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LETTRES D’AILLEURS
Dévoilements préliminaires d’une Prise
de l’« Epervier » du Cameroun
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55812-0
EAN : 9782296558120
SOMMAIRE
PREFACE ........................................................................................... 7
AVANT-PROPOS ............................................................................ 13
Chapitre I. Lettre à ma fille Armelle Olive.................................... 21
I. Genèse de l’Affaire Ministère public contre ATANGANA
MEBARA, OTELE ESSOMBA Hubert Patrick et Autres ...... 28
II. Des recommandations et orientations possibles ................... 44
C h a p i t r e I I . Lettre à Messieurs les Professeurs Victor
ANOMAH NGU et Joël MOULEN ................................................ 57
I. Au service de l’État................................................................... 64
II. Les « vraies-fausses » accusations.......................................... 95
Chapitre III. Lettre à Monsieur François MATTEI................... 155
I. Le premier voyage de l’Albatros ........................................... 164
II. La fin de la location de l’Albatros........................................ 167
Chapitre IV. Lettre à Monseigneur Joseph AKONGA ESSOMBA
.......................................................................................................... 173
Chapitre V. Lettre à MAMAN ...................................................... 193
Chapitre VI. Lettre à Monsieur AMADOU ALI, Vice-Premier
Ministre, Ministre de la Justice..................................................... 217
I. Avant-propos........................................................................... 223
II. Quelques constats .................................................................. 231
Chapitre VII. Lettre à toutes les personnalités sous la menace de
l’épervier ......................................................................................... 251
I. Dès les premières rumeurs sur l’envoi des services du
contrôle supérieur de l’État dans la structure que vous dirigez,
que vous avez dirigée ou qui vous emploie............................... 251
II. Au niveau de la police judiciaire .......................................... 256
III. Enfin à la prison................................................................... 258
IV. Au plan humain.................................................................... 264
POST-SCRIPUM............................................................................ 271
ANNEXES....................................................................................... 277
PREFACE
Je n’ai pas de doute que les lecteurs qui ouvriront ce livre pour le
parcourir, seront à la fois « étonnés » et « surpris », de lire une préface
de la main du Cardinal Christian Tumi, Archevêque Emérite de
Douala !
« Etonnés » et « surpris », non par le fait de commettre une préface
à un ouvrage,-il n’est pas le premier du genre-, mais plus
particulièrement à celui-ci compte tenu de la personnalité de son
auteur et des circonstances dans lesquelles il l’a rédigé.
Je me souviens de commentaires à la fois amusants et
interrogateurs de la presse écrite, et des observateurs des procès de
personnes arrêtées dans le cadre de l’opération dite « épervier »,
quand je me suis rendu au tribunal à Yaoundé, pour aller saluer le
ministre Atangana Mebara qui passait en jugement. Le fait d’y être
allé a été vu comme une reconnaissance de l’innocence du prévenu,
et/ou une façon d’embarrasser les juges chargés de l’affaire
« Albatros ». A-t-on pensé un seul instant, que je suis prêtre et évêque,
et donc pasteur. Qu’il ne m’appartient pas de juger et de condamner
qui que ce soit avant que la justice n’ait prouvé en quoi la personne est
coupable ou innocente.
C’est avec joie que j’accepte d’écrire cette préface, car je reste
convaincu que Dieu utilise toutes les circonstances de la vie pour se
révéler à ses enfants. Si tu es saisi par Dieu au milieu d’une génération
qui ne connaît pas Dieu, n’aie point d’épouvante, de honte ni
d’orgueil. Mais atteste, en homme libre, la grâce qui t’est faite.
Les hommes se sont étonnés pendant des siècles qu’il y ait
quelques esprits forts pour oser prétendre que Dieu ‘’ne leur disait
rien’’. Désormais on s’étonnera qu’il y ait des êtres inexplicablement
possédés par la passion de Dieu. Comme les premiers étaient autrefois
vilipendés par une société qui se prétendait croyante, ces derniers
seront traités avec commisération par une société communément non
croyante.
L’auteur de cet opuscule reconnaît courageusement que c’est en
« homme et homme libre » qu’il ne peut s’abstenir de rapporter des
« faits susceptibles de contribuer aux débats qui traversent notre
société, même seulement la petite communauté carcérale. »
7
C’est aussi en homme libre, en pasteur soucieux d’avoir une justice
équitable pour tous dans notre pays, que j’accepte de répondre à la
demande de Jean-Marie Atangana Mebara d’écrire cette préface.
Comme le lecteur aura l’occasion de le découvrir, cet opuscule est
l’expression de la foi de son auteur. Il a mis le temps de son
incarcération à profit pour réfléchir, méditer, et léguer aux générations
futures l’expression de cette foi. Nous ne sommes faits que d’amour,
disait sainte Catherine de Sienne. Nous sommes incessamment
comblés de grâces par Dieu dans le Christ, mais nous en vivons sans
les vivre pour ce qu’elles sont, nous nous les incorporons à l’étourdie
sans les reconnaître, nous les faisons nôtres en ignorant qu’elles ne
cessent d’être de Dieu. La prière, la lecture ont fait émerger peu à peu
l’auteur de cette grossièreté, elles ont affiné son sens intérieur et l’ont
appliqué à discerner la présence et l’action, autour et au fond de lui,
du Père des lumières d’où provient et descend comme dit saint
Jacques « tout don excellent, toute donation parfaite » (Jac 1, 17).
Aussi la moindre grâce que nous nous trouvons capables de vivre
comme grâce, c’est-à-dire en l’éprouvant en tout notre esprit comme
don gratuit du Dieu vivant, représente-t-elle une expérience d’une telle
nouveauté et d’une telle intensité qu’elle peut bouleverser notre âme et
la livrer au Seigneur. C’est l’expression de cette grâce que l’auteur
met entre les mains du lecteur.
« Lettre à ma fille ARMELLE OLIVE », est un récit à la saint
Thomas More qui, de sa prison, enfermé à cause de ses convictions
religieuses et du refus de cautionner le divorce et le remariage du Roi
Henri VIII, accepta de mourir sur l’échafaud, non sans avoir laissé à
sa fille, une lettre pathétique pleine de conseils d’une grande élévation
spirituelle.
L’auteur a un but à atteindre : faire comprendre à sa fille, les
raisons de sa descente aux enfers. Lui expliquer les difficultés de la
vie et comment l’affronter malgré les trahisons et autres accusations
sans fondement qui pèsent sur lui.
Toujours dans le souci de laisser à sa fille ce qu’on pourrait peut-
être appeler un « testament spirituel », l’auteur appelle sa fille au sens
du pardon pour ceux qu’il aurait offensé dans ses multiples fonctions,
mais donne son pardon à ceux qui lui ont aussi fait du mal.
Ce temps d’épreuve a été pour lui, un temps où il a développé
particulièrement l’humilité et la compassion pour le genre humain.
L’ouvrage, composé de sept (7) chapitres, dont les quatre derniers
sont des lettres ouvertes à quelques personnalités : François Mattei,
8
journaliste français, Auteur de l’ouvrage LE CODE BIYA, publié en
2009 ; Mgr Joseph Akonga, (à l’époque où l’auteur écrit, encore
Secrétaire Général de la Conférence Episcopale des Evêques du
Cameroun) ; à sa Maman (décédée à 79 ans) ; à Monsieur le Ministre
de la Justice et enfin à toutes les personnalités que menace
« l’épervier ».
En écrivant à sa fille qui est encore jeune, l’ancien Secrétaire
Général de la Présidence de la République pense à tous les jeunes,
plus particulièrement à ceux qui croupissent en prison pour des
peccadilles, et pense travailler un jour à leur réinsertion harmonieuse
dans la société.
Dans un style littéraire d’une clarté extraordinaire et d’une
simplicité touchante, on est pris par le récit qui se lit comme un
roman. L’ancien petit séminariste de Mbalmayo, a bien maîtrisé ses
leçons de grammaire et l’art de bien conter les événements de
l’histoire de sa vie !
C’est ainsi que dans un souci de clarté et franchise, nous
parcourons avec passion, la version des faits que la justice lui reproche
depuis son incarcération le 06 août 2008, à la prison centrale de
Yaoundé à Kondengui, sur l’affaire dite « ALBATROS », l’avion
présidentiel. Une affaire qu’il a trouvée déjà en cours à sa nomination
comme Secrétaire Général de la Présidence de la République.
Cette affaire prend une bonne partie de l’ouvrage. Les conclusions
des enquêteurs contre lui sont partiales et semblent obéir à des
consignes de l’ombre pour accabler à tout prix toutes les personnes
impliquées dans l’achat de l’aéronef présidentiel. Les versions de chef
d’inculpation décrites dans le livre sont parfois surprenantes et
contradictoires. Dans cette partie du récit - la plus longue de l’opus -,
le lecteur tenu en haleine par le récit si touchant, peu parfois être
« fatigué » par la répétition des mêmes faits, quoi que cela soit dit
intentionnellement, au fur et à mesure que le récit progresse, pour en
saisir les différentes versions et rebondissements.
L’effort de l’auteur est de mettre à la disposition de sa fille, des
lecteurs et autres amis, les dossiers pour lesquels il est détenu à
Kondengui. Devant les faits tels qu’ils se sont passés, il se dit en toute
conscience, qu’il est innocent.
L’ouvrage se termine par une série des Lettres à adresser à
quelques personnalités, à commencer par le journaliste François
Mattei, Auteur du livre « LE CODE BIYA », où l’auteur de la
« LETTRE A MA FILLE… » explique au journaliste français qu’il a
9
écrit des choses tendancieuses sur le dossier qu’il reconnaît lui-même
« complexe ». Ce qui ne l’a pas empêché d’affirmer, sans avoir mené
une enquête préliminaire digne de ce nom, des choses qu’il aurait
mieux fait, pour son honneur de vérifier. D’après lui, les ministres et
autres fonctionnaires de l’Etat incarcérés pour cette affaire, sont
coupables !
La deuxième lettre, adressée à Mgr Joseph Akonga, salue l’amitié
et la relation qui lient les deux hommes comme un grand frère à un
petit frère. Il ne manque pas de dire sa reconnaissance pour tous ces
prêtres, religieux et religieuses qui se dévouent au service des
prisonniers à Kondengui. Il souligne tout en le regrettant, les
manœuvres des autorités de la prison pour éconduire les évêques et
autres prêtres, venus rendre visite aux détenus d’une « certaine
catégorie » ! Il souhaite aussi, pour plus de proximité avec les
prisonniers, que la Conférence Episcopale ait une Aumônerie
nationale sous la charge d’un évêque pour mieux superviser le travail
qui pèse souvent sur l’un ou l’autre prêtre individuellement auprès de
détenus.
Toutefois, l’auteur s’interroge sur le silence de la Conférence
Episcopale face aux interdictions, voire aux humiliations infligées à
certains prélats qui ont fait le déplacement à Kondengui, mais à qui on
a expliqué que leur visite était tout naturellement indésirable ! Dans le
souci de voir l’Eglise jouer son rôle de défenseur des droits de
l’homme, l’auteur cite abondamment les textes du magistère de
l’Eglise, les Documents Conciliaires et autres Déclarations des
Evêques du Cameroun sur la mission de l’Eglise et le respect des
droits fondamentaux de l’être humain.
La troisième lettre est adressée à sa chère Maman, décédée
quelques années avant son incarcération. Emouvante, pleine
d’affection sincère, cette lettre révèle le soulagement de l’auteur de
savoir qu’au moment où il subi les affres de la prison, sa maman
observe tout cela de l’autre côté de la vie. Elle n’aurait pas supporté de
vivre toutes ces humiliations et cette longue incarcération où l’on
cherche encore à comprendre ce qui les justifie.
La quatrième lettre est adressée au Ministre de le Justice du
Cameroun à qui il témoigne sa reconnaissance pour avoir proposé et
fait voter la Loi sur le nouveau Code de procédure pénale. Ceci dit,
l’auteur ne peut s’empêcher de dire son grand étonnement et son
indignation devant la violation constante du secret de l’instruction par
le même Ministre qui se permet de tenir publiquement des propos
10
laissant croire que les prévenus de l’affaire « ALBATROS » sont
coupables ! Quelle violation de la Loi pour laquelle on s’est tant
battu !
La cinquième et dernière lettre est adressée à toutes les
personnalités que menace « l’épervier ». L’auteur leur donne quelques
informations et des conseils de sagesse et de prudence à suivre. Le
tout dans un style plein d’humeur et de foi, surtout quand il appelle les
uns et les autres à penser à se réconcilier avec les membres de leur
famille, la chose la plus chère au monde.
Peut-être que la sixième et la dernière serait celle que le lecteur
écrira à sa propre conscience !
11
AVANT-PROPOS
Surprise pour moi, son auteur, qui n'ai jamais planifié de publier
ces notes sous la forme d'un ouvrage !
À eux, je veux dire que s'il est aisé d'emprisonner un corps, il est
impossible d'incarcérer un esprit, une âme. Heureusement d'ailleurs
que les esprits peuvent s'évader ! Sinon, on aurait à gérer dans ces
lieux de détention, des situations de désespérance inimaginables.
13
Puis, quand trois mois après mon incarcération, il m'a été permis
de rencontrer les miens, je me suis rendu compte qu'il était encore
difficile de parler de tout cela sans laisser percevoir les émotions
diverses qui animaient les uns et les autres.
Et enfin quelques lectures, quelques faits dont j'ai été témoin dans
cette prison m'ont interpellé, comme homme et comme citoyen, et
m'ont inspiré certaines correspondances, pour participer à des débats
de société, actuels ou à venir.
14
fatwa contre ce « traître » qui sera accusé "d'avoir pris la plume contre
le régime".
