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Résumé
L’oreille externe a toujours eu une valeur esthétique et une signification médicale
importantes dans les différentes cultures, mais son étude anthropologique laisse
encore dans l’ombre de nombreux points d’interrogation.
Dans le domaine médical, la médecine légale et l’anthropologie s’y sont intéres-
sées. Son intérêt thérapeutique est resté marginal jusqu’au milieu du XXe siècle.
Actuellement, l’auriculothérapie, que l’on pourrait appeler réflexologie auriculaire
(1), s’est largement répandue à travers le monde. Les localisations des points et zones
réflexes ont obligé à se pencher sur l’anatomie de surface de cet organe dont la varia-
bilité est impressionnante, en relation plus ou moins directe avec une embryologie
complexe. Toutefois, c’est son innervation cérébro-spinale et autonome qui permet
d’ouvrir la voie vers les mécanismes centraux, expliquant ses effets si divers et parfois
surprenants.
Anatomie de surface
La configuration complexe de l’auricule est expliquée en partie par son origine
embryologique. Malgré la diversité de la morphologie de l’oreille externe, on peut
établir un schéma moyen applicable à tous.
Mieux que de longues et fastidieuses descriptions, le tableau I donne les structu-
res identifiables et identifiées, nommées par les Nomina Anatomica, auxquelles ont
été ajoutées une douzaine de structures utilisées dans le domaine médical, en parti-
culier par les médecins pratiquant l’auriculothérapie.
Il suffit de rappeler les grandes subdivisions et les termes de la nomenclature ana-
tomique internationale et de renvoyer le lecteur à la figure correspondante (fig. 1) :
– l’hélix avec sa racine, son sillon et son tubercule, le tubercule auriculaire (Darwin) ;
– la fosse scaphoïde, l’anthélix et ses racines supérieure et inférieure délimitant la
fosse triangulaire ;
– le tragus et l’antitragus, avec l’incisure antérieure de l’oreille et l’incisure intertra-
gique ;
20 Auriculothérapie
Hélix
Tragus et antitragus
13 Tragus Tragus
14 Tuberculum supratragicum Tubercule supratragique
15 Apex du tragus
16 Incisura anterior (auris) Incisure antérieure (de l’oreille)
17 Antitragus Antitragus
18 Apex de l’antitragus
19 Incisura intertragiea Incisure intertragique
Conque auriculaire
Lobule auriculaire
(1) Cette structure est presque constante selon nos collègues chinois. Le terme de tubercule semble plus appro-
prié qu’épine.
Embryologie de l’auricule
L’auricule se développe à partir de trois bourgeons mandibulaires et trois bourgeons
hyoïdiens situés de chaque côté de la première fente viscéro-branchiale. Gradenigo
(2) a montré qu’une partie de l’hélix (hélix hyoïdien) se formait à partir d’un repli
cutané localisé en arrière des trois tubercules hyoïdiens (figs 3 à 5) (3).
Le tubercule 1 forme le tragus, le tubercule 2 la racine de l’hélix, le tubercule 3 la
partie ascendante de l’hélix ; le reste de l’hélix dérive de l’hélix hyoïdien. L’anthélix
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Fig. 1 - Vue latérale de l’auricule. Structures et repères Fig. 2 - Vue mastoïdienne (médiale) de l’auricule.
superficiels. Les chiffres renvoient au tableau I. Structures et repères superficiels. Les chiffres ren-
voient au tableau I.
Fig. 3 - Photographies de la formation de l’auricule chez l’embryon humain aux stades 16, 17, 18, 19, 20, 21. En
millimètres : taille de l’embryon. VOT : vésicule otique, H Hy : hélix hyoïdien.
Anatomie de surface, embryologie et innervation de l’auricule humaine 23
Fig. 6 - A. Dermatomes de la face et du cou. B. Nerfs cutanés de la face et du cou. (fig. 17) Issue de l’ouvrage
(ISBN 2 225 80061 8) : Les microsystèmes de l’acupuncture de Bossy, Prat-Pradal et Taillandier. Masson, Paris, 1984,
128 pages. Avec autorisation.
Anatomie de surface, embryologie et innervation de l’auricule humaine 25
Fig. 7 - Les limites des territoires d’innervation de l’auricule. (fig. 8) Issue de l’ouvrage (ISBN 2 225 80061 8) : Les
microsystèmes de l’acupuncture de Bossy, Prat-Pradal et Taillandier. Masson, Paris, 1984, 128 pages. Avec autori-
sation.
Quant au rameau auriculaire du nerf vague (X), il faut savoir que des fibres, arri-
vant à un noyau individualisé annexé au noyau spinal du V, peuvent aussi emprunter
le trajet des nerfs intermédiaire (VII bis) ou glosso-pharyngien (IX) avant de rejoin-
dre ce territoire périphérique (fig. 10) (6, 8).
Si l’on voulait schématiser l’innervation, on pourrait dire que toute la conque
dépend du rameau auriculaire du nerf vague ou de son équivalent, que la partie fixe,
dérivée des tubercules auriculaires aussi bien hyoïdiens que mandibulaires, est sous la
dépendance du V3, alors que l’innervation de la partie mobile est assurée par le
plexus cervical (fig. 7).
En tout cas, aucun autre nerf crânien ne participe à l’innervation de l’oreille
externe.
