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Nouvelle
Anatqmig artistique
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Physiotôgie
Jtttitudes et Mouvements
LIBRAIRIE PLON
NOUVELLE ANATOMTE ARTISTIQUE
DU CORPS HUMAIN.
PHYSIOLOGIE
ATTITUDES ET MOUVEMENTS
DU. MEME AUTEUR
III
COURS SUPÉRIEUR (Suite)
PHYSIOLOGIE
ATTITUDES ET MOUVEMENTS
PAR
LE Dr PAUL RICIIER
MEMBRE DE- L'INSTITUT
PARIS
LIBRAIRIE PLON
PLOrMSOURRIT ETC1', IMPRIMEURS-ÉDITEURS
8, EUE GARANCIÈRE— 6"
'.•""''; 1921
.'
. .
/./.fous droits réservés..
Copyright 1921 by Plon-Nourrit et C<«.
Fabriqué en France.
Droits de reproduction et de traduction
réservés pour tous pays.
AVANT-PROPOS
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tances diverses et imprévues, sont jusqu'à ce jour demeurées, iné-
dites.
ATTITUDES ET MOUVEMENTS
MECANISME DU MOUVEMENT
.
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.2 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
rement aptes à soutenir le poids des parties. Cette disposition leur permet, i:
A.KTICVJ DATION S.
Les articulations, qui sont le mode d'union des os entre eux pour former
l'ensemble du squelette, ont un double but : maintenir d'abord solidement
les extrémités des os en contact, et ensuite permettre à ces deux extré-
mités de se déplacer en glissant l'un sur l'autre de façon à exécuter des
mouvements dont l'étendue varie avec le genre de l'articulation. Mobilité
et solidité sont les deux conditions que remplissent toutes les articulations,
mais à des degrés divers, et ces deux conditions s'opposent l'une à l'autre.
11 va de soi que moins une articulation sera, mobile, plus elle sera solide et
inversement. '
C'est sur ces données que les articulations ont été classées en trois caté-
gories (fig. 2) :
'1° Les siilwes ou synarlhroses, dans lesquelles les os sont soudés entre
.
.
eux par un tissu fibreux intermédiaire, toujours très serré. Ex. : Mode
d'union des os du crâne. Les mouvements en sont nuls, mais la solidité est
parfaite; '
que, pour que deux forces se fassent équilibre à l'aide, d'un levier, il faut
qu'elles soient en raison inverse du bras de levier auxquelles elles sont appli-
quées.
Le levier du premier genre se rencontre assez
' ....'_.
fréquemment dans l'éco-
nomie. On l'a appelé le levier de la station parce que, dans l'équilibre delà
station, on en trouve de nombreux exemples. On verra plus loin que c'est
d'après le mécanisme de ce levier que se maintient l'équilibre de la tète
sur la colonne vertébrale,, du tronc sur les fémurs au niveau de l'arti-
culation fémorale, des fémurs sur les tibias et des tibias sur la voûte du
pied.
Le levier du deuxième genre est le levier de la force; mais ce que ce levier
fait gagner en force, il le fait perdre en vitesse et le déplacement de la résis-
tance est toujours moindre que le chemin parcouru par la puissance. Théo-
riquement c'est, d'après son mécanisme, que, dans la marche, le talon
-est soulevé, le'point d'appui se trouvant aux orteils, la résistance à l'arti-
culation, tibio-tarsienne représentée par le poids du corps et la puissance a
l'extrémité du calcanéum au point d'attache du soléaire. Mais, si l'on re-
marque qu'à ce moment de la marche qui est la fin du double appui, le
centre de gravité du corps est porté en avant de telle façon que la ligne de
gravité passe manifestement en avant des orteils, on constatera que le
levier qui intervient réellement alors est celui du premier genre avec le
point d'appui à l'articulation, la résistance au niveau de la ligne de gravité
et la puissance toujours à l'extrémité du calcanéum. De sorte que l'on
peut.dire que ce genre de levier n'existe pour ainsi dire pas dans l'éco-
nomie lorsque la puissance est l'action musculaire.' On le retrouve au
contraire, lorsque, suivant le jeu des leviers, la puissance se trouve être
la pesanteur. - '
Les muscles sont surtout disposés de manière à faire exécuter à la résis-
tance des mouvements étendus avec un faible déplacement de lapuissance,
c'est-à-dire avec un faible raccourcissement musculaire. C'est ce qui se pro-
duit avec le levier du troisième genre qui est le levier delà vitesse et le
plus répandu dans l'économie. On le trouve, surtout dans les mouvements
destinés à lutter-Contre l'action de la pesanteur. :
.
11 se distingue parla brièveté du-bras.dé. la puissance par rapport à celui
de la résistance:
Exemple : la flexion de l'avant-bràs sur-'lediras, la'flexion de.la jambe sur
V.
Dans la flexion de l'avant-bras sur le bras (fig. 4-) le point d'appui est à 1
di cul aire au bras de levier. Plus elle est oblique, plus elle doit croître pour
arriver au même résultat.
Un muscle aura donc d'autant plus de puissance que ses fibres seront
nerpendiculaires à l'os qu'il doit mouvoir. Celte disposition rare dans l'or-
ganisme, puisque les muscles des membres sont pour la plupart disposés
parallèlement au grand axe des os, est compensée en partie par le volume
des tètes, articulaires qui font office de poulies de renvoi, augmentant
ainsi l'angle sous lequel se fait l'insertion des muscles.
La direction du corps charnu importe peu. la force s'exerce suivant la di-
rection d'implantation du tendon sur l'os.
11 résulte de ce qui.précède que, pour un même muscle, l'angle d'inser-
muscle.
.
Nou's venons de voir quel rôle le muscle joue dans les mouvements du
corps. C'est l'unique moteur de la machine humaine. Il est le générateur
de tout travail accompli par celte machine.
Si l'on songe, d'autre part, que le système musculaire compose à lui seul
la grande masse du corps, qu'il est en grande partie situé immédiatement
sous la peau, on comprendra toute l'importance qu'acquiert, au point de
vue de la morphologie du mouvement, l'état physiologique des muscles.
Cet état se traduira nécessairement par une modification de la forme exté-
rieure correspondante, et tout mouvement musculaire correspondra exté-
rieurement à des formes spéciales qui varieront avec sa nature et son
étendue.
Ce sont ces formes qui intéressent particulièrement les artistes, et l'exa-
men méthodique du nu sera, pour l'étude que nous entreprenons ici, notre
principal procédé d'investigation.
Nous devons donc chercher à définir tout d'abord la forme du muscle sur
le vivant, et les modifications de cette forme eu rapport avec les états phy-
siologiques par lesquels le muscle peut passer.
Mais auparavant, rappelons quelques détails anatomiques nécessaires. 11
importe, en effet, de bien préciser que cette forme musculaire vivante ne
dépend pas seulement du mode de structure du muscle lui-même. Elle est,
.
en outre, grandement influencée par les faisceaux et plans fibreux, péri-
musculaires. Nous savons, en effet, que tous les muscles sont contenus
(1) J'ai fait pour ce chapitre de nombreux emprunts à mon livre : Physiologie
artistique, Doin, éditeur, 1S95.
14 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
dans une gaine aponôvrotique plus où moins dense au milieu de laquelle
ils glissent dans leurs phases de raccourcissement et d'allongement. Cette
enveloppe les maintient dans leurs rapports réciproques et empêche les
déplacements que le jeu des leviers osseux qu'ils font mouvoir ne manque-
rait pas d'entraîner. Les pressions que subissent les corps charnus muscu-
laires, de la. part de celte enveloppe et des faisceaux qui la doublent en
certains points, ont pour effet d'altérer la forme du muscle lui-même en y
produisant des dépressions et des sillons bordés de saillies. Ces sillons se
produisent d'ordinaire dans le relâchement musculaire, et ont une direc-
tion perpendiculaire « la direction des fibres charnues.
Par contre, les faisceaux musculaires eux-mêmes, lorsqu'ils se con-
tractent, deviennent plus distincts, par suite de leur goullement. Us sont
séparés par des sillons dus à la cloison, fibreuse qui les sépare et ne saurait
se distendre en proportion. Ces sillons, indices de la. contraction muscu-
laire, sont donc, par opposition à ceux que nous venons de signaler, pnra/-
lèles à la direction des fibres charnues elles-mêmes.
résulte, de l'examen fait sur le vivant, que chaque muscle a une forme
Il
qui lui est propre, et que pour distinguer les différences morphologiques de
ses différents étals d'activité ou dé repos nous ne pouvons plus nous en tenir
à cette formule simpliste : quand un muscle se contracte, il se raccourcit
cl, augmente en même temps d'épaisseur. C'est beaucoup plus compliqué
dans la nature, et nous verrons que gonflement et raccourcissement ne
sont ni les seuls caractères, ni les signes indispensables de la contraction.
muscle dont les fibres ne suivent plus le court chemin de la ligne droite
entre ses points d'attache au squelette, et la chose se produit, pour tous les
muscles de l'économie, lorsque, dans l'ôlat d'inaction, leurs insertions
extrêmes sont l'approchées au delà d'une certaine limite.
Je vais ici à l'encontre d'une idée qui a cours en physiologie, et d'après
laquelle, sur le vivant, les muscles sont toujours plus ou moins tendus, ce
qu'on reconnaît, dit-on, à la légère rétraction qu'ils subissent quand on les
divise en travers. Les uns attribuent cette légère tension à la tonicité mus-
culaire, les autres à l'élasticité du muscle qui, sur le vivant, serait sans
cesse sollicité par les rapports que le muscle présente avec ses points d'at-
tache, de sorle que le muscle serait toujours tendu au delà de sa longueur,
naturelle de repos complet-
Or, c'est là une erreur que nous avons relevée il y a longtemps (1).
On admettra bien qu'un muscle n'est nullement tendu, et par suite qu'il
est complètement relâché, lorsqu'il se laisse éloigner sans aucune résis-.
tance de la ligne droite qui joint ses points d'attache, ou même lorsque son
corps charnu s'affaisse sous l'action de la pesanteur au point de décrire une
ligne courbe entre ses insertions, ainsi que la chose s'observe facilement
sur le biceps, par exemple, lorsque, le bras levé horizontalement, le coude
repose sur un appui et que tout le membre est inerte.
Le relâchement peut se traduire encore par des replis transverses du
corps charnu ou des tendons eux-mêmes, non moins démonstratifs. Et je
puis citer, dans cet ordre d'idées, les sillons transverses qui divisent les
masses lombaires dans la station droite, le repli que, dans l'extension
forcée de l'avant-bras, le tendon du triceps brachial forme au-dessus de
l'olécrâne, le sillon qui coupe transversalement le tendon rolulien dans la
station droite, etc.
Sur la grenouille, et aussi sur les autres animaux, le relâchement mus-
culaire physiologique est très facile à constater. Il suffit, après avoir
dépouillé une patte de grenouille, par exemple, de placer l'articulation du
genou dans la flexion et l'articulation du pied dans l'extension pour voir Je
gastroenômien se plisser transversalement. Ces plis existent aussi bien sur
le corps charnu que sur le tendon. Si l'on vient alors à couper par le milieu
le corps charnu du muscle, on constate que les surfaces de section restent
(11 Noto.surla tension musculaire dans les conditions physiologiques (Société
de Biologie, 17 lévrier 1894)
16 ANATO.MIE. ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
ment ait lieu, il faut que le muscle ait été mis préalablement dans un état
de distension plus ou moins considérable. D'où je conclus que, dans l'expé-
rience citée plus haut, lorsque les deux tronçons d'un muscle sectionné en
travers s'écartent, c'est que le muscle, au moment de la section, était plus
ou moins distendu.
C'est d'ailleurs ce qui arrive toujours si l'on n'a pas soin de placer le
membre, pour chaque muscle ou groupe musculaire, dans une position
déterminée.
Il faut donc conclure, contrairement aux idées courantes, que le muscle
sur le vivant n'est pas toujours dans cet état de tension d'ailleurs éminem-
ment favorable à son action, ainsi qu'on l'a fort justement remarqué. Le
relâchement complet et absolu existe; et certainement il a aussi ses avan-
tages pour le bon fonctionnement de la machine humaine, ainsi que nous
le verrons plus loin. Mais si la tension musculaire n'est point permanente,
elle se produit fréquemment par l'écartemenl des points d'insertion, soit
sous l'influence de la pesanteur, soif par l'action des antagonistes. Et, dans
toutes les actions musculaires un peu violentes, on peut signaler une période
de préparation qui consiste justement dans la mise en état de tension plus
ou moins considérable des muscles qui doivent agir.
Le muscle peut sortir de l'état de relâchement dans lequel ses fibres ont
une longueur fixe et moyenne toujours la même, de deux façons : ou en se
raccourcissant ou en s'allongeanl, par la contraction ou par la distension.
contre de l'olécrâne avec l'humérus, tandis que les extenseurs des doigts ne
rencontrent aucun obstacle mécanique à leur allongement, et que la limite
de leur extensibilité seule- empêche la flexion simultanée des doigts et du
poignet de se produire aussi complète que possible.
