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Le jugement de goût.
Posted By Simone MANON On 19 mars 2008 @ 7 h 26 min In Chapitre IX - L'art. | 83
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Tant qu’on ne disjoint pas la dimension artistique de la dimension esthétique d’une


œuvre d’art, celle-ci relève des Beaux-Arts, la beauté étant la valeur de l’esthétique.

PB : Pourquoi parler d’esthétique ?

Parce que la beauté est affaire de sensibilité, d’émotion, de goût.

Le concept d’esthétique (issu du grec aisthèsis, signifiant : sensation, appréhension


sensible au sens large) apparaît en 1750 et Baumgarten (1712.1762) fonde sous ce nom
« la science de la connaissance sensible ».

Kant précise que « Ce qui est simplement subjectif dans la représentation d’un objet,
c’est-à-dire ce qui constitue sa relation au sujet et non à l’objet, c’est sa nature
[1]
esthétique ». Critique de la faculté de juger . Introduction VII.

L’esthétique concerne donc la manière dont la sensibilité humaine est affectée par des
objets. Elle ne concerne pas l’objet dans sa réalité objective, mais la subjectivité qui est en

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rapport avec lui. Or bien qu’il en soit ainsi, l’expérience esthétique fait intervenir un
jugement, le jugement esthétique ou jugement de goût.

Le goût, écrit Kant, est : « la faculté de juger du beau ».

D’où le problème : Comment un tel jugement est-il possible ?

Dans une analyse magistrale, Kant montre que le jugement de goût se caractérise par
[2]
d’apparentes contradictions qu’il analyse en 1790 dans La Critique de la faculté de juger.

1° : Lorsque je dis « c’est beau » je prononce un jugement de valeur. Je reconnais une


valeur propre à l’objet mais cette valeur ne se fonde pas dans une appréciation objective
de la nature de cet objet. Le jugement de goût n’est pas un jugement de connaissance. Il
ne détermine pas son objet, il ne m’apprend rien sur lui, comme par exemple que cette
fleur est une rose, qu’elle appartient à telle famille ou fleurit à telle époque. Il me
renseigne seulement sur le sujet qui le prononce. Il exprime le plaisir que j’éprouve à
contempler tel objet. En disant : « c’est beau » je dis que ma perception est heureuse,
que « cela me plaît » et pourtant en prononçant un jugement je prétends que ce plaisir
doit être celui de tout homme.

D’où cette première contradiction : Dans la mesure où il fait intervenir la sensibilité, le


jugement de goût a une subjectivité irréductible et comme tel, il semblerait qu’il faille
admettre sa relativité. Or il prétend à la validité universelle. Il ne dit pas « cela me
plaît à moi » mais « c’est beau ». Il parle du beau comme s’il était la propriété de l’objet,
reconnaissable par tous.

Certes l’universalité revendiquée est une universalité esthétique et non logique, et « le


jugement de goût ne postule pas l’adhésion de chacun (…) il ne fait qu’attribuer à chacun
cette adhésion » Ibid. §8, reste qu’il récuse son caractère personnel.

« Lorsqu’il s’agit de ce qui est agréable, chacun consent à ce que son jugement, qu’il
fonde sur un sentiment personnel et en fonction duquel il affirme d’un objet qu’il lui plaît,
soit restreint à sa seule personne. (…) Ce serait folie que de discuter à ce propos, afin de
réputer erroné le jugement d’autrui, qui diffère du nôtre, comme s’il lui était logiquement
opposé ; le principe : « A chacun son goût » (s’agissant des sens) est un principe valable
pour ce qui est agréable.