15
Avant tout et par-dessus tout, je dois d’abord rendre grâce à mon
Seigneur et mon Dieu, à qui je dois tout ; « par Lui tout a été fait, et
rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans Lui. » (Prologue de
l’Evangile selon saint Jean). Rien ne peut me faire oublier que c’est
Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob que ma fervente mère,
Olive NGONO, nous a laissé, à moi et mes frères, comme héritage
principal : je devais, en tout temps et en tout lieu, placer toute ma et
ma confiance totale en Lui.
17
Tous mes frères et sœurs de souche Mvog-Ebode, si généreux et
fidèles en amour familial ont tout autant droit à des remerciements
spéciaux, avec à leur tête notre roc Joseph AFANA KEDE.
Mes nièces et neveux, aussi attachants les uns que les autres,
méritent aussi toute ma gratitude.
À ces amis fidèles, qui ont bravé toutes les mises en garde et les
menaces, venant parfois de l’Etranger comme Victorine, Félicité,
Edmond, Nicole et Séraphine, pour m'apporter leur soutien et leur
affection, ici ou au tribunal, ainsi qu'à tous ceux qui, dans la discrétion
imposée par leur statut, n'ont manqué aucune occasion pour
transmettre ou démontrer leur solidarité, à moi-même, à mon épouse
ou à ma progéniture, je rends un hommage sincère et dis un grand
Merci. J’ai une pensée spéciale à ce niveau pour les religieuses de la
congrégation des Filles de Marie de Yaoundé, et en particulier à la
Mère Séraphine Stéphanie, la Mère Anne-Marie, la Mère Marie-
Claire, Sœur Jacques-Françoise, Sœur Lucie ; je ressens la même
reconnaissance émue pour André, Elie, Victor, Alexis, Esther, ML et
Daniel, pour la famille BOL ALIMA, les MISSI, les MOULEN.
C'est à tous ces proches que je dois d'être toujours libre dans ma
tête. Je le dois aussi à tous ces frères, sœurs et enfants de vie, ces
amis, anciens collaborateurs et compagnons, avec qui j’ai partagé
18
quelque chose, un jour ou pendant des années, avec qui j’ai essayé de
développer ou de mettre en œuvre un projet, et qui m’ont témoigné,
même une seule fois, leur estime et leur soutien.
Je suis persuadé que comme moi, les uns et les autres ont aussi
découvert, à travers cette épreuve, à quel point la Famille est précieuse
et irremplaçable, pas seulement la famille génétique ! Et à quel point il
faut rester uni, malgré les incompréhensions, les divergences, les
malentendus et les crises passagères.
19
Sainte Thérèse de Lisieux a affirmé, il y a un peu plus d'un siècle :
« La joie intérieure réside au plus intime de l'âme ; on peut aussi bien
la posséder dans une obscure prison que dans un palais ».
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Chapitre I. Lettre à ma fille Armelle Olive
If you are successful, you will win false friends and true enemies.
Succeed anyway.
The biggest men and women with the biggest ideas can be shot down
by the smallest men and women with the smallest minds.
Think big anyway.
People really need help but may attack you if you do help them.
Help people anyway.
21
Give the world the best you have and you'll get kicked in the teeth.
Give the world the best you have anyway.
6. Ceux qui voient grand peuvent être anéantis par les esprits les plus
mesquins.
Voyez grand quand même.
22
7. Les gens aiment les petites gens, mais préfèrent suivre les puissants.
Luttez pour les petites gens quand même.
8. Ce que vous avez mis des années à bâtir peut être détruit du jour au
lendemain.
Bâtissez quand même.
Cela fait plus de trente et six (36) mois que j’ai été incarcéré à la
Prison Centrale de Kondengui à Yaoundé.
Je n’ai toujours pas été jugé. Je suis toujours en détention
provisoire, alors que la loi camerounaise, en l’espèce le Code de
Procédure Pénale, prévoit que la détention provisoire ne devrait pas
excéder 18 mois.
J’aurais voulu dresser pour toi un bilan de ces trois ans derrière les
barreaux. Mais un bilan c’est souvent à la fin d’une étape, et j’ignore
quand l’étape actuelle prendra fin.
23
Alors, disons que j’ai choisi de te faire le point à toi ma fille,
Armelle Olive, pour toi-même, pour tes frères et sœurs, pour la
famille, mes frères et sœurs, pour tous ces enfants que j’ai « eus », au
travers des fonctions que j’ai occupées ou du fait de certains actes
posés, à titre personnel, à leur endroit, pour mes amis et proches et,
aussi pour prendre date.
Il faut dire que les soins médicaux ici ne sont pas automatiques. En
dehors de M. MOUTAPEN, mort pratiquement sur le court, tous les
autres ont été transférés dans les hôpitaux publics, souvent en
désespoir de cause, passant ainsi de vie à trépas quelques jours à peine
après avoir été évacués.
24
Et la décision de cette autorité ne constitue pas la fin de la galère.
En effet pour nos « cas », il faut ensuite que le Régisseur s’assure,
avec le commandant de l’Unité de Police Spéciale, le GSO ou la
Gendarmerie, qu’ils ont des éléments disponibles pour escorter vers
les hôpitaux, ceux des détenus pour lesquels le Procureur a demandé
au Régisseur de prendre des mesures de sécurité appropriées. Quand
l’Unité Spéciale sollicitée n’a pas la logistique nécessaire ou les
éléments disponibles pour cette mission, vous pouvez encore attendre
plusieurs semaines.
À toi ma NANOU,
25
Merci d’être venu si régulièrement me voir en prison dès que ce fut
devenu possible, malgré les difficultés et les complications auxquelles
tu as souvent été confrontée. L’Intendant de Prison MINKADA dira
de toi un jour qu’il n’a jamais vu un enfant aussi fidèle à son père. En
moyenne tu es venu me voir au moins cinq jours sur sept, parfois deux
fois dans la même journée.
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épreuve avec moi ; tu pourras, mieux que d’autres, expliquer ces
choses aux autres, avec tes mots ou avec vos mots.
Je sais que pour toi, c’est un étrange destin que tu vis : orpheline de
mère à neuf ans, te voici privée de ton père à 23 ans. Cette nouvelle
séparation, tu ne la comprends pas ; comment quelqu’un qui a sacrifié
sa famille pour son travail peut-il être traité de la sorte ?
Dans un premier temps, je vais te rappeler, dans cette lettre qui t’ai
destinée, comment tout ça a commencé et, ensuite je te donnerai
quelques indications, quelques orientations possibles, au cas où…;
ceci constituera la première partie.
27
I. Genèse de l’Affaire Ministère public contre ATANGANA
MEBARA, OTELE ESSOMBA Hubert Patrick et Autres
28
J’aurais pu objecter à ces émissaires du Délégué Général à la
Sûreté Nationale que ce passeport m’avait été délivré en application
d’un décret présidentiel régissant le passeport diplomatique ; ce texte
dispose en effet que les anciens ministres des affaires étrangères ou
des relations extérieures, ont droit au passeport diplomatique
permanent, ainsi que leurs conjoints et les enfants mineurs.
Trois jours plus tard, le 31 mars 2008, vers 6h15 du matin, je reçus
un appel téléphonique d’un ancien proche collaborateur, m’informant
que le ministre ABAH venait d’être arrêté, et que ses informateurs lui
avaient dit que l’équipe chargée de l’opération était en route pour
interpeller le ministre OLANGUENA ; et qu’après l’équipe devrait
venir me prendre. Il me renouvela son fidèle attachement et son
admiration. Je le remerciai.
Je me retrouvais seul, mon épouse étant partie à la messe ce matin
là comme elle le faisait tous les matins (c’était déjà son habitude avant
notre mariage). Je fis rapidement ma toilette, je m’habillai, puis je
passai quelques coups de téléphone, notamment à mon fidèle Ami et
grand-frère Charles, et à mon frère cadet MEB’S je crois aussi que
j’informai Olivier. J’essayai de prier sans grand succès. Mais je
m’assurai que j’avais un chapelet dans la poche du veston que j’avais
enfilé, tout comme ma carte d’identité.
31
Puis je me mis à attendre, guettant tantôt par les fenêtres de notre
chambre à coucher donnant sur la cour et les rues avant et latérale,
tantôt par la fenêtre du dressing donnant sur la cour et la rue arrière,
histoire de voir si la maison était déjà encerclée par les éléments de
l’unité spéciale de la police, le Groupement Spécial d’Opérations
(GSO), chargée de cette opération.
Vers sept heures moins cinq, le portail arrière fut ouvert ; je courus
jeter un coup d’œil. Je fus rassuré quelque temps en voyant entrer la
voiture de ma femme, sans escorte, je la vis descendre de voiture,
souriante et je me dis que le GSO n’était pas encore là. J’avais peur
qu’ils viennent me prendre au moment où je devais déposer les
enfants à l’école (Nancy au collège Vogt, Kevin au collège de la
Retraite et Marie Aline aux Coccinelles).
32
Plusieurs radios privées avaient pourtant déjà annoncé mon
arrestation. Une avait précisé que ne m’ayant pas trouvé à la maison à
BASTOS, l’escouade des éléments du GSO s’était rendue au village à
NKOMEKOUI, d’où elle était revenue bredouille ; celle-là suggéra
que je m’étais réfugié à la Nonciature Apostolique au Mont-Fébé. Une
autre radio avait annoncé que j’avais été arrêté au niveau des trois
statues, sur la route de MVOLYE, et que j’avais été conduit à la
Direction de la Police Judiciaire, dans une camionnette de la police,
assis dans la plateforme arrière de la camionnette, menotté et sous la
surveillance des éléments du GSO bien armés.
Du vrai délire !
Lorsque l’on me signala que les badauds et les journalistes s’étaient
retirés, après avoir constaté que rien de spécial ne se passait chez moi,
courant vers le lieu où les « vraies choses se passaient », c’est-à-dire la
Direction de la PJ, je me sentis un peu plus soulagé, me disant que
même si on devait m’arrêter, cela se passerait dans une certaine
discrétion.
33
Je portai l’ensemble, mémoire et annexes à mon oncle, l’avocat et
ancien Ministre Denis EKANI ; en lui remettant mon mémoire, je lui
indiquai mon vœu que le cas échéant, il accepte d’assurer ma défense.
Après que je lui ai fait un bref exposé verbal du contenu du mémoire,
il promit de prendre connaissance des documents reçus et s’engagea,
sans réserve, à me défendre si nécessaire. Il ajouta qu’il ne voyait pas
ce qui pouvait motiver la poursuite judicaire d’un ancien Secrétaire
Général de la Présidence, qui, de surcroît, n’a pas vraiment eu à gérer
des ressources financières. Nous étions déjà vers le 15 avril. Nous
nous fixâmes rendez-vous pour quelques jours plus tard, après son
retour du village, (il y allait pour le week-end les vendredis et revenait
le lundi suivant).
35
Divisionnaire ATEBA ONGUENE. Il nous salua, je crois
chaleureusement, en tout cas avec un sourire franc.
Il raconta devant son collaborateur que ma garde à vue lui avait été
prescrite, au téléphone, par un conseiller du Secrétariat général de la
Présidence de la République ; qu’il avait cru devoir dire que ses
services n’avaient pas encore réuni assez d’indices pour justifier une
garde à vue ; qu’il lui avait été rappelé qu’il s’agissait d’une
instruction. Puis son interlocuteur avait raccroché. Cinq minutes plus
tard, nouvel appel téléphonique. Cette fois, c’est Monsieur le Délégué
Général à la Sûreté Nationale, M. MEBE NGO Edgar Alain, qui
appelle son collaborateur le D/PJ, pour s’étonner qu’il formule des
objections ou même des observations lorsqu’il reçoit une instruction
de la Présidence de la République, et ce Délégué Général de conclure :
« Indices suffisants ou pas, l’instruction est que ce Monsieur doit être
placé en garde à vue, et vous devez vous exécuter ! »
43
II. Des recommandations et orientations possibles
Tu pourras dire aux uns et aux autres que je m’en serais allé le
cœur en paix, convaincu de mon innocence par rapport aux
accusations portées contre moi, sans rancœur, sans acrimonie, sans
haine pour personne ; j’aurais pardonné ; en cet instant même où je
t’écris, j’ai déjà pardonné à tous ceux qui m’ont fait mal, davantage
encore à ceux qui vous ont fait injustement souffrir, vous, mon
épouse, mes enfants, mes frères et sœurs, mes parents, mes amis et
proches.
44
Tu sais que j’ai été et suis demeuré jusqu’ici incapable de rancune ;
j’ignore d’où cela me vient. Tu te souviens peut-être de ces quolibets
qui m’ont été affublés par certains des miens, sans méchanceté je
sais : « prêtre manqué, moine, trop bon et trop con », pour qualifier
ma propension quasi-ontologique à oublier le mal que l’on m’a fait, à
faire du bien même à ceux qui m’ont nui ou cherché à me nuire. Tu
m’as souvent dit et démontré que tu n’avais probablement pas reçu
cette partie de mes gènes, et que toi tu sauras te souvenir de ces gens-
là qui m’ont fait subir autant d’humiliations et de souffrances, surtout
morales. J’espère qu’un jour, avec le temps et l’âge, tu parviendras
aux mêmes conclusions que moi, à savoir, « la rancune, la haine et la
vengeance n’ont jamais réglé définitivement de problème ; au
contraire, elles sont sources de nouveaux problèmes ou d’exacerbation
et de maximalisation des problèmes anciens ».
Regarde l’exemple de tous ces gens qui ont été condamnés à mort
et exécutés, pour des crimes qui leur ont été imputés ; c’est de la
vengeance de la société ; l’application de la vieille loi du talion, « œil
pour œil, dent pour dent ». Cela a-t-il diminué le nombre ou la gravité
des crimes commis de par le monde ?
