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duDemain, le photojournalisme
Bulb - juillet 2010
Cadre
2
“
The death of journalism is bad for society, but we’ll be better off with
less photojournalism. I won’t miss the self-important, self-congratulatory,
hypocritical part of photojournalism at all. The industry has been a fraud
for some time. We created an industry where photography is like big-
game hunting. We created an industry of contests that reinforce a hyper-
dramatic view of the world. Hyperbole is what makes the double spread
(sells) and is also the picture that wins the contest. We end up with car-
toons and concerned photographer myths (disclaimer: yes, there are
photographers doing meaningful work)
Of course I am worried about how I will make my living now, and I wor-
ry for my friends and colleagues too, but I don’t really care about the fu-
ture of photojournalism. The soul of it has been rotten for a while.
sommaire
p .4 Introduction p .25 Tous Editeurs
PARTIE I p .27 Monetisation
p .7 La Crise du Support ANNEXES
p .14 Photojournalisme p .32-54 Sortir du Cadre 2009-2010
p .17 Articulation du Modele p .55 Schema
PARTIE II p .56 Bio
p .20 Introduction
p .21 Product & Process
p .23 Cross & Trans Media N.B: Cliquez sur le Menu pour vous rendre à la page souhaitée
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2010
Sera probablement l’année durant laquelle la presse
papier aura définitivement basculé, celle où le besoin
d’innovation aura été le plus grand et ou les débats
auront été les plus for ts autour des questions liées au
modèle économique et la menace de son obsolescence.
Jamais la presse n’aura autant souffer t, jamais les photojournalistes n’auront eu autant de
difficultés à financer leurs projets et à témoigner. Jamais les gens d’image ne se seront bat-
tus sur autant de fronts, perdu autant d’énergie et de moyens à tenter de sauver leur peau.
Présent, au cœur des innovations technologiques, tiraille entre traditionalisme, corporatisme
et modernisme. Le photojournalisme, à peine adolescent, rêve de se réinventer et cherche
encore son chemin.
Depuis Enrich Salomon, le sens de notre profession n’a guère changé. Les héritiers du photo-
journalisme que nous sommes, influences par la force des témoignages d’époques désormais
lointaines, continuent de perpétuer cette ar t de vivre et d’être humain. Témoigner de l’état
de notre monde.
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Ce témoignage visuel avait encore, il y a peu, sa place dans les pages des magazines ou des
quotidiens, sur les cimaises des galeries. Il appar tient désormais au monde numérique.
Cette formidable oppor tunité de développer nos histoires au-delà du simple médium en
deux dimensions doit nous inciter à maitriser les nouveaux outils du net, à en chercher les
débouchés et les oppor tunités, à changer le paradigme de la presse et tenter de nouvelles
approches.
Ce mouvement de recherche et d’innovation, initié par cer tains des plus en vue dans notre
industrie, doit se transformer en un élan général ou chacun d’entre nous doit pouvoir jouer
son rôle et contribuer activement. Le modèle traditionnel est sur le point de mourir et avec
lui disparaitront ceux d’entre nous qui n’auront pas eu le courage de réfléchir et d’agir pour
changer le status quo dans lequel le photojournalisme se complet depuis trop longtemps.
Cet effor t de renouvellement ne doit pas être considéré comme un rejet du passé, de ses
valeurs ni de son héritage. Au contraire, ce doit être un acte militant de préservation d’un
métier qui a produit parmi les plus grandes et plus belles images de notre histoire et continue
d’éclairer le monde, à sa manière, sur ses dérives et ses plus beaux moments.
G.H
juillet 2010
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partie i
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Si l’on observe les chiffres, ce sont les deux tiers des pays de l’OCDE qui voient fondre
leur audience significativement. Spécialement chez les jeunes dont on constate qu’ils
accordent moins d’intérêt à la presse écrite que les 35ans et plus. En France se sont près
de 42% des lecteurs qui ont plus de 50ans (chiffres de 2008).
La croissance de l’ensemble du marché de la presse quotidienne a d’ailleurs ralenti à
par tir de 2004 pour stagner en 2007 et par tir à la baisse en 2008 et 2009 sur tous
les segments de la P.Q à la P.Q.R, touchant avec virulence les Quotidiens Nationaux
Généralistes et les Locaux. Que ce soit aux Etats Unis, en France, en Italie en Grèce ou
en Espagne.
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• En France des facteurs structurels – manque de capitaux, couts exorbitants
de l’impression et de la distribution (du fait du quasi-monopole des NMPP et de la
faiblesse du por tage prive), revenus publicitaire faibles – ont plombes le secteur de la
presse quotidienne dont les ventes ont commencé à décliner dès les années 60. Une
baisse de consommation confirmée lorsqu’on considère la par t de la presse dans le
budget annuel des foyers français qui est passe loin derrière la téléphonie mobile et
internet ces dernières années. De récentes études montrent en outre que le déclin des
ventes au numéro s’accélère entre 2006 et 2007, pour reculer de -2.3% en 2008 par
rappor t à l’année précédente et -16% depuis 2000. Les plus durement touchés sont les
titres nationaux avec une baisse de 4% des ventes, et des revenus tirés des petites an-
nonces composes seulement à hauteur de 6% (contre 26% en 1990). Le Monde récem-
ment repris par le trio Bergé-Pigasse-Niel a par ticulièrement souffer t de cette baisse
de revenus constants et devient le premier quotidien National de référence à friser le
dépôt de bilan. Ces chiffres sont à mettre en balance avec les relatives bonnes perfor-
mances des quotidiens régionaux et locaux – qui résistent mieux que leur homologues
Européens – et ne reculent que de 1.2% en 2008.
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• Aux Etats Unis : Le lectorat est en déclin constant dans tous les secteurs de la
population. Les chiffres sont éloquents, en 1960, près de 81% des Américains lisaient
quotidiennement la presse. En 2008, ceux qui avouaient encore lire les news (papier
et internet confondu) ne représentaient que 30% de la population après une chute de
8% entre 2006 et 2008.
