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(1864-1936)
La France
économique et sociale
e
au XVIII siècle
Troisième édition, 1946
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de la bibliothèque des Classiques
Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marc Simonet, ancien pro-
fesseur des Universités, bénévole.
Courriel : Jean-Marc_Simonet@uqac.ca
À partir de :
Henri Sée
Historien français
(1864-1936)
Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’)
Introduction.
Conclusion.
Bibliographie générale.
Appendice bibliographique.
Henri Sée 7
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Introduction
I
Un fait nous apparaît tout d’abord, c’est que la Révolution a boule-
versé toutes les anciennes institutions juridiques. Dans la France du
e
XVIII siècle, les classes sociales, au sens où nous les entendons au-
jourd’hui, ne se manifestent que pour un observateur attentif aux réali-
tés de la vie économique. Ce sont les distinctions juridiques qui frap-
pent surtout quiconque n’observe que la surface des choses. On dis-
tingue essentiellement trois ordres : le clergé, la noblesse, le tiers état,
entre lesquels se dressent les barrières de privilèges séculaires.
Les privilèges du clergé et de la noblesse, tel est l’un des traits qui
caractérisent la société du XVIIIe siècle. Clergé et noblesse exercent un
droit prééminent sur toute la propriété foncière ; les droits seigneu-
Henri Sée 8
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
riaux de toutes sortes qu’ils imposent aux paysans, par qui le sol est
mis en valeur, constituent l’un de leurs principaux revenus. Clergé et
noblesse échappent aussi à la plupart des impôts, des charges fiscales,
qui retombent sur les classes populaires et contribuent à accroître leur
misère. Enfin, la plupart des fonctions de l’État sont l’apanage des
ordres privilégiés, de la noblesse surtout, et l’on comprend que l’une
des grandes revendications du tiers état, en 1789, ait été précisément
l’admission de tous à toutes les charges et fonctions.
Les fonctions ecclésiastiques, il est vrai, en théorie du moins, sem-
blent accessibles aux roturiers comme aux nobles. Mais, en réalité,
toutes les dignités du haut clergé, les sièges épiscopaux, les abbayes,
les riches bénéfices ecclésiastiques sont réservés — et de plus en plus
exclusivement, à mesure que l’on approche de la Révolution — aux
membres de la noblesse, et surtout de la noblesse de cour.
Les barrières juridiques, qui séparent les diverses classes, se dres-
sent même de plus en plus hautes, à mesure que l’ancien régime ap-
proche de son terme. On verra plus loin que le fossé se creuse, de plus
en plus profond, entre les nobles et les roturiers. La noblesse, bien que
continuant à se recruter dans la classe des enrichis, dans le monde de
la finance surtout, tend à devenir une caste fermée. Les réformations
de la noblesse, accomplies à l’époque de Louis XIV, bien qu’ayant été
surtout des mesures fiscales, ont retranché de la noblesse des familles
de récente extraction, surtout les familles qui continuent à se livrer au
commerce, ou les gentilshommes trop pauvres pour faire valoir leurs
droits.
II
Cependant, c’est au XVIIIe siècle que se préparent les profondes
transformations qui caractériseront l’époque contemporaine et change-
ront la face de tout le monde social. Le capitalisme, sous sa forme
commerciale du moins, apparaît déjà puissant, et voici qu’il commen-
ce à exercer une profonde emprise sur l’industrie elle-même. Les né-
gociants, « contrôlant » de plus en plus activement l’industrie rurale,
ouvrent la voie à la grande industrie capitaliste. Dans les métiers ur-
bains, dans les métiers textiles du moins, ils parviennent souvent aussi
à soumettre à leur domination économique les artisans, autrefois indé-
Henri Sée 9
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
III
Enfin, un caractère permanent de l’histoire économique et sociale
de la France se manifeste dans toute sa force au XVIIIe siècle : c’est la
persistance et l’affermissement de la propriété paysanne. Cette pro-
priété, on le sait, s’est peu à peu constituée au moyen âge, sous le
couvert des tenures vilaines. Le paysan, dès la fin du moyen âge, af-
Henri Sée 10
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
IV
Quelques mots sont nécessaires pour justifier le plan que nous
avons suivi, et qui, au premier abord, pourrait surprendre le lecteur.
Le plus souvent, lorsque l’on trace le tableau de l’ancienne société
française, on adopte une classification d’ordre juridique ; on distingue
essentiellement les trois états : le clergé, la noblesse, qui sont les or-
Henri Sée 12
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
dres privilégiés, puis les roturiers que l’on englobe dans une seule ca-
tégorie, le tiers état.
Cette classification a le grave défaut de ne pas reposer sur la vie
économique, qui contribue plus que quoi que ce soit à déterminer la
condition des classes sociales. Considérons, par exemple, le tiers état ;
il comprend des classes profondément distinctes en réalité : la haute
bourgeoisie (hommes de loi, titulaires d’offices, gens de finance), les
négociants et marchands, les artisans et ouvriers, enfin les paysans.
Bien que les distinctions juridiques exercent encore une grande in-
fluence sur l’état social au XVIIIe siècle, il nous semble plus rationnel
d’édifier notre classification sur les diverses formes de la propriété, de
distinguer essentiellement les classes qui vivent de la propriété fonciè-
re, de l’économie rurale, et celles qui tirent leurs moyens d’existence
de l’économie urbaine, de la propriété mobilière, de l’activité com-
merciale et industrielle. Et, comme phénomènes économiques et faits
sociaux exercent les uns sur les autres une action réciproque, nous
étudierons toujours concurremment les deux ordres de questions, véri-
tablement inséparables.
Quand on traite un sujet dans lequel les recherches érudites sont
souvent encore à peine ébauchées, où le travail de synthèse semble
parfois encore prématuré, il faudrait pouvoir, à chaque pas, indiquer
ses références. Un ouvrage dans le genre de celui-ci ne le permettait
pas ; aussi avons-nous indiqué, pour chaque chapitre, les ouvrages es-
sentiels qui permettront aux lecteurs de s’initier peu à peu aux ques-
tions dont nous n’avons pu donner qu’un aperçu 1 .
Table des matières
1
Note sur la troisième édition :
Pour conserver à cet ouvrage toute sa valeur d’instrument de travail, nous
avons tenu à mettre au courant la bibliographie. Quand il n’a pas été possible,
pour des raisons typographiques, de compléter les bibliographies existantes,
nous les avons rejettées dans un appendice, comme on l’avait déjà fait pour la
2e édition en 1933. Cette mise au point a été faite par M. H. HAUSER.
Henri Sée 13
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Chapitre premier
souvent lucratifs, ils n’ont pas intérêt à détruire le régime des tenures
paysannes, dépendant de leurs fiefs, de telle sorte que la petite pro-
priété paysanne doit peut-être sa persistance et ses progrès au maintien
du régime seigneurial. Et, lorsque la Révolution détruira ce régime,
elle deviendra pleinement autonome.
Ouvrages à consulter
SÉE H., Les Classes rurales en Bretagne du XVIe siècle à la Révolution, Paris,
1906.
