J Maroc Urol 2010 ; 18 : 11-13
TESTICULE NON DESCENDU EN POST-PUBERTE :
ORCHIDOPEXIE OU ORCHIDECTOMIE ?
MISE A PROPOS D’UNE REVUE DE LA LITTERATURE
AU POINT
T. OULD ISMAIL, H. JIRA, A. JANANE, A. QARRO, J. CHAFIKI, J. SOSSA, F. HAJJI,
Y. DEKKAK, S. BEKKALI, Y. LAHRACH, H. JIRA, M. GHADOUANE, A. AMEUR, M. ABBAR
Service d’Urologie, Hôpital Militaire d’Instruction Mohamed V, Rabat, Maroc
RESUME
La gestion du testicule non descendu chez le patient
postpubère reste non codifiée, peu de travaux traitant ce
sujet sont disponibles, nous essayons à travers une revue de
la littérature de justifier et de réglementer les différents
artifices thérapeutiques proposés à cet égard.
Mots clés : testicule ; cryptorchidie ; ectopie ; post-puberté;
orchidopexie ; orchidectomie
Correspondance : Dr. T. OULD ISMAIL. Service d’Urologie,
Hôpital Militaire d’Instruction Med V, Rabat, Maroc. E-mail :
rghibe96@yahoo.fr
INTRODUCTION
Un testicule non descendu est un testicule situé, en
permanence, en extrascrotale, il peut être cryptorchide
(sur un trajet normal de la migration testiculaire),
ectopique (situé en un point distinct du trajet normal
de la migration testiculaire), ou anorchide (absent) [1].
L'incidence des testicules non descendus à la naissance
chez des enfants nés à terme est de 3,7 à 4,9%. Dans
plus de 70% des cas, la descente testiculaire se complète
spontanément pendant la première année de la vie. La
fréquence de la cryptorchidie est estimée à 1% à un
an [1, 2].
Le testicule non descendu peut échapper au dépistage
précoce et se révéler à l’âge adulte, notamment dans
les pays sous-développés [2].
L’objectif de ce travail est d’essayer de codifier la prise
en charge du testicule non descendu à l’âge postpubère
à travers une revue de la littérature.
APPROCHES THERAPEUTIQUES
Il est prouvé actuellement que le testicule non descendu
comporterait un certain nombre des risques justifiant
une attitude interventionniste [2].
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ABSTRACT
POSTPUBERTAL UNDESCENDED TESTICLE :
ORCHIDOPEXY OR ORCHIDECTOMY ?
LITERATURE REVIEW
Little data are reported on the management of postpubertal
undescended testicle. We try through a literature review to
justify and regulate various therapeutic modalities proposed
in this regard.
Key words : testis ; cryptorchidism ; ectopia ; postpuberty;
orchidopexy ; orchidectomy
• L’orchidectomie
Elle est licite, si la cryptorchidie est unilatérale [1].
Cette attitude est appuyée par :
- Le risque de dégénérescence : environ 10% des
tumeurs testiculaires surviennent chez des sujets ayant
un antécédent de cryptorchidie. Le risque absolu
chez un homme aux antécédents de cryptorchidie
de développer un cancer est de 1% [3]. Ce risque
est 32 fois plus important au delà de 11 ans [2]. Le
mécanisme reste malconnu, Il est probable que cancer
et testicule non descendu ont une cause commune,
tel un environnement endocrinien anormal et que
l’hyperthermie n’intervient pas ou peu [1]. Néanmoins,
Aucune étude ne permet d’affirmer que l’orchidopexie
diminue le risque de cancer et ceci quel que soit
l’âge [4].
- La stérilité : des antécédents de cryptorchidie sont
retrouvés chez 8,3% des patients qui consultent pour
stérilité [5]. Le spermogramme est d'autant plus altéré
que le testicule est haut situé et abaissé tardivement
[6]. Au delà de 11 ans, la spermatogenèse est
pratiquement absente [2]. L’orchidopexie ne
permettrait pas d’améliorer la fertilité des patients
présentant une cryptorchidie unilatérale [7].
- La torsion : chez l’adulte jeune, le risque de torsion
est 13 fois plus élevé en cas de testicule cryptorchide.
