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NEURONES-SYNAPSES

DR C. Ferber-Viart 2002.
Référentiels : Neuroanatomie fonctionnelle, de la cellules aux comportement
(R. Cesari, Y, Keravel, H. Ollat, M. Peschanski, M. Sindou. Vol 1 Le
neurone. ANNPP eds)
Neurosciences : neuroanatomie et neurophys iologie. Arthur C.
Guyton. Piccin Nuova Libraria Sp.A. Padova Italia (eds).

I-INTRODUCTION

I-1-GENERALITES

Le cerveau, et avant tout le cerveau humain, est la structure la plus élaborée que

nous connaissions. Ces 20 dernières années ont vu exploser les recherche sur le

développement et le fonctionnement des cellules qui le composent, la structure des

réseaux que ces cellules forment entre elles et avec le reste du corps, les mécanismes

qui sous-tendent les grandes fonctions du système nerveux, enfin les liens qui

rattachent ces phénomènes biologiques et les comportement qui les traduisent.

L’analyse du système nerveux s’effectue à différents niveaux qui correspondent

à des étages différents dans l’élaboration des circuits nerveux et de leur activité.

Le niveau unitaire est celui du NEURONE ; Cet élément de base est une CELLULE

ANATOMIQUEMENT ET PHYSIOLOGIQUEMENT SPECIALISEE DANS LA

RECEPTION, L’INTEGRATION ET LA TRANSMISSION D’INFORMATION .

Bien que sa structure membranaire, ses organites, son cytosquelette et la plupart des

molécules qu’il synthétise soient similaires à ceux d’autres cellules, l’adaptation de

1
toute la machinerie cellulaire aux tâches de formation, d’entretien et de fonctionnement

de réseaux fait du neurone une cellule particulière. CELLULE EXCITABLE ET

SECRETRICE (de transmetteurs chimiques mais également de peptides, de facteurs

trophiques et de cytokines) le neurone apparaît aujourd’hui bien plus qu’un simple

relais sur des circuits électriques.

I-2-LES ASPECTS STRUCTURELS ET FONCTIONNELS LES PLUS REMARQUABLES

DU SYSTEME NERVEUX (figure 1)

Le système nerveux est le système responsable des sensations, de la pensée et du

contrôle de notre organisme. Pour accomplir ces fonctions, il collecte les informations

sensorielles en provenance de tout le corps, à partir d'une myriade de terminaisons nerveuses

sensorielles spécifiques situées dans la peau, les tissus profonds, les yeux, les oreilles, l'appareil

de l'équilibration etc. Il les transmet par les nerfs à la

moelle épinière et au cerveau. Ces derniers peuvent réagir immédiatement à l'information

sensorielle et envoyer des signaux aux muscles ou aux organes internes provoquant une réponse

appelée réponse motrice.

Or, dans certaines conditions, il n'y a aucune réponse immédiate, l'information sensorielle étant

alors mémorisée dans le cerveau. Là, elle est comparée aux autres souvenirs déjà enregistrés,

combinée à d'autres informations, et ainsi surgissent de nouvelles pensées. Il est alors possible

que quelques minutes, mois, voire années plus tard, ce traitement approfondi de l'information

puisse enfin aboutir à des réponses motrices simples ou complexes, telles que construire une

maison ou piloter un vaisseau spatial.

2
L'activation nerveuse des organes internes, comme l'augmentation de la fréquence cardiaque ou

du péristaltisme intestinal, pourrait aussi constituer une partie de la réponse motrice.

Ainsi, le système nerveux est appelé à assurer trois fonctions


principales: (1) une fonction sensorielle,(2) une fonction
intégrative qui inclut les processus de la mémoire et de la pensée,
et (3) une fonction motrice.

I-3- LES PRINCIPALES DIVISIONS DU SYSTEME NERVEUX

La figure 2 met en évidence les deux principales divisions du système nerveux: (1) le

système nerveux central, qui comprend le cerveau et la moelle épinière, et (2) le système

nerveux périphérique.

Le cerveau est la zone intégrative principale du système nerveux, l'endroit où les souvenirs sont

stockés, les pensées conçues, les émotions générées et d'autres fonctions liées à notre psychisme

ou aux commandes complexes de notre organisme réalisées. Pour exécuter ces activités

complexes, le cerveau lui- même est divisé en de nombreuses parties fonctionnelles.

La moelle épinière a deux fonctions. Premièrement, c'est un conduit pour de nombreuses voies

nerveuses allant vers le cerveau ou venant de ce dernier. Deuxièmement, c'est une zone

intégrative pour coordonner de nombreuses activités nerveuses subconscientes.

sur la gauche de la figure 2 : Le système nerveux périphérique : on peut voir qu'il s'agit d'un

réseau de nerfs ramifiés si étendu, qu'il est difficile qu'un seul millimètre cube de tissu quelque

part dans l'organisme en soit dépourvu. Ces fibres sont de deux types fonctionnels: les fibres

afférentes qui transmettent les informations sensorielles vers la moelle épinière et le cerveau et

les fibres efférentes qui transmettent les signaux du système nerveux central à la périphérie,

particulièrement vers les muscles squelettiques. Certains nerfs périphériques émergent

directement de l'encéphale lui- même et innervent principalement la région crânienne. Appelés

3
nerfs crâniens. Les autres nerfs périphériques sont des nerfs rachidiens, qui émergent de chaque

côté de la moelle épinière par les trous de conjugaison, au niveau des segments médullaires.

I-4 TISSU NERVEUX

Le tissu nerveux, qu'il fasse partie du cerveau, de la moelle ou des nerfs périphériques

contient deux types cellulaires élémentaires:

1-Les neurones qui conduisent les signaux dans le système nerveux. Ils sont probablement

environ 100 milliards dans l'ensemble du système.

2-Les cellules de soutien et d'isolation ou cellules gliales qui maintiennent les neurones en

place et empêchent la diffusion des signaux entre ces derniers, là où cela n'est pas souhaitable.

Elles sont collectivement appelées névroglie dans le système nerveux central et cellules de

Schwann dans le système nerveux périphérique.

LES CELLULES GLIALES se sont révélées bien différentes de ce que l’on croyait jusqu’alors.

Considérées d’abord comme de simple cellules de soutien, chargées d’assurer le métabolisme du

neurone et de fournir une charpente à leur réseau, LES CELLULES GLIALES ONT A

PRESENT UN ROLE RECONNU DANS LA TRANSMISSION des informations elle- même.

PROPRIETES

Le cerveau peut ainsi :

1) RECEVOIR, ANALYSER ET ENREGISTRER l’information sensorielle.

2) CHOISIR LA REPONSE COMPORTEMENTALE en fonction, non seulement

de l’information présente, mais également en fonction de l’expérience passée. Cad que le SNC est

capable de choisir une réponse dans un répertoire à la fois hérité et constitué et qu’il est capable

de modifier ce choix si, par le passé, la réponse n’a pas apporté les résultats escomptés.

3) PROGRAMMER LA REPONSE COMPORTEMENTALE et délivrer la séquence d’ordre

moteur nécessaire à son exécution.

4
4) SURVEILLER LA REPONSE COMPORTEMENTALE pour l’interrompre ou la modifier si

besoin.

5) CREER DES REPRESENTATIONS.

Un neurone isolé n’existe pas. Chacun d’entre eux est intégré dans des réseaux multiples et

extraordinairement complexes dont les grands traits sont forgés au cours du développement

fœtal. Ces réseaux, systèmes ordonnés et hiérarchisés, forment des entités propres dont les

propriétés transcendent celles des neurones qui les constituent. L’effet qui découle finalement de

l’activité des neurones est la RESULTANTE DE PHENOMES CELLULAIRES PROPRES A

CHACUN D’ENTRE EUX ET DE MECANISMES D’INTEGRATION LIES A LA

STRUCTURE HAUTEMENT PLASTIQUES, DES RESEAUX dans lesquels ils sont intégrés.

Le niveau supérieur de l’étude du cerveau est en fait celui de son FONCTIONNEMENT

COMME ORGANE RESPONSABLE DU COMPORTEMENT DE L’INDIVIDU. Les réponses

comportementales aux sollicitations les plus diverses, aussi bien que l’activité propre du cerveau

en tant que créateur d’idées et d’actions, dépendent DE COORDINATIONS COMPLEXES de

différents réseaux neuronaux.

I-5 CORRELATS ANATOMO-FONCTIONNELS :

Les neurones traitent et communiquent des INFORMATIONS au sein de CIRCUITS,

de RESEAUX, dont la multiplicité et la complexité et la plasticité permettent la diversité et

l’évolutivité de la fonction cérébrale.

Ils reçoivent des signaux électriques, L’INFLUX, au niveau de leur zone réceptrice (en

règle, il s’agit de leurs processus afférents, dendrites ou corps cellulaire). Dans le cas de neurones

sensitifs primaires, il s’agit de récepteurs SENSORIELS. L’influx se propage le long des dendrites

pour gagner le corps cellulaire qu’il quitte par son processus efférent, L’AXONE, sous forme de

5
PA. L’émission et la propagation de l’influx tiennent aux propriétés particulières de la

MEMBRANE NEURONALE. A savoir, la présence dans cette membrane de CANAUX

PROTEIQUES SLECTIVEMENT PERMEABLES A CERTAINS IONS (canaux ioniques).

La transmission de l’influx d’un neurone à l’autre se fait par leur connexions

fonctionnelles : LES SYNAPSES. En règle, il s’agit de synapses CHIMIQUES : le neurone qui

propage l’influx (neurone présynaptique) sécrète un NEUROTRANSMETTEUR qui se fixe sur

des protéines spécifiques, LES RECEPTEURS, situés dans la membrane du neurone qui reçoit

l’influx (neurone postsynaptique) (figure 3).

I- 6 RAPPEL : CYTOLOGIE DU NEURONE (figure 4)

*CORPS CELLULAIRE

Le corps cellulaire du neurone est globalement comparable à celui d’autres cellules. Il est

limité par une membrane faite de 2 couches lipidiques. Il contient un noyau et une masse de

cytoplasme ; dans le cytoplasme on trouve les organites habituels.

Néanmoins, Le SOMA (corps cellulaire) du neurone présente 2 particularités :

Au plan morphologique, ses dimensions et ses formes sont extrêmement variable (figure 2).

Au plan fonctionnel, le soma est le lieu de synthèse quasi exclusif des macromolécules neuronales.

*LE NOYAU

Généralement, le noyau est central et sphérique. Son volume, proportionnel à la taille du soma,

est important. Le noyau neuronal est en interphase : chez les vertébrés, la prolifération

neuronale s’achève, pour l’essentiel, autour de la naissance. ET LES NEURONES MATURES

SONT DES CELLULES POST-MITOTIQUES qui ne se divisent plus. C’est-à-dire que les

neurones qui meurent (toxines, hypoxie, mort programmée, chirurgie…) ne sont pas remplacés.

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IL Y A CEPENDANT QUELQUES EXCEPTIONS : la formation des cellules en grain du

cervelet se poursuit plusieurs mois après la naissance. Au niveau de l’épithélium olfactif, des

cellules sensorielles (neuronales) sont formée pendant toute la vie.

*LE NUCLEOLE

Est volumineux, fortement basophile. Ceci témoigne de l’importance de l’activité de synthèse

protéique de la cellule nerveuse.

Comme dans toutes cellules eucaryote, la membrane nucléaire est en continuité avec le réticulum

endoplasmatique lisse et ses deux feuillets sont fusionnés pour former des pores (figure 3).

*LE CYTOPLASME

Il contient un important matériel basophile : LA SUBSTANCE DE NISSL, qui est en

continuité avec l’anneau basophile périnucléaire, et qui est un agrégat de masses

granulaire de tailles variable : LES CORPS DE NISSL.

*LES DENDRITES.

Ce sont des ramifications multiples du corps cellulaire ainsi que les principaux

récepteurs du neurone. C'est pour cela que la plupart des signaux qui doivent être

transmis par les neurones pénètrent par les dendrites, tandis que d'autres pénètrent par

le corps cellulaire. Au niveau de chaque neurone, les dendrites reçoivent les signaux à

travers des milliers de points de contact avec les autres neurones, appelés synapses.

*L'AXONE.

Chaque neurone possède un axone qui part du corps cellulaire. C'est la partie du

neurone habituellement appelée fibre nerveuse. Sa longueur peut n'être que de

quelques millimètres, comme dans le cas de nombreux axones de petits neurones

cérébraux, ou atteindre un mètre dans le cas des axones (fibres nerveuses) qui partent

de la moelle épinière pour innerver les pieds. Les axones transmettent les signaux

nerveux dans le cerveau, la moelle épinière, les muscles et les glandes de

l'organisme .

7
Les terminaisons axonales et les synapses. Tous les axones se ramifient à leur

extrémité, donnant des milliers de prolongements dont chaque bout est une

terminaison axonale spécialisée qui, en raison de son aspect dans le système nerveux

central, est appelée terminaison présynaptique, bouton synaptique ou bouton. La

terminaison présynaptique repose sur la surface membranaire d'une dendrite ou d'un

corps cellulaire d'un autre neurone fournissant ainsi un point de contact appelé

synapse, par lequel les signaux peuvent être transmis d'un neurone à l'autre. Après

avoir été stimulées, les terminaisons présynaptiques libèrent, dans l'espace entre la

terminaison et la membrane du neurone, d'infimes quantités d'hormones appelées

neurotransmetteurs qui stimulent le neurone.

*La névroglie

Sur la figure 5 nous voyons un grand neurone de la moelle. Les cellules de la

névroglie sont appelées cellules gliales. Mais d'autres, comme les cellules de

Schwann des nerfs périphériques, ont la même fonction en formant la gaine de

myéline autour des plus grandes fibres nerveuses, constituant ainsi une fibre

nerveuse myélinisée typique, capable de transmettre les signaux à des vitesses

importantes d' environ 100 m par seconde, c'est-à-dire celle des nerfs périphériques

comme nous le verrons. Les plus petite fibres nerveuses sont dépourvues de gaine de

myéline. Elles sont appelées fibres non myélinisées. Mais même ces dernières sont

isolées les unes des autres, par interposition de cellules gliales entre ces fibres, de la

même façon que les cellules de Schwann isolent les fibres nerveuses dans un nerf

périphérique.

8
II-TRANSPORT DES IONS ET DES MOLECULES A

TRAVERS LA MEMBRANE CELLULAIRE

II – 1 CONCENTRATIONS IONIQUES ET DES AUTRES SUBSTANCES A

L'EXTERIEUR ET A L'INTERIEUR DE LA CELLULE .

La transmission des signaux nerveux est la base de l'activité fonctionnelle du système nerveux.

Cependant, pour comprendre le mécanisme de la transmission nerveuse, il est nécessaire de

posséder les notions fondamentales de biophysique de la membrane cellulaire nerveuse,

particulièrement celles qui concernent le transport des ions à travers cette membrane et le

développement de potentiels électriques à son niveau.

La figure 6 donne les compositions approximatives du liquide extracellulaire qui établit un contact

entre la membrane cellulaire externe et le liquide intracellulaire. Il convient de remarquer que le

liquide extracellulaire contient des quantités importantes de sodium alors qu'il contient de

faibles quantités de potassium. Le liquide intracellulaire est caractérisé par une composition

exactement opposée. Par ailleurs, le liquide extracellulaire contient des quantités

importantes de chlore, alors que le liquide intracellulaire en contient très peu. Mais les

concentrations des phosphates, essentiellement ceux qui sont des intermédiaires métaboliques

organiques, et des protéines dans le liquide intracellulaire sont beaucoup plus importantes que dans

le liquide extracellulaire. Ces différences jouent un rôle considérable dans les phénomènes

vitaux cellulaires et particulièrement pour la transmission des signaux par le nerf.

La barrière lipidique et le transport des protéines de la membrane

cellulaire

La structure de la membrane cellulaire est constituée d'une bicouche lipidique où un

grand nombre de molécules protéiques sont insérées, et où d'autres la traversent

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La bicouche lipidique n’établit de contact ni avec le liquide extracellulaire ni avec le liquide

intracellulaire; par conséquent, elle constitue une barrière contre les mouvements de la plupart des

molécules d'eau et des substances solubles dans l'eau entre les compartiments intra-

extracellulaires. Cependant, comme cela est illustré par flèche gauche dans la figure 7, certaines

substances peuvent traverser cette barrière et peuvent, soit entrer dans la cellule, soit la quitter en

passant directement à travers la substance lipidique.

D'autre part, les molécules de protéines ont des propriétés de transport entièrement

différentes; leurs structures moléculaires interrompent la continuité de la bicouche lipidique et

par conséquent constituent une voie traversant la membrane cellulaire. La plupart de ces protéines

intrinsèques sont des protéines de transport. Certaines sont hydrophiles permettant le mouvement

libre pour certains ions ou molécules; ces protéines sont appelées les canaux membranaires,

d'autres sont appelées les protéines transport accrochant les substances et les transportant

travers la membrane vers l'autre côté de la cellule par changement de leur conformation. Ces deux

types protéines sont très sélectives.

II – 2 DIFFUSION

II-2-a) Généralités

Toutes les molécules et tous les ions des liquides de l'organisme, y compris les

molécules d'eau et les substances dissoutes, sont animés d'un mouvement continuel, chaque

particule suivant sa propre voie. Le mouvement de ces particules correspond à ce que les

physiciens appellent chaleur. Plus le mouvement est important plus la température est élevée. Le

mouvement ne s'interrompt jamais sauf lorsque la température atteint le zéro absolu.

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Quand une particule A en mouvement rebondit contre une particule B immobile, ses

forces électrostatiques repoussent la particule B en lui donnant momentanément une partie de son

énergie de mouvement. La particule B gagne donc une certaine quant ité d'énergie cinétique alors

que la particule A se ralentit en perdant une partie de son énergie cinétique. Une seule molécule en

solution rebondit sur les autres molécules, d'abord dans une direction, puis dans une autre, et ainsi

de suite, ces chocs pouvant se produire des centaines de millions de fois à chaque seconde.

Ce mouvement continuel des molécules dans les liquides ou dans les gaz est appelé

diffusion. Les ions diffusent exactement de la même façon que les molécules et les particules

colloïdales, mis à part le fait que leur grosse taille limite leur vitesse de diffusion par rapport aux

autres molécules.

II-2-b) DIFFUSION A TRAVERS LA MEMBRANE CELLULAIRE

On distingue deux types de diffusion à travers la membrane cellulaire: la diffusion

simple et la diffusion facilitée. La diffusion simple est caractérisée par le mouvement cinétique des

molécules ou des ions à travers la membrane perméable ou les surfaces intermoléculaires sans

qu'ils soient liés à des protéines membranaires de transport. La vitesse de diffusion est déterminée

par la quantité de substances disponibles, par la vitesse du mouvement cinétique et par le nombre

de pores traversant toute la membrane à travers lesquels les molécules ou les ions peuvent passer.

D'autre part, la diffusion facilitée exige l'interaction des molécules ou des ions avec une protéine de

transport qui facilitera leur passage à travers la membrane; cette interaction s'effectue probablement

par une liaison chimique et le passage à travers la membrane se fait sous la forme combinée.

La diffusion simple peut s'effectuer à travers la membrane par deux voies: la bicouche lipidique

interstitielle et les canaux protéiques membranaires (figure 7).

II-2-c) Diffusion simple à travers la bicouche lipidique

*Diffusion des substances liposolubles .

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Dans des études expérimentales, les lipides membranaires des cellules ont été séparés

des protéines et reconstitués alors comme membranes artificielles en formant la bicouche

lipidique sans aucune protéine de transport. En utilisant une telle membrane artificielle, les

propriétés de transport de la bicouche lipidique ont été déterminées.

L'un des plus importants facteurs qui détermine la a vitesse du mouvement d'une

substance à travers la bicouche lipidique est sa solubilité lipi dique. Par exemple, l'oxygène,

l'azote, le gaz carbonique et les alcools se dissolvent directement dans la bicouche lipidique et

diffusent à travers la membrane cellulaire exactement de la même façon qu'une diffusion

s'effectue dans une solution aqueuse.

