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Nouvelle anatomie artistique

du corps humain. Cours


supérieur ("suite").
Physiologie. Attitudes et
mouvements / par le [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Richer, Paul (1849-1933). Auteur du texte. Nouvelle anatomie
artistique du corps humain. Cours supérieur ("suite"). Physiologie.
Attitudes et mouvements / par le Dr Paul Richer,.... 1906-1929.

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Du PAUL RICHE R
HE L'INSTITUT

Nouvelle
Anatqmig artistique
' '
fl.!!v"'l\ '.'' ..-'.. .: ,
•;••„ .,;.^n

COURS SUPÉRIEUR (Suite)

Physiotôgie

Jtttitudes et Mouvements

LIBRAIRIE PLON
NOUVELLE ANATOMTE ARTISTIQUE
DU CORPS HUMAIN.

f&- -%\ III


s-•V. p iO -:£\
1 l ' '..'CdoURS SUPÉRIEUR (Suite)

PHYSIOLOGIE

ATTITUDES ET MOUVEMENTS
DU. MEME AUTEUR

ANATOMIE ARTISTIOUE Description des formes extérieures


:
du corps humain au repos et dans les_principaux mouvements.
Ouvrage, accompugné de 110 planches, renfermant plus de 300 figures dessinées
" par l'auteur. Deux volumes in-4° jésus dans un portefeuille 75 francs.
(Ouvrage couronné par VAcadémie des Sciences, prix Montyon,
et par t'Académie des Beaux-Arts, prix Bordin.)

Nouvelle Anatomie artistique du corps humain. I. Cours pratique. Élé-


ments d'analomie. — L'HOMME. Un vol. in-S° écu, 50 planclies et 2U figures
dans le texte 9 l'r.

Nouvelle Anatomie artistique du corps humain. II. Cours supé-


rieur. Morphologie. — LA FEMME. Un volume in-8° éeu, 01 planches el
Ci ligures dans le texte, comprenant ensemble plus de 500 dessins originaux.
Prix :.......... '. • 30 l'r.

Nouvelle Anatomie artistique. — Les Animaux : I. Le Cheval. Un


volume iii-8» écu illustre de 18 planclies et de ligures 5 l'r.
.

Physiologie ai'tistique de l'homme en mouvement. Un volume in-8" de


350 pages avec 123 ligures dans le texte, dessinées par l'auteur, et 6 planches
en pliolotypie.
Canon des proportions du corps humain. Un volume in-8° de 90 pages
avec ligures- dans le texte. Ouvrage accompagné d'une statue en plâtre des
proportions du corps humain. (Haut' : 1 mètre.)
Introduction à l'étude de la figure humaine. Un volume in-8° de
1(J0 pages.
L'Art et la Médecine. Un volume in-4° de 562 pages, illustré de 345 repro-
ductions d'oeuvres,d'art.
(Ouvrage couronné par l'Académie des Beaux-Arts, prix Bordin.)

Ce volùrrie a été déposé au ministère de l'intérieur en 1921.


NOUVELLE ANATOMTE ARTISTIQUE
DU CORPS HUMAIN

III
COURS SUPÉRIEUR (Suite)

PHYSIOLOGIE
ATTITUDES ET MOUVEMENTS

PAR

LE Dr PAUL RICIIER
MEMBRE DE- L'INSTITUT

PARIS
LIBRAIRIE PLON
PLOrMSOURRIT ETC1', IMPRIMEURS-ÉDITEURS
8, EUE GARANCIÈRE— 6"
'.•""''; 1921
.'
. .
/./.fous droits réservés..
Copyright 1921 by Plon-Nourrit et C<«.
Fabriqué en France.
Droits de reproduction et de traduction
réservés pour tous pays.
AVANT-PROPOS

A-pr-es-avoir décrit les parties constituantes du corps humain et les


formes extérieures qui en résultent.,- l'anatomie qui s'adresse aux
artistes doit leur enseigner le mécanisme de l'équilibre et des mouve-
ments. C'est ce que nous n'avons garde d'oublier dans nos cours et
c'est cette partie de notre enseignement qui fera l'objet de ce troisième
volume. J'ai déjàtraité, dans un ' ouvrage paini il y a vingt-cinq ans, ces
très intéressantes questions de physiologie artistique, mais la manière
dont elles y sont exposées a subi, depuis, l'épreuve delà démonstra-
tion aux élèves. Elles s'y sont, je pense, simplifiées, et mieux adaptées
encore à leur but. C'est pourquoi je crois utile de les reprendre ici,
d'autant plus que ce .sera pour moi l'occasion de publier ces magni-
fiques' chronophotographies, dues à la collaboration de mon regretté
ami Albert L'onde, qui font, par le moyen de projections, la très riche
et saisissante illustration de mes cours et qui, par suite de circons-

'."'..
tances diverses et imprévues, sont jusqu'à ce jour demeurées, iné-
dites.

De tout temps les artistes, bien que ne disposant que d'images


immobiles, ont tenté de figurer le mouvement et ils l'ont fait souvent
; avec un rare bonheur. Dans cette représentation du mouvement, quel
peut bien être leur guide? Est-ce un certain idéal? Une certaine idée
i
il. ANATOMIE ARTISTIQUE DU COUPS HUMAIN
de beauté? Existe-t-il des lois fixes auxquelles ils doivent se con-
former?
De môme que la beauté du corps humain ne saurait être définie
scientifiquement et que nos efforts, clans la partie de cet ouvrage
consacrée aux descriptions de la forme, se sont bornés à rechercher
les caractères de l'état normal et de la santé, — suivant le conseil
d'Ingres qui disait : « il faut, donner de la santé à la forme » —de même,
en ce qui concerne les mouvements, notre rôle sera d'indiquer aux
artistes les conditions et les caractères du mouvement juste et du
mouvement vrai. Sur ce point, la science est en mesure de les rensei-
gner et de leur fournir les données les plus certaines entre lesquelles
pourra s'exercer librement leur choix.
Le mouvement vrai est celui qui s'adapte le mieux au but à atteindre
et qui s'accomplit suivant la grande loi qui domine toute la méca-
nique humaine. Cette loi est une loi d'économie, elle peut s'appeler la
loi du moindre effort. Pour accomplir une action donnée, les mouve-
ments doivent mettre en jeu certains muscles et ceux-là seulement qui
sont nécessaires, et l'action musculaire doit être celle qui permet de
réaliser le maximum de rendement avec le minimum de dépense phy-
siologique. Aucun luxe d'efforts inutiles.
Et c'est sans combinaisons savantes, sans préoccupations étran-
gères au but cherché, instinctivement pour ainsi dire, que s'établira
le mécanisme de l'action. Il appartient à l'observation physiologique
de nous révéler la trajectoire exacte des différents segments des
membres, de même que le jeu des muscles qui la détermine.
«
Je ne saurais m'empêcher de croire qu'en sculpture, dit Diderot,
une figure qui fait bien ce qu'elle fait, ne fasse bien ce qu'elle fait, et
par conséquent ne soit belle, de tous côtés. Chercher entre ses
membres des oppositions purement techniques, y sacrifier la vérité
rigoureuse de son action, voilà l'origine du style antithétique et
petit. »
Pour représenter un mouvement donné, il faut que l'artiste le
prenne dahs'la nature et dans les conditions matérielles où il s'exé-
AVANT-PROPOS ni
cute d'ordinaire. En aucun cas, il ne doit se contenter du simulacre
toujours imparfait et faux que lui donnera le modèle d'atelier.
Notre rôle ici sera de l'aider dans cette recherche de la vérité. L'ob-
servation du mouvement n'est chose ni aisée ni facile. En outre que
l'image qu'en reçoit notre oeil est toujours plus ou moins fugitive et
par suite difficile à saisir, un long passé, l'hérédité, l'étude des
maîtres ont meublé notre esprit d'une foule de formules toutes faites,
tyraniiiques mais commodes puisqu'elles ménagent notre effort et
dont nous ne pourrons nous débarrasser que'par l'étude et l'observa-
tion directe de la nature. Et comme, suivant le mot de Fromentin, l'on
ne voit bien que ce que l'on sait, la meilleure préparation à l'observa-
tion d'un mouvement, est d'en étudier d'abord le mécanisme et les
formes, de sorte que, prévenu à l'avance de ce qui va se passer, notre
oeil et notre esprit en saisissent plus aisément les différentes phases et
les expressions phénoménales.
Dans mes cours, avant d'entreprendrel'étude d'un mouvement, j'ai
l'habitude de le faire exécuter plusieurs fois par le modèle. Intéressés,
les élèves regardent, ils regardent avec de grands yeux, mais ils ne
voient pas. J'en donne ensuite, avec tous les développements néces-
saires, la démonstration détaillée à l'aide de schémas, de planches
murales, de photographies instantanées, etc., montrant non seule-
ment la trajectoire exacte des diverses parties du corps, mais aussi le
jeu des muscles et les modifications des formes extérieures qui en
résultent. Et lorsque à la fin du cours, le modèle, comme au début,
exécute le même mouvement, je constate sur la physionomie de mes
auditeurs la satisfaction non feinte de saisir aisément les-raisons
cachées et le véritable aspect morphologique du spectacle qu'ils ont
sous les yeux. '
Puisse ce petit livre remplacer, auprès des artistes qur voudront
bien le lire, les démonstrations du cours.
L'illustration de cet ouvrage est surtout photographique, elle se
compose principalement des clichés de chronophotographie sur les-
quels un même mouvement a laissé une série d'images distinctes qui
IV ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
en reproduisent les diverses phases que l'oeil est impuissant à saisir.
Mais ici-se pose une question. La. photographie instantanée, dont.le
haut intérêt scientifique est.indiscutable, a^t-élle. au point de-vue artis-
tique, la même importance? Ne constitUe-t-elle pas plutôt pour l'ar-

les prémunir? '-,'.


tiste, et surtout, pour l'élève, un danger contre lequel il'importe de

Le point de vue auquel on peut'se placer est double, celui de


l'enseignement et celui de la pratique artistique.
Au point de vue de l'enseignement— et c'est celui qui nous touche en
ce moment —l'utilité de la chronophotographie est indiscutable. Elle
est même indispensable et nécessaire. Elleseule permet l'analyse et
la démonstration des mouA'ements les plus divers, comme elle seule a
pu permettre d'en pénétrer le mécanisme- et a fait faire — pour ne
citer qu'un exemple — aux études sur la locomotion humaine et ani- '
maie des progrès considérables et définitifs. Sa place est donc marquée
dans un enseignement appliqué aux beaux-arts au môme titre que
l'anatomié dont l'utilité, malgré les abus que certains artistes ont pu
en faire, n'est plus discutée aujourd'hui.
Je ne' puis m'empècher de penser que si un des grands artistes du
temps passé,, un Léonard de Vinci, par exemple, l'avait connue, il ne
l'aurait, certes pas dédaignée et aurait su en tirer le meilleur parti
pour la.pratique de son art. L'on sait avec quel soin Léonard définis-
sait le rôle de la science et de l'anatomié vis-à-vis de Part, et s'il vou-
lait que le jeune artiste étudiât la science « avant l'art ou en même
temps », il n'avait pas de termes assez forts pour stigmatiser la pra-
tique de ces artistes qui, pour montrer leur science, font tous les
muscles apparents et grossis partout, et « pour paraître grands dessi-
nateurs font leurs nus ligneux et sans grâce, de sorte qu'il semble à
les voir un sac de noix plutôt qu'une surface humaine et vraiment un
.
paquet de raves plutôt que des nus museuleux: ».
Et, s'il vivait de nos jours, le grand artiste, qui a été un des grands
savants de son temps, ne diraifr-il pas aux jeunes artistes : Ne négligez
pas l'admirable instrument d'analyse et.d'étude scientifique qu'est la
AYANT-PROPOS .
v
photographie instantanée, mais ne croyez pas qu'en copiant servile-
ment le véridiqu'e produit de l'objectif, vous allez faire un chef-
d'oeuvre de vie et de vérité. Dans la représentation du mouvement,
ne soyez jamais l'esclave du document photographique, quelque inesti-
mable et précieux qu'il soit pour l'étude. Qu'il ne soit jamais pour
vous une raison de paresse et de moindre effort. Conservez toujours
la. maîtrise du dessin et l'empire du choix des formes. Défiez-vous
surtout du petit appareil portatif, d'un emploi si facile, et que jamais
il ne remplace pour vous l'observation directe et le crayon.

Dans un premier chapitre, je traiterai sommairement du rôle des os


et des muscles dans la mécanique humaine.
J'étudierai plus spécialement ensuite la physiologie du muscle sur
le vivant.
Puis, entrant dans le vif de la question, je décrirai successivement
les conditions de l'équilibre du corps humain au repos et dans les
diverses formes delà station.
L'étude des mouvements, qui viendra ensuite, sera divisée en : mou-
vements partiels, mouvements de locomotion, exercices variés, pour
se terminer par l'analyse de quelques mouvements professionnels.
NOUVELLE ANATOMIE ARTISTIQUE

ATTITUDES ET MOUVEMENTS

MECANISME DU MOUVEMENT

x-~-£u-c'ommencemcnt du premier volume de cette collection, j'ai déjà,


donné quelques indications sommaires sur le rôle du squelette et des
muscles dans le jeu de la machine humaine. 11 y a lieu ici de nous étendre
plus longuement sur ce sujet, qui devient le préambule nécessaire à la des-
cription des attitudes et des mouvements, et formera le premier chapitre
du présent volume.

LES OS, ORGANES PASSIFS DU MOUVEMENT


Considérés à ce point de vue, les os présentent des dispositions impor-
tantes destinées à favoriser l'exercice de leurs fonctions.
Ils sont composés d'une substance compacte (corps des os longs) et d'une
substance spongieuse (extrémités des os longs et os courts). Cette der-
nière est formée de lamelles osseuses groupées de manière à constituer des
travées toujours dirigées suivant l'axe d'action des forces, pressions ou
tractions, qui agissent sur l'os. C'est ainsi que le maximum de résistance
est obtenu avec le minimum de matière.
La structure des extrémités des grands os longs, humérus et fémur, ou
,^ien des os courts dont la réunion compose le squelette de.la voûte du
pied, fournit des exemples frappants de cette disposition (fig. 1).
Les os longs des membres sont de véritables "colonnes creuses, particuliè-
,.
-
'•'."- :

.
m
\'i
'
.2 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
rement aptes à soutenir le poids des parties. Cette disposition leur permet, i:

avec le moins de matière résistante possible, c'est-à-dire avec le moins de

'l'u;. J. — Section verticale de l'extrémité supérieure de l'humérus (A), de l'extrémité supérieure du


fémur (1!), du squelette
et du pied (G),
montrant l'ol'ienlalion des IraiiéVtilcs
osseux de la substance;
spongieuse. (D'après Paul POIKIF-H, Anat. donc.)

poids, d'offrir le maximum de surface pour les insertions musculaires et le


maximum de résistance aux causes d'écrasement.
11 faut signaler, en outre, que les os longs se rendent toujours aie [.,.

extrémités; Cette disposition a pour effet d'agrandir les surfaces articu-


MÉCANISME DU MOUVEMENT 3

laires, de multiplier les points de contact entre deux os conligus, et par


suite de donner plus de stabilité aux articulations.
Enfin, ces renflements des têtes des os longs ont un autre avantage. Ils
servent pour ainsi dire de pioulie de réflexion aux tendons qui passent au-
dessus d'eux et permettent ainsi aux muscles d'agir dans des conditions
moins défavorables, en augmentant l'ouverture de l'angle qu'ils forment
avec les leviers qu'ils sont destinés à mouvoir.

A.KTICVJ DATION S.

Les articulations, qui sont le mode d'union des os entre eux pour former
l'ensemble du squelette, ont un double but : maintenir d'abord solidement
les extrémités des os en contact, et ensuite permettre à ces deux extré-
mités de se déplacer en glissant l'un sur l'autre de façon à exécuter des
mouvements dont l'étendue varie avec le genre de l'articulation. Mobilité
et solidité sont les deux conditions que remplissent toutes les articulations,
mais à des degrés divers, et ces deux conditions s'opposent l'une à l'autre.
11 va de soi que moins une articulation sera, mobile, plus elle sera solide et

inversement. '
C'est sur ces données que les articulations ont été classées en trois caté-
gories (fig. 2) :
'1° Les siilwes ou synarlhroses, dans lesquelles les os sont soudés entre
.

.
eux par un tissu fibreux intermédiaire, toujours très serré. Ex. : Mode
d'union des os du crâne. Les mouvements en sont nuls, mais la solidité est
parfaite; '

2" Les symphyses bu ampkiarlhroses, dans lesquelles la masse ligamenteuse


intermédiaire, beaucoup plus épaisse que dans les sutures, permet une cer-
taine mobilité des os en contact. 'Ex. : Mode d'union des os du carpe, du
tarse, du bassin, de la colonne vertébrale. Les mouvements, qui sont limités,
laissent encore à l'articulation une grande solidité. Les symphyses amor-
tissent les chocs et les pressions en décomposant le mouvement et en
faisant supporter aux ligaments.une partie de l'effort;
3° Enfin, les diarthrpses, véritables articulations de mouvement, sont en
même temps les moins solides. Elles se rencontrent à la jonction des divers
segments des membres.
Les. partiejs des deux os qui se trouvent en contact constituent les surfaces
h ANATOMIE AïtTlSTlQUE DU^ORT'S HUMAIN
articulaires des extrémités osseuses. Elles sont revêtues d'une mince couche
de cartilage dont le rôle, en vertu de son
élasticité et du poli de sa surface, est de ré-
sister aux chocs et pressions et, d'adoucir
les frottements.
A. la limite des surfaces pourvues de car-
tilage se trouve, fixée la capsulé articulaire,
sorte de manchon fibreux qui ferme l'arti-
culation et est tapissé intérieurement par
une membrane sécrétant un liquide vis-
queux, la synovie, destinée à favoriser le
glissement l'une sur l'autre des Surfaces
articulaires. '
La capsule articulaire est doublée exté-
1

rieurement-, en plusieurs endroits,' de liga-


ments fibreux destinés à maintenir^solide-
ment le contact des surfaces articulaires et
à limiter parfois l'incur-
sion des mouvements. :

Les os sont maintenus


en contact dans les arti-
culations 'par'" l'adhésion
des surfaces articulaires
(pression atmosphérique),
par l'appareil ligamen-
teux qui les entoure et par
la tension élastique ou la
contraction des muscles.
' l'in.2. — Schémas td après ISEAUMS et UOUCHAII», Anal.acsc.)
Les mouvements que
des diverses sortes d'articulations. permettent les diarthroses
A. Sutures, —t." Périoste. — 2. Tissu fibreux interposé entre
les deux extrémités osseuses. sont des plus variés et ont
B. Symphyses.— 4. Cavité qui se rencontreparfois au milieu
du tissu fibreux pins abondant que dans les sutures et servi à établit' une classifi-
toujours ramolli au centre. cation qu'il est inutile de
C. DiarUiroscs..— i. Périoste se continuant avec la couche
cartilagineuse (3) qui revêt les extrémités osseuses en rappeler ici clans ses dé-
contact.— 6. Manchon fibreuxreliant les extrémités osseuses
et revêtu intérieurement par 1;L membrane synoviale (6). tails. Il suffira d'en citer
1). Exemple de diarlhrosc avec disque fibreux inlra-articulaire
(7) divisant en deux (S et 9) la cavité articulaire.
-
lesdeux types principaux.
MÉCANISME DU MOUVEMENT o

Dans certaines articulations, les mouvements s'exécutent dans tous les


sens (ex, : l'épaule et ta hanche). Elles se composent alors d'une extrémité .

osseuse arrondie reçue dans une cavité.


Dans d'autres, au contraire, la disposition des surfaces articulaires étroi-
tement adaptées est telle que les mouvements ne sont possibles que dans
un seul plan, en deux sens opposés, à la manière de ce qui se passe dans
une charnière (ex. : le coude, le cou-de-pied).

LES MUSCLES ORGANES ACTIFS DU MOUVEMENT


J'ai déjà dit quelques mots dans le premier volume, de cette collection
(p. 2 et suiv.) sur la structure et la composition des muscles. Ces notions
tout élémentaires sont indispensables à la compréhension de ce qui va
suivre. Je prie donc le lecteur de s'y reporter. Les muscles sont les agents
dont l'action, dans la machine humaine, met en mouvement les leviers
osseux, lis sont disposés tout autour du squelette sur lequel ils prennent des .
points d'appui variés. Ils agissent à la manière d'un fil de caoutchouc disr-
tendu qui, en revenant sur lui-môme, rapproche les pièces mobiles sur les-
quelles ses extrémités sont fixées.
La .masse totale des muscles peut être évaluée à plus de la moitié du
poids du- corps. ".'•'•'-.
Le corps charnu, ventre ou corps du muscle, est constitué par la réunion
des fibres 'musculaires primitives qui forment des faisceaux primitifs, les-
quels-constituent des faisceaux secondaires, puis tertiaires. La fibre muscu-
laire primitive a la forme d'un cylindre allongé dé 0"'m,012 à 0!"m,02 de dia^-
mètre et présente, étudiée au microscope, des stries transversales (1),; d'où
le nom fibre 'musculaire striée par opposition h la fibre lisse des musclés de s

la vie végétative dont nous n'avons pas à nous occuper ici.


Les tendons sont inactifs et tout à fait comparables aux ligaments. La
partie active du muscle est la fibre rouge dont.nous allons exposer sommai-
1

rement les diverses propriétés.


. .., '-'-..':

PnopiuBTÉs nu TISSU 'MUSCULAIB-B.'." :

La consistance du .tissu musculaire varie suivant que lemuscle est tendu ou


; abandonné à lui-mêm'e. Quand lé muscle est tendu par ses deux extrémités,
(1) Voir pagtvlS la structure de la fibre niusculairestt'iée.
6 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
il est dur et résistant; il est mou, au contraire, comme fluctuant, qu'il soit
contracté ou au repos, s'il ne subil.aucune traction. C'est donc le seul tiraille-
ment de ses extrémités qui détermine la dureté du muscle. Sur le vivant, la
contraction du muscle ne s'accomplissant jamais sans exercer une traction
sur les leviers osseux auxquels il est attaché, on peut dire avec raison qu'un
muscle contracté durcit, et cela d'autant plus qu'il est contracté davantage.
La résistance du tissu musculaire est assez grande malgré sa mollesse:
elle est principalement due aux enveloppes conjonctives de ses divers fais-
ceaux. D'après Weber, un centimètre carré de muscle peut supporter un
poids d'un kilogramme sans se rompre.
Le tissu musculaire est élastique.. Cette élasticité est faible et parfaite,
c'est-à-dire que le muscle se laisse allonger par une action très faible et,
qu'abandonné à lui-même, il revient ensuite complètement à sa longueur
primitive. Cette élasticité a pour rôle essentiel de fusionner les secousses
multiples dont se compose une contraction musculaire, ainsi que nous le
verrons plus bas. De plus, elle favorise la production du travail, en vertu
d'une loi ainsi formulée par Marey, qu'une force de courte durée, employée
à mouvoir une masse, a plus d'effet utile lorsqu'elle agit sur cette masse
par l'intermédiaire d'un corps élastique.
Mais la propriété la plus importante du tissu musculaire est la contracli-
liiè ou l'aptitude à changer de forme, à se contracter sous l'influence de
-—^
divers excitants. ' "»
L'excitant physiologique et normal de la contractilité est l'action ner-.
veuse. Les autres excitants sont d'ordre mécanique (pression, choc), chi-
mique (acides) ou physique (chaleur, électricité), mais ils n'interviennent
pas dans le jeu régulier de la machine humaine.
Les physiologistes ont démontré, par l'expérimentation sur les animaux,
que la contraction musculaire n'est pas un phénomène simple, mais une
sorte d'addition ou mieux de fusion de phénomènes élémentaires qui sont
les secousses musculaires. La secousse musculaire consiste dans un gonfle-
ment et un raccourcissement qui se produisent presque instantanément sur
une fibre musculaire au point où agit, un excitant. Cette secousse, d'une
durée très courte, se propage à la façon d'une onde tout le long de la fibre
sur laquelle a porté l'excitation. Si l'excitation, au lieu de porter sur la fibre
elle-même, porte sur le nerf qui s'y rend, la secousse occupe a la fois toute
l'étendue de la fibre.
M'ECANISME DU MOUYEM.ENT T

Lorsque les excitations sont fréquentes et répétées, les secousses qui se


succèdent, se fusionnent, et.il se produit, un raccourcissement et un gonfle-
ment persistants du muscle que l'on considère comme étant en état dé
contraction.
On en a conclu que, sur l'homme vivant, la contraction musculaire se com-
posait des mêmes éléments, c'est-à-dire d'un grand nombre de secousses
fusionnées (19 à 20 par seconde, d'après Helmholtz). Ces secousses occupent
à la fois toute l'étendue de la fibre musculaire. Elles sont la cause d'un bruit
particulier (son musculaire, bruit rolaloire) plus ou moins semblable à un
roulement lointain de voilure, que fait entendre le muscle contracté et par--
faitement perceptible à l'oreille appliquée sur lui.
La contraction d'un muscle non distendu est caractérisée par le raccour-
cissement et le gonflement de son corps charnu. Les deux caractères, dimi-
nution de longueur, augmentation de grosseur, vont toujours de pair et sont
proportionnels à l'intensité dé la contraction, de telle façon que cette der-
nière petit être mesurée indifféremment par le degré du raccourcissement
ou par celui du gonflement. Mais il faut ajouter que la contraction peut.sur-
venir sur un muscle distendu, c'est-à-dire allongé et, dans ce cas, la contrac-
tion peut persister tout en s'accompagnant de l'allongement du muscle.
C'est là un point important pour l'étude de la forme en mouvement et sur
lequel je ne manquerai pas de revenir plus loin.
Une autre propriété du- tissu musculaire est la sensibilité. C'est une
sensibilité spéciale qui porte le nom de sens musculaire et nous permet
d'apprécier l'intensité et la rapidité de la contraction de chaque muscle.
C'est ainsi que nous pouvons juger, sans le secours de la vue, de la direc-
tion que nous imprimons à nos membres, ,de la lourdeur d'un poids en
le soulevant, etc.

APPLICATION DE.LA THÉORIE DES LEVIERS


A LA MÉCANIQUE HUMAINE ' '.;
On appelle levier en mécanique une barre rigide pouvant tourner libre-
ment autour d'un point fixe et sollicitée à tourner en. sens contraire par
deux forces parallèles ou concourantes dont l'une s'appelle la puissance" et
l'autre la résistance.
8 •
ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS'HUMAIN
La position du point fixe oupoint d'appui relativement au point d'appli-
cation de la puissance et à celui de la résistance est. variable. On distingue
trois cas (fig. 3) :
1° Le point d'appui est entre la résistance et la puissance (levier du pre-
mier genre ou interfixe
[représenté par la ba-
lance]) ;
2° La résistance est
entre le point d'appui
et la puissance (levier
du deuxième genre ou
interrésistant [repré-
senté par la brouette]):.
3° La puissance est
entre le point d appui
et la résistance (levier
du troisième genre ou
interpuissant [repré-
senté par les pin-
cettes]).
On désigne sous le
.,

nom de'&ras rie levier


les distances respec-
tives de la puissance
et de la résistance au-
point d'appui.
Si le levier est droit
l'iG. 3. — Leviers : 1, du premier penre ; 11, du deuxième
genre ; III, du troisième genre. et perpendiculaire aux
A. Point d'appui. —- P. Puissance. —"R. Résistance.
^ ;
directions des deux
forces, les deux par-
ties de la barre fixe AP et AR sont elles-mêmes les bras de levier.
Mais si ces forces sont inclinées par rapport à la direction du levier,
les bras du levier sont les perpendiculaires abaissées du point fixe sur la
direction des forces.
La mécanique démontre qu'une force appliquée à un levier a d'autant
plus d'effet qu'elle agit sur un plus grand bras de levier. Il découle de là
-MÉCANISME.DU MOUVEMENT 9

que, pour que deux forces se fassent équilibre à l'aide, d'un levier, il faut
qu'elles soient en raison inverse du bras de levier auxquelles elles sont appli-
quées.
Le levier du premier genre se rencontre assez
' ....'_.
fréquemment dans l'éco-
nomie. On l'a appelé le levier de la station parce que, dans l'équilibre delà
station, on en trouve de nombreux exemples. On verra plus loin que c'est
d'après le mécanisme de ce levier que se maintient l'équilibre de la tète
sur la colonne vertébrale,, du tronc sur les fémurs au niveau de l'arti-
culation fémorale, des fémurs sur les tibias et des tibias sur la voûte du
pied.
Le levier du deuxième genre est le levier de la force; mais ce que ce levier
fait gagner en force, il le fait perdre en vitesse et le déplacement de la résis-
tance est toujours moindre que le chemin parcouru par la puissance. Théo-
riquement c'est, d'après son mécanisme, que, dans la marche, le talon
-est soulevé, le'point d'appui se trouvant aux orteils, la résistance à l'arti-
culation, tibio-tarsienne représentée par le poids du corps et la puissance a
l'extrémité du calcanéum au point d'attache du soléaire. Mais, si l'on re-
marque qu'à ce moment de la marche qui est la fin du double appui, le
centre de gravité du corps est porté en avant de telle façon que la ligne de
gravité passe manifestement en avant des orteils, on constatera que le
levier qui intervient réellement alors est celui du premier genre avec le
point d'appui à l'articulation, la résistance au niveau de la ligne de gravité
et la puissance toujours à l'extrémité du calcanéum. De sorte que l'on
peut.dire que ce genre de levier n'existe pour ainsi dire pas dans l'éco-
nomie lorsque la puissance est l'action musculaire.' On le retrouve au
contraire, lorsque, suivant le jeu des leviers, la puissance se trouve être
la pesanteur. - '
Les muscles sont surtout disposés de manière à faire exécuter à la résis-
tance des mouvements étendus avec un faible déplacement de lapuissance,
c'est-à-dire avec un faible raccourcissement musculaire. C'est ce qui se pro-
duit avec le levier du troisième genre qui est le levier delà vitesse et le
plus répandu dans l'économie. On le trouve, surtout dans les mouvements
destinés à lutter-Contre l'action de la pesanteur. :
.
11 se distingue parla brièveté du-bras.dé. la puissance par rapport à celui
de la résistance:
Exemple : la flexion de l'avant-bràs sur-'lediras, la'flexion de.la jambe sur
V.

10 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN £

la cuisse, l'extension de la jambe sur la cuisse, celle-ci étant levée horizon- l


lalement, etc., etc. 1"

Dans la flexion de l'avant-bras sur le bras (fig. 4-) le point d'appui est à 1

l'articulation du coude (A). La puissance représentée par ;


les muscles fléchisseurs est appliquée au point d'insertion i

de ces,muscles en P. La résistance est représentée par


le poids de l'avant-bras dont la résultante se trouve
appliquée à la partie moyenne du membre
en IL
Le bras de la puissance est mesuré par
la distance AP et celui dé la résistance par
la distance Ait. On conçoit que la lon-
4. — Flexion de l'avant-bras sur
YÏG.
le bras. Levier du troisième genre. gueur du bras de la résistance augmente
A. point d'appui à l'articulation du quand la main est chargée d'un poids'.
coude ; P, puissance à l'insertion du
parce que le centre de
muscle fléchisseur ; R, résistance au
centre de gravité de l'avant-bras.
gravité du système se
trouve reporté du côté de la main. C'est ainsi que le
bras de la résistance est toujours plus.long que celui de
la puissance, d'où il suit que le point R décrit, autour
du point A, un arc de cercle beaucoup plus étendu que
le point P; d'où il suit également que, pour un faible
raccourcissement du muscle fléchisseur, la main dé-
crit un mouvement 1res étendu.
Prenons un autre exemple. Dans la
flexion de la jambe sur la cuisse (fig.o),
le point d'appui est a. l'articulation du
• genou,
la puissance représentée par les
fléchisseurs est appliquée tout près du
centre articulaire et la résistance à son
point d'application, au centre de gravité I'IG.
o. — l'lexion de la jambe sur la
du membre, vers le milieu de sa lon- cuisse. Levier du troisième genre.
A, point d'appui à l'articulationdu genou;.
gueur. Les choses se passent ici comme P, puissance à l'insertion des muscles
dans le cas précédent. fléchisseurs; H, résistance au centre de
gravité de la .ïambe.
IL faut remarquer que là direction
suivant laquelle agit la puissance sur le bras de levier n'est pas indiffé-
rente. L'effet utile'est le plus considérable,'lorsque cette forcé est perpen-
MÉCANISME DU MOUVEMENT 11

di cul aire au bras de levier. Plus elle est oblique, plus elle doit croître pour
arriver au même résultat.
Un muscle aura donc d'autant plus de puissance que ses fibres seront
nerpendiculaires à l'os qu'il doit mouvoir. Celte disposition rare dans l'or-
ganisme, puisque les muscles des membres sont pour la plupart disposés
parallèlement au grand axe des os, est compensée en partie par le volume
des tètes, articulaires qui font office de poulies de renvoi, augmentant
ainsi l'angle sous lequel se fait l'insertion des muscles.
La direction du corps charnu importe peu. la force s'exerce suivant la di-
rection d'implantation du tendon sur l'os.
11 résulte de ce qui.précède que, pour un même muscle, l'angle d'inser-

tion variant avec le déplacement de l'os, son degré de puissance variera


en même temps; si cet angle atteint l'angle droit, le muscle aura à ce
moment sa plus grande puissance : c'est ce qu'on appelle le moment du .

muscle.
.

CENTRE DE GRAVITÉ DU CORPS HUMAIN

La délerminalion du centre de gravité du corps humain et de ses diffé-


rents segments pris isolément est de grande importance dans l'étude de
l'équilibre des diverses attitudes et des différents mouvements.
La. détermination expérimentale du centre de gravité de tout le corps est
relativement facile, car il est manifestement contenu dans trois plans et se
trouve donc à leur intersection.
11 est dans le plan sagittal médian, puisque les deux moitiés du corps,

.étant symétriques, peuvent être considérées comme de poids égal.


Il est dans Te plan horizontal qui divise le corps en deux moitiés égales,
moitié supérieure et moitié inférieure. Pour déterminer ce plan, Borelli
place l'homme sur un plateau horizontal mobile à la manière d'une ba-
lance.
Enfin il est également contenudans le plan latéro-latéral, qui divise le
corps en moitié antérieure et moitié postérieure. Le procédé déBorelli n'est
pas applicable ici. Nous avons nous-même déterminé ce plan, pour la
station droite, suivant une méthode que nous exposerons plus loin au cha-
pitre de la station.
.
Le. centre de gravité du corps se déplace suivant la. situation dès mem-:
12 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
bres. Si les bras sont levés, il s'élève; si les membres inférieurs sont
fléchis, il s'élève également. M. Demény, à l'aide d'un ingénieux dispositif,
a cherché à déterminer expérimentalement la situation du centre de gra-
vité du corps dans les principales attitudes de la. marche, de la course et
du saut (1).
Pour ce qui est du centre de gravité des différents segments du corps, il
ne peut être déterminé avec précision que sur le cadavre.

(1) G. DEMÉNY, Elude des déplacements du centre de gravité dans le corps de


l'homme. Comptes rendus de l'Académie des sciences, 10 octobre 1887.
PHYSIOLOGIE DÛ MUSCLE SUR LE VIVANT <«

DE LA FORME DU MUSCLE VIVANT

Nou's venons de voir quel rôle le muscle joue dans les mouvements du
corps. C'est l'unique moteur de la machine humaine. Il est le générateur
de tout travail accompli par celte machine.
Si l'on songe, d'autre part, que le système musculaire compose à lui seul
la grande masse du corps, qu'il est en grande partie situé immédiatement
sous la peau, on comprendra toute l'importance qu'acquiert, au point de
vue de la morphologie du mouvement, l'état physiologique des muscles.
Cet état se traduira nécessairement par une modification de la forme exté-
rieure correspondante, et tout mouvement musculaire correspondra exté-
rieurement à des formes spéciales qui varieront avec sa nature et son
étendue.
Ce sont ces formes qui intéressent particulièrement les artistes, et l'exa-
men méthodique du nu sera, pour l'étude que nous entreprenons ici, notre
principal procédé d'investigation.
Nous devons donc chercher à définir tout d'abord la forme du muscle sur
le vivant, et les modifications de cette forme eu rapport avec les états phy-
siologiques par lesquels le muscle peut passer.
Mais auparavant, rappelons quelques détails anatomiques nécessaires. 11
importe, en effet, de bien préciser que cette forme musculaire vivante ne
dépend pas seulement du mode de structure du muscle lui-même. Elle est,
.
en outre, grandement influencée par les faisceaux et plans fibreux, péri-
musculaires. Nous savons, en effet, que tous les muscles sont contenus

(1) J'ai fait pour ce chapitre de nombreux emprunts à mon livre : Physiologie
artistique, Doin, éditeur, 1S95.
14 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
dans une gaine aponôvrotique plus où moins dense au milieu de laquelle
ils glissent dans leurs phases de raccourcissement et d'allongement. Cette
enveloppe les maintient dans leurs rapports réciproques et empêche les
déplacements que le jeu des leviers osseux qu'ils font mouvoir ne manque-
rait pas d'entraîner. Les pressions que subissent les corps charnus muscu-
laires, de la. part de celte enveloppe et des faisceaux qui la doublent en
certains points, ont pour effet d'altérer la forme du muscle lui-même en y
produisant des dépressions et des sillons bordés de saillies. Ces sillons se
produisent d'ordinaire dans le relâchement musculaire, et ont une direc-
tion perpendiculaire « la direction des fibres charnues.
Par contre, les faisceaux musculaires eux-mêmes, lorsqu'ils se con-
tractent, deviennent plus distincts, par suite de leur goullement. Us sont
séparés par des sillons dus à la cloison, fibreuse qui les sépare et ne saurait
se distendre en proportion. Ces sillons, indices de la. contraction muscu-
laire, sont donc, par opposition à ceux que nous venons de signaler, pnra/-
lèles à la direction des fibres charnues elles-mêmes.
résulte, de l'examen fait sur le vivant, que chaque muscle a une forme
Il
qui lui est propre, et que pour distinguer les différences morphologiques de
ses différents étals d'activité ou dé repos nous ne pouvons plus nous en tenir
à cette formule simpliste : quand un muscle se contracte, il se raccourcit
cl, augmente en même temps d'épaisseur. C'est beaucoup plus compliqué
dans la nature, et nous verrons que gonflement et raccourcissement ne
sont ni les seuls caractères, ni les signes indispensables de la contraction.

LES DIVERS ÉTATS PHYSIOLOGIQUES DU MUSCLE


Aupoint de yue'morphologique, nous distinguerons trois états physiolo-
giques du muscle, le relâchement, la contraction et la distension.
Nous allons définir ce que nous entendons par chacun de ces trois états,
et leur assigner des caractères morphologiques spéciaux.
Relâchement. — C'est véritablement l'état d'inaction du muscle. Il y
a relâchement lorsque l'élasticité musculaire cesse d'être sollicitée et que
le muscle se trouve dans un état d'équilibre stable, d'où il ne pourra sortir
que pour se raccourcir davantage sous l'influence de la contraction ou pour
s'allonger par l'effet de la distension. Pour nous, un muscle relâché est un
.
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 15

muscle dont les fibres ne suivent plus le court chemin de la ligne droite
entre ses points d'attache au squelette, et la chose se produit, pour tous les
muscles de l'économie, lorsque, dans l'ôlat d'inaction, leurs insertions
extrêmes sont l'approchées au delà d'une certaine limite.
Je vais ici à l'encontre d'une idée qui a cours en physiologie, et d'après
laquelle, sur le vivant, les muscles sont toujours plus ou moins tendus, ce
qu'on reconnaît, dit-on, à la légère rétraction qu'ils subissent quand on les
divise en travers. Les uns attribuent cette légère tension à la tonicité mus-
culaire, les autres à l'élasticité du muscle qui, sur le vivant, serait sans
cesse sollicité par les rapports que le muscle présente avec ses points d'at-
tache, de sorle que le muscle serait toujours tendu au delà de sa longueur,
naturelle de repos complet-
Or, c'est là une erreur que nous avons relevée il y a longtemps (1).
On admettra bien qu'un muscle n'est nullement tendu, et par suite qu'il
est complètement relâché, lorsqu'il se laisse éloigner sans aucune résis-.
tance de la ligne droite qui joint ses points d'attache, ou même lorsque son
corps charnu s'affaisse sous l'action de la pesanteur au point de décrire une
ligne courbe entre ses insertions, ainsi que la chose s'observe facilement
sur le biceps, par exemple, lorsque, le bras levé horizontalement, le coude
repose sur un appui et que tout le membre est inerte.
Le relâchement peut se traduire encore par des replis transverses du
corps charnu ou des tendons eux-mêmes, non moins démonstratifs. Et je
puis citer, dans cet ordre d'idées, les sillons transverses qui divisent les
masses lombaires dans la station droite, le repli que, dans l'extension
forcée de l'avant-bras, le tendon du triceps brachial forme au-dessus de
l'olécrâne, le sillon qui coupe transversalement le tendon rolulien dans la
station droite, etc.
Sur la grenouille, et aussi sur les autres animaux, le relâchement mus-
culaire physiologique est très facile à constater. Il suffit, après avoir
dépouillé une patte de grenouille, par exemple, de placer l'articulation du
genou dans la flexion et l'articulation du pied dans l'extension pour voir Je
gastroenômien se plisser transversalement. Ces plis existent aussi bien sur
le corps charnu que sur le tendon. Si l'on vient alors à couper par le milieu
le corps charnu du muscle, on constate que les surfaces de section restent
(11 Noto.surla tension musculaire dans les conditions physiologiques (Société
de Biologie, 17 lévrier 1894)
16 ANATO.MIE. ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN

en contact, et l'écartemenl généralement signalé et mis sur le compte de la


tonicité ou de l'élasticité musculaire ne se produit pas. Pour que l'écarté- ;

ment ait lieu, il faut que le muscle ait été mis préalablement dans un état
de distension plus ou moins considérable. D'où je conclus que, dans l'expé-
rience citée plus haut, lorsque les deux tronçons d'un muscle sectionné en
travers s'écartent, c'est que le muscle, au moment de la section, était plus
ou moins distendu.
C'est d'ailleurs ce qui arrive toujours si l'on n'a pas soin de placer le
membre, pour chaque muscle ou groupe musculaire, dans une position
déterminée.
Il faut donc conclure, contrairement aux idées courantes, que le muscle
sur le vivant n'est pas toujours dans cet état de tension d'ailleurs éminem-
ment favorable à son action, ainsi qu'on l'a fort justement remarqué. Le
relâchement complet et absolu existe; et certainement il a aussi ses avan-
tages pour le bon fonctionnement de la machine humaine, ainsi que nous
le verrons plus loin. Mais si la tension musculaire n'est point permanente,
elle se produit fréquemment par l'écartemenl des points d'insertion, soit
sous l'influence de la pesanteur, soif par l'action des antagonistes. Et, dans
toutes les actions musculaires un peu violentes, on peut signaler une période
de préparation qui consiste justement dans la mise en état de tension plus
ou moins considérable des muscles qui doivent agir.
Le muscle peut sortir de l'état de relâchement dans lequel ses fibres ont
une longueur fixe et moyenne toujours la même, de deux façons : ou en se
raccourcissant ou en s'allongeanl, par la contraction ou par la distension.

