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Dossier ❘ PAYS-BAS

PAYS-BAS
La diversification en marche
Après une année difficile en poissons plats, les Pays-Bas s’assurent des volumes avec de nouvelles
espèces. Si la plie reste le cœur de métier des entreprises néerlandaises, le cabillaud, l’encornet
ou encore le grondin prennent de plus en plus de place dans l’industrie locale.

Enquête : Guillaume JORIS

Valoriser Se renforcer sur Incertitudes : Brexit


d’autres espèces le marché français et pêche électrique

À la criée d’Urk, on enregistre une


baisse de 28 % des volumes de
plie vendus en 2018. La pre-
mière halle à marée néerlan-
daise reflète la tendance nationale  : les
pêcheurs n’ont pas réussi à trouver le pois-
tés sont bien plus faibles que pour la plie.
Cette dernière a subi une envolée des prix
de 35 % en un an, soit 2,56 euros/kg en
moyenne.
Face à l’irrégularité des apports, les
entreprises ont été obligées de s’adap-
359,7
débarquée dans
M€
La valeur de la pêche

l’ensemble des criées


néerlandaises en 2018.
quelques années, ces espèces étaient
considérées comme des prises acces-
soires et très peu valorisées. Aujourd’hui,
elles sont prisées par les acheteurs et leur
prix augmente », explique le directeur de
la criée. Une diversification qui permet à

21 000 
son plat et ce, malgré les avis positifs des ter. « Certains pêcheurs ont préféré cibler la halle à marée d’augmenter son chiffre
scientifiques. «  Environ 55  % des quo- d’autres espèces que la plie, car même si t d’affaires malgré de fortes pertes sur la
tas de plie ont été capturés cette année, les prix sont intéressants, le poisson est Le volume de plie plie et la langoustine, d’1,2 million d’eu-
précise Teun Visser, directeur de la criée dur à trouver et la crainte de rentrer au débarqué à Urk, soit ros sur chaque espèce.
d’Urk. Personne ne comprend pourquoi port bredouille a conduit les navires à se 8 000 tonnes de moins Pour combler le manque d’apport, cer-
le poisson n’est pas là.  » Près de 80  % tourner vers l’encornet par exemple  », qu’en 2017. taines entreprises, comme NorthSeafood,
de la plie débarquée aux Pays-Bas arrive à poursuit Teun Visser. Les volumes d’encor- importent de la plie d’Alaska (Pleuronectes
Urk. La criée encaisse aussi une chute des net ont plus que doublé en 2018 et son quadrituberculatus), certifiée MSC, à desti-
débarques de limande. La sole et le tur- chiffre d’affaires a triplé. Celui du grondin nation du marché italien « Elle a quasiment
bot, eux, se maintiennent mais les quanti- rouge a doublé également. « Il y a encore le même goût, assure Pieter Post, le direc-


Teun Visser, directeur de la criée d’Urk

Pêche : à quoi s’attendre en 2019 ?

L es pêcheurs déclarent voir de nombreux juvéniles de poissons plats depuis quelque temps.
L’année risque d’être encore difficile pour la plie mais nous espérons une embellie fin 2019,
début 2020. Nous prévoyons également une augmentation des volumes d’encornet, de mulet
et de grondin. Ces espèces adeptes des eaux plus chaudes se pêchent de plus en plus en
Manche et mer du Nord. Au contraire de la lotte ou du cabillaud qui continuent de remon-
ter, obligeant les pêcheurs à aller plus loin en mer. Les prix de l’encornet sont hauts, envi-
ron 11 euros/kg en ce moment. Nul doute que cela va encourager les pêcheurs à cibler
cette espèce dans la Manche en 2019. »

❘  34 ❘ PRODUITS DE LA MER N°191 AVRIL 2019


Dossier ❘ PAYS-BAS

Certaines entreprises importent du bar et de la dorade de Turquie et les congèlent aux Pays-Bas. À droite, un employé découpe du cabillaud surgelé.

teur des ventes. Elle est filetée en Chine et atelier de production dédié au cabillaud. Les Pays-Bas sont et surtout peu variée au niveau des espèces.

