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La transmission

par solitons

Patrick Vandamme
Jean-Baptiste Thomine
Philippe Gallion

Patrick Vandamme, ENST 73, est chef du


département “Etudes de Systèmes de
Transmission optiques” au centre Lannion B
du CNET et responsable du projet CNET Soliton.
Auparavant, il animait des recherches en
traitement du signal pour les communications
à haut débit sur faisceau hertzien.

Jean-Baptiste Thomine, X83, ENST 88, est


responsable d’un groupe de “simulations et
modélisations” au centre Paris B du CNET.
Il s‘intéresse à la conception et au développement
des systèmes optiques amplifiés sous-marins
et particulièrement à la transmission soliton.

Philippe Gallion, Docteur d‘Etat, est professeur


et chef du département “Communications” à
Télécom Paris (ENST). Il enseigne également à
l’Université Pierre et Marie Curie et dans différentes
écoles et universités étrangères. Ses recherches
portent sur les composants et les fonctions
optoélectroniques.
La transmission par solitons

Si les fibres optiques et les composants La première tient à l’apparition de dispositifs


optoélectroniques associés apparaissent rapides autorisant le développement de
souvent, aux yeux du grand public, systèmes monomodes à très hauts débits
comme le pinacle de la technique dans (quelques Gbit/s). La silice constituant
le domaine de la transmission de les fibres est un matériau plutôt linéaire
l’information, les télécommunications et les puissances optiques moyennes
optiques par solitons n’en sont pas qu’elles véhiculent sont relativement
seulement l’un des derniers raffinements. modestes. Cependant, la transmission de
Solution “non linéaire” Elles constituent plutôt, comme nous débits d’information élevés conduit à
de l’équation des ondes , allons essayer de le montrer, la première la propagation d’impulsions très brèves et
application d’un nouveau champ donc, à énergie donnée, de puissance
le soliton constitue un mode d’investigation extrêmement prometteur instantanée assez importante (quelques
pratique de transmission sur pour le chercheur et l’ingénieur. Héritières dizaines de mW). Dans le cœur des fibres,
fibre optique, étonnamment de la radioélectricité, les transmissions leur énergie se trouve confinée sur une
optiques ont vu leur développement basé section effective très petite (quelques
“robuste”, adapté à la fois sur l’existence de trois notions a priori dizaines de µm2). Il en résulte des champs
aux hauts débits et à indépendantes : le canal de transmission, optiques très intenses et, partant, des
la régénération optique. le signal à transmettre et le bruit. Quelques non-linéarités significatives d’autant que
dérogations à ce grand principe sont bien leurs effets, même localement faibles,
sûr apparues, comme les non-linéarités peuvent être cumulés sur de très grandes
parasites ou le bruit quantique associé au longueurs (quelques centaines voire
signal reçu, mais elles ont été traitées à quelques milliers de km). Le signal affecte
la marge par un traitement perturbatif, donc dans ce cas le canal de transmission.
car elles ne remettaient en cause ni les La seconde est liée à l’apparition des
données fondamentales du problème ni la amplificateurs optiques permettant
stabilité de ses solutions. Deux évolutions aujourd’hui de compenser l’atténuation
technologiques majeures conduisent de la fibre. Ces amplificateurs engendrent
aujourd’hui à réviser cette approche. également de l’émission spontanée
constituant en régime linéaire un bruit
optique additif, amplifié à son tour dans
les étages amplificateurs situés en aval,
au même titre que le signal. Après une
détection quadratique (de puissance),
ce bruit n’est évidemment plus additif,
le terme de bruit prépondérant étant un
terme croisé entre signal et émission
spontanée amplifiée. Le bruit dominant
cesse alors d’être le classique bruit
thermique de l’électronique de
photoréception.
Le soliton ou un traitement Le deuxième exemple considère des La technique
global de l’ensemble signal, rames de métro quittant, à intervalles
réguliers, leur tête de station. Soumises de transmission
bruit et canal aux aléas du trafic, notamment aux temps par solitons
Signal, canal et bruit sont aujourd’hui variables de montée et descente des
en interaction forte dans les études de voyageurs, leurs instants de passage
systèmes de communications optiques. aux différentes stations deviendraient, L’état de l’art
Il en résulte de nombreuses propriétés en l’absence de régulation, de plus en en transmission optique
nouvelles et parfois même déconcertantes plus imprévisibles à mesure qu’elles se
rapprocheraient de leur terminus. L’état de l’art en transmission optique est
dans le référentiel culturel issu de l’histoire
De manière similaire, l’émission spontanée la conséquence de plusieurs évolutions
déjà longue des transmissions. Nous
des amplificateurs optiques produit technologiques. Le passage de la fibre
appuyant sur des métaphores hardies,
des fluctuations d’amplitude du signal. multimode à la fibre monomode a permis,
nous en donnerons deux exemples.
En régime non linéaire, ces fluctuations dans un premier temps, de passer d’une
Considérons tout d’abord un groupe
produisent des variations d’indice de portée moyenne d’une dizaine de km
de coureurs évoluant sur un milieu
réfraction et, en conséquence, des entre émetteur et récepteur et de débits
déformable, un matelas par exemple [1].