— Esquisse d’une histoire du régime agraire en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles,
Paris, 1921.
LECARPENTIER G., La Vente des biens ecclésiastiques pendant la Révolution, Pa-
ris, 1908.
LEVASSEUR E., La Population française, t. I, 1889.
MATHOREZ, Les Etrangers en France, 2 vol. parus, Paris, 1921.
LEFEBVRE G., Les Paysans du Nord pendant la Révolution française, Lille, 1924.
BRUTAILS G.-A., Recherches sur l’équivalence des anciennes mesures de la Gi-
ronde, Bordeaux, 1912.
RAVEAU Paul, L’Agriculture et les classes paysannes dans le Haut-Poitou au XVIe
siècle, Paris, 1926.
FAVRE Adrien, Les Origines du système métrique, Paris, 1931.
SÉE H., Les Essais de statistiques démographiques en Bretagne à la fin de
l’Ancien régime (dans Etudes sur la vie économique en Bretagne, 1772-an III,
Paris, 1930).
LOUTCHISKY, Régime agraire et populations agricoles dans les environs de Paris,
à la veille de la Révolution (Revue d’Histoire moderne, 1933).
Chapitre 2
« Des tenanciers n’ayant guère à offrir que leurs bras sont bien plus à la merci
du propriétaire que s’ils avaient quelque richesse ; ils ne se contenteraient pas
dans leurs entreprises d’un profit moindre que l’intérêt de leur capital. »
résulte pour l’agriculture. Il n’est aucun village normand qui n’ait ses
fileuses et ses tisserands ; 180 000 personnes sont ainsi occupées par
la « manufacture » de Rouen.
La Picardie nous présente un spectacle à peu près analogue.
Dans ces dernières provinces, où l’industrie a, en quelque sorte, es-
saimé des villes vers les campagnes, l’artisan rural est plus étroite-
ment soumis qu’ailleurs à la classe des négociants, qui concentrent ses
produits et qui lui fournissent, non seulement la matière première,
mais même, en bien des cas, les métiers. Ici, l’industrie rurale se pré-
sente vraiment comme le premier stade de l’évolution qui aboutira au
triomphe de la grande industrie capitaliste. Dans les campagnes de la
Haute-Normandie, dans celles du pays de Troyes, les métiers de la
fabrication cotonnière nuisent gravement aux artisans et aux ouvriers
urbains, qui reprochent aux fabricants de les réduire à la misère. Grâ-
ce aux perfectionnements techniques, le métier de tisserand est à la
portée d’artisans peu habiles, sans éducation professionnelle, qui ne
touchent que de faibles salaires, ce qui incite encore davantage les né-
gociants à utiliser leur main-d’œuvre.
« Il est assuré, et je vous parle pour en être bien informé, que la plus grande
partie des habitants de cette province n’ont vécu pendant l’hiver que de glands
et de racines, et que présentement on les voit manger l’herbe des prés et
l’écorce des arbres. »
« Il n’y a presque plus de laboureurs aisés ; il n’y a plus que de pauvres mé-
tayers qui n’ont rien ; il faut que les maîtres leur fournissent les bestiaux,
qu’ils leur avancent de quoi se nourrir, qu’ils payent leur taille, et qu’ils pren-
nent en payement toute la portion de leur récolte, laquelle même quelquefois
ne suffit pas... Les paysans vivent de pain fait avec du blé noir ; d’autres, qui
n’ont pas même du blé noir, vivent de racines de fougère bouillies avec de la
farine d’orge ou d’avoine et du sel... On les trouve couchés sur la paille ; point
d’habits que ceux qu’ils portent qui sont fort méchants ; point de meubles,
point de provisions pour la vie ; enfin, tout y marque la nécessité. »
« Ici, sans traverser un village, une barrière ou même une muraille, vous en-
trez dans un nouveau monde. Des misérables routes de la Catalogne, vous ar-
rivez sur une splendide chaussée, faite avec la solidité et la munificence qui
distinguent les grands chemins de France ; au lieu de lits de torrents, vous
avez des ponts bien bâtis ; et d’une région sauvage, déserte et pauvre, nous
nous trouvons transportés au milieu de la culture et du progrès. »
ateliers de charité pour faire subsister les pauvres, on a fondé des bu-
reaux d’aumônes. Mais, à la veille de la Révolution, l’œuvre
d’assistance n’a encore que peu de résultats efficaces et la question se
pose, tout à fait urgente, à l’Assemblée constituante, qui institue un
Comité de mendicité.
dans les cantons les plus pauvres, les habitants sont « fainéants »,
ivrognes, grossiers, « sans industrie », négligent la culture et
l’élevage. Vers la fin de l’ancien régime, un observateur intelligent,
M. de Brémontier, note l’imprévoyance des paysans bretons :
e
XVIII siècle. Les physiocrates considèrent que le régime seigneurial,
par toutes ses entraves vexatoires, est nuisible aux progrès de la pro-
duction agricole. Cependant, leurs revendications, à cet égard, ont un
caractère encore abstrait.
Mais voici que les rois de Sardaigne, par leurs édits de 1762, 1771,
1778, affranchissent les paysans savoyards de la mainmorte, ordon-
nent le rachat des droits seigneuriaux. Voltaire est encouragé ainsi à
mener plus activement encore sa campagne en faveur des serfs de
Franche-Comté. Dans un de ses mémoires, il rappelle que « le roi de
Sardaigne a affranchi toutes les terres de la Savoie de la mainmorte
réelle et personnelle ».
Puis, en 1776, paraît le célèbre pamphlet de Boncerf sur les In-
convénients des droits féodaux, secrètement encouragé par Turgot.
Malgré son extrême modération, puisqu’il ne demande le rachat obli-
gatoire que pour les successeurs des seigneurs actuels, il est condamné
par le Parlement de Paris. Voltaire adhère pleinement aux idées de
Boncerf et s’élève vigoureusement contre le Parlement, dénonce son
égoïsme :
Ouvrages à consulter
Outre les ouvrages de Loutchisky, Sée, Lefebvre, cités au chapitre premier, et les
nombreuses éditions des cahiers de 1789 (publiés surtout dans la Coll. des
Doc. écon. de la Révolution) :
SION, Les Paysans de la Normandie Orientale, Paris, 1909.
Henri Sée 47
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Chapitre 3
LE CLERGÉ.
Le bas clergé. — Le bas clergé était loin de former une classe uni-
forme. On y distinguait essentiellement les curés, les vicaires, les prê-
tres habitués.
Parmi les curés, il en est d’aisés, même de riches, surtout les curés
des villes, qui trouvent des ressources assurées dans le casuel. Mais
beaucoup ne jouissent que du revenu médiocre de quelques dîmes,
que leur laissent les gros décimateurs. Dans les districts de Rennes,
Fougères et Vitré, M. Rebillon a pu établir que 44 recteurs jouissaient
d’un revenu inférieur à 1 000 livres, 56 recevaient de 1 000 à 2 000
livres par an, 30, de 2 000 à 4 000 livres, 14 seulement, plus de 4 000
livres. Nombreux étaient les prêtres qui n’avaient pour vivre que leur
portion congrue. Fixée pour les curés à 300 livres par la déclaration de
1686, à 500 livres pour les curés, et à 200 pour les vicaires, en 1768,
cette portion congrue fut portée, pour les premiers à 750 livres, et à
300 livres pour les seconds, en 1786 ; mais le prix de la vie avait no-
tablement haussé à la fin de l’ancien régime. Les congruistes vivaient
misérablement.
