les
immeubles. Les actions ayant un autre fondement que le défaut de paiement d'une
somme d'argent restent possibles, ainsi que les actions contre des tiers.
Dans le cas du règlement amiable, la suspension provisoire des poursuites doit être
prononcée par le président du tribunal. Dans ce cas, elle suspend ou interdit toute
action en justice et toute voie d'exécution de la part des créanciers antérieurs
relatives au paiement d'une somme d'argent ou à la résolution d'un contrat pour
défaut de paiement. Sauf autorisation du président du tribunal, elle interdit aussi au
débiteur de payer toute créance née antérieurement (à l'exception des créances
résultant d'un contrat de travail), ainsi que de faire un acte de disposition étranger à
la gestion normale de l'entreprise, ou de consentir une hypothèque ou un
nantissement. L'entreprise bénéficie ainsi d'une protection similaire à celle du
redressement judiciaire.

Tribuna/de Commerce

Il est composé de juges élus parmi les commerçants qui statuent sur les litiges entre
commerçants, les contestations relatives aux actes de commerce et sur les
redressements et liquidations judiciaires.

Valeur de continuation

Valeur actualisée des flux de revenus d'une entreprise, si l'activité est poursuivie.
La détermination de cette valeur contient une part importante d'incertitude : il faut
prévoir les revenus de l'entreprise sur plusieurs années en fonction de la situation du
marché. Cette valeur peut être déterminée par le marché (dans le cas du rachat d'une
entreprise) ou par le tribunal (s'il estime que la valeur de continuation est supérieure
à la valeur de liquidation, l'entreprise sera redressée).

Analyse économique de la defaillance 159


Valeur de liquidation

Produit de la vente « par appartements » des actifs de l'entreprise, sans tenir compte
du supplément de valeur qu'il y aurait à les considérer comme éléments d'une unité
de production cohérente. La valeur de liquidation ne correspond donc pas à un prix
de cession.

Voies d'exécution

Procédures par lesquelles une personne peut obtenir, par la force, l'exécution des
actes et des jugements qui lui reconnaissent des prérogatives ou des droits.


160 Insee Méthodes n° 72-73
Bibliographie

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Analyse économique de la défaillance 169


Liste des tableamx,
graphiques et figures

C économique de la défi
LISTE DES TABLEAUX, GRAPHIQUES ET
FIGURES

Tableaux

Tableau 1 : Défaillances par secteur 20

Tableau 2 : Nombre de causes de défaillance identifiées par entreprise 40

Tableau 3 : Ventilation des causes de défaillance (en %) 41

Tableau 4 : Contenu des regroupements pour les continuations 50

Tableau 5 : Contenu des regroupements pour les cessions 53


Tableau 6 : Contenu des regroupements pour les liquidations 56

Tableau 7 : Mesures prises avant la cessation des paiements 62


Tableau 8 : statistiques élémentaires sur les variables économiques
selon l'issue 69
Tableau 9 : Etude du déroulement de la procédure (1991, Paris) 74
Tableau 10 : Rôle de l'administrateur judiciaire et avis sur le sort de
l'entreprise 75
Tableau 11 : ventilation des mesures de la période d'observation (en
%) 8I
Tableau 12 : ventilation des mesures et conditions prévues par les
plans de redressement (en %) 90

Tableau 13 : motifs, forces et faiblesses des offres de reprise, selon la


décision du tribunal : plans retenus ou rejetés 97

Tableau 14 : structure de bilan des entreprises défaillantes (Paris,


1991) vérifié au cours de la procédure collective (*) (ensemble
redressé) 107
Tableau 15 : taux de recouvrement moyens par issue et par type de
créance 109

Tableau 16 : montants au bilan des entreprises défaillantes en 1991


(données 1990 en KF sur l'ensemble des défaillances) 111

Tableau 17 : structure de l'échantillon 124

Tableau 18 : comparaison de la structure des défaillances Paris /



France entière 125

Graphiques

Graphique 1 : Évolution du nombre de défaillances depuis 1989 19

Analyse économique de la défaillance 173


Graphique 2 : Taux de défaillance par tranche de taille (effectif

salarié) 70

Graphique 3: Taux de défaillance par tranche d'âge (en années) 71

Figures

Figure 1 : Schéma simplifié du déroulement de la procédure de


redressement judiciaire dans le cadre de la législation de 1985 30
Figure 2 : Schéma simplifié du déroulement de la procédure de
redressement judiciaire après la réforme de 1994 31

Figure 3 : Classification des causes pour les continuations 50

Figure 4 : Classification des causes pour les cessions 53


Figure 5 : Classification des causes pour les liquidations 56
Figure 6 : Évolution des équilibres de bilan durant la procédure
collective 78


