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1. Introduction.
Epistémologie
Enoncé bien localisé dans l’espace et dans Enoncé qui comporte un « pour tout », une
le temps. généralité.
INDUCTION
DEDUCTION
Déduction
Logique Explications et prédictions
EX : Le tir de l’obus.
Conditions initiales :
- Angle
- Force
- Etc.
Calculs
Déduction Rétroduction
Observer 1000 fois un phénomène ne signifie pas qu’il se produira une 1001° fois !
La loi scientifique n’atteint donc pas la certitude. En effet, il n’y a pas de nécessité logique
d’observer tout le temps la même chose
EX : La fable de la dinde, dans laquelle une dinde constate qu’elle est nourrie tous les jours à
une heure H. Elle en induit donc qu’il en est ainsi tous les jours de l’année. Seulement, le 23
décembre, le fermier ne la nourrit pas, mais la tue.
EX : La physique ne Newton s’est avérée être une vérité pendant plus de 2 siècles, elle était
donc un « énoncé universel ».
Mais des limites ont été découvertes au point de vue :
- macro la vitesse de la lumière est une constante. Selon les lois de
Newton, elle ne devrait pas l’être.
b) Le concept d’observation.
Toute observation au plan psychophysiologique est déjà un construit à partir de ce que l’on
voit à l’extérieur. En effet, la perception que nous avons des choses qui nous entourent
implique un travail intégrateur d’informations autres que la simple image rétinienne (appelée
sensation), en provenance de divers systèmes – visuel, d’équilibre, proprioceptif… On est
donc loin d’une observation comme pur phénomène passif.
Qu’est-ce qu’être objectif ? C’est de ne dire rien que la vérité, mais TOUTE la vérité !
Or, dans toute observation, on cherche quelque chose. On fait donc des choix (dans les
critères d’observation). Mais ce n’est plus exhaustif ! Dès lors, il est impossible de dissocier la
problématique d’observation de la problématique de sélection.
Lorsque l’on cherche à démontrer quelque chose de façon logique, on fait appel à des énoncés
d’observation. En posant des relations entre ces énoncés logiques, on parvient à effectuer la
démonstration. Mais la valeur de vérité de l’énoncé d’observation ne provient pas de la
relation à d’autres énoncés : elle provient tout simplement de la conviction des sens et de la
confiance en la bonne foi des autres observateurs. Il n’y a donc aucune certitude logique liée à
l’énoncé d’observation.
MOYEN DE REGARDER
EX : Avant de se rendre aux travaux pratiques, on les prépare. On sait donc ce qu’on va y
faire ! Ce n’est pas neutre et par conséquent pas objectif.
D’autre part, le langage joue lui aussi un rôle important dans le concept d’observation.
EX : Le radiologue qui regarde les radios, a mis 5 ans d’études pour les « déchiffrer ». Pour le
comment des mortels, une radio ne représente qu’une image noir et blanc très peu
représentative, alors que pour le radiologue, elle est très riche en informations. Ce qui illustre
parfaitement l’apport du langage dans les observations, apport qui lui enlève toute objectivité.
Conclusion :
P Ou exclusif Q P Ou inclusif Q P ET Q
V F V V F F
V V F
V V F F F V
F V V
F V V F F F
F F F
F F F
2.1. Notion d’implication.
P Q
Implique
V V V
? ?
F V V
Certitude F V F Certitude
V V V
V V V
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Pour Popper, la vérification ne nous apprend rien sur la valeur de vérité d’une théorie. Une
théorie est donc acceptée comme vraie de manière provisoire, tant qu’elle n’est pas remise en
cause par la falsification.
Pour Popper, une connaissance scientifique est une connaissance falsifiable. Il écartait donc
de la science toute discipline à caractère métaphysique, c’est-à-dire non falsifiable, tels que la
psychanalyse, le darwinisme, le marxisme…
EX : Reprenons l’exemple du tir de l’obus. On peut expérimenter le rôle qu’a la balistique (la
forme de l’obus) sur la portée du tir. Et si les prédictions effectuées s’avèrent fausses ? Cela
signifie-t-il que la balistique inclut une anomalie ? Ou doit-on plutôt soupçonner les énoncés
auxiliaires, tels que la poudre utilisée pour lancer l’obus, ou tout simplement les lois de la
cinétique et de la dynamique de Newton ?
EX : Copernic a un jour dit : « La Terre n’est pas au centre de l’Univers. C’est le soleil ! »
Cette affirmation est FAUSSE, puisque le Soleil n’est pas le centre de l’Univers, mais
juste le centre du système solaire. Or, sans cette intervention de Copernic, le monde
aurait toujours une conception géocentrique de l’Univers !
Situation
Programme de recherche :
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Noyau dur
Hypothèses centrales de la
théorie.
3 lois de la dynamique
Loi des carrés inverses + loi de la gravitation
Exemple 2 : Le Darwinisme.
Pour Lakatos, l’adoption d’un noyau dur par un scientifique constitue une sorte de choix
conventionnel. Bien que cette théorie fasse l’objet de falsifications, le scientifique décide de
l’adopter de manière hypothétique, dans le but de pousser le plus loin possible toutes leurs
potentialités explicatives.
Pour Lakatos, une théorie T est remplacée par une autre théorie T’ si :
La science évolue de manière rationnelle (on peut procéder à une analyse logique qui permet
de justifier logiquement le choix du changement de théorie).
4. Le paradigme de la biologie contemporaine.
a) Le courant vitaliste.
Pour le vitaliste H Driesch, le vivant doit être appréhendé selon une méthodologie toute
différente de la matière inerte. D’après lui, une science biologique doit se construire sur de
tout autres présuppositions que la science physique. L’organisme vivant est constitué d’une
matière qui ne respecte pas les lois de la physique et comporte une propriété spécifique :
l’entéléchie, un facteur portant en lui-même son but, c’est – à –dire un principe qui conduit la
matière à s’organiser en un organisme complexe.
t1 t2
b) Le courant mécaniste.
Les mécanistes postulent que si on veut faire une science du vivant, il faut la construire sur le
modèle de la physique. (Descartes par exemple)
Horloge
Descartes développe le concept d’ « animal - machine ». Chez lui, l’humain est composé d’un
corps « machine » mais aussi d’une âme.
Grâce à la mise en évidence de l’ADN par Watson et Crick en 1953, les mécanistes
supplantent les vitalistes. En effet, l’ADN n’est qu’un simple sucre, donc de la matière inerte.
« Toute cellule provient d’une cellule. Seul le vivant peut produire du vivant. »
Ceci a donc conduit à une brève récupération de la théorie cellulaire par les vitalistes. Mais
les progrès considérables dans l’observation de la cellule, grâce notamment aux
développements de la microscopie électronique, de la génétique de Mendel et de Morgan, des
diverses disciplines (cytologie, histologie, embryologie, physiologie…), ont permis d’établir
« la théorie cellulaire ».
Celle-ci pose que la cellule est le plus petit élément capable de se maintenir en vie, de
contrôler ses activités, et de se reproduire par ses propres moyens.
Charles Darwin (19° siècle) pose un point de départ différent de sa théorie. Pour lui, les
variations surviennent au hasard chez les organismes et l’interaction avec l’environnement
survient en un second plan. Cette interaction est abordée autour de deux notions : la lutte pour
l’existence et la sélection naturelle.
La lutte pour l’existence joue le rôle de filtre : dans le cas ou des individus sont confrontés à
des difficultés menaçant leur survie, c’est le plus apte (« the fitest ») qui survie. La sélection
naturelle est la conservation des différences et des variations individuelles favorables et
l’élimination des variations nuisibles.
Population
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Temps
Durant la première partie du 20° siècle, les botanistes proposent la notion de climax, qui
correspond à la communauté végétale mature pour un milieu donné.
Par opposition à ce concept de climax, les zoologistes ont développé le concept d’écosystème,
plus dynamique, plus ouvert aux interactions complexes entre les diverses espèces et
l’environnement.
C’est Tansley (en 1935), qui introduit le premier le concept d’écosystème par lequel les
scientifiques visent, pour un milieu donné, l’ensemble des interactions des diverses espèces
vivantes entre elles et avec le monde physique.
Le concept d’écosystème et les analyses détaillées des différentes interactions entre
populations et avec le milieu inorganique qu’il porte constituent une caractéristique,
récemment établie, du paradigme de la biologie contemporaine.
5. Enjeux philosophiques.
Dans la perspective « adéquation », la vérité est pensée comme une correspondance entre le
réel et la théorie. En effet, la science se construit sous formes d’hypothèses que l’on confronte
à l’expérience.
Pour Heidegger, cette perspective « adéquation » doit être dépassée. C’est là qu’intervient la
perspective « dévoilement ». Il s’agit de produire une discours ou une pratique à travers
lesquels le réel se manifeste. En d’autres termes, il s’agit de montrer une dimension du réel
qui n’apparaît pas dans la théorie.
EX : la musique : dans la perspective « adéquation », et donc en théorie, le son est une onde
mécanique qui se propage de l’instrument à l’oreille, etc. Pourtant, il existe toute une
dimension de beauté de la musique, d’émotion, qui n’apparaît pas dans cette perspective
« adéquation ». Et c’est précisément cette dimension qui constitue la perspective de
« dévoilement ».
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De tout ceci, il ressort que la science n’est pas la seule activité qui pose un rapport à la vérité.
Il convient de prendre en compte le point de vue propre de chaque discipline, en précisant à la
fois la spécificité et les limites de celles-ci. Il faut reconnaître la pertinence et l’importance
d’autres approches du réel. On rencontre donc une certaine complémentarité entre ces
diverses approches du réel, mais qui ne parvient pas à décrire l’entière richesse du réel.
horizon
L’horizon fixe une direction.
1° attitude :
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Pas respectable !
