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HENRI PALLARD
PROFESSEUR À L'UNIVERSITÉ LAURENTIENNE (CANADA) *
5. Ibid., p. 66.
6. Ibid., p. 70.
7. Voir « Universalité des droits fondamentaux et diversité culturelle » ; ce texte paraît dans
ce volume. Voir également, « Les Droits fondamentaux entre uniformité et diversité des
cultures », texte inédit préparé pour Personne, culture et droits.
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B. — Le refus de l'universalité
10. « Pensées musulmanes et théorie des droits de l'homme » ; ce texte paraît dans ce
volume. Voir également, « Philosophie du droit et théorie générale du droit », Revue tunisienne
de droit, 1990, pp. 227-249 ; « Le concept de droits de l'homme : naissance et évolution », Revue
tunisienne de droit, 1992, pp. 37-61 ; Éléments d'histoire de la philosophie du droit, Le discours
fondateur du droit, t. 1 : La nature, la Révélarion et le droit, Cérès Productions, Tunis, 1993.
11. Voir les ouvrages suivants de Y. BEN ACHOUR : Politique, religion et droit dans le monde
arabe, Cérès Production, Tunis, 1992 ; Normes, foi et loi en particulier dans l'Islam, Cérès Édi-
tions, Tunis, 1993 ; « Nature, raison et révélation dans la philosophie du droit des auteurs sun-
nites », qui paraît dans ce volume.
12. Ibid., pp. 93-94.
13. Ibid., p. 94.
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14. Voir les ouvrages suivants par Y. BEN ACHOITR : Politique, religion et droit dans le monde
arabe, Cérès Production, Tunis, 1992 ; Normes, foi et loi en particulier dans l'Islam, Cérès Édi-
tions, Tunis, 1993 ; « Nature, raison et révélation dans la philosophie du droit des auteurs sun-
nites », conférence présentée à la Faculté des Sciences Juridiques, Tunis, le 5 décembre 1995.
15. H. PALLARD, « Culture et diversité culturelle : Essai préliminaire à une étude sur l'uni-
versalité des droits fondamentaux », dans Droits fondamentaux et spécificités culturelles, pp. 21-
39.
16. H. PALLARD, « Altérité, individualité et droits », conférence présentée à la Faculté des
Sciences Juridiques, Tunis, le 5 décembre 1995.
17. « Personne, culture et droits en Afrique noire », dans Droits fondamentaux et spécificités
culturelles, pp. 95-117.
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20. « La Diversité culturelle et la rationalité des droits de l'homme », dans Droits fondamen-
taux et spécificités culturelles, pp. 141-148. Voir aussi, «Entre le dogmatisme et l'historicisme.
Sur la justification rationnelle des droits fondamentaux » ; ce texte paraît dans ce volume. À
la lumière de ce texte, je dois reconnaître que, selon T. GIL, les droits n'ont pas un fondement
absolu. Ils n'ont qu'une nécessité relative qui dépend d'autres éléments, d'autres idées, les-
quelles présupposent les droits fondamentaux.
21. Ibid., p. 142.
22. Ibid., p. 146.
23. Ibid., p. 147.
24. Ibid., p. 141.
25. Ibid., p. 147.
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projection de nos idées subjectives sur le monde objectif, que cette nécessité
n'est pas tout simplement une contingence rationnelle ?
Paulo Ferreira da Cunha 26 part du constat que le droit est une invention
occidentale. Il reconnaît que le problème de la validité juridique et morale
relève de la foi et non du droit. Selon lui, l'histoire démontre que la protec-
tion des droits peut prendre des formes différentes en fonction du milieu
culturel où ils apparaissent. Ayant reconnu la contingence historique des
droits fondamentaux, il leur donne par la suite une dimension nécessaire. Il
les qualifie de « droits naturels » 27. Il continue : « Les grands principes, les
fondements, ils sont fondamentalement universels et atemporels, en termes
absolus ; ils ne sont muables que d'une façon acquisitive et, pour cause, irré-
versible : on découvre historiquement le droit naturel, et une fois découvert,
la reformatio in peius est interdite » 28. Donc les droits fondamentaux s'ap-
pliquent à tous les humains, mais leur application pourra varier selon les
aléas de temps, de lieu et de circonstance.
