Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
Les lésions des nerfs périphériques sont fréquentes : près de 3 % de prévalence. Leur pronostic a été
transformé par les progrès de la microchirurgie. Toutefois, il faut reconnaître la difficulté de la prise
en charge secondaire et les séquelles fonctionnelles possibles. La macro- et la micro-anatomie du nerf
périphérique sont des éléments indispensables à prendre en compte dans la compréhension de ces lésions.
La dégénérescence wallérienne connue depuis plus d’un demi-siècle voit ses phénomènes biologiques
encore source de discussions. Les atteintes des nerfs périphériques sont classées selon Sunderland en
cinq degrés auxquels MacKinnon ajoute un sixième degré qui est une association de lésions différentes.
Une lésion aiguë voit dans l’exploration chirurgicale en urgence et la réparation microchirurgicale un
traitement optimal. Une lésion vue secondairement oblige à une prise en charge plus complexe, quatre
syndromes sont alors à distinguer : le syndrome d’interruption complète, le syndrome d’interruption
partielle, le syndrome de régénération, le syndrome d’irritation. Les examens paracliniques principaux
sont l’examen électrophysiologique (électromyogramme [EMG]) et l’imagerie par résonance magnétique
(IRM), chacun apportant des données complémentaires à l’examen clinique qui est à privilégier. La
réparation chirurgicale doit être effectuée pendant les trois premiers mois. La technique de suture employée
est très généralement la suture directe épipérineurale ou fasciculaire par l’intermédiaire d’une greffe
intercalée. Les neurotubes pourraient constituer un progrès notable, ils faciliteraient la repousse nerveuse
et éviteraient les séquelles au site donneur de greffon nerveux. Aucune étude n’est, pour le moment,
parvenue à conclure à la supériorité de ces chambres de régénération nerveuse par rapport aux greffons
nerveux autologues. Les lésions nerveuses fréquemment rencontrées sont décrites et la stratégie à mettre
en place pour chacune d’elle, citée. L’évaluation des réparations nerveuses reste un sujet polémique, il
apparaît plus pertinent d’utiliser une série de scores afin d’explorer au mieux toutes les facettes d’une
lésion nerveuse.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots-clés : Nerf périphérique ; Suture nerveuse ; Greffe nerveuse ; EMG ; Anatomie ; Physiologie
d’avulsion, et de section partielle ou totale, de brûlure ther- endofasciculaire appelé « endonèvre ». Il existe une pression endo-
mique ou chimique. Ces lésions nerveuses traumatiques ont une fasciculaire telle qu’à la coupe le tissu nerveux fait hernie au
prévalence de l’ordre de 2,8 %, avec une prédominance mascu- niveau de la tranche de section.
line [1] . Les progrès de la microchirurgie ont marqué une étape Le périnèvre a un rôle mécanique de protection et sépare
importante dans la réparation des lésions des nerfs périphériques le milieu endoneural, en connexion avec les espaces sous-
grâce aux sutures primitives et aux greffes nerveuses. Mais les arachnoïdiens, du tissu conjonctif périphérique que l’on appelle
lésions nerveuses périphériques restent grevées d’un pronostic « épinèvre », qui entoure les fascicules et s’insinue entre eux. La
fonctionnel relativement médiocre, avec des séquelles neuropa- portion d’épinèvre qui entoure les fascicules peut être qualifiée
thiques et fonctionnelles majeures, tant au membre supérieur d’épinèvre externe et la portion s’infiltrant entre eux, d’épinèvre
qu’au membre inférieur, causes d’invalidités et d’indemnisations interne ou interfasciculaire. L’épinèvre interfasciculaire est relati-
importantes. À ce stade, l’ultime recours est représenté par les vement lâche et contient de nombreuses ramifications vasculaires.
traitements palliatifs. Devant les phénomènes d’épuisement de L’épinèvre externe est une structure résistante et ancre solide-
la repousse nerveuse, les erreurs de correspondance des fascicules ment les fils de suture. La reconstitution de son étanchéité
et la dégénérescence des effecteurs, les améliorations attendues et de celle du périnèvre protègent la plaie d’une colonisation
ne peuvent venir que d’une meilleure maîtrise des paramètres fibroblastique extrinsèque. Le nombre de fascicules varie considé-
biologiques intervenant dans la réparation des lésions nerveuses rablement en fonction du nerf et du siège considérés. On parle de
périphériques, ou d’une amélioration de la qualité de la coapta- nerfs monofasciculaires, oligofasciculaires (deux à dix fascicules)
tion des fibres nerveuses. La réparation des nerfs périphériques et polyfasciculaires (supérieur à dix fascicules), ou si on utilise la
est néanmoins efficace et constitue un progrès incontestable des terminologie latine, de nerfs uni-, pauci- ou multifasciculaires [4] .