Inquisition
Torture Ramené à la
« vérité »
Bûcher !
Dans la société soviétique, la lecture Marxiste tend à être considérée comme interprétation
scientifique…
Marxisme
= lecture de Interprétation
l’histoire. scientifique
Opposants = dissidents
Camp de rééducation,
hôpital psychiatrique.
2° attitude :
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Tolérance extrême !
Cette attitude est tout sauf l’ouverture à la tolérance ! Car si personne n’a raison, personne n’a
tort ! (Et donc à ce moment, peut-on dire qu’Hitler avait tort ?) De plus, l’énoncé « la vérité
n’existe pas » présuppose lui-même un rapport à la vérité.
3° attitude :
Personne ne la
La vérité existe Concept d’horizon possède
Le concept de vérité comme horizon instaure à la fois un registre de tolérance entre les
personnes et les cultures et ouvre à un fonctionnement institutionnel qui recourt à la
confrontation des points de vues en présence (= démocratie…).
La médecine occidentale est réduite méthodologiquement. Ainsi, les médecins sont « définis »
comme des spécialistes du disfonctionnement de l’organisme. Mais les pathologies sont bien
plus qu’un simple disfonctionnement de l’organisme !
C’est pourquoi il est important d’envisager, à l’intérieur des institutions hospitalières, des
interventions qui soient d’une autre nature que strictement médicale.
Ex : Les soins palliatifs, qui accompagnent les gens dans la mort, autrement que par simples
procédés analgésiques.
s’inscrit dans l’horizon théorique d’une vérité toujours au-delà de chaque discours
disciplinaire.
7. Conclusion.
Le concept de connaissance critique est particulièrement important : il faut bien être conscient
des limites de la science. La science dit quelque chose, mais PAS TOUT !!! C’est pourquoi il
faut faire confiance à la rationalité de la science, mais de manière critique.
Etre contient des limites de sa discipline, c’est ça, être « universitaire ».
Introduction.
a) Philosophes technophobes.
Avant Socrate :
Etre = physis
= nature Par elle-même
Par l’homme et
sa technique
La technique est liée à la science : chacune s’appuie sur l’autre, elles sont dépendantes.
La technique ne s’inscrit plus dans une logique de dévoilement, mais dans une logique de
l'adéquation, dans le registre de la maîtrise. La technique est lieu de prise de possession de la
nature et donc de l’homme.
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Pneus
Tracteur
Etc.
Ex : La technique nous permet de nous chauffer, nous éclairer… Mais on s’y habitue et on en
devient esclave. (Que se passe-t-il lors d’une panne de courant ?)
J. Ellul dit aussi que cette contrainte posée par la technique sur l’homme prend des
dimensions d’universalité : les solutions proposées par la technique s’imposent à toutes les
cultures en raison de leur efficacité. Dès lors, la technique supprime toute différence
culturelle, elle prend des allures totalitaires.
Ex : Mac Donald et Coca-Cola sont universels, mais ont le monopole, ne laissant aucune
place aux alternatives des autres cultures.
Enfin, la technique est antihumaniste. L’homme est plus utilisé que servit par la technique.
Gilbert Simondon (20° siècle) analyse la genèse de la technique et distingue trois modes
d’existence de l’objet technique : l’élément, l’individu, l’ensemble.
Ex : la machine à vapeur : développe des forces gigantesques par rapport aux capacités de
l’être humain, mais nécessite une alimentation incessante en bois. De plus, l’individu machine
est rival de l’homme au point de vue de l’emploi, et en fait un servant.
Simondon propose une approche des interactions entre technique et culture dans
« L’individualisation psychique et collective ». Pour lui, la culture est un lieu de production de
symboles. Cette production de symbole est nécessaire pour relier entre elles les
représentations partielles souvent porteuses d’incompatibilités : discours scientifiques,
techniques, juridiques, philosophiques, religieux, artistique…
Simondon souligne deux apports majeurs de la technique à la culture :
Ex : Si on amène un tracteur dans une culture qui ne connaît pas ça, ça casse tout le
fondement de cette culture.
La technique est également rapport à une extériorité qui ouvre à l’universalité. Dans
toute culture, le rapport à la nature impose un système de contraintes partagées par
toutes les cultures (en matière de santé, d’énergie, d’alimentation, de techniques
agricoles…). L’association de l’évolution technique aux sciences de la nature renforce
la dimension d’universalité de la contrainte. En effet, les sciences de la nature sont
marquées par une visée de l’universel. Et les lois de la nature sont indépendantes des
cultures qui les produisent. Par conséquent, les technoscientifiques sont marqués par
cette même universalité.
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Jean Ladrière propose des analyses qui rejoignent les perspectives développées par
Simondon. Chez Ladrière, on retrouve une conception de la technique comme système qui
tend à une certaine autonomie par rapport à la dynamique sociétale. Le domaine
technologique s’organise en réseau relativement autonome qui est en interaction avec la
culture et qui compromet définitivement la clôture systématique des cultures traditionnelles
portée en particulier par le discours mythique.
Elément technologique
nouveau
c) Postmodernité et technique.
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D. Bloor propose quatre principes pour une sociologie de la connaissance auxquels il articule
son travail. Pour lui, une sociologie de la connaissance devrait :
1. Etre causale, c’est-à-dire s’intéresser aux conditions qui donnent naissance aux
croyances ou aux stades de connaissance observés. Les croyances ont, bien sûr, des
causes autres que sociales.
2. Etre impartiale vis-à-vis de la vérité ou de la fausseté, de la rationalité ou de
l’irrationalité, du succès ou de l’échec. Chacun des termes de cette dichotomie doit
être expliqué.
3. Etre symétrique dans son mode d’explication. Les mêmes types de causes doivent
expliquer les croyances « vraies » et les croyances « fausses ».
4. Etre réflexive : ses modèles explicatifs doivent s’appliquer à la sociologie elle-même.
Pour Bloor, la connaissance scientifique n’est donc qu’une « croyance » comme une autre. La
sociologie de la connaissance doit pouvoir expliquer cette croyance de la même manière que
les autres.
Une autre composante de la postmodernité en relation avec la technique est mise en évidence
par Engelhardt.
Modernité Postmodernité
d) Conclusion.
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1. Aussi bien chez les technophobes que les modernes voire postmodernes, la technique
prend la forme d’un système complexe qui tend à prendre une autonomie relative dans
les processus évolutifs. Cette autonomie est exacerbée par J. Ellul, elle est au contraire
relativisée par l’approche postmoderne, elle est soulignée, sans être absolutisée, par
l’approche moderne critique.
2. Le dialogue apparaît difficile entre la position technophobe de Heidegger, la position
technophile de Engelhardt et la position critique de Simondon.
3. Importance du thème de la technique dans la problématique de la modernité.
a) technique et technologie.
+ Infrastructure routière
(modification du paysage),
parkings, essence (pollution)…
b) Le domaine de l’expertise.
Ni les patients ni les prescripteurs ne savent s’ils utilisent un vrai médicament ou un placebo.
Seul le médecin expérimentateur le sait. Cette méthodologie vise à mettre en évidence une
efficacité physiologique dégagée de la dimension psychologique du recours au médicament,
en même temps qu’elle présuppose une dimension psychologique importante.
Temps (années)
T=0 T = 20
Déposition Expiration
du brevet du brevet
Entre t = 0 et t = 5 à 10
Epreuves (habillage
pharmaceutique, essais
toxico-pharmacologiques, Quelques années avant l’échéance du brevet
essais cliniques) Mise sur le marché d’un produit de
remplacement qui présente les mêmes
propriétés thérapeutiques, avec des
améliorations secondaires suffisantes pour
que le produit soit accepté comme nouveau
médicament.
La firme conserve ainsi le contrôle de la
filière dont elle était à l’origine.
Dans nos pays, le médicament joue un rôle essentiel dans la relation thérapeutique. En effet,
chaque consultation se clôture par une ordonnance où le médicament joue une double fonction
symbolique :
Pour le patient, le médicament exprime le fait qu’il a été écouté, pris au sérieux
Pour le médecin, prescrire le médicament le plus récent, c’est prendre au sérieux le
patient et lui assurer une médecine « de pointe », qui prend en compte les derniers
développements des sciences occidentales.
Ce fonctionnement symbolique fait les affaires de l’industrie pharmaceutique qui répond à
une logique de politique strictement économique.
Sur le plan physiologique, une molécule active il y a 20 ans l’est encore de nos jours. Une
gestion rationnelle tendrait à favoriser les molécules qui ont fait leurs preuves et dont on
connaît à la fois les modes de fonctionnement et les effets secondaires. Mais c’est compter
sans le mode de fonctionnement symbolique du médicament, où la nouveauté, le progrès, le
fait d’être à la pointe du progrès, sont décisifs.
Modèle technocratique
Dans le modèle technocratique, le pouvoir de décision en ce qui concerne les technologies est
entièrement aux mains des ingénieurs, le choix d’une politique de santé est entièrement aux
mains des médecins.
Une telle position néglige totalement la distinction entre technique et technologie. L’expert est
certes spécialiste de la technique en laboratoire, mais il lui est impossible de prendre
correctement en compte les facteurs économiques, sociologiques, psychologiques… induits
par la mise en société de la technique.
Une telle position implique également une « conception forte » de la science qui atteint la
certitude et se caractérise par « un discours unique » incontestable.
Enfin, une telle position présuppose une non-distinction du fait et de la valeur.
Modèle wébérien
Le modèle wébérien repose sur la distinction des deux registres de la fin et des moyens. Le
politicien définit les objectifs à atteindre, le technicien décide des moyens les plus pertinents à
mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs.
Le modèle wébérien est tout à fait compatible avec une conception « forte » de la science.
Une fois les objectifs définis, le technicien peut faire son travail en toute autonomie
(autonomie associée à une présupposition de neutralité de la technique).