La distension mettant en jeu l'élasticité du muscle n'est plus un état de
repos complet. Le muscle accomplit un travail, puisqu'il oppose une résis-
tance, alors même qu'il n'entre pas en contraction; mais il arrive sou-
vent que la contraction se surajoute à la distension, ainsi que nous le dirons
plus loin, et comme fa fait observer M. le professeur Ranvier il y a déjà
longtemps.
Il y aurait donc lieu, de distinguer deux sortes de distensions : la disten-
sion passive, lorsque le muscle se laisse distendre sans entrer en contrac-
tion, et la distension active qui s'accompagne de contraction.
vait se trouver.
11 considère que le musele'peut
passer par quatre états physiologiques
jf;
18 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
différents : il peut être tendu et au repos; fendu et contracté; revenu sur K
lui-même et au repos; revenu sur lui-même et contracté. t;
Le lecteur saisira sous ces dénominations un peu différentes les divers étals I;
physiologiques que nous avons distingués : le relâchement, la distension [
passive ou active, et la contraction avec raccourcissement ou allongement t
intime du muscle, il existe deux éléments distincts qui sont le siège de ces
deux qualités.
A représente une fibrille musculaire striée, revenue sur elle-même et au
repos (Ranvier), nous dirons dans 1 état de relâchement.
Elle se compose de disques alternativement clairs et foncés disposés dans
l'ordre suivant :
a. Disque mince foncé. C'est un élément neulre, pour ainsi dire, ne chan-
geant pas de forme quel que soit l'état physiologique du muscle, véritable
pièce de charpente destinée à maintenir les rapports des fibrilles entre elles,
par son adhérence au sarcolemne, et, par son intermédiaire, aux autres
disques milices foncés des fibrilles voisines, situées au même niveau.
b. Disque clair de même dimension formé d'une substance élastique.
o. Disque épais foncé encadré par deux, disques clairs et formé exclusive-
ment de substance contractile.
Les mêmes éléments se^uccèdent dans toute la hauteur de la fibrille.
B-représente la même fibrille toujours au repos, mais en élafde disten-
sion (muscle au repos tendu de Itanvier).
On voit que les disques épais sombres (u) n'ont, point changé de forme (il
n'y a pas contraction), mais les parties élastiques (b) se sont allongées et
ont augmenté en hauteur.
C. Sur la même fibrille distendue, la contraction amène les changements
suivants: le disque épais sombre qui est la partie contractile de la fibre
diminue de hauteur pour gagner en largeur, d'où résulte un allongement
plus considérable encore des disques clairs élastiques. C'est la fibre mus-
culaire d'abord distendue et dont la contraction accentue encore la lension.
Supposons maintenant que la fibrille A relâchée, soit maintenue à ses
deux extrémités de façon que la e'onlraclron y survenant ne puisse en modi- .
fier la longueur; nous aurons en D des modifications.analoguesà celles que
nous avons signalées en C : diminution de hauteur des disques épais, allon-
gement des disques clairs. C'est la contraction musculaire ne s'aceompa-
gnant ni d'allongement, ni de raccourcissement, mais dont l'effet a été de
fendre le muscle.
Si la contraction parvient à vaincre la résistance appliquée aux extré-
mités de la fibre, il se produira alors un raccourcissement et par suite un
épaississement proportionnel dû aux changements de forme du disqueépais
contractile que nous supposons, pour répondre'aux faits macroscopiques,
£0 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
gagner exactement en largeur ce qu'il perd en hauteur. Et nous avons les
deux schémas E et F, suivant le degré de raccourcissement musculaire, et
sur lesquels il nous semble superflu de distinguer les parties constitutives
que le lecteur reconnaîtra facilement.
J'ajouterai que, dans l'état physiologique, c'est-à-dire sur un muscle
observé dans ses rapports naturels sur le vivant, le raccourcissement,
quelque considérable qu'il soit, s'accompagne toujours de tension. 11 faut
donc admettre que les disques clairs élastiques ne sont, jamais entièrement
revenus sur eux-mêmes comme sur le muscle relâché (A), ou bien que si
leur élasticité n'est plus sollicitée dans le sens de la hauteur, celle-ci étant
revenue égale à celle de l'étal du relâchement ou même moindre, elle l'est
toujours dans le sens de la largeur en vertu de l'élargissement des disques
contractiles qui les tiraillent dans ce sens.
posé d'un moins grand nombre de faisceaux distincts. Par exemple, le del-
toïde est formé de trois parties, tiers moyen, tiers antérieur et tiers posté-
rieur, dont le modelé, dans le repos du muscle, ne présente guère de
différence. Dans la contraction, il n'en est plus de même, et pendant que le
tiers antérieur et le tiers postérieur offrent une surface à peu près uniforme,
le tiers moyen est marqué d'un grand nombre de sillons qui limitent les
faisceaux distincts dont il est composé.
La forme d'un muscle contracté et distendu, participe à la fois aux formes
spéciales à la contraction et à la distension, c'est-à-dire qu'il se distingué
par l'accentuation des divers faisceaux dont il se compose et. par un relief
des fibres charnues variable avec le degré de la distension, mais toujours
moindre que le relief dû au simple relâchement, musculaire.
La conclusion de ceci, aussi intéressante pour le physiologiste qui veut
étudier sur le nu le jeu de la machine humaine, que pour l'artiste qui veut
représenter le corps humain en mouvement, c'est que la saillie que l'ait un
muscle ne saurait à elle seule constituer un indice certain de l'état d'acti-
vité ou de contraction, pas plus que son aplatissement ne coïncide toujours
avec l'état de repos ou le relâchement. '
On verra presque toujours, sur un muscle distendu, la contraction dimi-
nuer le relief au lieu de l'exagérer. Pour juger sûrement de l'état d'activité
ou de repos musculaire, il faut faire intervenir un autre élément d'appré-
ciation qui consiste dans le modelé spécial de la région.
Nous avons résumé ce qui précède dans la série des schémas ci-contre
(fig. 7). Le muscle représenté n'est pas plus.le:biceps qu'un autre muscle.
C'est un muscle idéal figuré successivement dans les différents états physio-
logiques étudiés plus haut. En A, le muscle est en état de relâchement, les
libres charnues ont leur longueur naturelle; il n'est pas tendu, il obéit à la
pesanteur; le corps charnu et le tendon peuvent se plisser transversalement
si les points d'attache se rapprochent davantage (A').
En B, le muscle est contracté ; il est en même temps raccourci par suite
du rapprochement de ses insertions en deçà des limites de sa longueur
naturelle. 11 augmente en même, temps d'épaisseur. Raccourcissement et
épaississement vont ensemble et augmentent avec le rapprochement des
insertions (B').
En C, le muscle est distendu parréloignement de ses points d'attache au
delà des limites de sa longueur naturelle. 11 est distendu passivement, si le
FIG. 7.
— Schémas relatifs aux différents états physiologiques."du muscle. AA'. reUtebeaiouf
B.B contraction..CC. distension.
.
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 23 :
]*'IG. S.
— Modifications de la forme de la partie postérieure du liras suivant l'état physiologique
du muscle triceps. — A, le membre supérieur retombe naturellementle long du corps. Relâchement
du muscle. — H, extension forcée de Tavanl-bras sur le bras. Contraction avec raccourcissementet
gonllemeni du muscle. — C, lloxion forcée de l'avant-bras sur le bras. Distension du muscle.
Prenons un exemple :
Considérons les mouvements de flexion cf. d'extension de l'avant-bras sur
le bras. Dans le mouvement de flexion, le système représente un levier du
troisième .genre. Le point d'appui est à l'articulation, la puissance au point
d'attache des muscles fléchisseurs, et la résistance au centre de gravité
de l'avant-bras et de la main.
Dans l'extension, les choses changent, et trois cas peuvent se présenter :
1" l'extension est produite sous la. simple influence de la pesanteur,
l'avant-bras retombe de lui-même, l'action musculaire est nulle; 2°l'exten-
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 25 -
.
Fie. lo. — Mouvements de flexion et d'extension de l'avant-bras sur le bras (suite).
30 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Dans le troisième cas, la contraction musculaire le- cède à la pesanteur,
puisqu'il y a extension.
Donc : contraction dynamique avec travail négatif < P.
D'où nous pouvons conclure que l'effort statique est plus.petit que l'effort
dynamique avec travail positif et plus grand que l'effort dynamique avec
travail négatif. Et si nous comparons entre eux les deux efforts dynami-
ques, nous conclurons que l'effort avec travail positif est plus grand que
l'effort avec travail négatif.
L'examen de nos photographiesinstantanées confirme cette vue de l'esprit.
Tout en constatant q°ue, dans les deux cas, la forme générale du muscle est la
même, on observe une différence dans le degré d'accentuation de cette forme.
Sur les deux photographies de la figure 9 (fil et IV), qui représentent
la flexion et l'extension de l'avant-bras avec un poids dans la main, il est
bien évident que le biceps du membre qui se fléchit forme un relief plus
isolé, souligné par une ombre plus forte que le relief du biceps du membre
qui s'étend. La saillie générale du muscle est la même dans les deux cas,
mais, dans l'extension, le relief du biceps se confond avec celui des parties
voisines, tandis que, dans la flexion, il en est séparé par un sillon qui
indique clairement une tension plus accentuée du muscle.
Nous ajouterons que ces différences de valeur entre les diverses formes
de la contraction varient certainement avec la vitesse du mouvement exé-
cuté. Plus le mouvement sera, lent, plus, ces différences s'atténueront; elles
s'accentueront au contraire avec la rapidité du mouvement.
En effet,, si le mouvement de flexion et d'extension de l'avant-bras s'exé-
cute très lentement, les deux efforts dynamiques, à la montée et à la des-
cente, tendent à se rapprocher de l'effort statique sans toutefois y atteindre
jamais, du moins théoriquement, tant que le mouvement existe.
Lorsque au contraire le mouvement augmente de rapidité, l'effort du
muscle qui retarde la chute du membre est d'autant moindre qu'il la retarde
moins, c'est-à-dire que le mouvement du membre se rapproche davantage
de celui que lui imprimerait la seule action de la pesanteur. Il en résulte
;
que;, dans ces circonstances, lès différences ne peuvent que s'accentuer entre
les deux formes dé la contraction dynamique.
Nous pouvons donc conclure que les images d'un membre-qui s'étend diffé-
reront d'autant plus de celles d,u même membre qui se fléchit que la rapidité du-
mouvementsera plus; grande.
PHYSIOLOGIE DU MUSCLE SUR LE VIVANT 31
L'expérience nous montre, en effet, que, dans les mouvements très rapides,
l'opposition est complète entre le membre qui se.fléchit et le membre qui
s'étend.. Les photographies (fig. 9, V et Vf) sont parfaitement concluantes.
Dans la flexion, le biceps forme un relief qui n'existe plus dans l'extension,
.le sais bien qu'alors le biceps est inactif au moment de l'extension et
qu'il ne saurait plus être question de contraction frénatrice. Aussi je ne
rappelle ce cas que pour montrer le point extrême vers lequel-tend la con-
traction frénatrice du biceps, alors qu'augmente la vitesse de l'extension de
l'avant-bras sur le bras.
Aux formes de contraction déjà étudiées, il nous faut en ajouter une
autre, que nous avons désignée sous le nom de contraction balistique et qui
se rencontre tresfrequemmentdanslejeu.de la machine humaine. Elle
consiste en ce qu'elle se produit très énergiquement et très brusquement
sur un muscle en état de distension, qu'elle dure très peu de temps, et
qu'elle cosse brusquement et complètement bien avant que le mouvement
du levier osseux qu'elle actionne ne soit terminé. Ce mouvement, sous l'im-
pulsion quasi explosive du muscle, ne s'accomplit et ne s'achève qu'en vertu
de la vitesse acquise et de l'inertie des parties mises en mouvement, de
même qu'une pierre qu'on lance dans l'espace y décrit.seule une certaine
trajectoire. Cette forme de contraction est suivie durelàchement du muscle
le plus complet, et va à rencontre de l'erreur généralement répandue du
muscle perpétuellement tendu.
Elle se rencontre sur le triceps fémoral à un certain moment de la
marche, comme nous le verrons plus loin, dans l'acte de donner un coup
de poing, dans celui de donner un coup de pied, etc.
On nous permettra-de citer ici ce dernier exemple, parce que la contrac-
tion balistique s'y montre avec des caractères particulièrement saisis-
sants (1). La figure 11 représente quatre attitudes successives 'd'une série
chronophotographique d'un homme donnant un coup de pied. En- A et.
en B, le muscle triceps distendu par la flexion de la jambe.est en même
temps vigoureusement contracté, ainsi que le montre l'accentuation du
dessin des différents faisceaux dont il se compose. En Cet.D, la jambe vive-
ment lancée en avant arrivé à l'extension. Pendant que A et B nous mon-
trent une action musculaire énergique. C et B nous offrent l'exemple d'un
Paul BiciiEii, Note sur la contraction du muscle quadriceps dans Pacte de
(.1)
donner- un-coup de pied (Société de Biologie, 23 mars 1895).
