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Pedro Pimenta
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ISBN 9782130567943
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-morale-2008-3-page-365.htm
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Le statut transcendantal
de l’enthousiasme 1
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fameux sur l’enthousiasme, où Kant déclare que la Révolution française, événement
illégal aux terribles conséquences, est pourtant l’occasion pour les spectateurs qui le
contemplent de ressentir quelque chose qui touche à l’enthousiasme. La question est
donc de savoir quels sont les droits transcendantaux de ce sentiment contradictoire, qui
semble à la fois violer les préceptes de la raison et renforcer ce qu’il y a de plus noble
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ABSTRACT. — The aim of the article is to examine Kant’s notion of enthusiasm from
a transcendental point of view. Kant’s most famous text concerning enthusiasm is that
of the Conflict of the Faculties in which he famously declares that, although an event
that is in itself illegal, and attended with terrible consequences, the French revolution
is the occasion for spectators to feel something that borders on enthusiasm. In order to
explain the nature of this feeling (Gefühl), as conceived by Kant, the article examines
some passages of the Critique of Judgment so as to show the terms in which Kant
conceives this sort of experience as regulated by principles of the faculty of judgement
(Urteilskraft) and distinguishes it from the mere pathological affection of the human will
by objects of experience that deviate it from the imperative of reason (a subject that is
discussed in the Critique of Practical Reason).
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Par la critique seulement peuvent être coupés à la racine même le matérialisme, le
fatalisme, l’athéisme, l’incrédulité des esprits forts, l’exaltation et la superstition, qui
peuvent être universellement nuisibles, enfin aussi l’idéalisme et le scepticisme, qui
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sont dangereux davantage pour les écoles, et peuvent difficilement passer dans le
public 3.
men des propositions qui forment un savoir consacré 5. Ce passage est rédigé
dans un esprit défensif : Kant semble désireux de se prémunir contre toute
insinuation que sa critique, un genre original de philosophie, puisse être l’alliée
de l’une quelconque de ces tendances qui s’installent quand nous avons le libre
usage de la raison. Que ce soit chez l’incrédule irresponsable, chez le pauvre
superstitieux ou chez l’homme qui cultive l’usage de la raison comme simple
räsonieren, on retrouve la même tendance : l’attachement aveugle à des prin-
cipes que l’on prétend corrects et que l’on dérobe au libre examen. La typologie
proposée par Kant a un effet comique dévastateur, si l’on songe à la continuité
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qu’il y a entre ces groupes et aux associations inattendues que cette continuité
rend possibles. Ainsi nous pourrions voir, dans le philosophe, un superstitieux,
dans le libre penseur, un fanatique, et dans le superstitieux, un sceptique.
On ne peut nier la fertilité du champ où s’articulent ces états d’esprit et ces
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[La critique] n’est évidemment pas l’effet de la légèreté, mais du jugement mûr d’un
siècle qui ne se laisse pas davantage amuser par une apparence de savoir ; elle est la
mise en demeure adressée à la raison de reprendre à nouveau la plus difficile de toutes
ses tâches […] 6.
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La critique s’oppose au dogmatisme, tendance inhérente à la pratique de la
philosophie qui fait du tort à celle-ci comme science. Le dogmatisme est ainsi,
par définition, moins nocif et plus acceptable que les autres maux cités par
Kant. Il faut donc chercher à savoir s’il n’y a pas de bonnes raisons à ce que
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nement dans lequel elles ont été engagées, où les idées se transforment en
marionnettes entre les mains des polémistes. La préoccupation de Kant semble
ainsi justifiée :
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Si donc la raison, dans des questions relatives aux objets suprasensibles, telles l’exis-
tence de Dieu et la vie future, se voit contester le droit qui est le sien de parler la
première, une porte grande est ouverte à toute forme d’extravagance, de superstition
et même à la manie de l’athéisme 10.
9. C’est ce qu’explique R. R. TORRES FILHO en note du passage des Lettres de Schelling à propos
du commentaire kantien de la polémique Mendelssohn/Jacobi : « Il n’y a pas de correspondant
exact pour le mot allemand Schwärmerei. La traduction proposée ici – delírio (délire) – n’est valide
que si elle est prise dans un sens culturel et non psychologique, et comprise, en portugais, dans ce
sens figuré qui réunit les deux significations du mot en allemand : 1º débordement, perte de soi
dans l’irréalité ; 2º exaltation, enthousiasme. » F. W. J. VON SCHELLING, Obras escolhidas, trad.
R. R. TORRES FILHO, São Paulo, 1980 (3e éd.), p. 23.
10. Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ?, A 323, op. cit., vol. II, p. 541.
