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Revenire Cuprins

Valeurs pragmatiques du vocable roumain vai dans l'Évangile de Matthieu

conf. dr Anca GÂŢĂ, Universitatea "Dunărea de Jos" din Galaţi


lect. dr Adela DRĂGAN, Universitatea "Dunărea de Jos" din Galaţi

Notre approche se propose de présenter les valeurs pragmatiques du vocable roumain vai dans des
contextes repérés dans l'Évangile de Matthieu et d'identifier les actes de langage auxquels ses
emplois correspondent. Nous nous appuyons sur les énoncés qui accompagnent l'énonciation de vai
et qui justifient la réalisation de l'acte de discours en question. Vu que le verset 19 du chapitre 24
ne comprend pas d'énoncé justificatif, l'auditeur est censé faire un effort d'interprétation. Nous
tentons d'identifier la façon dont cette interprétation se construit dans le contexte du discours
biblique, en faisant appel aussi à la version française de la Bible où l'acte de langage est réalisé
exclusivement à l'aide de malheur à exprimant "une condamnation au malheur prononcée par
Dieu".

Introduction

Cet article se propose d’identifier la / les valeur(s) pragmatique(s) du vocable roumain vai
dans plusieurs contextes de l’Évangile de Matthieu. Une première démarche a consisté à prendre en
considération la version roumaine de la Bible (Bible de Bucarest - BR) et à isoler le sens illocutoire
des énoncés comportant le vocable vai. Une deuxième démarche a été de comparer ces énoncés
avec ceux qui leur correspondent dans la version française de la Bible (La Sainte Bible).

1. Fondements et principes théoriques

Nous situons cette approche à la fois dans le domaine de la pragmatique et dans celui de la
psycho-systématique du langage. Une précision terminologique s'impose: le concept pragmatique
de speech act est rendu le plus souvent en français par acte de langage. La psycho-systématique
opère avec ce même terme en lui destinant une autre étendue conceptuelle. Dans le cadre de cet
article nous utilisons le syntagme acte de discours (cf. Daniel Vanderveken) pour faire référence à
tout speech act en tant que concept développé par la pragmatique linguistique; nous réservons le
syntagme acte de langage (cf. Gustave Guillaume) pour désigner le concept qui lui correspond en
psycho-systématique. (Il faut signaler néanmoins que le syntagme acte de discours n'est pas jugé
plus heureux, compte tenu du fait que la psycho-systématique fait intervenir dans la définition de
l'acte de langage des actes de représentation, des actes d'expression, des actes de discours, des actes
de parole, tous ceux-ci n'ayant aucun rapport avec le speech act réputé en pragmatique; le syntagme
qui s'imposerait ici, de notre point de vue, pour éviter les malentendus, est acte illocutoire, car cette
composante nous intéresse.)
L'acte de langage représente en psycho-systématique l'opération de transition du plan de la
langue, système que nous portons en permanence en nous sous la forme d'une langue naturelle que
nous possédons, au plan effectif du discours. De ce point de vue, tout ce qui existe comme création
au sein d'une langue donnée apparaît comme permission à l'égard de l'expression dans le plan du
discours. En d'autres mots, on peut dire ce que la langue nous permet de dire, parce qu'elle dispose
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d'instruments (plus ou moins) spécialisés. Plus les instruments seront développés, plus facile
l'opération de passage de la langue au discours. L'appel à un nombre plus réduit d'instruments dans
le plan de la langue force celui qui utilise la langue en question de diriger son effort vers le plan du
discours. La langue représente ainsi un avant de l'acte de langage, un «savoir-dire puissanciel»
systématisé, tandis que le discours en représente l'après, l'endroit où les résultats de l'opération
d'expression se déposent sous la forme d'énoncés.
L'acte de langage est un entier que Guillaume symbolise par la formule
expression + expressivité = 1
x + y = 1
Les deux composantes peuvent varier en proportion nécessairement inverse: plus on fait appel aux
moyens institués dans la langue pour effectuer un acte de langage, moins grande sera la charge
d'expressivité de l'énoncé; moins on se reporte aux instruments puissanciels que nous possédons au
niveau du plan de la langue, plus la charge d'expressivité sera grande.