Sachez, vous mes enfants, tous mes enfants, mes proches, mes
chers frères et sœurs, et parents, que je n’institue aucun d’entre vous
héritier de mes vengeances non assouvies, de mes ressentiments ou de
mes rancœurs. Je n’en ai pas. Au contraire, je vous laisserai en
héritage cet immense amour dont vous m’avez entouré pendant ma
période de détention.
Alors, tu devras pardonner à ceux qui ont voulu et fait du mal à ton
père. Tu verras que dès que tu poseras le premier acte dans cette
direction, tu te sentiras légère, en paix avec toi-même.
C’est un livre qui m’a été offert par ma jeune sœur M.T. AKINI, et
que je te ferai lire bientôt. Il faudra absolument que tu le lises et, si tu
le peux, que tu le fasses lire à tes frères et sœurs. Je t’en présente
quelques extraits (j’espère que les éditeurs me pardonneront ces
emprunts).
47
L’ouvrage s’ouvre sur cette belle formule de l’écrivain Sud-
africain, ALAN PATON : « Il existe une loi implacable… Quand on
nous inflige une blessure, nous ne pouvons en guérir que par le
pardon ». PATON est aussi l’auteur de ce grand classique, PLEURE O
PAYS BIEN AIME.
49
Tout ce qui précède ne peut et ne doit surtout pas signifier que j’ai
renoncé à me battre.
Aussi, du fond de cette prison dans laquelle j’ai été jeté, je n’ai pas
cessé de chercher à quoi pouvait me servir cette expérience, quels
pouvaient en être les aspects positifs. Par exemple, j’ai pu
tranquillement observer, sans pression du temps (ici on a plus souvent
du temps qu’à l’extérieur) ; j’ai réfléchi et médité, sans passion ni
complaisance, sur ma vie, sur ma vie avec les autres, et sur la vie en
général. Ce séjour en milieu carcéral aura été pour moi, un moment
propice pour une longue et profonde introspection. J’ai essayé de
mieux identifier mes nombreuses faiblesses dans ma vie avec les
autres ; de comprendre l’être humain, ou mieux les êtres humains
(nous sommes tellement différents et complexes). J’ai dû pour cela
lire aussi de nombreux ouvrages offerts par des amis ou disponibles à
la bibliothèque de la prison. J’en ai tiré quelques idées et leçons qui
pourraient, qui devraient être utiles pour une autre vie, pour une
nouvelle vie.
Je ne peux pas non plus t’éclairer sur les motivations d’un individu
qui décide de te couvrir d’opprobre, publiquement et de manière
répétée, alors que vous n’avez jamais eu le moindre contact.
Et à propos de compassion, une des idées que j’ai muries ici, est, de
faire quelque chose pour les nombreux jeunes qui croupissent en
prison pour des peccadilles, pour qu’ils en sortent le plus vite, et qu’ils
puissent s’insérer, autant que possible harmonieusement, dans la vie
active. À leur contact ici, j’ai compris qu’il y en a très peu qui versent
dans la criminalité par vocation ; la plupart se retrouvent dans
l’engrenage de la violence et de la criminalité par la force des choses.
Un certain nombre, jetés en prison, souvent sans raison forte, étant
encore mineurs, y « apprennent le métier » de brigand, d’apprenti-
braqueur, puis de braqueur et, enfin, de chef de gang. J’avais jadis
pensé, à la retraite, à ouvrir un orphelinat ; je me disais alors, qu’ayant
été orphelin à l’adolescence, je devais donner à d’autres adolescents
orphelins une chance, même minime, de garder espoir dans la vie, et
pourquoi pas de réussir sa vie. Mais, mon expérience actuelle m’a
permis de me rendre compte qu’il y a encore beaucoup plus de
désespérance, ou de risque de désespérance chez les jeunes qui ont
séjourné plus ou moins longtemps en prison. Souvent, ils sont
abandonnés par leurs parents, quand ils en ont ; certains de ces
parents, lassés et/ou honteux de voir le même enfant commettre sans
arrêt des « bêtises », se disent qu’ils ont tout essayé, sans succès, et
qu’ils ne peuvent plus rien faire d’autre que de laisser la justice de
Dieu et des hommes opérer, non sans peine ; d’autres parents se
retrouvent seulement dans l’incapacité de s’occuper d’un enfant en
prison en même temps que de ceux qui sont dehors et qui vont à
l’école. Il y a des enfants qui arrivent ici, ramassés dans la rue, pris
dans des groupes qui étaient devenus leur nouvelle famille.
Face à tout ceci, on peut certes penser que la société et/ou les
parents n’ont pas assez fait leur devoir. Mais la société c’est nous tous
et chacun de nous. Parce que si chacun reste dans son coin en se disant
c’est à chaque famille de s’occuper de ses enfants ou c’est à la société
organisée, c’est-à-dire l’Etat qu’il revient de s’occuper de ces enfants
que les familles ne peuvent plus améliorer ou qui sortent de prison
sans aucune perspective, alors il ne faut pas être surpris demain, d’être
victime d’un acte de violence ou de brigandage d’un de ces jeunes
anciens prisonniers. D’ailleurs certains disent que la prison c’est le
chez eux ; tiens, le cas de Abdoulaye, qui était « majordome » (sorte
d’employé pour personnalité en détention) dans notre quartier quand
je suis arrivé en prison, est illustratif de ce que je dis. Libéré et sorti de
prison après un séjour de deux ans ici, nous lui avons fait les adieux,
qui avec ses bénédictions et ses conseils, qui avec une obole devant
permettre de voyager jusqu’à Maroua, où il disait vouloir rejoindre ses
parents. Quelle ne fut pas notre surprise, moins de trois mois après sa
sortie, de revoir Abdoulaye en prison ! À la question qui lui a été
posée, « mais Abdoulaye tu es revenu ? », il a répondu, « le Vieux, le
dehors c’est très dur ! ».
Il y en a parmi ces jeunes qui n’ont pas reçu la moindre visite de
l’un ou l’autre de leurs parents pendant de nombreuses années. Ils
vivent essentiellement de la ration carcérale, faite, comme tu l’as vu à
maintes reprises, d’un mélange de maïs et de riz, parfois avec un peu
de haricot. N’eût été la générosité de quelques ONG et associations,
religieuses ou laïques, souvent étrangères, la plupart de ces jeunes
tomberaient dans le désespoir total. Je pense donc, à ma sortie de
prison, prendre ma part dans cette œuvre de « redonner des motifs
d’espoir » à ceux de nos jeunes compatriotes qui ont séjourné en
prison ou qui y séjournent encore. Je veux me joindre aux quelques
rares camerounais qui, individuellement ou à travers une association
53
de leur création, contribuent à faire vivre l’espoir en prison. Parmi les
personnes les plus actives ici, il convient de citer le footballeur
ETO’O Fils Samuel, la fille de NDI SAMBA et Madame Georgina
TSALA…
55
Ma petite Armelle,
Je suis bien conscient qu’un jour il faudra que tu t’en ailles aussi,
avant ou après la fin de ce calvaire. Le moment venu, va le cœur en
paix, car tu as rempli ton devoir de fille ; va sans te retourner et
accomplis ton destin ! Je prie le Dieu de tes grands-parents et de tes
parents de t’accompagner partout, en te couvrant de son ombre
protectrice et de ses bénédictions, toi et ta progéniture.
56
C h a p i t r e I I . Lettre à Messieurs les Professeurs Victor
ANOMAH NGU et Joël MOULEN
À toutes celles et tous ceux qui, sans m’avoir jamais rencontré, ont
juste manifesté une certaine curiosité envers cet ancien haut serviteur
de l’Etat tombé en disgrâce.
Lors de ses autres visites, malgré la maladie dont il était déjà frappé
et qui l’obligeait à se déplacer sur chaise roulante, j’ai essayé de
raconter au Ministre ANOMAH NGU mon histoire, dans mon anglais
juridique parfois approximatif ; j’ai le sentiment que je n’ai pas réussi
à tout clarifier dans son esprit lors de ces visites.
Il s’en est allé un jour de mai 2011, pour un repos bien mérité.
Cette lettre veut aussi rendre témoignage à un grand Homme de
science certes, mais aussi de cœur. Il a choisi de consacrer sa vie pour
sauver celles des autres, ou au moins pour toujours donner de l’espoir
à ceux qui étaient menacés par le désespoir. Une âme supérieure, ce
Professeur ANOMAH NGU ! J’aurais aimé être devant sa dépouille,
au dernier jour, pour lui dire, dans l’intimité de nos cœurs, « Thank
you so much dear Father. May your soul rest in perfect peace ! »
60
des années. Le jugement des uns et des autres me sera conséquemment
plus ou moins favorable, après la lecture de cet écrit.
Avant tout autre propos, je voudrais dire à tous mes amis que,
comme tout homme, je ne suis pas sans défaut ou sans tâche ; j’ai
commis des erreurs, et des fautes dans mon parcours professionnel ;
j’ai eu mes faiblesses humaines ; j’ai sans doute aussi causé du tort à
certains compatriotes ; même si je suis conscient que l’on me croira
difficilement, il me faut pourtant dire que ces erreurs, ces fautes, ces
torts, ce ne fut jamais intentionnellement, jamais par méchanceté ou
62
par cynisme. Cependant, j’affirme, et je m’emploierai à le prouver
tout au long de cet opus, que je suis innocent de toutes les accusations
portées contre moi, tant des « vraies-fausses » accusations que des
accusations officielles dans le cadre de ce qu’on appelle l’Affaire
ALBATROS. Le lecteur honnête finira par se poser la question, « de
quoi est-il exactement accusé et pourquoi a-t-il été jeté en prison,
M. MEBARA ? »
63
I. Au service de l’État
J’avais fêté quelques mois plus tôt, mes trente-six (36) ans d’âge ;
et je me sentais privilégié d’occuper pareilles positions à ce moment et
à cet endroit. En décembre 1990, je fus nommé, en sus de mes
fonctions de Conseiller Technique, Président de la Commission
Nationale de Marchés, par un décret du Président de la République.
67
Quelques semaines après sa promotion, le nouveau Premier
Ministre reçoit le mandat de faire baisser la tension sociale, sans
transiger sur l’essentiel, le fonctionnement normal, quoique difficile
par endroits, des institutions de l’Etat. Il s’engage à rencontrer toutes
les forces vives de la Nation. Après avoir reçu les leaders de
l’opposition modérée, le Chef du Gouvernement invite les chefs de la
fameuse coalition, la Coordination, en début juin 1991. La quasi-
totalité des responsables de la Coordination arrivent au Palais
présidentiel ce jour-là, SADOU HAYATOU ayant maintenu la
réunion convoquée malgré le deuil qui l’a frappé durement et
directement quelques jours plus tôt. Le Premier Ministre m’instruit de
participer à cette rencontre, comme il m’a fait participer aux autres
consultations, bien que mes attributions de chef de la Division des
Affaires économiques ne me prédisposassent pas à être partie prenante
à ces concertations éminemment politiques.
72
tant vis-à-vis des administrations publiques que des entreprises des
secteurs privés et para-publics.
Tout ceci m’a rendu « curieux », aux yeux d’un certain nombre de
membres du clergé des journalistes. Certains ont choisi de déformer
les informations émanant de mon Ministère, de noircir ma
personnalité, de me prêter déjà des ambitions (un certain SOBOTH
dira un jour de moi, dans la rubrique des « Coulisses » du journal
80
Nouvelle Expression, « et ça veut être Secrétaire Général à la
Présidence ! »).
81
Je peux aujourd’hui dire que j’avais bénéficié, à l’époque, pour les
différentes initiatives et innovations engagées au MINESUP, du
soutien de mes supérieurs, le Premier Ministre Peter MUSONGUE
MAFANY et le Président de la République. Le devoir de vérité et
d’histoire m’oblige aussi à rendre un hommage particulier à ceux qui
ont accepté de constituer autour de moi, au MINESUP, une équipe
compétente, homogène, solide et solidaire, dont je reste fier : les
Professeurs Joël MOULEN, François-Xavier ETOA, AJAGA NJI,
Anaclet FOMETHE, LEKENE DONFACK, Guy TSALA, EFOUA
ZENGUE Rachel, Messieurs Henri EYEBE AYISSI, Abdoulaye
TAOUSSET, Mesdames ENO LAFON VAREYLE, ETOGA
Suzanne, ainsi que tous les autres qui, à des niveaux de responsabilités
inférieures, ont été des éléments déterminants de cette machine du
MINESUP.
82
même à cette question. J’ai ma petite explication, dont je ne parlerai
pas dans le cadre de ce petit document.
Quant à feu René OWONA, c’est à peu près à cette période que je
fis également sa connaissance, alors qu’il était Directeur Général du
Centre Universitaire de DSCHANG. Je participais souvent aux
réunions statutaires des instances d’orientation des institutions
universitaires et de formation professionnelle, en qualité de
Représentant du Ministère de la Fonction Publique. Le « grand Frère »
René était et est demeuré un personnage complexe et riche. D’un
abord facile, souvent enthousiaste dans les discussions techniques ou
scientifiques, il était aussi capable de distance et de repli intérieur. Son
physique, fin et fluet, son collier de barbe à la Lénine, sa vie simple,
sobre, discrète et manifestement consacrée quasi-exclusivement à son
travail et à ses livres faisaient souvent penser (et même dire) qu’il était
83
un grand mystique. D’une intelligence vive, René n’avait aucun
complexe et savait apprécier d’autres intelligences, surtout quand il en
découvrait chez les jeunes cadres. Il aimait bien animer des
discussions avec ceux qui pour lui présentaient un intérêt. Ses dossiers
au Conseil d’Administration du Centre universitaire étaient d’une
présentation rigoureuse.
84
On lui a prêté beaucoup de choses dont il était incapable. On le
disait distant, voire méprisant ; ce fut pourtant un des hommes les plus
attachants et humbles que j’ai côtoyé pendant près de quinze ans.
