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PROGRAMME FÉVRIER À JUILLET 2003

(les activités présentées en archives ne tiennent pas compte des modifications


qui sont intervenues en cours de programmation)

CONFÉRENCES page 2

SÉMINAIRES page 4

Philosophie/Art et littérature page 4

Philosophie/Droit et économie page 16

Philosophie/Philosophie page 18

Philosophie/Politique page 25

Philosophie/Psychanalyse page 30

Philosophie/Sciences page 34

Philosophie/Sciences sociales page 39

HOMMAGE À L'ŒUVRE page 40

COLLOQUES page 41

JOURNÉE D'ÉTUDE page 45

LES SAMEDIS, débats autour d'un livre page 46

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INDEX DES RESPONSABLES page 49

ACTIVITÉS SOUTENUES PAR LE CIPh page 51

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CONFÉRENCES

Ian HACKING

Entre Michel Foucault et Erving Goffman

du discours abstrait à l’« L'interaction face à face »

Jeu 6 mars (19h-21h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Ceci n’est pas une étude historique, mais il est commode de se servir des grands noms comme de patères
auxquelles on peut accrocher des idées. On peut faire remonter l’origine de mes préoccupations à Jean-Paul
Sartre (1905-1980) et à un thème de son œuvre magistrale, L’Être et le néant : à savoir, que « L’existence
précède l’essence ». On ne naît pas avec un caractère ou une nature qui seraient déjà-là. Les possibilités
ouvertes à chacun, son caractère, ses potentialités, sont façonnés au cours de la vie, même si, pour beaucoup
de gens, ils se figent précocement. Sartre le savait bien : en chaque lieu et temps, il n’y a que quelques
possibilités qui prennent sens. Passons alors à la question suivante : comment l’espace des actions possibles
et réelles se trouve-t-il soumis à des contraintes, qui ne sont pas simplement celles des barrières et des
opportunités physiques et sociales, mais aussi celles que constituent les manières dont nous conceptualisons
et réalisons qui nous sommes et qui nous pouvons être, ici et maintenant ?

À ces questions, Michel Foucault (1926-1984) et Erving Goffman (1922-1982) ont donné des réponses
étrangement complémentaires. Tous deux ont commencé par le cas extrême. Goffman l’appelait l’institution
totale (« total institution », qui n’est pas exactement l’équivalent de « l’institution totalitaire » qu’on trouve
dans la traduction française). Il s’agit par exemple de la prison, de l’hôpital psychiatrique (autrefois, asile
d’aliénés), du camp de concentration, de l’abbaye, de l’internat, du navire de guerre. En 1961, les deux
hommes ont publié chacun un ouvrage extraordinaire sur la folie et ses institutions (Asylums et Histoire de la
folie). Ces deux livres préparent la future et brillante trajectoire de leurs auteurs. On peut lire ces œuvres de
diverses manières ; on peut les comprendre comme des « philosophies de la nature humaine » après Sartre.

Goffman a analysé, en s’appuyant sur une série de types idéaux, les manières dont les rôles humains sont
constitués dans des interactions en face à face au sein d’un cadre institutionnel. Il s’est demandé comment les
modes de la normalité et de la déviance touchent les acteurs individuels, et comment l’acteur lui-même
modifie ces normes par une espèce de rétroaction. Les archéologies de Foucault ont établi les conditions qui
déterminent les formes successives des institutions et de leurs mutations. Les dernières généalogies qu’il a
tracées en arrivent plutôt à décrire la manière dont les situations historiques influent sur les gens et sur la
formation de leurs potentialités, mais elles n’indiquent jamais comment cela se produit dans la vie
quotidienne. Le travail de Goffman est quant à lui richement détaillé, mais il ne donne pas d’indication sur la
façon dont les structures environnantes elles-mêmes se sont constituées. Je passerai sur ce qui intéresse tant
de lecteurs, c'est-à-dire sur les effets de pouvoir (parlant des institutions totales, Goffman a écrit : « Ces
établissements sont, dans nos types de sociétés, des lieux de coercition destinés à changer les gens ».). Mon
propos est plutôt d’exploiter les approches à la fois archéologiques et sociologiques, afin de mieux
comprendre les modalités selon lesquelles se constituent les vies réelles et possibles des individus. Bien sûr, il
y a mille façons d’y parvenir. Bourdieu nous a conduits à être attentifs aux façons dont des modes de
comportement, le langage corporel inclus, sont devenus des manifestations intériorisées, automatiques et
inconscientes du sujet que nous sommes. Je suis davantage préoccupé par des questions qui nous renvoient à

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Sartre. Et ce n’est pas parce que nous pouvons choisir librement qui nous sommes, mais parce que les choix
qui s’ouvrent à nous sont rendus possibles à l’intersection des situations sociales immédiates et par elles,
situations qui sont l’objectif que visent aussi bien le sociologue que l’historien du présent et l’achéologue.
L’instantané photographique, qui est l’art du sociologue (Goffman), et les conditions historiques abstraites
qui sont requises (Foucault) sont essentiels à la compréhension de ce que je nomme « façonner les gens ».

Ian Hacking est professeur au Collège de France, chaire de Philosophie et histoire des concepts scientifiques. Il enseigne
également au département de philosophie de l'Université de Toronto

Judith BUTLER

Contre la violence éthique

Mar 27 mai (18h30-21h)


Amphi Poincaré, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

(cette conférence aura lieu en anglais ; une version en français du texte sera distribuée)

Cette conférence discutera la thèse selon laquelle une éthique requiert une conception cohérente et auto-
constituée du sujet et défendra plutôt l'idée que l'opacité du sujet est la source de ses liens éthiques. À l'appui
de cette thèse, on proposera de distinguer le moralisme, la moralité et l'éthique : le moralisme comme moyen
de brandir des catégories éthiques selon des voies violentes, la moralité comme ce qui concerne la conduite
de la vie individuelle, et l'éthique pour désigner le domaine fondamental des relations à partir desquelles
surgissent les questions morales. Plus particulièrement, je discuterai d'une possible éthique non-violente à
travers ces moments. Dans cet éclairage, j'étudierai la relation entre le dernier Foucault, qui défend l'idée que
l'éthique ne requiert pas seulement le souci de soi au milieu de l'assujettissement social, mais aussi la
naissance de nouvelles subjectivités, et Adorno dont les pensées sur la philosophie morale (1963) éclairent la
difficulté de vivre individuellement une vie bonne au sein d'une vie sociale et politique défavorable.

Judith Butler, professeure à l'Université de Berkeley

Wayne J. HANKEY

Pourquoi « l'Histoire » heideggérienne de la Métaphysique est morte ?

Mer 4 juin (18h30-21h)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

(cette conférence aura lieu en anglais ; une version en français du texte sera distribuée)

Que la philosophie s’est maintenant libérée de l’horizon de l’onto-théologie eu égard à l’histoire de la


métaphysique est une position sur laquelle on s’accorde de plus en plus. Je me propose de mettre en lumière
les principaux éléments de cette position. Je m’inspirerai largement de Jean-Marc Narbonne, Hénologie,
Ontologie et Ereignis (Plotin-Proclus-Heidegger) et des conférences présentées au XXVIIe Congrès de
l’Association des Sociétés de Philosophie de Langue Française. La métaphysique : son histoire, sa critique,

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ses enjeux. Ces travaux, et d’autres études récentes, exposent les raisons pour lesquelles la perspective de
Heidegger ne comprend pas les philosophies ancienne et médiévale dans les traditions aristotélicienne et
néoplatonicienne. Je m’inspirerai aussi des travaux de Jean-Luc Marion et d’Olivier Boulnois qui déterminent
les critères en vertu desquels la métaphysique peut être considérée comme onto-théologie, et qui montrent,
avec d’autres (notamment Jean-Francois Courtine), pour quelles raisons l’onto-théologie est une structure qui
voit le jour à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne. Je ferai également appel à mes propres travaux
relatifs a) aux raisons pour lesquelles l’histoire heideggérienne de la subjectivité est erronée, b) à l’histoire et
aux mobiles de la renaissance du néoplatonisme en France, et c) à la convergence du néoplatonisme et de
l’aristotélisme chez Thomas d’Aquin. Partant du fait que les études néoplatoniciennes menées en France
après Bréhier, de même que Heidegger dans Identität und Differenz, se sont opposés à des explications
hégéliennes de l’histoire de la philosophie, je me demanderai dans quelle mesure a) Heidegger et les études
néoplatoniciennes réagissaient au même problème, b) le néoplatonisme français était déterminé par les
questions de Heidegger, c) le positionnement heideggérien de l’Être — en tant qu’il est au-delà de la
différence entre l’Être et les étants — rappelle des éléments de la description néoplatonicienne de l’Un.
J’aimerais enfin dire quelque chose à propos de ce que permet l’ouverture à des éléments de notre monde qui
échappent à l’onto-théologie.

Wayne J. Hankey, professeur à Dalhousie University

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SÉMINAIRES

Philosophie/Art et littérature

Hélène CIXOUS

Écrire avec une main-d'-enfant arrachée à un enfant (II) :

Lettres de feinte

9h30-15h30
Salle des Résistants, École Normale Supérieure, 45 rue d'Ulm, 75005 Paris
Sam 8 fév, Sam 1 mars, Sam 15 mars, Sam 29 mars, Sam 10 mai

Séminaire organisé dans le cadre de la convention avec l'Université de Paris 8/Doctorat d'Études féminines

Un livre n’est pas qu’un geste d’art : c’est une arme ; c’est un méfait ; c’est une course au(x) secret(s). C’est
une lutte contre la mémoire, pour le souvenir. Et inversement. On est en lambeaux, on se rapièce. C’est pour
ça que j’adore la Vie de Henry Brulard. C’est une vie qui est un livre en train de se faire la peau, de se ronger
les sangs, d’avoir froid aux pieds, de discuter vivement de mort et de destin dans la cuisine.
— Je veux pousser l’écrit jusqu’au crime contre la société, la tradition, je veux pousser jusqu’à l’écrime, dit
Thomas Bernhard. — Je veux prendre toutes les libertés avec la langue, je veux aimer ses charmes à la folie.
La langue serait ma jeune mère ravissante perdue désirée pleurée rappelée recréée ? se demande Proust. Puis
renvoyée-remplacée en tant qu’Albertine. Je veux aimer à la fureur et par-dessus tout une chose bizarre,
chose animée, torrentielle, désobéissante, mécréante, qui bondit par-dessus les matelas et disparaît en laissant
derrière elle des traces d’incendie, s’écrie Stendhal.
Saint Augustin, Swift, Rousseau, Stendhal, Rimbaud, Joyce, Genet, Derrida, Bernhard... tous des malfaiteurs,
d’anciens enfants partis à la chasse, l’un aux poires, l’autre aux pommes, un autre aux tourdres, et tous pris
sur le fait l’un la main sur la grappe l’autre la dent sur la grosse joue rouge d’une tante à croquer, l’autre
lancé sur le vélo volé à l’oncle père… Sur les traces du fugitif nous irons en Autriche, en tant qu’enfant sous
les bombardements. Nous descendrons avec Thomas Bernhard de galeries en cavernes, de guerre extérieure
en guerre intérieure. Dans une ville en ruine, nous avons marché sur une main-de-poupée. Ce n’était pas une
main-de-poupée, découvrons-nous, c’était une main-d’-enfant arrachée à un enfant (Th. Bernhard, Die
Ursache). Avec cette main-d’-enfant arrachée-rattachée s’écrit le livre originaire.
Le « livre originaire » est « la chose originale », « la signature originale » dont parle le narrateur proustien
lorsque « se lève le voile » qui donne à voir l’Enfer de la disparition d’Albertine.

Intervenants (dates précisées ultérieurement) :


Daniel Mesguich et Charles Malamoud

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Ce séminaire se poursuivra, hors programme du Collège, à la Sorbonne (Salle des Commissions), 46 rue
Saint-Jacques, 75005 Paris (de 9h30 à 15h30) aux dates suivantes : Samedis 31 mai, 7 juin et 21 juin.
Intervenant :
- Samedi 21 juin : Jacques Derrida

Bruno CLEMENT

Le visage et sa voix

(autour de la prosopopée)

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Mar 4 mars, Mar 11 mars : Amphi A, 18h-20h
Mar 18 mars : Amphi A, 18h30-20h30
Mar 25 mars, Mar 1 avr, Mar 22 avr : Amphi A, 18h-20h
Mar 29 avr, Mar 6 mai, Mar 13 mai : Amphi B, 18h-20h
Mar 20 mai : Amphi B, 18h30-20h30
Mar 27 mai, Mar 3 juin : Amphi B, 18h-20h

Séminaire organisé dans le cadre de la convention avec l'Université Paris 8.

Je poursuis, avec l’étude de cette « figure », l’enquête sur les stratégies textuelles du texte théorique.
La prosopopée ne pose pas seulement des problèmes linguistiques, et une théorie de l’énonciation, si elle
constitue une étape nécessaire de la réflexion, ne dira pas sur elle le dernier mot. Cette figure en effet, sous
les apparences d’une citation plus ou moins longue ou vraisemblable ; d’un discours que la typographie
ordinaire ne distingue pas d’un discours « direct » ; d’un « dialogue » qui ne peut surprendre que si l’on tient
que le discours théorique n’emprunte rien à la narration ; cette figure mêle sciemment, explicitement, deux
voix dont le statut, indiscutablement, diffère, sans qu’il soit toujours aisé de dire précisément en quoi ; sans
même qu’il soit absolument certain que le « deux » qu’elle confesse soit « deux » effectivement. Pour tenter
de débrouiller un peu l’écheveau, que le mot d'incarnation désignerait sans invraisemblance, seront
convoqués, tour à tour, ou associés, les couples identité/altérité, direct/indirect, réel/fictif, présence/absence,
narratif/théorique.
Si, comme le dit Pierre Fontanier, la prosopopée « consiste à mettre en quelque sorte en scène les absents, les
morts, les êtres surnaturels, ou même les êtres inanimés ; à les faire agir, parler, répondre ainsi qu'on
l'entend », alors, cette figure essentiellement polyphonique intéresse aussi — et peut-être au premier chef —
la littérature et notamment le discours critique qui ne manque jamais de faire parler en son nom et selon sa
guise le texte qu’il se donne pour objet, à qui il peut même arriver de ventriloquer l'auteur du texte qu'il
prétend commenter.
À partir d'un corpus varié (de Platon à Blanchot, en passant par Rousseau, Molière, Péguy), le séminaire
cherchera à jeter un peu de lumière sur ce tour qui mêle la voix de l'un et celle, imaginaire, d'un autre, lui-
même imaginaire ; qui bien souvent interrompt une narration par une méditation vertueuse ; qui mise tout sur
la fiction d'un style « direct ».

Bibliographie sélective :

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Platon, Criton
Augustin, Les Confessions
Molière, Dom Juan
Rousseau, Discours sur les Sciences et les Arts
Péguy, Clio

Simon CRITCHLEY

De l'humour (II)

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Mer 4 juin : Amphi A, 18h-20h
Jeu 5 juin : Amphi Stourdzé, 18h30-20h30
Mer 11 juin, Jeu 12 juin : Amphi A, 18h-20h

Ce ne sont pas les choses elles-mêmes (pragmata) qui tourmentent les hommes,
mais les opinions qu’ils forment sur les choses (dogmata).

citation d’Épictète qui sert d’épigraphe à


La Vie et les opinions de Tristram Shandy.

L’humour vient secouer nos affirmations ordinaires sur le monde empirique. On pourrait considérer qu’il
surgit de l’écart entre l’état réel des choses et la façon dont cet état est représenté dans la blague, entre
expectative et occurrence. L’humour prend à rebours notre attente par l’apparition inattendue d’autre chose,
modifiant ainsi la situation dans laquelle nous nous trouvions. On ne compte plus les exemples, des enfants
de chœur chargés de lire un sermon abscons lors de festivités médiévales aux ours, chiens ou hamsters se
mettant à parler, au professeur laissant échapper un bruit incongru. Tout cela n’est guère nouveau. Cicéron
écrivait déjà dans De Oratore que « le type de plaisanterie le plus commun survient lorsque nous attendions
une chose, et que c’est une autre qui est dite ; notre attente déçue nous fait rire ». Le monde comique n’est
pas simplement « die verkehrte Welt », le monde à l’envers, pieds par dessus tête, de la philosophie, c’est
plutôt un monde aux chaînes causales rompues, aux pratiques sociales sens dessus dessous, où la raison du
sens commun s’effrite.

Dans les quatre séances du séminaire, je voudrais défendre une double thèse : (I) que les petites explosions
d’humour que nous appelons blagues nous renvoient à un monde familier de pratiques communes, aux codes
implicites qui constituent une culture, un monde ; et (II) qu’elles montrent aussi que ces pratiques pourraient
être transformées, ou améliorées, que les choses pourraient être autrement. L’humour révèle la situation en
même temps qu’il indique comment la situation pourrait être changée ; il éclaire le quotidien en offrant ce
que j’appelle « une phénoménologie oblique de la vie ordinaire ». L’humour possède donc un certain pouvoir
de rédemption, une sorte de puissance messianique faible.

1ère séance : Une petite phénoménologie de la plaisanterie, avec les exemples de Swift, Sterne et les Frères
Marx
2ème séance : L’humour est-il humain — la représentation des animaux dans l’humour
3ème séance : L’expérience du corps dans le rire
4ème séance : Sensus et dissensus communis dans l’humour — avec les exemples de Shaftesbury et Freud

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Jehanne DAUTREY

Atelier : Dispositifs artistiques, dispositifs de pensée

18h-20h
C.I.D., École Nationale Supérieure des Beaux-Arts (E.N.S.B.A.), 14 rue Bonaparte, 75006 Paris
Jeu 27 fév, Jeu 6 mars, Jeu 13 mars, Jeu 20 mars, Jeu 27 mars, Jeu 3 avr

Atelier organisé dans le cadre de la convention avec l'E.N.S.B.A. (École Nationale Supérieure des Beaux-
Arts) et en collaboration avec Guillaume Paris (plasticien, professeur à l'E.N.S.B.A.)

