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Langue française

J. Dubois, F. Edeline, J.-M. Klinkenberg, Ph. Minguet, F. Pire et H.


Trinon : Rhétorique générale
Michel Charles, Jean-Baptiste Comiti

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Charles Michel, Comiti Jean-Baptiste. J. Dubois, F. Edeline, J.-M. Klinkenberg, Ph. Minguet, F. Pire et H. Trinon : Rhétorique
générale. In: Langue française, n°7, 1970. La description linguistique des textes littéraires. pp. 116-119;

https://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_1970_num_7_1_5518

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langue; ce travail de différenciation, de stratification, de confrontation, c'est
la signiflance qu'étudiera la sémanalyse.
Toucher à la langue, c'est toucher les tabous sociaux et historiques,
c'est participer à la transformation d'un réel saisi dans ses possibilités
d'ouverture, c'est s'en construire son propre théâtre, un théâtre multiplié, «
pluriel », dira Barthes, « dont l'inscription non centrée met en pratique une
polyvalence sans unité possible » (p. 11); c'est éliminer de la littérature le sacré,
le magique, la religion des « effets », c'est refuser sa fusion avec une histoire
linéaire établie en dehors d'elle, avec la science aussi — puisque la littérature
traverse l'idéologie. Ici peut être situé le rapport de cette pratique avec la
psychanalyse d'une part (reconstruction du sujet), avec le marxisme de
l'autre. Le texte enfin n'est pas réductible à une analyse linguistique, puisque
c'est une pratique à saisir « par une théorie de l'acte signifiant spécifique qui
s'y joue à travers la langue ».
Tel est le projet sémiotique, encore un peu flou, mais dont J. K.
dessine l'hérédité découverte chez Boole, Morgan, Peirce..., et aussi chez
Saussure qui, en réintroduisant les Anagrammes dans la structure, a remis en
cause sa notion de signe. La sémiotique participera à cette nécessaire
réflexion interdisciplinaire sur le discours, elle rencontrera sociologie,
mathématique, psychanalyse, linguistique, logique, elle sera « une condensation,
au sens analytique du terme, de la pratique historique ».

Jean-Claude Chevalier.

Jacques Dubois, Francis Edeline, Jean-Marie Klinkenberg, Philippe


Minguet, François Pire et Hadelin Trinon, Rhétorique générale,
Paris, Larousse, coll. « Langue et Langage », 1970, 1 vol. 15 x 21 cm.,
206 p.

Cet ouvrage mériterait une longue analyse qu'il n'est pas possible de
mener ici; nous nous contenterons d'indiquer le projet des auteurs et de
suggérer quelques thèmes de réflexion. Aristote et R. Jakobson sont unis
au seuil du livre dans un même hommage; lointaine et proche rhétorique
dont le renouveau est jalonné en France depuis une dizaine d'années par des
travaux de R. Barthes, G. Genette, T. Todorov, J. Cohen, sans parler de ce
qui peut se faire en psychanalyse ou en sociologie.
S'agissant de définir « quels sont les procédés du langage qui
caractérisent la littérature » (p. 14), les auteurs introduisent leurs études par une
longue discussion sur un terme aussi souvent contesté qu'utilisé, celui
d'écart : contre les « crocéens » qui rejettent toute analyse des catégories
linguistiques au profit d'une esthétique première et totalitaire, ils proposent
une approche linguistique de la littérarité définie « provisoirement » comme
un écart, mais ils manifestent ici une extrême prudence x : « c'est (...) le
rapport norme-écart qui constitue le fait de style et non l'écart comme
tel » (p. 22). Plus loin, on trouvera une référence à M. Rifîaterre. Une
métaphore est dite renvoyer « en même temps au sens propre et au sens
figuré » (p. 22), et à plusieurs reprises on parle de polysémie nécessairement
première. Le message renvoie finalement à deux ou plusieurs sens, et cela
parce qu'il est figuré. Il est en effet « des transformations réglées de l'usage

1. Sans doute a-t-on tenu compte des critiques suscitées par le livre de J. Cohen,
Structure du langage poétique, Paris, Flammarion, 1966.

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non littéraire du langage » qui visent dans un premier temps à « attirer
l'attention sur le message lui-même ». Ce que les auteurs appellent fonction
rhétorique correspond à ce que R. Jakobson appelle fonction poétique. Mais,
étant admis qu'il n'y a pas de poésie sans figures (sans métaboles), il reste
qu'il y a des figures sans poésie. La rhétorique aurait pour fonction de réifler
le langage, de le rendre opaque et perceptible. Reste à une poétique à venir
la tâche d'expliquer l'effet et la valeur de « ces paroles modifiées que
profèrent les poètes » (p. 27). Ce sera l'objet d'un prochain ouvrage qui traitera
de l'ethos des figures.
La première partie du livre, intitulée Rhétorique fondamentale,
propose une taxinomie nouvelle et plus rationnelle de l'ensemble des
métaboles reconnues par la rhétorique classique. Deux dichotomies sont
appliquées simultanément : l'une selon la distinction signifiant/signifié, l'autre
selon le niveau des unités décomposées : mot/phrase. On obtient le tableau
orthogonal suivant (p. 33) :