Ferme sur ses positions quand il n’avait pas reçu de contradictions
pertinentes, celui qu’on appelait « le Blanc du Mbam » savait aussi
reconnaitre ses erreurs ou insuffisances d’analyse. Il prenait son temps
pour chercher et trouver la solution idoine ou le document de synthèse
qui serait facilement acceptable par tous. On en concluait qu’il était
paresseux, nonchalant ou trop lent à comprendre ce qui lui était
demandé. Il est vrai que les résultats le préoccupaient plus souvent que
les délais.
C’est aussi avec beaucoup de satisfaction que j’ai été associé par le
Président de la République, à la gestion de la phase finale des
négociations avec le Nigéria, qui ont abouti à l’accord de
GREENTREE au sujet de la péninsule de BAKASSI.
Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur mon rôle dans la
formation de ce gouvernement. Les élucubrations sur le monnayage de
ces postes sont aussi insultantes pour moi qui étais visé, que pour tous
ces anciens membres du gouvernement et titulaires de fonctions
assimilées, ces hauts fonctionnaires et ces brillants membres de la
Société Civile promus ; elles le sont aussi pour l’institution
présidentielle. On sait aujourd’hui qu’elles ont germé dans l’esprit de
ces barons qui avaient été surpris que le gouvernement ait été formé
sans qu’ils aient eu à dire leur mot, ou sans que leur propositions aient
été retenues. Un de ces barons aurait confié à un de ses proches, qu’il
considérait comme une provocation personnelle le fait qu’un de ses
ex-gendres ait fait son entrée dans le gouvernement sans que son avis
ait été sollicité.
89
Le moment venu, si Dieu me prête vie, je donnerai ma part de
vérité sur le processus qui a abouti à l’entrée de tel ou tel dans ce
gouvernement.
Mais le gros avantage de Charles est que plus que d’autres, ayant
eu le privilège de servir quelques temps dans l’entourage présidentiel,
il comprenait vite l’aspect qui méritait d’être particulièrement relevé
dans tel discours, tel acte, telle attitude ou telle décision du Chef de
l’Etat, et surtout il savait le présenter ou le commenter.
92
nombreuses et variées de ces personnels, liées en particulier aux
perspectives de carrières et aux conditions de travail.
94
II. Les « vraies-fausses » accusations
96
En tout cas, cette accusation ne figure pas parmi celles qui m’ont
été officiellement notifiées par le Juge d’Instruction.
Maintenant que ceux qui ont été présentés à l’opinion comme les
fondateurs, les animateurs, ou les principaux membres du G11 sont
sous les verrous, de quoi auraient peur ceux qui détiennent des
éléments de preuve contre eux, pour confondre ces « ambitieux et
félons », en les mettant à la disposition de l’opinion publique ?
Dans tous les cas, cette accusation ne figure pas, non plus, parmi
celles qui m’ont été officiellement notifiées par le Juge d’Instruction.
Une fois de plus, cette accusation ne figure pas parmi celles qui
m’ont été officiellement notifiées par le Juge d’Instruction.
99
D. L’accusation d’avoir acquis/loué un avion (un cercueil
volant) qui a failli coûter la vie au Président de la
République et à sa famille
Cette accusation ne figure pas dans l’acte d’accusation qui m’a été
notifié le 06 août 2008 ; elle est pourtant implicite dans le rapport de
la Police Judiciaire adressé au Procureur de la République en début
août 2008. Par ailleurs, elle est revenue à plusieurs reprises dans
plusieurs auditions, ainsi que dans des confrontations conduites par le
Juge d’Instruction. C’est aussi l’accusation sans doute la plus
répandue dans l’opinion. Des medias camerounais et internationaux
s’en sont largement fait l’écho, dont le magazine africain, AFRICA
INTERNATIONAL, numéro 422, d’août 2008, sous le titre,
« Enquête sur un vaste scandale, QUAND EPERVIER S’ATTAQUE
A L’ALBATROS ».
100
ses enfants, dans la perspective de m’accaparer du pouvoir suprême,
« assoiffé » que j’aurais toujours été de ce pouvoir.
106
c. La Grande révision de l’appareil (D-Check) et sa
prise en location
108
Le Secrétaire Général donne des directives pour que ce
« rafraichissement » de la cabine soit réalisé. Et, après accord du
Président de la République, des instructions sont données à
l’Ambassadeur pour que l’appareil soit convoyé sur Yaoundé. Toutes
les dispositions sont prises à cet effet. Sous la responsabilité du
Commandant BETHAM, commandant de bord, avec comme co-
pilotes les officiers de l’Etat Major Particulier, l’avion quitte
ATLANTA le 20 avril, et après un vol direct de douze heures (12),
atterrit à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen le même jour, vers 14
heures, heure de Yaoundé. Aucun incident n’est signalé ; au contraire,
selon le rapport verbal qui m’est fait tout de suite après l’atterrissage
par l’Ambassadeur MENDOUGA, tout l’équipage et les experts,
auxquels il a posé individuellement la question, ont déclaré leur
grande satisfaction pour le comportement de l’avion.
Mon espoir est qu’un jour, lorsque les passions se seront apaisées,
le temps de la raison revenu, l’imbécilité de cette accusation
apparaîtra avec la force de l’évidence à tous, et surtout à ceux qui
l’auront propagée. Certains d’entre eux savent, comme moi, la raison
fondamentale pour laquelle cet avion a été retourné à BOEING,
109
engendrant d’office le « scandale de l’ALBATROS ». Des
personnalités impliquées dans la gestion du dossier de location de cet
avion ont prétendu plus tard qu’elles n’en savaient rien. Le temps de
la vérité viendra, fatalement… Il a d’ailleurs déjà commencé.
« Dear Mr Ambassador,
…
« The Aircraft (SN 23624) has been owned by BOEING Capital since
late 2000. Before joining our aircraft portfolio, it operated in regular
passenger service for three airlines under the ownership of another
major leasing company. It first entered service in 1986.
110
Before the aircraft departed for Cameroon, it received a U.S. Export
Certificate of Airworthiness issued by the FAA stating that, as of that
date, the aircraft was considered airworthy without exception in
accordance with the comprehensive U.S. airworthy code and any
special requirements of the importing country.
…
From your role in working closely with BOEING in the lease
negotiations, you are aware that we regarded the unfortunate in-flight
incident of spring 2004 with great concern. As we understand, an
indicator in the cockpit came on, signaling a difference in the position
of symmetrical flaps on the wing. The flight crew took the proper
corrective action by retracting the flaps and the flight continued
without further incident. Upon landing in Paris, inspections were
performed using all listed procedures for such an indication. No fault
was found, nor could the inspectors repeat the discrepancy. The
Cameroon Civil Authority official involved in the inspections
expressed full confidence in the aircraft. To our knowledge, the
condition experienced at that time has never reappeared.
Upon its return to BOEING, the aircraft was taken to Delta Technical
Operations where it was inspected without incident and given routine
maintenance before being remarketed and placed with another BCC
lease customer. It has continued in regular passenger operation and
remains in airworthy condition to this date ».
« Monsieur l’Ambassadeur,
…
L’aéronef de (série numéro 23624) est propriété de BOEING depuis
fin 2000. Avant d’intégrer notre flotte, il était exploité, en version
passagers, par trois compagnies aériennes sous la propriété d’un autre
grand opérateur dans le secteur de la location des avions. Il a été mis
en service en 1986.
113
III. Les accusations officielles
114
Dans ses « observations » finales, le Sous-directeur des
Enquêtes Economiques et Financières affirme : « Les investigations
jusqu’ici menées ayant été inaugurées autour de l’affaire de
l’acquisition d’un Boeing par l’Etat, ont conduit à l’examen de
plusieurs aspects liés les uns aux autres. Celui ayant porté sur la
location d’un avion de seconde main dénommé l’ALBATROS qui
a donné son nom à l’enquête a cependant été provisoirement
suspendu, des informations de premières mains en provenance de
BOEING devant incessamment être mises à la disposition de
l’enquête ».
Dès lors, la Procédure transmise au parquet s’est axée autour
de quatre points présentés ainsi qu’il suit :
115
2. . Détournement de la somme de 1,5 milliards FCFA
ayant transité par APM
117
Conclusion
119
7. Pourquoi les enquêteurs n’ont-ils pas insisté auprès de tous
ceux qui prétendaient qu’un contrat avait été signé entre
Cameroon Airlines et GIA, en vue d’obtenir une copie de ce
contrat ou tout au moins les références ? Pourtant, les
enquêteurs ont principalement fondé leur accusation de
tentative de détournement sur le fait que j’avais rompu de
manière abusive et, en tout cas sans raison valable, le contrat
liant CAMEROON AIRLINES à GIA relatif à l’acquisition
d’un avion présidentiel Boeing BBJ-II. Comment les
enquêteurs de la police Judiciaire pouvaient-ils conclure à
une rupture d’un contrat qu’ils n’ont jamais vu ?
122
Le Juge d’Instruction avait estimé plus urgent de saisir par
Commission Rogatoire Internationale, dès le 15 septembre 2008, les
Autorités judiciaires de Grande-Bretagne et d’Indonésie, puis le 07
octobre 2008, les Autorités Judiciaires françaises, par une
Commission Rogatoire Internationale Complémentaire.
Aujourd’hui, dans les pays ayant retenu dans leur droit et leurs
pratiques le principe de l’Habeas corpus, sa justification fondamentale
est que, même détenue, tout individu conserve des droits, dont
notamment celui de contester la légalité et la validité de sa détention.
Au Cameroun, les articles 584 et 585 notamment du Code de
Procédure Pénale de 2005, fixent d’une part le domaine d’application
des dispositions de l’Habeas Corpus, d’autre part le déroulement de la
procédure devant la juridiction compétente.
124
La requête était fondée sur le fait que, au 06 février 2009, date
d’expiration du mandat de détention provisoire qui m’avait été
décerné le 06 août 2008, pour une durée de six mois, aucune
prolongation de ladite détention ne m’avait été notifiée. Mes avocats,
dans de brillantes plaidoiries, rappelèrent d’abord les dispositions de
l’article 221 du Code de Procédure Pénale, en vertu desquelles « à
l’expiration du mandat de détention provisoire, le Juge (d’instruction)
doit, sous peine de poursuites disciplinaires, ordonner immédiatement
la libération de l’inculpé, à moins qu’il soit détenu pour une autre
cause ». Ils n’eurent pas de difficultés à établir que je n’étais pas
détenu pour une autre cause. Ensuite mes conseils invoquèrent une
jurisprudence récente du Tribunal de Grande Instance de Yaoundé qui,
en novembre 2008, avait décidé la libération immédiate des militants
du parti politique d’opposition SDF (Social Democratic Front), qui
avaient fondé leur requête en Habeas Corpus sur le fait qu’ils
n’avaient pas reçu notification des ordonnances de prolongation de
leur détention provisoire.
Monsieur le Président
125
Mes conseils ont introduit auprès de votre instance une requête en
libération immédiate, conformément aux dispositions de l’article 584,
alinéa (3).
J’attends simplement que la loi soit appliquée, que le droit soit dit.
La décision que vous allez prendre sur le cas qui vous est soumis
contribuera, sans aucun doute, à clarifier le débat et harmoniser les
interprétations de la loi.
Cette décision attendue, sera importante dans l’évolution de notre
pays vers l’état de droit il s’agit pour vous aujourd’hui de dire si cette
126
marche est définitive et irréversible ou si elle doit encore connaître
des arrêts, voire des retours en arrière.
Mon vœu le plus profond est que ces propos inspirent tous les
magistrats intervenant dans cette affaire. Qu’aucune autre
considération, étrangère à l’esprit et à la lettre de la loi, ne vienne
entacher leur réflexion ou leurs considérants.
POUR
136
b3)- La Surprise du Sixième Chef d’inculpation
(deuxième version)
Une telle lettre n’a jamais été signée et APM n’a jamais été en
mesure de négocier la révision des contrats de location avec GIA ; et
en conséquence, APM n’a non plus jamais pu engager les
négociations avec GIA pour récupérer l’argent transféré à elle par la
Société Nationale des Hydrocarbures pour l’achat d’un avion
Présidentiel. Cette démarche est donc mort-née, sans avoir jamais
démarrée. Le Juge d’Instruction estime que la tentative de
détournement de 31 millions de $ US a connu un commencement
d’exécution avec ces correspondances échangées entre
ATANGANA MEBARA et KEVIN WALLS.
Que pour que cette opération se fasse, les références dudit compte
bancaire ont été communiquées par AIRCRAFT PORTFOLIO
MANAGEMENT (APM) au Ministre des Finances, qui les a alors
répercutées à l’Administrateur Directeur Général de la SOCIETE
NATIONALE DES HYDROCARBURES ;
Qu’il n’y a donc aucun doute possible que c’est sur ses instructions
que le Ministre des finances MEVA’A M’EBOUTOU Michel a écrit
le 12/05/2003 à l’Administrateur Directeur Général de la SOCIETE
NATIONALE DES HYDROCARBURES lui demandant de virer
l’importante somme au profit de AIRCRAFT PORTFOLIO
MANAGEMENT.
Que sa déposition faite devant le Juge d’instruction le 31/07/2009,
où il décrit ce qu’il a appelé « la situation de crise » ayant justifié de
sa part des instructions similaires adressées à l’Administrateur
Directeur Général de la SOCIETE NATIONALE DES
HYDROCARBURES enjoignant ce dernier de payer en urgence une
somme de 4.000.000.000 FCFA à la STANDARD CHARTERED
BANK en règlement partiel des sommes dues par la CAMAIR à la
société ANSETT WORLD WIDE au titre de la location d’aéronefs,
vient asseoir surabondamment cette évidence que c’est sur ses
instructions que la somme de 1.500.000.000 FCFA a été virée comme
décrit ;
….