5
nous la transformons ici. C’est une bonne Pour l’instant, le produit est disponible sur e Les Néerlandais achètent surtout du cabil-
alternative pour des années comme 2018, les marchés allemands, scandinaves et ita- les  plus gros laud, du thon ou du saumon. Pour augmen-
quand la matière première manque.  » liens mais il devrait arriver prochainement pêcheurs de l’Union ter sa force de frappe, Seafood Connection
Pourtant, NorthSeafood fonctionne avec un dans les GMS françaises. « Dès 2017, nous européenne a repris l’usine d’Anova Seafood pour déve-
système d’intégration verticale. La société
dispose de sa propre flotte de sept chalutiers
avons senti que les prix des poissons plats
augmentaient, donc nous avons décidé et le6 e
pays en
termes de production
lopper de la perche du Nil, du thon alba-
core ou encore du cabillaud surgelé en mer.
«  Nous voulons atteindre 2  000  tonnes
et 10  % des quotas nationaux de plie lui de construire une usine pour les poissons
sont alloués. « Cela nous permet de sécuri- ronds, détaille Françoise Chartier, res- aquacole. de perche du Nil en 2019, prévoit Johan
ser un certain apport et d’assurer une meil- ponsable des ventes en France. C’était Brouwer. La reprise d’Anova Seafood nous
leure traçabilité, poursuit Pieter Post. Nos
navires pêchent principalement de la plie
un bon choix au vu des apports de l’an-
née dernière. Le marché est très tendu et
3 072
Le nombre d’emplois
permet également de nous positionner sur
des produits plus faciles d’utilisation pour
mais aussi du cabillaud ou de l’encornet. » ça ne va pas s’arranger. Début 2019, les générés par les usines les consommateurs. »
L’entreprise importe également du bar prix ont légèrement chuté mais la qualité de transformation Seafood Connection a été repris par le
et de la dorade de Turquie. Ces espèces n’est pas là, le rendement est très faible. de poisson géant japonais Mahura Nichiro en 2013.
d’élevage sont de plus en plus prisées par En août, le taux de rendement du carre- aux Pays-Bas en 2015. «  Le groupe est à la fois producteur et
les industriels car elles offrent une régula- let avoisine les 44 %, récemment on était (Source : Eumofa) acheteur. Nous avons des antennes par-
rité de prix et d’apport. Deux conditions plus proche de 30  % donc même si les tout dans le monde, c’est très pratique
indispensables lorsqu’il faut rentabiliser les cours baissent, la rentabilité n’augmente pour avoir des volumes mais nous vou-
investissements effectués sur des lignes de pas.  » L’entreprise réalise aussi des tests lons faire les choses bien,
production et répondre à la demande de avec d’autres espèces comme l’églefin sans précipitation. Nous
gros clients. pour élargir sa gamme. sommes déjà très forts
Les Pays-Bas exportent principale- Tous s’accordent sur un point : proposer sur la langoustine et
ment en Allemagne et en Belgique. Leur l’offre la plus large possible. « Il ne faut pas se la limande, il ne faut
force réside dans la transformation : ils focaliser sur un produit, nous devons être en pas perdre ce savoir-
importent beaucoup de cabillaud d’Islande mesure de fournir notre client peu importe faire », conclut le chef
.
G.J

ou de Norvège, le transforment avant de le sa demande car autrement, il ira ailleurs », des opérations.
revendre sur le marché européen, notam- affirme Johan Brouwer, chef des opéra- Les Pays-Bas restent un acteur incon-
ment pour les grandes surfaces. tions de Seafood Connection. Les entre- tournable des produits de la mer en
Un marché qu’espère investir Noordzee prises néerlandaises sont très dépendantes Europe. Ils disposent d’une faculté d’adap-
International. L’entreprise a investi plus de de l’export, la consommation intérieure du tation très importante pour maintenir leur
6,5 millions d’euros dans un tout nouvel pays en produits de la mer étant très faible position sur un marché en mouvance. n

PRODUITS DE LA MER N°191 AVRIL 2019 ❘  35 ❘


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Dossier ❘ PAYS-BAS

Conquérir la France, un vrai défi


Pour les entreprises cialisées dans le surgelé. Noordzee
néerlandaises, l’Hexagone International dispose d’une large gamme
de produits surgelés qu’elle propose dans
représente un challenge.
plusieurs pays européens. «  Le marché
La langue et les délais italien est plus facile, nos clients sou-
administratifs rendent haitent en moyenne 30 % de glazurage
difficile l’accès en tant que non compensé dans le poids du pro-
duit. En France, le glazurage est toujours
fournisseur, mais le marché
compensé, et lorsqu’un client nous en
en vaut la chandelle. demande 10 % à plus ou moins 5 %, il