Distension. — La distension se produit lorsque les insertions.du muscle


sont écartées l'une de l'autre par l'action des antagonistes ou par tout autre
cause, au delà de la distance que comporte l'état de relâchement. C'estalors
que le muscle est véritablement tendu et que ses libres suivent toujours le
chemin le plus court entre ses points d'attache. Cette tension, lorsque le
muscle est au repos, s'accompagne toujours d'un allongement considérable
des fibres charnues mettant en jeu l'élasticité propre au tissu musculaire.
Suivant les régions, cet allongement n'est arrêté que par la limite de l'élas-
ticité du muscle lui-même, ou bien, il est limité par une disposition spéciale
des leviers osseux. C'est ainsi que le biceps ne peut être allongé qu'autant
que le permet l'extension de l'avant-bras sur le bras, limitée par la ren-
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 17

contre de l'olécrâne avec l'humérus, tandis que les extenseurs des doigts ne
rencontrent aucun obstacle mécanique à leur allongement, et que la limite
de leur extensibilité seule- empêche la flexion simultanée des doigts et du
poignet de se produire aussi complète que possible.
La distension mettant en jeu l'élasticité du muscle n'est plus un état de
repos complet. Le muscle accomplit un travail, puisqu'il oppose une résis-
tance, alors même qu'il n'entre pas en contraction; mais il arrive sou-
vent que la contraction se surajoute à la distension, ainsi que nous le dirons
plus loin, et comme fa fait observer M. le professeur Ranvier il y a déjà
longtemps.
Il y aurait donc lieu, de distinguer deux sortes de distensions : la disten-
sion passive, lorsque le muscle se laisse distendre sans entrer en contrac-
tion, et la distension active qui s'accompagne de contraction.

Contraction. — La contraction est l'état vraiment actif du muscle;


mais le point sur lequel je veux insister après M. Ranvier, c'est qu'elle peut
survenir sur un muscle distendu aussi bien que sur un muscle relâché, avec
celte différence, toutefois, que le relâchement cesse par le fait même de la
contraction, tandis que la. distension peut persister à ses divers degrés,
malgré l'état de contraction du muscle. C'est là un fait d'une importance
capitale au point de vue des formes extérieures en mouvement*. La contrac-
tion musculaire est donc fort mal définie lorsqu'on dit qu'elle consiste dans
le raccourcissement et le gonflement du muscle, car elle peut aussi bien
exister avec son allongement et son amincissement.
Sur l'homme vivant, il faut donc dislinger là contraction qui s'accom-
pagne de raccourcissement et celle qui s'accompagne d'allongement, car
les formes extérieures ne sont naturellement pas les mêmes dans les
deux cas.
Ces considérations imposées par la simple contemplation du nu trouvent
un appui, des plus solides dans les recherches histologiques de M. le profes-
seur Ranvier sur la contraction musculaire. L'éminent professeur du Collège
de France a pensé avec raison que la contraction musculaire n'était pas un
fait simple et que pour en saisir le mécanisme il convenait d'étudier compa-
rativement les différents états physiologiques dans lesquels le muscle pou- <

vait se trouver.
11 considère que le musele'peut
passer par quatre états physiologiques
jf;
18 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
différents : il peut être tendu et au repos; fendu et contracté; revenu sur K
lui-même et au repos; revenu sur lui-même et contracté. t;
Le lecteur saisira sous ces dénominations un peu différentes les divers étals I;
physiologiques que nous avons distingués : le relâchement, la distension [
passive ou active, et la contraction avec raccourcissement ou allongement t

Vu;. G. — figures schématiques résumant la contraction musculaire, d'après la théorie du pro-


fesseur Ranvier.

Je ferai remarquer seulement qu'un muscle contracté, même revenu sur


lui-même, c'est-à-dire avec raccourcissement, est toujours, dans l'état phy-
siologique, un muscle tendu.^ C'est pourquoi le mot de distension m'a semblé
préférable, parce qu'à l'idée de tension il ajoute celle d'allongement.
Les schémas ci-dessus (fig. 6) résument la théorie de M. Ranvier sur la
contraction musculaire qui s'accorde en tous points avec ce que nous révèle
l'examen macroscopique. On sait que les deux grandes qualités du muscle
strié sont la contractil'ité et l'élasticité. On verra que, dans la structure
.
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 19

intime du muscle, il existe deux éléments distincts qui sont le siège de ces
deux qualités.
A représente une fibrille musculaire striée, revenue sur elle-même et au
repos (Ranvier), nous dirons dans 1 état de relâchement.
Elle se compose de disques alternativement clairs et foncés disposés dans
l'ordre suivant :
a. Disque mince foncé. C'est un élément neulre, pour ainsi dire, ne chan-
geant pas de forme quel que soit l'état physiologique du muscle, véritable
pièce de charpente destinée à maintenir les rapports des fibrilles entre elles,
par son adhérence au sarcolemne, et, par son intermédiaire, aux autres
disques milices foncés des fibrilles voisines, situées au même niveau.
b. Disque clair de même dimension formé d'une substance élastique.
o. Disque épais foncé encadré par deux, disques clairs et formé exclusive-
ment de substance contractile.
Les mêmes éléments se^uccèdent dans toute la hauteur de la fibrille.
B-représente la même fibrille toujours au repos, mais en élafde disten-
sion (muscle au repos tendu de Itanvier).
On voit que les disques épais sombres (u) n'ont, point changé de forme (il
n'y a pas contraction), mais les parties élastiques (b) se sont allongées et
ont augmenté en hauteur.
C. Sur la même fibrille distendue, la contraction amène les changements
suivants: le disque épais sombre qui est la partie contractile de la fibre
diminue de hauteur pour gagner en largeur, d'où résulte un allongement
plus considérable encore des disques clairs élastiques. C'est la fibre mus-
culaire d'abord distendue et dont la contraction accentue encore la lension.
Supposons maintenant que la fibrille A relâchée, soit maintenue à ses
deux extrémités de façon que la e'onlraclron y survenant ne puisse en modi- .
fier la longueur; nous aurons en D des modifications.analoguesà celles que
nous avons signalées en C : diminution de hauteur des disques épais, allon-
gement des disques clairs. C'est la contraction musculaire ne s'aceompa-
gnant ni d'allongement, ni de raccourcissement, mais dont l'effet a été de
fendre le muscle.
Si la contraction parvient à vaincre la résistance appliquée aux extré-
mités de la fibre, il se produira alors un raccourcissement et par suite un
épaississement proportionnel dû aux changements de forme du disqueépais
contractile que nous supposons, pour répondre'aux faits macroscopiques,
£0 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
gagner exactement en largeur ce qu'il perd en hauteur. Et nous avons les
deux schémas E et F, suivant le degré de raccourcissement musculaire, et
sur lesquels il nous semble superflu de distinguer les parties constitutives
que le lecteur reconnaîtra facilement.
J'ajouterai que, dans l'état physiologique, c'est-à-dire sur un muscle
observé dans ses rapports naturels sur le vivant, le raccourcissement,
quelque considérable qu'il soit, s'accompagne toujours de tension. 11 faut
donc admettre que les disques clairs élastiques ne sont, jamais entièrement
revenus sur eux-mêmes comme sur le muscle relâché (A), ou bien que si
leur élasticité n'est plus sollicitée dans le sens de la hauteur, celle-ci étant
revenue égale à celle de l'étal du relâchement ou même moindre, elle l'est
toujours dans le sens de la largeur en vertu de l'élargissement des disques
contractiles qui les tiraillent dans ce sens.

CARACTERES MORPHOLOGIQUES DES. DIFFÉRENTS


ÉTATS PHYSIOLOGIQUES DU MUSCLE

Sur l'homme vivant, le relâchement musculaire se traduit extérieurement


par un relief uniforme plus ou moins arrondi, quelquefois marqué de sillons
perpendiculaires à lu direction des fibres charnues. Ces sillons sont dus soit
au froncement de fibres charnues repliées sur elles-mêmes, soit à la com-
pression de certaines brides aponévrofiques. Enfin, les tendons sont peu
saillants, ils se fondent avec les parties voisines, ou bien forment un pli
transversal plus ou moins volumineux.
La distension, qui est toujours accompagnée de rallongement du muscle,
est la cause d'une forme extérieure tout à fait différente de celle du relâ-
chement. Le relief musculaire est moindre. 11 se produit un aplatissement
plus ou moins considérable suivant le degré de la distension. On observe, en
outre, quelques sillons parallèles cette fois à la direction des fibres charnues
correspondant aux cloisons de séparation des faisceaux secondaires. Les
tendons sont tendus.
Un muscle contracté et raccourci est remarquable par lit saillie de ses
fibres charnues et par le relief distinct des faisceaux secondaires qui le com-
posent.
La surface du muscle contracté est d'autant plus uniforme qu'il est com-
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 21
.

posé d'un moins grand nombre de faisceaux distincts. Par exemple, le del-
toïde est formé de trois parties, tiers moyen, tiers antérieur et tiers posté-
rieur, dont le modelé, dans le repos du muscle, ne présente guère de
différence. Dans la contraction, il n'en est plus de même, et pendant que le
tiers antérieur et le tiers postérieur offrent une surface à peu près uniforme,
le tiers moyen est marqué d'un grand nombre de sillons qui limitent les
faisceaux distincts dont il est composé.
La forme d'un muscle contracté et distendu, participe à la fois aux formes
spéciales à la contraction et à la distension, c'est-à-dire qu'il se distingué
par l'accentuation des divers faisceaux dont il se compose et. par un relief
des fibres charnues variable avec le degré de la distension, mais toujours
moindre que le relief dû au simple relâchement, musculaire.
La conclusion de ceci, aussi intéressante pour le physiologiste qui veut
étudier sur le nu le jeu de la machine humaine, que pour l'artiste qui veut
représenter le corps humain en mouvement, c'est que la saillie que l'ait un
muscle ne saurait à elle seule constituer un indice certain de l'état d'acti-
vité ou de contraction, pas plus que son aplatissement ne coïncide toujours
avec l'état de repos ou le relâchement. '
On verra presque toujours, sur un muscle distendu, la contraction dimi-
nuer le relief au lieu de l'exagérer. Pour juger sûrement de l'état d'activité
ou de repos musculaire, il faut faire intervenir un autre élément d'appré-
ciation qui consiste dans le modelé spécial de la région.
Nous avons résumé ce qui précède dans la série des schémas ci-contre
(fig. 7). Le muscle représenté n'est pas plus.le:biceps qu'un autre muscle.
C'est un muscle idéal figuré successivement dans les différents états physio-
logiques étudiés plus haut. En A, le muscle est en état de relâchement, les
libres charnues ont leur longueur naturelle; il n'est pas tendu, il obéit à la
pesanteur; le corps charnu et le tendon peuvent se plisser transversalement
si les points d'attache se rapprochent davantage (A').
En B, le muscle est contracté ; il est en même temps raccourci par suite
du rapprochement de ses insertions en deçà des limites de sa longueur
naturelle. 11 augmente en même, temps d'épaisseur. Raccourcissement et
épaississement vont ensemble et augmentent avec le rapprochement des
insertions (B').
En C, le muscle est distendu parréloignement de ses points d'attache au
delà des limites de sa longueur naturelle. 11 est distendu passivement, si le
FIG. 7.
— Schémas relatifs aux différents états physiologiques."du muscle. AA'. reUtebeaiouf
B.B contraction..CC. distension.
.
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 23 :

muscle est en même temps inactif. Mais la contraction peut se surajouter à


la distension, et son action a pour effet [d'augmenterla tension musculaire
et d'accentuer les faisceaux secondaires (C).
On trouvera dans mon livre Physiologie artistique un certain nombre
d'exemples de ces différents étals physiologiques des muscles pris suivie
vivant. Nous pensons utile, pour préciser et fixer les idées, d'eu rapporter
au moins un (fig. S). 11 a trait au muscle triceps brachial.

]*'IG. S.
— Modifications de la forme de la partie postérieure du liras suivant l'état physiologique
du muscle triceps. — A, le membre supérieur retombe naturellementle long du corps. Relâchement
du muscle. — H, extension forcée de Tavanl-bras sur le bras. Contraction avec raccourcissementet
gonllemeni du muscle. — C, lloxion forcée de l'avant-bras sur le bras. Distension du muscle.

En A, le bras étant étendu passivement, le triceps est en état de relâ-


chement avec rapprochement maximum de ses points d'attache. On note
que le tendon fait au-dessus de l'olécràne un repli nettement accentué, le
corps charnu est lisse et les fibres ont leur longueur naturelle.
En B, le triceps se contracte énergiquement. pour maintenir l'extension
de l'avant-bras. On voit le tendon inférieur se tendre, le corps, charnu
diminuer de longueur et augmenter jd'épaisseur, en même temps que les
faisceaux secondaires s'vaccentuent.
En C, l'avant-bras étant maintenu fléchi par un aide, le triceps est dis-
tendu; il s'aplatit, ses fibres charnues augmentent de.longueur, les fahv
24 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
ceaux secondaires sont légèrement distincts. Si, l'avant-bras étant maintenu
par l'aide dans cette position, le sujet faisait effort pour étendre le coude,
on verrait la tension du muscle augmenter et les sillons longitudinaux qui
limitent ses faisceaux secondaires s'accentuer.

CON TRACT1 ON MUSCULA1 RE PII YS10L0G IQUE

Onpourrait croire que, dans un mouvement quelconque, les muscles


contractés sont toujours ceux qui se trouvent du côlé où se produit le mou-
vement, par exemple les fléchisseurs si Inflexion se produit, les extenseurs
si c'est, l'extension, et ainsi du reste, pendant que les muscles disfendus
sont du côté opposé. La chose serait vraie si la pesanteur était supprimée,
si le corps, par exemple, se mouvait dans un milieu aussi dense que lui.
Elle est, presque exacte pour un homme plongé dans l'eau, pour un nageur,
par exemple. Mais, dans les condifions'ordinaircs de la vie, il n'en va plus
de même. •
11 ne faut pas oublier, en effet, que tous les mouvements du corps résul-

tent du concours ou du conflit de deux forces agissant simultanément :


l'action musculaire d'un côté, et, de l'autre, la pesanteur. Ces deux forces
agissent sur les os, qui font office de leviers. D'ordinaire, la pesanteur
représente la résistance, le muscle la puissance, et l'articulation.le point
d'appui. Mtiis il arrive aussi que les rôles sont intervertis, et que la pesan-
teur devient la puissance, pendant que la résistance est représentée par la
contraction musculaire. Ceci peut avoir lieu pour un même système, sui-
vant sa position dans l'espace et suivant la direelion des mouvements.
D'autres fois, contraction musculaire et pesanteur, au lieu de se contrarier.
'
agissent dans le même sens et s , ajoutent. i

Prenons un exemple :
Considérons les mouvements de flexion cf. d'extension de l'avant-bras sur
le bras. Dans le mouvement de flexion, le système représente un levier du
troisième .genre. Le point d'appui est à l'articulation, la puissance au point
d'attache des muscles fléchisseurs, et la résistance au centre de gravité
de l'avant-bras et de la main.
Dans l'extension, les choses changent, et trois cas peuvent se présenter :
1" l'extension est produite sous la. simple influence de la pesanteur,
l'avant-bras retombe de lui-même, l'action musculaire est nulle; 2°l'exten-
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 25 -

sion se fait lentement et l'action musculaire est nécessaire pour contre-


.
balancer en partie l'action de la pesanteur. Dans ce cas, les muscles
contractés sont toujours les fléchisseurs, bien que le mouvement soif.
<Y extension, mais leur rôle est changé; ils résistent à la force qui entraîne

le membre. Ils sont maintenant la résistance, et la pesanteur devient la


puissance dans le levier du deuxième genre que représente alors le sys-
tème ; 3" l'extension est 1res rapide et dépasse la vitesse imprimée au
membre par la seule influence de la pesanteur. Une nouvelle intervention
de l'action musculaire est donc nécessaire, mais elle n'est plus à la même
place. La contraction n'est plus dans les fléchisseurs, elle est dans exten-
1

seur qui précipite le mouvement.


La contraction musculaire se présente donc ici sous deux aspects. D'un
côté,'elle l'emporte sur l'action de la pesanteur, soit qu'elle la. combatte,
soit, qu'elle l'accélère. D'un autre côté, elle cède plus ou moins rapidement
à la pesanteur qui entraîne le membre et ne fait plus office que de modéra-
teur. Dans le premier cas, la contraction musculaire est un véritable moteur:
dans le second, elle remplit le rôle d'un frein qui retarde le mouvement.
11 est encore un troisième cas : c'est celui dans lequel la contraction

musculaire fait juste équilibre à la pesanteur et maintient le membre


immobile dans une position donnée.
Celle dernière forme de la contraction a élé appelée contraction-statique.
La contraction dynamique est celle qui accomplit un travail mécanique
en élevant, un poids à une certaine hauteur. On la désigne aussi sous le
nom de contraction dynamique avec travail positif.
J'appellerai contraction frénalrice celle qui simplement relarde la-chute
du membre entraîné par la pesanteur. C'est la contraction dynamique avec
travail négatif des auteurs (1).
(1) Je crois que cette dénomination de contraction frénalrice ne peut donner
lieu ici à aucune confusion. Elle a pour grand avantage de simplifier le discours
en remplaçant, toute une périphrase qui est celle de contraction dynamique avec
traçait, négatif. Toute contraction musculaire est dynamique, et la contraction
que l'on appelle contraction statique n'est pas autre-chose qu'une contraction
dynamique'sans travail mécanique. Combien, cependant, la dénomination usitée
de « couliaction statique » est plus claiiv, plus simple etnuus semble: préférable.
De même, réservant le nom de eontraclion dynamique à celle qui s'accompagne
d'un travail niééanique positif, ne convient-il pas de chercher un autre nom pour
la contraction dite contraction dynamique avec travail négatif, et celui du con-
traction frénalrice nous a semblé le plus clair et le plus commode.
2G ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Celte dernière forme de la contraction est d'un usage: extrêmement fré-
quent dans la mécanique humaine. Que l'homme se penche en avant, en
arrière ou sur le côté,.qu'il s'accroupisse, qu'il abaisse lentement les mem-
bres après les avoir élevés, c'est la contraction frénalrice qui intervient.
En un mot, elle existe dans une des phases de tout mouvement d'une
vitesse lente ou modérée, se produisant dans un plan vertical ou oblique.
Elle a pour caractère de siéger dans les muscles dont l'aelion est. antago-
niste du mouvement exécuté, dans les fléchisseurs, par exemple, lors du
mouvement d'extension, dans les élévateurs, lors de l'abaissement, elc.
Elle se présente, au point de vue morphologique, sous les. mêmesappa-
rences que la contraction dynamique.
Les photographies instantanées montrent que, dans les conditions de
vitesse signalées'plus haut, c'est-à-dire avec une vitesse lente ou modérée,
la forme d'un membre no diffère pas sensiblement, qu'il s'étende ou se
fléchisse, qu'il s'abaisse ou s'élève, etc. Les figures 0 et 10 contiennent
des exemples parfaitement concluants pris dans les séries"ebronophofogra-
phiques faites avec Londe (fig. 9, 1 et. 11, 111 et IV; fig. 10, I et 11) et dont
un certain nombre, publiées à la fin de ce volume, offrent des exemples.
Néanmoins, j'ai constaté d'une façon très nette, entre ces deux formes
de la contraction musculaire, une différence que ne'donne point la photo-
graphie,-mais, parfaitement appréciable à l'oeil.
Dans la contraction frénalrice, le muscle est le siège de petites palpita-
tions. 11 n'y a pas là de différence fondamentale, car les palpitations peu-
vent se voir aussi dans la contraction dynamique. Mais elles sont moins
accentuées et plus rares. En'lout cas, l'opposition entre les deux formes de
contraction est très nette, car elles existent constamment, el en grand
nombre, dans la contraction frénatrice. La différence est frappante, lors-
qu'on regarde le biceps, alors que l'avant-bras se fléchit et s'étend; le del-
toïde, lorsque le bras s'élève et s'abaisse; les masses sacro-lombaires, alors
que le tronc se fléchit ou s'élend, elc.
Cette palpitation du muscle se traduit sur les tracés obtenus avec le myo-
graphe par des irrégularités de courbe musculaire toujours plus accentuées
dans la descente que. dans la montée. 11 semble que le muscle se décon-
tracte par saccades et non pas d'une façon uniforme.
11 ne serait pas sans intérêt, pour l'étude que, nous poursuivons en ce

moment, de savoir exactement quelle est la valeur de l'effort musculaire


.28 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
déployé dans ces diverses formes de la contraction. Malheureusement, la
solution du problème est entourée des plus grosses difficultés qui découlent
toutes de ce fait qu'il n'y a aucune parité entre le travail musculaire inté-
rieur et le travail extérieur produit ou travail mécanique. On a cherché
alors la mesure de l'effort musculaire dans la mesure de l'énergie qui est
à son origine, laquelle énergie, suivant les circonstances, se transforme-
rait partiellement ou totalement en chaleur sensible. Mais la mesure de
réchauffement des muscles n'a pas encore donné entre, les mains des
divers auteurs des résultats concordants, et nous n'aborderons pas ici
cette question encore à l'étude.
On peut se faire théoriquement une idée des valeurs relatives 'en ques-
tion, par les raisonnements suivants très simples.
Je suppose trois cas de flexion à angle droit de l'avant-bras sur le
bras, dans chacun desquels le biceps soit dans un- état de contraction
différent.
Dans le premier cas, le membre est immobile, le biceps est en contraction
.statique.
Dans le deuxième cas, l'avant-bras se fléchit, le biceps est en contraction
dynamique avec travail positif.
Dans le troisième cas, le membre s'étend, le biceps est en contraction
dynamique avec travail négatif (contraction frénatrice).
Dans les trois cas, l'effort musculaire est comparable, car le degré de
raccourcissement du muscle est le même, la charge est également la même,
représentée par le poids de l'avant-bras. De plus, je suppose le temps égal
dans les trois cas, temps représenté si l'on veut par la fraction de seconde
nécessaire pour obtenir l'image chronophotographique.
Eh bien, si je ne puis comparer directement entre elles ces trois formes
de la contraction du biceps, puisque j'ignore la valeur absolue de chacune,
je n'en arriverai'pas moins.au résultat cherché, si je les compare à une
autre force toujours semblable à elle-même. Cette'autre force est toute
trouvée, c'est la pesanteur qui agit à l'autre extrémité du levier.
Or, dans le premier cas, il faut bienadmettre que les deuxforces sont égales.
Donc: contraction statique = P.
Dans le second cas, puisqu'il y a flexion, l'action musculaire l'emporte sur
la pesanteur. ';.' ':''.
Donc; contraction dynamique,avec travail positif > P.
' '

.
Fie. lo. — Mouvements de flexion et d'extension de l'avant-bras sur le bras (suite).
30 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Dans le troisième cas, la contraction musculaire le- cède à la pesanteur,
puisqu'il y a extension.
Donc : contraction dynamique avec travail négatif < P.
D'où nous pouvons conclure que l'effort statique est plus.petit que l'effort
dynamique avec travail positif et plus grand que l'effort dynamique avec
travail négatif. Et si nous comparons entre eux les deux efforts dynami-
ques, nous conclurons que l'effort avec travail positif est plus grand que
l'effort avec travail négatif.
L'examen de nos photographiesinstantanées confirme cette vue de l'esprit.
Tout en constatant q°ue, dans les deux cas, la forme générale du muscle est la
même, on observe une différence dans le degré d'accentuation de cette forme.
Sur les deux photographies de la figure 9 (fil et IV), qui représentent
la flexion et l'extension de l'avant-bras avec un poids dans la main, il est
bien évident que le biceps du membre qui se fléchit forme un relief plus
isolé, souligné par une ombre plus forte que le relief du biceps du membre
qui s'étend. La saillie générale du muscle est la même dans les deux cas,
mais, dans l'extension, le relief du biceps se confond avec celui des parties
voisines, tandis que, dans la flexion, il en est séparé par un sillon qui
indique clairement une tension plus accentuée du muscle.
Nous ajouterons que ces différences de valeur entre les diverses formes
de la contraction varient certainement avec la vitesse du mouvement exé-
cuté. Plus le mouvement sera, lent, plus, ces différences s'atténueront; elles
s'accentueront au contraire avec la rapidité du mouvement.
En effet,, si le mouvement de flexion et d'extension de l'avant-bras s'exé-
cute très lentement, les deux efforts dynamiques, à la montée et à la des-
cente, tendent à se rapprocher de l'effort statique sans toutefois y atteindre
jamais, du moins théoriquement, tant que le mouvement existe.
Lorsque au contraire le mouvement augmente de rapidité, l'effort du
muscle qui retarde la chute du membre est d'autant moindre qu'il la retarde
moins, c'est-à-dire que le mouvement du membre se rapproche davantage
de celui que lui imprimerait la seule action de la pesanteur. Il en résulte
;
que;, dans ces circonstances, lès différences ne peuvent que s'accentuer entre
les deux formes dé la contraction dynamique.
Nous pouvons donc conclure que les images d'un membre-qui s'étend diffé-
reront d'autant plus de celles d,u même membre qui se fléchit que la rapidité du-
mouvementsera plus; grande.
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 31

L'expérience nous montre, en effet, que, dans les mouvements très rapides,
l'opposition est complète entre le membre qui se.fléchit et le membre qui
s'étend.. Les photographies (fig. 9, V et Vf) sont parfaitement concluantes.
Dans la flexion, le biceps forme un relief qui n'existe plus dans l'extension,
.le sais bien qu'alors le biceps est inactif au moment de l'extension et
qu'il ne saurait plus être question de contraction frénatrice. Aussi je ne
rappelle ce cas que pour montrer le point extrême vers lequel-tend la con-
traction frénatrice du biceps, alors qu'augmente la vitesse de l'extension de
l'avant-bras sur le bras.
Aux formes de contraction déjà étudiées, il nous faut en ajouter une
autre, que nous avons désignée sous le nom de contraction balistique et qui
se rencontre tresfrequemmentdanslejeu.de la machine humaine. Elle
consiste en ce qu'elle se produit très énergiquement et très brusquement
sur un muscle en état de distension, qu'elle dure très peu de temps, et
qu'elle cosse brusquement et complètement bien avant que le mouvement
du levier osseux qu'elle actionne ne soit terminé. Ce mouvement, sous l'im-
pulsion quasi explosive du muscle, ne s'accomplit et ne s'achève qu'en vertu
de la vitesse acquise et de l'inertie des parties mises en mouvement, de
même qu'une pierre qu'on lance dans l'espace y décrit.seule une certaine
trajectoire. Cette forme de contraction est suivie durelàchement du muscle
le plus complet, et va à rencontre de l'erreur généralement répandue du
muscle perpétuellement tendu.
Elle se rencontre sur le triceps fémoral à un certain moment de la
marche, comme nous le verrons plus loin, dans l'acte de donner un coup
de poing, dans celui de donner un coup de pied, etc.
On nous permettra-de citer ici ce dernier exemple, parce que la contrac-
tion balistique s'y montre avec des caractères particulièrement saisis-
sants (1). La figure 11 représente quatre attitudes successives 'd'une série
chronophotographique d'un homme donnant un coup de pied. En- A et.
en B, le muscle triceps distendu par la flexion de la jambe.est en même
temps vigoureusement contracté, ainsi que le montre l'accentuation du
dessin des différents faisceaux dont il se compose. En Cet.D, la jambe vive-
ment lancée en avant arrivé à l'extension. Pendant que A et B nous mon-
trent une action musculaire énergique. C et B nous offrent l'exemple d'un
Paul BiciiEii, Note sur la contraction du muscle quadriceps dans Pacte de
(.1)
donner- un-coup de pied (Société de Biologie, 23 mars 1895).
32 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
relâchement musculaire complet se présentant
sous deux aspects différents,
mais non .moins caractéristiques. C'est d'abord
un gonflement énorme de

ru.. 11. — unronopnotograpnic iiun coup clé pied (Ciicnc A. Lonue).


toute la partie antérieure de la cuisse,
suivi bientôt d un aplatissement
aussi complet que possible.
C'est dans les instants qui précèdent l'extension
complète de la jambe sur
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 33

la cuisse que nous observons le gonflement. Cette saillie exagérée est d'un
modelé uniforme, ne ressemblant en rien au relief occasionné par la con-
traction dont les principaux, caractères sont l'accentuation des différents
faisceaux musculaires et les dépres-
sions au niveau de l'insertion des fibres
charnues sur les tendons, ainsi que
nous l'avons exposé plus haut. Ici, rien
de semblable, et cette saillie, beaucoup
plus considérable d'ailleurs que celle
due à lit contraction, dont la surface
ne révèle aucun des détails de la struc-
ture du muscle, ne peut être occasion-
née que par le soulèvement en masse
du muscle relâché, projeté eu avant
pour ainsi dire, comme un corps inerte,
par le mouvement même imprimé au
membre. S'il restait encore un doute, Fui. 12. — Extension lente do la .jambe-sur
il suffirait de comparer la photogra- la cuisse maintenue horlzontulo.

phie C à la figure 12. choisie égale-


ment au milieu d'une série chronophotographique représentant le même
sujet étendant lentement la jambe sur la cuisse, celle-ci étant maintenue
horizontale. On y voit le muscle quadriceps présentant tous les signes
morphologiques d'une vigoureuse contraction.
Puis, l'instant d'après, c'est-à-dire lorsque l'extension de la jambe est
complète, toute celte masse retombe sous l'influence de la pesanteur, et
c'est alors que l'aplatissement se produit. Nous voyons donc qu'au moment
où la jambe approche de l'extension, le muscle quadriceps, qui a été la
cause première de cette extension, est complètement relâché et n'est plus
pour rien dans le mouvement qui s'achève sans lui.
Dans tout exercice qui consiste à lancer une balle avec le pied ou avec la
main, comme dans le jeu du fool-ball ou de la longue paume, la contrac-
tion balistique intervient. Elle lance pour ainsi dire le membre, qui ne
reçoit le choc de la balle que lorsqu'il est déjà réduit lui-même à l'état de
masse inerte (1). Les habitués eux-mêmes témoignent de ce mécanisme
(I) La planche, 54 en offre un très bel exemple se rapportant au jeu du foot-ball.
On constate en effet sur la figure 5 qu'au moment même où lo pied rencontre le
34 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN K;

spécial, et pendant que les novices lancent la balle en -contractant leurs j,;;
i --
muscles pendant tout le temps de 1 action, eux se rendent très bien compte s%

qu'ils n'acquièrent une sérieuse habileté que lorsqu'ils sont arrivés à H

donner un effort très énergique et très court seulement au commencement ';


de l'action. .:

Contraction brusque et contraction lente des muscles


striés. — 11 est une découverte de M. Ranvier que les physiologistes n'ont
point encore songé à appliquer à l'étude de la mécanique animale, et qui me \

semble cependant du plus haut intérêt.


M. Ranvier a observé que les muscles des membres chez le lapin ne pré-
.
sentaient pas tous le même aspect. La plupart sont blancs, translucides,
par exemple les adducteurs de la cuisse et les jumeaux: les autres sont
rouges, par exemple le demi-tendineux elle soléaire. Or ces deux sortes de
muscles ont des propriétés physiologiques différentes et ne se contractent
pas delà même façon.
Qu'ils soient excités directement ou par l'intermédiaire de leurs nerfs,
les muscles rouges ont une contraction lenlc, qui met du temps à s'éta-
blir, dure quelques instants et ne cesse que graduellement. Les muscles
blancs, au contraire, se contractent brusquement. Leur contraction est ra-
pide, survenant tout d'un coup et cessant de même. Pour qui a assisté à
l'expérience, l'opposition est saisissante entre ces deux formes de la con-
traction.
Ces différences physiologistes correspondent à des différences de .struc-
ture, bien que muscles blancs et muscles rouges soient également des mus-
cles striés.
La différence capitale consiste dans l'augmentation des disques élasti-
ques chez les muscles rouges. Ce caractère, joint, à d'autres détails déstruc-
ture bislologique sur lesquels nous n'avons pas à insister ici, ont permis à
M. Ranvier de reconnaître, citez les muscles du lièvre, tous également
rouges, les deux sortes de muscles, muscles à contraction lente et mus-
cles à contraction brusque. La coloration n'est donc pour rien dans ces dif-
férences physiologiques qui reposent entièrement sur des différences de
structure. .-sj
ballon, le quadriceps est manifestement relâché affectant une forme tout à fait
comparable à celle qui se voit en D, figure -1J.
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 35

11 est plus que vraisemblable d'admettre que les mêmes différences phy-
siologiques se rencontrent chez les muscles rouges de l'homme, et-qu'il
doit exister, suivant la fonction qui leur est. plus particulièrement dévolue,
des muscles plus ou moins élastiques, c'est-à-dire des muscles à contraction
brusque et des muscles à contraction lente.
Nous avons tout lieu de supposer que la contraction balistique, par
exemple, ne saurait se rencontrer que chez des muscles peu élastiques, à
contraction brusque.
D'autre part, il est un muscle que l'on pourrait appeler le muscle de la
station verticale, ainsi que nous l'établirons plus loin; c'est le muscle so-
léaire. Nos prévisions nous portent à croire, que, dans ce muscle, la partie
élastique prédomine, et qu'en conséquence ce doit être un muscle à
contraction lente, ,1e ne vois d'ailleurs, dans tous les mouvements de
l'homme, aucune circonstance dans laquelle le soléaire doit être le siège
d'une contraction brusque et courte. Ses fonctions en font, à proprement
parler, un muscle ôquilibratcur, ainsi que M. Ranvier désigne les muscles
rouges.
Par contre, le triceps crural, dont nous démontrerons plus loin le rôle
dans la marche, et qui est fréquemment le siège de la contraction balis-
tique, doit être un muscle peu élastique et à contraction brusque. On voit
qu'il y a là tout un domaine encore inexploré et qui mérité d'attirer l'atten-
tion des physiologistes et des chercheurs.

Du jeu des antagonistes. — Que se passe-l-il pendant la contraction


d'un groupe musculaire dans le groupe antagoniste? D'après la doctrine
classique, quand'un muscle se contracte, un fléchisseur, par exemple, le
muscle extenseur est inactif; il se laisse tout simplement allonger et
n'oppose d'autre résistance que celle de son élasticité. Malheureusement,
les choses ne sont pas aussi simples cjue cela. Quelques auteurs, et en
particulier M. Dcaunis, ont démontré que, dans la plupart des cas, les
muscles antagonistes se contractent simultanément et que le mouvement
produit est la résultante des contractions qui se produisent simultanément'
dans les muscles antagonistes.
Sans entrer dans le détail des expériences sur les animaux entreprises
par M. Beaunis dans le but d'élucider cette intéressante question, je don-
nerai les conclusions.auxquelles est arrivé cet auteur.
36 ANATOMIE ARTISTIQUE DU COUPS HUMAIN
Trois cas peuvent se présenter :
.1° Les deux muscles (ou groupes de muscles) antagonistes se contractent

simultanément : c'est le cas le plus habituel, le type normal;


2" Un seul des muscles se contracte, l'autre reste immobile : c'est l'excep-
tion;
.
Un des muscles se contracte, le muscle antagoniste se relâche et s'al-

.
longe. ; -

Ces faits expérimentaux, observés sur des muscles dénudés et détachés


par une de leurs extrémités pour être mis en rapport avec un appareil
enregistreur, sont interprétés comme il suit par M. Beaunis.
Inutile dé parler du second cas, dans lequel un des muscles reste immo-
bile; le mouvement étant produit par la contraction d'un seul muscle, il
n'y a besoin d'aucune explication spéciale.
Dans le premier cas, lorsque les deux muscles antagonistes se contractent
simultanément, le mouvement n'aura lieu que si les deux contractions ne
sont point égales. 11 se produira alors dans le .sens de la contraction la'
plus forte, et son étendue sera proportionnelle à l'a différence des deux
contractions.
Dans le troisième cas, contraction d'un côté.et relâchement de l'autre, le
résultat est tout différent. Les actions musculaires, loin de se-détruire,
s'ajoutent l'une à l'autre, puisqu'elles entraînent le membre dans le même
sens.-La'résultante, au lieu d'être une différence, est la somme des deux
actions musculaires. Mais il ne faut pas oublier que toutes les expé-
riences ont porté sur les animaux et sur des .muscles -n'ayant plus leurs
connexions physiologiques. 11 était intéressant de rechercher dans quelle
mesure ces différents modes de réagir des antagonistes peuvent s'observer
chez l'homme dans le jeu régulier des divers mouvements. Nous verrons
que nos observations confirment, au moins en partie, les expériences de
M:. Beaunis.
Considérons é. nouveau un mouvement très simple, la flexion de !'avant-
bras sur le bras.
Dans lé mouvement lent, la main n'étant chargée d'aucun poids, on
remarque, lors de la flexion, un certain relief du triceps, qui. est le muscle
extenseur, relief qui peut faire croire à un: certain degré de contraction de
ce muscle, qui est le muscle antagoniste.. Nous, serions ici "dans le premier
cas de M. Beaunis, cas dans lequel les deux.muscles antagonistes- entre-
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 37

raient à la fois en contraction, l'un pour exécuter le mouvement, l'autre .


pour le modérer. Le résultat obtenu est une différence, suivant la théorie
parfaitement juste de M. Beaunis. L'effort du muscle fléchisseur, dans ce
cas, se trouve partiellement annihilé par la résistance active du muscle
antagoniste contracté. '

Cette contraction de l'antagoniste, toute faible qu'elle soit, paraît évi-


dente sur nos séries chronophotographiques (fig. 9, I). Si l'on compare
l'image du membre qui se fléchit à l'image du membre soutenu et maintenu-
immobile dans la même position, on voit, dans ce dernier cas, un relâche-
ment évident se produire, non seulement dans le biceps, dont l'action devient .
inutile, mais aussi dans le triceps. L'expérience suivante, très'facile à répéter,
montre de la manière la plus évidente la contraction simultanée des
muscles antagonistes. Nous prions lé modèle de laisser son membre inerte
pendant que nous soulevons son avant-bras jusqu'à ce qu'il formé un angle
droit avec le bras : nous constatons que le biceps reste dans le relâchement-
et que le triceps, est légèrement distendu. Mais, si nous abandonnons le
membre tout d'un coup en priant le modèle de conserver la position,
on voit très nettement: le triceps se contracter en même temps que. le
biceps.
Si, maintenant, nous comparons l'image du membre qui se fléchit à celle
du membre qui s'étend, nous constatons que le triceps est moins contracté
dan's le second cas que dans le premier (fig. .9, I et II), fait de prime
abord paradoxal, puisque le triceps est le muscle extenseur, niais qui se
comprend si l'on songe que, dans ce cas (mouvement lent), le muscle actif
dans l'extension est encore le fléchisseur dont la contraction n'a plus besoin
de lamodération-de son antagoniste.
On peut constater également que, lorsque la contraction du biceps aug-
mente d'intensité, la contraction du triceps augmente également. Sur un-
membre qui soulève en se fléchissant un poids très lourd, le corps charnu
du triceps est plus ramassé que dans le même mouvement de flexion à vide,
ce qui indique un état de contraction plus marquée dans le premier cas que
dans le second (fig. 9,1 et IIIj.
Passons maintenant à l'étude fort curieuse de ce qui se passe dans les
mêmes mouvements de flexion et d'extension- de l'avant-bras sur le bras !

exécutés très rapidement et sans s'arrêter un certain nombre de fois: de


suite. Nous allons ayoir là la démonstration très nette de cette forme spé-
38 ANATOMIE ARTISTIQUE IJ U CORPS HUMAIN j|
ciale de la contraction musculaire que nous avons désignée du nom de |
contraction balistique. -
;i
.
Nous voyons alors les muscles antagonistes —je considère particulière- î
ment alors le biceps et le triceps — se contracter fort énergiquement à tour '}

de rôle pour entraîner le membre alternativement chacun de son côté, et I


en même temps nous constatons que chacun des muscles cesse son action {

subitement avant que le membre ait achevé son mouvement qui se continue
.en vertu de la seule inertie des parties.
Ainsi, prenons le membre au moment où il est étendu; le biceps se
contracte alors fort énergiquement et sa contraction persiste encore au
moment où le membre passe à l'angle droit, mais, arrivé au point extrême
de la flexion, le muscle biceps est complètement relâché. La comparaison
des deux photographies 111 et V de la figure 10 est instructive, 'foules les
deux sont prises'sur le membre en mouvement; sur l'une (III) le-membre
se meut lentement, sur l'autre (V) il se meut très vite. Sur la première, le
relief du biceps est énorme. Sur la seconde, le biceps est comme aplati.
A partir de ce moment, l'avant-bras s'étend alors sous l'influence d'une
contraction énergique du triceps nullement entravé par le biceps qui est
complètement, relâché (ce qui n'a pas lieu dans le mouvement lent). Mais
avant que le membre arrive à l'extension, le triceps estd.éjà relâché et la
photographie VI de la figure 10, prise pendant le mouvement très rapide,
nous montre un membre étendu à l'extrême avec un extenseur absolument
flasque, ce qui n'a point lieu pour le mouvement lent (IV, fig. 10), sur
lequel nous voyons le triceps contracté.
Ainsi donc, dans ce cas, l'avant-bras se trouve pour ainsi dire lancé
dans les deux directions différentes par. la contraction momentanée et alter-
native des deux muscles antagonistes, à la manière d'une balle que deux
joueurs de,paume se renvoient.
Nous pouvons retrouver ce jeu des antagonistes dans les diverses parties
d'un même muscle, le deltoïde, lors de l'élévation d'un bras en dehors. Le
fait est particulièrement saisissant et mérite que nous nous y arrêtions un
instant;
L'élévation des bras en dehors est sous la dépendance du muscle del-
toïde. Je néglige pour le-moment 1'aclioiï synergique du grand dentelé.
Mais .de. muscle ne concourt pas dans son entier à ce mouvement d'éléva-
tion : ses deux tiers antérieurs sont élévateurs, son tiers postérieur, au
FIG. 13,
— Mouvements d'élévation et d'abaissement du bras en dehors.
:J9
40 ANATOMIE ARTISTIQUE DU C.OÉPS HUM-AIN
contraire-, est abaisseur du bras; ce dernier tiers est donc antagoniste de
l'autre portion du muscle. .y
Que le membre s'élève ou s'abaisse, la main chargée, d'un poids ou à
vide, là forme du deltoïde ne change guère, et la contraction n'existe tou-
jours que dans les deux tiers antérieurs. Sur des photographies instan-
tanées qui représentent un- homme abaissant un bras pendant que l'autre
s'élève, et saisi juste au moment où les deux membres sont au même
niveau, il est impossible de dire, d'après le seul examen morphologique
des deux membres,.lequel monte et lequel descend.
Si le membre, dans ce mouvement, au lieu de porter un poids, exerce
une traction de haut en bas par l'intermédiaire d'une poulie placée en haut
et d'une corde, les choses changent. Le muscle en jeu est l'abaisseur au lieu
d'être l'élévateur, et c'est le tiers postérieur du deltoïde qu'on voit alors se
contracter (fig. 13, I et II). La contraction est plus forte, cela va sans dire,
dans l'abaissement que dans l'élévation du membre, car, dans ce dernier easi
le muscle ne fait que retenir le poids entraîné par la pesanteur; c'est la
contraction frénatrice dont l'effort, est diminué par les frottements de la
corde sur les.poulies. Mais,,dans les deux cas, la contraction est évidente.
Si, maintenant, nous considérons l'épaule du membre qui se meut très
rapidement, nous voyons une opposition complète dans les formes, suivant
qiie le membre monte ou descend. S'il monte, la contraction est aux deux
tiers antérieurs du deltoïde; s'il descend, elle est au fiers postérieur. Les
photographies instantanées sont très démonstratives, .(fig. 13,-III et IV)-.
Dans ce cas, il nous sera donc très facile, sur l'image du membre saisi
au milieu de' son mouvement, dé dire dans quel sens s'exécute cemou-^
vement. :
.
:

-De même, sur l'image du membre arrivé à son point extrême d'élévation;
nous saurons s'il se. meut lentement ou rapidement. Dans le premier cas]
la;contraction de la partie moyenne et antérieure du deltoïde se maintient!
tandis que,-dans le mouvement, rapide, elle n'existe.plus bien avant que le :

membre ait atteint la.'fin de sa course (fig.,14, Il et Y)-


C'est encore là un exemple de contraction balistique qui lance le membre
dans une direction et cesse bien avant que. le membre ait achevé, son mou-
vement,. :
': .'"''• y":... .'. y-
.-Nous venons de constater dans le -mouvement rapide,, sur le bras 'qui
:
.

ahonté,; un.relâchement du deltoïde bien avant que ce membre ait atteint


-
In;, li. — Mouvements d'élévation et d'abaissement du bras en deliors (suitej.
42 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
la verticale; de même on peut constater, lorsque le membre est en bas près
de la lin de sa course, un "relâchement des abaisseurs (grand pectoral en
avant, tiers postérieur du deltoïde, grand rond, grand dorsal en arrière).
Nous pouvons, de ce qui précède, tirer quelques conclusions infères-.
santés :
A. — Dans les mouvements lents, il faut distinguer deux cas :
1°Ceux qui s'exécutent dans un plan vertical ou plus ou moins oblique:
2° Ceux qui se passent dans un plan horizontal.
Les premiers sont influencés par la pesanteur; dans les seconds, la pesanteur
n'est pour rien.
Dans les premiers, quel que soit le sens du mouvement, l'action musculaire est
dirigée toujours du même côté, du côté de l'effort à faire pour vaincre entière-
ment l'action de la pesanteur ou pour lui résister partiellement..
Exemples : dans la flexion ou l'extension de l'avant-bras sur le bras,
celui-ci restant vertical, l'effort musculaire est toujours au biceps; dans la
flexion du corps en avant ou dans son redressement, l'action musculaire
..est toujours aux extenseurs, spinaux et fessiers; dans l'élévation du bras
en dehors ou dans son abaissement, l'action musculaire est toujours aux
muscles élévateurs, deltoïde, grand dentelé; dans la flexion de la jambe sur
la cuisse, celle-ci demeurant dans le voisinage de la verticale, et dans son
extension, l'action musculaire est toujours aux fléchisseurs (muscles posté-
rieurs de la cuisse). Les choses changent si la cuisse fléchie sur le bassin
est maintenue horizontale. Dans ce cas, l'extension de l'a jambe est produite
par l'extenseur triceps fémoral, qui entre encore en contraction dans le
mouvement de La jambe en sens inverse, etc., etc.
Dans tous les cas, la forme du membre en action ne changera guère, quel
que soit le sens du mouvement.
Dans la deuxième série des mouvements lents, ceux qui sériassent dans le plan
horizontal, les choses changent, complètement et l'action musculaire se produit du
côté même où s'effectue le mouvement. Exemple : si le membre supérieur,
étendu horizontalement'en dehors, est mû alternativement en avant et en
arrière, ce sont des muscles différents qui entreront en action dans les
deux mouvements : muscles situés en avant de l'épaule (tiers antérieur du
deltoïde, partie supérieure du grand pectoral) pour le mouvement en avant,
muscles situés en arrière (tiers postérieur du. deltoïde) pour le mouvement
en ce sens.
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT. 43-

Les mouvements de rotation des membres sur leur axe obéissent aux
mêmes lois. La rotation en dehors s'obtient par l'action d'autres muscles
que la rotation en dedans.
Dans les mouvements lents, j'ajouterai que les antagonistes du mouve
ment sont généralement légèrement contractés.
13.
— Dans les mouvements très rapides, il n'y a pas de catégorie d établir ;
dans tous ces cas, les choses se passent comme dans les mouvements qui ne sont
pas influencés par la pesanteur. L'action musculaire existe toujours du côté du
sens du moncement, par exemple dans les fléchisseurs lors de la flexion,
dans les extenseurs lors de l'extension, et les muscles antagonistes sont
manifestement relâchés.
Dans ce cas, la forme du membre, est. telle qu'à la seule inspection de
l'image on peut, déduire le sens dans lequel le membre se meut.
DE L'ÉQUILIBRE
ET DES DIFFERENTES FORMES DE STATION

On désigne généralement sous le nom de station les manières les plus,


simples de se tenir au repos sans que le corps soit complètement abandonné
à l'action de la pesanteur. Le décubitus, par exemple, n'est pas un état de
station. Il en résulte que toute station est un acte de résistance aux lois de
la pesanteur. Cette résistance est passive en ce qui concerne les os et les •
ligaments; elle est active lorsqu'elle nécessite, en outre, l'intervention de
la force musculaire.
En général, les attitudes de station les plus usuelles, qui sont en même
temps des attitudes de repos, sont combinées, au point de vue mécanique,
de telle façon que les résistances passives,- os et ligaments, y prennent une
part prépondérante et que l'action musculaire, cause de dépenses physiolo-
giques, et par suite de fatigue, y soit économisée le plus possible.
Nous étudierons successivement : la station verticale droite ou symé-
trique, et accessoirement la station sur la pointe des pieds; la station ver-
ticale hanchée ou asymétrique; la-sLation'sur un pied; la station à genoux;
la station assise ; la station accroupie.