De nouveau, nous retrouvons un effort de réconcilier la contingence de la
diversité culturelle et la nécessité universelle des droits fondamentaux. Selon
P. Ferreira da Cunha, une fois découverts, on ne peut pas revenir sur les
droits fondamentaux. Or l'impossibilité d'un retour en arrière présuppose
l'existence d'une vérité éternelle et immuable que nous pouvons atteindre.
Quelle assurance avons-nous que les « droits naturels » que nous avons
découverts ne sont pas une expression de notre façon culturelle d'entrevoir
le monde ? Comment savons-nous que la « loi naturelle, inscrite au cœur de
tous les hommes » 29, n'est pas le produit de nos préjugés ? Rappelons-nous
de la rationalisation de l'esclavage par Aristote et de la déshumanisation de
l'Afrique noire par Hegel, et cela au nom d'une vérité naturelle ou absolue.
Ériger une vérité en vérité absolue rend impossible, sinon la possibilité de
la questionner, au moins la possibilité de la rejeter. Or si l'on nous permet
de mettre en doute une vérité mais non de la rejeter, c'est à vrai dire que
même le doute est interdit. Le résultat n'est jamais en doute, le doute est
sans conséquence. Puisque le résultat est connu d'avance - comme le
dénouement d'un opéra dont on a lu le libretto - on joue seulement à dou-
ter — comme l'on joue un rôle sur la scène. C'est pourquoi nous devons récu-
ser ces principes universels, atemporels et irréversibles.
26. « Universalité des droits fondamentaux et pluralisme culturel : Une compatibilité pour
toujours rhétorique ? », dans Droits fondamentaux et spécificités culturelles, pp. 149-167.
27. Ibid., p. 165.
28. Ibid., p. 165.
29. Ibid., p. 166.
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30. « Droits de l'homme et droit humanitaire. Mythe et réalité », dans Droits fondamentaux
et spécificités culturelles, pp. 41-62.
31. « Du Droit aux droits. Le politès, l'individu, le prosôpon », dans Mélanges G.G. Vlachos,
Bruylant, Bruxelles, pp. 729-745. « Les droits de l'homme entre le mythos et le logos » ; ce texte
paraît dans ce volume.
32. « Droits de l'homme et droit humanitaire. Mythe et réalité », dans Droits fondamentaux
et spécificités culturelles, p. 35.
33. Ibid., p. 53.
34. Ibid., p. 54.
35. « Les droits de l'homme entre le mythos et le logos », op. cit.
PERSONNE, CULTURE ET DROITS 131
elle posséder un objet en particulier ? Étant donné que cette théorie se situe
à un très haut niveau d'abstraction, comment est-elle en mesure de guider
nos choix concrets ? Lorsque S. Tzitzis nous dit que la dignité humaine est
l'espace ontologique où sont formés les valeurs humaines 36, nous pouvons
nous demander lesquelles — celles retrouvées dans le monde de l'individualité
d'Adam Smith, celles retrouvées dans la vision sociale de Karl Marx, ou
d'autres encore ?
D'autre part, selon cet auteur, « L'existence prosopologique désigne la
réalité humaine qui calcule les pensées et les actions dans l'éphémère de ce
que nous devenons à chaque instant par rapport aux autres à partir des
principes fondateurs de notre être » 37. Or cet être, le prosôpon, n'est que ce
que le sujet individuel retrouvé. En vertu de quoi peut-on qualifier ces prin-
cipes de « fondateurs » ì II nous semble que S. Tzitzis a déplacé au niveau
ontologique le jugement de valeur qui est à l'origine des théories des droits
de l'homme et qu'il leur reproche.