Modèle pragmatico-politique
Habermas prend distance par rapport au modèle wébérien sur deux plans : le théorique et le
social. Les processus d’innovation technologique se heurtent à des remises en question de
plus en plus fréquentes par la société civile. Les « accidents technologiques majeurs » -
Tchernobyl, sang contaminé, vache folle, dioxine… - prennent dans ce contexte une valeur
symbolique. Le rapport à la scientificité s’en voit doublement modifié :
Le dernier modèle nie complètement l’autonomie de la science. Dans les travaux de Latour, le
discours scientifique est un élément parmi d’autres qui entre en jeu dans les rapports de forces
qui caractérisent les négociations, sans que lui soit reconnue la moindre autonomie. La
science n’est plus un processus qui vise une connaissance, la science est simplement une
démarche impliquée dans les rapports de force qui caractérisent les négociations qui président
à tout innovation technologique.
L’innovation technologique doit d’emblé être analysée en termes de négociations et de
rapports de forces, sans que la science n’y reçoive une place privilégiée ou une logique
spécifique.
Ex : Lors de la première crise de la vache folle, l’absence d’un consensus scientifique sur
l’évaluation des risques a conduit en un premier temps à une pure logique de négociation
politique dans l’adoption des mesures économiques.
d) Conclusion
Il faut relativiser cette distinction. En effet, il est bon de préciser qu’aujourd’hui, les
sciences fondamentales sont pratiquement autant influencées par l’utilité du projet en
société que les sciences appliquées. (la recherche fondamentale est d’ailleurs souvent
financée par le privé…)
Un schéma classique conduit à identifier technique et science appliquée. A l’intérieur
d’un tel schéma, la science précède la technique et l’évolution de la technique est
seconde, à la fois chronologiquement et causalement, par rapport à l’évolution des
sciences. Mais des recherches récentes montrent au contraire une certaine
indépendance entre l’histoire des sciences et l’histoire des techniques. Il arrive parfois
même que la technique précède la science !
Ex :
1. La machine à vapeur est arrivée bien avant les progrès de la thermodynamique.
Ces progrès reposent d’ailleurs sur l’analyse du fonctionnement de la machine
à vapeur.
2. La cartographie du génome relève de l’application de techniques de plus en
plus sophistiquées mais qui comportent peu d’éléments théoriques vraiment
neufs. C’est le travail ultérieur d’analyse du fonctionnement du génome et de
sa régulation qui s’avérera particulièrement riche sur le plan des avancées
théoriques.
La pratique médicale présente les caractères d’une science appliquée. Cependant, le concept
d’ « art de guérir » lui convient mieux. Le médecin est avant tout un thérapeute, quelqu’un
dont la fonction principale est de tenter de guérir la personne malade. Dans ce contexte, le
médecin est forcé d’agir, quelque soit le degré d’avancement de la science. C’est ce qui
distingue la clinique d’une simple science biomédicale appliquée. La clinique est l’art du
diagnostic et de la thérapie. Cet art se rapproche plus d’une technique que d’une science
appliquée.
En tant que technique, la clinique a son histoire propre et une relative autonomie de ses
propres critères. C’est ainsi que, dans la pratique clinique, l’image de l’homme comme
système pluricellulaire hautement structuré, liée au paradigme de la biologie contemporaine,
se voit nuancée par des approches plus traditionnelles où l’individu malade peut être abordé
de manière plus globale et où la psychologie individuelle peut être prise en compte dans le
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diagnostic et dans le traitement. Quelqu’un qui a des problèmes cardiaques n’est pas
seulement un muscle fatigué !
Ex : L’aspirine est une substance utilisée depuis bien longtemps, dont l’efficacité est avérée,
mais dont le mode d’action n’a été établi que récemment.
2. Sciences et idéologies.
a) Infrastructure et superstructure.
Infrastructure
= sphère économique
Rapports de production
= rapports sociaux induits
par les divers modes de
production
Politique Religion
Idéologie Enseignement
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b) Dominance et détermination.
L’idéologie est considérée comme un système conceptuel qui assure la cohésion d’un groupe
en donnant cohérence à son action.
A science et la technique sont-elles pensées et vécues dans nos sociétés comme des
idéologies ?
Pourquoi parler de rapports indirects ? Parce qu’il est rare que les idéologies en jeu dans les
pratiques scientifiques fassent l’objet de déclarations de principe explicites. Leur caractère
non dit rend ces dimensions idéologiques de la pratique scientifique d’autant plus efficaces
qu’elles sont occultées.
Une idéologie fort répandue dans le monde scientifique relève du positivisme scientifique qui
porte sur une double perception de l’activité scientifique :
Tout d’abord, la science est perçue comme le lieu d’une objectivité absolue de telle
sorte qu’elle tire de là un statut de supériorité par rapport à toute autre approche du
réel. Cette affirmation est une idéologie. En effet, on y retrouve les deux fonctions de
légitimation et d’occultation.
La légitimation de la pratique scientifique est donnée par l’affirmation de l’objectivité
absolue de la science.
L’occultation est donnée par le réductionnisme métaphysique de la science : les
rapports aux autres disciplines, aux autres cultures… sont occultés.
Prenons l’exemple du Darwinisme. Pour écrire sa théorie de la sélection naturelle des espèces,
Darwin s’est basé sur les travaux de Malthus, sur les techniques de sélection artificielle, et sur
les travaux d’Adam Smith et des économistes écossais. Ces derniers (qui sont les premiers
penseurs libéraux) proposent un fonctionnement de la société humaine où la compétition entre
les entreprises, en fonction de leurs intérêts particuliers, conduit à un fonctionnement global
optimal. Il y a compétition entre les entreprises qui aboutit à la sélection des plus performants.
A la différence de Malthus, il y a changement pour un meilleur fonctionnement.
Un premier lien apparaît entre science et idéologie. En amont des théories, le scientifique
cherche des schémas de pensée, des intuitions pour l’élaboration des théories qu’il peut puiser
dans d’autres contextes disciplinaires.
Il faut également souligner les liens idéologiques en aval de la science, dans l’utilisation qui
est faite de certaines théories scientifiques dans les conflits idéologiques qui marquent la
dynamique sociétale. Si on se réfère de nouveau au Darwinisme, on peut citer ce que l’on a
appelé le Darwinisme sociétal. Son initiateur était Spencer. Il reprend la théorie de la sélection
naturelle pour l’appliquer à la société humaine. La société y est vue comme un lieu de
concurrence généralisée. Les moins aptes doivent être éliminés sans recours et sans égards.
Spencer veut donc bannir tout politique sociale.
On peut aussi citer l’eugénisme, transposition par Galton des principes de la sélection
artificielle à l’espèce humaine. Pour Galton, il faut engager une action de sélection artificielle
institutionnalisée.
N.B. : Eugénisme Pour Galton, les « tarés » sont des porteurs de tares au point de
vue génétique. Dès lors, ils ne doivent pas se reproduire pour ne
pas transmettre leurs tares.
Taré né
Toutes ces positions ont un caractère abrupt, mais elles tirent de leur lien au darwinisme un
statut de crédibilité qu’elles n’auraient jamais eu autrement.
2.4. Conclusion.
On est plus dans un monde ou toute innovation technologique est perçue d’emblée comme
concourant au bien-être de l’humanité. Le concept de progrès par la technologie garde sa
pertinence mais le lien automatique entre progrès technologique et progrès sociétal est
aujourd’hui remis en cause.
Le concept de « modernité critique » a permis de rendre compte de la référence à une
connaissance critique. Ce concept s’enrichit ici d’un rapport critique à l’innovation
technologique. Dans ce contexte, l’attention aux interactions entre science et idéologie prend
tout son sens.
Capacité finie :
stocks finis en amont
et en aval
Ex : Dans la pratique d’agriculture intensive, on ne parle plus de bœufs, lait, œufs… mais de
« denrées » alimentaires.
La pratique médicale est fondée sur un refus du respect de la nature. Prendre des
antibiotiques, c’est privilégier la vie d’un seul mammifère supérieur plutôt que des millions de
bactéries. La science occidentale n’est pas fondée sur un respect de la nature, mais sur un
respect de l’humain !
L’externalité qui caractérise la position cartésienne est remise en cause par le concept
d’écosystème. Les êtres humains sont élément de l’écosystème naturel et ils dépendent de
l’évolution du système général auquel ils participent.
Dans le même mouvement, la relation homme/nature perd son statut de domination. Puisque
l’être humain dépend de l’évolution de l’écosystème, il n’y a plus à proprement parler
domination mais bien solidarité entre l’espèce humaine et les autres espèces de la Planète.
Une caractéristique importante de la pensée écologique est la problématique des stocks finis,
aussi bien en amont qu’en aval :
En amont, on trouve tout ce qui concerne les matières premières et l’énergie nécessaire
aux activités humaines et à la vie d’une société (pétrole, uranium, eau…).
En aval, on trouve tout ce qui concerne la « pollution ». Les activités humaines
modifient profondément les écosystèmes (fluviaux, marins, océaniques,
atmosphériques). Jeter ses déchets dans la mer à une influence sur l’écosystème
marin : la mer n’est pas une quantité d’eau infinie ! C’est un stock finis !
Le rapport à la nature apparaît, dès lors, comme profondément marqué par toute une série de
contraintes qui déterminent les conditions d’évolution des sociétés humaines.
Le concept cartésien de maîtrise de la nature fait place au concept de gestion des écosystèmes,
qui explicite cette situation ambiguë à la fois d’appartenance et de distance par rapport au
système considéré.
Ex : Dans nos régions, les grands prédateurs ont disparu, et ce n’est pas pour autant que notre
écosystème n’est plus viable !
