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p r o c r

d a ot i s o s n i ae s r s
é i s t é e

Couple et filiation
Les causes complexes et
impossible multiples de l’infertilité
Lorsqu’un couple «Fais-moi avoir aus- naturelle n’est pas assurée à 100% et chez la femme sont variées et souvent
si des enfants, ou je que les chances d’obtenir une grossesse plurifactorielles: elles peuvent concer-
connaît des problèmes meurs !» lit-on dans ne sont que de 25% à chaque cycle ner des troubles de l’ovulation, des dé-
d’infertilité, cela peut la Bible. Rachel, d’ovulation. fauts de la glaire cervicale ou de la mu-
désespérée par sa queuse utérine, des problèmes au
porter atteinte à l’es- stérilité, implore son Le couple et l’infertilité niveau des trompes ou d’autres anoma-
time de soi des parte- mari Jacob de lui De nos jours, on n’invoque plus la clé- lies. Chez l’homme, les problèmes se
naires. Pour Adriana faire un enfant. Ja- mence des dieux pour augmenter les situent au niveau des spermatozoïdes,
cob s’emporte: «Est- chances de procréer, mais on s’adresse de leur quantité et de leur mobilité, voi-
Bouchat, psychothé- ce que je tiens la à la médecine. Dans certains cas, l’in- re de leur carence dans le liquide sémi-
rapeute FSP, la psy- place de Dieu, qui fertilité n’est plus une fatalité. Les pre- nal.
t'a refusé la materni- miers traitements hormonaux sont ap- Le nombre de cas d’infertilité est en
chothérapie de couple té ?» (Gn 30, 1-2). parus dans les années cinquante et constante augmentation suite à diffé-
permet de les aider à Mais Dieu est ma- Louise Brown, premier bébé conçu rents facteurs. La fertilité baisse avec
comprendre les impli- gnanime et Rachel hors du corps de sa mère, se porte bien l’âge et les couples sont de plus en plus
pourra bientôt et fêtera cet été ses 28 ans. Actuelle- âgés lorsqu’ils souhaitent avoir leur
cations inconscientes concevoir et enfanter ment, on estime que, dans les pays dé- premier enfant.
de leur désir d’enfant. un fils, Joseph, qui veloppés, le pourcentage des couples
jouera un rôle im- en âge de procréer qui rencontrent des L’épreuve de l’infertilité
La psychologue abor- portant pour le difficultés à avoir un enfant varie au- La prise de conscience de l’infertilité
de les diverses et mul- peuple hébreu. De- tour des 10%. La moitié de ces couples représente un choc. La plupart des
tiples causes de l’in- puis la nuit des arrivera, toutefois, à surmonter son in- couples ne s’y attendaient pas et ne
temps, des couples fertilité. s’avisent de leurs difficultés à procréer
fertilité. ont rencontré des On définit l’infertilité comme l’impos- qu’à partir du moment où ils arrêtent la
difficultés à procréer sibilité de débuter une grossesse après contraception. En général, ils imaginent
et ont cherché un remède auprès de une année (six mois si la femme a plus que le renoncement aux méthodes
puissances surnaturelles ou en se que 35 ans) de relations sexuelles régu- contraceptives devrait automatiquement
vouant au culte de différentes divinités lières avec le même partenaire sans donner lieu à une grossesse. Cela
de la fécondité. Dans l’Antiquité, ne moyen de contraception. On parle de ébranle des convictions profondes. Le
pas avoir de descendance était en effet stérilité lorsqu’il y a une incapacité dé- contrôle des naissances a alimenté le
considéré comme une malédiction. Le finitive à enfanter. Environ 5% des mythe de la maîtrise de la procréation,
plus souvent, la cause de la stérilité couples en âge de procréer se trouve- voire de la maîtrise en tant que telle qui
était attribuée à la femme. On n’envisa- raient dans cette situation. Ils devront fait tellement partie de notre culture.
geait même pas que l’homme puisse en renoncer à tout jamais à concevoir un Comme si le fait de pouvoir prévenir
être responsable. C’était même une rai- enfant biologique. Certains auteurs se une conception impliquait nécessaire-
son pour répudier une épouse. Et ce montrent toutefois plus optimistes. ment aussi la capacité de concevoir.
n’est qu’au début du 20e siècle que des Le rôle de chaque partenaire dans ces L’atteinte narcissique est de taille et
hypothèses concernant l’infertilité mas- difficultés n’est pas aisé à définir, car concerne la société entière et pas seule-
culine ont été formulées. Il faut relever les causes de l’infertilité sont com- ment les individus qui y sont confron-
que, chez l’espèce humaine, la fertilité plexes et souvent multiples. Les au- tés.
teurs, toutefois, semblent s’accorder sur A l’annonce du diagnostic, les femmes
le fait que, dans environ un tiers des ont souvent tendance à s’attribuer la
Bibliographie cas, l’infertilité est attribuable à la fem- responsabilité de l’infertilité, même si
me, dans un autre tiers à l’homme et celle-ci est constatée chez leur parte-
Bydlowski, M. (1980). Désirer un enfant ou enfanter un dé-
dans le dernier tiers à des anomalies naire. Les stratégies d’adaptation va-
sir. In F. Charvet (Ed.), Désir d'enfant – Refus d'enfant.