Les vicaires, dont la plupart n’avaient aucun espoir d’obtenir une
cure, formaient un véritable prolétariat ecclésiastique, sur lequel le
plus souvent tombait toute la charge des fonctions paroissiales. Les
prêtres « habitués », vivant de quelques fondations, du produit de
quelques messes, étaient encore plus malheureux.
Le bas clergé, si mal rétribué, supporte une bonne partie des déci-
mes ordinaires et extraordinaires que l’ordre doit acquitter. Il y a la
plus grande inégalité dans la répartition, non seulement entre le haut et
le bas clergé, mais dans les rangs mêmes du bas clergé, bien que les
congruistes soient généralement ménagés.
montré fort aimable pour ses curés, déclare : « ils sont grossiers, mal-
propres, ignorants, et il faut bien aimer l’odeur empestée de l’ail pour
se plaire dans la société des médiateurs du ciel et de la terre ».
« Que l’on ne reconnaisse plus dans le clergé d’autres distinctions que celles
de la hiérarchie ; par là on verra disparaître une foule d’abus, qui frappent tous
les yeux et révoltent tous les esprits. »
Qu’on remédie aux abus qui se sont glissés dans l’élection des
évêques et la collation des bénéfices. Mais c’est surtout la question
des dîmes qui tient au cœur des curés du diocèse de Rennes :
« Que les dîmes, enlevées aux pasteurs et aux pauvres, leur soient enfin resti-
tuées, comme aux seuls qui puissent les posséder légitimement. »
Qu’on dédommage les « communautés régulières » par l’« union des bénéfi-
ces simples ». Surtout que l’on pourvoie au sort des recteurs congruistes. En
un mot, qu’on procède à une « plus égale répartition des biens ecclésiasti-
ques ».
Qu’on renonce à donner à la faveur les dignités ecclésiastiques : « Que les ca-
nonicats et dignités des cathédrales ne soient accordés à l’avenir qu’à ceux qui
auront blanchi dans les pénibles travaux du ministère. »
Le clergé du royaume devra renoncer à tous ses privilèges pécuniaires. Mais,
si on conserve les décimes, que leur rôle soit communiqué à tous les contri-
buables, car on ne peut refuser à ceux-ci « ni le droit, ni les moyens de juger
les opérations de ceux qui les représentent ».
Henri Sée 61
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Ouvrages à consulter
Chapitre 4
LA NOBLESSE.
crime, ce sont les Parlements qui doivent juger leur cas. Condamnés à
mort, ils ont le privilège d’échapper à la pendaison : ils ne peuvent
être que « décollés ».
Enfin, c’est aux nobles, on le sait, que sont réservés les gros béné-
fices ecclésiastiques, les prélatures et aussi les hautes charges militai-
res. Dans beaucoup de familles nobles, on tonsurait les cadets et on
espérait que les bénéfices qui leur seraient conférés resteraient en leur
possession, même s’ils renonçaient à la carrière ecclésiastique.
On comprend alors que, sous Louis XVI, c’ait été une « fureur »,
parmi les gentilshommes de province, de se faire présenter. Chérin le
déclare nettement dans son livre, publié en 1788, sur La noblesse
considérée dans ses divers rapports : « On estime moins un noble par
ce qu’il vaut que par le nombre d’années de noblesse qu’il peut prou-
ver... Dans certaines sociétés, on se met sur le pied de ne recevoir que
des gens présentés et de fermer impitoyablement sa porte à de bons et
honnêtes gentilshommes. » Et c’est encore en 1781 qu’on décida de
n’admettre comme officiers que les nobles pouvant prouver quatre
quartiers de noblesse. On s’explique alors l’hostilité croissante de la
noblesse provinciale contre la noblesse de cour.
« On arrivait au château de Brienne, nous dit M. Henri Carré, par une longue
avenue bordée de tilleuls, de lilas et de gazons. Au rez-de-chaussée étaient les
pièces d’apparat, salle à manger pour quatre-vingts personnes, grand salon
donnant sur l’avenue et les jardins, salle de billard, bibliothèque à galeries cir-
culaires, cabinet d’histoire naturelle, cabinet de physique expérimentale, salle
de spectacle pouvant se transformer en salle de bal, si l’on mettait la scène au
niveau du parterre ; dans un souterrain, au-dessous, salle de bal pour la domes-
ticité. Au rez-de-chaussée encore, appartement de la comtesse. En avant du
château, du côté de la cour d’honneur, deux grands pavillons, divisés en ap-
partements. »
« Depuis quatre ans, toute la famille des Polignac, sans aucun mérite envers
Henri Sée 72
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
l’État et par pure faveur, s’est déjà procuré, tant en grandes charges qu’en au-
tres bienfaits, près de 500 000 livres de revenus annuels. Toutes les familles
les plus méritantes se récrient contre le tort qu’elles éprouvent par une telle
dispensation de grâces... »
En fait, les Polignac se sont fait accorder 700 000 livres de pen-
sions, sans compter les gratifications.
Lorsqu’à l’époque de la Révolution, le Livre Rouge révélera le
chiffre énorme des pensions concédées aux courtisans, on comprend
que la haine contre l’ancien ordre de choses se soit accrue et que des
cris de colère aient été proférés contre cette aristocratie inutile, contre
ces parasites, dont le trésor royal payait les folles prodigalités.
« Notre boulanger ne veut plus nous fournir du pain, voyant que nous n’avons
point de récoltes ; car celle qu’on pourra faire des millets ne suffira pas pour
vivre une année et faire subsister nos métayers..., et je m’estimerai heureux
d’avoir de ce pain, quoique je n’aie pas accoutumé d’en manger. »
Mais les idées philosophiques n’ont fait des adeptes que dans une
infime minorité de la classe noble. Les gentilshommes, dans leur en-
Henri Sée 78
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
« J’entends par grands seigneurs, ajoutait-il, des gens qui ont des dignités, des
Henri Sée 79
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
biens, des titres, des charges, des fonctions, qui, sans mérite, sans être à peine
des hommes, n’en sont pas moins grands, et qui, par cette raison, ne valent né-
cessairement jamais rien... Entendez ces gens-là et même tout le monde : on
vous dira que c’est le soutien de l’État, qu’il faut conserver ces beaux noms de
Montmorency, La Trémoille, etc. Je vois que l’on conserve une race de bons
chiens de chasse, quand ils sont bons, mais, quand ils dérogent, on les noie. »
Ouvrages à consulter
— Esquisse d’une histoire du régime agraire en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles,
1921.
MIREUR, Le Tiers État à Draguignan (Bull, de la Société des études scientifiques
et archéologiques de Draguignan, t. 27, an. 1908-1909).
