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So

de us
Di la
di di
er re
O ct
tt i
in on
ge
r

© Éditions Gallimard / Centre Pompidou, Paris, 2013


www.gallimard.fr www.centrepompidou.fr
So
de us
Di la
di di
er re
O ct
tt i
in on
ge
r

© Éditions Gallimard / Centre Pompidou, Paris, 2013


www.gallimard.fr www.centrepompidou.fr
cheveux, de les caresser. Une innocente cravate
se mue ainsi en objet fétiche ; la chevelure blonde, A
associée à la figure de l’ange dans l’art occidental,
évoque ici le désir interdit. Parent exploite ici
B
la lecture freudienne du fétichisme des cheveux C
(tricophilie), censé symboliser la peur infantile de
la castration. Tirant parti des cours qu’elle suivit D
au musée de l’Homme après son arrivée à Paris,
en 1948, l’artiste renvoie également au rôle rituel E
des cheveux dans la société en associant nature
(cheveux) et culture (vêtements). La chevelure
F
parle du corps vivant, les longues tresses soyeuses
évoquent un corps féminin fécond et désirable ;
G
en même temps, une chevelure coupée et conser­ H
vée comme une relique nous parle de la mort et
du sacré. L’affiche de l’exposition Éros montre I
le surréaliste Jean Benoît, le mari de Parent, arbo­
rant cette cravate : André Breton avait choisi de J
rendre ainsi hommage à celle qu’il considérait
comme l’une des nouvelles forces vives du mou­
K
8
vement. En « interprétant » cet objet, Benoît en L
accroît le potentiel fétichiste et lui confère une
|
dimension transgenre qui n’est pas sans rappe­ M
ler Rrose Sélavy, l’alter ego féminin de Marcel
Duchamp. De plus, la cravate étant fabriquée à N
9
Affiche de l’« Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme », 1959
Collection particulière
partir des cheveux de Mimi Parent elle-même,
cet objet devient l’autoportrait d’une surréaliste
O
soucieuse d’échanger des fantasmes intimes avec P
Affiche de l’« Exposition inteRnatiOnale du son spectateur. A. M.
Surréalisme » (ÉROS), 1959. Mimi Parent Q
conçut Masculin-Féminin (1959) pour La Crypte Allais, Alphonse (1854-1905). Cet écrivain
du fétichisme ; ce mini-reliquaire, formé de vingt et journaliste est considéré comme l’une des R
et une boîtes destinées à abriter des objets sym­ têtes pensantes du « fumisme », l’état d’esprit
boliques créés par les surréalistes, fut exposé qui régnait à Montmartre à la fin du xixe siècle. S
dans une pièce tapissée de velours noir lors de
la « VIIIe Exposition inteRnatiOnale du Surréa­
En 1884, il se désigne lui-même dans le cata­
logue d’exposition des Arts incohérents comme
T
lisme » (ÉROS) à la galerie Daniel Cordier, à Paris « l’élève des maîtres du xxe siècle ». Il est vrai que U
(15 décembre 1959-15 février 1960). Comme son tableau monochrome Récolte de la tomate
l’annonce son titre, Masculin-Féminin opère une par des cardinaux apoplectiques au bord de la mer V
fusion symbolique des deux sexes : sous les revers Rouge (Effet d’aurore boréale) combinant de façon
d’un costume masculin, une chemise blanche est inattendue l’objet-image et les mots du titre anti­ W
ornée d’une cravate en cheveux blonds (ceux de
l’artiste) piquée d’une épingle à tête de perle.
cipe sur l’avenir de l’art. Il est cité en 1938 dans
le Dictionnaire abrégé du surréalisme par André
X
La raideur formelle et bourgeoise du costume Breton, qui avait déjà laissé entendre dans le Y
masculin épouse le corps naturel et amorphe du Second manifeste du surréalisme (1930), à l’occa­
féminin, et le spectateur est tenté de toucher les sion de sa polémique avec Georges Bataille, que Z
cheveux, de les caresser. Une innocente cravate
se mue ainsi en objet fétiche ; la chevelure blonde, A
associée à la figure de l’ange dans l’art occidental,
évoque ici le désir interdit. Parent exploite ici
B
la lecture freudienne du fétichisme des cheveux C
(tricophilie), censé symboliser la peur infantile de
la castration. Tirant parti des cours qu’elle suivit D
au musée de l’Homme après son arrivée à Paris,
en 1948, l’artiste renvoie également au rôle rituel E
des cheveux dans la société en associant nature
(cheveux) et culture (vêtements). La chevelure
F
parle du corps vivant, les longues tresses soyeuses
évoquent un corps féminin fécond et désirable ;
G
en même temps, une chevelure coupée et conser­ H
vée comme une relique nous parle de la mort et
du sacré. L’affiche de l’exposition Éros montre I
le surréaliste Jean Benoît, le mari de Parent, arbo­
rant cette cravate : André Breton avait choisi de J
rendre ainsi hommage à celle qu’il considérait
comme l’une des nouvelles forces vives du mou­
K
8
vement. En « interprétant » cet objet, Benoît en L
accroît le potentiel fétichiste et lui confère une
|
dimension transgenre qui n’est pas sans rappe­ M
ler Rrose Sélavy, l’alter ego féminin de Marcel
Duchamp. De plus, la cravate étant fabriquée à N
9
Affiche de l’« Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme », 1959
Collection particulière
partir des cheveux de Mimi Parent elle-même,
cet objet devient l’autoportrait d’une surréaliste
O
soucieuse d’échanger des fantasmes intimes avec P
Affiche de l’« Exposition inteRnatiOnale du son spectateur. A. M.
Surréalisme » (ÉROS), 1959. Mimi Parent Q