fluctuations de la fréquence moyenne de quelques dizaines de Mbit/s à des
Alors que le coureur le plus véloce se
du signal que la dispersion convertit enfin portées et débits supérieurs d’un ordre
porte en tête du groupe, il se trouve
en fluctuations des instants d’arrivée. de grandeur. La disponibilité de lasers
contraint de gravir en permanence la
Cet effet, de variance proportionnelle à monomodes à réseau distribué a encore
dépression mobile provoquée par le poids
la puissance optique et appelé gigue augmenté la portée en permettant
du groupe, voyant ainsi se réduire ses
de Gordon-Haus [2], peut conduire à des d’utiliser la fenêtre de longueur d’onde à
velléités à s’échapper. A contrario, la
dégradations importantes des performances 1,55 µ m et les progrès sur les bandes
descente permanente dans cette dépression
du système de transmission car il résiste passantes des composants électroniques
évite au moins rapide d’entre eux de se
à toute tentative de masquage par et optoélectroniques autorisent mainte-
faire rapidement distancer. L’interaction
augmentation de la puissance utile du nant l’obtention de débits de quelques
du groupe avec le milieu tend donc à
signal ! Gbit/s. Pour être plus précis, citons
corriger les différences de vitesse entre
Comme nous venons de l’illustrer, quelques caractéristiques de systèmes
coureurs. Pour une élasticité du milieu
dans cette approche, le signal n’est plus installés ou devant prochainement l’être :
donnée, le contrôle séparé du poids du
groupe, de la distance entre coureurs et un vecteur relativement passif de n systèmes terrestres à 2,5 Gbit/s avec
l’information mais peut devenir un moyen des portées de 90 km,
de la disparité de leur condition physique
permet la formation d’un peloton stable de se prémunir contre les imperfections n systèmes sous-marins à 560 Mbit/s
du canal, induisant par là-même des avec des espacements de 130 km entre
au comportement quasi-corpusculaire.
problèmes nouveaux dus, entre autres, régénérateurs principalement, mais aussi
De la même manière, dans une fibre
aux couplages avec les sources de bruit. à 2,5 Gbit/s avec des espacements de
optique, l’intensité du champ électrique,
Nous sommes là au cœur de la technique 80 km.
jouant un rôle similaire au poids du groupe
de coureurs, modifie l’indice de réfraction de transmission par solitons. Le point commun à tous ces systèmes,
par un effet non linéaire appelé effet Kerr Après avoir rappelé les apports fondamentaux dès lors que la distance sur laquelle on
optique. Ce changement d’indice affecte de l’amplification optique aux transmissions veut transporter l’information est supérieure
en retour la propagation de la lumière. sur fibres, les effets sur lesquels se fonde à la portée, est l’utilisation de régénérateurs
Dans certaines conditions, il est de nature le soliton sont rappelés dans le paragraphe optoélectroniques comprenant un laser,
à en corriger les effets de dispersion suivant ainsi que les limites naturelles une photodiode et un grand nombre de
associés aux différentes composantes auxquelles il est soumis. Le contexte ainsi circuits intégrés. Tous ces composants
spectrales de la lumière qui, elles aussi, présenté, les voies d’étude actuelles devant devant fonctionner à fort débit sont chers,
se propagent avec des vitesses diffé- permettre de s’affranchir de ces limites complexes, délicats à réaliser et à interfacer.
rentes. Il en résulte des impulsions de sont ensuite décrites, ainsi que les Malgré les progrès incontestables de
lumière d’enveloppe constante appelées approches requises. Enfin, le dernier
solitons. Les non-linéarités corrigeant paragraphe esquisse quelques applications
alors la dispersion, c’est donc bien potentielles pour des phases d’études
le signal lui-même qui corrige les ultérieures.
[1] Cette métaphore est empruntée à L. F. Mollenauer
imperfections du canal.
et G. Evangélides, AT & T.
[2] Du nom de J.-P. Gordon et H. Haus, à l’origine de
son identification.
l’électronique large bande, il y a tout lieu les temps de saturation d’environ 1 ms Les contraintes
de penser que le développement de stabilisent le gain sur la puissance des systèmes amplifiés
ce type de régénérateur à des débits moyenne du signal en évitant ainsi les
supérieurs à 2,5 Gbit/s sera coûteux, distorsions, et enfin, au plus grand
voire incompatible avec les exigences de étonnement des technologues de la fibre Le bruit
fiabilité. dopée, des niveaux de bruit proches du Le premier problème, le plus inévitable,
Pourtant, les besoins en débit ne cessent minimum théorique ont été obtenus dès est l’apparition de la notion de bruit
d’augmenter, au moins sur certains axes : le début des recherches. optique, toute nouvelle pour les concepteurs
réseaux interurbains et transmissions Ainsi, vers 1987/1988, un véritable outil de systèmes à fibre. Ce bruit est ajouté
transocéaniques (Europe-USA et USA-Japon). aux innombrables fonctions a été offert au signal, se propage avec lui et va
Cette course à la capacité semblait aux concepteurs de systèmes optiques. venir générer, par l’intermédiaire de la
finalement devoir se ralentir pour des Son application peut-être la plus importante photodiode, d’autres bruits d’amplitude,
raisons technologiques liées à la faisabilité est l’amplification en ligne. L’AOFD dits de battement, dans la réception
des régénérateurs optoélectroniques. devient le concurrent direct du répéteur- électronique, d’où l’existence d’un niveau