Malgré ces réserves, nous devons reconnaître dans cette approche un
effort soutenu qui cherche à articuler ce qu'il y a dans la personne qui
mérite d'être respecté. Or c'est ce retour sur la personne qui caractérise tous
les travaux entrepris par les chercheurs de Personne, culture et droits. Là où
ces chercheurs se divisent, c'est sur la nature de notre connaissance de la
personne. Pour certains, nous pouvons en avoir une connaissance apodicti-
que et ainsi fonder la nécessité et l'universalité des droits fondamentaux ;
pour d'autres, il est impossible de définir l'essence de la nature humaine.
IL - L'IMPOSSIBLE UNIVERSALITÉ
36. Ibid.
37. Ibid.
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sième générations, ainsi que l'appel aux droits de la personne entendu dans
les autres pays du monde. Le mode de développement que ces droits doivent
emprunter ne peut être objectivement déterminé. Mais afin que la nature
humaine puisse pleinement se réaliser, le chemin emprunté doit permettre
à la conversation d'avoir lieu sur tous les registres, ce que la théologie ou
la métaphysique ne peuvent reconnaître. Pour elles, la conversation doit
emprunter certains sentiers prédéterminés ; sinon, elle n'est pas une véri-
table conversation.
Dans cette conversation, nous ne pouvons jamais avoir la certitude abso-
lue que nous avons saisi le sens complet et seulement le sens complet des
paroles de notre interlocuteur. De même, nous ne possédons jamais pleine-
ment le sens de nos propres paroles ; elles en disent toujours moins que nous
ne le voulions. Cela n'est qu'une conséquence de la distinction « privé/
public ». Et malgré cette impossibilité de saisir pleinement la subjectivité
d'autrui, nous comprenons la conversation dans laquelle nous nous enga-
geons. Il y a un échange de signification que nous saisissons, parfois de
façon erronée ; mais la possibilité d'améliorer notre connaissance de la signi-
fication de la conversation est toujours présente. La dégradation est égale-
ment toujours possible. C'est pourquoi l'acquisition des droits fondamen-
taux ne peut jamais être irréversible.
La contingence de l'existence humaine ne nous empêche pas de reculer
devant l'horreur d'Hitler ou de Pol Pot précisément parce qu'ils incarnent
le refus de la reconnaissance de l'autre qui est toujours comprise dans la
conversation elle-même. C'est une des leçons que nous pouvons tirer de la
dialectique du maître et de l'esclave. Toute limite à la conversation est la
négation de la conversation elle-même. Mais cette négation ne peut jamais
être absolument démontrée ; elle ne pourrait l'être que par recours à une
vérité éternelle, un accès privilégié à la métaphysique, et rien ne nous sépare
à ce moment-là du croyant théologico-législatif. C'est imposer notre point de
vue sur les autres en raison de notre prétendu accès à la vérité. Et au nom
de cet accès privilégié, tout est permis.
Et c'est précisément pour prévenir cette horreur que la vérité doit demeu-
rer contingente. Cette horreur a ses origines dans la négation complète de
la contingence de la connaissance humaine. Si la vérité demeure contin-
gente, aucune justification de cette horreur n'est possible, car on ne peut
pas alors justifier le fait que son point de vue doit prévaloir sur l'autre.
Lorsque la vérité devient absolue, l'horreur devient possible. On accède au
savoir absolu par un acte de foi qui procède de la volonté. Il n'est pas de
l'ordre du rationnel, mais plutôt de l'ordre du vouloir. La raison ne peut
conduire qu'à une connaissance partielle et relative. A l'acte de foi, nous ne
pouvons qu'opposer l'acte d'humilité de la raison.
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38. C'est seulement à la lumière de cette conversation que le débat autour de la liberté d'ex-
pression, par exemple, peut avoir un sens. La liberté d'expression est-elle un droit fondamental
ou seulement une exigence pour le fonctionnement efficace des marchés dans une économie
capitaliste ? Ce débat fait partie de la conversation.
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39. Si nous pouvons garantir la nécessité universelle des droits fondamentaux, il s'ensuit que
nous pouvons avoir une connaissance absolue de leur étendue. Or tel n'est pas le cas.
40. « La Diversité culturelle et la rationalité des droits de l'homme », dans Droits fondamen-
taux et spécificités culturelles, p. 147.