I
EXPRESSION CONTENU
(forme) (sens)

mots (et<) Métaplasmes Métasémèmes


phrases (et>) Métataxes Métalogismes

Les diverses figures sont le produit de deux types d'opérations : d'une


part les opérations substantielles : adjonction, ou suppression, ou adjonction-
suppression d'unité(s); d'autre part, les opérations relationnelles :
permutation (quelconque ou par inversion) d'unités. Les métaplasmes « agissent
sur l'aspect sonore ou graphique des mots et des unités d'ordre inférieur
au mot »; les métataxes « agissent sur la structure de la phrase »; les
métasémèmes « remplacent un sémème par un autre, c'est-à-dire modifient les
groupements de sèmes du degré zéro »; les métalogismes (cf. les figures de
pensée) « modifient la valeur logique de la phrase et ne sont, par conséquent,
plus soumises à des restrictions linguistiques. » Telles sont les altérations
possibles du code linguistique (orthographe, grammaire, sens des mots) ou
du code logique « défini par la véracité du discours » (p. 38).
Chaque opération joue à tous les niveaux; ainsi, on peut avoir un
métaplasme par adjonction (« donner l'alcoolade », Queneau), un méta-
taxe par adjonction (« dormez votre sommeil », Bossuet), un métasémème
par adjonction (« écrire « poignard » là où « arme » eût suffi », p. 104), un
métalogisme par adjonction (hyperbole).
Suit un court chapitre, préfiguration d'un ouvrage ultérieur, sur le
phénomène de l'ethos où sont distingués l'effet nucléaire, fonction de la
métabole; l'effet autonome, fonction du précédent et des matériaux utilisés;
l'effet synnome, fonction des deux autres et de la place de telle métabole
dans telle œuvre.
La deuxième partie du livre, intitulée Vers la rhétorique générale, est
une tentative pour passer du linguistique au sémiologique, et de la
rhétorique de la phrase à la rhétorique du discours. Un chapitre traite des figures
des interlocuteurs. Il s'agit de métaboles de la communication (linguistique
ou non) conçue comme rapport interpersonnel : commutations de personnes
(ex. il pour je), adjonction ou suppression de personnes (dans des formules
du type : « donnant-donnant »). Le dernier chapitre traite des figures de la

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narration : figures des subtances de l'expression (ex. adjonction d'images
à un texte); figures des formes de l'expression (ex. compression de la durée
du récit par la durée du discours); figures de la forme du contenu (le
développement simultané de deux actions parallèles, par exemple, est analysé
comme un écart d'adjonction).
Ce traité, qui vaut d'abord par les questions qu'il soulève, innove
sensiblement par rapport aux manuels de rhétorique classique. Nous avons là
un dictionnaire précis et cohérent des figures. Dictionnaire reformulable
et à reformuler en fonction de telle ou telle œuvre; les auteurs donnent
un certain nombre de concepts opératoires que le critique devra
hiérarchiser selon l'objet étudié. Le lecteur sera sensible au caractère non
normatif du livre 2, à l'abondance et à la diversité des exemples : à ceux
traditionnellement utilisés s'en ajoutent d'autres, citations de textes
littéraires modernes, de formules argotiques, de slogans publicitaires,
mouvement qui s'inscrit dans l'extension actuelle du champ rhétorique. Notons
enfin la réhabilitation du domaine des métaplasmes.
On peut cependant formuler quelques réserves :
1° Tout d'abord, ce titre. Un récent numéro de Langages (n° 17) traite
du procès d'énonciation qui met en jeu un locuteur et un allocutaire dans un
« certain rapport au monde » (Benveniste). Or, une rhétorique générale serait
précisément ce lieu d'où le langage peut et doit être appréhendé en acte.
Lorsqu'on nous dit (p. 12) que « les derniers rhéteurs, à mesure qu'ils
prenaient conscience de la notion de littérature, ont senti confusément
que pour l'écrivain moderne le commerce avec les figures primait le
commerce avec le monde », on peut se demander si cet abandon de la rhétorique
comme arme de la dialectique ne risque pas de réduire la pratique littéraire
à un pur jeu verbal.
2° Un autre problème est évidemment posé par l'utilisation de la
notion d'écart. Dans les premières pages du livre, ce concept est l'objet
de critiques très sévères, mais il est néanmoins retenu en vertu de sa «
fécondité opératoire » (p. 20). De l'aveu même des auteurs, ce terme « ne saurait
passer pour une formulation vraiment satisfaisante » (p. 16); et si l'on
admet qu'il peut toujours se justifier « d'un point de vue pragmatique »
(p. 22), il reste évidemment à déterminer la norme : sa définition est certes
très souple (l'usage, un degré zéro-limite, un sens propre insaisissable, le
contexte, le réfèrent, le genre...), mais, d'une part, il arrive que l'on dise
contre toute vraisemblance que telle expression précise est un degré zéro
(p. 36, « Te voilà » serait le degré zéro d'une série comprenant : « Ah! c'est
donc toi » et « Bonjour toi »), et l'on peut regretter ici un manque de
cohérence dû peut-être au caractère collectif du livre. D'autre part et surtout,
cette notion de degré zéro est de plus en plus difficile à saisir à mesure que
se « généralise » la rhétorique, par exemple lorsqu'elle porte sur les grandes
unités du récit; et les auteurs ont tendance à choisir des exemples
extrêmement « voyants » et à avoir recours à des cas-limite.
3° Autre point de terminologie : il y a une hésitation dans le choix
des termes de réfèrent et de signifié. Si le réfèrent du message est bien (p. 101)
« la chose nommée », et si le métalogisme est bien (p. 113) « une figure qui
met nécessairement en cause le réfèrent du message », on voit mal comment
la fameuse litote de Ghimène « Va, je ne te hais point » serait un
métalogisme; comment peut-on dire en effet : « L'analyse du réfèrent montre
simplement qu'ainsi Chimène hésite à dire la vérité »? C'est de l'analyse
du contexte qu'il s'agit (Chimène n'a d'autre « réalité » que discursive).
2. Encore que la seule volonté de réduire les métaboles n'est pas sans impliquer
la mise à l'écart de certains textes produits par la « terreur dadaïste ».