Dès lors, on perçoit qu’il existe un rapport à la nature plus complexe qu’une relation purement
fonctionnelle, mais l’écologie scientifique ne prend pas cela en compte. Les espèces doivent-
elles être considérées comme des fins ou juste comme des moyens ? (Doivent-elles être
respectées pour elles-mêmes ou pour leur contribution à la viabilité d’un écosystème ?)
Pour Kant, seul l’être humain est une « fin en soi ». Les objets naturels et les autres êtres
vivants sont par conséquent en situation de dépendance par rapport à l’humain sur le plan de
leur statut éthique.
L’homme est le produit d’un processus évolutif de plusieurs millions d’années, le produit
d’une histoire naturelle. Non seulement, l’espèce humaine est actuellement intégrée à un
écosystème dont elle dépend ; mais, historiquement, l’espèce humaine est le produit de cette
nature. Dans le contact avec la nature, l’être humain redécouvre une part de ses origines. Il y a
une sorte de « parenté » entre la nature et l’homme.
(N.B. : Pour les cartésiens, l’évolution biologique est une dévalorisation de l’homme.)
Le concept de paysage comme aménagement du territoire, par exemple, souligne la dimension
esthétique au fondement d’un rapport nouveau de l’être humain avec la nature.
La Deep Ecology prend distance par rapport à la position Kantienne qui met l’être humain
comme valeur centrale dans une éthique moderne. Les écologistes profonds formulent
l’hypothèse Gaïa : selon eux, l’espèce humaine est le cancer de l’organisme Gaïa (la Terre).
Rappelons qu’un cancer est un tissu qui se développe anormalement et au détriment des autres
tissus. La Deep Ecology assimile l’anthropocentrisme moderne à une forme de racisme et veut
au contraire étendre le principe de la fin en soi au monde du vivant. Selon la Deep Ecology,
l’humain ne peut pas imposer son éthique à la nature, il doit suivre l’éthique imposée par
l’organisme Terre. Cette pensée est véritablement de type médiévale : c’est un retour à une
soumission de la nature.
Ex : La nature n’a pas à donner de leçon d’éthique à l’homme ! Par exemple, la mante
religieuse mange son mâle après le coït. Est-ce une leçon d’éthique ?
2. Santé et normalité.
L’action thérapeutique vise à restaurer l’organisme malade dans son état normal. Mais qu’est-
ce qu’un état normal ?
Ex : Lorsqu’on dit qu’il est anormal qu’un organisme humain ait 40°C de température, on ne
se contente pas de dire que c’est une situation inhabituelle, on ajoute par le même jugement
que c’est une situation défavorable, mauvais pour l’organisme.
L’ambiguïté provient du fait que les deux dimensions descriptive et normative sont
inextricablement liées.
b) Normalité du vivant.
Canguilhem montre également que les conceptions de la normalité sont étroitement liées aux
conceptions du vivant auxquelles il est fait référence.
Une première conception considère la vie comme un système de lois. Cette conception est liée
au projet d’une science biologique sur le modèle de la physique. Pour Claude Bernard, la
science biologique à construire doit aboutir à un ensemble de lois qui rendent compte du
fonctionnement du vivant. Dans ce contexte, un individu normal est un individu qui respecte
le système de lois.
Pourtant, Claude Bernard introduit le concept d’idiosyncrasie, qui signifie une spécificité du
sujet. Chaque individu répond de manière spécifique à diverses pathologies, à divers
traitements.
Cela amène Claude Bernard à considérer que l’individu parfait n’existe pas, puisque aucun
individu réel ne respecte le système de lois scientifiques.
Pour sortir de cette impasse, Canguilhem développe une conception de la normalité qui
s’articule à une autre conception de la vie
Canguilhem se situe dans une perspective évolutive Darwinienne. Toute nouveauté est une
anomalie puisqu’elle induit une différence sur le plan statistique. Cependant, qui dit anomalie
ne dit pas anormalité.
Mais qu’est-ce qui décide ce qui est normal ou pas ? Qu’est-ce qui décide si une nouveauté est
un apport positif ou négatif ?
C’est le temps !
Norme
Temps
Anomal (exemple :
anti-esclavagistes)
c) Pathologie.
Pour K. Goldstein, c’est l’individu, dans son rapport à l’environnement, qui est à l’origine de
l’établissement de l’état de maladie. On ne se sent pas bien, on se sent faible, incapable
d’adopter un comportement habituel… C’est un rapport amoindri à l’environnement qui
définit la pathologie.
A l’opposé, R. Leriche définit la pathologie comme un dysfonctionnement physiologique,
perçu comme affectant en second plan le comportement.
Canguilhem évoque alors la position de H. Sélyé qui développe une conception intermédiaire
entre les deux précédentes, où les rapports physiologie/comportement sont abordés dans une
perspective plus complexe. Dans la pathologie, il n’est pas sûr que le dysfonctionnement
physiologique soit causalement premier par rapport aux perturbations comportementales.
Sélyé défend l’idée d’une causalité circulaire entre comportement et physiologie.
Ainsi donc, Canguilhem en arrive à une conception de la pathologie où les relations entre le
comportemental et le physiologique sont appréhendées de manière complexe. Un
Cours de Philosophie Page 41 06/07/2019
d) Enjeux sociétaux.
Niveau physiologique
Un individu n’est pas l’autre (idiosyncrasie). De plus, un individu est un être vivant en
relation avec son environnement et toute pathologie relève d’un évènement catastrophique qui
concerne le rapport de l’individu à l’environnement dans toutes ses dimensions. Ainsi donc,
l’idiosyncrasie, l’unicité de l’individu, induit une conception intégrative de la physiologie qui
invite à restituer tout dysfonctionnement ponctuel de l’organisme dans l’ensemble de
l’organisme en question.
On trouve ici un appel qui va à l’encontre d’une hyperspécialisation qui tend à découper
l’individu en systèmes, voir en sous-systèmes spécifiques, et n’appréhende la pathologie
qu’en termes de dysfonctionnement limités à une portion stricte de l’organisme. La
spécialisation correspond à un besoin de garantir la compétence par l’approfondissement d’un
savoir-faire. Mais dans la perspective de Canguilhem, il n’est pas sûr que la spécialisation
corresponde toujours à une meilleur efficacité dans l’approche de la pathologie si elle conduit
à ne plus situer le dysfonctionnement dans l’ensemble de l’organisme et à ne plus prendre en
compte le rapport au comportement.
Niveau psychologique
La personne handicapée mentale est considérée comme quelqu’un qui vit dans un
système de normes qui lui sont spécifiques. Son rapport au réel est
structurellement distinct des autres individus.
La personne malade mentale vit un épisode de normes rétrécies par rapport à ses
propres normes. Ce système de normes rétrécies correspond à l’adoption
conjoncturelle d’un comportement inhabituel en réponse à des difficultés d’être
particulières. Ces normes rétrécies sont de types occasionnelles.
L’objectif de la thérapie sera de rendre la personne malade capable d’adopter à nouveau son
système de relation habituel au milieu. Tandis que, dans le cas de la personne handicapée, le
travail psychologique consistera à pouvoir donner à la personne handicapée le maximum de
possibilités d’expression et d’épanouissement à l’intérieur de son propre système de normes.
Cours de Philosophie Page 42 06/07/2019
La fascination de la norme marque la pratique médicale. Pour un pédagogue, être hors norme
n’est pas d’emblée un défaut. Au contraire, un enfant qui présente des dons extraordinaires
dans un domaine se verra encouragé à approfondir ce domaine. Le monde médical tend à
considérer la norme comme pure objectivité et à occulter les dimensions éthiques de certains
choix.
Niveau sociologique
Toute société comporte des systèmes de défense contre le changement dont le jugement de
normalité est un instrument important. Le jugement de normalité tend à identifier le jugement
éthique au jugement statistique (Est bien ce que tout le monde fait…).
Pourtant, les individus à l’origine d’évolutions dans notre société ont nécessairement été hors
norme dans un premier temps (ex : Les antiesclavagistes, les féministes…).C’est l’histoire qui
leur a donné raison.
Il est important de noter qu’un individu hors norme sociologiquement est très vite pris comme
hors norme psychologiquement !
2.3. Conclusion.
Une double mutation culturelle est survenue à la fin du siècle passé dans les dernières
décennies :
Le rapport cartésien de pure maîtrise de la nature s’est vu transformé en une approche
écologique de gestion des écosystèmes avec cette double caractéristique d’une
appartenance à l’écosystème et d’une prise de conscience du caractère fini des stocks.
Le rapport à la science s’est vu lui-même modifié. Le lien immédiat entre innovation
technologique et progrès pour la société est remis en cause, notamment par les
analyses de la science écologique.
Les analyses du concept de normalité par Canguilhem conduisent à une étude de l’organisme
dans son environnement et à un recentrage de la pratique médicale sur l’organisme considéré
dans sa particularité. L’attention à l’idiosyncrasie conduit à restituer tout dysfonctionnement
physiologique local à la dynamique globale de l’organisme, les aspects comportementaux
inclus.
1. La question éthique
La question éthique est par excellence la question des personnes qui agissent.
Kant distingue la Raison pure de la Raison pratique.
La Raison pure pose la question du rapport à la vérité dans une perspective de
connaissance. Que m’est-il possible de connaître ? Telle est la question fondamentale
liée à la question de la vérité et à l’activité de la raison pure.
Que dois-je faire pour bien faire ? Cette question s’adresse à la raison pratique, à la
raison d’un individu libre agissant, qui articule son action à une volonté de bien agir.
La question du bien et du mal est donc liée à la question de l’action et de la liberté.
Quelle est l’« instance habilitée » à définir les critères du bien et du mal, et donc à définir ce
qui est éthique ? Dans les traditions religieuses, c’est Dieu, ou à défaut d’un contact direct
avec Dieu, c’est l’Eglise.
