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TERMINOLOGIE, TRADUCTION ET RÉDACTION SPÉCIALISÉES

Daniel Gouadec

Armand Colin | « Langages »

2005/1 n° 157 | pages 14 à 24


ISSN 0458-726X
ISBN 9782035770790
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D aniel Gouadec
Université de RennesþII

Terminologie, traduction et rédaction spécialisées

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Traiter de «þterminologie et traductionþ» c’est, en fait, être amené à traiter trois
sujets complémentaires, à savoirþ: «þterminologies et traductionþ», «þterminogra-
phie et traductionþ», «þterminologie et traductologieþ» dès lors que, en bon termino-
graphe, on prend soin de préciser les valeurs que recouvre la désignation générique
de ‘terminologie’.
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Les terminologies se définissent comme autant d’ensembles cohérents de dési-


gnations ou représentations de valeurs de concepts d’extension réduite et à délimita-
tion poussée. En d’autres termes, il s’agit d’ensembles de représentations se
rapportant à un même objet ou sujet et prises en compte selon un ensemble de filtres
emboîtés ou superposés construisant les circonscriptions fines d’application de ces
représentations.
La terminographie est l’ensemble des activités de collecte, traitement, organisa-
tion, gestion, diffusion, et exploitations des terminologies et des collections termino-
logiques vues comme des ensembles construits de données et d’informations. Les
informations sont terminologiques (lorsqu’elles se rapportent aux représentations et
à leurs valeurs) ou terminographiques (lorsqu’elles se rapportent au traitement parti-
culier appliqué aux termes considérés). La terminographie est nécessairement oppor-
tuniste en ce sens qu’elle apporte toujours une réponse à un «þproblème de
terminologieþ» et, étant opportuniste, elle est fatalement arbitraire dans ses sélec-
tions et délimitations d’objets, dans ses choix de données et informations pertinentes,
et dans l’organisation de tous ses découpages.
La terminologie, vue comme une discipline, s’intéresse aussi – bien entendu –
aux valeurs conceptuelles et aux désignations ou représentations, dont elle formule
et analyse les descriptions et propriétés, distributions, interrelations (bidirection-
nelles) et conditions d’exploitation.
La terminologie, toujours vue comme une discipline, propose des modèles, des
règles, des standards, des normes, et des règles de procédure constituant autant
de guides prescriptifs et proscriptifs de l’activité terminographique. En même
temps, elle distribue pénalités et récompenses selon que les terminographes se
conforment ou non à ses préceptes. Elle tend ainsi à inclure la terminographie ou,
plus précisément, à annexer la partie ou composante applicative dans le champ, et

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Terminologie, traduction et rédaction spécialisées

sous l’étiquette, de la discipline «þpureþ». D’où de très nombreuses et très fortes


confusions.
Les choses se compliquent lorsque l’on parle des opérateurs et non plus des
opérations. Autant on accepte de parler de terminographie, autant on rechigne à
parler de «þterminographeþ», alors même que l’on dispose du modèle linguistique
et professionnel du «þlexicographeþ». Dans la langue courante et chez les profes-
sionnels du service linguistique, l’étiquette de «þterminologueþ» englobe absolu-
ment tout ce qui a un rapport proche ou lointain avec les terminologies (collections
d’items), la terminologie (analyse des items, de leur formation, de leur cycle de vie, et
de leurs interrelations), ou la terminographie (constitution et traitement des items).
On comprend qu’une clarification terminologique soit nécessaire.

1. TERMINOLOGIE ET TRADUCTOLOGIE

On pourrait penser que les disciplines que sont la terminologie et la traducto-

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logie entretiennent des relations étroites. Or, il n’en est rien. Les relations entre
l’une et l’autre sont totalement déséquilibrées. Elles relèvent, dans le meilleur des
cas, de la relation épisodique et, dans le pire des cas, du concubinage honteux.
Seuls de très rares ouvrages de traductologie (mais sait-on seulement ce que
recouvre ce termeþ?) font référence à la terminologie vue comme une discipline
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qui apporterait une contribution spécifique à la traductologie. Toute traduction


