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THÉMATIQUE

MYCOLOGIE
À TAPER

Émergence de nouveaux champignons


pathogènes en médecine : revue générale
Dominique Chabassea,*, Marc Piheta, Jean-Philippe Boucharaa

RÉSUMÉ
SUMMARY
Au cours des 20 dernières années, l’incidence des infections fongiques,
tant superficielles que profondes, a augmenté de façon considérable.
Emergence of new fungal pathogens :
Ces pathologies surviennent le plus souvent chez des patients fragi-
general review
lisés (transplantations d’organes, greffes de moelle, chimiothérapies
The i nci d ence of f ungal i nf ect i ons has
aplasiantes, nouveaux immunosuppresseurs, …). Si les malades et les
significantly increased during the past two
traitements ont évolué, les champignons impliqués dans les pathologies
decades. These diseases mainly occur in
se sont, eux aussi, diversifiés. On observe en effet l’émergence d’espè-
susceptible patients (organ or bone marrow
ces auparavant inconnues du milieu médical, ainsi que la réémergence
transplantation, haematological malignancies,
d’espèces au pouvoir pathogène établi, mais qui sont responsables de
immunosuppressive drugs, …). Patients and
nouvelles formes cliniques, survenant sur des terrains différents. Ces
treatments have changed, as well as fungi
infections sont associées à des taux de mortalité élevés, souvent liés
which are involved in infections. Indeed, species
à un retard au diagnostic. La liste des « nouveaux champignons » iso-
that were previously unknown to the medical
lés en pathologie humaine s’allonge ainsi chaque jour. Les nouveaux
community are now emerging, likewise well
outils moléculaires ont permis d’identifier avec précision les différentes
known pathogenic species are now responsible
souches isolées.
for new clinical forms. Invasive fungal infections
Mais les infections fongiques émergent aussi chez les sujets immuno-
are associated with high mortality rates, often
compétents. Ainsi, la prévalence des mycoses à champignons « exoti-
related to delayed diagnosis. The list of “new
ques » augmente en zone d’endémie. Par ailleurs, de nombreux cham-
fungi” isolated in human is growing every
pignons filamenteux sont responsables de colonisation chronique des
day. Molecular tools allowed identifying these
voies respiratoires chez les patients atteints d’affections respiratoires
species.
chroniques comme la mucoviscidose. Les onychomycoses sont éga-
Fungal infections, however, are also emerging
lement plus fréquentes dans la population générale, et on rapporte un
in immunocompetent patients. Thus, the
nombre croissant de mycoses cutanées chez les sportifs. Le meilleur
prevalence of infections due to dimorphic
suivi des patients et la généralisation des dépistages systématiques
fungi is increasing in endemic areas. Moreover,
contribuent certainement en grande partie à cette émergence.
many filamentous fungi are responsible for
Les espèces rencontrées sont essentiellement des Ascomycètes ou
chronic colonization of the airways in patients
des formes asexuées (Deutéromycètes) apparentées à ces derniers,
suffering from chronic respiratory diseases
plus rarement des Zygomycètes (Mucorales) et des Basidiomycètes.
such as cystic fibrosis. Onychomycosis are also
Nous passerons en revue les différents groupes de champignons :
more frequent in the general population, and
levures (Candida, Cryptococcus, ...), filamenteux (Aspergillus, Fusarium,
a growing number of skin mycosis is reported
Scedosporium, Alternaria, Exophiala, …), dimorphiques (Histoplasma,
among athletes. The improved monitoring of
Coccidioides, Penicillium marneffei, ...) et les espèces assimilées d’in-
patients and the widespread use of systematic
térêt médical, en insistant sur les espèces émergentes nouvellement
screenings have probably largely contributed
décrites.
to this emergence.
The species encountered mainly belong to
Pathogènes émergents – levures – champignons filamenteux –
champignons dimorphiques – approche mycologique – revue générale. Ascomycetes or to relative Deuteromycetes, less
frequently to Zygomycetes or to Basidiomycetes.
The different groups of fungi will be reviewed:
yeasts (Candida, Cryptococcus, …), moulds
(Aspergillus, Fusarium, Scedosporium, Alternaria,
a Laboratoire de parasitologie-mycologie
Exophiala, …), dimorphic fungi (Histoplasma,
Centre hospitalier universitaire
Coccidioides, Penicillium marneffei, …) and
4, rue Larrey
relative species of medical importance, with a
49933 Angers cedex 9
special emphasis on emerging new species.
*Correspondance
Emerging pathogens – yeasts – filamentous fungi –
DoChabasse@chu-angers.fr
dimorphic fungi – mycological approach –
general review.
article reçu le 2 septembre, accepté le 14 septembre 2009.
© 2009 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés.

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 // 71


1. Introduction Certains de ces « nouveaux » champignons peuvent cepen-
dant être isolés chez des patients immunocompétents [6]. En
La notion d’émergence en microbiologie est un concept effet, au cours de maladies respiratoires chroniques comme
relativement récent, qui correspond à une réalité épidé- la mucoviscidose, des espèces fongiques « nouvelles » ou
miologique complexe s’intégrant à la diversité du vivant. inhabituelles dans un tel contexte ont été isolées à partir de
L’augmentation de l’incidence réelle de certaines maladies prélèvements répétés des voies aériennes [7]. De même,
infectieuses dans une population donnée et dans une région certaines activités, professionnelles ou sportives, accrois-
donnée, par rapport à une situation antérieure, fera qualifier sent le risque de contracter certaines mycoses. Ainsi, les
celles-ci d’émergentes. Cette émergence concerne tous onyxis sont en extension dans les pays développés [8] et
les types de microorganismes (prions, virus, bactéries, on a décrit récemment des épidémies de dermatophyties
protozoaires, helminthes, champignons, algues, …), pour à Trichophyton tonsurans chez des judokas [9]. Par ailleurs,
lesquels il convient de distinguer les espèces réellement l’augmentation importante des voyages intercontinentaux
« nouvelles » de celles déjà décrites. Depuis plusieurs a permis la diffusion de certains « champignons exotiques »
décennies, on assiste à l’émergence de nouvelles maladies autrefois absents de nos climats. Les principales étapes
expliquant l’émergence des mycoses au cours des 5 der-
infectieuses, mais aussi à la réémergence de certaines
nières décennies sont regroupées dans le tableau I.
espèces connues. Cette dernière situation peut être liée
La surveillance accrue du « risque fongique » dans les
à l’évolution des agents pathogènes eux-mêmes, ou à la
services concernés, avec la recherche systématique de
modification de leur environnement. En effet, les agents de
levures et de champignons filamenteux dans les différents
maladies transmissibles profitent de conditions qui leurs
prélèvements biologiques, ainsi que l’amélioration des
sont favorables pour se développer.
techniques au laboratoire de mycologie, ont également
Le nombre de champignons incriminés en pathologie
joué un rôle important dans l’augmentation du nombre
humaine est passé de moins d’une trentaine d’espèces dans
d’espèces détectées [10]. Ainsi, les techniques de biologie
les années 50 à plus de 400 aujourd’hui [1]. Les progrès de
moléculaire permettent d’identifier précisément les espè-
la médecine expliquent en grande partie cette émergence.
ces isolées [11]. En contrepartie, de « nouveaux champi-
En effet, le recours à des protocoles thérapeutiques plus
gnons » peuvent apparaître artificiellement, en raison de
agressifs, notamment au cours des allogreffes de cellu-
redéfinitions taxinomiques engendrées par les travaux de
les souches hématopoïétiques (CSH) dans les services
phylogénie moléculaire.
d’onco-hématologie, ont permis de prolonger la survie
Nous aborderons dans un premier temps la place des
des patients atteints de maladies autrefois incurables, au
champignons émergents en mycologie médicale, puis
prix d’une immunodépression profonde et prolongée [2].
nous détaillerons le diagnostic mycologique, avant de
De nombreux patients réalisent par ailleurs des séjours
passer en revue les différents groupes de champignons
prolongés dans les services de réanimation ou les unités
potentiellement pathogènes pour l’homme (levures,
de soins intensifs, au cours desquels ils reçoivent des anti-
Hyalophyphomycètes, Phaeohyphomycètes, Zygomycètes
biothérapies à large spectre et font l’objet de nombreuses
et champignons dimorphiques).
procédures invasives (cathétérisations, sondages, intuba-
tions, …). Ainsi, on décrit chez les patients immunodéprimés
de plus en plus de fongémies ou de mycoses profondes, 2. Place des champignons
dues à des espèces habituelles ou à des espèces jusque
là inconnues des mycologues [3-5].
émergents en mycologie médicale
En mycologie médicale, il est pratique de distinguer plu-
Tableau I – Les grandes étapes sieurs catégories de champignons potentiellement patho-
de l’émergence des infections fongiques. gènes pour l’homme, en fonction de leur degré de virulence
et de leur compétence au parasitisme.
1950 : Antibiotiques, corticoïdes, traitement des tumeurs solides
± Candidoses, Aspergilloses et Zygomycoses
2.1. Champignons adaptés au parasitisme
1960 : Chimiothérapies, cathéters, voies veineuses centrales
± Fusarioses, Acrémonioses, Scédosporioses
par affinité pour un substrat sélectif
Le meilleur exemple est celui des espèces kératinophiles
1970 : Transplantations d’organes, traitements immunosuppreseurs issues du sol, dont l’avidité pour la kératine humaine et
± Hyalohyphomycoses, Phaeohyphomycoses, mycoses à Zygomycètes rares
animale est très prononcée : les dermatophytes en sont
1980 : VIH, greffes de moelle osseuse, hospitalisations prolongées les meilleurs exemples. Parmi les espèces réémergen-
± émergences de nouvelles espèces telluriques, foncées (Phaeohyphomycètes) tes, il faut signaler la place de Trichophyton tonsurans
ou hyalines (Hyalohyphomycètes)
(figure 1A), agent de teigne isolé classiquement en France
1990-2009 : chez des patients provenant du continent américain ou
1. Multiplication des échanges intercontinentaux des Caraïbes (notamment d’Haïti). Depuis le début des
± mycoses exotiques à champignons dimorphiques années 2000, ce champignon a en effet été à l’origine de
2. Nouvelles espèces issues du sol mieux connues (identification moléculaire)
± mycoses à Hyalohyphomycètes et Phaeohyphomycètes petites épidémies de tinea corporis gladiatorum (lésions
3. Multiplication (et diversification) des activités sportives cutanées et du cuir chevelu) chez des jeunes judokas [9].
± onychomycoses à dermatophytes, levures ou moisissures (contexte particulier Les prélèvements réalisés à titre systématique avaient
du judo : T. tonsurans)
4. Terrains particuliers (mucoviscidose : Aspergillus, Scedosporium, Exophiala, …) permis d’isoler T. tonsurans chez des porteurs sains. Des
études rétrospectives japonaises ont observé le même