STATION VERTICALE DROITE OU SYMÉTRIQUE


Dans cette-station, l'homme est debout, portant également sur les deux
jambes, qui sont en extension. Les pieds, qui se touchent par le talon,
s'écartent en: avant. Le torse est droit, les membres supérieurs retombant
naturellement de chaque côté du corps..La face est verticale, l'oeil dirigé
à l'horizon.
. .
"'.'.-.
ÉQUILIBRE ET DIFFÉRENTES FORMES DE STATION 45.

Bien que cette attitude soit rarement prise par l'homme livré- à lui-
même, avec la correction que. nous -venons d'indiquer, son étude n'en est pas
moins de la plus haute importance. Car elle est, pour ainsi dire, le type de
toute.station et son mécanisme donne la clef de la-'plupart' des problèmes
que soulève l'équilibre du corps humain. Ces remarques suffisent à justifier .
les détails dans lesquels nous allons entrer à son sujet.
Mais'elle est, en outre,-absolument favorable à l'étude des formes exté-
rieures, et. cela à l'exclusion de'toute autre, dont l'allure plus ou moins
mouvementée renseigne mal et peut même tromper.sur la vraie structure
des diverses parties du corps. Nous ne saurions trop engager les artistes
qui choisissent leurs modèles à les étudier d'abord dans cette attitude. Si
l'harmonie et la belle ordonnance de leurs formes résistent à ce premier
examen, toute autre pose ne peut que les faire valoir davantage. D'autre
part, c'est la seule manière de bien juger des diverses imperfections qu'ils
peuvent présenter; de manière à s'en prémunir s'il est besoin. Nous avons
eu l'occasion de voir et d'étudier des modèles de toutes sortes, hommes et
femmes, parmi lesquels quelques-uns vraiment remarquables. Eh bien !
même parmi ces derniers, il n'en était pas un seul qui, dans la station
droite que nous indiquons ici, présentât un ensemble absolument parfait.
Il est bien entendu qu'il ne s'agit pas ici d'une appréciation purement,
esthétique. Les imperfections relevées étaient- simplement d'ordre an-ato-
mique et physiologique. Nous pouvons donc dire qu'un artiste ne connaîtra
pas complètement son modèle tant qu'il ne l'aura pas soumis à cet examen
que nous considérons comme une véritable épreuve.

MÉCANISME..
Le corps humain, composé de différents segments articulés les uns avec
les autres, ne peut se tenir droit qu'aux conditions suivantes : 1° il faut que
ces différents segments offrent une/résistance suffisante pour pouvoir être
soutenus et supportés les uns par les autres; 2" il faut ensuite qu'ils soient

'.-...
maintenus dans un état d'extension réciproque; 3° il faut enfin que le centre
de gravité passe par la base de sustentation.

1° Résistance des différents segments du corps. — La colonne


vertébrale porte la tête et soutient lé poids des parties suspendues autour
d'elle. Mais elle .subit de ce fait une sorte de compression dans le sens ver-
46 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
tical, d'où résulte que l'homme est toujours moins grand debout que lors-
qu'il est couché. Les courbures de la colonne vertébrale augmentent sa
résistance et, au lieu de résister comme 1, elle résisté comme le carré du
nombre de ses courbures plus un. Mais on ne peut pas dire que sa résis-
tance est encore augmentée par le canal dont elle est intérieurement
creusée. Le principe de mécanique qui montre qu'une colonne creuse résiste
plus qu'une colonne massive composée de la même quantité de matière,
tout étant égal d'ailleurs, ne saurait trouver son application ici, :— il suffit
de faire remarquer que la colonne de soutien est exclusivement formée par
la Succession des corps vertébraux et que le canal central n'est pas creusé
au milieu, mais en arrière d'eux, — tandis qu'il est parfaitement applicable
aux os longs des membres.
Le sacrum, sur lequel repose.la colonne vertébrale, est solidement fixé,
dans les symphyses iliaques, aux os coxaux, qui, reliés entre eux en avant
par la symphyse pubienne, forment avec lui une ceinture osseuse,résistante,
par l'intermédiaire de laquelle le poids du tronc, avec celui de la tête et des
bras, se transmet aux membres inférieurs. La forme de coin à base infé-
rieure du sacrum a pour résultat de répartir la pression sur toutes les par-
ties du cercle pelvien.
Les fémurs résistent à la pression du bassin à la manière des colonnes
creuses et transmettent le poids des parties supérieures aux tibias. Enfin,
les tibias soutiennent les fémurs, et tout l'édifice repose, en dernière ana-
lyse, sur les os du pied. Le squelette du pied, est formé d'os nombreux dis-'
posés à la manière d'une voûte dont l'appui postérieur estait calcanéum, et
l'appui antérieur aux têtes des métatarsiens. Le bord externe de la voûte
repose également sur. le sol. C'est par,son sommet, représenté par l'astra-
gale, que cette voûte supporte tout lé poids du corps.

2°Extension des différents segments du corps les uns sur les


autres. —.La plus ancienne théorie qui cherche à expliquer cette exten-
sion est la théorie, musculaire, émise par Fabrice d'A.quapendente. Elle
admet que le redressement des divers segments du corps, dans la station
debout, ne peut être maintenu que par la contraction incessante des
groupes musculaires antagonistes et, en particulier, des extenseurs.
' En 1846:, les frères Webèr imaginèrent la théorie mécanique qui fait jouer
,

un rôle capital à. la distension des ligaments, de l'articulation de la hanche


ÉQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION 47

et du genou. Enfin, il est une troisième théorie, celle de Giraud-Teulon,


qui se rapproche de cette dernière, mais remplace la distension ligamen-
teuse par la tonicité musculaire.
Ces deux dernières théories ont ceci de commun qu'elles.suppriment,
dans la station droite, toute action des muscles sacro-lombaires, fessiers et
triceps fémoraux. C'est là un point capital et qui nous semble définitive-
ment acquis, ainsi que nous le démontrerons à l'aide de preuves nouvelles
tirées de l'examen du nu.
Sur les autres points, distension ligamenteuse ou, tonicité musculaire, -

nous faisons nos réserves, disposé que nous sommes à les accepter, suivant
les régions, soit l'une à l'exclusion de l'autre, soit les deux à la fois.
Nous ferons observer néanmoins qu'à la place de la tonicité ou contra c-
tilité musculaire tonique, admise par Giraud-Teulon, nous admettons tin
état de distension du muscle avec contraction que nous avons désigné sous
le nom de distension active.

3"Conditions d'équilibre des diiférents segments du corps


les uns sur les autres. — Nous examinerons successivement la station
des différents segments du corps les uns sur les autres.
«) STATION DELÀ TÊTE SUS I,A COLONNE VEHTÉBUALE.— La tête repose sur
l'atlas dont les surfaces articulaires supérieures forment son centre d'appui.
Lorsque le visage.est vertical, la ligne de gravité qui
part du centre de gravité de la tête passe un peu en
avant de l'articulation occipito-atloïdienne. D'où il
suit que-la-tète tomberait en avant si elle n'en était
empêchée par les muscles de la nuque qui, résisr
tant à l'éloignement de leurs points d'attache, sont
-dans cet état d'activité spéciale que je désigne sous
le nom de distension active. Le système représente
alors un levier du premier genre dont le point-d'appui Via.
fo. — Station de la
est au centre, la résistance en avant et la puissance tète sur la colonne verté-
brale. — A, point d'appui
en arrière (fig: 15). Mais cette action des muscles de . à l'articulation occipito-
atloïdienne. — M, puis-
la nuque n'a pas besoin d'être énergique, car la sance musculaire, (mus-
cles de la nuc£uc). —
ligne de gravité: passant très peu en avant du centre P, résistance à la )i»ne
. de gravité
d'appui, le bras de la résistance est fort court, et de la fêle.

celui de la puissance le dépasse certainement en longueur. Il suffit dé


48 ANATOMIE ARTIS TIQ UE DU CORPS HUMAIN
tourner le visage légèrement en haut pour que, la ligne de gravité passant
par le point d'appui même, l'équilibre s'établisse sans le secours d'aucune
force musculaire.
L'équilibre des diverses pièces de la colonne dorsale se fait également
..
suivant la théorie du levier du premier genre. Le point d'appui est au milieu
des corps vertébraux, la résistance est au centre de gravité du.torse placé
en avant d'eux, et la puissance dans les muscles du dos ou du cou, qui
empêchent la colonne d'être entraînée en avant. y
Pour la colonne lombaire, les forces se déplacent, le point d'appui demeu-
rant toujours au milieu, au niveau des corps vertébraux; l'aligne de gravité
du torse passe, en effet, en arrière des vertèbres lombaires, et constitue la
résistance, pendant qu'en cette région la puissance qui fait équilibre à la
pesanteur est en avant, aux muscles de l'abdomen; d'où il résulte que les
muscles lombaires, dans la station droite, n'ont rien à supporter. L'examen
.
du ifu confirme de la façon la plus décisive celle manière de voir. 11 est,
en effet, facile* de s'assurer chez un sujet bien musclé que, dans celte atti-
tude,des muscles abdominaux sont tendus, pendant que les muscles sacro-
lombaires présentent les sillons transverses, indices manifestes de leur com-
plet relâchement.
b) STATION DU TRONC SUR -LES CUISSES.
— Etant donnée la forme de
«
noix » des deux articulations coxo-fémorales, l'équilibre du tronc sur les
fémurs est des plus précaires et ne peut être maintenu que grâce à des dis-
positions spéciales. Les partisans de la théorie musculaire font appel aux
muscles puissants qui entourent ces articulations et pensent que le main-
tien de l'équilibre estassuré par la contraction simultanée des muscles anta-
gonistes, la ligne de gravité passant par le plan même de l'articulation.
Certains prétendent même que la ligne de gravité passe en avant de l'arti-
culation et que tout l'effort est supporté par la contraction permanente des
muscles fessiers, qui empêchent la chute en avant. C'est là une grossière
erreur. Il suffit de regarder le nu pour constater que, dans la station droite,
les muscles fessiers sont dans le relâchement le plus complet. En se repor-
tant aux signes morphologiques que nous avons donnés des différents états
physiologiques' des musclés, la chose apparaîtra avec la dernière évidence.
Nous devons conclure de cette constatation que c'est en arrière de l'axe
transverse qui joindrait le centre dès deux articulations coxo-fémorales que
passé la ligne de gravité du tronc, et que c'est en avant qu'il nous faut cher-
ÉQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION. 49

cher le contrepoids. Ce contrepoids se trouve réalisé par la distension d'un


fort trousseau ligamenteux, le ligament de Bertin, d'après les frères Weber,
et, d'après Giraud-Teulon, par la tonicité du muscle psoas-iliaque. Peut-être
ces deux facteurs entrent-ils en jeu, et à Ta.résistance passive du ligament
faut-il joindre la résista.nce active du muscle psoas-iliaque qui, de par
l'écartement de ses points d'attache, se trouve mis en état, de distension,
.l'ajouterai qu'on pourrait y joindre l'action d'un autre muscle, le ten-
seur du fascia lala, qui, dans la station droite, est aussi manifestement
distendu.
,
L'équilibre du tronc sur les cuisses est;.ainsi assuré d'après le mécanisme
d'un levier du premier genre dont le point d'appui est au centre articulaire,
la puissance en arrière au point d'application du centre de gravité du tronc,
et la résistance en avant représentée par les ligaments et les muscles dis-
tendus (fig. 16, 1).
c) STATION DES CUISSES SUIS LES TIBIAS. — Les deux fémurs reposent sur
les plateaux des tibias. Si la ligne de gravité des parties situées au-dessus
passait au niveau ou en'arrière de l'articulation du genou, la contraction
énergique de l'extenseur de cette articulation (quadriceps) serait indispen-
sable pour empêcher la flexion. Or, l'examen du nu, d'après les règles que
nous avons exposées il y a déjà longtemps (1), nous démontre péremptoi-
rement que, dans la station droite, le quadriceps est dans un relâchement
complet; il nous faut donc conclure que c'est en avant du centre arficu-,
,laire que passe la ligne de gravité, et que, conformément à ce qui a lieu
pour la hanche, le genou se trouve maintenu en extension par la seule
action de la pesanteur, laquelle extension est limitée par In distension des
ligaments articulaires et en particulier des ligaments .croisés (fig. 16, 11).
fl convient de faire intervenir également la distension active des masses
musculaires des jumeaux. Ces muscles, dont les fibres-charnues sont assez
courtes, ne sont pas stisceplibles d'un allongement considérable, et, dans la
station droite, l'extension du genou les place clans un état de distension qui
n'est pas ..éloigné-de la limite de leur allongement. Comme nous verrons
tout à l'heure qu'ils jouent, un rôle actif et important dans le maintien de
l'articulation du. cou-de-pied, il paraît également évident qu'ils contribuent
à limiter l'extension de l'articulation du genom.

(1) Voy- Anatomie artistique, Pion, édit., -1899, p. 231. y


SO ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
d) STATION DES JAMBES sua I.HS PIEDS. — L'articulation fibio-farsienne ne
possède aucun appareil ligamenteux qui puisse limiter.ses mouvements.

KIG. 1G. — équilibre des divers segments du corps les uns sur les autres dans la station droite. —
I, station du tronc sur les cuisses. — II, station des cuisses sur les tibias. —' II], station des
jambes sur les pieds. —: A, point d'appui au centre articulaire. — P, ligne de gravité. — R, ré-
sistance ligamenteuse (1, 11) ou musculaire (111).

soit en avant, soit en arrière. .11 en résulte que l'action musculaire seule
peut, dansla station droite, fixer cette articulation.
En quoi consiste et où réside cette action musculaire?
Nous verrons tout à l'heure que la ligne de gravité du corps passe bien
ÉQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION 51

en avant de l'articulation tibio-tarsienne : c'est donc en arrière que se


trouve la puissance qui empêchera la chute en avaitt et cette puissance ne
saurait être ailleurs que dans le muscle gaslrocnémien, et plus particuliè-
rement dans le soléaire, puisque l'action des jumeaux est subordonnée à la
position de l'articulation du genou. Le muscle soléaire est donc, à propre-
ment parler, le muscle de la station verticale (fig. 16, III). A part les
muscles de la nuque, c'est le seul muscle qui intervienne d'une façon
,
active et nécessaire pour maintenir l'équilibre de station. Ce rôle, autre-
la
fois dévolu aux muscles fessiers dont le volume en avait imposé aux phy-
siologistes, doit être presque exclusivement attribué au soléaire. Ce muscle,
et accessoirement les jumeaux, se trouve dans, cet état physiologique
spécial que nous désignons sous le nom de distension active ou de disten-
sion s'accompagnant de contraction. 11 est distendu, car, si nous abandon-
nons le membre à lui-même, nous verrons la pointe du pied s'abaisser, et
l'angle ouvert en avant formé par l'axe de la jambe et l'axe du pied s'ou-
vrir notablement; il est en même temps contracté, car celte distension
n'atteint pas les limites extrêmes et se trouve arrêtée à mi-chemin par la
contraction musculaire. C'est là une condition extrêmement favorable au
travail musculaire et, si l'on veut comparer, au point de vue de la fatigue,
la contraction musculaire avec raccourcissement à la contraction muscu-
laire avec allongement qui est le cas actuel, il suffira de comparer la
station sur la pointe des pieds avec la station sur la plante : dans les, deux-
cas, le muscle gaslrocnémien accomplit le même travail ; il fait équilibre
au poids du corps: mais, dans le premier cas, il est en contraction avec
raccourcissement, tandis que, dans le second cas, il est en contraction avec
allongement de ses fibres.
Pour appuyer cette démonstration sur un fait expérimental et facile à
saisir, j'ai l'habitude de montrer à mon cours une sorte de mannequin arti-
culé en bois découpé, figurant les grands segments du corps humain.
C'est d'abord le profil de la tête articulée avec la colonne vertébrale;
puis le squelette du tronc, colonne vertébrale, thorax et bassin formant un
ensemble d'une seule pièce, articulé avec les deux fémurs; ensuite les
fémurs articulés avec les tibias; enfin les tibias articulés avec les pieds.
Lorsque l'ensemble ainsi constitué est suspendu par le premier segment,
la tête, les autres segments se succèdent.placés pour ainsi dire bout à bout
(fig. 17). Et il est bien certain que le tout abandonné à lui-même ne se
B2 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
maintiendra jamais vertical et ne pourra que se replier sur lui-même,
comme le ferait un cadavre ou un squelette moulé.
J'ajoute donc à ce mannequin ce qui lui
manque pour réaliser la station verticale.
C'est d'abord, à ses deux extrémités, là
où l'action musculaire est nécessaire, des
ressorts représentant les muscles. Un petit
ressort fixé à la colonne cervicale (fig. 18)
pourra, par son autre extrémité, être
attaché à l'occipital au niveau de la ligne
courbe supérieure D'autres ressorts plus
puissants sont fixés au calcanéum,- cl un
crochet placé au tibia au niveau de la
ligne oblique d'insertion du soléaire pourra
recevoir leur autre extrémité. Les ressorts
sont ici au nombre de deux d'inégale force
destinés à représenter l'action très diffé-
rente du muscle dans la station sur la
plante ou sur la pointe des pieds.
Autour des articulations intermédiaires,
hanche et genou, pas de ressorts, puisque
l'action musculaire est inutile, mais des
lils de fer rigides destinés à figurer, en
avant de l'articulation de la hanche, le
ligament de Berlin, et, en arrière de l'ar-
ticulation du genou, l'action des ligaments
croisés.
Il suffit alors de mettre bien en place
ces différents accessoires, ressorts et fils
île 1er. pour voir ce mannequin réaliser le
— Mannequinen bois
FIG. 17. découpé.
plus facilement du monde la station de-
bout (11g. I"). Le ressort le plus faible
est suffisant pour la station sur ht double plante. Mais pour réaliser la
station sur la pointe des pieds, il faut faire intervenir le ressort le plus
fort.
Et ainsi se trouve démontrée l'inutilité de l'action musculaire pour le
EQUILIBRE ET DIFFÉRENTES FORMES DE STATION B3

maintien de la station debout au niveau delà hanche et du genou, en même

li... 1S. — Le même mannequin que figure 17 dans la slalipn sur la plante (1)
et dans ta station sur la pointe îles pieds (11).

temps que sa nécessaire intervention au niveau du cou-de-picd et de l'arti-


culation de la tête avec là colonne cervicale.
L'équilibre ainsi réalisé est éminemment instable, le plus léger choc
54 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
extérieur pouvant le rompre et amener la chute de tout l'appareil, caries
muscles ne sont pas là pour rétablir l'équilibre lorsqu'il a été détruit par
une cause extérieure quelconque. Ce qui prouve que, si pour le maintien
de l'équilibre dans la station droite les muscles des fesses el de .la cuisse
ne sont pas nécessaires, leuraction est indispensable pour réaliser les con-
ditions qui président à son établissement, ou pour le rétablir s'il vient à
être rompu.
Le corps, dans la station verticale, n'est pas d'une immobilité parfaite :
il subit des oscillations, minimes, il est vrai, mais qu'il est facile de mettre
en relief au moyen d'.app'areils enregistreurs. Ces oscillations sont surtout
sensibles à l'extrémité supérieure du levier que représente l'homme debout,
c'est-à-dire à la tôle. On constate alors qu'elles sont beaucoup plus accen-
tuées dans le sens antéro-postérieur que dans le sens latéral, où elles sont
assez faibles. Les partisans de la, théorie musculaire y voient une preuve
de l'activité des muscles au niveau des différents segments du corps, activité
destinée à les maintenir en équilibre les uns sur les autres. Nous avons
montré comment l'action musculaire n'avait pas lieu d'intervenir pour
maintenir l'extension delà hanche et du genou. Nous pensons donc que ces
oscillations antéro-poslôrieures sont, pour la plus grande partie, la traduc-
tion de ce qui se passe dans le muscle du mollet, en élat de distension
active.
c) STATION DES PIEDS sun LE SOL. — Les deux pieds circonscrivent la base
de sustentation par laquelle doit passer la ligne de. gravité de tout le corps
pour qu'il y ait équilibre. Cette ligne passe, en supposant les deux moitiés
latérales du corps d'égal poids, dans le plan sagittal médian : reste à trou-
ver à quel niveau dans le sens antéro-postérieur. Nous avons tenté de le
déterminer expérimentalement de la façon suivante (fig. 19) :
Nous prions un modèle, préalablement chaussé, de sandales à semelles
de bois parfaitement planes, de se tenir debout eu équilibre sur la surface
de section d'une planche verticale d'un centimètre d'épaisseur et disposée
transversalement par rapport à lui. Un fil à plomb est installé à demeure
sur le côté du sujet, de manière qu'il rencontre la seclion de la planche.
Enfin, l'observateur se place à une certaine distance sur le prolongement
•de cette même planche et voit ainsi le sujet en expérience de profil, tra-
versé par la verticale du fil à plomb.
L'expérience comporte plusieurs temps. Le sujet est invité à se tenir en
EQUILIBRE ET DIFFÉRENTES FORMES DE STATION B5

équilibre sur les deux pieds placés comme dans la station droite, en pre-
nant contact avec la planche successivement par différents points de la
longueur de la semelle, de la pointe au talon (fig. 19, 1, 2, 3). Chaque fois
que l'équilibre est bien établi, une photographie est faite; je n'ai pas besoin •

d'ajouter que l'objectif se trouve exactement s-.;r le prolongement'de la

Fin. 10. — Ucterniin.-iliim expérimentale du centre de gravite dans la station droite.

planche verticale qui sert à l'expérience, c'est-à-dire perpendiculairement -

au plan médian sagittal du sujet.


En dernier lieu, le sujet est photographié dans la station debout à la
même place, mais reposant alors sur une large surface parfaitement hori-
zontale (lig. 19, 4). .
Or, la solution du problème est tout, entière dans" les diverses photogra-
phies ainsi obtenues.
56 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Dans la première, le modèle repose sur la pointe des pieds. On voit que,
pour maintenir l'équilibre, le corps est forcé de se pencher en avant et.
l'attitude ne ressemble en rien à celle de la station droite.
Dans la deuxième, le modèle repose sur les talons, et la direction que

Fie. 20. Fie. 21.


Station droite avec charge en arrière. Station droite avec charge, en avant.

prennent alors les membres inférieurs diffère considérablement de celle qui


est propre à ce mode de station.
Dans la troisième, au contraire, le modèle repose sur le milieu de la se-
melle et toute l'attitude se rapproche de celle de la station droite normale
bien équilibrée, ainsi que le confirme la quatrième photographie qui repré-
sente le même sujet reposant sur un large plan résistant.
Il est bien évident que le centre.de gravité est contenu dans le plan ver-
tical latéro-latéral qui passe par la section de la planche et qui est tracé sui-
tes photographies par le fil à plomb.
ÉQUILIBRE ET DIFFÉRENTES FORMES DE STATION 57

On peut donc conclure de l'examen des photographies en question que,


dans la station droite, la ligne de gravité passe bien en avant de l'articulation
Ubio-iarsienne, dans un plan transversal situé en avant de l'apophyse du cin-
quième métatarsien. Prolongée par en liant, cette ligne passe en avant du
moignon de l'épaule et traverse le pavillon de l'oreille vers son milieu.
Celte ligne de gravité peut subir des déplacements variés dans les mou-
vements sur place. Le
tronc peut incliner en
tous sens d'une certaine
quantité sans que l'équi-
libre soit détruit. Si les
pieds sont écartés l'un de
l'autre, la base de susten-
tation est élargie et le
tronc peut, subir des dé-
placements' beaucoup plus
étendus dans le sens de
l'écartemenl des pieds.
Si l'homme ajoute à son
propre poids des poids
étrangers, s'il porte des
fardeaux, par exemple, il
est obligé de prendre cer-
taines altitudes caracté-
ristiques et nécessitées par
Fie. 22. — Station droite avec charge latérale. En A, le seau
le maintien de l'équilibre est vide, on B il est plein.
qui ne peut exister que si
le .centre de gravité du corps, calculé avec le poids additionnel, est dans
une verticale passant par la base de sustentation.
Si la'charge est portée en arriére sur le dos (fig. 20), le tronc se penche
en avant. Si elle est en avant, dans un éventaire, par exemple, ou bien
lorsque des haltères sont maintenus au bout des bras horizontalement
tendus en avant (fig. 2-1), le corps prend une attitude-opposée. L'homme
qui porte un fardeau à la main se renverse de côté pour le même motif;
de pins, il étend souvent le bras, du côté où il penche pour accentuer
davantage le déplacement du centre de gravité (fig. 22).
oS ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN

APLOMBS DU cours DANS LA STATION DROITE.


Dans la station verticale droite, examinée par la l'ace antérieure, les
deux moitiés latérales du corps étant symétriques, la verticale passe exacte-
ment par la ligne.médiane de la tele. du cou et du
tronc, puis descend ;entre les deux membres infé-
rieurs à égale distance de l'un comme de l'autre.
Les axes des épaules et des hanches sont parfaite-
ment horizontaux. J'appelle axe des épaules une
ligne transversale passant par le centre articulaire
des deux articulations scapulo-humérales. L'axe des
hanches est une ligne de même direction traversant
le centre des deux articulations coxo-fémorales.
En examinant le profil d'un homme qui se tient
dans la station droite, on peut constater à première
vue que les différents segments dont se compose le
corps et dont nous avons étudié plus haut le mode
d'équilibre, ne se trouvent point superposés les uns
sur les autres de manière que l'axe longitudinal de
chacun d'eux se confonde avec la même verticale.
Ils sont tous, au contraire, plus ou moins inclinés
les uns sur les autres, de telle sorte que leurs axes
décrivent une ligne brisée intéressante à. bien con-
..naître (fig. 23).
La ligné transversale qui joint les centres articu-
Fin.23.— Aplombdu corps laires des deux épaules perce le profil en un point
dans la station droite. qui se trouve situé au milieu d'une ligne horizontale
VO, axe delà tète ; OIS, axe
du cou; Fil, axe du tronc; passant par la deuxième pièce sternale (È). Une
HT, axe du membre infé-
rieur; Mil, -distance qui verticale tracée de ce point tombe sur l'articulation
sépare le plan vertical tibia-tarsienne en avant de la malléole externe.
des épaules de celui des
hanches-'
- L'axe des hanches est toujours situé dans un
Une verticale abaissée du
point F passe en avant plan antérieur à l'axe des épaules. Sur le profil,
de la malléole externe.
cet axe se projette en un point situé en avant et
au-dessus du grand trochanter (11).
La distance qui sépare les deux plans verticaux passant par, l'axe des
épaules et par celui des hanches peut être mesurée par la perpendiculaire
ÉQUILIBRE ET DIFFÉRENTES FORMES DE STATION 59

menée du point de la hanche sur la verticale abaissée'du point des épaules


(Hh).
Chez un homme de taille moyenne de 1"',65, cette perpendiculaire a 7 à
8 centimètres de longueur. Cette distance varie avec les individus et elle
décroît en même temps que diminue la courbure des reins. ,Te n'ai observé
chez aucun sujet sain cette distance réduite à zéro, c'est-à-dire l'axe des
épaules et des hanches passant par le même plan vertical. Le minimum de
distance.' a été. observé chez un acrobate adonné aux exercices de disloca-
tion, elle était réduite à 2 centimètres. Dans ce cas, le profil de la station
droite prenait un aspect disgracieux, et lorsque les bras tombaient le long
du corps, les mains, au lieu de toucher la face externe des cuisses, se pla-
çaient en avant.
,Cette distance augmente chez les sujets qui se cambrent, exagérant le
redressement de leur taille. Sur un même sujet, elle augmente, s'il porte
les mains en avant, et plus encore si les mains sont chargées de poids.
Une ligne tracée du centre des hanches au centre des épaules peut être
considérée comme l'axe du tronc; du centre des hanches au contre de l'ar-
ticulation fémoro-fibiale (G), une autre ligne représenteral'axe de la cuisse,
cl, du genou à l'articulation lihio-tarsienne(T),'une troisième ligne figurera
l'axe de la jambe. Du centre des épaules au centre d'articulation dé la tête
et du cou-(O), une quatrième ligne formera l'axe du cou. Et de ce dernier
point, une verticale s'élevant jusqu'au vertex (Y) sera considérée comme
représentant l'axe de la tête.
Ces cinq lignes, figurant les axes des différents segments du corps
dans la station droite, se succèdent en s'inclinanl les unes sur les autres de
la façon suivante :
De l'axe de la tête, qui est vertical, l'axe du cou se dirige en arrière, puis
l'axe du troiïc se porte en avant et enfin l'axe des membres inférieurs se
dirige à son tour en arrière, formant au niveau du genou un angle ouvert
en avant.
En résumé; nous pouvons dire que la station verticale se compose d'une
succession de lignes obliques alternativement de sens inverse. Les angles
formés par ces différentes lignes sont des angles oh lus très ouverts. Les
Angles peuvent varier légèrement suivant la tenue du sujet. S'ils se ferment,
le sujet jjortant le menton et le ventre en avant, la taille totale diminuera;
s'ils s'ouvrent au contraire davantage par des mouvements inverses, la taille
5
60 .' ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
augmentera. Voilà pourquoi la mesure de la taille exige certaines précau-
tions pour être prise avec rigueur. Il faut placer ces différentes lignes bri-
sées dans une situation fixe et toujours la même. Ce résultat s'obtient en
accolant le sujet à un plan vertical, à un mur auquel il touchera de la tête,
des épaules, des fesses et des talons.

FORMES EX.TEIUEUB.ES DE LA STATION DROITE.

Au point de vue des formes extérieures (fig. 24 et 25), les caractères mor-
phologiques de la stalion droite sont les suivantes : le ventre est légère-

'.' nient tendu et les reliefs'des muscles droits s'y accusent discrètement ; àint
reins, les muscles spinaux forment dès reliefs mous et arrondis, souvent
marqués d'un, ou plusieurs sillons transversaux.
EQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE .STATION 61

Les-fesses sont aplaties, et leur forme se rapproche de.celle d'un quadri-


latère aux angles arrondis. Le pli fessier est profond.
Les cuisses sont bridées sur les côtés par la tension de l'aponévrose iléo-
fémoro-tibiale. En bas et en avant, elles offrent les caractéristiques du
relâchement du quadriceps, saillies inférieures du vaste externe et du vaste
interne. Le genou est lâche, la rotule descendue, comme tombante en avant -
,
et, au-dessous d'elle, un sillon transversal divise le tendon rotulien.
Le jarret est tendu et les plans du triceps sural sont nettement accen-
tués. Toutes ces formes sont la conséquence directe du mécanisme exposé
plus haut et de l'état physiologique des différents muscles : tension' des
muscles abdominaux, relâchement des fessiers, des musclés lombaires, des
quadriceps, tension des triceps suraux. -;raïp,
Mais il cst'bien certain que les formes ne subsistent telles que tant que
l'équilibre de la station demeure parfait. S'il venait à être rompu pour une
cause quelconque, on verrait les nombreux muscles relâchés entrer en
action pour le rétablir et les formes de la contraction remplaceraient au
moins temporairement celles du relâchement..

STATION SUR LA POINTE DES PIEDS

La théorie classique veut que, dans l'acte de se soulever sur la pointe des
pieds, le pied, représente un levier du deuxième genre dont les exemples
sont fort rares dans l'économie. La puissance se trouverait en arrière appli-
quée au talon et représentée par le triceps sural, le point d'appui.en avant
.

au niveau des orteils pressant sur le sol, et la résistance au milieu de l'ar-


ticulation tibio-larsieune même, supportant le poids du corps (fig. 26).
Cette doctrine a été vivement, combattue dans ces derniers temps par
MM. Imbert et Bédart (de Toulouse). Ces auteurs prétendent que, dans la
station sur les orteils, le pied représente un levier du premier genre dont la
puissance se trouve en arrière an point d'insertion du triceps sural au cal-
canéum, la résistance représentée par la ligne de gravité dii corps au niveau
delà nouvelle base de sustentation formée par les doigts du pied, et le centre
de rotation au-milieu dans l'articulation tibio-tarsienne (fig. 27). La vérité
est que le mouvement de soulèvement sur la pointe des pieds peut s'exé-
cuter d'après ces différents mécanismes suivant la position de la ligne de
6i ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
gravité, mais qu'il n'existe de stabilité que dans le mouvement exécuté
d'après le mécanisme du levier du premier genre. 11 n'est pas sans intérêt
de faire remarquer que c'est d'après le même mécanisme qu'a lieu la station
droite, puisque la ligne de gravité passe bien en avant de l'articulation
tibio-tarsienne. Lorsque la position sur la pointe des pieds est réalisée, il
est biert clair, puisqu'il y a équilibre, que la ligne de gravité passe par la
nouvelle base de sustentation, mais
au moment où le mouvement va
s'exécuter, qu'arrive-t-il1?
Il est facile de démontrer qu'avant
d'opérer son mouvement d'éléva-
tion, le corps tout entier incline lé-
gèrement en avant.de manière à
amener le centre de gravité au ni-
veau des orteils où se trouvera la
nouvelle base de sustentation. Et
ce n'est qu'ensuite que le mouve-
ment d'élévation a lieu.
Fie. 2(>. — Schéma re- Fte. 27. — Schéma re-
préscntaiil un levier En effet, t placez horizontalement, présenlant un levier
du deuxième genre. du premier genre.
sur une table, dit M. Rédart, à la
hauteur du nombril, une règle qui la dépasse; approchez-vousle corps bien
droit jusqu'au contact avec la règle; à ce moment, essayez de vous dresser
sur la pointe des pieds, la règle sera repoussée. » El il sera impossible
de réaliser le mouvement sans repousser la règle, ce qui montre bien
que ce mouvement n'est possible qu'à la condition d'incliner le corps en
avant.
L'expérience établit donc que, pour que l'élévation et l'a station sur ,1a
pointe des pieds se produisent, il faut préalablement que le centre de gra-
vité ait été porté en avant. D'autre part, il est facile de comprendre que
l'action du gastroenémien toute seule n'a d'autre effet que de rapprocher
ses deux insertions, son insertion supérieure fémoro-tibiale de son inser-
tion inférieure au calcanéum, mais qu'il ne saurait dépendre de lui de
rendre fixe l'une ou l'autre de ses insertions. C'est donc dans une force en
dehors delui que la cause delà fixation, de l'une ou l'autre de ses extré-
mités doit être cherchée. Si c'est l'insertion au calcanéum qui est rendue
fixe, la contraction du gastroenémien aura-pour effet de fléchir le fémur sur
EQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION 63

le tibia, en même temps que d'attirer le tibia'en arrière; si c'est au,con-


traire l'insertion supérieure qui est fixe, c'est le calcanéum qui s'élèvera.
Or la cause qui rend fixe l'une ou l'autre de ces insertions doit être cherchée
d'abord dans la pesanteur.
Si la ligne de gravité du corps passe en avant de l'articulation tibio-tar-
sienne, l'effort de la pesanteur s'opposant à-la' flexion de l'articulation du
genou et au déplacement en arrière de l'extrémité supérieure du tibia, la
contraction du gastroenémien n'aura d'autre alternative que de soulever le
talon.
Si la fixité de l'insertion supérieure est obtenue par d'autres moyens, le
même résultat a lieu-. Ainsi, appuyons-nous le dos et les talons contre un
mur, nous nous élèverons sans difficulté sur la pointe des pieds. Nous re-
marquons en même temps que ce mouvement ne s'accomplit qu'à condi-
tion que le mur supporte une certaine pression; qu'arrive-t-il alors? C'est
que le mur empêche la chute en arrière; par suite, l'inclinaison en arrière
de l'extrémité supérieure du gastroenémien se trouvant empêchée, la con-
traction ne peut pas ne pas amener l'élévation de l'autre insertion, c'est-à-
dire du talon.
Remarquons que, dans ce cas, la ligne de gravité, du corps peut passer
indistinctement par l'articulation tibio-tarsienne ou bien eii un point situé
en arrière du talon. Si la ligne de gravité passe par l'articulation, le sys- .
tème-forme un levier du deuxième genre. Si cette même ligne passe en
arrière du talon, nous sommes en présence d'un levier du troisième genre.
Or, dans les deux cas, le soulèvement sur la pointe du pied peut également
avoir lieu, mais l'équilibre de l'a station ne peut exister sans point d'appui
pris en arrière sur un corps étranger.
Si nous reprenons l'expérience de la règle de tout à l'heure, nous verrons
qu'il est possible de soulever le corps sans, toucher à, la règle, mais à la
condition de ne le faire qu'un instant en perdant l'équilibre et en retom-
bant aussitôt sur les talons pour empêcher la chute imminente en arrière.
Grâce à quel mécanisme ce soulèvement -momentané a-t-il pu, se pro-
duire? En vertu du même mécanisme que celui qui a étéinvoqué tout à
l'heure. Nous savons en effet que, dans la station droite, là ligne de gra-
vité passe bien en avant de l'articulation tibio-tarsienne et de l'articulation
1

du genou.. Cette dernière est clon'c maintenue en extension par la seule force
de la pesanfeur.:Et l'extrémité supérieure du tibia étant ainsi rendue fixe,
64 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
la contraction du gastroenémien a pour effet nécessaire de soulever le
talon. Mais comme dans cette expérience la ligne de gravité ne passe pas
par la nouvelle base de sustentalioni'orméepar les orteils,la chute en arrière
est inévitable. En effet, l'équilibre de la station sur la pointe des pieds,.
ÉQUILIBRE ET. DIFFÉRENTES FORMES DE STATION 65

En résumé, celte station se dislingue de la station sur la plante par une


sorte de projection de tout le torse en avant et par une obliquité plus grande
de l'axe des membres inférieurs. 11 ne suffit donc pas. comme nous l'avons
vu sur certains tableaux, d'abaisser simplement la pointe des pieds pour
transformer, en station sur la pointe des pieds, la station verticale d'un
personnage qui porte sur les plantes.
La caractéristique morphologique delà station sur les pointes réside dans
la forme spéciale des mollets, conséquence de la contraction énergique du
gastroenémien clans son entier.
11 arrive également que les quadriceps, les fessiers se contractent; mais

ce sont là des actions secondaires, car elles sont subordonnées à l'établisse-


ment ou au maintien de l'équilibre; elles n'ont rien de nécessaire et dispa-
raissent lorsque celui-ci est parfaitement établi.

STATION VERTICALE HANCHÉE OU ASYMÉTRIQUE

Pline attribue à Polyclète l'introduction de la station hanchée dans la


statuaire. C'est manifestement une erreur, puisque nous la retrouvons dans
les oeuvres des écoles primitives et jusque chez les Egyptiens. 11 n'en est. pas
moins vrai que ce sont les Grecs qui ont donné à la station hanchée sa.
forme la plus souple et la plus parfaite et qu'ils l'ont répandue à profusion
dans leurs ouvrages. On sait, depuis, comment fous les artistes en ont usé
et abusé.
C'est que ce mode de station parfaitement naturel, ce qui 41e gâte rien,
s'accompagne d'une .grande richesse et d'une grande variété de formes.
Autant la station verticale droite, que nous venons d'étudier, nous montre '
les deux côtés du corps absolument symétriques, avec accentuation des
lignes droites, des verticales et des horizontales, autant la station hanchée
amène de différences entre les deux moitiés latérales du corps. Ici, pas
deux régions homologues qui aient la même conformation. Les lignes
droites ont disparu, partout des sinuosités ou des courbes gracieuses. La
préférence des artistes pour ce mode de station est donc bien légitime et
.«' 'uslifiera également les détails circonstanciés dans lesquels nous allons entrer.

Comme pour la station droite, nous étudierons séparément et successi-


vement son mécanisme et son action sur les formes extérieures.
66 ANAT0M1IÎ ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN

MÉCANISME.