étant nécessairement, pour une part, traitement de termes, on pourrait supposer
que la traductologie (qui se cherche) soit allée quérir dans les apports de la termi-
nologie quelques éléments constitutifs de sa propre définition. Dans les faits, les
références traductologiques à la terminologie sont des références aux terminolo-
gies (ou à une terminologie donnée, qui serait «þcelle du document à traduireþ»)
et les considérations s’y rapportant sont d’ordre terminographique en ce sens
qu’elles se rapportent aux modalités de traitement des items terminologiques
présents dans le document à traiter.
Tout se passe comme si une discipline qui se cherche à travers des emprunts à
toute discipline connexe (psychologie, linguistique, sociologie, sémantique, sciences
de la cognition, etc.) n’avait rien à retirer d’une discipline qui, à ses yeux, n’existe pas
(la terminologie). Or, la terminologie fournit, à qui veut bien s’y arrêter, l’une des
meilleures clés de compréhension des mécanismes de transfert inter-culturel et inter-
linguistique ou, plus précisément, des conditions de convergence/divergence entre
univers et systèmes de filtres instituant les représentations de ces univers. Tout se
passe comme si, dans ses revendications militantes, la traductologie devait phago-
cyter tout ce qui en est proche, au point d’en nier l’existence même.
Le rapport de forces joue toujours en défaveur de la terminologie, qui n’a pas
trouvé ses lettres de noblesse. La traductologie est bien plus valorisée et valorisante
que la terminologie et le traductologue vaut infiniment mieux que le terminologue,
ne serait-ce que parce que l’objet qu’il traite et analyse inclut celui que traite et
analyse le terminologue. On ne s’étonnera pas non plus, dans ces conditions, que ce
système de valeurs s’applique également, mutatis mutandis, à la relation entre le
«þtraducteurþ» et le «þterminographeþ», le second étant généralement réduit au rôle
souvent ingrat d’auxiliaire du premier – un auxiliaire de moins en moins précieux et
«þcritiqueþ» à mesure que les corpus se développent sur le Web.

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La terminologie : nature et enjeux

2. TERMINOGRAPHIE ET TRADUCTION

Entre la terminographie et la traduction, il y a mariage de raison et, si la passion


n’a jamais été du jeu, la relation perdure.
La terminographie traductive – production et diffusion de ressources destinées à
faciliter l’accomplissement des tâches de traduction – est une réponse de nécessité
aux besoins des traducteurs. La nécessité de traduire, née de l’existence de déséquili-
bres entre cultures et langues, s’est vite doublée de la nécessité de produire et de
diffuser l’une des matières premières vitales des traducteursþ: les terminologies.
Sans traduction entendue comme toute forme de traitement d’un déséquilibre entre
langues et cultures, il n’y aurait pas de besoins massifs en terminologies ou, plus
précisément, pas de pression organisée au niveau de la demande de terminologies. Il
n’y aurait donc pas eu d’intérêt réel pour la terminographie et il n’y aurait, selon
toute vraisemblance, eu que peu d’intérêt pour la discipline dans laquelle l’ensemble
s’inscrit, au moins au-delà d’un intérêt «þnaturelþ» que des linguistes doivent témoi-
gner à l’égard d’une composante «þspécialiséeþ» du lexique.

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Le terminographe répond à un besoin confirmé des traducteurs – mais aussi,
dans d’autres perspectives, à un besoin confirmé d’autres opérateurs comme les
rédacteurs, les formateurs, les spécialistes de diverses disciplines, les concepteurs de
produits, et autres. Pour ce qui est des traducteurs, il s’agit de leur fournir une
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matière première décisive et cruciale et, de plus en plus, du matériau primaire 1


validé. L’insistance sur l’assurance de qualité a en effet conduit à considérer que, la
terminologie étant l’un des éléments traités par le processus de fabrication des
traductions, son absence bloque le processus, et toute carence ou défaillance la
concernant aboutit à un défaut de qualité. On reconnaît ainsi aux terminologies cons-
tituées par le terminographe un caractère «þvitalþ» au sens où la survie économique
(ou la compétitivité) de l’opérateur est conditionnée par la disponibilité de cette
matière première. La raison est fort simpleþ: la terminologie fait partie intégrante du
produit généré ou créé au terme de la prestation du traducteurþ: la traduction, le site
Web, le logiciel, etc. Sa disponibilité et sa fiabilité sont la condition sine qua non de
l’exécution même de la prestation et, au second degré, de son exécution correcte. Et
cet état de fait se confirme à mesure que les processus se mécanisent ou s’automati-
sentþ: les automates traducteurs, se substituant aux traducteurs ou intervenant
comme aides diverses à des degrés divers, sont grands consommateurs de termino-
logies et l’on peut même assurer que les terminologies sont le carburant essentiel des
moteurs de traductions (comme, pour beaucoup, des moteurs de recherche).
Plus encore, le travail du terminographe relève de la prévention des risques
majeurs. Chacun sait, en effet, que la maîtrise des terminologies, en phase de
compréhension comme en phase d’expression, est l’indice de la compétence tech-
nique ou spécialisée et, globalement, l’indice de l’aptitude à traduire. Disons, inver-
sement, que le défaut de maîtrise des terminologies est l’indice de l’incompétence
technique ou spécialisée et, pour beaucoup de donneurs d’ouvrage qui n’ont pas
d’autres critères de jugement, l’indice d’une incapacité à traduire correctement. Il
s’agit là d’une réalité sociale qu’aucun argument rationnel ne peut circonvenir.