Cet atelier se propose d'engager une réflexion sur la convergence entre une nouvelle approche analytique des
œuvres d'art que l'on observe chez nombre de théoriciens actuels de l'art contemporain et de nouvelles
pratiques artistiques. On observe en effet chez des philosophes aussi divers que Foucault, Marin, Arasse,
Didi-Huberman ou Fried et Baxendall, un même souci de partir de l'agencement des éléments matériels
déployés par les œuvres pour faire apparaître des dispositifs de représentation. Comment déployer ce qui fait
sens dans une œuvre à partir d'une description qui ne se donne pas de clé préalable du sens, mais obéit à la
seule exigence d'organiser un parcours du corps et des sens, regard ou oreille ? Comment saisir à partir de là
non seulement des « éléments de visibilité » (Foucault) mais aussi cette dimension qui excède le visible et où
se nouent la pratique d'un sujet-artiste et celle d'un sujet-spectateur ?
Parallèlement à ces lectures philosophiques, on ira à la rencontre d'œuvres et d'artistes qui conçoivent leur
démarche en termes de (selon de tels) dispositifs : chorégraphes (Forsythe, Verret, Prejlocaj), musiciens
(Stockhausen, Berio, Joy), photographes (Moullène) ou plasticiens (Devautour, Deck), certains d'entre eux
construisant leur démarche à partir du travail d'un autre artiste. On verra en particulier comment il s'agit
toujours d'en finir avec l'attente d'une image du sens au profit d'une production directe de sens qui ne « fait »
pas image.
On verra comment l'enjeu de ces analyses est de dégager d'une part une spatialité ouverte qui fait de la
fonction-sujet une dimension de l'œuvre, et d'autre part de redistribuer les catégories de la pensée entre les
pratiques artistiques et les pratiques philosophiques aujourd'hui.

Intervenant : Stephen Wright


(la liste détaillée des artistes-intervenants sera annoncée lors de la première séance)

Pierre DROGI

« Fiction » - parole-image, interstice

18h-20h
USIC, 18 rue de Varenne, 75007 Paris
Mer 26 fév, Mer 19 mars : Salle Jean XXIII
Mer 14 mai : Salle Delacommune
Mer 18 juin : Salle Jean XXIII

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Séminaire organisé en collaboration avec l'Institut d'Arts Visuels d'Orléans

Le Moyen Âge « classique » (XIIe-XIIIe siècles) utilise la métaphore de la chambre pour décrire, quasi
phénoménologiquement, les pratiques et les mécanismes (tropon kaï mèchanèn) de la fiction et sa posture
ambiguë entre ouïe et vue. La théorie philosophique et physiologique des trois chambres de la tête
(phantasia, ratio, memoria) vient rencontrer, dans les textes littéraires, le motif antique de l’ekphrasis en la
renouvelant en partie par le thème de la « chambre aux images » : d’abord automates puis peintures, ces
« images », ancrant la fiction du côté du voir, finissent par être évacuées, sous forme de « figures », sur les
parois puis à l’extérieur même de celles-ci (jardin du Roman de la Rose), laissant finalement à découvert par
des surfaces dénudées et blanches un espace acoustique où s’inscrira une partie de la fiction du XIIIe siècle.
D’une fiction conçue en regard de l’image comme une chose (objet) donnée à voir, à une relation perceptible
uniquement à l’ouïe et verbaliste (faite de mots), le glissement s’opère à l’aide d’un même modèle,
privilégiant tour à tour chacune des chambres jusqu’à ne plus laisser subsister, chez Dante, que la chambre de
Mémoire. Se joue aussi, à la même période, le difficile choix, pour légitimer la fiction, entre images
semblables et dissemblables et la place de l’art vis à vis de la nature (déjà ou à nouveau, la vraisemblance…).
L’étude a été prolongée jusqu’à des romans modernes ou contemporains pour tenter de saisir à travers une
métaphore privilégiée de la fiction comment celle-ci se donne à voir et comment elle colore (enjambe ?) la
relation instaurée ab initio entre un auteur et son lecteur.

Intervenants :
- Mercredi 19 mars : Pierre Pachet
- Mercredi 14 mai : Claude Mouchard
- Mercredi 18 juin : Alain David

Florence DUPONT

Les théâtres du jeu

18h-20h
Espace Jussieu, Université Paris 7-Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Mar 25 fév, Mar 4 mars, Mar 11 mars, Mar 18 mars, Mar 25 mars, Mar 1 avr, Mar 22 avr, Mar 29 avr,
Mar 6 mai, Mar 13 mai, Mar 20 mai, Mar 27 mai

Le titre de ce séminaire est emprunté au livre de Denis Guénoun, Le théâtre est-il nécessaire ?, Circé, 1997,
où il oppose aux théâtres de la mimèsis et de la représentation, les théâtres du jeu. Nous proposons d'utiliser
cette catégorie dans le contexte du théâtre romain, appelé en latin ludi scaenici, autrement dit « jeux
scéniques » — le terme ludus désignant le théâtre comme activité rituelle — et donc d'explorer le théâtre
romain, en particulier la comédie romaine du point de vue du ludus. Et à la suite nous explorerons de la
même façon le théâtre grec — Aristophane, en particulier — et enfin quelques pièces contemporaines.
Le travail consistera essentiellement à suivre comment ces textes pour le théâtre sont écrits à seule fin de faire
un spectacle théâtral défini comme un jeu. Nous définirons une écriture ludique. Étant bien entendu que le
« spectacle théâtral » est une pratique différente d'une culture à l'autre, à Rome et à Athènes, que la
performance y relève d'un système symbolique propre à chacune des cultures qui pratiquent ce que nous
englobons dans un terme générique qu'il faut chaque fois critiquer : le théâtre.
Cette écriture utilise en les « ludifiant » toutes sortes de langages extra-théâtraux comme les codes
conversationnels — dialogue argumenté, salutations... — ou intra-théâtraux, relevant des codes de la
représentation qui informe l'énonciation ludique — monologue, silence des spectateurs, chorégraphie du

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rôle... —. C'est pourquoi, au lieu d'offrir au public un discours sur le monde, les théâtres du jeu explorent
devant le public différents langages du corps, de la voix, et de la parole, propres à la culture de ce public. Ces
explorations s'ancrent culturellement dans une pragmatique du rire et de l'émotions rituels, posés comme
agréables aux hommes et aux dieux. Mais il se trouve que l'écart culturel qui nous constitue par rapport à ces
textes, s'il nous prive du rire et de l'émotion, nous permet en revanche d'appréhender ces jeux théâtraux
comme nous donnant à voir des fragments d'anthropologie du corps, de la voix et de la parole de ces cultures
du théâtre du jeu.

Intervenants (dates précisées ultérieurement) :


Emmanuelle Cagnac, Pierre Katuszewski, Pierre Letessier, Denis Guénoun

Véronique FABBRI

La danse et la musique

(D'une lecture de Nietzsche à une analyse de la scène chorégraphique contemporaine)

18h30-20h30
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 24 fév, Lun 10 mars, Lun 24 mars, Lun 28 avr, Lun 5 mai, Lun 19 mai : Amphi Stourdzé
Lun 26 mai : Amphi Poincaré

Séminaire organisé dans le cadre de la convention avec le Centre National de la Danse

L’objet de ce séminaire sera d’approfondir la critique de l’esthétique engagée les années précédentes à partir
d’une réflexion sur la danse et sur les transformations de l’art moderne liées à l’importance croissante qu’elle
y prend. Cette année, cette réflexion sera axée sur les rapports de la danse à la musique dans la danse
moderne et contemporaine : en se développant comme un art à part entière, qui définit sa modernité propre, la
danse moderne affirme son autonomie par rapport à la musique, et développe une conception du rythme
inédite, qui met l’accent sur sa physicalité, sa différence d’avec le rythme musical. Cette autonomie implique
de définir sur la scène chorégraphique de nouveaux rapports avec la musique, qui ne sont plus d’illustration
réciproque. Dans la reconfiguration des rapports danse/musique intervient aussi la transformation de la
musique, en particulier la prise en compte de la physique même du son, du ton et du rythme musicaux.
Nous avons choisi de développer cette réflexion à partir d’une lecture de certains textes de Nietzsche, en
formulant l’hypothèse que cette œuvre permet de penser l’importance du geste dans l’art, et de formuler
d’une manière inédite le nouveau statut de la mimésis dans l’esthétique et l’art modernes. En plaçant le geste
à l’origine de l’activité symbolique, Nietzsche pose la question de l’articulation des différents modes de
symbolisation dans chaque art : on ne peut plus considérer qu’un art se définit par un médium propre, mais
plutôt comme une activité visant à articuler le geste, le ton, le langage, à chaque fois d’une manière
spécifique, dans la construction d’un espace-temps scénique. On étudiera la manière dont cette problématique
évolue de la Naissance de la tragédie à La volonté de puissance : définie d’abord comme projection d’un
arrière-fond tonal, l’activité mimétique, comme mime, acquiert par la suite un caractère originel. La musique
devient elle-même une épuration du geste, qui l’articule au langage, autrement que de façon illustrative. C’est
donc une critique de la représentation qui est engagée dans ces textes, et de la théorie du théâtre et de la scène
qui lui est liée ; il s’agira de prendre la mesure de cette critique, de ces enjeux (les fondements
anthropologiques et historiques de l’art) sans minorer les problèmes qu’elle pose (le maintien de la question
d’une origine commune des arts).

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Cette étude de l’esthétique nietzschéenne sera développée en relation avec une réflexion sur différentes
recherches en danse moderne et contemporaine : qu’advient-il réellement de ces rapports de la musique au
geste, de la danse au geste et au rythme musical, sur la scène contemporaine ? Peut-on discerner dans ces
recherches des propositions qui renouvellent ou permettent de critiquer les analyses que Nietzsche consacre à
ces questions ? Nous partirons notamment du travail engagé par Trisha Brown, en nous appuyant également
sur les recherches historiques et philosophiques qui ont été consacrées à ces problèmes, en particulier par
Michel Bernard, et Philippe Lacoue-Labarthe.

Intervenants
- Lundi 26 mai : Trisha Brown
(les dates de leurs contributions seront annoncées lors de la première séance) :
Michel Bernard, Stéphanie Jordan, Inge Baxman

Béatrice HAN KIA-KI

Suivre l'erre.

Voir et écrire à travers des lignes, des cartes et des tableaux

15h-17h
Sam 22 mars : Salle Delacommune, USIC, 18 rue de Varenne, 75007 Paris
Sam 3 mai, Sam 17 mai, Sam 14 juin : Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes,
75005 Paris

Ce séminaire se situe au point de convergence de la philosophie, de la littérature et de l'art : que nous donne à
penser la mise en regard de tableaux et des cartes des lignes d'erre tracées par F. Deligny à partir des trajets
d'enfants autistiques ? Comment apprendre à voir différemment, comment décrire le différent, écrire les
différences ? L'erre... Une ligne sans fin, sans visage et sans nom, une ligne d'anonyme sous l'épais du regard,
une ligne qui s'encre et commence à faire tache. Sur les cartes des trajets des enfants autistiques, sur la toile
du peintre par la main qui la trace, quelque chose de l'humain est là sous nous yeux qui se passe en silence et
nous apprend à voir, autrement qu'en regard, autre chose que nous-mêmes. La suivre... Suivre l'erre d'un
enfant arrachée au silence, laisser l'œil parcourir toutes les lignes de la toile, suivre la main qui trace, le
pinceau dans son encre, reprendre avec l'erre les chemins de l'humain, les repères de ses gestes, les trajets
coutumiers, suivre l'erre jusqu'aux lieux où la vie peut se voir à travers les couleurs et les formes d'un tableau.
Nous proposons ici une approche esthétique des cartes des lignes d'erre, une réflexion spatiale sur les moyens
picturaux, une lecture poétique des cartes et des tableaux pour tenter d'exprimer l'humain et ce qu'il en est de
nous qui restons là transcrits, dans le gris du silence et les branches d'existence. « Se peut-il qu'à force de les
suivre, ces « erres » là, trajets ou gestes dont le projet nous échappe, de les suivre de l'œil et de la main, se
fraye un voir qui percerait cette taie langagière dont le regard hérite dès notre naissance et certains disent bien
avant ? » (F. Deligny). À travers des cartes, au travers des toiles, essayons toutes les erres où l'humain se fait
être, de voir, d'écrire.

Intervenants :
- Samedi 22 mars : Sandra Alvarez
- Samedi 17 mai : Françoise Tschopp

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Robert HARVEY

Comment fait un témoin ?

18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 5 juin, Mer 11 juin, Mer 18 juin, Mer 25 juin

Lors du séminaire de mai-juin 2002, nous avons exploré, dans leur diversité, quelques circonstances
événementielles et temporelles qui contribuent à constituer un témoin. L’être du témoin paraît résulter
— parfois, mais non pas nécessairement — de réactions lisibles ou émises après le coup de ces circonstances.
Si ces circonstances extérieures au témoin peuvent être constitutives, certaines prédispositions « humaines »
peuvent l’être aussi. Mais celles-ci posent — justement à cause de leur intériorité ou antériorité — d’ardus
problèmes de détermination.

Pendant cette deuxième série de séances dans le programme « S’inventer en témoin », il nous incombera
d’étudier la phase réactive dans la « vie » d’un témoin. Le témoin se mettant à témoigner, le témoin au milieu
de l’acte de témoigner, pensant à son témoignage tandis qu’il le porte comptent parmi les cas les plus
évidents de la révélation de l’être-témoin. Il s’agit du témoin se mettant en évidence dans l’idiome de ceux
qui n’ont « rien vu ». Moins par son contenu que par son geste, le témoignage sera l’objet privilégié de nos
réunions.

Cependant, dire ce que l’on a vu (ouï, senti, etc.) dans le cadre d’un redressement de tort n’est pas le seul
moyen de faire connaître un témoignage ni de le comprendre. Il existe, après tout, des témoins
instrumentaires ainsi que des témoins muets recevables, parfois, au même titre que le témoin qui articule sa
parole. Ceux-ci ont une « éloquence », mais de nature tout autre.

Parmi les « résultats » de circonstances constitutives « lisibles » à même le témoin se trouvent des œuvres
d’art qui font référence à ces circonstances. Si ce sont des témoins, les œuvres — aussi « éloquentes » que les
regardeurs les considèrent — restent en deçà de la parole. Nous examinerons le rapport entre regardeurs ou
spectateurs et la référence qui détermine ces œuvres comme témoins. Toutefois, si leur « témoignage » peut
contribuer à quelque redressement juridique, par une effraction de l’humain dans le domaine où il parle pour
l’inhumain, cette substitution ne défait-elle pas d’emblée l’un des fondements de toute éthique du concept
même de témoin ?

Bibliographie : Fethi Benslama, « La représentation et l’impossible » L’art et la mémoire des camps, sous la
dir. de Jean-Luc Nancy (Seuil « Le genre humain », 2001) ; Jacques Derrida, Demeure ; Kyo Maclear,
Beclouded Visions : Hiroshima-Nagasaki and the Art of Witness (SUNY Press, 1999) ; Chris Marker,
Immemory (Centre Georges Pompidou, 1998).

(d'éventuels intervenants seront annoncés lors de la première séance)

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Séminaire complémentaire : « The Witness Now » à Stony Brook (USA) les lundis 10, 17, 24 février ; 3, 10,
17, 24 mars ; et 7 avril de 19h à 21h. Il abordera la multiplicité des figurations du témoin. On se penchera
particulièrement sur son présent et sa présence par rapport à la vérité qu'il recèle, le passage qu'il occupe ou
traverse, la trace qu'il laisse.
Pour d’autres renseignements, plus détaillés et mis à jour, prière de consulter :
http://ms.cc.sunysb.edu/~rharvey

Bernard Dov HERCENBERG

Le défi de séparation

18h-20h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 10 juin, Mar 17 juin, Mar 24 juin, Lun 30 juin

Qu’il s’agisse du processus d’individuation ou bien de la libération du sujet de l’immédiateté, de l’expérience


première, de la dépendance de la nature et du sensible, de conditionnements sociologiques ou historiques ou
qu’il s’agisse de la séparation entre ce qui est de l’ordre de l’essence et ce qui lui est extérieur ou bien encore
de l’institution par le sujet de limites et de frontières, tout processus d’émergence du sujet, de l’essence ou de
systèmes de valeurs est redevable de la séparation. Mais ce processus est aussi tenu par une détermination qui
limite le mouvement de séparation. En particulier, quel que soit le mouvement de libération et d’affirmation
de soi dans lequel s’engage le sujet, celui-ci reste sujet d’un monde et la détermination à laquelle il fait face
ne se fait jamais totalement voir. Si c’est au sens critique qu’il revient de faire la part entre ce qui doit être
conservé et ce qui doit être abandonné en s’élevant au-dessus d’un certain état de l’existence et d’un intérêt
immédiat et naturel de manière à s’engager dans le processus de « surmontement », de dépassement et donc
d’advenir, la connaissance et l’existence font toujours face à une confrontation et à une clarification non
encore assumées. C’est à cette tension entre la séparation nécessaire et la séparation impossible que nous
voulons réfléchir, comme si elle était au centre des difficultés auxquelles doit se mesurer le sujet pour
assumer sa liberté et la pensée de l’essentiel. Nous nous demandons en particulier à quelle perte le
« surmontement » doit faire face et sur quoi cette perte doit porter. Car s’il y a bien une problématique de la
séparation impliquant une conception du « surmontement », elle est abordée chaque fois de manière
spécifique par des pensées différentes. Si nous nous attardons sur le mythe de Déméter tel qu’il est donné
dans les Hymnes homériques, c’est précisément parce qu’il nous offre, dans une lecture à distance de
l’approche schellingienne, une réflexion sur la tension entre la séparation tentée et la séparation impossible
(entre Déméter et sa fille) qui renforce une approche comparative sur le sujet. Car entre une conception
hébraïque, une conception hégélienne et une conception nietzschéenne… de la séparation comme condition
d’accès à l’essentiel, les différences sont en soi une problématique. Et s’interroger sur ces différences est
peut-être éclairer, en retour, la conception de ces pensées quant au défi de séparation.