32 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
relâchement musculaire complet se présentant
sous deux aspects différents,
mais non .moins caractéristiques. C'est d'abord
un gonflement énorme de
la cuisse que nous observons le gonflement. Cette saillie exagérée est d'un
modelé uniforme, ne ressemblant en rien au relief occasionné par la con-
traction dont les principaux, caractères sont l'accentuation des différents
faisceaux musculaires et les dépres-
sions au niveau de l'insertion des fibres
charnues sur les tendons, ainsi que
nous l'avons exposé plus haut. Ici, rien
de semblable, et cette saillie, beaucoup
plus considérable d'ailleurs que celle
due à lit contraction, dont la surface
ne révèle aucun des détails de la struc-
ture du muscle, ne peut être occasion-
née que par le soulèvement en masse
du muscle relâché, projeté eu avant
pour ainsi dire, comme un corps inerte,
par le mouvement même imprimé au
membre. S'il restait encore un doute, Fui. 12. — Extension lente do la .jambe-sur
il suffirait de comparer la photogra- la cuisse maintenue horlzontulo.
spécial, et pendant que les novices lancent la balle en -contractant leurs j,;;
i --
muscles pendant tout le temps de 1 action, eux se rendent très bien compte s%
11 est plus que vraisemblable d'admettre que les mêmes différences phy-
siologiques se rencontrent chez les muscles rouges de l'homme, et-qu'il
doit exister, suivant la fonction qui leur est. plus particulièrement dévolue,
des muscles plus ou moins élastiques, c'est-à-dire des muscles à contraction
brusque et des muscles à contraction lente.
Nous avons tout lieu de supposer que la contraction balistique, par
exemple, ne saurait se rencontrer que chez des muscles peu élastiques, à
contraction brusque.
D'autre part, il est un muscle que l'on pourrait appeler le muscle de la
station verticale, ainsi que nous l'établirons plus loin; c'est le muscle so-
léaire. Nos prévisions nous portent à croire, que, dans ce muscle, la partie
élastique prédomine, et qu'en conséquence ce doit être un muscle à
contraction lente, ,1e ne vois d'ailleurs, dans tous les mouvements de
l'homme, aucune circonstance dans laquelle le soléaire doit être le siège
d'une contraction brusque et courte. Ses fonctions en font, à proprement
parler, un muscle ôquilibratcur, ainsi que M. Ranvier désigne les muscles
rouges.
Par contre, le triceps crural, dont nous démontrerons plus loin le rôle
dans la marche, et qui est fréquemment le siège de la contraction balis-
tique, doit être un muscle peu élastique et à contraction brusque. On voit
qu'il y a là tout un domaine encore inexploré et qui mérité d'attirer l'atten-
tion des physiologistes et des chercheurs.
subitement avant que le membre ait achevé son mouvement qui se continue
.en vertu de la seule inertie des parties.
Ainsi, prenons le membre au moment où il est étendu; le biceps se
contracte alors fort énergiquement et sa contraction persiste encore au
moment où le membre passe à l'angle droit, mais, arrivé au point extrême
de la flexion, le muscle biceps est complètement relâché. La comparaison
des deux photographies 111 et V de la figure 10 est instructive, 'foules les
deux sont prises'sur le membre en mouvement; sur l'une (III) le-membre
se meut lentement, sur l'autre (V) il se meut très vite. Sur la première, le
relief du biceps est énorme. Sur la seconde, le biceps est comme aplati.
A partir de ce moment, l'avant-bras s'étend alors sous l'influence d'une
contraction énergique du triceps nullement entravé par le biceps qui est
complètement, relâché (ce qui n'a pas lieu dans le mouvement lent). Mais
avant que le membre arrive à l'extension, le triceps estd.éjà relâché et la
photographie VI de la figure 10, prise pendant le mouvement très rapide,
nous montre un membre étendu à l'extrême avec un extenseur absolument
flasque, ce qui n'a point lieu pour le mouvement lent (IV, fig. 10), sur
lequel nous voyons le triceps contracté.
Ainsi donc, dans ce cas, l'avant-bras se trouve pour ainsi dire lancé
dans les deux directions différentes par. la contraction momentanée et alter-
native des deux muscles antagonistes, à la manière d'une balle que deux
joueurs de,paume se renvoient.
Nous pouvons retrouver ce jeu des antagonistes dans les diverses parties
d'un même muscle, le deltoïde, lors de l'élévation d'un bras en dehors. Le
fait est particulièrement saisissant et mérite que nous nous y arrêtions un
instant;
L'élévation des bras en dehors est sous la dépendance du muscle del-
toïde. Je néglige pour le-moment 1'aclioiï synergique du grand dentelé.
Mais .de. muscle ne concourt pas dans son entier à ce mouvement d'éléva-
tion : ses deux tiers antérieurs sont élévateurs, son tiers postérieur, au
FIG. 13,
— Mouvements d'élévation et d'abaissement du bras en dehors.
:J9
40 ANATOMIE ARTISTIQUE DU C.OÉPS HUM-AIN
contraire-, est abaisseur du bras; ce dernier tiers est donc antagoniste de
l'autre portion du muscle. .y
Que le membre s'élève ou s'abaisse, la main chargée, d'un poids ou à
vide, là forme du deltoïde ne change guère, et la contraction n'existe tou-
jours que dans les deux tiers antérieurs. Sur des photographies instan-
tanées qui représentent un- homme abaissant un bras pendant que l'autre
s'élève, et saisi juste au moment où les deux membres sont au même
niveau, il est impossible de dire, d'après le seul examen morphologique
des deux membres,.lequel monte et lequel descend.
Si le membre, dans ce mouvement, au lieu de porter un poids, exerce
une traction de haut en bas par l'intermédiaire d'une poulie placée en haut
et d'une corde, les choses changent. Le muscle en jeu est l'abaisseur au lieu
d'être l'élévateur, et c'est le tiers postérieur du deltoïde qu'on voit alors se
contracter (fig. 13, I et II). La contraction est plus forte, cela va sans dire,
dans l'abaissement que dans l'élévation du membre, car, dans ce dernier easi
le muscle ne fait que retenir le poids entraîné par la pesanteur; c'est la
contraction frénatrice dont l'effort, est diminué par les frottements de la
corde sur les.poulies. Mais,,dans les deux cas, la contraction est évidente.
Si, maintenant, nous considérons l'épaule du membre qui se meut très
rapidement, nous voyons une opposition complète dans les formes, suivant
qiie le membre monte ou descend. S'il monte, la contraction est aux deux
tiers antérieurs du deltoïde; s'il descend, elle est au fiers postérieur. Les
photographies instantanées sont très démonstratives, .(fig. 13,-III et IV)-.
Dans ce cas, il nous sera donc très facile, sur l'image du membre saisi
au milieu de' son mouvement, dé dire dans quel sens s'exécute cemou-^
vement. :
.
:
-De même, sur l'image du membre arrivé à son point extrême d'élévation;
nous saurons s'il se. meut lentement ou rapidement. Dans le premier cas]
la;contraction de la partie moyenne et antérieure du deltoïde se maintient!
tandis que,-dans le mouvement, rapide, elle n'existe.plus bien avant que le :
Les mouvements de rotation des membres sur leur axe obéissent aux
mêmes lois. La rotation en dehors s'obtient par l'action d'autres muscles
que la rotation en dedans.
Dans les mouvements lents, j'ajouterai que les antagonistes du mouve
ment sont généralement légèrement contractés.
13.
— Dans les mouvements très rapides, il n'y a pas de catégorie d établir ;
dans tous ces cas, les choses se passent comme dans les mouvements qui ne sont
pas influencés par la pesanteur. L'action musculaire existe toujours du côté du
sens du moncement, par exemple dans les fléchisseurs lors de la flexion,
dans les extenseurs lors de l'extension, et les muscles antagonistes sont
manifestement relâchés.
Dans ce cas, la forme du membre, est. telle qu'à la seule inspection de
l'image on peut, déduire le sens dans lequel le membre se meut.
DE L'ÉQUILIBRE
ET DES DIFFERENTES FORMES DE STATION
Bien que cette attitude soit rarement prise par l'homme livré- à lui-
même, avec la correction que. nous -venons d'indiquer, son étude n'en est pas
moins de la plus haute importance. Car elle est, pour ainsi dire, le type de
toute.station et son mécanisme donne la clef de la-'plupart' des problèmes
que soulève l'équilibre du corps humain. Ces remarques suffisent à justifier .
les détails dans lesquels nous allons entrer à son sujet.
Mais'elle est, en outre,-absolument favorable à l'étude des formes exté-
rieures, et. cela à l'exclusion de'toute autre, dont l'allure plus ou moins
mouvementée renseigne mal et peut même tromper.sur la vraie structure
des diverses parties du corps. Nous ne saurions trop engager les artistes
qui choisissent leurs modèles à les étudier d'abord dans cette attitude. Si
l'harmonie et la belle ordonnance de leurs formes résistent à ce premier
examen, toute autre pose ne peut que les faire valoir davantage. D'autre
part, c'est la seule manière de bien juger des diverses imperfections qu'ils
peuvent présenter; de manière à s'en prémunir s'il est besoin. Nous avons
eu l'occasion de voir et d'étudier des modèles de toutes sortes, hommes et
femmes, parmi lesquels quelques-uns vraiment remarquables. Eh bien !
même parmi ces derniers, il n'en était pas un seul qui, dans la station
droite que nous indiquons ici, présentât un ensemble absolument parfait.
Il est bien entendu qu'il ne s'agit pas ici d'une appréciation purement,
esthétique. Les imperfections relevées étaient- simplement d'ordre an-ato-
mique et physiologique. Nous pouvons donc dire qu'un artiste ne connaîtra
pas complètement son modèle tant qu'il ne l'aura pas soumis à cet examen
que nous considérons comme une véritable épreuve.
MÉCANISME..
Le corps humain, composé de différents segments articulés les uns avec
les autres, ne peut se tenir droit qu'aux conditions suivantes : 1° il faut que
ces différents segments offrent une/résistance suffisante pour pouvoir être
soutenus et supportés les uns par les autres; 2" il faut ensuite qu'ils soient
'.-...
maintenus dans un état d'extension réciproque; 3° il faut enfin que le centre
de gravité passe par la base de sustentation.
nous faisons nos réserves, disposé que nous sommes à les accepter, suivant
les régions, soit l'une à l'exclusion de l'autre, soit les deux à la fois.
Nous ferons observer néanmoins qu'à la place de la tonicité ou contra c-
tilité musculaire tonique, admise par Giraud-Teulon, nous admettons tin
état de distension du muscle avec contraction que nous avons désigné sous
le nom de distension active.
KIG. 1G. — équilibre des divers segments du corps les uns sur les autres dans la station droite. —
I, station du tronc sur les cuisses. — II, station des cuisses sur les tibias. —' II], station des
jambes sur les pieds. —: A, point d'appui au centre articulaire. — P, ligne de gravité. — R, ré-
sistance ligamenteuse (1, 11) ou musculaire (111).
soit en avant, soit en arrière. .11 en résulte que l'action musculaire seule
peut, dansla station droite, fixer cette articulation.
En quoi consiste et où réside cette action musculaire?
Nous verrons tout à l'heure que la ligne de gravité du corps passe bien
ÉQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE STATION 51
li... 1S. — Le même mannequin que figure 17 dans la slalipn sur la plante (1)
et dans ta station sur la pointe îles pieds (11).
équilibre sur les deux pieds placés comme dans la station droite, en pre-
nant contact avec la planche successivement par différents points de la
longueur de la semelle, de la pointe au talon (fig. 19, 1, 2, 3). Chaque fois
que l'équilibre est bien établi, une photographie est faite; je n'ai pas besoin •
Au point de vue des formes extérieures (fig. 24 et 25), les caractères mor-
phologiques de la stalion droite sont les suivantes : le ventre est légère-
'.' nient tendu et les reliefs'des muscles droits s'y accusent discrètement ; àint
reins, les muscles spinaux forment dès reliefs mous et arrondis, souvent
marqués d'un, ou plusieurs sillons transversaux.
EQUILIBRE ET DIFFERENTES FORMES DE .STATION 61
La théorie classique veut que, dans l'acte de se soulever sur la pointe des
pieds, le pied, représente un levier du deuxième genre dont les exemples
sont fort rares dans l'économie. La puissance se trouverait en arrière appli-
quée au talon et représentée par le triceps sural, le point d'appui.en avant
.
du genou.. Cette dernière est clon'c maintenue en extension par la seule force
de la pesanfeur.:Et l'extrémité supérieure du tibia étant ainsi rendue fixe,
64 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
la contraction du gastroenémien a pour effet nécessaire de soulever le
talon. Mais comme dans cette expérience la ligne de gravité ne passe pas
par la nouvelle base de sustentalioni'orméepar les orteils,la chute en arrière
est inévitable. En effet, l'équilibre de la station sur la pointe des pieds,.
ÉQUILIBRE ET. DIFFÉRENTES FORMES DE STATION 65
MÉCANISME.
Une liscne transversale, passant par les centres d'articulation des deux
épaules, forme .l'axe des épaules. Cette ligne se
trouve sur le nu à la hauteur de la deuxième pièce
siernale (fig. 31 et 32).
Le centre articulaire de la hanche correspond
sur le nu au milieu- du pli de l'aine. Une ligne
passant par ces points représente l'axe des hanches.