1. Matériau primaire = tout matériau existant déjà dans la langue de traduction et que le traduc-
teur doit, pour des raisons diverses, intégrer dans la traduction.

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Terminologie, traduction et rédaction spécialisées

Chacun sait aussi que les terminologies sont le support de systèmes de valeurs
parfois conflictuels, le motif de litiges sérieux dans leurs conséquences bien qu’ils
soient parfois futiles dans leurs causes, et la source de contestations infinies. Tout le
monde s’accorde à dire que les terminologies sont de véritables «þmines anti-traduc-
teursþ» ou, selon les métaphores du risque qu’affectionnent les professionnels, des
«þgrenades dégoupilléesþ». Il importe donc que les valeurs attachées aux termes
soient connues et, pour qu’elles soient connues, il faut qu’elles soient recensées. D’où
l’intérêt de la terminographie et des terminographes.
Et, dans leur conscience aiguë des motifs d’acceptation ou de rejet de leurs
productions, les traducteurs demandent, depuis fort longtemps, que les terminolo-
gies dont ils ont besoin soient «þdisponiblesþ». Alternativement, ils se sont vite
convaincus qu’il était de leur intérêt de maîtriser parfaitement l’ensemble des straté-
gies, techniques, procédures, et ressources de la terminographie traductive. Ainsi, les
traducteurs ont parfaitement ‘intégré’ l’intérêt de la terminographie, au point, géné-
ralement, d’en avoir fait l’un de leurs métiers annexes ou connexes.
En ce qui concerne la disponibilité des terminologies, la question mérite considé-

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ration. Les utilisateurs veulent, désirent, souhaitent et réclament des collections
terminologiques disponibles au prix d’un seul clic de la souris, gratuites, fiables. Ils
veulent les vecteurs des plus importantes plus-values sans risque et au plus faible
coût. Rien que de très naturelþ; mais rien de bien simple non plusþ: la disponibilité
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de ressources dont l’élaboration, la mise à jour et la viabilisation requièrent, par défi-


nition, un temps considérable, n’est guère facile à assurerþ; la gratuité n’est guère
envisageable sauf si le créateur de la ressource y trouve un intérêt réelþ; et la fiabilité
ne se conçoit qu’au prix de délais accrus de mise à disposition et de coûts addition-
nels significatifs. On comprend que l’effort terminographique ne soit pas à la mesure
de l’ampleur des marchés terminologiques de la traduction humaine, de la traduc-
tion assistée, et de la traduction automatisée – quasi-illimités – et du caractère
d’urgence de la demande.
La première réponse standard à la demande est, pourrait-on dire, structurée et
ciblée. On parlera à cet égard de terminographie délibérée. Sur ce créneau de très
grande largeur cohabitent deux écoles. Pour les tenants de la première, toute collec-
tion terminologique doit être aussi précisément ciblée que possible. Il s’agit de
produire des ressources visant spécifiquement une ou plusieurs catégories d’utilisa-
teurs appelés à les exploiter dans l’exécution de tâches clairement identifiées. Pour
les tenants de la seconde, l’objectif est de produire des ressources «þd’application
universelleþ», c’est-à-dire applicables à toutes les catégories d’utilisateurs et à toutes
les formes de mise en œuvre envisageables. L’argument qui sous-tend cette seconde
position est logique et fort simpleþ: chacun des utilisateurs prendra dans la ressource
d’application universelle la partie dont il a un besoin réel. Dans le premier cas, on
s’aperçoit que l’effort terminographique se concentre sur les mêmes publics (les
traducteurs) dans les domaines les plus porteurs. Il s’agit soit des domaines les plus
larges dans la spécialisation de premier niveau (informatique, commerce, technique
générale, télécommunications, Internet), soit les plus étroits dans l’hyperspécialisa-
tion cruciale (réseaux informatiques, téléphonie mobile), avec, entre les deux, un
inquiétant désert. Il n’y a guère de convaincant et complet que l’effort terminogra-
phique délibéré consenti par des personnes physiques ou morales produisant pour
leur consommation personnelleþ: traducteurs ou entreprises de traduction consti-
tuant et faisant vivre les collections terminologiques qui leur permettent d’exécuter