DE RIBBE Ch., La Société provençale à la fin du moyen âge, Paris, 1902.
DU HALGOUET Hervé, Droits honorifiques et prééminences dans les Églises de
Bretagne (Mém. de la Société d’histoire de Bretagne, année 1923).
BOURDE DE LA ROGERIE H., Étude sur la réformation de la noblesse en Bretagne
(1688-1721) (même publication, année 1922).
Les droits féodaux, Instructions, Recueil de textes (Coll. Doc. civil de la Révolu-
tion), 1924.
CARRÉ Henri et DE MONSABERT R.-P., Correspondance de Mme de Médel, Poi-
tiers, 1931, in-8°.
LÉVY-BRUHL Henri, La Noblesse de France et le commerce à la fin de l’Ancien
Régime (Revue d’histoire moderne, 1933).
PAGÈS Georges, La Vénalité des offices dans l’ancienne France (Revue Histori-
que, mai-juin 1932).
Consulter les monographies de L. LACROCQ sur le Haut-Quercy, de G. HUBRECHT
sur Sedan, de G. RAMIÈRE DE FONTENIER sur le Lauraguais, de P. LEMERCIER
sur les justices seigneuriales dans la région parisienne, de Raoul BRIQUET sur
la Provence.
Henri Sée 82
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Chapitre 5
NOBLESSE PARLEMENTAIRE ET
NOBLESSE ADMINISTRATIVE.
Ouvrages à consulter
Chapitre 6
LA PETITE INDUSTRIE.
LES MÉTIERS ET LES CORPORATIONS.
les exactions et les abus des jurés, qui parfois se font donner par les
candidats des sommes indues.
Considérons, d’autre part, que les fils et gendres des maîtres sont
souvent dispensés complètement du chef-d’œuvre, ou n’ont à faire
qu’un demi chef-d’œuvre : que les droits auxquels ils sont soumis sont
réduits presque à rien. Aussi la maîtrise est-elle devenue presque en-
tièrement un monopole familial.
Voici que, comme sous le règne de Louis XIV, on édicte des créa-
tions d’offices, en vue de rachats lucratifs. En 1745, on établit des
inspecteurs et contrôleurs des jurés, dont on autorise le rachat. Mais,
en fait, on ne put l’opérer que très difficilement ; les corporations ren-
naises, par exemple, ne pouvaient trouver les 194 000 livres exigées,
car elles étaient déjà ruinées par les rachats du commencement du siè-
cle ; dans le Roussillon, l’intendant déclare qu’il est impossible de re-
couvrer les sommes qu’imposerait le rachat, « quand même on dé-
pouillerait les gens de métiers de tous les meubles ou effets qu’ils
peuvent avoir dans leur maison ».
Le pouvoir royal crée aussi des lettres de maîtrise, bien moins
nombreuses, il est vrai, qu’au XVIIe siècle. En 1757, le roi avait promis
de n’en plus délivrer ; mais, en 1767, comme il avait besoin d’argent,
il créait 12 maîtrises par métier à Paris ; 8, dans les villes ayant une
cour supérieure ; 4, dans celles dotées d’un présidial ; 2, dans les au-
tres. Les communautés sont maintenant tellement endettées que sou-
vent elles ne rachètent plus les nouvelles maîtrises. Enfin, il faut noter
encore les dons, plus ou moins volontaires, comme les 514 000 livres
offertes par les Six Corps de Paris, en 1759, au lendemain de la défai-
te de Rosbach.
Les communautés de métiers sont toujours obérées par leurs dettes
anciennes, par les procès qu’elles doivent soutenir, par leurs frais
d’administration. Les emprunts accroissent les dépenses annuelles, et
il faut sans cesse en contracter de nouveaux pour payer les intérêts des
anciens. Il arrive un moment où les corporations ne peuvent se tirer
d’affaire qu’en ayant recours à des égails, à des contributions sur leurs
membres, à l’augmentation des droits de réception, etc... La ruine des
communautés rejaillit donc sur leurs membres, dont la situation éco-
nomique devient de plus en plus difficile, comme on peut s’en rendre
compte dans le Roussillon, à Rennes, ailleurs encore. Le gouverne-
ment se préoccupe donc, surtout après 1750, de la liquidation des det-
tes des communautés, et c’est cette question qui provoque précisément
les premiers projets de réformes.
Ouvrages à consulter
Chapitre 7
lignes transversales sont peu nombreuses. Les prix sont très élevés (13
sous et 7 sous par lieue dans les diligences).
Considérons maintenant la durée des voyages. Dans les soixante
premières années du XVIIIe siècle, elle est encore assez longue. Il y a, à
cet égard, un progrès assez notable à la fin de l’ancien régime. Il est
dû, en partie, aux efforts de Turgot, qui essaya d’améliorer le service
des diligences et messageries, en le détachant du bail des postes et en
le concédant, en régie, à un directeur concessionnaire. La réforme, il
est vrai, fut éphémère ; éphémère aussi la vogue des nouvelles voitu-
res, appelées turgotines. Cependant, à partir de 1776, les voyages par
diligences deviennent plus rapides : de Paris à Lyon, on ne met guère
plus que 5 jours (on en mettait 10 au XVIIe siècle) ; à Bordeaux, 6 ; à
Lille, 3 (au XVIIe, 4) ; à Marseille, 11. Les chaises de poste sont plus
rapides, mais pour en user il faut être vraiment riche.
On comprend que le service de la poste soit très défectueux, sur-
tout d’une ville de province à une autre. Il y a, en effet, très peu de
lignes transversales : de Lyon à Bordeaux, les lettres passent par Paris
et ne parviennent qu’au bout de huit jours ; de Rennes à Granville, il
en faut sept.
Les transports des marchandises, excepté pour les paquets de
moins de 50 livres, se font par le roulage, réservé à des entrepreneurs
particuliers. Il est très lent et fort coûteux, puisque les transports dou-
blent souvent les prix des marchandises. Par eau, les prix sont deux ou
trois fois moins élevés que par terre, mais on a à redouter les fraudes
et même les vols des bateliers, et la navigation est entravée par les
droits de péages, les moulins, etc.. Cependant les relations, au cours
du siècle, deviennent plus actives ; la preuve, c’est que le bail des pos-
tes, de 1 222 000 livres, en 1676, s’éleva à 8 800 000 livres, en 1777.
La difficulté des transports sur les routes ou sur les rivières nous fait
comprendre que l’on ait, plus que de nos jours, recours au cabotage,
dans toutes les provinces maritimes. Un armateur de Saint-Malo, Ma-
gon de la Balue, déclare, dans une de ses lettres, que, de cette ville, le
transport des marchandises par mer pour Nantes est beaucoup moins
coûteux que pour Rennes par voie de terre. Les ports étaient beaucoup
plus nombreux qu’aujourd’hui, et c’étaient souvent des « barques » de
50 à 100 tonneaux qui transportaient les marchandises de Bretagne à
Bordeaux ou à Bayonne, du Havre à Granville.