2. L'interjection en psychomécanique

Située en marge des parties du discours, l'interjection est "représentative d'une expressivité
qui a en quelque sorte dévoré et aboli l'expression." (Guillaume 1973: 199) C'est pourquoi on
considère l'interjection comme un énoncé (un substitut d’énoncé) constitué en base d'un mouvement
expressif porté à son maximum. x tend à zéro, en même temps que y tend à 1. Dans un premier
temps, où y se rapproche le plus de la valeur 1, on peut voir dans un énoncé comme Ah! un «cri
improvisé». À mesure que la valeur de y décroît, on obtient l'interjection comme un vocable qui n'a
qu'un pas à faire pour se loger dans la classe des parties du discours. Même ainsi, la valeur de x
reste minimale. C'est pourquoi l'on ressent souvent dans la communication courante de faire suivre
une interjection par un autre énoncé.

3. Force illocutoire expressive des énoncés comportant vai

3.1. Vai non associé à un autre énoncé

Énoncé à lui seul, mot qui fait phrase, comme toutes les interjections, le vocable roumain
vai peut accomplir un acte de discours à force illocutoire expressive dont l'effet de sens et
l'interprétation ne peuvent être récupérés que par la mise à profit des données situationnelles. Parmi
les types d'actes expressifs que Vai! réalise on peut identifier les suivants:
a) EXPRIMER LA SURPRISE (valeur positive ou négative);
b) EXPRIMER LA COMPASSION (valeur négative);
c) EXPRIMER LA JOIE (valeur positive);
d) EXPRIMER LE MÉCONTENTEMENT (valeur négative);
e) EXPRIMER L’INQUIETUDE (valeur négative).
Il est possible parfois de le retrouver accompagné d'un vocatif qui se charge d'attirer
l'attention de l'interlocuteur:
Vai, domnişoară!

3.2. Vai associé à un autre énoncé

Dans un grand nombre de cas, l'énoncé comportant l'interjection est associé à un énoncé
exclamatif. Le vocable vai devient ainsi la composante d’un macro-acte de discours à force
illlocutoire expressive, l'énoncé exclamatif ayant ou non pour but l'expression du haut degré
(Guillaume 1973; Milner 1978). L'acte illocutoire effectué par l'énonciation de vai s'inscrit entre les
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coordonnées déjà mentionnées, à la différence que sa valeur sera plus aisément récupérable cette
fois-ci par l'interprétation des données co-textuelles (et situationnelles):
a) EXPRIMER LA SURPRISE (valeur positive ou négative):
valeur positive: Vai, ce frumos!
valeur négative: Vai, ce urât!
Vai, nu se poate!
Vai, nu pot să cred!
Vai, e de necrezut!
b) EXPRIMER LA COMPASSION, à savoir la part de douleur que l’on prend à la douleur de
l’autre (Vanderveken, 1988):
Vai, ce necaz!
Vai, îmi pare rău!
c) EXPRIMER LA JOIE, à savoir la part de joie que l’on prend à la joie de l’autre:
Vai, ce mă bucur pentru tine!
d) EXPRIMER LE MÉCONTENTEMENT, à savoir l’insatisfaction ou la frustration à propos d’un état de choses dont
les conséquences concernent directement le locuteur:
Vai, ce obosit sunt!
Vai, ce mă doare capul!
e) EXPRIMER L’INQUIETUDE:
Vai, ce mă fac?
Vai, ce te faci?
La présence de la virgule dans les exemples ci-dessus n'est qu'une convention, car vai est
réalisateur d'énoncé à lui seul dans tous ces cas.

3.2. Vai régissant un complément d’objet prépositionnel ou un complément d’objet indirect au


datif

Ce qui nous préoccupe dans l'étude présente est l’identification de la valeur de vai dans un
contexte syntaxique plus particulier où l'interjection régit un complément d’objet prépositionnel ou
un complément d'objet indirect au datif:
Vai de tine / voi / cel / cea / cei / cele care ...!
Vai ţie / vouă / celui / celei / celor care ... !
Dans cette situation, l'interjection ne se suffit plus à elle-même pour constituer un énoncé.
Sa capacité de porter y jusqu'à la limite de 1 diminue. L'importance de la composante x de l'énoncé
s'accroît. Les forces illocutoires des énoncés où vai régit un complément d’objet prépositionnel ou
indirect au datif semblent être:
a) EXPRIMER LA COMPASSION (valeur négative);
b) EXPRIMER L’INQUIÉTUDE (valeur négative).
La valeur positive se trouve annulée dans ce cas. Dans le corpus extrait de BR, nous avons
identifié les actes de discours suivants:

3.2.1. FAIRE UN REPROCHE


La force illocutoire FAIRE UN REPROCHE est décodée à l’avance pour le lecteur de la BR
par le rapport de l’acte illocutoire dans le discours indirect :
(11, 20) Atunci a început Isus să mustre cetăţile în care se făcuseră cele mai multe minuni
ale Sale, căci nu s-au pocăit.
(11, 21) Vai ţie, Horazine, vai ţie, Betsaida, că dacă în Tir şi în Sidon s-ar fi făcut minunile
ce s-au făcut în voi, de mult în sac şi cenuşă s-ar fi pocăit.
(23, préambule) Isus mustră pe farisei şi pe cărturari. Mustră Ierusalimul, cel ce ucide pe
prooroci, şi prezice dărâmarea lui.
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(23, 13) Vai vouă, cărturarilor şi fariseilor făţarnici! Că închideţi împărăţia cerurilor
înaintea oamenilor; că voi nu intraţi, şi nici pe cei ce vor să intre nu-i lăsaţi.
L’explicitation de l’acte accompli par le verbe a mustra permet au lecteur de comprendre (11, 20; 11, 21; 23,
13) comme des semonces, justifiées par la culpabilité de l’auditeur: nu s-au pocăit, "elles ne s'étaient pas repenties";
justifications introduites par car, parce que.

3.2.2. EXPRIMER LA COMPASSION


Cette force illocutoire est apparemment identifiable dans les versets (18,7) et (24,9):
(18, 7) Vai lumii din pricina smintelilor! Că smintelile trebuie să vină, dar vai omului
aceluia prin care vine sminteala.
(24, 19) Vai de cele însărcinate şi de cele ce vor alăpta în zilele acelea!
Du point de vue pragmatique, il est naturel que vai permette au locuteur, quel qu’il soit, d'exprimer sa
compassion pour quelqu’un qui souffre. Telle est la première interprétation possible qui se dégage pour le lecteur de la
version roumaine de la Bible. Par vai de … / vai + datif on exprime le plus souvent la compassion – valeur expressive
que la structure garde du latin Vae victis! – Vai de cei învinşi! Pour les exemples discutés il n’y a pas aparemment de
marque qui puisse annuler cette force illocutoire. De plus, pour l’auditeur auquel l’acte est destiné - les femmes - la
cause d’un péché qui justifie un reproche n’est pas exprimée. Ce qui normalement devrait conduire l'auditeur à inférer
sous vai de … / vai + datif l'acte EXPRIMER LA COMPASSION.
Seule la présence de vai dans la structure roumaine a fi vai de (structure dans laquelle vai fonctionne tout
comme bine et rău dans e bine de, e rău de) sous la forme Va fi vai de cele însărcinate ... pourrait éliminer la possibilité
d’interpréter l’énoncé comme un réalisateur d’acte expressif. Pourtant, dans le corpus analysé (BR), vai est utilisé avec
une autre intention illocutoire que celle d’accomplir un acte de discours à force illocutoire expressive.

4. Force illocutoire déclarative des énoncés comportant vai de / vai + datif

Le type d’acte illocutoire effectué par le réalisateur vai de … / vai + datif est MAUDIRE. Il
ne s’agit plus d’un acte de discours à force illocutoire expressive. Les énoncés de Jésus reviennent à
créer un état de choses en déclarant qu’il existe: l’état de choses qui s’installe est “X être maudit”.
Ceux qui sont maudits le restent et la malédiction pèse sur eux jusqu’au moment où l’état de choses
se produit. La MALÉDICTION est une déclaration: Je vous condamne, dans un contexte
institutionnalisé, est dans tous les cas une déclaration. Dans ce cas, l’institution est créée par
l’énonciation même - comme dans Je vous parie 5 p qu’il pleuvra demain -, énonciation dont
l'acteur principal est Jésus. C’est pourquoi on voit l’acte comme ayant une force déclarative.