conçut Masculin-Féminin (1959) pour La Crypte Allais, Alphonse (1854-1905). Cet écrivain
du fétichisme ; ce mini-reliquaire, formé de vingt et journaliste est considéré comme l’une des R
et une boîtes destinées à abriter des objets sym­ têtes pensantes du « fumisme », l’état d’esprit
boliques créés par les surréalistes, fut exposé qui régnait à Montmartre à la fin du xixe siècle. S
dans une pièce tapissée de velours noir lors de
la « VIIIe Exposition inteRnatiOnale du Surréa­
En 1884, il se désigne lui-même dans le cata­
logue d’exposition des Arts incohérents comme
T
lisme » (ÉROS) à la galerie Daniel Cordier, à Paris « l’élève des maîtres du xxe siècle ». Il est vrai que U
(15 décembre 1959-15 février 1960). Comme son tableau monochrome Récolte de la tomate
l’annonce son titre, Masculin-Féminin opère une par des cardinaux apoplectiques au bord de la mer V
fusion symbolique des deux sexes : sous les revers Rouge (Effet d’aurore boréale) combinant de façon
d’un costume masculin, une chemise blanche est inattendue l’objet-image et les mots du titre anti­ W
ornée d’une cravate en cheveux blonds (ceux de
l’artiste) piquée d’une épingle à tête de perle.
cipe sur l’avenir de l’art. Il est cité en 1938 dans
le Dictionnaire abrégé du surréalisme par André
X
La raideur formelle et bourgeoise du costume Breton, qui avait déjà laissé entendre dans le Y
masculin épouse le corps naturel et amorphe du Second manifeste du surréalisme (1930), à l’occa­
féminin, et le spectateur est tenté de toucher les sion de sa polémique avec Georges Bataille, que Z
sphères linguistiques, dans la mesure où sa propre en même temps que les loges frontales se sont théoricien prétend substituer l’amour électif et la
conception du ready-made passait par un choix remplies de sédiments. Leur nom est inspiré des reconnaissance à l’aliénation sociale. Ce mouve­ A
d’éléments tels que le couplage langue-objet et
la « lingualisation » de l’objet. A. G.
cornes du bélier d’Ammon.
Les coquilles d’ammonites ont été fossilisées,
ment de libération s’accompagne d’un retour à la
Nature, qui n’exclut en rien la lucidité : « Amour,
B
c’est-à-dire que leur nacre originelle a été rem­ seul amour qui sois, amour charnel, j’adore, je n’ai C
Ammonite (Perisphinctes plicatilis). Ces placée par un minéral, le plus souvent de la calcite, jamais cessé d’adorer ton ombre vénéneuse, ton
deux plaques sont issues d’un seul fossile d’am­ quelquefois de la pyrite. Dans ce dernier cas, on ombre mortelle » (A. Breton, L’Amour fou, 1937). D
monite qui a été scié en deux et poli suivant le parle d’ammonite pyriteuse. Dans quelques spéci­ Dans son Anthologie de l’amour sublime (1956),
plan de symétrie de la coquille, de manière à mon­ mens rarissimes, la texture de la nacre originelle a Benjamin Péret le reconnaîtra comme « seul mythe E
trer la structure interne de cette espèce éteinte
de mollusque céphalopode, lointain cousin
été partiellement conservée. Quand elle est calci­
fiée, une ammonite peut se colorer de différentes
de pure exaltation » de l’humanité. H. B.
F
du nautile actuel. Les ammonites ont colonisé
les océans depuis le dévonien (environ – 400
manières dans chacune des chambres cloisonnées,
formant alors des motifs très diversifiés et enrou­
Analogie. Pour la pensée analogique, une chose
est à la fois elle-même et une autre, voire son
G
millions d’années) et elles disparurent à la fin de lés en spirale, qu’un sciage suivi d’un polissage contraire. Elle est caractéristique de l’enfance, H
l’ère secondaire, pratiquement en même temps peuvent révéler, comme dans cet exemplaire des des peuples premiers, de la magie, des doctrines
que les dinosaures, vers – 65 millions d’années. environs de Trouville en Normandie. Fr. F. ésotériques et de la haute poésie. Le surréalisme I
Depuis le dévonien, elles ont tant évolué qu’elles s’en réclame dès l’origine du mouvement. Bre­
ont généré un nombre impressionnant d’espèces, Amour. Héritiers d’Apollinaire, les surréalistes ton fait remonter à Charles Fourier la formula­ J
très utiles aux paléontologues pour dater certaines
couches sédimentaires.
répètent après lui que « la grande force est le
désir ». Un désir sans limites, comme en témoigne
tion de cette « interprétation hiéroglyphique du
monde, fondée sur l’analogie entre les passions
K
10
Selon les espèces, de nombreuses excroissances le film L’Âge d’or de Buñuel et Dalí en 1930. humaines et les produits des trois règnes de la L
pouvaient exister : elles « décoraient » en quelque De là aussi leur reconnaissance à Sade. Élément nature » (Entretiens), mais il aurait tout aussi bien
|
sorte la coquille et permettaient ainsi l’identifica­ indispensable, l’érotisme n’est pas l’amour, lequel pu se référer aux présocratiques. La réduction M
tion des espèces d’ammonites. Leur taille variait exige partage et réciprocité. Cette conception des oppositions (réel/imaginaire, raison/folie,
Alphonse Allais
de quelques millimètres à presque deux mètres, n’est pas encore exprimée dans le Manifeste du rêve/réalité, etc.) est consubstantielle à la poésie N
11
les contes alogiques, les monologues et les rébus comme en Allemagne ou aux environs du Mans.
en lettres d’Allais provoquaient chez le lecteur Au fur et à mesure de sa croissance, l’animal créait