Per te de lectorat, mais également désintérêt des lecteurs puisqu’un Américain passe
moins de 165 heures/an (-20heures /an) à lire la presse, ce qui en comparaison des
heures passées à regarder la TV (1022 heures/an – environ 2.8 par jour) ne représente
quasiment rien. Cote revenus, la pub qui constitue 80% des revenus des journaux à
recule de près de 28% et de près de 12% sur le web ces deux dernières années. Ce
sont plus de 10 milliards de manque à gagner pour les éditeurs qui se sont retrouvés
confrontes à l’une des plus graves crises de leur histoire et a conduit des quotidiens –
pour tant primés et par ticulièrement dynamiques comme le Rocky Mountain News – à
fermer leurs por tes.
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Les raisons de cette crise, Clay Shirky, professeur à la New York University, en fait
l’analyse. Selon lui, la principale raison tient de l’émergence d’internet, non pas en tant
que concurrent direct de la presse, mais comme plateforme d’échange mondial. La
révolution qu’a appor té le réseau tient dans sa capacité à connecter les individus et à
faciliter la transmission d’information.
Ce qui était jadis la chasse gardée d’un groupe de privilégiés ne l’est désormais plus.
L’information appar tient à tout le monde et la presse écrite n’a plus le monopole
de la diffusion de cette information. Les conditions qui avaient créé, soutenu et fi-
nancé l’essor t de la presse au 19eme et 20eme siècle sont en train de se déliter, de la
même façon que l’ère industrielle cède sa place à l’ère post industrielle, les modèles
“
économiques précédent ne s’appliquent plus à l’environnement présent.
“…it was an accident. There was a set of forces that made that
possible. And they weren’t deep truths — the commercial success
of newspapers and their linking of that to accountability journalism
wasn’t a deep truth about reality. “
Best Buy was not willing to support the Baghdad bureau because
Best Buy cared about news from Baghdad. They just didn’t have
any other good choices. »
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La combinaison de ces deux principaux facteurs – per te massive des revenus tradition-
nels et apparition de nouveaux outils de propagation de l’information – ont contribué
à la périclitation des modèles économiques contemporains. Pour autant, de nouveaux
modèles ne sont pas apparus pour remplacer ceux que l’on sait désormais obsolètes.
Bien au contraire.
Comme un lapin pris dans les phares d’une voiture, fige par la peur, les éditeurs n’ont
pas su anticiper la mutation. En dépit des analyses réalisées depuis près d’une dizaine
d’années, condamnant la presse écrite à la mutation ou à la mor t, aucune réaction n’a
été planifiée. Aujourd’hui ceux d’entre eux qui se décident enfin à prendre le tournant
le font avec retard et lenteur, incrédules face à l’ampleur du bouleversement auquel ils
sont confrontés.
Preuve en est l’initiative de Rupper t Murdoch de créer un mur payant pour l’ensemble
de ses publications sur le net - prise seulement en 2009, pas encore mise en place à ce
jour - et les annonces du NYT et d’autres quotidiens d’impor tance de suivre le mouve-
ment, plusieurs mois après Murdoch.
Face à un monde digital régit par les conjectures de Moore, le monde du papier traine
à prendre les décisions indispensables à la transition numérique et perd chaque jour
l’oppor tunité de sauver une fraction de ce qu’il est aujourd’hui. Shirky declare claire-
“
ment :
Hors, même s’il est peu probable qu’Internet demeure complètement gratuit et pour-
suive son évolution selon le même schéma qu’aujourd’hui, il est tout à fait crédible
d’imaginer une situation hybride ou le gratuit et le payant se côtoieront dans un éco-
système radicalement plus dynamique et compétitif ou l’information ne sera guère plus
la propriété de qui que ce soit mais un produit brut que chacun raffinera plus ou moins
bien, plus ou moins gratuitement.
Des lors, il convient d’ores et déjà aux différents acteurs de trouver les canaux de
monétisation qui lui permettront de subsister. Car les internautes continueront de pré-
férer le contenu gratuit au payant sur tout si ce dernier n’appor te rien de fondamen-
talement diffèrent en regard du contenu gratuit. Sans le contenu adéquat permettant
d’attirer un lectorat peut plus restreint mais prêt à payer pour une information inédite,
une analyse exclusive, un contenu réserve.
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Cette période de recherche et d’expérimentation risque de se prolonger d’autant
plus que les moyens intellectuels et financiers dédiés à la recherche de ces nouvelles
stratégies de financement sont faibles ou retardes par conservatisme, idéologie ou
aveuglement.
A ce titre, si le réveil de la presse papier se fait tardivement – mais après tout, mieux
vaut tard que jamais - on peut constater que le réveil du monde de la photographie
et en par ticulier du photojournalisme est loin d’être entame, si ce n’est par quelques
expérimentations encore bien timides ici et là par des acteurs dont l’énergie sera bien
insuffisante pour entrainer le reste de la troupe.
D’une par t le marché Américain ne comptait que très peu d’agences – la principale
étant AP – et une légion de photographe staffer travaillant pour le compte de presti-
gieux magazines (Life & Look) ou quotidiens (New York Daily News) qui fournissaient
leur publication en matériel.
D’autre par t le marché Européen, qui, stimulé par la création de Magnum en 45, re-
posait sur un écosystème plus complexe d’agences (Magnum, Sipa, Sygma, Gamma
etc…) et bien sûr un lot de photographes staffer – mais en moins grand nombre –tra-
vaillant pour diverses publications (Paris Match, Stern, le Berliner Illustrier te Zeitung ou
le Daily Mirror).
A par tir des années 70 et jusqu’à la fin des années 80, les agences Européennes idéale-
ment placées, dynamiques et puissantes, ont réussi à expor ter leur modèle économique
outre atlantique et imposer une méthode de vente largement fonde sur la négociation
au cas par cas, l’exclusivité, l’exceptionnalité de l’image (Rights Managed).