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Hidetaka ISHIDA

Comment poser la question de la philosophie en Extrême-Orient ? :

Penser les conditions historiques de l’universel

Mer 12 mars : Maison franco-japonaise (salle 605), 3-9-25 Ebisu, Shibuya-Ku, Tokyo 150-0013
(Japon), 19h-21h
Jeu 20 mars, Jeu 27 mars : Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris, 18h-22h
Ven 6 juin : Maison franco-japonaise, 19h-21h

Séminaire organisé avec la Maison franco-japonaise à Tokyo, la Maison de la Culture du Japon à Paris et en
collaboration avec le Centre International de Recherches Philosophiques de l'Université de Tokyo.

Contre le Relativisme qui essentialise les paradigmes culturels, contre l’Orientalisme qui procède par le
partage Orient/Occident, contre l’Universalisme identifié à l’Occident, nous définissons notre programme à
partir des débats sur les Lumières. Le choix d’interroger d’abord mais de façon non exclusive les rapports des
cultures modernes des pays d’Extrême-Orient aux Lumières présentera du point de vue de la stratégie de
recherche un avantage théorique considérable : cela permettra de faire voir les rapports de traductions que ces
cultures ont constituées avec le « projet de la Modernité » dans l’ensemble d’aires culturelles, aussi bien en
matière de technique, d’art, de politique et d’institution que de discursivité ou de mœurs. Sans exception, tous
ces pays ont eu des pensées et penseurs des Lumières ; la question de l’universel s’y est posée dans les
rapports de traductions non seulement discursives mais techniques, politiques et institutionnelles . Et c’est de
là aussi que datent les conditions de possibilité de la philosophie dans ces modernités.
Réfléchir sur les conditions de la philosophie dans ces aires géo-historiques passe donc d’abord par une
approche interdisciplinaire et collective sur les modernités : nous ne pouvons faire une philosophie sauvage
des cultures orientales, mais nous devons préalablement situer les questions philosophiques dans la
perspective historique de la modernité : essayer de voir comment les conditions historico-culturelles se
réunissent pour que la question de la philosophie se pose pour penser le monde modernisé sous les catégories
de l’universel. Essayons donc d’abord l’expérience historique des modernités dans ces régions du monde et
interrogeons ensuite les conditions de possibilité de la philosophie pour ces cultures. Quant aux rapports aux
classiques chinois ou japonais, nous ne pouvons les aborder qu’en établissant notre perspective à partir des
modernités.

Intervenants à Paris (les dates seront précisées ultérieurement) : Yasuo Kobayashi (professeur à l'Université
de Tokyo), Osamu Nishitani (professeur à l'Université des langues étrangères de Tokyo)
Intervenants à Tokyo :
- Mercredi 12 mars : François Noudelmann
- Vendredi 6 juin (date à confirmer) : Corinne Enaudeau

Anne LÉON-MIEHE

Logique de la fiction

18h-20h

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Salle Jean XXIII, USIC, 18 rue de Varenne, 75007 Paris
Mer 5 mars, Mer 26 mars, Mer 23 avr, Mer 21 mai, Mer 4 juin

Que fait la fiction ? Nombre de manifestations du génie de la fiction ne se laissent pas comprendre à partir de
l’imitation, notion qui pourtant domine la théorie littéraire. Le propos de ce séminaire est donc de mener une
réflexion qui permette de penser la fiction au-delà de la seule mimèsis, et sans la rapporter aux produits d'un
imaginaire pur autonome par rapport à son medium. En prenant appui sur les questions que soulève l’usage
philosophique de la fiction, on tentera d’en dégager une notion qui, cessant d’être une catégorie descriptive,
peut devenir un concept pour une logique des opérations dont la composition des signes est le truchement, le
facteur non instrumental. On pourra alors s’attacher à distinguer différentes modalités de la fiction, non dans
le but d’établir une typologie, mais pour examiner dans quelle mesure le travail singulier de la composition et
de l’ornement dans la fiction littéraire offre un modèle pour approcher certaines dimensions de l’expérience
esthétique, ignorées par le partage traditionnel entre théories esthétiques de la réception et théories artistiques
de la production des œuvres.

Jean-Clet MARTIN

Borges : Visions du Labyrinthe (II)

18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 26 fév, Mer 19 mars, Mer 2 avr

L’univers de Borges requiert la forme du labyrinthe. Une forme qui s’est sédimentée autour de la question de
la métaphore, de la théorie du récit, selon une idée de la fiction très différente de la mise en intrigue que Paul
Ricœur retrouve dans sa lecture d’Aristote. C’est donc sur la base de cette conquête du récit de fiction que
nous serons, cette année, conduits à élaborer un concept de temporalité que Borges expérimente par une
approche du cinéma et de la littérature que le modèle deleuzien de la bifurcation nous permettra de thématiser
bien mieux que la distentio animi exploitée par Ricœur dans le sillage d’Augustin. C’est dans les bifurcations
aveugles de la matière que vagabonde l’œil de Borges. Non pas comme ferait une divinité capable de
visionner le dédale du haut de sa transcendance, disposant ainsi d’un tracé préalable, mais, bien mieux,
s’agira-t-il d’une errance en l’immanence d’un monde où un Dieu se perd nécessairement, se fourvoie sans
cesse, fût-il dépositaire d’une intelligence illimitée, tant il est vrai que l’encyclopédie dont il déploierait les
cycles se ramifierait inévitablement en une bibliothèque complexe dont l’index sera essentiellement
surnuméraire, inclus dans les tours et détours de la déambulation sans pourtant leur appartenir jamais de
manière décisive. Il s’agira, sous ce rapport, d’explorer les modalités de la répétition dans l’œuvre de Borges
pour en longer le labyrinthe selon des modèles mathématiques (topologie différentielle), physiques
(bifurcation, chaos) et littéraires (pastiches, traductions, repentirs), sans oublier les chemins ramifiés de la
conception philosophique (différence, éternel retour…).

Pierre PÉJU

Penser l'Enfant (IV) : Enfant fantôme et phénoménologie du couple

20h-22h

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Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 5 fév, Mer 12 mars, Mer 26 mars, Mer 2 avr

Au cours des trois séminaires précédents, intitulés « Penser l'Enfant », après avoir examiné représentations et
conceptions de l'enfant dans la philosophie et la littérature, j'ai tenté d' élaborer la notion d'« enfantin », en la
dissociant aussi bien de la psychologie infantile, que de l'enfance réellement vécue et souvenue, ou que des
« processus d'infantilisation » (conduites et discours traditionnels à l'égard de l'enfance, éducation,
pédagogie). L'« enfantin » consiste moins en images retrouvées qu'en blocs perceptifs élaborés, et mis
singulièrement en « lumières ». Ce qui suppose, d'une part, cette attention « moderne » passagèrement prêtée
à l'enfance, et d'autre part le recours à une « écriture » (Benjamin, Leiris, Bataille, Sarraute, Loti, Bernhardt,
etc…) ou à une activité créatrice (Picasso, Bacon). Les dernières séances ont été consacrées à l'examen d'un
hypothétique « être adulte », et à un problématique « devenir adulte » face à la puérilité, aux enfantillages et à
un « adolescentisme » galopant.
J'examinerai, au cours de ce nouveau séminaire, les fonctions multiples mais compliquées de l'enfant à
l'intérieur de cette formation moderne et somme toute étrange : le couple. Approché de façon plus
phénoménologique que psychanalytique, le couple ici envisagé n'est ni l'« accouplement plus ou moins
durable », initié par le désir ou le discours de l'amour, ni la simple « conjugalité » organisée par la norme
familialiste et la tradition, mais un phénomène particulier et individualiste de « couplage », consistant à
organiser l'existence selon les impératifs d'un « vivre à deux », d'un « être deux », d'un « vivre ensemble »
produisant un « moi-couple », et donc une pensée et une pratique mutualisées n'exigeant pas même forcément
deux sexes différents (le couple homosexuel réalisant souvent un extrême ou excès du couple, et soulevant
parfois de façon encore plus vive le « problème des enfants »). Le couple n'a pas véritablement d'intériorité :
mais il a une « intimité », zone confuse, secrète et violente à partir de laquelle s'élaborent des discours et des
stratégies de la fusion (complicité) ou de l'écart (malentendu, dispute, rupture). Au cœur de ces discours et
stratégies : la question épineuse de « faire ou ne pas faire un enfant », d'avoir ou non des enfants
(parentalité) ; de « faire ou ne pas faire les enfants » (infantilisme couplé).
Il s'agira d'envisager de quelles façons l'Enfant, qu'il soit idéal, fantasmé ou réel, vient s'inscrire dans la vie
couplée. De quelle façon l'enfant (espéré ou bien vivant ; parodié ou répété, choyé ou disputé) vient inquiéter,
consolider, prolonger ou fêler le « moi-couple ». Confronté à l'appropriation de l'inappropriable (paradoxes
de la fidélité), pris entre l'hypnose du « deux égale Un » (androgyne originel mythique) et la prévisible
défaite, le couple, (non comme noyau préfamilial mais comme modèle moderne et individualiste de la
relation hétéro ou homosexuelle) est en effet hanté par l'Enfant ou plutôt par une véritable « ribambelle » qui
le fragilise et le pérennise en permanence :
1) L'enfant redouté (sanction biologique) que tout accouplement (sans « précautions ») risque d'engendrer et
dont l'accueil, la préservation ou l'élimination constituent la première épreuve du couple.
2) L'enfant que le couple se plaît à rêver d'engendrer (enfant voulu, venant au monde au moment voulu) et
donc objet d'un fantasme « à deux ».
3) L'enfant que chaque membre du couple a été (source de répétitions, de traces obscures, de fixations).
4) L'enfant que chacun fantasme pour lui seul : source de compensations, de revanche, de réparation, etc…
5) L'enfant que chaque membre du couple joue consciemment ou inconsciemment à être par rapport à l'autre.
6) L'enfant que chacun exige plus ou moins implicitement que l'autre soit par rapport à lui.
7) Et bien sûr l'enfant vivant, qui résiste aux fantasmes ou y correspond, cet enfant déroutant-décevant-
surprenant que le couple doit accepter comme tiers inclus et, un jour… tiers s'excluant.
Penser l'Enfant consiste aussi à considérer que chaque enfant est hanté par le couple qu'il a lui-même hanté,
parmi tant d'autres enfants fantômes ou « enfants étrangers ».

Bernard PIETTRE

Philosophie, mathématiques et musique, de Platon à nos jours (suite II)

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Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 4 mars, Mar 18 mars : 20h-22h
Mar 1 avr : 18h-20h
Mar 6 mai, Mar 27 mai, Mar 10 juin : 20h-22h

Après avoir étudié l'année dernière les rapports entre mathématiques, philosophie et musique chez Platon, les
incidences de la conception de ces rapports sur la critique de la mimésis, sur le bannissement de la poésie
homérique et tragique de la cité, nous aimerions nous concentrer sur les différences entre Aristote et Platon,
et les raisons du surgissement de deux conceptions antithétiques de la musique à partir du IVe siècle :
- l'une qu'on pourrait appeler « pythagoricienne » ou plutôt « néopythagoricienne », qui accorde une place
éminente aux mathématiques, y compris dans l'idéal esthétique de la musique, et qui débouchera, entre autres,
sur les écrits de Boèce et de saint Augustin consacrés à la musique ;
- et l'autre qu'on pourrait appeler « aristoxénienne » (liée au nom du théoricien de la musique Aristoxène de
Tarente du IVe siècle av. J.-C.), rejetant l'impérialisme mathématique des Pythagoriciens, plus en relation
avec la pratique effective des musiciens, plus empiriste et plus proche de l'esthétique et de l'épistémologie
airstotéliciennes.
Les deux courants s'affronteront jusqu'au début de notre ère.
Cependant le néoplatonisme d'un Boèce et d'un Augustin, comme les analyses plotiniennes de la mimésis,
corrigeant quelque peu celles de Platon, ne sont pas sans rapport avec l'apparition d'un nouveau type de
musique religieuse — le plain-chant dans l'Église chrétienne naissante — très éloigné de l'idéal grec de la
mimèsis musicale, lequel réapparaîtra à la Renaissance et dans les temps Modernes, sous une forme
complètement renouvelée.

Anca VASILIU

Regard, image et réflexivité

dans la philosophie antique et médiévale

Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Lun 24 mars, Lun 28 avr : 18h-20h
Lun 2 juin : 19h30-21h30

Regarder. Mais comment ? Regarder de face entraîne la mort de l’humain, ou du moins la perte des sens.
Pour les Anciens, le face-à-face n’est rien d’autre qu’une confrontation avec le pouvoir pétrifiant du regard
de la Gorgone, une soumission au pouvoir tétanisant qu’engendre dans l’humain l’expression
immédiate/révélée du divin. La mimêsis, quant à elle, évitant le face-à-face avec le « vrai », produit une
réalité mensongère, un double sans existence réelle. Seul le reflet, image naturelle, peut jouer le rôle d’une
médiation acceptée, ayant une fonction instrumentale dans la connaissance d’un objet qui ne se livre pas
autrement, ne se donne pas sans danger : sans mise à mort du sujet ou acceptation de sa part d’une « idole »,
d’un mensonge figuratif captivant à la place de l’objet lui-même. Néanmoins le reflet est lui aussi un danger
potentiel lorsqu’il entraîne une fixation de l’image et une confusion entre sujet, objet et support de la
réflexion. Une fois définie comme distincte d’une imago ancienne, peinture ou statue de dieu ou d’homme

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célèbre, l’icône chrétienne demande, où qu’elle soit placée, un regard direct, une vue de face. Mais, par
rapport au statut de l’image ancienne, elle renverse une à une toutes les données caractéristiques : le face-à-
face devient « vivifiant », prenant ainsi la place de la fascination mortifère ; la mimêsis devient le garant
même de la vérité, témoin d’une ressemblance qui est lien, preuve d’appartenance, et non plus signe d’une
rupture « ontologique » radicale. Comment arrive-t-elle à ce renversement de position, et qu’est-ce qui
justifie, d’ailleurs, le nouveau regard qu’engendre ainsi l’icône ? Lorsqu’il adopte le christianisme,
l’empereur Constantin évoque un signe, non une icône, l’apparition de la Croix, et non une image, un visage,
un corps, la statue particulière ou l’icône d’un dieu. L’icône, à proprement parler, est donc appelée à
l’existence à partir d’une nécessité autre que politique, d’un besoin autre que celui d’un instrument pour
exercer le pouvoir, et en même temps d’un désir autre que narcissique, d’une recherche différente de celle
d’un amour pour la connaissance du « même » et donc pour le multiple illusoire qui se cache dans toute
réduplication spéculaire. Le plaisir mortifère de la fascination n’incarne plus le statut même de toute image.
Si Gorgone et Narcisse retournent à leur évanescence fictionnelle, que reste-t-il alors pour incarner ce besoin
intime ou ce désir inassouvi de voir qui produit, met au monde un objet visuel nouveau désigné par le vocable
ancien d’eikôn ?

Intervenants :
- Lundi 24 mars : Anca Vasiliu
- Lundi 28 avril : Carla di Martino
- Lundi 2 juin : Abdelali Elamrani-Jamal

Patrick VAUDAY

L'(a)politique de l'espace pictural (I).

Au 19ème siècle, la mondialisation de l'art (suite)

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Mar 22 avr, Mar 29 avr : Amphi B, 20h-22h
Mar 20 mai : Amphi A, 18h-20h
Mar 27 mai : Amphi A, 20h-22h
Mar 3 juin : Amphi A, 18h30-20h30

Rappel sur l'hypothèse de ce séminaire : que l'espace pictural rend visible ce que l'espace public voue à
l'invisibilité. Le 19ème siècle en est le banc d'essai.
La mondialisation de l'art n'est pas d'aujourd'hui, elle commence dès l'aube du 19ème siècle, avec d'une part
la création des premiers musées, avec d'autre part la nouvelle sensibilité des artistes aux influences extra-
européennes (parmi d'autres, Delacroix et l'Afrique du Nord, les Impressionnistes et le Japon, Gauguin et la
Polynésie...). C'est donc pratiquement en même temps que l'art fait monde à part dans l'espace muséal pour y
affirmer son autonomie et qu'il s'ouvre au monde avec la création d'espaces métissés.
On demandera à la peinture, notamment française, de nous en apprendre davantage sur ce double mouvement
en croisant trois questions :
- dans quelle mesure la constitution d'un espace public et universel de l'art a-t-elle pu favoriser l'ouverture de
la sensibilité européenne à d'autres territoires esthétiques ?
- la création du musée étant de facto solidaire de l'instauration d'un marché mondial et des empires coloniaux,
on se demandera quel(s) sens l'exotisme pictural inscrit-il à l'envers du tableau colonial dont le musée fait
partie.

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- quelle(s) reconfiguration(s) de l'espace pictural sont induites par ce métissage ?
Cette année, suite de l'exploration de l'exotisme pictural. À l'enquête sur le tableau orientaliste, dont
« Femmes d'Alger dans leur appartement » de Delacroix fut le centre, succèdera celle sur le primitivisme de
Gauguin. On fera le point sur la façon dont elle renseigne sur les trois questions posées dans ce séminaire.

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Philosophie/Droit et économie

Jean-Godefroy BIDIMA

Les discours philosophiques africains et le problème du droit (II)

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Mer 5 fév : Amphi B, 18h-20h
Lun 24 fév, Lun 3 mars : Amphi A, 18h-20h
Lun 10 mars : Amphi A, 18h30-20h30
Lun 31 mars, Lun 28 avr, Lun 5 mai, Lun 12 mai, Lun 19 mai, Lun 2 juin : Amphi A, 18h-20h

En poursuivant notre réflexion de l’année dernière, nous allons examiner les rapports étroits que les pratiques
et discours juridiques entretiendraient avec les problématiques philosophiques en Afrique. Le premier
moment examinera le problème du transfert des systèmes juridiques européens en Afrique. Qu’est-ce qui se
passe quand un peuple révise son système normatif au niveau de la formulation des lois et de l’application
des règles ? Comment se font les croisements entre l’ancien système normatif et les lois qui ont été édictées
par les systèmes normatifs européens ? Le deuxième axe de recherche analysera le problème linguistique. Le
Droit se dit, mais dans quelle langue ? Comment cette langue, avec ses schèmes et stéréotypes, influence-t-
elle aussi bien le langage ordinaire que le répertoire linguistique du droit dit coutumier ? Enfin, le Droit n’est
pas qu’un système rationnel d’un bout à l’autre. Il draine et traîne aussi bien les réflexes religieux que
l imaginaire mythique. Dès lors, il faudrait s’interroger sur le rapport qu’il y a en Afrique entre la loi, la
norme, l’inconscient et le langage. Quels sont les interdits fondateurs par lesquels l’adhésion aux normes se
fait ? Comment conjuguer à la fois la rigidité des coutumes et la plasticité des lois édictées par le Droit dit
moderne ? Que veut dire obéir à la loi en Afrique aujourd’hui ? Au nom de quoi obéir ?