Paris: Stock Pernoud. physiques présentes chez les deux rient selon les individus et les couples,
membres du couple. Dans environ 5 à en fonction de la résonance de l’inferti-
Faure-Pragier, S. (1997). Les bébés de l'inconscient. Le psy- 10% des cas, l’infertilité reste inexpli- lité avec l’histoire personnelle. Le
chanalyste face aux stérilités féminines aujourd'hui.
quée sur le plan médical et elle est couple est mis à rude épreuve malgré le
Paris: PUF.
alors imputée soit à des raisons psycho- fait que ce soit la femme qui est princi-
Flis-Trèves, M. (1998). Elles veulent un enfant. logiques inconscientes, soit à des pro- palement la cible du traitement médical
Paris: Albin Michel. blèmes de nature biologique encore in- contre l’infertilité, et cela quelle qu’en
Pasch, L., & Christensen, A. (2000). Couples facing fertility connus en dépit d’investigations soit l’étiologie. C’est aussi elle qui est
problems. In K. Schmaling (Ed.), The psychology of couples poussées auprès des deux partenaires. en premier lieu confrontée à la surve-
and illness. American Psychological Association. Les causes physiques de l’infertilité nue ou à l’absence d’une grossesse, à la
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déception face à chaque cycle qui se surmoïque du médecin peut être renfor- Les vraies infertilités psychogènes sont
solde par un échec. Le travail de deuil cé par la prescription d’avoir des rap- rares. Il serait fallacieux de prétendre
est difficile car l’espoir renaît à chaque ports sexuels au moment de l’ovula- qu’il suffirait de résoudre un conflit in-
tentative de conception. Le niveau de tion. Le plaisir est ainsi escamoté au conscient autour de la parentalité ou de
détresse augmente exponentiellement profit de la finalité reproductive. Cer- mettre à jour un conflit larvé de couple
en fonction du nombre d’essais infruc- taines mesures de soins rendues néces- pour surmonter une stérilité pour la-
tueux. saires, comme l’injection d’hormones quelle aucune explication physiolo-
Des sentiments de colère, de frustra- pour stimuler l’ovulation, pratiquée gique n’existerait. Il est vrai que des
tion, d’impuissance, de honte, d’anxiété parfois par l’homme sur sa partenaire, grossesses inespérées, voire difficiles à
sont mis en avant. Si les femmes peu- à sa demande, influencent la dyna- obtenir, ont été favorisées, sans aide
vent les exprimer parfois haut et fort, mique du couple. Ces gestes peuvent médicale, lors de psychothérapies indi-
les hommes se réfugient le plus souvent représenter un moment de partage des viduelles ou de couple ou après que des
dans le retrait, l’évitement, la fuite, voi- responsabilités du traitement, mais aus- couples hypofertiles aient adopté un
re même le déni. Il ne faut pas oublier si être interprétés comme une agression enfant. Mais ce sont des exceptions.
qu’il est socialement moins admis mutuelle. Le recours à la procréation D’ailleurs, les doutes et l’ambivalence
qu’un homme exprime de la détresse. médicalement assistée est éprouvant et ressentis par les couples infertiles sont
Le degré de concordance entre les ma- comporte une connotation sado-maso- aussi souvent partagés par ceux qui
nifestations émotionnelles des deux chique vite refoulée si le traitement est n’ont aucun problème à procréer.
partenaires est un indicateur du rappro- couronné de succès, mais qui persistera Ceci dit, peu importe l’étiologie de la
chement du couple et de sa capacité à en cas d'insuccès. difficulté à procréer, peu importe qu’el-
affronter ensemble la situation. Cer- Les conséquences de l’infertilité sur la le soit organique ou psychologique.
tains couples sortiront plus unis de cet- vie sexuelle du couple sont souvent dé- Quel est son impact sur le vécu de cha-
te épreuve. D’autres, qui auront vécu sastreuses à moyen terme. Face à ce cun, quel est le sens que chaque
l’infertilité et les traitements pour y constat, des couples peuvent décider de membre du couple donne à cette im-
pallier d’une manière totalement diver- s’accorder une pause dans le traitement possibilité d’avoir des enfants biolo-
gente, risqueront de se distancier l’un et consulter un psychothérapeute. giques ?