Pour de nombreuses raisons, la vitesse de la diffusion de ces substances à travers la membrane est

directement proportionnelle à leurs solubilités lipidiques, particulièrement de grandes quantités

d'oxygène peuvent être transportées par cette voie; ainsi, l'oxygène s'introduit à l'intérieur de la

cellule comme si la membrane n'existait pas.

*Transport de l'eau et d'autres molécules lipo-insolubles.

Malgré l'insolubilité des molécules d'eau dans les lipides membranaires, elles traversent

quand même facilement la membrane et la majorité de ces molécules passe directement à travers

la bicouche lipidique alors qu'une petite quantité passe à travers les canaux protéiques. La vitesse

avec laquelle les molécules d'eau traversent la membrane cellulaire est stupéfiante. Par

exemple, la quantité d'eau qui diffuse dans chaque direction à travers la membrane d'un globule

rouge pendant chaque seconde est approximativement 100 fois plus élevée que le volume du

globule rouge lui même.

La raison qui explique la diffusion d'une grande quantité d'eau à travers la bicouche

lipidique est inconnue, mais on peut penser que les molécules d'eau sont assez petites et leur

énergie cinétique assez grande pour qu'elles puissent pénétrer simplement comme des particules à

travers la partie lipidique de la membrane, avant que le caractère hydrophobe des lipides ne puisse

les stopper.

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D'autres molécules lipo-insolubles peuvent aussi traverser la bicouche lipidique de la

même manière que les molécules d'eau si elles sont assez petites. Cependant, quand elles

deviennent grandes, leur vitesse de pénétration diminue rapidement. Par exemple, le diamètre de

la molécule d'urée est seulement de 20% plus grand que celui de l' eau, la vitesse de pénétration à

travers la membrane cellulaire est à peu près 100 fois plus petite que celle de l' eau. Par

conséquent, c'est le débit d'eau pénétrante qui permet le transport rapide d'urée à travers la

membrane cellulaire. La molécule de glucose, qui a un diamètre seulement trois fois plus grand

que celui de la molécule d'eau, traverse la bicouche lipidique 100 000 fois moins rapidement que

l'eau; on peut déduire alors que seules les petites molécules lipo- insolubles peuvent traverser la

bicouche lipidique.

*II-2-d Incapacité des ions à diffuser à travers la bicouche lipidique.

Même si l' eau et les autres petites molécules non chargées diffusent facilement à travers la

bicouche lipidique, les ions, même les plus petits, tels les ions hydrogène, sodium, potassium,

etc., traversent la bicouche lipidique environ un million de fois moins rapidement que les

molécules d'eau.

Par conséquent, un transport d'une telle importance doit s'effectuer à travers les canaux

protéiques.

L'imperméabilité de la bicouche lipidique aux ions est due à leur charge électrique qui gêne leur

mouvement dans les deux sens. (1) La charge électrique de ces ions permet leur combinaison avec

de multiples molécules d'eau formant ainsi ce qu'on appelle les ions hydratés. Ceci augmente

considérablement la taille des ions qui, à eux seuls, sont incapables de diffuser à travers la

bicouche lipidique. (2) Il est à important de noter que seule la charge électrique de l'ion interagit

avec les charges électriques de la bicouche lipidique.

le tableau I montre les perméabilités relatives de la bicouche lipidique pour un certain nombre de

molécules et d'ions, de différents diamètre. Nous remarquons que la faible perméabilité des ions

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est due à leurs charges électriques, et la faible perméabilité du glucose, à son diamètre; il faut

également noter que : le glycérol traverse la membrane presque aussi facilement que l'urée bien

que son diamètre soit deux fois plus grand. Ceci est dû à son degré de solubilité.

*II-2-e Diffusion simple à travers les canaux protéiques et "portes" de ces

canaux

Les canaux protéiques étaient considérés comme voies hydrophobes à travers les

couches interstitielles des molécules protéiques. En fait, la reconstitution tridimensionnelle

informatisée de certaines protéines ont montré des canaux sous forme de tube de l'extrémité

extracellulaire vers l'extrémité intracellulaire. Par conséquent, les substances peuvent diffuser

directement à travers ces canaux d'un côté de la membrane à l'autre. Ces canaux protéiques se

distinguent par deux caractéristiques importantes: (1) Ils sont toujours sélectivement perméables

à certaines substances. (2) La majorité de ces canaux peuvent être ouverts ou fermés par des

"portes".

*Perméabilité sélective des différents canaux protéiques.

La majorité des canaux protéiques sont extrêmement sélectifs pour le transport d'un ou de

plusieurs ions ou molécules sélectifs. Ceci est dû aux caractéristiques du canal, tels son diamètre,

sa forme et la nature des charges électriques se trouvant tout le long de ses surfaces internes. Nous

donnons comme exemple l'un des plus importants canaux protéiques qui est le canal sodique; sa

taille est de 0,3-0,5 nanomètre, mais le plus important est que sa surface interne est chargée

négativement, comme cela est illustré par des signes négatifs à l'intérieur des canaux protéiques sur

la figure 8. Ces charges négatives attirent les ions sodium vers les canaux d'une manière beaucoup

plus importante que les autres ions physiologiques, grâce à leur petit diamètre. Une fois dans le

canal, les ions sodium diffusent selon la loi normale de la diffusion, et le canal sodique est alors dit

spécifique aux ions sodium.

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D'autre part, il existe un autre type de canaux protéiques spécifiques au transport

des ions potassium, illustré dans le schéma de la figure 8. Ces canaux sont plus petits que les

canaux sodiques; ils mesurent seulement 0,3 par 0,3 nanomètre, mais ils ne sont pas chargés

négativement. Cependant, aucune force attractive ne peut éjecter les ions dans le canal, ni les attirer

vers des molécules d'eau qui les hydratent. La fo rme hydratée de l'ion potassium est

considérablement plus petite que la forme hydratée de l'ion sodium, car l'ion sodium a un nombre

d'orbites des électrons plus petit que celui de l'ion potassium qui permet au noyau de l'ion sodium

d'attirer beaucoup plus les molécules d'eau que le potassium. Par conséquent, les petits ions

potassiques hydratés peuvent passer facilement à travers ces petits canaux, alors que les ions

sodium sont généralement rejetés.

*Portes des canaux protéiques.

Les portes des canaux protéiques sont un moyen pour contrôler leur perméabilité. Ceci est

représenté sur la figure 8 pour les ions sodium et potassium. Dans le cas des canaux sodiques,

cette porte s'ouvre et se ferme de l'extérieur de la membrane cellulaire, alors que pour les canaux

potassiques, elle s'ouvre et se ferme de l'intérieur de la surface membranaire.

Ces deux processus sont contrôlés par deux paramètres:

1. Canaux dépendant du voltage. Dans ce cas, la conformation moléculaire des portes répond à

un potentiel électrique à travers la membrane cellulaire. Ainsi, quand il y a une charge négative du

côté interne de la membrane, les portes du canal sodique restent bien fermées; d'autre part, quand

l'intérieur de la membrane perd sa charge négative, ces portes s'ouvrent brusquement et permettent

à d'énormes quantités de sodium de passer vers l’intérieur jusqu’à ce que le côté cytoplasmique du

canal soit fermé. Ceci est la cause de la génération des potentiels d'action dans les nerfs qui sont

responsables du signal nerveux. Les portes potassiques s'ouvrent aussi quand l'intérieur de la

membrane cellulaire devient chargé positivement, mais cette réponse est moins rapide que celle

des portes sodiques.

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2. Fixateur du ligand. Certaines portes des canaux protéiques sont ouvertes après la fixation d'une

autre molécule à la protéine; ceci provoque un changement conformationnel de la molécule

membranaire qui ouvre ou ferme ses portes. Ceci est appelé récepteur, et la substance liée est le

ligand.

L'un des exemples de récepteur le plus important est celui de l'acétylcholine; il ouvre les portes

du canal d'environ 0,65 nanomètre de diamètre permettant à toutes les molécules et aux petits ions

de passer. Cette porte est extrêmement importante dans la transmission des signaux d'une cellule

nerveuse à une autre et des cellules nerveuses vers les cellules musculaires.

L'état d'ouverture et l'état de fermeture des portes des canaux.

La figure 9 représente une intéressante caractéristique des canaux voltage-dépendants. Elle

montre deux enregistrements du courant électrique à travers le canal sodique, en présence

d'un gradient de potentiel d'environ 25 millivolts de part et d'autre de la membrane. On

remarque que le canal conduit le courant d'après la loi de "tout ou rien". La porte du canal

s'ouvre et se ferme brusquement. Un tel événement se produit en quelques millièmes de

seconde. Ceci montre avec quelle rapidité les

changements de conformation peuvent se produire dans la molécule protéique. Pour certaines

valeurs du potentiel, le canal pourrait rester fermé tout le temps ou la majorité du temps, alors

que pour d'autres valeurs du potentiel il pourrait rester ouvert tout le temps ou la majorité du

temps.

Cependant, entre deux voltages, les portes tendent à s’ouvrir ou à se fermer comme cela est

montré dans l’enregistrement du flux moyen du courant entre maximum et minimum.

la méthode du patch-clamp pour l'enregistrement du flux du courant ionique à travers les

canaux simples.

La technique possible pour enregistrer un flux de courant ionique à travers les canaux

simples est montrée dans la figure 9 utilisant la méthode de "patch clamp" . Une micropipette

dont l’extrémité a un diamètre de 1 ou 2 micromètres est appliquée contre l'extérieur de la

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membrane cellulaire. Une succion est appliquée à l'intérieur de la pipette pour tirer un morceau

de ma membrane vers l'extrémité de la pipette. Le résultat est un « patch » à l'extrémité de la

pipette à travers laquelle un flux de courant peut être enregistré.

Comme cela est montré à droite de la figure 9, la petite membrane cellulaire patchée au bord

de la pipette peut être détachée de la cellule. La pipette avec son patch est alors trempée dans

une solution neutre, ce qui permet à la concentration des ions aussi bien à l'intérieur de la

micropipette qu'à l'extérieur dans la solution, d'être modifiée comme on le désire. De même le

potentiel de part et d'autre de la membrane peut être posé comme on le veut.

Par chance, il est possible de faire des petits patchs avec un seul canal protéique. En varia nt

les concentrations des différents ions et le potentiel à travers la membrane, on peut

déterminer les caractéristiques et ses propriétés de transport.

II-2-f La diffusion facilitée

La diffusion facilitée est aussi appelée diffusion médiée est par un transporteur

membranaire; car la substance transportée de cette façon ne peut passer à travers la

membrane qu'à l'aide d'un transporteur protéique spécifique; c’est ce dernier qui facilite la

diffusion d'une telle substance vers le côté opposé de la membrane. La diffusion facilitée

diffère de la diffusion simple à travers un canal ouvert; la vitesse de la diffusion simple à

travers un canal ouvert croît proportionnellement avec la concentration de la substance

considérée, alors que dans la diffusion facilitée, la vitesse atteint un maximum appelée « V

max » quand la concentration de la substance augmente.

Qu'est-ce qui limite la vitesse de la diffusion facilitée ? Une réponse possible est que la

molécule qui doit être transportée entre dans le canal protéiq ue et se lie alors un "récepteur"

de la protéine de transport. La molécule considérée entre dans le canal et se fixe. En une

fraction de seconde, un changement de conformation se produit dans le transporteur

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protéique, et le canal s'ouvre du côté opposé de la membrane à cause de la faible force de

fixation du récepteur. Le mouvement thermique de la molécule fixée lui permet de se détacher

et d'être libérée de l'autre côté de la membrane. Manifestement, la vitesse avec laquelle la

molécule peut être transportée par ce mécanisme ne peut jamais être plus grande que celle de

changement de conformation du transporteur protéique entre ces deux états. On conclut que ce

mécanisme permet à la molécule considérée de "diffuser" dans chaque direction à travers la

membrane.

Parmi les plus importantes substances qui traversent la membrane cellulaire par diffusion

facilitée sont: le glucose et la plupart des acides aminés.

II- 3 FACTEURS AFFECTANT LES RESULTATS DE LA DIFFUSION

Il est maintenant évident que de nombreuses substances peuvent diffuser soit à

travers la bicouche lipidique de la membrane cellulaire, soit à travers les canaux protéiques. Il

convient, toutefois, de noter que les substances qui diffusent dans une direction peuvent aussi

diffuser dans la direction opposée. D'une manière générale, ce qui est important dans la

cellule, ce n' est pas la quantité totale de la substance qui diffuse dans les deux directions,

mais la différence entre les deux, c'est-à-dire la quantité nette qui diffuse dans l'une des

deux directions.

Les facteurs qui affectent celle-ci sont (1) la perméabilité de la membrane, (2) la différence

de concentration des substances qui diffusent de part et d' autre de la membrane, (3) la

différence de pression de part et d'autre de la membrane, et (4) la différence du potentiel

électrique de part et d'autre de la membrane.

Effet de la différence de concentration.

La figure 10 A représente une membrane cellulaire; à l'extérieur se trouve une

substance à concentration élevée (Ce), à l'intérieur la même substance à concentration faible

(Ci). Le débit de la diffusion de la substance vers l'intérieur est proportionnel à la

concentration des molécules à l’ extérieur; le nombre de molécules heurtant le pore par


18
seconde est fonction de la concentration. Le débit de diffusion des molécules vers l'extérieur

est pour sa part proportionnel à leur concentration à l'intérieur de la membrane. Le débit net

de diffusion est évidemment proportionnel à la différence de concentration entre l'

extérieur et l'intérieur , et l'on peut écrire:

Diffusion nette = D ( Ce -Ci )

Dans cette équation, Ce représente la concentration à l'extérieur; Ci représente la

concentration à l'intérieur et D le coefficient de diffusion de la membrane pour une

substance donnée.

Effet d'une différence de potentiel électrique sur la diffusion des ions.

Si l'on applique à la membrane un potentiel électrique, comme le représente la figure

10B, les ions, par suite de leur charge électrique, se déplacent à travers la membrane, bien

qu'il n'existe pas de différence de concentration capable de déterminer leur mouvement.

Ainsi dans la partie gauche de la figure , les concentrations des ions négatifs sont

exactement identiques de part et d'autre de la membrane, mais une charge positive a été

appliquée du côté droit de la membrane et une charge négative du côté gauche de la même

membrane, ce qui détermine un gradient électrique de part et d'autre de cette membrane. Les

charges positives attirent les ions négatifs alors que les charges négatives les repoussent.

Dans ces conditions, une diffusion nette se produit de la gauche vers la droite. Après un

certain délai, une grande quantité d'ions négatifs sont déplacés vers la droite (si nous

négligeons pour le moment l' effet de perturbation des ions positifs de la solution),

aboutissant ainsi à la situation représentée sur la partie droite de la figure, dans laquelle une

différence de concentration des mêmes ions est apparue dans la direction opposée à la

différence de potentiel électrique. Bien entendu, la différence de concentration tend à faire

déplacer les ions vers la gauche, alors que la différence électrique tend à les faire déplacer

19
vers la droite. Quand la différence de concentration atteint un niveau assez élevé, les deux

effets s' équilibrent exactement.

A la température corporelle normale (37°C), la différence électrique qui équilibre exactement

une différence de concentration donnée d'ions univalents peut être déterminée à partir de la

formule suivante (équation de Nernst):

FEM (en millivolts) = ± 61 log Ci /Ce

Dans cette formule, FEM représente la force électromotrice (voltage) entre les côtés ext et

int de la membrane. La polarité nécessaire est positive pour les ions négatifs, et négative pour

les ions positifs. Cette relation est extrêmement importante pour la compréhension de la

transmission de l'influx nerveux.

II- 4 TRANSPORT ACTIF

* Généralités

D'après ce que nous avons vu jusqu'à présent, il est évident qu'aucune substance n'est

capable de diffuser contre un gradient de concentration qui est la somme de toutes les forces

de diffusion qui s'appliquent sur la membrane, les forces induites par la différence de

concentration, la différence du potentiel, et la différence de pression. Comme on le dit

souvent, une substance ne peut "remonter le courant".

Néanmoins, une grande concentration d'une substance est exigée dans le liquide intracellulaire

bien que le liquide extracellulaire contienne seulement une faible concentration; ceci est vrai,

par exemple, pour les ions potassium. Inversement, il est important de garder les

concentrations d'autres ions très basses à l'intérieur de la cellule, bien que leurs concentrations

dans le liquide extracellulaire soient très grandes. Ceci est spécialement vrai pour les ions

sodium. Manifestement, aucun de ces 2 effets ne pourrait se produire par le processus de la


20
diffusion simple, qui tend toujours à équilibrer les concentrations de part et d'autre de la

membrane; d'autre part une partie de la source d'énergie doit provoquer le flux des ions

potassium « en remontant le courant » vers l'intérieur des cellules et le flux des ions sodium

aussi « en remontant le courant », mais cette fois-ci vers l'extérieur de la cellule. Quand la

membrane cellulaire déplace les molécules ou les ions ou « remonte le courant » contre un

gradient de concentration (ou contre un gradient électrique ou un gradient de pression), le

processus est appelé transport actif .

Les différentes substances qui sont activement transportées à travers la membrane

cellulaire sont les ions sodium, potassium, calcium, fer, hydrogène, chlore, l'iode, l'urée,

plusieurs sucres et la plupart des acides aminés.

*Transport actif primaire et secondaire.

Le transport actif est divisé en deux types selon la source d'énergie utilisée; ceux-ci sont

appelés transport actif primaire et transport actif secondaire. Dans le transport actif

primaire, l'énergie est dérivée directement de l'hydrolyse de l'ATP ou de quelques autres

composants phosphorylés à haute énergie. Dans le transport actif secondaire, l'énergie est

dérivée secondairement des gradients de concentration ionique qui ont été créés pendant

la première étape par le transport actif primaire. Dans les deux cas, le transport dépend des

transporteurs protéiques qui pénètrent à le travers la membrane de la même façon que pour la

diffusion facilitée. Cependant, dans le transport actif, les transporteurs protéiques fonctionnent

différemment à la diffusion facilitée, par leur capacité de fournir l'énergie nécessaire au

déplacement de la substance considérée contre un gradient électrochimique .

*Transport actif primaire -La pompe sodium- potassium "

Parmi les substances transportées par le transport actif primaire, on

distingue: le sodium, le potassium, le calcium, l'hydrogène, le chlore, et quelques autres

21
ions. Cependant, toutes ces substances ne sont pas transportées par les membranes de

toutes les cellules. Certaines pompes fonctionnent au niveau des membranes intracellulaires

plutôt qu'au niveau (ou en plus) de la surface de la membrane cellulaire, tel qu'au niveau de la

membrane du réticulum sarcoplasmique ou sur l'une des deux membranes mitochondriales, et

elles ont le même mécanisme fondamental de fonctionnement.

Le mécanisme de transport actif a été étudié en détail au niveau de la pompe Na+-K+; cette

dernière fonctionne de façon à pomper les ions sodium vers l'extérieur de la membrane

cellulaire et en même temps à pomper les ions potassium de l'extérieur vers l'intérieur de

la cellule. Cette pompe se trouve dans toutes les cellules du corps et consiste à maintenir les

différentes concentrations sodique et potassique de part et d'autre de la membrane et d’établir

un potentiel électrique négatif à l'intérieur des cellules;

En fait, cette pompe est la base du fonctionnement nerveux pour transmettre le signal dans

tout le système nerveux. La figure 11 présente les composantes fondamentales de la pompe

Na+-K+; le transporteur membranaire est composé de deux protéines globulaires séparées.

L’ une, plus grande avec un poids moléculaire de 100000, et l’autre plus petite avec un poids

moléculaire de 55 000. La fonction de cette dernière est inconnue; la grande unité protéique a

trois importantes caractéristiques pour le fonctionnement de la pompe :

Elle a trois sites de fixation pour les ions sodium dans la partie intracellulaire

de la protéine.

Elle a deux sites de fixation pour le potassium sur la partie extracellulaire de

la protéine.

Dans la partie intracellulaire de la protéine, il existe un site d'activité ATPasique

qui est situé à côté des sites de fixation du sodium.