Dans la station hanchée, le poids du corps, au lieu d'être supporté


également par les deux jambes comme dans la station droite, se trouve
presque complètement reporté sur une seule jambe; une jambe, en effet,
demeure dans l'extension comme une colonne rigide, pendant que l'autre,
fléchie dans l'articulation du genou, est portée un peu en avant et ne sert
plus qu'à affermir l'équilibre. La pression de cette dernière jambe sur le
sol est fort minime et ne dépasse pas de beaucoup le poids du membre
lui-même.
La jambe sur laquelle le corps s'appuie prend le nom de jambe portante.
Si celle jambe est la droite, on dit que l'homme hanche à droite.
Le membre inférieur droit est alors dans l'extension complète etleméca-
nisme qui maintient cette extension n'est autre que celui que nous avons
indiqué pour la station verticale droite. La ligne de gravité du tronc passe
en arrière de l'articulation coxo-fémorale et en avant de l'articulation du
genou, d'où il suit que l'extension de ces deux articles est presque unique-
ment maintenue par le poids môme des parties situées au-dessus d'elles et
limitée par la distension des ligaments et des muscles. Quant au maintien
de l'articulation tibio-tarsienne, le rôle actif du gastroenémien est le même
dans les deux cas. L'autre membre inférieur est fléchi dans tontes ses arti-
culations. Cette flexion est maintenue sans effort musculaire et est une des
conséquences de l'inclinaison du bassin de ce côté.
Le bassin, en effet, au moment où l'homme passe de la station droite à
la station hanchée, subit un triple déplacement. 11 exécute d'abord un
mouvement autour de l'articulation coxo-fémorale de la jambe portante :
rotation autour d'un axe sagittal en vertu duquel il- s'abaisse de l'autre
côté; de plus, il tourne légèrement autour d'un axe vertical qui semble
passer vers son centre, d'où il suit que la. hanche portante se porte un peu
en arrière pendant que l'autre est déplacée en avant, et cela d'autant plus
que la jambe fléchie est davantage portée dans le môme sens; enfin le
bassin LouL entier est déplacé latéralement du côté de là jambe portante. Ce
déplacement latéral est nécessité par le transport de la ligne de gravité
-dans l'aire de sustentation du pied portant.
Cette obliquité du bassin n'exige, pour être maintenue, que peu oupoiiit
d'effort musculaire. Son mécanisme rappelle celui de l'extension de l'arti-
EQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION 67

culalion de la hanche et peut être ramené à un levier du premier genre,


dont le point, d'appui se trouve dans l'articulation coxo-fémorale, sa puis-
sance en dedans représentée par la ligne de gravité du, torse, et la résis-
tance en dehors au point d'insertion à la crête iliaque du grand ligament
iléo-fémoro-libial, dont la distension limite le mouvement. Cette distension
est manifeste sur le nu et influe grandement sur la morphologie de la
région. A la distension ligamenteuse, s'ajoute la distension des muscles
situés sur la face ex terne de la hanche : c'est, en avant, le tenseur du fascia
lata, au milieu le moyen fessier, et en arrière le faisceau Supérieur du grand
fessier.
La distension de ces muscles n'est pas entièrement passive, et elle s'ac-
compagne certainement d'un certain degré de contraction.
Le tronc tout, entier, sous peine de chute latérale, ne saurait suivre l'obli-
quité du bassin. 11 en résulte que la colonne vertébrale s'inlléchit à sa basé
pour ramener la partie supé-
rieure du torse au-dessus de
l'aire de sustentation. La co-
lonne subit donc une inflexion
latérale dont la convexité est
tournée du côté où le .bassin in-
cline. Cette courbure siège géné-
.
ralement au niveau de la jonc-
tion de la région lombaire et de
la région dorsale. Elle empiète Fie. 29. Projection
— sur plan horizontal de Taxe
sur les deux régions. L'anatomié des épaules et de celui des hanehes dans la station
droite (A) et dans la station hanchée (11). —
nous apprend que la colonne 1111', axe des hanches. — ICI''', axe des épaules.
.
lombaire peut s'infléchir latéra-
lement sans qu il s y joigne aucun mouvement de torsion; mais il n en
est pas de même pour la région dorsale, qui ne peut s'infléchir latérale-
ment sans subir en même temps un mouvement de rotation dû à la ren-
contre des surfaces obliques des apophyses articulaires et dont le résultat
est de tourner la face antérieure de la colonne du côté de la concavité de
.
la courbure. On peut constater que, dans la station hanchée, l'axe des
épaules subit, par rapport à l'axe des hanches, un certain degré de rota-
tion dont la raison, pensons-nous, se trouve dans la torsion de la colonne
que,nous venons d'indiquer (fig. 29).'
68 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Cette courbure de la colonne vertébrale a pour effet de rapprocher les
côtes du côté de la concavité, et au contraire, du côté opposé, de les écarter
les unes des autres (je parle, ici, seulement des côtes inférieures en rapport
avec la portion infléchie de la colonne dorsale), d'où il suit que le thorax, .
comprimé et comme tassé d'un côté, subit du côté opposé une véritable
ampliation. Une des conséquences de cette déformation du thorax est une
différence de niveau dans la hauteur des épaules. L'épaule est abaissée du
côté où le thorax est déprimé pendant que la hanche du même côté est
élevée; l'autre épaule est, au contraire, située à un niveau plus élevé, sou-
levée pour ainsi dire par l'amplialion thoracique, au-dessus de la hanche,
qui par contre est abaissée.
La partie supérieure de la colonne vertébrale est
droite et ne subit d'inflexions que suivant le port de
la tète qui, en s'inclinanl de côté, entraîne une
courbure cervico-dorsale, de môme sens ou de sens
contraire que la courbure dorso-lombaire. C'est ainsi
que sur un homme qui hanche à droite, si la tète
s'incline de ce même côté, toute la colonne offre
l'image d'une courbe unique étendue du sacrum à
l'occipital. Si la fête penche à gauche, la colonne
prend alors la forme d'un S italique dont les deux
courbures de sens inverse sont formées, l'une par
.
la colonne dorso-lombaire, l'autre par la colonne
cervico-dorsale.

M oiuMioLOG us. •— APLOMBS nu COUPS.


ÉQUILIBRE ET DIFFÉRENTES FORMES DE STATION 69

Une liscne transversale, passant par les centres d'articulation des deux
épaules, forme .l'axe des épaules. Cette ligne se
trouve sur le nu à la hauteur de la deuxième pièce
siernale (fig. 31 et 32).
Le centre articulaire de la hanche correspond
sur le nu au milieu- du pli de l'aine. Une ligne
passant par ces points représente l'axe des hanches.
Une ligne, qui joint le milieu de l'axe des épaules
au milieu de l'axe des hanches, forme l'axe du
tronc. L'axé du membre inférieur portant a été
tracé, de la ligne des hanches prolongée jusqu'au
niveau du grand trochan-
ler, à l'articulation tibio-
tarsienne.
Sur la face postérieure,
les mêmes axes se retrou-
vent. Ceci posé, l'aplomb
d'un homme qui hanche
est facile à établir.
L'axe du membre por-
tant incline en haut et en
dehors. L'axe des hanches
penche du côté de la jambe
fléchie et l'axe des épaules Fie. 81. — Schéma de la sta-
tion hanchée. Type contra-
incline aussi, mais du côté rié dans lequel l'axe du
tronc est oblique en sens
opposé. Une verticale me- inverse de l'axe du membre
portant.
née du creux sus-slernal F.F.', .

axe des épaules ; Î1H'.


tonibc sur le milieu de l'ar- axe des hanches: e/i, axe
du tronc; II'V, axe du
ticulation tibio-tarsienne -
membre portant. Une ver-
ticale abaissée du creux
de la jambe portante. sus-slernal passe par l'ar-
ticulation libio-larsienne du
Suivant la direction de membre portant.
l'axe du torse, on peut
FIG. 32. — Station hanchée; distinguer deux types de la station hanchée. Cet
type contrarie. Vue pos-
térieure. axe peut, suivant les circonstances, incliner latéra-
lement dans un sens ou dans l'autre, ou même
demeurer parfaitement vertical. S'il demeure vertical ou s'il incline lésé-.
70 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
rement dans le même sens que l'axe du membre portant, comme chez la
plupart des statues antiques, le corps est plus droit
dans son ensemble. Ce type peut être désigné sous
le nom de type concordant, par suite de la concor-
dance plus ou moins grande qui existe entre la di-
rection de l'axe du torse et celle du membre portant.
Si l'axe du torse incline au contraire, et souvent
d'une façon très notable, en sens opposé, on aura
le type contrarié, qui est. celui que l'on observe fré-
quemment dans les oeuvres de la. Renaissance.
Dans ce dernier cas, la saillie de la hanche
augmente, ainsi que l'obliquité du membre por-
tant; le torse dans son ensemble est comme déjeté

Fin. 3H. — Schéma de la


station hanchée. Type con-
cordai]! dans lequel l'axe
du tronc est vertical ou
oblique dans le même sens
que l'axe du'membre por-
tant.

du côté de la jambe fléchie.


Dans le premier cas, au con-
traire, le haut du torse est plus
d'aplomb au-dessus des han-
ches, mais ce résultat ne peut FIG. 3-i. — Station hanchée chez la femme pouvant se
produire également suivant les deux: types décrits
être obtenu que grâce à une clicz.rhomme, type concordant ou type contrarié A.
, 11

VV. verticale: eli, axe du tronc; HV, axe du membre


courbure plus accentuée de la portant:; lilîr, axe des épaules;. IIII', axe des hanches.
colonne vertébrale. Nous re-
trouvons chez la femme ces deux types de la station hanchée (fig. 34).
EQUJLII1RE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION 71
Il nous faut signaler encore un mouvement de rotation dans le plan
horizontal des deux axes transversaux, axe des-épaules et axe des hanches,

l'un en sens inverse de l'autre, et que nous avons déjà indiqué plus
haut (fig. 29). Mais, comme dans la station verticale, ces deux axes, ne se,
trouvent pas exactement l'un au-dessus de l'autre. L'axe des épaules est
toujours en arrière de celui des hanches, plus peut-être encore ici à cause
de l'exagération de la cambrure lombaire qui s'observe fréquemment. Il en
résulte que malgré leur rotation réciproque, les plans verticaux qui les ren-
ferment ne se croisent point. Ils sont obliques l'un par rapport à l'autre,
tendent à se rapprocher du côté de la jambe fléchie et à s'éloigner du côté
de la jambe portante.

FOIUIES EXTÉRIEURES.
Tout, ce qui précède devient la raison de formes extérieures qui méritent
d'être étudiées avec quelques détails (fig. 35 et 36).
Nous commencerons par les extrémités inférieures. Les deux jambes
offrent un contraste frappant non seulement par leur direction générale,
l'une étant étendue, l'autre fléchie, mais surtout par la conformation même
des parties. C'est ainsi que le mollet de la jambe portante est tendu, accu-
sant nettement les différents plans, pendant que l'autre mollet n'offre que
les surfaces arrondies d'un relâchement musculaire complet.
Mais ces différences sont surtout frappantes aux cuisses. Elles semblent
de volume différent. Vue de face, la cuisse de la jambe portante est étroite,
son diamètre transversal est diminué, conséquence de la distension du
ligament iléo-fémoro-tibial qui comprime les chairs latéralement, et les
refoule en avant. Aussi le diamètre antéro-postérieur s'en trouve-t-il aug-
menté. L'autre cuisse est, au contraire, presque uniformément arrondie.
Vue de face, en même temps que l'autre, elle paraît beaucoup plus volu-
mineuse.
En outre, on remarque, sur la cuisse portante, les reliefs fort accentués
au-dessus de la rotule des extrémités inférieures du vaste interne et du
vaste externe, indices frappants du relâchement de ces muscles. En haut,
au contraire, le tenseur du fascia lata dessine son corps charnu distendu et
contracté, car il confond ses insertions inférieures avec le grand ligament,
iléo-fémoro-tibial dont nous venons de parler, et il contribue avec celui-ci
à limiter l'inclinaison latérale du bassin.
72 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Dès deux hanches,,l'une est saillante, l'autre est effacée.
Les fesses forment également un contraste saisissant. Du côté portant, la
fesse est plus étroite et saillante par suite de la contraction de la moitié
supérieure de ses muscles (moyen fessier). Cette forme s'accentue encore, si
le grand fessier lui-même entre en contraction, ce qui n'est pas nécessaire

au maintien de l'attitude, mais se produit quelquefois. Elle est bordée inté-


rieurement par un sillon profond, et lé bord interne de la cuisse la déborde;
latéralement. Le sillon interfessier est oblique.
.
L'autre fesse,est aplatie et élargie; par sa limite inférieure et externe,
elle se confond avec là cuisse.
Le sillon médian des reins est incurvé latéralement, et cette courbure se
ÉQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION 73

prolonge jusque vers la partie inférieure du dos. 1.1 est bordé du côté de la
convexité par une masse sacro-lombaire saillante, tendue et contractée,
luttant contre l'incurvation vertébrale, pendant que, de l'autre"côté, la
masse sacro-lombaire est molle et fuyante.
La'région sous-scapulaire, du côté portant, est déprimée, le flanc se
creuse, et le défaut des côtes est marqué d'un pli transversal, pendant que,
de l'autre côté, la môme région est légèrement bombée, surmontant le
flanc uni et distendu qu'elle continue sans démarcation arrêtée.
En avant, le sillon médian du torse subit une inflexion analogue à celle
de la colonne vertébrale. La poitrine, affaissée du côté portant, se déve-
loppe largement de l'autre.
La ligne des seins est oblique dans le même sens que la ligne des
épaules.
,1e ne parlerai pas ici de la forme du cou, ni de celle des membres supé-
rieurs, qui dépendent des attitudes qu'on imprimera à chacune de ces
parties, mais qui n'ont, aucun rapport obligé avec le mode de station dont
il s'agit.
S T AIIOK SM Cï PIEl).
La station hanchée peut se transformer très aisément en station sur un
pied. Déjà l'équilibre unilatéral est pour ainsi dire tout établi et l'acte de
soulever simplement le pied de la jambe fléchie ne saurait modifier l'atti-
tude générale. Dans certains cas, on pourra donc retrouver dans la station
sur un pied presque tous les caractères de la station hanchée. Mais les
choses changent si le pied, soulevé est plus en haut et en. avant, en arrière
ou sur le côté. -
Je ne saurais entrer ici dans la description des attitudes si variées de la
station sur un pied. Je me contenterai de désigner leurs caractères essen-
tiels et les conditions qu'elles doivent remplir.
Le déplacement d'un membre inférieur a pour effet de déplacer le centre
de granité du corps tout entier, et la condition première de toute station,
comme nous l'avons déjà dit, est que la ligne de gravité du corps passe par,
la base de sustentation quelle qu'elle soit. '
Ainsi l'inclinaison du corps du côté de la jambe portante est-elle un
caractère obligé de toutes les attitudes de la station unilatérale, (fig. 37).
Cette inclinaison est plus ou moins accentuée suivant que le pied s'éloigne
74 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
plus ou moins de la ligne médiane. Elle s'accompagne, en outre, d'incli-
naison en arrière, si la jambe est en même temps portée en avant (fig. 38).
et d'inclinaison en avant si la jambe est portée en arrière (fig. 39).
La plupart du temps, les bras s'écartent du torse, et, par leurs mouve-

Fie,. 37. fin..iS. Station sur un pied, l'autre pied étant


blatîon sur un pied, l'aulro pied étant porte porté en—avant. La figure porte le tracé des axes
en dehors. des différents segments du corps.

ments, contribuent, à la manière d'un balancier, à maintenir la ligne de


gravité dans la base de sustentation.
Dans la figure 3S, par exemple, le membre inférieur est porté en avant:
Si nous la comparons à celle qui représente le profil do la station droite sur
les deux pieds (fig. 23), nous verrons quelles différences existent dans les
aplombs, des divers segments du corps.
ÉQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION 75

Dans la figure 39, le membre inférieur est porté en arrière, la différence


des mêmes aplombs est aussi considérable, mais.de sens inverse.
La caractéristique morphologique de la station sur un pied se trouve au
niveau des masses musculaires qui entourent le bassin.

Fit;.39.— Station sur un pied, l'autre pied étant 1-ic. .10.


— Station sur la pointe d'un pied. La
porté en arrière. La ligure porte le tracé des ligure porte le tracé des axes des dillérents
axes des différents segments du corps. segments du corps.

En premier lieu, le moyen fessier y dessine sa forme contractée, car il


doit empêcher la chute latérale du bassin.
En outre, si le membre est porté en avant, il y a flexion de la cuisse sur
le bassin et la contraction des fléchisseurs, tenseur du fascia lata, couturier
se manifeste (fig. 3S).
Si la jambe est portée en arrière, c'est, au contraire, la contraction de
l'extenseur qui se produit et qui n'est autre que le grand fessier (fig. 39).
Aussi la forme dps fesses est-elle curieuse à étudier dans la station sur
' 6
.
76 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
un pied, suivant que la jambe est portée en avant ou en arrière. Dans ce
dernier cas, on voit la fesse du même côté devenir étroite, globuleuse et
allongée; la gouttière rétro-tro'cbantériennè, qui se creuse, l'échancre en
dehors et lui donne un aspect réniforme. Le pli fessier disparait presque,
et le bord, inférieur du muscle se dessine avec son obliquité naturelle. A la
surface, les faisceaux musculaires secondaires apparaissent quelquefois. Le
contraste est frappant avec la fesse du côté opposé, qui est large et aplatie.
Mais, si au lieu de se porter en arrière, le membre inférieur se dirige en
avant, si légèrement que ce soit, on observe une transformation complète
des formes de la région. C'est la fesse opposée qui entre en contraction, ce
qui s'explique par la nécessité de maintenir la rectitude du tronc entraîné
par le poids de la jambe portée en avant, pendant que, de ce côté, la fesse
est large, distendue et aplatie. Dans la flexion légère du tronc en avant, les
deux pieds touchant terre, on voit les deux fesses se contracter simultané-
ment.
Si l'homme s'élève sur la pointe d'un seul pied (fig. 10), l'équilibre
devient encore plus précaire. Les membres supérieurs s'écartent davantage,
et. l'équilibre ne"peut guère être maintenu que grâce à leur mouvement de
balancier, dont l'effet esl encore augmenté par les inclinaisons latérales du
lorsc alternativement de sens contraire.

STATION A GENOUX

Dans la station à genoux, le corps porte sur la rotule encastrée pour


ainsi dire dans la trocbléc fémorale. Aussi la. base de sustentation ainsi
fournie est-elle fort étroite, en outre qu'elle est arrondie. D'où il résulte
que, dans la station sur un seul genou, l'équilibre est presque impossible.
La présence des deux genoux élargit latéralement cette base qui se trouve
agrandie dans le sens antéro-postérieur par le contact constant des doigts
de pieds ou de la jambe elle-même avec le sol, de sorte qu'en somme l'aire
de sustentation de la station à genoux est bien plus grande que celle de la
station sur la plante des pieds, puisqu'elle a la forme d'un rectangle dont
lés petits côtés varient suivant.l'écarfement des genoux et des pieds, et dont
les grands côtés sont égaux, à la. longueur de la jambe.
Lorsque le corps est droit, la ligne de gravité passe au niveau des
EQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION 77
genoux. Si le corps penche en arriére, la ligne de gravité, ramenée plus en
arrière, passe plus près du centre de la base de sustentation et l'équilibre
est plus assuré.
Dans le'premier cas, c'est-à-dire lorsque le corps est droit (fig. 41), les
aplombs du corps diffèrent sensiblement de ce qu'ils sont dans la station
verticale. On observe, en effet, une inclinaison très prononcée du bassin en
avant, d'où résulte une exagération de la cambrure lombaire. L'inclinaison

Fie. 41. FIG. 42.


Station à genoux, le corps droit. Station à genoux, le corps penché en arriére.

du bassin en avant est due à l'insuffisance de longueur du muscle' droit


antérieur qui, porté d'autre part par la flexion du genou à un certain degré
d'él on galion, ne saurait se laisser distendre davantage et met obstacle au
redressement du bassin. Si le torse penche trop en arrière (fig. 42), la
position devient extrêmement fatigante à cause de la contraction exagérée
des extenseurs de la jambe, destinés à empêcher la flexion de la cuisse,
sur la jambe. Mais si cette flexion de la cuisse sur la jambe s'accomplit,
il, arrive que les fesses'prennent un point d'appui sur les talons et que
la station à genoux se transforme en une sorte de station assise familière
aux individus qui, par métier ou par sentiment religieux, doivent prolonger
,
78 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
au delà d'un certain temps la station sur les genoux.-Dans cette sorte de
station, le haut du torse ne peut être redressé qu'en exagérant la cambrure
lombaire à cause de l'obliquité persistante du bassin toujours maintenue
par la distension du droit antérieur portée à l'ex-
trême.
Proportions de l'homme à genoux. —
Nous savons que la hauteur de la jambe mesurée
du sol à l'interligne articulaire est égale à deux
hauteurs de tête (1). Or, un homme à genoux est
en réalité un homme moins les jambes. On pour-
rait dire qu'il pose à terre sur les Condyles fémo-
raux, car ces derniers ne sont séparés du sol que
par l'épaisseur peu considérable de la ro-
tule. L'homme debout, ayant sept têtes et
demie de haut, n'en aura donc que cinq
et demie, lorsqu'il sera à genoux.

est un mode de station qui est une


Fie. 43.—Variété de la station à genoux. 11

variété de la station à genoux et dont nous


devons dire ici deux mots. 11 s'agit de la station sur un genou, l'autre
ambe étant fléchie et portée en avant la plante à terre.
Celle altitude donne une stabilité remarquable tant à cause de l'étendue
de la base de sustentation dans les divers sens que par la facilité avec
laquelle le centre de gravité se déplace dans un sens ou dans l'autre. Cette
attitude est donc éminemment propre à supporter les chocs on à exercer des
tractions. Aussi la voyons-nous fréquemment prise dans les exercices phy-
siques variés. Nous la rencontrons aussi souvent chez les anciens tireurs
d'arc et chez nos modernes tireurs d'armes à feu. Elle est en outre d'un
joli mouvement parle contraste des deux membres inférieurs, et est fré-
quemment employée par les artistes chaque fois qu'un personnage doit se
baisser à terre pour l'accomplissement d'un acte quelconque. Elle est sus-
ceptible alors des plus grandes variétés, suivant que le poids du corps porte
principalement.sur le genou à. terre ou sur la jambe fléchie et que cette
dernière est verticale ou plus ou moins inclinée.

(1) Nouoelle Anatomie artistique, t. IL p. -I.


EQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION 79

STATION ASSISE

Dans la station assise, les membres inférieurs n'entrent pour ainsi dire
pas en ligne de compte et le tronc, porte directement sur le plan résistant,
sol ou siège. Il repose sur les ischions recouverts
des muscles fessiers. Le bassin devient presque
horizontal et la courbure des reins disparaît
(fig. 44). Les cuisses, fléchies à angle droit sur le
tronc, reposent par leur face inférieure, dans une
étendue plus ou moins considérable, sur le plan-
d'appui, et, suivant la hauteur du siège, les pieds
touchent ou ne touchent pas le sol.
La ligne de gravité passe alors par une base de
sustentation fort large et qui rend, l'équilibre très
stable. Cette base est surtout étendue en avant
par suite de la disposition des membres inférieurs
fléchis; ce qui permet au torse-de s'incliner forte-
ment en ce sens sans crainte de chute (fig. 4b).
11 n en est pas de

même en arrière où
Fie. 4i. — Station assise, le
la ligne de gravité, corps droit.
dépassant facilement
la base de sustentation de ce côté, ne permet
pas au tronc de se déplacer beaucoup en ce
sens. Cependant le tronc peut s'incliner d'une
quantité assez notable en arrière, à la condi-
tion d'établir un contrepoids en avant, soit
en allongeant les jambes, soit en fléchissant
un genou et en s'y accrochant par les mains
(fig. 46).
Je ne parle pas des cas dans lesquels la
Fie. 4a.' — Station assise, le corps chu le en arrière est empêchée par un dossier
penché en avant.
plus ou moins incliné qui fournit en 'même
temps un appui à la tête. Car alors, le corps se trouvant tout entier aban-
donné à l'action de la pesanteur, il s'agit plutôt d'une variété du décubitus.
80 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
La station assise peut donc être variée de mille façons, suivant que le
bassin repose à terre ou sur un siège plus ou moins élevé, que les membres
inférieurs sont étendus ou diversement
fléchis et que le tronc est incliné en
avant ou en arrière.
Dans la station assise, le buste droit
(fig. 44), les formes extérieures du
corps diffèrent notablement de ce
qu'elles sont dans la station droite. Les
différences existent surfout dans sa
moitié inférieure, au ventre, aux reins
et au bassin. Elles sont la cause de
l'horizontalité du bassin.
Le ventre est saillant et sillonné des
ÉQUILIBRE ET DIFFÉRENTES FORMES DE STATION 81

STATION ACCROUPIE

Je ne désigne sousce nom que les altitudes dans lesquelles les deux
membres inférieurs entièrement .fléchis ne reposent que par les pieds sur
DES MOUVEMENTS

.
MOUVEMENTS PARTIELS

Les mouvements d'ensemble du corps humain sont la.résultante de


déplacements, les uns par rapport aux autres, des différents segments dont
il se compose et. qui, par opposition, sont désignés sous le nom de mouve-
ments partiels.
Ces mouvements partiels ont été étudiés et décrits avec détails dans mon
Anatomie artistique (l),tant au point de vue du mécanisme articulaire que
de l'action musculaire et de leur retentissement sur la forme extérieure.
Ces descriptions sont accompagnées de nombreuses figures (pi. 87 à 107)
et je ne saurais mieux faire que d'y renvoyer le lecteur.
Mais ces figures, fort complètes au point de vue de la forme extérieure,
laissent de côté la figuration du squelette profond dont les modifications
que les mouvements partiels entraînent sont, toutefois décrites avec soin
dans le texte. - '.
.
.le crois donc utile de donner ici quelques figures destinées surtout à
montrer l'action du squelette; en les accompagnant dans le texte des indi-
cations relatives au mécanisme articulaire.
1° MOUVEMENTS DE LA TÈTE ET nu cou.
Les mouvements de la tête sur la colonne vertébrale se passent dans les
articulations des deux premières, vertèbres cervicales entre elles et avec
l'occipital. Ces mouvements sont de trois espèces : 1" mouvements de rota-
tion qui ont lieu dans l'articulation de l'atlas et ded'axis; 2° mouvements
: de flexion et d'extension ; 3" mouvements d'inclinaison latérale, ces deux
derniers mouvements ayant lieu dans l'articulation de -l'atlas avec l'occipital.
(1) Anatomie artistique. Description des formes extérieures du corps humain, etc.
Pïori-Nourrit et C>, édit., 1890. "
.
MOUVEMENTS 83
L'articulation de l'atlas et de l'occipital est composée des deux condyles
de l'occipital exactement reçus dans les cavités articulaires supérieures des
masses latérales de l'atlas, de telle façon que les mouvements de flexion et
d'extension ej, aussi d'inclinaison latérale sont seuls permis. Dans la rota-
lion, au contraire, atlas et occipital ne font plus qu'un et tournent ensemble
sur l'axis. L'axe de ce dernier mouvement passe par l'apophyse odontoïde,
autour de laquelle se meut l'anneau formé par l'arc antérieur de l'atlas
et le ligament transverse, pendant qu'un mouvement de glissementse passe
dans les articulations des masses latérales d.e l'atlas avec le corps de l'axis.
La colonne cervicale est la partie la plus mobile du rachis et peut s'im
cliner dans les différents sens, et ses mouvements sont de même sorte que
ceux de la tête : rotation, flexion et extension, inclinaison latérale. La
flexion et l'extension s'obtiennent par le tassement et la distension des dis-
ques intervertébraux. Dans l'inclinaison latérale, les surfaces dès apophyses
articulaires placées à 45° dévient le mouvement qui. ne peut se produire sans
être accompagné d un glissement sur ces surfaces arti-
culaires dont la conséquence est une rotation du corps
de la vertèbre.
Les mouvements de la tête sont rarement isolés de
ceux du cou; les uns elles autres se confondent cl se
complètent, agissant le plus souvent dans le même sens.

Mécanisme articulaire. — Dans les mouve-


FIG. 49.
Flexion de la tôle sur
ments autour d'un .axe transversal, (flexion et exten- la colonne cervicale
immohile.
sion), la tête, par l'intermé-
diaire des condyles, roule sur les cavités gle-
noïdes des masses latérales de l'atlas (fig. 49).
Lorsque la colonne cervicale participe au-même
mouvement, l'amplitude en est considérable-
ment augmentée, et la tète né roule plus seu-
lement sur elle-même, mais subit en même
temps un mouvement de translation dans le
lie. 50. — Flexion et extension plan antéro-postérieur. Le menton se rapproche
simultanées de la tôle et du du sternum qu'il touche presque en avant, et,
cou.
en arrière, 1 occiput, arrive a quelques, centi-
mètres de la proéminente (fig. 50). " y
84 .ANATOMIE A'RT't,. Tl QUE DU CORPS HUMAIN
Dans la flexion, ht colonne cervicale, convexe en avant, se redresse et se
courbe même dans le sens opposé, de manière qu'elle continue la courbure
de la région dorsale (fig. 81, B).
Ces mouvements de flexion et
d'extension ont lieu le plus sou-
vent simultanément à la tête et
au cou. Mais ils ne sont pas fata-
lement solidaires et la flexion de
la tête peut exister avec l'exten-
sion du cou, de même que l'ex-
Fin. 51. — Indépendance, réciproque de la flexion et
de l'extension de la tète et du cou. tension de la tête avec la flexion
A. Extension de la colonne cervicale et llexion delà du cou (fig. 51).
tôle. .
B. Flexion de la colonne cervicale cl extension de la Mais dans le mouvement de
tète.
rotation, la tête et le cou sont
entièrement solidaires. La rotation de l'une ne peut se faire sans entraîner
la rotation de l'autre, si peu que le mouvement ait d'étendue. A la limite
extrême du mouvement, le visage arrive à se placer de profil sur un tronc
vu de face (fig. Î52).
L'inclinaison, latérale ne se produit presque jamais isolément. Lorsque
pour l'étude on cherche à la réaliser seule, elle a.tout l'air d'un mouve-

Fis. 52. — Rotation de la fêle et du cou. FIG. 53. —Inclinaison latérale de la tète et du cou.

ment forcé, et son amplitude est restreinte (fig. 53). Presque toujours, elle
s'accompagne d'un mouvement de rotation qui dirige la face en haut et du
côté-opposé-et. dont la raison.indiquée plus haut est dans l'orientation
spéciale des surfaces articulaires de.la région.
MOUVEMENTS 85

2' MOUVEMENTS nu THORAX.

La colonne dorsale, qui forme la partie postérieure du thorax, n'est pas


réduite à une immobilité complète par les côtes qui viennent y prendre
latéralement leur point d'appui. Elle participe, pour une part relativement
restreinte il est vrai, mais certaine, aux mouvements d'ensemble de la
colonne vertébrale. Elle s'infléchit en avant, par exemple, augmentant ainsi
sa. courbure dans l'affaissement du torse qui accompagne le dos rond; elle
se renverse, diminuant sa courbure dans le redressement du torse. Et elle
s'incline sur le côté dans certains mouvements de latéralité du torse, ame-
nant d'un côté .le tassement
des côtes et de l'autre leur
amplialion, par exemple dans
la station hanchée.
Mais les mouvements pro-
pres au Iborax sont ceux en
vertu desquels son volume
subit les changements néces-
saires à la respiration. En
effet, il doit -augmenter sa l'ic. 54. — Mécanisme des mouvements respiratoires.
capacité (inspiration) et la di- A. Augmentation du diamètre antéro-postérieur.
minuer (expiration). B. Autrnienlalion du diamètre transverse.

Ces changements de vo-


lume résultent d'un double mouvement des arcs costaux qui peut être ainsi
décomposé (fig. 54) :
]° Augmentation du diamètre antéro-postérieur du thorax, par un mou-
vement d'élévation, de l'extrémité antérieure de la côté, entraînant le
.
sternum. L'axe de ce mouvement est à peu près horizontal et transversal,
passant par la tête de la côte et par la tubérosité;
2" Augmentation du diamètre transverse du thorax, l'axe de rotation
est antéro-postérieur passant par le col do la côte en arrière et par l'articu-
lation chondro-sternale en avant.
La diminution de capacité du thorax se fait par le mécanisme inverse.
11 est évident que toutes les côtes ne prennent pas une part égale à
ces
mouvements.
Chez la femme, on a dit que la mobilité plus grande des premières côtes
8G ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
permettait, dans le jeu de la respiration, une ampliation plus considérable
de toute la partie supérieure du thorax. Cette respiration thoracique existe en
effet, et il est aisé de le constater, chaque fois que l'action du diaphragme
(respiration abdominale) se trouve entravée, comme dans la grossesse ou
par le port d'un corset trop serré. Mais lorsque le torse de la femme est
libre de foule contrainte, on peut observer que la respiration s'exécute chez
elle de la même façon que chez l'homme.

.3° MOUVEMENTS DE L'ÉPAULE.


Le squelette de l'épaule se compose de deux os, la clavicule en avant,
l'omoplate en arrière, formant une véritable demi-ceinture osseuse, embras-

Fie. 55. — Ceinlure osseuse scapulaire.

santlaléralement le sommet du thorax (fig. 55). L'extrémité antérieure de cet


arc osseux est reliée assez étroitement à la cage thoracique par l'articulation
sterno-clavieulaire; latéralement, le centre de l'arc s'éloigne du thorax et
s'articule avec l'os du bras (articulation scapulo-humérale) ; enfin la branche
postérieure s'en rapproche, mais sans y être rattachée autrement que par
un simple rapport de contact. L'omoplate, en effet, doublée des muscles qui
revêlent ses surfaces, est appliquée contre la cage thoracique sans autre
moyen d'union que la pression atmosphérique et les muscles qui servent

à provoquer et à régler ses mouvements.
Les mouvements de l'épaule se décomposent en glissements de l'omoplate
contre la cage thoracique et en mouvements de moindre étendue dans les
articulations de la clavicule avec le sternum d'un côté et l'acromion de
l'autre.
Les mouvements de l'articulation slerno-claviculaire sont peu étendus et
MOUVEMENTS 87

ont lieu dans tous les sens, en haut, en bas, en avant et en arriére. Dans tous
ces mouvements, l'extrémité interne de la clavicule subit un déplacement
en sens inverse de celui de l'extrémité externe, l'os se comportant comme
une sorte de levier à branches très inégales dont le poiut fixe se trouverait
vers l'attache du ligament costo-claviculaire. D'où il résulte que la saillie
' de l'extrémité interne de la clavicule doit être en raison inverse du dépla-
cement de l'extrémité externe. Elle est moins forte, par exemple, lorsque
l'épaule se porte en-avant, et inversement fait une plus forte saillie si
l'épaule se porte en arrière.
- Dans l'articulation acromio-claviculaire. les surfaces articulaires à peu près
planes, n'ayant de ligament résistant qu'à leur partie supérieure, sont le
siège de mouvements peu étendus, mais dans toutes-les directions. Les liga-
ments qui réunissent en outre la clavicule à l'apophyse coracoïde ont une
certaine longueur, ce qui permet à l'angle formé par le plan de l'omoplate
et la clavicule de varier cl ouverture, suivant le
glissement de l'omoplate sur la paroi thoracique.
Dans la station droite, les bras retombant sans
effort le long du corps, le bord-spinal de l'omoplate
est dirigé à peu près verticalement, distant de la
ligne médiane d'environ la moitié de sa lon-
gueur.
L'épaule est susceptible de mouvements très
variés qui se résument ainsi : elle peut se porter en
avant, en arrière ou en haut, entraînant néces-
sairement le bras avec elle.
Lors de l'élévation de l'épaule (fig. 56), l'omo- Fie. 50.
lilévalion de 1-épaule.
plate ne se porte pas simplement en haut,'elle subit
en même temps un léger mouvement de rotation sur elle-même en vertu
duquel le bord spinal devient oblique, l'angle supérieur se rapprochant de la
colonne vertébrale, l'angle inférieur s'en éloignant et se portant en dehors.
La présence, en avant, de'la clavicule solidement fixée par ses extrémités:
rend facilement compte de fa limite bientôt apportée au mouvement de
l'épaule directement en avant/En arrière, au contraire, aucun obstacle ne
s'oppose au rapprochement des omoplates; aussi le mouvementdes épaules
en arrière est-il très facile: 11 en est de même du mouvement de l'épaule en
haut qui «. une grande étendue.
8S ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
.

4" MOUVEMENTS DU BRAS.


Les mouvements du bras se passent premièrement.'dans l'articulation sca-
pulo-humérale qui, grâce à la disposition des surfaces articulaires, est d'une
excessive mobilité et permet les déplacements du membre dans toutes les
directions (fig. 57). Mais ils ne se complètent et s'achèvent que grâce aux
déplacements associés de l'omoplate. Ainsi, dans l'élévation du bras, l'omo-
plate subit un mouvement de rotation en vertu duquel son anale inférieur est

FIG. 57. — Coupe de. l'articulation scapulo-lmniérale, d'après P. Poiitir.it {Anatomie Ituriiahie).
A. Le liras au repos retombant le long du corps.
li. Le liras levé horizonlalenienl en dehors, limite extrême du mouvement se passant dans cette arti-
:nlatioi,
.
1, clavicule ; 2, acromiou ; 3, bourrelet glénoïdien ; 4, capsule articulaire ; 5, deltoïde ; (i. sus-épineux :
7, triceps brachial ; S, grand rond.

entraîné en dehors et en avant, pendant que l'angle supérieur s'abaisse. Le


bras étendu horizontalement, porté en avant ou en arrière, entraîne l'omo-
plate dans le même sens.
Les mouvements du bras peuvent être ramenés aux suivants :
1° Mouvements dans le plan vertical, parallèle au corps, ils se produisent
autour d'un axe de rotation antéro-postérieur; le membre supérieur par-
court ainsi presqueun demi-cercle dont le centre est à l'articulation scapulo-
humérale. A son départ, il s'éloigne du tronc en dehors, devient bientôt hori-
zontal (élévation horizontale du bras) (fig. 58), puis, continuant son chemin,
il se rapproche, par en haut, de l'axe prolongé du corps, jusqu'à ce qu'il
atteigne, ou peu s'en faut, la verticale (élévation verticale du bras) (fig. 59).
MOUVEMENTS. 89

Dans ce mouvement, le déplacement de l'omoplate a sa part, et son mou-

vement de bascule s'exécute en même temps que le mouvement de rotation

l'humérus et non pas, comme on l'admet communément, successive-


de
ment, le mouvement de bascule de l'omoplate ayant pour effet de coin-
90 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
pléter jusqu'à la verticale, le mouvement de l'humérus amené jusqu'à
l'horizontale par la seule action de l'articulation scapulo-humérale. En
même temps que l'omoplate bascule, la clavicule élève son extrémité
externe. Celle élévation se produit dès le début du mouvement pour
atteindre son point culminant lorsque le bras est vertical;
2" Le bras, placé préalablement dans l'élévation horizontale, peut décrire
dans le plan horizontal des mouvements très étendus autour d'un axe de
rotation vertical. Ce mouvement s'accompagne de glissements, assez étendus
de l'omoplate sur la cage thoracique. La. main-dépasse en avant la ligne
médiane du corps. En arrière, ce mouvement est limité assez tôt, par la
présence de la voûte acromio-coraeoïdienne, et le bras, dans cette direction,
n'arrive à faire avec le dos qu'un angle très obtus. 11 en résulte que, lorsque
les deux mouvements précédents se fusionnent dans .un mouvement de
moulinet, le membre supérieur ne saurait arriver à décrire un cercle dans
^n seul plan. Si la moitié antérieure du cercle s'exécute aisément dans un
plan antéro-postérieur, la moitié postérieure ne peut avoir lieu que dans un
plan à peu près perpendiculaire au plan précédent;
3" Enfin le bras exécute des mouvements de rotation sur lui-même.

5° MOUVEMENTS nu TRONC.
Mécanisme articulaire. — C'est dans la colonne dorsale et lombaire
que se trouve le siège articulaire des divers mouvements du tronc; mais ces
mouvements sont bien inégalement répartis entre ces deux régions.
Ils sont en effet très minimes dans la région dorsale où ils existent néan-
moins, ainsi que je l'ai signalé plus haut. Tous les mouvements de.la colonne
lombaire y retentissent à un certain degré, soit dans le même sens pour
accroître le mouvement produit, soit en sens contraire pour l'atténuer par
une manière de déplacement de compensation.
Par contre, les mouvements de la région lombaire sont très étendus. Ils
dirigent les mouvements du torse qui se réduisent à trois mouvements
.
principaux : •

4° Autour d'un axe transversal (flexion et extension) ;


2°'Autour d'un axe autéro-post'érieur (inclinaison latérale);
3" Autour d'un axe vertical (torsion ou rotation).
Dans la flexion (fig. 60), la colonne vertébrale se courbe en avant, la
région dorsale accentuant sa courbure normale, la région lombaire, au
MOUVEMENTS PARTIELS 91

contraire, effaçant la sienne pour en prendre une nouvelle en sens inverse.


De telle sorte que toute la colonne dorso-lombaire suil une même direction
curviligne a concavité antérieure.
Le point le plus mobile m'a semblé
se trouver à la. partie supérieure de
la région lombaire; mais il y a de
grandes variations individuelles.
Ce mouvement est limité par la
résistance à la compression de la
partie antérieure des disques inter-
vertébraux et pur la distension de
la partie postérieure des mêmes
disques, en même temps que des
ligaments sur et interépineux.
Fin. .00.— Flexion du torse.
Son étendue subit, donc d'assez
grandes variations individuelles en rapport avec la laxité plus ou moins
grande des ligaments. On remarque, en
effet, que lorsque l'homme debout, les
deux pieds joints, se penche en avant
cherchant à atteindre le sol avec ses doigts
étendus, il en reste parfois assez loin,
d'autres fois il y arrive aisément, et, dans
certains cas, peut toucher le sol avec le
poing, ou même par le poignet fléchi.
Si l'on cherche à analyser la part qui
dans- ce mouvement revient aux diverses
articulations, on constate qu'à l'inflexion
du rachis s'ajoute la flexion souvent con-
sidérable, et très variable avec les sujets,
du bassin sur les cuisses, et que les diverses
parties du rachis lui-même y prennent une
part fort variable avec les individus.
Fie. Gl. — Extension du torse. L'extension (fig. 61) se produit en vertu
du redressement de la région dorsale et de l'exagération de la courbure
de la région lombaire. Sa limite est plus rapidement atteinte que celle
de la flexion.
7
92 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
A l'extension de la région lombaire s'ajoute toujours le redressement

' l'ic.. 02. — Inclinaison latérale du lorse.

de la colonne dorsale et l'exagération de l'extension du bassin sur les


cuisses.
Dans Y inclinaison latérale (lig. 62), la
direction verticale des surfaces articu-
laires de la région lombaire rend ce mou-
vement indépendant de celui de rotation.
Mais dans la nature, ces deux mouve-
ments, rotation et inclinaison latérale,
sont'le plus souvent associés.
Par lui-même le mouvement de rota-
,
tion du rachis (fig. 63) est assez limité,
mais il est toujours complété par un
mouvement de rotation du bassin sur les
fémurs et par une torsion des épaules,
qui en augmente singulièrement l'étendue.
C'est ainsi que lorsque l'homme, les
FIG. Cit. — Rotation du torse.
deux pieds joints, arrive à regarder en
arrière-, c'est-à-dire à tourner la face à
peu près dans la direction de ses talons, on constate que la plus grande
'.MOUVEMENTS PRRTIELS 93

partie de la torsion est exécutée par le cou, par les hanches et jusque par
les membres inférieurs, le genou se tournant aussi un peu de côté et les
pieds légèrement tordus ne maintenant qu'avec difficulté leur entier con-
tact avec le sol.

6" M. O U V E 51 E N T S D E ROTA ï ION D 1} M E M R H15 SUR É RIEUR.