174 Insee Méthodes n° 72-73
Table des matières

Analyse économique de la défaillance 175


TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION 11

PREMIÈRE PARTIE : LE DOMAINE DE L'ÉTUDE 19

I. L'AMPLEUR DE LA DÉFAILLANCE 19
II. LES OBJECTIFS DU DROIT 21

Les étapes récentes du droit de la défaillance en France 21


III. LES ASPECTS JURIDIQUES DE LA DÉFAILLANCE 23

1. L'ENTREPRISE AVANT LA CESSATION DES PAIEMENTS 23

A. La prévention des difficultés des entreprises 23


B. La prévention de la défaillance face aux difficultés 24

2. TRAITEMENT JUDICIAIRE DES DIFFICULTES 24


A. L'ouverture de la procédure de redressement judiciaire 24
a) Choix de la procédure et durée de la période d'observation 25
b) La fixation de la date de la cessation des paiements 26
c) Mise en place des organes de la procédure 26
B. La période d'observation 26
a) L'observation de l'entreprise et la préparation du plan de
redressement 26
b) La gestion de l'entreprise 26
c) Les modalités particulières de la continuation d'activité 27
C. LA PHASE DEFINITIVE 27
a) Le redressement 28
La continuation de l'entreprise 28
La cession de l'entreprise 28
b) La liquidation de l'entreprise 29
c) Les sanctions à l'encontre du débiteur, des associés et des
dirigeants. 29

IV. LE CHAMP DE L'ÉTUDE 33


DEUXIÈME PARTIE : LES CAUSES DE LA DÉFAILLANCE 39

I. FACTEURS DE DÉCLIN PAR ISSUES 41

1. LA DÉFAILLANCE « ACCIDENTELLE » 42

Analyse économique de la défaillance 177


2. CARACTÈRE STRUCTUREL DE LA RÉDUCTION DES
DÉBOUCHÉS 43

3. LA CONTRAINTE DE FINANCEMENT 44

4. LE SYSTÈME D'INFORMATION INTERNE 45

5. LES COÛTS ET LA STRUCTURE DE PRODUCTION 46

6. DEMANDE SECTORIELLE ET PRESSIONS


CONCURRENTIELLES 47

II. LIENS DE PROXIMITÉ ENTRE LES FACTEURS DE DÉCLIN 49

1, CLASSIFICATION POUR LES CONTINUATIONS 50


2. CLASSIFICATION POUR LES CESSIONS 53
3. CLASSIFICATION POUR LES LIQUIDATIONS 56
III. L'ANALYSE DES CAUSES DE LA DÉFAILLANCE ET LE
DIAGNOSTIC FINANCIER DE L'ENTREPRISE 59
IV. COMPORTEMENTS PRÉCÉDANT LA CESSATION DES
PAIEMENTS 61

TROISIÈME PARTIE: L'OUVERTURE DE LA PROCÉDURE,


LA PÉRIODE D'OBSERVATION ET LA GESTION 1E
L'ENTREPRISE 69

1. LES CARACTÉRISTIQUES DES ENTREPRISES À


L'OUVERTURE DE LA PROCÉDURE 69
1. STRUCTURE PAR TAILLE 69
2. STRUCTURE PAR ÂGE 71
3. STRUCTURE PAR INSUFFISANCE D'ACTIF 72
II. LES ÉTAPES DU DÉROULEMENT DE LA PROCÉDURE
COLLECTIVE 73

III. LES MESURES DE LA PÉRIODE D'OBSERVATION 77

1. SPÉCIFICITÉS DE LA GESTION DE L'ENTREPRISE 77


a. Diagnostic d'urgence 77

b. Poursuite de l'exploitation et élaboration du bilan économique et


social 79

2. MESURES ENGAGÉES SELON L'ISSUE 79


a. Rationalisation de la structure de production par les licenciements 81

b. Recours aux anciens créanciers 82

c. Organisation interne et modifications de stratégie 83

d. Mesures « légales » 84

178 Insee Méthodes n° 72-73


QUATRIÈME PARTIE : L'ISSUE DE LA PROCÉDURE 89

I. MESURES DES PLANS DE REDRESSEMENT 89


1. PLANS DE CONTINUATION 90
2. PLANS DE CESSION 92
II. « CRITÈRES DE CHOIX» DES TRIBUNAUX SUR LES
PROPOSITIONS DE REPRISES 95
CINQUIÈME PARTIE : IMPACT FINANCIER DE LA
DÉFAILLANCE 101

I. COMPLÉMENTS JURIDIQUES SUR LES TAUX DE


RECOUVREMENT 101
1. LA CONNAISSANCE DU PASSIF 101
2. LA « FIXATION » DU PASSIF 102
3. TRAITEMENT PARTICULIER DE CERTAINS
CRÉANCIERS 102
A. Article 40 102
B. La situation des salariés et des salaires pendant la période
d'observation 103
C. Créanciers titulaires d'un droit de rétention 103