11. Ibid., A 327, p. 545.
Dossier : puf301760\MEP\ Fichier : Meta03_08 Date : 24/7/2008 Heure : 8 : 16 Page : 370
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moral, lié, donc, à la raison. Mais voici simplement ce qu’il dit : que notre
« sympathie » (Teilnehmung) de spectateur désintéressé « touche de près »
l’« enthousiasme » (Enthusiasmus), signe d’une « disposition morale du genre
humain ». Kant ne dit en aucune façon « nous sommes pris ou emportés par
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À partir de cette définition Kant affirme qu’il faut distinguer entre, d’une part,
« agir par intérêt » et déterminer sa volonté selon un principe de raison qui
correspond à la satisfaction d’un mobile sensible, et, d’autre part, « prendre
intérêt » au principe de l’action et agir selon les principes de la raison qui
considèrent les mobiles sensibles comme des moyens et non comme des fins.
La distinction entre intérêt pathologique et intérêt pratique s’accompagne d’une
série d’autres distinctions : dans le premier cas il s’agit d’un impératif hypo-
thétique ou technique, dans le second d’un impératif catégorique ; dans l’un, la
raison se détermine à partir d’une maxime conditionnée, dans l’autre, à partir
d’un principe inconditionné. Plus surprenante encore, peut-être, est l’affirmation
12. KANT, Conflit des facultés, II. 6, trad. J. GIBELIN (4e éd.), Paris, Vrin, 1988, p. 101.
13. KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs, A 39, op. cit., vol. II, p. 275.
Dossier : puf301760\MEP\ Fichier : Meta03_08 Date : 24/7/2008 Heure : 8 : 16 Page : 371
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cendantal », c’est-à-dire fondé sur la raison, que propose Kant. Par ailleurs,
dans la Critique de la raison pratique (1787), on peut lire ceci :
Nous pouvons bien voir a priori que la loi morale, comme principe déterminant de
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la volonté, par cela même qu’elle porte préjudice à toutes nos inclinations, doit
produire un sentiment qui peut être appelé de la douleur, et c’est ici le premier et
peut-être aussi le seul cas où il nous soit permis de déterminer par des concepts a
priori le rapport d’une connaissance (qui est en l’occurrence celle de la raison pratique)
au sentiment du plaisir ou de la peine 15.
Dans l’affection l’esprit surpris par l’impression perd l’empire de soi-même. Elle se
déroule dans sa précipitation : c’est-à-dire qu’elle croît rapidement jusqu’au degré de
sentiment qui rend la réflexion impossible (elle est inconsidérée) 17.
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de la Critique de la faculté de juger est de trouver, parmi les pouvoirs de l’esprit,
le siège du principe transcendantal du plaisir et du déplaisir 18. Il est donc naturel
que l’enthousiasme se trouve parmi les thèmes traités par Kant dans la troisième
Critique. Il y a une sorte d’énigme à déchiffrer : en raison des circonstances,
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Car dans le sentiment une seule qualité est prise en considération : l’humanité.
On trouve, dans l’Analytique du sublime, l’explication définitive de la mécanique
qui produit l’enthousiasme. Entrent en jeu, à propos de l’enthousiasme, des
affections que le langage commun traite comme interchangeables, mais que la
philosophie peut et doit distinguer : il s’agit de distinguer entre l’« étonnement »
(Verwünderung), affect provoqué par la représentation d’une nouveauté qui
dépasse l’attente, et l’« admiration », un « étonnement qui ne cesse pas avec la
disparition de la nouveauté » 20. Le temps est la circonstance décisive : la dura-
bilité est ce qui différencie ces affections à première vue si semblables. La
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stupéfaction est un sentiment intense et fugace, elle nous surprend et passe vite ;
l’admiration surprend, mais avec une intensité qui perdure au-delà de l’impact
initial. Il y a ici une différence ténue par rapport à la Critique de la raison
pratique, qui prenait admiration surtout dans le sens d’étonnement, sans la
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L’étonnement est un choc particulier de l’esprit (Anstoss des Gemuts) qui résulte de
l’incompatibilité d’une représentation et de la règle qu’elle donne avec les principes
qui se trouvent déjà dans l’esprit comme fondement et qui nous pousse à douter de
la valeur de notre vision ou de notre jugement 21.
Le doute qui nous assaille lorsque nous sommes stupéfaits a trait plutôt à la
possibilité de dire quelque chose de la représentation, de faire correspondre une
intuition à un concept, qu’à l’existence de la représentation, donnée incontes-
table. De cette expérience il ne résulte aucune connaissance qui ne soit pas de
notre propre « état d’esprit » (Zustand des Gemüts) 22 et dans cet instant précis :
l’impact passé, elle se vide. Il s’agit d’une expérience sans effet : sans même
obtenir un concept à partir de la représentation qui nous touche, nous nous
contentons de la prendre comme un état passager qui ne nous épuise ni ne nous
revigore.