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Il en va tout autrement du beau. Il serait (tout juste à l’inverse) ridicule que quelqu’un,
s’imaginant avoir du goût, songe en faire la preuve en déclarant : cet objet (…) est beau
pour moi. Car il ne doit pas appeler beau, ce qui ne plaît qu’à lui. (…) lorsqu’il dit qu’une
chose est belle, il attribue aux autres la même satisfaction ; il ne juge pas seulement pour
lui, mais pour autrui et parle alors de la beauté comme si elle était une propriété des
choses » Ibid. § 7

2° : S’ensuit-il que ce jugement, comme tout jugement puisse se justifier par des
concepts, des raisons, par une argumentation susceptible d’emporter la conviction
d’autrui ? Non répond Kant, car quelles que soient les raisons susceptibles d’être énoncées,
il ne se fonde pas sur autre chose que le plaisir ressenti devant l’objet beau. D’où une
nouvelle contradiction : En disant : « c’est beau » je prétends que chacun peut partager
mon jugement mais je ne peux pas le justifier par des concepts.

« Le beau est ce qui est représenté sans concept comme objet d’une satisfaction
universelle ».Ibid. § 6

3° : Si le plaisir ressenti devant l’œuvre belle peut être universalisé, c’est, remarque
Kant, que la satisfaction qu’elle donne n’est pas une satisfaction intéressée.

Elle n’est pas la satisfaction d’une inclination sensible portant par nature la marque de
la particularité d’un sujet : un sentiment esthétique est autre chose qu’une sensation
agréable, car comme il a été dit l’agréable est simplement ce qui me plaît à moi.

Il n’est pas non plus ce qui satisfait un intérêt qu’il s’agisse d’un intérêt sensible ou d’un
intérêt rationnel. Il ne faut confondre le beau ni avec l’utile ni avec le bien. Car le bien ou
l’utile implique une connaissance de l’objet et sont l’objet, l’un d’une satisfaction
pathologique, l’autre d’une satisfaction pratique.

Le beau, en revanche, ne dépend d’aucun concept déterminé et la satisfaction qu’il


donne est pure de tout intérêt.

« La satisfaction que détermine le jugement de goût est libre de tout intérêt » (Kant).

Il s’ensuit que le beau est paradoxalement l’objet d’une satisfaction désintéressée.

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C’est ce caractère désintéressé du plaisir esthétique qui fonde, aux yeux de Kant, sa
prétention à l’universalité. « Car qui a conscience que la satisfaction produite par un objet
est exempte d’intérêt, ne peut faire autrement qu’estimer que cet objet doit contenir un
motif de satisfaction pour tous (…) sans que cette prétention dépende d’une universalité
fondée objectivement ; en d’autres termes, la prétention à une universalité subjective doit
être liée au jugement de goût » Ibid. §6.

Comme telle cette expérience est de l’ordre de la réconciliation :

Elle réconcilie dans le sujet lui-même, la dimension sensible et la dimension


intelligible. Dans l’expérience esthétique ce qui d’ordinaire s’oppose (la sensibilité et
l’intelligence, l’imagination et l’entendement) s’accorde. Le jugement de goût témoigne que
nous sentons une harmonie naturelle entre notre sensibilité et notre entendement. Le
plaisir vient de l’accord des facultés de l’esprit. Kant définit ainsi l’art comme libre jeu des
facultés ou libre accord.

Accord éprouvé en présence d’un objet manifestant une complaisance à leur endroit. Il
nous semble que l’objet est fait pour provoquer cet état et le plaisir qui en découle ; qu’il y
a en lui cette finalité. Pour autant impossible de dire que c’est le cas, ni pour la beauté
naturelle car il n’y a pas d’intention dans la nature, ni pour la beauté artistique car l’artiste
atteint le beau sans se l’être préalablement représenté. D’où cette nouvelle définition
paradoxale « La beauté est la forme de la finalité d’un objet, en tant qu’elle est perçue en
celui-ci sans représentation d’une fin » Ibid. §17.