Le fonctionnement de la pompe se déroule de la façon suivante: quand les trois ions sodium se

fixent sur leurs sites dans la partie intracellulaire de la protéine et les deux ions potassium se

fixent sur leurs sites dans la partie extracellulaire de la protéine, la fonction de l'activité

22
ATPasique devient active; celle-ci hydrolyse une molécule d' ATP en donnant une molécule d'

ADP et libérant une molécule de phosphate inorganique accompagnée d'une forte quantité

d'énergie; cette dernière permet alors le changement conformationnel de la protéine de

transport qui expulse les ions sodium vers l'extérieur de la membrane et les ions potassium

vers l'intérieur de la cellule. Malheureusement, le mécanisme précis du changement

conformatio nnel de la protéine de transport est inconnu.

La nature électrogénique de la pompe Na+.K+.

Le fait que la pompe Na+-K+ déplace trois ions sodium vers l'extérieur de la cellule et

deux ions potassium vers l'intérieur signifie qu'une charge positive est déplacée de

l'intérieur vers l'extérieur de la cellule pour chaque fonctionnement de la pompe .

Ceci rend évidemment l'extérieur de la cellule positif, mais provoque un déficit des ions

positifs à l'intérieur de la cellule, donc rend celui- ci négatif; par conséquent, la pompe

Na/K est dite électrogénique car elle crée un potentiel électrique de part et d ' autre

de la membrane cellulaire.

*La pompe calcique

Un autre mécanisme important de transport actif primaire est la pompe calcique.

Les ions calcium sont normalement maintenus en très faible concentration dans le

cytoplasme intracellulaire ; à une concentration qui est 10 000 fois plus petite que dans le

liquide extracellulaire, celle-ci est assurée par deux pompes à calcium, l'une dans la

membrane, et l' autre à l' extérieur de la cellule. Il existe d'autres pompes calciques qui se

trouvent à l'intérieur d'une ou de plusieurs vésicules organiques de la cellule, tel le

réticulum sarcoplasmique des cellules musculaires, et à l'intérieur des mitochondries dans

toutes les cellules. Dans les deux cas, le transporteur protéique membranaire traverse la

membrane d'un côté à l'autre et aussi fonctionne comme une ATPase; puisqu'il a la

23
capacité d'hydrolyser l' ATP comme le transporteur protéique sodium-ATPase, la

différence entre les deux est que cette protéine a un site de fixation du calcium au lieu du

sodium.

*Transport actif secondaire -Le cotransport et le contre -transport

Quand les ions sodium sont transportés vers l'extérieur des cellules par le transport

actif primaire, un grand gradient de concentration de sodium se développe -une forte

concentration dans le milieu extracellulaire, et une faible concentration dans le milieu

intracellulaire. Ce gradient représente une réserve d ' énergie car un excès des io ns

sodium à l'extérieur de la membrane est toujours prêt à diffuser vers l'intérieur. Dans les

conditions appropriées, l'énergie de cette diffusion pourra servir pour le transport

d'autres substances avec le sodium à travers la membrane cellulaire. Ce phénomène

est appelé cotransport, qui est l'une des formes du transport actif secondaire.

Il faut alors un autre mécanisme pour que le sodium transporte avec lui une autre

substance; ceci est réalisé en immobilisant un autre transporteur protéique membranaire qui

servira dans ce cas comme site de fixation de l'ion sodium et de la substance à

cotransporter. Dès que les deux sont fixés, le changement de conformation de la protéine

s'établit et le gradient d'énergie de l'ion sodium entraîne le transport simultané des deux,

ensemble, vers l'intérieur de la cellule.

En ce qui concerne le contre-transport, les ions sodium sont de nouveau prêts à diffuser

vers l' intérieur de la cellule à cause de leur fort gradient de concentration. Cependant, une

fois que la substance à transporter se trouve à l'intérieur de la cellule, elle doit être

transportée vers l'extérieur de la cellule. Par conséquent, l'ion sodium se fixe sur son site

situé sur la partie extracellulaire du transporteur protéique, quand la substance à contre-

transporter se fixe sur sa partie intracellulaire. Dès que les deux sont fixés, le changement

conformationnel s'effectue de nouveau, et l'énergie fournie par le mouvement de l'ion

24
sodium de l'extérieur vers l'intérieur provoque le déplacement de la substance considérée

de l'intérieur de la cellule vers l'extérieur.

*Cotransport du sodium avec le glucose et les acides aminés.

Le glucose et la plupart des acides aminés sont transportés à l'intérieur de

beaucoup de cellules contre de forts gradients de concentration; ce transport s'effectue

par le mécanisme du cotransport représenté dans la figure 12 on remarque que le

transporteur protéique membranaire a deux sites de fixation sur son côté extérieur, l'un

pour la fixation du sodium et l'autre pour la fixation du glucose. En plus, la concentration

du sodium est très élevée à l'extérieur de la cellule et très basse à l'intérieur, ce qui fournit

l'énergie nécessaire pour le transport. La propriété spécifique du transporteur protéique est

que le changement conformationnel permettant le déplacement de l'ion sodium vers

l'intérieur de la cellule ne s'effectue que lorsque la molécule du glucose est fixée.

Cependant, lorsque les deux sont fixés, le changement conformationnel se produit

automatiquement; l'ion sodium et le glucose sont alors transportés vers l'intérieur de la

cellule d'où le mécanisme du cotransport sodium- glucose.

Le cotransport sodium-acide aminés se produit de la même façon que pour le glucose, mis

à part le fait qu'il utilise un autre transporteur protéique.

Deux autres mécanismes importants du cotransport: (I) le cotransport sodium-

potassium-deux chlore , permettant le transport de deux ions chlore à l'intérieur de la

cellule contre un ion sodium et un ion potassium; tous ces ions se déplacent dans la même

direction. (2) Le cotransport potassium-chlore qui permet le transport simultané de l'ion

chlore et de l'ion potassium ensemble de l'intérieur vers l'extérieur de la cellule. Il existe

d'autres mécanismes du cotransport qui se trouvent dans que lques cellules, tels que le

cotransport d'iode, de fer et d'urée.

25
III POTENTIELS DE MEMBRANES ET

POTENTIELS D’ACTION

Des potentiels électriques traversent les membranes de pratiquement toutes

les cellules du corps et certaines d'entre elles, comme les cellules des nerfs et des

muscles, sont "excitables", c'est-à-dire capables de transmettre des impulsions

électrochimiques dans leurs membranes. Dans d'autres types de cellules, comme les

cellules glandulaires, les macrophages et les cellules ciliées, des changements dans les

potentiels de membrane jouent probablement un rôle important dans le contrôle d'un grand

nombre de leurs fonctions. Nous étudierons ici les potentiels de membrane produits au

repos et durant l' action par les cellules des nerfs.

III-1 LES POTENTIELS DE MEMBRANE

III-1-a) LES POTENTIELS MEMBRANAIRES CAUSES PAR LA DIFFUSION

La figure 13 montrent la fibre nerveuse en absence du transport actif des ions sodium et des

ions potassium. Dans la figure 13 à gauche, la concentration du potassium est très élevée à

l'intérieur de la membrane et très faible à l'extérieur. Nous supposons que la membrane dans

cet exemple est très perméable aux ions potassium et ne l'est pas pour les autres ions. En

raison d'un gradient de forte concentration de potassium de l' intérieur vers l'extérieur, il y

aune forte tendance des ions potassium à diffuser vers l'extérieur de la cellule. Ils font

passer alors les charges positives vers l'extérieur de la cellule, en y créant ainsi un état

d'élèctropositivité et un état d'électronégativité sur sa surface interne à cause des anions qui

26
restent dans la cellule et qui ne peuvent pas diffuser à l'extérieur avec le potassium. Cette

nouvelle différence de potentiel repousse ces ions chargés positivement dans une directio n

opposée, de l'extérieur vers l' intérieur. En moins d'une milliseconde environ, le

changement du potentiel devient assez grand (-94 mV) pour bloquer davantage la diffusion

nette des ions potassium vers l'extérieur, malgré le fort gradient de concentration du

potassium. Dans la fibre nerveuse des mammifères, la différence du potentiel atteinte est

d'environ 94 millivolts avec une négativité à l'intérieur de la membrane de la fibre.

La figure 13 de droite montre le même phénomène, mais cette fois-ci avec une forte

concentration d'ions sodium à l'extérieur de la membrane et me faible concentration à

l'intérieur. Les ions sont chargés positivement et dans ce cas la membrane est fortement

perméable aux ions sodium, et totalement imperméable aux autres ions. La diffusion des

ions sodium à l'intérieur crée un potentiel membranaire à polarité opposée, avec une

négativité à l'extérieur et une positivité à l'intérieur. De nouveau, le potentiel de membrane

s ' élève en quelques millisecondes pour bloquer davantage la diffusion nette des ions

sodium à l'intérieur pour la fibre nerveuse des mammifères, le potentiel est d'environ 61

millivolts millivolts une positivité à l'intérieur de la fibre.

Ainsi, dans chaque partie de la figure 13, nous remarquons qu'une différence de

concentration des ions à travers une membrane sélectivement perméable peut, dans les

conditions adéquates, provoquer la création d'un potentiel membranaire. Nous verrons que

la plupart des changements rapides des potentiels de membrane observés au cours de la

transmission d'une impulsion nerveuse résultent d'un changement rapide des potentiels de

diffusion de cette nature.

III-1-b) Rapport du potentiel de diffusion à la différence le concentration -Equation

de Nernst.

27
Une différence le potentiel due à une différence de concentration de part et d'autre

d'une membrane, qui pourrait empêcher la diffusion nette d'un ion dans chaque direction à

travers la membrane, est appelée potentiel de Nernst de cet ion. Plus le rapport est

important, plus la tendanc e des ions à diffuser dans une direction est importante et donc

plus le potentiel de Nernst est important. L' équation suivante, appelée équation de Nernst,

peut être utilisée pour calculer le potentiel de Nernst pour chaque ion univalent à la

température normale du corps de 37 °C:

FEM (en millivolts) = ± 61 log Conc. interne


Conc. externe

En utilisant cette formule, il convient de supposer que le potentiel à l' extérieur de la

membrane reste toujours nul, et le potentiel de Nernst qui a été calculé est celui de

l'intérieur de la membrane. Le signe du potentiel est positif quand l'ion considéré est

négatif et il est négatif quand ce dernier est positif.

lorsque la concentration des ions du côté interne de la membrane est dix fois plus

importante que de l'autre côté, le log de 10 est égal à 1 et le potentiel de Nernst est de 61

millivolts à l'intérieur de la membrane.

Calcul du potentiel de membrane lorsque cette dernière est perméable à

plusieurs ions différents

Lorsqu'une membrane est perméable à plusieurs ions différents, le potentiel de diffusion

qui se développera dépend de trois facteurs: (1) la polarité de la charge électrique de

chaque ion. (2) la perméabilité de la membrane (P), et (3) la concentration (C) des ions

de chaque côté de la membrane à l'intérieur (i) et à l'extérieur (e). Par conséquent, la

formule suivante, appelée équation de Goldman, donne le potentiel calculé à l’intérieur de

la membrane quand deux ions univalents sodium et potassium positifs et un ion univalent

négatif, le chlore, sont en cause.

28
FEM (millivolts) = -61 .log CNai + PNa+ + C Ki+ PK + Ccle - PCl-

CNae + PNa+ + C Ke+ PK + Ccli - PCl-

Premièrement, nous pourrons étudier l' importance et la signification de cette équation; les

ions sodium, potassium et chlore sont les plus impliqués dans le développement des

potentiels membranaires dans les fibres nerveuses, musculaires ainsi que dans les

cellules neuronales. Dans le système nerveux central, le gradient de concentration de

chacun de ces ions, de chaque côté de la membrane, permet la détermination du niveau du

potentiel membranaire.

Deuxièmement, le degré d'importance de chacun de ces ions dans la détermination du

voltage est proportionnel à la perméabilité de la membrane pour chacun d'eux; donc, si la

membrane est imperméable aux ions potassium et aux ions chlore, le potentiel membranaire

devient entièrement dominé par le gradient de concentration des ions sodium seuls, et le

potentiel résultant pourrait être exactement égal au potentiel de Nernst du sodium. Le même

principe est applicable pour chacun des deux autres ions, à condition que la membrane

devienne sélectivement perméable pour chacun d'eux.

Troisièmement, le gradient de concentration d'un ion positif entre l'intérieur et l'extérieur

de la membrane provoque une électronégativité à l'intérieur de celle-ci. La raison en est que

les ions positifs diffusent à l'extérieur quand leur concentration est plus forte à l'intérieur

qu'à l'extérieur. Ceci conduit les charges positives vers l'extérieur mais laisse les anions

négatifs non diffusibles à l'intérieur. De même, l'effet opposé se produit lorsqu'il y a un

gradient d'ion négatif, c'est-à-dire un gradient d'ion chlore de l'extérieur vers l'intérieur, qui

provoque une négativité à l'intérieur de la cellule, car les ions chlore chargés négativement

diffusent vers l'intérieur alors que les ions positifs sont laissés à l'extérieur.

Quatrièmement, nous verrons ensuite que les perméabilités des canaux sodiques et

potassiques subissent des changements très rapides durant la conduction de l'impulsion

nerveuse, alors que la perméabilité des canaux chlore ne change pas fortement durant ce

29
processus; par conséquent, les changements de perméabilité du sodium et du potassium sont

les premiers responsables de la transmission du signal dans les nerfs.

III-1-c) MESURE DU POTENTIEL MEMBRANAIRE (figure 14)

La méthode de la mesure du potentiel membranaire est simple en théorie, mais très

difficile en pratique à cause de la petite taille de la plupart des fibres. La figure 14

représente une petite pipette remplie d'une solution d'électrolyte (KCl) qui est introduite

dans la fibre. Une autre électrode, appelée "électrode indifférente", est alors placée dans le

liquide interstitiel et la différence de potentiel entre l'intérieur et l'extérieur de la fibre est

mesurée en utilisant un voltmètre adéquat. C'est un appareil très sophistiqué qui est capable

de mesurer de faibles potentiels malgré la forte résistance du courant électrique à travers

l’extrémité de la micropipette qui a un diamètre généralement d'un micromètre et une

résistance de l’ordre du tétra-ohms. Pour enregistrer des changements rapides dans le

potentiel membranaire durant la transmission des impulsions nerveuses, la micro électrode

est connectée à un oscilloscope, comme cela sera expliqué à la fin du chapitre.

III-1-d) LA MEMBRANE ELECTRIQUE EN TANT QUE CONDENSATEUR

ELECTRIQUE

Il a été montré que les charges ioniques positives et négatives qui provoquent le

potentiel membranaire sont alignées contre la membrane, et nous n'avons pas parlé de

l'arrangement des charges ailleurs dans les liquides. Cependant la figure 15 représente ceci

en montrant que partout, sauf là où elles sont adjacentes à la surface de la membrane

cellulaire, les charges négatives et positives sont exactement en nombre égal. Ceci est

appelé le principe de la neutralité électrique. Pour tout ion positif, il existe un ion négatif

qui le neutralise; autrement dit, les potentiels électriques de quelques tétravolts pourront

apparaître à l'intérieur des fluides.

30
Une fois que les charges positives sont pompées vers l'extérieur de la membrane, elles

s'alignent le long de la membrane externe, tandis que les anions s'alignent de la même

façon à l' intérieur. Ceci crée une couche bipolaire de charges négatives et positives,

respectivement entre l'intérieur et l'extérieur de la membrane, et le nombre égal des charges

positives et négatives, reste constant partout dans les liquides. Cet effet est le mê me que

celui qui se produit quand les plaques d'un condensateur électrique deviennent chargées, et

les charges positives et négatives s'alignent sur les deux côtés opposés d'une membrane

diélectrique d'un condensateur. Par conséquent, la bicouche lipidique de la membrane

cellulaire fonctionne réellement comme le diélectrique d'un condensateur d'une membrane

cellulaire, tout autant que le mica, le papier et le Mylar fonctionnent comme des

diélectriques dans des condensateurs électriques.

La partie inférieure de la figure 15, montre que chaque point du potentiel électrique

pourrait être enregistré à l'intérieur ou à l'extérieur de la membrane de la fibre nerveuse

commençant du côté gauche de la figure et passant à son côté droit; le potentiel enregistré

est égal à zéro aussi longtemps que l' électrode est à l'extérieur de cette membrane; c'est le

potentiel du liquide extracellulaire, alors que lorsque l' électrode traverse la couche

bipolaire le potentiel décroît immédiatement et devient égal à -90 mV. Le potentiel reste

stable tant que l'électrode est à l'intérieur de la fibre et revient à sa valeur initiale à l'instant

où cette dernière quitte la fibre.

Le fait que la membrane nerveuse fonctionne comme un condensateur est spécialement

important et significatif pour créer un potentiel négatif à l'intérieur de la membrane, seuls

les ions positifs doivent être transportés vers l'extérieur pour développer un dipôle

électrique au niveau de la membrane. Tous les ions qui restent à l'intérieur de la fibre

nerveuse peuvent être des ions soit positifs soit négatifs, cependant un petit nombre d'ions

nécessite d'être transféré à travers la membrane pour établir un potentiel normal de 90 mV

à l'intérieur de la fibre. Seulement environ 1/5 000 000 à l/100 000 000 des charges

31
positives totales à l'intérieur de la fibre devront être transférées. Ainsi, un petit nombre

d'ions positifs se déplaçant de l'extérieur vers l'intérieur de la fibre peut inverser le potentiel

de –90 mV à +35 mV à l'intérieur pendant une durée de moins de 1/10 000 de seconde. Ce

déplacement rapide des ions provoque des signaux nerveux que nous discuterons

ultérieurement.

III-2 LE POTENTIEL DE REPOS DE LA MEMBRANE DES NERFS

Le potentiel membranaire des grosses fibres nerveuses au repos est d'environ -90mV.

C'est le potentiel à l’intérieur de la fibre. Nous expliquerons tous les facteurs qui

déterminent le niveau de ce potentiel,

les propriétés de transport de la membrane nerveuse au repos.

Transport actif des ions sodium et potassium à travers la membrane -La pompe à

sodium et à potassium.

Nous avons vu que toutes les membranes cellulaires du corps ont une pompe à sodium et à

potassium, le sodium étant pompé à l' extérieur de la fibre et le potassium à l'intérieur. I1

s'agit d'une pompe électrogénique, car les charges positives sont pompées plus à

l'extérieur qu'à l'intérieur (trois ions sodium à l'extérieur contre deux ions potassium

à l'intérieur) en y laissant ainsi un déficit net d'ions positifs, c'est-à-dire une négativité;

cette pompe provoque aussi des gradients de concentration des ions sodium et potassium de

part et d'autre de la membrane nerveuse. Ces gradients de concentration sont les suivants:

Na+(externe): 142 mEq/l Na+(interne): 14 mEq/l

K+ (externe): 4 mEq/l K+ (interne): 140 mEq/l

32
Les rapports de ces deux ions respectifs de l'intérieur vers l'extérieur sont:

Na+ interne/ Na+ externe = 0.1

K+ interne/ K+ externe = 35.0

La fuite du potassium et ou sodium à travers la membrane nerveuse.

La partie droite de la figure 16 représente un canal protéique dans la membrane cellulaire à

travers lequel les ions potassium et sodium peuvent passer librement, qui est appelé canal

de fuite sodium-potassium. Il existe actuellement de nombreuses protéines de ce type avec

des caractéristiques différentes, cependant, ce qui est remarquable est la fuite du potassium

car en général ces canaux sont cent fois plus perméables aux ions potassium qu'aux ions

sodium. Cette différence de perméabilité est excessivement importante dans la

détermination du niveau de potentiel de repos de la membrane.

ORIGINE DU POTENTIEL DE REPOS DE LA MEMBRANE

La figure 17 représente les facteurs importants impliqués dans l'établissement du potentiel

de repos de la membrane de -90 mV. Ces facteurs sont les suivants :

Contribut ion du potentiel de diffusion de potassium.