40 dernières années. Ce fascicule est l’entité chirurgicale du nerf, bien visible sous
microscope. Des groupes fasciculaires sont déterminés lorsque
plusieurs fascicules cheminent accolés les uns aux autres sur
Anatomie chirurgicale du nerf une certaine distance. La notion de fascicule chirurgical est alors
remise en question, car le chirurgien n’observe la tranche de
périphérique section nerveuse qu’à un faible grossissement. À plus fort gros-
sissement, on s’aperçoit que le terme de « suture fasciculaire » doit
Fibre nerveuse être remplacé par celui de « suture par groupes fasciculaires ».
Le neurone constitue l’unité fonctionnelle de base du réseau
et de l’architecture du système nerveux. Il se compose de trois
parties : les dendrites qui reçoivent les stimuli, le corps cellulaire
Topographie intraneurale
renfermant un noyau, et un axone qui transporte et transmet les L’intrication des fibres motrices, sensitives et végétatives est
informations reçues jusqu’à l’arborisation terminale sous forme complexe. Les nerfs à destinée musculaire reçoivent non seule-
d’impulsions [2] . Les neurones sont spécialisés ; ils peuvent être ment des fibres motrices, mais aussi des fibres sensitives qui
moteurs, sensitifs ou végétatifs. Un neurone moteur ou végétatif renseignent le cortex sur l’état de tension des fibres musculaires et
a son corps cellulaire situé dans la corne antérieure de la moelle des tendons. On ne peut stricto sensu individualiser de véritables
épinière alors qu’un neurone sensitif a son corps cellulaire situé nerfs moteurs par opposition aux nerfs sensitifs.
dans le ganglion spinal. Les neurones moteurs propagent l’influx Le pourcentage de tissu conjonctif dans les nerfs varie de 10 à
jusqu’à la jonction neuromusculaire et commandent l’effecteur. 80 %, étant le plus souvent compris entre 50 et 70 % [2] : 63 % par
Les neurones sensitifs ramènent les informations depuis les exemple pour le nerf médian au poignet, ou 71 % pour un gref-
récepteurs périphériques cutanés, articulaires ou musculaires. Les fon de nerf sural. La proportion de tissu conjonctif est d’autant
neurones végétatifs en relation avec la chaîne sympathique laté- plus grande que le nerf véhicule des fascicules de petit calibre. Il
rovertébrale contrôlent la vasomotricité, la pilomotricité et les convient donc de réséquer l’épinèvre des extrémités des torons
sécrétions sudorales. nerveux avant suture pour que la tranche comporte le moins pos-
Les axones sont entourés par l’axolemme, fine membrane inter- sible de tissu conjonctif, dont l’hypertrophie peut être à l’origine
venant dans la propagation de l’impulsion électrique, et par des d’une cicatrice fibreuse préjudiciable pour le résultat [5] .