de l’autre et de se réfugier dans l’in- La demande d’aide est souvent confu-
compréhension mutuelle. se. Parfois, c’est la femme seule qui L’énigme du désir d’enfant
Les traitements contre l’infertilité re- consulte pour une anhédonie sexuelle. Derrière tout désir d’enfant, il faut dif-
présentent un stress non négligeable. Ce manque de désir n’est que le symp- férencier la part consciente de ce désir
La médicalisation d’un acte qui, dans tôme manifeste d’un sentiment dépres- (la volonté) de la part inconsciente (le
l’idéal, devrait être naturel comporte un sif diffus. Se précipiter pour traiter ce vrai désir). Ce qui relève de l’incons-
vécu à connotation persécutoire. L’in- symptôme ne serait d’aucune utilité. Il cient échappe la plupart du temps, reste
tervention médicale peut être perçue convient, toutefois, d’en tenir compte, opaque, voire obscur. Il peut y avoir
comme une effraction dans l’intimité d’accueillir la souffrance exprimée à ambivalence ou même antinomie entre
du couple. Le médecin peut être consi- travers le corps meurtri, épuisé par les ce qui est souhaité consciemment et le
déré de différentes manières: soit com- interventions médicales et les gros- désir profond. Sur le plan symbolique,
me le représentant idéalisé d’une puis- sesses inabouties. Il s’agit d’aider ces accéder à la parentalité signifie aban-
sance tutélaire qui aurait le pouvoir femmes et leurs partenaires à se re- donner l’enfance, prendre la place de
d’accorder la grossesse comme une fa- construire sur le plan narcissique. Il est ses parents, se mettre à pied d’égalité
veur, soit comme un deus ex machina, nécessaire aussi d’interroger le désir avec eux, les rendre grands-parents, les
froid et distant, qui arbitrairement la re- d’enfant et de comprendre les implica- faire vieillir, les rapprocher en quelque
fuserait en guise de punition pour des tions inconscientes de l’impossibilité sorte de la mort et se situer ainsi dans
fautes inavouées et inavouables. Le rôle de procréer. la suite des générations. Cela suppose

L’auteure
Adriana Bouchat, psychologue spécialiste en psychothérapie FSP, exerce en cabinet privé et dirige la Consultation conjugale et de sexo-
logie de la Fondation Profa à Lausanne. Depuis une vingtaine d’années, elle s’intéresse à la relation de couple, à la sexualité et à la pa-
rentalité dans une approche psychodynamique. Elle a suivi en psychothérapie de nombreux couples, mais également des personnes
seules confrontées au désir inassouvi d’avoir un enfant.

Adresse
Adriana Bouchat, Grand-Chêne 5, 1003 Lausanne
Adriana.Bouchat@psychologie.ch
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pour chaque sujet l’acceptation du Le travail avec les couples infertiles entendre dans leur désarroi, de recevoir
temps qui passe et de la finitude de Tous les couples confrontés à l’inferti- leur plainte, de créer un lien, un cadre
toute existence humaine. Cela im- lité s’interrogent à propos de leur pour que le travail psychothérapeutique
plique, au niveau plus intime, d’ad- sexualité qui change de finalité et de- puisse s'engager.
mettre l’inéluctabilité de sa propre vient plus difficile à vivre au cours des Le psychologue va questionner l’histoi-
mort, car l’enfant grandira et prendra à années. Dans un premier temps, une es- re du couple, en réintroduisant une
son tour la place de ses parents. C’est pèce d’acharnement est mis en œuvre perspective temporelle et narrative là
paradoxal, car le désir d’enfant expri- pour obtenir une conception naturelle. où le temps semble être suspendu
me aussi un désir d’immortalité et de Les rapports sexuels ont lieu au mo- («Nous tournons en rond !», «Nous
triomphe sur les contingences corpo- ment de l’ovulation au détriment de la sommes bloqués !» disent-ils). Il revisi-
relles. spontanéité de la rencontre amoureuse. te avec le couple le désir qui a été
D’autre part, enfanter, transmettre la Lorsque les déceptions se succèdent, constitutif de leur rencontre amoureuse,
vie permet d’afficher sa propre sexuali- cycle après cycle, le désir sexuel dimi- en amont du désir d’avoir des enfants.