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La terminologie : nature et enjeux

leurs contrats et, accessoirement, de bénéficier d’un avantage concurrentiel sur les
autres prestataires de service en vertu de la disponibilité d’une large part de la
matière première requise.
En tout état de cause, le coût de la terminographie délibérée tend à être prohibitif,
y compris lorsque les terminologies visées ou obtenues sont d’ordre vital et répon-
dent à un besoin clairement identifié de l’institution ou organisme producteur ou
financeur. On comprend donc que cette activité soit le fait des traducteurs (qui se
gardent généralement d’en diffuser les résultats, sauf lorsqu’ils sont sur le point d’en
perdre l’exclusivité), d’étudiants exécutant, selon une tradition discutable, leurs
travaux forcés de terminologie 2 , d’institutions et organismes dont la mission
consiste, entre autres choses, à faciliter ou même assurer la communication interlin-
guistique (structures fédérales, pays ou provinces bilingues ou multilingues), d’asso-
ciations professionnelles, qui y trouvent un puissant vecteur de communication et
d’information sur leurs objectifs, actions, et activités, et d’amateurs éclairés, sinon
passionnés. Bref, la terminographie délibérée intervient lorsqu’elle sert un intérêt
commercial crucial (exécution de prestations), une obligation absolue (dossier de

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terminologie de l’étudiant), des intérêts supérieurs d’institutions et collectivités
diverses, ou une passion.
À la terminographie délibérée et systématique est en train de se substituer la
terminographie dynamique, évolutive, fugace, sans cesse modifiée. Tout simplement
parce que les conditions du traitement des matériaux linguistiques et connexes ont
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changé. Il y a conjonction, pour la première fois, de gisements terminogènes sura-


bondants, d’outils d’exploration et exploitation de ces gisements, et d’outils de
gestion des données et informations constituées par le biais d’explorations de ces
corpus construites selon des stratégies terminographiques. Il est ainsi devenu
possible à quiconque – au moins dans le cas de langues fortement représentées sur le
Web (pardon, la toile) – d’obtenir toutes les informations terminologiques voulues
sur ce qu’il est convenu d’appeler le «þterme sourceþ» 3 puis d’obtenir toutes les
informations utiles sur ce qu’il est convenu d’appeler le «þterme cibleþ».
Mais, dira-t-on, quid du passage de l’un à l’autreþ?
Question qui permet de découvrir où se niche la part résiduelle considérable de
plus-value de la terminographie traductive. Bien entendu, les répertoires bilingues
ou multilingues, que l’on appellerait volontiers les répertoires-passerelles ou tables
de concordances inter-culturelles et interlinguistiques et même parfois inter-codes (si
l’on prend en compte les pictogrammes et autres modes de représentation non-
linguistique) abondent. Mais ils présentent trois inconvénients majeurs. Tout
d’abord, leur mise à jour tarde toujours davantage alors que l’urgence augmente – à
moins qu’il ne s’agisse de l’impatience d’opérateurs qui ne supportent plus de
devoir attendre au-delà du temps de chargement d’un site à condition que ce soit en
haut débit. Ensuite, les répertoires-passerelles ne couvrent pas tous les domaines et
secteurs du besoin connu. Enfin et surtout, les traditionnelles garanties de fiabilité

2. Pour des raisons liées aux connotations respectives des deux termes, nul ne songerait à parler
ici de ‘terminographie’ alors même que c’est bien de cela qu’il s’agit dans la plupart des cas.
3. La formulation évite de s’interroger sur la double nature du terme mais il est bon de préciser
que la désignation donne accès à la fois aux informations sur la valeur conceptuelle désignée et
sur la désignation elle-même.

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Terminologie, traduction et rédaction spécialisées

n’existent plus que dans les contextes de terminographie institutionnelle. Une


enquête aléatoire récente 4 a montré que plus de la moitié des répertoires bilingues
accessibles sur la toile présente des carences ou défauts gravissimes. Tout, ou
presque, reste à faire dans la mise en place des répertoires-passerelles. D’autant que
le terminographe peut y inclure les informations se rapportant aux usages particu-
liers des représentations dans un complément de nature socioterminologique ou
ergo-terminologique particulièrement utile aux traducteurs et précisant la distribu-
tion du terme, ses restrictions d’usage, et tout ce qui, précisément, fait la différence,
pour le donneur d’ouvrage concerné et/ou pour les destinataires ou bénéficiaires de
la traduction, entre l’acceptable et l’inacceptable.
Il importe donc de fonder l’essentiel de la terminographie traductive sur les passe-
relles entre univers culturels, qui sont aussi les passerelles entre codes de représenta-
tion (dont les langues) et, bien entendu, les passerelles entre corpus. Dès lors que cette
composante capitale sera présente et quel que soit le coût de sa mise en place, chacun
pourra, en amont, explorer les ressources terminogènes (tout le contenu du Web dans
la langue de rédaction du document à traduire) au mieux de ses impératifs de
compréhension et de connaissance des valeurs conceptuelles et des représentations

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concernées et, en aval, exploiter les ressources terminogènes (tout le contenu du Web
dans la langue de traduction) en respectant au mieux les critères, filtres et contraintes
d’emploi des valeurs conceptuelles et désignations concordants et, le cas échéant, en
jouant sur les tris entre variantes potentiellement concurrentes lorsque les moteurs de
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recherche terminologique 5 proposent plusieurs «þsolutionsþ».