cellules satellites de soutien appelées « cellules de Schwann », La topographie fasciculaire est extrêmement variable d’un sujet
d’origine ectodermique. Leur rôle principal est la nutrition de à l’autre, mais également entre les côtés droit et gauche chez un
l’axone. On appelle « fibre nerveuse » l’ensemble constitué par même individu. Sunderland a montré la disposition plexiforme
l’axone, l’axolemme et les cellules de Schwann. Si plusieurs axones des fascicules ou groupes fasciculaires avec une modification de la
de faible diamètre (inférieur à 1 m) sont entourés par une seule répartition axonale entre eux et de la position des fascicules d’un
cellule de Schwann, il s’agit d’une fibre dite amyélinique ou non niveau à l’autre du nerf [6] . La cartographie d’une tranche de sec-
myélinisante (système nerveux autonome et fibres de la douleur). tion nerveuse peut donc être considérée comme différente tous les
Les axones des fibres nerveuses de gros diamètre (2 à 8 m) sont 10 mm. En présence d’une grande perte de substance, les sections
entourés d’un nombre variable (30 à 50) de couches spiralées nerveuses ne sont pas identiques. En réalité, cette disposition se
provenant d’une même cellule de Schwann formant la gaine de retrouve à la partie proximale des membres, alors qu’à la partie dis-
myéline, l’ensemble étant appelé « fibre nerveuse myélinisée » [3] . tale ou à proximité des divisions nerveuses les fascicules sont plus
La vitesse de conduction de la fibre nerveuse est proportionnelle individualisés en éléments moteurs ou sensitifs [7] . Le nerf radial,
au calibre de l’axone. Entre deux cellules de Schwann se trouve par exemple, ne s’individualise en fascicules moteurs et sensitifs
un rétrécissement appelé « nœud de Ranvier ». Les cellules de que sur 6 cm au-dessus de sa bifurcation en branches profonde et
Schwann semblent jouer un rôle prépondérant et central dans superficielle. À l’inverse, le tronc du nerf ischiatique est constitué
le processus de réparation des lésions nerveuses car elles synthé- sur pratiquement toute sa longueur par deux contingents tibial et
tisent des protéines de soutien et libèrent de nombreux facteurs de fibulaire bien individualisés.
croissance, créant un microenvironnement biologique nécessaire L’implication de cette disposition fasciculaire est importante
à la repousse axonale. à connaître lors du traitement des plaies nerveuses. Une plaie
partielle proximale intéressant seulement une petite portion de
Fascicule fibres destinées à de nombreux territoires n’aura parfois aucune
conséquence clinique. À l’inverse une plaie partielle distale inté-
Le fascicule est constitué par un groupe de fibres ner- ressant des contingents à destinées spécifiques aura parfois des
veuses entouré par une gaine conjonctive résistante dénommée conséquences très sélectives sur un territoire limité, comme par
« périnèvre », véritable barrière de diffusion. La coupe transversale exemple l’atteinte élective du rameau thénarien du nerf médian
d’un fascicule montre un ensemble de fibres nerveuses myélini- au poignet. Il est donc nécessaire d’obtenir une bonne concor-
sées (2 à 20 m, 6000 à 8000/mm2 ) et non myélinisées (inférieures dance fasciculaire pour espérer une récupération de qualité après
à 1 m, 25 000 à 50 000/mm2 ) au sein d’un tissu conjonctif suture distale.
Substances neurotrophiques
L’expérimentation a montré que les deux extrémités d’un
Dégénérescence nerveuse
C’est Waller, en 1950, qui observa les dégradations du segment
Physiologie et lésions distal du nerf chez la grenouille, d’où le nom de dégénérescence
wallérienne. Dans les heures qui suivent l’interruption anato-
anatomopathologiques mique d’un axone, le fragment distal séparé du corps cellulaire
se fragmente par action enzymatique. La dégénérescence wal-
Les axones des nerfs des membres peuvent mesurer plus de un lérienne du bout distal s’accompagne d’une dégradation de la
mètre de long pour un diamètre de 6 m environ. Dans ces condi- membrane myélinique : les cellules de Schwann se fragmentent
tions, le volume de l’axone est considérablement plus important par action macrophagique. La dégénérescence aboutit à la dis-
que celui du corps cellulaire. Ce dernier réalise la synthèse de parition totale de l’axone dans le fragment distal tandis que les
produits nécessaires au métabolisme de la fibre nerveuse, trans- membranes basales se plissent en raison de la disparition du
portés ensuite par le flux axonal. Le transport axonal centrifuge contenu. Dans les jours qui suivent, les cellules de Schwann pro-
ou antérograde se fait à des vitesses différentes, de 1 à 4 mm par lifèrent et leur membrane basale forme des tubes endoneuraux
jour pour les protéines de structure (neurotubules et neurofila- qui rétrécissent progressivement en diamètre. Cela limite la réin-
ments), à 20 à 40 cm par jour pour les vésicules synaptiques. Le nervation du segment distal lorsque celle-ci est tardive. Après
transport centripète ou rétrograde des métabolites de la conduc- dénervation, les fibres musculaires s’atrophient en une semaine,
tion nerveuse se fait à raison de 15 à 20 cm par jour. Il est avec une fibrose interstitielle qui s’aggrave avec le temps durant
susceptible de véhiculer des substances pathogènes notamment la première année. Mais jusqu’à une date que l’on ne peut fixer
infectieuses. exactement, variable d’un sujet à l’autre, les canaux originels des
Principes de réparation
L’exposition doit permettre un accès large et facile au tronc ner-
veux lésé, les lésions associées doivent être prises en charge, si
possible, dans le même temps opératoire.