Que l’évidence que c’est sur instructions de ATANGANA
149
MEBARA Jean-Marie adressées au Ministre des Finances que le
virement litigieux de 1.500.000.000 FCFA a été fait résulte également,
tout aussi surabondamment, du fait que c’est au Secrétaire Général de
la Présidence de la République, ATANGANA MEBARA Jean-Marie
que AIRCRAFT PORTFOLIO MANAGEMENT a rendu compte de
ce que ledit cabinet a réglé à ANSETT WORLD WIDE la somme
transférée ;
151
« Dans le prolongement de ma démarche objet du courrier dont
ci-joint thermocopie,
J’ai l’honneur de vous inviter au cas où vous auriez reçu les
accords d’usage, à virer à la société APM la somme de 1,5 milliards
de francs CFA afin de lui permettre de verser un acompte à la
Société ANSETT, créancière de la CAMAIR. Il est vivement
souhaité que ce virement soit fait dans les délais les meilleurs. »
152
b)- SUR LE CHEF D’INCULPATION DE
COMPLICITE DE DETOURNEMENT DE la somme de
243.162,36 $ US soit environ 120.000.000 FCFA,
RELIQUAT DES 720 MILLIONS DE FCFA VIRES À
L’AMBASSADEUR DU CAMEROUN À
WASHINGTON
À bientôt donc.
155
l’arrogance la plus impertinente, et tantôt de la politesse la plus
étudiée ; en un mot c’est un Protée, un Janus, ou plutôt un Dieu de
l’Inde qu’on représente avec sept faces différentes.
156
« … Il est quelques mortels qui ont la roideur dans l’esprit, un
défaut de souplesse dans l’échine, un manque de flexibilité dans la
nuque du cou ; cette organisation malheureuse les empêche de se
perfectionner dans l’art de ramper et les rend incapables de s’avancer
à la Cour. Les serpents et les reptiles parviennent au haut des
montagnes et des rochers, tandis que le cheval le plus fougueux ne
peut jamais s’y guinder. La Cour n’est point faite pour ces
personnages altiers, inflexibles, qui ne savent ni se prêter aux
caprices, ni céder aux fantaisies, ni même, quand il en est besoin,
approuver ou favoriser les crimes que la grandeur juge nécessaires au
bien être de l’État »
En page 18, on peut aussi lire dans cette même revue Africa
International, ceci : « Acheté pour remplacer l’avion présidentiel
devenu vétuste, l’Albatros, qui n’était pas neuf, est devenu source de
mille soucis ».
Bien sûr, cette personne n’a guère cité ses sources. Il semble que ce
soit la règle dans votre métier. Elle aussi a préféré s’immerger dans la
162
« rumeurature » locale ; c’est tellement plus conforme à la culture des
africains telle que vous l’avez appréhendée ! Pourtant, je me suis
laissé dire que dans ce métier, il est recommandé de recouper ses
informations. Suffisait-il de lire du Monsieur MATTEI pour penser
détenir la vérité? Surtout en 2011, soit trois ans après le début
judiciaire de cette affaire ! Il eut été pourtant aisé d’obtenir des
principaux protagonistes de ce dossier les faits véritables et
vérifiables. Mais puisque les uns et les autres avez choisi de ne pas
chercher la Vérité, vous allez souffrir que je vous la présente, telle
qu’elle ressort de l’instruction judiciaire.
163
Environ une (1) heure à une heure (1) et demie après le décollage,
un coup de téléphone informe le Secrétaire Général qu’un incident a
été signalé dans l’avion et que le Commandant de bord préfère rentrer
sur Douala pour procéder aux vérifications et éventuelles réparations.
Abasourdi par une telle information, le Secrétaire Général essaie de
prendre quelques contacts avec les autorités de la région du Littoral, le
Gouverneur notamment, ainsi qu’avec quelques personnes connues
dans le domaine aéronautique, pour comprendre le type d’incident ;
sans grand succès.
169
Au bout de près de cinq mois de négociations entrecoupées de
menaces de mettre le Cameroun en défaut, les deux équipes de
négociateurs parvinrent à une entente sur le montant de
l’indemnisation à payer à Boeing, pour la résiliation anticipée amiable
du contrat, soit deux millions six cent cinquante six mille (2 656 000)
dollars US. En deçà de ce montant, Boeing préférait, m’avait-on
rapporté, une procédure judiciaire.
170
auraient pu fournir des informations et des analyses sur cette D Check,
à tout demandeur, gratuitement ou presque.
Bien sincèrement.
175
Que s’est-il passé le jour de ce malheureux incident avec un des
intendants de la prison ? L’abbé était arrivé dans notre quartier,
comme il le faisait souvent, vers 16h30. À peine s’était-il assis qu’un
de nos « majordomes » vint lui dire que l’Intendant l’appelait dehors.
Il demanda au jeune homme pourquoi cet officier ne venait pas le voir
là où il se trouvait. On ignore ce qui fut rapporté à l’Intendant ; celui-
ci pénétra dans le quartier et invita le curé à le suivre à l’extérieur.
Après un bref moment d’hésitation, l’Abbé se leva et suivit l’officier.
Il y eut quelques éclats de voix qui nous parvinrent de l’extérieur. Le
majordome nous rapporta que l’Intendant avait ordonné au curé de
sortir de la prison, instruit lui-même par le régisseur. Ceux qui
vécurent la scène à l’extérieur de notre quartier en furent scandalisés,
et pendant deux semaines, les catholiques de la prison de
KONDENGUI furent privés d’office religieux.
178
chercher l’autorisation sans laquelle le régisseur lui avait dit qu’il ne
pourrait pas célébrer la messe.
Les membres des familles des détenus, qui avaient été inscrits sur
les listes des personnes autorisées à participer à ladite messe,
attendaient dehors depuis au moins une heure. Ils avaient vu le
représentant du Pape repartir, trente à quarante cinq minutes après être
entré, sans bien comprendre ce qui se passait. Selon les informations
recueillies auprès de ceux qui accompagnaient le Nonce chez le
régisseur, celui-ci reprocha à l’aumônier de ne l’avoir pas
formellement avisé de cette visite d’une si importante personnalité ; ce
qui l’a empêché de solliciter l’avis de sa hiérarchie. Il ne pouvait pas
prendre sur lui d’autoriser cette visite, à l’insu de son Ministre, en
l’occurrence le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice.
180
De manière générale, d’ailleurs, on ne peut ne pas être frappé par
une certaine « religiosité » qui règne dans cette prison. Très tôt le
matin, tous les jours, on entend des supplications et des louanges
adressées à Dieu, dans différentes langues et sous diverses formes. Il y
a tellement de ferveur, de confiance et d’espérance. Je me suis dit
quelquefois que c’est probablement ici, des signes d’une foi solide,
réelle : tous ces hommes et ces femmes, qui confessent aussi
ostensiblement, dans la promiscuité et les difficiles conditions qui sont
les leurs, leur Foi en leur Dieu, alors qu’on aurait pu s’attendre à ce
qu’ils doutent ou désespèrent, cela ne peut que frapper tout nouvel
arrivé dans cette prison. Les pratiquants des différentes religions se
côtoient sans heurts, dans une tolérance remarquable, partageant
même des espaces communs.
Une telle aumônerie pourrait alors prendre la parole, quand cela est
nécessaire, sur les problèmes concernant les prisons et les prisonniers.
L’évêque chargé d’une telle aumônerie aurait la responsabilité de la
formation spéciale des prêtres et religieux devant servir dans les
prisons, et leur affectation en fonction des besoins et des contraintes.
À titre d’illustration, le pénitencier de Kondengui, mériterait d’avoir
au moins trois prêtres qui se consacreraient à faire vivre la Foi
catholique ici. Il est manifeste qu’un seul prêtre ne suffit pas à cet
immense chantier, quels que soient son dévouement et son énergie.
187
En France, il existe au niveau de la Conférence des Evêques de
France, et plus précisément dans le cadre du Conseil « Famille et
Société », une aumônerie catholique générale des prisons. Il en existe
aussi pour les protestants et les israélites. Ces aumôneries sont actives
et participent à tout ce qui peut contribuer à améliorer et humaniser la
situation des personnes privées de liberté, autant que des règles et
procédures régissant la vie des personnes détenues ou condamnées.
« … Aussi recommandons-nous :
que les gouvernements et les preneurs de décisions commencent
une réforme du système pénal, améliorent la prévention, et
appliquent des standards internationaux minimum pour le
traitement des prisonniers…
Tout cela a pu faire croire et dire que je ne pouvais pas être proche
de ces personnes initiées, sans être moi-même membre de l’une de ces
190
écoles. Certains m’ont proposé d’adhérer à leur mouvement, sans
obtenir de moi la moindre réponse positive. Je voudrais donc ici de
nouveau te dire, afin que tu puisses en témoigner le moment venu, que
je suis resté (et je resterai, jusqu’au bout) fidèle à l’Eglise Catholique
Romaine.
Dans tous les cas, nous restons et resterons unis par la foi et la
prière.
Très fraternellement.
Post-Scriptum :
J’ai été peiné que tu aies juste été remis à la disposition de ton
évêque. Certains m’ont parlé de la rigueur que tu as mise dans la
191
gestion des affaires qui t’ont été confiées, allant parfois jusqu’à un
entêtement surprenant, voire à l’affrontement. Tu as fait ce que tu as
pu. La décision des Evêques devrait être prise comme visant un
meilleur fonctionnement de la Conférence. Nous ne pouvons que faire
confiance à la sagesse de nos Pères les Evêques dans les décisions
qu’ils sont amenés à prendre pour le bien de l’Eglise de Jésus Christ
qui est au Cameroun. Ne t’offusque donc pas de cette décision et reste
fidèle à ton engagement et à tes vœux. Moi je reste de tout cœur avec
toi.
192
Chapitre V. Lettre à MAMAN
She is the place you came from, your first home, and she is the map
you follow with every step you take. She’s your first love, you first
friend, even your first enemy, but nothing on earth can separate you.
Not live, not space, not even death”.
(Bantar TAWE )
Ma Chère Maman,
198
famille de ta protégée, la future Sœur Séraphine, Stéphanie
ANDJAMA, et bien d’autres.
De notre côté, chacun des enfants a alors entrepris de bâtir avec toi,
une relation affectueuse particulière, pour te soutenir, pour nous
soutenir, et, dans une certaine mesure, pour combler l’amour que
Stéphanie te portait, puissant, sincère et à toutes épreuves. Par la grâce
de Dieu, je me retrouvai progressivement en situation professionnelle
199
et sociale, me permettant de faire face aux sollicitations et obligations
imposées par la famille ; j’étais par exemple le seul de tes enfants à
avoir un véhicule me permettant de te rendre souvent visite au village
NKOMEKOUI, à une vingtaine de kilomètres de Yaoundé. Et je
devins vraiment un habitué du village : je venais ainsi te voir au moins
chaque fin de semaine, quand j’étais à Yaoundé. Je convainquis mes
frères et sœurs de venir célébrer systématiquement avec toi et nos
familles, les grandes fêtes religieuses comme Noël et Pâques. Par la
force des choses, ma relation avec toi prit une nouvelle tournure, une
intensité et une densité affectives particulières. Petit à petit, on eut
ainsi le sentiment que tu avais surmonté cette épreuve, ou du moins
que tu avais choisi de ne plus montrer que tu continuais à vivre, dans
l’intimité de ton cœur, le deuil de ta fille aînée.
Je sais que pour toi aussi, Maman, ce ne fut pas facile à accepter.
Tu ne comprenais pas ce « travail » qui pouvait empêcher un fils de
rendre visite à sa mère, pendant plusieurs semaines, voire mois. Un
jour, me voyant passer à la télévision nationale, alors que nous ne
nous étions pas vus depuis près de deux mois, tu eus cette
exclamation : « et pourtant il y a un lien de parenté, de sang entre cet
homme et moi ! ». Quand on me rapporta ceci, j’eus mal. Je ne
pouvais cependant pas te dire que la nouvelle situation était dure pour
201
nous tous. Tu devins plus régulière à regarder les images de la
télévision, dans l’espoir de voir passer ton fils, de t’assurer qu’il est
bien portant, avant de demander que les autres téléspectateurs, lettrés,
soient invités à t’expliquer ce que l’on disait sur moi.
203
Le jour de nos noces, après les cérémonies à la mairie de Yaoundé,
et la bénédiction nuptiale dans l’église de NKOL NKUMU où toi-
même prit religieusement pour époux MEBADA Grégoire, toi,
généralement discrète dans l’expression de tes chocs intimes, tu ne
cachas pas ton émotion de tenir ma main pour me conduire à l’autel.
Au village où furent organisées les réceptions, des invités et des
familles et belles-familles, tu dis et montras que tu étais heureuse de
ce qui se passait. Tu as même esquissé quelques pas de danse, en
particulier avec moi et avec ta bru ; pas beaucoup, car tu étais déjà
marquée dans ton corps, vraiment marquée par les multiples maladies
et par l’âge, (tu devais bien être déjà à tes 78 ou 79 ans). J’étais
heureux de te voir heureuse.
Certes ta vie n’a plus jamais été comme avant ; tu ne pouvais plus
aller à tes champs, ni même mener toutes les petites activités autour
desquelles était ponctuée ta vie au village, les réunions de l’Ekoan
Maria (la Légion de Marie), les palabres pour arranger tel ou tel
litige… Mais tu t’entretenais avec tes visiteurs, et tu surveillais les
choses comme avant. Tu te comportais comme si tu avais décidé de ne
plus penser à ce qui s’était passé dans le bloc opératoire de cette
clinique.
