INTRODUCTION

GENERALE
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Le présent travail est le point de rencontre de deux motivations. La première est celle
d’un intérêt personnel aux méthodes de calcul par éléments finis, que j’avais déjà pu mettre en
pratique lors de stages de fins d’études, notamment sur le code CASTEM2000 développé par
le CEA [21]. La seconde résulte de mon désir de mettre mes compétences au service d’une
problématique de large champ d’applications, industrielles et sociétales, et le laboratoire
GEMPPM de l’INSA de Lyon m’en a offert l’opportunité. Une jeune équipe de
« Modélisations Mécaniques Multi - échelles pour Matériaux » (M4) s’y mettait en place sous
la responsabilité de Patrick Franciosi. Il accepta d’être mon directeur de thèse en me
suggérant de mettre mon intérêt pour les calculs par éléments finis au service de l’étude de
l’endommagement dans les structures hétérogènes de type matrice renforcée ou matrice
poreuse, qui peuvent être tout aussi bien des matrices métalliques, céramiques, plâtre ou
encore polymères. Autant de matériaux sur lesquels le GEMPPM menait des investigations
microstructurales jusqu’aux échelles nanométriques, et des explorations tridimensionnelles
(micrométriques) de structures complexes, par tomographie X à haute résolution.

La problématique envisagée fut donc de développer des outils numériques permettant la

réalisation automatisée, à destination de codes E.F. et d’abord de CASTEM, de Volumes
Elémentaires Représentatifs (VER) de différentes structures que l’on qualifiera de
« type matrice/inclusion » selon une terminologie maintenant bien implantée, en ménageant
plusieurs possibilités d’utilisation selon la liste minimale ci-après :

- 1°) pouvoir s’adapter à un large éventail de morphologies de matériaux divers,

- 2°) autoriser des comparaisons avec des approches analytiques sur les mêmes
structures mais considérées aléatoires (les méthodes dites d’homogénéisation),
- 3°) pouvoir y introduire divers types d’endommagement, pour évaluer l’effet sur les
propriétés effectives,
- 4°) permettre l’étude de l’anisotropie des comportements et les modifications de cette
anisotropie en fonction de celle de l’endommagement,
- 5°) permettre l’estimation de propriétés mécaniques par ailleurs accessibles à des
mesures suffisamment précises, des comportements linéaires (élasticité) vers les
comportements non linéaires (élasto - plasticité principalement),
- 6°) produire quelques résultats d’application.

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De ce « cahier des charges », l’ensemble des points aura pu être en partie abordé,
l’exhaustivité étant un inaccessible objectif dans un si large champ de possibilités.

1°) L’éventail de microstructures envisagé a priori assemble les matrices renforcées de

particules ou de fibres, ou affaiblies par des porosités, les « inclusions » pouvant elles-mêmes
être soit enrobées, soit être des structures multi - couches (non nécessairement homothétiques
ni concentriques), ou creuses. A chaque structure saine considérée, diverses structures
homologues endommagées ont été considérées : des particules rompues, des particules
partiellement et diversement décollées, une matrice fissurée.

2°) Les méthodes d’homogénéisation ont fait l’objet d’intenses travaux ces dernières
années avec de remarquables avancées (par exemple la modélisation de Ponte Castaneda et
Willis 1995 [116] qui pour l’essentiel sera ici celle utilisée, comme généralisation de Mori-
Tanaka 1973 [103], et par extension les formulations Affine - Masson et al 2000 [96] – pour
les comportements non linéaires, mais aussi les approches intégrant les second moments des
champs , etc …). Elles ont paradoxalement la particularité de faire encore très largement
usage de la résolution par Eshelby [52], datant de 1957, du problème de l’inclusion
ellipsoïdale, sans substantielle avancée depuis. Cette géométrie particulière conduit à des
simplifications mathématiques qui facilitent grandement la résolution de maints problèmes où
interviennent des populations, distributions, ou assemblages d’inclusions, vides ou particules.
La symétrie ellipsoïdale est également une source de simplification lorsqu’elle est utilisée
pour décrire une anisotropie de distribution spatiale de phases ou de positions d’inclusions. Il
a en conséquence été d’emblée envisagé dans ce travail de réaliser des maillages de formes
inclusionaires ellipsoïdales, à enrobage(s) également ellipsoïdaux et sans a priori de
corrélation de formes ni de positions entre couches successives. Les applications réalisées
resteront toutefois limitées à des cas simples, en deçà des potentialités. Quelques
comparaisons avec des estimations issues de techniques de transformées de Fourier rapides
(H. Moulinec, LMA Marseille) et des mesures expérimentales seront également présentées.