Il en va tout autrement avec l’affection que l’on appelle admiration. Si, dans
ce cas encore, nous nous sentons stupéfaits, le sentiment de nos pouvoirs intel-
lectuels se prolonge dans le temps et acquiert une consistance inusitée. Nous
continuons à ne pas connaître ce qui, dans cette représentation, se réfère exclu-
sivement à l’état de notre esprit, mais en se distendant dans la série du temps,
cet état d’intense commotion s’offre à la réflexion comme objet. Ainsi l’expé-
rience du sentiment sublime ne se confond jamais avec l’affection de quelque
chose qui serait au-delà de la sphère de l’expérience. Au contraire, le sublime
indique qu’il y a, chez celui qui sent, une capacité de conception rationnelle
qui supplante l’expérience. Il est, en ce sens, le sentiment du clivage entre la
subjectivité intellectuelle et la subjectivité sensible. Mais l’autre face de cette
dissociation suscite d’heureuses retrouvailles. Ce qui importe, ce n’est pas tant
que le sensible et l’intellectuel soient réciproquement incommensurables que le
fait que cette démesure entre eux puisse devenir, à propos de la réflexion de la
faculté de juger, objet de l’expérience du sujet. L’admiration est :
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donc un effet parfaitement naturel de cette finalité observée dans l’essence des choses
(en tant que phénomènes), qui dans cette mesure n’est pas blâmable, puisque la
compatibilité de cette forme de l’intuition sensible (qui s’appelle espace) avec la
faculté de concepts (l’entendement) est inexplicable pour nous, non seulement parce
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qu’elle est ainsi et non autrement, mais encore parce qu’en donnant à l’âme de
l’ampleur elle lui fait pressentir quelque chose que nous ignorons, mais dans quoi
nous pouvons retrouver le fondement ultime de cet accord 23.
Nous introduisons, dit-on, les causes finales dans les choses et nous ne les extrayons
pas, pour ainsi dire, de la perception que nous en avons 24.
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siasme entre dans le cadre des conditions qui favorisent l’exécution d’actions
guidées par le principe de la loi morale ; sans être indispensable à celle-ci, il
est une condition dans laquelle « l’idée du bien [est] accompagnée d’affect. Cet
état d’âme semble sublime au point qu’on prétend généralement que sans lui
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rien de grand ne pourrait être entrepris » 26. L’affection est comprise et définie
en relation à la détermination de la volonté par la raison. Nous avons vu dans
la seconde Critique que la loi morale liée à la volonté nous inspire un sentiment
de profond « respect », dans la mesure où nos affections sont méprisées et que
notre amour-propre est humilié par une détermination que maintenant nous
pouvons proprement qualifier de « sublime ». Ce sentiment est la conscience
de la distance qui nous sépare, nous, êtres rationnels et sensibles, du comman-
dement inconditionné et simplement suprasensible qui s’exprime dans l’impé-
ratif catégorique : le respect est le sentiment durable de l’admiration qui se
produit en nous à partir d’une stupéfaction. La faculté de juger effectue la liaison
entre le principe sensible de notre affection et le principe intellectuel de notre
raison 27.
On entend maintenant par enthousiasme l’état de l’esprit dans lequel la faculté
de juger se saisit de la force de l’affection et la détourne de la simple stupéfaction
pour venir l’ajouter à la conviction avec laquelle la raison détermine la volonté.
On dit dans le langage ordinaire qu’il faut de l’enthousiasme pour la réalisation
d’« actions formidables », car c’est dans les actions morales ou libres que l’on
discerne la force de volonté et le caractère élevé de ceux qui les entreprennent.
Sur le versant esthétique, l’enthousiasme est sublime parce qu’il constitue une tension
des forces grâce aux idées qui donnent à l’esprit un élan dont les effets sont bien plus
puissants et durables que ceux provoqués par les représentations sensibles 28.
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nous le découvrons comme un sentiment qui provient de la liaison entre la
détermination rationnelle de la volonté et la délibération qui la rend efficace
(qui produit des effets sensibles). De la jonction de ces deux sphères, le pratique
et l’esthétique, résulte le moral. Dans cette condition, tous les pouvoirs de
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complètement toute présentation positive ; mais la loi morale est en soi originairement
et suffisamment déterminante en nous au point qu’il ne nous est même pas loisible
de chercher ailleurs qu’en elle un autre principe de détermination 31.
Retournant maintenant au point d’où nous avons fait partir notre exposé, nous
trouvons quelque chose de curieux dans les rapports entre enthousiasme, fana-
tisme et dogmatisme philosophique. Nous avons vu que l’attribution d’un prin-
cipe transcendantal de légalité au sentiment d’enthousiasme relègue la Schwär-
merei au plan de la simple pathologie de la volonté humaine, affection qui ne
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rajoute rien à la détermination morale, mais qui au contraire nous en éloigne.
Ce n’est pas un hasard, si la même formule utilisée par Kant dans le passage
que nous venons de citer de la Critique du jugement – « délirer avec la raison »,
mit dem Vernunft zu rasen – est reprise dans l’Anthropologie au milieu d’une
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Pedro PIMENTA
Université de São Paulo, Brésil
Texte traduit du portugais par Marcia AGUIAR