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MYCOLOGIE

Tableau II – Principaux champignons pathogènes ou opportunistes d’intérêt médical en extension, isolés au laboratoire
Phaeohyphomycètes (Dématiés) Hyalohyphomycètes et mucorales Principales levures Champignons dimorphiques*

Alternaria : A. alternata, Fusarium : F. solani, F. oxysporum, Candida : C. albicans, C. glabrata, Blastomyces dermatitidis
A. tenuissima, F. verticilloides C. tropicalis, C. parapsilosis, C. krusei, (Amérique du Nord)
Bipolaris sp. Aspergillus : A. fumigatus, A. flavus, C. dubliniensis Coccidioides : C. immitis, C. posadii
Cladosporium : C. carionii A .nidulans, A. terreus, A. niger, A. versicolor, Cryptococcus : Cr. neoformans var. (Régions sèches et arides du continent
Cladophialophora : C. bantiana A. groupe glaucus neoformans, Cr. neoformans var. gatti américain)
Curvularia sp. Acremonium sp. Malassezia : M. furfur, M. globosa Histoplasma capsulatum var. capsulatum
Exophiala : E. dermatitidis, Absidia : A. corymbifera Trichosporon sp. (Amérique centrale et du Nord, Asie,
E. jeanselmei Mucor : M. circinelloides Rhodotorula sp. Océanie)
Phialophora sp. Rhizopus : R. microsporus Saccharomyces sp. Penicillium marneffei
Phoma sp. Rhizomucor : R. pusillus (Extrême-Orient : Thaïlande, Laos,
Scytalidium dimidiatum Scedosporium : S. apiospernum, S. pro- Vietnam)
lificans Paracoccidioides brasiliensis
Scopulariopsis : S. brevicaulis (Amérique du Sud)
Scytalidium hyalinum

* Champignons essentiellement importés (non présents en France métropolitaine) et issus de patients ayant séjourné en zones d’endémies (entre parenthèses).

phénomène au Japon entre 2001 et 2003, chez des judokas ques » peuvent être observés (Histoplasma, Blastomyces,
ainsi que chez d’autres pratiquants de sport de combat Coccidioides, Paracoccidioides, …). Ils se présentent sous
(lutteurs, sumos et karatékas) ayant participé à des tour- deux formes, la forme levure (observée in vivo) et la forme
nois internationaux. filamenteuse (observée in vitro ou dans le milieu naturel). Ils
De façon exceptionnelle, chez des patients atteints de sida sont parfois observés plusieurs années après un séjour en
ou soumis à des thérapeutiques immunosuppressives, les zone d’endémie ; cette « réactivation » fait le plus souvent
dermatophytes peuvent adopter un comportement oppor- suite à une immunodépression récente. D’autres espèces
tuniste et être responsables de lésions sous-cutanées. tropicales, agents des chromomycoses, des mycétomes
Récemment, Trichophyton rubrum a ainsi été isolé de et de la sporotrichose, ne se rencontrent habituellement
lésions nodulaires et ulcérées, chez un patient diabétique que chez les migrants, dans un contexte de « pathologie
sous chimiothérapie et corticothérapie [12]. d’importation ». Les espèces habituellement isolées sont
listées tableau II.
2.2. Champignons potentiellement
pathogènes 2.3. Champignons apparemment
Ces espèces possèdent des facteurs de virulence et d’adap- dénués de pathogénicité
tation au parasitisme, d’où la fréquence de leur isolement Ce sont, dans la grande majorité des cas, des saprophytes
en situation pathologique chez l’immunodéprimé. Certains de l’environnement ou des espèces vivant en commen-
champignons vivent en commensaux au niveau du tube sales, colonisant le revêtement cutané ou les muqueuses
digestif ou de la peau (Candida, Malassezia, Trichosporon). de l’homme et/ou de l’animal. Appelés longtemps « conta-
Le développement d’une mycose dépend alors d’une minants de laboratoire », car isolés à partir des boîtes de
colonisation préalable et de certains facteurs favorisants culture, ils étaient écartés du diagnostic. C’est dans cette
(terrain sous-jacent). D’autres champignons, en revanche, catégorie que l’on recrute la plupart des « nouveaux »
proviennent du milieu extérieur. Ils sont le plus souvent opportunistes émergents aujourd’hui. Leur développement
saprophytes, parfois phytopathogènes ou parasites d’ani- chez l’hôte nécessite un état d’immunodépression, ou
maux, avec dans ce cas un potentiel de pathogénicité des facteurs locaux permettant l’implantation durable du
non négligeable. C’est dans ce dernier contexte que sont champignon, d’où l’appellation de champignons opportu-
décrites les levures du genre Cryptococcus, ainsi qu’un nistes. On inclut dans cette notion de réceptivité aussi bien
certain nombre de champignons filamenteux cosmopo- des facteurs de morbidité locaux (troubles circulatoires,
lites communément appelés moisissures. Il s’agit soit ulcères, brûlures, …) que généraux (déficits immunitaires
de Hyalohyphomycètes (au mycélium hyalin) comme les qualitatifs ou quantitatifs).
Aspergillus, les Fusarium ou les Scedosporium, soit de Cependant, en dépit de leur extraordinaire diversité et de
Phaeohyphomycètes (au mycélium foncé, anciennement leur remarquable adaptation (certains d’entre eux sont
dénommés dématiés) comme les Alternaria, Bipolaris, des parasites de végétaux), à peine plus d’une centaine
Curvularia, Exophiala, soit de Zygomycètes (mucorales d’espèces (sur les quelque milliers répertoriées parmi les
thermophiles) : Rhizopus, Rhizomucor, … Toutes ces moi- saprophytes ou les phytopathogènes) sont capables de
sissures ont une tendance marquée au parasitisme, mais s’implanter chez l’homme. Tous les champignons de l’envi-
leur implantation et leur diffusion chez l’homme dépendent ronnement ne sont donc pas capables de s’implanter chez
essentiellement du terrain sous-jacent. Dans tous les cas, l’homme, même en cas d’affaiblissement très important.
la contamination se produit par voie aérienne ou par voie Il semble que les champignons qui s’adaptent le mieux
cutanée. Elle peut être d’origine nosocomiale (cathéter vei- au parasitisme appartiennent aux Ascomycètes, chez les-
neux centraux, implants, …) ou accidentelle (colonisation quels on place désormais Pneumocystis jirocecii (malgré
de plaies ouvertes, traumatisme, …). l’absence de forme sexuée connue). Les méthodes de
Dans un contexte de voyage en zone intertropicale, de phylogénie moléculaire ont en effet permis de rattacher
redoutables champignons exotiques appelés « dimorphi- aux Ascomycètes de nombreuses moisissures environ-

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nementales ainsi que des levures, classées initialement que dans les laboratoires universitaires ou de référence,
parmi les Deuteromycètes (Fungi imperfecti). auxquels sont souvent adressés les isolats posant des
problèmes d’identification.
3. Conduite du diagnostic Lorsque les prélèvements sont difficilement réalisables et
que l’isolement du champignon ne peut être envisagé, les
mycologique examens sérologiques, ainsi que les recherches d’antigènes
circulants (actuellement limitées au diagnostic d’asper-
3.1. Généralités gillose, de candidose et de cryptococcose) s’avèrent un
Dans le laboratoire de mycologie, la question la plus fré- complément utile au diagnostic. Ces dernières techniques
quemment posée au biologiste est la suivante : l’espèce sont ainsi largement utilisées dans le cadre du suivi des
isolée est-elle impliquée dans un processus pathologique ? patients à risque dans les services d’onco-hématologie.
Tout champignon isolé en culture pure d’un prélèvement La détermination de la sensibilité aux antifongiques ne doit
profond (LBA, LCR, biopsies, …) ou superficiel (expectora- pas être systématique, mais réservée aux souches isolées
tions, urines, sérosités, peau, …) doit être considéré comme d’un site profond ou pour lesquelles on redoute une résis-
un pathogène, surtout lorsqu’il est isolé à plusieurs reprises. tance (patients sous azolés). Pour la détermination des
La notion de contaminant ou de colonisateur commensal ne CMI (qui sont également intéressantes pour la surveillance
sera ainsi retenue qu’après avoir écarté l’hypothèse d’une épidémiologique), les techniques de référence suivent les
mycose opportuniste. Le contexte d’isolement (infection recommandations du CLSI (Clinical and Laboratory Stan-
nosocomiale, notion de voyages, …) est par ailleurs très dards Institute) aux États-Unis, ou de l’EUCAST (European
important à connaître pour l’interprétation des résultats. Committee on Antimicrobial Susceptibillity Testing) en
L’interprétation des résultats au laboratoire ne pourra donc Europe. En pratique, la technique E-Test® (AB Biodisk)
se faire sans une collaboration clinico-biologique. est la plus utilisée au laboratoire. Pour plus de détails,
des références d’ouvrages de mycologie sont proposées
3.2. Démarche diagnostique au laboratoire au lecteur [14, 15].
À partir d’un prélèvement réalisé dans de bonnes condi-
tions, l’examen direct permet de visualiser les structures 3.3. Interprétation des résultats
fongiques (éléments lévuriformes et/ou filaments mycéliens) Elle s’appuie sur le contexte clinique et épidémiologique
au sein des produits pathologiques. L’aspect des éléments et revient au biologiste. En effet, pour affirmer le caractère
fongiques observés est souvent évocateur d’un type de pathogène d’un isolat, l’interprétation sera avantageuse-
mycose particulier (filaments de type « mucorale » ou de ment facilitée par la connaissance du dossier médical du
type Aspergillus, blastospores avec pseudo-mycélium patient. La confrontation clinico-biologique par le dialogue
évoquant un Candida…). Les données de l’examen his- avec le prescripteur prend ici toute sa valeur.
topathologique peuvent être précieuses. Celui-ci permet
en effet d’affirmer le diagnostic de mycose, par la mise
en évidence du champignon en situation parasitaire, mais 4. Champignons émergents
également d’apprécier la réponse cellulaire de l’hôte.
La deuxième étape de la démarche diagnostique consiste 4.1. Levures
en la mise en culture des produits biologiques sur des
milieux standard ou spécifiques. Les colonies fongiques 4.1.1. Les Candida (tableau III)
isolées seront dénombrées, puis identifiées. Pour les levu- Les fongémies à Candida représentent environ 10 à 15 %
res, il existe un certain nombre de réactifs ou de milieux des septicémies hospitalières dans les services « à ris-
permettant l’identification de l’espèce. L’utilisation des que » [16]. La mortalité des candidémies reste assez éle-
milieux chromogéniques, ainsi que les tests d’identifica- vée, liée essentiellement à un diagnostic trop tardif. La
tion rapide basés sur l’agglutination de particules de latex symptomatologie est en effet peu spécifique, et se résume
sensibilisées par des anticorps monoclonaux, permet- le plus souvent en une fièvre qui persiste, malgré une anti-
tent une identification présomptive rapide des principales biothérapie prolongée à large spectre. Candida albicans
espèces de Candida. Pour les autres espèces de levures, est la première espèce en fréquence, suivie de C. glabrata,
les galeries d’identification qui reposent sur l’étude des espèce émergente plus souvent isolée chez des patients
caractères physiologiques (Auxanogramme), permettront ayant préalablement reçu des antifongiques azolés [17].
l’identification. Pour les champignons filamenteux, en L’augmentation de l’incidence de C. parapsilosis dans un
revanche, l’identification repose presque uniquement sur secteur hospitalier incite à la plus grande vigilance en terme
l’étude des caractères morphologiques (macroscopiques de risque de transmission manuportée [18, 19]. Candida
et microscopiques). kefyr, habituellement isolé de produits laitiers, semble
Les techniques de biologie moléculaire sont plus per- émerger en onco-hématologie [20]. C. krusei et C. glabrata
formantes que les cultures mycologiques, en terme de présentent respectivement une résistance naturelle et une
sensibilité et de rapidité de rendu du résultat. Ainsi, la sensibilité intermédiaire (dose-dépendante) au uconazole.
PCR en temps réel permet un diagnostic dans la journée, Des isolats de C. guillermondii résistants au uconazole
tandis que le séquençage des produits de PCR assure ont été identifiés, tandis qu’on commence à observer pour
une identification précise des espèces isolées [11, 13]. d’autres espèces non-albicans des résistances au voricona-
Cependant, faute de standardisation et du faible nombre zole ou aux échinocandines. La résistance de C. lusitaniae
de kits commercialisés, elles ne sont actuellement utilisées à l’amphotéricine B resterait stable [21]. Bien que ceci soit