Intervenant :
- (date précisée ultérieurement) : Nick Nesbitt (University of Miami, Ohio, USA)

Marcel DRACH

La Mondialisation

13h-15h
Salle 214 (2ème étage), Maison des Sciences de l'Homme , 54 bd Raspail, 75006 Paris
Lun 24 fév, Lun 17 mars, Lun 31 mars, Lun 28 avr, Lun 12 mai, Lun 26 mai, Lun 16 juin, Lun 30 juin

Séminaire organisé en collaboration avec la Maison des Sciences de l'Homme

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Le programme du séminaire de l’an dernier prévoyait d’examiner l’argent comme fonction de mesure et
cause de démesure. Seule la première partie ayant pu être traitée, il fallait cette année aborder les rapports
qu’entretient l’argent avec l’infini. Occasion de reprendre les thèses qu’Aristote soutient à propos de la
« seconde chrématistique », où il articule l’économie capitaliste à un certain régime du désir. Régime
qu’affole l’argent, entraînant la circulation des biens, des hommes et de la monnaie dans un déplacement et
une délocalisation sans limite.
Nous souvenant, alors, qu’Aristote (après Platon) était le témoin, au IVè siècle avant notre ère, de la naisance
de l’« économie-monde » méditerranéenne, pour reprendre le concept de Fernand Braudel, il nous a paru
opportun de nous intéresser, en contemporains, à la formation de cette économie-monde à l’échelle du globe,
désignée aujourd’hui par le terme de mondialisation. Et, de même qu’Aristote posait à propos de l’effraction
chrématistique la question de la fin du monde de l’Oikos et partant de la Cité, de même nous interrogerons-
nous, cette année, sur ce que détruit pour advenir le monde de la mondialisation.
Nous demanderons : qu’est-ce que le monde qui a surgi des ruines de la Seconde Guerre mondiale et s’est,
plus récemment, redéployé après l’effondrement des systèmes colonial et soviétique ? De quoi ce monde est-
il le règne et à quel monde (à quels mondes) met-il fin ?
Mais encore, et pour répondre à ces questions, qu’est-ce que nous enseignent, à propos de ce qu’est un
monde, Platon, au moment du vacillement égéen, et Heidegger, dix ans après la guerre de 14 ?
De cette venue de l’image et du concept de monde, précisément en un moment de péril et de basculement,
témoigneront encore pour nous certains textes de Claude Lévi-Strauss et le roman de l’écrivain nigérian
Chinua Achebe, Things fall apart, lisible en français sous le titre : La fin d’un monde.

Le séminaire s’étendra sur le second semestre 2003 et l’année 2003-2004, et nous entendons faire appel, pour
lui ménager un accès aussi « clinique » que possible aux processus de la mondialisation, à des intervenants
dont les activités professionnelles ont fait des observateurs privilégiés de ces processus.
La progression de ce séminaire s’ordonnera selon une série de thèmes restituant à la fois l’appréhension
diachronique (historique) et la compréhension synchronique de la mondialisation. Maintenant en éveil tout au
long de son cheminement ces deux questions : pourquoi le capital tend-il toujours à outrepasser ses limites,
ses frontières ? le monde de la mondialisation est-il un monde ? Le séminaire inscrira donc à son programme
les 12 thèmes suivants :

Thème 1 : Mondialisation et histoire : le décloisonnement du monde (1944-2000)


Thème 2 : Une conséquence politique majeure du décloisonnement : la prolifération mondiale des
« Junk States » (Politique et mondialisation I)
Thème 3 : L’argent : le Dollar ou la mondialisation de l’équivalent général
Thème 4 : La financiarisation du financement de l’économie et l’emprise mondiale du spéculatif
Thème 5 : Le désir et la différence du monde : les flux de biens
Thème 6 : L’exploitation du travail et la différence du monde : les flux d’hommes
Thème 7 : La production et la différence du monde : les flux d’investissements
Thème 8 : L’alliance État-capital (Politique et mondialisation II)
Thème 9 : Le monde comme « environnement » ou l’épuisement de la physis
Thème 10 : L’effacement de l’altérité du monde, corrélat de la destruction de l’hétéronomie dans le monde
Thème 11 : Hégémonie du mode de vie occidental — extension de la misère — montée de la destructivité
Thème 12 : L’emprise politique et normative de l’Occident sur la mondialisation (Politique et
mondialisation III)

Le séminaire est organisé avec la participation d’Henry Cheynel.

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Philosophie/Philosophie

Alain BADIOU

Images du temps présent (II).

Philosophie et non-philosophie

20h-22h
Amphithéâtre 44, Université Paris 7-Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Mer 26 fév, Mer 12 mars, Mer 26 mars, Mer 14 mai, Mer 4 juin

Séminaire organisé dans le cadre du DEA « Lieux et transformations de la philosophie », Université Paris 8

Pendant le séminaire 2001/2002, on s'est attaché à montrer que le fond de néant du contemporain n'est rien
d'autre, sous l'emblème équivoque de la « démocratie », que la réduction de toute vie sans exception à ses
paramètres animaux.
Il va s'agir maintenant d'étudier les voies et moyens d'une orientation dans la pensée apte à tracer, dans cette
inévitable hégémonie biologisante du nihilisme, un chemin où des fragments de subjectivation véritable
restent accessibles. On portera au passage jugement sur l'académisation en cours de la philosophie, sa
« nihilisation » professionnelle, forme latérale de la destitution de l'humanité comme outrepassement en acte
du fini. On montrera que ne peuvent servir de levier, pour une philosophie apte à supporter un redressement
affirmatif de la pensée, que quelques fragments disponibles de l'activité non-philosophique, portant
expérience, même lacunaire, d'une vérité. On se tournera donc vers les nouvelles constructions de l'amour, les
paradoxes secrets de la science, le terrible combat « culturel » entre l'art et le non-art, ou les formes post-
révolutionnaires de la politique d'émancipation. On y déchiffrera le symptôme confus d'une catastrophe
inéluctable, à quoi mène le « démocratisme » hédoniste, et du revers solaire de cette catastrophe, qui est la
production, en définitive, d'une nouvelle espèce, à ce jour inconnue, de courage.

Marc BALLANFAT

Comment traduire la Bhagavadgita ?

Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Mar 25 fév, Mar 11 mars, Mar 25 mars, Mar 1 avr, Mar 22 avr : 20h-22h
Mar 6 mai : 20h30-22h30
Mar 20 mai : 20h-22h
Mar 3 juin : 20h30-22h30
Mar 17 juin, Mar 24 juin : 20h-22h

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Le séminaire s’attache à la traduction, d’une part, et au commentaire, d’autre part, de la Bhagavadgita. Ce
texte, pour mémoire, constitue un épisode essentiel de l’épopée indienne du Mahabharata, dans lequel
s’instaure un dialogue entre le guerrier Arjuna et le dieu Krsna. La scène se situe au centre du champ de
bataille où deux armées s’affrontent dont celle où combat Arjuna. De quoi s’entretiennent le guerrier et le
dieu ? Du conflit moral qui agite Arjuna : d’un côté, en tant que guerrier, il a l’obligation morale d’obéir aux
injonctions de sa classe, à savoir faire la guerre à ses cousins, mais, en tant que parent, il désapprouve par
ailleurs la violence qu’il doit infliger à ces mêmes cousins. En réponse à son dilemme, le dieu lui enseigne la
théorie du détachement : agir sans prendre en compte le résultat possible de son acte.
L’objectif du séminaire est donc de rendre compréhensible la théorie indienne selon laquelle l’acte (karman
en sanscrit) s’impose au sujet sans qui lui-même puisse ou doive en être l’auteur volontaire.
Intervenants :
- Mardi 11 mars : Pierre-Sylvain Filliozat (professeur à l'EPHE) : (titre à préciser)
- Mardi 3 juin : Laksmi Kapani (professeur à l'Université Paris 10) : L'idée du devoir selon la Bhagavadgita
- (date précisée ultérieurement) Michel Hulin (professeur émérite à l'Université Paris 4) : (titre à préciser)

Claude BIRMAN

Bible et philosophie (V) : Le désert, lieu du sens

20h-22h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 27 fév, Jeu 27 mars, Jeu 24 avr, Jeu 22 mai, Jeu 19 juin

« Laisse partir mon peuple pour qu’il me fête dans le désert ! » (Exode 5,1). Le dieu du récit biblique est un
dieu du désert. Le latin nous éclaire ici : serere c’est entrelacer, mêler ; serta, ce sont des tresses. Mais au-
delà, serere c’est enchaîner comme le destin, et desserrer, c’est défaire liens et nœuds, délivrer. Comme
l’ignorant de Descartes, qui vaut mieux que l’esprit faussé du pédant, certains déserteurs valent mieux que les
combats auxquels ils répugnent.
Lieu d’abandon, le désert laisse libre. Pourtant, par libre il ne convient pas d’entendre ici dégagé seulement
de telles et telles contraintes, mais aussi engagé par de toutes autres obligations : « Vous serez pour Moi… »
(Exode 19,5). Lieu de refuge, le désert (midbar), selon la signification précise que lui accorde le récit
biblique, est aussi lieu d’aguets, passage et traversée de l’intervalle entre deux manières d’habiter la terre,
entre la détresse et l’exaucement, temps de respiration entre le mensonge et la parole qui ouvre des voies.
Au cours de ce séminaire, nous viserons à clarifier certains aspects de cette notion, à partir de ses divers
contextes bibliques, en vue d’en saisir l’actualité philosophique, anthropologique, et politique.

Natalie DEPRAZ

Atelier de lecture expérientielle (IV) : les manuscrits de Bernau

sur la conscience du temps (1917-1918) d'Edmund Husserl

20h-22h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

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Jeu 27 fév, Lun 7 avr, Jeu 22 mai, Jeu 5 juin

En privilégiant l'expérience du temps chez Husserl dans la version génétique que ce dernier en propose durant
les années 1917-1918, l'atelier de lecture expérientielle s'attachera à interroger le statut original de la
protension, de l'instant pur, de l'individualité temporelle, mais aussi des rétentions secondaires et tertiaires.
En adoptant un regard décentré dans notre lecture de la conscience du temps, c'est-à-dire en faisant apparaître
les contours d'une autre phénoménologie, plus centrée sur la praxis de l'expérience, nous voudrions solliciter
ces avancées de Husserl lui-même par rapport à sa conception du dit « présent vivant » en les mettant à
l'épreuve des travaux expérimentaux en cours dans les programmes de recherche neuro- et psycho-
phénoménologiques.

Intervenants :
- Jeudi 27 février : Michel Le Van Quyen (Paris, La Salpêtrière, LENA, Laboratoire de neurobiologie et
d'imagerie cérébrale) : Vers une neuro-dynamique du chaos cérébral : l'exemple de l'anticipation des crises
d'épilepsie
- Lundi 7 avril : Antony Steinbock (USA, Carbondale University, Illinois, Department of Philosophy) :
La temporalité de l'individuation
- Jeudi 22 mai : Bertrand Buckhaert (Belgique, Brussel) : (titre à préciser)
- Jeudi 5 juin : Dan Zahavi (Copenhagen) : Time, Consciousness and the Regress of Foundation

Corinne ENAUDEAU

L'animation de la pensée : forces, affects et orientation

18h-20h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 27 fév : Amphi A
Jeu 27 mars : Amphi Stourdzé
Jeu 24 avr : Amphi B
Jeu 22 mai : Amphi Stourdzé

Le XIXe et le XXe siècles ont connu, sous différentes formes, des philosophies de la vie qui ont immergé le
sujet connaissant dans un mouvement impersonnel et lui ont ainsi refusé le surplomb nécessaire à une
représentation du monde. Malgré cette mise à mal de la représentation, toute pensée continue de s'énoncer et
de s'éprouver en première personne : le Moi a beau être pris dans un réseau de forces qui le portent, il
continue de vouloir s'en échapper pour en rendre compte.
Si le transcendantal qualifie l'arrachement de la conscience à une vie censée la conditionner, comment cette
conscience peut-elle travailler et se diriger, si son dénuement la prive de « chair et de sang » (pour reprendre
un mot de Dilthey) ou encore d'« âme » et donc de l'énergie nécessaire à l’animation de la pensée ? De
quelles forces la conscience pure peut-elle bien disposer, et dans quel sentiment d'elle-même peut-elle trouver
de quoi s'orienter ?
Il s'agit donc de continuer — comme l'an passé — à réfléchir sur le conflit entre le geste transcendantal
comme commencement absolu et la vie qui conditionne ce geste. C'est l'animation de la pensée, sa « vie », et
donc la vie comme métaphore (vie de l'esprit, vie de l'âme, vie du corps) que nous voulons interroger, en
sondant un corpus qui va de Descartes à Freud.

Intervenants :

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- Jeudi 27 mars : Renaud Barbaras : La vie perceptive
- Jeudi 24 avril : Bruce Bégout : Y a-t-il une expérience transcendantale ?

Boyan MANCHEV

Le fantasme, le sujet et le sens (II).

Le corps-événement

18h-20h
Jeu 13 mars, Jeu 27 mars, Jeu 10 avr : Centre for Advanced Study in Sofia, 4 rue Alexandre
Battenberg, 1000 Sofia (Bulgarie)
Jeu 15 mai : Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 29 mai : Centre for Advanced Study in Sofia

Séminaire organisé en collaboration avec le Centre for Advanced Study in Sofia (Bulgarie)

Dans la perspective du questionnement sur les (im)possibilités de la pensée ontologique à présent et en


prolongeant le travail des semestres précédents, on se propose d’entamer une réflexion sur le corps. Peut-on
penser le corps ? « Le corps ontologique n’est pas encore pensé. L’ontologie n’est pas encore pensée, en tant
que fondamentalement elle est ontologie du corps », écrit Jean-Luc Nancy dans Corpus. La pensée
ontothéologique ayant toujours réduit le corps à une image, à un dérivé de l’essence, le corps ontologique ne
pouvait pas être pensé. Dans le séminaire de ce semestre, ce dérivé, cette empreinte, l’image, sera prise en
tant que point de départ pour une analyse critique du schéma ontothéologique, et en premier lieu, de ses
fondements platoniciens, menant au rejet du fantasme, l’image sans prototype. D’ailleurs, dans la logique du
christianisme, l’homme lui-même, étant une image qui a perdu sa ressemblance avec Dieu, n’est-il pas
analogue au fantasme dans le sens de Platon ? Sans doute, le christianisme épure la tendance platonicienne de
réduction du corps au fantasme.
Ainsi, on tentera de penser l’impossibilité même de penser le corps à travers une certaine impossibilité de
l’image, de l’image en tant que corps. Le cas privilégié dans ce parcours sera le statut particulier de l’image
dans l’œuvre de Bataille. D’un côté, il s’agira de l’image impossible de l’objet érotique (un objet paradoxal),
et d’un autre, de l’image informe de la communauté sacrée, recréée et désirée par Bataille. À la fin, c’est
l’image impossible de l’œil par laquelle le personnage principal de L’Histoire de l’œil fait son ultime
apparition. À travers l’image de l’œil qui dans sa sphéricité même se transforme en surface, Bataille nous fait
témoins du paradoxe constitutif de l’image-corps : la co-position, ou, autrement dit, le frottement de surfaces
incompossibles, telles que le globe oculaire et la peau de la cuisse de Simone. On s’engagera à lier cette co-
position de surfaces incompossibles à une notion repensée de la vérité (le lien entre l’image et la vérité serait
examiné à travers Heidegger, Merleau-Ponty, Blanchot, Derrida et Nancy) : la vérité comme consubstantielle
à l’hétérosimultanéité de l’image-corps exposée.

Intervenant :
- Jeudi 29 mai : François Noudelmann (CIPh)

Sergio PÉRÉZ CORTÉS

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La voix et la mémoire devant la page

18h-20h
Universidad Autónoma Metropolitana, Casa del tiempo, Salón de los Vitrales, Pedro Antonio de Los
Santos 81, San Miguel Chapultepec, 04300 Mexico (Mexique)
Mer 19 fév, Mer 19 mars, Mer 16 avr, Mer 21 mai, Mer 18 juin, Mer 16 juil

La page peut être à la fois un registre de signes verbaux, mais aussi elle peut obéir aux règles des signes
écrits. Cette fois-ci, notre objectif est d’examiner les deux systèmes des signes : d’une part, la manière dont la
page permet de retrouver les traces de la voix ou bien l’origine verbale du discours ; d’autre part, le processus
historique et les normes du texte qui ont fait de la page un être autonome de la voix vivante.

Intervenants : Ramón Alvarado, Raúl Dorra, Carlos Álvarez

François-David SEBBAH

Atelier de lecture de textes philosophiques (VII)

10h30-12h30
Salle K230, département T.S.H., Centre Pierre Guillaumat, Université de technologie de Compiègne,
rue Albert Schweitzer, 60200 Compiègne
Ven 21 mars, Ven 4 avr, Ven 16 mai, Ven 20 juin

Atelier de lecture organisé avec l'Université de technologie de Compiègne

Inscrit au sein d'une université scientifique et technique, cet atelier se propose de favoriser la démarche et
l'interrogation philosophiques parmi des « non-professionnels » de la philosophie. À ce titre, il voudrait
permettre une circulation entre le savoir philosophique et les savoirs positifs pratiqués dans une université
formant des ingénieurs, et ce, en direction de tous ceux (« philosophes » ou non, ingénieurs ou non...) qui
sont intéressés par une démarche dont la fin, pour ne pas être l'érudition, n'en est pas moins un
éclaircissement rigoureux de questions fondamentales nous concernant tous.