La description de la MALEDICTION que nous proposons est la suivante:

Je déclare: X est maudit à E (un état de choses) (parce que ... ) / X est destiné à E
Je déclare: l’état de choses D (MALÉDICTION) est installé /existe

Le verbe performatif “maudire” est équivalent à "dire qu’un état de choses E existe à un
moment ultérieur à l'énonciation".
Pour que l'énoncé puisse avoir la valeur pragmatique de MALÉDICTION, les conditions
suivantes doivent être remplies:
ƒ il y a une cause de l’installation de cet état de choses E;
ƒ cette cause est représentée par (la conduite de) X;
ƒ l’état de choses E est nuisible à X.
La comparaison des énoncés analysés avec ceux qui leur correspondent dans BF mène à la
constatation qu’ils ont tous la force illocutoire MAUDIRE. Le réalisateur dans la version française
en est:
Malheur à toi / au monde / à l’homme / à vous / aux femmes ...
(11, 21) Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été
faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se
seraient repenties, en prenant le sac et la cendre.
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(18, 7) Malheur au monde à cause des scandales! Car il est nécessaire qu’il arrive des
scandales; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive!
(23, préambule) Les scribes et les pharisiens sont censurés par Jésus.
(23, 13) Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! Parce que vous fermez aux
hommes le royaume des cieux; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et n’y laissez pas entrer ceux qui
veulent entrer.
(24, 19) Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-
là!
Ceci nous autorise à dire que vai de … / vai + datif est le réalisateur de l'acte de
MALÉDICTION dans les exemples analysés. C’est un cas à part car dans la Bible les malédictions
sont explicitent, se construisant principalement par l'intermédiaire de blestemat(ă) să fii (être
maudit - verbe être au futur ou au subjonctif en français) :
(Genèse 3, 14-15) Zis-a Domnul Dumnezeu către şarpe: «Pentru că ai făcut aceasta, blestemat
să fii între toate animalele cîmpului …
L’Eternel Dieu dit au serpent: Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre
tous le bétail et tous les animaux du champs…
(Genèse 9, 25) Blestemat să fie Canaan!
Maudit soit Canaan! ...
A cette possibilité s’ajoutent les énoncés par lesquels on institue le nouveau statut de
l’interlocuteur – statut qui lui est obligatoirement défavorable – dont le verbe a fi (être) est au
subjonctif:
(Genèse 9, 25) Robul robilor să fie la fraţii săi!
Qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères.
La force illocutoire MAUDIRE est explicitement ou implicitement mise en corrélation avec
une cause. Il y a toujours quelque cause qui a entraîné la CONDAMNATION. Condamner X à
devenir X’ / à un état de choses, revient à MAUDIRE. La MALÉDICTION est suscitée le plus
souvent par un péché. Dans les exemples analysés, le péché est explicité de l'une des façons
suivantes:

- X est tel: hypocrite, aveugle, pharissien, scribe, plein de rapine et d’intempérance, (comme un
sépulcre) plein d’ossements, de morts et de toute espèce d’impuretés
- X fait / a fait telle chose: fermer aux hommes le royaume des cieux, dévorer les maisons des
veuves, faire pour l’apparence de longues prières, faire des prosélytes, jurer par le temple,
laisser ce qui est plus important à la loi ..., bâtir les tombeaux des prophètes et orner les
sépulcres des justes, livrer le Fils de l’homme.

5. Force illocutoire assertive des énoncés comportant vai de … / vai + datif

Étant donné sa qualité, Jésus n’est pas censé s'impliquer d'un point de vue affectif dans les événements
auxquels il assiste ou prend part. L’expression de la compassion par vai dans les énoncés comportant vai de … / vai +
datif ne se vérifie pas en fait dans l’ensemble des contextes ci-dessus. Vai n'actualise pas l'acte de langage par le
fonctionnement expressif qu'on lui associe d'habitude, il devient porteur d'expression et non d'expressivité. La formule
de Guillaume est à interpréter dans ce cas comme x tend à 1, y tend à zéro. L'interprétation doit se faire à la lumière de
(11, 20; 23, préambule; 24, 19). Chaque énoncé où paraît vai de … / vai + datif est à interpréter finalement comme
PRÉDICTION. La force illocutoire des actes de PRÉDICTION est assertive. Nous avons défini ailleurs la
PRÉDICTION comme étant l'"acte effectué en prédiquant l'existence d'un événement postérieur au moment de
l'énonciation, par l'intermédiaire duquel l'énonciateur vise à obtenir un effet" sur l'auditeur (Gâţă 2001: 106). La
PRÉDICTION est réalisée de manière indirecte par le biais de la force illocutoire de MALÉDICTION.
Les énoncés des versets donnés dans l'annexe ont tous la même structure syntaxique que
ceux de 3.2.1. et 3.2.2. ci-dessus. Pourtant le préambule du chapitre instruit le lecteur du fait qu’il
s’agit d’une autre force illocutoire que celle de FAIRE UN REPROCHE et EXPRIMER LA
COMPASSION:
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(23, préambule) Isus mustră pe farisei şi pe cărturari. Mustră Ierusalimul, cel ce ucide pe
prooroci, şi prezice dărâmarea lui.