L’extrémité distale est stimulable électriquement pendant
72 heures environ après section.
La neurolyse externe correspond à une libération du tronc ner- Figure 3. Suture directe épipérineurale d’un nerf digital palmaire radial
veux d’un phénomène constrictif local, l’épinèvre reste intact. de l’index droit.
C’est le geste qui est réalisé lors d’une lésion nerveuse sans section
anatomique (neurapraxie). Une neurolyse interne ou interfasci-
culaire nécessite une ouverture de l’épinèvre et une manipulation
prudente des fascicules. Cette procédure permet de séparer les fas-
cicules atteints des fascicules sains (section partielle, névrome en
continuité), de prélever un fascicule moteur dans le cadre d’une
neurotisation (techniques d’Oberlin et/ou d’Oberlin II), de séparer
le tissu sain d’une tumeur intranerveuse.
Les extrémités doivent être recoupées a minima (instruments
de V. Meyer) : de 1 mm (en cas de section nette) (Fig. 2) à 1 cm
(en cas d’étirement), la recoupe est plus facile lorsque les extrémi-
tés nerveuses sont réfrigérées ou congelées brièvement. La suture
directe doit toujours être privilégiée quitte à mettre le membre
en flexion temporairement (deux à trois semaines puis mise en
extension progressive) pour permettre la suture.
À la cuisse
C’est l’exploration et la suture directe en urgence qui donnent
les meilleurs résultats fonctionnels.
Les lésions balistiques sont plus rares, les séries cliniques sont
courtes mais il semble qu’une lésion de plus de 4 cm au-delà
de trois mois d’évolution soit de très mauvais pronostic. La
décision chirurgicale face à ces lésions souvent partielles reste
difficile.
La suture secondaire avec utilisation d’une greffe intercalaire
pose des problèmes techniques car le capital de greffons dispo-
nibles est vite dépassé. En cas de large perte de substance, seul le
contingent tibial est greffé grâce au nerf fibulaire commun pédi-
culé [32] . Ces greffes donnent des résultats moins bons que la suture
directe mais la sensibilité de protection récupérée évite alors les
troubles trophiques plantaires.
Au genou
Seul le nerf fibulaire commun est généralement lésé.
Les plaies nerveuses suturées en urgence donnent de bons résul-
tats, si une greffe est nécessaire le résultat est logiquement moins
bon.
Lors des luxations de genou, la rupture nerveuse est géné-
ralement plus proximale, étagée et étendue, les résultats sont
médiocres. Au-delà de trois mois, l’exploration chirurgicale est
la règle si aucune récupération n’est observée. La longueur de
la greffe nécessaire est parfois trop importante pour espérer
une repousse nerveuse de qualité. Si la greffe fait moins de
Figure 10. Résection du névrome et suture avec neurotube en colla- 6 cm, seul un quart des patients a une récupération chiffrée
gène de type Revolner® . à 75 % ; si celle-ci fait plus de 6 cm, la récupération chute à
38 % puis à 16 % pour des greffes supérieures à 12 cm [33] . Une
chirurgie palliative de transfert tendineux est donc d’emblée
indiquée.
Lésions des nerfs du membre inférieur
Lésions du nerf ischiatique Lésions du nerf fémoral
L’atteinte peut siéger à la fesse, à la cuisse ou au genou. Dans Les lésions du nerf fémoral sont rares, elles peuvent être asso-
ce dernier cas, les nerfs fibulaire commun et tibial peuvent être ciées à une atteinte des adducteurs de la cuisse ou du psoas iliaque
touchés. dans le cadre d’une atteinte plexique.