Nous avons reporté ici l'étude des mouvements de rotation du membre
supérieur en raison des connexions intimes que présente la rotation de
l'humérus avec les mouvements de pronation et de supination de l'avant-bras.
Mécanisme. — En tournant sur elle-même, la fête de l'humérus glisse,
par sa partie articulaire à peu près sphérique, sur la cavité glénoïde de
l'omoplate, et ce. mouvement s'exécute autour d'un axe qui passe par le
milieu de la tète humér'ale pour se continuer par en bas avec celui autour

L'a
...
duquel se font les mouvements de pronation et de supination de l'avant-
bras,
rotation du membre supérieur dans son ensemble est donc une com-
binaison du mouvement de rotation de l'humérus et des deux os de l'avant-
bras l'un autour de l'autre.
a) PRONATION ET SUPINATION DE L'AVANT-RRAS. — Une controverse s'est
élevée entre les anatomisles au sujet de la rotation des deux os de l'avant-
bras, et. l'anatomié artistique a intérêt à prendre parti dans la question.
On sait que, dans ces mouvements, la main suif les déplacements de l'ex-
trémité inférieure du radius à laquelle elle est rattachée, par l'articulation
radio-cnrpienne. Grâce à ces mouvements de rotation, la main peut tourner
la paume alternativement en avant (supination) et en arrière (pronation)..
Pour en bien pénétrer le mécanisme, il importe de les isoler du mouve-
ment de rotation de l'humérus qui les accompagne d'ordinaire, ce qui
s'obtient très facilement par la flexion du coude à angle droit (fig. 64).
.
L'on voit, en effet, dans cette attitude, les mouvements de'rotation de
l'avant-bras s'accomplir avec la plus grande facilité. Tour à tour le poignet
présente sa partie antérieure en haut ou en bas et cela sans que l'humérus
subisse le moindre déplacement. C'est alors qu'il est aisé de constater
l'erreur propagée par les anatomistes de grande valeur tels que Cruveilhier,
Sappey, 'filiaux, Beaunis et'Bouchard... qui enseignent que lé radius
tourne seul autour du cubilus immobile. ' .
94 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN .-

Il n'est point nécessaire, en effet, d'instruments spéciaux ni de disposi-


tions plus ou moins compliquées et il suffit simplement de regarder avec un

FIG. 04.' — Flexion à ani.de droit de l'avant-bras sur le bras s'accompagnent de pronation A
ou (ie supination lï.

peu d'attention ce qui sepassedans le mouvement de rotation du poignet


sur lui-même, pour constater que les deux extrémités inférieures du radius
et du cubitus y participent en exécutant chacun un mouvement circulaire
en sens contraire. Chaque extrémité osseuse parcourt un demi-cercle, le
demi-cercle supérieur est décrit par le radius, et le demi-cercle inférieur
par le cubitus.
D'ailleurs la mobilité des deux os de l'avant-bras
dans les mouvements de pronation et de supination
a déjà été soutenue par plusieurs auteurs, en par-
ticulier par Gerdy et par Duchenne de Boulogne.
Aujourd'hui, elle a été péremptoirement 'démontrée
par les expériences du professeur Poirier (fig. 65).
Les.observations de Gerdy méritent d'être rappe-
lées. Après avoir montré comment la main suivant
le mouvement de l'avant-'bras, il arrive que le pouce
FIG. 05. — Mouvements
de rotation des deux os
et l'indicateur marchent dans lé même sens que
de l'avant-bras l'un au- le radius, tandis que l'annulaire et le petit doigt
tour de l'autre dans la
supination et la prona- suivent le mouvement du cubitus, il observa les chan-
tion (d'après Paul Poi-
lu ni). gements que l'on peut volontairement apporter dans
l'axe de rotation commun aux deux os de l'avant
bras. 11 appuie successivement la main par le bout du doigt indicateur, puis-
du médius, puis de l'annulaire, puis du petit doigt contre un plan vertical,
contre un mur, par exemple, puis il exécute alternativement des mouve-
ments de pronatioii et de supination, sur le bout de chacun de ces doigts
ainsi: appliqués.
MOUVEMENTS PARTIELS 95

11 voit alors tour à tour chacun d'eux devenirl'axe do rotation de la main,


et il constate que suivant le changement de cet axe de rotation l'amplitude
des mouvements du radius ou du cubitus varie. Ainsi, dans l'appui sur l'in-
dicateur, l'axe de cercle décrit parle radius seratoulpet.it, tandis que celui
décrit par le cubitus sera très grand. Ce sera l'inverse dans l'appui sur le
petit doigt.
Poirier fait observer avec raison que si la supination ou la pronation
étaient uniquement produites par la rotation du radius sur le cubitus fixe,
la main, au lieu de tourner sur.son axe fictif, pivoterait sur son bord
interne et ne pourrait conserver ses rapports avec l'objet saisi, si celui-ci
était fixé, 'foutes les fonctions de la main dans lesquelles celle-ci doit
tourner sur son axe, comme l'action d'enfoncer une vrille, de mouvoir un
tourne-vis ou un lire-bouchon, deviendraient impossibles (-1).
b) ROTATION nu MEMBRE SUI'ÉHIEUR. — Si nous examinons maintenant ce
qui se passe lors de la rotation du membre supérieur dans son entier, il nous
sera aisé de faire la part qui revient à l'articulation de l'épaule et aux arti-
culations de l'avant-bras.
Nous savons que, d'ans l'articulation sea.pulo-humèrale, l'humérus'peu-
exécuter.les mouvements les plus variés, et que, pour ce qui est desmouve
ments de rotation en particulier, ceux-ci ne sont nullement gênés par h
disposition des surfaces articulaires ni par la répartition des ligaments.
Ils ne sont limités que par la distension des muscles rotateurs eux-mêmes
qui sont des muscles puissants et assez courts. Le cadavre ne peut dont
nous donner que des renseignements défectueux sur ces sortes de mouve
ments, et ils doivent être étudiés sur le vivant. Or, si nous examinons cequ
alieu sur un sujet quelconque lorsque s'exécute le mouvement de rolatioi
du membre sur lui-même et si nous considérons un point de repère osseu:
comme l'épitrôchlée, nous constaterons que l'étendue du mouvement circu
laire décrit par cette saillie osseuse ne dépasse pas un quart.de cercle.
Nous avons vu tout à l'heure queles mouvements de rotation de l'avant
bras sur lui-même étaient d'un demi-cercle. Dans la rotalion du membr
tout entier, les deux: mouvements s'additionnant, la rotation finale égal
trois quarts de cercle, et la constatation en est facile. Nous voyons en elfe
que la pronation forcée ne ramène pas la- main, la paume en avant, c

(1) Poiiuiiit, Anatomie humaine, t. I, p. 60S.


9G ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
qu'il s'en faul à peu près d'un quart de cerclé. En enlevant un quart, au
cercle tout entier qu'eût exécuté le membre si la paume était revenue se
placer exactement en avant, il reste trois quarts de cercle comme mesure
de l'étendue du mouvement exécuté. '
Mais ces deux mouvements dissociés pour l'élude sont toujours simultanés
dans la nature. Ils ne sont point successifs et nous ne voyons point par
exemple, après que la rotation bumérale a produit tout son effet, ht rotation
anlibrachiale suivre pour compléter et achever le mouvement. Au contraire,
il est facile de constater sur le nu que, dès le début du mouvement de pro-
nation de l'avant-bras, le membre tout entier pendant le long dû corps, le
bras lui-même commence à tourner légèrement de telle sorte que les deux
rotations ne s'ajoutentpoint- mais se produisent, en même temps.
Chez la femme, ainsi que je l'ai montré dans le volume précédent, à la
pronatioii forcée s'ajoute la supination forcée qui
ne se produit pour ainsi dire pas chez l'homme,
d'où il résulte que la rotation du membre supérieur
féminin est plus étendue et arrive à décrire un
cercle tout entier.
7e MOUVEMENTS nu COUDE.
Mécanisme. — Dans l'articulation du coude,
l'emboîtement des surfaces articulaires est telle
que les mouvements en sont limités à un seul
plan : mouvements de flexion et d'extension autour
d'un axe transversal passant par l'extrémité infé-
rieure de l'humérus. Cet axe n'est pas perpendi-
culaire à celui du membre, mais un peu oblique
de haut en bas et, de dehors en dedans, de sorte que
l'avant-bras ne se fléchit, pas directement sur le
bras, et que la main, au lieu de joindre l'épaule, se
FIG. 60. — Flexion de
l'avaul-bras sur le bras. porte en dedans (fig. 66).
Dans la flexion, les faces antérieures de l'avant-
bras et du bras n'arrivent en contact que dans la partie voisine de l'arti-
culation. •
. .
Ce mouvement est limité par la rencontre de l'apophyse coronoïde avec
la cavité de même nom de l'humérus, (fig. 67). L'extension ramène les deux
MOUVEMENTS PARTIELS 97

segments du membre dans la même direction, .l'ai insisté, dans le volume


précédent (p. 281 et planche 46), sur les cas assez fréquents dans lesquels la
limite de l'extension est dépassée, l'avant-bras formant avec le bras un
angle obtus ouvert en arrière. '
C'est presque la règle chez la femme et chez l'enfant à cause de la laxité
des ligaments, et celte conformation s'ob-
serve également sur les faiseurs de poids et les
boxeurs, chez lesquels la .violence des mouve-
ments d'extension souvent répétés conduit au
même résultat.
8" MOUVEMENTS DU POIGNET.

Mécanisme. — Les mouvements de la main


sur l'avant-bras sont de deux sortes. Ils se pas-
sent autour de deux axes :
a) Autour d'un axe transversal, flexion et FIG. 67. — Schéma montrant la
extension; section verticale et anléro-pos-
lé.rieuie de l'articulation du
b) Autour d'un axe antéro-postérieur, adduc- coude. Mouvement de la grande
cavité siginoide, autour de la
tion et abduction. Irochlée huméraledanSlaflexion
A et dans l'extension lï.
La flexion et l'extension ont lieu dans les arti-
culations radio-carpienne et médio-carpienne,qui toutes deux y contribuent.
La flexion est plus étendue que l'extension. La flexion atteint facilement
l'angle droit et la main se place dans un plan perpendiculaire à l'avant-
bras, à la condition toutefois que les doigts soient
étendus.
Si le poing est fermé, la flexion a moins d'étendue,
et lasinain ne forme plus avec l'avant-bras qu'un
angle obtus, ce qui lient à ce que les extenseurs des
doigts, distendus déjà par la flexion dés doigts, arri-
Fin. OS. — Flexion du
poignet accompagnée ou
vent plus tôt à la limite de leur élasticité et ne per-
non de la llexion des mettent pas à la main de descendre davantage
doigts.
(fig- 68).
Dans l'extension, la main forme toujours avec l'avant-bras un angle obtus
ouvert .en arrière. Mais la flexion simultanée des doigts augmenté le degré
de l'extension de la main, pour uiiejaisan analogue à celle que je viens de
signaler à propos du inouvémenl/Î3^rse%k;qiui réside dans l'augmentation
98 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
de la distension que fait subir aux fléchisseurs le mouvement d'extension
des doigts (fig: 69).
Mais ces mouvements n'avant d'autre limite aue celle annorl.ée nar la
'distension musculaire, on comprend qu'ils puissent
s'exagérer par l'exercice et.
qu'ils présentent ainsi de
grandes variations indivi-
duelles.
Les mouvements d'adduc-
tion et d'abduction ont lieu
.
dans la seule articulation
FIG. 00. — Fxtension du radio-carpienne, l'articula-
poignet accompagnée ou
non de la flexion des tion médio-carpienne se trou- FIG. 70. Abduction et
doigts. —
vant immobilisée par la. dis- adduction du poignet.

position de ses surfaces articulaires qui se contrarient dans celte direc-


tion. Ils sont peu étendus ; l'adduction a beaucoup plus d'étendue que l'ab
duction, qui est très limitée (fig. 70).
9" MOUVEMENTS DES DOIGTS.

Mécanisme. — Dans la flexion, les différents segments des doigts arri-


vent à former entre eux un angle droit, généralement dépassé dans l'arti-
culation phalango-phalanginienne. Il faut, faire mie exception pour le pouce,
' dont l'angle de flexion est moindre. Dans l'extension, les phalanges
se pla-
cent en ligne droite avec un léger renversement en arrière de la phalan-
gette. Ce mouvement a plus d'étendue dans les articulations des doigts avec
le métacarpe, et les doigts forment un angle oblus .ouvert en arrière avec
le dos de la main. . «
11 y a d'ailleurs, sous ce rapport, de grandes variétés individuelles. Les

mouvements de l'index ont une grande liberté, mais les trois derniers
doigts sont plus ou moins dépendants les uns des autres.
Les articulations des doigts avec le métacarpe, en outre des mouvements
de flexion et d'extension qu'elles ont en commun avec les différents seg-
ments des d.oigls, sont susceptibles de mouvements de latéralité qui font
que les doigts s'éloignent et se rapprochent les uns des autres.
Ces différences dans les mouvements sont dues à la conformation dif-
férente des surfaces articulaires (.vol. 1, pi. 4).
MOUVEMENTS PARTIELS -
99

Le pouce doit ses mouvements étendus-et variés àla mobilité du premier


métacarpien d'où résultent les mouvements d'opposition. Le pouce est nor-
malement placé sur un plan antérieur aux autres doigts et tourné la face
palmaire un peu en dedans. Dans les mouvements d'opposition, la phalan-
gette du pouce vient s'opposer successivement à l'extrémité des. autres
doigts. Ce mouvement est favorisé pour les deux derniers doigts par la
grande mobilité des métacarpiens correspondants et surtout du cinquième
qui vient, par un mouvement analogue, à la rencontre du premier, j'ai
signalé, dans le volume précédent (p. 289 et planche 48), les consé-
quences de ces différents mouvements sur la forme du poing fermé.

'1 0° M O U V E M E N T S D E b A H-A X C H E
.

Mécanisme. — L'articulation coxo-fémorale préside aux mouvements


de la cuisse sur le bassin. On a vu ailleurs (vol. 1) que la tête fémorale,
profondément située, possède une surface articulaire arrondie exactement
logée dans une cavité de même forme, et que, par contre, le grand fro-

FIG. 71. — J-^xtensio'i de la cuisse portée à sa lue. 72. —r Flexion de la cuisse qui peut cire
limite exlrcoie. portée beaucoup plus loin, jusqu'au contact
de la cuisse avec le torse.

chanter sous-cutané subit, dans les divers mouvements, des déplacements,


faciles à reconnaître.
En raison de la conformation des surfaces articulaires, les mouvements
ont lieu dans tous les sens et se résument en un grand lAouvement de cir-
10'0 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
conduction qui peut se diviser en trois sortes de mouvements autour de
trois axes différents : ,
a) Autour d'un axe transversal, flexion et extension; .
b) Autour d'un axe antéro-postérieur, adduction et abduction;
c) Autour d'un axé vertical, rotation. '

L'extension est rapidement limitée par la distension des ligaments anté-


.

rieurs de l'articulation et, dans ce mouvement, l'axe de la cuisse ne dépasse


guère- le prolongement de l'axe du tronc
(fig. 71). 11 n'en est pas de même de la
flexion, dont, les ligaments postérieurs de
l'articulation n'arrêtent pas le degré et dans
laquelle la face antérieure de la cuisse arrive
à toucher le tronc (fig. 72).
Le grand trochauler, à cause de l'inclinai-
son du col, est situé sur un plan inférieur à
la tête fémorale, d'où il suit qu'il s'élève un
peu dans la flexion et se rapproche de la
Fic. 73. — Schéma montrant la crête iliaque.
rotation l'imitée de la lète fémo-
rale dans la cavité cotyloïde dans L'adduction est rapidement limitée par
l'abduction-de la cuisse. la présence du ligament intra-ttrticulaire, le
ligament rond. Elle ne possède quelque étendue que si la flexion s'y

FIG. 7-i. FIG. .75.


— Rotation du .membre inférieur en
Abduction de la cuisse a sa limite
-
dehors A, en dedans -B.

surajoute. Par contre, l'abduction dans l'extension du membre s'ac-


MOUVEMENTS PARTIELS 101

complit assez aisément, le grand trochanler s'élève et se rapproche de la


crête iliaque (fig. 73 et fig. 74).
Dans la rotation (fig. 75), mouvement qui trouve ses limites dans la
distension ligamenteuse et musculaire, le grand trochanler décrit, un arc
de cercle antéro-postérieur. Il se porte en avant dans la rotation en
-
dedans et en arrière dans la rolalion en dehors.

1 1 ° M 0 U V E 11 E KTS DU G R N O U
.

Mécanisme. — Cette articulation, sans avoir l'étroit emboîtement


des surfaces articulaires du coude, ne possède, à cause de la disposition
des ligaments, de mouvements de quelque étendue que dans une seule

Fin. 70.
Extension cl llexiôn du tibia sur le fémur, la cuisse étant horizontale.

direction, autour d'un axe transversal (mouvement de charnière), flexion


et extension (fig. 76).
Dans l'extension, la jambe se place dans la continuité de l'axe de la
cuisse, et ce n'est qu'exceptionnellement qu'elle dépasse cette limite et que
la jambe arrive à faire avec la cuisse un angle obtus ouvert en avant.
Cette hyperextension est assez fréquente chez la femme et chez l'enfant;
elle est plus rare chez l'homme, mais elle existe néanmoins. '
Dans la flexion, le molleUarrive à toucher la cuisse.
On doit signaler aussi un mouvement de rotation de la jambe autour
d'un axe vertical, mais il est assez, limité. H n'existe à aucun degré, d'ail-
leurs, dans l'extension du genou, mais, dans la flexion à angle droit, sur un
modèle assis, il est très aisé à observer. On constate que, dn.ns celte posi-
10a ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
tion, la poinle du pied peut se porter en dedans et eu dehors, en décrivant
un arc d'un quart de cercle environ, beaucoup plus étendu en dedans

FlG. 77.
Mouvement de rotation du tibia sous les condyles îénioraux dans la flexion à angle droil du genou
A. Position naturelle.'^- B. Rotation en dehors. — C. Rotation en dedans.

qu'en dehors, et l'on voit, dans ce mouvement, l'extrémité supérieure du


tibia rouler pour ainsi dire sur elle-même au-dessous des condyles du
fémur (iig. 77).
•12" MOUVEMENTS DU PIED.
Mécanisme. — Los mouvements du pied sont de deux sortes :
«) Ceux qui ont lieu autour d'un axe transversal et en vertu desquels la
pointe du pied s'élève ou-s'abaisse. Dans le premier cas, c'est la flexion;
dans le second, c'est l'extension ou flexion plantaire. Ces mouvements se
passent dans l'articulation tibio-tarsienne,
qui n'est guère susceptible d'autres déplar
céments (fig. 78).
L'extension est limitée par la rencontre
du bord postérieur de la mortaise péronéo-
tibiale avec "l'astragale, et dans ce mouve-
Fie. 78. — Flexion et extension du
ment l'axe de l'avanUpied arrive à se
pied sur la jambe. Déplacement de placer dans le- prolongement de l'axe de
la poulie aslnigaliemie dans la mor-
taise péronéo-tibiale. la jambe. Dans la flexion, la limite du
mouvement, se trouve dans une disposition
spéciale des surfaces articulaires et aussi dans la distension du gros
muscle du mollet.
MOUVEMENTS. DE LOCOMOTION 103
b) Ceux qui se passent autour d'un axe antéro-postérieur et en vertu des-
quels la pointe du pied est dirigée en dedans, adduction, ou en dehors,
abduction. ' ,
'

L'adduction s'accompagne d'un mouvement de torsion qui fait que le


bord interne du pied s'élève, que l'externe s'abaisse et que la voûte plantaire
se creuse.
Dans l'abduction, c'est le Contraire : le bord interne s'abaisse, l'externe
s'élève el la voûte plantaire est surbaissée. Ce dernier mouvement est
moins puissant et plus limité que l'adduction. Tous deux se passent dans les
articulations du tarse.
13° MOUVEMENTS DES ORTEILS.
Les orteils exécutent des mouvements de flexion et d'extension, et aussi
des mouvements de latéralité assez limités. Dans la flexion, les orteils-se
pressent les uns contre les autres; dans l'extension, ils ont une tendance à
s'écarter.
Dans la flexion, l'extrémité arrondie de la phalangette vient toucher le
bourrelet antérieur de la plante du pied situé sous les articulations du
métatarse avec les. phalanges. Et la plante se trouve dans toute som
étendue (moins le talon) sillonnée de plis nombreux à direction fort
variable. A la face dorsale, les articulalions des phalanges entre elles et
surtout l'articulation des phalanges avec les métatarsiens se dessinent en
saillie.'
L'extension des orteils efface les plis de la plante du pied et y fait saillir
une corde épaisse qui comble le sommet de la voûte, se dirige du talon vers
le gros orteil et est due à la tension de l'aponévrose plantaire qui limite le
mouvement de l'articulation pliaiango-mélatarsienne du gros orteil. ' Le
relief toujours gros de cette articulation s'accroît avec le degré de l'extension.

MOUVEMENTS DE LOCOMOTION

C'est au professeur Marcy que nous devons la plupart des connaissances


queNnous possédons aujourd'hui-sur ce sujet. Grâce à la mise en oeuvre
d'une méthode nouvelle, la méthode graphique Créée par lui et dont les
services, dans toutes les "branches de la biologie, ne sont plus à compter, il
104 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
est parvenu à donner à ces études le caractère de certitude et de précision
scientifique qui, jusque-là, leur avait
manqué.
Nous n'avons pas ici à exposer
dans ses détails en quoi consiste celle
méthode. Nous devons néanmoins
faire connaître les procédés mis en
usage, en ce qui concerne plus spé-
cialement l'élude de la locomotion.
FIG. 7fl.
— Chaussure exploratrice des appuis
Nous le ferons d'après les ouvrages que
du pied de l'homme sur le sol; un tube de
Iraiisinission fait communiquer la chambre Marey a consacrés à ces questions.
à air avec le tambour du chronographe Un des éléments les plus importants
(.Marev) (I).

dans l'élude de la locomotion est la dé-


termination de la pression des pieds
sur le sol. Les appareils enregistreurs
se prêtent parfaitement à celle étude :
un appareil explorateur placé sous la
plante du pied envoie à un levier
inscripleùr le signal de l'appui ou du
lever du pied, ainsi que l'expression de
la force avec laquelle le pied appuie sur
lé sol. Gel appareil est la chaussure
exploratrice de Marey; en voici la
description (fig. 79 et 80) :
Dans l'intérieur d'une forte semelle
en caoutchouc, est une chambre à
air figurée sur la figure par des lignes
ponctuées. Cette chambre est com-
primée au moment où le pied exerce
sa pression sur le sol. L'air, chassé FIG. 80.— Marcheur muni tles chaussures
de cette cavité, s'échappe par un tube exploratrices et portant le clironographe
(iMarcy).
de transmission dans un tambour à
levier qui écrit sur l'enregistreurla durée et les phases de la pression du pied.
(1) Les figures 79, 80,- SI, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88 et 89 sont extraites du fivre
de MAREY, le Mouvement, édité par Masson.
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 105

Les deux pieds étant-munis de la chaussure exploratrice, Une expé-


rience de marche ' donne lieu au tracé suivant que nous empruntons à
Marey (fig. 81).
Au pied droit, correspond la ligne pleine D ; au pied gauche, la ligne ponc-
tuée G. On voit que la pression du pied droit, par exemple, débute au
moment où celle du pied gauche commence à décroître, et qu'il y a,'dans-
tout le tracé, alternance entre les appuis des deux pieds.
Les appuis du pied droit et ceux du pied, gauche ont la même durée, de
sorte que le poids du corps passe alternativement d'un pied sur l'autre. 11

I-'IG. SI. .— 'tracé des appuis et soutiens des deux pieds dans la marelle ordinaire (Marey).

est toutefois un instant très court pendant lequel le corps est partiellement
supporté par un pied, lorsque déjà il commence à s'appuyer sur l'autre : ce
temps ne correspond guère qu'à un sixième de la durée d'un appui. C'est la
période de double appui dont nous parlerons plus loin.
Marey a déduit également, des courbes précédentes, la mesure de
l'effort exercé par le pied sur le sol. Dans la marche, la pression du pied
sur le sol n'est pas seulement égale au poids du corps que le pied doit sou-
tenir ; mais un effort plus grand se produit, à un moment donné, pour
imprimer au corps les mouvements de soulèvement et de progression que
nous étudierons plus loin.
D'après les expériences de Carlet, cel effort additionnel n'excéderait
pas 20 kilos, même dans la marche rapide, mais il est beaucoup plus grand
dans la course et dans le saut. -

Aussi Marey, pour étudier la pression des pieds sur le sol pendant le
saut, art-il imaginé un autre appareil, la plate-forme dynamqgraphique,
dont la description nous entraînerait trop loin et pour laquelle nous ren-
voyons à l'auteur (1).

(1) MAREY, le Mouvement, p. 145. .-.--'.'. -


106. ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORP S . HUMAIN
MOUVEMENTS DK LOCOMOTION 107
seule oscillation horizontale (fig. 83). Le tracé de l'appui des pieds pris
simultanément montre à quel-moment du pas ces.oscillations se produisent.

\rm. 8:j,
de — Les courbes supérieures, l'une pleine, l'autre ponctuée, représentent les phases-'d'appui
et. lever des pieds droit et gauche. En lisant la figure dé gauche à droite^ chaque
d'une courbe indique le début d'un appui; la partie horizontale supérieure correspond à ascension
la durée
de l'appui et la descente au lever du pied. Jïnfîu la partie horizontale inférieure de chacune
courbes indique que le pied correspondant est en l'air. des
— OPh, oscillations du pubis de haut
bas, c'csL-ù-dire verticalement. O.L*î', oscillations dans le sens latéral en
horizontalement. On
— ou
voit que deux oscillations dans le sens vertical correspondent à une seule oscillation-horizontale

Si-l'on voulait donner, dit Marey, une idée de -la trajectoire véritable
du pubis sous l'influence de ces deux ordres d'oscillations^ combinées
avec

l'ic. 84. — Tentative de représentation, au moyen d'une tige .de métal courbée, de la trajectoire
sinueuse parcourue par le pubis. Pour comprendre |a perspective de cette lïg-ure solide il faut
supposer que ïe iil de fer est, par son extrémité g-auche, rapproché de l'observateur, tandis que
par son extrémité droite il s'en éloigne. (L'anipiilude des oscillations a été. fort exagérée pour
qu'elles soient plus saisissables.) (l'igùre extraite de la- Machine anvnalc, par J, Marey).

la translation en avant, il faudrait construire une figure solide. Avec


un
fil de fer tordu en divers sens, on peut exprimer assez clairement cette tra-
jectoire (fig. 84)., .-.;.> -.-=-.."..-/. y/y.:,— '-..'."
. .
108 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
A l'aide du même appareil légèrement modifié, Marey a également
démontré que le mouvement de translation, dans la marche, ne s'exécute
pas d'une -manière uniforme, mais qu'à chaque pas le pied, qui presse
sur le sol avec une force croissante du commencement à la lin de son
appui, imprime au corps une impulsion dont la vitesse est également crois-
sante.
Appliquée aux diverses allures de l'homme, la méthode graphique a
permis à Marey d'en donner, au point de vue du rythme, la notation
suivante :
La figure So représente la notation synoptique des quatre allures à type
régulier dans lesquelles les deux pieds agissent tour à tour.

l-'ir, 8!i. — Notation chi-onogniplii(|vip (les appuis îles pieds de l'homme


Î'I diflei-entes allures (Marey).

La ligne i représente la notation de l'allure du pas. L'appui du pied


droit est représenté par un trait blanc épais, dont la longueur correspond
à la durée de cet appui. Pour le pied gauche, le trait est composé de
hachures obliques. On voit ainsi que, dans le pas, l'appui d'un pied
succède à celui de l'autre, sans qu'il y ait jamais d'intervalle entre les
deux.
La ligne 2 est la notation qui correspond à l'ascension d'un escalier. On
voit que les foulées empiètent l'une sur l'autre, et que, par conséquent, le
corps, pendant un instant, repose sur les deux pieds à la fois.
La ligne 3 correspond au rythme de la course. Après une foulée du pied
droit plus brève que dans le pas, on voit un intervalle qui correspond à la
suspension, puis une courte battue du pied gauche suivie d'une suspension
nouvelle et ainsi de suite.
La ligne 4 répond à une course plus rapide.
MOUVEMENTS DIS LOCOMOTION -109

La figure 86 est la notation du galop des enfants, allure dans laquelle


les pieds n'exécutent pas tous deux le même mouvement. La ligne repré- -J

sente le galop à gauche, c'est-à-dire le pied gauche toujours en=. avant. On


voit que le pied droit appuie le premier sur le sol,- que le gauche retombe
ensuite et touche terre pendant moins longtemps, puis qu'il se produit
une suspension après laquelle le pied droit retombe de nouveau-, et ainsi de
suite. Ainsi, dans le galop, le corps est tantôt en l'air, tantôt sur un pied,
tantôt sur deux.
Du résumé qui précède des premières expériences de Marey, se déga-
gent un eerlain nombre de résultats importants, que nous n'avons fait que
signaler parce que nous y reviendrons plus loin, et que fa précision de la
méthode a pu classer, dés le début, parmi les faits définitivement acquis à
l'histoire de la locomotion. Mais pour exprimer fous les changements de

l'ifi. 80. •—
isolation du galop. — 1, gulop â gauche. — -2, galop à droite (.Marey).
position et d'attitude des membres et du corps, l'inscription mécanique
devenait insuffisante.
C'est alors qu'intervint la chronophotographie.
Tout d'abord, Marey imagina d'obtenir, sur la même plaque, une série
d'images successives d'un corps en mouvement. C'est la chronophotographie
sur plaque fixe. Appliquée à l'étude de fa locomotion, elle donne les résul-
tats les plus intéressants. Elfe consiste essentiellement à faire passer dans
le champ d'un objectif ouvert sur un fond noir, un homme qui se déplace.
Pour que la trace laissée sur la plaque ne soit point continue et confuse, un
dispositif spécial permet d'admettre la lumière dans la chambre itoire d'une
façon intermittente et à des intervalles égaux. On obtient alors une image
discontinue, dans laquelle sont représentées les positions successives de
l'homme qui se déplace (fig. 87).
Suivant fa fréquence des éclairements et. la rapidité du marcheur, on
obtient des images successives en nombre variable et plus ou moins rappro-
HO. ANATOMIE ARTISTIQUE DU GORI'S HUMAIN
chées. Plus l'allure esL lente, moins nombreuses seront les ouvertures de

FIG. 87. — Uii-hoiumj qui marche; attitudes successives données par ta ehronopliolographie
sur plaque fixe (.Marey).
l'objectif, si l'on veut éviter que les images, en trop grand nombre, arrivent
à se superposer et à engendrer la confusion. C'est ainsi que, à fréquence

Fio, 83. — Un coureur. Cllronophotographic sur plaque fixe (Marey).

d'éclairement égale, les images d'un coureur seront bien plus espacées que
celles d'un marcheur (fig. 88).
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION Ml
Pour augmenter le nombre des images sans qu'il y ait confusion, Marey
a eu recours à l'artifice suivant, qui consiste à réduire la surface du corps
étudié. C'est ainsi qu'un homme vêtu de velours noir et portant sur les
membres des galons et des points brillants ne donne, dans l'image, que des
lignes géométriques sur lesquelles pourtant se reconnaissent aisément les

l'ir.. 8 il. — Images d'un crurcur réduites à (les ligi:is hrillaules qui repi esenlent l'ultihide
de ses membres. Chronopholographie gvoinélnque (;\!arev).

attitudes des différents segments des membres. C'est la chronophotographie


géométrique (fig. 89).
La chronophotographie sur plaque fixe offre lé grand avantage de per-
mettre de suivre très facilement les différentes phases du mouvement, mais
elle offre l'inconvénient de ne pouvoir admettre- qu'un nombre restreint
d'images sous peine de confusion.
La chronophotographie sur plaque mobile remédie à ce désavantage, en
permettant de prendre sans confusion possible un nombre d'images aussi
considérable que l'on veut, d'un mouvement donné: C'est à M. Janssen que
revient l'honneur d'avoir inauguré, avec son revolver astronomique, la
chronophotographie sur plaque mobile.
Mais c'est Muybridge (de San-Fr.aneisco) .qui, par. mm méthode assez
différente de M. Janssen, appliqua les mêmes principes à l'analyse de. la
locomotion de l'homme, du cheval et d'autres animaux.
Marey, avec son fusil photographique construit sur le principe du
revolver de M. Janssen, donna le premier des images successives et dis-
tinctes du vol des oiseaux.
112 ANATOMH-: ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Mais bientôt Marey perfectionna la méthode en substituant à la plaque
mobile du fusil photographique les bandes pelliculaires. Voici le principe
de son appareil, d'après lequel tous les appareils industriels, dits depuis
cinématographes, ont été imaginés.
Une bande de pellicule, animée d'une translation rectiligne, devra passer
au foyer de l'objectif, s'arrêter pendant chaque pose et cheminer automati-
quement d'une manière saccadée, en recevant une série d'images succes-
sives d'assez grandes dimensions. Comme la bande pelliculaire peut avoir
plusieurs mètres de long, le nombre des images qu'on recueillera est pour
ainsi dire illimité (1).
Vers le même moment, notre ami regretté, A. Londe, alors directeur du
service photographique de la Salpèlrière, a imaginé un appareil à objectifs
multiples qui nous a rendu, dans nos études sur la locomotion et les mou-
vements les. plus divers, les plus grands services.
11 est composé de douze objectifs donnant douze images distinctes
sur une
même plaque. Chaque image est de' 7 centimètres sur 7 centimètres. Il est
vrai que nous ne pouvons obtenir d'un même mouvement que douze images
successives, mais un dispositif spécial permet de grouper ces douze images
en un temps très court, ou de les espacer à des intervalles variables.
On a reproché avec raison a. cet appareil de donner des images prises
d'un point de vue différent. Cet inconvénient n'est sérieux que si l'on pho-
tographie, à une faible distance, des objets de petite dimension, ce qui n'est
pas le cas dans l'étude de la. locomotion humaine. Ces différences d'aspect
nous ont toujours paru négligeables sur les photogrammes.que nous avons
obtenus.
Si l'on songe d'autre part que, même avec'un appareil à objectif unique,
l'homme, qui marche est vu sous dés points de vue différents suivant la
place qu'il, occupe dans le champ de l'objectif et que, par suite, les diffé-
rentes images recueillies ne sont point davantage vues sous le même aspect,
on conviendra, qu'en ce qui concerne: les résultats obtenus par nous, le
reproche fait.à l'appareil perd beaucoup de sa valeur.
Au point de vue de la notation dés mouvements des différents segments
du corps dans la locomotion, nos recherches personnelles entreprises avec
.

le concours de notre ami A.. Londê n'ont fait que confirmer les travaux de

.(1) MAHEV, le Mouvement, p. 114.


MOUVEMENTS DE LOCOMOTION ,
113

Marey. Nous avons essayé de compléter ces premiers et importants


résultats par l'analyse de la contraction musculaire, d'après la méthode
que nous avons déjà- employée pour la solution des problèmes de statique
humaine et qui consiste dans l'inspection du nu. Mais comme ici la rapidité
des mouvements ne permettait pas de saisir, au simple examen, les modi-
fications morphologiques qui constituent leséléments de notre appréciation,
nous avons eu recours aux images instantanées que les procédés de la chro-
nophotograpie mettaient à notre disposition. C'est avec l'appareil d'A. Londe
qu'ont été obtenues toutes les chronophotographies qui font l'illustration de
ce volume.
Nous allons, maintenant, exposer dans tous leurs détails les différents
mouvements de la locomotion.

DESCRIPTION DES MOUVEMENTS DE LÀ LOCOMOTION


OU CINÉMATIQUE

1' De fis.
Si l'on veut mettre quelque clarté dans cette question, il faut d'abord
nettement définir ce qu'on entend par pas, la marche, après tout, n'étant
qu'une succession de pas. — Or, qu'est-ce qu'un pas'? Littré'nous dit qu'un
pas, c'est l'action de. mettre un pied devant l'autre pour marcher. On
désigne aussi par pas l'espace qui se trouve compris d'un pied à l'autre
quand on marche. Ainsi, dans le langage ordinaire, un pas est constitué par
la série des mouvements qui se produisent entre le déplacement d'un pied et
celui de l'autre pied. — Marey a fait très justement remarquer qu'au
point de vue scientifique, cette définition devrait être étendue, et-qu'il fallait
désigner par pas la série des mouvements qui s'exécutent entre deux posi-
tions semblables d'un même pied, de sorte que le pas de Marey corres-
pond à deux pas du langage ordinaire: c'est un double pas. J'accepte la
définition de Marey, mais je, crois préférable de conserver le nom de
double pas qui a l'avantage de ne rien changer à la signification générale-
ment admise, et, par suite, ne saurait prêtera aucune confusion.,.
Or, c'est le double pas que nous devons considérer. Le double pas est
exécuté par chaque membre, non plus successivement, mais simultanément,
114 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
de manière que le double pas droit, par exemple, empiète sur le double pas
gauche de la moitié de sa longueur, ou d'un pas, et réciproquement.

De la méthode des empreintes. — La trace laissée sur le sol par


les pieds pendant la marche a été utilisée par plusieurs auteurs pour l'étude
de la locomotion. Nous citerons, seulement pour mé-
moire, la méthode de M. Vierordt, pour décrire celle
qui a été employée par Gilles de la Tourelle (1)
dans ses études sur la marche normale et pathologique
et dont les résultats sont des plus intéressants. La
technique de Gilles de la Tourelle est empruntée à
M. Neugebauer. On frotte la plante des pieds du sujet
avec du sesquioxyde de fer pulvéruleni. puis, le pla-
çant, au départ, à l'extrémité d'un rouleau de papier
de 7 à S métrés de long et de 50 centimètres de -large,
étendu sur le sol et divisé en deux dans toute sa lon-
gueur par un Irait, on le l'ait marcher droit devant
lui, jusqu'à l'autre extrémité de la bande. Les pieds
laissent sur le papier des empreintes colorées on rouge
(lig, 90).
Les résultais obtenus par Gilles de la Tourelle sur
des sujets normaux sont relatifs à la longueur du pas
'FIG. 90. et à la situation des pieds droit et gauche par rap-
Empreintes des pieds port à. la ligne-médiane directrice qui prend le nom de
dans la marche.
ligne de marche. Voici les conclusions de, l'auteur :
•1° La longueur moyenne du pas est égale :
-

Chez l'homme adulte à 0"',63:


Chez la femme à 0"',S0;
2° Dans les deux sexes (la jambe gauche étant à l'appui), le membre
inférieur droit forme un pas plus long que le membre inférieur gauche (la
jambe droite étant à l'appui), en un mot, le pas droit est plus grand que le
gauche;
3° L'écartement latéral des pieds, ou hase de sustentation-, mesure en
moyenne, chez l'homme en marche, Tl à -12 centimètres, avec prédomi-
(1) GILLES DE LA'TOUHETTE, Etudes cliniques et physiologiques sur lit marche
(Th. de Paris, 1886).
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION IIS
nance de 1 centimètre pour l'écarlement latéral gauche. 11 mesure en
moyenne, chez la femme en marche, -12 à 13 centimètres, avec prédomi-
nance de 1 centimètre pour l'écartement latéral gauche:
4° La somme des angles ouverts en avant et en haut par l'inlersectionde
la ligne d'axe des pieds avec la ligne de marche égale, en moyenne, 31 à 32°
avec prédominance d'ouverture de 1 degré pour le pied droit. Chez la
femme en marche, celte somme égale, en moyenne, 30 à 31°, avec prédo-
minance d'ouverture de i à 2 degrés pour le pied droit.

Vitesse des allures; rapports de la fréquence à la longueur


du pas. — Chez un homme qui marche ou qui court, la vitesse est le pro-
duit de deux facteurs : le nombre et la longueur des pas effectués en un
temps donné.
D'après les frères Weber, la longueur du pas augmenterait avec sa fré-
quence, le pas lent étant plus court que le pas à cadence rapide. Si celle loi
étail absolue, il suffirait, pour accélérer la marche d'un corps de troupe, de
précipiter la cadence du tambour ou du clairon qui règle la fréquence du
pas. Mais les expériences de Marey ont montré que la loi des frères
Weber n'est vraie que jusqu'à, une limite, à partir de laquelle l'accélération
de la cadence amène le raccourcissement du pas et bientôt la diminution
de la vitesse de l'allure.

2" DES MOUVEMENTS DES DIFFÉRENTES PARTIES BU COUPS


DANS LA MARCHE (pi. 7, 8 et 9).
Il est nécessaire, pour la commodité de la description, de distinguer plu-
sieurs phases dans le double pas.
Il est un moment où, les deux jambes étant écartées à la manière d'un
compas, les deux pieds reposent à la fois sur le sol, l'un par le talon, l'autre
par la pointe. C'est la période dédouble appui (fig..91 et'flg. 92);
Puis, le pied qui est en arrière quitte le sol pour se porter en avant. A ce
moment, le corps ne repose plus que sur un pied; c'est la période i'appui
unilatéral. Celte période est beaucoup plus longue que la première.
La marche se compose donc d'une succession de doubles appuis et d'ap-
puis unilatéraux alternativement droits et gauches. Dans la phase d'appui,
unilatéral, une des jambes, celle qui porte sur le sol (ou jambe portante),
exécute dans son ensemble un mouvement de rotation dont le centre est au
116 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 117

cale : la jambe portante est oblique en sens inverse, c'est-à-diré en haut


et en avant, et la jambe oscillante est antérieure.
Ainsi donc, ces diverses phases du double pas se succèdent dans l'ordre
suivant (fig. 92) :
1" Période du double.appui:
2° Pas postérieur : V

3° Moment de la verticale; > Période de


l'appui unilatéral.
<i° Pas antérieur ; )

Ces distinctions nous seront d'un grand secours dans les descriptions qui
vont suivre.
Nous étudierons successivement les mouvements des membres inférieurs,
du torse et des membres supérieurs.

a) Mouvements des membres inférieurs.


i° Période du double appui (fig. 96. i. 2, 7 et 8). — Pendant celle
période, les deux pieds portent à la fois sur le sol, mais ils ne le touchent
jamais dans toute'leur longueur en même temps. On peut même dire qu'il
est fort rare qu'un seul pied pose sur le sol dans toute son étendue, alors
que l'autre y louche encore si légèrement que ce soit, ou, si cela se produit,
c'est pendant un temps extrêmement court.
En effet, au moment où le pied qui est en avant va toucher le sol par le
talon, le pied qui est en arrière s'est déjà soulevé partiellement, et le talon
s'est détaché du sol. Au milieu de la période de double appui, tout le corps
porte de manière très manifeste sur le talon d'un pied et sur les doigts de
l'autre. Puis, le pied qui est en avant abaisse sa pointe et prend contact
avec le sol dans toute son étendue, en même temps que le pied qui est en
arrière se fléchit progressivement dans ses articulations métatarso-phalaiï-
giennes et que la surface d'appui diminue de plus en plus, de telle manière
que, lorsque l'appui sur le pied antérieur est complet, c'est-à-dire lorsque
les doigts reposent aussi fortement sur le sol que le talon, le pied posté-
rieur est bien près de s'en détacher, si ce n'est déjà chose faite.
En résumé, dans la période du double appui, les deux pieds se déroulent
sur le sol, du talon à la pointe, l'un pour le quitter, l'autre pour s'y appli-
quer, avec cette particularité que ces deux mouvements ne sont pas absolu-
ment simultanés et que le premier a déjà commencé lorsque le dernier se
produit.
118 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Pendant cette période, les deux jambes ne sont pas en extension com-
plète; elles sont très légèrement fléchies, mais la jambe postérieure l'est à
un degré plus marqué.
2" Période de l'appui unilatéral (fig. 96. 3, i,
5, 6, 9, 10, M, 12).
— La jambe portante arrive au contact du sol par le talon et en extension
complète. Plus tard, lorsque le pied est complètement appuyé, le genou se
fléchit légèrement, puis il s'étend à nouveau progressivement de manière à
se rapprocher de l'extension, qui est, presque complète au moment de la
verticale. Ensuite cette extension s'exagère pendant tout le pas antérieur et
ne cesse que tout à la fin, de manière à se transformeren légère flexion pen-
dant l'a période du double appui. Cette flexion ne fait que s'exagérer pendant
le double appui jusqu'au moment où le membre va devenir oscillant..
Jambe oscillante. —Au moment où la jambe, va devenir oscillante, le
' genou est donc' fléchi, et celle flexion s'exagère pendant toute la durée du
pas.postérieur pour diminuer au moment delà verticale et pendant tout le
pas antérieur, à la fin duquel elle arrive en extension pour se transformer
de nouveau en jambe portante.
Si nous considérons à un même moment, les attitudes respectives des
deux membres inférieurs, nous voyons que, pendant le pas postérieur, les
deux jambes sont fléchies, mais à un degré bien différent, la jambe por-
tante l'étant fort peu. Au moment de la verticale, la jambe portante est
en extension et la jambe oscillante, qui la croise, est fléchie. Pendant le
pas antérieur, le contraste persiste dans le même sens jusque tout à la fin,
où pendant un court moment, la jambe oscillante s'élendanl complètement,
avant que le talon touche le sol, les deux membres sont en extension com-
plète.
b) Mouvements du torse.
Le mouvement le plus important est le mouvement de translation, qui
est, en définitive, le but de la marche. Nous avons vu que Marey a montré
que la vitesse de ce mouvement n'est pas uniforme et subit une accélération
vers la fin de chaque double pas..
Ce mouvement se combine avec d'autres qui sont les suivants :

4» Oscillations verticales. — Achaque pas le torse tout entier subit


un soulèvement suivi d'abaissement, et les deux mouvements constituent
ÎVJOUVKMENTS DE LOCOMOTION ,119
une oscillation dans le sens vertical, dont l'amplitude est de 3 à 4 centimè-
tres. 11 seproduit une oscillation pour chaque double pas, de telle manière
que chaque point du torse ou de la tête décrit dans l'espace, pendant la
marche, une ligne régulièrement ondulée. Les minima correspondent aux
périodes de double appui el sont la conséquence forcée de l'obliquité
qu'affectent, à ce moment, les deux membres inférieurs. Les maxima se
produisent au moment de la verticale, c'est-à-dire au moment où le
membre inférieur portant, d'oblique qu'il était au double appui, devient
perpendiculaire au sol.
2° Oscillations transversales ou horizontales. — En même temps
que le torse se soulève el s'abaisse, il se porte d'un côlé sur l'autre, et ce
mouvement de va-et-vient latéral constitue ce qu'on appelle les oscillations
transversales ou horizontales. Elles sont la conséquence du transport du
corps du côté de la jambe portante, dont le but est de rapprocher le centre
de gravité de la base de sustentation. C'est, donc au milieu de l'appui uni-
latéral que se produit le maximum d'amplitude de l'oscillation. Ces
oscillations transversales sont en nombre double de celui des oscillations
verticales.
3° Mouvements d'inclinaison en avant et en arrière. — Bien que
fort peu marqués dans la marche ordinaire, ces mouvements n'en existent
pas moins. Si l'on considère l'axe du torse aux différentes phases du pas,
on voit que, pendant le pas postérieur, le corps est penché en arrière, qu'il
l'est en avant pendant le pas antérieur, el qu'au moment de la verticale et
des doubles appuis, il est sensiblement vertical.