- 3°) En revanche dans ces méthodes, l’endommagement n’est pas aisément intégrable,
en tout cas pas dans toutes ses manifestations qui sont de nature très variées. Si on sait assez
bien prendre en compte une fraction volumique de vides par exemple, soit par la théorie
spécifique aux matrices poreuses (dans la lignée de Gurson 1977 [63]), soit en traitant la
porosité comme une phase constitutive parmi les autres qui se comporterait comme un milieu

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de rigidité infiniment petite, il est bien plus compliqué d’intégrer dans ces approches
d’homogénéisation la présence de surfaces libres au sein du matériau, soit qu’il s’agisse de
fissures au sein d’une phase, ou de discontinuités d’interfaces entre deux phases. La présence
de ces fissures ou de ces discontinuités matérielles engendre sous sollicitation des
discontinuités du déplacement qui fondent la différence principale entre les lois constitutives
d’un matériau non endommagé - continu en tout point – et un matériau porteur de dommage,
qu’il soit d’origine ou qu’il apparaisse en charge.
Les situations d’endommagement des matériaux multi - phasés du type
matrice/inclusion sont fondamentalement regroupables en trois catégories : d’une part le
dommage d’interphase, d’autre part le dommage intra - phase, qui se subdivise en dommage
intra - inclusionnaire et dommage intra - matriciel. Dans les deux premier types de dommage,
le VER peut se réduire à une inclusion, sauf si la concentration est trop forte pour négliger les
interactions de proches voisines. Dans le cas du dommage matriciel, si les inclusions y ont
une contribution avérée, le VER doit être un échantillon multi - inclusionnaire. Cette
distinction implique d’emblée que deux types de maillages au minimum sont à dissocier,
selon qu’une seule inclusion ou plusieurs doivent être considérées. Les deux seront abordés
ici, chacun conduisant à envisager des « astuces » simplificatrices spécifiques. Une autre
distinction de ces deux types de description du dommage est que dans le premier type, celui-ci
peut être « pré – localisé ». La fissure, et plus encore la décohésion, sont associables à des
surfaces connues a priori dans le VER, le chemin de l’endommagement matriciel étant lui a
priori inconnu. Ajoutons enfin que le dommage lui-même, au sens de l’apparition d’une
surface libre dans le matériau, peut se décrire de diverses manières, entre instantané et
graduel, le second cas nécessitant l’usage d’éléments finis de surface, appelés selon le cas
éléments joints ou zones cohésives, auxquels on peut affecter une loi contrainte - ouverture
appropriée, s’il en est. Il sera ici fait usage d’éléments joints dans le cas des maillages relatifs
aux situations d’endommagement matriciel. Soulignons que pour ce cas, les maillages ici
proposés ne réfèrent pas à des formes ellipsoïdales, mais plus simplement à des cubes, avec
l’originalité de pouvoir être appliqués à l’échelle des voxels d’une image microstructurale 3D
pouvant émaner directement d’une analyse micro - tomographique.

- 4,5°) les propriétés mécaniques globales les plus aisément accessibles à la mesure et
donc les plus à même de procurer des comparaisons avec des estimations numériques étant les
propriétés élastiques, la plupart des situations envisagées dans ce travail concernent des
matériaux élastiques linéaires. On a néanmoins préservé la possibilité de considérer

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l’anisotropie la plus générale possible, même si de facto les exemples donnés et les
applications réalisées sont au maximum à symétrie orthotrope. Pour ce qui est de l’étude des
comportements non linéaires, l’élasto - plasticité, un temps envisagée, n’a pas été considérée
de manière significative, principalement pour une raison de coût en temps de calcul et de
dimension de maillages devenant vite prohibitifs s’agissant de structures 3D. Quelques
exemples de faisabilité seront toutefois évoqués. On peut néanmoins souligner qu’à l’heure
actuelle les méthodes d’homogénéisation appliquées aux matériaux à comportement non
linéaire font référence pas à pas, de manière formellement fondée, à des matériaux linéaires
de comparaison pour chacune des phases en présence. Dans la mesure où l’on peut attribuer
pas à pas à chaque phase, une déformation libre de contrainte, d’effet analogue à une
déformation thermique par exemple, les résultats obtenus pour un comportement linéaire peut
donc servir à estimer un « instant » (c’est à dire un état de sollicitation) comparable d’un
comportement non linéaire. D’autre part, le fait de prendre en compte un endommagement
évolutif dans un milieu élastique est aussi une situation de comportement non linéaire. C’est
plutôt ce type de non linéarité de comportement que ce travail a abordé.
L’étude élastique d’un état d’endommagement en comportement élasto-plastique peut
aussi être considérée comme correspondant à une recharge élastique, après déformation
plastique, décharge, et recuit du matériau, ce dernier pour justifier de l’absence de contraintes
internes liées à la plasticité, dans le calcul élastique. Cette remarque nous permettra d’évaluer,
en comportement élastique donc, l’effet d’ouverture de dommage dans les inclusions ou à leur
périphérie.
Il convient enfin de préciser sur ce point concernant les comportements pris en compte
ici, que les évolutions de l’endommagement qui sont étudiées ne relèvent pas du suivi d’une
loi d’endommagement stricto sensu. On s’est borné à évaluer les propriétés élastiques
effectives correspondant à plusieurs états d’endommagement qui, juxtaposés, décrivent une
pseudo - évolution. Parfois, une loi d’endommagement peut être extraite, directement ou
indirectement, d’une mesure expérimentale ou d’un calcul séparé. Les propriétés élastiques
des matériaux sur lesquels des applications seront ici produites sont mesurées soit par essais
mécaniques, elles sont alors très partielles, soit par mesures ultra - sonores, plus complètes,
plus précises, et permettant une évaluation de l’anisotropie et de ses variations avec
l’endommagement introduit. La plupart de ces mesures ont été faites dans le cadre de travaux
distincts de celui-ci, menés au GEMPPM.