Le mécanisme est la plaie par arme blanche ou par traumatisme Les causes sont :
balistique (créant ainsi une lésion par section, étirement par le • une compression par un hématome sous le fascia iliaca dans un
blast du projectile), rarement après fracture du bassin, du fémur, contexte de trouble de l’hémostase (traitement ou hémophilie) ;
la luxation du genou (dans ce cas, le nerf fibulaire commun est • une plaie de la région souvent associée à des complications
généralement le seul atteint). vasculaires ;
• un traumatisme peropératoire : par les écarteurs ou la position d’Oberlin II : transfert d’un fascicule moteur à destinée des extrin-
de l’opéré (chirurgie du petit bassin et du rachis lom- sèques du nerf médian sur le nerf du brachial) sont parfois
baire), lors de la cure chirurgicale d’une hernie (fixation du nécessaires.
nerf sur le tendon conjoint), lors d’une cystopexie (blessure
du nerf lors de la fixation sur le fascia du psoas), après Atteintes des nerfs du bras : nerfs médian, ulnaire
mise en place d’une prothèse totale de hanche (atteinte de et radial
la colonne antérieure acétabulaire, allongement excessif du
membre). Leur réparation directe en urgence est le traitement de choix.
Le drainage d’un hématome est aisé mais la suture des multiples Nerfs médian et ulnaire
troncs nerveux à la cuisse est aléatoire. Le contexte traumatologique de ces lésions est lourd, la suture
nerveuse directe doit être privilégiée mais n’est pas toujours pos-
sible ; en cas de perte de substance, les extrémités nerveuses
Lésions des nerfs du membre supérieur doivent être repérées et fixées pour permettre la greffe secondaire.
Atteintes des nerfs de l’épaule : nerf accessoire, Lors des traumatismes complexes du membre, c’est la suture du
nerf axillaire, suprascapulaire, musculocutané nerf médian qui doit être privilégiée car celle-ci permet une récu-
pération sensitive et motrice meilleure et plus étendue, le déficit
Nerf accessoire moteur du nerf ulnaire est compensé par des transferts tendineux.
Onzième paire des nerfs crâniens, sa branche externe prend en On pourra alors, dans certains cas, utiliser le nerf ulnaire comme
charge l’innervation motrice des muscles trapèze et sterno-cleïdo- greffon vascularisé pour reconstruire le nerf médian.
mastoïdien. Chez l’enfant, les fractures de l’extrémité distale de l’humérus
Sa lésion est presque toujours iatrogène après biopsie lympha- peuvent se compliquer d’une paralysie partielle du nerf médian :
tique dans la région supraclaviculaire postérieure, en effet cette du contingent du nerf interosseux antérieur. Les jeunes patients
chaîne lymphatique accessoire suit le trajet de ce tronc nerveux. ne peuvent alors réaliser un rond parfait entre le pouce et l’index,
La réparation nerveuse donne généralement un bon résultat, si utilisant alors le long fléchisseur du pouce et le fléchisseur profond
elle est pratiquée avant trois mois. de l’index. La surveillance de cette lésion aboutit généralement à
une récupération spontanée en quelques semaines. Les incarcéra-
Après luxation d’épaule tions du nerf médian au sein du foyer de fracture ou de l’interligne
Les lésions nerveuses sont fréquentes (un cas sur deux) après articulaire sont exceptionnelles. Le nerf ulnaire peut également
luxation d’épaule, dans près de 40 % pour le nerf axillaire, 30 % suivre une fracture–avulsion de l’épicondyle médial.
pour le nerf suprascapulaire, 20 % pour le nerf musculocutané [34] . Nerf radial
La symptomatologie neurologique est souvent masquée par la
Les atteintes du nerf radial sont fréquentes ; après fracture,
pathologie orthopédique. La récupération est heureusement la
l’atteinte est observée dans 15 % des cas et la récupération spon-
règle sauf après traumatisme violent ou atteinte des racines
tanée apparaît dans 70 % des cas. Ces chiffres ne doivent pas faire
C5-C6.
oublier les principes de base et empêcher une réparation éven-
Après le troisième mois, la décision d’une exploration chirurgi-
tuelle avant trois mois.
cale doit être prise si la récupération est absente après traumatisme
En effet, si un geste chirurgical est décidé pour fixer la fracture,
violent.
une exploration du nerf doit être réalisée dans le même temps
opératoire.