Dans la figure 17A, l'hypothèse est que le seul mouvement des ions à travers la membrane

est la diffusion des ions potassium, qui est représentée par l'ouverture des canaux entre le

potassium interne et externe. A cause du gradient potassique de l'intérieur vers l'extérieur

qui est de 35 à 1, le potentiel de Nernst correspondant à ce rapport est de -94 mV, le

logarithme de 35 étant égal à 1,54, et donc, dans ce cas, la différence du potentiel est de -94

mV au lieu de -64 mV. Par conséquent, si les ions potassium sont les seuls facteurs qui

provoquent le potentiel de repos, ce dernier pourrait aussi être égal à -94 mV, comme

indiqué dans la figure (61 log 35 = 93.94)

33
Contribution de la diffusion des ions sodium à travers la membrane nerveuse.

La figure 17B, représente l'addition de la faible perméabilité de la membrane nerveuse aux

ions sodium causée par une petite diffusion de ces derniers à travers les canaux K+-Na+. Le

rapport des ions sodium de l'intérieur vers l' extérieur de la membrane est de 0,1, et celui-ci

donne un potentiel de Nernst de +61 mV calculé à l'intérieur de la membrane (61 log 0,1); il

est montré également dans la figure 17B que le potentiel de Nernst de la diffusion du

potassium est de -94 mV. Comment ceux-ci interagissent- ils entre eux et qui sera le

stimulateur de potentiel? Nous pouvons répondre à cette question par l'utilisation de

l'équation de Goldman décrite précédemment; cependant nous remarquons que la

membrane est fortement perméable aux ions potassium, mais qu' elle l' est faiblement aux

ions sodium- Il est normal que la diffusion du potassium contribue beaucoup plus au

potentiel membranaire que la diffusion des ions sodium.

Dans la fibre nerveuse, la perméabilité de la membrane aux ions potassium est d'environ

95,5 fois plus importante que celle aux ions sodium. Si on utilise cette valeur dans

l'équation de Goldman, on obtient un potentiel membranaire interne de: -86 mV comme

indiqué à droite de la figure.

Contribution de la po mpe Na+.K+.

Finalement, dans la figure 17C, une contribution additionnelle de la pompe Na+-K+ est

représentée. Dans cette figure on voit un pompage continu de trois ions sodium à

l'extérieur et de deux ions potassium à l'intérieur de la membrane. Les ions sodium sont

davantage pompés à l'extérieur que les ions potassium le sont à l'intérieur, ce qui crée un

degré de négativité (d'environ -4 mV en plus) à l'intérieur plus élevé que celui qui ne

pourra être expliqué que par la diffusion seule. Par conséquent, comme cela est illustré dans

la figure 17C, le potentiel membranaire net, avec tous ces facteurs compris, est de -90 mV.

34
En résumé, seuls les potentiels de diffusion, causés par la diffusion de sodium et de

potassium donneront un potentiel membranaire approximatif de -86 mV. La plupart de

ceux-ci sont déterminés par la diffusion du potassium; alors, seulement un supplément de -4

mV est ajouté au potentiel membranaire par la pompe électrogénique Na+-K+, donnant

ainsi un potentiel membranaire de repos net de -90 mV. Le potentiel de repos de la

membrane dans les grandes fibres du muscle squelettique est approximativement le même

que celui dans les fibres nerveuses, c'est-à-dire de -90 mV; cependant, dans chaque petite

fibre nerveuse et musculaire, telle que le muscle lisse et de nombreux neurones du système

nerveux central, les potentiels membranaires sont souvent aussi petits que -40 mV à -60

mV, au lieu de -90 mV.

III- 3 LE POTENTIEL D'ACTION NERVEUX

Les signaux nerveux sont transmis par les potentiels d'action qui sont des

changements rapides des potentiels membranaires. Chaque potentiel d'action débute par

un changement de potentiel normal de repos négatif à un potentiel membranaire positif

suivi immédiatement après par le retour rapide à sa valeur normale de repos. Pour conduire

le signal nerveux, le potentiel d'action se déplace le long de la fibre nerveuse. Le haut de la

figure 18 montre les variations qui se produisent au niveau de la membrane durant le

potentiel d'action avec un transfert de charges positives à l'intérieur de la fibre et leur retour

vers l'extérieur. En bas de la figure, on voit des changements successifs dans le potentiel

membranaire qui se produisent pendant des 10 000èmes de seconde, montrant le

déclenchement rapide du potentiel d'action ainsi que son retour au potentiel initial.

Les étapes successives du potentiel d'action sont les suivantes:

35
Phase de repos .

C'est le potentiel de repos de la membrane avant que le potentiel d'action ne se déclenche,

on dit alors que la membrane est "polarisée", à cause du potentiel membranaire négatif.

Phase de dépolarisation.

Dans ce cas, la membrane devient brusquement très perméable aux ions sodium, permettant

ainsi au petit nombre de ions sodium de passer vers l'intérieur de l'axone. L'état "polarisé"

de -90 mV est perdu quand le potentiel augmente rapidement en un sens positif; cet état est

appelé dépolarisation. Dans les grosses fibres nerveuses, le potentiel membranaire

"dépasse" le zéro et devient un peu plus positif, mais dans certaines petites fibres ainsi que

dans les neurones du système nerveux central, le potentiel rapproche du niveau zéro mais

ne le dépasse pas.

Phase de repolarisation.

En quelques 10 000èmes de seconde, la membrane devient fortement imperméable aux ions

sodium, les canaux sodiques commencent à se fermer et les canaux potassiques s'ouvrent

plus que normalement. Alors, la diffusion rapide des ions potassium vers l'extérieur recrée

un potentiel de repos membranaire négatif. C'est la repolarisation de la membrane.

Pour bien expliquer les facteurs qui provoquent ces deux processus de dépolarisation et

repolarisation, nous sommes obligés de décrire les caractéristiques des deux autres types de

canaux de transport à travers la membrane nerveuse: les canaux sodiques et potassiques

dépendant du voltage.

LES CANAUX SODIQUES ET POTASSIQUES DEPENDANT DU VOLTAGE

Le principal facteur nécessaire pour le développement de la dépolarisation ou la

repolarisation de la membrane nerveuse durant le potentiel d'action est le canal sodique

voltage-dépendant Le canal potassique voltage dépendant joue également un rôle

important dans l'augmentation de la rapidité de la repolarisation de la membrane. En plus de

36
ces deux canaux dépendant du voltage, la pompe Na+- K+ et les canaux de fuite Na+-K+

participent également au déclenchement de ce phénomène.

Le canal sodique dépendant du voltage- "Activation" et "inactivation" du canal

Le haut de la figure 19 illustre le canal sodique voltage dépendant dans trois états différents.

Ce canal a deux portes, une du côté externe appelée porte d'activation et une autre du côté

interne appelée porte d'inactivation. A gauche, la figure montre l' état de ces deux portes

dans une membrane normale au repos, quand le potentiel membranaire est de -90 mV. Dans

cet état, la porte d'activation est fermée, ce qui empêche l'entrée des ions sodium vers

l'intérieur de la fibre à travers ces canaux. D'autre part, la porte d'inactivation est ouverte et

ne doit pas à ce moment former une barrière pour le mouvement des ions sodium.

Activation du canal sodique.

Quand le potentiel membranaire devient moins négatif que durant l' état de repos, c'est-à-

dire passant de -90 mV à zéro, il atteint finalement un niveau de potentiel compris entre -70

mV et -50 mV, ce qui provoque brusquement un changement conformationnel de la porte

d'activation en la balançant vers la position d'ouverture. Ceci est appelé l'état activé durant

lequel les ions sodium peuvent passer à l'intérieur à travers le canal en augmentant la

perméabilité de la membrane aux ions sodium d'environ 500 à 5 000 fois.

Inactivation du canal sodique.

En haut et à droite, la figure 19, montre un troisième état du canal sodique. Le même

accroissement du voltage qui ouvre la porte d'activation et ferme la porte d'inactivation.

Cependant, la fermeture de la porte d'inactivation se produit en quelques 10 000èmes de

seconde après l'ouverture de la porte d'activation. Le changement conformationnel qui

permet à la porte d'inactivation de virer vers l'état de fermeture est un processus lent, tandis

que celui qui ouvre la porte d'activation est un processus rapide. Par conséquent, après

l'ouverture du canal sodique pendant quelques 10 000ème de seconde, il se ferme; et les

37
ions sodium ne peuvent pas passer à l'intérieur de la membrane. A ce niveau, le potentiel

membranaire retourne à l'état de repos membranaire qui est la repolarisation.

Une caractéristique très importante pour le processus d'inactivation du canal sodique

est que la porte d'inactivation ne pourra s'ouvrir que lorsque le potentiel membranaire

devient égal au potentiel de repos. Par conséquent, les canaux sodiques ne peuvent s'ouvrir

avant que la fibre nerveuse ne soit re polarisée.

Les canaux potassiques dépendant du voltage et leur activation

Le bas de la figure 19 montre deux états séparés du canal potassique dépendant du voltage:

durant l'état de repos et à la fin du potentiel d'action. Durant l'état de repos, la porte du canal

potassique est fermée comme cela est indiqué sur la partie gauche de la figure et les ions

potassium sont bloqués à l'intérieur. Quand le potentiel de membrane augmente de –90 mV

à zéro, ce changement de potentiel provoque une lente ouverture conformationnelle de la

porte et permet la diffusion des ions potassium vers l'extérieur à travers le canal.

Cependant, à cause de l'ouverture lente des canaux potassiques, ces derniers s'ouvrent

principalement juste au moment où les canaux sodiques commencent à s'inactiver. Donc

l'entrée réduite du sodium dans la cellule et l'accroissement simultané de la sortie du

potassium accélèrent le processus de repolarisation, conduisant en quelques 10 000èmes de

seconde au potentiel membranaire de repos.

Méthode pour mesurer l'effet de potentiel pendant l'ouverture et la

fermeture des canaux dépendant du voltage -Le "voltage clampé".

L'étude du potentiel qui mène à la compréhension des canaux sodiques et potassiques est

tellement ingénieuse qu'elle a conduit les responsables scientifiques au prix Nobel: Hodgkin

et Huxley en 1963. L'essentiel de cette étude est illustré dans la figure 20.

La figure 20 illustre une technique expérimentale appelée "clamper le voltage" qui est

utilisée pour mesurer le passage des ions à travers les différents canaux. En utilisant cette

38
technique, deux électrodes sont introduit es dans la fibre nerveuse l'une pour mesurer le

potentiel membranaire, l'autre pour injecter un courant électrique à l'intérieur ou à

l'extérieur de la fibre nerveuse. Cette technique est utilisée comme suit: l'investiga teur

décide quel voltage il désire établir à l'intérieur de la fibre nerveuse. Il ou elle ajuste la

portion électrique de l' appareil au voltage désiré en injectant automatiquement un courant

électrique négatif ou positif à travers l'électrode au moment où la vitesse est suffisante pour

maintenir le voltage ainsi mesuré par l'électrode à ce niveau; par exemple, quand le

potentiel membranaire est brusquement augmenté par ce voltage clampé de -90 mV à zéro,

les canaux sodiques et potassiques voltage- dépendants s'ouvrent et les ions sodium et

potassium commencent à passer à travers les canaux. Pour contrebalancer l'effet des

mouvements d'ions à un potentiel déterminé, le courant électrique est injecté

automatiquement à travers l'électrode du courant du voltage clamp pour maintenir le

voltage intracellulaire au niveau zéro. Pour obtenir ceci, le courant injecté doit être

exactement égal pour atteindre une polarité opposée au flux net de courant à travers les

canaux membranaires. Pour mesurer le flux de courant présent à chaque instant, l' électrode

de courant est connectée à un oscilloscope qui enregistre ce flux, comme cela est représenté

dans l' écran de l'oscilloscope dans la figure. finalement, l'investigateur fixe les

concentrations d'ions à des niveaux voulus à l'intérieur ou à l'extérieur de la fibre nerveuse

en répétant l'expérience; ceci peut être fait facilement quand on utilise de grosses fibres

nerveuses de certains crustacés et spécialement le grand axone du calmar qui a un diamètre

supérieur ou égal à un millimètre. Lorsque le sodium est le seul ion dans les solutions

internes ou externes de l'axone du calmar; la technique du "voltage clamp" mesure le flux

de courant uniquement à travers les canaux sodiques. Quand le potassium est le seul ion,

seul le courant à travers les canaux potassiques est mesuré.

Un autre moyen pour étudier les ions à travers les canaux individuels est de bloquer un type

de canal à un certain moment; par exemple, les canaux sodiques peuvent être bloqués par

39
une toxine appelée tétrodotoxine lorsqu'elle est appliquée à l' extérieur de la membrane

cellulaire où les portes d'activation du canal sodique sont localisées. Inversement, le

tétraéthylammonium bloque les portes du canal potassique lorsqu'il est appliqué à l'intérieur

de la fibre nerveuse. La figure 21 représente les changements typiques de la conductance

des canaux sodiques ou potassiques voltage-dépendants, quand le potentiel membranaire est

brusquement changé par Ia technique du voltage clamp; de -90 mV à +10 mV. Deux

millisecondes plus tard, il revient à -90 rnV. On remarque que l'ouverture des canaux

sodiques est rapide; c'est l'état d'activation. Cependant, aux millisecondes suivantes les

canaux sodiques se ferment automatiquement; c'est l'état d'inactivation.

A ce moment, on remarque que les canaux potassiques s' ouvrent lentement et atteignent

l'état d'ouverture seulement lorsque les canaux sodiques deviennent complètement fermés.

Une fois que les canaux potassiques sont ouverts, ils restent dans cet état tant que le

potentiel membranaire est positif et ne se ferment que lorsque celui-ci diminue et retourne à

sa valeur de repos.

Finalement, nous rappelons que les canaux voltage-dépendants oscillent rapidement d'un

état ouvert vers un état fermé, ce qui est illustré dans la figure 21. Par conséquent, comment

se fait- il que les courbes de la figure soient continues? La réponse est que ces courbes

représentent le flux d'ions sodium et potassium à travers des centaines de canaux au même

moment. Certains s'ouvrent à un niveau du voltage, d'autres à un autre niveau et ainsi de

suite; de même, certains deviennent inactivés à différents points du cycle à partir d'autres.

Les courbes illustrées représentent alors la somme des flux de courrant à travers plusieurs

canaux.

RESUME DU DEROULEMENT DU POTENTIEL D'ACTION

La figure 22 résume les événements séquentiels qui se produisent durant, et après, le

potentiel d'action. En bas de la figure, sont montrés les changements des conductances

membranaires sodique et potassique. Durant l'état de repos, avant l'initiation du potentiel


40
d'action, la conductance potassique est 50 à 100 fois plus grande que la conductance

sodique. Ceci est dû à leur grande fuite par rapport à celle d'ions sodium à travers les

canaux de passage; cependant, au début du potentiel d'action les cana ux sodiques

deviennent instantanément activés et permettent un accroissement de leur conductance

d'environ 5 000 fois. Ensuite le processus d'inactivation ferme ces canaux pendant une

fraction de milliseconde. Le début du potentiel d'action crée également un voltage

dépendant des canaux potassiques en les poussant à s'ouvrir pendant une fraction de

milliseconde après que les canaux sodiques s'ouvrent, et à la fin du potentiel d'action le

retour du potentiel membranaire vers l'état négatif fait que les canaux potassique se ferment

et reviennent à leur position initiale, mais seulement après un certain délai.

Au milieu de la figure 22, est montré le rapport entre la conductance du sodium et la

conductance du potassium à chaque instant durant le potentiel d'action et, au-dessus, le

potentiel d'action. Au début du potentiel d'action ce rapport croît plus d'une centaine de

fois; par conséquent, les ions sodium passent beaucoup plus à l'intérieur de la fibre que les

ions potassium à l'extérieur. C'est ce qui perme t au potentiel d'action de devenir positif.

Ensuite les canaux sodiques deviennent inactivés et en même temps les canaux potassiques

s'ouvrent; ainsi le rapport des conductances change en faveur d'une grande conductance

potassique et une faible conductance sodique; ceci permet une perte extrêmement rapide

d'ions potassium à l'extérieur, mais les ions sodium ne passent pas vers l'intérieur, et par

conséquent le potentiel d'action retourne rapidement à son niveau basal.

- Le postpotentiel « positif »

On constate aussi dans la figure 22 que le potentiel membranaire devient en quelques

millisecondes, après que le potentiel d'action est au pic, un peu plus négatif que sa valeur

normale au repos. Il est assez étrange qu'il soit appelé post potentiel positif; nom qui ne lui

est pas adapté puisque le post potentiel positif est de fait plus négatif que le potentiel de

repos. La raison pour laquelle on l'appelle positif est que historiquement, les mesures du

41
premier potentiel étaient faites à l'extérieur de la membrane de la fibre nerveuse et que,

quand il est mesuré à l'extérieur, ce potentiel indique un enregistrement positif au lieu

d'un enregistrement négatif.

La cause pour laquelle le post potentiel positif est important est que les canaux potassiques

restent ouverts pendant plusieurs millisecondes après le processus complet de la

repolarisation de la membrane; ceci permet aux ions potassium de diffuser vers l'extérieur

de la fibre nerveuse laissant un déficit d'ions positifs à l'intérieur, ce qui signifie plus de

négativité. :

ROLES DES AUTRES IONS DURANT LE POTENTIEL D'ACTION

Nous n'avons considéré jusqu'à maintenant que les rôles des ions sodium et potassium dans

la génération du potentiel d'action. Cependant, au moins trois autres types d'ions doivent y

être appliqués; ce sont les suivants:

-Les ions chargés négativement (anions) à l'intérieur de l'axone . A l'intérieur de l'axone,

il y a beaucoup d'ions chargés négativement, qui ne peuvent pas traverser les canaux

membranaires, parmi lesquelles on trouve les molécules protéiques, beaucoup de

composés phosphates organiques, et de composés sulfates. Le fait que ces derniers ne

puissent pas quitter l'intérieur de l'axone et que chaque déficit d'ions positifs à l'intérieur de

la membrane laisse un excès d'ions négatifs non perméants fait que ces derniers sont

responsables de la négativité à l'intérieur de la fibre.

-Ions calcium.

Les membranes cellulaires de la plupart, ou de toutes les cellules du corps, ont une pompe

calcique identique à celle du sodium; ce dispositif pompe les ions calcium de l'intérieur

vers l'extérieur de la membrane cellulaire (ou à l'intérieur du réticulum sarcoplasmique)

en créant un gradient de concentration des ions calcium d'environ 10 000 fois, quittant une

concentration interne d'ions calcium d'environ 10-7 molaire, vers une concentration externe

d'environ l0 -3 molaire.

42
De plus, il existe des canaux calciques dépendant du voltage. Ces derniers sont aussi

perméables aux ions sodium qu'aux ions calcium, quand ils sont ouverts; les deux ions

sodium et calcium passent à l'intérieur de la fibre; ces canaux sont parfois appelés canaux

Ca++-Na+. Les canaux calciques sont très lents à être activés en exigeant 10 à 20 fois

plus d'activation que les canaux sodiques; c'est pourquoi ils sont aussi fréquemment

appelés canaux lents alors que les canaux sodiques sont appelés canaux rapides.

Les canaux calciques sont très nombreux dans les deux types de muscles, cardiaque et

lisse. En fait, dans quelques types de muscle lisse, les canaux sodiques rapides sont

rarement présents et les potentiels d'action sont alors causés par l'activation des canaux

calciques lents.

-Augmentation de la perméabilité des canaux sodiques et présence d'un déficit en ions

calcium.

La concentration d ions calcium dans le liquide interstitiel a aussi un profond effet

sur le niveau de potentiel auquel les canaux sodiques deviennent activés. Quand il y a un

déficit d'ions calcium dans le milieu extracellulaire (hypocalcémie), les canaux

sodiques sont activés (ouverts) par une petite augmentation du potentiel membranaire

au-dessus du niveau normal au repos, et la fibre nerveuse devient fortement excitable;

parfois elle se décharge d'une manière répétitive sans aucune stimulation, bien qu'elle reste

à l'état de repos; en effet la concentration calcique a besoin de chuter d'environ 30 à 50%

par rapport à la normale, après une décharge spontanée qui se produit dans beaucoup de

nerfs périphériques en provoquant la "tétanie" du muscle qui peut être létale à cause de la

contraction tétanique des muscles respiratoires.

-Ions chlore.

Les ions chlore passent à travers la membrane de la même manière que les petites

quantités de sodium et de potassium. Dans la fibre nerveuse, la vitesse de la diffusion du

chlore à travers la membrane est de deux fois grande que celle de la diffusion du

43
potassium. Pourquoi n'avons nous pas considéré les ions chlore dans notre explication du

potentiel d'action? La réponse est que les ions chlore fonctionnent positivement dans ce

processus et que la perméabilité des canaux de fuite aux ions chlore ne change pas d'une

manière significative durant le potentiel d'action.