Avec une bande passante d’une dizaine régénérateur actuellement utilisé. de rapport signal à bruit maximal
de Terahertz, la fibre optique monomode Lorsqu’aucune autre fonction n’est exigée, conduisant à un taux d’erreur plancher.
semblait définitivement condamnée à pourquoi conserver un équipement Dans le cas où plusieurs amplificateurs
véhiculer, sur de longues distances, compliqué comprenant un laser, une sont présents en ligne, ces bruits
des débits maximaux de quelques Gbit/s. photodiode et pas moins de cinq circuits s’accumulent et viennent dégrader le
intégrés, alors qu’on peut le remplacer par rapport signal à bruit au fur et à mesure
La révolution provoquée un morceau de fibre dopée et un laser de la propagation.
de pompe, ce qui aura en plus l’avantage L’encadré n° 1 montre que la puissance
par l’amplification optique (théorique) d’être insensible au débit de bruit est proportionnelle à la distance
et donc inchangé à chaque mise à niveau de transmission, mais surtout est
Les travaux sur l’amplification optique
du système. La comparaison est aisée une fonction croissante du gain et donc
ne sont pas récents : son application aux
et les constructeurs d’équipement ne s’y de la distance entre amplificateurs.
fibres monomodes est étudiée depuis
sont pas trompés. Pour cette raison, les systèmes amplifiés
une quinzaine d’années et est mise à
C’est dans le domaine des liaisons sur longues distances sont conçus avec
profit depuis longtemps dans le domaine
sous-marines que les premiers systèmes des espacements entre répéteurs faibles
des lasers de puissance. La véritable
dits “amplifiés” seront utilisés : ils sont (de 30 à 50 km), au lieu des 110 km
révolution de la fin des années 80 est
dès maintenant en développement à des des systèmes régénérés actuels.
l’apparition d’un amplificateur fiable, facile
débits de 5 Gbit/s et devraient être posés Dans l’absolu, il semblerait aisé d’augmenter
à mettre en œuvre, puissant, à faible bruit
en 1995/1996 sur des parcours de le niveau de sortie des amplificateurs,
et, de plus, couvrant quasiment la moitié
longueur considérable (6 500 km sur donc du signal utile, pour augmenter le
de la bande passante de la fibre optique
l’Atlantique et 9 000 km sur le Pacifique rapport signal à bruit, mais nous verrons
à 1,55 µ m : l’amplificateur optique à fibre
Nord). dans le prochain paragraphe que l’on
dopée erbium (AOFD). Le mode de
rencontre alors d’autres problèmes
fonctionnement en est extrêmement Evidemment, la substitution régénérateur-
de propagation liés au comportement
simple : une fibre optique dopée à l’erbium amplificateur de ligne n’est pas si aisée
non linéaire en puissance de la fibre.
est “pompée” optiquement à des puissances que les lignes précédentes pourraient
raisonnables (quelques mW) par un laser le laisser croire et ce que beaucoup
semiconducteur. Le résultat est l’apparition considèrent comme un progrès peut
d’un milieu amplificateur entre les longueurs aussi être vu comme un retour inopportun
d’onde de 1 530 nm et 1 565 nm. vers les problèmes de la transmission
Les principaux problèmes sont résolus : analogique : en mode amplifié, tous les
grâce à l’aspect “fibré” de l’amplificateur, défauts et bruits de la ligne se cumulent
les pertes d’entrée-sortie sont très limitées, avec la distance et de nombreux
les longueurs d’onde de “pompage” phénomènes, peu étudiés car négligeables
(1 480 et 980 nm) sont très proches sur les portées précédentes, deviennent
des longueurs d’onde des lasers extrêmement pénalisants. Le paragraphe
semiconducteurs classiques (d’où l’absence suivant s’attache à préciser les principales
de problèmes technologiques majeurs), limites de ces nouveaux systèmes
amplifiés.
La dispersion chromatique
Encadré n° 1 - Le bruit dans les systèmes amplifiés Un indice de réfraction fonction de la
fréquence conduit à des vitesses de
Un amplificateur optique de gain G émet un bruit optique de puissance PB dans la bande propagation différentes pour chacune
optique B0, soit des composantes spectrales et donc à
PB 5 2 (G 2 1) hnB0 Nsp, un élargissement temporel de l’impulsion.
La dispersion chromatique donne pour
où h est la constante de Planck, n la fréquence optique et Nsp un facteur plus grand un écart unitaire en longueur d’onde
que 1 traduisant un excès de bruit par rapport au minimum théorique. le retard induit après une distance de
La somme de tous ces bruits sur une distance totale L fixe comprenant N amplifica- propagation unité (en ps/nm.km). Cette
teurs s’écrit dispersion est en plus elle-même fonction
Ptot 5 2 N(G 2 1) hnB0 Nsp. de la longueur d’onde à laquelle opère le
système.
Le gain, supposé égal aux pertes de la longueur l de fibre entre 2 amplificateurs consé- Pour une dispersion négative, les
cutifs, s’écrit composantes basse fréquence (“rouge”)
G 5 e al, se propagent plus rapidement, devançant
ainsi les composantes haute fréquence
où a représente le coefficient de perte linéique de la fibre. (“bleu”). Un tel effet couplé avec
La puissance totale de bruit à l’entrée du récepteur vaut donc l’automodulation de phase conduit à
un élargissement encore plus important
L G 21 .
Ptot 5 2 hnB0 Nsp (G 2 1) 5 2 hnB0 Nsp aL
l (
LnG ) de l’impulsion.
En revanche, pour une dispersion positive,
les composantes les plus rapides étant
les composantes haute fréquence, son
effet s’oppose clairement à celui de
l’automodulation de phase, ce qui laisse
imaginer qu’il puisse le compenser.
La propagation de phase imprimant à l’impulsion un retard Les conséquences sur les systèmes