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MYCOLOGIE

Figure 1 – Aspects macroscopique et microscopique de champignons émergents.

A : Trichophyton tonsurans ; B : Absidia corymbifera ; C : Scedosporium apiospermum ; D : Paecilomyces lilacinus ; E : Exophiala dermatitidis (culture à 37 °C).
A, C, D : grossissement x 400 ; B : x 100 ; E : x 1000.

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sujet à controverse, la pression sélective des antifongiques Tableau III – Distribution des différentes espèces
(utilisation des azolés en prophylaxie) pourrait expliquer de Candida isolées de 2 089 épisodes septicémiques
la recrudescence de nouvelles espèces [17]. survenus en Europe (d’après [16]).
Les techniques de biologie moléculaire ont permis en 1995
Nombre d’isolements
d’individualiser C. dubliniensis de C. albicans. Cette espèce Espèces isolées
(pourcentage)
très proche de cette dernière a été isolée de candidoses C. albicans 1 178 (56,4 %)
oro-pharyngées chez des patients infectés par le VIH [22]. C. glabrata 284 (13,6 %)
Les infections profondes à C. dubliniensis restent rares,
C. parapsilosis 278 (13,3 %)
mais sont souvent de mauvais pronostic.
C. tropicalis 152 (7,2 %)
Récemment, C. bracarensis et C. nivariensis, deux espèces
C. krusei 40 (1,9 %)
proches de C. glabrata, ont été individualisées. C. braca-
rensis semble avoir été au préalable confondu avec C. gla- C. guilliermondii 30 (1,4 %)

brata. En effet, dans une étude rétrospective qui portait C. lusitaniae 15 (0,7 %)
sur 137 souches de C. glabrata, 3 isolats (soit 2,2 % du C. kefyr 10 (0,5 %)
total) ont été réidentifiés comme étant des C. bracaren- C. pelliculosa 9 (0,4 %)
sis [23]. Les premiers cas ont été retrouvés au Portugal, C. famata 7 (0,3 %)
d’autres en Grande-Bretagne, au Japon et en Indonésie. C. dubliniensis 6 (0,3 %)
Sur milieu CHROMagar Candida, la levure reste blanche. C. lipolytica 6 (0,3 %)
Elle est par ailleurs résistante in vitro aux azolés. C. niva- C. norvegensis 5 (0,2 %)
riensis a été isolée en 2005 chez 3 patients espagnols.
C. inconspicua 4 (0.1 %)
Dans une étude rétrospective, 16 isolats ont été identifiés
C. utilis 2 (0,1 %)
par biologie moléculaire. Depuis, la levure a été isolée
C. sake 2 (0,1 %)
d’une candidose oro-pharyngée chez un patient VIH et
lors d’une septicémie sur cathéter. Candida sp. (non identifiée) 9 (0,6 %)
Il a été récemment mis en évidence que C. parapsilosis Association d’espèces 54 (2,4 %)
était en réalité un complexe d’espèces. Le groupe 1 cor-
respond à C. parapsilosis sensu stricto, le groupe 2 à surviendraient chez des patients ne présentant pas de
C. orthopsilosis et le groupe 3 à C. metapsilosis [24]. Une cause évidente d’immunodépression.
vaste étude espagnole portant sur 345 épisodes de can- Le genre Cryptococcus est apparenté aux Basidiomycètes,
didémies a récemment passé en revue la prévalence et la l’espèce la plus pathogène est Cryptococcus neoformans,
susceptibilité aux antifongiques des Candida isolées [25]. qui existe sous 3 variétés principales : C neoformans var.
Vingt-trois pour cent des souches isolées de ces fongémies grubii (sérotype A), C. neoformans var. neoformans (séro-
avaient été identifiées initialement comme des C. parap- type D) et C. neoformans var. gattii (sérotypes B et C).
silosis. À partir des données moléculaires (séquençage Chaque variété diffère sur le plan génétique et épidémio-
des régions ITS), 1,7 % (6/345) et 1,4 % (5/345) des épi- logique, avec des hôtes et des manifestations cliniques
sodes ont été respectivement attribués à C. metapsilosis différentes. La variété neoformans, qui est isolée surtout en
et C. orthopsilosis. Europe, est retrouvée dans le sol et les déjections d’oiseaux
Entre 2001 et 2006, l’étude ARTEMIS a identifié par des (fientes de pigeons). La variété grubii, cosmopolite, est la
méthodes conventionnelles 1 929 isolats cliniques de plus fréquemment isolée chez les patients atteints du sida.
C. parapsilosis. Par biologie moléculaire, 117 de ces isolats Ellle est retrouvée dans les déjections d’oiseaux, mais aussi
(6,1 % du total), provenant pour la plupart du continent sur les troncs d’arbres. Enfin, la variété gattii n’existe que
sud-américain, ont été réidentifiés comme des C. orthop- dans les régions tropicales et subtropicales, et son bio-
silosis, tandis que 34 souches se sont avérées être des tope naturel est représenté par les arbres (eucalyptus et
C. metapsilosis. Comparativement à C. parapsilosis, cette amandiers). Cette dernière variété est plus souvent retrou-
dernière espèce présenterait une plus grande sensibilité vée chez les patients immunocompétents, et les lésions
aux antifongiques, à l’exception du uconazole [18]. évoluent habituellement sur un mode chronique (lésions
granulomateuses pulmonaires et cérébrales) [26].
4.1.2. Les cryptocoques Les autres espèces du genre Cryptococcus sont beau-
Le nombre de cas de cryptococcoses en France métropo- coup plus rarement incriminées en pathologie humaine, et
litaine, ainsi que dans les DOM-TOM, reste stable depuis sont responsables de lésions habituellement superficielles
1997, avec moins de 100 cas déclarés chaque année. Le (Cryptococcus albidus, Cryptococcus laurentii, Cryptococ-
profil des patients s’est modifié, les sujets séropositifs pour cus uniguttulatus).
le VIH devenant moins nombreux que les patients immu-
nodéprimés pour d’autres étiologies (tumeurs solides, leu- 4.1.3. Autres levures d’intérêt médical (tableau II)
cémies, lymphomes, maladies de système, cirrhoses, …). r Le genre Malassezia regroupe des levures lipophiles,
Chez les transplantés d’organe en particulier, les chiffres qui vivent habituellement en commensales sur le revête-
augmentent et la prévalence varie entre 0,26 et 5 % selon ment cutané. Dans certaines circonstances, elles peuvent
les séries. Le rôle majeur des corticoïdes et des nouveaux exprimer un pouvoir pathogène [27]. Ces levures sont
anticorps monoclonaux anti-CD52 (alemtuzumab) utilisés d’aspect globuleux, ellipsoïdal ou cylindrique. Malassezia
au cours des traitements anti-tumoraux ou anti-rejets est furfur est l’agent principal du pityriasis versicolor, mais
à souligner. Par ailleurs, 10 à 40 % des cryptococcoses d’autres espèces peuvent également être incriminées