P
ne sera pas content si le résultat est de
16  %, poursuit Françoise Chartier. Cela
remière barrière au commerce nous force à maîtriser cette technique
dans l’Hexagone : la langue. « Les parfaitement. »
Français ne parlent pas anglais et Administrativement, la France est très
nous ne parlons pas français.  » contraignante également. Pour Noordzee
Si géographiquement, les Pays-Bas sont International, il faut en moyenne quatre
proches de la France, les deux pays sont mois pour lancer un produit surgelé sur le
culturellement opposés. «  Nous ne maî- marché français contre trois semaines dans
trisons pas bien les codes de la France », les autres pays d’Europe.
lance un grossiste à Urk, plutôt présent Exigence confirmée par Interfish.
sur l’Allemagne et l’Italie. Car historique- L’entreprise de négoce basée à Urk four-
ment, les Pays-Bas font du négoce avec les nit des soles pour certaines GMS fran-
Italiens depuis bien longtemps. Les mar- çaises. «  Ce sont les plus stricts sur les
chandises étaient envoyées par fret fer- tailles, soutient Clint van der Deijl, le direc-
roviaire et de nombreux Néerlandais ont teur. Ils refusent tous les filets de moins
NorthSeafood a investi dans une nouvelle ligne de transformation
l’habitude de travailler avec ce pays. Le et souhaite se positionner sur le marché français. de 170 grammes, nous avons dû investir
marché allemand est très développé éga- dans une peseuse plus performante, cela
lement, grâce à la langue et la culture, plus nous oblige à toujours nous améliorer. »
proches. on propose un produit sur le marché C’est pourtant cette réputation qui
La France reste pourtant très convoitée. français, on n’a pas le droit à l’erreur  », pousse de nombreux exportateurs à vou-
Avec 66 millions de consommateurs, c’est affirme Françoise Chartier, responsable loir investir le marché  : «  Avoir un client
le deuxième pays d’Europe le plus peuplé des ventes de Noordzee International en français dans son portefeuille est un
et, surtout, un des plus gros consomma- France. L’entreprise basée à Urk réalise gage de qualité, de savoir-faire, pour-
teurs de produits de la mer. près de 9 millions d’euros de chiffre d’af- suit Françoise Chartier. C’est une véritable
Mais l’Hexagone a surtout la réputa- faires dans l’Hexagone et travaille avec opportunité et cela pousse l’entreprise à
tion d’être un pays exigeant. «  Quand de nombreuses GMS et enseignes spé- innover constamment. » n

Françoise Chartier, responsable des ventes en France


chez Noordzee International

“ N
Tester son produit sur d’autres marchés
ous voulons consolider notre offre de cabillaud en surgelé et en frais, que nous propo-
sons depuis l’année dernière sur les marchés allemands et italiens. C’était en quelque
sorte une phase de test, et nous allons désormais attaquer la France. Il faut sécuriser ce pro-
jet qui nous prend beaucoup de temps. Les premiers retours sont très positifs et nous allons
poursuivre nos essais sur l’églefin. En parallèle, nous travaillons au développement des pro-
duits élaborés et nous avançons doucement pour investir le marché chinois. »

PRODUITS DE LA MER N°191 AVRIL 2019 ❘  37 ❘


Dossier ❘ PAYS-BAS

Viser une nouvelle cible...


Les codes historiques du B to B sont en pleine évolution. Les demandes changent et les entreprises
cherchent à capter l’attention de nouveaux acheteurs sans concurrencer leurs clients.