Une ligne, qui joint le milieu de l'axe des épaules
au milieu de l'axe des hanches, forme l'axe du
tronc. L'axé du membre inférieur portant a été
tracé, de la ligne des hanches prolongée jusqu'au
niveau du grand trochan-
ler, à l'articulation tibio-
tarsienne.
Sur la face postérieure,
les mêmes axes se retrou-
vent. Ceci posé, l'aplomb
d'un homme qui hanche
est facile à établir.
L'axe du membre por-
tant incline en haut et en
dehors. L'axe des hanches
penche du côté de la jambe
fléchie et l'axe des épaules Fie. 81. — Schéma de la sta-
tion hanchée. Type contra-
incline aussi, mais du côté rié dans lequel l'axe du
tronc est oblique en sens
opposé. Une verticale me- inverse de l'axe du membre
portant.
née du creux sus-slernal F.F.', .
FOIUIES EXTÉRIEURES.
Tout, ce qui précède devient la raison de formes extérieures qui méritent
d'être étudiées avec quelques détails (fig. 35 et 36).
Nous commencerons par les extrémités inférieures. Les deux jambes
offrent un contraste frappant non seulement par leur direction générale,
l'une étant étendue, l'autre fléchie, mais surtout par la conformation même
des parties. C'est ainsi que le mollet de la jambe portante est tendu, accu-
sant nettement les différents plans, pendant que l'autre mollet n'offre que
les surfaces arrondies d'un relâchement musculaire complet.
Mais ces différences sont surtout frappantes aux cuisses. Elles semblent
de volume différent. Vue de face, la cuisse de la jambe portante est étroite,
son diamètre transversal est diminué, conséquence de la distension du
ligament iléo-fémoro-tibial qui comprime les chairs latéralement, et les
refoule en avant. Aussi le diamètre antéro-postérieur s'en trouve-t-il aug-
menté. L'autre cuisse est, au contraire, presque uniformément arrondie.
Vue de face, en même temps que l'autre, elle paraît beaucoup plus volu-
mineuse.
En outre, on remarque, sur la cuisse portante, les reliefs fort accentués
au-dessus de la rotule des extrémités inférieures du vaste interne et du
vaste externe, indices frappants du relâchement de ces muscles. En haut,
au contraire, le tenseur du fascia lata dessine son corps charnu distendu et
contracté, car il confond ses insertions inférieures avec le grand ligament,
iléo-fémoro-tibial dont nous venons de parler, et il contribue avec celui-ci
à limiter l'inclinaison latérale du bassin.
72 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Dès deux hanches,,l'une est saillante, l'autre est effacée.
Les fesses forment également un contraste saisissant. Du côté portant, la
fesse est plus étroite et saillante par suite de la contraction de la moitié
supérieure de ses muscles (moyen fessier). Cette forme s'accentue encore, si
le grand fessier lui-même entre en contraction, ce qui n'est pas nécessaire
prolonge jusque vers la partie inférieure du dos. 1.1 est bordé du côté de la
convexité par une masse sacro-lombaire saillante, tendue et contractée,
luttant contre l'incurvation vertébrale, pendant que, de l'autre"côté, la
masse sacro-lombaire est molle et fuyante.
La'région sous-scapulaire, du côté portant, est déprimée, le flanc se
creuse, et le défaut des côtes est marqué d'un pli transversal, pendant que,
de l'autre côté, la môme région est légèrement bombée, surmontant le
flanc uni et distendu qu'elle continue sans démarcation arrêtée.
En avant, le sillon médian du torse subit une inflexion analogue à celle
de la colonne vertébrale. La poitrine, affaissée du côté portant, se déve-
loppe largement de l'autre.
La ligne des seins est oblique dans le même sens que la ligne des
épaules.
,1e ne parlerai pas ici de la forme du cou, ni de celle des membres supé-
rieurs, qui dépendent des attitudes qu'on imprimera à chacune de ces
parties, mais qui n'ont, aucun rapport obligé avec le mode de station dont
il s'agit.
S T AIIOK SM Cï PIEl).
La station hanchée peut se transformer très aisément en station sur un
pied. Déjà l'équilibre unilatéral est pour ainsi dire tout établi et l'acte de
soulever simplement le pied de la jambe fléchie ne saurait modifier l'atti-
tude générale. Dans certains cas, on pourra donc retrouver dans la station
sur un pied presque tous les caractères de la station hanchée. Mais les
choses changent si le pied, soulevé est plus en haut et en. avant, en arrière
ou sur le côté. -
Je ne saurais entrer ici dans la description des attitudes si variées de la
station sur un pied. Je me contenterai de désigner leurs caractères essen-
tiels et les conditions qu'elles doivent remplir.
Le déplacement d'un membre inférieur a pour effet de déplacer le centre
de granité du corps tout entier, et la condition première de toute station,
comme nous l'avons déjà dit, est que la ligne de gravité du corps passe par,
la base de sustentation quelle qu'elle soit. '
Ainsi l'inclinaison du corps du côté de la jambe portante est-elle un
caractère obligé de toutes les attitudes de la station unilatérale, (fig. 37).
Cette inclinaison est plus ou moins accentuée suivant que le pied s'éloigne
74 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
plus ou moins de la ligne médiane. Elle s'accompagne, en outre, d'incli-
naison en arrière, si la jambe est en même temps portée en avant (fig. 38).
et d'inclinaison en avant si la jambe est portée en arrière (fig. 39).
La plupart du temps, les bras s'écartent du torse, et, par leurs mouve-
STATION A GENOUX
STATION ASSISE
Dans la station assise, les membres inférieurs n'entrent pour ainsi dire
pas en ligne de compte et le tronc, porte directement sur le plan résistant,
sol ou siège. Il repose sur les ischions recouverts
des muscles fessiers. Le bassin devient presque
horizontal et la courbure des reins disparaît
(fig. 44). Les cuisses, fléchies à angle droit sur le
tronc, reposent par leur face inférieure, dans une
étendue plus ou moins considérable, sur le plan-
d'appui, et, suivant la hauteur du siège, les pieds
touchent ou ne touchent pas le sol.
La ligne de gravité passe alors par une base de
sustentation fort large et qui rend, l'équilibre très
stable. Cette base est surtout étendue en avant
par suite de la disposition des membres inférieurs
fléchis; ce qui permet au torse-de s'incliner forte-
ment en ce sens sans crainte de chute (fig. 4b).
11 n en est pas de
même en arrière où
Fie. 4i. — Station assise, le
la ligne de gravité, corps droit.
dépassant facilement
la base de sustentation de ce côté, ne permet
pas au tronc de se déplacer beaucoup en ce
sens. Cependant le tronc peut s'incliner d'une
quantité assez notable en arrière, à la condi-
tion d'établir un contrepoids en avant, soit
en allongeant les jambes, soit en fléchissant
un genou et en s'y accrochant par les mains
(fig. 46).
Je ne parle pas des cas dans lesquels la
Fie. 4a.' — Station assise, le corps chu le en arrière est empêchée par un dossier
penché en avant.
plus ou moins incliné qui fournit en 'même
temps un appui à la tête. Car alors, le corps se trouvant tout entier aban-
donné à l'action de la pesanteur, il s'agit plutôt d'une variété du décubitus.
80 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
La station assise peut donc être variée de mille façons, suivant que le
bassin repose à terre ou sur un siège plus ou moins élevé, que les membres
inférieurs sont étendus ou diversement
fléchis et que le tronc est incliné en
avant ou en arrière.
Dans la station assise, le buste droit
(fig. 44), les formes extérieures du
corps diffèrent notablement de ce
qu'elles sont dans la station droite. Les
différences existent surfout dans sa
moitié inférieure, au ventre, aux reins
et au bassin. Elles sont la cause de
l'horizontalité du bassin.
Le ventre est saillant et sillonné des
ÉQUILIBRE ET DIFFÉRENTES FORMES DE STATION 81
STATION ACCROUPIE
Je ne désigne sousce nom que les altitudes dans lesquelles les deux
membres inférieurs entièrement .fléchis ne reposent que par les pieds sur
DES MOUVEMENTS
.
MOUVEMENTS PARTIELS
Fis. 52. — Rotation de la fêle et du cou. FIG. 53. —Inclinaison latérale de la tète et du cou.
ment forcé, et son amplitude est restreinte (fig. 53). Presque toujours, elle
s'accompagne d'un mouvement de rotation qui dirige la face en haut et du
côté-opposé-et. dont la raison.indiquée plus haut est dans l'orientation
spéciale des surfaces articulaires de.la région.
MOUVEMENTS 85
ont lieu dans tous les sens, en haut, en bas, en avant et en arriére. Dans tous
ces mouvements, l'extrémité interne de la clavicule subit un déplacement
en sens inverse de celui de l'extrémité externe, l'os se comportant comme
une sorte de levier à branches très inégales dont le poiut fixe se trouverait
vers l'attache du ligament costo-claviculaire. D'où il résulte que la saillie
' de l'extrémité interne de la clavicule doit être en raison inverse du dépla-
cement de l'extrémité externe. Elle est moins forte, par exemple, lorsque
l'épaule se porte en-avant, et inversement fait une plus forte saillie si
l'épaule se porte en arrière.
- Dans l'articulation acromio-claviculaire. les surfaces articulaires à peu près
planes, n'ayant de ligament résistant qu'à leur partie supérieure, sont le
siège de mouvements peu étendus, mais dans toutes-les directions. Les liga-
ments qui réunissent en outre la clavicule à l'apophyse coracoïde ont une
certaine longueur, ce qui permet à l'angle formé par le plan de l'omoplate
et la clavicule de varier cl ouverture, suivant le
glissement de l'omoplate sur la paroi thoracique.
Dans la station droite, les bras retombant sans
effort le long du corps, le bord-spinal de l'omoplate
est dirigé à peu près verticalement, distant de la
ligne médiane d'environ la moitié de sa lon-
gueur.
L'épaule est susceptible de mouvements très
variés qui se résument ainsi : elle peut se porter en
avant, en arrière ou en haut, entraînant néces-
sairement le bras avec elle.
Lors de l'élévation de l'épaule (fig. 56), l'omo- Fie. 50.
lilévalion de 1-épaule.
plate ne se porte pas simplement en haut,'elle subit
en même temps un léger mouvement de rotation sur elle-même en vertu
duquel le bord spinal devient oblique, l'angle supérieur se rapprochant de la
colonne vertébrale, l'angle inférieur s'en éloignant et se portant en dehors.
La présence, en avant, de'la clavicule solidement fixée par ses extrémités:
rend facilement compte de fa limite bientôt apportée au mouvement de
l'épaule directement en avant/En arrière, au contraire, aucun obstacle ne
s'oppose au rapprochement des omoplates; aussi le mouvementdes épaules
en arrière est-il très facile: 11 en est de même du mouvement de l'épaule en
haut qui «. une grande étendue.
8S ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
.
FIG. 57. — Coupe de. l'articulation scapulo-lmniérale, d'après P. Poiitir.it {Anatomie Ituriiahie).
A. Le liras au repos retombant le long du corps.
li. Le liras levé horizonlalenienl en dehors, limite extrême du mouvement se passant dans cette arti-
:nlatioi,
.
1, clavicule ; 2, acromiou ; 3, bourrelet glénoïdien ; 4, capsule articulaire ; 5, deltoïde ; (i. sus-épineux :
7, triceps brachial ; S, grand rond.
5° MOUVEMENTS nu TRONC.
Mécanisme articulaire. — C'est dans la colonne dorsale et lombaire
que se trouve le siège articulaire des divers mouvements du tronc; mais ces
mouvements sont bien inégalement répartis entre ces deux régions.
Ils sont en effet très minimes dans la région dorsale où ils existent néan-
moins, ainsi que je l'ai signalé plus haut. Tous les mouvements de.la colonne
lombaire y retentissent à un certain degré, soit dans le même sens pour
accroître le mouvement produit, soit en sens contraire pour l'atténuer par
une manière de déplacement de compensation.
Par contre, les mouvements de la région lombaire sont très étendus. Ils
dirigent les mouvements du torse qui se réduisent à trois mouvements
.
principaux : •
partie de la torsion est exécutée par le cou, par les hanches et jusque par
les membres inférieurs, le genou se tournant aussi un peu de côté et les
pieds légèrement tordus ne maintenant qu'avec difficulté leur entier con-
tact avec le sol.
L'a
...
duquel se font les mouvements de pronation et de supination de l'avant-
bras,
rotation du membre supérieur dans son ensemble est donc une com-
binaison du mouvement de rotation de l'humérus et des deux os de l'avant-
bras l'un autour de l'autre.
a) PRONATION ET SUPINATION DE L'AVANT-RRAS. — Une controverse s'est
élevée entre les anatomisles au sujet de la rotation des deux os de l'avant-
bras, et. l'anatomié artistique a intérêt à prendre parti dans la question.
On sait que, dans ces mouvements, la main suif les déplacements de l'ex-
trémité inférieure du radius à laquelle elle est rattachée, par l'articulation
radio-cnrpienne. Grâce à ces mouvements de rotation, la main peut tourner
la paume alternativement en avant (supination) et en arrière (pronation)..