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MYCOLOGIE

(M. sympodialis, M. globasa, M. restricta, M. pachyder- 4.2. Champignons filamenteux


matis). Les Malassezia peuvent être retrouvés au cours
d’autres affections dermatologiques (pityriasis capitis, 4.2.1. Les principaux Zygomycètes (mucorales)
folliculites du tronc, dermites séborrhéiques, …) sans L’incidence des Zygomycoses augmente de façon régu-
que l’on puisse toujours affirmer leur responsabilité. Des lière depuis une dizaine d’années, en particulier chez les
fongémies à Malassezia, souvent associées à la présence patients ayant reçu une allogreffe de CSH. En effet, l’in-
d’un cathéter central, sont fréquemment observées chez cidence est passée de 1,7/1 000 en 2001 à 6,2/1 000 en
des enfants prématurés recevant une alimentation paren- 2004, situant désormais les zygomycoses au quatrième
térale, plus rarement chez des adultes immunodéprimés. rang des infections fongiques après les candidoses, les
Des infections pulmonaires ou neuro-méningées ont aspergilloses et les cryptococcoses. Dans une revue qui
également été rapportées [28]. fait état de plusieurs études multicentriques européennes
r Le genre Rhodotorula comprend 8 espèces, dont 3 peu- et américaines portant sur 572 mycoses invasives, les
vent être isolées chez l’homme : R. glutinis, R. minuta mucormycoses représentaient une incidence annuelle
et R. mucilaginosa (ex R. rubra). Elles sont facilement cumulée de 3,8/1 000 [33]. Les facteurs de risque sont
reconnaissables grâce à la présence d’un pigment rose à connus (insuffisance rénale, hémopathies, diabète) [34],
rouge en primo-culture sur milieu de Sabouraud. Ce sont mais l’administration antérieure de voriconazole mérite
des levures habituellement commensales de la peau ou d’être soulignée [35, 36]. La porte d’entrée du champi-
des muqueuses, leur pouvoir pathogène (endocardites, gnon est surtout respiratoire (ce qui explique les locali-
méningites, péritonites, infections oculaires, …) s’exerce sations préférentielles naso-sinusiennes ou respiratoires
essentiellement chez l’immunodéprimé: patient séropositif basses), et à un moindre degré digestive ou cutanée.
pour le VIH, insuffisants rénaux, cancers, …) [29]. Une zygomycose peut dans certains cas se développer
r Le genre Saccharomyces comprend des levures qui sont chez un patient sans déficit immunitaire patent. La porte
largement utilisées au cours des réactions de fermentation d’entrée est alors le plus souvent cutanée, et l’infection
dans l’industrie agro-alimentaire (pain, vin, bière...). Saccha- survient après une plaie traumatique ou chirurgicale, une
romyces cerevisiae est le représentant du groupe le mieux brûlure ou une injection intraveineuse ou sous-cutanée.
connu ; dans le milieu extérieur, on retrouve cette levure En milieu hospitalier, des cas d’infection cutanée à partir
dans les fruits et les légumes. Saccharomyces boulardii, très de pansements adhésifs ou d’abaisse-langues souillés
proche de S. cerevisiae et utilisé comme reconstituant de ont été rapportés.
la ore intestinale (sachets d’Ultralevure®) afin de prévenir Les principales espèces incriminées sont Rhizopus oryzae,
les risques de diarrhées sous antibiotiques, a été à l’origine R. rhizopodiformis, R. microsporus, Absidia corymbifera
de quelques épisodes de septicémies. Outre la voie orale, (figure 1B) et Rhizomucor pusillus (tableau II). Les Mucor
la contamination peut se faire par manuportage (souillure (M. racemosus, M. circinereus) sont en revanche moins
des sites d’insertion des cathéters). Les infections à Sac- fréquemment impliqués. Récemment, le genre Absidia a
charomyces restent néanmoins rares, affectant surtout les été révisé [37].
prématurés ou les patients très affaiblis [30].
r Le genre Trichosporon regroupe des levures vivant en 4.2.2. Autres Zygomycètes émergents (tableau IV)
commensales sur le revêtement cutané, qui se caractéri- r Apophysomyces elegans est un redoutable opportu-
sent par un mycélium et un pseudo-mycélium abondant, et niste. Il colonise les plaies (traumatismes ou brûlures) et
produisent à la fois des arthrospores et des blastospores. participe à la dégradation des tissus, générant ainsi de
Trichosporon asahii, espèce la plus isolée en pathologie grands délabrements cutanés et occasionnant parfois des
humaine, est responsable de septicémies ou d’infections lésions profondes d’ostéomyélite.
profondes (endocardite après remplacement valvulaire, r Cunninghamella bertholletiae est à l’origine de zygomy-
pneumopathie d’hypersensibilité, …), notamment chez les coses disséminées chez des patients fortement immuno-
patients d’onco-hématologie [31]. Trichosporon inkin et déprimés (atteints de leucémie aiguë) [38]. Comme pour les
T. ovoïdes (ex T. beigelii) sont les agents de la piedra blanche, autres Zygomycètes, le rôle favorisant de la déféroxamine,
caractérisée par la formation de petits nodules blanchâtres
au niveau des poils, siégeant respectivement au niveau du
pubis et de la tête (moustache, barbe et cuir chevelu). Tri-
Tableau IV – Zygomycètes émergents.
chosporon asteroïdes et T. cutaneum ont été impliqués dans
des lésions d’onyxis, d’intertrigos ou d’otomycoses. Absidia : A. coerulea
r Le genre Geotrichum regroupe des champignons fila- Apophysomyces : A. elegans
menteux arthrosporés, dont l’aspect en culture ressemble Chlamydoabsidia : C. padenii
à celui des levures. D’origine alimentaire (produits laitiers), Cokeromyces : C. recurvatus
G. candidum est un commensal habituel du tube digestif. Cunninghamella : C. bertholletiae
En cas de colonisation importante, il peut être à l’origine Mucor : M. luteus, M. hiemalis, M. ramosissimus,
d’atteintes digestives (colopathies), respiratoires (bronchi- M. indicus
tes et pneumopathies) ou de rares atteintes disséminées. Rhizopus : R. microsporus var. rhizopodiformis,
R. microsporus var. microsporus, R. oryzae,
Geotrichum capitatum, proche des Trichosporon, peut être
R. stolonifer
responsable de formes profondes (méningites, pneumo- Saksenaea : S. vasiformis
pathies, ostéomyélites, …) ou disséminées (septicémies) Syncephalastrum : S. racemosum
chez des patients fortement immunodéprimés [32].

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Tableau V – Classification trouve notamment les patients allogreffés. La neutropénie
du genre Aspergillus, d’après [43]. profonde (PNN < 0,5 giga/L) et la corticothérapie prolon-
gée à fortes doses représentent les principaux facteurs
Sous-genre Section Forme sexuée
favorisants. Les anti-TNF-alpha (adalimumab, inâiximab et
Aspergillus Aspergillus Eurotium étanercep), nouveaux médicaments immunosuppresseurs
Restricti Eurotium utilisés dans le traitement des maladies inâammatoires
Fumigati Fumigati Neosartorya chroniques, sont également associés à un risque accru
Cervini
de développer une AI.
Circumdati Circumdati Neopetromyces
Aspergillus fumigatus est l’espèce la plus souvent isolée,
Nigri
Flavi Petromyces suivie par A. flavus. L’incidence d’A. terreus, qui est sou-
Cremei Chaeosartorya vent résistante à l’amphotéricine B, semble en augmen-
Terrei Terrei tation [40]. A. nidulans, A. niger et A. versicolor sont plus
Flavipedes Fennelia rarement impliqués au cours des AI. De nouvelles espèces
Nidulantes Nidulantes Emericella ont cependant été rapportées : A. ustus [41], A. lentulus [42]
Usti Emericella
Sparsi A. niveus et A. alabamensis [13].
Raperi Récemment, le genre Aspergillus a été entièrement revisité
Silvati` grâce aux données de la biologie moléculaire (séquençage
Ochrasorosei
Bispori des gènes codant pour l’actine, la calmoduline, la béta-
Ornati Ornati tubuline, …) exploitées dans des logiciels de phylogénie.
Warcupi Warcupi Scerocleista Entre le genre et l’espèce ont été créés des sous-genres
Zonati Penicilliopsis et des complexes d’espèces (ou sections) (tableau V) [43].
Candidi Candidi Une nouvelle espèce appartenant à la section Flavii,
Les sections où se trouvent les espèces impliquées en pathologie Petromyces alliaceus, a ainsi été récemment décrite. De
humaine sont soulignées. même, certains isolats, identifiés au préalable comme des
A. ustus, seraient en fait confondus avec A. calidoustus,
un agent chélateur du fer utilisé au cours des hémosidé- nouvelle espèce émergente résistante aux triazolés et aux
roses, est souvent avancé. échinocandines. On perçoit donc l’intérêt d’identifier pré-
r Saksenaea vasiformis est une espèce de connaissance cisément les espèces pour une meilleure prise en charge
récente impliquée en pathologie humaine. Issue du sol, thérapeutique des patients.
elle est associée le plus souvent à des accidents de la
voie publique. Elle est à l’origine de lésions cutanées 4.2.4. Les Fusarium
extensives et vasculaires. Le genre Fusarium comprend une quarantaine d’espèces
r Syncephalastrum racemosum, issu lui aussi du sol, cosmopolites, parmi lesquelles F. solani, F. verticillioides et
génère des atteintes cutanées et pulmonaires à l’origine F. oxysporum sont le plus souvent impliquées en patho-
de boules fongiques intra-bronchiques. Ainsi, entre sep- logie humaine. La plupart des observations de fusarioses
tembre 2005 et janvier 2006, 8 patients sans facteur d’im- ont été décrites aux États-Unis, au Brésil ou en Europe
munodépression connu, victimes des ouragans Katrina (France, Italie) [44]. Chez les patients immunocompétents,
et Rita à La Nouvelle-Orléans, ont présenté des atteintes les Fusarium sont principalement à l’origine de kératites et
broncho-pulmonaires à S. racemosum [39]. d’endophtalmies (post-traumatiques), d’onyxis des mains
r Chlamydoabsidia padenii a été isolé d’une kératite post- ou des pieds (souvent associé à un périonyxis) et plus
traumatique. rarement sous nos climats, de mycétomes. Les Fusarium
r Cokeromyces recurvatus, issu du sol, notamment de peuvent également déterminer des endocardites, des péri-
déjections de lapins, peut être à l’origine de cystites tonites, des arthrites ou des abcès cérébraux. Ils colonisent
hémorragiques ou de diarrhées sévères chez l’immuno- aussi volontiers les brûlures étendues (dépassant 50 %
déprimé. de la surface corporelle). Les fusarioses sont en exten-
sion chez les patients cancéreux. En effet, les Fusarium
4.2.3. Les Aspergillus arrivent en deuxième position des pathogènes fongiques
Les Aspergillus sont les champignons filamenteux oppor- inhabituels, après les Trichosporon. D’autres espèces plus
tunistes les plus fréquemment impliqués en pathologie rares de Fusarium sont isolées de lésions profondes, chez
humaine. Leur développement chez l’hôte nécessite l’exis- les patients neutropéniques : ce sont F. chlamydosporum,
tence de conditions locales favorables à leur implantation F. napiforme, F. proliferatum, F. dimerum et F. (Gibberella)
(sinusite, caverne tuberculeuse, cancer broncho-pulmonai- moniliforme. De nouvelles espèces sont également citées
re, broncho-pneumopathie chronique obstructive, emphy- de façon plus anecdotique : F. incarnatum, F. lichenicola
sème, dilatation des bronches, …). Ainsi, ils colonisent et F. semitectum [44].
fréquemment les voies respiratoires des patients atteints Comme pour les Aspergillus, le facteur de risque majeur
de mucoviscidose [7]. La forme clinique la plus redoutée est la neutropénie profonde et prolongée (durée moyenne
est l’aspergillose pulmonaire invasive (AI), d’évolution de 45 jours), ainsi que la corticothérapie. Les signes radio-
très rapide et malheureusement souvent fatale. Elle est logiques, en particulier les images tomodensitométriques
la hantise des services d’onco-hématologie. L’incidence (signe du halo), ne sont pas spécifiques. Les Fusarium,
de l’AI augmente en effet parallèlement au nombre de à l’inverse des Aspergillus, ont cependant une meilleu-
patients fortement immunodéprimés, dans lesquels on re diffusion sanguine, d’où la positivité fréquente des