Cette position ne fait pas l’unanimité : E. Kant construit toute une réflexion philosophique où
l’homme se réapproprie cette tâche de la raison qui consiste à construire des critères d’un agir
éthique.
Enfin, il est essentiel de prendre conscience du fait que la question éthique fait partie de la
grande tradition philosophique occidentale, depuis l’antiquité grecque et l’antiquité romaine
jusqu’à nos jours. A bien des égards, la philosophie antique a profondément marqué la
réflexion éthique théologique.
Avant, l’éthique ne visait que la qualité des relations affectives et sociales dans la vie privée.
Maintenant, il y a une distinction entre éthique individuelle et éthique structurelle.
L’éthique individuelle vise la valeur et l’action des individus
L’éthique structurelle analyse le fonctionnement des sociétés et pose la question du
caractère éthique de tels fonctionnements ou de l’amélioration possible de ces
fonctionnements en regard de critères éthiques.
Ex : Le problème du tiers-monde constitue une question éthique majeure : pourquoi une
minorité vit-elle dans la richesse alors que la majorité vit dans la misère ? Le problème est de
dimension structurelle liée à l’organisation des relations commerciales internationales :
fixation des pris des matières premières, prix des produits finis… Les réactions d’éthique
individuelles (ex : associations caritatives) sont certes pertinentes, mais le véritable problème
se situe au niveau structurel.
La manière dont les questions éthiques sont abordées actuellement est profondément marquée
par notre histoire culturelle depuis le Moyen Âge.
La société moyenâgeuse apparaît comme une société où le rapport à Dieu prend une place
centrale. Cette position centrale du rapport à Dieu va être évoquée sous trois points : le
rapport au savoir et au vrai, le rapport à l’éthique et au bien, le rapport au pouvoir et au
politique.
Ecritures (Bible)
Théologique
Traditions
Au 1° siècle : Platon
Interprétations des
mystères de la foi
par la philosophie de
la culture grecque. Au 13° siècle :
Aristote
Vérité, savoir
Seule la grandeur de Dieu peut décider de ce qui est bien ou mal. L’homme est trop mesquin
pour pouvoir le faire.
Empereur Pape
Prince Evêque
Hétéronomie : Qui reçoit de l’extérieur les lois régissant sa conduite (contraire de autonome).
Autre Loi
Nous allons traiter le cas de l’affaire Galilée. Mais pour comprendre la cosmologie du Moyen-
Âge, il faut remonter à l’antiquité.
Géocentrisme
Cosmos : monde, ordre, beauté.
Distinction entre le monde sublunaire (de la Terre à la limite de l’orbite intérieure de la
Lune) et le monde supralunaire (de l’orbite de la Lune jusqu’à la sphère des étoiles qui
constitue la limite extérieure de l’Univers).
Le monde supralunaire est un monde de perfection. En effet, pour Aristote, la perfection
c’est l’immobilité. Et les astres ont un mouvement circulaire (mouvement parfait le plus
proche de l’immobilité).
Le monde sublunaire est par contre contingent (imprévisible). C’est le monde du
changement
Ptolémée :
Terre
Etoiles
Copernic :
Héliocentrisme
Galilée :
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E. Kant est un penseur du monde, du cosmos après Newton. Kant fait la révolution dans le
champ de l’éthique que Descartes avait fait dans le champ de la vérité.
Pour Descartes, les mathématiques nous donnent accès à la structure du réel physique et la
rationalité peut donner lieu à une connaissance métaphysique fondée.
Pour Kant, au contraire, la raison pure ne peut donner lieu à une connaissance par elle-même.
Kant distingue phénomène et noumène :
Les phénomènes sont les choses telles qu’elles apparaissent
Les noumènes sont les choses en soi, telles qu’elles sont en vérité.
Selon Kant, on a une connaissance phénoménale des choses. Kant distingue trois « voies » de
la connaissance :
Le sujet humain a accès au monde extérieur par la médiation de la sensibilité. (filtre)
C’est le sujet humain, par le travail de son entendement qui, par un processus de
structuration des données de la sensibilité, définit l’objet phénoménal. Kant parle de la
subjectivité transcendantale : chaque sujet humain structure les données de la
sensibilité selon les mêmes règles. L’entendement n’a donc rien de subjectif. Tous les
sujets humains présentent une structuration analogue de leur entendement qui leur fait
construire le monde phénoménal de la même manière.
La raison parachève le travail de l’entendement dans la structuration du monde
phénoménal. Elle pose la cohérence du monde en dialogue avec les données de la
sensibilité et de l’entendement.
Dans la démarche scientifique, l’homme fait un usage légitime de la raison, puisque le travail
scientifique porte sur une structuration du réel liée aux données de la sensibilité, retravaillées
par l’entendement.
Par contre, par la métaphysique, la raison croit pouvoir aboutir à la connaissance des choses
en soi indépendamment des données de la sensibilité. Pour Kant, cet usage de la raison relève
de l’illusion L’usage de la raison pure, comme lieu d’accès à la connaissance, n’est légitime
qu’en interaction avec les données de la sensibilité. La raison pure, livrée à elle-même, ne
donne lieu à aucune connaissance véritable.
La conception de la connaissance de Kant est donc fondamentalement différente de celle de
Descartes. Pour Kant, la raison ne donne pas accès aux choses en soi. La connaissance
humaine se limite au monde phénoménal. Le monde nouménal (existence de Dieu, liberté
humaine…) reste inaccessible à l’humain au niveau de la connaissance.
A côté de la raison pure, Kant parle de la raison pratique, de la raison en tant qu’elle préside
aux déterminations de l’action humaine.
Fonde
Descartes
Raison Dieu Kant
Ethique
La raison perd de son pouvoir théorique – l’homme ne peut connaître les choses en soi – mais
la raison voit son pouvoir largement étendu dans le domaine pratique puisque l’être humain
est capable de fonder une éthique rationnelle – l’usage de la raison dans le domaine pratique
peut conduire à une éthique universelle fondée rationnellement.
Pour Kant, l’exigence éthique est un universel qu’il articule à la notion du devoir, qu’il
exprime en termes d’agir rationnel. Il tente de caractériser cet agir en travaillant à la
formulation de ce qu’il appelle « impératif catégorique ». Il en propose trois formulations :
Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps
qu’elle devienne une loi universelle.
Ex : La personne à court d’argent qui envisage de recourir à l’emprunt et de promettre
de rembourser, tout en sachant bien qu’elle en est incapable. Cependant, la notion de
promesse suppose qu’on sera cru sur parole. Universaliser la maxime de fausse
promesse est donc contradictoire.
Kant se demande s’il n’y a pas quelque chose dont l’existence en soi-même ait une
valeur absolue, quelque chose qui, comme fin en soi, pourrait être un principe de lois
déterminées. Kant situe ce principe dans la personne humaine, en tant qu’être
raisonnable. Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne
que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais
simplement comme un moyen. Ainsi, les rapports sociaux sont des rapports
d’utilisation.
Expérimentation
Le troisième principe est celui de la volonté de tout être raisonnable conçue comme
volonté instituant une législation universelle. D’après ce principe, la volonté n’est pas
simplement soumise à la loi morale. En fait, la volonté est soumise à la loi morale
uniquement pour la raison que c’est elle qui institue la loi morale. En conséquence,
l’homme n’est soumis qu’à sa volonté propre, en tant que celle-ci tend à établir une
législation universelle. Ce dernier principe, Kant l’appelle principe de l’AUTONOMIE
de la volonté, en opposition avec tous les autres principes, que pour cela je mets au
compte de l’HÉTÉRONOMIE.
Il est important de se rendre compte qu’autonomie de la volonté ne signifie pas
autodétermination arbitraire ! L’autonomie de la volonté, c’est la capacité de la volonté
d’instituer des lois éthiques universelles. La volonté libre, la volonté éthique est celle
qui décide de se soumettre aux lois universelles qu’elle institue.
Descartes avait évoqué l’autonomisation du rapport au vrai. Avec Kant, c’est le rapport au
bien qui fait l’objet d’une autonomisation par rapport à toute instance extérieure. Le sujet
moderne développe une volonté libre, capable d’instituer sa propre loi éthique, comme mise
en œuvre de la raison pratique.
Si Kant se distingue de la position cartésienne en ce qui concerne le rapport à la vérité.
Pourtant, Kant demeure bien rationaliste d’un point de vue éthique, puisqu’il situe la raison
dans son usage pratique au cœur de sa conception d’une éthique rationnelle.
Dans la situation d’ « ancien régime », le social est institué en référence à un ailleurs que le
social : Dieu. Le pouvoir politique trouve ainsi sa légitimité par son institution en lien avec le
pouvoir religieux.
Vers la fin du 17° siècle et au cours du 18° siècle, on observe un processus de maturation d’un
concept de vie sociale s’auto-instituant (ex : déclaration d’indépendance des USA,
révolutions…). Ainsi donc, la société prend les commandes de son propre avenir. La
légitimité du pouvoir se trouve à l’intérieur de la société elle-même, dans l’aval du peuple et
de ses représentants.
Hegel fait confiance à un point tel à l’humain qu’il le divinise. Pour lui, la vie de l’être se
développe en trois grands moments : La Logique, La Philosophie de la Nature, La
Phénoménologie de l’Esprit.
Le premier moment de la vie de l’être est le moment logique, le moment où l’être se
contemple lui-même dans son absolue immédiateté : la vie de Dieu avant la création. Ce
déploiement de l’être se fait précisément sur le mode dialectique :
Thèse A
Synthèse B :
Réconcilie thèse Thèse B
et anti-thèse
Anti-Thèse A
Anti-Thèse B
Dépassement
les différentes figures qui constituent les différentes cultures apparues tout au long de
l’histoire humaine.
Le moment grec, l’art grec. C’est une mise en valeur de la grandeur du corps humain.