surréalisme (1924), Breton y note la faiblesse de
l’homme devant l’amour, ajoutant avec superbe :
telle que l’ont pratiquée avant lui Hugo, Ner­
val, Baudelaire (qui s’appuie sur la théorie des
O
une impression de libération beaucoup plus une nouvelle loge qui s’enroulait sur les plus « Puis l’essentiel n’est-il pas que nous soyons nos correspondances formulée par Swedenborg) et P
intense que les écrits de Bataille. anciennes pour former une coquille en spirale. Les maîtres, et les maîtres des femmes, de l’amour, même Rimbaud ou Mallarmé avec son « démon
Il est vrai que, de par sa pratique subversive de la loges abandonnées servaient alors à la flottaison aussi ? » de l’analogie ». Q
langue et le comique immanent qu’il lui assigne, de l’animal tandis que ses tentacules capturaient Ce qui ne signifie pas que l’amour ne soit une D’où la quête d’un point suprême, ce point de
Allais règle son compte à la pensée discursive. sa nourriture. Durant la fossilisation, les loges de préoccupation essentielle et permanente de ces l’esprit « d’où la vie et la mort, le réel et l’ima­ R
Ses histoires, qui se nourrissent à tous les niveaux flottaison ont été tapissées de cristaux de calcite poètes, qui l’expriment tant dans leurs vers qu’au ginaire, le passé et le futur, le communicable et
des phénomènes de la métamorphose et du traves­ théâtre avec Les Mystères de l’amour de Roger l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être S
tissement, inaugurent un monde régi par des lois
inédites, dont l’absurdité, la dérision, l’humour
Vitrac (1924). Au point qu’ils ouvrent en 1929
une « Enquête sur l’amour », considérant que
perçus contradictoirement » désigné dans le
Second manifeste du surréalisme, où s’annulent
T
(noir) et le non-sens seront popularisés plus tard « l’idée d’amour [est] seule capable de réconci­ les oppositions. Ce lieu est mouvant, difficile à U
par Dada et le cinéma burlesque. En s’attaquant lier tout homme, momentanément ou non, avec atteindre (voir René Daumal, Le Mont analogue),
aux systèmes de référence connus, Allais opposait l’idée de vie ». tant il va à l’encontre de nos habitudes rationnelles. V
au sérieux et à la vanité de l’art une logique de Elle avait été précédée d’enquêtes sur la sexualité, Un individu ne saurait s’y établir à demeure. Reste
l’absurde. célèbres par la condamnation des « perversions », à en relever les rares occurrences, par exemple W
Marcel Duchamp, à l’évidence, devait être le pre­
mier à apprécier ce fumiste et cet « incohérent »
de l’homosexualité notamment.
Les surréalistes reconnaissent que l’amour auquel
entre un passage du Second manifeste de Breton et
un article de Desnos sur Abraham Juif, qui « pré­
X
pour ses surprenantes créations réalisées à partir Ammonite (Perisphinctes plicatilis).
ils aspirent ne saurait se développer sans un pro­ sentaient une remarquable analogie ». Le recueil Y
d’amalgames de différents systèmes langagiers Oxfordien, environ – 160 millions d’années. fond bouleversement de la société. La Liberté ou L’Amour fou d’André Breton (1937), l’« Exposi­
et de compressions de syllabes, de mots ou de Paris, Muséum national d’Histoire naturelle l’amour !, déclare Desnos, tandis que leur principal tion internationale du surréalisme » en 1947 et le Z
sphères linguistiques, dans la mesure où sa propre en même temps que les loges frontales se sont théoricien prétend substituer l’amour électif et la
conception du ready-made passait par un choix remplies de sédiments. Leur nom est inspiré des reconnaissance à l’aliénation sociale. Ce mouve­ A
d’éléments tels que le couplage langue-objet et
la « lingualisation » de l’objet. A. G.
cornes du bélier d’Ammon.
Les coquilles d’ammonites ont été fossilisées,
ment de libération s’accompagne d’un retour à la
Nature, qui n’exclut en rien la lucidité : « Amour,
B
c’est-à-dire que leur nacre originelle a été rem­ seul amour qui sois, amour charnel, j’adore, je n’ai C
Ammonite (Perisphinctes plicatilis). Ces placée par un minéral, le plus souvent de la calcite, jamais cessé d’adorer ton ombre vénéneuse, ton
deux plaques sont issues d’un seul fossile d’am­ quelquefois de la pyrite. Dans ce dernier cas, on ombre mortelle » (A. Breton, L’Amour fou, 1937). D
monite qui a été scié en deux et poli suivant le parle d’ammonite pyriteuse. Dans quelques spéci­ Dans son Anthologie de l’amour sublime (1956),
plan de symétrie de la coquille, de manière à mon­ mens rarissimes, la texture de la nacre originelle a Benjamin Péret le reconnaîtra comme « seul mythe E
trer la structure interne de cette espèce éteinte
de mollusque céphalopode, lointain cousin
été partiellement conservée. Quand elle est calci­
fiée, une ammonite peut se colorer de différentes
de pure exaltation » de l’humanité. H. B.
F
du nautile actuel. Les ammonites ont colonisé
les océans depuis le dévonien (environ – 400
manières dans chacune des chambres cloisonnées,
formant alors des motifs très diversifiés et enrou­
Analogie. Pour la pensée analogique, une chose
est à la fois elle-même et une autre, voire son
G
millions d’années) et elles disparurent à la fin de lés en spirale, qu’un sciage suivi d’un polissage contraire. Elle est caractéristique de l’enfance, H