207
En fin juillet 2001, tu fus ramenée à Yaoundé, dans un état assez
inquiétant. Tu fus rapidement hospitalisée au Centre Hospitalier
Universitaire (CHU) de Yaoundé. Le Professeur NKAM et ses
collaborateurs donnèrent le meilleur d’eux-mêmes, pendant plusieurs
jours, pour arrêter la dégradation de ton état. Je crois me souvenir,
même si je n’ai pas été à ton chevet, aussi assidûment que mes sœurs,
et surtout ma belle-sœur OBANGA Thérèse, que tu as été consciente
jusqu’au dernier jour. Tu as donc pu parler aux uns et aux autres ; tu
as même donné des consignes claires à ta bru OBANGA Thérèse,
épouse NDONGO Benoît. Tu as rappelé ta recommandation
permanente, héritée de ton mari, « Rester unis comme un fagot de
brindilles ». « Tout comme votre père, je n’ai rien de spécial à vous
laisser, ni richesse, ni herbe particulière, ni gris-gris ; la seule chose
que je vous laisse, c’est le chapelet, et la foi en un Dieu bon et juste ».
210
Je ne sais pas ce qu’il y a de plus dur pour un homme, que de voir
ainsi ses proches souffrir à en pleurer, des humiliations et des
injustices que l’on vous fait subir !
J’ai vraiment des doutes, Maman, que tu aurais accepté tout ceci
avec ton fatalisme habituel. Je me dis parfois que ton sang Eton aurait
fait plusieurs tours dans ta tête, tu aurais été remuer ciel et terre,
jusqu’à ce que tu obtiennes le droit de me rendre visite.
Parmi les choses que j’ai observées, il n’y a rien qui m’ait inspiré
autant de compassion que de voir une mère, une belle-mère, pleurant
dans les bras de son fils ou de son petit-fils, celui-ci essayant de
retenir ses propres sanglots. Enfin de compte, quand je compare ce
que tu as enduré sur cette terre des hommes avec ma situation
aujourd’hui, tes douleurs intérieures et tes souffrances physiques me
paraissent de loin plus marquantes, plus grandes encore. Je ne peux
alors que te remercier, Maman pour les leçons et exemples d’humilité,
de dignité, d’espérance contre toute désespérance, de foi inébranlable,
que tu nous as donnés, face à toutes ces épreuves que la vie t’a
imposées. Pour tout cela, pour toi, Maman, je tiendrai aussi, autant
que Dieu me le permettra, et il me le permettra.
Je ne peux pas m’abstenir de te dire ici à quel point ton petit dernier
Grégoire, m’impressionne, souvent jusqu’aux larmes ; il a désormais
pris, au moins provisoirement, le flambeau du soutien principal de la
214
famille que tu as laissée. Il fait preuve d’une telle solidité
psychologique, d’une telle tolérance face aux provocations de toutes
sortes, et d’un tel sens d’initiatives et de responsabilités !
À peine informé de mon incarcération, ton petit-fils, MAO, est
parti de Paris où il travaille depuis plus de cinq ans, pour venir me
voir ; il a assisté, serrant mon cartable sur sa poitrine et sans dire un
seul mot, à la perquisition à la maison, moment pourtant
particulièrement éprouvant. Face aux risques de traumatisme qu’il
pressentait pour ses jeunes frères et sœurs, il a proposé de les prendre
avec lui en France. En acceptant cette idée, je m’en voulais de lui
imposer, à cet âge, avec une jeune épouse et un bébé, une charge aussi
grande, un tel sacrifice. Mais en même temps, j’étais fier de lui, de son
sens de responsabilité. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que si je
devais rejoindre mes parents, mon fils MAO, Olivier-Charles serait
apte à prendre la relève. C’est un sentiment réconfortant quand on se
retrouve dans ce genre de situation.
Pour ce fils, et pour tous les enfants que Dieu m’a confiés, par le
sang ou par les hasards de la vie, je dois poursuivre le combat pour la
vérité et la justice, jusqu’au bout.
Ton fils qui t’aime toujours, malgré le temps qui est passé.
215
Chapitre VI. Lettre à Monsieur AMADOU ALI, Vice-Premier
Ministre, Ministre de la Justice
« Oui, ils sont nombreux, ceux qui se croyant des dieux, pensent ne
pas avoir besoin d’autres racines ni d’autres sources qu’eux-mêmes.
Ils voudraient décider eux-mêmes ce qui est vérité ou pas, ce qui est
bien ou mal, le juste et l’injuste ; décider de ce qui est digne de vivre
ou peut-être sacrifié sur l’autel d’autres préférences (…) se laissant
guider par l’instinct du moment ».
Monsieur le Ministre,
219
Et dans cette recherche quasi-pathologique du renseignement, vous
en êtes arrivé, malheureusement, à prendre à la lettre et au sérieux le
moindre indice, parfois l’information même la plus invraisemblable.
« Il ne faut rien négliger », avez-vous souvent dit ! Sans vous en
rendre compte, vous êtes devenu un maniaque du « renseignement »,
voyant ou craignant des complots partout et derrière tout.
Je laisse de côté cette histoire d’une tombe que vous avez fait
fouiller en pays bassa, sur la base d’une fausse information selon
laquelle des armes auraient été cachées dans cette sépulture. Vous
aviez oublié de m’en parler ; heureusement d’autres en ont conservé
une mémoire fidèle.
Il vous revient sans doute aussi en mémoire cette affaire que vous
suiviez avec « les éléments de votre réseau », et qui tendait à établir
que certains évêques anglophones du Cameroun, inspirés par un
homme politique local, avaient noué des contacts avec un de leurs
confrères évêques du Tchad pour tenter une déstabilisation du
Cameroun à partir du Nord du pays. Grâce à l’intervention de la
Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE) que j’avais
sollicitée, vous vous êtes aperçu, quelques semaines plus tard, que
vous aviez été manipulé dans cette affaire. Et vous vous êtes organisés
pour que vos « éléments » interpellés par la DGRE, se retrouvent
rapidement en liberté.
Que nenni ! J’ai ainsi appris, ici dans mon lieu de détention, que
vous aviez convoqué et présidé vous-même, le jeudi 15 avril 2010,
220
une réunion consacrée aux informations selon lesquelles je sortais
régulièrement de la prison, entre 23 heures et minuit, pour aller dormir
chez moi ; vos informateurs vous auraient fourni quelques dates et
heures précises. Vos collaborateurs, participant à la réunion,
notamment le Régisseur de la Prison de Kondengui, (qui n’est pas un
ami), a eu le courage, à en croire mes sources, de vous démontrer
l’incongruité d’une telle information, vous assurant que personne ne
peut sortir de ce pénitencier après 19 heures sauf cas d’urgence
médicale. Un autre participant vous aurait recommandé de transmettre
en temps réel ce type d’information aux services de sécurité
compétents, pour leur permettre de me prendre sur le fait. Malgré tout,
vous avez cru devoir conclure qu’ « il n’y a pas de fumée sans feu » !
Il faut vraiment être un « rumor-addicted » pour vouloir absolument
donner quelque crédit à des invraisemblances, qui du reste, avaient
déjà été publiées par certains journaux à sensation.
222
I. Avant-propos
228
Le dernier objet de mes interrogations est cette confusion
régulièrement entretenue entre la corruption et les détournements de
deniers publics. Que certains medias en parlent de manière
indifférente peut ne pas émouvoir. Que certain Porte-parole du
Gouvernement alimente cette confusion peut encore se comprendre.
Mais que les services du Ministère de la Justice entretiennent cette
confusion devient proprement un désastre. Quelle n’a pas été ma
surprise de lire dans les Réponses du Gouvernement aux questions du
Comité des Nations Unies contre la torture, en date du 10 mars 2010,
ce qui suit :
230
II. Quelques constats
231
aperçoit, ici et là, quelques éléments du GSO (l’Unité Spéciale de la
Police chargée de la lutte contre le grand banditisme).
234
Pourtant, Monsieur le Ministre, l’exposé des motifs que vous avez
présenté pour expliquer le projet de loi portant Code de Procédure
Pénale, souligne qu’un des principaux objectifs de ce projet de loi, est
l’adaptation des règles de procédure « aux exigences de sauvegarde
des doits du citoyen à toutes les phases d’une procédure judiciaire ».
Et parmi les principes généraux de droit pénal consacrés par le Livre I
du nouveau Code, il y a « la présomption d’innocence, et la
sauvegarde des libertés individuelles ». L’article 8 du Code de
Procédure Pénale dispose ainsi que « Toute personne suspectée
d’avoir commis une infraction est présumée innocente jusqu’à ce que
sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès où toutes
les garanties nécessaires à sa défense lui seront assurées » (article 8 du
Code de Procédure Pénale).
236
Peut-être sera-t-il utile un jour prochain, que le débat soit ouvert sur
la durée de l’instruction. Parce que l’idée que l’instruction puisse
durer indéfiniment ne me semble pas aller dans le sens du respect des
droits de l’homme. Imagine-t-on la vie d’un citoyen devant se rendre
chez le Juge d’instruction chaque semaine pendant une décennie ? Ou
même seulement pour cinq ans ?
Il n’est pas rare d’entendre des détenus vous dire ici qu’ils sont en
détention depuis plus de vingt et quatre mois ; ils viennent solliciter
l’aide d’autres détenus, anciens Ministres, pour les aider à faire
avancer leurs dossiers, comme si nous pouvions encore « intervenir »
auprès de je ne sais quelle autorité étatique. Il y a aussi des ONG qui
se consacrent à suivre les dossiers de ces détenus qui, faute d’avocats
parce que faute de moyens, attendent indéfiniment le début de
l’instruction de leur affaire.
238
B. Les observations en Prison
Je veux parler ici des choses qui frappent quand vous entrez en
prison. Par pudeur, j’essaierai de ne pas parler de moi, de ce que j’ai
vécu et que je vis encore.
239
Les conventions internationales, ratifiées par notre pays, tout
comme notre législation interne, posent que ces jeunes doivent être
séparés des majeurs. Mais ici, la séparation entre les mineurs de moins
de 18 ans et les majeurs, prévenus ou condamnés, n’est observable
que dans la nuit ; toute la journée, mineurs et majeurs se croisent,
s’entrecroisent et échangent dans la cour intérieure. Quand ces jeunes
vous exposent, verbalement ou par écrit les raisons de leur
incarcération, vous ne pouvez pas ne pas vous interroger sur notre
justice. Ils ont l’âge de nos enfants ; la société ne dispose-t-elle pas
d’autres moyens pour sanctionner les larcins, vols de téléphone, vols à
l’étalage et autres que la prison ? Dans la négative, n’est-il pas temps
d’y réfléchir ?
Monsieur le Ministre,
241
La France qui nous a, jadis inspiré notre Code de Procédure
Criminelle et une partie du Code de Procédure Pénale actuel, a connu,
entre 1990 et 2010, près d’une vingtaine de réformes ou
d’améliorations législatives du fonctionnement de la justice et
particulièrement de la procédure pénale. Dans certains cas, les
modifications n’ont pas attendu de nombreuses années. Ainsi, en
janvier 1993, est adoptée et promulguée, la loi n° 93-2 portant
Réforme du Code de Procédure pénale. En août 1993, la même année,
est adoptée et promulguée la loi n° 93-1013 modifiant certaines
dispositions de la loi 93-2 portant Réforme du Code de Procédure
Pénale ; et cette première modification est de fond, puisque
notamment, elle restitue au Juge d’instruction, la charge de mettre en
examen, charge qui avait été confiée au Procureur par la loi 93-2 de
janvier 1993. Il en est de même de la loi n° 2000-516 du 15 juin 2000,
renforçant la protection de la présomption d’innocence et les droits
des victimes, qui a connu sa première retouche en mars 2002 par la loi
n° 2002-307 complétant la loi n° 200-516 du 15 juin 2000. On
rappellera que c’est cette loi de juin 2000 qui a institué l’exigence du
caractère équitable et contradictoire de la procédure pénale en France.
243
Attendu qu’il est loisible de constater et de conclure qu’une
notification faite dans ces délais, intervient dans des délais
raisonnables… ».
Plus récemment, des débats ont été organisés sur les politiques
pénitentiaires dans de nombreuses enceintes. Ainsi, du 7 au 9
décembre 2009, un Colloque a réuni à Montréal au CANADA, de
nombreux experts et décideurs représentants plusieurs pays, à
l’occasion du quinzième anniversaire du Centre International pour la
Prévention de la Criminalité. Le rapport issu de ce colloque relève que
« les débats ont mis l’accent sur le besoin d’une profonde réforme des
lois nationales afin de développer une alternative globale à
l’incarcération qui entraîne non seulement une surpopulation carcérale
chronique, mais aussi de nombreux dommages sociaux ».
Pour ma part, je considère qu’il est temps pour notre pays d’abolir
la peine de mort, comme l’ont fait de nombreux pays africains.
250
Chapitre VII. Lettre à toutes les personnalités sous la menace de
l’épervier
À vous qui avez quelque raison de penser que vous êtes dans le
viseur, ou simplement que vous pourrez un jour être dans le viseur de
l’opération « Epervier » conduite par le Ministre de la Justice,
AMADOU ALI ;
À vous qui pensez avoir essayé, toute votre carrière durant, d’être
un serviteur de l’Etat, pratiquant la probité et l’intégrité comme des
moines leurs vœux, mais que épervier pourrait aussi chercher, voire
attraper ;
Voici quelques infos, quelques trucs qu’il est bon de connaître ; j’y
ajoute volontiers quelques conseils que mon expérience me permet de
partager avec vous aujourd’hui.
Elles ne sont pas classées par ordre d’importance. J’ai essayé, par
souci de commodité pratique, de les regrouper par secteur ou zone
d’intérêt ou d’activité. Tout le monde n’est pas obligé de tout lire.