3. TERMINOLOGIES, TERMINOGRAPHIE ET RÉDACTION


Les rédacteurs aussi sont grands consommateurs de terminologies. Mais leurs
besoins ne sont pas de même nature que ceux des traducteurs et, plus encore, leurs
modes terminographiques sont radicalement différents.
Jusqu’à présent, les terminographes se sont fort peu souciés de répondre aux
besoins des rédacteurs. Les raisons de cette «þnégligenceþ» sont multiples. Tout
d’abord, le rédacteur travaillant en langue maternelle, son besoin relève de
l’unilingue et chacun sait que les répertoires terminologiques unilingues relèvent
de la production spontanée des spécialistes ou n’existent pas au motif qu’ils n’ont
pas de justification intrinsèqueþ: combien de spécialistes de divers domaines ne
s’étonnent-ils pas que l’on veuille produire un dictionnaire de leur spécialitéþ?
Ensuite, le rédacteur est généralement proche de la source des données et infor-
mations qui lui sont nécessairesþ: il travaille le plus souvent au contact des créa-
teurs ou concepteurs des produits, procédés et processus auxquels se rapporte sa
propre production documentaire et ces derniers peuvent lui fournir les désigna-
tions et représentations dont il a besoin. En troisième lieu, concevoir un répertoire
terminologique adapté aux besoins des traducteurs c’est poser, sans savoir
comment y répondre, la question des points d’entrée ou clés d’interrogationþ:
contrairement au traducteur qui interroge les ressources à partir de son

4. CFTTR, mai 2002. Consultation systématique de répertoires bilingues ou multilingues sur


(i)þles tours à commande numérique, (ii)þl’agrochimie, (iii)þles instruments de paiement.
5. Au nombre desquels figure en excellente place ‘Google terminologique’.

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La terminologie : nature et enjeux

«þproblème terminologiqueþ» et sait que la solution est couplée à ce problème, le


rédacteur n’a pas de point d’entrée direct dans les répertoires car, par définition, il
ne sait pas ce qu’il cherche. En même temps, les données et informations dont le
rédacteur a besoin ne sont pas celles dont le traducteur a besoinþ: le rédacteur
souhaite trouver la représentation voulue, soit directement, soit indirectement par
balayage d’une galaxie de variantes, synonymes, paronymes, génériques, spécifi-
ques, hyponymes, hyperonymes, et autres corrélats d’un point d’entrée lié au
cœur de cible. Le terminographe doit donc, s’il souhaite répondre spécifiquement
aux besoins du rédacteur, définir des modes très particuliers de sélection et
d’organisation de données et informations terminologiques. Et, comme dans le cas
de la terminographie traductive, il peut décider de ne pas faire ce que l’utilisateur
peut faire lui-même, à savoir, explorer les corpus dans la langue de rédaction afin
d’y trouver des modèles de mise en œuvre des désignations ou représentations
pertinentes et justes.

La production terminographique à destination des rédacteurs doit donc se


concentrer sur la mise en place des galaxies terminologiques-conceptuelles en recen-

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sant les corrélations entre désignations ou représentations de mêmes valeurs concep-
tuelles ou de valeurs conceptuelles liées afin que, connaissant la valeur conceptuelle
à représenter, le rédacteur puisse choisir la désignation ou représentation optimale
dans le répertoire des désignations ou représentations candidates corrélées. Acces-
soirement, il est important que le rédacteur dispose systématiquement de terminolo-
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gies à organisation structurée lui permettant une expression plus générale ou, au
contraire, plus spécifique, de la valeur conceptuelle pivot. Or, sauf exceptions, rares
sont les éléments de corpus qui présentent, en même temps que l’exposé d’un sujet
ou d’un point, un tableau en trois dimensions de la terminologie applicable et de
l’ensemble des corrélations entre concepts et entre désignations à l’intérieur du
domaine. Tout reste à faire dans cette perspective. Mais les conditions ne sont guère
propices car très rares sont les personnes physiques (terminographes) ou morales
(institutions ou organismes) qui sont prêtes à consacrer à la création de ce genre
d’instrument les ressources humaines et financières nécessaires. Donc, la termino-
logie réellement adaptée aux rédacteurs n’existe que rarement, sous la forme de ce
que l’on pourrait appeler des prototypes, dont la portée ne dépasse pas quelques
centaines de termes. Il est certes plus simple de s’en remettre aux ressources termino-
logiques vives que sont les «þspécialistesþ» présents dans l’environnement de travail
des rédacteurs et de laisser le soin à chaque traducteur de résoudre ses problèmes
terminologiques par l’exploitation de corpus ciblésþ: documents de même objet et/
ou de même type dans la langue de rédaction, nomenclatures et catalogues accessi-
bles sur Internet, normes techniques et linguistiques, dictionnaires unilingues spécia-
lisés (généralement d’excellente qualité), textes règlementaires, modèles
rédactionnels, etc. Pareille démarche paraît d’autant plus naturelle, comme nous
l’avons dit, que le rédacteur «þcréeþ» son texte et qu’il doit donc tout à la fois
recueillir la matière première factuelle-technique et la matière première linguistique-
terminologique-phraséologique qui sont, dans les corpus disponibles, indissociables.
Travailler sur l’une, c’est travailler en même temps sur l’autre et nul ne songerait à
prétendre que le traducteur «þperd du tempsþ» lorsqu’il effectue une recherche
d’information à la fois technique et linguistique. Au besoin, il pourrait d’ailleurs faire
valoir l’excuse que, contrairement au traducteur, il ne dispose pas de solution de
court-circuit sous la forme d’un répertoire de réponses directes à ses «þproblèmes de
terminologieþ».