L ongtemps spécialisés dans le négoce


de produits bruts, les Pays-Bas tra-
vaillent de plus en plus à rattraper
leur retard et investissent de gros
...GRÂCE À SES SPÉCIALITÉS
MARTIJN SPILT, DIRECTEUR DE MAXIMA SEAFOOD


moyens pour proposer des plats préparés.
Les entreprises sont très dépendantes de
l’export et doivent s’adapter à tous leurs
Le clean label est un véritable atout
clients, aussi différents soient-ils. Dans cette
optique, Seafresh propose depuis quelques
années à ses clients une recette inédite par
T ous nos produits passent par Ijmuiden où ils sont contrôlés, trans-
formés et/ou conditionnés. Nous avons éliminé tous les addi-
tifs chimiques de nos produits, les « E-additives », et nous les avons
semaine, sur le principe d’une vente flash en
remplacés par des additifs naturels qui répondent aux exigences de
magasin. L’entreprise crée des recettes dans
conservation du marché. Cela nous permet de garantir un clean
son atelier de R & D, travaille avec des chefs
label à nos clients, c’est très important, surtout sur le marché
et joue sur la saisonnalité du poisson pour
Suisse. Ensuite, nous sommes labellisés MSC sur les noix de saint-
proposer un produit en grande quantité, à
jacques japonaises ou américaines. C’est un prérequis pour
un prix accessible. « Ce système nous oblige
vendre en GMS. »
à être très réactifs, nous ne savons pas à
l’avance les volumes qui vont être vendus »,
explique Sjoerd Ras, directeur commercial
de l’entreprise. Cette proposition pousse MARJAN KAPITEIN,
aussi l’entreprise à acheter d’autres pro-
duits comme du citron, du thym ou encore CHEF DE PRODUIT JUNIOR CHEZ NORTHSEAFOOD

“N
du guacamole pour ses recettes. «  Nous
avons plus de 400  recettes, poursuit-il. Les clients attendent des produits pratiques
Nous conservons les emballages et les
étiquettes pour pouvoir refaire les recettes ous développons de nombreuses recettes prêtes à consommer. Grâce
à la demande du client. Cela demande à un emballage spécifique, le poisson surgelé est prêt en quatre
beaucoup de stock.  » Seafresh a com- minutes au micro-ondes. Nous pouvons aussi ajouter une sauce sur la
mencé à construire un nouveau bâtiment portion pour apporter plus de goût. Aujourd’hui, nous avons une
pour ajouter une nouvelle ligne de produc- vingtaine de recettes à proposer à nos clients. La dernière en date est
tion et augmenter sa capacité de stockage. le cabillaud à la moutarde au miel, très apprécié des jeunes consom-
Et pour toucher directement le consom- mateurs. Nous avons aussi investi dans une nouvelle ligne de pro-
mateur final, Seafresh se lance dans la duction pour attaquer le marché français avec des filets façon
vente en ligne. Ouvert en mars, après plus meunière. »
d’un an de préparation, le site internet
Freshlyfish.com propose aux consom-
mateurs néerlandais d’acheter une boîte
par mois, comprenant six ou huit repas à ALBERT ROMKES, DIRECTEUR DE NEERLANDIA URK


base de produits de la mer pour deux per-
sonnes. « Nous voulons rendre régulière la Le métier ne cesse d’évoluer
consommation de poisson dans les foyers,
insiste Sjoerd Ras. Les clients commandent
quand ils le souhaitent et, à la fin du mois,
ils reçoivent leur boîte. » L’entreprise cible
N otre usine tourne à plein régime. L’été, certains services fonctionnent
24 heures/24 pour répondre à la demande. Nous avons une quinzaine
de fileteurs pour les plus petits poissons comme le grondin. Nous avons
un nouveau marché et notamment les plus commencé à faire du saumon de Norvège en filet pour les mar-
jeunes avec ces formules de repas prêts à chés français, anglais et italien quand les problèmes d’arrivages
l’emploi. Les portions peuvent être pla- ont commencé à se ressentir. Nous proposons désormais près de
cées au congélateur pour étaler la consom- 80 espèces différentes mais la plie et les poissons plats restent
mation tout au long du mois. Une idée de notre cœur de métier.  »
concept applicable en France… n

❘  38 ❘ PRODUITS DE LA MER N°191 AVRIL 2019


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Dossier ❘ PAYS-BAS

L’interdiction
de la pêche électrique passe mal
É norme victoire » ou « aberration » ?
Les avis divergent suite à l’inter-
diction de la pêche électrique
le 13  février. Si l’association de
défense des océans Bloom se réjouit de
la décision prononcée par Bruxelles, les
pêcheurs néerlandais, eux, sont sous le
choc. La Commission européenne laisse un
délai de deux ans, jusqu’au 1er juillet 2021,
aux professionnels utilisant cette technique
pour se retourner. Et si certains gardent