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Mais avec l’arrivée d’internet et du digital, le monde de la photo, jusque là très ar ti-
sanal, s’est ouver t de façon spectaculaire et la position dominante des agences tradi-
tionnelles françaises fut remise en question. Cet ar tisanat nécessitait un travail large-
ment manuel, base sur le relationnel. Peu évolutive, difficilement automatisable, la
vente d’image s’affranchissait avec internet d’un mur contre lequel les commerciaux
butaient depuis des années. Tout d’un coup la vente devenait automatique, supprimait
l’intervention de tiers, permettait l’instantanéité des échanges, une image produite le
jour même pouvait être téléchargée a l’autre bout du monde sans aucun problème.
Des lors, avec l’apparition de Corbis, puis de Getty, de la myriade d’agence de Micros-
tock et de la globalisation du marché, les deux modèles commerciaux ont commencé
à s’affronter dans une bataille tarifaire qui – aujourd’hui nous le savons – fut rempor té
par les Goliaths de l’industrie au détriment des plus petits.
Apres presque deux décennies d’existence ce modèle base sur un gigantisme incon-
trôlable et la recherche de profits maximisée, touche à ses propres limites. La presse
dans son ensemble subit la plus grave crise organique qu’elle ait connue depuis plus
d’un siècle et demi et les agences photos – quelle que soient leur taille – subissent de
plein fouet cette crise.
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Les études de Jarvis et Shirky montrent que la disparition des principales sources de
revenu de la presse papier (petites annonces et publicité) va forcer ces entités quasi
séculaires, devenues au fil du temps de véritables colosses à de véritables prouesses
économiques pour espérer survivre au cataclysme structurel qui les secoue.
Pour autant, malgré ces effor ts, les deux professeurs de la NYU prédisent des fins dif-
ficiles mais inévitables pour bon nombre d’éditeurs qui ne pourront rétrécir la taille de
leurs entreprises pour les adapter au contexte digital.
Avant d’aborder les oppor tunités nouvelle de monétisation qui s’ouvrent aux différents
acteurs de l’industrie photo, il convient de regarder concrètement comment s’ar ticule
le marché actuel. Les photographe et les agences ont aujourd’hui essentiellement un
rôle de fournisseur de contenu en gros, cédant pour un prix déterminé a l’avance ou
négocié une licence d’exploitation a un éditeur ou un client qui publiera sur un sup-
por t donne la photo dont les droits ont été cédés. Dans le cas des droits gérés (RM)
trois critères régissent la détermination d’un prix : la nature du media de destination,
l’espace occupe dans le media et l’audience de ce media.
Si ces critères ont longtemps eu un sens, ils ne répondent désormais plus à la réalité
de la production. A l’ère analogique (pre 90), les publications étaient contraintes par
l’espace qu’offrait la pagination des magazines et des journaux – fini, limité par le
nombre de page - et l’audience restreinte – géographique et sociologique - qu’ils at-
C – Articulation du Modèle teignaient. Ces limitations se sont évaporées avec l’arrivée du numérique et Internet,
dont les contraintes techniques infiniment plus souple ont créé une sor te de puits sans
fond, dans lequel les limites d’espace et d’audience n’ont de plus de sens.
La valeur ajoutée a une image induite par des travaux de longue haleine, documentes
ou bénéficiant d’une démarche intellectuelle originale, ne débouche pas sur une valori-
sation monétaire des travaux. Tout le monde est égal et vois ces images publiées aux
même tarifs, lesquels diminuent d’année en année sous la pression d’une inflation de
contenus.
partie ii
20
Ce que l’on qualifie de photojournalisme est en fait une expression détournée de son
sens étymologique premier. On assimile ainsi le photojournalisme avec la photogra-
phie, l’objet en deux dimensions couleur ou noir et blanc sur lequel une image a été
fixée, et pas avec le processus d’écriture (photos graphos) qui consiste à utiliser la lu-
mière pour former un message visuel et en l’occurrence créer une information.
Cette économie du process implique que nous inventions les outils d’évaluation de la
valeur intellectuelle fournie à travers l’objet « repor tage » et que nous les ar ticulions
autour de nouveaux critères pour en déterminer une valeur monétaire. A savoir :
Crédibilité et autorité, Ethique et responsabilité, Engagement et Qualité.
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Cette migration du product vers le process, essentielle, déclenche à elle seule une série
de réajustements impor tants notamment lorsqu’on considère la façon de commer-
cialiser nos productions.
23
“
ern California, un des plus en pointe en termes de TransMedia story telling explique :
Alors en quoi Cross Media et Trans Media sont-ils différents ? Les deux stratégies repo-
sent sur des distributions multi plateformes. Les deux utilisent Internet comme espace
d’engagement central.
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“
(Nieman Repor ts spring 2010) introduit son exposé par cette phrase:
Le concept n’est pas récent puisqu’il voit le jour il y a près de 5 ans, avec l’apparition
d’un nouveau genre d’agences Paparazzi sur la côte Ouest des Etats Unis - X17 et
Splash News entre autres - qui ont compris très tôt dans leur développement l’intérêt
C – Tous Editeurs de créer des blogs « magazines ». Bien que le format soit encore très proche du blog
classique, on s’aperçoit que chacun d’entre eux fait une utilisation extensive de son
contenu exclusif et développe tout autour une stratégie TransMedia (photo, vidéo,
mobile, print).
D’essai photographique, l’histoire visuelle dont le web magazine reste le point nodal
ou convergent liens, commentaires et références, se transforme en un nouvel objet que
Fred Ritchin qualifie alors de « new Visual Journalism ». C’est en somme l’expérience
que tente actuellement l’agence VII, et dans une moindre mesure Vu’ et Magnum avec
son « Magnum in Motion » ou les travaux photo et vidéos sont mis en valeur et places
dans un contexte Magazine.
La question en suspens demeure évidemment celle des débouchés qui restent liées à
une revitalisation de la presse online et offline, au dynamisme des annonceurs et donc
à la reprise d’activité de l’économie en général. Mais là encore les voies de monéti-
sation pour la photo, si elles ne sont guère évidentes, existent et méritent d’être ex-
plorées plus avant.
La publicité constitue encore pour un cer tain temps le moyen de financement prédomi-
nant sur le net. C’est donc sur les modelés publicitaires que nous devons nous pencher
et les oppor tunités nouvelles d’implémentation facilitent par la technologie que nous
devons exploiter.