Dans l'état de repos normal de la fibre nerveuse, les –90mV à l'intérieur de la

fibre repoussent la plupart des ions chlore à l'extérieur de la fibre; par conséquent, la

concentration des ions chlore à l'intérieur de la fibre est seulement de 3 à 4 mEq/lde

alors que la concentration à l'extérieur de la fibre est d'environ 103 mEq/l; le potentiel

de Nernst de ce rapport des ions chlore est égal au potentiel membranaire; il est de -90 mV.

Durant le potentiel d'action, de petites quantités d'ions chlore diffusent à l'intérieur

de la fibre nerveuse à cause de la perte temporaire de la négativité interne. Ce mouvement

d'ions chlore sert à altérer lé gèrement le temps des changement successifs du voltage

durant le potentiel d'action, sans altérer le processus s fondamental.

-INITIATION DU POTENTIEL D'ACTION

Sur ce point, nous avons expliqué les changements de perméabilités du sodium et

du potassium de la membrane, ainsi que le développement du potentiel d'action lui- même,

mais nous n'avons pas expliqué ce qui initie le potentiel d'action.

Le retour positif ouvre les canaux sodiques. Aucun potentiel d'action ne peut se produire

dans la fibre nerveuse tant que la membrane de celle-ci n'est pas au repos; cependant, tout

événement provoquant une élévation initiale du potentiel membranaire de -90 mV à zéro

cause l'ouverture des canaux sodiques voltage-dépendants et, par suite, permet un influx

rapide des ions sodium qui provoque non seulement une augmentation supplémentaire du

potentiel membranaire en ouvrant plusieurs canaux ( sodiques voltage-dépendants, mais

aussi l'entrée des ions sodium à l'intérieur de la fibre. Manifestement, ce processus est un

cercle vicieux de « retour positif ». Une fois que ce dernier est assez fort, il continuera

44
jusqu'à ce que tous les canaux sodium voltage-dépendants deviennent totalement activés.

Puis, en moins d'une fraction de milliseconde, le potentiel membranaire ainsi augmenté

provoque le début de l'inactivation des canaux sodiques, ainsi que l'ouverture des canaux

potassiques.

Seuil d'initiation du potentiel d'action. Un potentiel d'action ne pourra se produire que

lorsque l'augmentation initiale du potentiel membranaire est assez grande pour créer le

cercle vicieux précédemment décrit. Généralement, une augmentation soudaine du potentiel

membranaire de 15 à 30 mV est nécessaire. Par conséquent, un accroissement soudain du

potentiel membranaire de -90 mV à -65 mV dans les grosses fibres nerveuses causera le

développement explosif du potentiel d'action. Ce niveau de -65 mV est appelé seuil de

stimulation.

Accomodation de la membrane -Insuffisance en dépit du voltage augmenté. Lorsqu'on

fait augmenter très lentement un potentiel membranaire -plus de quelques millisecondes au

lieu , d'une fraction de milliseconde -celui-ci aura le temps d'inactiver les portes sodiques

d'inactivation, au moment où les portes d'activation sont ouvertes; par conséquent,

l'ouverture des portes d'activation ne pourra pas s'effectuer au cours de l'accroissement du

flux des ions sodium. Un accroissement lent du potentiel interne dans une fibre

nerveuse demande un seuil de potentiel plus élevé que le seuil normal pour le

déclencher, souvent avec une augmentation du voltage au niveau zéro ou bien à un niveau

positif. Ce phénomène est appelé accomodation de la membrane au stimulus.

III- 4 PROPAGATION DU POTENTIEL D'ACTION

Dans les paragraphes précédents, on a étudié le potentiel d'action tel qu'il se

présente à un point précis de la membrane. Mais un potentiel d'action né en n'importe,

quel point d'une membrane excitable stimule généralement des portions adjacentes de

45
celles-ci, d'où résulte la propagation du potentiel d'action. La figure 23 illustre ce

mécanisme. La figure 23A montre une fibre nerveuse au repos, et la figure 23B, une fibre

nerveuse qui a été excitée dans sa partie médiane -c'est-à-dire que cette partie a

brusquement augmenté sa perméabilité aux ions sodium. Les flèches indiquent un "circuit

local" de passage de courant entre les zones dépolarisées de la membrane et les zones

adjacentes au repos; les charges électriques positives sont transportées à l'intérieur par la

diffusion du sodium; les ions passent à l'intérieur à travers la membrane dépolarisée tout le

long du noyau de l'axone. Ces charges positives augmentent le voltage pour une distance

d'un à trois millimètres à l'intérieur de grosses fibres au-dessus de la valeur du seuil du

potentiel d'action. Par conséquent, les canaux sodiques sont immédiatement activés, et,

comme cela est illustré dans la figure 23 Cet D, le potentiel d'action se propage de façon

explosive. Ces zones nouvellement dépolarisées provoquent des circuits locaux de courant

le long de la membrane ainsi qu'une dépolarisation de plus en plus grande. Le processus de

dépolarisation circule donc dans les deux directions le long de toute la fibre . La

transmission du processus de dépolarisation le long d'une fibre nerveuse et musculaire

s'appellent respectivement influx nerveux et influx musculaire.

Direction de la propagation. Il est évident, comme l'illustre la figure 23, qu'une

membrane excitable n'a pas qu'une seule direction de propagation, mais que l'impulsion

peut circuler dans les deux directions partant du stimulus -et même le long de toutes les

branches de la fibre nerveuse -jusqu'à ce que toute la membrane soit dépolarisée.

La loi du tout ou rien. Il est également évident qu'une fois un potentiel d'action est

déclenché à n'importe quel point de la membrane d'une fibre normale, le processus de

dépolarisation s'étendra sur celle-ci quand les conditions sont favorables, ou il ne s'étendra pas

quand les conditions ne le sont pas; c'est ce qu'on appelle le principe de tout ou rien qui

s'applique à tous les tissus excitables normaux. Parfois, l'impulsion peut atteindre un point de

la membrane où le potentiel d'action ne produira pas un voltage suffisant pour stimuler la zone

46
adjacente de la membrane. Lorsque cela se produit, la propagation de la dépolarisation

s'arrête. Par conséquent, pour qu'une propagation normale de l'impulsion se produise, le

rapport du potentiel d'action au seuil de l'excitation, appelé facteur de sécurité de propagation,

doit toujours être supérieur à 1 (PA/PS>. )

III- 5 RETOUR A LA NORMALE DES GRADIENTS POTASSIQUE ET SODIQUE

APRES UN POTENTIEL D'ACTION -L'IMPORTANCE DU METABOLISME

ENERGETIQUE

La transmission des impulsions le long de la fibre nerveuse réduit les gradients de

concentration de potassium et de sodium à cause d'une diffusion de sodium vers l'intérieur

de la cellule durant la dépolarisation et une diffusion des ions potassium vers l' extérieur

durant la repolarisation. Pour un seul potentiel d'action, cet effet est tellement faible qu'il ne

peut pas être mesuré; en réalité 100 000 à 50 000 000 impulsions peuvent être transmises

par la fibre nerveuse, le nombre dépendant de la taille de la fibre et de plusieurs autres

facteurs, avant que la différence de concentration descende jusqu'au point où le potentiel

d'action cesse. A ce moment, il est nécessaire de rétablir les gradients de concentrations de

sodium et de potassium qui sont effectués par une pompe Na+-K+, de la même façon que

celle décrite précédemment pour l'établissement du potentiel initial de repos. C'est-à-dire

que les ions sodium qui, durant le potentiel d'action, ont diffusé vers l'intérieur de la cellule,

et les ions potassium qui ont diffusé vers l'extérieur sont ramenés à leur état initial par une

pompe Na+-K+. Puisque cette pompe a besoin d'énergie pour fonctionner, ce processus de

"recharge" de la fibre nerveuse est un processus métabolique utilisant une énergie dérivée du

système d'énergie de la cellule provenant de l' adénosine triphosphate (ATP) cellulaire. La

figure 24 montre la chaleur produite dans une fibre nerveuse lorsque la fréquence de passage

des impulsions augmente, ce qui témoigne de l'énergie dépensée.

47
Lorsque le sodium est accumulé en excès à l'intérieur de la fibre, la pompe est activée au

maximum. En réalité, l'activité de la pompe aug mente dans une proportion qui est la

puissance triple de la concentration du sodium (C Na+ )3 . Ce qui fait que, lorsque la

concentration interne passe de 10 à 20 mEq/l.. l'activité de la pompe augmente de huit fois

environ.

III- 6 PLATEAU DANS QUELQUES POTENTIELS D'ACTION

Dans quelques cas, la membrane excitable ne se repolarise pas immédiatement après la

dépolarisation, mais au contraire le potentiel membranaire reste sur un plateau proche du pic

pendant parfois plusieurs millisecondes avant le début de la repolarisation. La figure 25, montre

ce plateau; on peut y remarquer que le plateau prolonge considérablement la période de

dépolarisation. Ce genre de potentiel d'action se produit dans le cœur, où le plateau dure pendant

0,2 à 0,3 secondes et provoque la contraction du muscle cardiaque durant la même période.

La cause de ce plateau est probablement la combinaison de plusieurs facteurs

différents Premièrement, dans le cœur deux types de canaux séparés interviennent dans là

dépolarisation: (I) les canaux sodiques voltage-dépendants, appelés canaux rapides, et (2) les

canaux calciques voltage-dépendants qui sont lents à s' activer, appelés canaux lents, ces derniers

permettant surtout la diffusion des ions calcium et aussi de quelques ions sodium. L'activation

des canaux sodiques rapides provoque la partie ascendante et le pic du potentiel d'action,

qui sont aussi provoqués par l'ouverture des canaux calciques lents. cependant, ces derniers

sont activés plus longtemps, ce qui est responsable essentiellement du plateau du potentiel

d'action.

Le deuxième facteur en partie impliqué dans le plateau est le canal potassique

voltage-dépendant qui est lent à s'activer; souvent, il ne s'ouvre qu'à la fin du plateau. Ceci

48
retarde le processus de repolarisation. Mais l'ouverture de ces canaux potassiques coïncide avec le

début de fermeture des canaux lents, ce qui provoque un retour très rapide à l'état de repos.

III- 7 RYTHMICITE DE CERTAINS TISSUS EXCITABLES -DECHARGE REPETITIVE

La décharge répétitive ou rythmicité se produit normalement dans le cœur, la

plupart des muscles lisses et beaucoup de neurones du système nerveux central. Ce sont ces

décharges rythmiques qui provoquent le rythme cardiaque, le péristaltisme et tout événement

neuronal permettant le contrôle rythmique de la respiration.

Egalement, tous les tissus excitables peuvent se décharger à plusieurs reprises si le seuil

de stimulation est suffisamment abaissé. Par exemple, même des fibres nerveuses et des fibres

musculaires squelettiques, qui normalement sont très stables, se déchargent à plusieurs reprises

lorsqu'elles sont mises dans une solution contenant de la vératrine ou lorsque la concentration

d'ions calcium tombe en dessous d'une valeur critique.

Le processus de réexcitation nécessaire pour la rythmicité. Pour que la rythmicité se produise,

la membrane même à son état normal, doit être déjà assez perméable aux ions sodium pour

permettre la dépolarisation automatique de la membrane. Ainsi, la figure 26 montre que le

potentiel membranaire de repos est seulement de -60 à -70 mV. Ce voltage n'est pas assez négatif

pour garder les canaux sodiques fermés. Le processus est le suivant: (1) les ions sodium pénètrent

à l’intérieur, (2) ceci augmente encore la perméabilité de la membrane, (3) d'autres ions sodium

pénètrent encore à l' intérieur, ( 4) la perméabilité s ' accroît davantage, et ainsi de suite, faisant

apparaître le processus de régénération de l' activation des canaux sodiques et potassiques jusqu'à

ce qu'un potentiel d'action soit provoqué. Puis, à la fin du potentiel d'action la membrane se

repolarise. Peu après, le processus d'activation commence à nouveau et un autre potentiel d'action

49
se produit spontanément; ce cycle continue indéfiniment et produit l'excitation rythmique en auto-

induction des tissus excitables.

Mais pourquoi la membrane ne se dépolarise-t-elle pas immédiatement après qu'elle est

repolarisée, au lieu d'attendre quelques secondes avant de déclencher un nouveau potentiel

d'action? La réponse est apportée par la figure 22, qui montre que vers la fin du potentiel d'action,

et pendant quelques temps après, la membrane devient excessivement perméable au potassium. La

fuite massive de potassium amène des quantités énormes de charges positives à l'extérieur de la

membrane, créant ainsi à l'intérieur une polarité beaucoup plus négative que celle qui se produirait

autrement pendant une brève période après que le potentiel d'action précédent est terminé, et

rapprochant le potentiel membranaire au potentiel de Nernst du potassium. Cet état s'appelle

hyperpolarisation, qui est représentée sur la figure 26. Tant que dure cet état, la réexcitation ne se

produit pas; mais progressivement la conductance de l'excès de potassium (et l'état

d'hyperpolarisation) disparaît, permettant ainsi l'accroissement du potentiel membranaire jusqu'à

atteindre le seuil d'excitation; puis, un nouveau potentiel d'action apparaît et le processus se

reproduit indéfiniment.

III- 8 ASPECTS PARTICULIERS DE LA TRANSMISSION DE L'INFLUX DANS LES

NERFS

III- 8 A FIBRES NERVEUSES MYELINISEES ET AMYELINISEES.

La figure 26bis a représente une coupe transversale d'un petit tronc nerveux typique; elle montre

quelques fibres nerveuses très grosses occupant la plus grande partie de la coupe. Et si nous

regardons attentivement nous verrons de nombreuses petites fibres situées entre les grosses. Les

50
grosses fibres sont myélinisées et les petites sont amyélinisées; Le tronc nerveux moyen contient

environ deux fois plus de fibres amyélinisées que de fibres myélinisées.

La figure 26 bis b représente une fibre myélinisée typique. La partie centrale de la fibre

est l'axone et la membrane de l'axone est la membrane conductive. L'axone est rempli en son

centre d' axoplasme qui est un liquide extracellulaire visqueux. L'axone est entouré d'une gaine de

myéline qui est un peu près aussi épaisse que l'axone lui- même; tous les là 3 millimètres environ

le long de l'axone, la gaine de myéline est interrompue par le noeud de Ranvier.

La gaine de myéline est déposée autour de l'axone par les cellules de Schwann de la manière

suivante: la membrane d'une cellule de Schwann enveloppe d'abord l'axone, puis la cellule tourne

autour de l'axone plusieurs fois en déposant de multiples couches de la membrane cellulaire

contenant la substance lipidique appelée sphingomyéline. Cette substance est un excellent

isolant qui diminue les flux d'ions à travers la membrane d'environ 5 000 fois. Cependant, à

la jonction entre chaque cellule de Schwann le long de l'axone, il reste une petite zone non isolée

d'un peu près 2 à 3 micromètres de longueur, où les ions peuvent circuler facilement entre le

liquide extracellulaire et l'axone. Cette zone s'appelle le noeud de Ranvier.

51
Conduction "saltatoire" dans les fibres myélinisées.

Bien que les ions ne puissent pas circuler de façon significative à travers les

épaisses gaines de myélines des nerfs myélinisés, ils le peuvent très aisément à

travers les noeuds de Ranvier. Donc, le potentiel d'action ne pourra se produire qu'au

niveau de ces noeuds. Les potent iels d'action sont conduits d’un noeud à l'autre par le

nerf myélinisé plutôt que d'une manière continue le long de la fibre entière, comme

c'est le cas dans les fibres amyélinisées. Ce processus, représenté dans la figure 26c,

s'appelle la conduction saltatoire. Cette dernière signifie que le courant électrique

circule d'un noeud à l'autre dans les liquides extracellulaires environnants et aussi

dans l'axoplasme en excitant les noeuds successifs l'un après l'autre. L'impulsion

"saute" donc le long de la fibre. .

La conduction saltatoire est importante pour deux raisons: premièrement, en

faisant sauter de longs intervalles au processus de dépolarisation le long de l'axe de la

fibre nerveuse, ce mécanisme augmente la rapidité de la transmission nerveuse dans

les fibres myélinisées de 5 à 10 fois. Deuxièmement, la conductance saltatoire

conserve l'énergie pour l'axone car seul le noeud se dépolarise, laissant perdre des

centaines de fois moins d'ions que nécessaire et, par conséquent, n'exigeant qu'un

faible supplément du métabolisme pour rétablir les différences de concentrations du

sodium et du potassium à travers la membrane après une série d'impulsions

nerveuses.

Une autre caractéristique de la conduction saltatoire dans les grosses fibres

myélinisées est la suivante: l'excellente isolation assurée par la gaine de myéline et

permet au processus de repolarisation de se produire avec un flux réduit d'ions .

Par conséquent, à la fin du potentiel d'action, quand les canaux sodiques commencent

à se fermer, la repolarisation débute avant même l'ouverture des canaux potassiques.

1
Ainsi, la conduction de l'impulsion dans les fibres nerveuses myélinisées est

accomplie essentiellement par des variations séquentielles des canaux sodiques

sensibles au potentiel avec une faible contribution des canaux potassiques.

III-8 b RAPlDITE DE CONDUCTION DANS LES FIBRES NERVEUSES

(tableau 3)

La rapidité de conduction dans les fibres nerveuses varie de 0,5 m/sec dans de très

petites fibres amyélinisées à 120 m/sec (la longueur d'un terrain de football) dans de

très grosses fibres myélinisées. La rapidité est approximativement fonction du diamètre de

la fibre dans les fibres nerveuses myélinisées et approximativement fonction de la racine

carrée du diamètre de la fibre dans les fibres amyélinisées.

EXCITATION -LE PROCESSUS DE PROVOCATION DU POTENTIEL D' ACTION

Fondamentalement, tout facteur entraînant la diffusion des ions sodium à

l'intérieur de la fibre en nombre suffisant déclenchera le mécanisme d'activation

automatique et régénérative. Ceci peut provenir de simples troubles mécaniques de la

membrane, des effets chimiques dans la membrane, ou de passage de courant à travers

la membrane. Ceux-ci sont utilisés à différents niveaux du corps pour faire apparaître

les potentiels d'action du nerf et du muscle: la pression mécanique pour exciter la

terminaison nerveuse sensorielle dans l'épiderme; les neurotransmetteurs chimiques

pour transmettre les signaux d'un neurone à l'autre dans le cerveau, et le courant

électrique pour transmettre les signaux entre les cellules du muscle cardiaque et

intestinal. Pour bien comprendre le processus d'excitation, nous commencerons par

discuter les principales stimulations électriques.

Excitation de la fibre nerveuse par une charge négative d'électrode métallique .

La méthode utilisée expérimentalement pour exciter un nerf ou un muscle est

l'application de l'électricité sur leurs surfaces, à travers deux petites électrodes: une qui

est chargée négativement (dite aussi cathode), et une chargée positivement (dite anode).

2
Ceci une fois fait, on remarque que la membrane excitable est stimulée au niveau de

l'électrode négative.

Les causes de ces effets sont les suivantes: rappelons que le potentiel d'action est

déclenché par l'ouverture des portes des canaux sodiques voltage-dépendants. En outre,

ces canaux sont ouverts par une diminution du voltage électrique à travers la membrane.

Le courant négatif sortant de la cathode réduit immédiatement le potentiel à

l'extérieur de la membrane , en le rapprochant de celui du potentiel membranaire

négatif à l'intérieur de la fibre. Ceci diminue le potentiel électrique à travers la

membrane et permet l'activation des canaux sodiques d'où le déclenchement du potentiel

d'action. Inversement, à l'anode, l'injection des charges positives à l'extérieur de la

membrane du nerf augmente la différence de potentiel à travers la membrane

plutôt qu'en la diminuant. Ceci provoque l'état d'hyperpolarisation qui diminue

l'excitabilité de la fibre.

Seuil d'excitation et "potentiel local aigu".