Pour en bien pénétrer le mécanisme, il importe de les isoler du mouve-
ment de rotation de l'humérus qui les accompagne d'ordinaire, ce qui
s'obtient très facilement par la flexion du coude à angle droit (fig. 64).
.
L'on voit, en effet, dans cette attitude, les mouvements de'rotation de
l'avant-bras s'accomplir avec la plus grande facilité. Tour à tour le poignet
présente sa partie antérieure en haut ou en bas et cela sans que l'humérus
subisse le moindre déplacement. C'est alors qu'il est aisé de constater
l'erreur propagée par les anatomistes de grande valeur tels que Cruveilhier,
Sappey, 'filiaux, Beaunis et'Bouchard... qui enseignent que lé radius
tourne seul autour du cubilus immobile. ' .
94 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN .-
FIG. 04.' — Flexion à ani.de droit de l'avant-bras sur le bras s'accompagnent de pronation A
ou (ie supination lï.
mouvements de l'index ont une grande liberté, mais les trois derniers
doigts sont plus ou moins dépendants les uns des autres.
Les articulations des doigts avec le métacarpe, en outre des mouvements
de flexion et d'extension qu'elles ont en commun avec les différents seg-
ments des d.oigls, sont susceptibles de mouvements de latéralité qui font
que les doigts s'éloignent et se rapprochent les uns des autres.
Ces différences dans les mouvements sont dues à la conformation dif-
férente des surfaces articulaires (.vol. 1, pi. 4).
MOUVEMENTS PARTIELS -
99
'1 0° M O U V E M E N T S D E b A H-A X C H E
.
FIG. 71. — J-^xtensio'i de la cuisse portée à sa lue. 72. —r Flexion de la cuisse qui peut cire
limite exlrcoie. portée beaucoup plus loin, jusqu'au contact
de la cuisse avec le torse.
1 1 ° M 0 U V E 11 E KTS DU G R N O U
.
Fin. 70.
Extension cl llexiôn du tibia sur le fémur, la cuisse étant horizontale.
FlG. 77.
Mouvement de rotation du tibia sous les condyles îénioraux dans la flexion à angle droil du genou
A. Position naturelle.'^- B. Rotation en dehors. — C. Rotation en dedans.
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION
I-'IG. SI. .— 'tracé des appuis et soutiens des deux pieds dans la marelle ordinaire (Marey).
est toutefois un instant très court pendant lequel le corps est partiellement
supporté par un pied, lorsque déjà il commence à s'appuyer sur l'autre : ce
temps ne correspond guère qu'à un sixième de la durée d'un appui. C'est la
période de double appui dont nous parlerons plus loin.
Marey a déduit également, des courbes précédentes, la mesure de
l'effort exercé par le pied sur le sol. Dans la marche, la pression du pied
sur le sol n'est pas seulement égale au poids du corps que le pied doit sou-
tenir ; mais un effort plus grand se produit, à un moment donné, pour
imprimer au corps les mouvements de soulèvement et de progression que
nous étudierons plus loin.
D'après les expériences de Carlet, cel effort additionnel n'excéderait
pas 20 kilos, même dans la marche rapide, mais il est beaucoup plus grand
dans la course et dans le saut. -
Aussi Marey, pour étudier la pression des pieds sur le sol pendant le
saut, art-il imaginé un autre appareil, la plate-forme dynamqgraphique,
dont la description nous entraînerait trop loin et pour laquelle nous ren-
voyons à l'auteur (1).
\rm. 8:j,
de — Les courbes supérieures, l'une pleine, l'autre ponctuée, représentent les phases-'d'appui
et. lever des pieds droit et gauche. En lisant la figure dé gauche à droite^ chaque
d'une courbe indique le début d'un appui; la partie horizontale supérieure correspond à ascension
la durée
de l'appui et la descente au lever du pied. Jïnfîu la partie horizontale inférieure de chacune
courbes indique que le pied correspondant est en l'air. des
— OPh, oscillations du pubis de haut
bas, c'csL-ù-dire verticalement. O.L*î', oscillations dans le sens latéral en
horizontalement. On
— ou
voit que deux oscillations dans le sens vertical correspondent à une seule oscillation-horizontale
Si-l'on voulait donner, dit Marey, une idée de -la trajectoire véritable
du pubis sous l'influence de ces deux ordres d'oscillations^ combinées
avec
l'ic. 84. — Tentative de représentation, au moyen d'une tige .de métal courbée, de la trajectoire
sinueuse parcourue par le pubis. Pour comprendre |a perspective de cette lïg-ure solide il faut
supposer que ïe iil de fer est, par son extrémité g-auche, rapproché de l'observateur, tandis que
par son extrémité droite il s'en éloigne. (L'anipiilude des oscillations a été. fort exagérée pour
qu'elles soient plus saisissables.) (l'igùre extraite de la- Machine anvnalc, par J, Marey).
l'ifi. 80. •—
isolation du galop. — 1, gulop â gauche. — -2, galop à droite (.Marey).
position et d'attitude des membres et du corps, l'inscription mécanique
devenait insuffisante.
C'est alors qu'intervint la chronophotographie.
Tout d'abord, Marey imagina d'obtenir, sur la même plaque, une série
d'images successives d'un corps en mouvement. C'est la chronophotographie
sur plaque fixe. Appliquée à l'étude de fa locomotion, elle donne les résul-
tats les plus intéressants. Elfe consiste essentiellement à faire passer dans
le champ d'un objectif ouvert sur un fond noir, un homme qui se déplace.
Pour que la trace laissée sur la plaque ne soit point continue et confuse, un
dispositif spécial permet d'admettre la lumière dans la chambre itoire d'une
façon intermittente et à des intervalles égaux. On obtient alors une image
discontinue, dans laquelle sont représentées les positions successives de
l'homme qui se déplace (fig. 87).
Suivant fa fréquence des éclairements et. la rapidité du marcheur, on
obtient des images successives en nombre variable et plus ou moins rappro-
HO. ANATOMIE ARTISTIQUE DU GORI'S HUMAIN
chées. Plus l'allure esL lente, moins nombreuses seront les ouvertures de
FIG. 87. — Uii-hoiumj qui marche; attitudes successives données par ta ehronopliolographie
sur plaque fixe (.Marey).
l'objectif, si l'on veut éviter que les images, en trop grand nombre, arrivent
à se superposer et à engendrer la confusion. C'est ainsi que, à fréquence
d'éclairement égale, les images d'un coureur seront bien plus espacées que
celles d'un marcheur (fig. 88).
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION Ml
Pour augmenter le nombre des images sans qu'il y ait confusion, Marey
a eu recours à l'artifice suivant, qui consiste à réduire la surface du corps
étudié. C'est ainsi qu'un homme vêtu de velours noir et portant sur les
membres des galons et des points brillants ne donne, dans l'image, que des
lignes géométriques sur lesquelles pourtant se reconnaissent aisément les
l'ir.. 8 il. — Images d'un crurcur réduites à (les ligi:is hrillaules qui repi esenlent l'ultihide
de ses membres. Chronopholographie gvoinélnque (;\!arev).
le concours de notre ami A.. Londê n'ont fait que confirmer les travaux de
1' De fis.
Si l'on veut mettre quelque clarté dans cette question, il faut d'abord
nettement définir ce qu'on entend par pas, la marche, après tout, n'étant
qu'une succession de pas. — Or, qu'est-ce qu'un pas'? Littré'nous dit qu'un
pas, c'est l'action de. mettre un pied devant l'autre pour marcher. On
désigne aussi par pas l'espace qui se trouve compris d'un pied à l'autre
quand on marche. Ainsi, dans le langage ordinaire, un pas est constitué par
la série des mouvements qui se produisent entre le déplacement d'un pied et
celui de l'autre pied. — Marey a fait très justement remarquer qu'au
point de vue scientifique, cette définition devrait être étendue, et-qu'il fallait
désigner par pas la série des mouvements qui s'exécutent entre deux posi-
tions semblables d'un même pied, de sorte que le pas de Marey corres-
pond à deux pas du langage ordinaire: c'est un double pas. J'accepte la
définition de Marey, mais je, crois préférable de conserver le nom de
double pas qui a l'avantage de ne rien changer à la signification générale-
ment admise, et, par suite, ne saurait prêtera aucune confusion.,.
Or, c'est le double pas que nous devons considérer. Le double pas est
exécuté par chaque membre, non plus successivement, mais simultanément,
114 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
de manière que le double pas droit, par exemple, empiète sur le double pas
gauche de la moitié de sa longueur, ou d'un pas, et réciproquement.
Ces distinctions nous seront d'un grand secours dans les descriptions qui
vont suivre.
Nous étudierons successivement les mouvements des membres inférieurs,
du torse et des membres supérieurs.
-
4° Mouvements de torsion. — Ces mouvements sont la conséquence
des mouvements contrariés des épaules et des hanches, qu'il est opportun
d'étudier maintenant.
5° Mouvements du bassin. — En outre de la translation et des oscil-
lations verticales et horizontales déjà étudiées à propos des mouvements du
tronc dans son ensemble, le bassin est soumis à deux sortes de mouve-
ments qui se passent autour de" deux axes : l'axe antéro-postérieur et l'axe
vertical.
a) ROTATION AUTOUR D'UN- AXÉ VEUTICAL..— Dans le pas postérieur, lafaçe
antérieure du bassin est tournée du côté de la jambe oscillante, pour se
120 ANATOM1E ARTISTIQUE DU COR P. S HUMAIN
porter du côté opposé lors du pas antérieur. Au moment même de la verti-
cale, le bassin est parfaitement perpendiculaire à la ligne de marche
(fig. 93). Ce mouvement est une conséquence inévitable de l'écarlement
des deux membres inférieurs, celui qui est en arrière retenant la hanche à
laquelle il est attaché, celui qui est en avant entraînant avec lui la hanche
qui lui correspond.
Le centre de ce mouvement parait être à l'articulation coxo-fémorale de
la jambe portante, pendant que l'articulation de la jambe oscillante occupe
la périphérie.
b) ROTATION AUTOUR D'UN AXE ANTÉHO-POSTÉRIEUH. — A la période de
double appui, alors que, comme nous venons de le voir, l'axe transverse du
bassin est le plus oblique par rapport à la ligne de marche, le même axe
paraît bien horizontal, c'est-à-dire que les deux articulations coxo-fémo-
rales semblent situées à la même hauteur. Mais aussitôt que la jambe quitte
le sol, le bassin incline manifestement de ce côté, puis se relève et devient
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 121
FIG. 9<i. — Projection sur plan horizontal de l'axe des hanches cl de l'axe des épaules
aux différents temps de la marche.
-
mouvements du bassin s'observent très nettement sur lès chronophotogra-
phies qui représentent l'homme marchant vu de face (pi. 8 et 9).
En somme, jamais le côté oscillant du bassin ne s'élève au-dessus du niveau du
côté portant. Il ne fait que baisser très nettement dans le pas postérieur, un peu
moins nettement dans le pas antérieur.
FIG. 9Ji. — Figures demi-schématiques de six positions successives d'un double pas dans la course.
naison dans le sens antéro-postérieur, qui prennent une bien plus grande
importance que dans la marche. On peut constater en effet que, pendant
la période d'appui, le corps est fortement incliné en avant, tandis qu'il se
redresse pendant la suspension. '
. .
a) Vendant la marche.
Ona cru pendant longtemps, sur la foi des frères Weber, que toute
l'action musculaire, pendant la marche, se concentrait sur le membre por-
tant destiné à soutenir seul toute la charge du torse, et que le membre
oscillant exécutait son oscillation sous la seule influence de la pesanteur, à
la manière d'un pendule. IL est bien démontré aujourd'hui, depuis les tra-
vaux de Marey, de Carlet, de Duchenne (de Boulogne) et de Boudet (de
Paris), que la jambe oscillante est essentiellement active,, et que ses mou-
vements ne sauraient s'exécuter sans le concours de la contraction muscu-
laire; il suffit de regarder un homme qui marche pour s'en convaincre.
Nous examinerons d'abord l'action musculaire sur le membre inférieur, au
moment où il touche terre du talon, pour devenir membre portant, et
nous suivrons les modifications qu'elle subit pendant les diverses phases
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 127
.
du pas, pour continuer notre étude sur le même membre, au moment où il
va devenir oscillant, puis pendant toutes lès phases de son oscillation
(fig. 96).
Fie. 9G. — Figure demi-schématique représentant douze positions successives d'un homme qui
marche : de 1 à 7. double pas avec la jambe droiie porlanle el la gauche oscillante; de 7 à i2,
double pas suivant avec la jambe droite devenue osrillinle el la gauche portante. iNOB i et 7,
doul.de appui; 2 et S, fin du double appui; îi et' !>. pas postérieur; i et 10, moment de la verti-
cale ; îi, 6 et ii, 12, pas antérieur; du n° 12, l'iionnr.e revient à la position du n" 1, de sorte
qu'avec ces 12 ligures le cycle de la marche est complet.
niei's se relâchent, et, en même temps, les extenseurs des orteils et le jam-
bier antérieur se contractent pour soulever la pointe du pied et l'empê-
cher, dans le mouvement d'oscillation qui va se produire, de heurter .
le sol.