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MYCOLOGIE

hémocultures au cours des formes disséminées. Les sep-


Tableau VI – Les autres champignons émergents
ticémies à Fusarium sont par ailleurs fréquemment asso-
agents de hyalohyphomycoses.
ciées à des lésions cutanées, se présentant sous forme de
Acremonium : A. alabamensis, A. falciforme, A. kiliense,
papules au centre nécrotique. La mauvaise sensibilité des A. potronii, A. recifei, A. roseogriseum,
Fusarium aux antifongiques fait redouter les fusarioses en A. strictum
onco-hématologie. Le voriconazole et l’amphotéricine B Aphanoascus : A. fulvescens*
Arthrobotrys : A. oligospora
sont les molécules à préconiser.
Arthrographis : A. kalrae
Arnium : A. leporinium*
4.2.5. Les Scedosporium Aspergillus : A. amstelodami, A. candidus, A. carneus,
Le genre Scedosporium arrive en troisième position après les A. clavatus, A. conicus, A. deflectus,
A. flavipes, A. niveus, A. ochraceus, A. oryzae,
Aspergillus et les Fusarium, dans les atteintes à champignons A. parasiticus, A. repens, A. restrictus,
filamenteux chez l’homme. Deux espèces sont considérées A. ruber, A. sydowii, A. ustus
comme de redoutables pathogènes émergents. Beauveria : B. alba, B. bassiana
Chrysosporium : C. tropicum
r Scedosporium apiospermum (figure 1C) est un cham- Cylindrocarpon : C. lichenicola, C. tonkinense, C. vaginae
pignon habituellement retrouvé dans les sols et les eaux Dipodascus : D. capitatus*
pollués (litières animales, boues de stations d’épura- Engyodontium : E. album
Fusarium : F. chlamydosporum, F. dimerum, F. monilifor-
tion, …). Chez l’immunocompétent, un certain nombre de me, F. nivale, F. napiforme, F. pallidoroseum,
scédosporioses ont été observées, survenant la plupart F. simiectum, F. proliferatum, F. roseum
du temps dans un contexte particulier. S. apiospermum a Leptosphaeria : L. coniothyrium*
Microascus : M. cinereus, M. cirrosus
ainsi été associé à d’authentiques infections disséminées Myceliophthora : M. thermophila
survenant après accident de noyade en eau stagnante Myriodontium : M. keratinophilum
(pneumopathies associées à des abcès cérébraux) [45]. Nodulisporium : Nodulisporium sp.
Neocosmopora : N. vasinfecta*
Kératites, ostéo-arthrites et mycétomes à grains blancs Neosartorya : N. fischeri*
se voient suite à une inoculation traumatique, tandis qu’au Onychocola : O. canadensis
cours de la mucoviscidose, de rares formes allergiques Paecilomyces : P. fumoso-roseus, P. javanicus, P. lilacinus,
P. marquandii, P. variotii, P. viridis
de type ABPA ont été décrites. Ce champignon colonise Penicillium : P. casei, P. chrysogenum, P. citrinum,
en effet fréquemment les bronches des patients atteints P. commune, P. crustaceum, P. expansum,
de mucoviscidose, le plus souvent en association avec P. glaucum, P. marneffei, P. spinulosum,
P. decumbens
A. fumigatus [7]. La grande majorité des infections dissé- Phialemonium : P. obovatum
minées à S. apiospermum s’observe cependant chez le Pseudoallescheria : P. boydii*
patient immunodéprimé, notamment chez les transplantés Scopulariopsis : S. acremonium
Sporothrix : S. schenckii, S. cyanescens
d’organe. Le tableau pulmonaire initial est difficilement Thermomyces : T. lanuginosus
différenciable, cliniquement ou radiologiquement, de l’as- Trichoderma : T. viride, T. koningii, T. pseudokoningii
pergillose invasive. Les métastases cérébrales (37 % dans Tubercularia : T. oryzae
Tilletiopsis : T. minor
certaines séries) ou cutanées (25 %) sont assez fréquentes, Tritirachium : T. vulgaeris
tandis qu’il est possible d’observer un choc infectieux. Les Volutella : V. cinerecens
hémocultures sont par ailleurs fréquemment positives. *Ascomycètes vrais (formes sexuées mises en évidence en culture).
Le taux de mortalité dépasse les 50 % et l’infection est
constamment mortelle en l’absence de traitement [46].
r Scedosporium prolificans (ex S. inflatum) est une espèce nellement impliqués en pathologie humaine. On a décrit
moins fréquemment rencontrée, mais dont le spectre cli- cependant des kératites à P. citrinum et P. expansum,
nique est très proche de celui de S. apiospermum. Elle ainsi que des atteintes profondes chez des patients immu-
présente une sensibilité moindre aux antifongiques et nodéprimés (localisation pulmonaires à P. crustaceum,
semble associée à une mortalité plus importante. P. spinulosum, P. betai et P. janthinellum, endocardites
Le traitement des scédosporioses est difficile et le vori- à P. chrysogenum et P. decumbens). Une colonisation
conazole est souvent proposé en première intention. Les chronique des voies aériennes par P. emersonii chez un
travaux récents de phylogénie moléculaire ont permis enfant atteint de mucoviscidose a été par ailleurs rappor-
d’identifier deux nouvelles espèces au sein du complexe tée, sans toutefois mettre en évidence une association
Scedosporum apiospermum/Pseudallescheria boydii, avec un retentissement clinique [48].
S. aurantiacum et S. dehoogii [47]. r Les années 80 ont vu l’émergence des Paecilomyces,
moisissures telluriques parfois parasites d’insectes. On
4.2.6. Les autres Hyalohyphomycètes (tableau VI) décrit surtout des kératites et des endophtalmies post-trau-
D’autres moisissures que les Aspergillus, Fusarium et matiques (ou liées au port de lentilles de contact), ainsi que
Scedosporium peuvent être impliquées dans des lésions des sinusites, endocardites, péritonites, abcès cérébraux
humaines. Elles sont regroupées dans les Hyalohypho- et pneumopathies chez des patients immunodéprimés [44].
mycètes et l’on parle alors de hyalohyphomycoses [44]. Le point de départ des infections profondes est souvent
Au cours de ces infections, le champignon est en effet un onyxis méconnu ou l’implantation de matériel étranger
rencontré à l’état parasitaire dans les tissus sous forme souillé (remplacement de valves cardiaques). P. lilacinus
de filaments clairs (hyalins) et cloisonnés (septés). (figure 1D) et P. variotii sont les espèces les plus souvent
r En dehors de Penicillium marneffei (cf. champignons impliquées, mais on peut également citer P. javanicus et
dimorphiques), les Penicillium ne sont qu’exception- P. viridis. La résistance des spores de Paecilomyces à de