Un potentiel cathodique très faible ne peut pas exciter la fibre. Mais quand ce

potentiel est progressivement augmenté, il survient un moment où l'excitation a lieu. La

figure 27 représente les effets de stimulus cathodiques de forces appliquées

progressivement. Une stimulation très faible au point A fait passer le potentiel de

membrane de -90 à -85 millivolts, mais ce changement n'est pas suffisant pour

développer les processus régénératifs automatiques du potentiel d'action. Au point B, le

stimulus est plus grand mais, ici encore, l'intensité n'est pas suffisante pour déclencher

le potentiel d'action automatique. Néanmoins, le voltage de la membrane est troublé

pendant une milliseconde ou plus, après les deux stimulus faibles; les changements du

potentiel durant ces petits intervalles de temps s'appellent potentiels subliminaux aigus.

Au point C de la figure 27, le stimulus déclenche un potentiel de membrane aigu qui

n'est pas subliminal, mais un peu plus important que la valeur de seuil et après une

courte période de latence il provoque un potentiel d'action. Au point D, le stimulus est

3
encore plus fort et le potentiel de membrane aigu déclenche le potentiel d'action encore

plus tôt.

Ainsi, cette figure montre que même un très faible stimulus cause toujours un

changement de potentiel local dans la membrane, mais que l'intensité du potentiel local

doit atteindre une valeur de seuil pour que le potentiel d'action automatique se

déclenche.

"La période réfractaire" durant laquelle un nouveau stimulus ne peut être obtenu

Un second potentiel d'action ne peut pas se produire dans une fibre excitable tant

que la membrane est encore dépolarisée ( à cause du potentiel d'action précédent. La

raison de ceci est que peu après que le potentiel d’action a été initié et les canaux

sodiques (canaux calciques) inactivés, chaque quantité du signal ( d'excitation

appliquée à ces canaux n’ouvrira pas les portes d’inactivation. La seule condition qui

les rouvrira est le retour du potentiel membranaire vers un niveau des potentiels de

repos. Alors, à moins d'une autre petite fraction de seconde, les portes d'inactivation des

canaux s'ouvrent et un nouveau potentiel d'action peut alors s'initier.

La période de temps durant laquelle un second potentiel d'action

ne peut être obtenu avec un petit stimulus est appelé la période réfractaire absolue.

Cette période est d'environ 1/2 000 de secondes dans les grosses fibres nerveuses

myélinisées. Par conséquent, on peut facilement déduire qu'une telle fibre peut porter

un maximum d'environ 2500 impulsions par seconde. Après la période réfractaire,

survient une période réfractaire relative qui dure environ d'un quart à la moitié de

la période réfractaire absolue. Pendant cette période, des stimulus plus forts que la

normale sont nécessaires pour exciter la fibre . Les causes de cette période

réfractaire sont au nombre de deux: (1) durant ce temps, certains canaux sodiques n'ont

pas été inversés de leur état d'inactivation; (2) généralement, les canaux potassiques

sont largement ouverts pendant cette même période, ce qui provoque un état

d'hyperpolarisation qui a plus de difficulté à stimuler la fibre.


4
INHIBITION DE L'EXCITABILITE - "STABILISATEURS" ET

ANESTHESIQUES LOCAUX

Ioniques

Contrairement aux facteurs qui augmentent l'excitabilité, il en existe d'autres

appelés facteurs de stabilisation de la membrane qui la font diminuer. Par exemple,

une concentration d'ions calcium élevée fait diminuer la perméabilité de la

membrane et réduit simultanément son excitabilité. C'est pour cette raison que les

ions calcium sont appelés "stabilisateurs ". Etant donné qu'une faible concentration

d'ions potassium dans les liquides extracellulaire est l'effet direct de la diminution de la

perméabilité des canaux potassiques, elle joue pareillement un rôle de stabilisateur et

réduit l'excitabilité de la membrane. En fait, dans une maladie héréditaire connue sous

le nom de paralysie périodique familiale, la concentration d'ions sodium extracellulaire

est souvent tellement diminuée que le patient devient effectivement paralysé, mais une

injection de potassium intraveineux le ramène immédiatement à la normale.

Anesthésiques locaux. Parmi les stabilisateurs les plus importants, on compte de

nombreuses substances utilisées cliniquement comme anesthésiques locaux. Celles-ci

comprennent la cocaïne, la procaïne, la tétracaïne et de nombreux autres médicaments.

La majorité de ces médicaments agissent directement sur l'activation des portes des

canaux sodiques, en les rendant beaucoup plus difficiles à s'ouvrir et en réduisant aussi

l' excitabilité de la membrane. Quand l'excitabilité a tellement baissé que le rapport

entre la force du potentiel d'action et le seuil d'excitabilité (PA/PS<1) est inférieur à

l'unité, une impulsion nerveuse ne peut passer dans la zone anesthésiée.

5
III-9 ENREGISTREMENT DES POTENTIELS DE MEMBRANE ET DES

POTENTIELS D' ACTION

L'oscilloscope à rayons cathodiques. On a vu plus haut que le potentiel de

membrane change très rapidement au cours d'un potentiel d'action. En effet, la plus

grande partie du potentiel d'action de grosses fibres nerveuses se déroule en moins d'un

millième de seconde. Quelques figures de ce chapitre ont montré des enregistrements

de ces changements de potentiel. Cependant, il faut comprendre que l'enregistreur doit

être capable d'enregistrer très rapidement. En pratique, le seul type d'enregistreur

capable de répondre avec exactitude aux changements de potentiel des fibres les plus

excitables est l' oscilloscope à rayons cathodiques.

La figure 28 représente les composants de base d'un tel appareil. Le tube à rayons

cathodiques lui- même se compose essentiellement d'un canon à électrons et d'une

surface fluorescente sur laquelle les électrons sont tirés. Le matériau fluorescent

devient lumineux là où les électrons frappent la surface. Si le faisceau d'électrons se

promène sur la surface, le point lumineux bouge aussi et trace une ligne fluorescente

sur l'écran.

En plus du canon à électrons et de la surface fluorescente, le tube à rayons cathodiques

est fourni avec deux séries de deux plaques chargées électriquement, une première

série placée de part et d'autre du faisceau d'électrons et l'autre série placée

perpendiculairement à la première. Des circuits de contrôle électronique changent le

potentiel de ces plaques, et ainsi, le faisceau d'électrons peut être dévié vers le haut ou

vers le bas en réponse au potentiel électrique provenant de l'enregistrement des

électrodes au niveau des nerfs. Le faisceau d'électrons balaye l'écran à une vitesse

constante. Ceci donne un enregistrement illustré sur la surface du tube à rayons

6
cathodiques donnant horizontalement une base de temps et verticalement \des

variations de potentiel au niveau des nerfs; on observe dans la partie gauche de

l'enregistrement, un petit artéfact de stimulation provoqué par le stimulus électrique

utilisé pour déclencher le potentiel d'action. Tandis qu'à droite, on voit le potentiel

d'action.

Enregistrement du potentiel d'action monophasique. A travers ce chapitre, les

potentiels d'action monophasiques ont été montrés dans différents diagrammes. Pour

enregistrer ceci, la microélectrode, illustrée précédemment dans le chapitre, dans la

figure 28, est insérée à l'intérieur de la fibre. Et tandis que le potentiel d'action se

propage tout le long de la fibre, les changements du potentiel à l'intérieur de la fibre

sont

Enregistrement du potentiel d'action biphasique. Lorsqu'on souhaite enregistrer les

impulsions du tronc d'un nerf entier, il est impossible de placer les électrodes à

l'intérieur des fibres nerveuses. Par conséquent, la méthode habituellement utilisée

pour l'enregistrement est de placer les deux électrodes à l'extérieur des fibres. Ainsi,

l'enregistrement obtenu est alors biphasique pour les raisons suivantes: quand un

potentiel d'action, qui se propage le long d'une fibre nerveuse, atteint la première

électrode, cette dernière devient chargée négativement alors que la seconde n'est pas

encore atteinte. Ceci permet à l'oscilloscope d'enregistrer dans le sens négatif. Ainsi,

alors que le potentiel d'action se propage le long du nerf, la dépolarisation atteint la

seconde électrode, la première devient repolarisée et l'oscilloscope dans ce cas

enregistre dans le sens opposé. Ainsi, l' enregistrement, comme il est illustré dans la

figure 28, obtenu par l' oscilloscope, montre le potentiel d'abord dans un sens puis dans

le sens opposé.

7
IV LES SYNAPSES DU SYSTEME NERVEUX

CENTRAL

Tout étudiant en médecine sait que dans le système nerveux central l’information est transmise

essentiellement sous la forme d'impulsions nerveuses à travers une succession de neurones.

Cependant, il n'est pas immédiatement évident que chaque impulsion puisse ( 1) être bloquée dans

sa transmission d'un neurone à l'autre, (2) être modifiée à partir d'une impulsion unique en des

impulsions répétitives, ou (3) être intégrée avec des impulsions provenant d'autres neurones

réalisant ainsi un modèle complexe d'impulsions dans des neurones successifs. Toutes ces fonctions

peuvent être classées comme fonctions synaptiques des neurones.

IV-1) TYPES DE SYNAPSES -CHIMIQUES ET ELECTRIQUES

Les signaux nerveux sont transmis d'un neurone à l'autre à travers des jonctions

interneuronales appelées synapses. Dans le monde animal, il y a fondamentalement deux variétés

différentes de synapses: (1) la synapse chimique et (2) la synapse électrique.

A peu près toutes les synapses mises à contribution dans la transmission du signal au niveau

du système nerveux central de l'être humain sont des synapses chimiques. Au niveau de ces

dernières, le premier neurone sécrète une substance chimique appelée neurotransmetteur qui, à son

tour, agit sur des récepteurs protéiques de la membrane du neurone suivant afin de l'exciter, de

l'inhiber, ou de modifier sa sensibilité de quelque autre manière. Plus de 40 substances

transmettrices différentes ont été découvertes. Parmi les mieux connues, citons l'acétylcholine, la

noradrénaline, l'histamine, l'acide gamma-aminobutyrique (GABA) et le glutamate.

Les synapses électriques, d'autre part, sont caractérisées par des canaux directs qui conduisent

l'électricité d'une cellule à la suivante. La plupart d'entre elles sont de petites structures tubulaires

protéiques appelées liaisons adhérantes ( gap Junctions) qui permettent les mouvements libres des

8
ions de l'intérieur d'une cellule à la suivante. Seulement quelques "gap junctions" ont été mises en

évidence au niveau du système nerveux central et leur signification en général n'est pas connue.

D'autre part, c'est par l'intermédiaire des "gap junctions" et d'autres liaisons similaires que les

potentiels d'action sont transmis d'une fibre musculaire lisse à une autre, au sein des muscles

lisses viscéraux et aussi d'une fibre musculaire cardiaque à la suivante au sein du myocarde .

Conduction à sens unique à travers les synapses chimiques. Les synapses chimiques

ont une caractéristique extrêmement importante qui les rend particulièrement intéressantes comme

moyen de transmission des signaux du système nerveux. Elles transmettent toujours le signal dans

une seule direction -c'est-à-dire, du neurone qui sécrète le médiateur, appelé neurone

présynaptique, neurone sur lequel le médiateur agit, appelé neurone potsynaptique; ceci est le

principe de la conduction à sens unique à travers les synapses chimiques et il diffère tout à fait

de la conduction par les synapses électriques où transmission des signaux est bidirectionnelle.

Extrême importance mécanisme de conduction à sens unique . Il permet signaux

d'être dirigés ve rs des cibles spécifiques. En effet c'est cette transmission des signaux vers des

zones précises et bien localisées au niveau du système nerveux qui permet à celui-ci de réaliser ses

très nombreuses fonctions sensorielles, de commande motrice, de mémoire, etc.

IV- 2 ANATOMIE PHYSIOLOGIQUE DE LA SYNAPSE

IV-2-a) Généralités

Les 3 parties essentielles d’un motoneurone de la corne antérieure de la moëlle: le soma, un axone

unique qui s'étend du soma jusqu’à la périphérie du nerf et les dendrites, qui sont de fines projections

du soma se prolongeant jusqu'à un millimètre aux alentours.

Plus de 100 000 petites protubérances appelées terminaisons présynaptiques se trouvent sur les

surfaces dendrites et du soma du motoneurone, à peu près 95 % sur les dendrites et seulement 5

à 20 % sur le soma. Ces terminaisons constituent la partie finale des fibrilles nerveuses qui prennent

leur origine au niveau de d'autres neurones; habituellement, pas plus de quel terminaisons ne dérivent

de l'unique neurone qui précède. Beaucoup de ces terminaisons présynaptiques sont excitatrices et
9
sécrètent une substance qui excite le neurone postsynaptique, mais beaucoup d'autres sont inhibitrices

et sécrètent une substance qui inhibe ce neurone.

Dans les autres parties de la moelle et du cerveau, les neurones sont notablement différents des

motoneurones (1) la taille du corps cellulaire, (2) la longueur, la taille et le nombre des dendrites,

s'étendant en fonction de leur longueur jusqu'à plusieurs cm; (3) la longueur et la taille de l'axone; (4)

le nombre des terminaisons présynaptiques variant de quelques unités à plusieurs centaines de milliers.

Ces différences font que les neurones des différentes parties du système nerveux réagissent

différemment aux signaux reçus et réalisent ainsi des fonctions différentes.

Les terminaisons présynaptiques. Les études en microscopie électronique des terminaisons

présynaptiques montrent que ces dernières ont des formes anatomiques variées, mais la plupart

ressemblent à de petites protubérances rondes ou ovales et sont donc appelées protubérances

terminales, boutons ou protubérances synaptiques.

La figure 29 montre la structure fondamentale d'une terminaison présynaptique. Elle est séparée du

soma neuronique par une fente synaptique ayant en général une largeur de 200 à 300 angströms. La

terminaison a deux structures internes importantes pour les fonctions excitatrices inhibitrices de la

synapse: les vésicules synaptiques et la mitochondrie. Les vésicules synaptiques contiennent des

substances médiatrices qui, une fois libérées dans l'espace synaptique, excitent ou inhibent le

neurone postsynaptique, l'excitent quand la membrane neuronale contient des récepteurs excitateurs,

l'inhibent quand elle contient des récepteurs inhibiteurs. La mitochondrie fournit l’adénosine

triphosphate (A TP), nécessaire à la synthèse la nouvelle substance médiatrice.

Quand un potentiel d'action se propage au niveau de la terminaison présynaptique, la dépolarisation

membranaire provoque l'évacuation d'un petit nombre de vésicules à l'intérieur de la fente synaptique

et le médiateur , provoque à son tour un changement immédiat des caractéristiques de la perméabilité

de la membrane neuronale postsynaptique qui induit l'excitation ou l'inhibition du neurone, en

fonction des caractéristiques du récepteur.

Mécanisme par lequel les potentiels d'action provoquent la libération du médiateur au niveau

des terminaisons présynaptiques -Rôle des ions calcium

10
La membrane des terminaisons présynaptiques contient de nombreux canaux calciques

voltage-dépendants . Ceci est très différent des autres régions de la fibre nerveuse qui ne

contiennent qu'un petit nombre de ces canaux. Lorsque le potentiel d'action dépolarise la

terminaison , un grand nombre d'ions calcium, accompagnés sodium qui sont la cause de la plus

grande partie potentiel d'action, s'écoulent à l'intérieur de la terminaison. La quantité de substance

médiatrice libérée à l’intérieur de la fente synaptique est directement liée au nombre d'ions

calcium qui pénètrent dans la terminaison. Le mécanisme précis par lequel les ions calcium

provoquent cette libération n'est pas connu, mais on peut supposer qu'il s'agit du mécanisme suivant:

-Quand les ions calcium pénètrent à l'intérieur de la terminaison synaptique, il est probable qu'ils se

lient aux molécules protéiques situées sur la surface interne de la membrane synaptique appelée site

de libération. Ceci provoque dans le proche voisinage la liaison des vésicules contenant la substance

médiatrice à la membrane, leur fusion avec celle-ci et finalement leur ouverture vers l'extérieur par le

processus dit d'exocytose. Habituellement, quelques vésicules libèrent leur médiateur à l' intérieur de

la fente après passage de chaque potentiel d'action. Les vésicules, qui contiennent le

neurotransmetteur acétylcholine, possèdent chacune entre 2 000 et 10 000 molécules et chaque

terminaison présynaptique contient suffisamment de vésicules pour transmettre quelques centaines à

plus de 10 000 potentiels d'action.

Action de la substance médiatrice sur le neurone postsynaptique -La fonction des récepteurs

La membrane postsynaptique contient un grand nombre de protéines réceptrices, illustrées par la figure

29. Ces récepteurs ont deux parties importantes: (1) une partie ligante qui fait saillie sur la membrane

à l'intérieur de la fente synaptique -elle se lie aux neurotransmetteurs sécrétés par la terminaison

présynaptique -et (2) une partie ionophore qui traverse toute la membrane jusqu'à l'intérieur du

neurone postsynaptique. Le ionophore lui- même est: soit un canal ionique chimiquement activé,

soit une enzyme qui provoque un changement métabolique à l'intérieur de la cellule.

11
Les canaux ioniques. Les canaux ioniques chimiquement activés (également appelés canaux

activés par des ligands) sont habituellement de 3 types: (1) les canaux sodium qui permettent

essentiellement aux ions sodium (mais également à quelques ions potassium) de traverser,

(2) les canaux potassium qui permettent essentiellement aux ions potassium de passer et (3) les

canaux chlore qui permettent au chlore et à quelques autres anions de traverser. Nous verrons plus

tard que l'ouverture des canaux sodium entraîne l'excitation du neurone postsynaptique. Par

conséquent, une substance médiatrice qui ouvre les canaux sodium est appelée neurotransmetteur

excitateur; d'autre part, l'ouverture des canaux potassium et chlore inhibe le neurone et les médiateurs

qui ouvrent l'un ou les deux de ces canaux sont appelés neurotransmetteurs inhibiteurs.

Les enzymes récepteurs . L'activation de quelques types de récepteurs enzymatiques entraîne d'autres

effets sur le neurone postsynaptique. Un des effets est l' activation de la machinerie métabolique de la

cellule, telle que la mise en route de la formation de l'adénosine cyclique monophosphate (AMPc) qui

stimule à son tour bien d'autres activités intracellulaires. L'autre effet est l'activation des gènes

cellulaires qui fabriquent des récepteurs supplémentaires pour la membrane postsynaptique. Un

troisième effet est d'activer les protéines kinases, qui entraînent la diminution du nombre des

récepteurs. De tels changements peuvent modifier la réactivité de la synapse pendant plusieurs

minutes, jours, mois ou même années. Ainsi, les substances médiatrices qui entraînent de tels effets

sont parfois appelées modulateurs synaptiques. Des expériences récentes ont démontré que de tels

substances sont importantes dans les processus de mémorisation

Récepteurs excitateurs et inhibiteurs .

Excitation.

1. L'ouverture des canaux sodium rendant possible l' écoulement en grand nombre de charges

électriques positives à l'intérieur de la cellule postsynaptique, ce qui élève le potentiel membranaire

dans un sens positif au-dessus du niveau du seuil d'excitation. Il est de loin le mécanisme le plus

largement utilisé pour provoquer une excitation.

2. La diminution de la conduction à travers les canaux potassium ou chlore, ou les deux. Ceci diminue

la diffusion des ions potassium chargés positivement vers l'extérieur du neurone postsynaptique ou

celle des ions chlore chargés négativement vers l'intérieur. Dans chaque cas, le résultat est l'
12
augmentation de la positivité du potentiel membranaire interne par rapport à la normale, ce qui a

un effet excitateur.

3. Différentes modifications du métabolisme intracellulaire entraînant la stimulation de l'activité

cellulaire ou parfois l' augmentation du nombre des récepteurs membranaires excitateurs ou la

diminution de celui des récepteurs inhibiteurs.

Inhibition

1. L'ouverture des canaux potassium par l' intermédiaire des récepteurs moléculaires. Ceci permet la

diffusion rapide d'ions potassium chargés positivement de l'intérieur du neurone postsynaptique vers

l'extérieur , portant de cette façon les charges positives en dehors et accentuant négativité

intracellulaire, ce qui a un effet inhibiteur,

2. Augmentation de la conductance des ions chlore l'intermédiaire du récepteur. Ceci permet aux ions

chlore négatifs de diffuser à l'intérieur, ce qui est également inhibiteur.