Nerf axillaire La greffe nerveuse n’est effectuée qu’à six ou huit semaines après
Historiquement, cette lésion était rarement prise en charge chi- le traumatisme.
rurgicalement. En cas de paralysie radiale après intervention chirurgicale, si le
Le lieu de l’étirement est l’espace axillaire latéral (trou carré de nerf n’a pas été repéré ou neurolysé, une exploration secondaire
Velpeau). La récupération spontanée est la règle (75 %), toutefois est indispensable.
la prise en charge d’une telle atteinte n’est pas exceptionnelle. Il faut savoir qu’en cas de paralysie isolée du nerf radial, des
Toute paralysie du deltoïde après traumatisme de l’épaule doit transferts palliatifs donnent un résultat fonctionnel correct, ces
conduire à un EMG au-delà de trois semaines d’évolution. Une transferts peuvent être réalisés d’emblée chez le patient âgé ou en
imagerie (arthroscanner ou IRM) permet d’apprécier les lésions cas de perte de substance nerveuse étendue nécessitant une greffe
de la coiffe des rotateurs. de plus de six ou 12 cm.
Le diagnostic est retardé par le suivi des lésions orthopé- Des transferts nerveux sont également envisageables même si
diques associées. Les différentes séries insistent sur une réparation leur utilisation est très majoritairement réservée aux lésions du
précoce : avant trois mois [35] . En cas de striction, le geste chi- plexus brachial [21] .
rurgical peut comprendre une résection-suture, si la perte de Au coude, le nerf interosseux postérieur, une des deux
substance est trop importante une greffe doit être réalisée. branches terminales du nerf radial, peut être lésé dans les
Certains auteurs proposent un transfert nerveux, dont les résul- fractures–luxations huméroradiales.
tats semblent meilleurs qu’une greffe intercalaire : le nerf de la
longue portion du triceps brachial sur la portion motrice du nerf Atteintes des nerfs au poignet (Fig. 4)
axillaire [19] .
Ces lésions sont toujours associées à des plaies tendineuses et
vasculaires. Tous les éléments doivent être réparés en un temps.
Nerf suprascapulaire
Les suites postopératoires sont marquées par une immobi-
La lésion de ce tronc nerveux est très généralement associée à lisation du poignet pendant 15 jours, temps de cicatrisation
une lésion du nerf axillaire. Sa prise en charge est ainsi simultanée. épineurale. La récupération sensitive des trois premiers doigts est
Nerf musculocutané indispensable pour espérer un résultat fonctionnel correct. La
récupération motrice des muscles intrinsèques de la main notam-
La lésion se situe au sein du coracobrachial. En cas de rupture,
ment les muscles interosseux est souvent moyenne.
la greffe est toujours nécessaire car les extrémités nerveuses sont
Il faut savoir que la vitesse de conduction mesurée à l’EMG ne
trop éloignées.
préjuge pas de la qualité de la récupération ni du degré de repousse
Les atteintes iatrogènes se voient après chirurgie de l’instabilité
nerveuse.
de l’épaule.
L’exploration chirurgicale doit être réalisée avant trois mois, les
résultats fonctionnels sont moins bons en raison de la néces-
Atteintes nerveuses à la main
sité d’une greffe. Les techniques de neurotisation [20] (techniques Ce sont des lésions très fréquentes, elles sont considérées
d’Oberlin I : transfert d’un fascicule moteur à destinée des extrin- comme des lésions graves car elles peuvent entraîner des douleurs
sèques du nerf ulnaire sur le nerf du biceps brachial et techniques névromateuses, des anesthésies ou hypoesthésies pulpaires.
Les lésions des nerfs digitaux palmaires (Fig. 2, 3) doivent être [7] Gelberman RH. Operative nerve repair and reconstruction. Philadel-
réparées en urgence par des opérateurs entraînés pour éviter en phia: JB Lippincott; 1991.
premier lieu l’apparition d’un névrome. [8] Lundborg G. Nerve injury and repair. Edinburgh: Churchill Living-
L’analyse clinique d’une plaie en regard d’un nerf digital stone; 1988.
palmaire ne retrouve aucun signe spécifique, l’hémi-anesthésie [9] Young PK, MacKinnon SE. Les lésions traumatiques des nerfs péri-
pulpaire est rarement retrouvée dans ce contexte algique phériques. Paris: Expansion Scientifique Française; 1997.
aigu. [10] MacKinnon SE, Dellon AL. Surgery of the peripheral nerve. New
Il est classique d’affirmer la nécessité de réaliser dans le York: Thieme; 1988.