A.la cuisse; les fléchisseurs de la jambe sont contractés pour maintenir
lu jambe en flexion. Le quadriceps est
relâché, ainsi que les fessiers. Mais
les fléchisseurs de la ' cuisse sur le
bassin, parmi lesquels le couturier, et
le droit antérieur, se contractent dans
le but de ramener la cuisse et tout le
membre en avant. La jambe oscil-
lante exécute ainsi le pas postérieur,
passe la verticale el s'avance pour
accomplir le pas antérieur. C'est à ce
moment qu'une contraction énergique
du quadriceps étend vigoureusement la
'atnbe sur la cuisse. Mais cette con-
traction est rapide et cesse brusque-
ment avant même que le membre soit
en extension 'complète. Le gonflement
que l'on observe alors est, l'indice, non
de la contraction, mais du relâche-
ment du muscle, comme nous le mon-
trerons tout à l'heure.
Nous retrouvons là un de ces exem-
ples de la contraction balistique que Fio. 07. —FinMarche-sur plan horizontal.
du double appui.
nous avons étudiée plus haut. Lors
donc que l'extension est produite, le quadriceps et les autres muscles du
membre sont dans le relâchement. Le membre descend alors de son
propre poids jusqu'à la rencontre du talon avec le sol.
D'autres actions musculaires se montrent sur le reste du corps. Je me
contenterai de signaler les spinaux qui entrent en contraction du côté de •
FOIUIES EXTBlilIil-RES.
Fin. (18. —
Trois photographies instantanées successives prises pendant la marche
''.
postérieur, tant aceru-tout à l'heure, 'a beaucoup diminué (fig. 98 el99, C).
Par contre, la cuisse s'esl élargie transversalement par suite du refoule-
ment ou plutôt de. la chute des masses musculaires en bas et sur les
côtés.
Nous saisissons ici, grâce à la chronophotographie, deux phases très
distinctes du relâchement musculaire du quadriceps qui impriment à la
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 133
cuisse une forme toute différente, bombée en avant ou aplatie, large
d'avant en arrière ou transversalement.
A l'oeil nu, ces phénomènes musculaires se traduisenl sous la forme d'un
véritable ballottement du muscle.
Formes des reins. — Les muscles des membres sont loin d'être les
seuls qui se contractent pendant la marche. Les muscles du tronc y prennent
une part active et en particulier les muscles du dos. La masse des spinaux
lombaires se contracte à chaque pas d'une faço.n très énergique. Ce phéno-
mène, signale déjà par quelques auteurs, a été péremptoirement démontré
par le docteur Henry Lamy grâce à notre méthode de l'inspection du nu
vivant, aidée de la photographie instantanée. 11 est, en effet, aisé de cons-
tater, môme à l'oeil nu, si l'on observe les reins d'un homme qui marche,
qu'à chaque pas se produit une contraction très énergique de la masse des
spinaux lombaires du côté de la jambe oscillante. Cette contraction se pro-
duit instantanément au moment où le talon de la jambe portante touche le
sol pour cesser à la fin de l'oscillation et passer aussitôt du côté opposé.
Elle a pour but d'assurer,l'équilibration latérale, du tronc; elle s'oppose à
l'inflexion latérale de la colonne vertébrale du côté où porte le corps, et au
déplacement de la ligne de gravité du corps en dehors du pied portant sur
le sol.. . -
134 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
On observe aussi, dans la marche, des contractions des muscles de'la
nuque. 11 est aisé d'en faire l'observation sur soi-même, en appliquant les.
doigts réunis sur la nuque. On sent alors très nettement les muscles de la
région se gonfler et se durcir à chaque pas, surtout dans la marche un peu
active et la tête inclinée en avant. 11 semble que cette action musculaire
ait pour effet de-relenir la tête entraînée en avant à chaque pas.
11 y a là une phénomène analogue à ce qui se passe dans la marche des
.
quadrupèdes.
b) Du- rôle des muscles dans la course. Formes extérieures.
Lorsque le pied a pris contact avec le sol, le quadriceps se con-
tracte vigoureusement pour empêcher le genou de se fléchir sous le choc.
Les muscles de la jambe antérieurs et postérieurs sont également .con-
tractés énergiquement pour immobiliser l'articulation tibio-tarsienne, el.
faire du membre tout entier un soutien résistant. Ces contractions persis-
tent pendant que le corps, sous l'influence de la vitesse acquise, continue
son mouvement de translation el que le membre portant, toujours fléchi,
passe par là verticale, puis devient oblique en sens contraire. Mais la con-
traction s'accentue dans le gaslrocnémien, et le talon, dans la seconde
partie de la phase de soutien, commence à quitter le sol. Dans cette phase,
on n'observe pas le relâchement du quadriceps, qui se trouve si accentué,
dans la marche, à la phase correspondante. Mais de même que, dans la
marche, les fléchisseurs de la jambe (muscles postérieurs de la cuisse)
entrent dès ce moment en contraction, de même ils- forment ici un relief
très distinct, et leur contraction se continue pendant In, première partie de
la phase de suspension, pendant laquelle le membre qui vient de quitter le
sol exécute une oscillation absolument comparable, à ce qui se passe pen-
dant la marche. Les différences consistent dans une amplitude plus consi-
dérable, et dans la flexion de'la jambe qui est beaucoup plus accentuée.
Aussi y a-t-il une grande analogie au point J.e vue. de l'action musculaire,
et, par suite des formes extérieures du membre oscillant, dans les deux
cas. -
.
-.. .
Au début de l'oscillation, en même temps que les fléchisseurs de la jambe
se contractent, on voit les fléchisseurs de la cuisse sur le bassin entrer éga-
: lement en contraction : droit antérieur, couturier, tenseur du fascia lata.
Puis, la jambe s'étend sous l'influence de la contraction du quadriceps,
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 135
mais l'extension n'est jamais complète. Elle se trouve limitée par-la dis-
sension des muscles de la partie postérieure de la cuisse, fléchisseurs de la
jambe, que la flexion assez accusée de la cuisse à ce moment place dans
un état de distension forcée.
Nous avons vu que, dans la marche, les grands fessiers jouent un rôle
assez restreint. 11 n'en est pas de même dans la course. Pendant toute la'
période de suspension, le grand fessier du membre qui est en arrière des-
sine les formes d'une contraction énergique, pendant que la fesse.du^côté
opposé est distendue et aplatie.
le n'insiste pas sur l'action musculaire qui préside au balancement des
membres supérieurs: Elle est située, suivant le sens du mouvement, en
avant ou en arrière de l'épaule.
-
En rappelant le caractère actif des mouvements du membre supérieur
13G ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
daris la marche et leur opposition-avec ceux du membre inférieur du môme
côté, le professeur Ernest Dupré fait remarquer avec raison les grandes
analogies qui existent entre la marche bipède et la marche quadrupède.
Suivant lui, la raison de ces contractions scapulo-humérales actives et des
mouvements des membres supérieurs dans la marche bipède doit être
cherchée dans l'origine quadrupède de la locomotion des ancêtres primitifs
de l'homme. La persistance de ces mouvements s'explique par le rôle ma-
jeur qu'ils jouent dans l'équilibre du corps en mouvement; pour ne plus
prendre contact avec le sol, les membres supérieurs n'en contribuent pas,
moins à l'équilibration du corps pendant la marche, et leurs mouvements
font partie intégrante de la mécanique générale de la. locomotion bipède.
En résumé, la marche bipède ne serait qu'un dérivé de la marche quadru-
pède : elle en représenterait, par la division du travail physiologique et la
différenciation morphologique des membres, un perfectionnement tardif.
Nous avons relevé là, par contraste, l'a confirmation des observations
faites sur la marché en avant. Dans la marche à reculons (fig. 101), au
moment où le pied se porte en arrière, le torse se penche en ayant pour
faire équilibre au membre ainsi déplacé. On constate, en effet, sur la série
des, images xhrônophotogràphiques d'un homme qui marche à reculons,
que le torse est en général plus incliné, en avant que dans la marche
ordinaire.
.. - -..,. ::'..' '
Les. oscillations du torse, dans le sens antéro-ppstérieur, sontbeaucoup
:
plus marquées. Elles se produisent très nettement de là façon suivante :'
-138 ANAT0M1E .ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
dans le pas antérieur, le corps incline en avant; dans le pas postérieur, il
incline en arrière. Elles sont en somme de même sens que dans la marche
ordinaire, mais plus accentuées. J'ajouterai que, de prime abord, if est
peut-être difficile, en présence de la série cbronophotograpbique de la
marche à reculons, de reconnaître le sens de la marche;--mais; en y regar-
dant de près el surtout en la comparant avec
les séries de la marche en avant, il est aisé
de relever des différences qui, en outre de celles
déjà signalées à propos de l'inclinaison du
torse, sont très nettes.
Le pied qui se porte en arrière arrive au
contact avec le sol par les orteils (fig. 101) et
ce n'est que lorsqu'il est tout entier appuyé
sur le sol que les orleils de l'autre pied com-
mencent à se détacher. Puis, ce pied quitte
le sol toul d'une pièce, à la manière de ce
qui se passe dans la marche sur place, et non
eu roulant pour ainsi dire de la pointe vers le
talon en sens inverse de ce qui a lieu dans la
marche en, avant.
J'I en résulte que la phase de double appui
est plus longue que dans la marche ordinaire,
et qu'on, n'observe jamais, comme dans cette
dernière, le moment du double appui pendant
lequel le corps se trouve soutenu par le talon
d'un côté et les orteils de l'autre.
FIG; 101. — îlarche à reculons. On peut remarquer encore qu'au moment
de ;-lâ verticale, l'extension du membre portant
est bien plus complète dans la. marche à reculons que dans la marche
en avant.
En outre de ces différences dans la position des membres inférieurs, oii
constate dans leur morphologie des oppositions clignes d'être', relevées et
dues à des différences de l'action musculaire.
L'a jjlus saillante de ces oppositions peut se constater sur la cuisse oscil-
lante vers le milieu du pas antérieur. Nous savons qu'à ce moment, dans la
marche ordinaire, il se produit une saillie énorme au-devant de la cuisse, due
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 139
à la contraction du quadriceps, suivie de relâchement brusque et dont l'effet
est de projeter la jambe en avant. Ici, rien de semblable : en effet, la jambe
au lieu d'être étendue se fléchit et se porte en arrière. Aussi la face anté-
rieure de la cuisse est-elle aussi plate ici qu'elle est bombée dans l'autre cas.
Je n'insiste pas sur les autres différences morphologiques.
Je terminerai par une remarque assez
curieuse. C'est qu'il résulte des deux cir-
constances énumérées plus haut : prolon-
gation de la période du double appui
d'une part, accentuation de l'inclinaison
du torse en avant d'autre part; que plu-
sieurs des attitudes de la marche à reculons
ressemblent peut-être plus à la formule
généralement adoptée parles artistes pour
figurer la marche, que les attitudes cor-
respondantes de la marche en avant. '
,
11.
— Marche avec un fardeau sur l'épaule
(Pl. -10).
11n'y a pas de différences capitales dans
la marche d'un homme, qu'il soit chargé
d'un poids assez lourd sur l'épaule ou
.
qu'il n'ait aucune charge.
Cependant, on peut relever les détails
suivants :
Le pas esl en général plus court.-
102. — Marche avec, un fardeau sur
La période de double appui est plus Fie..l'épaule, iloment du douille appui.
prolongée. 11 s'ensuit que les deux pieds
sont appliqués ensemble sur le sol dans une. plus, grande partie de
leur étendue; c'est ainsi que, tandis que, dans la marche ordinaire, les
orteils de la jambe qui devient portante, ou antérieure, ne s'appliquent
sur le sol que presque au moment où les orteils de la jambe postérieure
quittent le sol, ici le pied de la jambe antérieure est tout entier en contact
avec le sol, alors que le pied postérieur ne fait que commencer'à détacher
le talon (fig. 102).
Quant aux mouvements des membres inférieurs, ils sont à peu près les
10.
.
HO ANATOM1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
mêmes que dans la marche ordinaire. 11 en est de même des contractions
musculaires qui ne diffèrent que par une plus grande accentuation sur le
membre portant.
Si la charge est portée sur les deux épaules, en même temps qu'elle
prend un point d'appui sur la tète, comme chez les coltineurs ouïes char-
bonniers, les modifications apportées à la marche, à part une assez forte
inclinaison de la tête et du haut du corps en avant, ne semblent pas diffé-
rer sensiblement de celles que nous venons de signaler.
Il n'en est pas de même si la charge est exclusivement portée sur la tête.
La nécessité où se trouve alors le marcheur de maintenir la rectitude du
cou et d'éviter les oscillations de la tête dans le sens vertical et dans le
sens transversal, l'oblige à un certain nombre de mouvements de compen-
sation qui ont lieu au 1orse et aux membres inférieurs.
Les oscillations transversales de la tête sont compensées par des oscil-
lations de même sens et très accentuées qui se passent dans le bassin. Le
fait est saisissant et facile à observer à l'oeil nu.