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Fig. 8 - Vascularisation et innervation de l’auricule. (fig. 53) Issue de l’ouvrage (ISBN 2 225 78694 1) : Bases neu-
robiologiques des réflexothérapies 3e éd. de Jean Bossy. Masson, Paris, 1983, 160 pages. Avec autorisation.
Fig. 10 - Photographie du noyau sensitif latéral du IX (d’après Bossy J (1968) Sur la présence d’un noyau sensitif
du IX (NSL IX) annexé au tractus spinal du V. Acta Anat 70: 333).
Fig. 11 - Afférences faciales et auriculaires du noyau spinal du V, du noyau du faisceau solitaire et des premiers
segments cervicaux.
Anatomie de surface, embryologie et innervation de l’auricule humaine 29
et des influx viscéraux pelviens (11). Ces projections sont très nombreuses et d’origi-
nes très variées en particulier pour les unités réticulaires et thalamiques (12). Étant
donné que toutes ces projections ne sont pas excitées au même instant, il est logique
de penser que des réponses différentes pourront être obtenues en fonction des pro-
jections simultanées. Ainsi, ces unités neurales ne sont pas structurellement spécifi-
ques mais, en fonction des informations reçues, peuvent donner des réponses variées
mais toujours identiques (5) (fig. 13).
Fig. 13 - Possibilités de réponse spécifique à partir d’une unité réticulaire non spécifique. Par exemple si des influx
nerveux arrivent simultanément par 1’, 1’’, 1’’’, on obtiendra une réponse 1 ; si une volée d’influx arrive par 2’, 2’’
et 2’’’, ce sera une réponse 2. Mais toute autre combinaison de stimulation ne donnera jamais de réponse 1 ou 2
(d’après Bossy J (1982) les circuits nerveux de la réflexologie du pied. Ann Kinésith 9/3: 64).
Étant donné la convergence des différents territoires sur la même unité réticulaire,
on peut comprendre que l’activation de cette unité pourra diminuer le seuil de stimu-
lation des territoires périphériques lorsque l’un d’eux souffre, permettant ainsi l’appa-
rition de l’un de ces points douloureux spontanés ou provoqués. De même, on pourra
estimer que la stimulation de l’un de ces points douloureux pourra avoir un effet rela-
tivement spécifique sur le territoire atteint qui a activé cette unité (fig. 14) (13).
Fig. 14 - Rôle de la formation réticulaire dans l’explication des différents microsystèmes d’acupuncture. Les relais
dans les centres primaires entre protoneurones et deutoneurones n’ont pas été figurés (d’après Bossy J (1978)
Méridiens 41/42: 73-95).
Cette organisation topique, lorsqu’elle est structurale, implique des structures spé-
cifiques et peu de synapses, mais elle peut aussi être fonctionnelle et s’expliquer par la
convergence de groupes d’influx identiques sur les unités neurales (voir ci-dessus).
Elle est sans aucun doute moins précise, mais elle peut expliquer que des régions ou
organes différents puissent se recouvrir dans leurs représentations périphériques (5).
L’organisation topique se retrouve dans la représentation périphérique de l’orga-
nisme des microsystèmes de l’acupuncture quels qu’ils soient. Ce sera donc toujours
le même « pattern » que l’on retrouvera, qui sera le guide de toute représentation.
32 Auriculothérapie
Fig. 15 - Organisation segmentaire du système nerveux cérébro-spinal et du système nerveux autonome. (fig. 3)
Issue de l’ouvrage (ISBN 2 225 78694 1) : Bases neurobiologiques des réflexothérapies 3e éd. de Jean Bossy. Masson,
Paris, 1983, 160 pages. Avec autorisation.
Anatomie de surface, embryologie et innervation de l’auricule humaine 33
Fig. 17 - Schéma général de la représentation topique dans les différentes zones de l’organisme. V.Ab : viscères
abdominaux ; V.Pe : viscères pelviens ; V.Th : viscères thoraciques ; Pér. : périnée ; V.ce : viscères cervicaux (d’après
Bossy J (1982) Les circuits nerveux de la réflexologie du pied. Ann Kinésith 9/3: 68).
Fig. 18 - Représentation auriculaire du système nerveux cérébro-spinal et du système autonome réalisée d’après
les travaux de Nogier. (fig. 52) Issue de l’ouvrage (ISBN 2 225 78694 1) : Bases neurobiologiques des réflexothérapies
3e éd. de Jean Bossy. Masson, Paris, 1983, 160 pages. Avec autorisation.
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Fig. 20 - La représentation de l’innervation cérébro-spinale (T 8 à T 10) et autonome renvoie à tous les organes et
structures des mêmes métamères.
Projections et représentations
Pour terminer, il faut insister sur le fait que les points ou zones auriculaires ne sont
jamais des projections, mais des représentations de l’innervation d’un organe ou d’un
territoire (5, 6).
On parle de projection lorsque la stimulation d’une structure somatique ou ner-
veuse permet d’évoquer des potentiels nerveux tout au long de la voie nerveuse qui
peut atteindre le cortex.
En revanche, deux territoires A et B plus ou moins éloignés peuvent se projeter
sur la même unité neurale, pour suivre ensuite une voie nerveuse centrale identique,
et atteindre les mêmes zones thalamiques ou corticales en évoquant des potentiels
nerveux dans chacune de ces structures. Cependant, la stimulation de A ne peut
jamais évoquer de potentiels en B, ou inversement. Il est donc faux de parler de pro-
jection de A en B ; il s’agit seulement d’une représentation de A en B.
38 Auriculothérapie
Références
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