En première approche, la propagation de phase croissant avec l’intensité Les deux effets précédents sont
dans une fibre monomode est affectée optique, atteignant son maximum avec proportionnels à la distance de
par le fait que son indice de réfraction la crête de l’impulsion, puis décroissant. propagation. Leur influence relative quant
dépend de la fréquence optique Une impulsion de lumière jaune verrait à elle est fonction de la longueur d’onde
(ou longueur d’onde) du signal et de ainsi ses fronts montant virer au rouge de fonctionnement du système et
son intensité instantanée, d’où deux et descendant au bleu. Dans le cas de la puissance optique crête du signal
phénomènes principaux à prendre en des fibres optiques, il s’agit bien sûr transmis.
compte (voir l’encadré n° 2). d’impulsions infrarouges, mais les Les systèmes de transmission terrestres
références au domaine visible y sont actuels utilisent une fibre ayant une
L’automodulation de phase, encore souvent utilisées. Il en résulte dispersion chromatique élevée à 1,5 µ m
conséquence de l’effet Kerr un spectre d’impulsion élargi, donc une
L’intensité du signal modifie l’indice de (17 ps/nm.km). Leurs performances sont
plus grande vulnérabilité à la dispersion clairement limitées par la dispersion, les
réfraction. L’indice devient ainsi légèrement chromatique.
plus élevé lors du passage de la crête de effets non linéaires restant négligeables.
l’impulsion que lors de celui de ses fronts L’élargissement des impulsions dû à la
montant et descendant. Tout comme la dispersion étant proportionnel au carré
différence d’indice statique entre le cœur de leur largeur, le débit maximal s’en
et la gaine confine latéralement la lumière, trouve limité à une dizaine de Gbit/s sur
cette différence d’indice, produite par 100 km.
l’impulsion elle-même, la confine
longitudinalement et l’accompagne dans
sa propagation.Cette différence d’indice
affecte en retour la phase du signal,
les fronts voyant un indice plus faible que
la crête. Il en résulte une automodulation
Pour les systèmes amplifiés transocéaniques,
Encadré n° 2 - La propagation la fibre utilisée (de conception plus
récente) a une dispersion chromatique
La propagation dans une fibre optique monomode est modélisée par l’équation sui- s’annulant dans la plage à 1,5 µ m.
vante, dite non linéaire de Schrödinger, dès lors que la largeur typique des impulsions Par ailleurs, les effets de l’automodulation
est supérieure à la picoseconde s’accumulant avec la distance, ils ne
peuvent plus être négligés. L’existence
]A j ]2 A a des deux régimes de propagation suivant
1 b2 2 1 A 5 j g _ A _ 2 A, le signe de la dispersion chromatique
]z 2 ]t 2
(voir encadré n° 2) conduit le concepteur
de système à travailler le plus près
où z est la distance de propagation, t le temps “retardé” (pour tenir compte de la vitesse possible de la longueur d’onde de
de propagation), A (z, t) est l’enveloppe complexe du champ optique, a l’atténuation dispersion nulle de la fibre, avec les
linéique, b2 est lié à la dispersion chromatique D de la fibre et g est le coefficient d’effet conséquences draconiennes sur la stabilité
non linéaire Kerr. de production des caractéristiques des
Omettant le terme lié à a, qui correspond à une atténuation pure, il apparaît que les fibres de ligne et celle des lasers
sources de distorsion proviennent de deux effets bien distincts : la dispersion chro- d’émission. Le débit du système en cours
matique (par b2) qui joue à la fois sur la phase et l’amplitude de A et l’effet Kerr qui de développement est de 5 Gbit/s et tout
déphase A en fonction de sa puissance. Suivant la valeur de b2 et de la puissance en accrédite l’idée qu’il sera difficile de
ligne, l’un ou l’autre de ces deux effets peut prédominer. dépasser 10 Gbit/s avec cette technique.
Pour illustrer l’importance de ces
D , 0 (régime “normal”) phénomènes de propagation, la figure 1
Pour des valeurs de dispersion négatives même faibles, il y a “coopération” entre l’effet présente le même train d’impulsions
Kerr et la dispersion et les impulsions s’élargissent très vite, avec la conséquence sys- à 5 Gbit/s propagé sur 6 300 km à
tème d’apparition d’interférences entre symboles rapidement insupportables. trois longueurs d’onde très peu
différentes correspondant aux cas
D . 0 (régime “anormal”) D . 0, D ≈ 0 et D < 0.
Quand la dispersion est positive, les deux effets ont plutôt tendance à s’opposer et il La possibilité d’une auto-compensation
y a généralement apparition d’instabilité de modulation (“explosion” des impulsions en des deux effets de propagation évoqués
impulsions beaucoup plus fines et instables, et élargissement démesuré du spectre précédemment va permettre de s’échapper
optique). de la logique propre à la conception
Le soliton est la solution à la recherche d’un équilibre stable dans ce régime de propa- de ces systèmes pour lesquels la
gation. Il s’agit en fait d’une impulsion de forme et de largeur donnée, d’une puissance propagation est traitée comme un
donnée se propageant dans une fibre de dispersion chromatique (positive) donnée : phénomène pénalisant. Le soliton,
lorsque toutes ces conditions sont réunies, il y a propagation stable à l’infini (en impulsion particulière garantissant cet
omettant évidemment le terme de perte linéique de la fibre pourtant bien présent). Plus équilibre idéal, en est la clé.
précisément, le soliton est une impulsion de forme générique