Parce que la phénoménologie est une tradition philosophique qui a pu tout à la fois désigner les limites des
sciences modernes et être une source d'inspiration pour certaines d'entre elles (cf. aujourd'hui le rapport
complexe noué entre sciences cognitives et phénoménologie), elle nous paraît constituer un terrain privilégié
pour initier la réflexion. Nous proposons de continuer le travail des semestres précédents inauguré par la
lecture suivie de la Phénoménologie de la perception de Maurice Merleau-Ponty. Il se poursuit par une mise
en perspective des analyses merleau-pontiennes de l'Espace à partir de la lecture d'autres textes de la tradition
phénoménologique concernant l'Espace. Puisant soit parmi des œuvres ayant inspiré le geste merleau-pontien
(Husserl, Heidegger, Strauss...), soit parmi des œuvres qui l'ont continué (Maldiney), ou bien encore parmi
des œuvres de la tradition phénoménologique développant des perspectives différentes (Henry, Desanti... ),
on continue de proposer la lecture de textes portant plus particulièrement sur au moins deux des trois notions
connexes suivantes : « perception », « action », « espace ».

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Ce semestre nous nous recentrerons sur les textes fondamentaux de Husserl à propos de la spatialité.

Antonia SOULEZ

La philosophie et ses matériaux (suite)

18h30-20h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 6 mai, Mar 13 mai, Mar 27 mai, Mar 3 juin, Mar 10 juin

Séminaire organisé dans le cadre de la convention avec l'Université Paris 8

Poursuivant notre enquête sur concepts et matériaux en philosophie, nous approfondirons la tension entre
deux mouvements : celui qui conduit à une langue de concepts conformément au critère de l'unité de
détermination du sens en philosophie, et, plus caché et moins avouable, un mouvement par lequel le
philosophe se confronte à du non-philosophique dont il tire son bien : ce qui, depuis Aristote et sous le nom
de hylè, est passé pour irrationnel et même « arythmique » par opposition à la forme. Comme à une certaine
époque on est entré dans l'atelier du peintre, il sera donc question de descendre dans la forge du philosophe.
Appliquée à la prose du philosophe, à sa Dichtung, quelle part reconnaître à ce que le concept refoule sous
lui : les mots comme sons de la langue, la cause matérielle, le désir, les signifiants vocaux, mais aussi des
procédés techniques et tout ce qui « prépare » à une œuvre de sens.
On a reconnu une question en style adornien. Cependant, l’attention portée aux différentes modalités de
matériaux des moins élaborés aux plus élaborés nous conduira à aller plus bas que l’œuvre, et à considérer le
matériau autrement que pris dans le rouage de la dialectique adornienne, dans ses rapports même conflictuels
avec la forme. C’est alors la notion de forme et sa fonction polaire dans la dialectique qui devront être
réévaluées. La question se posera alors de savoir si le matériau en son sens le plus radical n’est pas à ce point
réfractaire au formel qu’il exige d’être reconsidéré sous l’aspect de sa résistance foncière et irréconciliable à
la dialectique elle-même, comme reste non-intégrable. Les différents rapports de résistance à- et de- qui sont
présupposés dans la relation entre forme et contenu, conduiront donc à nous demander si l’opératoire auquel
nous avons affaire ici est de nature dialectique. Les péripéties du formel seront prises en compte, ainsi que la
catégorie plus récente de « l’informel », notamment dans l’art (Cage, Beckett…). Dans cette approche, nous
garderons à l’esprit le comparatisme de la composition philosophique avec la composition musicale, mais
nous en questionnerons également les seuils. Une question nous servira d’axe, portant sur le paradigme à
l’œuvre ici : qu’est-il advenu du paradigme structural de la résonance aujourd’hui ?

Intervenants :
- Mardi 13 mai : Antoine Léandri
- Mardi 27 mai : Anne Boissière
- Mardi 3 juin : Catherine Perret
- Mardi 10 juin : Patrice Loraux

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Bernard STEVENS

Lieu-dialectique.

Le motif hégélien dans la philosophie de Nishida

18h-20h
Salle Jean XXIII, USIC, 18 rue de Varenne, 75007 Paris
Lun 5 mai, Lun 12 mai, Lun 19 mai, Lun 26 mai, Lun 2 juin, Lun 16 juin

Depuis la découverte récente de l'œuvre de Kimura Bin, dans le domaine de la Daseinsanalyse, et depuis les
travaux d'Augustin Berque sur la mésologie, science des milieux humains, on constate en France un intérêt
croissant pour la philosophie japonaise contemporaine. Or celle-ci est dominée par la stature incontournable
de Nishida. Mais par-delà l'exotisme du propos et les emprunts de circonstances, quelle est la portée
proprement philosophique de cet auteur ? Une confrontation entre Hegel et Nishida est peut-être le moyen le
plus fécond pour évaluer l'intérêt propre de l'apport nishidien au discours philosophique. Outre les
réminiscences de la Phénoménologie de l'Esprit dans les Recherches sur le Bien, la « Logique du lieu » trahit
l'impact du hégélianisme dans la constitution du système nishidien, mais chaque fois selon une subtile
subversion ou inversion de la dynamique dialectique, trahissant une position métaphysique inédite, dont les
prémices remontent au bouddhisme de la « voie du milieu ». La philosophie de l'histoire du dernier Nishida,
apparaissant elle aussi comme une subversion de la téléologie hégélienne, conduit à une relativisation de
l'ontologie occidentale, marquée par sa naissance grecque, et à une reformulation des conditions de
l'universalité à laquelle tend le discours philosophique.

Intervenants :
- Lundi 2 juin : Professeur Makoto Asari (INALCO) et Augustin Berque (EHESS) : Logique du lieu et pensée
contemporaine
(la liste complète des intervenants sera annoncée lors de la première séance)

Christian TROTTMANN

Contemplation et vie contemplative

18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 26 mars, Mer 30 avr, Mer 21 mai

Séminaire organisé en collaboration avec le Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Pour notre problématique générale : « action/contemplation, quelle philosophie première ? », le pôle le plus
délicat au regard de la pensée contemporaine est celui de la contemplation. C’est donc par lui que
commenceront nos travaux. Le terme est d’emblée plurivoque, renvoyant à l’esthétique, à la métaphysique, à

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la mystique. Hannah Arendt a montré que la question de l’action devenait impensable à moins de rapporter
l’action à la thématique de la vita activa. N’en va-t-il pas de même de la contemplation ?
Notre parcours est reparti au premier semestre de l’articulation entre contemplation et vie contemplative, telle
que la pensent les auteurs médiévaux, mais aussi de l’exploration de la convergence entre les trois
dimensions esthétique, métaphysique et mystique de la contemplation autour du thème de l’icône et dans la
peinture flamande. Est-on parvenu au cœur du Moyen Âge à une unité de la sagesse spéculative et pratique ?
Même l’harmonie entre action et contemplation poursuivie à Saint-Victor ne restait-elle pas précaire ?
Cette réflexion partant de l’élaboration médiévale et renaissante de la question de la contemplation s’ouvrira
en direction de l’orient et de la modernité. Comment s’articulent méditation, prière et contemplation dans un
tout autre contexte, celui du Yoga ? L’occident semble avoir été oublieux de l’idéal de vie contemplative à
partir de la renaissance. Après sa relecture par le Moyen Âge, qu’advient-il de l'idéal aristotélicien de la
félicité contemplative à l'âge classique, voire au-delà ?

Intervenants :
- Mercredi 26 mars : Dominique Poirel (IRHT) : L’unité de la sagesse à l’école de Saint-Victor,
une harmonie précaire
- Mercredi 30 avril : Marc Ballanfat (CIPh) : Méditation, prière et contemplation à l’école du Yoga
- Mercredi 21 mai : Laurence Renault (Université Paris 4) : Le devenir de l’idéal aristotélicien de
la félicité contemplative à l’âge classique

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Philosophie/Politique

Sidi Mohammed BARKAT et Pierre TÉVANIAN

Figures du corps d'exception

18h30-20h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 13 mars, Mer 19 mars, Mar 25 mars, Mar 1 avr, Mar 22 avr, Mar 29 avr

Dans ce séminaire sur les fondements de la violence politique, nous nous sommes efforcés de montrer
comment des discours et des dispositifs juridiques et politiques ont construit et transmis une image, l’image
de l’indigène algérien comme corps d’exception. Ces deux dernières années, une attention particulière a été
portée à la filiation qui existe entre le colonisé et « l’immigré », à la fois du point de vue de la situation réelle
et du point de vue des représentations.
Il s’agira de travailler durant ce semestre selon le même principe et à partir d’un cas singulier, celui en
l’occurrence de l’institutionnalisation d’un corps d’exception particulier tout entier construit à partir de traits
sexuels. Nous verrons successivement les liens qui peuvent exister entre l’image de l’indigène algérien et
celle de « l’homosexuel », la construction du type « homosexuel » par le droit, les figures de la femme
comme corps furieux (la garçonne, les « trans-genres », etc.), les images publiques de la prostituée, le jeu
avec les codes et les identités sexuelles dans les pratiques « queer ».

Intervenants :
- Jeudi 13 mars : Todd Sheppard
- Mercredi 19 mars : Daniel Borrillo
- Mardi 25 mars : Christine Bard
- Mardi 1er avril : Anne Souyris
- Mardi 22 avril : Philippe Mangeot
- Mardi 29 avril : Marie-Hélène Bourcier et Beatriz Preciado

Gérard BRAS

Puissance de la multitude et domination du peuple :

Spinoza devant Machiavel (II)

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Mar 4 mars : Amphi A, 20h-22h
Mar 1 avr : Amphi B, 20h-22h
Mar 29 avr : Amphi A, 20h-22h
Mar 20 mai : Amphi B, 20h30-22h30

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Mar 3 juin : Amphi B, 20h-22h

La confrontation de Spinoza et de Machiavel est éclairante des difficultés que la philosophie éprouve à
concevoir une pensée du peuple, aux deux sens du génitif : penser ce qu'est le peuple et que le peuple pense.
Il nous semble que cette confrontation permettrait d'engager la réflexion dans deux directions :
a) celle de la détermination d'un concept philosophique du peuple qui s'interdise de le penser comme une
identité substantielle, ou comme sujet d'une tâche historiale. Spinoza peut permettre de montrer qu'un tel
peuple est introuvable, parce qu'un peuple réel est toujours en même temps puissant et impuissant. Mais il
faut en passer par Machiavel pour comprendre qu'un peuple n'existe que pris dans le rapport conflictuel qui
l'oppose à son autre. Si l'on maintient, comme nous pensons qu'il faut le faire, que le peuple pense, c'est-à-
dire qu'il n'est pas réductible à la plebs, l'enquête devra porter sur les conditions et les modes de l'énonciation
de cette pensée, toujours en risque d'être réappropriée par ceux qui se donnent comme ses interprètes, seuls
capables de la révéler à sa vérité. Comment éviter ces deux écueils que sont d'une part l'assignation du peuple
aux passions, donc au silence de la raison, et d'autre part l'affirmation d'une pensée du peuple mais dont
l'énonciation ne peut être assurée que par ceux qui s'en proclament les « vrais interprètes » ?
b) celle d'une réflexion du statut de la politique elle-même, des impasses des entreprises philosophiques
cherchant à déterminer le meilleur gouvernement. Si la politique est lieu d'un conflit irréductible entre deux
instances au moins (deux humeurs), il s'ensuit en effet, comme le soutient Machiavel, que le champ dans
lequel elle se déploie est triangulaire, et non pas simplement duel, le Prince ne se laissant pas ramener à l'une
des deux humeurs. Il s'ensuit que la philosophie ne peut occuper aucune des trois positions, mais qu'elle a à
réfléchir les rapports entre les trois, les conditions sous lesquelles le peuple peut s'affirmer de façon
autonome, et celles sous lesquelles une pensée de ce qu'exige la conjoncture, ce qu'est la virtù, de son rapport
concret au peuple et à son autre peut s'énoncer. Mais comment penser la virtù ? La question nous semble
engager une théorie de l'action, donc aussi de la causalité politique.

Intervenant :
- Mardi 20 mai : Laurent Bove

Alain DAVID

La solution finale

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Ven 16 mai : Amphi A, 18h-20h
Ven 23 mai : Amphi A, 18h30-20h30
Ven 6 juin : Amphi A, 18h-20h
Ven 13 juin : Amphi Stourdzé, 18h30-20h30

« Le pressentiment et le souvenir de l’horreur nazie » : ces mots par lesquels Levinas avait caractérisé sa
biographie ne doivent-ils pas être entendus, étendus, à l’infini, bien au-delà de la biographie proprement dite,
jusqu’à l’œuvre, bien au-delà de l’événement pris dans ses limites historiques, jusqu’à la philosophie ? C’est
ce projet qu’on voudrait engager, dans un séminaire qui se proposera comme le linéament d’un travail à
venir, choisissant en tant que fil directeur, par-delà l’expression dramatique qui l’intitule, la question de la
finalité.

32
Ce travail s’inscrit dans la double continuité des séminaires précédents, consacrés à Levinas (« Prophète en
son pays », I, II et III, « Philosophie et actualité : recherches sur l’extériorité ») et d’un livre, Racisme et
antisémitisme. Essai de philosophie sur l’envers des concepts, publié en 2001 chez Ellipses.

Ciprian MIHALI

Que fait-on et que peut-on faire de Marx aujourd'hui ?

18h-20h
Université "Babes-Bolyai", département de philosophie, 1 rue Kogàlniceanu, 3400 Cluj-Napoca
(Roumanie).
Lun 10 fév, Lun 10 mars, Lun 14 avr, Lun 12 mai, Lun 9 juin

Séminaire organisé en collaboration avec l'Association Roumaine des Chercheurs Francophones en Sciences
Humaines (ARCHES)

(le séminaire aura lieu en roumain et en français)

Malgré toutes les évidences (trompeuses pour une fois), Marx n’a été que rarement lu à l’Est et quasiment
jamais en Roumanie. Et cela ni avant 1989, où sa lecture fut remplacée par des icônes et des statues, ni —
encore moins — après 1989, lorsqu’il fut jeté aux oubliettes de l’histoire, avec toutes ces statues démolies et
avec tout un passé inavoué et inavouable. S’il s’agit de proposer aujourd’hui, dans ce lieu précis, « Marx »
comme thème d’un débat, ce n’est pas pour regretter ces statues ni, avec elles, l’ignorance qui les a bâties ;
c’est pour interroger une pensée et son héritage qui auront profondément marqué la modernité, dans leurs dits
et dans leurs non-dits, dans leurs faits et dans leurs méfaits.
À travers plusieurs approches des textes de Marx, de ses contemporains ou de ses exégèses au XXe siècle,
nous tenterons, par les voix et les pensées des participants à ce séminaire — eux-mêmes appartenant à des
horizons culturels différents — d’évaluer ce qui reste encore de Marx dans le présent philosophique et
politique des sociétés post-communistes (tant à l’Est qu’à l’Ouest). « Marx » devient aussi le prétexte d’un
questionnement sur l’incapacité de ces sociétés à témoigner pour leur passé, à porter un jugement critique sur
leur présent et à assumer une responsabilité pour leur avenir.
« Que peut-on faire de Marx aujourd’hui ? » est alors la question têtue et intempestive qui fait glisser sans
cesse le signifiant « Marx » dans un jeu multiple de significations (« politique », « travail », « marchandise »,
« valeur », « technique », etc.) qui s’enchaînent et se croisent afin de permettre le dégagement d’une
compréhension de notre tradition marxiste et/ou marxienne, moderne et/ou communiste.
Ces lectures, essayant de mettre en lumière les sources, les dialogues ou la postérité de la pensée de Marx,
offrent pour la première fois en Roumanie un espace de rencontres (pour les étudiants surtout, mais aussi
pour un public moins avisé) avec l’un des auteurs dont la fréquence des citations est inversement
proportionnelle à la connaissance de sa pensée.

Intervenants :
- Lundi 10 février : Adrian Mihalache (Université Technique de Bucarest) : Cyber-marxisme : la plusvalue de
la virtualisation
- Lundi 10 mars : Claude Karnoouh (CNRS Paris, Université de Cluj) : Lecture de Marx et la technique de
Kostas Axelos
- Lundi 14 avril : Marcel Drach (CIPh) : Marx : d’où vient le mal ?
- Lundi 12 mai : André Tosel (Université de Nice) : (titre à préciser)

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- Lundi 9 juin : Vajda Mihàly (Université de Debrecen, Hongrie) : Marx, Lukàcs et l’héritage marxien dans
la pensée critique au XXe siècle

Frédéric NEYRAT

L’image du capital (II) : Heidegger au pays des multitudes

18h30-20h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 2 avr : Amphi A
Mer 23 avr : Amphi B
Mer 7 mai : Amphi A

Au cours de la première année de ce séminaire, nous avons appréhendé l’essence du capitalisme à partir des
concepts de puissance, de limite et d’immanence : le capitalisme (se) produit (comme) une image du sans-
limite. Il s’est avéré que cette production engageait un rapport spécifique du capitalisme et de la techno-
science. Le capitalisme doit être interrogé dans le cadre général de ce que nous nommons le dispositif éco-
technique qui s’est installé au cours de la modernité. La rencontre du capitalisme et de la techno-science
prend aujourd’hui la forme d’une alliance de la production de réalité virtuelle et de l’impératif de
consommation.
C’est à la lumière de la philosophie heideggerienne que nous interrogerons cette année cette alliance : 1/ que
signifie le passage de l’être comme « substance » à l’être comme « subsistance » (Séminaire du Thor) ?
Gestelt peut-il être mieux traduit que par le terme de Con-sommation ? C’est une économie de la présence
qu’il nous faudra présenter, susceptible de signer quelque chose comme un « destin occidental » ; 2/ la Con-
sommation est-elle sans limites ? Notre temps se vit en effet sous la forme du « rien n’est indemne » — rien
n’est sauf ; ce que nos États traduisent comme volonté de sécurité, forcément répressive. Quelle politique
« écologique » et égalitaire pourrait se tenir à la hauteur de cette situation de surexposition de la vie ? Notre
hypothèse est la suivante : le concept heideggerien de « laisser-être » pourrait donner lieu à des pratiques
politiques capables de laisser être le monde et les hommes loin des accumulations (financières, de pouvoir)
désastreuses.
Heidegger au pays des multitudes, ou : comment favoriser un énoncé collectif du type : « we prefer not to » ?
Par une politique de la finitude (Nancy) ? Par une politique de la démobilisation (Sloterdijk) ?