252
3) Faites un bilan de santé aussi approfondi que possible ; veillez
aussi à recevoir ou actualiser les vaccins essentiels, contre la
tuberculose, la méningite, le tétanos, la typhoïde, le choléra ….
Ce sont des choses qui pourraient ne plus vous être d’un accès
facile pendant quelques temps, dès que vous êtes pris.
253
efficacement dans un environnement ouvert, particulièrement
propice à la prolifération des moustiques.
254
10) Apprenez aussi à pratiquer l’abstinence ; observez le carême
ou le ramadan, selon votre religion, de la manière la plus
rigoureuse ; cela pourra vous être très utile en milieu carcéral.
Moi qui pensais jadis que l’abstinence était réservée aux
prêtres et religieux surtout ceux ayant choisis de rester cloîtrés,
eh bien j’ai découvert que tout homme en est capable, de gré
ou de force, sans provoquer une grave maladie. À vrai dire,
cela vient tout seul ; l’environnement est tel que les premières
semaines, vous ne pensez pas à ces choses-là ; et puis, le temps
passant, vous vous habituez à vivre, « normalement », sans
certaines joyeusetés.
11) Si vous n’avez jamais été un féru des jeux dits de société, il
semble fortement indiqué d’apprendre à jouer à deux ou trois
des jeux les plus prisés dans ces milieux, le jeu de dames, le
songo, le Ludo, le scrabble, un des nombreux jeu de cartes…
12) De temps en temps, faites un tour dans une morgue, pour voir
emmener ou emporter des corps de personnes qui viennent de
décéder. Cela vous évitera d’être choqué ou bouleversé par le
spectacle, au moins hebdomadaire, parfois quotidien à la
saison des épidémies, de ces corps que l’on sort sur la même
civière de tissu couleur vert, emmaillotés dans des draps plus
ou moins propres. Au début, c’est toujours difficile de vivre ce
spectacle comment s’achève la vie d’un détenu, en détention
provisoire, condamné-innocent ou condamné-coupable ; la
mort ne distingue pas ici entre les coupables et les innocents,
entre les jeunes et les plus âgés, entre les détenus des quartiers
spéciaux et ceux des quartiers populaires (KOSOVO). Le plus
pénible a toujours été ces corps non réclamés par les familles,
plus de deux jours après le décès, et que d’autres détenus,
encadrés par des gardiens de prison, vont inhumer dans le
cimetière public de Ngoulemekong, sur la route de SOA, dans
des fosses communes, sans aucune identification. C’est triste,
c’est dommage, mais c’est ainsi. D’où l’intérêt de se préparer à
tout ceci.
255
II. Au niveau de la police judiciaire
14) N’accordez pas une importance excessive aux textes de loi qui
précisent, entre autres, que la garde à vue ou la détention
provisoire sont des mesures exceptionnelles, qui ne devraient
pas être prises à l’encontre de personnes disposant d’un
domicile connu et donnant des garanties de pouvoir se
présenter à toute convocation ou réquisition. N’envisagez pas
de faire des réclamations ; il s’agit de dispositions légales à
large spectre d’interprétations. Laissez les textes dans leurs
beaux fascicules et apprenez à vivre une autre réalité,
détextualisée. La préparation dont je parle ici est surtout
d’ordre psychologique, mental et spirituel. Il faut savoir que
vous allez franchir le grand portail d’entrée de la PJ, sous les
regards de badauds, qui sont toujours agglutinés devant cette
bâtisse, vieille et lugubre ; certains d’entre eux vous jetteront
des regards de suspicion voire de haine, parce que, matraqués
par une certaine presse (y compris officielle), ils vous feront
porter la charge de leurs difficultés de vie et de leurs misères ;
d’autres, sans doute instruits par les expériences similaires de
leurs proches, parents et amis, auront des regards pleins de
pitié, pour cette autre victime de l’Epervier.
256
16) Préparez-vous à être interrogé par des fonctionnaires de police
qui ont rarement reçu une formation appropriée tant en
Finances publiques que dans le fonctionnement des
institutions de l’Etat ; en général ils n’ont aucune expérience
pratique dans ces matières. Ils vous feront parler, sur tout, sans
un ordre précis, à la recherche d’un mot, d’une phrase
susceptible de conforter l’accusation ou les accusations qu’ils
sont chargés d’établir. Avec l’expérience acquise, beaucoup de
ceux qui sont passés par la PJ et qui se retrouvent aujourd’hui
en détention, sont d’avis qu’il vaut mieux, dans votre intérêt
(d’accusé), à la phase de l’enquête préliminaire de la PJ, faire
usage de son droit de garder le silence, se réservant de parler
ultérieurement devant un juge d’instruction. Un tel choix peut
aussi présenter l’avantage d’écourter votre séjour dans l’une
des cellules de la PJ, ou ce qui en tient lieu occasionnellement.
18) C’est sans doute l’expérience la plus dure dans le tunnel qui
vous conduit à la prison. Vous découvrez plus tard que
l’inconfort de la prison est plus supportable que les conditions
de votre garde à vue à la Police Judiciaire. Par-dessus tout, et
malgré tout, c’est l’endroit où il faut faire appel à toutes ses
énergies intérieures pour conserver sa dignité. Toute faiblesse,
toute lamentation, toute demande de pitié, ne peut que
desservir votre cause ; les commanditaires et les exécutants de
votre arrestation en feront un sujet de franche rigolade, et ils en
257
livreront quelques confidences à des médias, pour
l’information de votre épouse, de vos enfants, de vos parents,
de vos frères et sœurs, de vos amis et proches, ainsi que pour
la plus grande satisfaction de vos adversaires et détracteurs.
21) Après le bureau des intendants, il y a une pièce, avec une petite
table et un lit de camp, destinée à permettre aux sous-officiers
et officiers de se reposer lorsqu’ils sont de permanence. C’est
258
dans cette pièce que vous subissez votre fouille d’entrée,
fouille corporelle et de votre baluchon ; et c’est là que l’on
vous dit ce qui est interdit et ce qui est permis. Il me souvient
que c’est ici qu’un intendant (M. MEPOUI) m’avait retiré mon
jeu de cartes, en me disant que c’était interdit (pourtant il en
pilule dans tous les quartiers de la prison). Après cela, vous
êtes pris en charge par un ou des gardiens qui vous conduisent
dans ce qui deviendra votre nouvelle résidence, votre
« quartier » ; le « commandant » de ce quartier est aussi
souvent là pour vous accueillir. Pour y aller, vous franchissez
la « grille », c’est une espèce de check-point où cinq à six
gardiens s’occupent de fouiller (fouille corporelle et fouille des
paquets et bagages) tous les visiteurs, femmes et hommes, qui
entrent en prison, pour rencontrer des parents, pour effectuer
des travaux, pour réaliser quelque prestation spirituelle ou
matérielle ; c’est aussi le chas par lequel sont autorisés à passer
les détenus qui sont convoqués par un responsable de
l’Administration. C’est un endroit triste et désagréable à
observer.
261
25) Ce qui retient le plus votre attention, c’est l’environnement
dans lequel vous vous retrouvez et dans lequel vous devez
passer vos prochains mois et peut-être prochaines années. Si
vous êtes affectés dans l’un des « quartiers spéciaux », vous
devez considérer que votre nouvel environnement est de loin
bien « meilleur » que celui des autres quartiers ; en réalité, il
est seulement moins pire.
27) Puis, après le bureau du greffe, vous devez vous rendre chez le
médecin de la prison. Celui-ci vous prendra les paramètres
principaux, poids, tension artérielle, pouls ; il vous demandera
ensuite si vous suivez un traitement spécial et pour quelle
affection. Il vaut mieux, vis-à-vis de ce praticien, être sincère
et vrai ; car, en cas d’aggravation de votre état, son avis sera
déterminant pour les diligences à entreprendre à votre endroit.
Il y a lieu de reconnaître, que le Docteur NDI Francis Norbert,
s’est montré jusqu’ici très professionnel avec nous, capable à
la fois de discrétion et de grande disponibilité en cas de
nécessité.
262
29) Il y a eu un jour, dans notre quartier spécial 7, une bagarre
entre un jeune détenu camerounais, André, et un Belge,
Philippe, d’un certain âge ; le motif de la bagarre était que le
jeune détenu camerounais exigeait de son voisin de lit qu’il se
lave, parce que les odeurs qu’il dégageait, après plusieurs jours
voire semaines sans douche, l’indisposaient et l’empêchaient
de dormir (c’est dire qu’on peut retrouver dans ces quartiers
spéciaux, toutes sortes d’individus).
30) Mais on découvre quelques jours après, que les odeurs les plus
agressives, sont celles des fosses sceptiques, quand elles sont
pleines, et surtout lorsqu’on les vidange. Je n’ai jamais pu
imaginer que l’on puisse vidanger une fosse septique à la
main. Et pourtant c’est un spectacle courant dans cette prison,
de voir des jeunes détenus, torse nu et mains nues, arborant un
petit short ou un pantalon délavé tombant souvent sur les
fesses, puiser dans le regard de la fosse, avec des ustensiles
divers ayant la forme de sceaux, puis déverser le contenu de
leurs bolées dans la rigole bétonnée, ouverte, partant des
quartiers 1 et 3, et passant devant l’entrée du quartier 5, et
derrière le hangar où se trouve la sortie de la rigole, par
laquelle se déverse dans la nature, à l’extérieur de l’enceinte de
la prison, tout ce qui est vidé dans cette rigole. Les déchets
provenant des fosses sont expurgés vers la sortie par des
versements de sceaux d’eau que d’autres détenus puisent dans
les réserves d’eau disponibles. Certains de ces jeunes gens,
armés de pelles et de brosses à manche dures, sont chargés de
pousser vers la sortie les déchets rebelles. La première fois,
c’est un spectacle insupportable : ces jeunes gens sans masque,
sans aucune protection et obligés de s’acquitter de cette tâche,
si dégradante, si inhumaine ! Après quelques séances de ce
spectacle, vous vous surprenez à passer à côté juste en vous
couvrant le nez, et en évitant de regarder. Ce sont ces mêmes
jeunes, généralement nouvellement arrivés, qui s’occupent
aussi de nettoyer, chaque soir, autour de 17 heures, les
différents espaces publics de la prison.
264
Voilà les différents grades de l’Administration pénitentiaire.
Les détenus ont surtout à faire aux gardiens et aux intendants,
rarement aux Superintendants. Ce sont les sept premiers grades
qu’il convient de ne pas confondre. D’ailleurs les gradés
supérieurs ne sont pas toujours en uniforme quand ils viennent
en prison ; ils préfèrent être appelés par les fonctions qu’ils
exercent : Monsieur le Régisseur, Mme le directeur, Monsieur
le Délégué (Régional)…
265
ceux que vous avez connus dehors, certains sympathiques et
d’autres vilains.
34) Il faut aussi s'attendre à ne plus voir souvent des gens qui,
jusque-là, étaient considérés comme vos proches, frères et/ou
amis; il faut vraiment vous mettre dans la tête que la prison a
les mêmes conséquences sociales qu'une maladie honteuse et
contagieuse ; que vous soyez innocent ou coupable, la plupart
de ceux qui se vantaient d'une réelle proximité avec vous
prendront un peu de recul, surtout s'ils occupent, par votre
"faute", des fonctions importantes dans la Société ; il ne faut
pas qu'ils soient pointés du doigt par une femme, à l'exemple
de Pierre dans le sanhédrin, comme ayant côtoyé cet homme-
là.
36) Apprenez à entendre déverser sur vous, par les médias écrits
ou audiovisuels, ou par d'anciens proches ou même d'anciens
intimes, des tas d'immondices, de calomnies et de fausses
révélations, sans réagir. Au début de votre incarcération, évitez
de lire certains journaux, de suivre certaines radios et de
regarder certaines chaînes de télévision; je vous assure qu'il
s'agit là d'une stratégie préventive efficace pour préserver son
équilibre mental. C'est bon pour son hygiène intérieure.
L'avantage ici est qu’on jouit d'une certaine liberté dans le
choix de ce qu'on lit, écoute ou regarde.
270
POST-SCRIPUM
Monsieur le Président,
Monsieur le Président,
Comme vous le savez déjà, j'ai été placé en garde à vue le 1er août
2008 ; et le 06 du même mois, j'ai été mis en détention provisoire et
incarcéré à la Prison Centrale de Kondengui à Yaoundé. En vertu de la
loi, j'ai été mis en garde à vue puis ensuite en détention provisoire, sur
la base prétendument d'« indices graves et concordants ». Parmi ces
« indices graves et concordants », il y avait principalement le fait, au
sujet de la tentative de détournement de 31 millions de dollars, que
j'avais rompu sans raison valable, le contrat signé entre Cameroon
Airlines et GIA International en vue de l'acquisition du BBJ-2
présidentiel. Le seul témoin capable de dire au Tribunal si un tel
271
contrat a été signé et d'en apporter la preuve, n'a pas pu être entendu
ici. Cela a été le choix du Tribunal ; c'est aussi sa responsabilité.
Monsieur le Président,
Sur tous les chefs d'inculpation qui m'ont été notifiés, en août 2008,
j'ai essayé, avec la sérénité et la détermination qui habitent l'innocent,
de contribuer du mieux de mes capacités, à la manifestation de la
vérité, dans le cadre de ce que je croyais être une instruction à charge
et à décharge. Comment expliquer qu'avec tous les pouvoirs que lui
accorde la loi et ceux qu'il s'octroie, le Juge d'instruction n'ait toujours
pas achevé son instruction, trois ans après m'avoir placé en détention
provisoire ? Toujours dans le registre des faits, il convient de rappeler
ceux qui suivent :
272
envoyées à travers le monde, pour solliciter des informations sur les
comptes bancaires que j'aurais eus dans ces pays.