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Terminologie, traduction et rédaction spécialisées

4. RÉORIENTATIONS TERMINOGRAPHIQUES

La brève analyse ci-dessus permet de requalifier la nature et la portée de la termi-


nographie à destination des traducteurs, d’une part, et des rédacteurs, d’autre part.
Comme nous l’avons vu, la terminographie traductive doit accorder la priorité
absolue au maillon faible ou inexistantþ: les passerelles interculturelles et interlin-
guistiques. Accessoirement, il est utile que le terminographe inclue dans ses réper-
toires les informations se rapportant aux usages particuliers des représentations au
sens des usages «þmaisonþ», dont la maîtrise pose un problème qui reste globale-
ment sans solution terminographique. Pour le reste, étant donné que ceci peut se
faire à un coût infiniment moindre que le traitement terminographique systématique
et exhaustif, il appartient au traducteur de résoudre, par l’exploitation de ressources
d’intérêt général, les éventuels problèmes liés à la compréhension des valeurs
conceptuelles (dans l’original) et/ou à la mise en œuvre de leurs représentations
(dans la traduction).

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En ce qui concerne la terminographie destinée aux rédacteurs, elle devrait – à
supposer qu’elle trouve des justifications économiques qui continuent de faire cruel-
lement défaut – se concentrer sur les systèmes de corrélations inter-conceptuelles et
de corrélations entre désignations ou représentations (systèmes conceptuels et
champs terminologiques, à condition de les étendre aux corrélations de la troisième
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dimension que sont les relations fonctionnelles entre concepts dans les limites des
champs opératoires considérés 6).
Pour le reste (une fois assurée la disponibilité des passerelles, d’une part, et des
systèmes de corrélats, d’autre part), l’activité terminographique doit, dans l’un et
l’autre cas, basculer dans le champ de responsabilité du praticien, et demeurer
ouverte. Cela signifie que, au-delà de la composante centrale que la terminographie
systématique délibérée doit mettre en place et maintenir à jour, le traducteur comme
le rédacteur doit, puisqu’il le peut désormais, rechercher ses propres solutions aux
problèmes terminologiques que lui pose l’exécution de sa tâche particulière, pour le
compte d’un donneur d’ouvrage particulier, dans des conditions particulières.
Le schéma ci-dessus requiert simplement une massification des corpus dans
les diverses langues de travail et, si possible, une validation de leurs contenus, une
amélioration des performances des moteurs de recherche – qui se substituent très
largement et très avantageusement aux extracteurs terminologiques dans la limite
des besoins des traducteurs et des rédacteurs 7 – et surtout une meilleure forma-
tion des utilisateurs. La disponibilité des ressources et des outils impose désor-
mais une formation complète de tout traducteur et de tout rédacteur à des
pratiques terminographiques éclairées par une meilleure perception et maîtrise

6. Pour le rédacteur, il peut s’avérer extrêmement utile de disposer d’un répertoire terminologique
qui recense les relations de cause à effet entre concepts s’il a, par exemple, identifié la désignation
de la cause et perçu que le concept dont il recherche la désignation est l’effet de cette cause.
7. On note avec le plus grand intérêt que des moteurs de recherche comme Google proposent
désormais une recherche systématique de définitions et que «þGoogle terminologique Eurek@þ»
propose de véritables fonctions d’exploration ciblée de répertoires terminologiques et diction-
naires divers, en attendant que se spécialisent les explorations sur d’autres catégories de données
ou de relations.