La récente apparition d’outils viraux tels que Embedar ticle.com permet notamment
de reconsidérer la relation que l’internaute entretient avec l’image, en évitant le piège
D - Monétisation du Creative Common, tout en préservant la liber té de reproduction et en assurant la
viabilité de la création. Le système, en l’occurrence un code JavaScript permettant la
transmission d’un objet « embed », autorise le financement par Google Adsense ou
toute autre solution via l’affichage d’un pop-up sur l’image embarquée. Outre que
ce code permet la propagation virale d’une image sur n’impor te quelle plateforme
net, sans qu’en réalité aucune image ne soit physiquement copiée, elle attenue égale-
ment les risques de vol et de reproduction illicite, en proposant une forme de licence
à l’internaute. Rien n’interdit d’imaginer l’apparition d’outils plus évolues, continuant
d’exploiter un mécanisme similaire, mais aux options étendues notamment sur le plan
du social networking et de la recommandation.
Le financement des magazines web d’agence, lui se rapproche des méthodes clas-
siques de monétisation à travers notamment le placement de publicité ciblée proche
du contenu et du lectorat. Mais pas seulement.
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Par ailleurs, sur le plan de la syndication pure du contenu, et pour reprendre les notions
évoquées plus haut consistant à polariser l’ensemble de l’effor t commercial autour du
Process pour abandonner le Product, il s’agit de considérer l’application d’un tel sys-
tème à l’économie réelle.
Pour commencer, il est impor tant de regarder si d’ores et déjà les mécanismes
d’évaluation de valeur existent dans d’autres secteurs que celui de la presse. Com-
ment evalue t on la valeur intangible d’un bien. Plusieurs structures similaires dans leur
philosophie cohabitent dans des secteurs bien souvent opposes.
• Le marché de l’Ar t fait appel un système de « cote » qui s’est progressivement imposé
pour évaluer la valeur des ar tistes présents sur le marché. Ces « cotes », évaluées par
un réseau d’exper ts et d’observateurs permettent d’évaluer la valeur des créations
en fonction de la qualité du travail, de la disponibilité sur le marché et de la demande.
29
• L’autre grand système d’évaluation de la valeur prend forme dans le secteur finan-
cier ou les agences de cotation définissent la valeur des entreprises en fonction de
critères économiques purs mais pas seulement puisqu’interviennent également des
analyses prospectives de développement qui permettent à la fois de déterminer la
valeur immédiate et le potentiel d’une entreprise.
Imaginer un système hybride d’agence de cotation photo qui intègrerait en son sein,
les différents secteurs occupés par le marché de la photo, reposant sur un ensemble
d’exper t mondial repar tis par bureau disséminés par tout dans le monde, aurait un
effet extrêmement positif sur l’ensemble du secteur.
Tout d’abord pour les photographes et les agences elles-mêmes. La pression quali-
tative exercée pousserait à abandonner la course au volume pour se réorienter sur
l’originalité et la per tinence des sujets.
Hormis pour un cer tain nombre d’exclusivités – toujours directement négociées par les
agences ou les photographes - les sujets seraient évalués en dépit du suppor t auquel
ils seraient adressés et échapperaient définitivement aux contraintes mentionnées plus
haut. La revalorisation du contenu remettrait en avant ce qui fait – toujours – la dif-
férence sur le terrain à savoir l’habileté du photographe à combiner maitrise technique
et sagacité intellectuelle.
On peut d’ailleurs sans mal imaginer que cer taines structures liées au monde de l’ar t
puisse diversifier leurs opérations en intégrant ce système, ou dans un sens contraire,
élargir le marché de l’ar t (ce qui est moins probable puisque ce marche repose sur
l’exception le luxe et la très haute valeur ajoutée) a ce nouveau marche de
« cotation » photo.
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ANnEXES
Sortir du Cadre 2009 - 2010
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L'information contenue dans cette interview, complète l'enquête ou dans vos images, une profondeur jamais atteinte dans vos histoires,
le repor tage, même si le son n'est pas utilisé dans le produit final, le une atmosphère qui ne peux se traduire par le texte. Lors de votre interview, ne répondez pas à votre interlocuteur, hochez
texte pourra être utilisé comme base rédactionnelle. la tête, souriez, la personne comprendra que vous êtes à l'écoute mais
Enfin, dans le récit linéaire - sur lequel sont basés les productions votre bande son restera vierge des "uhmuhm" génants au montage.
multimédias - le son fournit le fil rouge de l'histoire et permet de relier
Apprenez à interviewer. Préparez vos questions, mais ne soyez pas collé à elles, sachez écouter
les séquences entre elles. Le son crée le sens de lecture, introduit le l'interview, anticipez les réponses. Attention aux questions fermées,
Voici quelques petits trucs que j'ai tiré de mes expériences radiopho-
témoignage dans l'image (fondu sonore à l'entrée). vous éviterez:" depuis combien de temps êtes vous conducteur routier
niques.
De l'invisible à l'interlocuteur. (réponse: deux ans)" mais préférerez: "dites moi depuis combien de
Imaginez que vous faites un por trait, un por trait sonore.
La capture du son impose au photographe d'apprendre un au- temps et pourquoi êtes vous devenus routier (réponse: je suis routier
Pour qu'un por trait soit bon il faut que le trait du dessinateur soit sur.
tre rythme de travail, un autre tempo et passer de l'invisible à depuis deux ans parce que je me sentais libre au volant de mon ca-
En radio, il faut que la voix soit bonne, bien enregistrée, et donc que
l'interlocuteur. mion)".
l'interview soit réalisée dans un endroit calme, le plus calme possible.