A (z, t ) 5 =­
Pc sec h (t)
t .

où Pc, puissance crête, et t, largeur caractéristique de l’impulsion, sont liées par


t2 Pc 5 f (b2, g).

Figure 1 - Formes d’onde associées au message


“011010” à l’émission et après 6 300 km pour
D = 20,038 ps/nm.km, 0 et +0,038 ps/nm.km
(de bas en haut).
Le soliton Les difficultés et les limites et au cube de la longueur de la liaison, elle
de la transmission par solitons est donc extrêmement virulente sur des
Le soliton, une solution liaisons transocéaniques. Les performances
Interaction entre solitons adjacents optimales en termes de taux d’erreur
aux distorsions de propagation Le soliton est, comme son nom l’indique, d’un système à soliton résultent ainsi d’un
Pour une fibre optique de dispersion et une solution “solitaire” de l’équation compromis entre le rapport signal à bruit
de non-linéarité données, la recherche de Schrödinger. Un train de solitons et le niveau de gigue de Gordon-Haus,
d’un équilibre entre les deux effets conduit n’en est donc plus solution et on peut tous deux croissant avec la puissance
naturellement à une relation entre l’intensité s’attendre à une propagation différente. du signal. Ceci limite, en l’absence de
de l’impulsion et son spectre. Il en résulte C’est effectivement le cas, des solitons compensation particulière, le débit
une impulsion particulièrement stable proches pouvant interagir très fortement admissible à 5 Gbit/s sur 9 000 km.
puisque son spectre et sa forme temporelle (phénomènes d’attirance ou de répulsion).
sont simultanément stabilisés, dès lors Pour limiter cette interaction, il est Dépasser les limites induites
que les pertes de la fibre sont supposées nécessaire d’espacer fortement les par le bruit
exactement compensées par le gain des impulsions successives, ce qui conduit à Le compromis précité a été présenté
amplificateurs optiques. L’enveloppe d’une l’utilisation d’impulsions beaucoup plus pendant longtemps comme une limite
telle impulsion, appelée soliton, résulte fines (facteur 5 à 10) que le temps bit et rédhibitoire pour la capacité d’un système
d’une parfaite symbiose entre la lumière et donc, d’une certaine manière, à une à solitons, limite d’ailleurs peu différente
la fibre, alors parfaitement adaptées l’une réduction de débit. La figure 2 illustre de celles des systèmes conventionnels.
à l’autre dans une sorte de résonance l’aspect fondamentalement solitaire du C’est la non-linéarité qui en est à l’origine.
permettant une relative insensibilité à soliton : le soliton le plus à gauche, isolé, C’est la nature non linéaire du soliton qui
toute sollicitation perturbatrice. Le bénéfice se propage sur 14 000 km sans déformation va permettre de s’en affranchir. Différentes
en est une robustesse du soliton aux notable, alors que le couple de droite se techniques ont ainsi été proposées
fluctuations locales de gain et de déforme par attraction et répulsion. dans la littérature internationale pour
dispersion, la propagation de l’impulsion outrepasser l’effet délétère de la gigue
Interaction avec le bruit
restant pour l’essentiel gouvernée par de Gordon-Haus. Nous en donnons ici
des amplificateurs
les valeurs moyennes de ces paramètres. brièvement les principes.
Comme dans les systèmes classiques, le
De la même manière, une impulsion
bruit optique a une influence très limitante Réduction de gigue par
n’ayant pas les caractéristiques exactes
sur les performances des systèmes à traitement en ligne
évolue en général, par une sorte
solitons. Il y a bien entendu une dégradation La non-linéarité de la fibre permet de
d’auto-épuration, vers un soliton. Bien sûr,
du rapport signal à bruit en réception. Un différencier le comportement des signaux
l’exploitation bénéfique de la non-linéarité
autre effet, très particulier aux solitons, de faible et forte intensité. Elle autorise
du milieu va aussi conduire à des problèmes
est la gigue de Gordon-Haus déjà évoquée. donc une discrimination de comportement
nouveaux. Nous en citons ici deux
Cette gigue induit un taux d’erreur plancher, entre signal utile (fort) et bruits (faibles).
exemples à nos yeux les plus limitatifs.
tout comme le bruit. De variance
proportionnelle à la puissance en ligne