En me remettant ce rapport, le Juge a cru devoir nous faire
connaitre sa déception que les Commissions Rogatoires n'aient révélé
aucun compte au nom de Atangana Mebara Jean-Marie.
Monsieur le Président,
Monsieur le Président,
Monsieur le Président,
Monsieur le Président,
Monsieur le Président,
Monsieur le Président,
Monsieur le Président,
276
ANNEXES
Contexte
277
sur des fonds d'État et a menacé de suspendre son aide au Cameroun si
l'opération d'achat était poursuivie au nom de l'État.
278
Ma participation
280
Dans ma lettre du 23 juillet 2003, j'ai écrit : « Ceci est très grave car,
comme vous le savez, [GIA] détient des fonds importants versés au
nom de la Présidence... » et « // est important que nous trouvions un
moyen de reprendre des négociations immédiatement ». Je n'ai
cependant pas reçu de réponse à cette lettre, et APM n'a plus reçu de
mandat de représentation de la République du Cameroun ou de
Cameroun Airlines. Dans la mesure où moi et APM sommes
concernés, cela a été la fin de cette péripétie.
15. Il est ultérieurement apparu que GIA n'était pas solvable et avait
été placée sous liquidation par le Tribunal américain des faillites (US
Bankruptcy Court). Je comprends que, en conséquence, du fait que la
République du Cameroun était un créancier chirographaire, le dépôt
correspondant à l'achat de l'avion présidentiel ne pouvait pas être
recouvré et qu'il avait probablement été compensé contre des arriérés
dus par Cameroon Airlines à GIA.
17. Je comprends que j'ai été accusé d'avoir participé à une tentative
d'extorsion de fonds d'État concernant (i) le dépôt payé à GIA pour
l'avion présidentiel et (ii) le paiement réglé à Ansett. Rien ne pourrait
être aussi éloigné de la vérité.
DU 04 août 2008
Affaire c/ ATANGANA MEBARA JEAN-MARIE, OTELE
ESSOMBA HUBERT PATRICK ET AUTRES
283
Annexe 2 (suite) : Extraits du Rapport de la Direction de la Police
Judiciaire adressé au Procureur de la République près le Tribunal
de Grande Instance du Mfoundi
284
Le 23 Avril 2008, le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice
Garde des Sceaux avait saisi le Délégué Général à la Sûreté
Nationale de la transmission n° 286/CF/CAB/VPMMJ/GDS à laquelle
étaient annexées thermocopies de documents relatifs à divers
virements effectués par l'Administrateur Directeur Général (ADG) de
la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) pour l'achat d'un
BOEING par l'Etat. Les faits y évoqués laissant planer des doutes sur
l'utilisation orthodoxe des sommes ainsi décaissées par le Trésor
Public, cette autorité a prescrit l'ouverture d'une enquête par la
Direction de la Police Judiciaire.
L'ENQUETE
287
Le susnommé a expliqué qu'après tous ces essais, un certificat de
navigabilité avait été délivré par la Federal Aviation Administration
(FAA) sous le numéro F355442, et que dès la délivrance de ce
document, les loyers de l'avion étalent dus, d'où l'autorisation qu'il
avait donnée afin que l'avion soit disponible pour un éventuel
déplacement du Chef de l'Etat. Par la suite, l'avion avait effectué le
vol Atlanta à Yaoundé de 12 heures, sans escale ni incident. Dans la
soirée, après un passage pour les derniers aménagements dans les
ateliers de la CAMAIR à Douala, a-t-il poursuivi, le Chef de l'Etat
l'informe que les Services Spécialisés de la Présidence lui ont rendu
compte que l'avion était en bon état et qu'il pouvait l'emprunter le
lendemain pour son voyage à Paris.
291
Revenant sur APM, M. FOTSO a déclaré qu'il a découvert
l'existence de cette société en Décembre 2002 lorsque la CAMAIR
s'était vue notifier par le Ministre des Transports, la décision prise
par le Gouvernement d'auditer les comptes et renégocier tous les
contrats de location des avions. Il a relevé que les choses s'étaient
passées très mal au début parce que juste avant que le mandat ne soit
officiellement donné à APM, M. Charles KOOH II, Commissaire aux
comptes de la CAMAIR et plus tard partenaire de APM, avait
déclenché une pseudo procédure d'alerte sur la gestion calamiteuse
de la compagnie par sa Direction Générale, laquelle alerte avait été
rendue publique. Par ailleurs, la notification à tous les fournisseurs
de la compagnie, étrangers ou locaux du fait que tous les règlements
et achats seront effectués par APM, et que toutes les transactions
devront se faire avec son aval, ceci malgré les protestations de la
Direction Générale de la CAMAIR en a ajouté, selon lui, à la gravité
de la situation.
293
d'un avion, sauf si cette décision avait été prise à son insu et après
l'ordre de levé du financement qu'il avait envoyé à la SNH.
295
Lors d'une autre audition au cours de laquelle il avait versé à
l'enquête des documents à l'appui de ses déclarations sus
mentionnées, M. OTELE ESSOMBA a allégué que courant Avril 2003,
dans son bureau de la CAMAIR, M. Yves Michel FOTSO lui avait
suggéré de se partager la somme de 8.800.000 USD, représentant le
solde après le versement supposé des 15.200.000 USD à GIA au titre
d'arriérés de location d'aéronefs envers cette dernière. Bien qu’il ait
affirmé avoir décliné cette offre, M. OTELE s'est montré incapable
d'apporter la moindre preuve à ses allégations (PV N° 7 et 8 et
annexes n° 8).
298
M. KOOH II Charles, ancien collaborateur de M. BEKOLO a
corroboré les déclarations de ce dernier. À l'appui de ses
déclarations, il a versé à l'enquête la correspondance du PCA de la
CAMAIR instruisant cette collaboration. (PV n° 14 et document n° 3
de l'annexe 11).
Invité enfin à donner son sentiment sur le travail effectué par APM,
M. NDEH John a relevé que si la mission s’était déroulée globalement
sans incident, il avait noté des manquements de la part de APM dans
le respect de ses obligations contractuelles, car non seulement APM
ne lui rendait pas compte de l’évolution de sa mission, mais plutôt à la
Présidence, mais encore, cette structure s’était immiscée gravement
dans la gestion de la CAMAIR, toute choses qu'il avait dénoncées
dans des correspondances adressées tant au Secrétaire Général de la
Présidence de la République (SG/PR) qu'au Ministre des Finances de
l’époque (PV n° 017 et annexe 10).
Seulement, s'il s'est avéré que le susnommé avait été PCA de Assets
Portfolio Management et non de Aircraft Portfolio Management, il a
été démontré que les deux structures étaient doublement liées,
notamment à travers M. Kevin WALLS responsable de Aircraft
Portfolio Management et en même temps Directeur Général de Assets
Portfolio Management, et M. OTELE ESSOMBA Hubert, Directeur
Général Adjoint de Assets Portfolio Management et neveu de son
collègue René OWONA. Bien plus, la démission de M.INONI en tant
que PCA n'est intervenue qu'en Novembre 2003, c'est-à-dire bien
après la fin de la mission de APM à la CAMAIR. Face à toutes ces
incongruités, M. INONI a reconnu sa maladresse et son inadvertance.
305
Interpellé enfin sur le point de savoir ce qui justifiait qu'il ait
adressé le 11 juillet 2003 une note au Président de la République dans
laquelle il relevait que la société ANSETT avait perçu un surplus de
plus de 3 millions de USD au titre de règlement des factures de
location des aéronefs, somme qu'il suggérait de récupérer, tout en se
gardant de signaler que son supérieur hiérarchique avait ordonné,
«sur hautes instructions du Chef de l'Etat », le virement de la somme
de 4 milliards FCFA pour le même objet, M. INONI Ephraïm a
prétendu n'avoir pas été au courant de cette dépense (Pv n° 19).
306
CAMAIR et dont il est utile de rappeler qu'elle a été marquée par une
mésintelligence profonde entre les deux protagonistes (Pv n° 22).
307
ANNEXE 3 : FICHE EMP ET RAPPORT DE MISSION
MITLASSOU
1. FICHE EMP
308
309
310
2. RAPPORT DE MISSION MITLASSOU
MISSION TECHNIQUE
EFFECTUEE AUX ETATS UNIS EN CALIFORNIE ( Victorville ) du 09
au 17 août
Cette mission avait pour objectif, l'inspection d'un avion de type B767-200 ainsi que les
documents techniques associés, afin de donner un avis sur son état technique. Le
programme de travail arrêté a porté sur les points suivants :
M DOCUMENTS REGLEMENTAIRES
Les documents ci-après nous ont été présentés et nous en avons fait des photocopies.
La lecture des documents sus-cités nous a permis de constater leur conformité par
rapport à la réglementation en vigueur.
• Livret aéronef
• Livrets des deux réacteurs et celui de l'APU
• Manuel d'Entretien du précédent utilisateur
• Plan d'aménagement cabine
• Liste des équipements cabine de secours et leur position sur avion
• Liste et situation des équipements à vie limitée cellule
• Historique des différentes opérations de maintenance jusqu' en mars 2002.
• Liste des pièces à vie limitée des deux réacteurs et de l'APU
• Historique des différentes modifications effectuées sur avion jusqu'en Mars 2002.
• Plan de localisation des différents dommages et réparations structuraux
• Certificats libératoires moteurs 01 et 02 délivrés par l'atelier de révision
• Certificat libératoire APU délivré par l'atelier de révision
• Certificat libératoire et liste des pièces à vie limitée des Trains d'atterrissage
311
u INSPECTION PHYSIQUE DE L'AVION
L'inspection de l'avion a été faite de l'extérieur à l'intérieur ( parties inférieures du
fuselage et des ailes ). La partie supérieure du fuselage ainsi que les empennages
n'ont pas été inspectés, compte tenu du temps imparti et des moyens logistiques
trouvés sur place. Le constat qui en découle est le suivant :
Cabine Passagers
> Cabine répartie en trois classes ( F, J et Y )
> Etat général acceptable
> Fauteuils première classe pas en bon état
> Revêtement des cloisons de partition cabine légèrement défraîchi
> Deux toilettes disponibles à l'avant.
> 9 Banquettes PNC en bon état
> Deux blocs galleys de type KSSU en bon état (01 AVANT et 01 ARRIERE )
Poste de Pilotage
> Bonne présentation en général.
> Les planches de bord sont équipées d'instruments de bord intégrés
« SEMI EFIS » ( Electronic Flight Instruments System)
L'avion, sorti de chaîne Boeing en juin 1986, a été exploité successivement par les
transporteurs suivants qui ont eux-mêmes assuré l'entretien de l'appareil :
Par ailleurs, nous avons relevé que la plus importante visite technique prévue sur cet
appareil ( visite 4C, qui équivaut à la Grande Visite ) viendra à échéance en octobre
2004, soit moins d'un an après sa mise en service.
Il faut noter que la liste exhaustive des travaux d'entretien réglementaires à exécuter ne
pourra être établie qu'après exploitation approfondie des documents de maintenance
disponibles dans les archives et après inspection détaillée de l'avion.
Nota : l'avion étant encore stocké pour un certain temps, cette liste est susceptible de
s'allonger au cours des prochaines semaines.
IV - CONCLUSION
Cette première inspection aura permis d'avoir une idée précise du statut général de
l'avion et de son état technique actuel, ce dernier pouvant évoluer en raison de la
position de stockage de l'appareil.
Il est à noter qu'en cas de décision de mettre cet avion en exploitation, alors une
inspection détaillée de l'appareil, de ses moteurs et équipements sera nécessaire afin
d'établir la liste exhaustive des travaux de maintenance à exécuter sur avion ( aux frais
du propriétaire ) en vue d'obtenir le certificat de navigabilité requis pour le démarrage de
l'exploitation.
3
313
Dans le cadre de cette liste de travaux de maintenance à effectuer sur avion avant sa
mise en exploitation il serait judicieux et prudent de faire exécuter dans la foulée et par
anticipation les opérations de la visite technique de type 4C, afin d'améliorer la fiabilité de
l'appareil au cours de ses premiers mois d'exploitation.
Dans cet ordre d'idées et en raison de l'âge de l'avion, l'on ne pourra obtenir un niveau de
fiabilité de cet appareil comparable à celui d'un avion neuf qu'en mettant en place un stock
conséquent de pièces détachées.
314
ANNEXE 4 : CERTIFICAT DE NAVIGABILITE DELIVRE PAR
LA FEDERAL AVIATION ADMINISTRATION
315
ANNEXE 5 : INFORMATIONS DE L’AVIONNEUR BOEING
SUR L’ETAT TECHNIQUE DU BOEING 767-216
316
317
318
ANNEXE 6 : DOCUMENT RELATIF A LA RECEPTION PAR
ANSETT WORLWIDE DE LA SOMME DE 2, 500, 000 DOLLARS
US (ENGAGEMENTS DE CAMAIR LIES AUX CONTRATS -
LEASING DE SA FLOTTE)
319
L'HARMATTAN, ITALIA
Via Degli Artisti 15; 10124 Torino
L'HARMATTAN HONGRIE
Könyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16
1053 Budapest
L’HARMATTAN GUINÉE
Almamya Rue KA 028, en face du restaurant Le Cèdre
OKB agency BP 3470 Conakry
(00224) 60 20 85 08
harmattanguinee@yahoo.fr
L’HARMATTAN MAURITANIE
Espace El Kettab du livre francophone
N° 472 avenue du Palais des Congrès
BP 316 Nouakchott
(00222) 63 25 980
L’HARMATTAN CAMEROUN
BP 11486
Face à la SNI, immeuble Don Bosco
Yaoundé
(00237) 99 76 61 66
harmattancam@yahoo.fr
L’HARMATTAN SÉNÉGAL
« Villa Rose », rue de Diourbel X G, Point E
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