3. Activation des enzymes récepteurs qui agissent inhibant les fonctions métaboliques cellulaires ou

en a augmentant le nombre des récepteurs synaptiques inhibiteurs ou en diminuant celui des

récepteurs excitateurs.

IV – 3 LES SUBSTANCES CHIMIQUES AGISSANT COMME MEDIATEURS

SYNAPTIQUES

On a prouvé ou supposé que plus de 40 substances chimiques différentes agissent comme médiateurs

synaptiques. La plupart d'entre elles sont citées dans les table 4a et 4b qui présentent les deux différents

groupes médiateurs. L'un comprend les petites molécules à action rapide, l'autre un grand nombre de

neuropeptides de grande dimension moléculaire et à action beaucoup lente.

Les petites molécules à action rapide sont celles provoquent la plupart des réactions immédiates

du système nerveux, telle que la transmission des signaux sensoriels vers et dans le cerveau et la

réponse engendrée à vers les signaux moteurs au niveau des muscles. Par ailleurs les neuropeptides

ont habituellement des actions prolongées, telles que des modifications à long terme du nombre des
13
récepteurs, la fermeture à long terme de certains canaux ioniques et même, probablement, des

modifications à long terme du nombre des synapses.

a) Les petites molécules, médiateurs à action rapide

Presque sans exception, tous les médiateurs de type petite molécule sont synthétisés dans le cytosol des

terminaisons présynaptiques puis, par un mécanisme de transport actif, sont absorbés à l'intérieur de

nombreuses vésicules de la terminaison nerveuse. Ensuite, chaque fois qu'un potentiel d'action atteint la

terminaison présynaptique, quelques vésicules libèrent en quelques millisecondes leur contenu à

l'intérieur de la fente synaptique par le mécanisme décrit précédemment. L'action suivante de ces

médiateurs sur les récepteurs de la membrane postsynaptique survient également en quelques

millisecondes. L' effet le plus fréquent est d'augmenter ou de diminuer la conductance des canaux

ioniques; un exemple en est l'augmentation de la conductance du sodium qui augmente l' excitation, ou

la diminution de celle du potassium ou du chlore qui entraîne l'inhibition. Cependant,

occasionnellement, au lieu d'ouvrir des canaux ioniques ces médiateurs peuvent stimuler des enzymes

activateurs de récepteurs, modifiant ainsi les mécanismes métaboliques intracellulaires.

Recyclage des vésicules des petites molécules. Les vésicules qui stockent et libèrent les médiateurs

de type petite molécule sont continuellement recyclées; elles sont ainsi utilisées maintes et maintes

fois. Après leur fusion avec la membrane synaptique et leur ouverture pour libérer les médiateurs

qu'elle contient, la membrane vésiculaire devient au départ simplement une partie de la membrane

synaptique. Cependant, en quelques secondes à quelques minutes, la portion vésiculaire de la

membrane s'invagine à l'intérieur de la terminaison présynaptique et se détache de la membrane

synaptique pour former une nouvelle vésicule. Elle contient de nouveau les protéines de transport

appropriées nécessaires à la concentration de nouvelles substances médiatrices à l'intérieur de la

vésicule.

L'acétylcholine est un médiateur typique de ce genre, qui obéit aux principes de synthèse et de

libération énoncés ci-dessus. Elle est synthétisée au niveau de la terminaison présynaptique à partir

de l'acétyl-coenzyme A (acétyl-CoA) et de la choline, en présence de l'enzyme acétylcholine

transférase. Elle est ensuite transportée à l'intérieur de ses vésicules spécifiques. Quand ces dernières

libéreront plus tard l'acétylcholine, à l'intérieur de la fente synaptique, elle sera rapidement clivée en
14
acétate et choline par l'enzyme cholinestérase liée au protéoglycane dans l'espace de la fente

synaptique. Ensuite les vésicules seront recyclées et la choline transportée par un mécanisme actif à

l'intérieur de la terminaison, afin d'être de nouveau utilisée dans la synthèse d'une nouvel- le

molécule d'acétylcholine.

Caractéristiques de certains médiateurs. Les plus importants de type petite molécule. Les plus

importants des médiateurs de ce type sont les suivants:

*L'acétylcholine, sécrétée par le s neurones de la plupart des régions cérébrales, en particulier par les

grandes cellules pyramidales du cortex moteur, par de nombreux neurones des noyaux gris

centraux, par les motoneurones qui innervent les muscles squelettiques, par les neurones

préganglionnaires du système nerveux autonome , par les neurones postganglionnaires du

système nerveux parasympatique et par certains neurones postganglionnaires du système

nerveux sympathique. Dans la plupart des cas, l'acétylcholine a un effet excitateur; cependant, il est

bien connu qu'elle possède des effets inhibiteurs au niveau de certaines des terminaisons nerveuses

périphériques para- sympathiques, par exemple l'action des nerfs vagues sur le cœur.

*La noradrénaline sécrétée par de nombreux neurones dont les corps cellulaires sont situés au

niveau du tronc cérébral et de l'hypothalamus . Précisément, les neurones noradrénérgiques du

locus coeruleus, situé au niveau de la protubérance, envoient des fibres nerveuses à de vastes régions

cérébrales et contribuent au contrôle de l'ensemble des activités et de l'humeur. Dans la plupart de ces

aires, elle activerait des récepteurs excitateurs, sauf au niveau de quelques-unes d'entre elles où elle

activerait des récepteurs inhibiteurs. La noradrénaline est également sécrétée par la plupart des

neurones postganglionnaires du système nerveux sympathique , où elle excite ou inhibe certains

organes.

*La dopamine, sécrétée par des neurones dont l'origine est située dans la substance noire . Les

terminaisons sont essentiellement situées au niveau de la région striatale des noyaux gris centraux.

La dopamine a d'ordinaire un effet inhibiteur.

*La glycine, sécrétée essentiellement au niveau des synapses de la moelle épinière , agit

probablement comme médiateur inhibiteur.

15
*L'acide gamma-aminobutyrique (GABA), sécrété par certaines terminaisons nerveuses au niveau de

la moelle épinière , du cervelet, des noyaux gris centraux et bien des aires corticales. Il aurait une

action inhibitrice.

*Le glutamate, probablement sécrété par el s terminaisons présynaptiques dans de nombreuses

voies sensorielles aussi bien que dans de nombreuses aires corticales. Il entraîne probablement une

excitation.

*La sérotonine, sécrétée par des noyaux du raphé médian du tronc cérébral et dont les projections

se font vers de nombreuses aires cérébrales, spécialement vers les cornes dorsales de la moelle

épinière et l'hypothalamus. La sérotonine agit comme inhibiteur au niveau des voies médullaires. Elle

contribuerait également au contrôle de l'humeur et provoquerait même le sommeil.

b ) Les neuropeptides

Les neuropeptides constituent un autre groupe de médiateurs tout à fait différents, synthétisés

autrement et agissant habituellement de façon lente et tout à fait différente des médiateurs de

type petite molécule.

Ils ne sont pas synthétisés au niveau du cytosol des terminaisons présynaptiques, mais font partie

intégrante de grandes molécules protéiques synthétisées par les riboso- mes au niveau des corps

cellulaires neuroniques. Les molécules protéiques sont immédiatement transportées à l' intérieur du

réticulum endoplasmique du corps cellulaire, et ce dernier puis l'appareil de Golgi fonctionnent

ensemble pour réaliser deux choses: premièrement, le clivage enzymatique de la protéine originelle en

plusieurs fragments pour libérer de cette manière, soit le neuropeptide lui- même, soit un de ses

précurseurs; deuxièmement, l'empaquetage du médiateur par l'appareil de Golgi en de minuscules

vésicules qui sont libérées dans le cytoplasme. Ces vésicules sont ensuite transportées jusqu'aux

extrémités des fibres nerveuses par un écoulement axonal du cytoplasme, à une vitesse lente de

quelques centimètres par jour. Finalement, réagissant aux potentiels d'action, les vésicules libèrent

16
leurs médiateurs de la même manière qu'elles le font pour les médiateurs de type petite molécule. La

vésicule est cependant autolysée et n'est pas réutilisée.

En raison de cette méthode laborieuse de synthèse, par rapport aux médiateurs de type petite

molécule, ce sont de plus petites quantités de neuropeptides qui sont habituelle- ment livrées.

Cependant, ceci est partiellement compensé par le fait que les neuropeptides sont généralement

mille fois plus puissants que les transmetteurs de type petite molécule. Une autre caractéristique

importante des neuropeptides est qu'ils provoquent habituellement des actions plus prolongées.

Certaines de ces actions comprennent la fermeture prolongée des canaux calciques, des modifications

prolongées dans les mécanismes métaboliques cellulaires, des modifications prolongées dans

l'activation ou l'inactivation des gènes spécifiques du noyau cellulaire, dans le nombre des récepteurs

excitateurs ou inhibiteurs. Certains de ces effets peuvent durer des jours, des mois, voire des années.

Malheureusement, nos connaissances sur les fonctions des neuropeptides sont encore toute récentes.

Elimination de la substance médiatrice au niveau de la synapse

Après la libération du médiateur au niveau de la terminaison nerveuse, il est détruit ou éliminé

de quelque autre manière, afin de lui éviter une action continue. Dans le cas des neuropeptides, ils

sont absorbés essentiellement par diffusion à l'intérieur des tissus environnants, puis détruits en moins

de quelques minutes à plusieurs heures par des enzymes spécifiques ou non. Concernant les petites

molécules, médiateurs à action rapide, la suppression survient habituellement en moins de quelques

millisecondes. Ceci est réalisé de trois manières 1. Par diffusion du médiateur en dehors de la

fente à l'intérieur des liquides environnants. 2. Par destruction enzymatique à l'intérieur de la fente

elle-même. Par exemple, dans le cas de l'acétylcholine, l'enzyme choliniestérase est présente à

l'intérieur de fente, liée à la matrice protéoglycane qui occupe l'espace. Chaque molécule de cet

enzyme peut cliver jusqu'à 10 molécules d'acétylcholine chaque milliseconde, rendant ainsi inactive

cette substance médiatrice. Des effets similaires surviennent pour d'autres médiateurs. 3. Par

transport actif vers l'intérieur de la terminaison présynaptique etle-même et sa réutilisation; on

17
appelle ceci recapture du médiateur. Elle se produit spécialement au niveau des terminaisons

présynaptiques du système nerveux sympathique pour la noradrénaline.

IV-4 EVENEMENTS ELECTRIQUES PENDANT L'EXCITATION NEURONALE

Les événements électriques survenant lors de l'excitation neuronale ont été bien étudiés, en particulier

niveau du grand motoneurone de la corne antérieure de moelle épinière. Donc les événements qui

seront décrit se rattachent essentiellement à ces neurones. Mais, à l'exception de quelques différences

quantitatives, ils s'appliquent a bien à la plupart des autres neurones du système nerveux

*Le potentiel membranaire de repos du soma neuronique.

Sur la figure 30 est illustré le soma d'un motoneurone, montrant que le potentiel membranaire de

repos est aux environs de -65 millivolts. Ceci est inférieur -90 millivolts trouvés dans les grandes

fibres nerveuses périphériques et dans les fibres musculaires squelettique ; ce plus bas voltage est

important, car il permet le contrôle à la fois positif et négatif du degré d'excitabilité du neurone. C'est-

à-dire que la baisse du voltage à des valeurs négatives inférieures rend la membrane neuronale plus

excitable, tandis que son augmentation à des valeurs négatives supérieures le rend moins excitable.

Ceci est la base des deux modes de fonctionnement du neurone -excitation ou inhibition

*Différences des concentrations d'ions à travers la membrane du soma neuronique. La figure 30

montre également les différences de concentration à travers la membrane du soma neuronique des

trois ions les plus importants pour la fonction neuronale: ions sodium, potassium et chlore. Tout en

haut, il est montré que la concentration dans le liquide extracellulaire de l'ion sodium est très

importante, mais basse à l'intérieur du neurone. Le maintien de ce gradient de concentration se

fait grâce à une puissante pompe à sodium qui rejette continuellement cet ion 1 vers l'extérieur.

La figure montre également que la concentration de l'ion potassium est grande à l'intérieur du

soma neuronal et très basse dans le liquide extracellulaire .

Ceci illustre le fait qu'il existe également une pompe à potassium (autre moitié de la pompe Na+-K+

telle qu'elle est décrite précédemment) qui maintient le potassium à l' intérieur. Cependant, les ions

potassium fuient à travers les canaux ioniques membranaires, à un taux suffisant pour annuler

18
l'efficacité de la pompe à potassium. La figure 30 met en évidence que l'ion chlore se tro uve à une

haute concentration dans le liquide extracellulaire mais à une basse concentration à l'intérieur

du neurone. Elle met également en évidence que la membrane est tout à fait perméable aux ions

chlore et que par conséquent il y aurait une pompe à chlore faible. Cependant, la raison

essentielle de cette basse concentration d'ions chlore à l'intérieur du neurone est l'existence d'un

voltage négatif de -65 millivolts à l'intérieur. Car, ce voltage négatif repousse les ions chlore chargés

négativement, les rejetant dehors à travers les pores, jusqu'à ce que la différence de concentration soit

plus élevée à l'extérieur de la membrane qu'à l'intérieur.

Rappelons à propos de la relation entre les différences de concentration ionique et les potentiels de

membrane. On se souviendra qu'un potentiel électrique à travers la membrane peut s'opposer

exactement au mouvement des ions à travers celle-ci, malgré la différence de concentration entre

l'extérieur et l'intérieur, si le potentiel est de mêmes polarité et amplitude. Un tel potentiel qui

s'oppose exactement aux flux de chaque type d'ion est appelé potentiel de Nernst du dit ion.

*Distribution uniforme du potentiel à l'intérieur du soma. L'intérieur du soma neuronique

contient une solution électrolytique très conductrice: le liquide intracellulaire du neurone. Par

ailleurs, le diamètre du soma est très large (de 10 à 80 microns de diamètre), ce qui le rend quasiment

non résistant à la conduction du courant électrique à l'intérieur du soma. Donc, tout changement de

potentiel survenant en n'importe quel point du liquide intracellulaire provoque presque aussitôt un

changement égal du potentiel en tous les autres points à l'intérieur du soma. Ce principe est

important, car il joue un rôle majeur dans la sommation des signaux afférents en provenance de

sources multiples.

*L'effet de l'excitation synaptique sur la membrane postsynaptique –Potentiel. postsynaptique

excitateur La figure 31 illustre un neurone au repos avec une ter- minaison présynaptique non

excitée. A importe quel endroit du soma, le potentiel membranaire de repos est de -65 millivolts.

La figure 31 illustre une terminaison présynaptique qui a sécrété un médiateur dans la fente située

entre la terminaison nerveuse et la membrane du soma neuronique. Ce médiateur agit sur un

récepteur excitateur membranaire pour augmenter la perméabilité membranaire au Na+ .En raison

19
du gradient électrochimique important qui tend à faire pénétrer le sodium, cette élévation importante

de la conductance membranaire des ions sodium permet à ces derniers de se précipiter à l'intérieur de

la membrane.

Le flux rapide d'ions sodium chargés positivement vers l'intérieur neutralise une partie de la

négativité du potentiel membranaire de repos. Ainsi, sur la figure 31, le potentie l membranaire de

repos s'est élevé de -65 millivolts à -45 millivolts. Cette augmentation de voltage supérieur au

potentiel neuronal de repos -à une valeur moins négative -est appelée potentiel postsynaptique

excitateur (ou PPSE), car si ce potentiel est suffisamment élevé, il provoque un potentiel

d'action à l'intérieur du neurone, entraînant ainsi son excitation. Dans ce cas le PPSE est de + 20

rnillivolts. t

NB : La décharge d'une seule terminaison présynaptique ne suffira jamais à augmenter le potent iel

neuronal de -65 rnillivolts à -45 millivolts. Pour cela, il faut la décharge simultanée, ou en une

succession rapide, de nombreuses terminaisons -envIron 40 à 80 pour un neurone de la corne

antérieure. Ceci survient lors du processus dit de sommation, étudié en détail ultérieurement.

*Induction des potentiels d'action dans le segment initial de l'axone -Seuil d'excitation. Quand le

potentiel postsynaptique excitateur augmente suffisamment, il atteint le point où il donne naissance

au potentiel d' action neuronal , non pas au niveau de la membrane du soma adjacente aux synapses

excitatrices, mais dans le segment initial de l'axone, là où ce dernier quitte le soma neuronique. La

principale raison à ce lieu d'origine du potentiel d'action est que le soma ne possède dans sa

membrane que relativement peu de canaux sodium voltage dépendants, ce qui rend difficile l' atteinte

du nombre de canaux ouverts, nécessaires à l'obtention d'un PA. Au contraire, la membrane du

segment initial une concentration de canaux sodium sept fois plus grande que le soma et par

conséquent peut générer plus facilement un PA. La valeur PPSE , qui, au niveau du segment initial,

engendre un PA est située entre + 15 et 20 milliV. ce qui est bien différent des + 30 millivolts, voire

plus, nécessaires au niveau du soma.

Une fois le potentiel d'action induit, il se propage à la fois vers la périphérie le long de l'axone et en

arrière à travers le soma, et parfois au niveau des dendrites, mais non au niveau de toutes, car à

20
l'instar du soma elles ne possèdent que très peu de canaux sodiques et souvent ne peuvent pas générer

de potentiels d'action.

IV- 5 EVENEMENTS ELECTRIQUES LORS DE L'INHIBITION NEURONALE

IV-5-a) Effets des synapses inhibitrices sur la membrane postsynaptique -Potentiels

postsynaptiques inhibiteurs.

Les synapses inhibitrices ouvrent, à la place des canaux sodium, les canaux potassium ou

chlore ou les deux à la fois, facilitant ainsi le passage de ces ions. L'ouverture des canaux potassium

permettra aux ions potassium chargés positivement de sortir, ce qui rendra le potentiel membranaire

plus négatif que la normale, et l'ouverture des canaux chlore permettra aux ions chlore, chargés

négativement, d'entrer, ce qui aura un effet similaire. Ceci aboutit à l' élévation de la négativité

intracellulaire, appelé hyperpolarisation, effet qui inhibe manifestement le neurone, car le potentiel

de membrane est alors plus éloigné que jamais du seuil d'excitation. Donc, une augmentation de la

négativité au-delà du niveau normal du potentiel membranaire de repos est appelée potentiel

postsynaptique inhibiteur (PPSI).

La figure 31 C illustre l'effet provoqué par l'activation des synapses inhibitrices sur le potentiel de

membrane, entraînant la pénétration du chlore dans la cellule, ou la sortie du potassium de celle-ci,

avec la diminution du potentiel de membrane de sa valeur normale de -65 millivolts à une valeur plus

négative de -70 millivolts. Ce potentiel membranaire, qui est de 5 millivolts plus négatif, est le

potentiel post-synaptique inhibiteur. Donc, dans cet exemple le PPSI est de -5 millivolts.

IV-5-b)nhibition présynaptique

En plus de l'inhibition provoquée par les synapses inhibitrices qui opèrent au niveau de la

membrane neuronale, appelée inhibition postsynaptique, un autre type d'inhibition survient au niveau

des terminaisons présynaptiques avant que le signal n'atteigne la synapse. Ce type d'inhibition,

appelée inhibition présynaptique, se produirait de la façon suivante:

21
Elle serait provoquée par les synapses "présynaptiques" situées au niveau des fibrilles de la

terminaison nerveuse, avant qu'elles ne s'achèvent au niveau du neurone suivant. Il est supposé que

l'activation de ces synapses au niveau des terminaisons présynaptiques diminuent la capacité

d'ouverture des canaux calcium au niveau de ces terminaisons. Comme les ions calcium doivent

pénétrer dans la terminaison présynaptique pour que les vésicules puissent libérer le médiateur au

niveau de la synapse neuronale, le résultat est évidemment une réduction de l'exc itation neuronale.

L'inhibition présynaptique survient dans de nombreuses voies sensorielles du système nerveux. C' est

ainsi que les fibres nerveuses attenantes s'inhibent les unes les autres, réduisant au minimum la

propagation latérale des signaux d'une fibre à l'autre.