La torsion survient sur un testicule intra-abdominal,
lorsque le testicule est augmenté de taille, en cas de
tumeur (64%) et en période post-pubertaire [1].
Testicule non descendu en post-puberté : orchidopexie ou orchidectomie ?
Cette orchidectomie peut être réalisée par chirurgie
ouverte ou par laparoscopie, cette dernière a été
proposée par Cortesi [8] en 1976 comme une alternative
intéressante aux différentes techniques d’imagerie, dans
l’exploration du testicule impalpable. Sa place est de
plus en plus importante, car à son rôle diagnostique
s’est ajouté un intérêt thérapeutique. La laparoscopie
à visée diagnostique permet de confirmer une agénésie
testiculaire évitant toute exploration chirurgicale
systématique, de localiser le testicule impalpable et
donc guider l’acte opératoire [8].
Sur le plan thérapeutique, la coelioscopie permet de
réaliser une orchidectomie ; chez l’enfant, elle sera
réalisée seulement si le testicule est atrophique. Chez
l’adolescent et l’adulte, certains auteurs proposent
l’orchidectomie coelioscopique quelle que soit la taille
du testicule [9].
Kucheria [2] a traité une série de 12 patients adultes
(âge moyen de 29 ans) présentant un testicule non
descendu par laparoscopie avec orchidectomie comme
principe, cette dernière est associée à un saignement
minime, un séjour hospitalier court, une réduction de
la douleur et une grande satisfaction des patients.
Les auteurs préconisent le recours à la laparoscopie
dans l’évaluation et le traitement des patients adultes
avec testicule non descendu.
• Abaissement + orchidopexie (voie d’abord inguinale
ou abdominale)
L’orchidopexie est préférable si la cryptorchidie est
bilatérale après avoir fait une biopsie à la recherche
d’un carcinome in situ (CIS) afin de conserver la sécrétion
interne, elle reste bénéfique, parfois même en cas
d’abaissement tardif chez des patients azoospermes.
Lorsque le CIS est présent sur les deux testicules, une
irradiation localisée testiculaire (20 Grays) doit être
faite et permet d’éviter une orchidectomie bilatérale et
de conserver une sécrétion suffisante d’androgènes [1].
Lenzi [10] a comparé la qualité de la spermatogenèse
de trois groupes :
- Groupe A : 71 patients opérés (pour cryptorchidie
unilatérale) en prépuberté (âge moyen : 6,4 ans).
- Groupe B ou groupe témoin normal : 20 adultes (âge
moyen de 22,1 ans).
- Groupe C : 20 patients opérés (pour cryptorchidie
unilatérale) en pospuberté avec un âge moyen de
22,5 ans.
Les résultats sont moins satisfaisants pour le groupe C
par rapports aux autres (tableau I).
Tableau I. Comparaison des qualités spermatogénétiques
de 3 groupes selon Lenzi et coll. [10]
Numération Mobilité Formes
(millions/ml) (%) atypiques (%)
Groupe A 34 ± 25,3 44 ± 16,9 52,6 ± 16
Groupe B 59 ± 17,7 52,5 ± 12,2 37,1 ± 4,1
Groupe C 23,1 ± 14 24,8 ± 14 60,7 ± 10,4
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T. OULD ISMAIL et coll.
LA SURVEILLANCE
Après étude de 34135 orchidectomies avec analyse de
l’âge, du score ASA, de la mortalité spécifique, et du
risque relatif de mortalité liée aux tumeurs germinales
du testicule, Farrer [11] recommande une simple
surveillance pour les patients adultes âgés de plus de
32 ans avec testicule non descendu unilatéral. Selon
les auteurs, le risque de mortalité par orchidectomie
serait plus important que le décès par cancer. Cette
approche a été contestée par Oh [12] qui stipule que
le risque d’anesthésie lors d’une orchidectomie est
négligeable dans une population adulte en bonne santé
jusqu'à l'âge de 50-60 ans voire même 60 ans pour un
score ASA classé I.
CONCLUSION
Le testicule non descendu en postpuberté est
actuellement l’apanage des pays sous-développés.
L’émergence de la laparoscopie offre un double gain
diagnostique et thérapeutique. L’orchidectomie reste
le traitement de référence. La limite de 11 ans semble
être raisonnable. L’option abstentionniste reste aléatoire
dans notre contexte.
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