Philippe NYS

La sphère et/ou la gourde ?

Deux modèles du monde sous l'horizon de la globalisation

18h30-20h30
Société Française d'Architecture (S.F.A.), 247 rue Saint-Jacques, 75005 Paris.
Jeu 13 mars, Jeu 27 mars, Jeu 3 avr, Jeu 15 mai, Jeu 22 mai, Jeu 5 juin, Jeu 12 juin, Jeu 19 juin

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Séminaire organisé dans le cadre de l'Équipe associée au CIPh, programme Le moment contemporain de la
fabrique du paysage, et en collaboration avec la S.F.A. (Société Française d'Architecture)

Inscrit dans le programme de l’équipe associée au CIPh pour le programme « Le moment contemporain de la
fabrique des paysages », ce séminaire consistera à tester et à élaborer les termes d’un polemos,
anthropologique, agissant les formes, expressions et arts contemporains des lieux. Ce combat se polarise
entre un modèle platonicien, sphérique, continental, dominé par un œil, impérial(iste) et apollinien,
aujourd’hui fracturé, dont la limite limitante, le trait, est dessinée par l’art du jardin, et un modèle non
sphérique de l’engendrement des formes, la gourde, un modèle qui relèverait plus de l’archipel, du voyage
d’un regard dédalique (plutôt qu’icarien) dont le « jardin japonais » offrirait un prototype et les recherches
plastiques contemporaines de l’art et de l’architecture, le laboratoire.
Suite à l’éclatement du modèle du volume platonicien dont la sphère parfaite est l’achèvement, face à ce que
d’aucuns considèrent, dans une rhétorique parfois emphatique et dramatisée, comme une destructuration et
une désorientation généralisées du sens et des significations du monde générées par la globalisation, le jardin
est le représentant symbolique d’une réponse technique, historique et culturelle, un modèle de configuration
qui vaut pour lui-même comme jardin, mais aussi, au-delà de lui-même, comme « logique » du lieu, dispositif
d’assemblages, expérience spatiale, construction symbolique, cosmo-plastie. Point d’ancrages (au pluriel),
qui voyage et migre dans le temps et dans l’espace, le jardin, avec ses performances multiples, construit un
espace mental symbolique, une clé (poïétique et herméneutique) qui permet d’élaborer une réflexion
théorique de manière interne à chacune des traditions et expressions des arts du lieu, d’inclure et interpréter
les relations historiques qu’elles ont pu entretenir entre elles (par exemple le statut du jardin japonais en
Europe), d’ouvrir un horizon permettant de penser et d’agir ensemble des domaines profondément divisés du
savoir en visant une « synthèse disjonctive » (Deleuze) plutôt qu’une synthèse dialectique enchaînée à une
philosophie de l’histoire dont le Japon fut la victime expiatoire, avec la bombe atomique. De ce point de vue,
avec sa géomorphologie et son climat (les conditions de son milieu), son histoire culturelle avec ses
performances plastiques et technologiques, tenant compte des regards critiques de philosophes et essayistes
contemporains, le Japon peut être considéré comme une sorte d’exaspération, de pointe extrême, de notre
contemporanéité et, à ce titre, un miroir qui la « réfléchit » et permet de la décrypter.
On considérera donc la définition, classique, du jardin comme micro-cosme, jardin-monde, dans le maximum
de son amplitude et de ses effets, comme un concept opératoire, un outil de lectures d’une série de strates
dans lesquelles nous sommes pris et que nous produisons à l’échelle de la planète et de la mondialisation,
cosmo-plastie de la fabrique du monde contemporain.

Intervenants :
- Jeudi 13 mars : Philippe Nys (maître de conférences, Université de Paris 8, UFR arts plastiques)
- Jeudi 27 mars : Minato Chihiro (professeur à l’Université Tama, Tokyo, anthropologie des arts visuels)
- Jeudi 3 avril : Philippe Nys
- Jeudi 15 mai : Shigemori Mitsuaki (artiste, projet « Shima », Kyoto)
- Jeudi 22 mai : Shiina Ryosuké (professeur à Doshisha, Kyoto, département de musique)
- Jeudi 5 juin : Uemara Hiroshi (professeur à la Kyoto School of Art and Design, Kyoto, département
d’histoire), en collaboration avec le « Dess jardins et paysages historiques », École d'Architecture de
Versailles
- Jeudi 12 juin : Anzaï Shin-ichi (professeur à l’Université de Hiroshima, département des arts et des
sciences)
- Jeudi 19 juin : Philippe Nys

Philippe-Joseph SALAZAR

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Rhétorique et démocratie (IV)

Ven 28 mars : Grand Salon, American University of Paris, 31 avenue Bosquet, 75007 Paris, 14h-19h
Jeu 12 juin : Fondation Singer-Polignac, 43 avenue Georges Mandel, 75116 Paris, 9h30-13h

Séminaire organisé dans le cadre de la convention avec le Centre d'études rhétoriques de l'Université du Cap
et l'Institut français d'Afrique du Sud (Johannesbourg), en collaboration avec l'American University of Paris
et le Programme International de Coopération Scientifique n° 1455 du CNRS/NRF d’Afrique du Sud
« Rhétoriques et démocraties. France-Afrique du Sud ».

Ce quatrième séminaire essaiera de définir ce qu'est un agent de parole publique globale dans la
postmodernité. Un exemple fondateur sera pris en compte : la papauté. Comment s'instrumente une parole
dogmatique, et quels en sont les moments critiques, quels sont les relais et les interprètes d'une rhétorique du
Verbe, comment une rhétorique qui se donne comme non-doxale s'articule aux endoxa de la délibération
démocratique, comment se façonne une conception du débat entre magisterium de la parole et paroles
détentrices de l'avoir démocratique, telles sont les questions qui seront soulevées, sur le fond de l’insertion
théologique de l’avènement démocratique dans l’Afrique du Sud post-apartheid et de la résolution de la
violence des faibles.

Intervenants :
- Vendredi 28 mars : dans le cadre d'un symposium, « La parole et la violence des faibles » animé par
Waddick Doyle (American University of Paris), avec la participation de Barbara Cassin (CNRS) et de Dilip
Gaonkar (Northwestern, Chicago).
- Jeudi 12 juin : dans le cadre du symposium « Rhétorique et Droit » organisé en collaboration avec le PICS
« Rhétoriques et Démocraties » du CNRS et de la National Research Foundation (Afrique du Sud), et animé
par Olivier Cayla (EHESS).

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Philosophie/Psychanalyse

Caroline GROS-AZORIN

Retour sur la question du féminin et du masculin

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Ven 7 fév : Amphi A, 18h-20h
Ven 14 mars : Amphi A, 18h30-20h30
Ven 4 avr : Amphi A, 18h-20h
Ven 23 mai : Amphi B, 18h-20h

Si la définition de l'être-femme et de l'être-homme dans sa dimension anthropologique de dispersion


(Zerstreutheit) facticielle et ontique échappe radicalement à la philosophie, à quelques rares exceptions près,
la psychanalyse n'a cessé dans son champ propre, clinique et théorique, d'en élaborer quelque chose. Le projet
du séminaire est de revenir sur les moments marquants de cette histoire pour situer les origines de ce polêmos
identitaire dont la logique binaire d'inclusion-exclusion réciproque (ce qui manque à l'un est le propre de
l'autre) et de répulsion-attraction (ce que l'autre a ou est, je le hais, le désire ou l'envie) se traduit par le risque
encouru de s’engager dans des impasses subjectives mises au jour par la clinique et dans des formes de
substantialisation.
C'est avec Freud et Lacan que nous voudrions reprendre cette question et déchiffrer ce qui constitue pour la
pensée un enjeu majeur de ne pas clôturer ce qu'elle divise. En effet, le féminin et le masculin ne sont pas des
principes stables générateurs de catégories — c’est pourquoi nous n’entrerons pas dans le débat par avance
biaisé des études sur le genre ni dans la logique de repli et de parcellarisation des communautés sexuelles —
mais une polarisation jamais achevée de directions de signification propres à l’existence. Les oppositions
tranchées nous font perdre pied là où la tension toujours singulière est productive. L’enjeu de ce retour est
l’abord de la question sexuelle dans sa dimension constitutive de rencontre avec l’autre, le réel et la chose.

Marjolaine HATZFELD

La libido chez Freud

et ses destins selon Lacan

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Mer 26 fév : Amphi A, 20h-22h
Mer 19 mars : Amphi B, 20h-22h
Mer 23 avr : Amphi A, 20h-22h
Mer 14 mai : Amphi A, 20h30-22h30
Mer 25 juin : Amphi A, 20h-22h

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Nous étudierons la façon dont Freud construit son concept de libido, comme énergie sexuelle psychique, en
droit quantifiable (au moins au sens réduit de : « susceptible d’augmentation, de diminution et de
décharge »), issue d’une excitation somatique en tant qu’elle a pu se nouer à des représentations, et ce que ces
hypothèses minimales lui permettent d’ordonner dans l’expérience des névroses.
Nous verrons comment Lacan, tout en se passant de ce facteur quantitatif du fonctionnement psychique
freudien, en maintient le terme, sous réserve de le ployer en différents sens, et de reévaluer entièrement la
portée de l’énergétique freudienne.
Par le biais de la première théorie freudienne de l’angoisse — tel le vin tournant en vinaigre, l’énergie
sexuelle, non élaborable en des représentations psychiques et par là vouée à la croix d’une stase douloureuse,
se transformerait directement en angoisse — on trouve une voie de passage vers l’objet a de Lacan.
L’angoisse, traduction subjective de cette part de libido non représentable, non refoulable, inemployable,
« danger interne », mauvais objet. Que le sujet tente de projeter celui-ci dans l’artifice d’objets phobiques
externes : il restera toujours plus inquiétant dans son insaisissable poussée interne, à mesure même que les
défenses vers l’extérieur se perfectionneront.
C’est l'impossibilité d’une frontière entre dedans et dehors que l’échec du mécanisme freudien de la
projection révèle. Ce dont Lacan prendra acte dans sa topologie du signifiant et de l’objet a.

Patricia JANODY, Daniel KOREN, Alain LEMOSOF,


Nora MARKMAN, Anne MINTHE et Dominique SIMMONEY

Sur la structure en psychanalyse

20h30-22h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 12 mars, Mer 11 juin

Le paradigme de structure a été introduit en psychanalyse par Lacan avec des conséquences majeures sur son
statut épistémologique comme sur la conduite de la cure. Comment pouvons-nous l'entendre aujourd'hui ?
Ce sera la troisième année de travail sur ce thème par notre groupe polyphonique. Nous nous sommes
accordés à reconnaître qu'il n'y a de sens à parler de structure en psychanalyse (structure du sujet, structure du
fantasme, structures cliniques...) que pour autant qu'on renvoie, en définitive, à la question de la structure du
langage. En revanche, les uns et les autres divergent sur la manière de faire droit à la notion de structure dans
le processus analytique. Faut-il l'entendre comme un progrès de la pratique et du concept, posant la base de la
scientificité en psychanalyse ? Ou bien comme une visée idéale de la psychanalyse, justifiant à ce titre d'être
elle-même remise sur le métier de l'analysable ?
Nous avons commencé à envisager ces points sous des angles aussi divers que : l'émergence de la structure
dans une cure, la structure en psychanalyse et les systèmes dynamiques non linéaires, le mythe du point de
vue anthropologique et psychanalytique, le jeu, la scène et la mélancolie... Nous continuerons sur ces axes,
chacun de nous se rapportant aux modalités de son écoute et de sa pratique.

Intervenants :
- Mercredi 12 mars : Dominique Simmoney
- Mercredi 11 juin : Anne Minthe

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Marie-Claude LAMBOTTE

Comment le processus mélancolique introduit à une visée intentionnelle esthétique

20h30-22h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 4 mars, Mar 1 avr, Mar 29 avr, Mar 20 mai

Le passage de l'état dépressif mélancolique à l'état de triomphe ou d’invincibilité du moi que les auteurs
reconnaissent depuis l'Antiquité indiquerait pour le sujet mélancolique la possibilité de recomposer un
environnement au sein duquel la mise en exergue d'« objets de contemplation » tiendrait lieu de perspective.
En effet, la réalité du sujet mélancolique se présente comme une réalité nivelée, sans relief aucun, autrement
dit où tout objet en vaut un autre. Et derrière cette réalité banale, se profile, à travers le discours du sujet, la
croyance nostalgique en une autre réalité détentrice d'une Vérité ou d'un sens absolu.
On s'attachera dans ce séminaire à rendre compte de cette capacité du sujet mélancolique à investir une
activité particulière, celle de composer, d'arranger son environnement de manière à y mettre en valeur des
objets proprement esthétiques (objets de contemplation extraits de la banalité d'un contexte) capables
d'occuper la fonction d'écran auparavant remplie par la réalité quotidienne. C’est alors que cette dernière
pourra regagner son relief et son intérêt.
Afin d'expliciter cette évolution que la clinique éclaire étonnamment en montrant la nécessité de la visée
intentionnelle esthétique, nous serons conduits à examiner en un premier temps les caractéristiques de la
logique mélancolique, proche de celle des Mégariques, ainsi que le type spécifique de rapport qu'entretient le
sujet avec la réalité dans le cadre d'un négativisme généralisé. En un deuxième temps, nous aborderons le
mode de résolution esthétique de la mélancolie et le processus selon lequel se dégagent des objets
esthétiques, objets-écrans métonymiques de la Vérité supposée.
Il resterait à s'interroger sur la pertinence de la mélancolie comme modèle générique propre à rendre compte
des figures contemporaines d'effacement de l'œuvre et de leur récupération sous la forme de traces diverses,
et cela plus particulièrement à travers l'art contemporain.
Des références bibliographiques précises seront données d'un séminaire à l'autre en fonction du plan de
travail proposé lors du premier séminaire. Pour ce qui concerne la métapsychologie de la mélancolie, nous
renvoyons à la bibliographie de notre ouvrage Le Discours mélancolique, (Anthropos, Paris 1993). Nos
références principales, outre celles qui nous déplaceront hors du seul champ de la mélancolie en fonction des
spécialités des intervenants, feront appel à la psychanalyse (Freud, Lacan), au courant de l'« esthétique
psychologique » allemande (T. Lipps, T. Worringer), à la phénoménolgie (Husserl, Merleau-Ponty), et à
l'esthétique contemporaine (N. Goodman, A. Danto).

Intervenants :
- Mardi 1er avril : Erik Porge (psychanalyste) : À propos de la mélancolie et du « suicide de l'objet » chez
Lacan (Séminaire VIII : Le transfert)
- Mardi 20 mai : Dominique Weil-Diener (professeur de psychopathologie à l'Université de Strasbourg) : Un
rapport subjectif à la Chose dans la création plastique

Jocelyne SFEZ

Perutz et la romantisation de l'histoire :

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subversion fantastique et construction psychique

20h30-22h30
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 5 fév, Mer 12 mars, Mer 2 avr, Mer 14 mai

Séminaire organisé en collaboration avec l'Association pour une école de la psychanalyse (APEP)

L'œuvre de Perutz place en son cœur une problématique de l'histoire, conçue comme écriture alternative, dont
la structure apparaît improbable et la consécution impossible. L'historiographie et la Dichtung se révèlent
alors être deux méthodes relevant d'un même effort des hommes pour s'assurer, interminablement, de leur
histoire. Elles produisent cependant des effets de subjectivation et de désubjectivation.
En ce sens, l'articulation fantastique/historique paraît fructueuse : elle montre que, de l'histoire, quelque chose
est toujours dérobée à la mémoire. L'écriture fantastique moderne, saisie chez Perutz au moment de sa
mutation, se donne comme analogon de l'écriture du roman névrotique et se prête à une lecture freudienne ne
s'exemptant pas d'une mise en critique de ses propres concepts. Si c'est par un effort de fantasmation
rétroactive que le sujet habite son histoire, si l'on doit prendre en compte l'activité fantasmatique dans la
romantisation familiale des motifs et des figures œdipiens, la multiplication diachronique des hypothèses
dans cette littérature détourne l'attention de ces motifs en en décuplant la puissance d'évocation. Si l'on peut
les pointer, c'est alors comme raison d'une série de scenari concurrents dont la pluralité contribue à voiler et
dévoiler l'indépassable. La mise en crise de la fonction de vérité du texte, l'indécidabilité en termes de causes,
la « scissiparité » des signes à l'œuvre conduisent le lecteur à faire le deuil de sa croyance au texte et, de ne
pas être joué par le texte, à jouir de s'y jouer.
C'est encore là le ressort d'un sujet, car l'hypothétique à l'œuvre laisse finalement advenir une position unique
de vérité : en appréhendant le caractère fantasmatique de son discours, le sujet peut en prendre acte et
l'habiter librement… Ce qui rencontre/rend compte à plus d'un titre du travail psychanalytique, en tant qu'il
est fondamentalement acte d'histoire.
D'où cette invitation à une relecture croisée, plurielle, de Freud et de Perutz, sur le rapport nodal entre roman
familial et fantasme, vérité historique et vérité du fantasme.

(les noms des intervenants ainsi que les dates de leurs contributions seront annoncés lors de la première
séance)

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Philosophie/Sciences

Natalie DEPRAZ

Exploration de l'expérience et pratique de la description phénoménologique (V) :

la genèse des catégories dans l'expérience

20h-22h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 20 mars : Amphi A
Jeu 24 avr : Amphi B
Jeu 15 mai : Amphi A

Suite à la découverte de certains champs expérientiels centrés sur l'attention, le temps et les émotions (I et II),
puis de la mise au premier plan de leur description possible (III et IV), nous souhaitons à présent, pour ce
cinquième séminaire, encourager le va-et-vient entre expérience et description en interrogeant à nouveau les
modalités d'engendrement des catégories de description dans les expériences sus-dites. Nous voudrions
indiquer comment les premières peuvent être concrètement produites à partir des dernières. Pour ce faire,
nous souhaitons encourager la mise au premier plan de protocoles expérimentaux précis, qui forment des
terreaux d'enracinement et d'émergence de catégories proprement expérientielles, c'est-à-dire directement
issues de l'expérience privilégiée.