Dominique Guillot
encore l’espoir de passer entre les mailles du Les Néerlandais
filet, l’Union européenne maintient qu’après utilisent la pêche
cette date, plus aucune dérogation ne sera électrique depuis
autorisée à cause des excès du passé. de nombreuses
«  Il y a quelques années, les pêcheurs années.
se plaignaient que certains navires aient le
droit d’utiliser la pêche à impulsion et pas
eux, témoigne un mareyeur à Ijmuiden. Le
voisins n’est pas la meilleure façon de faire
évoluer la pêche. » À Urk, 22 navires uti- 22 ser des solutions  », s’exclame Françoise
Chartier de Noordzee International.
gouvernement a cédé et multiplié les déro- lisent la pêche à impulsion, soit 16 % de Le nombre de navires La pêche électrique n’arrive pas à
gations mais aujourd’hui, les pêcheurs la flotte, contre 5 % autorisés par l’Union équipés de perches convaincre en dehors des Pays-Bas et la
se retrouvent seuls face à l’Europe.  » La européenne. Environ 400  000  euros sont à impulsions. communauté scientifique est partagée sur
filière se sent abandonnée alors qu’elle nécessaires pour équiper son navire d’un son impact. Par précaution, l’UE a décidé
s’attelle à trouver des alternatives au sys-
tème actuel. « Nous avons travaillé sur de
chalut à perche électrique. Après un rapide
calcul, ce sont près de 9  millions d’euros
400 000
L’investissement moyen
 € son interdiction. En 2018, le Ciem a publié
une étude concluant en faveur de la pêche
nouvelles méthodes de pêche plus éco- investis par les pêcheurs à Urk, depuis envi- nécessaire pour installer électrique. Mais le compte rendu a été criti-
logiques, plus sélectives. Les résultats ron cinq ans. Et ces derniers doivent désor- un chalut électrique. qué par l’Ifremer à cause du peu d’informa-
étaient très satisfaisants, des pêcheurs mais remettre de l’argent sur la table pour tions récoltées. En attendant une nouvelle
français sont même venus nous deman- repasser aux chaluts classiques. « En 2014, étude, les Néerlandais devront, comme le
der conseil, explique Teun Visser, directeur Bloom s’insurgeait contre le chalut de reste de l’Union européenne, pêcher la plie
de la criée d’Urk, qui appartient à une coo- fond, aujourd’hui, ils sont contre la pêche ou la sole au chalut de fond classique, sans
pérative de 90 pêcheurs. Être jaloux de ses à impulsion. Ils feraient mieux de propo- les chatouiller. n

Brexit : no stress !

E n France, chaque entreprise étudie ses possibilités et les stra-


tégies à adopter en cas de no deal avec le Royaume-Uni. Chez
nos voisins néerlandais, c’est une autre approche : «  Nous atten-
Juste de la paperasse donc. «  Dans les années 1970, l’Italie avait
interdit l’import de poisson des Pays-Bas et, pourtant, nous avions
trouvé des solutions et nous avons survécu, poursuit-il confiant.
dons qu’une décision définitive soit prise et nous aviserons », lance C’est un peu plus ennuyeux pour les pêcheurs par contre. »
un mareyeur d'Urk. Les transformateurs ne laissent transparaître Près de 50 % de la mer du Nord appartient aux Britanniques. Les
aucune forme d’inquiétude. Si le Royaume-Uni n’est pas, pour beau- navires néerlandais pêchent depuis toujours dans ces eaux  : un
coup, leur marché principal à l’export, le pays représente tout de Brexit sans accord les priverait largement de l’accès à la matière
même un marché non négligeable. Neerlandia Urk, par exemple, première. «  Les Britanniques ne ciblent pourtant pas les mêmes
exporte régulièrement outre-Manche. « Les documents et l’admi- espèces que nous et ceux qui pêchent de la plie débarquent aux
nistration vont devoir évoluer mais je ne pense pas que nous serons Pays-Bas, affirme Teun Visser, directeur de la criée d’Urk, où une
coupés de l’exportation, anticipe Albert Romkes, directeur hono- quinzaine de navires arborant un pavillon anglais déchargent leur
raire de l‘entreprise. Il y aura la queue à la frontière et cela pren- matière première. Ce n’est dans l’intérêt de personne de rester
dra plus longtemps mais le marché existera encore après le Brexit. » chacun chez soi. »

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