L'inhibition présynaptique est différente de l'inhibition postsynaptique dans ses séquences

temporelles. Elle n' a besoin que de quelques millisecondes pour se développer; mais une fois qu'elle

est produite, elle peut durer plusieurs minutes, voire plusieurs heures. L'inhibition postsynaptique ne

dure normalement que quelques millisecondes.

IV-5-c) Sommation des potentiels postsynaptiques

*Durée des potentiels postsynaptiques.

Quand une synapse excite le motoneurone antérieur, la membrane neuronale reste fortement

perméable pendant là 2 millisecondes. Durant ce temps, les ions sodium diffusent rapidement à

l'intérieur de la cellule, élevant le potentiel intraneuronal. Ceci engendre le PPSE, illustré par les

deux courbes inférieures de la figure 32. Ce potentiel se dissipera lentement lors des 15 millisecondes

suivantes, c'est-à-dire le temps nécessaire pour que les charges positives s'écoulent à partir des

synapses excitées tout le long des dendrites et de l'axone, et que les ions potassium sortent ou que les

ions chlore entrent, pour rétablir le potentiel membranaire de repos.

L'effet opposé survient précisément pour le PPSI. C'est-à-dire que la synapse inhibitrice

augmente la perméabilité de la membrane aux ions potassium et/ou chlore, pendant une à deux

millisecondes, ce qui élève le potentiel intraneuronal à une valeur plus négative que la normale,

créant par là le PPSI. Ce potentiel persiste également 15 millisecondes.

22
Cependant, d'autres types de substances médiatrices, agissant sur d'autres neurones, peuvent entraîner

une excitation ou une inhibition pendant quelques centaines de millisecondes, voire quelques

secondes, minutes ou heures.

*Sommation spatiale des potentiels postsynaptiques -Le seuil de décharge

Nous avons déjà souligné que l'excitation d'une seule terminaison présynaptique à la surface du

neurone n'est pas suffisante pour exciter le neurone. Ceci est dû au fait que la quantité de substance

médiatrice libérée par une seule terminaison provoque un PPSE ne dépassant habituellement pas 0,5

à 1 millivolt, au lieu des 10 ou 20 nécessaires pour atteindre le seuil habituel. d'excitation. Cependant,

lorsqu'un réseau neuronal du système nerveux est excité, de nombreuses terminaisons synaptiques

sont simultanément stimulées et, même si elles se répartissent sur de larges zones du neurone, leurs

effets peuvent néanmoins s'additionner .La raison est, comme nous l'avons montré, que le

changement du potentiel à n'importe quel point du soma entraîne presque exactement le même

changement en n'importe quel autre point de celui-ci. Cependant, pour chaque synapse excitatrice qui

décharge simultanément, la positivité du potentiel intrasomatique s'élève d'environ 1 millivolt. Quand

le PPSE s'élève suffisamment et que le seuil dl décharge est atteint, un potentiel d'action est

provoqué dans le segment initial de l'axone. Cet effet est illustré par la figure 32, qui met en évidence

plusieurs PPSE. Le potentiel postsynaptique du bas de la figure a été provoqué par la stimulation

simultanée de 4 synapses; le potentiel plus élevé qui suit est provoqué le celle d'un nombre double de

synapses; enfin, le PPSE le plus élevé est provoqué par ne stimulation de 4 fois plus de synapses.

C'est à ce moment qu'un potentiel d'action prend naissance dans le segment initial de l'axone.

Cet effet de sommation simultanée des potentiels synaptiques, par l'excitation de multiples

terminaisons de larges zones de la membrane, est appelé sommation spatiale.

*Sommation temporelle

Chaque fois qu'une terminaison décharge, le médiateur libéré entraîne l'ouverture des canaux

membranaires pendant environ 1 milliseconde. Etant donné que la durée du potentiel postsynaptique

est d'environ 15 millisecondes, une seconde ouverture des mêmes canaux peut augmenter la valeur
23
du potentiel. Par conséquent, plus la fréquence de stimulation de la terminaison est rapide, plus le

potentiel postsynaptique effectif est grand. Ainsi, lorsque des potentiels postsynaptiques successifs

arrivent de manière suffisamment rapide au niveau d'une terminaison présynaptique, ils peuvent

s'additionner de la même façon que les potentiels issus des terminaisons réparties sur le neurone.

Cette sommation est appelée sommation temporelle.

*Sommation simultanée de potentiels postsynaptiques inhibiteur et excitateur.

Il est évident que les effets simultanés d'un PPSI tendant à diminuer le potentiel de membrane à une

valeur plus négative, et ceux d'un potentiel, PPSE qui, lui, augmente le potentiel, peuvent complète-

ment ou partiellement s'annuler. Ainsi, dans un neurone généralement excité par un PPSE, un signal

inhibiteur provenant d'une autre source peut facilement réduire ce potentiel à une valeur inférieure au

seuil d'excitation, interrompant ainsi l'activité du neurone.

*Facilitation des neurones.

Souvent le potentiel post- synaptique, bien qu'excitateur par nature, n'est pas suffisamment élevé pour

atteindre le seuil d'excitabilité. On dit dans ce cas que le neurone est facilité, c'est-à-dire que son

potentiel de membrane est plus proche du seuil de décharge que normalement, mais n'a pas encore

atteint le niveau suffisant. Cependant, un autre signal provenant d'une autre source peut exciter très

facilement le neurone. Les signaux diffus au niveau du système nerveux "facilitent" souvent de grands

groupes de neurones pouvant ainsi répondre rapidement et facilement aux signaux provenant d'une

seconde source.

24
IV-6- ROLES SPECIFIQUES DES DENDRITES DANS L'EXCITATION

DES NEURONES

IV-6-a)Le champ large d'excitation des dendrites.

Les dendrites du motoneurone antérieur s'étendent sur environ 500 à 1000 microns autour du soma neuronal.

Par conséquent, elles peuvent recevoir des signaux provenant d'une grande aire spatiale autour du

motoneurone, ce qui assure de grandes possibilités de sommation des signaux, à partir de nombreux neurones

présynaptiques indépendants.

Il est également important de noter que 80 à 90 % de l'ensemble des terminaisons présynaptiques se

terminent sur les dendrites du motoneurone antérieur et seulement 10 à 20 % sur le soma neuronique.

Par conséquent, la part prépondérante de l' excitation est. assurée par les signaux transmis à travers les

dendrites.

De nombreuses dendrites ne peuvent transmettre des potentiels d'action -mais peuvent transmettre des

signaux par conduction électronique. De nombreuses dendrites ne peuvent transmettre des potentiels d'action

car leur membrane est relativement pauvre en canaux sodium voltage-dépendants, et ainsi leur seuil

d'excitation est situé à un niveau trop élevé pour que le potentiel l'action puisse se produire. Malgré tout, ils

transmettent un courant électrotonique vers le soma. La transmission de ce courant signifie sa propagation

directe par conduction électrique dans le liquide des dendrites, sans généra- lion de potentiel d'action. La

stimulation du neurone par ce courant a les caractéristiques particulières suivantes:

Diminution de la conduction électrotonique au niveau 1es dendrites -Excitation plus forte par les

synapses proches du soma. Sur la figure 33 sont représentées des synapses excitatrices et inhibitrices en train

de stimuler les dendrites d'un neurone. Sur les deux dendrites de gauche sont représentés les effets excitateurs

au niveau des extrémités des dendrites. Notez le niveau élevé des potentiels postsynaptiques excitateurs -cela

est dû à une moindre négativité des potentiels de membrane en ces points. Cependant, une grande partie du

25
PPSE est perdue avant d'atteindre le soma. La raison en est que les dendrites sont longues et minces, et que

leur membrane également mince est excessivement perméable aux ions potassium et chlore, ce qui les

transforme "en passoire" pour le courant électrique. Ainsi, avant que le potentiel excitateur n'atteigne le soma,

une grande partie du courant est perdue par fuite à travers la membrane. Cette diminution du potentiel de

membrane, tandis qu'il se propage électrotoniquement le long des dendrites vers le soma, est appelée

conduction décrémentielle.

Il est également évident que, plus la synapse excitatrice est proche du soma neuronique, moindre est le

décrément de la conduction. Ainsi, les synapses qui se trouvent proches du soma ont des effets beaucoup plus

excitateurs que celles qui en sont éloignés.

IV-5-b) Réexcitation rapide du neurone par les dendrites après la décharge neuronale. Lorsqu'un

potentiel d'action apparaît au niveau du neurone, il se propage en arrière, habituellement à travers le soma,

mais pas toujours à travers les dendrites. Par conséquent, au niveau de ces dernières les potentiels PPSE ne

sont souvent que partiellement perturbés par le PA; ainsi dès que ce dernier s'achève, les potentiels déjà

existants au niveau des dendrites sont disponibles pour réexciter le neurone. Ainsi les dendrites ont la

"capacité de retenir" le signal excitateur présynaptique.

IV-5-c) Sommation de l'excitation et de l'inhibition au niveau des dendrites.

Sur la figure 33 on voit que la dendrite la plus haut située est stimulée à la fois par des synapses excitatrices et

inhibitrices. A l'extrémité de la dendrite se trouve un puissant PPSE, mais plus près du soma deux synapses

inhibitrices agissent sur la même dendrite. Ces dernières assurent une hyperpolarisation qui annule

complètement l'effet excitateur et à vrai dire transmettent vers le soma une petite inhibition par conduction

électrotonique. Par conséquent, de la même façon que le soma, les dendrites peuvent faire la sommation des

potentiels postsynaptiques excitateurs et inhibiteurs.

Sur cette figure sont également représentées plusieurs synapses inhibitrices situées directement sur le segment

initial de l'axone. Cette localisation assure une inhibition particulièrement puissante du fait qu'elle agit

directement

26
IV-5-d) RELATION ENTRE L'ETAT D'EXCITATION DU NEURONE ET fA FREQUENCE DE

DECHARGE

*L'état d'excitation".

"L'état d'excitation" d'un neurone est défini comme le degré d'action excitatrice exercée sur le neurone. Si à

chaque instant donné il y a un degré plus élevé d'excitation que d'inhibition, on parle d'état d'excitation, s'il y a

plus d'inhibition que d'excitation, on parle d'état d'inhibition.

Quand l'état d'excitation du neurone s'élève au dessus du seuil d'excitation, il décharge de façon répétitive

aussi longtemps que cet état se maintiendra. Cependant, la fréquence des décharges est déterminée par

l'importance du degré de l' état d'excitation, au-dessus du seuil. Pour expliquer ceci, nous devrions d'abord

considérer les modifications du potentiel somatique neuronal pendant et après le potentiel d'action.

*Modifications du potentiel du soma neuronal pendant et après le potentiel d'action.

La courbe inférieure de la figure 34 met en évidence un potentiel d'action se propageant en amont vers le

soma neuronal, après avoir été provoqué au niveau du segment initial de l'axone par un PPSE. Après le pic du

potentiel d'action, on note un état "d 'hyperpolarisation" d'une durée très longue de plusieurs millisecondes.

Pendant cet intervalle, le potentiel membranaire somatique est inférieur au potentiel membranaire de repos

normal. Ceci est dû, au moins en partie, à la perméabilité importante de la membrane neuronale aux ions

potassium; perméabilité qui persiste plusieurs millisecondes après la fin du potentiel d'action. La haute

conductance de la membrane pour les ions potassium "court-circuite" les potentiels excitateurs, comme nous

l'avons déjà expliqué. L'importance de cette hyperpolarisation et du court-circuitage qui apparaît après le pic

du potentiel. Est du au fait que le neurone reste dans un état d'inhibition pendant cette période de temps. Par

conséquent, un bien plus grand état d' excitation est nécessaire pour réexciter le neurone. ,

*Relation entre l'état d'excitation et la fréquence de décharge.

La courbe au sommet de la figure 34, intitulée «état d'excitation nécessaire pour la réexcitation » décrit le

niveau relatif de l' état d'excitation nécessaire à chaque instant pour réexciter le neurone après un PA. Noter

que, très peu de temps après la fin potentiel, un état très élevé d'excitation est nécessaire. C'est pour cette

raison qu'un très grand nombre de synapses excitatrices devraient décharger simultanément. Après plusieurs

millisecondes, avec le début de la disparition l'état d'hyperpolarisation et du court-circuitage, l'état d'excitation

27
nécessaire devient beaucoup moins important. Par conséquent, quand l'état d'excitation est élevé, le PA

apparaît rapidement après le premier. Puis juste après le deuxième, un troisième PA apparaît et ce processus

continuera indéfiniment. Ainsi, à un très haut niveau d'état d'excitation, la fréquence de décharge neuronale est

grande.

Par contre, quand l'état d'excitation est à peine au-dessus du seuil, le neurone doit attendre la disparition quasi

complète de l'hyperpolarisation et du court-circuitage pendant plusieurs millisecondes, avant qu'il ne puisse

décharger de nouveau. Par conséquent, la fréquence de décharge neuronale est basse.

*Caractéristiques de la réponse des différents neurones à des augmentations du niveau de l'état

d'excitation.

Les études histologiques du système nerveux ont apporté la preuve de la grande variété des types neuronaux

dans les diverses parties du système nerveux et leur différentes fonctions, sur le plan physiologique. La

capacité de réponse aux stimulations synaptiques varie d'un type de neurone à l'autre. Certains neurones du

système nerveux central déchargent continuellement, car leur état normal d'excitation est au-dessus du seuil.

Leur fréquence de décharge peut encore augmenter par un accroissement de leur état d'excitation, ou décroître,

voire s'annuler par la superposition d'un état d'inhibition.

Ainsi, les différents neurones répondent différemment et ont des seuils d'excitation et des fréquences

maximales de décharge très différentes. Avec un peu d'imagination, nous pouvons facilement comprendre

l'importance de cette variété neuronale et de leurs différentes caractéristiques de réponse

pour réaliser les fonctions très variées du système nerveux.

IV-7- CERTAINES CARACTERISTIQUES PARTICULIERES DE LA TRANSMISSION

SYNAPTIQUE ,

*Fatigue de la transmission synaptique .

Quand les synapses excitatrices sont stimulées de manière répétitive, à une fréquence rapide, le nombre de

décharges par le neurone postsynaptique est très important au début, mais il diminue progressivement dans les

millisecondes ou les secondes qui suivent. C'est ce que l'on appelle fatigue de la transmission synaptique.
28
Il s'agit d'une caractéristique extrêmement importante de la fonction synaptique car, lorsque certaines

zones du système nerveux sont surexcitées, elle entraîne la perte de cet excès d'excitabilité; par exemple,

lors d'une convulsion épileptique, la fatigue synaptique est probablement le moyen le plus important par

lequel l'excès d'excitabilité du cerveau est finalement maîtrisé, entraînant ainsi l'arrêt des convulsions. Le

développement de la fatigue est donc un mécanisme protecteur contre l'excès de l'activité neuronale. Le

mécanisme de fatigue consiste essentiellement en l'épuisement des stocks de médiateurs dans les

terminaisons synaptiques; on a calculé que les terminaisons excitatrices dans la plupart des neurones ne

peuvent stocker une quantité suffisante de médiateurs excitateurs que pour 10 000 transmissions synaptiques.

Ainsi le médiateur est épuisé en quelques secondes à quelques minutes de stimulation rapide. Cependant, ce

processus résulterait en partie de deux autres facteurs: (1) l'inactivation progressive de nombreux récepteurs

membranaires postsynaptiques et (2) l'accumulation lente d'ions calcium à l'intérieur du neurone

postsynaptique à la suite des potentiels d'action successifs les ions calcium ouvrent à leur tour les canaux

potassiques activés par le calcium, ce qui provoque l'inhibition du neurone postsynaptique.

*Facilitation post-tétanique.

Quand on applique une série de stimulations itératives à une synapse excitatrice pendant un certain temps,

suivi d'une période de repos, la synapse sera souvent plus sensible aux stimulations suivantes, pendant

plusieurs secondes ou minutes. C'est la facilitation post-tétanique.

Des expériences ont montré que la facilitation posttétanique est provoquée essentiellement par un excès d'ions

calcium dans les terminaisons présynaptiques, car la pompe à calcium fonctionne trop lentement pour rejeter

immédiatement l'ensemble de ces ions, après chaque potentiel d'action. Les ions calcium accumulés

provoquent la lib ération vésiculaire croissante du médiateur, augmentant parfois sa libération jusqu'à deux fois

la normale.

La signification physiologique de la facilitation posttétanique est encore très incertaine et elle pourrait ne pas

avoir une signification réelle. Cependant, les neurones emmagasineraient éventuellement l'information par ce

mécanisme. Par conséquent, la facilitation post-tétanique constituerait un mécanisme de mémoire à "court-

terme" au niveau du système nerveux central.

*Effet de l'acidose et de l'alcalose sur la transmission synaptique.

29
Les neurones sont très sensibles aux changements de pH du liquide interstitiel environnant. L'alcalose

augmente de façon importante l'excitabilité neuronale. Par exemple, l'élévation du pH artériel de son niveau

normal de 7 ,4 jusqu'à 7 ,8 au 8,0 provoque souvent des convulsions cérébrales, en raison de l'accroissement

de l'excitabilité des neurones. Ceci peut être bien démontré, particulièrement chez une personne prédisposée

aux convulsions épileptiques, pendant l' hyperpnée. Cette dernière élève momentanément le pH sanguin, mais

même ce court intervalle suffit souvent à provoquer une crise épileptique.

Par ailleurs, l'acidose déprime de façon importante l'activité neuronale. Une chute du pH de 7 ,4 à 7,0 entraîne

habituellement un coma. Par exemple, dans les acidoses diabétiques ou urémiques très sévères, le coma

s'installe toujours.

*Effet de I'hypoxie sur la transmission synaptique.

L' excitabilité neuronale est aussi fortement dépendante d'un apport suffisant en oxygène. L'arrêt de l'oxygène,

pendant quelques secondes seulement, peut aboutir à une inexcitabilité complète des neurones, ce qui est

souvent observé lors d'une interruption temporaire de la circulation cérébrale, pendant 3 à 5 secondes.

*Effet des drogues sur la transmission synaptique .

Un grand nombre important de drogues augmente l'excitabilité des neurones, tandis que d'autres la diminuent.

Par exemple, la caféine, la théophylline et la théobromine, qu'on trouve respectivement dans le café, le

thé et le cacao, augmentent toutes l'excitabilité neuronale, vraisemblablement en réduisant le seuil

d'excitation des neurones. La strychnine est aussi l'un des mieux connus, parmi tous les agents qui

augmentent l'excitabilité neuronale. Cependant, elle ne réduit pas le seuil d'excitation des neurones, I mais

inhibe l'action de certains médiateurs inhibiteurs sur le neurone, spécialement l'effet inhibiteur de la glycine

au niveau de la moelle épinière. En conséquence, les médiateurs excitateurs exercent un effet prépondérant et

les neurones sont si excités que les décharges deviennent rapides et itératives, entraînant de sévères spasmes

musculaires toniques.

La plupart des anesthésiques augmentent le seuil membranaire d'excitation et diminuent ainsi la transmission

synaptique , en de multiples points du système nerveux, car la plupart des anesthésiques sont liposolubles; il a

été supposé qu'ils pouvaient changer les caractéristiques physiques des membranes neuronales, les rendant

moins sensibles aux agents excitateurs.

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*Délai synaptique.

Lors de la transmission d'un potentiel d'action présynaptique à un neurone postsynaptique, un certain temps

est nécessaire pour (1) la libération du médiateur par la terminaison présynaptique, (2) sa diffusion vers la

membrane neuronale postsynaptique, (3) son action sur le récepteur membranaire, (4) l'action du récepteur

dans l'accroissement de la perméabilité membranaire (5) la diffusion intracellulaire du sodium qui accroît le

PPSE Jusqu ' à une valeur suffisamment élevée pour provoquer un potentiel d'action. La période minimale de

temps requis pour que tous ces événements aient lieu est d'environ 0,5 milliseconde, même si un grand

nombre de synapses excitatrices sont stimulées simultanément. Ceci est appelé le délai synaptique. Son

importance est déterminée par le fait que les neurophysiologistes peuvent mesurer le temps minimal de délai

entre une salve d'impulsions à l'entrée et une salve à la sortie et à partir de cela estimer le nombre de neurones

impliqués dans le circuit.

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