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 Introduction Générale

-6°) ce travail ne pouvant se limiter à la réalisation d’outils numériques de réalisation de

maillages, fussent - ils complexes, plusieurs applications sont présentées.

De manière globale enfin, le présent travail nous a amené à évaluer le concept

d’inclusion homogène équivalente à une inclusion endommagée, concept que l’on trouve
implicitement , voire explicitement dans une littérature récente et croissante.
Le chapitre I présente d’abord divers rappels bibliographiques : tout d’abord quelques
généralités relatives à l’endommagement et à ses modélisations (I.1), puis un résumé des
méthodes d’homogénéisation du comportement élastique linéaire et thermo - élastique (affine
donc) effectif de structures de type matrice - inclusion (I.2), avec la mention de quelques
aspects particuliers (problèmes inverses, structures laminées, discontinuités d’interfaces).
Quelques modèles analytiques de l’endommagement dans ce contexte de changement
d’échelles sont aussi présentés. L’impossibilité d’implémenter des modèles de ce type dans le
temps imparti du travail mené conduit à ce que ces rappels supportent peu d’ultérieures
confrontations aux calculs E.F. menés ici. Ils suggéreront des prolongements au présent
travail. La partie I.4 en explicite la motivation.

Le chapitre II décrit l’ensemble des types de maillages qui ont été réalisés dans ce
travail, et les codes qui ont été développés pour les concevoir. Sont aussi présentés, plus
largement, les types de maillages réalisables par les codes en question. En première partie
sont présentées les structures non endommagées pouvant être construites, et en seconde
partie sont présentées les différentes structures endommagées envisagées.
La réalisation de ces logiciels de maillage représente une part importante de ce travail.
Son côté technique et quelque peu rébarbatif fut néanmoins un point de passage obligé, au
même titre que peut l’être la mise au point d’une expérimentation nouvelle, avant son
exploitation.

Les applications qui ont pu être réalisées par la mise en œuvre de ces codes pour divers
matériaux sont rassemblées au chapitre III. Comme dans le chapitre II, une première
partie de ce chapitre présente des applications relatives à des structures saines, et présente
quelques comparaisons, entre modèles, entre modèles et mesures expérimentales, s’agissant
de modules d’élasticité essentiellement. Cette première partie sert de validation des calculs
qui ont été menés dans la suite pour les situations endommagées, et permet de quantifier les
écarts entre les diverses estimations qui proviennent des précisions respectives des différents

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 Introduction Générale

outils ou techniques d’estimation numériques, analytiques ou expérimentales. La seconde

partie du chapitre III présente les calculs menés relatifs à des structures endommagées, là
encore avec la mise en confrontation d’estimations et de mesures. Certaines des applications
réalisées associent part de modélisation analytique et part numérique. Au-delà des calculs
produits, il est aussi montré que la mise en application sur des microstructures observées
dépend de la description retenue de cette microstructure, qui peut avoir quelques facteurs de
variabilité, comme l’arrangement spatial des phases, la présence d’interphases, la nature et
l’importance précises de l’endommagement constaté. La comparaison de la mesure à des
estimations résultant de diverses descriptions « admissibles » de la structure peut procurer en
retour des précisions sur l’état de dommage effectivement atteint par le matériau.
Une brève conclusion dressant quelques perspectives fait l’objet d’une conclusion
générale, qui précède les références et quelques annexes.

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 Introduction Générale

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