La n g ag es 157 21
La terminologie : nature et enjeux

des principes de l’ingénierie linguistique permettant de construire les requêtes et


parcours d’interrogation les plus directs et les plus efficaces.
L’intérêt majeur de la révolution des corpus réside dans la redéfinition des straté-
gies terminographiques pour les traducteurs et pour les rédacteurs. Tout est désor-
mais réuni, au moins dans le cas des langues à forte diffusion sur la toile, pour que
chaque traducteur-terminographe puisse exécuter les trois opérations exigées par les
théoriciens et prescripteurs de tout poilþ: analyse conceptuelle-culturelle et mise en
place des filtres d’interprétationþ; sélection du concordant (homologue) conceptuel-
culturel et de représentationþ; contrôle et validation des conditions d’emploi du
concordant. Tout est également réuni pour que chaque rédacteur-terminographe
puisse maîtriser et accélérer les processus de mise en place systématique et ciblée des
matières premières technique et linguistique qui lui sont nécessaires.
L’analyse des rapports entre la traduction, la rédaction, les terminologies, et la
terminographie conduit à poser en principe qu’une réévaluation générale s’impose à
la lumière des modifications radicales induites par la disponibilité de corpus étendus
et des outils de leurs exploitations. Théoriciens (traductologues et terminologues),

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praticiens et producteurs (traducteurs, rédacteurs et terminographes), formateurs
(de traducteurs, de rédacteurs et de terminographes) doivent impérativement redé-
finir les besoins réels en renonçant à traiter ce que tout un chacun peut faire lui-
même, redéfinir les objectifs, redéfinir les méthodes et les stratégies, et, sans nul
doute, aller jusqu’à remettre en cause tout un pan de la terminologie. Le champ
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même de la terminographie a changéþ: beaucoup de ce qui était difficilement envisa-


geable est devenu extrêmement simple et facile et beaucoup de ce qui était inenvisa-
geable est devenu possible.

5. RÉORIENTATION TERMINOLOGIQUE
Pour l’essentiel, les évolutions constatées ou souhaitables de la terminographie
n’ont pas de contrepartie en matière de terminologie au sens traditionnel de ce
terme. Ce qui a changé, ce sont les conditions des applications et, singulièrement, les
conditions des applications à orientations professionnelles ciblées. Mais la modifica-
tion des conditions des applications terminographiques (émergence des corpus et
des moyens de leurs explorations et exploitations) n’affecte pas vraiment la nature
des objets traités par la terminologie et les terminologues ni les modes d’organisation
des données et informations. Ceci revient à dire que la discipline «þterminologieþ»
n’est pas affectéeþ: ses objets (données et informations terminologiques) et ses
méthodes d’analyse et de traitement de ces objets n’ont pas changé. Tout au plus
faut-il considérer que les hypothèses des terminologues peuvent être testées sur des
corpus plus larges et que la terminologie est sollicitée pour proposer des méthodes
intégrant le traitement des corpus.
En même temps, les sous-secteurs de la terminologie (ergo-terminologie, socio-
terminologie, psycho-terminologie, aménagement, et autres) ne sont pas non plus
affectés dans leurs principes et méthodes. À cet égard, la terminologie peut être
considérée comme un segment de la linguistique, dont l’objet serait l’ensemble des
sections spécialisées du lexique.
Cependant, trois axes d’évolution se dessinent du côté de la terminologie, de ses
objets, et de sa place sur l’échiquier des disciplines.

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Terminologie, traduction et rédaction spécialisées

Le premier axe d’évolution concerne l’inclusion de toutes les formes de représen-


tation non linguistique dans le champ des terminologies (objets traités) et donc de la
terminographie (traitement de ces objets) et de la terminologie (analyse des objets et
de leurs traitements). Le multimédia prenant une importance accrue comme vecteur
de messages, l’ensemble terminologique/terminographique s’ouvre à la pictogra-
phie, à l’idéographie, à l’iconographie et à tous les codes existants. La terminologie/
terminographie déborde désormais très largement les frontières du linguistique.
Le deuxième axe d’évolution est le basculement de la terminologie/terminogra-
phie dans, ou vers, l’ontologique. La séparation stratégique du versant des valeurs
conceptuelles et du versant de leurs désignations a permis de clarifier les pratiques
terminographiques. Elle a surtout permis de donner toute sa place à la composante
conceptuelle-ontologique dans la perception, l’analyse et le traitement des terminolo-
gies au sens le plus étendu. L’intégration des ontologies dans le champ de la termi-
nographie s’est faite sous l’influence des demandes de l’intelligence artificielle et de
toutes sortes de traitements automatiques sollicitant une part variable d’analyse.
Inévitablement, l’identification des valeurs conceptuelles, de leurs propriétés, et des
combinaisons de ces propriétés pour générer de nouveaux concepts ou de nouvelles