l’ère secondaire, pratiquement en même temps peuvent révéler, comme dans cet exemplaire des des peuples premiers, de la magie, des doctrines
que les dinosaures, vers – 65 millions d’années. environs de Trouville en Normandie. Fr. F. ésotériques et de la haute poésie. Le surréalisme I
Depuis le dévonien, elles ont tant évolué qu’elles s’en réclame dès l’origine du mouvement. Bre­
ont généré un nombre impressionnant d’espèces, Amour. Héritiers d’Apollinaire, les surréalistes ton fait remonter à Charles Fourier la formula­ J
très utiles aux paléontologues pour dater certaines
couches sédimentaires.
répètent après lui que « la grande force est le
désir ». Un désir sans limites, comme en témoigne
tion de cette « interprétation hiéroglyphique du
monde, fondée sur l’analogie entre les passions
K
10
Selon les espèces, de nombreuses excroissances le film L’Âge d’or de Buñuel et Dalí en 1930. humaines et les produits des trois règnes de la L
pouvaient exister : elles « décoraient » en quelque De là aussi leur reconnaissance à Sade. Élément nature » (Entretiens), mais il aurait tout aussi bien
|
sorte la coquille et permettaient ainsi l’identifica­ indispensable, l’érotisme n’est pas l’amour, lequel pu se référer aux présocratiques. La réduction M
tion des espèces d’ammonites. Leur taille variait exige partage et réciprocité. Cette conception des oppositions (réel/imaginaire, raison/folie,
Alphonse Allais
de quelques millimètres à presque deux mètres, n’est pas encore exprimée dans le Manifeste du rêve/réalité, etc.) est consubstantielle à la poésie N
11
les contes alogiques, les monologues et les rébus comme en Allemagne ou aux environs du Mans.
en lettres d’Allais provoquaient chez le lecteur Au fur et à mesure de sa croissance, l’animal créait
surréalisme (1924), Breton y note la faiblesse de
l’homme devant l’amour, ajoutant avec superbe :
telle que l’ont pratiquée avant lui Hugo, Ner­
val, Baudelaire (qui s’appuie sur la théorie des
O
une impression de libération beaucoup plus une nouvelle loge qui s’enroulait sur les plus « Puis l’essentiel n’est-il pas que nous soyons nos correspondances formulée par Swedenborg) et P
intense que les écrits de Bataille. anciennes pour former une coquille en spirale. Les maîtres, et les maîtres des femmes, de l’amour, même Rimbaud ou Mallarmé avec son « démon
Il est vrai que, de par sa pratique subversive de la loges abandonnées servaient alors à la flottaison aussi ? » de l’analogie ». Q
langue et le comique immanent qu’il lui assigne, de l’animal tandis que ses tentacules capturaient Ce qui ne signifie pas que l’amour ne soit une D’où la quête d’un point suprême, ce point de
Allais règle son compte à la pensée discursive. sa nourriture. Durant la fossilisation, les loges de préoccupation essentielle et permanente de ces l’esprit « d’où la vie et la mort, le réel et l’ima­ R
Ses histoires, qui se nourrissent à tous les niveaux flottaison ont été tapissées de cristaux de calcite poètes, qui l’expriment tant dans leurs vers qu’au ginaire, le passé et le futur, le communicable et
des phénomènes de la métamorphose et du traves­ théâtre avec Les Mystères de l’amour de Roger l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être S
tissement, inaugurent un monde régi par des lois
inédites, dont l’absurdité, la dérision, l’humour
Vitrac (1924). Au point qu’ils ouvrent en 1929
une « Enquête sur l’amour », considérant que
perçus contradictoirement » désigné dans le
Second manifeste du surréalisme, où s’annulent
T
(noir) et le non-sens seront popularisés plus tard « l’idée d’amour [est] seule capable de réconci­ les oppositions. Ce lieu est mouvant, difficile à U
par Dada et le cinéma burlesque. En s’attaquant lier tout homme, momentanément ou non, avec atteindre (voir René Daumal, Le Mont analogue),
aux systèmes de référence connus, Allais opposait l’idée de vie ». tant il va à l’encontre de nos habitudes rationnelles. V
au sérieux et à la vanité de l’art une logique de Elle avait été précédée d’enquêtes sur la sexualité, Un individu ne saurait s’y établir à demeure. Reste
l’absurde. célèbres par la condamnation des « perversions », à en relever les rares occurrences, par exemple W
Marcel Duchamp, à l’évidence, devait être le pre­
mier à apprécier ce fumiste et cet « incohérent »
de l’homosexualité notamment.
Les surréalistes reconnaissent que l’amour auquel
entre un passage du Second manifeste de Breton et
un article de Desnos sur Abraham Juif, qui « pré­
X
pour ses surprenantes créations réalisées à partir Ammonite (Perisphinctes plicatilis).
ils aspirent ne saurait se développer sans un pro­ sentaient une remarquable analogie ». Le recueil Y
d’amalgames de différents systèmes langagiers Oxfordien, environ – 160 millions d’années. fond bouleversement de la société. La Liberté ou L’Amour fou d’André Breton (1937), l’« Exposi­
et de compressions de syllabes, de mots ou de Paris, Muséum national d’Histoire naturelle l’amour !, déclare Desnos, tandis que leur principal tion internationale du surréalisme » en 1947 et le Z
jeu collectif L’un dans l’autre réalisent au mieux rappellent les œuvres de Arp et les objets de Miró.