Henri Sée 101
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Notons encore que, pour la première fois, en 1783, furent créés des
paquebots royaux entre la métropole et les Antilles ; réservés aux pas-
sagers, aux lettres, aux objets précieux, ils partaient une fois par mois
pour les « îles d’Amérique », soit du Havre, soit de Bordeaux, huit
fois par an du Havre, pour les États-Unis, quatre fois pour Bourbon et
l’Île-de-France. C’était là une grande innovation.
On peut donc conclure qu’au XVIIIe siècle, il y eut un sérieux pro-
grès des voies de communication et des transports. Mais, à considérer
la révolution qui s’opérera à ce point de vue au siècle suivant, on voit
qu’en trente ans (de 1840 à 1870), la transformation sera infiniment
plus grande que celle qui s’est accomplie au cours des trois siècles
précédents.
Ouvrages à consulter
AFANASSIEV, Le Commerce des céréales en France au XVIIIe siècle, trad. fr., Pa-
ris, 1894.
ARNOULD, De la Balance du commerce, 1788.
BARREY Ph., Le Commerce maritime du Havre (dans les Mémoires et documents
pour servir à l’histoire de l’industrie et du commerce de J. Hayem, t. V et VI).
CHAPTAL, L’Industrie française, 1819, 2 vol.
DUMAS F., Étude sur le traité de commerce de 1786 entre la France et
l’Angleterre, Toulouse, 1904.
GERBAUX et SCHMIDT, Procès-verbaux des comités d’agriculture et de commerce
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8°.
LETACONNOUX, Les Subsistances et le commerce des grains en Bretagne au XVIIIe
siècle, Rennes, 1909.
LEVASSEUR E., Histoire du commerce de la France, 1911.
Henri Sée 109
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Chapitre 8
« Depuis environ deux ans, dit-il, on fait mouvoir à Orléans un nombre assez
considérable de ces machines nouvellement construites en France sur le modè-
le de celles employées en Angleterre (machines d’Arkwright et mule-jennys).
On vient de construire un vaste monument pour les contenir. Le directeur for-
me le projet de faire mouvoir, jour et nuit, au moyen d’une pompe à feu, 6 000
bobines, qui permettront de filer 1 000 livres pesant de coton en 24 heures.
Les produits s’élèveront l’an prochain à 900 000 livres. »
Et Tribert ajoute :
« On peut couler dans les quatre hauts fourneaux dix millions de fonte par an,
à raison de 2 500 000 livres par fourneau ; ainsi, le département de la marine
pourrait, dans le cas où ses besoins l’exigeraient, tirer de Montcenis 2 000 piè-
ces de canon dans une année... Les machines à feu, qui font mouvoir les souf-
flets, les marteaux et les foreries de Montcenis suppléent aux cours d’eau dont
se servent les autres forges du royaume... Les chemins de fer que l’on a faits à
Montcenis, à l’imitation de ceux d’Angleterre où des particuliers en ont de 5 à
6 lieues de longueur, paraissent au premier coup d’œil, comme les machines à
feu, très dispendieux ; mais, lorsqu’on voit sur ces chemins un seul cheval
traîner le poids de cinq chevaux, on cesse de s’alarmer sur le sort d’une pareil-
le mise hors. »
Ouvrages à consulter
Chapitre 9
I. Les artisans.
C’est dans la même classe qu’il faut ranger les directeurs de manu-
factures, qui nous apparaissent parfois comme de grands capitalistes,
ainsi que les concessionnaires de mines, tels les Mathieu, les Tubeuf,
gros entrepreneurs qui se trouvent à la tête de puissantes sociétés capi-
talistes.
Les négociants possèdent déjà une situation prépondérante dans les
rangs du tiers état ; c’est ainsi que, dans les assemblées électorales de
1789, bien que peu nombreux, ils éclipsent souvent les maîtres des
corporations et sont souvent les seuls, avec les hommes de loi et les
bourgeois vivant noblement, à rédiger les cahiers du tiers.
L’opposition se marque entre négociants et artisans, tandis que les
maîtres des métiers et les compagnons ont souvent les mêmes intérêts.
mais, à cette époque aussi, s’est produite une hausse des prix qui dé-
passe de beaucoup la hausse des salaires, de sorte que la condition des
ouvriers s’est plutôt aggravée.
Ce qui prouve, en tout cas, combien la condition des ouvriers était
précaire, c’est qu’à chaque époque de crise, un grand nombre
d’ouvriers sont réduits positivement à la mendicité ; cette misère ap-
paraît d’une façon frappante lors de la crise de 1787-1789, qui a sin-
gulièrement contribué à provoquer la Révolution.
dent aux ouvriers, sous peine de 100 livres d’amende, de quitter leurs
maîtres sans un congé écrit, qui interdisent aussi aux compagnons de
s’assembler, de « faire confrérie », de « cabaler, pour se placer les uns
les autres chez des maîtres ou pour en sortir, ou d’empêcher, de quel-
que manière que ce soit, lesdits maîtres de choisir eux-mêmes leurs
ouvriers, soit français, soit étrangers ». Ainsi on veut soumettre étroi-
tement l’ouvrier au patron ; c’est qu’on songe uniquement à favoriser
la fabrication, à accroître la production.
L’édit de Turgot, de 1776, supprime toute association de compa-
gnons, comme toute corporation de maîtres, et le ministre réformateur
conserve toutes les mesures policières en usage contre les associations
ouvrières. Enfin, le règlement de police du 12 septembre 1781 accen-
tue encore les prescriptions antérieures, interdit aux ouvriers de for-
mer des confréries, de tenir des assemblées, de cabaler pour augmen-
ter leurs salaires ; ils ne pourront quitter leur patron qu’après l’avoir
prévenu à l’avance et terminé l’ouvrage en train ; ils ne pourront être
reçus chez aucun maître s’ils ne lui présentent un congé écrit de leur
ancien patron. L’obligation du livret est bien devenue générale. A tout
instant, Parlements, intendants, officiers de police rendent des arrêtés
contre des coalitions, des assemblées, condamnent des ouvriers com-
me « cabaleurs ». On montre une grande défiance même à l’égard des
mutualités, qui se contentent, comme la Société des faïenciers de Ne-
vers, d’assurer à leurs membres des secours en cas de maladie et
d’assister les vieillards. On supprime brutalement la société de secours
fondée par les chapeliers de Marseille en 1772. On craint sans doute,
— et ce n’est peut-être pas sans raison —, que ces associations ne ser-
vent de masques à des organisations plus militantes.
Ouvrages à consulter
Chapitre 10
grands armateurs malouins, qui fut mêlé à toutes les grandes affaires
et devint fermier général.
Parmi les gens d’affaires, il faut citer encore Samuel Bernard, qui
profita surtout des embarras du Trésor, à la fin du règne de Louis
XIV ; peu délicat dans ses tractations, ayant fait, en 1709, une faillite
de 30 millions, il était cependant, au début du règne de Louis XV, le
plus puissant des hommes de finance. Seuls, les Crozat pouvaient ri-
valiser avec lui. Les Pâris, fils d’un cabaretier de Moirans (en Dau-
phiné), avaient fait leur fortune comme fournisseurs d’armée. Ce fut
Pâris-Duverney qui fut chargé de la liquidation du système de Law.