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La définition stricte du métalogisme semble lui ôter toute pertinence dans
l'analyse des œuvres littéraires 3.
4° C'est là tout le problème de l'utilisation des exemples. Même une
fois admis, à la suite de J. Cohen, que, « si le premier temps de la rhétorique
consiste pour un auteur à créer des écarts, son, deuxième temps consiste
pour un lecteur à les réduire » (p. 39), il reste que toute figure consiste
précisément à dire autre chose que ce à quoi on essaye de la réduire en la
traduisant. Extraire une figure du contexte où elle prend sens, n'est-ce
pas d'emblée opérer la réduction et nier que le discours ait véritablement
un fonctionnement rhétorique? L'étude promise sur Vethos sera attendue
avec d'autant plus d'impatience que c'est elle seule qui peut faire déboucher
un travail traitant de la langue dans le champ du discours. Mais peut-être
l'évacuation du problème de V ethos était-elle la condition nécessaire d'une
analyse rationnelle du champ des figures. Les auteurs n'autorisent-ils pas
eux-mêmes cette remarque lorsqu'ils déclarent (p. 153) : « Même dans le
cas où la valeur intrinsèque autonome d'une métabole semble assez
caractéristique, ce qui est loin de constituer la règle générale, cette valeur n'est
pas à l'abri du nivellement par le contexte; elle n'est, elle aussi, qu'en
puissance. Cette simple constatation, qui est — à vrai dire — presque un
truisme, condamne donc toutes les approches statiques de l'œuvre
littéraire, démarches consistant dans une description sans ordre ni hiérarchie
des mécanismes saisis à leur niveau autonome. De l'œuvre, disons-nous;
non du phénomène poétique comme tel »? Le critique qui voudrait traiter
à la fois de la figure et de son ethos, de l'œuvre et non du phénomène (faut-il
dire poétique ou linguistique?), se trouve ainsi renvoyé à l'étude d'une
œuvre particulière. Personne ne s'en étonnera.

Michel Charles et Jean-Baptiste Comiti, E.N.S. et Paris- Vincennes.

Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris, Le Seuil,


1970, 190 p.

Avec le premier numéro de la revue Poétique, « revue de théorie et


d'analyse littéraires », a paru le premier volume de la collection du même
nom, et c'est bien comme une contribution au renouveau théorique des
études littéraires qu'il faut lire cet ouvrage : on en reconnaîtra ainsi les
limites mais aussi la fécondité, et on évitera d'y chercher ce qui ne s'y
trouve pas. Ces limites n'échapperont pas à ceux qui auraient espéré une
remise en question radicale des définitions traditionnelles. L'auteur n'ignore
pas les nombreuses études qui ont précédé la sienne. Il modifie plus qu'il
ne contredit les définitions de Castex, Vax ou Caillois, en mettant l'accent
sur le caractère « différentiel » du fantastique : « hésitation du lecteur entre
une explication naturelle et une explication surnaturelle des événements
évoqués », ligne de partage entre l'étrange et le merveilleux, « genre toujours
evanescent », genre menacé (lorsque l'on ne s'interroge plus sur la nature
des événements, mais sur celle du texte même qui les évoque) aussi bien
par une poésie qui refuserait toute représentation, que par l'allégorie, en ce
qu'elle réduit le fantastique à l'illustration d'une idée.
En l'état actuel des recherches, il s'agit peut-être moins de définir

3. G. Genette, traitant du domaine littéraire, prend soin, comme le notent les


auteurs, de ne définir « la défiguration rhétorique que par rapport à l'usage
linguistique » (p. 125). Est-il légitime de le lui reprocher?

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