cette quête de l’universelle analogie. L’année 1936 marque le point d’orgue de ce rap­ A
C’est dans la dernière édition du Surréalisme et la
Peinture (1965), à propos de Magritte, que Bre­
prochement de Calder et du surréalisme. Ces
œuvres figurent à New York, dans l’exposition du
B
ton mentionne le philosophe Constantin Brunner Museum of Modern Art, « Fantastic Art, Dada, C
qui, à ses yeux, a su identifier cette « troisième Surrealism », à Londres, dans l’« Exposition inter­
faculté, d’une importance et d’une nécessité fon­ nationale du surréalisme », à Paris, où un de ses D
damentales, à laquelle il donne le nom d’analo- « mobiles » est présenté dans l’« Exposition surréa­
gon », synthèse de la perception rationnelle et de liste d’objets » de la galerie Charles Ratton. Apple E
l’abstraction. H. B. Monster, que Calder conçoit en 1938, se compose
de branches de pommier ramassées aux abords
F
Animal. Si, comme l’affirme le Manifeste de
1924, « la faune surréaliste est inavouable » (mais
de son atelier de Roxbury, près de Boston. Peint
comme le sont les objets de Miró, l’assemblage,
G
elle s’immisce fréquemment dans les poèmes et avec l’humour qui caractérise Calder, fait référence H
les textes), elle n’en reste pas moins montrable : au naturalisme, à la tératologie surréaliste. D. O.
pour représenter le « règne animal » figurent, dans I
l’« Exposition surréaliste d’objets » de 1936, un Appui-nuque. Dans la vallée du Sepik, comme
tamanoir naturalisé et un œuf d’æpyornis. Le dans d’autres régions de Nouvelle-Guinée, la J
premier est pour Breton « l’un des grands qua­
drupèdes dont l’interprétation hiéroglyphique
forme des appuis-nuque connaît de nombreuses
variations. Sous son aspect le plus simple, c’est
K
12
demeure la plus difficile » – ce qui justifie rétros­ un entre-nœud de bambou directement posé sur L
pectivement sa présence sur son ex-libris dessiné le sol et sur lequel on vient appuyer sa nuque.
|
par Dalí vers 1931 ; le second évoque un « oiseau- D’autres sont sculptés dans des billes de bois. Ils M
éléphant » disparu : deux relations possibles avec présentent souvent une iconographie complexe
ce qui, dans l’animal, peut susciter des échos, son faite d’un entrelacs de formes et de motifs. Un N
13
ambivalence et son inscription dans un lointain
(du temps, de l’inconscient). L’animal privilégié
troisième type, probablement le plus répandu,
est celui qui est ci-dessous : une planchette de
O
est moins classiquement « fantastique » que por­ bois sculpté, d’environ 50 centimètres de long, P
teur d’énigme ou d’un sens à élaborer : le Loup- est maintenue détachée du sol par deux pieds de
table de Brauner ou le Téléphone-homard de Dalí, rotin ligaturés à ses extrémités. Q
simultanément, menacent et s’offrent à l’usage. Là encore, les motifs sculptés sur ces planchettes
Cela ne l’empêche pas de se confondre avec celui varient considérablement suivant les régions. R
qui l’adopte – Max Ernst est Loplop, « supérieur Dans le moyen Sepik, d’où provient cet objet,
des oiseaux » –, ou de le préoccuper durablement : il s’agit le plus souvent de figures animales. Ici S
en 1962, le dernier assemblage en bois conçu par
Breton s’intitule Le Grand Tamanoir… G. D.
T
U
Apple Monster (Alexander Calder, 1938).
La rencontre d’Alexander Calder avec Joan Miró V
en 1932 le conduit à élargir son vocabulaire for­
mel à un biomorphisme inspiré du végétal et de W
l’animal. Les gouaches – évocation d’organismes
en croissance ou en mutation – qu’il réalise cette
X
même année témoignent de cette inspiration Appui-nuque. Papouasie-Nouvelle-Guinée, Y
Alexander Calder, Apple Monster, 1938 nouvelle. Un ensemble de sculptures de 1935- première moitié du xxe siècle.
New York, Calder Foundation 1936, assemblant des pièces de bois polies, Paris, musée du quai Branly Z
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Exp IIIe E XIe E
V
Exposition surréaliste. Peintures, dessins, sculptures, objets, collages Exposition surréaliste. A
Peintures, dessins, sculptures, B
C
objets, collages, 1933 D
emmanuel guignon
E
F
L’attention accordée à l’objet en 1933 se manifesta lors renseignements techniques – « dessins », « manuscrits »,
G
d’une exposition qui eut lieu à la galerie Pierre Colle du « bois », « plâtre », « cadavres exquis », « objets usuels » H
7 au 18 juin, « Exposition surréaliste. Peintures, dessins, – et de mots empruntés au titre des œuvres ou aux
sculptures, objets, collages », à laquelle participèrent récentes recherches sur la connaissance irrationnelle I
Arp, Breton, Dalí, Duchamp, Éluard, Marie-Berthe et
Max Ernst, Giacometti, Arthur Harfaux, Maurice Henry,
des objets. « Pharmacie » renvoie au ready-made de
Duchamp présenté à l’exposition, « objets désagréables » J
Georges Hugnet, Marcel Jean, Valentine Hugo, Magritte,
Miró et Picasso. Il s’agissait de la toute première expo-
et « marteaux » à Arp (Tête couverte de trois objets désa-
gréables, Une cloche qui est un marteau). « Cartes géo-
K
66
sition associant la majeure partie des membres du graphiques », « couples de papillons » et « libertins » font L
groupe surréaliste, qu’ils fussent peintres ou poètes – les écho à des œuvres de Max Ernst, « saucisse », « portrait »