On reconnaît l’humain comme le plus grand. Mais la reprise de conscience n’est pas
totale car la sensibilité n’est y est très présente.
Le moment religieux : Dieu chrétien prend figure humaine. Il y a une prise de
conscience de soi encore plus grande mais la sensibilité induit toujours une certaine
opacité à la pleine prise de conscience de soi.
Le moment philosophique : pleine prise de conscience de l’homme par lui-même.
Ainsi, Hegel développe un système qui aboutit au savoir absolu et à la pleine prise de
conscience de soi.
4.2. K. Marx.
Selon Marx, le moteur de l’histoire se trouve dans l’instance économique. Comme chez
Hegel, la dialectique joue un rôle de moteur de l’histoire. Pour Marx, la contradiction à
l’intérieur de l’instance économique au 19° siècle est tellement forte qu’elle aboutira à une
société où il n’y a plus de contradiction entre intérêt particulier et intérêt universel (société
communiste). Ainsi, Marx accorde une grande confiance en l’homme, sans doute même trop
grande.
Les grandes synthèses historiques du 19° siècle prennent la forme d’une consécration de
l’autonomie. Bien plus, les philosophies de Hegel et Marx en particulier sont des philosophies
de la fin de l’histoire, qui présentent la culture occidentale et l’émergence de l’autonomie
comme aboutissement d’un processus historique universel.
Le 18° siècle était celui des intuitions, des promesses sur le plan conceptuel.
Le 19° siècle était celui des premières réalisations sur le plan conceptuel.
Le 20° siècle est celui de la réalisation : est-ce que les intuitions modernes sont suffisantes
pour construire le 21° siècle ?
Le moment d’émergence de la modernité était chargé de promesses prodigieuses concernant
l’avenir de l’humanité. C’est pourquoi les deux guerres mondiales ont eu l’effet d’une
bombe : annoncent-elles l’échec de la modernité ?
Cette appellation regroupe trois penseurs de la fin du 19° - début du 20° siècle qui on porté le
soupçon sur les intuitions fondamentales du courant rationaliste moderne.
a) K. Marx.
Marx porte son soupçon sur la rationalité, soupçon qui part du lieu sociologique. Dans la
lecture marxiste de l’histoire, la philosophie, comme mise en œuvre de la rationalité, est
associée au concept d’idéologie comme participant de la superstructure. La philosophie est
donc perçue d’emblée sous l’aspect péjoratif de son travail idéologique de contribution au
maintien des rapports sociaux. La rationalité n’est donc pas un lieu de contact privilégié avec
le vrai mais, derrière l’illusion d’un rapport au vrai, se développe l’efficacité sociale d’un
discours idéologique lié à certains intérêts sociaux.
Tout démarche rationnelle peut désormais se voir interrogée sur son rapport originaire à son
lieu social de production et de son impact sur la dynamique sociale générale.
b) S. Freud.
Freud élabore toute une théorie du fonctionnement de l’inconscient. Pour lui, tout
comportement donnée ne doit pas être considéré comme un produit immédiat de la
conscience, mais il doit être interprété comme lié à tout une série de forces pulsionnelles qui
échappent à la conscience du sujet lui-même.
Ex : Dans le mouvement :
L’inconscient donne l’énergie au mouvement.
Le conscient donne la direction du mouvement.
Freud porte son soupçon sur une conception de la transparence de la conscience. Il est
intéressant d’analyser l’interprétation freudienne du mythe d’Œdipe et du nouveau regard sur
les processus de structuration de la personnalité de l’être humain qui en découle.
Jocaste Laios,
Roi de Thèbes
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Récompense : il
peut épouser Servante du roi
Jocaste Recueilli
de Corinthe
Œdipe résout le
mythe du Sphinx
Le roi de Corinthe,
qui n’a pas de fils,
adopte Œdipe
Oracle : Œdipe
tuera son père !
Plus tard, Œdipe apprend que le vieillard qu’il a tué était son père. Jocaste se pend et Œdipe
se crève les yeux. La morale de cette histoire est qu’Œdipe, en essayant de fuir son destin, l’a
réalisé de manière radicale !
Freud voit dans ce mythe antique l’expression d’une phase de développement affectif de
l’enfant, qu’il appelle « le complexe d’Œdipe ».
À un certain stade de son développement affectif, aux alentours de 4 à 6 ans, l’enfant tombe
amoureux du parent du sexe opposé. Il s’agit d’un processus de rivalité avec le parent de
même sexe, mais aussi un processus d’identification à celui-ci. En renonçant au désir du
parent de l’autre sexe, l’enfant reconnaît la différence des générations et la prohibition de
l’inceste, ce qui revient à reconnaître la finitude humaine et la place limitée dans la succession
des générations.
Freud apporte ainsi un renouveau sur le terme de la sexualité. Avant, la sexualité n’avait de
sens qu’après la puberté. Plus fondamentalement, l’idée que le comportement humain est
profondément déterminé par des forces qui échappent à l’appréhension immédiate de la
conscience pose question. En effet, dans la perspective freudienne, le mode de résolution du
complexe d’Œdipe dans l’enfance a un impact important sur la vie affective de l’adulte. On
entre dès lors dans un registre où le comportement de l’adulte est profondément marqué par
des déterminations qui lui échappent, en tout cas partiellement.
Chez Kant, l’être humain est un cerveau à pattes. Chez Freud, il y a un corps, et donc des
problématiques de désirs, inscris dans un corps, qu’on ne maîtrise pas par le cerveau. À
l’anthropologie rationaliste d’une transparence de la conscience, d’un agir rationnellement
réglé, Freud substitue l’image d’une anthropologie de l’opacité, de la ruse, où les véritables
déterminations du comportement sont occultes pour les acteurs eux-mêmes.
Analogie :
Chez Kant (homme rationaliste), est un chauffeur de taxi prudent qui contrôle son véhicule
remarquablement et qui maîtrise tous les paramètres de son mouvement.
Chez Freud, l’homme est plus proche d’un conducteur de kayak dans un torrent : l’inconscient
nous fait avancer, mais le conscient nous permet tout de même de donner une direction au
mouvement. L’inconscient donne l’énergie au mouvement, et le conscient lui donne sa
direction.
Freud porte ainsi un soupçon radical sur une conception de la transparence de la conscience.
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c) F. Nietzsche.
Nietzsche porte sou soupçon sur la rationalité en elle-même. Nietzsche voit dans la rationalité
une attitude de défense, de peur devant la réalité de la condition d’un être humain seul dans le
cosmos. La rationalité, c’est une manière pour l’homme de se croire important, de se croire le
centre du monde. L’homme se dit grand et maître du monde, mais c’est facile à dire : il est le
seul être pensant de l’univers. Dès lors, de quoi est-il mettre ? Cette question aboutit à un
désespoir radical. La rationalité est aussi, selon Nietzsche, philosophie du pouvoir car elle est
une manière d’imposer un ordre social à des individus marqués par la peur de la condition
humaine.
Par rapport au projet moderne, le vingtième siècle présente un premier visage particulièrement
sombre : deux guerres mondiales, entre nations partageant le projet moderne. Mais un bilan
bien plus nuancé peut être proposé, concernant les trois dimensions analysées : le rapport au
vrai ; le rapport au bien et le rapport au politique.
a) Sciences et connaissances.
L’autonomie de l’esprit humain par rapport à toute instance externe s’est affirmée sans
conteste.
La science a rencontré plus qu’on en espérait du projet moderne. Mais l’analyse historique et
épistémologique montre qu’on n’arrive jamais à la certitude, que toute théorie est toujours
marquée par le provisoire. Il y a rupture radicale avec le 18° siècle qui tendait à considérer la
physique newtonienne, par exemple, comme une conception définitive de la physique.
b) Sciences et techniques.
La technique a également rencontré plus qu’on en espérait du projet moderne. Mais il faut
apporter certaines restrictions :
Le projet moderne devait être universel. Cette visée n’a pas été rencontrée
(exploitation, pillage du tiers-monde).
La science et la technique sont à l’origine de problèmes écologiques monstrueux.
Le lien automatique entre progrès technique et progrès sociétal est remis en cause. C’est dans
ce contexte que l’éthique joue un rôle important : elle pose la question de l’évaluation
technologique et du choix des critères d’évaluation.
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c) Savoir global.
La modernité est caractérisée par une visée de la vérité : par la raison, on doit avoir accès au
vrai. Mais la rationalité ne permet pas de répondre à toutes les questions (Qu’est-ce que la vie,
qu’est-ce que l’être humain ? Il est difficile d’y répondre…).
Un soupçon radical pèse ainsi sur la démarche métaphysique. La conception de la rationalité
comme lieu d’un rapport immédiat au réel est remise en cause (par Kant, notamment, dans la
Critique de la raison pure).
Cette position par rapport à la métaphysique et en particulier par rapport à toute approche
globale comporte des conséquences à plusieurs niveaux :
Hyperspécialisation des disciplines. Il n’est plus possible d’avoir une connaissance
encyclopédique à l’heure actuelle. Chaque spécialisation constitue à la fois une
richesse de maîtrise d’un domaine mais, en même temps, une ignorance de l’amont et
de l’aval de son lieu propre. Ce qui amène à avoir une pratique interdisciplinaire des
phénomènes.
L’éclatement des savoirs conduit à reprendre la métaphysique d’un point de vue global
tout en prenant en compte la non-transparence de la conscience et la finitude de la
rationalité elle-même.
Sur ce plan également, l’autonomie par rapport à tout instance extérieure au social s’est
affirmée de plus en plus au cours du temps, jusqu’à connaître un aboutissement retentissant
dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Cette déclaration est l’aboutissement
de longues luttes historiques, mais aussi l’aboutissement de l’intuition moderne du primat de
la subjectivité.