Quant aux oscillations dans le sens de la hauteur, elles peuvent être
presque complètement supprimées par l'attitude'spéciale que prennent les
membres inférieurs dans la marche dite « en flexion » et dont nous parle-
rons plus loin. Nous sommes cependant loin d'affirmer que la chose se
passe ainsi dans la nature, car nous n'en avons la preuve ni par l'examen
direct, ni par l'examen h l'aide de la
chronophotographie. Nous verrons plus
loin que, si la marche en flexion diminue
les oscillations verticales, elle entraîne
nécessairement une dépense musculaire
plus considérable.
.111.
— Marche en poussant ou en tirant
(pi. 42 et 13).
Si l'homme marche en poussant devant
Fie. 103. lui un corps pesant ou en le tirant
Un double pas de la marche en poussant.
derrière lui, les mouvements qu'il exé-
cute sont bien différents de ceux db la marche ordinaire (fig. 103).
.
11 ne s'agit plus seulement d'imprimer au corps tout seul un mouvement
de translation, mais le corps doit entraîner, avec lui une masse plus ou
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 441.
moins considérable ou surmonter une résistance plus ou moins grande.
Dans ce but, non seulement l'homme use de toute son énergie muscu-
laire, mais il cherche à mettre à profit, autant que possible, sa propre
masse en en déplaçant le centre de gravité de manière à. aider au dépla-
cement du centre de gravité de la masse, à entraîner. Ces nouvelles
conditions d'équilibre changent complètement l'altitude d'un homme qui
tire ou pousse en mar-
chant.
Noits remarquons, en
effet, que le corps est for-
tement incliné en avant. 11
l'est plus ou moins sui-
vant le poids de la masse
à déplacer.
La phase de double appui
est prolongée. Les deux
pieds portent à. la fois dans
toute leur étendue sur le
sol. La jambe oscillante
arrive fléchie sur le sol,
le genou en avant. Le pied
prend, contact avec le sol
bien rarement par le ta-
lon, le plus souvent par la
plante, d'autres fois par la
pointe. FIG. 104.
— .Marche en poussant. Moment du double-appui.
Une fois que le pied a
bien pris son appui sur le sol, le membre se redresse progressivement et
avec effort pour n'arriver en extension que bien après avoir passé le moment
de la verticale. Ce membre demeure en extension complète pendant tout le
temps du' double appui, -alors que.le talon se soulève, la pointe du,
pied faisant effort sur le sol pour aider à la propulsion (fig. 10i). Puis
la pointe-elle-même se détache et le membre devenu oscillant s'avance,
en état de flexion plus ou moins marquée, pour réprendre à nouveau
contact avec le sol, ainsi que nous avons déjà dit, toujours en flexion
et sans avoir été en extension, fût-ce un seul instant. En. résumé,
142. ANAT0M1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN'
l'extension ne s'observe que sur le membre portant et lors du pas antérieur
seulement.
Quant à l'action musculaire, elle se révèle avec énergie.tout particuliè-
rement sur le quadriceps de la jambe portante, pendant tout le cours du
pas postérieur. Ce muscle devient alors l'agent de propulsion le plus
FIG. 105.
Figures demi-schénialiques de sept positions successives d'un double pas de la marche en poussant.
Fie. -HO, — Figures demi-schématiques de sept positions successives d'un double pas do la marche
sur plan ascendant.
oscillations bien plus marquées que 'dans la marche sur un plan horizontal
et dont le maximum d'amplitude est en avant.
;
•
A'I. — Marche sur un plan descendant (pi, 1.5).
Nous ne trouvons guère ici que des contrastes avec les diverses marches
'que nous venons d'étudier. '
En effet, le membre oscillant arrive à l'appui en extension complète et
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 147.
le pied rencontre le s.ol par le talon. A peine le pied a-t-il pris contact
avec le sol dans toute son étendue que l'autre pied s'en détache par la
pointe, et le mouvement des pieds ne diffère
guère de ce qu'il est dans la marche sur un plan
horizontal. Ils roulent sur le sol du talon à la
pointe.
Le membre portant se fléchit légèrement aussitôt
que le contact avec le sol est bien assuré et
la contraction du quadriceps se
montre alors comme dans le
pas sur plan horizontal, mais
avec plus- d'énergie (fig. 112).
11 est vrai qu'à ce moment le
FIG. 113. -— Figurés- demi-schématiquesde sept positions successives d'un double pas de la marche
sur plan descendant.
FIG 116.
l-'iiçures demi-schématiques de, sept positions successives d'un double pas de la montée d un escalier.
430 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
ciable les deux pieds reposent en entier sur deux degrés successifs. Je
n'insisterai pas sur les mouvements des deux membres inférieurs; il
suffira au lecteur de jeter un coup d'oeil sur les figures 144, 146 et 117
pour être complètement édifié.
VIII. — Descente d'un escalier (pi. 17).
Je pense inutile de décrire, en détails, les mouvementsdes membres infé-
rieurs lors de la descente d'un escalier, ce que représentent, les dessins des
figures ld'5, 1-18 et H 9 qui valent mieux qu'une longue description. Ils offrent
de grandes analogies avec ce qui se passe dans la descente d'un plan incliné
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION '" 151
et le lecteur qui voudra comparer les ligures 116 et 119 avec les figures 412
et 44 3 saisira de suite les analogies et les différences intéressantes à
noter.
Telles sont les principales variétés de la marche en tant que simple
FIG. 119.
Figures demi-schématiques de sept positions successives d'un.double pas de la descente d:un escalier.
sur la série des photographies, nous relevons des caractères fort intéres-
sants. Le corps se penche en avant, les bras s'agitent de diverses manières
et la tête revêt une expression de circonstance; mais le plus curieux à con-
sidérer, ce sont les mouvements des jambes. La longueur du pas est exa-
gérée. Et la jambe oscillanle projetée en avant arrive en flexion sur le sol.
au lieu de se trouver à ce moment dans l'extension complète comme dans la
marche ordinaire. En ré-
sumé, dans le pas posté-
rieur, les deux membres
sont en flexion. Dans le
pas antérieur, le membre
portant seul est en exten-
sion.
La figure que nous don-
nons ici représente la fin
du double appui, au mo-
ment où va commencer le
pas postérieur. 11 suffit de
le comparer à la figure 176,
pour saisir les. différences
qui existent avec la mar-
che ordinaire. FIG. 121.
Prenons maintenant un Démarche sournoise, — Moment du double appui.
autre exemple, la dé-
marche sournoise, cauteleuse. C'est un traître qui s'avance le poignard à,
la main pour surprendre sa victime (fig. 124). -
Dans celte démarche, le corps est incliné en avant et les deux membres
inférieurs se montrent dans une flexion encore plus prononcée-que tout à
l'heure. L'extension, ne survient que sur la jambe portante seulement
,
et tout à la: fin du pas antérieur. Le membre oscillant arrive fléchi sur
le sol.
„ .
On trouvera dans ces démarches quelques analogies avec les marches en
poussant et en tirant que nous avons étudiées, sauf bien entendu l'incli-
naison de tout le corps hors d'aplomb.
454 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
extension et par le talon, prend contact avec lui par toute l'étendue de la
plante et alors que la flexion du genou est plus ou moins prononcée. Le
haut du corps est plus penché en avant, les pas sont plus longs.
En outre de l'augmentation de l'effort que nécessite tout travail surajouté
à la marche, comme une résistance à vaincre, une ascension à opérer, des
charges à porter, etc., la dépense musculaire est plus considérable dans la
marche en flexion que dans la marche ordinaire. La démonstration en
est facile à faire.
Nous avons vu, en effet, que, dans la marche ordinaire, la jambe oscil-
lante arrive au contact du sol en extension complète el l'aborde par le
talon. Ce mouvement d'extension est déterminé par une contraction brusque
du muscle quadriceps, contraction dite balistique et qui se produit ôxplosi-
vement, pour ainsi dire, au moment de la verticale, alors que la flexion du
membre place le muscle en étal, de distension, pour cesser presque aus-
sitôt bien avant que l'extension du membre soif achevée et que le talon
touche le sol. Il en résulte que, dans l'intervalle d'un pas, ce muscle de la
jambe oscillante est tour à tour dans un état de contraction de courte durée
et de complet relâchement. Une semblable alternative de contraction et de
relâchement se produit sur le même muscle de la jambe portante; au début
du pas, la contraction se manifeste, mais plus soutenue el prolongée, pour
cesser complètement à la fin, avant que le pied quille le sol.
Nous trouvons dans ce mécanisme une des conditions les plus favorables
à un travail musculaire longtemps prolongé, et qui consiste dans des alter-
natives de contraction et de relâchement, d'activité el de repos.
Voyons maintenant ce qui se passe dans le même muscle lors delà
marche en flexion.
La contraction balistique n'a plus sa place ici. Pendant toute la durée de
l'oscillation, le quadriceps maintient sa contraction, jusqu'au moment où
le pied prend contact avec le sol, la jambe en flexion. A ce moment, ce
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION .155
muscle, au lieu d'être comme précédemment dans un état- de relâchement
complet, voit sa contraction s'accentuer encore pour soutenir le poids du
corps qui tendrait à accentuer la flexion du membre qui lui sert alors de
soutien. Celle contraction est celle que nous avons appelée contraction fré-
natrice et dure tout le temps du soutien; de telle sorte qu'au lieu de ces
alternatives de travail et de repos, nous voyons ici un muscle en travail
continuel pendant, toute la durée du pas, bien que le genre de travail varie
(contraction dynamique pendant l'oscillation, contraction frénalrice pen-
dant le soutien).
Certains caractères de tibias humains fossiles, tels que la rétroversion de
la tête tibiale et la platycnémie, ont conduit M. Manouvrier (1) à penser
que telle devait être la démarche de nos ancêtres de l'époque quaternaire.
Chez eux, la marche en flexion était nécessitée par leur genre de vie spé-
ciale elles conditions du milieu. Ils marchaient sur un sol inégal et brous-
sailleux, lis vivaient des produits de leur pêche et de leur chasse, obligés
souvent de fournir de longues courses, avec de lourds fardeaux. M. Manou-
vrier fait remarquer que ceux, parmi les hommes actuels, qui ont à exécuter
de longues marches dans des terrains accidentés ou avec des fardeaux, tels
que les soldats chargés du sac, les paysans, les montagnards, les facteurs
ruraux, les chasseurs de profession, marchent également en flexion, non pas
parce que ce genre de marche, fait-il justement remarquer, occasionne une
dépense musculaire moindre, mais parce que-, dans les conditions où ils se
trouvent, ils ne sauraient marcher autrement.
De nos jours, M. le commandant de Raoul, qui s'est occupé avec beau-
coup d'ardeur de la marche du soldat, a préconisé toute une méthode d'en-
traînement pour augmenter la rapidité du déplacement de l'infanterie. Il
est arrivé à former une allure spéciale qui n'est autre que la « marche
en flexion » (2).
Cette méthode consiste à maintenir les jambes fléchies tant qu'elles
supportent le poids du corps, à ne les étendre qu'au moment de la
propulsion, à ne fléchir la jambe, pendant son oscillation, que juste
assez pour que le pied ne heurte pas les aspérités du sol. Le corps doit
schémas suivants qui sont comme trois formules différentes d'un même
pas de course.
Le schéma 1 (fig. 423) correspond, au commencement de la phase d'appui
unilatéral. Le centre de gravité de la figure passe bien en arrière de la
base ..de sustentation. Cette forme est éminemment représentative du
mouvement parce qu'elle ne saurait être posée. Une figure de coureur ainsi
dessinée nous semblera tomber en arrière, à cause des préjugés dont nous
sommes encore imbus (fig.- 100). Mais il viendra certainement un temps,
où plus éclairés sur la dynamique de la course, nous verrons cette figure,
justement à cause de la position de la ligne de gravité en arrière de la base
de sustentation, comme vraiment animée du mouvement de translation
qu'est la course. Et ce hors d'aplomb nous apparaîtra comme révélateur
de la vitesse' dont est animée.la figure, vitesse nécessaire pour empêcher
la chute en arrière qui se produirait inévitablement si, par impossible, le
coureur pouvait être immobilisé subitement à ce moment de son action.
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 161
toutes les époques, les artistes l'ont choisi pour représenter la course, qui
devient une manière de saut. . .
Mais revenons sur les formes de la course, alors qu'un des pieds touche
le sol.
Si nous nous reportons aux images chronophotographiques,q'ui s'ont'tout
au moins la. vérité scientifique, nous constatons que, lorsque le centré de
gravité de la figure est situé au-dessus du pied posant à terre, l'autre
jambe, au lieu d'être reportée très en arrière, comme dans la formule artis-
tique, est conservée sous le corps et croise la direction de la jambe por-
tante, toute prête à se porter en avant pour entrer en contact avec le sol,
après la phase de suspension (fig. 124).
Il nous faut donc conclure que si, à ce moment, cette même jambe était
très loin en arrière, elle n'arriverait jamais à temps pour, empêcher la
chute quise produirait infailliblement si un coureur pouvait suivre la for-
mule artistique. '
.