|
deux premières, en 1925 à la galerie Pierre et en 1928 et « lunettes » à Man Ray. « Éléments de rêves prophé- M
à la galerie Le Sacre du printemps ayant rassemblé un tiques » est certainement une allusion au poème-objet
N

Paris, galerie Pierre Colle, 7-18 juin 1933


nombre très restreint de participants. On s’achemine proposé par André Breton (Communication relative au

67
vers la formule des expositions internationales du sur-
réalisme construites autour d’un thème central. « Vous
hasard objectif). « Palais » renvoie à Alberto Giacometti,
« mains » à l’objet à fonctionnement symbolique de
O
souvenez-vous encore de cette époque où la peinture Valentine Hugo. « Objets à flairer », « phobies », « sou- P
était considérée comme une fin en soi ? Nous avons venirs intra-utérins », « buste de femme rétrospectif »,
dépassé la période des exercices individuels », peut-on « œuf sur le plat », « cuillers atmosphériques », « pains » Q
lire sur le carton d’invitation : « Il faut visiter l’Exposi- se réfèrent à Salvador Dalí, qui invente également pour
tion surréaliste ». La revue Cahiers d’Art (no 5-6, 1933) en l’exposition une « chaise atmosphérique ». L’indication R
fit un compte rendu : « Les expositions d’ensemble des
surréalistes sont généralement tristes. On est accablé
« objets automatiques et inavouables » concerne peut-
être les « sculptures involontaires » présentées (ano-
S
d’une certaine morbidesse qui met le spectateur mal à
l’aise. Celle qui vient de s’ouvrir à la Galerie Pierre Colle
nymement) par Dalí dans le numéro 3 de Minotaure :
« un enroulement élémentaire obtenu chez un “débile
T
est gaie : si elle ne fait pas penser, elle fait du moins rire. mental” » ; « un numéro d’autobus roulé, trouvé dans U
Ce sont les objets des poètes qui font rire et font regretter la poche de veston d’un bureaucrate moyen » ; « un bil-
leurs poèmes. Ceux des artistes tout en nous amusant let d’autobus roulé “symétriquement”, forme très rare V
font penser, ils mettent l’esprit en mouvement, l’exaltent, d’automatisme morphologique aux gestes évidents de
l’accablent, le font douter et espérer à la fois. N’importe stéréotypie ». On relèvera aussi le titre curieux de l’objet W
laquelle de ces fantaisies répond fatalement à une néces-
sité plastique. Il en est ainsi pour Arp, Dalí, Ernst, Gia-
de Paul Éluard, Objet basé sur la perversion des oreilles,
dont il ne reste aucune trace.
X
cometti, Miró, Tanguy. » La liste des œuvres exposées, Y
telle qu’elle figure sur le carton d’invitation rédigé par Il s’agit avant tout d’une « exposition d’objets surréa-
Tristan Tzara et Max Ernst, est un véritable collage de listes », comme l’écrit René Crevel dans sa présentation Z
Exposition surréaliste. Peintures, dessins, sculptures, objets, collages Exposition surréaliste. A
Peintures, dessins, sculptures, B
C
objets, collages, 1933 D
emmanuel guignon
E
F
L’attention accordée à l’objet en 1933 se manifesta lors renseignements techniques – « dessins », « manuscrits »,
G
d’une exposition qui eut lieu à la galerie Pierre Colle du « bois », « plâtre », « cadavres exquis », « objets usuels » H
7 au 18 juin, « Exposition surréaliste. Peintures, dessins, – et de mots empruntés au titre des œuvres ou aux
sculptures, objets, collages », à laquelle participèrent récentes recherches sur la connaissance irrationnelle I
Arp, Breton, Dalí, Duchamp, Éluard, Marie-Berthe et
Max Ernst, Giacometti, Arthur Harfaux, Maurice Henry,
des objets. « Pharmacie » renvoie au ready-made de
Duchamp présenté à l’exposition, « objets désagréables » J
Georges Hugnet, Marcel Jean, Valentine Hugo, Magritte,
Miró et Picasso. Il s’agissait de la toute première expo-
et « marteaux » à Arp (Tête couverte de trois objets désa-
gréables, Une cloche qui est un marteau). « Cartes géo-
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sition associant la majeure partie des membres du graphiques », « couples de papillons » et « libertins » font L
groupe surréaliste, qu’ils fussent peintres ou poètes – les écho à des œuvres de Max Ernst, « saucisse », « portrait »

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deux premières, en 1925 à la galerie Pierre et en 1928 et « lunettes » à Man Ray. « Éléments de rêves prophé- M
à la galerie Le Sacre du printemps ayant rassemblé un tiques » est certainement une allusion au poème-objet
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Paris, galerie Pierre Colle, 7-18 juin 1933


nombre très restreint de participants. On s’achemine proposé par André Breton (Communication relative au