Figure 2
Propagation sur
14 000 km de la
forme d’onde soliton
associée au
message “1011”.
L’exploitation de ce constat a conduit à Les axes d’études Les études nécessaires à la conception
des solutions plus ou moins complexes de d’un tel système sont, comme nous allons
traitement en ligne permettant de réduire
en transmission par le détailler, pluridisciplinaires.
de manière significative les niveaux de solitons Etudes de composants
gigue de position et de bruit d’amplitude.
Deux axes d’étude en cours sont La source, élément critique
Les études en matière de transmission
le traitement en ligne dans le domaine d’un système à solitons
par solitons portent naturellement sur les
spectral (par filtrage en ligne) et dans La source réalise deux fonctions, le
problèmes de propagation précisés dans
le domaine temporel (par modulation plus souvent en cascade : d’abord, la
le chapitre précédent mais couvrent
synchrone). génération d’un train régulier d’impulsions
également les aspects de recherche liés
L’idée du filtrage en ligne est simple : optiques à un taux de répétition égal au
aux composants et à la définition des
la gigue étant issue des fluctuations en débit à transmettre ; ensuite, sa modulation
systèmes. Afin de préciser plus clairement
fréquence du soliton, des filtres optiques par le train binaire d’information par
ces points, nous allons nous placer dans
placés tout au long de la ligne forcent le masquage éventuel de ces impulsions.
le cadre d’une transmission de type
train de soliton à maintenir sa fréquence La difficulté pour réaliser une telle source
transocéanique, c’est-à-dire sur une très
quasi-constante. Quant à la modulation réside dans le contrôle des caractéristiques
longue distance (typiquement 9 000 km),
en ligne, elle resynchronise directement de chaque impulsion, contrôle indispensable
application pour laquelle le soliton apparaît
chaque impulsion par une modulation pour garantir une propagation satisfaisante.
naturellement comme une solution
d’intensité périodique à la fréquence Les propriétés des diodes laser actuelles
potentielle aux problèmes rencontrés.
horloge, interdisant ainsi au soliton de ainsi que des modulateurs optiques (qui
Nous verrons au dernier chapitre que
s’échapper de sa fenêtre temporelle. permettent l’occultation des impulsions)
d’autres applications peuvent aussi
Ces traitements sont, au même titre ne sont pas compatibles avec la génération
se révéler prometteuses et donc amener
que l’amplification, localisés dans les directe d’impulsions répondant à ces
à étendre le champ de ces investigations.
répéteurs. conditions. Disposer d’une source réunissant
Le multiplexage en des caractéristiques de stabilité et
Les axes d’études de fiabilité compatibles avec un usage
longueur d’onde
Sous certaines conditions de La figure 3 donne l’architecture générale industriel, et disposant par ailleurs d’une
fonctionnement (espacement fréquentiel d’un système optique de transmission accordabilité minimale, est un objectif
entre canaux bien maîtrisé), le multiplexage avec amplification en ligne. Les éléments ambitieux. Toutefois, une source sous
en longueur d’onde de plusieurs trains de constitutifs sont la source qui délivre forme d’un composant intégré remplissant
solitons induit des pénalités mineures sur un signal optique porteur de l’information les fonctions de génération de lumière,
les performances (dues aux collisions numérique à transmettre, la ligne de de mise en forme des impulsions et de
entre solitons de canaux différents, donc transmission proprement dite constituée modulation est un objectif considéré
se propageant à des vitesses différentes). de tronçons de fibre et de répéteurs aujourd’hui comme réaliste. Des études
Le débit total étant réparti entre les optiques dont la fonction de base est de nouvelles structures de diodes lasers,
canaux, la gigue tolérable sur chaque d’amplifier le signal, enfin le récepteur de modulateurs à large bande et
canal est alors augmentée du facteur chargé de la conversion optique-électrique d’intégration de ces derniers contribuent
de multiplexage. et de la détection du train numérique. à atteindre cet objectif.
Toutes ces techniques sont récentes et
mal connues. De nombreux points importants
restent encore à éclaircir, non seulement
sur les effets qu’elles engendrent mais
aussi sur les conséquences au niveau
d’un système : par exemple sa robustesse
vis-à-vis des dispersions de productions,
des variations de puissance en ligne, etc.