La MALEDICTION est une déclaration. Elle est une PREDICTION indirecte dans la
mesure où elle représente “un acte effectué par l’intermédiaire d’un acte propositionnel prédiquant
l’existence d’un événement à un instant du temps postérieur par rapport au moment de
l’énonciation” (première définition searlienne de la PREDICTION, cf. Gâţă 1997: 69). La
MALEDICTION consiste à PRÉDIRE qu’un état de choses va s’installer.

6. Statut pragmatique des actes assertifs de PRÉDICTION

Puisque Jésus est le porte-parole de la Voix Divine, les actes illocutoires qu'il réalise dont la
force est assertive sont en réalité à interpréter comme des déclarations: “Les déclarations
provoquent une modification du statut ou de la situation de l’objet ou des objets auxquels il est fait
référence seulement en vertu du fait que la déclaration a été accomplie avec succès.”; seule une
institution extra-linguistique permet à l’énonciateur d’accomplir une déclaration avec succès.
(SEARLE, 1979). Jésus, en tant qu’énonciateur représentant l’Autorité Suprême, accomplit avec
succès ces déclarations. La différence par rapport aux déclarations (Il est mis fin à vos services, La
séance est ouverte) est que l’ajustement du monde aux mots est censé se produire dans l'avenir. Il
est posé comme vrai dans l'avenir.

La MALEDICTION agresse l’auditoire. Elle l’oblige à prendre conscience du rapport qui


s’instaure entre lui et la divinité, des suites que sa conduite (son péché) entraîne et à se les assumer.
Cette agression provient de l’obligation que l’auditeur contracte à opérer un changement dans son
univers de croyance. Ceci est dû à l’évocation de l’image d’univers faite par Jésus, ayant pour
conséquence une modification de son univers de croyance. Étant donné le statut du locuteur, à
savoir Jésus, cette agression est perçue d'autant plus forte et menace la face de l'auditeur qui n'est
pas censé devenir interlocuteur. Elle est d'autant plus forte qu'elle ne permet pas de mettre en doute
le contenu de l'acte de PRÉDICTION. C’est de cette modification de l'univers de croyance de
l'auditeur que devrait naître son attitude de réflexion sur ses actes et sur son existence. Tel est l'effet
perlocutoire escompté. Le nouvel univers de croyance que l'auditeur se crée est déterminé par son
savoir actuel et c’est pourquoi l'effet perlocutoire qu’on peut envisager dans les exemples analysés
serait l’appel à la lucidité.
Conclusions

Par l’emploi de vai régissant un complément d’objet prépositionnel ou indirect au datif vai
de tine, vai ţie etc. les forces illocutoires réalisées sont: EXPRIMER LA COMPASSION et
EXPRIMER L’INQUIETUDE. Cependant, dans l’Evangile de Matthieu, vu le statut de Jésus, ces
structures servent à la réalisation de l'acte illocutoire FAIRE UN REPROCHE ou MAUDIRE. Le
verset 19, 24, apparemment réalisateur d’un acte expressif, reste ambigu en roumain car la cause
d’une MALEDICTION n’est pas exprimée. Au contraire, la variante française élimine entièrement
cette ambiguité par malheur à.
Livre du faire par le dire, la Bible atteste l'importance donnée à la parole divine. Parmi les
actes accomplis par Jésus en tant que porte-parole de la divinité on compte les PREDICTIONS et
les MALEDICTIONS dont les réalisateurs sont parfois des énoncés comprenant le vocable vai.
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Bibliographie

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anul XXXV, 1, ian-iunie: 75-81.
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et préface par Joëlle Proust. Paris: Les Editions de Minuit.
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l’esprit sur la signification des énonciations. Bruxelles: Pierre Mardaga éditeur.

Annexe - Corpus des exemples analysés (voir p. suivante)

BR - Biblia sau Sfînta Scriptură. Societatea biblică interconfesională din România.