même temps opératoire la réparation de l’artère digitale pal- [11] Oberlin C. Chirurgie du membre supérieur. Paris: Elsevier; 2000.
maire satellite du nerf sectionné pour des raisons de trophicité [12] Novak CB, MacKinnon SE, Kelly L. Correlation of two-point discri-
locale. mination and hand fonction following median nerve injury. Ann Plast
Les résultats sont bons, 60 % des blessés retrouvent une sensi- Surg 1993;31:495–8.
bilité au moins discriminative utile. La récupération ad integrum [13] Alnot JY, Chammas M. Lésions traumatiques des nerfs périphériques.
Paris: Elsevier Masson SAS; 2007.
n’est décrite que chez l’enfant.
[14] Chammas M, Lacombe F, Coulet B. Traumatisme des nerfs
périphériques. http://www.med.univmontp1.fr/Enseignement/cycle
2/MID/Ressources locales/Neuro/item 192-301 Traumatismes
Suites postchirurgicales des nerfs.pdf.
De nombreux facteurs semblent responsables de la qualité de la [15] Tinel J. Le signe du fourmillement dans les lésions des nerfs périphé-
repousse nerveuse et donc du résultat fonctionnel [36] . riques. Presse Med 1915;47:388–9.
Les plus classiques sont : [16] Tubiana T. Traité de chirurgie de la main. Paris: Masson; 1991.
• l’âge du blessé : avant l’âge de 10 ans la récupération est souvent [17] Bouche P. Électromyographie clinique. EMC (Elsevier Masson SAS,
excellente (au-delà de 90 %), entre 20 et 50 ans elle est évaluée Paris), Neurologie, 17-030-A-10, 2008.
à 60 %, elle chute après 50 ans ; [18] Wolfe SW, Hotchkiss RN, Pederson WC, Kozin SH. Green’s
Operative Hand Surgery. Philadelphia: Churchill Livingstone;
• le mécanisme lésionnel a une importance majeure : les contu-
2009.
sions ou traumatismes directs sont de meilleur pronostic qu’une
[19] Leechavengvongs S, Witoonchart K, Uerpairojkit C, Thuvasethakul P.
lésion étagée ou un étirement ; Nerve transer to deltoid muscle using the nerve of the long head of
• le caractère distal de la lésion : les lésions distales ont un the triceps, part II: a report of 17 cases. J Hand Surg [Am] 2003;28:
meilleur pronostic ; 633–8.
• les meilleurs résultats sont obtenus après suture directe contrai- [20] Goubier JN, Teboul F. Technique of the double nerve transfer to recover
rement à la greffe intercalaire ; elbow flexion in C5. C6 or C5 to C7 brachial plexus palsy. Tech Hand
• la récupération est meilleure pour les nerfs sensitifs ; Up Extrem Surg 2007;11:15–7.
• le délai avant chirurgie est également un facteur majeur, il [21] Goubier JN, Teboul F, Khalifa H. Reanimation of elbow extension with
semble que le délai maximal pour obtenir un résultat conve- intercostal nerves transfers in total brachial plexus palsies. Microsur-
nable soit trois mois. Au-delà de un an, seule une sensibilité de gery 2011;31:7–11.
protection peut être récupérée, les muscles dénervés ne seront [22] Chiu DT, Strauch B. A prospective clinical evaluation of auto-
pas neurotisables, seuls des transferts tendineux ou des lam- genous vein grafts used as à nerve conduit for distal sensory
beaux musculaires libres neurotisés pourraient reproduire une nerve defects of 3 cm or less. Plast Reconstr Surg 1990;86:
fonction perdue ; 928–34.
• la qualité de la suture, c’est-à-dire la compétence de l’équipe [23] Tang JB. Vein conduits with interposition of nerve tissue for peripheral
chirurgicale reste un facteur non négligeable. nerve defects. J Reconstr Microsurg 1995;11:21–6.
[24] Brunelli GA, Battiston B, Vigosio A, Brunelli G, Marocolo D. Brid-
ging nerve defect with combined skeletal muscle and vein conduits.
Microsurgery 1993;14:247–51.