67
vers la formule des expositions internationales du sur-
réalisme construites autour d’un thème central. « Vous
hasard objectif). « Palais » renvoie à Alberto Giacometti,
« mains » à l’objet à fonctionnement symbolique de
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souvenez-vous encore de cette époque où la peinture Valentine Hugo. « Objets à flairer », « phobies », « sou- P
était considérée comme une fin en soi ? Nous avons venirs intra-utérins », « buste de femme rétrospectif »,
dépassé la période des exercices individuels », peut-on « œuf sur le plat », « cuillers atmosphériques », « pains » Q
lire sur le carton d’invitation : « Il faut visiter l’Exposi- se réfèrent à Salvador Dalí, qui invente également pour
tion surréaliste ». La revue Cahiers d’Art (no 5-6, 1933) en l’exposition une « chaise atmosphérique ». L’indication R
fit un compte rendu : « Les expositions d’ensemble des
surréalistes sont généralement tristes. On est accablé
« objets automatiques et inavouables » concerne peut-
être les « sculptures involontaires » présentées (ano-
S
d’une certaine morbidesse qui met le spectateur mal à
l’aise. Celle qui vient de s’ouvrir à la Galerie Pierre Colle
nymement) par Dalí dans le numéro 3 de Minotaure :
« un enroulement élémentaire obtenu chez un “débile
T
est gaie : si elle ne fait pas penser, elle fait du moins rire. mental” » ; « un numéro d’autobus roulé, trouvé dans U
Ce sont les objets des poètes qui font rire et font regretter la poche de veston d’un bureaucrate moyen » ; « un bil-
leurs poèmes. Ceux des artistes tout en nous amusant let d’autobus roulé “symétriquement”, forme très rare V
font penser, ils mettent l’esprit en mouvement, l’exaltent, d’automatisme morphologique aux gestes évidents de
l’accablent, le font douter et espérer à la fois. N’importe stéréotypie ». On relèvera aussi le titre curieux de l’objet W
laquelle de ces fantaisies répond fatalement à une néces-
sité plastique. Il en est ainsi pour Arp, Dalí, Ernst, Gia-
de Paul Éluard, Objet basé sur la perversion des oreilles,
dont il ne reste aucune trace.
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cometti, Miró, Tanguy. » La liste des œuvres exposées, Y
telle qu’elle figure sur le carton d’invitation rédigé par Il s’agit avant tout d’une « exposition d’objets surréa-
Tristan Tzara et Max Ernst, est un véritable collage de listes », comme l’écrit René Crevel dans sa présentation Z
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Exposition surréaliste. Peintures, dessins, sculptures, objets, collages. Paris, galerie Pierre Colle, 7-18 juin 1933
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Photo Man Ray