Prenez le temps de cette interview, laissez vous guider par les répons-
Le temps photographique s'apparente à un jeu de caméléon, le pho- es que vous obtenez, utilisez pleinement le temps dont vous dispo-
A l'intérieur, pensez à regarder votre environnement avant de cher-
tographe cherchant à disparaitre dans les rideaux ou sous le tapis sez. Laissez les blancs s'installer, la plupar t des gens sont mal à l'aise
cher ou poser votre micro. Cherchez les matières chaudes,tirez les
pour capturer - sans le modifier ni l'influencer - le moment décisif cher dans ces espaces de vide et ont tendance à remplir naturellement les
rideaux,placez vous sur un tapis,profitez des canapés, collez vous
à Car tier-Bresson. C'est un temps de recherche et de composition ou blancs en complétant leurs propos, en argumentant ou en reprenant
contre les boiseries,es bibliothèques... ces éléments offrent une absorp-
le dialogue est faible voire absent et ou l'individu s'efface, ou la rela- leur réponse sous un angle différent. C'est une phase impor tante de
tion sonore impor tante, étouffent les bruits parasites et assurent une
tion se réduit au minimum. l'interview puisque que c'est là que vous pouvez obtenir le petit plus
meilleure qualité d'enregistrement. A l'extérieur, éloignez vous des
La prise de son au contraire suggère une tout autre attitude. Pour qui fait la différence. Passez trop vite à la question suivante, et cet
routes, des groupes de personnes, préférez vous réfugier dans une voi-
enrichir votre histoire, vous allez devoir vous asseoir, prendre le temps espace de liber té s'évanouira, empor tant avec lui des informations
ture (vitre fermées) pour y conduire votre entretient au calme. Fuyez
de discuter avec la personne que vous venez de photographier, passer précieuses pour la suite de votre projet.
les halls et toutes les architectures voutées, trop minérales, qui véhicu-
de l'invisible à l'interlocuteur. C'est la personne que vous avez pho-
lent les sons facilement. Ecoutez votre environnement, attention aux
tographiée qui va raconter avec sa voix, sa propre histoire, et à vous Enfin, terminez toujours en demandant "s'il y a quelque chose à ra-
postes TV, aux frigos bruyants, aux voisins en plein travaux. La qualité
de poser les questions, d'être engageant, réactif, de créer le lien, cette jouter". La plupar t des gens se tiennent aux questions posées et se
du son doit être irréprochable car c'est sur la bande son de votre pro-
alchimie qui construit la confiance et mène à la confidence. freinent dans leur envie de développer des points ou de répondre à
duction que le second sens le plus sollicité par vos lecteur (l'ouie) sera
des questions que vous n'auriez pas posé. En offrant cette oppor tu-
complètement focalisé.
Enregistrer ces interviews, capturer ces sons amène à une meilleure nité, vous permettez à votre interlocuteur de compléter librement son
Ne placez pas votre micro trop loin de la bouche de votre interlocu-
compréhension du sujet, c'est la par t de journaliste qui reprend le des- interview, de donner son point de vue, de rebondir sur une question
teur pour éviter les bruits d'ambiance parasites, pas trop près non plus
sus sur la par t du "plasticien-créateur". Réaliser une bonne interview ou donner un anecdote pas encore dévoilée.
pour ne pas enregistrer les "pchi" ou les "pfff".
c'est obtenir plus d'informations qui serviront à rédiger des légendes
Apprenez à différencier le son d'ambiance et l'interview proprement
plus complètes, des synopsis plus riches, et fournir un produit plus com-
dite. Si vous désirez rajouter de l'atmosphère, enregistrez séparément Finaliser sa production pour atteindre une au-
pétitif.
les deux pour les monter ensemble à la fin, vous aurez plus de con-
En réalisant de bonnes interviews, vous appor tez également de la vie
trôle sur les deux environnements et moins de pollution sonore.
dience plus large.
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Une production multimédia compor te plusieurs éléments imbriqués Cherchez l'inspiration, éduquez votre regard. Update: A étudier, les productions multimedia réalisé par les photo-
les uns avec les autres exploitables ensemble, ou séparément et journalistes du Eddie Adams Workshop edition 2009. Soyez curieux,
s'alimentant les uns les autres. Après la recherche du sujet, le photo- Comme tout nouveau débouché, la production multimédia demande visitez les archives. It's Not Over Yet, Man (Tie Dye Team, 2009) from
journaliste doit regrouper l'ensemble des informations qui étayeront formation et analyse. Recherchez, écoutez et lisez ce qu'il se fait par- Eddie Adams Workshop on Vimeo.
son sujet. Une fois la phase préparatoire réalisée, le photojournaliste tout. Malheureusement, le concept ne fait que de timides apparitions
va récolter cette information sous 3 ou 4 formes différentes: des infor- en France sous des appellations parfois assez énigmatiques (Pom).
mations écrites (pour les légendes), de l'audio (pour interview, légen- Préférez les sites anglo-saxons, largement mieux documentés et infini-
des et texte), des photos et/ou des vidéos. Le tout est édité et monté ment plus dynamiques.
encapsulé dans un format vidéo standard prêt à diffuser.
Je vous conseille les sites suivant parmi tant d'autres, ainsi que bulb.
Le modèle économique de la production multimédia profites de cette
diversité des sources d'informations et du format de diffusion pour En Grande Bretagne:
multiplier les chances de placement auprès des nouveaux et anciens
médias. Ainsi, s'il est indispensable pour un photographe de conserver Duckrabbit, production,
le modèle "classique" de placement de ses images auprès des médias http://duckrabbit.info
print, il pourra diversifier vers le web et les autres médias sa produc- Bombay Flying Club, production,
tion en choisissant de déstructurer son produit fini et d'adapter son http://www.bombayfc.com/
offre en fonction du media prêt à l'acheter ( au choix text/photo,
text/video, audio/photo/text, ou text/audio par ex). Aux Etats Unis:
On pourra décliner les suppor ts medias comme suit: Mediastorm, production, http://mediastorm.org
• les Blogs, et autres sites spécialisé ou généraliste qui fleurissent et the Multimedia Shooter, ressources, http://www.multimediashooter.
son ouver t à ce genre de production. com/wp/
• le podcast video ou audio, relayé par les por tables type iphone, Innovative Interactivity, ressources, http://www.innovativeinteractivity.