Figure 3
Architecture
générale d’un
système amplifié.
Les contraintes de bande passante Maîtriser les conséquences Une technique dérivée permet d’utiliser
du récepteur de l’amplification optique localisée des filtres nettement plus étroits, et donc
Les fonctions constituant le récepteur En plus de l’introduction du bruit d’émission de diminuer considérablement la gigue,
ne se distinguent pas fondamentalement spontanée et de la gigue de position qu’il tout en réduisant fortement le niveau de
de celles d’un récepteur classique basé induit sur le signal, l’amplification optique, bruit. Les filtres sont disposés à des
sur la détection de puissance optique. par sa nature localisée, conduit fréquences centrales légérement décalées
Leur adaptation à des débits supérieurs à une distribution non constante du niveau les unes par rapport aux autres. Le soliton,
ou égaux à 10 Gbit/s oblige à garantir, de signal en ligne, la variation relative de grâce à ses propriétés non linéaires,
pour chacun des éléments, des puissance optique sur un tronçon reliant glisse en fréquence, alors que le bruit et
caractéristiques de bande passante pas deux amplificateurs pouvant dépasser un les perturbations (qui sont en régime
toujours disponibles avec la technologie facteur 10. Cette distribution est rappelée linéaire) ne peuvent suivre et sont absorbés
actuelle et pose des problèmes d’assemblage sur la figure 3. Elle semble a priori par la cascade de filtres. En bref, la ligne
que, là aussi, l’intégration devrait aider à incompatible avec la possibilité d’équilibre devient transparente au signal et opaque
résoudre. Une prévision réaliste fixe recherché dans lequel l’effet Kerr est aux bruits ! La maîtrise de ces techniques
aujourd’hui à 10 ans le temps nécessaire directement fonction de la puissance passe par une nécessaire quantification
pour disposer des circuits électroniques optique. La robustesse du régime de des tolérances sur la dispersion des
compatibles avec un débit de 40 Gbit/s. propagation soliton aux stimuli extérieurs paramètres des filtres. Pour les filtres
se traduit par un régime moyen de décalés, s’ajoute la détermination de la
Etudes de propagation propagation qui tient compte de la puissance vitesse de glissement optimale, elle-même
Nous avons vu précédemment que la du signal moyennée spatialement sur fonction de la largeur des filtres.
propagation de solitons relevait d’un équilibre la liaison. Au deuxième ordre, ce régime n La modulation en ligne
parfait entre les effets de deux phénomènes est toutefois affecté par les variations La modulation en ligne, qu’il est nécessaire
principaux : la dispersion chromatique et de la puissance autour de cette valeur de stabiliser par un filtrage complémentaire,
l’effet Kerr. Tout autre phénomène tend à moyenne. Quantifier les limites admissibles conduit à un résultat remarquable :
nous écarter de cet équilibre théorique. de cette perturbation (en termes de les niveaux de bruits et de gigue, croissant
Ces phénomènes supplémentaires période et d’amplitude), c’est-à-dire en début de propagation, se stabilisent
peuvent être classés en deux catégories : rechercher les limites de validité du ensuite à des valeurs indépendantes de
n les phénomènes naturellement présents “soliton moyen”, est un objectif déterminant la distance. Ce résultat, trop récent pour
dans la fibre, entre autres ceux induits pour la configuration du système. Cela avoir été complètement exploré, ouvre la
par l’atténuation et l’amplification permet d’en déduire l’espacement maximal porte à la notion de régénération optique
compensatrice ; tolérable entre répéteurs pour une distribuée. Classiquement, la fonction (non
n les traitements optiques introduits atténuation de fibre et un traitement en linéaire) de régénération est avant tout
volontairement en ligne dans le but ligne donnés, avec les conséquences un moyen d’élimination du bruit. Avec la
d’améliorer la propagation, comme ceux économiques directes d’un tel résultat. propagation soliton, on dispose en
réduisant la gigue ou l’interaction.
Réduire le bruit de position quelque sorte d’une régénération distribuée
Les études de propagation concernent Suivant la présentation faite précédemment, tout au long de la liaison, dont l’effet n’est
la modélisation, l’analyse et la deux axes d’étude importants se dégagent plus directement localisé dans le répéteur.
compréhension des effets ainsi engendrés aujourd’hui, à savoir le filtrage et la A nouveau, les études portent sur les
et leur quantification de façon à pouvoir modulation en ligne. caractéristiques d’un couple modulation-
les prendre en compte dans l’étude des filtrage optimal, et sur l’évaluation de ses
systèmes. n Le filtrage en ligne tolérances
Le filtrage en ligne laisse espérer des
Nous précisons ci-après quelques grands
réductions de gigue importantes. Il affecte
thèmes d’étude actuels.
également le niveau de bruit et modifie
les forces d’interaction entre solitons.
Une limite existe toutefois dans la sévérité
du filtrage admissible, un filtrage trop
étroit pouvant conduire à une destruction
des impulsions. La détermination des
caractéristiques de filtrage optimales doit
prendre en compte ces différents effets.
A terme, exploiter les autres degrés Là aussi, la nature non linéaire de la L’approche par simulation numérique
de liberté du soliton propagation modifie l’approche habituelle permet de quantifier les performances
Les études de propagation couvrent aussi en la matière. Par exemple, se garantir du système le plus fidèlement possible.
l’exploitation des autres degrés de liberté une protection accrue vis-à-vis des bruits L’influence de chacun des paramètres est
du soliton parmi lesquels nous pouvons d’amplitude par un excès de puissance ainsi accessible sans avoir recours à des
citer : en ligne n’est plus possible, cette dernière expérimentations délicates. Malgré les
n la possibilité de transmettre plusieurs étant une des caractéristiques principales progrès considérables de l’informatique
trains de solitons à des longueurs d’onde définissant le régime de fonctionnement. ces dernières années, la simulation d’un
différentes (multiplex en longueur d’onde), Redéfinir le formalisme, anticiper les système transocéanique reste une tâche
n l’utilisation de la polarisation comme conséquences sur les exigences de lourde obligeant à traiter des tranches
moyen de discrimination, fiabilité font aussi partie intégrante des de signal temporel de durée réduite
n l’utilisation des paramètres de phase études de système à solitons. (typiquement inférieure à 100 symboles).
et d’amplitude relative des impulsions pour Il en résulte une difficulté d’accès au taux
réduire l’interaction et donc le bruit de Les approches d’erreur.
position et ce, sans traitement en ligne. Reste enfin l’approche expérimentale
Des approches complémentaires indispensable et complémentaire des deux
Etudes des systèmes
Trois approches complémentaires approches précédentes. Cette approche
de transmission
sont généralement utilisées dans les couvre deux volets. Le premier concerne
L’objectif des études de système est études de propagation et de système l’analyse des phénomènes physiques à
l’identification des points de fonctionnement décrites précédemment : l’étude par des moyens de laboratoire.
possibles pour le débit à transmettre et
n une approche par modélisation analytique Le second porte sur les démonstrations
la longueur de la liaison. Pour ce faire, des phénomènes, de faisabilité de transmission par solitons.
le taux d’erreur par élément binaire est
n une approche par simulation du système
l’élément de mesure principal, même ou d’une de ses parties, Les contraintes de l’approche
s’il est difficilement accessible par des expérimentale
n une approche expérimentale.
moyens non expérimentaux. Par ailleurs, Reproduire en laboratoire une transmission
dans la comparaison des points de fonc- L’approche par modélisation analytique
consiste en deux étapes : la mise au point de 9 000 km nécessiterait un effort
tionnement, le critère de qualité retenu humain et financier considérable.
ne peut pas être exclusivement technique de modèles, qui comprend leur validation,
puis leur exploitation dans le cadre de Par ailleurs, une telle liaison expérimentale
et devra aussi intégrer des paramètres ne présenterait pas les caractéristiques
économiques. Définition de l’architecture l’étude. La mise au point des modèles
contribue aussi de manière significative d’adaptabilité et de versatilité demandées
du système, choix et dimensionnement du à un outil d’investigation. La boucle à
traitement en ligne, choix de l’espacement à la compréhension de phénomènes
observés soit par l’intermédiaire de recirculation, dont le principe est de piéger
entre répéteurs, détermination de la (des) une tranche de signal sur un tronçon
longueur(s) d’onde de fonctionnement, simulations, soit par expérimentations, et
à leur interprétation physique. L’exploitation de ligne comprenant un ou plusieurs
du régime de fonctionnement des répéteurs et disposé en boucle, apporte
amplificateurs sont autant de tâches de ces modèles est double : d’une part
l’identification par des moyens rapides une solution élégante au problème posé.
délicates s’appuyant sur une démarche L’encadré n° 3 donne un principe de
la plus exhaustive possible. des domaines d’investigation a priori utiles
dans le cadre de l’étude du système en réalisation d’une telle boucle et en précise
La notion de meilleur point de fonctionnement les principales contraintes. En faisant
est par ailleurs indissociable de celle de cours, domaines à analyser ultérieurement
plus finement par d’autres techniques ; varier, de manière synchrone avec
marges. Ces dernières ont pour but le chargement de la boucle, la fenêtre
de quantifier les tolérances du système d’autre part, leur insertion, en tant que
modèle de représentation d’un sous- temporelle d’observation du signal en
aux dérives de différents paramètres sortie du coupleur, on peut ainsi visualiser
imputables au vieillissement des différents ensemble, dans une modélisation numérique
globale du système. et mesurer le signal après une distance
sous-ensembles ou à une éventuelle de transmission quelconque.
défaillance de l’un d’entre eux. Complexe dans le cas de la propagation
soliton, l’approche par modélisation
s’appuie principalement sur l’application
de la théorie des perturbations à
l’équation de Schrödinger non linéaire.
Encadré n° 3 - La boucle à recirculation