té d’une façon socialement admise et nue. Dans le cas d’un recours à la pro- Dans la mesure du possible, il va les ai-
de passer outre les interdits parentaux création médicalement assistée, les trai- der à «renaître à leur couple» et à envi-
concernant la sexualité infantile. Pour tements invasifs donnent à la femme sager de nouveaux projets. Le travail de
une femme, exhiber sa grossesse re- une image réductrice d’elle-même qui deuil, souvent figé dans la quête obses-
vient à montrer qu’elle a eu des rela- tourne autour du corps surmédicalisé, sionnelle d’un enfant biologique à tout
tions sexuelles avec un homme, qu’elle d’une «machine à produire des bébés», prix, peut se réamorcer et amener une
est adulte et pleinement femme. De comme disait une patiente. La femme nouvelle sérénité. Le couple va repen-
même, pour un homme, avoir de nom- ne se sent plus désirable et n’arrive ser la place de son désir d’enfant à la
breux enfants peut être une confirma- plus à accéder à son propre désir, parce lumière de l’expérience personnelle de
tion de sa virilité. Mais, pour pouvoir qu’elle se vit comme abîmée et vide. chacun et de son histoire familiale ainsi
devenir parent, chaque sujet doit être Le vécu d’infertilité suscite des an- qu’en fonction du vécu commun. En
convaincu que ses propres parents l’au- goisses à propos de l’identité sexuelle faisant la part des choses, il pourra
torisent à le faire. en accentuant des troubles éventuels. alors décider d’essayer encore une fois
Chez la femme, le désir d’enfant (de «Suis-je assez femme ?», «Suis-je as- d’avoir recours à des techniques de
donner la vie et d’élever un enfant) doit sez homme ?» se demandent les procréation médicalement assistée, ou
être distingué du désir de grossesse qui couples infertiles. L’impact psycholo- alors amorcer un processus de renonce-
n’a qu’une finalité limitée à l’expérien- gique d’un tel doute est important. Une ment. Parfois, l’idée du recours à
ce somato-psychique d’être enceinte, collusion défensive contre la sexualité, d’autres formes d’accès à la parentalité
de porter un enfant dans son ventre, de une sorte de pacte inconscient peut être apparaît. Le couple peut considérer une
vivre une gestation. Toutes les femmes mis en place par les deux partenaires demande d’adoption et s’engager dans
ne partagent pas ce désir. Certaines pour écarter ces interrogations doulou- ce nouveau chemin.
peuvent être habitées par des angoisses reuses du champ de la conscience et Sur le plan relationnel, les liens se ren-
archaïques comme la crainte d’être en- anéantir tout désir sexuel qui les remet- forcent et les deux conjoints peuvent
vahies, dévorées de l'intérieur par le trait à l’ordre du jour. redécouvrir une dimension libidinale
fœtus. Pour elles, l’infertilité assume Cette «collusion stérile» défensive en- qu’ils ne s’étaient plus autorisée.
après coup le sens d’une défense. vahit d’autres aspects de la vie commu-
Les deux partenaires peuvent aussi si- ne et le couple semble sombrer dans un
multanément désirer devenir parents et vécu dépressif marqué par l’absence Zusammenfassung
le craindre, par peur d’être déçus par d’objectifs communs, chacun restant
Die wenigsten Paare erwarten, dass sie
l’enfant réel qui ne sera pas nécessaire- enfermé dans sa douleur, indicible et
auf natürlichem Weg keine Kinder zeu-
ment conforme à leurs attentes idéali- incommunicable. La femme est particu-
gen können. Umso grösser ist der
sées concernant l’enfant imaginaire. Le lièrement touchée par le «syndrome du Schock, wenn genau dies zutrifft. Neh-
diagnostic d’infertilité les soulage mo- berceau vide»: elle semble inconsolable men solche Paare eine fortpflanzungs-
mentanément, car il permet de sortir de devant cette maternité impossible et medizinische Behandlung in Angriff,
ce dilemme. D’autres couples peuvent peut s’aliéner la compréhension et le so müssen sie auch mit psychischen
craindre que l’arrivée d’un enfant re- soutien du conjoint. Les couples Belastungen rechnen und nicht selten
mette en question la stabilité de leur re- confrontés à l’incapacité d’avoir un en- nehmen Beziehung und Sexualleben
lation. D’autres encore souhaitent un fant biologique vivent donc une crise Schaden. Darüber schreibt Adriana
enfant pour s’adapter aux normes so- profonde. Lorsqu’ils consultent un psy- Bouchat. Sie äussert zudem Gedanken
ciales, pour être comme les autres ou chothérapeute de couple, ils sont sou- zum Kinderwunsch und berichtet von
ihrer psychotherapeutischen Arbeit mit
pour répondre aux attentes de leurs fa- vent au bord de la rupture.
ungewollt kinderlosen Paaren.
milles respectives. Il s’agira donc de les accueillir, de les

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