Éloignés des affaires pendant le ministère de Fleury (1726-1743), Pâ-
ris-Duverney et son frère, Pâris de Montmartel, restent, pendant le rè-
gne de Louis XV, les grands capitalistes que l’on trouve mêlés à tou-
tes les affaires commerciales et industrielles exigeant de fortes mises
de fonds.
Les officiers des finances. — Mais les officiers des finances roya-
les tiennent une plus grande place encore que les hommes d’affaires.
Ils sont très nombreux. Que l’on songe que chaque généralité compte
deux receveurs généraux alternatifs, et chaque élection, un receveur
particulier. Puis viennent les officiers des différentes administrations
financières. Ainsi, dans une ville comme Rennes, vers le milieu du
e
XVIII siècle, outre le trésorier général des États, les rôles de la capita-
tion nous révèlent l’existence d’un receveur des domaines, d’un rece-
veur des octrois, d’un contrôleur des eaux et forêts, de deux receveurs
des fouages, d’un receveur des saisies réelles, d’un agent des fermes,
d’un trésorier des guerres, d’un directeur des vivres, d’un directeur de
la Trésorerie, d’un directeur et d’un essayeur de la monnaie, d’un re-
ceveur du tabac, d’un directeur et d’un caissier général des devoirs,
des employés du contrôle (directeur et ambulants). Tous ces officiers,
qui ont des cotes élevées de capitation, jouissent d’une situation de
fortune vraiment brillante. Et encore en Bretagne n’y a-t-il pas
d’officiers de la gabelle.
l’on considère que de la ferme générale dépend tout ce que nous appe-
lons aujourd’hui impôts indirects : aides, contrôles, domaine, traites,
gabelle, tabac. Tous les six ans, le bail de ces revenus était adjugé à un
particulier pour une certaine somme ; celui-ci avait comme cautions
des financiers, qu’on appelle improprement fermiers généraux, et qui
étaient au nombre de 40. Ils versaient, chacun, un cautionnement,
d’abord d’un million, puis de 1 560 000 livres à partir de 1768 ; ils
touchaient les intérêts de ce cautionnement à 10 % et, en outre, une
indemnité fixe d’environ 30 000 livres. L’accroissement progressif
des baux de la ferme générale marque la hausse de ses revenus : en
1726, 80 millions ; en 1744, 92 ; en 1756, 110 ; en 1768, 132 ; en
1774, 152. Necker, en 1780, a ôté à la ferme générale les aides, qui
furent données à une régie générale, et les domaines, qui furent
confiés à une « administration générale », ce qui n’empêcha pas le
dernier bail, celui de 1786, d’atteindre la somme de 150 millions. Ce
qui aggravait les abus que l’on reprochait à la ferme générale,
c’étaient les croupes, c’est-à-dire les « parts d’intérêt » servies à des
personnes qui avaient contribué à fournir les cautionnements des fer-
miers généraux ou qui simplement avaient, par leur influence, fait at-
tribuer un poste de fermier général à tel ou tel financier. On ne saurait
nier les abus auxquels donnait lieu la perception des impolis affermés,
mais ces abus allaient en s’atténuant, vers la fin de l’ancien régime, et
il ne faut pas croire sur parole des pamphlétaires, comme Darigrand,
l’auteur de l’Anti-financier, de 1763, ni le marquis de Mirabeau.
On a beaucoup reproché à certains fermiers généraux leur basse
extraction. On compte, il est vrai, parmi eux, surtout dans la première
moitié du siècle, des hommes qui avaient débuté comme valets, tels
que Teissier et La Bouexière. Mais la plupart avaient commencé leur
carrière comme agents des finances ; ce fut, par exemple, le cas de
Bouret, receveur général à la Rochelle, puis trésorier général de la
maison du roi ; on cite un de ses collègues qui a été receveur général
de Tours. Grimod de la Reynière avait pour père un financier. Dupin
était le fils d’un receveur de tailles et sa fortune avait pour origine son
mariage avec une fille naturelle de Samuel Bernard. Lallemand de
Retz, Live de Bellegarde, d’Arnoncourt, fermiers généraux en 1726,
appartenaient à des familles aisées et considérées. Quelques-uns mê-
me, comme d’Arconville et d’Angray de Vallerand, étaient issus de la
noblesse de robe.
Henri Sée 135
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Il n’en est pas moins vrai que la dureté des impôts que percevait la
ferme générale avait pour conséquence de rendre impopulaires ses
titulaires ; on s’explique ainsi que les cahiers de 1789 s’accordent à
demander « l’abolition entière des fermes générales, qui ne contri-
buent qu’à enrichir une vingtaine d’hommes », tout en ruinant le peu-
ple, et l’on comprend, sans en approuver la rigueur impitoyable, le
procès et la condamnation de 1793.
Table des matières
Ouvrages à consulter
MARION M., Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles,
Paris, 1923, art. croupes, ferme générale, receveurs généraux.
BIGO Robert, Les Bases historiques de la finance moderne, Paris, 1933, in-16.
HARSIN Paul, Œuvres complètes de John Law, Paris, 1934, 3 vol. in-8o, et nom-
breux travaux sur le Système. — Les doctrines monétaires et financières de la
France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, 1928, in-8o.
BOUCHARY Jean, Les Manieurs d’argent à Paris à la fin du XVIIIe siècle, Paris,
1939, in-8o.
Henri Sée 138
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Chapitre 11
« Les bourgeois avaient reçu en général une éducation qui leur devenait plus
nécessaire qu’aux gentilhommes dont les uns, par leur naissance et leur ri-
chesse, obtenaient les premières places de l’État sans mérite et sans talents,
tandis que les autres étaient destinés à languir dans les emplois subalternes de
l’armée. Ainsi, à Paris et dans les grandes villes, la bourgeoisie était supérieu-
re en richesses, en talent et en mérite personnel. Elle avait dans les villes de
province la même supériorité sur la noblesse des campagnes ; elle sentait cette
supériorité ; cependant, elle était partout humiliée, elle se voyait exclue, par
les règlement militaires, des emplois dans l’armée ; elle l’était, en quelque
manière, du haut clergé, par le choix des évêques parmi la haute noblesse, et
des grands vicaires en général parmi les nobles... La haute magistrature la re-
jetait également, et la plupart des cours souveraines n’admettaient que des no-
bles dans leur compagnie. Même pour être reçu maître des requêtes, on exi-
geait dans les derniers temps des preuves de noblesse. »
des charges, une lente accession des classes populaires vers la nobles-
se, et que la haute bourgeoisie confinait à la noblesse. Tout cela im-
portait peu à la bourgeoisie du XVIIIe siècle, d’autant plus que les clas-
ses sociales étaient de plus en plus des castes fermées. Puis, ce n’était
qu’une infime minorité du tiers état qui s’élevait à la noblesse. Les
observations de Mireur sont surtout intéressantes pour qui veut se ren-
dre compte des sources de la noblesse.