-
4° Mouvements de torsion. — Ces mouvements sont la conséquence
des mouvements contrariés des épaules et des hanches, qu'il est opportun
d'étudier maintenant.
5° Mouvements du bassin. — En outre de la translation et des oscil-
lations verticales et horizontales déjà étudiées à propos des mouvements du
tronc dans son ensemble, le bassin est soumis à deux sortes de mouve-
ments qui se passent autour de" deux axes : l'axe antéro-postérieur et l'axe
vertical.
a) ROTATION AUTOUR D'UN- AXÉ VEUTICAL..— Dans le pas postérieur, lafaçe
antérieure du bassin est tournée du côté de la jambe oscillante, pour se
120 ANATOM1E ARTISTIQUE DU COR P. S HUMAIN
porter du côté opposé lors du pas antérieur. Au moment même de la verti-
cale, le bassin est parfaitement perpendiculaire à la ligne de marche
(fig. 93). Ce mouvement est une conséquence inévitable de l'écarlement
des deux membres inférieurs, celui qui est en arrière retenant la hanche à

l'io. 93. -—:


Projection sur plan borizonlal de l'axe des hanclies aux dill'érents temps de la marche.

laquelle il est attaché, celui qui est en avant entraînant avec lui la hanche
qui lui correspond.
Le centre de ce mouvement parait être à l'articulation coxo-fémorale de
la jambe portante, pendant que l'articulation de la jambe oscillante occupe
la périphérie.
b) ROTATION AUTOUR D'UN AXE ANTÉHO-POSTÉRIEUH. — A la période de
double appui, alors que, comme nous venons de le voir, l'axe transverse du
bassin est le plus oblique par rapport à la ligne de marche, le même axe
paraît bien horizontal, c'est-à-dire que les deux articulations coxo-fémo-
rales semblent situées à la même hauteur. Mais aussitôt que la jambe quitte
le sol, le bassin incline manifestement de ce côté, puis se relève et devient
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 121

presque horizontal au moment, de la verticale, puis enfin redescend encore


toujours du même côté jusqu'à ce que le:double appui se reproduise et le'
ramène à l'horizontale. Le centre du mouvement serait encore l'une des
articulations coxo-fémorales, celle du côté de la jambe portante. Ces divers

FIG. 9<i. — Projection sur plan horizontal de l'axe des hanches cl de l'axe des épaules
aux différents temps de la marche.

-
mouvements du bassin s'observent très nettement sur lès chronophotogra-
phies qui représentent l'homme marchant vu de face (pi. 8 et 9).
En somme, jamais le côté oscillant du bassin ne s'élève au-dessus du niveau du
côté portant. Il ne fait que baisser très nettement dans le pas postérieur, un peu
moins nettement dans le pas antérieur.

6° Mouvements des épaules. — Le mouvement de rotation du bassin


autour d'un axe vertical, que nous avons signalé il n'y a qu'un instant,
entraînerait forcément tout le torse dans le même sens, si un mouvement
de rolalion des épaules en sens inverse ne venait le contrarier, et maintenir
la rectitude du torse.
122 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Il existe donc, entre la ligne des épaules et la ligne des hanches, un défaut
de parallélisme aux différents temps de la marche, se produisant de la façon
suivante :
C'est, à la période du double appui que l'angle formé par l'axe des épaules
et par celui des hanches est le plus considérable.
Au moment de la verticale, ils sont parallèles.
Si l'on songe que ces deux axes ne sonl pas dans le même plan vertical,
mais que le plan des épaules est toujours postérieur à celui des hanches, on
voit de suite comment leur rotation en sens inverse a pour effet de rappro-
cher l'une de leurs extrémités en éloignant l'autre, de telle sorte que. dans
le pas postérieur, la plus grande ouverture se trouve du côté de la jambe
portante, pendant que du côté de la jambe oscillante le plan des épaules se
rapproche de celui des hanches. C'est l'inverse dans le pas antérieur
(fig. 94). Le mouvement de rotation de l'axe des épaules est la conséquence
des mouvements de balancement des membres supérieurs.
7° Mouvements d'inclinaison latérale. — Enfin, il faut encore
signaler, au nombre des mouvementsqu'exécute le torse pendant la marche,
un mouvement d'inclinaison latérale qui penche le haut du torse du côté de
la jambe portante.
Cette inclinaison latérale a pour effet d'abaisser l'épaule correspondante
pendant que l'autre épaule s'élève. Elle atteint son maximum d'amplitude
au moment de la verticale.
Le redressement s'opère pendant la phase du double appui.
Puis l'inclinaison se reproduit de l'autre côté. Ces mouvements d'incli-
naison latérale ne sont pas sans analogie avec ce qui a lieu pendant la
station hanchée.
c) Mouvements des membres supérieurs.
Les mouvements des membres supérieurs s'opèrent en sens inverse de
ceux des membres inférieurs. Quand la jambe droite, par exemple, est en
arrière, le bras droit est en avant et vice versa. Ils consistent en des oscilla-
tions pendulaires dans le plan antéro-postérieur. Nous verrons plus loin
qu'ils sont sous la dépendance d'actions musculaires.
Au moment du double appui, ilssubissent leur plus grand écarlement. Au
moment de la verticale, ils se rapprochent tous deux du même plan trans-
versal, alors que leur direction se croise.
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 123
Dans la moitié postérieure de son oscillation, le membre supérieur est
complètement étendu ; dans la moitié antérieure, il se fléchit légèrement
au coude en même temps que la math se porte en dedans.
Telle est la description aussi complète que possible des mouvements de
ce qu'on pourrait appeler la marche type, c'est-à-dire la marche à vide, ré-
duite à ses seuls éléments constitutifs, abstraction faite de toute circons-
tance qui la puisse modifier.
C'est dire qu'il peut exister de nombreuses variétés de la marche. Nous
en dirons quelques mots plus loin.

3" DESCRIPTION DES-.MOUVEMENTS DE LA COURSE.

La course, comme la marche, est un mode de progression dans lequel le


corps est alternativement soutenu par l'un des membres inférieurs dont les
appuis se succèdent à intervalles égaux. Mais elle en diffère en ce que les
phases d'appui unilatéral n'empiètent pas l'une sur l'autre, et qu'elles
sont, au contraire, séparées par un intervalle pendant lequel le corps est
complètement suspendu en l'air. Il n'y a pas, dans la course, de phase de
double appui.
11 y a donc lieu de distinguer dans la course deux phases qui se suc-

cèdent régulièrement : la phase d'appui unilatéral et la phase de suspen-


sion, chaque phase d'appui unilatéral étant alternativement droite et
gauche.
1" Mouvements des pieds. — Le pied arrive à l'appui non plus,
comme dans la marche, par le talon, mais par la plante même. Celle asser-
tion nous paraît suffisamment proche de la vérité pour être admise. Sur
les photographies instantanées, en effet, on voit que le pied, au moment où
il va toucher le sol, se présente non plus la pointe en l'air, mais son
grand axe parallèle au sol ou bien très légèrement incliné en bas du côté
du talon, les doigts se trouvant toujours un peu relevés, de telle sorte que.-
si l'on admet que le pied frappe le sol par le talon en premier lieu, le reste
de la plante suit si rapidement que le contact du pied dans toute son
étendue avec le sol peut être considéré comme instantané. Il existe cepen
dont des cas que l'on doit considérer comme exceptionnels, dans lesquels
le pied aborde le sol par.la pointe. Nous l'avons très nettement observé
sur les chronophqtographies que nous avons prises, non plus sur un cou
"
" ' 9
.
124- ANAT0M1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
rcur passant devant l'objectif, mais sur des groupes de coureurs saisis au
passage dans des concours de courses au Racing-Chib. Une fois appuyé sur le
terrain, le pied s'y déroule de la même manière que dans la marche. C'est
le talon qui se lève le premier, et le gros orteil quitte le dernier le contact
avec le sol.
Pendant la phase de suspension, le pied d'abord étendu sur la jambe (la
pointe en bas) revient peu à peu à la position intermédiaire entre la flexion
dorsale et l'extension plantaire, et ne la dépasse guère.

2° Mouvements des membres inférieurs. — Nous avons vu que,


dans la marche, la jambe portante arrive au sol en extension, et que l'ex-
tension se reproduit à un autre moment de la phase d'appui. Dans la course,
à aucun moment le membre inférieur n'est en extension. 11 y a toujours
flexion, mais à des degrés divers.
Au moment où le pied louche le sol, la jambe est fléchie; elle se redresse
légèrement lorsqu'elle passe aux environs de la'verticale, pour se fléchir
davantage au moment où, par une sorte de détente, elle pousse le corps en
avant immédiatement avant de quitter le sol.
Lorsque le pied quitte le sol, le membre est voisin de l'extension. Mais
aussitôt la flexion augmente, au point que les deux segments, cuisse et
jambe, forment un angle aigu au moment où ce membre croise la direction
du membre portant. A partir de ce moment, la flexion décroît, la jambe
s'allongeant de plus en plus avant de reprendre contact avec le sol et de
commencer un nouvel appui.
Avec la rapidité de la course, la durée des phases de- suspension aug-
mente et celle des phases d'appui diminue. Le pied repose à peine à terre,
juste le temps de donner au corps l'impulsion.

3° Mouvements du torse.— Comme dans la marche, le torse subit,


en outre du mouvement de translation, des oscillations verticales et hori-
zontales.
.
Les oscillations verticales se produisent de telle sorte que les minima de
la courbe que décrit un point du corps, le verlex ou le pubis, par exemple,
correspondent à la phase d'appui, -pendant que-les maxima coïncident avec
la phase de suspension.
Les oscillations horizontales existent comme dans la marche, et résultent
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION „
125

de ce que le centre de gravité se rapproche, pendant la phase d'appui, du


pied qui*esl à terre.
Ces oscillations verticales et horizontales diminuent d'amplitude avec la
rapidité de la course.
Le lorse présente, en outre, comme dans la marche, des mouvements de
rotation et d'inclinaison. Les plus accentués sont les mouvements d'incli-

FIG. 9Ji. — Figures demi-schématiques de six positions successives d'un double pas dans la course.

naison dans le sens antéro-postérieur, qui prennent une bien plus grande
importance que dans la marche. On peut constater en effet que, pendant
la période d'appui, le corps est fortement incliné en avant, tandis qu'il se
redresse pendant la suspension. '
. .

4° Mouvements des membres supérieurs. — Comme dans la


marche, ces mouvements consistent en oscillations ail ernativcs et en sens
126 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
inverse du mouvement des membres inférieurs. Elles n'en diffèrent que
par leur amplitude plus considérable et par la flexion plus accentuée du
coude. Le membre même ne s'étend jamais complètement, comme il arrive
dans là marche, au moment postérieur de l'oscillation.

Du centre de gravité dans la course. — Dans la course, bien plus


encore que dans la marche, le corps est dans un équilibre perpétuellement
instable, sans cesse détruit, sans cesse rétabli. Ce n'est que pendant un
espace de temps relativement court que la ligne de gravité passe par la

base de sustentation, c'est-à-dire par la surface couverte par le pied portant.
A ce moment (fig. 93), qui correspond au milieu de la phase d'appui, la
jambe portante est fléchie légèrement et l'articulation de la hanche est
située verticalement au-dessus du cou-de-pied. Mais le torse est fortement
incliné en avant, et tend à déplacer la ligne.de gravité dans ce sens. Il est
important de remarquer, qu'à ce moment le membre oscillant, très fléchi,
croise la direction du membre portant.
A aucan autre moment, alors que les deux membres inférieurs sont,
écartés l'un de l'autre diversement fléchis, si l'un des pieds louche le sol,
la ligne dé gravité ne passe par la base de sustentation, c'est-à-dire par la
surface que couvre le pied posant à terre.

4 ° Du.BÔ LE DES MDSOI, E S D A KS 1,A LOCOMOTION.


.

a) Vendant la marche.
Ona cru pendant longtemps, sur la foi des frères Weber, que toute
l'action musculaire, pendant la marche, se concentrait sur le membre por-
tant destiné à soutenir seul toute la charge du torse, et que le membre
oscillant exécutait son oscillation sous la seule influence de la pesanteur, à
la manière d'un pendule. IL est bien démontré aujourd'hui, depuis les tra-
vaux de Marey, de Carlet, de Duchenne (de Boulogne) et de Boudet (de
Paris), que la jambe oscillante est essentiellement active,, et que ses mou-
vements ne sauraient s'exécuter sans le concours de la contraction muscu-
laire; il suffit de regarder un homme qui marche pour s'en convaincre.
Nous examinerons d'abord l'action musculaire sur le membre inférieur, au
moment où il touche terre du talon, pour devenir membre portant, et
nous suivrons les modifications qu'elle subit pendant les diverses phases
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 127
.
du pas, pour continuer notre étude sur le même membre, au moment où il
va devenir oscillant, puis pendant toutes lès phases de son oscillation
(fig. 96).

1° Membre portant. — Projeté en avant par une action musculaire


que nous étudierons plus loin, le membre oscillant retombe pour ainsi dire

Fie. 9G. — Figure demi-schématique représentant douze positions successives d'un homme qui
marche : de 1 à 7. double pas avec la jambe droiie porlanle el la gauche oscillante; de 7 à i2,
double pas suivant avec la jambe droite devenue osrillinle el la gauche portante. iNOB i et 7,
doul.de appui; 2 et S, fin du double appui; îi et' !>. pas postérieur; i et 10, moment de la verti-
cale ; îi, 6 et ii, 12, pas antérieur; du n° 12, l'iionnr.e revient à la position du n" 1, de sorte
qu'avec ces 12 ligures le cycle de la marche est complet.

sur le sol par le seul effort de la pesanteur. A. ce moment, il est dans un


état de relâchement musculaire à peu près complet. Mais aussitôt qu'il
Commence à supporter le poids du corps, avant même que le pied ne
touche le sol dans toute son étendue, la contraction musculaire s'y révèle.
Le moyen fessier commence à se contracter, et sa contraction énergique se
128 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
maintiendra tout le temps de l'appui unilatéral, pour empêcher le bassin,
auquel est suspendu le membre qui oscille, de basculer latéralement. Le
moyen fessier et probablement aussi le petit fessier, situé au-dessous du
moyen, sont les agents directs qui s'opposent à la chute latérale du
bassin; leur action est secondée par la contraction simultanée de deux
autres muscles qui sont la partie supérieure du grand fessier et le tenseur
du fascia lata.
Le grand fessier, d'ailleurs, se contracte dans son entier pendant toute
la durée du pas postérieur et empêche ainsi le tronc de basculer en avant.
Mais son action cesse généralement au moment de la verticale et ne se pro-
duit pas pendant le pas antérieur. La contraction du grand fessier est bien
.plus évidente si l'on marche le corps penché en avant. Elle devient inutile
si l'on marche le corps renversé en arrière.
Le gros muscle delà cuisse, le quadriceps, est également-un des premiers
muscles qui se contractent sur la jambe portante. 11 maintient l'extension
du membre qui, sans lui, fléchirait sous le poids, mais sa contraction ne
dure que pendant le pas postérieur, elle diminue au moment de la verticale
pour cesser complètement ensuite pendant la'durée du pas antérieur. A ce
moment,, en effet, la ligne de gravité du torse passant bien en avant de l'ar-
ticulation du genou, la pesanteur suffit à maintenir l'extension de l'article.
Quant aux muscles de la jambe, ils sont tous légèrement lendus pendant
tout le pas postérieur. Mais à peine la verticale est-elle franchie que les
muscles postérieurs el latéraux se contractent vigoureusement et leur
contraction augmente d'intensité jusqu'à la fin.
Le muscle du mollet soulève énergiquemenl le talon qui quitte le sol, et
pousse en même temps tout le corps en haut et en avant. C'esl lui le véri-
table agent de propulsion. Mais, dans ce mouvement, la voûle du pied ten-
drait à s'affaisser si elle n'était maintenue par l'action des muscles péro-
niers latéraux.
Les muscles postérieurs de la cuisse, qui sont les fléchisseurs de la
jambe, commencent à entrer en contraction sur la jambe portante pendant
le pas antérieur. Leur contraction s'accentue de plus en plus et a pour effet
.-'.'.'-.
de fléchir la jambe aussitôt que celle-ci a quitté le sol.
.... .... .',!"' -

/:- 2° Membre oscillant. — Voici; donc la jambe qui, de portante qu'elle


était, devient oscillante.. À ce moment, le muscle gastrocnémien et les péro-
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 139

niei's se relâchent, et, en même temps, les extenseurs des orteils et le jam-
bier antérieur se contractent pour soulever la pointe du pied et l'empê-
cher, dans le mouvement d'oscillation qui va se produire, de heurter .
le sol.
A.la cuisse; les fléchisseurs de la jambe sont contractés pour maintenir
lu jambe en flexion. Le quadriceps est
relâché, ainsi que les fessiers. Mais
les fléchisseurs de la ' cuisse sur le
bassin, parmi lesquels le couturier, et
le droit antérieur, se contractent dans
le but de ramener la cuisse et tout le
membre en avant. La jambe oscil-
lante exécute ainsi le pas postérieur,
passe la verticale el s'avance pour
accomplir le pas antérieur. C'est à ce
moment qu'une contraction énergique
du quadriceps étend vigoureusement la
'atnbe sur la cuisse. Mais cette con-
traction est rapide et cesse brusque-
ment avant même que le membre soit
en extension 'complète. Le gonflement
que l'on observe alors est, l'indice, non
de la contraction, mais du relâche-
ment du muscle, comme nous le mon-
trerons tout à l'heure.
Nous retrouvons là un de ces exem-
ples de la contraction balistique que Fio. 07. —FinMarche-sur plan horizontal.
du double appui.
nous avons étudiée plus haut. Lors
donc que l'extension est produite, le quadriceps et les autres muscles du
membre sont dans le relâchement. Le membre descend alors de son
propre poids jusqu'à la rencontre du talon avec le sol.
D'autres actions musculaires se montrent sur le reste du corps. Je me
contenterai de signaler les spinaux qui entrent en contraction du côté de •

ltfijambe oscillante seulement, et le deltoïde, dont les contractions des


faisceaux antérieurs et postérieurs tiennent sous leur dépendance les mou-
vements des membres supérieurs.
1.30 ANATOM1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Nous trouverons, dans l'étude des formes extérieures, la démonstration
des actions musculaires que nous venons d'indiquer, ce qui nous conduira
à les exposer plus en détail.
. . .

FOIUIES EXTBlilIil-RES.

Nous étudierons successivement la forme des fesses, des cuisses, des


jambes et des pieds, et aussi des reins.
Formes des fesses. — Ce qui caractérise la forme des fesses dans la
marche, c'est la saillieconstituée, du côté delà jambe portai) te, parle moyen
fessier el la .partie supérieure du grand fessier, saillie qui occupe, toute la
moitié supérieure de la fesse.de ce côté, et qu'accentue la dépression rétro--
trochanlérienne qui l'accompagne. La fesse du côté Je l'oscillation est, au
,
contraire, aplatie dans toute son étendue.
Formes des cuisses. — Les deux cuisses, pendant la marche, offrent
un contraste frappant, du en particulier aux états physiologiques différents ,
du gros muscle quadriceps des deux côtés à un même moment.
D'autre part, il y a dans les formes de chaque membre même opposition
complète entre le pas postérieur el le pas antérieur.
Sur le membre portant, au moment où il a pris franchement, contact
avec le sol, la contraction du quadriceps est énergique. On remarque
l'accentuation du sillon latéral externe de la cuisse, et la séparation fort
nette des masses charnues du droit antérieur, du vaste externe et du vaste
interne. Celle contraction est en somme une contraction statique; elle
maintient le membre en flexion légère et résiste à l'action de la pesanteur
qui entraînerait la flexion complète sur un membre abandonné à lui-même.
Cette contraction dure loul le temps du pas postérieur. Elle cède peu à peu
pour faire place au relâchement complet qui existe pendant toute la durée
du pas antérieur. Ce relâchement du quadriceps se traduit extérieurement
par la production du bourrelet sus-rotulien occasionné par la saillie de l'ex-
trémité inférieure du vaste interne relâché. L'extrémité inférieure du vaste
externe relâché amène aussi la production du relief caractéristique (1).
Mais toute la masse musculaire est refoulée latéralement par la tension ..• i

(i) Voy. dans mon Analomie artistique, p. 231. la signification morphologique


du bourrelet sûs-rotulien.
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 131

fascia latael de la bandelette ilèo-fémoro-tibialo. lin somme, la cuisse à ce

Fin. (18. —
Trois photographies instantanées successives prises pendant la marche

moment est étroite transversalement et ressemble-assez à la {cuisse de la


jambe portante de la station hanchée.

Fie. Dît. — Trois photographies instantanées successives prises pendant la


marche.

Pendant que le muscle quadriceps se relâche, on voit progressivement


s'accentuer le relief des muscles postérieurs de la cuisse dont la contrac-
tion commence pendant le pas antérieur.
132 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Lorsque le membre a quitté le sol, on constate, dès le début de son
oscillation, les reliefs formés par les muscles fléchisseurs de la. cuisse,
droit antérieur, couturier et tenseur du fascia lata, en même temps qu'à la
partie postérieure de la cuisse, les fléchisseurs de la jambe forment une
saillie fort distincte. Ces formes sont en somme celles du membre oscillant
pendant le. pas postérieur. Mais les choses changent au moment de la ver-
ticale et, pendant le pas antérieur, les formes de la cuisse sont extrême-
ment curieuses à étudier.
C'est le moment où la contraction des fléchisseurs de la jambe cesse, et,
des muscles postérieurs de la cuisse, la contraction passe au muscle anté-
rieur, au muscle quadriceps, qui tient sous sa dépendance l'extension de la
jambe qui se produit alors. Mais cette extension de la jambe est rapide et
soudaine. Elle est produite par une contraction musculaire brusque cessant
aussitôt. >.

Cette contraction a lieu au'moment de la verticale, alors que, la jambe


se trouvant fléchie, le muscle est distendu, circonstance éminemmentfavo-
rable à l'énergie de l'effort musculaire (fig. 98 et 99, A). Elle cesse vers
le milieu du pas antérieur bien ayant que la jambe ait achevé son mouve-
ment d'extension. La photographie instantanée nous a permis de saisir le
moment où cesse cette contraction. La forme de 1a cuisse est saillante en
avant, fortement bombée, mais le modelé uniforme du muscle montre bien
que le relâchement-musculaire s'est déjà produit (fig. 98 et 99, 1$). Nous
avons-donc sur celte image'un muscle relâché, mais soulevé, projeté'en
avant, pour ainsi dire, à-la manière d'une masse fluctuante, par le mouve-
ment môme du membre. D'ailleurs, celte masse inerte, pour ainsi dire,
subissant la loi de la pesanteur, retombe bientôt sur elle-même, ce que la
photographie instantanée nous montre le moment d'après, alors que l'ex-
tension de la jambe s'est complétée en vertu de l'impulsion acquise et de
l'inertie du membre, et que le talon ne touche pas encore le sol. A ce mo-
' ment, en effet, la cuisse est considérablement aplatie, son diamètre antéro-

''.
postérieur, tant aceru-tout à l'heure, 'a beaucoup diminué (fig. 98 el99, C).
Par contre, la cuisse s'esl élargie transversalement par suite du refoule-
ment ou plutôt de. la chute des masses musculaires en bas et sur les
côtés.
Nous saisissons ici, grâce à la chronophotographie, deux phases très
distinctes du relâchement musculaire du quadriceps qui impriment à la
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 133
cuisse une forme toute différente, bombée en avant ou aplatie, large
d'avant en arrière ou transversalement.
A l'oeil nu, ces phénomènes musculaires se traduisenl sous la forme d'un
véritable ballottement du muscle.

Formes de la jambe et du pied. — C'est sur la jambe portante, au


moment où la jambe oscillante l'a dépassée, c'est-à-dire pendant le pas
antérieur, que l'on voit la contraction des jumeauxaccentuer les plans du
mollet, en même temps que s'accuse le relief du soléaire et que se raidit le
tendon d'Achille. Ces formes s'accentuent de plus en plusjusqu'au moment
où le pied quitte le sol. Elles sont accompagnées de modifications de la
face externe de la jambe, marquée de sillons longitudinaux dus à la con-
traction des péroniers.
Toutes ces formes s'éteignent alors que la jambe est devenue oscillante,
le triceps sural devient mou et comme flottant.
Les surfaces qui répondent aux péroniers sont plus uniformes, mais, au
même moment, de nouvelles saillies se montrent à la face antérieure du
cou-de-pied et sur le dos du,pied. Elles sont dues aux cordes tendineuses
des muscles extenseurs du pied et des orteils.

Formes des reins. — Les muscles des membres sont loin d'être les
seuls qui se contractent pendant la marche. Les muscles du tronc y prennent
une part active et en particulier les muscles du dos. La masse des spinaux
lombaires se contracte à chaque pas d'une faço.n très énergique. Ce phéno-
mène, signale déjà par quelques auteurs, a été péremptoirement démontré
par le docteur Henry Lamy grâce à notre méthode de l'inspection du nu
vivant, aidée de la photographie instantanée. 11 est, en effet, aisé de cons-
tater, môme à l'oeil nu, si l'on observe les reins d'un homme qui marche,
qu'à chaque pas se produit une contraction très énergique de la masse des
spinaux lombaires du côté de la jambe oscillante. Cette contraction se pro-
duit instantanément au moment où le talon de la jambe portante touche le
sol pour cesser à la fin de l'oscillation et passer aussitôt du côté opposé.
Elle a pour but d'assurer,l'équilibration latérale, du tronc; elle s'oppose à
l'inflexion latérale de la colonne vertébrale du côté où porte le corps, et au
déplacement de la ligne de gravité du corps en dehors du pied portant sur
le sol.. . -
134 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
On observe aussi, dans la marche, des contractions des muscles de'la
nuque. 11 est aisé d'en faire l'observation sur soi-même, en appliquant les.
doigts réunis sur la nuque. On sent alors très nettement les muscles de la
région se gonfler et se durcir à chaque pas, surtout dans la marche un peu
active et la tête inclinée en avant. 11 semble que cette action musculaire
ait pour effet de-relenir la tête entraînée en avant à chaque pas.
11 y a là une phénomène analogue à ce qui se passe dans la marche des
.

quadrupèdes.
b) Du- rôle des muscles dans la course. Formes extérieures.
Lorsque le pied a pris contact avec le sol, le quadriceps se con-
tracte vigoureusement pour empêcher le genou de se fléchir sous le choc.
Les muscles de la jambe antérieurs et postérieurs sont également .con-
tractés énergiquement pour immobiliser l'articulation tibio-tarsienne, el.
faire du membre tout entier un soutien résistant. Ces contractions persis-
tent pendant que le corps, sous l'influence de la vitesse acquise, continue
son mouvement de translation el que le membre portant, toujours fléchi,
passe par là verticale, puis devient oblique en sens contraire. Mais la con-
traction s'accentue dans le gaslrocnémien, et le talon, dans la seconde
partie de la phase de soutien, commence à quitter le sol. Dans cette phase,
on n'observe pas le relâchement du quadriceps, qui se trouve si accentué,
dans la marche, à la phase correspondante. Mais de même que, dans la
marche, les fléchisseurs de la jambe (muscles postérieurs de la cuisse)
entrent dès ce moment en contraction, de même ils- forment ici un relief
très distinct, et leur contraction se continue pendant In, première partie de
la phase de suspension, pendant laquelle le membre qui vient de quitter le
sol exécute une oscillation absolument comparable, à ce qui se passe pen-
dant la marche. Les différences consistent dans une amplitude plus consi-
dérable, et dans la flexion de'la jambe qui est beaucoup plus accentuée.
Aussi y a-t-il une grande analogie au point J.e vue. de l'action musculaire,
et, par suite des formes extérieures du membre oscillant, dans les deux
cas. -
.
-.. .
Au début de l'oscillation, en même temps que les fléchisseurs de la jambe
se contractent, on voit les fléchisseurs de la cuisse sur le bassin entrer éga-
: lement en contraction : droit antérieur, couturier, tenseur du fascia lata.
Puis, la jambe s'étend sous l'influence de la contraction du quadriceps,
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 135
mais l'extension n'est jamais complète. Elle se trouve limitée par-la dis-
sension des muscles de la partie postérieure de la cuisse, fléchisseurs de la
jambe, que la flexion assez accusée de la cuisse à ce moment place dans
un état de distension forcée.
Nous avons vu que, dans la marche, les grands fessiers jouent un rôle

Fie. 100. — Course. Début de l'appui unilatéral. —

assez restreint. 11 n'en est pas de même dans la course. Pendant toute la'
période de suspension, le grand fessier du membre qui est en arrière des-
sine les formes d'une contraction énergique, pendant que la fesse.du^côté
opposé est distendue et aplatie.
le n'insiste pas sur l'action musculaire qui préside au balancement des
membres supérieurs: Elle est située, suivant le sens du mouvement, en
avant ou en arrière de l'épaule.
-
En rappelant le caractère actif des mouvements du membre supérieur
13G ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
daris la marche et leur opposition-avec ceux du membre inférieur du môme
côté, le professeur Ernest Dupré fait remarquer avec raison les grandes
analogies qui existent entre la marche bipède et la marche quadrupède.
Suivant lui, la raison de ces contractions scapulo-humérales actives et des
mouvements des membres supérieurs dans la marche bipède doit être
cherchée dans l'origine quadrupède de la locomotion des ancêtres primitifs
de l'homme. La persistance de ces mouvements s'explique par le rôle ma-
jeur qu'ils jouent dans l'équilibre du corps en mouvement; pour ne plus
prendre contact avec le sol, les membres supérieurs n'en contribuent pas,
moins à l'équilibration du corps pendant la marche, et leurs mouvements
font partie intégrante de la mécanique générale de la. locomotion bipède.
En résumé, la marche bipède ne serait qu'un dérivé de la marche quadru-
pède : elle en représenterait, par la division du travail physiologique et la
différenciation morphologique des membres, un perfectionnement tardif.

5° DE QUELQUES VARIÉTÉS DE LA HAUCHE ET DB LA COUUSE.

Nous n'avons pas la prétention-d'étudier ici toutes les variétés de la


marche et de la course,' car elles sont fort nombreuses. 11 nous suffira d'in-
diquer les principales, nous contentant d'insister sur une variété dont il a
été beaucoup parlé dans ces derniers temps, o la marche et la course dites
en flexion i.
Il importe de faire remarquer tout d'abord que toutes les variétés de la
marche ou de la course se rattachent au type précédemment décrit, et que
l'on pourrait les classer, en prenant la marche type comme schéma, suivant
qu'elles en exagèrent, en atténuent, en suppriment môme certains éléments
constitutifs.
Il faut compter d'abord avec les variétés individuelles. Nous savons
combien la démarche de chacun de nous diffère, au point de devenir un
signe caractéristique de notre physionomie. Bien mieux, le bruit de notre
pas seul suffit à-nous faire reconnaître. Comme l'attitude et le maintien, la
démarche a son expression pbysio'gnomonique, dont la raison se trouve
dans notre constitution physique et morale. Les conditions toutes, méca-
niques de la conformation du,squelette et de la disposition des masses
musculaires qui le font mouvoir amèneront nécessairement des modifica-
tions variées dans les mouvements si complexes dont se compose la marche;
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 137 \
de même le moral s'y reflétera, donnant à chacun de ces mouvements une
accentuation particulière, et c'est de toutes, ces modifications: minimes en
fait, mais dont le groupement forme un ensemble très caractéristique, :qu.e
se compose la démarche de chacun de nous.
On comprend également que la profession imprime un caractère tout
spécial à la démarche, surtout si cette profession oblige l'individu à mar-
cher dans, des conditions particulières, soit avec une charge,, soit sur un
terrain inégal et broussailleux. C'est ainsi que les facteurs, les p'aysans,.les
manouvriers, les coltinëurs, les soldats, les cavaliers, ont une marche
spéciale. Les vêlements et la forme des chaussures influent également sur
là marche : on ne marche pas de même façon avec une robe, une soutane,
ou avec une culotte, avec des souliers longs ou courts, avec ou sans talons,
nu-pieds ou chaussé des socques de certains pays, avec des sabots ou des
escarpins,, etc...
La-nature du terrain, uni ou inégal, montant ou descendant, en pente
.
'
uniforme ou à marche d'escaliers, influe également sur la marche.
La présence d'obstacles à vaincre, tels qu'il s'en rencontre dans la marche
contre le vent, dans la marche en tirant ou en poussant, modifie aussi le
type décrit plus haut. Enfin, les passions qui agitent, l'âme du marcheur
ont une influence plus-ou moins considérable.
Nous nous arrêterons sur quelques-unes des variétés que nous venons de
citer. Mais auparavant nous dirons quelques mots d'une démarche qui,"
pour ne point compter parmi les modes de locomotion, n'en est pas moins .

marche à reculons i '.''"


intéressante au point Je vue expérimental; nous voulons parler de la

1.— Marche à reculons.


-

Nous avons relevé là, par contraste, l'a confirmation des observations
faites sur la marché en avant. Dans la marche à reculons (fig. 101), au
moment où le pied se porte en arrière, le torse se penche en ayant pour
faire équilibre au membre ainsi déplacé. On constate, en effet, sur la série
des, images xhrônophotogràphiques d'un homme qui marche à reculons,
que le torse est en général plus incliné, en avant que dans la marche
ordinaire.
.. - -..,. ::'..' '
Les. oscillations du torse, dans le sens antéro-ppstérieur, sontbeaucoup
:
plus marquées. Elles se produisent très nettement de là façon suivante :'
-138 ANAT0M1E .ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
dans le pas antérieur, le corps incline en avant; dans le pas postérieur, il
incline en arrière. Elles sont en somme de même sens que dans la marche
ordinaire, mais plus accentuées. J'ajouterai que, de prime abord, if est
peut-être difficile, en présence de la série cbronophotograpbique de la
marche à reculons, de reconnaître le sens de la marche;--mais; en y regar-
dant de près el surtout en la comparant avec
les séries de la marche en avant, il est aisé
de relever des différences qui, en outre de celles
déjà signalées à propos de l'inclinaison du
torse, sont très nettes.
Le pied qui se porte en arrière arrive au
contact avec le sol par les orteils (fig. 101) et
ce n'est que lorsqu'il est tout entier appuyé
sur le sol que les orleils de l'autre pied com-
mencent à se détacher. Puis, ce pied quitte
le sol toul d'une pièce, à la manière de ce
qui se passe dans la marche sur place, et non
eu roulant pour ainsi dire de la pointe vers le
talon en sens inverse de ce qui a lieu dans la
marche en, avant.
J'I en résulte que la phase de double appui
est plus longue que dans la marche ordinaire,
et qu'on, n'observe jamais, comme dans cette
dernière, le moment du double appui pendant
lequel le corps se trouve soutenu par le talon
d'un côté et les orteils de l'autre.
FIG; 101. — îlarche à reculons. On peut remarquer encore qu'au moment
de ;-lâ verticale, l'extension du membre portant
est bien plus complète dans la. marche à reculons que dans la marche
en avant.
En outre de ces différences dans la position des membres inférieurs, oii
constate dans leur morphologie des oppositions clignes d'être', relevées et
dues à des différences de l'action musculaire.
L'a jjlus saillante de ces oppositions peut se constater sur la cuisse oscil-
lante vers le milieu du pas antérieur. Nous savons qu'à ce moment, dans la
marche ordinaire, il se produit une saillie énorme au-devant de la cuisse, due
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 139
à la contraction du quadriceps, suivie de relâchement brusque et dont l'effet
est de projeter la jambe en avant. Ici, rien de semblable : en effet, la jambe
au lieu d'être étendue se fléchit et se porte en arrière. Aussi la face anté-
rieure de la cuisse est-elle aussi plate ici qu'elle est bombée dans l'autre cas.
Je n'insiste pas sur les autres différences morphologiques.
Je terminerai par une remarque assez
curieuse. C'est qu'il résulte des deux cir-
constances énumérées plus haut : prolon-
gation de la période du double appui
d'une part, accentuation de l'inclinaison
du torse en avant d'autre part; que plu-
sieurs des attitudes de la marche à reculons
ressemblent peut-être plus à la formule
généralement adoptée parles artistes pour
figurer la marche, que les attitudes cor-
respondantes de la marche en avant. '
,
11.
— Marche avec un fardeau sur l'épaule
(Pl. -10).
11n'y a pas de différences capitales dans
la marche d'un homme, qu'il soit chargé
d'un poids assez lourd sur l'épaule ou
.
qu'il n'ait aucune charge.
Cependant, on peut relever les détails
suivants :
Le pas esl en général plus court.-
102. — Marche avec, un fardeau sur
La période de double appui est plus Fie..l'épaule, iloment du douille appui.
prolongée. 11 s'ensuit que les deux pieds
sont appliqués ensemble sur le sol dans une. plus, grande partie de
leur étendue; c'est ainsi que, tandis que, dans la marche ordinaire, les
orteils de la jambe qui devient portante, ou antérieure, ne s'appliquent
sur le sol que presque au moment où les orteils de la jambe postérieure
quittent le sol, ici le pied de la jambe antérieure est tout entier en contact
avec le sol, alors que le pied postérieur ne fait que commencer'à détacher
le talon (fig. 102).
Quant aux mouvements des membres inférieurs, ils sont à peu près les
10.
.
HO ANATOM1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
mêmes que dans la marche ordinaire. 11 en est de même des contractions
musculaires qui ne diffèrent que par une plus grande accentuation sur le
membre portant.
Si la charge est portée sur les deux épaules, en même temps qu'elle
prend un point d'appui sur la tète, comme chez les coltineurs ouïes char-
bonniers, les modifications apportées à la marche, à part une assez forte
inclinaison de la tête et du haut du corps en avant, ne semblent pas diffé-
rer sensiblement de celles que nous venons de signaler.
Il n'en est pas de même si la charge est exclusivement portée sur la tête.
La nécessité où se trouve alors le marcheur de maintenir la rectitude du
cou et d'éviter les oscillations de la tête dans le sens vertical et dans le
sens transversal, l'oblige à un certain nombre de mouvements de compen-
sation qui ont lieu au 1orse et aux membres inférieurs.
Les oscillations transversales de la tête sont compensées par des oscil-
lations de même sens et très accentuées qui se passent dans le bassin. Le
fait est saisissant et facile à observer à l'oeil nu.
Quant aux oscillations dans le sens de la hauteur, elles peuvent être
presque complètement supprimées par l'attitude'spéciale que prennent les
membres inférieurs dans la marche dite « en flexion » et dont nous parle-
rons plus loin. Nous sommes cependant loin d'affirmer que la chose se
passe ainsi dans la nature, car nous n'en avons la preuve ni par l'examen
direct, ni par l'examen h l'aide de la
chronophotographie. Nous verrons plus
loin que, si la marche en flexion diminue
les oscillations verticales, elle entraîne
nécessairement une dépense musculaire
plus considérable.
.111.
— Marche en poussant ou en tirant
(pi. 42 et 13).
Si l'homme marche en poussant devant
Fie. 103. lui un corps pesant ou en le tirant
Un double pas de la marche en poussant.
derrière lui, les mouvements qu'il exé-
cute sont bien différents de ceux db la marche ordinaire (fig. 103).
.
11 ne s'agit plus seulement d'imprimer au corps tout seul un mouvement

de translation, mais le corps doit entraîner, avec lui une masse plus ou
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 441.
moins considérable ou surmonter une résistance plus ou moins grande.
Dans ce but, non seulement l'homme use de toute son énergie muscu-
laire, mais il cherche à mettre à profit, autant que possible, sa propre
masse en en déplaçant le centre de gravité de manière à. aider au dépla-
cement du centre de gravité de la masse, à entraîner. Ces nouvelles
conditions d'équilibre changent complètement l'altitude d'un homme qui
tire ou pousse en mar-
chant.
Noits remarquons, en
effet, que le corps est for-
tement incliné en avant. 11
l'est plus ou moins sui-
vant le poids de la masse
à déplacer.
La phase de double appui
est prolongée. Les deux
pieds portent à. la fois dans
toute leur étendue sur le
sol. La jambe oscillante
arrive fléchie sur le sol,
le genou en avant. Le pied
prend, contact avec le sol
bien rarement par le ta-
lon, le plus souvent par la
plante, d'autres fois par la
pointe. FIG. 104.
— .Marche en poussant. Moment du double-appui.
Une fois que le pied a
bien pris son appui sur le sol, le membre se redresse progressivement et
avec effort pour n'arriver en extension que bien après avoir passé le moment
de la verticale. Ce membre demeure en extension complète pendant tout le
temps du' double appui, -alors que.le talon se soulève, la pointe du,
pied faisant effort sur le sol pour aider à la propulsion (fig. 10i). Puis
la pointe-elle-même se détache et le membre devenu oscillant s'avance,
en état de flexion plus ou moins marquée, pour réprendre à nouveau
contact avec le sol, ainsi que nous avons déjà dit, toujours en flexion
et sans avoir été en extension, fût-ce un seul instant. En. résumé,
142. ANAT0M1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN'
l'extension ne s'observe que sur le membre portant et lors du pas antérieur
seulement.
Quant à l'action musculaire, elle se révèle avec énergie.tout particuliè-
rement sur le quadriceps de la jambe portante, pendant tout le cours du
pas postérieur. Ce muscle devient alors l'agent de propulsion le plus

FIG. 105.
Figures demi-schénialiques de sept positions successives d'un double pas de la marche en poussant.

