L’Accord Ethio- Erythréen de Djeddah et la Coopération Sécuritaire et
Maritime dans l’espace Mer Rouge-Golfe d’Aden-Océan Indien
Le 16 Septembre 2018, la République Fédérale et Démocratique
d’Ethiopie et l’Etat de l’Erythrée ont signé à Djeddah, en Arabie Saoudite, un accord déclarant « consolider leur réconciliation et renforcer la sécurité et la stabilité dans la région » selon les termes utilisés par le quotidien français Le Monde. Ce protocole établi dans la capitale économique saoudienne est inédit dans les annales de l’histoire de la diplomatie regionale. En effet, sa signature a pris de court tous les experts et spécialistes qui suivent de près les questions relatives à la Corne de l’Afrique ; toutes les négociations politiques décisives dans la région de la Corne de l’Afrique sont habituellement parrainées par les grandes capitales occidentales comme Washington ou Londres. C’est donc la toute première fois qu’est signé directement dans la région un accord diplomatique d’une telle envergure pour la paix et la sécurité regionale. Avec cet arrangement, le Roi Salman Ibn Abdoulaziz a réussi une prouesse diplomatique de taille en réunissant à Djeddah sur les bords de la Mer Rouge, deux des chefs d’Etats les plus importants sur l’échiquier politique de la Corne de l’Afrique, en l’occurrence le tout nouveau premier ministre Ethiopien Dr. Abyie Ahmed Ali et le président érythréen Issayas Afeworki pour qu’ils puissent poser ensemble les bases d’une paix regionale durable. L’accord de Djeddah, placé sous les auspices du Royaume de l’Arabie Saoudite, vient rappeler à l’ensemble de la communauté internationale qu’une nouvelle diplomatie de paix et de coprospérité regionale est possible dans la mesure où pour la première fois deux des Etats les importants de la Corne de l’Afrique se sont engagés à tourner définitivement la page de la guerre et des suspicions mutuelles. 1 Une des autres leçons majeures de cet accord de Djeddah est qu’il permet d’ores et déjà de tracer des nouveaux horizons pour une coopération politique, économique et sécuritaire entre tous les pays de l’IGAD (Soudan, Soudan du sud, Erythrée, Djibouti, Somalie, Kenya, Ouganda), sans exception, avec les Pays du Conseil de Coopération du Golfe dont le Royaume de l’Arabie Saoudite est le pilier central. Au grand dam des diplomaties occidentales, l’accord de Djeddah autorise deux ensembles régionaux que forment l’IGAD et le Conseil de Coopération du Golfe de transformer les espaces maritimes communs en une zone de paix et de sécurité pour le bien être des peuples (à éviter, trop « Chtalinien ») dans cet immense espace géographique situé au cœur des dynamiques stratégiques du 21e siècle. Sur le plan de la sécurité, cette coopération devra nécessiter une véritable coordination opérationnelle afin de lutter conjointement et de manière efficace contre les menaces liées au terrorisme régional, et surtout pour l’instauration d’une paix négociée entre les protagonistes Yéménites tout en renforçant les structures de l’Etat fédéral somalien (plus généraliste quoique…). De même, plusieurs des conflits frontaliers dont la plupart ont des ramifications sur le plan maritime (voir carte) doivent trouver un règlement juste et définitif par le biais de négociations constructives. Il est par conséquent indéniable que l’accord de Djeddah ouvre pour la première fois dans l’histoire des pays de la Péninsule Arabe et de la Corne de l’Afrique des nouveaux horizons pour instaurer une véritable coopération politique, sécuritaire et économique dans un espace régional qui se trouve au carrefour du monde globalisé d’aujourd’hui.