blackberry, Kindle ou la future probable nouvelle tablette Apple. com/
• le DVD, auto-édité ou édité par un tiers
• la téléphonie mobile et le streaming video via les providers de con- France:
tenu type Orange ou Vodafone Digital Story telling, ressources, http://www.digital-storytelling.org
• le film ou les expositions
por t à 2008 qui avait déjà reçu près de 60.000 visiteurs, et 66 expo- solution plus durable fondée sur un modèle radicalement différent. UPDATE: Une petite mise à jour de ce post (remarqué par Medi-
sitions. Sans oublier Bayeux et le succès de ses expositions et de ses Peut être que la proposition d'avenir ne passe pas par un seul homme apar t entre autre, j'en suis ravi) pour vous donner quelques liens en
rencontres, comme le raconte Alain Mingam. Le public est au rendez mais par une communauté, et peut être est-il temps de demander aux référence à mon propos. Des sites qui pourraient inspirer cette plate-
vous, il cherche l'info et demande à voir. A cela s'ajoute l'audience gens de venir par ticiper avec nous à la construction de quelque chose forme de financement du photojournalisme. A voir donc:
gagnée chaque année grâce à une couver ture médiatique de plus en de différent, de plus grand, pour cette fois, appor ter une réponse
plus abondante par la presse française et étrangère. concrète au questionnements du public et aux attentes des photojour- The Point, make something happen, http://www.thepoint.com
Véritable fourmilière d'innovations en tous genres, Internet est égale- nalistes. Slice the Pie, Help yourself to a piece of music industry,
ment le repère (au bon sens du terme) de développeurs de génie http://www.slicethepie.com/
entièrement dédiés à leur ar t. Wikipédia Mozilla ou Wordpress par Évidement, je n'ai pas la prétention de présenter LA solution qui ré- Zopa, the market place, http://uk.zopa.com/ZopaWeb/
exemple, projets collaboratifs, sont tous nés de ce foisonnement de glera définitivement le problème du financement du photojournalisme, Le système de "The point" est de loin le plus semblable et le plus
créativité numérique et sont tous suppor tés par une communauté mais je suis fermement convaincu que ce modèle est une réelle oppor- aboutit pour s'adapter dans l'esprit au monde du photojournalisme,
bénévole extrêmement active et imaginative. tunité pour nous tous. mais bien d'autres idées de Slice the Pie, ou de Zopa peuvent être ap-
Si les premiers promeuvent par le biais de leurs manifestations le site pliquée.
développé par les seconds, on aboutit à une plate-forme novatrice en- Il règle nombre de problèmes récurrents dont la profession souffre, Et vous, avez-vous de bons tuyaux à donner?
tièrement dédiée au photojournalisme, à sa promotion et son finance- il ne crée pas de problématique majeure, et est facilement réalisable,
ment vers laquelle le grand public peut se tourner pour prolonger son pour peu que chacun y montre volonté et détermination. Aussi je
expérience des festivals. lance un appel à vous tous, peut être pourrions commencer à échang-
Pas de "puissance publique" salvatrice, pas d'entreprise mécène, er des idées ici. Peut être connaissez-vous des développeurs, des web
c'est bien le public, le lectorat, les gens réellement concerné qui designers prêts à se lancer dans ce projet. Peut être avec vous en-
s'investissent et deviennent actionnaires. On dépasse le journalisme vie de compléter, critiquer ou amender cette proposition. Peut être
citoyen pour entrer dans l'ère du journalisme pour les citoyens. même, que vous - à la tête des festivals - trouvez cette idée intéres-
sante et désirez la mettre en œuvre. Cessons de subir, reprenons les
Reste la question de la gestion de ce type de plate-forme. Une associ- rennes et sauvons, vraiment, le photojournalisme.
ation réunissant les principaux acteurs du projets (festivals et groupe-
ments de photographes) ainsi qu' un ou des représentants de la com-
munauté internautes/lecteurs/contributeurs, pourrait gérer à moindre
October 16, 2009
frais et aisément ce type d'initiative.
des structures aux lecteurs et à une mise en avant d'un contenu ne financent plus que marginalement la production de photo repor t-
d'exception. Mieux, en observant les industries voisines - également en ages - le relais de ce financement jadis endossé par la presse étant
crise - nous pourrions d'ores et déjà adapter des solutions innovantes repris par les ONG - les autres n'accèdent plus aux repor tages mal-
à des problèmes similaires. gré tout produits, faute de parutions. La concurrence du flux con-
tinu d'images (via Associated Press, Reuters l'Agence France Presse)
Ainsi, nous serions bien inspirés de nous pencher sur les tentatives produit par un staff suréquipé et hyper concurrentiel, et la déflation
de l'industrie du disque pour dégager nos propres solutions. Déjà des prix de ventes des images fournies par les agences "magazine"
l'agence VII annonce en septembre dernier avoir engagé un nouveau achèvent de creuser l'écar t entre nous.
directeur en charge des projets et des par tenariats, Ian Ginsberg, Alors quel modèle? Les agences photo "people" montrent la voie. Ce
issu de l'industrie du disque (BJP, September 30, 2009) et for t d'une que Splashnews.com et X17 ont compris avant bien d'autres c'est la
expérience de près de 10 ans dans ce secteur profondément en crise. façon dont Internet fonctionne et en par ticulier le bénéfice de créer un
L'idée pour les membres de l'agence est d'user de l'expérience de contenu riche adossé à une plateforme de distribution. Ces agences
Ginsberg - témoin de l'effondrement de l'industrie musicale - pour financent, entre autre, leur activité par les revenus publicitaires gé-
adapter les solutions imaginées dans un autre secteur à celui du nérés par le trafic de visiteurs qui viennent sur ces sites pour obtenir
photojournalisme. J'évoquais dans mon avant dernier post la néces- de l'information spécialisée "people".
sité pour les photojournalistes de s'ouvrir au lecteurs et de créer une
structure de financement par contribution individuelle.L'exemple de Les sites spot.us et thepoint.com amènent l'aspect contributif des
"My Major Company", constitue une nouveauté dans le paysage de la lecteurs dans un modèle qui peine à rejoindre son lectorat. Un modèle
production musicale. Le label permet à tout à chacun de contribuer qui - étonnement - se plait à travailler pour la gloire ou pour le lector-
à la production d'un ar tiste, et à tout ar tiste de se faire produire. La at mais refuse depuis longtemps à intégrer le lecteur dans le processus
distribution physique et digitale revenant quant à elle à Warner Mu- d'élaboration de l'information.
sic. Le même concept se décline outre manche avec "Slicethepie.com"
qui permet aux ar tistes de lever des fonds auprès d'investisseurs et La maison du photographe, demain, sera une coopérative à la sig-
de fans. On saisi vite l'intérêt d'un tel concept, échapper aux majors nature for te, ancrée sur le net, ouver te aux lecteurs et financée en
étouffantes tout en élargissant une base de fidèles suppor ters. par tie par eux, donc connectée aux réseau sociaux, profondément
multimédia, libérée des contraintes des agences historiques.