Intervenants :
- Jeudi 20 mars : Diego Cosmelli (Paris, La Salpêtrière, LENA, Laboratoire de neurobiologie et d'imagerie
cérébrale) : Récurrence et spontanéité : dynamique cérébrale et expérience de la rivalité binoculaire
- Jeudi 24 avril : Michel Bitbol (CNRS, CREA, Paris) : Faire et refaire les catégorirs de l’expérience
phénoménologique à la physique
- Jeudi 15 mai : Serge Kannas (psychiatre patricien hospitalier, Mission Nationale d’appui en santé mentale)
et Frédéric Mauriac (psychiatre praticien hospitalier, responsable de l’Unité d’Urgence Psychiatrique ERIC,
Hôpital Charcot) : Questions soulevées par l’épistémologie de la clinique en psychiatrie à partir de la
description d’une expérience

Éric HAMRAOUI

Généalogies et motifs philosophiques de la construction du savoir médical

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Mer 19 mars, Mer 26 mars, Mer 23 avr, Mer 30 avr : Amphi A, 18h-20h
Mer 14 mai : Amphi A, 18h30-20h30
Mer 4 juin : Amphi B, 18h-20h

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L’étude des articulations reliant les généalogies et les motifs philosophiques de la construction du savoir
médical, corrélée à l'analyse des logiques d'élaboration de celui-ci, fera l'objet de ce séminaire. L'histoire et la
philosophie des sciences constitueront ainsi les deux pôles heuristiques entre lesquels migrera en permanence
notre pensée. Ces migrations nous permettront, par exemple, de constater l'étroitesse du lien unissant le
moment de l'interprétation — clinique — à la variété des modes d'expression (descriptions ou métaphores) et
de représentation (figures) du sensible, dont la détermination réciproque et l'interpénétration constituent la vie
du langage et de la pensée (Ernst Cassirer), dans le traité De l'auscultation médiate de Laennec (1781-1826),
véritable « discours de la méthode » de l'exploration diagnostique. Plus loin de nous, Galien (129-201), en
soutenant que les facultés de l'âme dépendent de la chimie des humeurs corporelles, pose la question
essentielle de savoir si la médecine du corps est aussi médecine de l'âme. À ces deux premières articulations
(sémiologique et somatopsychique) démontrant la nécessaire synergie des modes de compréhension
historique et philosophique du savoir médical, s'ajoute une connexion de nature à la fois socio-historique,
esthétique et politique, qui permet d'aborder le problème de la pluralité des représentations liées au corps
dans le champ de la pratique médicale passée ou actuelle. D'où notre intérêt pour l'histoire des maladies
comme la lèpre qui expose ceux qui en sont atteints à l'ostracisme de la population, à la considération de leur
corps comme « corps d'exception » (Sidi Mohammed Barkat). Attitudes, selon nous, révélatrices d'une
impuissance à comprendre la sensibilité physique comme « fait général [et] faculté première à laquelle
viennent se rattacher tous les phénomènes, toutes les lois particulières qui régissent les êtres intelligents »
(Pierre-Jean-Georges Cabanis, les Rapports du physique et du moral de l'homme, 1802).

Intervenants :
- Mercredi 19 mars : Éric Marié : Sentiments et maladies dans la médecine traditionnelle chinoise
- Mercredi 26 mars : Vincent Barras : Qualités de l'âme et tempéraments du corps selon Galien
(129-199 ap. J.-C.)
- Mercredi 23 avril : Marie-Rose Faure : Le jeu étroit des mathématiques et du baroque dans la clinique
du XIXe siècle
- Mercredi 30 avril : Bruno Giuliani : Analyse critique des concepts de la pensée médicale à la lumière
de la philosophie de Spinoza
- Mercredi 14 mai : Christiane Vollaire : Raison violente et raison résistante dans la médecine
- Mercredi 4 juin : Pascale Molinier : Les rapports du physique et du moral du point de vue de la
psychodynamique du travail

Pascal NOUVEL

Atelier : La philosophie du Docteur Jekyll

16h-19h
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Sam 1 mars, Sam 8 mars, Sam 15 mars, Sam 22 mars

La figure littéraire du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde, imaginée par Robert Louis Stevenson, est l'une des plus
suggestives pour la psychiatrie moderne. Elle illustre en effet, de manière particulièrement nette et frappante,
la problématique de la personnalité multiple. Un grand nombre de questions touchant au rapport entre
médicament et action sur le comportement (une thématique qui concerne un nombre croissant de spécialités
pharmaceutiques, et qui ne se limite plus aux neuroleptiques mais s'étend aussi à certains dopants

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musculaires, cérébraux ou sexuels) peuvent également être abordées par le biais de cette fiction. D'où l'idée
d'organiser une série de séances publiques de débats autour des questions soulevées par ces nouveaux
médicaments en prenant pour thème central de l’analyse le récit de Stevenson et quelques-unes de ses
adaptations cinématographiques. Ces rencontres regrouperont des biologistes, des médecins, des historiens,
des philosophes dans le but d’identifier les points de rupture entre ces nouveaux traitements et les thérapies
plus traditionnelles qui fondaient leur efficacité sur l’usage de la parole.
Les séances se dérouleront de la façon suivante : lors de chaque session seront présentées deux
communications, l'une émanant d'un médecin ou d'un scientifique, l'autre émanant d'un philosophe, d’un
historien ou d'un écrivain. Ces interventions seront suivies d'une discussion et précédées de la projection d'un
film (la filmographie autour des figures du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde est particulièrement riche : il en existe
une cinquantaine d’adaptations). Après le film, les deux invités présenteront leur commentaire. Puis un débat
s’engagera avec la salle.

Pascal NOUVEL

Soigner les passions

18h30-20h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 25 avr, Ven 9 mai, Ven 23 mai, Ven 6 juin, Ven 20 juin, Ven 4 juil

Séminaire organisé avec le Centre d'Études du Vivant de l'Université Paris 7-Denis Diderot

L’épistémologie s’est jusqu’ici essentiellement préoccupée du concept. Cherchant à préciser les conditions de
possibilité de la connaissance scientifique ou son mode de production effectif, elle a surtout réfléchi sur la
rationalité du savoir scientifique, délaissant la part d’affect qu’il pouvait receler. Cependant, les témoignages
insistants des scientifiques eux-mêmes montrent que le concept est loin de constituer la part exclusive de
l’intérêt qu’ils éprouvent pour leur discipline. D’où l’idée d’examiner la science par le côté des affects
(travail déjà engagé dans le livre L’art d’aimer la science, Pascal Nouvel, Paris, PUF, 2000). Le programme
« épistémologie des affects » développe cette approche en commençant par s’interroger sur la notion de
« passion » et son histoire philosophique.

Le séminaire « soigner les passions » constitue un pas dans la constitution d'une épistémologie des affects. Il
s’agit de voir comment, de Sénèque à Foucault, la question des passions a été concrètement abordée, de
quelle manière la pensée a « pris soin » des passions. Le programme se développera ensuite en étroite relation
avec des scientifiques en activité, à qui il confiera des séminaires complémentaires sur des thèmes
s’inscrivant dans la démarche générale qui vient d’être présentée.

Déroulement du séminaire :
Lors de chaque session est discutée une œuvre qui aborde la question des passions. Après une brève
présentation biographique de l’auteur une série de cinq questions est adressée à l’œuvre :

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1. D’où viennent les passions ?
2. Que signifie « connaître une passion » ?
3. La passion est-elle une forme de connaissance ?
4. Y a-t-il des bonnes et des mauvaises passions ?
5. De quels genres de soins une passion peut-elle être l’objet ?

Deux invités sont conviés à chaque session, l’un est spécialiste de l’auteur discuté et l’autre intervient comme
discutant. Après une présentation de l'auteur par le spécialiste, je présente une lecture du texte abordé dans la
perspective de la construction d'une épistémologie des affects. Cette lecture est commentée par le spécialiste.
Puis le discutant engage le débat qui se prolonge avec les questions du public.

François ROUSSEL

Biotechnologies, médecine, droit.

Éléments de biopolitique

18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 3 mars, Lun 31 mars, Lun 5 mai, Lun 26 mai

Les questions liées à l'émergence des biotechnologies médicales sont aujourd'hui largement discutées dans
l'espace public au titre de ce qu'il est convenu d'appeler la « bioéthique ». À l'encontre de cette approche qui
se présente le plus souvent comme une série interminable de dilemmes portant sur des objets récurrents
(procréation assistée, tests de dépistage, protocoles d'expérimentation médicale, soins palliatifs, fin de vie,
usage des matériaux corporels...), il s'agira de clarifier les enjeux épistémologiques, économiques et
institutionnels des technologies médicales liées à l'essor de la génétique, en mobilisant la notion de
« biopolitique » esquissée par Michel Foucault dans une autre perspective et en la mettant à l'épreuve de ces
enjeux.
L'entrecroisement structurel des domaines et des pratiques sera articulé autour de trois grands axes d'analyse :
1. celui de la biologie moléculaire, où les grands programmes de recherche internationaux, tels celui sur la
cartographie et le séquençage du génome humain, posent des questions d'ordre épistémologique, économique
et politique, au delà de la brevetabilité généralisée du matériau génétique ;
2. celui de la médecine « prédictive » dont il est nécessaire de questionner les présupposés et les implications
en termes de politique de santé. L'hypothèse de départ sera d'inscrire les moyens d'identification, de
circulation et de modification de l'information génétique dans un régime général de gouvernement des
populations que G. Deleuze, prolongeant certaines analyses de Foucault, nomme « les sociétés de contrôle » ;
3. celui du droit qui voit une incessante activité législatrice sur l'ensemble de ces problèmes. Cette activité
sera analysée et confrontée à la thèse foucaldienne d'un continuum biopolitique autour de normes juridiques,
administratives et médicales susceptibles d'en dégager et d'en discuter les formes de rationalité.
Le séminaire de cette année portera plus spécifiquement sur les débats contemporains autour de la menace
récurrente d’un « nouvel eugénisme ».

Intervenants (les dates de leurs contributions seront précisées ultérieurement) :


Grégory Bénichou (philosophe, ESSEC), Laurent Dianoux (biologiste, CNRS), Dominique Memmi
(sociologue, IRESCO), Marcela Iacub (juriste, CNRS/EHESS)

44
Jean-Michel SALANSKIS

Action, espace, sens

18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 28 fév, Ven 21 mars, Ven 25 avr, Ven 16 mai, Ven 13 juin

On prétend, dans ce séminaire, réfléchir à nouveau sur l'accointance entre philosophie et sciences humaines
qui était jugée le fait majeur de la pensée dans les années soixante et soixante dix. L'idée est de le faire en
prenant en considération l'évolution qui a été celle des sciences de l'homme et de la société depuis, mais peut-
être aussi en tenant compte de l'existence des recherches cognitives, qui captent à leur profit, dans une
certaine mesure, la solidarité anthropo-philosophique. On voudrait également examiner ce que les figures les
plus récentes de la philosophie peuvent apporter à cette accointance, cette solidarité.
Pour satisfaire à tous ces objectifs, il paraît souhaitable de s'intéresser à des thèmes qui, aujourd'hui, nouent
philosophie et sciences humaines, parce qu'ils sont à la fois — et peut-être pour les mêmes raisons — ce en
termes de quoi on a envie de définir le fait anthropologique et ce à propos de quoi la pensée pure s'interroge
le plus profondément sous nos yeux : je veux parler de l'espace, de l'action et du sens.
Le séminaire accueillera donc, dans un ordre imprévisible, des philosophes et des spécialistes des sciences de
l'homme sensibles à ces thèmes ou soucieux d'une telle conjoncture.

Intervenants :
- Vendredi 28 février : Jean-Michel Salanskis : Le possible radical
- Vendredi 21 mars : Corinne Enaudeau : La question des facultés de l’esprit : entre philosophie et
psychologie
- Vendredi 25 avril : Frédéric Worms : Du moment des années 60 au moment 2000 en philosophie (entre le
langage et la vie)
- Vendredi 16 mai : Wioletta Miskiewicz : Naturaliser l'homme ?
- Vendredi 13 juin : Pierre Macherey : Que signifie « s'orienter dans la pensée » ?

Léna SOLER

L'incommensurabilité des théories scientifiques :

nature et conséquences épistémologiques

17h-19h
Ven 7 fév : Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 14 mars, Lun 17 mars, Ven 4 avr, Ven 25 avr : Salle Jean XXIII, USIC, 18 rue de Varenne,
75007 Paris

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L'idée que certaines théories scientifiques du même objet sont incommensurables a été introduite par Kuhn et
Feyerabend dans les années soixante. Elle signifie, en première approximation, la possibilité, pour certaines
théories séparées par une « révolution scientifique », d'être si radicalement différentes dans leur contenu et
leurs présupposés, qu'il semble n'exister entre elles « aucune commune mesure » et donc aucune continuité,
alors même qu'elles sont censées décrire un seul et unique objet, par exemple le monde physique.
La thèse a fait couler beaucoup d'encre, mais la nature même de ce dont il est question demeure un objet de
débat, d'aucuns contestant jusqu'à l'existence de quoi que ce soit qui s'apparente à l'incommensurabilité.
On continuera cette année à essayer de caractériser aussi précisément que possible les changements
théoriques et méthodologiques qui sont susceptibles de survenir au cours d'une révolution scientifique et qui
conduisent à conclure à l'incommensurabilité. On se focalisera spécialement sur la question des conséquences
de l'incommensurabilité en termes de comparaison des théories scientifiques rivales.

Intervenants :
- Vendredi 7 février : Sandra Laugier (Université d'Amiens, IHPST et IUF) : La signification chez Quine et
Kuhn
- Vendredi 14 mars : Martin Carrier (Université de Bielefeld, Institute for Science and Technology Studies) :
Changements de lois et déplacements conceptuels : sur la nature et l'impact de l'incommensurabilité
- Lundi 17 mars : Paul Hoyningen-Huene (Université de Hanovre, Center for Philosophy and Ethics of
Science) : L'incommensurabilité chez Kuhn et Feyerabend
- Vendredi 4 avril : Jean-Philippe Narboux (Université de Paris 1, Institut d'Histoire et de Philosophie des
Sciences et des techniques) : Qu'est-ce qu'une impossibilité analogue ? Wittgenstein et le problème de
l'incommensurabilité
- Vendredi 25 avril : Léna Soler : bilan et perspectives

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Philosophie/Sciences sociales

Natalia AVTONOMOVA

L'héritage de Bakhtine : des aspects historiques et théoriques

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Mar 6 mai, Mar 13 mai : Amphi A, 18h30-20h30
Mar 20 mai : Amphi Stourdzé, 18h30-20h30
Mar 27 mai : Amphi A, 18h-20h

Notre séminaire présentera la pensée de M. Bakhtine (1895-1975) en tenant compte d’un décalage entre sa
création dans les années 1920 et 1930 et sa redécouverte multiforme dans les années 1960 en Russie, en
France, aux États-Unis. Des années 1980-1990 ont connu une sorte de béatification de Bakhtine partout dans
le monde, et particulièrement dans les pays anglophones, ainsi que le début de sa critique. En Russie
postsoviétique, il est devenu une référence majeure comme philosophe et moraliste, comme penseur
religieux, comme un modèle de travail en sciences humaines.
Qu’en-est-il actuellement en ce qui concerne le statut épistémologique de ces grandes catégories dont le
dialogue, le carnaval, la polyphonie ? Sont-elles concepts ou métaphores ? Ont-elles une valeur empirique ou
plutôt marquent-elles une orientation de la pensée, au titre d'idées régulatrices ? Peut-on être écrivain et
scientifique en même temps ?
Les multiples recontextualisations de sa pensée dans différents pays et à différentes périodes nous
permettront d’aborder des problèmes d’épistémologie comparée et de mieux cerner certains de ses enjeux
actuels.

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HOMMAGE À L'ŒUVRE

Hommage à l'œuvre de Michel Henry.


Ce qui n'est pas grec

Sam 8 mars (14h-18h)


Amphi Poincaré, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité d'Alain DAVID, Natalie DEPRAZ et François-David SEBBAH.

L’œuvre de Michel Henry, pourtant saluée dès le coup de tonnerre de L’Essence de la manifestation en 1963,
n’a pas encore (pour quelle raison, pour des raisons de fond ?) trouvé la place qui lui revient. L’hommage que
le Collège rendra à cette œuvre, neuf mois après la disparition de son auteur, voudrait avant tout représenter
un pas en direction d’une meilleure réception. Pour cela quelques-uns des plus importants philosophes
contemporains viendront débattre autour de questions qui traversent et inspirent leur propre travail, mais dont
la possibilité et la pertinence rencontrent dans celui de Michel Henry un relais et un élan particuliers.
L’intitulé « ce qui n’est pas grec » voudrait faire droit à la fois à la préoccupation constante de Michel Henry
de récuser la lumière grecque jusque dans ce qui semble la supposer inconditionnellement, la
phénoménologie, et, d’autre part, aux recherches de ceux qui, aujourd’hui, par-delà Kant et Hegel, Husserl et
Heidegger, questionnent la tradition philosophique, s’efforçant de mettre à jour (mais selon quel jour ?) une
tout autre signification de la pensée.

Intervenants :
Rudolf Bernet, Jacques Derrida (sous réserve), Didier Franck, Jean-Luc Marion, Jean-Luc Nancy

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COLLOQUES

Assises de la traduction philosophique

Mar 4 fév (9h30-13h/14h30-17h30)


Mer 5 fév (9h30-13h/14h30-17h30)
Grande salle, Maison Heinrich Heine, Fondation de l'Allemagne, 27 C bd Jourdan, 75014 Paris

Sous la responsabilité de Marc BALLANFAT.