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nombreux procédés de stérilisation expliquerait en partie r Acrophialophora fusispora, champignon thermotolérant issu
la responsabilité de ce champignon dans des infections du sol, a été isolé de kératites et de pneumopathies chez des
nosocomiales. patients immunocompétents, ainsi que d’un abcès cérébral
r La plupart des Acremonium isolés au laboratoire sont chez un enfant atteint de leucémie aiguë. Il est également à
considérés comme des contaminants des cultures, mais l’origine d’une colonisation chronique des voies aériennes
ils peuvent parfois être responsables d’onyxis, de kératites chez les patients atteints de mucoviscidose [53].
ou de mycétomes à grains blanc (A. kiliense, A. falciforme) r Arthrobothrys oligospora, saprophyte du sol, est respon-
[49]. Certaines espèces ont par ailleurs un comportement sable de kératites post-traumatiques.
opportuniste assez marqué. Ainsi, A. strictum est à l’ori- r Engyodontium album a été isolé d’une lésion d’endo-
gine de pneumopathies et de septicémies, A. alabamen- cardite.
sis d’abcès cérébraux, et A. roseogriseum d’arthrites du r Myceliophthora thermophila a été à l’origine d’une atteinte
genou [44]. viscérale multiple mortelle chez une enfant de 7 ans atteinte
r Les espèces du genre Beauveria sont surtout connues de leucémie myéloblastique aiguë.
comme étant des parasites d’insectes (B. bassiana, r Microascus cirrosus a été isolé d’une lésion d’un genou,
B. alba…). Elles ne sont que très exceptionnellement incri- probablement suite à un traumatisme ancien, chez un enfant
minées en pathologie humaine (kératites, endocardites et de 12 ans ayant reçu une greffe de moelle osseuse. M. cine-
pneumopathies) [44]. reus, espèce proche, a été impliquée dans des sinusites
r Les Chrysosporium sont, comme les dermatophytes, maxillaires.
des espèces kératinophiles (et souvent kératinolytiques) r Neocosmospora vasinfecta, stade sexué d’un Acremo-
issues du sol. Elles peuvent coloniser le revêtement cutané nium, a été isolé d’une lésion sous-cutanée de la jambe
de l’homme, comme le pelage de nombreux animaux. Leur d’un patient transplanté rénal.
pathogénicité reste cependant limitée : onyxis, intertrigos r Nodulisporium sp. est un agent de sinusite chronique et
des espaces interdigitaux et atteintes de la peau glabre d’abcès cérébral.
simulant de véritables dermatophyties [14]. Plus rarement, r Thermomyces lanuginosus a été impliqué dans une endo-
certains Chrysosporium ont été incriminés dans des attein- cardite suite à une chirurgie de prothèse.
tes profondes (sinusites, endocardites, ostéomyélites) chez r Tilletiopsis minor, qui ressemble à un Fusarium, a été
l’immunodéprimé [44]. Récemment, C. tropicum a été isolé récemment incriminé dans la survenue d’une kératite dans les
d’un abcès pulmonaire chez un patient ayant bénéficié suites d’une intervention au laser pour correction de myopie,
d’une chirurgie aortique [50]. chez un patient diabétique non insulinodépendant [54].
r Les Scopulariopsis sont des moisissures telluriques
cosmopolites. S. brevicaulis est un agent classique 4.3. Les Phaeohyphomycètes (Ex Dématiés)
d’onychomycose [49]. Cependant, des kératites post-trau- (tableaux II et VII)
matiques ainsi que des atteintes viscérales (endocardites, Ce sont pour la plupart des champignons issus du sol,
péritonites) ont été rapportées chez des patients immu- saprophytes de végétaux en décomposition ou parasites
nodéprimés [44]. de plantes. On compte environ 60 genres et plus d’une
r Scytalidium hyalinum est un saprophyte du sol des centaine d’espèces, qui appartiennent aux Deuteromy-
régions tropicales (Antilles et Afrique le plus souvent). Cette cètes, aux Ascomycètes ou aux Coelomycètes [3]. La
espèce, qui pour certains auteurs est un mutant apigmenté caractéristique commune de ce groupe est de produire
de S. dimidiatum, est à l’origine d’atteintes hyperkératosi- un pigment, la mélanine, qui confère aux champignons
ques palmo-plantaires, associées souvent à des onyxis et une certaine résistance à la phagocytose [55]. Plusieurs
simulant une dermatophytie. Aucune atteinte profonde ne espèces sont bien adaptées au parasitisme et présentent
semble avoir été rapportée [51]. in vivo une morphologie parasitaire particulière, comme
r Saprophytes du sol, les Trichoderma (T. harzianum, les cellules fumagoïdes observées avec les agents de
T. koningii, T. pseudokoningii, T. viride et T. atroviride) peu- chromomycose ou les grains noirs rencontrés au cours
vent être responsables d’otites, de pneumopathies ou de des mycétomes fongiques. La plupart des Phaeohyphomy-
« truffes fongiques » pulmonaires, de péritonites chez des cètes se présentent cependant dans les tissus sous forme
patients dialysés péritonéaux, ou d’abcès cérébraux chez de filaments mycéliens à paroi plus ou moins pigmentée,
l’immunodéprimé [52]. parfois associés à des éléments lévuriformes. Le terme de
r Onychocola canadensis est un nouvel agent d’onycho- phaeohyphomycoses avait ainsi été proposé par Ajello pour
mycose dont on ne connaît pas encore le biotope naturel. désigner les mycoses superficielles ou profondes causées
Cette espèce est à l’origine de lésions mimant celles causées par ces champignons « noirs » appartenant le plus souvent
par des dermatophytes, d’où l’appellation de « pseudo-der- au groupe des Dématiés [3].
matophyte ». O. canadensis, isolée pour la première fois au Beaucoup de Phaeohyphomycètes sont cosmopolites, mais
Canada en 1990, est à l’origine de d’onychopathies des pieds certains se rencontrent plus spécifiquement en climat chaud
survenant le plus souvent chez des femmes âgées souffrant et humide, avec des variations régionales. Ainsi, en Europe
de troubles circulatoires des membres inférieurs [49]. prédominent les alternarioses, au Sud-Ouest des États-Unis,
on trouve surtout des phaehyphomycoses à Bipolaris sp.,
4.2.7. Hyalohyphomycètes rares (tableau VI) Cladosporium sp., Exophiala sp., Exserohilum sp., et Ochro-
La liste des « nouveaux » Hyalohyphomycètes s’allongeant conis gallopavum, au Japon c’est Exophiala dermatitidis qui
chaque jour, les espèces citées ne sont que des exemples prédomine et au Moyen-Orient, on trouve avec une certaine
parmi d’autres [1]. fréquence Ramichloridium obovoideum.

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MYCOLOGIE

Le spectre clinique des phaeohyphomycoses est large.


Tableau VII – Autres champignons émergents
Les formes superficielles (onychomycoses, kératites, sinu-
agents de phaeohyphomycoses.
sites allergiques) se rencontrent surtout chez les patients
immunocompétents, tandis que les lésions profondes se Acrophialophora : A. fusispora
voient chez l’immunodéprimé : nodules sous-cutanés ou Alternaria : A. chartarum, A. chlamydosporum, A. dianthicola,
A. infectoria, A. stemphyloides
kystes phaeohyphomycosiques, pneumopathies, atteintes
Anthopsis : A. deltoidea
cérébrales [56]. Arachnomyces : A. nodosetus
Arnium : A. leporinum
4.3.1. Les Alternaria Arthrinium : A. phaeospernum
Aureobasidium : A. pullulans
Les Alternaria sont des saprophytes ou des parasites de Bipolaris : B. autraliensis, B. hawaiiensis, B. spicifera
plantes très répandus. En Europe, les phaeohyphomycoses Botryomyces : B. caespitosus
à Alternaria (A. alternata, A. tenuissima, A. infectoria, …) sont Chaetomium : C. artrobruneum, C. funicolum , C. globosum*,
C. perpulchrum*, C. strumarium*, C. perlucidum
les plus fréquentes. Les atteintes cutanées (lésions verru- Chaetophora : C. dermo-unguius
queuses), sous-cutanées (plaques, nodules) et les kératites Cladorrhinum : C. bulbillosum
post-traumatiques sont les plus nombreuses ; on compte Cladosporium : C. cladosporioides, C. devriesii, C. elatum, C. oxysporum, C.
sphaerospermum
en effet plus de 150 observations bien documentées [3, 56]. Collectotrichum : C. dematium
Les atteintes profondes sont plus rares, on décrit cependant Coniothyrium : C. fuckelii**
des atteintes sinusiennes avec lyse osseuse et des formes Curvularia : C. brachyspora, C. clavata, C. geniculata, C. lunata,
C. pallescens, C. senegalensis
pulmonaires et péritonéales, rencontrées chez l’immunodé-
Cyphellophora : C. pluriseptata
primé (transplantation d’organes, insuffisance surrénalienne, Dichotomophthora : D. portulacae
corticothérapie, maladie de Cushing, …). Dichotomophthoropis : D. nymphaearum
Dicyma : D. ampullifera
Dissitimurus : D. exedrus
4.3.2. Aureobasidium pullulans Dreschslera : D. biseptata
Ce saprophyte du sol, parfois parasite de végétaux, est Exophiala : E. moniliae, E. pisciphila, E. salmonis,
capable de coloniser des substrats divers comme les E. spinifera
Exserohilum : E. longirostratum, E. meginnisii, E. rostratum
cartons d’emballage. Il peut se retrouver sur la peau et Fonsecaea : F. pedrosoi
les phanères de l’homme sans entraîner de lésions, mais Geniculosporium : Geniculosporium sp.
également causer des atteintes cutanées ou sous-cutanées Hormonema : H. dematioides
Lasiodiplodia : L. theobromae
(lésions verruqueuses), voire des kératites ou des atteintes Lecythophora : L. hoffmannii, L. mutabilis
profondes chez l’immunodéprimé [3]. Microascus : M. cinereus, M. cirrosus
Monilliella : M. suaveolens
4.3.3. Les Bipolaris Myceliophthora : M. thermophila
Mycocentrospora : M. acerina
Trois espèces, habituellement parasites de Graminées, Mycoleptodiscus : M. indicus
sont occasionnellement pathogènes pour l’homme : Nattrassia : N. mangiferae**
B. spicifera (ex Dreschlera spicifera), espèce la plus courante Nigrospora : N. sphaerica
Nodulisporium : Nodulisporium sp.
en France, B. australiensis et B. hawaiiensis. Des formes Ochroconis : O. galloparva, O. tshwytschae, O. humicola
cutanées pures, post-traumatiques, ont été décrites chez Oidiodendron : O. cerealis
des patients sous corticothérapie; les infections profon- Peyronellaea : P. glomerata
Phaeoacremonium : P. parasiticum, P. rubrigenum, P. inflatipes
des (sinusites, péritonites, méningo-encéphalites) et les Phaeoannellomyces : P. elegans, P. werneckii
formes disséminées sont presque toutes retrouvées chez Phaeosclera : P. dematioides
des patients fortement immunodéprimés [3]. Phaeotheca : Phaeotheca sp.
Phaeotrichoconis : P. crotalariae
Phialemonium : P. obovatum
4.3.4. Les Cladosporium et Cladophialophora Phialophora : P. bubakii, P. parasitica, P. repens, P. verrucosa,
Cladophialophora carrionii (ex Cladosporium carrionii) est un P. richardsiae, P. europeae
Phoma** : P. cava, P. cruris-hominis**, P. eupyrena**, P. herbarium**,
des principaux agents des chromomycoses tropicales. Son
P. hibernica**, P. minutella**, P. oculo-hominis**
caractère opportuniste est cependant limité [56]. A l’inverse, Phyllosticta** : P. citricarpa**
Cladophialophora bantiana (ex Cladosporium bantianum) Phyllostictina : Phyllostictina sp.**
s’avère un redoutable pathogène des régions tropicales. Il Pleurophoma : P. pleurospora**
Pleurophomopsis : P. lignicola**
possède en effet un neurotropisme marqué et détermine des Pseudomicrodochium : P. suttonii
abcès cérébraux et des méningo-encéphalites disséminées Pyrenochaeta* : P. unguis-hominis**
au pronostic sombre. D’autres espèces de Cladosporium Rhinocladiella : R. schulzeri, R. aquaspora
Sarcinomyces : S. phaeomuriformis
(C. herbarum, C. oxysporeum, C. sphaerospermum et C. Scopulariopsis : S. brumpti
cladosporioides) sont occasionnellement responsables Taeniolella : T. boppii, T. stillbospora
d’atteintes superficielles ou profondes [3]. Tetraploa : T. aristata
Thermomyces : T. lanuginosa
Trichomaris : T. invadens
4.3.5. Le genre Curvularia Ulocladium : U. chaerarum
Parmi les 35 espèces que compte ce genre présent essen- Veronaea : V. bothryosa
Wallemia : W. sebei
tiellement en zone tropicale, 8 (dont C. lunata, C. pallescens
Xylohypha : X. emmonsii
et C. geniculata) ont été impliquées dans des infections
humaines (sinusites, kératites, endocardites, pneumopa- * Ces espèces sont classées parmi les Ascomycètes.
thies, péritonites et atteintes cérébrales) [1]. ** Ces espèces sont classées parmi les Coelomycètes.