BF - La Sainte Bible, traduite en français d’après les textes originaux hébreu et grec par Louis Segond.
Liginiac / Saone: Centre Biblique / La joie de l'Eternel.
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Ch. Vs. BR BF
11 21 Vai ţie, Horazine, vai ţie, Betsaida, că Malheur à toi, Chorazin! Malheur à toi Bethsaïda!
dacă în Tir şi în Sidon s-ar fi făcut Car, si les miracles qui ont été faits au milieu de
minunile ce s-au făcut în voi, de mult, în vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a
sac şi cenuşă, s-ar fi pocăit. longtemps qu’elles se seraient repenties, en prenant
«le sac et le cendre».
18 7 Vai lumii, din pricina smintelilor! Că Malheur au monde à cause des scandales! Car il est
smintelile trebuie să vină, dar vai omului nécessaire qu’il arrive des scandales; mais malheur
acelui prin care vine sminteala. à l’homme par qui le scandale arrive!
23 13 Vai vouă cărturarilor şi fariseilor Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites!
făţarnici! Că închideţi împărăţia cerurilor Parce que vous fermez aux hommes le royaume des
înaintea oamenilor; că voi nu intraţi, şi cieux; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et n’y
nici pe cei ce vor să intre nu-i lăsaţi. laissez pas entrer ceux qui veulent entrer.
14 Vai vouă cărturarilor şi fariseilor Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites!
făţarnici! Că mâncaţi casele văduvelor şi Parce que vous dévorez les maisons des veuves, et
cu făţărnicie vă rugaţi îndelung; pentru que vous faites pour l’apparence de longues prières;
aceasta mai multă osândă veţi lua. à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement.

15 Vai vouă cărturarilor şi fariseilor Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites!


făţarnici! Că înconjuraţi marea şi uscatul Parce que vous courez la mer et la terre pour faire
ca să faceţi un ucenic, şi dacă l-aţi făcut, îl un prosélyte; et quand il l’est devenu, vous en faites
faceţi fiu gheenei şi îndoit decât voi. un fils de la géhenne deux fois plus que vous.

16 Vai vouă călăuze oarbe, care ziceţi: cel ce Malheur à vous, conducteurs aveugles! Qui dites: Si
se va jura pe Templu nu este cu nimic quelqu’un jure par le temple, ce n’est rien; mais, si
legat dar cel ce se va jura pe aurul quelqu’un jure par l’or du temple, il est engagé.
templului este legat.
23 Vai vouă cărturarilor şi fariseilor Malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites!
făţarnici! Că daţi zeciuială din izmă, din Parce que vous payez la dîme de la menthe, de
mărar şi din chimen, dar aţi lăsat părţile l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est
mai grele ale Legii: judecata, mila şi plus important dans la loi, la justice, la miséricorde
credinţa; pe acestea trebuia să le faceţi şi et la fidélité: c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans
pe acelea să nu le lăsaţi. négliger les autres choses.
25 Vai vouă cărturarilor şi fariseilor Malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites!
făţarnici! Că voi curăţiţi partea din afară a Parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du
paharului şi a blidului, iar înăuntru sunt plat, et qu’au dedans ils sont pleins de rapine et
pline de răpire şi lăcomie. d’intempérance.

27 Vai vouă cărturarilor şi fariseilor Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites!


făţarnici! Că semănaţi cu mormintele cele Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis,
văruite, care pe din afară se arată qui paraissent beaux au dehors, et qui, au dedans
frumoase, înăuntru sunt pline de oase de sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce
morţi şi de toată necurăţia. d’impuretés.
29 Vai vouă, cărturarilor şi fariseilor Malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites!
făţarnici! Că zidiţi mormintele proorocilor Parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes
şi le împodobiţi pe ale drepţilor. et ornez les sépulcres des justes.
24 19 Vai de cele însărcinate şi de cele ce vor Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles
alăpta în zilele acelea! qui allaiteront en ces jours-là!
26 24 Fiul Omului merge precum este scris Le fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de
despre El. Vai, însă acelui om prin care lui. Mais malheur à l’homme par que le Fils de
Fiul Omului se vinde! Bine era de omul l’homme est livré! Mieux vaudrait pour cet homme
acela dacă nu se năştea. qu’il ne fût pas né.

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