La maison du photographe sera une ruche technologique ou les his-
Évoluer ou mourir. toires du monde analogique convergeront pour exister dans le monde
numérique.
C'est autour d'une plateforme hybride que se dessine le futur du
financement et de la distribution du photojournalisme ou de la pho-
La maison du photographe, l'agence, le collectif, la coopérative,
tographie documentaire. La problématique à laquelle nous faisons face
n'existe pas encore. Quelles sont vos idées pour créer cette maison?
aujourd'hui s'ar ticule à la fois autour du découplage photographe/
publication et du défaut de prise directe avec notre audience. Les uns
October 30, 2009
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De passage en France j'ai eu l'occasion de discuter avec quelques amis Vous devez cer tainement por ter en vous ce que Brin et Page avaient
photographes de ce que l'avenir nous réservait. Sans surprise, tous en eux lorsqu'ils ont envisagé de se lancer sur le marché des moteurs
m'ont décrit un futur sombre dans lequel nombre d'entre eux sem- de recherche.
blaient ne pas trouver leur place. Evidement, lorsqu'on considère l'état Si vous ne vous vous posez pas la question, qu'attendez vous pour le
de la presse écrite en cette fin d'année 2009, il est évident qu'on ne faire?
peut que se poser la question de la pérénité de notre belle profession.
Une question qui en sous entends une autre: que faisons nous pour Que ferai Google à notre place?
éviter le pire? Quelle innovation structurelle appor tons nous à notre
"industrie" pour la renouveler, quelle expérimentation géniale, quel Le modèle Google n'est pas LE modèle à reproduire. C'est
concept, quelle idée pourrait renverser la situation - ou tout du moins l'energie Google qu'il faut s'attacher à reproduire. Cette recherche
- l'améliorer. d'innovation, ce modèle de pensée qui - qu'on aime on qu'on aime
pas - a fait de Google la référence mondiale qu'elle est aujourd'hui.
Professeur à la New York University, Jeff Jarvis - qui étudie les nou- La révolution d'une profession, le bouleversement d'une industrie ne
veaux modèles économiques liés à la presse de demain - pose la se limite pas à la simple évolution technologique. Ce ne sont pas les
question que nous devrions tous désormais nous poser: What would webdocs qui nous sauverons seuls du marasme économique dans
Google do? lequel nous nous trouvons - d'autant moins si l'on continue de croire
qu'il faut débourser 50.000 euros pour réaliser une bonne production
Que ferai Sergueï Brin et Larry Page s'ils devaient inventer le business multimédia. La solution - mais c'est probablement là que réside égale-
model du photojournalisme d'aujourd'hui? ment la principale difficulté - passe par un changement de mentalité,
une vision nouvelle, la recherche créatrice et la catalyse des idées.
Je ne vous donnerai pas ma réponse aujourd'hui, dans ce post, il fau-
dra attendre un peu pour cela, tant la tache est compliqué dès lors Rendons nous ce service, demain au réveil, demandons nous ce que
qu'il s'agit de repenser un modèle, sinon de s'en éloigner pour dével- Google ferai à notre place.
opper une structure radicalement différente de ce que nous connais-
sons.
Mais la question mérite de vous être posée. Vous autres amis photog- November 16, 2009
raphes/photojournalistes, vous avez surement un avis ou une intuition
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Les pistes Jeff Howe dans Crowdsourcing: Why the Power of the Crowd Is Driv- Comment ignorer l'invention de Pranav Mistry - the SixthSense - qui
ing the Future of Business suggère que les taches qui était jadis dévol- préfigure ce que sera le papier de demain, comment passer à coté
2009 aura cer tainement été la pire des années pour la presse et pour ues à une cer taine catégorie de professionnels désormais trouvent une d'une reflexion qui nous mènera - nous photojournalistes - à déployer
le monde du photojournalisme, une année de crise qui a vu une chute communauté plus large pour être accomplies, c'est l'ère de la collabo- notre offre, notre talent et nos images sur ces plateformes. Comment
de 25% des revenus publicitaires aux Etats Unis, et qui contrairement ration de masse, de flickr, demotix et citizenside. Notre rôle de pho- ignorer itunes et ne pas tenter de s'en inspirer et en réalité pourquoi
à 1929 ou au premier choc pétrolier de 70, amorce un tournant décisif tojournaliste ne se réduit pas à faire de belles images d'actualité - les chercher à blâmer ce qui peut d'ores et déjà devenir une fantastique
dans l'équilibre économique des médias qui ne retrouvera jamais son amateurs passionnés le feront trés bien - mais peut être devons ren- por te de sor tie à la crise que nous vivons. La peur peut être.