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 // 81


4.3.6. Le genre Exophiala riées comme potentiellement pathogènes pour l’homme.
Le genre Exophiala est le plus souvent représenté en France par Certaines ont été isolées de lésions de chromomycose
l’espèce E. jeanselmei dont le spectre clinique a considérable- (P. verrucosa), d’autres (P. bubaki, P. europeae, P. parasi-
ment évolué depuis 1928, date à laquelle Jeanselme l’a isolée tica et P. richardsiae) sont responsables de lésions sous-
pour la première fois en Martinique, à partir d’un mycétome. cutanées, de kératites ou d’atteintes profondes [1].
En 1967, Mariat et coll. l’isolèrent d’un abcès sous-cutané
bien circonscrit contenant un liquide purulent [1]. À l’époque, 4.3.10. Scytalidium dimidiatum
les auteurs utilisèrent le terme de « phaéosporotrichose » (par S. dimidiatum est un parasite de plantes et d’arbres fruitiers
analogie à la sporotrichose) pour définir cette nouvelle entité absent des régions tempérées. Il est responsable d’attein-
clinique, qui sera rebaptisée plus tard par Ajello « kyste phaéo- tes superficielles simulant une dermatophytie (on le range
hyphomycotique ». Depuis, le nombre d’observations n’a classiquement dans les « pseudo-dermatophytes ») et sié-
cessé de croître dans la littérature. Les formes cutanées et geant au niveau des pieds (espaces interdigitaux, ongles
sous-cutanées, post-traumatiques, sont les plus fréquentes et plantes), plus rarement au niveau des mains (hyperké-
et surviennent le plus souvent dans un contexte d’immuno- ratose palmaire). Les patients vus en France sont pour
dépression (corticothérapies). Des localisations profondes la plupart originaires des Antilles ou d’Afrique noire. Les
sont également rapportées, avec des localisations articulaires, atteintes sous-cutanées et les formes invasives (sinusites,
endocardiques, œsophagiennes et pulmonaires. endophtalmies, spondylodiscites) restent rares, dans un
Exophiala dermatitidis (ex Wangiella dermatitidis) (figure 1E) contexte habituel d’immunodépression. Récemment, une
est cosmopolite ; issu du sol des régions tempérées humides forme pseudo-tumorale localisée au niveau de l’avant-bras a
ou tropicales, il est également isolé des eaux chaudes (sau- été rapportée chez une patiente transplantée rénale [51].
nas et bains turcs). Ce dématié émergent, autrefois agent
classique de chromomycose, est de plus en plus souvent 4.3.11. Les autres Phaeohyphomycètes émergents
incriminé dans des atteintes superficielles (post-traumatiques) (tableau VII)
ou profondes (cérébrales, cardiaques et pulmonaires). En De « nouvelles » espèces, pour lesquelles une à plusieurs
Europe, ces dernières atteintes sont rares, les formes cliniques observations ont été documentées, sont régulièrement ajou-
observées sont surtout des colonisations chroniques des voies tées à la liste des Phaeohyphomycètes émergents [1].
aériennes chez des patients atteints de mucoviscidose ou r Botryomyces caespitosus a été isolé de lésions cutanées
présentant des dilatations des bronches. Les pneumopathies à post-traumatiques.
E. dermatitidis sont rares dans la mucoviscidose ; cependant, r Les Chaetomium sont des saprophytes du sol très répan-
la surveillance systématique de la colonisation bronchique dus dans la nature, qui participent à la dégradation de la
avec l’utilisation de milieux semi-sélectifs (Erythritol Chloram- cellulose. Ils sont fréquemment retrouvés comme « conta-
phenicol Agar) et une incubation prolongée de 4 semaines minants » des cultures de prélèvements cutanés. Certaines
sont proposées pour augmenter les chances d’isoler ce espèces se comportent cependant comme des opportunis-
champignon au laboratoire [7]. tes affirmés : C. globosum, C. cochlioïdes, C. perpulchrum
D’autres espèces peuvent être impliquées : Exophiala et C. funiculosum ont été impliquées dans des atteintes
spinifera, agent classique de chromomycoses, est à l’origine sous-cutanées, unguéales, ou profondes. C. strumarium
d’une vingtaine de cas de phaeohyphomycoses cutanées et C. perlucidum sont des espèces neurotropiques avec
ou systémiques, principalement chez des patients immu- un réel pouvoir de dissémination.
nodéprimés (transplantation d’organes). Des infections à r Colletotrichum crassipes a été à l’origine d’un kyste
E. moniliae et E. pisciphila ont également été rapportées [1]. phaeohyphomycotique post-traumatique.
Des facteurs favorisants ne sont pas toujours retrouvés. Les r Cyphellophora pluriseptata est incriminé dans une lésion
formes cutanées pures ont un pronostic favorable, à l’opposé de phaeohyphomycose sous-cutanée.
des atteintes profondes ou systémiques. r Dactylaria gallopava (ou Ochroconis galloparvum) est un
dématié thermotolérant à l’origine de lésions sous-cutanées
4.3.7. Les Exserohilum et d’encéphalites mortelles [57].
E. rostratum et E. longirostratum ont été isolés essentiel- r Dichotomophthoropsis nymphareum, espèce tellurique,
lement de lésions cutanées ou sous-cutanées, parfois vient d’être reconnu comme agent de kératite fongique.
dans des atteintes profondes (pulmonaires, cardiaques r Dreschlera biseptata est responsable de sinusites et de
ou cérébrales) [1, 57]. lésions cérébrales.
r Lasiodiplodia theobromae, saprophyte du sol, est à
4.3.8. Les Phialemonium l’origine de kératites, d’abcès sous-cutanés et de lésions
Ce genre regroupe des espèces morphologiquement pro- pulmonaires. Une revue récente retrouvait dans la littérature
ches des Acremonium et des Phialophora. P. obovatum 16 observations correctement documentées [59].
a été retrouvé sur des lésions de brûlures avec diffusion r Lecythophora mutabilis a été rendu responsable d’une
systémique, d’autres espèces ont été associées à des péritonite à la suite d’une dialyse péritonéale, et de deux
infections endovasculaires ayant pour point de départ un endocardites mortelles.
cathéter d’hémodialyse [58]. r Mycoleptodiscus indicus a été impliqué dans une bur-
site du genou chez un patient sous corticothérapie au
4.3.9. Les Phialophora long cours.
Les Phialophora sont des saprophytes habituellement isolés r Phaeosclera dematioides a été isolé de lésions cutanées
du bois en décomposition. Huit espèces ont été réperto- simulant une chromomycose.

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MYCOLOGIE

r Les Phoma (Coelomycètes), assimilés aux Dématiés,


Tableau VIII – Les autres Basidiomycètes émergents.
regroupent de nombreux champignons issus du sol, sapro-
phytes ou pathogènes de plantes. De nombreuses espèces Coprinus : C. cinereus
(P. eupyrena, P. minutella, P. hibernica) sont impliquées Schizophyllum : S. commune
dans des abcès sous-cutanés ou des atteintes viscé- Ustilago : U. maydis, U. zeae
rales, notamment pulmonaires. Une espèce voisine, du
genre Pleurophoma, a été récemment isolée d’un kyste tre : Coprinus cinereus (Coprin cendré) et Schizophyllum
de l’avant-bras chez un greffé cardiaque. commune (Schizophylle commun).
r Pleurophomopsis lignicola a été décrit pour la première C. cinereus (forme sexuée de Hormographiella aspergillata)
fois dans un kyste sous-cutané chez un agriculteur traité par est habituellement retrouvé dans les prairies pâturées. Des
corticothérapie au long cours. Depuis, d’autres observations atteintes pulmonaires, ainsi que des lésions d’endocardite,
ont fait état d’atteintes localisées ou disséminées. ont été décrites [62].
r Rhinocladiella artrovirens est à l’origine d’une atteinte S. commune est un champignon qui pousse sur le bois
cérébrale chez un patient VIH-positif. en décomposition. En 50 ans, environ 37 cas humains ont
r Veronaea botryosa, saprophyte du sol, a été isolé à été rapportés dans la littérature [63]. S. commune a été
plusieurs reprises dans des lésions sous-cutanées ver- isolé essentiellement à partir de prélèvements de sinusites
ruqueuses en France, en Libye, aux Philippines et en chroniques ou de lésions broncho-pulmonaires, mais des
Chine [56] atteintes profondes ont également été décrites (méningite
r Wallemia sebi, moisissure xérophile cosmopolite, a été et abcès cérébral). Cependant, en l’absence de preuve his-
à l’origine de lésions sous-cutanées post-traumatiques tologique, la responsabilité de ce macromycète ne peut être
chez un patient immunocompétent [60]. formellement établie et son isolement devra faire discuter
La liste de ces champignons ne cesse de s’allonger, le une colonisation. Néanmoins, le caractère pathogène de
lecteur trouvera dans le tableau VII le complément des S. commune sur un terrain immunodéprimé est indiscuta-
espèces incriminées. ble [64]. Les cultures sur milieu de Sabouraud ne montrent
le plus souvent que du mycélium stérile et, en l’absence
5. Autres champignons d’observation d’un carpophore et/ou de boucles de conju-
gaison, l’identification moléculaire s’impose [63].
(ou espèces assimilées)
d’intérêt médical 5.3. Les Prototheca
Les Prototheca sont des algues microscopiques aérobies
plus rarement rencontrés proches des Chlorella, à multiplication asexuée (endospo-
rulation), qui sont très répandues dans l’environnement
5.1. Les Oomycètes (eaux usées, sol, déjections d’animaux) et parfois iso-
Ce sont des protistes autrefois assimilés au règne des lées de produits alimentaires. Prototheca zopfii, ainsi que
Fungi. Issus du milieu aquatique, ils sont parasites de P. wickerhamii, peuvent être à l’origine de lésions simulant
plantes (agents des mildious et des rouilles) ou d’animaux une mycose chez les mammifères. Chez l’homme, les
(invertébrés et vertébrés). Peu d’espèces sont cependant protothécoses restent très rares (environ 100 cas humains
pathogènes chez les mammifères. Parmi elles, Pythium bien documentés), avec des atteintes localisées à la peau
insidiosum est l’agent des pythioses granulomateuses (nodules, papules, plaques érythémateuses) ou articulai-
des équidés et des bovidés. Chez l’homme, les rares res. Les atteintes systémiques sont plus rares, survenant
observations de pythioses à P. insidiosum proviennent habituellement chez des patients immunodéprimés (sida,
essentiellement de Thaïlande. Des atteintes cutanées, corticothérapie prolongée, lupus, …). En culture à 25 °C
sous-cutanées, vasculaires (gangrènes des extrémités sur milieu de Sabouraud sans cycloheximide, les proto-
par thromboses artérielles), ainsi que des kératites post- thèques se développent sous forme de colonies lisses de
traumatiques (chez des patients sans facteur de risque couleur blanc-crème, pouvant passer pour des levures.
particulier) ont été décrites [61]. La difficulté du diagnostic Le diagnostic est assuré par l’examen microscopique
est liée au fait que dans les tissus, le micro-organisme se montrant des sporanges caractéristiques contenant de
développe sous forme d’hyphes ressemblant au mycé- nombreuses endospores. Une revue récente fait le point
lium des Zygomycètes. La culture des Pythium est par sur les protothécoses [65].
ailleurs difficile en raison de l’absence de sporulation sur
les milieux habituels, qui nécessite le recours à un labo- 5.4. Pneumocystis jirovecii
ratoire de référence (repiquage sur milieux spéciaux de S’il n’est plus besoin de rappeler que Pneumocystis jirovecii,
type Corn Meal-Agar). opportuniste responsable de pneumopathies hypoxémian-
tes, est rattaché au règne des Fungi, il reste cependant un
5.2. Les Basidiomycètes macromycètes « champignon atypique » dont on ne connaît pas le biotope
(tableau VIII) naturel ni le mode exact de contamination, bien que la voie
En dehors de Filobasidiella neoformans (forme sexuée aérienne semble la plus probable. Il ne pousse pas sur les
de Cryptococcus neoformans), peu de Basidiomycètes milieux habituellement utilisés en mycologie. Seuls l’exa-
sont impliqués en pathologie humaine. Deux espèces men direct (après coloration ou par immunouorescence)
cosmopolites de macromycètes (mycètes produisant des et la PCR sont contributives au diagnostic. La pneumo-
carpophores visibles à l’œil nu) sont cependant à connaî- cystose humaine, bien connue chez les patients atteints