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relations entre concepts appelle des étiquetages rigoureux dans une variété de codes
et donc une activité terminographique (pour la production des étiquettes) et termi-
nologique (pour le pilotage et la validation de cette production) conséquentes.
Le troisième et dernier axe d’évolution concerne la dilution progressive de la
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terminologie dans la phraséologie. L’influence déterminante a, une fois encore, été la


disponibilité des corpus mais aussi, de manière plus diffuse, la demande d’une plus
grande conformité phraséologique des traductions et des rédactions. Comme nous
l’indiquions ci-dessus, interroger un moteur de recherche à partir du mot-clé que
constitue le terme que l’on projette d’utiliser conduit à recueillir des contextes immé-
diats qui, dans la majorité des situations, correspondent à autant d’entités phraséolo-
giques parmi lesquelles il est rare que ne se trouve pas la perle rare que l’on recherche.
Or la préoccupation majeure de tout usager des terminologies est bien leur mise en
œuvre dans le discours et dans les messages, et la préoccupation majeure de tout
commanditaire de production documentaire ou de traduction est d’obtenir un produit
en tout point conforme aux contraintes et normes phraséologiques – surtout si un logi-
ciel de gestion des systèmes à mémoires de traductions permet l’optimisation phra-
séologique ou, inversement, risque d’itérer des stéréotypes fautifs.

6. BILAN
Conjoindre terminologie(s), traduction et rédaction, c’est nécessairement
s’appuyer sur une perspective de praticien et sur la réalité de besoins professionnels.
C’est adopter une perspective essentiellement terminographique, centrée à la fois sur
la collecte, le traitement, la gestion et la mise en œuvre des entités terminologiques.
C’est en même temps faire intervenir dans l’analyse tous les déterminants des condi-
tions d’exécution de prestations. C’est donc d’abord placer le besoin (réel ou
supposé) au centre de gravité de l’analyse. C’est aussi donner leur place légitime – et
incontournable – aux divers outils et instruments d’aide à l’exécution des prestations
qui préfigurent souvent de manière rudimentaire les évolutions vers l’automatisa-
tion. C’est enfin faire jour à un principe de réalité qui vise un rendement maximal de
l’activité terminographique pour une consommation minimale de ressources.

La n g ag es 157 23
La terminologie : nature et enjeux

Ces déterminants conduisent à délimiter de manière extrêmement étroite les


objectifs de la terminographie traductive et de la terminographie pour rédacteurs en
laissant le soin à chacun de résoudre individuellement et au coup par coup tout ce
qui est soluble via les explorations et exploitations de corpus. Il serait plus juste de
dire, si les esprits et pratiques n’étaient pas marqués par des traditions tenaces, que
la terminographie doit seulement prendre en compte ce qui n’est pas latent dans les
corpus et leurs exploitations possiblesþ: la terminographie commençant là où le
rendement spontané des corpus s’arrête. On passe ainsi d’une terminographie que
l’on dirait «þprioritairement de répertoiresþ» à une terminographie «þprioritaire-
ment de corpusþ».
Mais l’intérêt de la chose est d’abord de séparer clairement ce qui relève de la
sphère terminographique – et est sujet à toutes les variations induites par la disponi-
bilité des ressources, les besoins et objectifs, les tâches à exécuter, et même les
contraintes des opérateurs – et tout ce qui relève de la sphère terminologique – et
échappe de ce fait à tous les aléas auxquels est confrontée la terminographie.
Procéder de cette manière, c’est rendre un immense service aux terminographes en
justifiant les décisions stratégiques opportunistes qu’ils sont amenés à prendre pour

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tenir compte de situations toujours particulières. C’est aussi rendre service aux
terminologues en les affranchissant, précisément, de ces contraintes, qui empêchent
trop souvent la définition et la mise en œuvre de démarches qui se voudraient scien-
tifiques mais n’y parviennent jamais vraiment, précisément parce que l’on mélange
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trop souvent le niveau théorique et le niveau applicatif. Renvoyer à la «þgraphieþ»


ce qui en relève en fait, c’est libérer la «þlogieþ» en permettant qu’elle n’ait plus de
comptes à rendre à personne et puisse ainsi tendre vers un statut de science ayant
pour objets les propriétés des valeurs conceptuelles et représentations et leurs inter-
relations, et les mises en œuvre générales et particulières de ces objets dans toutes les
formes de terminographie.

Éléments bibliographiques (notamment)


G OUADEC (Daniel) (dir.), Actes des universités d’été et d’automne en terminologie de
l’Université de RennesþII, En bons termes, numéros spéciaux, La Maison du
Dictionnaire, 1993-2000.
www.gouadec.net

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