Les éléments les plus actifs du tiers état ont été les hommes de loi,
mus non seulement par leurs intérêts de classe, mais par les idées
nouvelles, qui excitaient leur enthousiasme ; sans doute, la classe des
négociants, industriels, hommes d’affaires, entreprenante, novatrice,
ennemie de la réglementation et des privilèges juridiques qui entra-
vaient son activité, contribue à saper l’ancien régime. Mais, en 1788-
1789, ce sont les hommes de loi qui jouent le grand rôle, qui mènent
la campagne du tiers état, rédigent la plupart des cahiers de doléances.
Table des matières
Ouvrages à consulter
Chapitre 12
LA MISÈRE ET L’ASSISTANCE.
« On a distribué à chaque pauvre des boîtes ou troncs de fer blanc, avec des
numéros et armes de la ville ; on désigne à chacun des portes d’église ou des
quartiers pour recevoir des charités dans leur boîte, avec défense de quêter
dans les églises, dans les rues et dans les maisons. »
mentanés. »
Ouvrages à consulter
Chapitre 13
Accord des trois ordres. — Il est vrai que les trois ordres
s’accordent dans leurs protestations contre l’absolutisme, ou, pour
mieux dire, contre le despotisme de l’administration royale, tout en
manifestant le plus grand respect pour le principe de la royauté et pour
la personne du Roi. Tous les cahiers s’élèvent contre les lettres de ca-
chet, les arrestations arbitraires, les tribunaux d’exception, la violation
du secret de la correspondance. On ne veut plus de l’ancienne fiscali-
té, on demande la garantie de la dette publique ; on réclame aussi la
réforme complète de la législation criminelle. Tiers état, noblesse et
clergé placent également au premier rang de leurs vœux
l’établissement de la Constitution, l’institution d’États Généraux pé-
riodiques, qui auraient le pouvoir de consentir les impôts, et aussi la
suppression des intendants, ainsi que l’affermissement des libertés
municipales et provinciales. Remarquons toutefois que les nobles et
les membres des Parlements, lorsqu’ils attaquent l’absolutisme, son-
gent surtout au despotisme éclairé, aux réformes égalitaires que des
ministres réformateurs ont essayé d’instituer à la fin de l’ancien régi-
me.
Henri Sée 154
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Les dissentiments entre les ordres. — Mais, sur les autres ques-
tions, éclatent les dissentiments des trois ordres. Ainsi, le clergé se
montre hostile à la liberté de la presse, dénonce la licence de la littéra-
ture, se prononce contre la tolérance religieuse et même contre l’octroi
de l’état civil aux protestants. Il se trouve ainsi en opposition, non seu-
lement avec le tiers état, mais aussi avec la noblesse qui, au XVIIIe siè-
cle, est en partie gagnée au libéralisme philosophique, et qui compte
bien des lecteurs enthousiastes de Voltaire.
Le tiers état, de son côté, s’attaque aux privilèges des deux pre-
miers ordres. Il demande unanimement la pleine égalité des droits,
l’admission de tous à tous les emplois, le vote par tête aux États,
l’abolition du régime seigneurial ou tout au moins le rachat des droits
seigneuriaux, revendication que les paysans ont imposée à la bour-
geoisie. Toutes les catégories du tiers, sentant qu’elles ont les mêmes
revendications à soutenir, les mêmes abus à combattre, ont fait bloc,
pour ainsi dire, contre les ordres privilégiés, et c’est ainsi que le troi-
sième ordre représente vraiment la nation.
« Nos députés maintiendront avec toute la dignité de leur origine l’égalité es-
sentielle de la noblesse, qui ne peut être distinguée en plusieurs classes. Nous
nous honorons de considérer les princes du sang comme les premiers de notre
ordre ; nous reconnaissons au Parlement les fonctions de la pairie ; mais nous
n’en reconnaîtrons jamais la prééminence, encore moins les prétentions. Ainsi
nos représentants s’opposeront soigneusement à toute préséance qui pourrait
compromettre dans la chambre de notre ordre la dignité et l’égalité de la no-
blesse française. »
Henri Sée 155
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Ouvrages à consulter
Henri Sée 157
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Cahiers de doléances pour les États Généraux, et, notamment, les recueils publiés
dans la Collection des Documents économiques de la Révolution (C. BLOCH,
Cahiers du bailliage d’Orléans ; H. SÉE et A. LESORT, Cahiers de la séné-
chaussée de Rennes ; BRIDREY, Cahiers du bailliage de Cotentin ;
J. FOURNIER, Cahiers de la sénéchaussée de Marseille ; J.-J. VERNIER, Ca-
hiers du bailliage de Troyes ; Gustave LAURENT, Cahiers de la généralité de
Châlons-sur-Marne, etc.).
LAVISSE Ernest, Histoire de France, t. IX.
CHAMPION Edme, La France d’après les cahiers de 1789, 2e éd., 1904.
CHÈREST, La Chute de l’ancien régime, 1884-1887.
BLOCH C., Études d’histoire économique de la France, Paris, 1900.
PICARD Roger, Les Cahiers de 1789 au point de vue industriel et commercial,
Paris, 1910 (thèse de doctorat en droit).
MOURLOT F., La Fin de l’Ancien Régime et les débuts de la Révolution dans la
généralité de Caen (1787-1790), Paris, 1913.
Voir Béatrice F. HYSLOP, Répertoire critique des Cahiers des États généraux de
1789, Paris, 1933. Guide à travers les publications de Cahiers entreprises par
le Comité d’Histoire économique de la Révolution, ainsi qu’à travers les ca-
hiers publiés ailleurs.
Henri Sée 158
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Conclusion
tilshommes enfin qui sont trop pauvres pour faire valoir leurs droits.
Ainsi, au XVIIIe siècle, les sièges parlementaires sont fermés aux rotu-
riers, et le fossé se creuse de plus en plus entre les nobles et les rotu-
riers, tandis que la noblesse n’a plus guère d’autre ressource ou
d’autre occupation que les charges militaires.
Mais c’est précisément à la même époque que se préparent de pro-
fondes transformations économiques, qui auront pour effet de donner
aux classes sociales un aspect tout nouveau. Le capitalisme, sous sa
forme commerciale du moins, a pris une remarquable extension au
e
XVIII siècle, et voici qu’il commence à exercer son emprise sur
l’industrie. La classe des négociants et directeurs de manufactures
prend une importance de plus en plus grande. Ils en arrivent, en bien
des cas, à « contrôler » l’industrie rurale, ouvrant ainsi la voie à la
grande industrie capitaliste. Dans les métiers urbains de l’industrie
textile, — notamment dans l’industrie lyonnaise de la soie —, les maî-
tres marchands soumettent à leur domination les maîtres ouvriers, les
transformant en véritables salariés. Ainsi se constitue de plus en plus
forte cette classe, essentiellement capitaliste, des négociants, qui se
trouve directement en lutte avec les métiers d’artisans, avec les orga-
nisations corporatives, au cadre desquelles elle a pu échapper. Elle
donnera naissance à la classe des grands patrons industriels du XIXe
siècle, et elle nous apparaît déjà comme singulièrement entreprenante,
novatrice, révolutionnaire, du moins au sens économique du mot, en-
nemie de la réglementation, des règles et privilèges juridiques. Cette
première poussée du capitalisme contribua grandement à la transfor-
mation sociale que la Révolution va accomplir.