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 // 83


de sida, est toujours possible malgré une prophylaxie par zone d’endémie qui fera évoquer le diagnostic de cocci-
le cotrimoxazole. Elle émerge actuellement, comme pour dioïdomycose, devant un tableau d’infection pulmonaire
l’aspergillose, chez les patients neutropéniques ou soumis sévère [68-70].
à des traitements immunosuppresseurs. Les formes sévères, qui s’accompagnent de lésions extra-
thoraciques par dissémination sanguine (méningite basi-
6. Les dimorphiques exotiques laire, ulcérations cutanées, lyses osseuses), s’observent
surtout chez les patients VIH, les transplantés d’organes,
(tableau II) les diabétiques, ou les femmes enceintes. Le diagnostic
repose sur la mise en évidence de sphérules caractéristi-
6.1. Histoplasma capsulatum ques contenant des endospores. La culture, dangereuse
var. capsulatum à manipuler en raison du risque de contamination par les
Le réservoir de ce champignon est tellurique. On le trouve spores aéroportées, ne doit être pratiquée que dans des
en effet essentiellement dans les sols acides enrichis par laboratoires possédant un équipement de type P3. Le dia-
des fientes d’oiseaux ou du guano de chauve-souris. La gnostic indirect est possible, mais les tests sérologiques et
contamination humaine se fait par voie aérienne, le plus antigéniques ne sont commercialisés qu’en zone d’endémie.
souvent dans des endroits confinés (grottes et cavités La distinction entre les 2 espèces de Coccidioides nécessite
souterraines) visités pour des loisirs (tourisme, spéléologie) par ailleurs le recours à la biologie moléculaire.
ou à titre professionnel (archéologues). Les principales
zones d’endémie de l’histoplasmose se situent sur le 6.3. Penicillium marneffei
continent américain : sud-est des États-Unis (vallées de Bien qu’il ait été décrit par la première fois par G. Segre-
l’Ohio et du Mississipi), Amérique latine, Antilles, Guyane. tin en 1959, Penicillium marneffei n’a été reconnu comme
On peut cependant rencontrer également cette mycose responsable de mycose qu’en 1973, chez un mission-
en Afrique ainsi qu’en Asie du Sud-est. Un foyer d’histo- naire de 61 ans vivant en Asie et atteint d’une maladie
plasmose a par ailleurs été récemment décrit dans le nord de Hodgkin. Le nombre d’observations, toutes issues du
de l’Italie. La primo-infection peut passer inaperçue, et sud-est asiatique, restait limité jusque 1978. Depuis, ce
l’infection se réactiver après une période de latence plus champignon y émerge au sein de la population sidéenne
ou moins longue. Les signes cliniques de la forme aiguë (autochtones et touristes) [71]. On doit à Edouard Drouhet
associent fièvre, altération de l’état général, pneumopathie une mise au point remarquable sur cette espèce dont le
interstitielle diffuse, signes cutanéo-muqueux (ulcérations réservoir naturel est le rat de bambou, et qui se cantonne
linguales), pancytopénie, … Les atteintes profondes, en pour l’instant à l’Asie [72]. Le tableau clinique ressemble
particulier neuro-méningées, sont surtout rencontrées à celui de l’histoplasmose et le diagnostic repose lui aussi
chez les sujets immunodéprimés. Le diagnostic repose sur l’examen direct et l’anatomopathologie. La culture
sur la mise en évidence de petites levures à paroi épaisse de P. marneffei, dangereuse, est réservée également aux
(pseudo-capsule) en situation intracellulaire, au sein de laboratoires spécialisés.
lésions superficielles ou profondes. La sérologie n’est
contributive que pour les formes profondes ou dissé- 6.4. Autres champignons
minées. Le caractère émergent de l’histoplasmose à H. dimorphiques « exotiques »
capsulatum s’est affirmé depuis la pandémie de sida.
Ainsi, aux États-Unis, cette infection est devenue la 3e 6.4.1. Blastomyces dermatitidis
mycose opportuniste chez le patient sidéen, après la can- Cette mycose sévit principalement sur le continent nord-
didose et la cryptococcose [66]. De même, le nombre de américain (régions des grands lacs) ; quelques cas spo-
cas d’histoplasmoses d’importation déclarés en France radiques ont été décrits en Amérique latine, ainsi qu’en
métropolitaine semble en progression [67]. Afrique du Nord. La contamination est aérienne et se pro-
duit fréquemment à l’occasion de séjours en forêt humide.
6.2. Coccidioides (C. posadii et C. immitis) Les signes cliniques, essentiellement respiratoires, sont
Les spores de ces champignons telluriques se rencontrent plus marqués chez l’immunodéprimé, avec dissémination
sur le sol alcalin de zones arides. Elles sont véhiculées à la peau (lésions hyperkératosiques ou ulcérées), à l’os
par la poussière, notamment à l’occasion de tempêtes de (ostéomyélites) et au système nerveux central. Le diagnostic
sable ou de tremblements de terre. Ainsi, la coccidioïdo- mycologique est assuré par la mise en évidence, à l’examen
mycose ne sévit que dans les régions semi-désertiques direct des prélèvements, de levures de grande taille avec
du continent américain. L’ouest des États-Unis (Califor- un bourgeonnement à base large. Les cas d’importation
nie, Arizona, …) est le principal foyer d’endémie. Les cas restent cependant limités.
importés en France restent rares [68, 69].
La primo-infection qui suit l’inhalation des spores est à 6.4.2. Paracoccidioides brasiliensis
l’origine d’un syndrome grippal qui peut s’accompagner Cette mycose n’est présente qu’en Amérique latine (Brésil,
d’arthralgies et parfois d’érythèmes noueux (« rhumatisme Colombie, Venezuela) et sévit surtout dans les populations
du désert »). L’infection peut également passer inaperçue rurales (zones humides boisées) à bas niveau socio-éco-
chez l’immunocompétent. En zone non endémique, des nomique. Elle est responsable de pneumopathies chroni-
signes pulmonaires atypiques simulant une tuberculose, ques associées à des lésions granulomateuses ulcérées.
ou des lésions cutanées isolées peuvent faire égarer le Les cas d’importation, essentiellement liés à l’immigration
diagnostic. C’est la notion d’un séjour récent dans une de populations latino-américaines en Europe (Allemagne,

84 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416


MYCOLOGIE

Autriche, Espagne), sont en augmentation ; des cas sont colonisation des téguments ainsi que d’une contamination
décrits en Guyane, mais restent limités [73]. extérieure du prélèvement. Beaucoup d’espèces étaient
récemment considérées comme de banaux « contami-
7. Conclusion nants de laboratoire »; d’autres auparavant inconnues
des mycologues émergent sans que l’on connaisse leur
biotope naturel. Si le caractère opportuniste de ces espè-
Depuis les vingt à trente dernières années, la patholo-
ces est souvent souligné, des atteintes superficielles sont
gie fongique s’est considérablement développée, avec
cependant possibles chez l’immunocompétent.
notamment l’accroissement des populations à risque
Le laboratoire joue ici un rôle essentiel. C’est en effet
(patients immunodéprimés). L’augmentation des voyages
l’identification précise (facilitée par les apports de la biolo-
intercontinentaux a en outre permis la diffusion de certains
gie moléculaire) du champignon responsable, ainsi que la
pathogènes tropicaux. Par ailleurs, le nombre d’espèces
confirmation de son développement tissulaire (à l’examen
de champignons impliqués dans des lésions humaines ne
direct et/ou histopathologique du prélèvement) qui per-
cesse d’augmenter. Les espèces incriminées, aussi bien
mettront de poser le diagnostic. Il sera alors possible de
des levures que des champignons filamenteux (moisissures)
mettre en place un traitement approprié. Cette démarche
clairs (Hyalohyphomycétes) ou foncés (Phaeohyphomycé-
permet par ailleurs de déceler les espèces émergentes,
tes), sont pour beaucoup issues du sol ; la contamination
témoins de la biodiversité des espèces fongiques poten-
se produit généralement par voie aérienne ou cutanée
tiellement pathogènes pour l’homme.
(inoculation post-traumatique).
L’implication réelle dans un processus pathologique des
champignons isolés doit être distinguée d’une simple Conflit d’intérêt : aucun

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