Il est important de souligner que la Déclaration de Droits de l’Homme n’est pas un corollaire
immédiat de l’autonomie du pouvoir par rapport à toute instance extérieure au social.
Ex : Le pouvoir soviétique est bien un pouvoir autonome qui ne tire pas sa légitimité d’une
instance extérieure au social ; la légitimité du pouvoir lui vient du parti communiste considéré
comme la partie de la société la plus avancée, la plus consciente des lois de l’histoire. Cela
peut paraître restrictif, mais ça ne l’est pas plus que le suffrage censitaire que nous
connaissions au début du 20° siècle. Cette conception accorde pourtant peu de place à la
personne en tant que telle. Il y a donc un paradoxe entre ce système politique lié à cette
volonté d’autonomie du social, et le système de répression et d’oppression des personnes.
Ainsi, à côté d’un courant politique qui articulait son action pour l’autonomisation du social à
une défense de la personne individuelle, s’est développé tout un courant comportant la même
autonomie du social mais s’articulant à une philosophie de l’histoire où la personne en tant
que telle prenait une place seconde par rapport à la dynamique historique qui devenait le lieu
du réel. L’autonomie du politique ne conduit pas nécessairement au respect de la
personne.
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b) Perspectives critiques.
Les droits de l’homme sont régis par deux principes de base : liberté de penser et liberté de
conscience.
La problématique des droits de l’homme pose certaines questions critiques :
Le principe de solidarité est souvent oublié : dans les pays où règne la liberté de
conscience, il y a des milliardaires qui vivent à côté de ceux qui crèvent de faim.
On utilise les droits de l’homme à toutes les sauces : au nom des droits de l’homme,
les fonds monétaires internationaux imposent une politique monétariste aux pays
pauvres. Ce n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler des droits de l’homme, mais
plutôt un enrichissement exacerbé des banques occidentales.
Adoptée par l’ensemble des nations, la déclaration des droits de l’homme prend la forme
d’une sorte de charte éthique universelle que se donne l’humanité à elle-même en matière
d’organisation de la société.
5.4. Autonomie et éthique.
a) Le rapport au droit.
À bien des égards, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme concerne aussi bien la
sphère éthique que la sphère juridique. En effet, même d’un point de vue juridique, elle n’a
pas de caractère obligatoire, et par ailleurs, posant une série de principes d’organisation de la
société, elle peut être considérée comme expression d’une éthique de l’organisation sociale.
En lien à la problématique de l’autonomie de l’éthique par rapport à une instance extérieure
au social, elle constitue par conséquent également une forme d’aboutissement et de
consécration de l’autonomie.
Avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, les hommes démontrent qu’ils sont
capables de se donner une éthique comme fondement de leur agir social.
Tant dans le rapport à l’éthique que dans le rapport au vrai et au politique, le 20° siècle se
caractérise donc par un renforcement de l’autonomisation de la société par rapport à toute
instance religieuse.
b) Éthique de la responsabilité.
Une autre caractéristique de l’éthique au 20° siècle par rapport à l’éthique kantienne est le
passage d’une éthique du devoir à une éthique de la responsabilité. Le moteur de l’agir
éthique kantien, c’est le sens du devoir, la volonté d’un agir rationnel et non l’intérêt, au sens
de conséquence de l’action. Kant propose une éthique basée sur la rationalité, mais les travaux
de Freud dévoilent un agir humain marqué par la non-maîtrise de ses propres déterminations.
Il y a déplacement de la question du devoir (1° principe de Kant) vers la question des
conséquences de l’action.
À côté d’une éthique fondamentale, qui réfléchit sur les principes généraux d’évaluation
éthique, la démarche éthique comporte une réflexion en situation qui analyse la signification
des principes en question dans la complexité de la situation étudiée.
c) Le concept de « personne ».
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Au vu des perspectives ouvertes par le 18° siècle et des promesses de la modernité, le 20°
siècle présente un bilan qu’il n’est pas exagéré de qualifier de « mitigé ». Une telle prise de
conscience conduit certains auteurs à renoncer à la modernité et à parler de postmodernité.
Pour les postmodernes, il faut laisser tomber tous les grands métarécits (rapports à la vérité),
les rapports à l’universel, les différences entre les cultures.
Pourquoi laisser tomber les rapports au vrai et à la rationalité ? Parce que la science est un
processus d’emprise sur le monde, sur l’environnement. Elle n’a donc pas une visée de vérité.
Il est redoutable de laisser tomber les rapports au vrai ! Ceci nous met en impossibilité de
condamner le racisme, par exemple, car c’est une éthique comme une autre.
On est donc dans une logique de « chacun son éthique », qui fait apparaître une position du
respect des différences. En effet, si on dit « à chacun sont éthique », on dit aussi « à chacun sa
différence ». Aux Etats-Unis, par exemple, on se rapproche d’une culture postmoderne :
pourquoi se crever à ce que les noirs soient égaux aux blancs ! Chacun son éthique, sa
différence ! C’est ainsi que les milliardaires côtoient les pauvres… En d’autres termes,
l’extrême tolérance induite par la position postmoderne du « chacun son éthique » peut
rapidement correspondre à de l’indifférence.
5.6. Ouvertures.
Si la charge négative de la modernité est certes pesante, son bilan comporte aussi des aspects
prodigieusement positifs au point de vue de la triple autonomie du vrai, de l’éthique et du
politique. Le 20° siècle est le siècle de la prise de conscience de la finitude de la rationalité, de
la science, de l’homme, du pouvoir. Ce sont des éléments finis, ils ne donnent pas accès à la
totalité de ce qu’ils visent. Tout cela conduit à se questionner sur les limites de la modernité
en chacun des domaines de la triple autonomie.
Introduction.
1.1. Platon.
Platon est un philosophe grec du 5° siècle A.C.N. Il est fasciné par la force des concepts, y
compris par la rigueur mathématique. Selon lui, l’idée a plus de réalité que la matière.
Ex : Si on dit table, l’idée qu’on s’en fait est forcément meilleure que la réalité.
Le concept de triangle équilatéral est plus précis que tout triangle équilatéral réel.
Le feu projette sur le fond de la caverne des ombres. C’est la seule vision du « monde réel »
qu’aient jamais eue les êtres humains, prisonniers de leur sensibilité qui ne leur donne accès
qu’aux ombres du réel, celui-ci étant situé dans les Idées extérieures au sensible.
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Puisque les Idées sont extérieures au sensible, le sensible ne peut donner accès à la
connaissance de l’Idée. La connaissance de l’Idée ne peut venir que d’une préconnaissance
innée de l’Idée.
Platon postule que le semblable ne peut être connu que par le semblable, et donc que l’âme,
qui connaît les Idées, est de la même famille que celles-ci. Comme elle participe au monde
des Idées, l’âme est donc immatérielle et immortelle.
De plus, la thèse de la réminiscence suppose une connaissance des Idées dans une vie
antérieure à l’existence présente. Dès lors, l’âme est éternelle, c’est-à-dire qu’elle n’est pas
liée à un sujet particulier, mais connaît plusieurs « incarnations » successives.
Les thèses anthropologiques platoniciennes se caractérisent par un dualisme extrême où l’âme
immatérielle est enfermée dans un corps matériel. Le corps, participant du monde sensible, est
appelé à disparaître et à être détruit à la mort, tandis que l’âme immortelle retourne à une
participation à la vie des Idées.
1.2. Aristote
Aristote est un philosophe grec du 4° siècle A.C.N. C’est un élève de Platon. Lui aussi fasciné
par les mathématiques, il propose une anthropologie profondément différent de la position
platonicienne.
a) L’hylémorphisme.
Hylémorphisme
Matière Forme
Ex : Le potier qui façonne un pot a en tête un modèle de ce que sera le pot qu’il veut faire.
Platon aurait dit que l’Idée du pot était le réel. Mais pour Aristote, ce modèle du pot n’aura de
réalité que lorsqu’il sera « incarné » dans la matière, en l’occurrence la terre à cuire.
Au concept d’Idée, Aristote préfère celui de forme. Chez Aristote, le réel est la substance,
toujours constituée d’une matière et d’une forme indissociablement unies.
Aristote se réfère au couple matière/forme pour rendre compte des rapports entre l’âme et le
corps. L’âme est la forme, le corps est la matière, et l’être vivant est la substance.
b) La puissance et l’acte.
La matière brute, non marquée par une forme, est une substance en puissance, puisqu’elle
peut recevoir n’importe quelle forme. Le fait de donner une forme à une matière brute est le
passage de la puissance à l’acte.
L’âme, dans le vivant, est à la fois la forme et l’acte. L’âme est la forme d’un corps organisé
ayant la vie en puissance ; le corps est capable d’accomplir les fonctions que réclame la vie,
mais seulement en puissance si l’âme ne le maintient constamment en vie. L’âme est donc un
principe vital qui maintient en vie
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c) Âme et vie.
Âme végétative :
modalité de la vie
présente chez les
végétaux.
Âme sensitive :
vise la vie des
animaux
Âme intellective :
spécifique à
l’homme et liée au
processus en jeu
dans la
connaissance
d) Âme et immortalité.
En première approche conduit à considérer qu’il n’y a pas d’immortalité de l’âme chez
Aristote. En effet, le corps et l’âme sont profondément liés, et lors de la mort, le corps
disparaît en entraînant l’âme avec lui.
Cependant, chez l’homme, l’âme intellective concerne la capacité de connaître, la capacité
d’un accès à une vérité universelle.
L’intellect agent envoie la même chose à tout le monde. Il y a donc une possibilité d’accès à
une vérité universelle. A la mort, l’intellect patient est détruit. Mais certains passages
d’Aristote laissent entendre que, dans la mesure où il donne accès à une connaissance
conceptuelle universelle, l’intellect agent est lui-même transcendant par rapport aux
contraintes corporelles. Mais tout cela reste hypothétique.
a) Contexte intellectuel.