Elle réconcilie les subjectivités. L’universalité de la satisfaction, liée à son caractère


désintéressé exprime le postulat « d’un sens commun esthétique ». En effet, on a vu
qu’il est ridicule de prétendre : « cela est beau pour moi ». Ce qui vaut pour un seul ne
vaut rien. En matière de beau : « A chacun son goût » signifierait que le goût n’existe pas.
Il s’ensuit qu’on peut définir le goût comme « la faculté de juger ce qui rend notre
sentiment procédant d’une représentation donnée, universellement communicable sans la
médiation d’un concept » Ibid. § 40. Il ne s’agit pas, bien sûr, de prétendre que ce sens
commun est une réalité empirique, mais le jugement esthétique le présuppose comme
« une norme idéale » et la raison le pose comme une Idée régulatrice de l’exercice du
jugement esthétique.

PB : Faut-il remettre en question l’exigence d’un sens commun esthétique ?

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Tel est l’enjeu de la critique sociologique qui, avec Bourdieu, dénonce dans « le goût »
défini par Kant, ce qui sanctionne le goût partagé par les membres d’une classe privilégiée.
L’art, sous sa forme classique, serait un instrument de distinction sociale et de domination
d’une classe qui imposerait son « bon goût » en stigmatisant ce qui serait le « mauvais
goût » des autres.

PB : N’est-il pas injurieux pour tous les hommes de considérer que les grandes œuvres
que le temps a consacrées comme classiques ne seraient que l’expression du goût
arbitraire d’une classe sociale ? Si la critique sociale, d’essence marxiste, était absolument
fondée, comment pourrait-on comprendre qu’un athée éprouve une émotion esthétique en
écoutant une cantate de Bach, manifestement destinée à la jouissance d’un monde
chrétien, ou que l’homme du 20° siècle, membre de la société occidentale soit ému par une
œuvre de la Grèce classique ?

Ne faut-il pas admettre qu’il y a, en droit, une universalité du goût, mais que celui-ci doit
être éduqué au contact des grandes œuvres, comme l’intelligence de chacun doit être
éduquée au contact des grandes œuvres intellectuelles ? Ne faut-il pas dénoncer le
caractère démagogique d’un discours flattant le barbouilleur d’une toile en lui laissant
croire que ce qu’il fait est comparable à un Rembrandt ou à un Braque ; que tout se vaut et
que nul n’est habilité à distinguer le beau du laid en prétendant à l’universalité ?

Que le relativisme soit la tendance lourde d’un monde démocratique, n’est pas un
argument pour considérer que le beau, comme le vrai ou le juste dépendent de l’arbitraire
des uns et des autres. Si comme le dit le proverbe « des goûts et des couleurs, on ne peut
discuter » ce n’est sans doute pas parce qu’il n’y a pas de sens commun esthétique, c’est
plutôt, comme Kant l’analyse, parce que le jugement de goût, s’étayant sur le plaisir
éprouvé à regarder la chose jugée belle, ne peut pas se justifier par des raisons.

En témoigne le fait que certaines œuvres deviennent des classiques et traversent les
siècles autant que les civilisations. L’expérience montre que le consensus est fort autour
des grandes œuvres. L’empiriste Hume remarquait avec ironie qu’il y a moins de désaccord
sur la grandeur d’Homère ou de Shakespeare que sur la validité de la physique de Galilée.

[3]
Cf. Peut-on convaincre autrui de la beauté d’un objet?

Autour de ce Sujet :

Le jugement est un don particulier qui ne peut pas du tout être appris, mais seulement
[4]
exercé. Kant.

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[3]
Peut-on convaincre autrui de la beauté d’un objet ? Kant.
[5]
Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art?

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[3] Peut-on convaincre autrui de la beauté d’un objet?: https://www.philolog.fr/peut-
on-convaincre-autrui-de-la-beaute-dun-objet-kant/
[4] Le jugement est un don particulier qui ne peut pas du tout être appris, mais seulement
exercé. Kant. : https://www.philolog.fr/le-jugement-est-un-don-particulier-qui-
ne-peut-pas-du-tout-etre-appris-mais-seulement-exerce-kant/
[5] Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art? : https://www.philolog.fr/quest-ce-quune-
oeuvre-dart/

Par Simone MANON, professeur de philosophie au Lycée Vaugelas de Chambéry. Tous


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