Photo Man Ray


N
69 O
pour le magazine Vu : « À l’exposition surréaliste tout ce Documents (n° 2, août 1933) : « Il est merveilleux que son Histoire de la peinture surréaliste, Marcel Jean signaleC’est précisément ce que recherchait le sculpteur : le sen- P
qui d’ordinaire apparaît décoloré par l’asservissement pendant quelques jours des salles n’aient eu pour tout l’existence d’un projet de préface pour le catalogue de timent que ses œuvres étaient venues à l’existence sans
au superficiel, la résignation au réalisme : un pain, une “ameublement” que des objets surréalistes. Objets : ce l’exposition que Dalí aurait envoyé à Breton, commen- les traces d’improvisation de la main, sans les marques de Q
chaise, des épis de maïs, des serviettes de table, un verre, n’est pas trop dire. Comment en effet nommer autrement çant par ces mots : « Vous souvient-il d’un peintre très la spatule ou du ciseau. « Pendant des années, confiait-il
des couteaux, un croûton, des gants tendus sur des mains ces rêves continûment palpables et visibles qui s’aban- sale, qui s’appelait Cézanne ? » Et de poursuivre par un à Georges Charbonnier, les sculptures se présentaient à R
de bois, des dés à jouer, un métronome, un encrier de
bronze reproduisant les personnages stéréotypés de
donnent encore intégralement à l’activité de l’esprit, mais
qui manifestent déjà à son égard une indépendance
éloge de Meissonnier. mon esprit entièrement accomplies. » Ainsi l’exécution
« était presque une corvée. Je devais les voir réalisées, mais
S
L’Angélus de Millet, tout cela s’animait, élaborait des
rêves diurnes, multipliait, précisait, concrétisait les cor-
parfois salutaire ? » L’article de Caillois est accompagné
d’une reproduction d’un objet de Salvador Dalí, Buste de
Le rôle de Dalí est fondamental, tant sur le plan théo- la réalisation elle-même était irritante. Il était essentiel
rique que pratique. Alberto Giacometti participa lui que, l’esquisse ayant été en plâtre, elles soient réalisées
T
respondances que, du jardin de la perception, Baudelaire femme rétrospectif. Perché sur une colonnade au centre aussi activement à cette exposition y présentant L’Heure par un ébéniste pour que je puisse les voir toutes faites, U
entrevit sans leur donner des contenants aux contours de l’exposition, le buste de Dalí porte en collier deux des traces, Mannequin, la Table, Le Palais et divers autres comme une projection ». La Table, créée spécialement,
objectifs. Grâce au surréalisme, il n’y a plus de cloisons épis de maïs au symbolisme « désagréable » évident, objets mentionnés sans titre dans le catalogue. Même occupe une place centrale dans l’exposition. Conçue en V
étanches entre les choses et leurs reflets dans l’homme. d’autant plus qu’ils pendent d’un ruban où est figurée s’il ne s’agit pas de collage à trois dimensions comme plâtre, elle se présente comme une table à la fois haute et
Un pont de mouvantes images fait la navette du sujet la danse dérisoire d’un fantoche masculin. Le front et les objets à fonctionnement symbolique, même si leurs étroite où sont disposés divers objets : une main coupée, W
à l’objet, permet au premier de transformer le second
et vice versa. » Roger Caillois, arrivé depuis peu dans
la bouche sont couverts de fourmis – souvenirs du film
Un chien andalou. Le buste porte en guise de coiffe un
formes sont constituées d’un seul tenant par le sculpteur, une sculpture abstraite en forme de polyèdre, un mortier,
toute l’œuvre surréaliste de Giacometti se rapporte au un pilon et le buste d’une femme dont un voile cache la
X
le groupe, publie un second commentaire, « Le décor pain surmonté à son tour par un bronze kitsch : un petit monde des objets, souvent conçus de façon précaire et moitié droite du visage. Le plateau a la forme d’un tra- Y
surréaliste de la vie (À propos de l’exposition surréa- encrier à deux récipients reproduisant fidèlement les qui demandent parfois à être vus de haut (On ne joue pèze irrégulier soutenu par deux pieds droits de section
liste à la galerie Pierre Colle, à Paris) », dans la revue personnages stéréotypés de L’Angélus de Millet. Dans plus, 1932) ou à être manipulés et disposés librement. carrée et deux autres tournés : l’un en forme de double Z
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Exposition surréaliste. Peintures, dessins, sculptures, objets, collages. Paris, galerie Pierre Colle, 7-18 juin 1933
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pour le magazine Vu : « À l’exposition surréaliste tout ce Documents (n° 2, août 1933) : « Il est merveilleux que son Histoire de la peinture surréaliste, Marcel Jean signaleC’est précisément ce que recherchait le sculpteur : le sen- P
qui d’ordinaire apparaît décoloré par l’asservissement pendant quelques jours des salles n’aient eu pour tout l’existence d’un projet de préface pour le catalogue de timent que ses œuvres étaient venues à l’existence sans
au superficiel, la résignation au réalisme : un pain, une “ameublement” que des objets surréalistes. Objets : ce l’exposition que Dalí aurait envoyé à Breton, commen- les traces d’improvisation de la main, sans les marques de Q
chaise, des épis de maïs, des serviettes de table, un verre, n’est pas trop dire. Comment en effet nommer autrement çant par ces mots : « Vous souvient-il d’un peintre très la spatule ou du ciseau. « Pendant des années, confiait-il
des couteaux, un croûton, des gants tendus sur des mains ces rêves continûment palpables et visibles qui s’aban- sale, qui s’appelait Cézanne ? » Et de poursuivre par un à Georges Charbonnier, les sculptures se présentaient à R
de bois, des dés à jouer, un métronome, un encrier de
bronze reproduisant les personnages stéréotypés de
donnent encore intégralement à l’activité de l’esprit, mais
qui manifestent déjà à son égard une indépendance
éloge de Meissonnier. mon esprit entièrement accomplies. » Ainsi l’exécution
« était presque une corvée. Je devais les voir réalisées, mais
S
L’Angélus de Millet, tout cela s’animait, élaborait des
rêves diurnes, multipliait, précisait, concrétisait les cor-
parfois salutaire ? » L’article de Caillois est accompagné
d’une reproduction d’un objet de Salvador Dalí, Buste de
Le rôle de Dalí est fondamental, tant sur le plan théo- la réalisation elle-même était irritante. Il était essentiel
rique que pratique. Alberto Giacometti participa lui que, l’esquisse ayant été en plâtre, elles soient réalisées
T
respondances que, du jardin de la perception, Baudelaire femme rétrospectif. Perché sur une colonnade au centre aussi activement à cette exposition y présentant L’Heure par un ébéniste pour que je puisse les voir toutes faites, U
entrevit sans leur donner des contenants aux contours de l’exposition, le buste de Dalí porte en collier deux des traces, Mannequin, la Table, Le Palais et divers autres comme une projection ». La Table, créée spécialement,
objectifs. Grâce au surréalisme, il n’y a plus de cloisons épis de maïs au symbolisme « désagréable » évident, objets mentionnés sans titre dans le catalogue. Même occupe une place centrale dans l’exposition. Conçue en V
étanches entre les choses et leurs reflets dans l’homme. d’autant plus qu’ils pendent d’un ruban où est figurée s’il ne s’agit pas de collage à trois dimensions comme plâtre, elle se présente comme une table à la fois haute et
Un pont de mouvantes images fait la navette du sujet la danse dérisoire d’un fantoche masculin. Le front et les objets à fonctionnement symbolique, même si leurs étroite où sont disposés divers objets : une main coupée, W
à l’objet, permet au premier de transformer le second
et vice versa. » Roger Caillois, arrivé depuis peu dans
la bouche sont couverts de fourmis – souvenirs du film
Un chien andalou. Le buste porte en guise de coiffe un
formes sont constituées d’un seul tenant par le sculpteur, une sculpture abstraite en forme de polyèdre, un mortier,
toute l’œuvre surréaliste de Giacometti se rapporte au un pilon et le buste d’une femme dont un voile cache la
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le groupe, publie un second commentaire, « Le décor pain surmonté à son tour par un bronze kitsch : un petit monde des objets, souvent conçus de façon précaire et moitié droite du visage. Le plateau a la forme d’un tra- Y
surréaliste de la vie (À propos de l’exposition surréa- encrier à deux récipients reproduisant fidèlement les qui demandent parfois à être vus de haut (On ne joue pèze irrégulier soutenu par deux pieds droits de section
liste à la galerie Pierre Colle, à Paris) », dans la revue personnages stéréotypés de L’Angélus de Millet. Dans plus, 1932) ou à être manipulés et disposés librement. carrée et deux autres tournés : l’un en forme de double Z

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