Augustin situe sa réflexion d’emblée dans une perspective néoplatonicienne, qui distingue
l’âme du corps et considère l’âme comme enfermée dans le corps. Pour Augustin, l’âme fait
l’objet d’une création spéciale par Dieu.
Création spéciale
par Dieu.
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Pour Augustin, l’agir humain non éclairé par la grâce de Dieu est pécheur et ne peut rien. Le
corps est le lieu du péché. Par contre, l’âme est le lieu du bien. Grâce à elle, on sera sauvé.
Ainsi, selon Augustin, c’est la grâce qui sauve et la liberté consiste le plus essentiellement à
implorer Dieu pour qu’il prodigue cette grâce. Cela conduit Augustin à une morale austère de
refus de toute jouissance des biens de ce monde.
c) Enjeux culturels.
Ex : Le premier article de la constitution américaine est : « Tout être humain est enfant de
Dieu ».
Thomas d’Aquin est un philosophe du 13° siècle P.C.N., soit environ 900 ans après Augustin.
a) Contexte culturel.
Contrairement à ce qu’on pense souvent, le Moyen Âge n’est pas obscurantiste ! C’est le lieu
d’une activité intellectuelle intense !
C’est au 13° siècle que furent découverts les travaux d’Aristote, par les universités arabes
d’Andalousie.
b) Le concept d’âme.
Thomas d’Aquin intègre les notions de Saint Augustin dans la conception aristotélicienne de
l’âme. Ainsi, pour Thomas d’Aquin, l’âme est au corps ce que la forme est à la matière.
L’âme, c’est la forme, l’organisation de la matière, c’est la vie. À la manière d’Aristote,
Thomas d’Aquin reconnaît 3 types d’âme :
L’âme végétative
L’âme sensitive
L’âme intellective
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L’âme intellective, nous l’avons vu, est le propre de l’homme. Selon Thomas d’Aquin, chaque
âme intellective fait l’objet d’une création spéciale par Dieu.
Thomas d’Aquin est partisan de l’animation tardive de l’embryon. L’embryon humain passe
d’abord par un stade d’âme végétative, puis d’âme sensitive. Au 40ème jour pour les hommes et
au 80ème jour pour les femmes, l’âme intellective (ou âme rationnelle) fait l’objet d’une
création spéciale par Dieu. Seuls les êtres humains sont enfants de Dieu.
À la mort, l’âme intellective, qui est immortelle car elle fait l’objet d’une création spéciale,
rejoint Dieu tandis que le corps est détruit. Mais l’âme intellective, qui est forme, est en
attente d’une matière. En effet, la personne humaine est l’union substantielle de l’âme et du
corps. L’âme, personne incomplète, doit donc retrouver un corps. Thomas d’Aquin voit en
l’eschatologie (le jugement dernier) la restauration des personnes, la restauration de l’union de
l’âme et du corps.
1.5. R. Descartes.
1.6. Conclusion.
Le dualisme platonicien qui caractérise le monde moderne pose de grosses difficultés pour
une conception globale de la personne humaine.
Les médecins et les biologistes perçoivent qu’il y a une relation entre le comportement
humain et la structure corporelle. Prenons comme exemple le cas de la toxoplasmose.
Ce parasite peut être transmis à l’homme en mangeant une salade mal lavée, entre
autres. A priori, rien de bien grave avec ce parasite. Sauf si la personne infectée est une
femme enceinte. Si l’infection survient à un stade primaire du développement
embryonnaire, il y a fausse couche. Par contre, s’il survient à un stade plus tardif, et
particulièrement lors de la mise en place des tissus nerveux, l’enfant peut ne jamais
avoir accès au langage et ne jamais pouvoir se mouvoir. Tout ceci tend à établir que les
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comportements s’inscrivent dans un corps qui n’est pas simple outil, simple réceptacle
d’une conscience intentionnelle.
La psychologie freudienne d’une opacité de la conscience se substitue à l’image
rationaliste d’une conscience transparente à elle-même. Les comportements
s’inscrivent dans l’histoire corporelle de l’individu, dans sa relation à son entourage,
dans sa relation à lui-même à travers son propre corps. La conception platonicienne
d’une âme comme principe abstrait déterminant la personnalité d’un individu ne prend
guère en compte ces déterminations psychologiques et relationnelles.
La sociologie développe une conception de l’être humain déterminé par plusieurs
facteurs : linguistiques, culturels, religieux… Cette détermination est difficilement
conciliable avec le dualisme platonicien, conception de la liberté en terme de tout ou
rien.
Est-il possible de penser l’être humain comme être libre étant donné toutes les déterminations
de son comportement que l’on peut mettre en évidence ?
Emmanuel Kant, dans la Critique de la raison pure, analyse ce qu’il appelle le « troisième
conflit des idées transcendantales ». On sait que les antinomies de la raison pure sont des
conflits que la raison ne parvient pas à résoudre, où la raison touche la limite de ses
possibilités. Rappelons les termes du débat :
Ex : Aller au cours…
On l’a choisit, on n’aurait pu
ne pas y venir.
2 scénarios possibles :
Anti-thèse : Il n’y a pas de liberté, le monde est régit par un déterminisme absolu,
l’enchaînement des causes est inévitable.
Tous les philosophes ne partagent pas cette position kantienne. Spinoza, par exemple, plaide
pour un déterminisme absolu. Mais selon lui, nous ne sommes pas conscients de ces
déterminismes. Ce qui l’amène à définir la liberté comme l’inconscience des déterminismes.
Dès lors, la liberté est un concept fictif. Mais la notion de la responsabilité qui découle de
cette position pose problème. En effet, quelqu’un qui commet un crime est simplement
malade. Il n’a pas pris de décision, car il est régit par un déterminisme absolu.
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Ex : Au chinois, pour manger du riz, avec une baguette ou même deux baguettes isolées, on
ne sait rien faire. Mais en les prenant ensemble, on peut manger le riz.
Réduction
Macroniveau Théorie A Théorie B Microniveau
Explique tout ce
que prédit…
L’objectif d’Edelman est de proposer une anthropologie unitaire, non dualiste, sur la base
d’une analyse du fonctionnement du système nerveux.
Instruction et sélection
Dans une logique d’explication par instruction, la structure finale du système nerveux serait
complètement définie par un programme détaillé qui préciserait l’ensemble des connections à
effectuer.
Mais pour la structure du système nerveux, cela parait impossible : nous avons des milliards
de neurones, avec pour chacun d’eux 10.000 connections intercellulaires. Nous n’avons
certainement pas assez de gènes pour coder tout ça !
Cela amène Edelman à élaborer une logique d’explication par sélection. Dans ce contexte, le
programme ne précise pas la structure fine du système nerveux central : le détail des
connexions synaptiques au niveau du cortex relève d’une autre logique.
Environnement
Sélection
Structure
Programme redondante Structure fine
Le programme définit une structure hypercomplexe redondante, mais c’est l’interaction avec
l’environnement qui va sélectionner les connexions pertinentes au détriment des autres
connexions qui vont dégénérer.
Croissance et élimination
des prolongements
Une première phase strictement génétiquement déterminée conduit à la formation d’une carte
grossière. Une seconde étape conduit à un affinement de la carte et est liée à l’activité des
fibres nerveuses. Les terminaisons nerveuses qui aboutissent à l’endroit désiré se stabilisent,
les autres dégénèrent.
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Sélection à travers
l’expérience
Les connexions stimulées sont stabilisées tandis que les connexions non stimulée vont
dégénérer.
Ex : Si on met un petit chat, à la naissance, dans une pièce où il n’y a que des lignes verticales
pendant 6 mois, lorsque le petit chat sort de cette pièce, il ne voit que des verticales, pas
d’horizontales.
Les différentes cartes vont être reliées par des connexions réciproques de voies rentrantes ou
rentrées, qui vont constituer un réseau très dense et redondant entre les diverses cartes. Ces
voies réentrantes conduisent à ce que la sélection des groupes neuronaux dans une carte
induise la sélection simultanée d’autres groupes dans d’autres cartes. Les circuits les plus
efficaces vont se stabiliser, les autres vont dégénérer.
Chacun a un système nerveux central unique, même des jumeaux ayant le même génome !
mémoire. Mais la capacité de représentation d’un animal est liée au présent. L’animal doté
d’une conscience primaire est en quelque sorte « esclave du présent ». Il vit dans l’instant et
uniquement dans l’instant.
Pour Edelman, le langage articulé, c’est la conscience d’ordre supérieur. Grâce au langage,
l’homme devient capable d’une représentation complètement déconnectée des stimuli de
l’instant présent. L’être humain est conscient d’être conscient.
Conscience primaire et conscience d’ordre supérieur représentent des éléments importants
dans la perspective darwinienne de la sélection naturelle. Le « darwinisme neuronal »
d’Edelman prend une double signification.
Émergence de la conscience au cours du développement ontogénétique de l’individu.
Émergence de la conscience au cours de l’évolution phylogénétique des espèces. La
conscience primaire a donné un avantage aux animaux qui la possédait. Plus encore
pour la conscience d’ordre supérieur.
Edelman affirme la liberté de l’humain. Chaque individu est le produit d’une histoire
spécifique, unique et irréversible. La conscience d’ordre supérieur conduit à une attitude
intentionnelle qui modifie profondément le rapport à l’environnement. La théorie de sélection
des groupes neuronaux, à partir du concept de conscience intentionnelle et de liberté, permet
de penser l’être humain comme acteur de son histoire, acteur de manière partielle, certes, mais
néanmoins efficace. Cette théorie présente des insuffisances dans la prise en compte des
données récentes concernant la plasticité du système nerveux central.
e) Enjeux philosophiques.
2.5. Conclusion.
THE END