562 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Cette dernière formule est donc manifestement antiscientifique. Est-ce à
dire qu'elle soil inesthétique? J'ai montré ailleurs, et j'y reviendrai dans le
prochain volume, que les artistes modernes, en représentant ainsi les cou-
reurs, ont obéi à un certain idéal fort légi-
time, et qu'ils ont produit souvent de fort
belles oeuvres qu'au nom de lois scienti-
fiques trop,rigides on aurait tort de con-
damner. Mais les artistes doivent-ils s'en
tenir à celle formule unique et, négligeant
les enseignements de la science, repousser
de parti pris les formes scientifiques, parce
que la photographie instantanée nous les
a révélées? L'art antique se charge de
répondre à celle question. La photogra-
phie instantanée n'existait pas alors, mais
FIG. 124. — Formule scientifique de la l'observation de la nature était poussée à
course. Schéma du milieu de la phase
d'appui unilatérale. un si haut degré de vérité, que cet art nous
offre de magnifiques exemples de coureurs
représentés en des attitudes forl variées parmi lesquelles il en est d'abso-
lument conformes pour ainsi dire aux schémas correspondants au com-
mencement et à la fin de la période d'appui unilatéral (fig. 123, et II). 1
7î SAUTS DIVERS.
Le saul n'est point un mode de progression normal pour l'homme qui
cependant l'emploie quelquefois lorsqu'il s'agit, par exemple, de franchir
un obstacle.
On distingue le saut en largeur, en hauteur ou en profondeur, le saut de
plain-pied ou avec élan, lé saut à deux pieds ou à un seul pied, etc.
Nous distinguerons, dans l'étude du saut, trois phases :
La phase de préparation;
La phase de suspension (ascension, descente);
La phase de terminaison.
Ces trois phases se retrouvent dans les diverses espèces de saut.
a) Saut de pied ferme en largeur (fig. 125 et ph 28). — PKIUODK
DE PRÉPARATION. — Le corps se penche en avant en se fléchissant, dans
ses divers segments, pendant que -les'bras se portent en arrière.
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION 163
\
au sujet de la position des mains sur le manche, «. que les positions rela-
tives du marteau et de son manche sont la conséquence des bras de levier
•
actionnés pour exiger le moins de force à dépenser, et dont le résultat
donne, par conséquent, le minimum de fatigue, ce qui explique logiquement
le mouvement instinctif de l'ouvrier. » '.
Avec le marteau à une main, le martelage s'exécute « à devant », c'est-
à-dire qu'il est direct,
(i) Etudes de chaudronnerie, par Ch. EIULMONÏ. Extrait: des mémoires '.de ' l'a-
Société des Ingénieurs civils de France (Bulletin"de novembre 1887).
MOUVEMENTS PROFESSIONNELS 169
....'•",-..
cognée, s'abat dans l'entaille précédemment faite qu'elle approfondit à chaque
coup.
Le semeur. •
.
L'homme qui sème est d'abord un homme qui marche. 11 marche dans les
labours d'un, pas assez long et un peu en flexion. Il n'est pas penché eii avant
ainsi que les artistes ont l'habitude de figurer les marcheurs, mais plus ou
MOUVEMENTS PROFESSIONNELS 173
moins renversé en arrière à cause du poids du grain qu'il porte toujours en
avant. Le mouvement du bras droit qui lance le grain ne peut s'exécuter
qu'en se conformant à la loi du balancement alternatif et en diagonale des
membres', loi qui régit la marche, ainsi que nous l'avons vu plus haut. C'est
ainsi que nous voyons, dans les champs, qu'au moment où le bras du
semeur est en arrière, la jambe du même côté est en avant et inversement.
C'est un mouvement qui a souvent été faussement figuré par les artistes,
et, sur nombre de figures de semeurs, le bras qui lance le grain est en arrière
en même temps que la.jambe du même côté. On pourrait dire alors que le
semeur marche l'amble, ce qui est incorrect et ne se voit jamais dans la
nature. '
,
Le faucheur.
.,.,'
.sont d'autres muscles qu'on né voit pas ici qui président à ce mouve-
ment. ..-';"..
MOUVEMENTS PROFESSIONNELS 17b
,
FIN
PLANCHES
L.i VEMENTS DE FLEXION ET D'EXTENSION DE I.'AVV'ST'I'.IIAS SI H LE UIIAS. La main chargée d'un poids.
PL. ». MOUVEMENTS l'A HT IKI.s
MOUVEMENTS DE FLEXION ET D'EXTENSION DE L'AVANT-BRAS SUR LE HUAS. La main opéranl une traction.
MOt: VKMKNTS PARTIELS l'i a
MARCHE EN POUSSANT.
Pi.. 11 LOCOMOTION
MABCIIE EN FLEXION.
LOCOMOT ION PL. 19.
M MICHE MU BNOISB.
Pi.. 22. LOCOMOTION
SAIT EN IIAUTEUB.
EXERCICES PHYSIQUES Pi. 31.
-,.'-
BOXE FRANÇAISE. Coup de poing de massue.
Pi.. 48. EXERCICES PHYSIQUES
BOXE FRANÇAISE, Coup de poing suivi d'uu coup do pied. Vue latérale droite.
Pi.. 50. EX ERCICES PII Y S I QI' ES
BOXE FRANÇAISE, Coup <\<- poing suivi d'un coup de pied. Vue latérale gauche.
EX ERCICES PII YSIQUES Pi
-,
51.
! EXERCICE DU BÂTON.
IV 5'i i:\ i. ne ICI: s IMI vsiori;s
...
lïÈTAHufeiSBQlENT
\l \ \\\KU \.
Pi.. 5li. EX ERCICES PII YSIQUES
ta
LE FORGERON. Marteau à une main. Vue latérale droite.
l'i,. tiO. MOU Y KM KN'I'S l'ROFKSSIONN KL s
LE iti'ciiEuoN.
!''• «*. MOUVEMENTS PROFESSIONNELS
Llî TERRASSIER.
TABLE DES PLANCHES
MOUVEMENTS PARTIELS •
',..'
—
— 27. ;— Course sportive (Racing-Club).
12*'
179
180 ANATOM1E ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
PLANCHE 28.
— Saut en largeur de pied ferme.
— 29. — Saut en largeur avec élan.
— 30. •— Saut en hauteur.
EXERCICES PHYSIQUES
PLANCHE 31.
— Poids. Jeu de l'haltère.
— 32.— Poids. Arracher de. l'haltère. Vue antérieure.
— 33.— Poids. Arracher de l'haltère. Vue postérieure.
— 34.— Poids. Enlèvement de l'haltère en force.
— 35.— Poids. Enlèvement de l'haltère à la volée.
•— 30. — Poids. Enlèvement de la barre à deux mains. Vue antérieure.
— 37. — Poids. Enlèvement de la barre à deux mains. Vue -postérieure.
— 38. — Poids. Lancement du poids (Racing-Club).
— 39. — Poids. Lancement du disque (Racing-Club).
•— 40. — Poids. Lancement du pavé.
— 41. — Boxe anglaise. Coup de poing direct.
— 42. — Boxe anglaise. Coup de poing de revers.
— 43. :— Boxe anglaise. Coup de pied direct. Vue latérale gauche.
— :
44. —: Boxe anglaise. Coup de pied direct. Vue latérale droite.
— 45. — Boxe anglaise. Coup de pied de côté. Vue antérieure.
— 40. — Boxe anglaise. Coup de pied de côté. Vue postérieure.
— 47. — Boxe française. Coup de pied de massue.
—
.
48. — Boxe française. Coup de pied de revers.
— 49. — Boxe française. Coup de poing suivi d'un coup de pied. Vue laté-
rale droite.
— 50. —• Boxe française..Coup de poing suivi d'un coup de pied. Vue laté-
rale gauche.
— 5f. — Lancement de la balle. Vue antérieure.
— 52. — Lancement de la balle. Vue postérieure.
— 53. — Exercice du bâton.
— 54. •— Lancer du ballon avec le pied.
— 55. — Rétablissement aux anneaux.
— 56. — Rétablissement sur les mains.
MOUVEMENTS PROFESSIONNELS
PLANCHE 57. — Le scieur.
— 58. •— Le forgeron. Marteau à une main. Vue antérieure.
— 59. — Le forgeron. Marteau à une main. Vue latérale droite.
— 00. — Le forgeron. Marteau à une main. Vue latérale droite.
— '61. — Le forgeron. Marteau à deux mains. Vue latérale gauche.
— 62. — Le forgeron. Marteau à deux mains. Vue postérieure.
—
' 63. — Le bûcheron.
64. — Le-terrassier.
TABLE DES FIGURES
Pages.
FIGURE 1. — Section verticale de l'extrémité supérieure de l'humérus, de
l'extrémité supérieure du fémur et du squelette du pied,
montrant l'orientation des trabécules osseux de la substance
spongieuse 2
— 2. — Schémas des diverses sortes d'articulations 4
— 3. — Leviers 8
— 4. — Flexion de l'avant-bras sur le bras. Levier du troisième genre. 10
— 5. — Flexion de la jambe sur la cuisse. Levier du troisième genre. 10
•— 0. —Figures schématiques résumant la contraction musculaire.... .
18
— 7. — Schémas relatifs aux différents états physiologiques du
muscle 22
— 8. — Modifications de la forme do la partie postérieure du bras sui-
vant l'état physiologique du muscle triceps 23
— 9. — Mouvements de flexion et d'extension de l'avant-bras sur le
bras 27
— 10. — Mouvements de flexion et d'extension de l'avant-bras sur le
bras (suite) 29
— 11. — Ghronophotographie d'un coup de pied 32
— 12. — Extension lente de la jambe sur la cuisse maintenue horizon-
tale. 33
— 13. — Mouvements d'élévation et d'abaissement du bras en dehors.. 39
— 14. — Mouvements d'élévation et d'abaissement du bras en dehors
(suite) 41
15. — Station de la tête sur la colonne vertébrale
;
— 47
— 16..— Equilibre des divers segments du corps les uns sur les autres
dans la station droite 50
— 17. — Mannequin en bois découpé 52
— 18. — Le même mannequin que la ligure 17 dans la station sur la
plante et dans la station sur la pointe des pieds 53
— 19. — Détermination expérimentale du centre de gravité dans la
station droite 55
— 20. — Station droite avec charge en arrière 50
•'
.—
.
.55.^
56.:—Élévationde l'épaule.....'.; .....;vl.......
86
87
:—
—; -57. — Coupe de l'articulation scapùlo-humérale 88.
-,
— . 59. -—Élévation verticale du bras..
— 60. — Flexion du torse
— 61. — Extension du torse
TABLE DES FIGURES
.......:
'..
:
:.:....'..
183
Pages.
....,-..:.... ;
'91
.89
89
91
.
— - 81. — Tracé des appuis et soutiens des deux pieds dans la marche
ordinaire. 105
—
82. ~ Courbes supérieures : changement de hauteur de la tête dans
•
'-:. ••':-•' —
fe saut. — Courbes inférieures : pression des pieds sur le:
soi...........;.....- ,...........,.:..,.......... :,.. 106
—. .83. — Les courbes supérieures, l'une pleine, l'autre ponctuée, repré-
. .
sentent les phases d'appui et de lever des pieds- droit et-
'.' '•.'-. '..-.-. .gauche ..."..'..,' ........;.............-...... 107..
"
—.. 84. -— Tentative de représentation,. au moyen d'une tige de métal-
..'..,.- cpurbèe-i delà trajectoire sinueuse parcourue par le pubis.. 107
12** '"•'
184 ANATOMIE ARTISTIQUE DU CORPS HUMAIN
Page.3.
FIGURE 85. —Notation ehronographique dés appuis des pieds de l'homme à
dill'rrcnles allures 108
— 86, — Notation du galop. 109
— 87, — Un homme qui marche: attitudes successives données parla
chronophulographie sur plaque lixe 110
— 88. — Un couieur, (dironopliofographie sur plaque fixe -110
; — 89. — Images d'un coureur réduites à des ligues brillantes qui repré-
sen.ionl l'aitilude do ses membres 1 "Il
Pages.
FIGURE 116.— Figurps demi-schématiques de sept positions successives d'un
double pas de la montée d'un escalier 149
— 117. — Montée d'un escalier. Moment du double appui : 150
— 118. — Descente d'un escalier. Moment du double appui 150
— 119. — Figures demi-schématiques de sept positions successives d'un
double pas de la descente d'un escalier 151
—' 120. — Démarche enthousiaste. Moment du double appui 152
— 111. — Démarche sournoise. Moment du double appui 153
— 122. -» Schéma de la formule artistique de la course 160
— 123. — Schéma de la formule scientifique de la course 161
— 124. — Formule scientifique, de la course. Schéma du milieu de la
pluse d'appui unilirtêTals^ 162 '
— 125.— Saut de. pied feni^èSM'rgferi^. '.
.- 163
TABLE DES MATIERES
Pages,
AVANT-I'IIOPOS I
MÉCANIQUE DU MOUVEMENT
LES os, OUGANES-PASSIFS DU MOUVEMENT 1
.
Articulations ,
3
LES MUSCLES, OKGANES ACTIFS DU MOUVEMENT 5
Propriétés du tissu musculaire 5
Al'I'LlCATlON UE LA T11É0IU1S DES LEV1EHS A LA MÉCANIQUE HUMAINE .
7
CENTIUÎ DIS G1UYITÉ DU UOIU'S HUMAIN 11