La Révolution aura précisément pour effet de détruire toutes les
distinctions juridiques qui existaient entre les classes sociales,
d’établir l’égalité de droit.
Au XIXe siècle, la notion de classes sociales et la conscience qu’en
prennent les individus s’affirmeront de plus en plus nettement. C’est
que l’abolition des privilèges de classes juridiques et les progrès du
capitalisme auront eu pour effet d’établir une nouvelle répartition des
classes sociales, fondée sur leur rôle économique. La classe du haut
négoce, des patrons et de la grande industrie prendra une importance
croissante. Le fossé se creusera de plus en plus profond entre les em-
ployeurs et les ouvriers qu’ils font travailler. Tandis qu’au XVIIIe siè-
Henri Sée 160
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
cle, les compagnons n’ont pas une idée bien claire de leur solidarité
— et c’est pourquoi on ne saurait parler encore d’une question ouvriè-
re —, au XIXe siècle, au contraire, la classe ouvrière prendra vraiment
conscience de ses intérêts collectifs. Remarquons que cette nouvelle
conception des classes sociales se lie très étroitement avec
l’organisation individualiste de la société.
Voilà ce qui distingue profondément la vie économique et sociale
du XIXe siècle de celle que nous avons essayé de décrire pour le XVIIIe.
En l’espace de cinquante ans, la transformation aura été plus profonde
qu’elle ne l’avait été pendant les trois siècles qui se sont écoulés de-
puis la fin du moyen âge.
Cependant, dès le XVIIIe siècle, pour qui scrute les réalités écono-
miques, les classes sociales sont déjà infiniment plus diversifiées
qu’on ne serait tenté de le penser, lorsque l’on consulte les documents
officiels ou les textes juridiques. On a vu, par exemple, que les classes
paysannes ne forment pas un bloc uniforme, que propriétaires et non-
propriétaires ont des intérêts très souvent antagonistes, que, parmi les
fermiers, il y a bien des conditions diverses. Tous les nobles, en droit,
paraissent jouir des mêmes privilèges ; en réalité, la noblesse de cour
et la noblesse provinciale se distinguent profondément par leur condi-
tion et leur genre de vie. Dans le clergé, distinction radicale aussi en-
tre les dignitaires séculiers et les prêtres des paroisses, entre le clergé
séculier et le clergé régulier. Sous le nom global de tiers état des vil-
les, combien diffèrent les maîtres des métiers, les directeurs des manu-
factures, les négociants ! Le financier côtoie le monde de la noblesse
et même l’éclabousse souvent de son luxe. Les magistrats munici-
paux, anoblis par leurs charges, forment, avec les riches rentiers, une
haute bourgeoisie, beaucoup plus éloignée des classes populaires que
des ordres privilégiés. Le patriciat urbain, en 1789, entre en conflit
violent avec les gens des « communes », la moyenne et la petite bour-
geoisie, hommes de loi, médecins, marchands et artisans, qui consti-
tueront les cadres de la république démocratique de l’An I et de
l’An II.
Enfin, la prédominance de la propriété rurale, de la production
agricole constitue un trait permanent de la civilisation française, qui
subsistera encore au XIXe siècle, malgré les progrès de l’industrie. La
conséquence, c’est que l’équilibre ne sera jamais rompu, comme en
Henri Sée 161
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Bibliographie générale
APPENDICE BIBLIOGRAPHIQUE
Chapitre II.
A. AULARD, La Révolution française et le régime féodal, Paris, 1919.
Ch. LEROY, Paysans normands au XVIIIe siècle, Rouen, 1929, 2 vol. in-8o.
H. SÉE, Études sur la vie économique en France. 1772-an III, Paris, 1930, in-8o.
Marc BLOCH, Les caractères originaux de l’histoire rurale française, Oslo et Pa-
ris, 1931.
Henri Sée 163
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Arthur YOUNG, Voyages en France en 1781, 1788 et 1789, traduits et annotés par
Henri Sée, Paris, Armand Colin, 1931, 3 vol. in-8o.
Chapitre VI.
René NIGEON, État financier des corporations parisiennes d’Arts
et Métiers au XVIIIe siècle (Doc. d’hist. de la Révolution, 1934, in-8o).
Em. COORNAERT, L’organisation corporative du Moyen Age à la
fin de l’ancien régime, Louvain [Recueil de Travaux de l’Université),
1939, in-8o.
Chapitre VII.
VIGNON, Étude historique sur l’administration des voies publiques en France,
Paris, 1863, 3 vol. in-8o.
Marcel VIGNE, La Banque à Lyon du XVe au XVIIIe siècle, 1902.
Henry WEBER, La Compagnie française des Indes, 1904.
TURGOT, Œuvres, éd. Schelle, Paris, 1913-1923, 5 vol. in-8o.
H. SÉE, Documents sur le commerce de Cadix, Paris, 1927 (extr. de la Revue
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Gaston MARTIN, L’administration de Gérard Mellier, 1709, 1720, 1739, Toulouse
et Nantes, 1908, in-8o. — Négriers et bois d’ébène, Grenoble, 1928, in-8o. —
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au XVIIIe siècle, Paris, 1931, in-8o. — Nantes au XVIIIe siècle : l’ère des né-
griers 1714-1772, 1931, in-8o.
HUBERT, Structure et condition juridique des Compagnies de navigation de
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Albert GIRARD, Le commerce français à Séville et à Cadix au temps des Habs-
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Henri LÉVY-BRUHL, Histoire de la lettre de change en France aux XVIIe et XVIIIe
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Henri Sée 164
La France économique et sociale au XVIIIe siècle
Chapitre VIII.
De l’ouvrage classique de Paul MANTOUX, une réédition remaniée, mais en an-
glais, The industrial Revolution in the eightenth century, Londres, 1928, in-8o.
Quoiqu’il s’agisse de l’Angleterre, l’ouvrage est à consulter.
Paul HARSIN, De quand date le mot « industrie » ? (Annales d’histoire économi-
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Jos. KULISCHER, La grande industrie aux XVIIe et XVIIIe siècles. France, Allema-
gne, Russie (Annales d’histoire économique et sociale, 1931).
Paul BAUD, L’industrie chimique en France, Paris, 1932, in-8o.
H. DEPORS, Recherches sur l’industrie des cuirs en France pendant le XVIIIe et le
début du XIXe siècle (Doc. écon. de la Révolution), Paris, 1932, in-8o.
Yvonne LEFRANC, Essai sur l’industrie textile de la Ferté-Macé, Alençon, 1934,
in-8o.
J. RICOMMARD, La bonneterie à Troyes, Paris, 1934, in-8o.
J. CHEVALIER, Le Creusot, Paris, 1935, in-8o.