Assises organisées avec le soutien du Centre européen de traduction - Lettres et Sciences de l'homme
(EKEMEL) à Athènes

Il serait possible d'écrire une histoire de la philosophie européenne à partir d'une histoire des traductions qui
l'ont en partie constituée. En ce sens, rien n'est plus justifié, du moins historiquement et philosophiquement,
qu'une réflexion sur les difficultés qui sont liées à la tâche du traducteur, tâche à laquelle le philosophe ne
peut jamais vraiment se dérober.
Ces premières Assises répondent à trois soucis. Il s'agit, en premier lieu, de poser le problème général de la
traduction philosophique à partir d'une question : y a-t-il de l'intraduisible ? Il se peut que les philosophes
soient sensibles à cette interrogation, sujet de la table ronde du 4 février, parce qu'elle remet en cause, en
partie du moins, l'universalité du discours philosophique. En second lieu, la traduction de deux philosophes,
Hegel et Deleuze, doit permettre, lors des tables rondes des 4 et 5 février, d'aborder les problèmes précis que
rencontrent les traducteurs, français et étrangers, à partir de leur œuvre. Enfin, la matinée du 5 février a pour
but d'évoquer la situation de la traduction philosophique dans le paysage éditorial français.
Ces Assises se proposent donc d'être un moment philosophique privilégié, où il est donné à chacun de
réfléchir aussi bien sur le principe même de la traduction que sur des œuvres ou des domaines spécifiques.
Elles souhaitent aussi être, pour tous, un moment d'échanges animés et chaleureux.

Programme :

Mardi 4 février

9h30 : Accueil et présentation d’ouverture


10h-13h : Table ronde autour de la question suivante : Y a-t-il de l'intraduisible ? animée par Véronique
Fabbri
avec : Natalia Avtonomova, Luc Brisson, Barbara Cassin, Pierre-Sylvain Filliozat, Marc Geoffroy, Henri
Meschonnic
14h30-17h30 : Table ronde autour de : Traduire Hegel aujourd'hui, animée par Marc Ballanfat
avec : Bernard Bourgeois, Jacques d'Hondt (sous réserve), Jean-François Kervégan, Jean-Pierre Lefebvre,
Jean-Louis Vieillard-Baron

Mercredi 5 février

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9h30 : Accueil
10h-13h : Table ronde autour de : L'édition des traductions philosophiques, animée par Marc Ballanfat
avec : Yves Hersant (Belles Lettres), Monique Labrune (Flammarion), Michel Marian (Centre National du
Livre), Heinz Wismann (Cerf)
14h30-17h30 : Table ronde autour de : Traduire Deleuze aujourd'hui, animée par Jehanne Dautrey
avec trois traducteurs : Takis Poulos (grec), Tom Conley (américain), Sergueï Fokine (russe)
et la participation (sous réserve) de Jean-Clet Martin

Retours à Marx : une autre mondialisation ?

Amphi Poincaré, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Jeu 27 fév (14h-18h30)
Ven 28 fév (9h-20h)

Sous la responsabilité de Catherine AUDARD, Jacques BIDET, Marcel DRACH


et Jonathan RÉE.
Avec la participation de Jacques DERRIDA

Colloque Franco-britannique organisé avec le Forum for European Philosophy (Londres), et en collaboration
avec Actuel-Marx (Paris) et le Fonds d'Alembert.

(les langues du colloque seront l’anglais et le français)

Le but de ce colloque est de tenter de réévaluer différents courants et aspects de la tradition marxiste à la
lumière du phénomène de la « mondialisation » et des divers mouvements « anti-capitalistes ».

Qu’est-ce que la mondialisation ?


S'agit-il d'un phénomène nouveau ? D’un concept nouveau ? Quel lien ce concept entretient-il avec les
thèmes philosophiques classiques de « monde », de « mondialité » ? Quelle place assigne-t-il au « national »
et au « local » ?
Comment la mondialisation entre-t-elle dans le cadre de l’œuvre de Marx, des théories classiques de
l'impérialisme et du « système du monde » ? Comment la comprendre par rapport à l'internationalisme et aux
pratiques d'organisations internationales comme les Nations Unies ? Quels types d'opposition suscite-t-elle ?
Et comment transforme-t-elle le concept même du politique ?

Le colloque se déroulera sur deux journées et constitue la suite d'une première rencontre franco-britannique
qui s'est tenue à Londres en juin 2002.
L'un de ses objectifs est d'encourager le dialogue entre lecteurs francophones et anglophones de Marx.
Les ouvrages récents de Jacques Derrida, en particulier, Spectres de Marx et Marx & Sons, seront l'une des
bases de ce dialogue.

Programme du colloque :

Jeudi 27 février

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14h : Institutions mondiales et droit international : la fin de l’État souverain ?
avec : Justin Rosenberg (University of Sussex), Monique Chemillier-Gendreau (Université de Paris 7,
Département de droit et science politique), et Frédéric Neyrat (CIPh)

17h : Table ronde avec Jacques Derrida autour de son livre Marx and Sons, animée par Marcel Drach

Vendredi 28 février

9h : Cosmopolitisme et universalisme
avec : Susan Neiman (Einstein Forum, Potsdam) et Jacques Bidet (Université de Paris 10, Département de
philosophie)

11h : Empires et Impérialisme


avec : Alex Callinicos (University of York) et Daniel Bensaïd (Université de Paris 8)

14h : La globalisation de la culture


avec : David Wood (Vanderbilt University) et Jean-Jacques Lecercle (Université de Paris 10, Département
d’anglais)

17h : Le capitalisme mondialisé


avec : Robin Blackburn (University of Essex), Gérard Duménil (CNRS), Marcel Drach (CIPh) et Égidius
Berns (Université du Brabant)

Pour contacter le Forum for European Philosophy :


Catherine Lowe, Forum for European Philosophy, LSE, Houghton St, London WC2 2AE
tél. : + 44 (0) 207 955 7539 - C.Lowe@lse.ac.uk

Approches du phénomène de la prise de conscience

Mar 29 avr (9h30-12h30/14h-17h30)


Grande salle, Maison Heinrich Heine, Fondation de l’Allemagne, 27 C bd Jourdan, 75014 Paris

Sous la responsabilité d'Amy COHEN-VARELA et Natalie DEPRAZ.

Nous souhaitons comprendre comment ce que nous vivons à travers cette activité humaine extrêmement
particulière par laquelle nous prenons conscience de notre vie psychique intime peut faire l'objet d'un
examen. La palette des contenus expérientiels qui y renvoient est extrêmement large. Elle comprend toutes
les dimensions quotidiennes de la vie humaine (la perception, le mouvement, le souvenir, l'imagination, les
interactions journalières et la communication sociale), l'étude des événements cognitifs, tâches
minutieusement définies dans un laboratoire (un protocole d'expérience de l'attention dans le cadre de la
perception visuelle par exemple), tout autant que les manifestations plus prégnantes de la vie psychique (le
rêve, des émotions intenses, des tensions sociales, des états de conscience altérés). Parmi tous ces actes de la
conscience où celle-ci reste immanente à elle-même habite, inaperçue, une forme de pré-réflexivité depuis
laquelle la conscience est susceptible de s'apercevoir elle-même à l'œuvre.

51
A cet égard, la question qui sera au centre de ces journées est l'idée selon laquelle cette aptitude immanente
de la conscience est habituellement ignorée ou bien objet d'une pratique non-systématique et aveugle ; aussi
la tâche qui consiste à explorer l'expérience du sujet revient-elle à développer de façon approfondie cette
capacité de base. Quel type de « réflexivité » est à même de faire droit à l'irréfléchi de notre vie traversée de
schémas habituels et d'expériences sédimentées, et ce, sans la désincarner ? Ou encore : comment accéder à
cette zone pré-réfléchie et pré-donnée de notre subjectivité en la « conscientisant » ? Loin de se limiter à
certains aspects marginaux de la conscience, il apparaît — c'est du moins une hypothèse à approfondir — que
de nombreux niveaux d'expérience pré-conscients deviennent disponibles s'il font l'objet d'une exploration
méthodique rigoureuse. C'est une telle méthodologie que nous souhaitons explorer.

Intervenants :
Sergio Benvenuto, Michel Bitbol, Edward Casey (sous réserve), Diego Cosmelli, Shaun Gallagher, Jean-
Philippe Lachaux, Pierre Marie (sous réserve), Bernard Pachoud (sous réserve), Jean Petitot (sous réserve),
David Rudrauf, Evan Thompson

Image, discours, concept

Jeu 8 mai, Ven 9 mai et Sam 10 mai


Graduate College Santa Chiara, Università degli Studi di Siena, Via Roma 47, 53100 Sienne (Italie)

Sous la responsabilité de Clemens-Carl HÄRLE, Antonia SOULEZ et Anca VASILIU

Colloque organisé dans le cadre de la convention avec la Faculté de Lettres et de Philosophie de l'Université
de Sienne

L'argument du colloque sollicite une interrogation sur le rapport entre l'image d'un côté, le discours et le
concept de l'autre, ou, d'une manière très générale, entre ce qui s'offre à la perception sensible et ce qui
s'exprime à travers des mots. La nature de ce rapport est énigmatique : comme le montre un simple survol —
soit dans le domaine de la philosophie ou de la théologie, soit dans celui de la littérature et des arts plastiques
—, les tentatives de mettre en doute l'existence ou même la simple possibilité d'un tel rapport ne sont pas
moins nombreuses que ceux qui cherchent à affirmer sa possibilité ou éventuellement sa nécessité.
Les participants du projet sont convoqués à s'exprimer, à partir de l'analyse d'un ou de plusieurs cas
particulièrement significatifs, sur la conjonction ou la disjonction entre les termes de ce rapport et sur les
arguments avancés pour justifier l'une ou l'autre option.

Cadre des thèmes :


1. Approches généalogiques du concept et de l'image : questions de filiation et d'héritages, dans des domaines
philosophiques et para-philosophiques.
2. Approches figurales : l'image au service de la raison, problèmes qui renvoient au schématisme et à ses
filiations.
3. Usages épistémologiques de l'analogie, modélisation, métaphorologie en science, question des paradigmes.
4. Stratégies de l'effacement de l'image au profit du discours.
5. Controverses actuelles.

Jeudi 8 mai

10h00

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- François Noudelmann : Image et concept : une généalogie sans origine
- Clemens-Carl Härle : Peindre, ce n’est pas parler ?
- Jean-Luc Nancy : L’image : mimesis et methexis

15h00
- Romano Romani : Skia, phantasia e logos nel VI. nel VII. libro della Repubblica di Platone
- Alessandro Linguiti : Concetto e immagine in Aristotele e nei platonici
- Gioachino Chiarini : Simboli celesti. Immagini della staticità e del movimento
- Anca Vasiliu : L’image inversée. Sophistes et Pères à la fin de l’antiquité

20h30
- Bruno Clement : Faire l'image ou avoir l'image ? Quelques notes sur l'imaginaire beckettien

Vendredi 9 mai

10h00
- Maurizio Bettini : Specchi e spie
- Florence Dupont : Le furor tragique chez Sénèque : concept philosophique ? catégorie de l’action ou figure
du spectacle ?
- Talia Pecker-Berio : Figure sonore. Riflessioni sullo statuto della musica tra pensiero e azione

15h00
- Hans Belting : Titolo da comunicare
- Christian Trottmann : Murenulas aureas faciemus… Dire la contemplation : Guiges de Pont, lecteur de
Bernard de Clairvaux
- Patrick Vauday : Que donne à penser la tache de peinture ?
- Jean-Clet Martin : L’aura

Samedi 10 mai

10h00
- Emanuela Scribano : L’immagine e la rappresentazione. La crisi del modello aristotelico
- Fernand Hallyn : De l’analogie de la nature (Newton) à la métaphore physique (Maxwell)
- Antonia Soulez : Le paradigme selon Thomas Kuhn

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JOURNÉE D'ÉTUDE

Alain Badiou
Inclure l'événement

Ven 16 mai (9h30-20h)


Amphi Poincaré, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Jean-Clet MARTIN.

Alain Badiou pense des événements. Et de ces événements, on ne peut pas dire qu’ils sont. Quand ils arrivent,
on ne sait pas très bien localiser ce qui s’est produit, ni en déterminer le site. Et pourtant, il est absolument
nécessaire de nous disposer à leur rencontre sachant que tout ce qui est relève du multiple sans unité,
multiplicité elle-même multipliée sur de multiples ensembles à l’infini. En l’absence de l’événement, un tel
multiple ne serait que feu-follet, brouillard de poussières impossible à orienter en une traînée singulière, en
un tracé fidèle à ce qui vient, à l’incertitude de ce qui va arriver. Sans la ligne d’un événement, sans son
errance dans le multiple, il ne saurait y avoir ni amour, ni axiome, ni poème ni même décision politique.
Aussi faut-il bien soustraire une vérité fragile à la dissémination des ensembles. Vivre en dehors de toute
vérité suffirait pour que les ensembles démultipliés en tous sens ne puissent se prolonger ni s’inclure en
aucune ligne de conduite esquissée. Mais, s’il est de l’essence d’un événement de n’être précédé d’aucun
signe, sachant que, comme le dit Nietzsche, ce dernier arrive sur des pattes de colombes, ou peut-être comme
un voleur dans la nuit, celui-ci procédera nécessairement d’un sillage qui ne s’origine d’aucun savoir ni
d’aucun pouvoir, ne recevant sa force que d’un sujet héroïque, apôtre de la contingence.

Intervenants :

9h45 : Ouverture
10h00 : Jean-Luc Nancy
10h45 : Pierre Cassou-Noguès
Pause
11h45 : Éric Alliez

14h30 : Jacques Rancière


15h15 : Antonia Birnbaum
16h00 : Jean-Clet Martin
Pause
17h00 : Fabien Tarby
17h45 : Alain Fabbiani
18h30 : Alain Badiou

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Les Samedis
Débats autour d'un livre

La Psychanalyse à l'épreuve de l'Islam de Fethi Benslama

Éditions Aubier, 2002

Sam 1 mars (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité d'Alain David

Intervenants : Ali Benmakhlouf, Fethi Benslama, Alain David, Alain Finkielkraut (sous réserve),
Jean-Pierre Marcos

Le Sujet du chômage d’Éric Lecerf

Éditions L'Harmattan, 2002

Sam 15 mars (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Pierre Péju

Intervenants : Miguel Abensour (sous réserve), Alain David, Éric Lecerf, Pierre Péju

La Philosophie du langage : une archéologie saussurienne d’Arild Utaker

Éditions Presses Universitaires de France, 2002

Sam 22 mars (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité d'Antonia Soulez.

55
Intervenants : Michel Bouquet, Paul Henry, Dominique Lecourt, Antonia Soulez, Arild Utaker

Heidegger. La politique du poème de Philippe Lacoue-Labarthe

Éditions Galilée, 2002

Sam 29 mars (9h30-12h30)


Amphi Poincaré, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité d'Alain David

Intervenants : Alain David, Michel Deguy, Jean-Pierre Lefebvre, Philippe Lacoue-Labarthe, Catherine
Malabou

Le Léviathan dans la doctrine de l’État de Thomas Hobbes de Carl Schmitt

Éditions Le Seuil, 2002

Sam 26 avr (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Gérard Bras

Intervenants : Étienne Balibar, Claude Birman, Gérard Bras, Christian Ferrié, Luc Foisneau, François Roussel

Ce que Lacan dit de l’Être (1953-1960) de François Balmès

Éditions Presses Universitaires de France, 1999

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Sam 24 mai (9h30-12h30)
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Marjolaine Hatzfeld

Intervenants : François Balmès, Bernard Sichère, Caroline Gros-Azorin, Marjolaine Hatzfeld, Patrick
Vauday, Hector Yankélévich

L'Enlèvement de la politique. Une hypothèse sur le rapport de Kant à


Rousseau de Denis Guénoun

Éditions Circé, 2002

Sam 7 juin (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Paola Marrati

Intervenants : Étienne Balibar, Michel Deguy, Thomas Dommange, Denis Guénoun, Paola Marrati

Les Porteurs d'ombre de Catherine Perret

Éditions Belin, 2001

Sam 14 juin (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité d'Antonia Soulez.


57
Intervenants : Michel Deguy, Patrice Loraux, Catherine Perret, Jean-Michel Rey, Antonia Soulez

Traité de physique et de philosophie de Bernard d'Espagnat

Éditions Fayard, 2002

Sam 21 juin (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Léna Soler

Intervenants : Michel Bitbol, Bernard d'Espagnat, Léna Soler, Hervé Zwirn

58
Index des responsables

A H
AUDARD Catherine 42 HACKING Ian 2
AVTONOMOVA Natalia 39 HAMRAOUI Éric 34
HAN KIA-KI Béatrice 9
HANKEY Wayne J. 3
B HÄRLE Clemens-Carl 43
HARVEY Robert 10
BADIOU Alain 18
BALLANFAT Marc 18,41
BARKAT Sidi Mohammed 25 HATZFELD Marjolaine 30,47
BIDET Jacques 42 HERCENBERG Bernard Dov 11
BIDIMA Jean-Godefroy 16
BIRMAN Claude 19
BRAS Gérard 25,47 I
BUTLER Judith 3
ISHIDA Hidetaka 11

C
J
CIXOUS Hélène 4
CLEMENT Bruno 5 JANODY Patricia 31
COHEN-VARELA Amy 43
CRITCHLEY Simon 5
K
D KOREN Daniel 31

DAUTREY Jehanne 6
DAVID Alain 26,40,46,47 L
DEPRAZ Natalie 19,34,40,43
DRACH Marcel 16,42 LAMBOTTE Marie-Claude 31
DROGI Pierre 7 LEMOSOF Alain 31
DUPONT Florence 7 LÉON-MIEHE Anne 12

E M
ENAUDEAU Corinne 20 MANCHEV Boyan 20
MARKMAN Nora 31
MARRATI Paola 48
F MARTIN Jean-Clet 12,45
MIHALI Ciprian 26
FABBRI Véronique 8 MINTHE Anne 31

G N
GROS-AZORIN Caroline 30 NEYRAT Frédéric 27
NOUVEL Pascal 35,36
NYS Philippe 28

59
P
PÉJU Pierre 13,46
PÉRÉZ CORTÉS Sergio 21
PIETTRE Bernard 14

R
RÉE Jonathan 42
ROUSSEL François 36

S
SALANSKIS Jean-Michel 37
SALAZAR Philippe-Joseph 29
SEBBAH François-David 21,40
SFEZ Jocelyne 32
SIMMONEY Dominique 31
SOLER Léna 38,48
SOULEZ Antonia 22,43,46,48
STEVENS Bernard 23

T
TÉVANIAN Pierre 25
TROTTMANN Christian 23

V
VASILIU Anca 14,43
VAUDAY Patrick 15

2
1

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