énergique. Lors du pas antérieur, l'action musculaire se déplace et passe


au triceps sural qui soulève le talon et devient à son tour l'agent de pro-
pulsion. .
Le modelé de [la. cuisse du membre portant est tout-à fait caractéris-
tique.
Un homme^ qui marche à rencontre d'un vent violent est compa-
rable à. celui qui pousse une charge quelconque. Il"y aura donc la plus
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 143
grande ressemblance, dans les deux cas, entre les caractères de la
marche.
IV. — Marche en poussant une brouette chargée (pi. 11).
La charge est ici supportée par les bras et elle ne se déplace qu'à la
condition d'être poussée en avant. Cette forme démarche tient donc à la
fois et de la marche avec fardeau et de la marche en poussant (fig. 406).

— j\larclie en poussant une brouette


FIG. 100. chargée. Moment du double appui.

C'est ce que démontrent d'ailleurs les photographies instantanées sur les-


quelles nous relevons- les caractères suivants :
Inclinaison de tout le corps en avant ;
Augmentation de durée de la phase de double appui ;
' Le membre oscillant arrive en flexion à l'appui, maisla flexion*est moins

prononcée que dans la marche en poussant, et le pied touche le sol d'abord


par le talon, jamais par la pointe.-
La jambe portante ne se redresse que bien après avoir passé la verticale.
144 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
,

La jambe oscillante, d'abord fléchie comme dans la marche ordinaire, ne


se redresse jamais complètement.
-
L'effort musculaire le plus violent existe au quadriceps de la jambe, lors

FIG. 107.. — Figures demi-schématiques de sept positions successives de la marche en poussant


une brouette cliargée.

du pas postérieur, puis au mollet de la même jambe, lors du pas antérieur


et pendant la phase du double appui.

V.—: Marche sur un plan^ascendant (pi. 14).


Il y a plus d'une analogie entre la marche sur un plan ascendant et la
marche en poussant que nous avons étudiée tout à l'heure.
-
La phase du double appui est également prolongée, le membre oscillant
arrive en flexion à l'appui, le pied prend contact avec le sol par la plante
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 145
le membre ne se redresse qu'après le moment de la verticale (fig. 108,
409 et 110). '
L'effort musculaire se voit surtout à la
cuisse du membre portant, pendant le pas
postérieur, el le quadriceps dé ce côté est
le principal agent du soulèvement du torse;
on constate en même temps que les muscles

FIG. 108. — Un double pas de la.


marche sur plan ascendant.

postérieurs de la cuisse sont


contractés. Leur action doit
avoir pour but d'étendre l'arti-
culation de la hanche et de
seconder l'action du grand fes-
sier. Lors du pas antérieur,
l'effort musculaire se déplace el
se produit, sur le même membre,
au mollet dont le muscle sou-
levant, le talon sert également
d'agent de propulsion en haut
ou en avant.
J'insiste sur la prolongation
de la phase du double appui. Il
en résulte que, dans ce cas, il
existe un moment relativement
assez long pendant lequel, un
pied portant à pleine plante sur
FIG. 109.
le sol, l'autre pied se soulève Marche sur plan ascendant. Moment du double appui
sur la pointe progressivement
(fig.-'HO), tandis que, dans la marche sur plan horizontal, un semblable
moment est fort court et ne se montre que tout à la fin de la période de
double appui (fig. 97).
140 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Le lorse ne subit point l'inclinaison en avant que l'on observe dans l'a
marche en poussant, mais il éprouve dans le sens anféro-postérieur des

Fie. -HO, — Figures demi-schématiques de sept positions successives d'un double pas do la marche
sur plan ascendant.

oscillations bien plus marquées que 'dans la marche sur un plan horizontal
et dont le maximum d'amplitude est en avant.
;

A'I. — Marche sur un plan descendant (pi, 1.5).
Nous ne trouvons guère ici que des contrastes avec les diverses marches
'que nous venons d'étudier. '
En effet, le membre oscillant arrive à l'appui en extension complète et
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 147.

le pied rencontre le s.ol par le talon. A peine le pied a-t-il pris contact
avec le sol dans toute son étendue que l'autre pied s'en détache par la
pointe, et le mouvement des pieds ne diffère
guère de ce qu'il est dans la marche sur un plan
horizontal. Ils roulent sur le sol du talon à la
pointe.
Le membre portant se fléchit légèrement aussitôt
que le contact avec le sol est bien assuré et

FIG. 111. — Un double pas


dans la marche sur plan
descendant.

la contraction du quadriceps se
montre alors comme dans le
pas sur plan horizontal, mais
avec plus- d'énergie (fig. 112).
11 est vrai qu'à ce moment le

membre portant soutient non


seulement le poids du corps,
mais ce même poids animé d'une
certaine vitesse de chute, con-
séquence de l'inclinaison du plan
de marche. Pendant tout le pas
postérieur, le membre portant
reste légèrement, fléchi; il ne se
redresse, et encore pas complè-
tement, qu'à la„fîn-du pas anté-
rieur. Sa flexion augmente au mo-
ment du double appui. Fin. II?. — Marche: sur plan descendant. Moment
Le membre oscillant est fléchi à du double appui.
des degrés divers tout le temps
que dure sa translation dans, l'espace. Il s'étend tout à la fin avant de
revenir à l'appui (fig. 111 et 113).
.
,148 -- ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Il résulte de ce qui précède que, dans la montée comme dans la des-
eenle, c'est le quadriceps qui accomplit une bonne part du travail. Travail
.

FIG. 113. -— Figurés- demi-schématiquesde sept positions successives d'un double pas de la marche
sur plan descendant.

d'ascension, comparable à celui d'un moteur mécanique, dans la montée ;


travail de retenue, comparable à celui d'un, frein, dans la descente.
VIL:—M'ontéê d'un-escalier (pi. 16).

Cette variété de marche ascendante présente naturellement d'assez grandes


" analogies avec la marche sur plan ascendant. Là aussi, l'agent principal de
l'ascension est le quadriceps du membre portant qui travaille tout le temps
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 149

du pas postérieur. Le pied arrive, par la plante, sur la marche de l'escalier.

FIG. lu». Fie. 11b.


Un double pas ue Ja montée d'un escalier. Un double pas de la descenle d'un escalier.

La phase de double appui est prolongée, et pendant un temps fort appré-

FIG 116.
l-'iiçures demi-schématiques de, sept positions successives d'un double pas de la montée d un escalier.
430 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
ciable les deux pieds reposent en entier sur deux degrés successifs. Je
n'insisterai pas sur les mouvements des deux membres inférieurs; il
suffira au lecteur de jeter un coup d'oeil sur les figures 144, 146 et 117
pour être complètement édifié.
VIII. — Descente d'un escalier (pi. 17).
Je pense inutile de décrire, en détails, les mouvementsdes membres infé-
rieurs lors de la descente d'un escalier, ce que représentent, les dessins des

FIG. 117. FIG. US.


jMonlée d'un escalier. Moment du double appui. Denccntc d'un escalier. Moment du double appui.

figures ld'5, 1-18 et H 9 qui valent mieux qu'une longue description. Ils offrent
de grandes analogies avec ce qui se passe dans la descente d'un plan incliné
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION '" 151

et le lecteur qui voudra comparer les ligures 116 et 119 avec les figures 412
et 44 3 saisira de suite les analogies et les différences intéressantes à
noter.
Telles sont les principales variétés de la marche en tant que simple

FIG. 119.
Figures demi-schématiques de sept positions successives d'un.double pas de la descente d:un escalier.

moyen de transport d'un Jieu à un autre; mais il est d'autres variétés


d'un tout autre genre et qui consistent en des phénomènes expressifs
surajoutés au procédé de locomotion. En un mot, il y- a des marches,
expressives, ou autrement dit des démarches, dont nous allons dire main-
tenant quelques mois.
152 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN

IX. — Marotte, expressive (pi. 20 et 21).


11 est-maintes circonstances dans lesquelles un homme qui marche pour-
suit en même, temps un autre but que celui de la simple translation. Il
marche tout en exécutant un acte quelconque. Il cause, il rit, il se penche
de côté ou d'autre pour voir
ou écouter, ou bien encore,
si ses pas le conduisent à la
chasse ou au combat, il se
livre aux mouvements plus
-violents de l'attaque ou de la
défense, etc. Et naturelle-
ment toutes ces actions sur-
ajoutées imprimeront à la
démarche un caractère par-
ticulier. Au surplus, la mar-
che reflétera toujours les pas-
sions du marcheur, et sui-
vant qu'il est pris de lassi-
tude, d'enthousiasme, de tris-
tesse ou de joie, d'humilité
ou d'orgueil, etc., elc , elle
se revêt de signes disfinctifs.
Je n'ai pas ici à entrer dans
l'exposé de toutes ces sortes
de marches expressives, dont
l'étude d'ailleurs ne pourrait
être faite avec fruit qu'après
FIG. 120. celle des passions elles-
Démarché enthousiaste. — Moment du double appui. mêmes qu'elles reflètent et
de leurs moyens d'expression.
Je me contenterai d'en citer un ou deux exemples pour montrer combien
le type normal de la marche peut en être altéré.
Prenons d'abord un type de démarche guerrière, une démarche d'enthou-
siasme (fig. 120). C'est un guerrier antique au retour d'une victoire, ou
bien, plus simplement, c'est un homme du peuple chantant la Marseillaise.
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 153
Notre modèle a exécuté devant l'objectif cette dernière démarche et, -

sur la série des photographies, nous relevons des caractères fort intéres-
sants. Le corps se penche en avant, les bras s'agitent de diverses manières
et la tête revêt une expression de circonstance; mais le plus curieux à con-
sidérer, ce sont les mouvements des jambes. La longueur du pas est exa-
gérée. Et la jambe oscillanle projetée en avant arrive en flexion sur le sol.
au lieu de se trouver à ce moment dans l'extension complète comme dans la
marche ordinaire. En ré-
sumé, dans le pas posté-
rieur, les deux membres
sont en flexion. Dans le
pas antérieur, le membre
portant seul est en exten-
sion.
La figure que nous don-
nons ici représente la fin
du double appui, au mo-
ment où va commencer le
pas postérieur. 11 suffit de
le comparer à la figure 176,
pour saisir les. différences
qui existent avec la mar-
che ordinaire. FIG. 121.
Prenons maintenant un Démarche sournoise, — Moment du double appui.
autre exemple, la dé-
marche sournoise, cauteleuse. C'est un traître qui s'avance le poignard à,
la main pour surprendre sa victime (fig. 124). -
Dans celte démarche, le corps est incliné en avant et les deux membres
inférieurs se montrent dans une flexion encore plus prononcée-que tout à
l'heure. L'extension, ne survient que sur la jambe portante seulement
,
et tout à la: fin du pas antérieur. Le membre oscillant arrive fléchi sur
le sol.
„ .
On trouvera dans ces démarches quelques analogies avec les marches en
poussant et en tirant que nous avons étudiées, sauf bien entendu l'incli-
naison de tout le corps hors d'aplomb.
454 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN

X. — Marche en flexion (pi. 18).


Un caractère commun à un bon nombre de ces démarches (marche contre
le vent, en tirant ou en poussant, marche en montant, marche en tapi-
nois, marche sur un sol inégal, dans les labours, dans les broussailles, etc.,
est. le caractère dit « de flexion ».
11 consiste en ce que le membre oscillant, au lieu d'aborder le sol en

extension et par le talon, prend contact avec lui par toute l'étendue de la
plante et alors que la flexion du genou est plus ou moins prononcée. Le
haut du corps est plus penché en avant, les pas sont plus longs.
En outre de l'augmentation de l'effort que nécessite tout travail surajouté
à la marche, comme une résistance à vaincre, une ascension à opérer, des
charges à porter, etc., la dépense musculaire est plus considérable dans la
marche en flexion que dans la marche ordinaire. La démonstration en
est facile à faire.
Nous avons vu, en effet, que, dans la marche ordinaire, la jambe oscil-
lante arrive au contact du sol en extension complète el l'aborde par le
talon. Ce mouvement d'extension est déterminé par une contraction brusque
du muscle quadriceps, contraction dite balistique et qui se produit ôxplosi-
vement, pour ainsi dire, au moment de la verticale, alors que la flexion du
membre place le muscle en étal, de distension, pour cesser presque aus-
sitôt bien avant que l'extension du membre soif achevée et que le talon
touche le sol. Il en résulte que, dans l'intervalle d'un pas, ce muscle de la
jambe oscillante est tour à tour dans un état de contraction de courte durée
et de complet relâchement. Une semblable alternative de contraction et de
relâchement se produit sur le même muscle de la jambe portante; au début
du pas, la contraction se manifeste, mais plus soutenue el prolongée, pour
cesser complètement à la fin, avant que le pied quille le sol.
Nous trouvons dans ce mécanisme une des conditions les plus favorables
à un travail musculaire longtemps prolongé, et qui consiste dans des alter-
natives de contraction et de relâchement, d'activité el de repos.
Voyons maintenant ce qui se passe dans le même muscle lors delà
marche en flexion.
La contraction balistique n'a plus sa place ici. Pendant toute la durée de
l'oscillation, le quadriceps maintient sa contraction, jusqu'au moment où
le pied prend contact avec le sol, la jambe en flexion. A ce moment, ce
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION .155
muscle, au lieu d'être comme précédemment dans un état- de relâchement
complet, voit sa contraction s'accentuer encore pour soutenir le poids du
corps qui tendrait à accentuer la flexion du membre qui lui sert alors de
soutien. Celle contraction est celle que nous avons appelée contraction fré-
natrice et dure tout le temps du soutien; de telle sorte qu'au lieu de ces
alternatives de travail et de repos, nous voyons ici un muscle en travail
continuel pendant, toute la durée du pas, bien que le genre de travail varie
(contraction dynamique pendant l'oscillation, contraction frénalrice pen-
dant le soutien).
Certains caractères de tibias humains fossiles, tels que la rétroversion de
la tête tibiale et la platycnémie, ont conduit M. Manouvrier (1) à penser
que telle devait être la démarche de nos ancêtres de l'époque quaternaire.
Chez eux, la marche en flexion était nécessitée par leur genre de vie spé-
ciale elles conditions du milieu. Ils marchaient sur un sol inégal et brous-
sailleux, lis vivaient des produits de leur pêche et de leur chasse, obligés
souvent de fournir de longues courses, avec de lourds fardeaux. M. Manou-
vrier fait remarquer que ceux, parmi les hommes actuels, qui ont à exécuter
de longues marches dans des terrains accidentés ou avec des fardeaux, tels
que les soldats chargés du sac, les paysans, les montagnards, les facteurs
ruraux, les chasseurs de profession, marchent également en flexion, non pas
parce que ce genre de marche, fait-il justement remarquer, occasionne une
dépense musculaire moindre, mais parce que-, dans les conditions où ils se
trouvent, ils ne sauraient marcher autrement.
De nos jours, M. le commandant de Raoul, qui s'est occupé avec beau-
coup d'ardeur de la marche du soldat, a préconisé toute une méthode d'en-
traînement pour augmenter la rapidité du déplacement de l'infanterie. Il
est arrivé à former une allure spéciale qui n'est autre que la « marche
en flexion » (2).
Cette méthode consiste à maintenir les jambes fléchies tant qu'elles
supportent le poids du corps, à ne les étendre qu'au moment de la
propulsion, à ne fléchir la jambe, pendant son oscillation, que juste
assez pour que le pied ne heurte pas les aspérités du sol. Le corps doit

(1) L. MANOUVIUETI, Étude sur la rétroversion de la tête du tibia et l'attitude


humaine à l'époque quaternaire (Extrait des Mémoires de la Société d'ahtliropo-
' logie de. Paris, 2e série, t. IV). -,
(2) Méthode du commandant de Raoul, in Iievue de l'infanterie, 15 août ,1896.
11
156 ANAT0M1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
être penché en avant et son inclinaison doit augmenter à mesure que le pas
s'allonge.
L'instruction des hommes doit se faire progressivement et suivant une
règle qui gradue les exercices chaque jour, et indique avec soin la durée, les
distances à parcourir, la vitesse el la nature du terrain.
Au bout de trois mois d'entraînement, dit M. de Raoul, un conscrit peut,
faire 20 kilomètres avec ses armes sur une roule accidentée en 4 heure 50 mi-
nutes. C'est lu évidemment un très beau résultat, mais il importe d'y
regarder de près.
MM. Ch. Comte et Félix Régnault (4) ont appliqué les méthodes de
Marey à l'étude des allures en flexion, et ont cherché à donner une expli-
cation.scientifique des résultats obtenus par le commandant de Raoul. Ils
ont constaté, par l'étude des séries chronophotographiques, que les allures
en flexion s'accompagnaient d'une diminution des oscillations verticales,
et d'une atténuation des chocs produits par la pression du pied sur le sol.
Or,.on sait, disent-ils, que les à-coups et les oscillations verticales sont les
deux facteurs de la perle du travail dans la progression.
Ces résultats sont évidemment, intéressants, mais il est un point que les
auteurs ont négligé, c'est l'étude de la contraction musculaire; or, il est
facile de démontrer, ainsi que nous l'avons fait plus haut, que le muscle
quadriceps travaille plus énergiquement dans la marche en flexion que dans
la marche en extension. De ce chef, il nous paraît difficile de ne pas
admettre avec M. Manôuvrier que la marche en flexion est plus fatigante que
l'a- marche ordinaire.
On peut faire remarquer, en effet, que si la pression sur le sol est
moindre, elle est plus prolongée. De plus, le travail musculaire ne se me-
sure pas seulement par le travail mécanique produit : élévation d'un poids
à une certaine hauteur. La question, ainsi que l'a fait remarquer le pro-
fesseur Marey, est, beaucoup plus complexe. Un muscle en contraction sta-
tique ou frénatrice ne fournit pas de travail mécanique et n'en produit pas
moins une dépense de force en rapportavec le degré el.la durée de la con-
traction. C'est le cas du muscle quadriceps dans la marche en flexion. 11 y
a donc lieu de se demander si les résultats auxquels arrive le commandant
Félix RÉGNAULT, Etude comparative entre, la niélhodc de
(1) Ch. COMTE; et
marche et de course dite en flexion el les allures ordinaires (Archives de physio-
oyie,n°2, .avril,1896).
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 157
de Raoul ne sont pas dus surtout aux conditions spéciales d'entraînement
auxquelles il soumet ses sujets. D'ailleurs, l'expérience n'a pas confirmé les
espérances qu'avaient fait naître les premiers résultats obtenus. Je tiens de
M. le docteur Laveran que, d'après des essais postérieurs, la méthode
du commandant de Raoul amène la fatigue des hommes et parfois des com-
plications cardiaques, et qu'elle est actuellement abandonnée;
XL — Marche sportive.
.

La marche sportive, c'est-à-dire exécutée dans le but de parcourir un cer-


tain espace dans le moins de temps possible, offre des caractères très différ
rents de la marche ordinaire. La seule règle imposée au concurrent dans
les concours de marche et dont l'inobservation entraîne aussitôt la disqua-
lification, est de ne point, soulever le pied qui produit la propulsion avant
que l'autre touche terre; en un mot, la. période de double appui, qui carac-
térise à elle seule la marche, doit être rigoureusement observée, etlachose
va de soi, car s'il existait un moment de suspension, si court soit-il-, tout
signe dislinctif entre la marche et la course aurait disparu. Mais toute
autre modification des mouvements ordinaires de la marche est autorisée.
Nous avons connaissance de deux formes de marche sportive entièrement
différentes : l'une que nous avons observée nous-même, l'autre que nous
ne connaissons que par ouï-dire. Il nous semble intéressant d'en dire quel-
ques mois-.
Le champion desconcqurs de marche du llacing-Club, que nous avons vu
il y a déjà quelque temps, a adopté une façon de marche qui porte à
l'exagération tous les caractères de la marche vulgaire. Les membres infé-
rieurs sont le plus possible en extension complète, la flexion n'intervient
que sur là -jambe .oscillante, et c'est en extension exagérée que celle-ci
aborde le sol par le talon. Le torse est droit, nullement penché en avant.
Les bras accentuent violemment leur balancement, qui alterne avec le mou-
vement des membres inférieurs, comme cela a lieu dans la marche ordi-
naire, au point d'entraîner vivement l'épaule elle-même dans le même sens.
Par contre, les pédestrians anglais ont adopté un genre de marche tout
différent qui rappelle l'amble des quadrupèdes et que le Dr Etchandy décrit
ainsi: « Dans cette marche « toe-and-heel », le corps doit être droit, la-tête
bien en arrière, les coudes au côté, les avant-brashorizontalement en avant,
les mains fermées. Pour marcher, o"n lance la jambe en avant, presque en
158 ANATOMIE ARTISTIQUE DU COUPS HUMAIN
extension ; le pied va se placer devant celui qui est encore posé, le talon
touchant le sol le premier et le pied légèrement tourné en dehors. Il ne faut
pas écarter démesurément les jambes sous peine de perdre en vitesse. En
même temps que la jambe gauche, le bras gauche est poussé en avant et
s'allonge comme pour donner un coup de poing, et de même le bras droit
doit être projeté en avant avec le pied droit pour être ramené ensuite en
flexion au pas suivant.
c Le
rôle des bras est très important, à leur avis, et doit être étudié avec
grand soin: Il est curieux de noter qu'ils ont trouvé ulile de remplacer le
.balancement asymétrique des bras par un balancement symétrique, et c'est
d'autant plus curieux que les Arabes trouvent de même un avantage à con-
trarier la marche naturelle et en diagonale de leurs chevaux el des ânes, et
ils apprennent à ces hèles, au moyen d'entraves, à transporter en avant .à.
la fois les deux membres du môme côté cl à marcher l'amble plutôt que
leur pas naturel. Or, à cette allure, les animaux vont plus vile qu'au pas
sans se fatiguer davantage (1). »
Dans les courses de vitesse que nous avons pu observer el photographier
au Racing-Club, nous avons relevé les caractères suivants (pi. 26 et 27) :
La phase de suspension augmente de durée pendant que la phase d'appui
devient plus courte. Il en résulte qu'au début de la phase d'appui, au mo-
ment où le pied prend contact avec le sol, le membre au levé est beaucoup
moins en arrière qu'il ne l'est dans la course ordinaire, et, par suile, se
trouve plus rapproché du membre portant. Nous avons vu plus haut que la
retombée du pied sur le sol, après la phase de suspension, se failhabiluelle-
ment par le talon ou par la plante tout entière, rarement parla pointe. Ici,
c'est le contraire, et, le plus souvent, c'est la pointe du pied qui louche le
sol tout d'abord.

6" FlGUHATlON AltTISTIQUli DE LA LOCOMOTION.

Maintenant que nous connaissons comment les mouvements de locomo-


tion, marche et course, s'exécutent régulièrement dans la nature, il n'est pas
sans intérêt de rechercher comment les artistes ont figuré ces mouve-
ments et de rapprocher ces formules artistiques de celles qui nous sonl
données par la science.

(1) ETCIIANHY, h Monde médical, n" 74, p. 11.


MOUVEMENTS DE LOCOMOTION, 159

Sans rechercher comment l'art des différentes époques a reproduit ces


mouvements, ce qui fera l'objet d'une étude spéciale dans le volume sui-
vant, contentons-nous d'étudier les représentations que nous donnent de
ces mouvements les artistes contemporains.
Pour la marche, la formule artistique est aisée à définir, elle est toujours
la même, c'est la marche en flexion représentée au moment du double
appui, le pied qui est en arrière ne reposant le plus souvent que par les
orteils. Elle peut être résumée ainsi. Tout le corps est fortement penché
en avant, une jambe portée en avant, le genou plus ou moins fléchi, pose
le pied bien à plat sur le' sol. Jusqu'ici cette forme est très exacte à la
condition toutefois qu'elle représente un marcheur ayant à vaincre un
obstacle comme dans la marche en poussant ou en tirant ou contre un vent
violent, ou bien encore un marcheur avançant sur un terrain fort inégal
et broussailleux ou montant. Mais il ^est un point, où, même avec ces
réserves, la formule artistique est presque toujours fausse, c'est l'orienta-
tion du pied qui est en arrière dont la pointe est dirigée en dehors, de ma-
nière que son grand axe fait avec la ligne de marche au moins un angle
droit et quelquefois un angle obtus.
Ce pied tourné en dehors, si contraire à la nature, a une origine aisée à
trouver. Elle est la conséquence toute naturelle d'une copie trop servile du
modèle d'atelier qui pose et maintient le pied, en arrière ainsi tourné pour
la seule raison d'assurer son équilibre. Le même pas posé par le modèle
avec les deux pieds à peu près parallèles comme dans ,1a nature, devient
une altitude impossible à conserver à cause de la trop faible largeur de la
base de sustentation. De sorte que la formule artistique du pas n'est plus
une forme de mouvement, mais tout simplement une attitude posée.
De plus celte formule est unique. 11 semble que les artistes n'en aient pas
d'autres pour représenter la marche. Et il n'est pas rare de voir, dans'des
oeuvres des plus grands maîtres, des foules composées de toutes sortes de
personnages, des ouvriers par exemple à la sortie de l'usine, marcher tous
du même pas et de la même façon. En outre de la monotonie qui en
résulte dans la composition, est-il rien de plus contraire à.la nature?
Depuis quelque temps toutefois une réaction contre la tyrannie de cette
formule unique se fait sentir, et, sous l'influence de la photographie i.nstan- '
tanêe, très répandue aujourd'hui, des tentatives de représentations natura-
listes de la marche, se montrent parfois très heureuses.
160 ANATOM1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Comme la marche, la course, dans les temps modernes, n'a guère été re-
produite par les artistes que d'une seule façon. Le coureur est figuré plus
ou moins (et quelquefois très fortement.) penché en avant, posant à terre
sur la pointe d'un pied, l'autre jambe étant reportée en l'air et très en
arrière. Le-centre de gravité de la figure passe par la base de sustentation,
quelquefois même plus ou moins en avant, jamais en arrière (fig. 122).
Cette formé ne trouve point sa place dans la série des. images que nous
révèle la chronophotographie et qui peuvent être résumées dans les trois

FIG. 122. — Schéma de la formule artistique de la course.

schémas suivants qui sont comme trois formules différentes d'un même
pas de course.
Le schéma 1 (fig. 423) correspond, au commencement de la phase d'appui
unilatéral. Le centre de gravité de la figure passe bien en arrière de la
base ..de sustentation. Cette forme est éminemment représentative du
mouvement parce qu'elle ne saurait être posée. Une figure de coureur ainsi
dessinée nous semblera tomber en arrière, à cause des préjugés dont nous
sommes encore imbus (fig.- 100). Mais il viendra certainement un temps,
où plus éclairés sur la dynamique de la course, nous verrons cette figure,
justement à cause de la position de la ligne de gravité en arrière de la base
de sustentation, comme vraiment animée du mouvement de translation
qu'est la course. Et ce hors d'aplomb nous apparaîtra comme révélateur
de la vitesse' dont est animée.la figure, vitesse nécessaire pour empêcher
la chute en arrière qui se produirait inévitablement si, par impossible, le
coureur pouvait être immobilisé subitement à ce moment de son action.
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 161

Le second schéma reproduit la fin de l'appui unilatéral. Il est en opposi-


tion la plus formelle avec la formule artistique. Ici, en effet, le membre
inférieur au levé, au lieu d'être en arrière, est porté en avant fléchi, et le
centre de gravité passe bien en avant du pied qui pose à terre. Aussi cette
forme si curieuse de la course n'a jamais été représentée dans les arts, à
l'exception de l'art antique, comme je l'indiquerai tout à l'heure.
Enfin le troisième schéma correspond à la phase de suspension et, à

FIG. 123. — Schéma de la Formule scientifique delà course.

toutes les époques, les artistes l'ont choisi pour représenter la course, qui
devient une manière de saut. . .

Mais revenons sur les formes de la course, alors qu'un des pieds touche
le sol.
Si nous nous reportons aux images chronophotographiques,q'ui s'ont'tout
au moins la. vérité scientifique, nous constatons que, lorsque le centré de
gravité de la figure est situé au-dessus du pied posant à terre, l'autre
jambe, au lieu d'être reportée très en arrière, comme dans la formule artis-
tique, est conservée sous le corps et croise la direction de la jambe por-
tante, toute prête à se porter en avant pour entrer en contact avec le sol,
après la phase de suspension (fig. 124).
Il nous faut donc conclure que si, à ce moment, cette même jambe était
très loin en arrière, elle n'arriverait jamais à temps pour, empêcher la
chute quise produirait infailliblement si un coureur pouvait suivre la for-
mule artistique. '
.
562 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Cette dernière formule est donc manifestement antiscientifique. Est-ce à
dire qu'elle soil inesthétique? J'ai montré ailleurs, et j'y reviendrai dans le
prochain volume, que les artistes modernes, en représentant ainsi les cou-
reurs, ont obéi à un certain idéal fort légi-
time, et qu'ils ont produit souvent de fort
belles oeuvres qu'au nom de lois scienti-
fiques trop,rigides on aurait tort de con-
damner. Mais les artistes doivent-ils s'en
tenir à celle formule unique et, négligeant
les enseignements de la science, repousser
de parti pris les formes scientifiques, parce
que la photographie instantanée nous les
a révélées? L'art antique se charge de
répondre à celle question. La photogra-
phie instantanée n'existait pas alors, mais
FIG. 124. — Formule scientifique de la l'observation de la nature était poussée à
course. Schéma du milieu de la phase
d'appui unilatérale. un si haut degré de vérité, que cet art nous
offre de magnifiques exemples de coureurs
représentés en des attitudes forl variées parmi lesquelles il en est d'abso-
lument conformes pour ainsi dire aux schémas correspondants au com-
mencement et à la fin de la période d'appui unilatéral (fig. 123, et II). 1

7î SAUTS DIVERS.
Le saul n'est point un mode de progression normal pour l'homme qui
cependant l'emploie quelquefois lorsqu'il s'agit, par exemple, de franchir
un obstacle.
On distingue le saut en largeur, en hauteur ou en profondeur, le saut de
plain-pied ou avec élan, lé saut à deux pieds ou à un seul pied, etc.
Nous distinguerons, dans l'étude du saut, trois phases :
La phase de préparation;
La phase de suspension (ascension, descente);
La phase de terminaison.
Ces trois phases se retrouvent dans les diverses espèces de saut.
a) Saut de pied ferme en largeur (fig. 125 et ph 28). — PKIUODK
DE PRÉPARATION. — Le corps se penche en avant en se fléchissant, dans
ses divers segments, pendant que -les'bras se portent en arrière.
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 163
\

1MG. 125. — Saul de pied ferme en largeur.


— 1,.-, 3, 4r 5, 0, période.de préparation; 1, S, 9, pé-
riode de suspension ; 10, 11, fin de la période de suspension; 12, période terminale inachevée.
164 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Puis les bras se projettent vivement en avant, les différents segments du
corps s'étendent les uns sur les autres avec la brusquerie d'un ressort, et le
corps quitte le sol.
PÉIUODE DE SUSPENSION.
— Celte période peut être subdivisée en deux
phases : la phase d'ascension et la phase de descente.
Pendant la phase d'ascension, le corps tout entier est oblique, les jambes
presque étendues et les bras élevés au-dessus de la tète. Saisi à ce moment
précis' par la photographie instantanée, l'homme paraît voler. Puis le corps
se ramasse, et, au moment où il atteint le niveau maximum de la courbe
qu'il décrit, les jambes sont fléchies sous lui et les membres supérieurs,
également fléchis, sont ramenés le long du corps.
Enfin la descente commence, pendant laquelle les bras se portent en
arrière et les jambes en avant.
PÉIUODE TKHMINAI.E. — Les jambes fléchies', et portées en avant arrivent
en contact avec le sol par le talon. A ce moment, la ligne de gravité du
corps passe bien en arrière de la base de sustentation, mais la chute en
arrière est empêchée par la vitesse acquise qui, en vertu de l'inertie, pousse
le corps en avant.
"- Les jambes se fléchissent de plus en plus en même temps que le pied
touche le sol par toute la plante. Et celle flexion n'a d'autre but que
d'amortir le choc. A ce moment, l'homme est complètement accroupi; puis,
ayant repris son équilibre, il se redresse peu à peu.
L'énergie musculaire déployée par le saut revêt, suivant les périodes,
deux formes bien différentes.
La phase de préparation a pour effet de tendre les muscles extenseurs
des divers segments du membre inférieur, triceps du mollet et quadriceps
de la cuisse-, c'est-à-dire de les placer dans la situation la plus favorable à
une contraction énergique. Puis, cette contraclion se produisant brusque-
ment, le corps est lancé dans l'espace.
A, la fin du saut, ce sont bien encore les mêmes muscles qui se contrac-
tent, mais leur contraction n'a plus pour but de produire un travail méca-
nique; elle n'a d'autre effet que d'amortir le choc, de résister à l'effort de
la pesanteur augmentée par la vitesse acquise. Dans'-le premier cas, c'est
une contraction dynamique, le muscle fait l'office d'un moteur. Dans le se-
cond cas, le muscle remplit le rôle d'un frein et c'est cette contraction que
nous avons proposé d'appeler frénatrice.
MOUVEMENTS-DE- LOCOMOTION 166
b) Saut en largeur avec élan (pi. 29). — Ce saut est précédé de
quelques pas de course destinés à imprimer à tout le corps une certaine
vitesse de translation qui s'ajoute à celle que lui donne la détente muscu-
laire au moment où le pied quitte le sol. Aussi, l'espace franchi de cette *
façon est-il bien plus considérable que celui que couvre le saut de pied
ferme. Le saut une fois effectué, la vitesse dont le corps est encore animé
est trop grande pour s'éteindre sur place et l'homme, lancé en avant par
l'impulsion acquise, est obligé de parcourir quelques mètres à une allure
qu'il ralentit progressivement. '
-
.
PÉIUODE niï PRÉPARATION,.— La période de préparation est représentée
ici par la course préalable.
La propulsion qui lance le corps dans l'espace est donnée par une seule
jambe. Aussi, la courbe que décrit le corps est-elle généralement moins
haute que celle du saut de pied ferme, dans lequel les deux jambes donnent
l'impulsion. Mais, si la courbe ..est moins haute,, elle est beaucoup plus
longue en raison de la vitesse imprimée au corps par l'élan.
Si le saut s'effectue avec tremplin,, cet accessoire, par son élasticité
propre, ajoute à la force de. propulsion dans le sens de la hauteur et le
corps décrit dans l'espace une trajectoire beaucoup plus élevée.
PÉIUODE DE SUSPENSION.
— Dans la première partie (ascension), les
deux membres inférieurs sont désunis et fléchis. Cette flexion augmente
en même temps que les bras .se portent en arrière. Le corps atteint
rapidement le sommet de la courbe qu'il doit décrire; et la dernière
phase de la suspension, ou descente, est de beaucoup plus longue que la
première.
Pendant sa durée, les bras restent toujours fortement ramenés en arrière,
tandis que les jambes, se réunissant, passent en avant du corps en s'éten-
dant progressivement, de telle manière qu'au moment où les pieds touchent
le sol par le talon les membres inférieurs ne sont pas éloignés de l'exten-
sion, sans l'atteindre toutefois.
PÉRIODE TERMINALE. ^- A ce moment où commence-la; phase de termi-
naison, la ligne de gr-avité du corps passe de beaucoup en arrière de la
base de sustentation. Les phénomènes qui suivent ressemblent beaucoup à.
ce qui,se passe dans le saut de pied ferme. Les jambes se fléchissent à nou-
veau -pour'amortir le.choc, en même temps' que, sous: l'impulsion acquise,
le corps vient en avant. Mais ici, comme je l'ai déjà dit, cette, impulsion
166 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
est trop forte pour s'éteindre sur place, et la phase de terminaison s'achève
par quelques pas de course de moins en moins rapides.
c) Saut en hauteur (pi. 30). — Ce saut comporte une PHASE DE PRÉ-
PARATION qui ressemble beaucoup à celle du saut de pied ferme en largeur.
L'effort est calculé de manière à imprimer à tout le corps un mouvement
ascensionnel plutôt qu'un mouvement de translation. Les membres infé-
rieurs se fléchissent dans leurs divers segments, puis s'étendent brusque-
ment pour lancer le corps en haut, pendant que les bras, d'abord rejelés
en' arrière, violemment projetés en haut, entraînent, également le corps
dans cette direction.
PHASE DE SUSPENSION. — Au début de celte phase, les jambes sont en
.
extension complète et les bras élevés au-dessus de la tète, tout le corps
légèrement incliné en avant. Puis, les membres inférieurs se fléchissent
rapidement pendant que les bras s'abaissent.
Au moment où il va atteindre le but, le* corps tout entier est complète-
ment ramassé sur lui-même, les pieds un peu au-dessus du niveau du plan
qu'ils vont aborder tout à l'heure par la planle entièr-e.
PÉIUODE TERMINAI.]!. — Au moment où les pieds touchent le sommet de
l'obstacle, le corps lui-même est encore en arrière, et sa ligne de gravité
tombe bien en dehors de la hase de sustentation. Mais, comme dans les'
sauts précédents, l'impulsion acquise ramène le corps dans la verticale. 11
n'est point nécessaire d'amortir le choc, puisque la descente a été presque
nulle et les membres inférieurs se redressent progressivement.
Le saut en hauteur peut s'exéculcr également avec élan. Comme le saut
en largeur avec élan, il est alors précédé d'une course préparatoire. L'im-
pulsion est donnée par un seul pied. Le membre inférieur de l'autre côté
est fléchi et porté en haut et en avant. 11 touche le premier le sommet
de l'obstacle, et ce n'est qu'ensuite que l'autre membre inférieur vient le
rejoindre.
d>) Saut en profondeur. —.Ce saut diffère des précédents en ce que
la force de propulsion est minime et que presque toute la dépense muscu-
.laire est employée à retenir le poids du corps et à éteindre la vitesse qui
lui a été imprimée par la pesanteur.
La PÉBIODE DE PRÉPARATION consiste toujours dans laflexion desmembres
inférieurs et le port des bras en arrière. Puis tout le corps se penche en
MOUVEMENTS PROFESSIONNELS 167
avant. Il n'y a point d'extension brusque des membres inférieurs, puisque le
corps n'a pas besoin d'être poussé en haut. Les pieds seuls s'étendent pour
détacher le corps du plan sur lequel il repose et le lancer dans l'espace.
PÉIUODE DE SUSPENSION.
— Un saut en profondeur est toujours aussi un
saut en largeur. Le corps, dans sa chute, décrit donc une certaine courbe.
Ce qui dislingue cette période de suspension, c'est que les membres infé-
rieurs, d'abord fléchis, s'étendent progressivement au point d'être dans un
état d'extension presque complète dans tous leurs segments au moment
où ils vont loucher le sol.
PÉRIODE TERMINALE.
— C'est là que se concentre- l'effort musculaire, et
cet effort sera tout de modération-et de retenue. Il fera l'office du frein qui
arrête la machine industrielle au milieu de son mouvement. Tbut est par-
faitement disposé à cet effet. Comme je viens de le dire, le membre infé-
rieur est en extension presque complète et la pointe du pied un peu abaissée
rencontre le sol la première. Survient alors, sous la seule influence du
choc, la flexion de tous les segments du membre, pied, jambe et cuisse, et
c'est pendant cette flexion que les extenseurs puissants, gaslroenémien,
quadriceps et fessiers, se contractent énergiquement, non pour l'empêcher
complètement, mais pour la ralentir, et, par leur effort, contre-balancer
celui de la pesanteur el l'annihiler progressivement. Lorsque ce résultat
est obtenu, le corps se redresse sous l'action des 'mêmes muscles et l'homme
reprend-son aplomb.

EXERCICES PHYSIQUES ET SPORTS


Ce serait le moment d'étudier les mouvements variés qu'entraînent l'exé-
cution des exercices physiques et la pratique des divers sports. Mais c'est
là un sujet si vaste qu'il enflerait démesurément les dimensions déjà assez
grandes du présent volume. D'ailleurs, il a donné naissance, dans ces der-
niers temps, à de nombreux ouvrages spéciaux dont les plus remarquables
sont ceux de Demény et du lieutenant Hébert, et je me fais un plaisir d'y
renvoyer le lecteur qu'intéresse ces questions si justementmises à la mode
aujourd'hui.
Je me contenterai, pour marquer leur place ici, de publier quelques-unes
des chronophotographies que mon ami Londe et moi leur avons consacrées.
(Voy, pi. 31.à 56.) '
léS ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN

QUELQUES MOUVEMENTS PROFESSIONNELS

Je n'ai pas la prétention de passer ici en revue les mouvements nécessités


par l'exercice de toutes les professions. Je me contenterai, à titre d'exemple,
d'étudier quelques-unes des professions parmi celles que les artistes ont le
plus fréquemment l'occasion de représenter, comme le forgeron, le semeur,
le bûcheron, le scieur de bois, etc. .

Le forgeron (pi. 3.8, 89, 60, 61, 62).

Le travail du forgeron nécessite, suivant les circonstances, l'emploi de


deux sortes de marteaux : le marteau manié avec une seule main, généra-
lement employé par le forgeron lui-même, pendant que de l'autre main il
maintient, à l'aide d'une pince, le morceau de fer rougi qu'il s'agit de
forger, et le marteau à deux mains, beaucoup plus lourd, avec un long
manche manié par l'ouvrier frappeur, dont le rôle est de porter à l'en-
droit indiqué par le forgeron des coups beaucoup plus puissants. Les
frappeurs peuvent être au nombre de deux, parfois même de trois, dont les
coups se succèdent suivant un rythme régulier.
La ebronophotographie de Marey a permis à M. Frémont (1) d'établir le
tracé cinématique de la trajectoire du marteau dans les deux actions du
frappeur martelant à la volée ou martelant directement : « On remarque
," de prime abord, dit-il, que lorsque le marteau est en l'air sa vitesse est

faible, et qu'elle s'accroît très rapidement à la descente pour être maximà


à la fin de la chute, quand le marteau atteint l'enclume... Et il ajoute,
J>

au sujet de la position des mains sur le manche, «. que les positions rela-
tives du marteau et de son manche sont la conséquence des bras de levier

actionnés pour exiger le moins de force à dépenser, et dont le résultat
donne, par conséquent, le minimum de fatigue, ce qui explique logiquement
le mouvement instinctif de l'ouvrier. » '.
Avec le marteau à une main, le martelage s'exécute « à devant », c'est-
à-dire qu'il est direct,
(i) Etudes de chaudronnerie, par Ch. EIULMONÏ. Extrait: des mémoires '.de ' l'a-
Société des Ingénieurs civils de France (Bulletin"de novembre 1887).
MOUVEMENTS PROFESSIONNELS 169

Avec le marteau à deux mains, le martelage s'exécute de deux façons,


c à devant », comme précédemment, ou « à la volée », c'est-à-dire en faisant
décrire au marteau un grand mouvement circulaire avant d'atteindre
l'enclume.
Au point de vue du jeu musculaire et de la forme'du nu-qui en résulte,,
nous considérerons successivement l'emploi du marteau à une main, et
celui du marteau à deux mains. -

Dans le premier cas, le bras élève d'abord le marteau dans un plan à


peu près perpendiculaire pour l'abaisser violemment sur l'objet à atteindre
en suivant le trajet Je plus court, le plus direct. C'est donc d'abord les
muscles. élévateurs du bras qui entrent, en action, puis les muscles
abaisseurs.
Les muscles qui élèvent le bras sont le deltoïde et le grand dentelé. Leur
aclion sera continue pendant tout le mouvement d'élévation. Le deltoïde
dans ses deux tiers antérieurs se gonflera en accentuant les divers faisceaux
dont ils se composent, pendant que le tiers postérieur sera allongé et
déprimé. Sur les côtés du thorax apparaîtront, volumineuses et nettement
dessinées, les digitations du grand dentelé en avant du bord antérieur du
grand dorsal peu apparent, recouvrant aussi la masse contractée du fais-
ceau radié tout entier. "

La morphologie qui résulte de cette action musculaire élévatrice du bras .est


très caractéristique et nettement significative du mouvement exécuté. Un oeil
tant soit peu exercé ne saurait s'y méprendre, et le contraste est frappant
avec les formes des mêmes régions lors du mouvement d'abaissement qui

inférieure du grand pectoral. '--,


va suivre. Les muscles abaisseurs sont, en effet, le tiers postérieur du del-
toïde, le grand rond et le grand dorsal, auxquels il faut ajouter la moitié

.Nous verrons donc, à l'épaule, les deux antérieurs du deltoïde se fondre


en une masse molle et volumineuse, pendant que le tiers postérieur dessi-
nera le relief distinct de son unique faisceau charnu. Sur les eôlés du
thorax, la forme sera dominée par le grand dorsal distendu et contracté,
étendu comme'une sangle rigide du bras au bassin, dessinant urne surface
aplatie, dans son ensemble, marquée par les reliefs distincts des faisceaux
musculaires et dissimulant en partie l'ovoïde thoracique s.ous-jaçent. Le,
bord, antérieur du•muscle- nettement dessiné est soutenu, en outre, par le
170 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
grand rond dont la forme allongée s'aperçoit distinctement jusqu'à l'angle
inférieur de l'omoplate. Les digitations du grand dentelé ont presque
-
disparu; elles se fondent en une sorte de masse molle repoussée en haut
et en avant par la tension du grand dorsal.
A ces formes musculaires s'ajoutent, en avant, celles de la moitié infé-
rieure du grand pectoral distendue et contractée.
Cette morphologie, très distincte au début de l'action, tend à s'atlénuer
et disparaît même lorsque le bras a déjà effectué une partie de sa descente.
Elle ne sera jamais plus nette que lorsque le bras est levé et que commence
le mouvement d'abaissement, et c'est aussi à ce moment que ces formes
spéciales ont le plus d'intérêt, car elles sont révélatrices du mouvement
qui vase produire, et l'annoncent pour ainsi dire avant qu'il soit exécuté.
La contraction des abaisseurs survient alors qu'ils sont amenés par les
élévateurs à un état de distension éminemment favorable à leur contrac-
tion qui se produit violente et de forme balistique, ce qui explique qu'elle
cesse avant que le mouvement soit entièrement exécuté.