La boucle à recirculation amène des


contraintes dont l’expérimentateur doit
tenir compte :
n le signal observable est discontinu
ce qui rend les mesures basées sur un
moyennage délicates voire impossibles ;
n la répartition statistique des défauts en
ligne risque d’être fortement biaisée par
rapport à une liaison réelle ce qui peut
entraîner soit une pénalisation par accu-
mulat ion soit une amélioration par
absence des pires cas ;
n la ligne ainsi constituée présente
un excès d’atténuation (donc de bruit) dû
aux organes de couplage et de commu-
tation.
D’une manière générale, les effets de ces
contraintes diminuent en augmentant la Exemple de boucle
longueur de la boucle. à recirculation.

Conclusions Les liaisons terrestres critiques sera plus défavorable que celle
à longue distance de la fibre d’un câble sous-marin.
et perspectives On envisage pour ces systèmes
Les réseaux terrestres à haut débit des débits dans la plage 10-40 Gbit/s.
Les systèmes transocéaniques ont actuels sont organisés en réseau maillé et Ils constitueraient la charpente d’un
constitué le domaine d’application privilégié mettent en œuvre des systèmes régénérés, super-réseau paneuropéen, alimenté en
de la transmission soliton pour au moins la portée maximale étant typiquement ses nœuds par les réseaux nationaux
deux raisons : de 90 km. L’introduction prévisible de existants.
n leur très longue portée rend leur régime l’amplification optique dans ces réseaux
de fonctionnement naturellement non va sensiblement en modifier les Les réseaux locaux
linéaire, contraintes de portée. Les réflexions
n aucune contrainte (fiabilité mise à part) actuelles menées au niveau européen font A l’autre extrémité dans l’échelle des
n’est imposée sur la constitution du référence à des systèmes de transmission distances, les réseaux locaux à très haut
système, ce qui autorise une certaine multigigabit/s sur des distances de l’ordre débit (typiquement 100 Gbit/s) conduisent
flexibilité de conception. de 1 000 à 2 000 km. Bien que ces eux aussi, même sur des distances de
Simple ligne de transmission point à point, distances soient sensiblement inférieures quelques dizaines de km, à des problèmes
c’est l’application de base exploitant au à celles des systèmes sous-marins, la de propagation pour lesquels le soliton
mieux mais uniquement les propriétés conception de tels systèmes nécessite peut à nouveau être une solution élégante.
de propagation du soliton. Les autres des études particulières qui, entre autres, En effet, les fonctions d’insertion-extraction
applications potentielles du soliton concer- devront prendre en compte les deux nécessaires pour les entrées-sorties du
nent la transmission avec contraintes mais contraintes suivantes. La première est un réseau peuvent être réalisées en utilisant
aussi la commutation optique. positionnement des répéteurs basé sur une autre caractéristique des solitons.
Nous en donnons ici deux exemples. l’infrastructure existante, c’est-à-dire Construisant le signal véhiculé par multi-
acceptant des espacements variables et plexage temporel de signaux au débit
pouvant atteindre 90 km. La seconde est élémentaire, ces derniers peuvent être
la compatibilité avec une fibre de ligne extraits du signal global ou insérés dans
dont la dispersion des paramètres les intervalles de temps disponibles.
Les procédés optiques à mettre en œuvre
utilisent la robustesse de l’impulsion
soliton et sa caractéristique de phase
constante sur toute sa durée, ce qui la
rend facilement commutable. La seule
contrainte d’un tel réseau, par exemple
de structure en anneau, reste la gestion
de sa synchronisation. En plus des
fonctions de commutation, les moyens
de récupérer optiquement, c’est-à-dire
sans conversion optique-électrique,
l’information de synchronisation en tous
points du réseau doivent alors être
maîtrisés.

Vers la régénération
optique
L’opération de régénération électrique
du signal, fondement de la transmission
numérique, a permis de rendre les
performances des systèmes de
transmission quasiment indépendantes
de la distance. Pour les raisons que nous
avons rappelées, l’amplification optique
constitue une étape importante dans
l’évolution des systèmes sur fibres,
même si elle remet en cause cette
indépendance. Avec la transmission par
solitons, c’est la possibilité de régénérer
optiquement, c’est-à-dire sans conversion
vers l’électrique, qui se dessine.
Elle a été déjà expérimentée sous forme
distribuée. La régénération optique
localisée, aussi basée sur l’exploitation
des propriétés non linéaires des impulsions
transmises, constitue un objectif ambitieux
mais réaliste. Elle doit donner à la
transmission “tout optique” tous les
bénéfices attendus d’un système
de transmission numérique. C’est un
domaine d’études majeur de ces prochaines
années.

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