Évaluation après réparation nerveuse [25] Calteux N, Bins Ely J, Schoofs M, Cowinck A. Utilisation d’un segment
Il est très difficile de comparer les résultats des séries cliniques veineux périphérique dans la réparation des nerfs périphériques. Ann
car les critères d’évaluation sont différents. L’évaluation doit Chir Main 1984;3:149–55.
[26] MacKinnon SE, Dellon AL. Clinical nerve reconstruction with a
comprendre des items moteurs, sensitifs, douloureux, trophiques.
bioabsorbable polyglycolic acid tube. Plast Reconstr Surg 1990;85:
Une étude récente [37] a conclu à l’utilisation de plusieurs items
419–24.
des scores subjectifs, objectifs concernant la récupération sensi-
[27] Weber RA, Breindenbach WC, et al. A randomized pros-
tive et motrice. Les aspects fonctionnels sont appréciés par des pective study of polyglycolic acid conduits for digital nerve
scores plus généraux dont le plus connu est le score de disa- reconstruction in humans. Plast Reconstr Surg 2000;106:
bilities of the arm, shoulder and hand (DASH) pour le membre 1036–45.
supérieur. [28] Bushnell BD, McWilliams AD, Whitener GB, Messer TM. Early expe-
rience with collagen nerve tubes in digital nerve repair. J Hand Surg
[Am] 2008;33:1081–7.
[29] Lohmeyer J, Zimmermann S, Sommer B, Machens
Références HG, Lange T, Mailänder P. Bridging peripheral nerve
defects by means of nerve conduits. Chirurg 2007;78:
[1] Noble J, Munro CA, Prasad VS, Midha R. Analysis of upper 142–7.
and lower extremity peripheral nerve injuries in a popula- [30] Thomsen L, Bellemère P, Loubersac T. Treatment by collagen
tion of patients with multiple injuries. J Trauma 1998;45: conduit of painful post-traumatic neuromas of the sensitive digi-
116–22. tal nerves: a retrospective study of ten cases. Chir Main 2010;29:
[2] Bonnel F. Nerfs périphériques. Anatomie et pathologie chirurgicale. 255–62.
Paris: Masson; 1989. [31] Cheng CJ. Synthetic nerve conduits for peripheral nerve reconstruc-
[3] Wavreille G, Baroncini M, Fontaine C. Anatomie, histologie et phy- tion. J Hand Surg [Am] 2009;34:1718–21.
siologie du nerf périphérique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), [32] Oberlin C, Alnot JY. Utilisation du nerf sciatique poplité externe
Appareil locomoteur, 14-005-A-10, 2010. commun comme greffe vascularisée. Rev Chir Orthop 1985;71(Suppl.
[4] Millesi H, Terzis JK. Problems of terminology in peripheral nerve sur- 2):93–6.
gery: committee report of the International Society of Reconstructive [33] Kim DH, Line DG. Management and results of peroneal nerve lesions.
Microsurgery. Microsurgery 1983;4:51–6. Neurosurgery 1996;39:319–29.
[5] Narakas A. Neurotization or nerve transfer for brachial plexus lesions. [34] Visser CP, Coene LN, Brand R, Tavy DL. The incidence of nerve injury
Ann Chir Main 1982;1:101–18. in anterior dislocation of the shoulder and its influence on functional
[6] Sunderland S. Nerves and nerves injuries. New York: Churchill Living- recovery. A prospective clinical and EMG study. J Bone Joint Surg
stone; 1978. [Br] 1999;84:679–85.
[35] Narakas AO. Lésions du nerf axillaire et lésions associées [37] Aberg M, Ljungberg C, Edin E, Jenmalm P, Millqvist H, Nordh E,
du nerf supra-scapulaire. Rev Med Suisse Romande 1989;109: et al. Considerations in evaluating new treatment alternatives following
545–56. peripheral nerve injuries: a prospective clinical study of methods used
[36] Campbell WW. Evaluation and management of peripheral nerve injury. to investigate sensory, motor and functional recovery. J Plast Reconstr
Clin Neurophysiol 2008;119:1951–65. Aesthet Surg 2007;60:103–13.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Wavreille G, Clairemidi A, Sauvage A, Arnaout A, Brulard C, Lasnier A, et al. Lésions traumatiques des
nerfs périphériques (plexus brachial exclu). EMC - Appareil locomoteur 2013;8(2):1-12 [Article 15-003-A-10].