Le marteau à deux mains se manie de deux façons. D'abord directement


comme le marteau à une main, puis « à la volée ». Dans ce dernier cas, il ne
s'agit plus seulement de le soulever et de l'abaisser par une sorte de mou-
vement de va-et-vient. Son choc sur le fer est précédé d'un grand mouve-
ment de moulinet qui en augmente singulièrement la puissance.
Sur nos photographies, le frappeur, tenant son grand marteau par les deux
mains assez près de l'extrémité du manche, commence à en frapper l'en-
clume qui renvoie le marteau à une certaine hauteur. C'est alors que, parti
du point mort où il est ainsi arrivé, le marteau, passant cette fois sur les
côtés de l'enclume, est ramené en bas et décrit un grand cercle en arrière
avant de retomber avec violence sur le fer. Ce mouvement de moulinet
commencé par l'action des muscles abaisseurs met en jeu la force d'inertie
sous l'influence de laquelle il se continue en grande partie, pour se terminer
par une nouvelle action musculaire d'abaissement qui vient ajouter encore
son effet à celui de la vitesse acquise.
On comprendra que, dans ce cas, l'action musculaire soit beaucoup plus
complexe, puisque, tout en mettant en jeu l'inertie des parties, elle doit
diriger l'ensemble du mouvement, mais c'est encore et surtout dans les
muscles abaisseurs que l'action est localisée, principalement dans larder-
MOUVEMENTS PROFESSIONNELS 171
nière partie du mouvement, au moment où le marteau, arrivé à la partie
supérieure de sa trajectoire, va être vigoureusement ramené sur l'enclume.
A ce moment, les deux mains, assez éloignées l'une de l'autre, se rappro-
cbent pour agir plus efficacement sur l'extrémité du manche: nos photo-
graphies nous montrent des modelés musculaires très intéressants et qui
varient suivant les différentes phases du mouvement.

Le bûcheron (pi. 63).

Je rapproche le travail du bûcheron de celui du forgeron parce que,


chez l'un comme chez l'autre, les mouvements présentent les plus grandes
analogies.
Lorsque le bûcheron se sert de la serpe pour ébrancher, par exemple, il
la manie comme faille forgeron du marteau aune main. Il l'élève d'abord
au-dessus de sa télé et en arrière, pour l'abaisser ensuite par un mouve-
ment énergique sur la branche qu'il doit entailler ou trancher.
Le jeu.musculaire et la forme qui en résulte, sont alors tout à fait compa-
rables à ce qui se passe chez le forgeron maniant, le marteau aune main et
que j'ai .déjà décrit.
Mais le.travail du.bûcheron est beaucoup plus varié que- celui du for-
geron, en raison de la différence des buts à atteindre suivant les circons-
tances. Très rarement, en effet, il frappe, comme ce dernier, dans'un plan
vertical toujours le même.
Quand il use de la serpe pour ébrancher par exemple, il atteint les bran-
ches, qu'il détache souvent d'un seul coup, sous les inclinaisons les plus
variées. S'il lui faut plusieurs coups pour abattre les branches pi us. volumi-
neuses, les entailles se succèdent souvent dans deux plans obliques, l'un
par rapport à l'autre, de façon à détacher une sorte de copeau en forme de
sifflet, lorsque les deux entailles se superposent du même côté. D'autres fois
les entailles sont pratiquées sur les deux côtés opposés, ce qui accentue
l'inclinaison des plans dans lesquels l'instrument semeut. Il n'est pas rare
de voir l'instrument se mouvoir dans un sens presque horizontal, parfois
tout au ras du sol lorsqu'il s'agit de petits arbustes. Si les branches.sont
d'un certain, volume, la serpe, est saisie à deux mains, niais- le mouvement
conserve toujours sa simplicité d'action directe et n'offre rien qui'ressemble
à l'élan puisé dans une sorte de moulinet préparatoire. Enfin la serpe
12
•172', ANAT0M1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
passe quelquefois d'une main dans l'autre, le bûcheron s'eir. servant géné-
ralement aussi bien à gauche qu'à droite, ce qui ajoute encore à la variété
de son geste.
Dans le maniement de la cognée qu'il saisit à deux mains, le mouvement
du bûcheron est tout à fait comparable à celui du frappeur actionnant le
lourd marteau à deux,mains. En effet, partie d'en bas la cognée décrit, dans
l'air, un cercle presque complet avant de retomber avec fprce sur l'arbre à
abattre.
.
La main droite saisit l'instrument tout près de l'extrémité du manche,
pendant que la gauche est placée plus près du fer. La droite est, comme,
rivée à sa place, tandis que la gauche se meut à chaque coup le long du
manche.
Placée au début de l'action assez près du fer, la main gauche élève la co-
gnée et, glissant le long du manche dans le mouvement d'abaissement,'se
rapproche de plus en plus de l'autre main — et cela d'autant plus que le
mouvement est plus intense — au point, d'arriver au contact, et de coup
est porté violent par l'action des deux membres supérieurs à la fois. C'est
vers la fin du mouvement que l'action musculaire a le plus d'intensité,
el elle s'accompagne à ce moment d'un « h an » caractéristique qui se
confond avec le choc de l'instrument.
Comme la serpe, la cognée se.meut dans des plans variés, rarement dans
le plan vertical, à moins que ce ne soit pour fendre de gros fragments
(pi. 63), le plus souvent obliquement, parce que l'arbre à abattre est
attaqué par le côté. Lorsque l'arbre doit .être coupé bas, presque au ras
du sol, le. plan d'action est tout près de l'horizontale.
Le torse est rarement droit, il. se penche plus ou moins sur le côté en
proportion de l'inclinaison du plan dans lequel se meut la cognée.
Et ce travail, qui exige un déploiement de force considérable, est loin
d'être exempt d'adresse, car c'est merveille de voir avec quelle précision la

....'•",-..
cognée, s'abat dans l'entaille précédemment faite qu'elle approfondit à chaque
coup.
Le semeur. •
.

L'homme qui sème est d'abord un homme qui marche. 11 marche dans les
labours d'un, pas assez long et un peu en flexion. Il n'est pas penché eii avant
ainsi que les artistes ont l'habitude de figurer les marcheurs, mais plus ou
MOUVEMENTS PROFESSIONNELS 173
moins renversé en arrière à cause du poids du grain qu'il porte toujours en
avant. Le mouvement du bras droit qui lance le grain ne peut s'exécuter
qu'en se conformant à la loi du balancement alternatif et en diagonale des
membres', loi qui régit la marche, ainsi que nous l'avons vu plus haut. C'est
ainsi que nous voyons, dans les champs, qu'au moment où le bras du
semeur est en arrière, la jambe du même côté est en avant et inversement.
C'est un mouvement qui a souvent été faussement figuré par les artistes,
et, sur nombre de figures de semeurs, le bras qui lance le grain est en arrière
en même temps que la.jambe du même côté. On pourrait dire alors que le
semeur marche l'amble, ce qui est incorrect et ne se voit jamais dans la
nature. '
,
Le faucheur.

Aucun mouvement n'a donné lieu à des interprétations'plus fantaisistes


que celui du faucheur. Le modèle, entre les mains duquel on place une faux
et qui prendra spontanément les poses, les plus contournées, peut en don-
.

ner une idée.


Si l'on veut connaître le mouvement juste du faucheur, c'est aux champs
qu'il faut l'observer, moissonneur ou faucheur de foin. Là, rien d'exagéré,
rien de théâtral. C'est le torse penché en avant que le tâcheron manie le
lourd, outil dans un mouvement, de va-et-vient continuel. Lorsque, au début
du mouvement, le moissonneur lance la. faux assez loin à droite, la torsion
du torse est à peine indiquée,' et ce n'est qu'ensuite, lorsque l'instrument
ramené vigoureusement vers la gauche accomplit le. travail en coupant
les épis, que le mouvement de torsion s'accentue de plus en plus, s'ajoutant
à l'effort des bras pour exécuter le travail. Quant à son regard, il ne
quille pas le blé, parcourant l'àndain transversalement de droite à. gauche.
On voit que le faucheur limite les mouvements au strict nécessaire, car
c'est tout le long du jour, du lever du soleil à la nuit tombante, que le
moissonneur exécute son perpétuel mouvement de va-et-vient. Il est donc
de toute nécessité qu'il ménage son effort. 11 n'a qu'un but, accomplir sa
tâche et le mouvement qui le lui permettra sera le mouvement juste, le
mouvement vrai. ,
\
Le début et la fin du mouvement paraissent les moments les plus favô-'
râbles.pour le représenter. C'est d'ailleurs ce que nous voyons sur quel-
ques oeuvres d'art remarquables.
174 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN

Le scieur (pi. 57).

Le va-et-vient de la scie à bois'saisie par les deux mains, la droite près


de la lame et la gauche à l'autre extrémité du bord supérieur, est déter-
miné dans son ensemble par des mouvements d'avant en arrière de l'hu-
mérus, combinés avec des mouvements de flexion et d'extension de
Tavant-bras sur le bras, mais à des degrés divers pour,les deux membres
supérieurs.
Le scieur, placé d'ordinaire un peu obliquement, c'est-à-dire de trois
quarts par rapport au grand axe de la pièce de bois à diviser,' porte le
bras gauche en avant et le droit en arrière. 11 en résulte qu'à droite le
coude est presque étendu, tandis qu'il est fléchi à angle aigu à gauche et.
qu'alors le mouvement de la scie'exige un plus grand déplacement de l'hu- .

'mérus à droite, tandis qu'à gauche c'est le mouvement de flexion et d'ex-


tension de l'avant-bras qui l'emporte.
Sur le modèle qui a posé pour la ehronopnotographie de la planche 37,
le mouvement a été simplifié. La scie est actionnée par un seul bras,, ici le
gauche (notre homme étant gaucher), pendant que, de la main droite, il
assujettit la, pièce de bois sur l'X. ' ' "
".

Rien n'est plus intéressant que d'observer la.région du grand pectoral


bien en vue ici et qui change de forme à chaque'momentde l'action. Lors-
que le bras est porté le plus en arrière (4, 8 ou 9) le grand pectoral distendu
dessine nettement les différents faisceaux dont il se compose. Il est. dans
cet état de distension qui précède- et accompagne la contraction qui,
l'instant suivant (5), apparaît avec ses caractères de gonflement. Et si celle
demière photographie qui représente,le bras' lorsqu'il descend est compa-
rée à celle dû n" 7 dans laquelle le bras remonte, le: contraste est saisissant.
En 7 le grand pectoral ne montre plus ses faisceaux contractés et saillants,
sa surface est uniforme, il est dans l'état de relâchement. Dé'-telle sorte
que sur ces deux images 8 et 7,. d'apparence générale tout à fait semblable,
le -modelé, musculaire nous révèle le mouvement différent qui s'exécute;
en 5 la scie descend et le bras fait effort sur elle, en 7 la scié remonte: et ce

.,.,'
.sont d'autres muscles qu'on né voit pas ici qui président à ce mouve-
ment. ..-';"..
MOUVEMENTS PROFESSIONNELS 17b
,

Le terrassier (pi. 64).

Bien, que le mouvement du terrassier qui prend une pelletée de terre


pour la lancer au loin, soit d'une observation-plus facile à cause de sa len-
teur relative au moins dans sa première partie, nous en avons fait l'objet
d'une chronophotographie dont les douze clichés ne manquent pas d'in-
térêt. -
En 1, 2 et un peu 3, les deux bras ayant saisi, à une assez grande dis-,.

tance l'un de l'autre, le manche de la pelle l'appuient sur là cuisse pour


soulever l'a pelletée de terre en opérant un mouvement de bascule; la main
qui est en avant soulève et maintient, la main qui est en arrière appuie.
Pendant tout ce temps, la région du.grand pectoral est barrée d'un grand
sillon horizontal qui divise les deux parties du muscle dont l'action est
différente. Mais il semble qu'à ce moment ce muscle, n'ait d'autre rôle que
celui dé fixation de la cage Ihoraçique dans le phénomène de l'effort.
Tandis que plus loin, l'action du grand, pectoral dans le lancement de la
pelletée est manifeste. En 6 sa distension commence qui s'accentue, en 7 du
côté droit, pendant qu'à gauche il est relâché. En 7 sa contraction se mani-
feste énergiquement dans'toute so.n'r%epdu;e, et l'on voit en 8 la distension-
passer de l'autre côté, à gauche/pendant qùta'i.droite le muscle entre, dans
le'relâchement. i ~=
S \ i <'
: 'C ï

FIN
PLANCHES

Ces planches sont des reproductions de séries chronophotographiques


obtenues avec la collaboration de mon ami Albert Londe, suivant un pro-
cédé inventé par lui et dont il a .été parlé plus haut (page 112), .. ,
'

Le nombre des clichés"ainsi réalisés a été considérable (plus de 300).


Nous avons dû faire un choix et nous contenter d'en reproduire une
soixantaine. Chaque planche comprend les douze photographies composant
un cliché, numérotées dans l'ordre de leur succession au foyer de l'objectif.
Nous en avons parfois extrait une, deux ou trois que nous avons agrandies
et disposées au-dessus des douze figures du cliché. Chaque agrandissement
porte son numéro d'ordre, de sorte que sa place dans la série est toujours
facile à déterminer.
En feuilletai) t ces planches, le lecteur, se rendra compte de leur intérêt.
En suivant, dans l'ordre de leur, numéro, les douze images obtenues d'un
même mouvement, il verra les modifications successives non seulement de
la trajectoire des diverses parties du corps, mais aussi des modelés muscu-
laires fort instructifs qui les accompagnent. Ces ligures parlent d'elles-
mêmes. Une explication détaillée de chacune d'elles nous semble superflue.
Elle ne serait souvent d'ailleurs qu'une- répétition des descriptions -conté-'

nues dans le texte de l'ouvrageîet qui renvoient aux planches lorsqu'il
( 5 \\ h' "-. "
y a lieu.
MOUVEMENTS PARTIELS Pi 1.

MOUVEMENTS DE FLEXION ET D'EXTENSION I>K I/ÂVANT-BBAS LE HUAS. Mouvement lent.


SI H
l'i. 2. MOU Y KM l-'.NTS l'A HT I El.S

MOUVEMENTS m: FLEXION ET D'EXTENSION DE L'AVANT-BIIAS SI II LE DIIAS. Mouvement rapide.


MOU Y KM DIS l'A IITIKI.S Pi.. 3.

L.i VEMENTS DE FLEXION ET D'EXTENSION DE I.'AVV'ST'I'.IIAS SI H LE UIIAS. La main chargée d'un poids.
PL. ». MOUVEMENTS l'A HT IKI.s

MOUVEMENTS DE FLEXION ET D'EXTENSION DE L'AVANT-BRAS SUR LE HUAS. La main opéranl une traction.
MOt: VKMKNTS PARTIELS l'i a

MOUVEMENTS DE FLEXION UT D'EXTENSION DE L'AVANT-BRASSUR LE BRAS, ce dernier étant horizontal


cl la main chargée d'un poids.
Pi., fi. MOUVEMENTS PARTIELS

MOUVEMENT DE MOULINET DU MEMBRE SUPÉRIEUR. Vitesse modérée.


LOGO MOTION Pi.. 7.

MARCHE SUR TERRAIN HORIZONTAL. VUO latérale.


PI. 8. I.IM'.OM UT I ON

MARCHE SUR'TERBAIN'IIORIZONTAL.Vue antérieure.


LOCOMOTION h. 9.

MARCHE srit TERRAIN iioRi/oNTAi.. Vue postérieure.


l'i. 10 LOCOMOTION

MARCHE AVEC UN POIDS SUR L'ÉPAULE.


LOCOMOTION l'i.. 11.

MARCHE EN POUSSANT UNE UROUETTE CHARGÉE,


|,,~ J-- LOCOMOTION

,\1 VRCIIE EN TIRANT.


LOCOMOTION '''• 13-

MARCHE EN POUSSANT.
Pi.. 11 LOCOMOTION

MONTÉE D'UN PLAN INCLINÉ,


LOCOMOTION Pi.. 15.

DESCENTE D'UN PLAN INCLINÉ.


l'L 16. LOCOMOTION

MONTÉE D'UN ESCALIER,


LOCOM OTION Pi.. 17.

DESCENTE I>'I N ESCALIER.


Pi.. 1S LOC. O.MOÏ'I ON

MABCIIE EN FLEXION.
LOCOMOT ION PL. 19.

MARCHE F.N EXTENSION FORCÉE.


Pi. I'II. LOCOMOTION

M MICHE EN I IHil M \sl E.


l.lll'.O MOTION I"'." -'

M MICHE MU BNOISB.
Pi.. 22. LOCOMOTION

COURSE. Vue latérale,


LOCOMOTION Pi.. 23.

COURSE! Vue antérieure.


PL. 2i. LOCOMOTIO N

COUP.SE, Vue p.osLéi'icuro.


LOCOM OTION l'i -•'.

I'"l II E WEi: I.IFIIIII


Pi, 26. LOCOMOTION

COIIBSE SPOBTIVE. Dôparl (Racing-Club.)


LOCOMOTION Pi- 27.

COURSE SPORTIVE (Racing-Club.)


l'i. 28. 1.0 C0M0TI0N

S\ I T i:\ L A lui Kl II DE PIEU FERME


LOCOMOTION l*i.. 2<J.

SAUT EN LARGEUR AVEC ÉLAN.


Pi,. 30. LOCOMOTION i

SAIT EN IIAUTEUB.
EXERCICES PHYSIQUES Pi. 31.

POIDS. Jeu rie l'haltère.


Pi. 'Ai. EXERCICES PII YSIQUES

POIDS Arracher de l'haltère. Vue antérieure.


I", \ I-, ItC. ICKS PII YSIQUES Pi. 33.

POIDS Arracher do l'haltère. Vue postérieure.


Pi.. 34. EXERCICES PHYSIQUES

POIDS. Enlèvement de l'haltère on force.


EXERCICES PII YSIQUES l'i.. 38.

POIDS. Enlèvement dr l'haltèro à la volée.


Pi.. 3R EX t. H Cl CK S PII YSIQUES

POIDS. Enlèvement de la barre à deux mains. Vue antérieure.


EX ERCICES PII YSIQUES PL. 37

POIDS, Enlèvement do la harrc'a deux mains, Vue, postérieure


Pi.. 38 KX ERCICES PII YSIQU ES

POIDS. Lanccmcnl du poids (Racing-Ghih):


EXERCICES PHYSIQUES Pi. 39.

POIDS Lancoiuciit du disque (Racing-Club).


Pi. 40. EX ERCI CES PII Y S lui l'.S

POIDS. Lanoomcnl .lu pavé.


EX ERCICES PII YSIQU ES Pi.. 41,

BOXE A M; I,AISE.' Coup de poing direct.


l'i. 42 KXKHCICKS V II Y S 1 Q U KS

BOXE ANGLAISE. Coup *ic poing <\r vi-yi'i^.


EX ERCICES PII 1 si QUE S Pi. 13.

BOXE VXGLAISK. Coup d'oued direct. Vue latérale gauche


I'L. il. EX ERCICES PII YSIQ U ES

BOXE ANGLAISE. Coup do pied direct. Vue latérale droite.


EXERCICES PII YSIQUES Pi.. 45.

BOXE ANGLAISE. Coup de pied «le côté. Vue antérieure.


Pi.. 4(1. EX ERCICES PII YSIQ U ES

BOXE ANGLAISE Coup de pied de côté. Vue postérieur)


EXERCICES I' M YSIQUES PL. 47.

-,.'-
BOXE FRANÇAISE. Coup de poing de massue.
Pi.. 48. EXERCICES PHYSIQUES

BOXE FRANÇAISE. Coup de poing de revers.


EXERCICES PHYSIQUES \'~ 49,

BOXE FRANÇAISE, Coup de poing suivi d'uu coup do pied. Vue latérale droite.
Pi.. 50. EX ERCICES PII Y S I QI' ES

BOXE FRANÇAISE, Coup <\<- poing suivi d'un coup de pied. Vue latérale gauche.
EX ERCICES PII YSIQUES Pi
-,
51.

LANCEMENT DE LA HALLE. Vue antérieure.


Pi. Si EXERCICES PHYSIQUES |

LANCEMENT DE LA HALLE. Vue postérieure.


E X E H C I ('. E S P 11 Y S IQUES l'i.. 53

! EXERCICE DU BÂTON.
IV 5'i i:\ i. ne ICI: s IMI vsiori;s

I. INCER l'I H \l.l.u\ V\ EC LE IMEIi.


EX ERCICES PII YSIQUES Pi.. 5ii.

...
lïÈTAHufeiSBQlENT
\l \ \\\KU \.
Pi.. 5li. EX ERCICES PII YSIQUES

RÉTABLISSEMENT SUR LES MAINS


M 0UYEM EN TS P H0 F ESSI 0NN ELS Pi,, ii"
!''• :'s MOUVEMENTS PROEESSI ONNE LS

LE FORGERON. Marteau à une main Vue aulèrieiire.


MOUVEMENTS PROFESSIONNELS l'i- 59.

ta
LE FORGERON. Marteau à une main. Vue latérale droite.
l'i,. tiO. MOU Y KM KN'I'S l'ROFKSSIONN KL s

LE POHGIÎBON, Marteau à un<3 main. Vue latérale droite.


M O I' V G M K N TS I1 U () F li S S10 N N I'. L S l'i. 01.

LE ponoEitoN. Marteau à deux, mains. Vuo latérale gaucho.


l'i. 6i> M ( UJ V KM K.NTS l'Il ( I F K S S 0 iN N
I K I, S

LE FOHGEKON. Marteau à doux mains Vue postérieure.


M l II Y K M 10 N T S I' Il ( I !•' K SS I ( ) N N K I. S l'i.. IÎ:I.

LE iti'ciiEuoN.
!''• «*. MOUVEMENTS PROFESSIONNELS

Llî TERRASSIER.
TABLE DES PLANCHES

MOUVEMENTS PARTIELS •

PLANCHE 1. — Mouvements de flexion et d'extension.de l'ayant-bras sur le bras.


Mouvement lent.
— 2. — Mouvements de flexion et d'extension de l'avant-bras sur le bras.
Mouvement rapide.
— 3. — Mouvements de flexion et d'extension de l'avant-bras sur le bras,
la main chargée d'un poids.
— 4. — Mouvements de flexion et d'extensipn de l'avant-bras sur le bras,
la main opérant une traction.
— 5. — Mouvements de flexion et d'extension de l'avant-bras sur le bras,
ce dernier étant horizontal et la main chargée d'un poids.
— 6. — Mouvement de moulinet du membre Supérieur. Vitesse modérée.
LOCOMOTION
PLANCHE 7. — Marche sur terrain horizontal. Vue latérale.
— 8. — Marche sur terrain horizontal. Vue antérieure.
— 9. — Marche sur terrain horizontal. Vue postérieure.
— 10. — Marche avec un poids sur l'épaule.
— 11. — Marche on poussant une brouette'chargée.
— 12. — Marche en tirant.
.

— 13. — Marche en poussant.


— 14. —Montée d'un plan incliné.
— 15. :— Descente d'un plan incliné.
— 10. — Montée d'un escalier.
— 17. — Descente d'un escalier.
— 18. — Marche en flexion.
— 19.—- Marche en extension forcée.
— 20. — Marche enthousiaste.
.
— 21. — Marche sournoise.
— 22. — Course. Vue,latérale.
— 23. — Course. Vue antérieure.
— 24. — Course. Vue postérieure.
•— 2b. — Fuite avec effroi.
20. — Course sportive. Départ (Racing-Club).

',..'

— 27. ;— Course sportive (Racing-Club).
12*'
179
180 ANATOM1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
PLANCHE 28.
— Saut en largeur de pied ferme.
— 29. — Saut en largeur avec élan.
— 30. •— Saut en hauteur.

EXERCICES PHYSIQUES
PLANCHE 31.
— Poids. Jeu de l'haltère.
— 32.— Poids. Arracher de. l'haltère. Vue antérieure.
— 33.— Poids. Arracher de l'haltère. Vue postérieure.
— 34.— Poids. Enlèvement de l'haltère en force.
— 35.— Poids. Enlèvement de l'haltère à la volée.
•— 30. — Poids. Enlèvement de la barre à deux mains. Vue antérieure.
— 37. — Poids. Enlèvement de la barre à deux mains. Vue -postérieure.
— 38. — Poids. Lancement du poids (Racing-Club).
— 39. — Poids. Lancement du disque (Racing-Club).
•— 40. — Poids. Lancement du pavé.
— 41. — Boxe anglaise. Coup de poing direct.
— 42. — Boxe anglaise. Coup de poing de revers.
— 43. :— Boxe anglaise. Coup de pied direct. Vue latérale gauche.
— :
44. —: Boxe anglaise. Coup de pied direct. Vue latérale droite.
— 45. — Boxe anglaise. Coup de pied de côté. Vue antérieure.
— 40. — Boxe anglaise. Coup de pied de côté. Vue postérieure.
— 47. — Boxe française. Coup de pied de massue.

.
48. — Boxe française. Coup de pied de revers.
— 49. — Boxe française. Coup de poing suivi d'un coup de pied. Vue laté-
rale droite.
— 50. —• Boxe française..Coup de poing suivi d'un coup de pied. Vue laté-
rale gauche.
— 5f. — Lancement de la balle. Vue antérieure.
— 52. — Lancement de la balle. Vue postérieure.
— 53. — Exercice du bâton.
— 54. •— Lancer du ballon avec le pied.
— 55. — Rétablissement aux anneaux.
— 56. — Rétablissement sur les mains.

MOUVEMENTS PROFESSIONNELS
PLANCHE 57. — Le scieur.
— 58. •— Le forgeron. Marteau à une main. Vue antérieure.
— 59. — Le forgeron. Marteau à une main. Vue latérale droite.
— 00. — Le forgeron. Marteau à une main. Vue latérale droite.
— '61. — Le forgeron. Marteau à deux mains. Vue latérale gauche.
— 62. — Le forgeron. Marteau à deux mains. Vue postérieure.

' 63. — Le bûcheron.
64. — Le-terrassier.
TABLE DES FIGURES

Pages.
FIGURE 1. — Section verticale de l'extrémité supérieure de l'humérus, de
l'extrémité supérieure du fémur et du squelette du pied,
montrant l'orientation des trabécules osseux de la substance
spongieuse 2
— 2. — Schémas des diverses sortes d'articulations 4
— 3. — Leviers 8
— 4. — Flexion de l'avant-bras sur le bras. Levier du troisième genre. 10
— 5. — Flexion de la jambe sur la cuisse. Levier du troisième genre. 10
•— 0. —Figures schématiques résumant la contraction musculaire.... .
18
— 7. — Schémas relatifs aux différents états physiologiques du
muscle 22
— 8. — Modifications de la forme do la partie postérieure du bras sui-
vant l'état physiologique du muscle triceps 23
— 9. — Mouvements de flexion et d'extension de l'avant-bras sur le
bras 27
— 10. — Mouvements de flexion et d'extension de l'avant-bras sur le
bras (suite) 29
— 11. — Ghronophotographie d'un coup de pied 32
— 12. — Extension lente de la jambe sur la cuisse maintenue horizon-
tale. 33
— 13. — Mouvements d'élévation et d'abaissement du bras en dehors.. 39
— 14. — Mouvements d'élévation et d'abaissement du bras en dehors
(suite) 41
15. — Station de la tête sur la colonne vertébrale
;

— 47
— 16..— Equilibre des divers segments du corps les uns sur les autres
dans la station droite 50
— 17. — Mannequin en bois découpé 52
— 18. — Le même mannequin que la ligure 17 dans la station sur la
plante et dans la station sur la pointe des pieds 53
— 19. — Détermination expérimentale du centre de gravité dans la
station droite 55
— 20. — Station droite avec charge en arrière 50

— 21. — Station droite avec charge en avant 50


— 22. — Station droite avec charge latérale .....' 57
23. —Aplomb du corps dans la station droite
.
58

182 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Pages.
FIGUM: 24. — Station droite. Vue antérieure 60
— 25. — Station droite. Vue postérieure. 60
,
— 26. — Schéma représentant un levier du deuxième genre 62
— 27. — Schéma représentant un levier du premier genre 62
— 28. — Axe des différents segments du corps suivie profil de la sta-
tion sur la pointe des pieds 64
— 29. — Projection sur plan horizontal de l'axe des épaules et de celui
des hanches dans la station droite et dans la station han-
chée. 67
— 30. — Station hanchée. Profil '.. . 08
— 31. — Schéma de la station hanchée. Type contrarié dans lequel
:

l'axe du tronc est oblique en sens inverse de ' l'axe du


membre portant 69
— 32. — Station hanchée ; type contrarié. Vue postérieure 69
— 33. — Schéma de la station hanchée. Type concordant dans lequel
l'axe du tronc est vertical ou oblique dans le môme sens
que l'axe du membre portant ; 70
— 34. — Station hanchée chez la-femme pouvant se produire égale-
mont suivant les deux types décrits chez l'homme, type
concordant ou type contrarié. 70
— 35. — Station hanchée. Vue postérieure ... 72
— 36. — Station hanchée. Vue antérieure ,
72
— 37. — Station sur un pied, l'autre pied étant porté en dehors 74
— 38. — Station sur un pied, l'autre pied étant porté en avant........ 74
— 39. — Station sur un pied, l'autre pied étant porté en arrière....... 75
— 40. — Station sur la pointe d'un pied.,..'.. 75
— 41. — Station à genoux, le corps droit : 77
— 42. — Station à genoux, le corps penché en arrière...' 77
— 43. — Variété de la -station à genoux. .... 78
— 44. — Station assise, le corps droit....... v. 79
43. — Station assise, le corps penché en avant. 79
— 46. — Station assise, le corps penché en arrière . .. 80
— 47. — Station accroupie'. SI
— 48. — Station accroupie......- 81
_ 49. —- Flexion de la tête sur la colonne cervicale immobile.......... 83
— 50. — Flexion et extension simultanées de la tête et du cou......... 83
— .81. >— Indépendance réciproque de la flexion et de l'extension de la
tête et du cou. .-.,'. :........,. 84
52. -7- Rotation de la tête et du cou 84
— 53. — Inclinaison latérale de la tète et du cou... 84
— 54. — Mécanisme des mouvements respiratoires...-...-.... .. .........
Ceinture osseuse scapulaire................
85
-
V

•'
.—
.
.55.^
56.:—Élévationde l'épaule.....'.; .....;vl.......
86
87
:—
—; -57. — Coupe de l'articulation scapùlo-humérale 88.
-,
— . 59. -—Élévation verticale du bras..
— 60. — Flexion du torse
— 61. — Extension du torse
TABLE DES FIGURES

FrGnms 58. — Élévation horizontale du bras en dehors.

.......:
'..
:

:.:....'..
183
Pages.
....,-..:.... ;

'91
.89
89

91
.

— 62. — Inclinaison latérale du torse 92


— 63. — Rotation du torse ."....- 92
— 64. — Flexion II angle droit de l'avant-bras sur le bras s'aoeompa- .
gnant de pronation ou de supination 94
— . 65.. — Mouvements de rotation des deux os de l'avant-bras l'un au-
tour de l'autre dans la supination et la pronation........... 94
— 66. — Flexion de l'avant-bras sur le bras.... .;-... .
96
— 67. —•
Schéma montrant la. section verticale et anlêro postérieure de •
l'articulation du coude. ". :
97
— 68. — Flexion da poignet accompagnée ou non do la flexion
dés
doigts 97
— 69. — Extension du poignet accompagnée ou non de la flexion des
doigts 98
,
— 70. — Abduction et adduction du poignet ...- 98
. — 71. — Extension de la cuisse portée à sa limite extrême............ 99'
— 72. — Flexion de la cuisse qui peut être portée beaucoup plus loin,
jusqu'au contact de la cuisse avec le torse ,. .
99
— 73. — Schéma mon trahi'l'a rotation limitée de la fête fémorale dans
la cavité cofyloïde dans l'abduction de la cuisse. .100
— 74. — Abduction de la cuisse à sa limite 100
-^' ' 75. — Rotation du membre inférieur en dehors et en dedans 100
— , '76. — Extension et flexion du tibia sur le fémur, la cuisse étant
horizontale 101.
— 77. — Mouvement de rotation du tibia sous les condyles fémoraux
dans la flexion à angle droit du genou 102
— 78. — Flexion et extension du pied sur la jambe. Déplacement de la
' poulie astrasalienne dans la mortaise péronéo-l.ibiale 102
— 7.9. — Chaussure exploratrice des appuis du pied de l'homme sur
.
lesol.;... ...... :
,
104
— 80. — Marcheur muni des chaussures, exploratrices: et
portant le
-
chronographe 104
.-

— - 81. — Tracé des appuis et soutiens des deux pieds dans la marche
ordinaire. 105

82. ~ Courbes supérieures : changement de hauteur de la tête dans

'-:. ••':-•' —
fe saut. — Courbes inférieures : pression des pieds sur le:
soi...........;.....- ,...........,.:..,.......... :,.. 106
—. .83. — Les courbes supérieures, l'une pleine, l'autre ponctuée, repré-
. .
sentent les phases d'appui et de lever des pieds- droit et-
'.' '•.'-. '..-.-. .gauche ..."..'..,' ........;.............-...... 107..
"
—.. 84. -— Tentative de représentation,. au moyen d'une tige de métal-
..'..,.- cpurbèe-i delà trajectoire sinueuse parcourue par le pubis.. 107
12** '"•'
184 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Page.3.
FIGURE 85. —Notation ehronographique dés appuis des pieds de l'homme à
dill'rrcnles allures 108
— 86, — Notation du galop. 109
— 87, — Un homme qui marche: attitudes successives données parla
chronophulographie sur plaque lixe 110
— 88. — Un couieur, (dironopliofographie sur plaque fixe -110
; — 89. — Images d'un coureur réduites à des ligues brillantes qui repré-
sen.ionl l'aitilude do ses membres 1 "Il

— 90. — Empreintes des pieds dans la marche -.'.- 114


— 91, — Un double pas 116
— 92. — DùTèrrnls temps de la marche. 116
— sur plan horizontal de l'axe d s hanches aux diflë-
93. — Projci-tion
.
renls temps de la marche 120
— 94. — Projection sur plan horizontal de l'axe dos hanches et-de l'axe
des épaules aux di Hémits temps de la marche -
121
— 95. — Figures demi-schématiques do six positions successives d'un
douille pas dans la course.', ." 125
— 96. — Figures demi-schématiques représentant douze positions suc-
ees.-d\ es d'un homme qui marche 127
— 97. T— Marche sur plan horizontal. Fin du double appui 129
— 98. •— Trois photographies instantanées successives prises pendant
la marche (vue latérale)..- 131
— 99. — Trois 'photographies instantanées successives prises pendant
la m.irohe (vue antérieure) 131
— 100. — Course. Di'bul dé l'appui unilatéral 135
— 101. — Man-he à reculons 138
— 102. — Marche avec un fardeau'sur l'épaule. Moment du double appui. 139
— 1(13. — Un double pas de la mari-lie en.poussant
"' 140
— 104. — Marche en poussant. Moment du double appui. 1-41
— ' 103. — Figures demi-schém iliques de sept positions successives d'un
double p.-is de la marche en poussant 142
— 100.— Marche en poussant une brouette chargée. Moment du double
appui .-..- 1*3
— 107. — Figures demi-schéinatiques de sept, positions successives de
la marche en poussant une brouette-chargée 144
— 108. — Un double pas de la marche sur plan ascendant 145
—: 109. — Marche sur plan ascendant. Moment du double appui...'. 145
— 110. — Figures demi-schémaliques du sept positions successives
d'un double pas de la .'marche sur pi.m. ascendant. 146
— 111, — Un double pas dans la niarclie sur plan dçsçi.ndant 147
— 112. — Marche sur plan descendant. .Moment du double appui........ 147
— .113. — Figures riemi-sebémafiques de sept positions successives d'u.
double pas de la. marche sur plan, descendant ..,....' 148
— . 114. — Un double pas de la montée d'un escalier... . 149
—. 115. —. Ou double pas de la.descente d'un escalier: :..;:.
.
149
TABLE DES FIGURES 185

Pages.
FIGURE 116.— Figurps demi-schématiques de sept positions successives d'un
double pas de la montée d'un escalier 149
— 117. — Montée d'un escalier. Moment du double appui : 150
— 118. — Descente d'un escalier. Moment du double appui 150
— 119. — Figures demi-schématiques de sept positions successives d'un
double pas de la descente d'un escalier 151
—' 120. — Démarche enthousiaste. Moment du double appui 152
— 111. — Démarche sournoise. Moment du double appui 153
— 122. -» Schéma de la formule artistique de la course 160
— 123. — Schéma de la formule scientifique de la course 161
— 124. — Formule scientifique, de la course. Schéma du milieu de la
pluse d'appui unilirtêTals^ 162 '
— 125.— Saut de. pied feni^èSM'rgferi^. '.
.- 163
TABLE DES MATIERES

Pages,
AVANT-I'IIOPOS I

MÉCANIQUE DU MOUVEMENT
LES os, OUGANES-PASSIFS DU MOUVEMENT 1
.
Articulations ,
3
LES MUSCLES, OKGANES ACTIFS DU MOUVEMENT 5
Propriétés du tissu musculaire 5
Al'I'LlCATlON UE LA T11É0IU1S DES LEV1EHS A LA MÉCANIQUE HUMAINE .
7
CENTIUÎ DIS G1UYITÉ DU UOIU'S HUMAIN 11

PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT


DE LA FOIIME DU MUSCLE VIVANT ' 13
LES DIVEHS ÉTATS PHYSIOLOGIQUES DU MUSCLE 14
CAUACTÈIIES MOIII'HOLCGIQUES DES DIFFÉRENTS ÉTATS PHYSIOLOGIQUES DU MUSCLE. 20
CONTRACTION MUSCÙLAIHE l'llYSIOLOGIQUE '. 24

DE L'ÉQUILIBRE DU CORPS' HUMAIN ET DES DIFFÉRENTES


FORMES" DE STATION7
STATION VERTICALE DHOITE OU SYMÉTRIQUE 44
. ,
Mécanisme 45
1" Résistance des différents segments du corps.... : 45
2» Extension des différents segments du corps les uns sur les autres... 46
3" Conditions d'équilibre des différents segments du corps les uns sur
les. autres 47
a) Station de la tète sur la colonne vertébrale 47
6) Station du tronc sur les cuisses., 48
Station des cuisses sur les tibias ..
.-.
c) 49
rf) Station des jambes sur les pieds ....-.- 50
e) Station des pieds sur le sol 54
.
Aplombs du corps dans la station droite 58
Formes extérieures de la station droite.. .. 60
1ST
"188 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Pages.
STATION SUR LA POINTE DES PIEDS 61
STATION- VEUTICALE HANCHÉE OU ASYMÉTRIQUE.
STATION A GENOUX '. ~
..-. ......... 65
76
STATION ASSISE 79
STATION ACCROUPIE '81
,
DES MOUVEMENTS
MOUVEMENTS PARTIELS 82
1»;Mouvements de la tête et du cou
-
82
:
2° Mouvements du. thorax 85
3° Mouvements de l'épaule 86
4° Mouvements du bras 88
.
5° Mouvements du tronc 90
0° Mouvements de rotation du membre supérieur. 93
a) Pronation et supination de l'avant-bras ; 93
b) Rotation du membre supérieur 95
7° Mouvements du coude 96
8° Mouvements du poignet 9"
.-...-.-
9° Mouvements des doigts 98
10" Moiivements de la hanche 99
11° Mouvements du genou •
101
12° Mouvements du pied.. .' 102
13° Mouvements des orteils... 103
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 103
Description des mouvements de la locomotion ou cinématique 113
1° Du pas : 113
,
De la méthode des empreintes..
114
Vitesse des allures, rapport de la fréquence à la longueur du pas. 115
2" Des mouvements des différentes parties du corps dans la. marche..... 115
a) Mouvements des membres inférieurs 117
1" Période du double appui 117-
2" Période de l'appui unilatéral. US
b) Mouvements du torse..... ,-.-•:..'.-.:,: ..
118
1° Oscillations verticales,
2° Oscillations transversales ou horizontales ,....,.... 118
119
3° Mouvements d'inclinaison on avant et en arrière 119
4° Mouvements de tùi-sion ;. 119
5" Mouvements du bassin .. 119
6° Mouvements des épaules. 121
7° Mouvements d'inclinaison ..latérale 122
c) Mouvements des membres supérieurs. 122
3° Description des; mouvements de la course.. 123
1? Mouvements des pieds .. 123
" 2" Mouvements des membres inférieurs \ 124
.
3° Mouvements du torse...-' 124
4° Mouvements des membres , supérieurs ..,
125
Du centre de gravité dans la Course..
.. .............:...... 126
TABLE. DES MATIÈRES 189
Pages.
4° Du rôle des muscles dans la locomotion 126
a) Pendant l'a marche 126
1° Membre portant 127
2" Membre oscillant 128
Formes des fesses 130
Formes dès cuisses. ,
, 130
Formes de la jambe et du pied 133
Formes des reins 133
b) Du râle des muscles dans la course 134
5° De quelques variétés de la marche et de la course 136
I. Marche à reculons -
137
II. Marche avec un fardeau sur l'épaule . , .
139
III. Marche en poussant ou en tirant 140
.
IV. Marche en poussant une brouette chargée. 143
V. Marche sur un plan ascendant 144
VI. Marche sur un plan descendant 146
VU. Montée d'un escalier -
i 48
VIII. Descente d'un escalier 150
IX. Marche expressive 152
X. Marche en flexion 154
XI. Marche sportive : 157
6" Figuration artistique de la locomotion. " 15S
7° Saufs divers 162

a) Saut de pied ferme en largeur.. 162
o) Saut en largeur avec élan. 165
c) Saut en hauteur 166
EXEHCICES PHYSIQUES ET SPOHTS. 167
.
QUELQUES MOUVEMENTS PROFESSIONNELS 168
,
Le forgeron 168
Le bûcheron ' 171
Le semeur 172.
Le faucheur. 173
Le scieur .--rrrrr?-,.^ 174
Le terrassier. ./[i^Q:?. .'!>.\. -175
.

PARIS. — TYI\ PLON-NOCRlllT ET C'«, S, RUE GARANC1ÈRE. — 26752.


PARIS
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8, rue (iaruncièrc

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