4. LE DÉSINTÉRESSEMENT DES CRÉANCIERS EN


FONCTION DE L'ISSUE 104
A. Traitement de l'article 40 104
B. La continuation 104
C. La cession 105
La transmission des sûretés en cas de cession 105
D. La liquidation 106

II. STRUCTURE DE BILAN DES ENTREPRISES EN


REDRESSEMENT JUDICIAIRE 107
III. ESTIMATION DES TAUX DE RECOUVREMENT 109
CONCLUSION 115

ANNEXES 119

I. POSITIONNEMENT DE L'ENQUÊTE DE L'INSEE PAR


RAPPORT AUX AUTRES TRAVAUX 119
LES CAUSES DE LA DÉFAILLANCE À TRAVERS
L'ANALYSE DE SES DÉTERMINANTS MACRO-
ÉCONOMIQUES 120

Analyse économique de la défaillance 179


A) L'incidence de la loi 120
B) L'effet des créations d'entreprises 121
C) Liaison avec les performances des entreprises 121

II. PRÉSENTATION DE L'ÉCHANTILLON 123

Comparaison entre la structure des défaillances France entière et celle


de Paris 123

III. LES SOURCES D'INFORMATION UTILISÉES 127

IV. LES GRILLES D'ANALYSE 129


Caractéristiques générales 129
Données financières 129
Causes de la défaillance et mesures de gestion 130
Déroulement de la procédure judiciaire 130
Issue de la procédure (continuation, cession ou liquidation) 131
Le traitement des dossiers multiples 132
V. CODIFICATIONS DES CAUSES DE DÉFAILLANCE 139

VI. MESURES PRISES POUR REDRESSER L'ENTREPRISE,


CONDITIONS DES PLANS DE CONTINUATION OU DE
CESSION 141

VII. DESCRIPTION DES GRILLES (DONNÉES FINANCIÈRES ET


CAUSES ET MESURES DE GESTION) 143

DONNÉES FINANCIÈRES 143


Opérations d'escompte 143
Crédit bail 144
Créances art.40 144
Compensations 144
Dettes cautionnées 144

CAUSES DE LA DÉFAILLANCE ET MESURES POUR


PRÉVENIR LA DÉFAILLANCE OU POUR REDRESSER
L'ENTREPRISE 145
Codes « causes » 145
Codes « mesures et conditions » 147
GLOSSAIRE 151

BIBLIOGRAPHIE 163

LISTE DES TABLEAUX, GRAPHIQUES ET FIGURES 173


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INSEE MÉTHODES
N° 72 - 73

LA DÉFAILLANCE
D'ENTREPRISE
Causes économiques,
traitement judiciaire
et impact financier

Régis BLAZY, Jérôme COMBIER


Tous les mois, plus de 4 000 entreprises font l'objet d'une pro-
cédure de redressement judiciaire en France. En 1996, 240 000
salariés ont ainsi été touchés par la défaillance de leur entre-
prise. Devant l'ampleur de ce phénomène économique, la loi a
INSEE évolué pour passer de la sanction du débiteur (au XVe siècle le
commerçant en faillite était puni par la rupture de son banc à
VntIONAI
DE LA STATYSTIQUE l'assemblée des marchands — banca roda en italien d'où le terme
El Le TUFXS de banqueroute) à la sauvegarde de l'entreprise. L'article pre-
ÉcoNonmeurs mier de la loi du 25 janvier 1985 stipule en effet que la procédure
judiciaire « doit permettre la sauvegarde de l'entreprise, le main-
tien de l'activité et de l'emploi et l'apurement du passif ».

Cet ouvrage propose une analyse économique de la défaillance


d'entreprise, sur la base d'une enquête spécifique réalisée à par-
tir des informations contenues dans les dossiers des procédures
de redressement judiciaire. L'exploitation de cette source, uni-
que du fait de sa richesse, a permis de mettre en relation les
causes des difficultés, leur traitement judiciaire et l'issue de la
procédure, avec l'impact financier sur les partenaires de l'entre-
prise. Pour la première fois, la liaison des différents « moments »
de la procédure autorise, dans le cadre de la loi de 1985, une
appréciation de l'adéquation des traitements à la situation des
entreprises, et des conséquences financières de ces traitements.

Destiné aux professionnels, chefs d'entreprise, banquiers, juris-


tes ou experts comptables, cet lnsee Méthodes sera aussi un
précieux outil pour les enseignants et les étudiants en économie
et en gestion. Les uns y puiseront les éléments complémentaires
à leur pratique quotidienne, les autres trouveront une méthodo-
logie et des résultats inédits. Enfin, pour tous ceux qui ne sont
pas familiers du vocabulaire de la défaillance, un glossaire des
termes techniques vient compléter l'ouvrage.

ISSN 1142 - 3080


ISBN 2-11.066665-X
IMET072
Décembre 1997 - Prix : 149 F 9 782110 666659

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