état initial. Dans ce contexte l'émergence de nouvelles tendances n'est forcer notre capacité de tri, de vérification, de cer tification, de hiérar-
pas un phénomène à ignorer d'autant plus qu'elles se confirmeront chisation, de mise en perspective, et de présentation de l’information à Je reste réaliste face aux challenges qui sont les nôtres, et rejette en
très cer tainement dans le temps (sauf si 2012 s'avère être réellement travers la photographie. Une tache qui d'après Eric Scherer dans "Que bloc tout angélisme naïf qui consisterai à croire qu'aucun d'entre nous
la fin du monde). reste t-il aux journalistes" demeure l'apanage des journalistes et "Un ne souffrira durant cette période. Beaucoup d'entre nous n'aurons pas
atout encore « incopiable »." la possibilité d'être sauvé des eaux, mais je continue de croire qu'une
Il ne fallait pas résister à la transformation de notre monde analogique démarche positive, tournée vers l'innovation et le changement vaut
en un monde numérique ni réfuter son impact sur nos économies et Chris Anderson dans The Long Tail: Why the Future of Business Is Sell- mieux que de rester là à écouter l'orchestre jouer tandis que notre
en par ticulier dans notre secteur d'activité - c'est pour tant ce que ing Less of More pense que les produits qui n’ont qu’un faible volume navire coule inexorablement.
nous avons fait - il ne faudra pas ignorer les questions de l'innovation de vente, peuvent collectivement représenter une par t de marché
et de la révolution si nous voulons nous en sor tir. Plusieurs évolutions égale ou supérieure à celle des best-sellers, si les canaux de distribu-
sont soulignées par un cer tain nombre d'observateurs, ici aux Etats tion peuvent proposer assez de choix, et créer la liaison permettant November 18, 2009
Unis, et si toutes provoquent les même réaction de panique dans les de les découvrir (src wikipedia). Sur quels réseaux pouvont nous nous
rangs de la presse Américaine, quelques unes d'entre elles sont ob- appuyer collectivement pour faire découvrir le travail de tout à cha-
servées, disséquées et analysées dans l'espoir d'y trouver la solution cun. PixPalace en est une forme, mais dans sa forme actuelle, elle ne
miracle. Las, pas de solution seulement une révolution. représente aucun avenir puisque radicalement coupée du reste du
monde numérique par un mur.
Clay Shirky dans son Here Comes Everybody: The Power of Organiz-
ing Without Organizations nous explique qu'aujourd'hui le pouvoir Enfin, comment comprendre qu'une industrie qui a si étroitement lié
revient aux masses, qu'Internet leur a donné les outils pour se passer sa viabilité économique à un type de suppor t (le papier) ne soit pas en
des structures d'encadrement tout en leur permettant d'agir plus ef- mesure d'embrasser pleinement l'idée qu'il est désormais temps de lier
ficacement. C'est la défiance du public à l'égard des institutions histo- son avenir et son développement au suppor t digital et à ses nouvelles
riques. Où nous plaçons nous en tant que photojournalistes, en tant oppor tunités? Le développement massif des ebooks genre "Kindle"
qu'agences? N'y a t'il pas là, matière à travailler, à chercher, à décou- d'Amazon ou "Mac tablet" d'Apple nous pousse à réagir et à chercher
vrir de nouvelles façon d'opérer en incluant d'avantage cette commu- la meilleure façon d'exploiter ces suppor ts pour nous adresser - enfin
nauté d'internautes citoyens dans nos structures ou notre workflow? - directement à une audience qui ne nous rejette pas, mais qui simple-
ment ne nous connais pas.
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point de vue et sous tend l' idée bourgeoise d'une élite capable d'atteindre un nirvana interdit au commun
des mor tel (merci la SCAM et le CNC de jouer les St Pierre) . Ce que je conteste c'est la nouveauté du
modèle économique. La réalité, c'est que nous venons chasser sur les terres de la TV sur un terrain de très
grande convergence médiatique, pour tirer notre épingle du jeu et survivre au cataclysme. Vincent Laforet,
Rober t Caplin et d'autres réalisent d'honorables productions, mais qui peinent a atteindre les standards
de qualité TV et qui pour l'instant (au moins pour les productions publiques) n'appor tent rien en terme de
narration. Chasser sur d'autres terres, même si c'est satisfaisant pour un temps, n'est pas une innovation.
Je ne prétends pas être détenteur de la solution, et ce ne sont pas ces commentaires qui changeront des
pratiques antédiluviennes destinées à disparaitre. En revanche, je vous invite à réfléchir a ce que pourrait
être la/les solutions. Je vous invite à reconquérir cette position trop souvent laissée vacante de novateur, de
pionnier, d'avant-gardiste et en par ticulier, je m'adresse a cette génération 80's qui ne se rappelle pas ou
peu des TriX et du baryté mais connait très bien internet et son univers de repenser le photojournalisme en
par tant d'une page blanche.
Si je devais avoir un vœu à exprimer sur ce blog pour cette année, ce serait bien celui ci. De voir fleurir -
comme le dit Clay Shirky - un millier de fleurs et voir remplacé les fruits gâtés et trop vieux.
un espace de publication et un espace social correspondant aux dif- en perspective le travail, expliquer et convaincre, engager le dialogue, des innovations, qui observe le développement des nouveaux medias,
férentes personnalités. Nouveauté, on intègre les photographes dans comprendre ce que perçoit le lecteur et recevoir les critiques, c’est anticipe les différentes mutations, les nouvelles technologiques, c’est
le network et l’agence leur fournit gratuitement un site internet « ce que doit faire un professionnel de l’image aujourd’hui. En second la vigie chargée de prévoir les obstacles et de proposer les solutions,
por tfolio » complet relié à leurs archives sur le serveur de l’agence lieu, pour les agences, ces outils doivent servir de base à un dialogue le moteur qui détecte les évolutions. C’est celui qui propose et orga-
sur lequel il a total contrôle et via lequel il peut envoyer et éditer ses permanent avec les collaborateurs et les photographes et servir à nise cette expérimentation permanente. C’est aussi le messager qui
images. Chaque photographe affilié devient donc une por te d’entrée établir les priorités en sentant les tendances du moment, les attentes est en charge de faire remonter – via des rappor ts de tendance - les
pour un client potentiel vers l’univers visuel du groupe, mais contraire- et les contraintes de production. Ils doivent aussi servir à prolonger différentes suggestions des photographes vers la direction, les équi-
ment à l’accès pro des agences, l’accès pro des photographes mets l’engagement d’une communauté regroupée autour des différents pes des différentes agences et les deux autres nouvelles équipes. Ce
d’abord en avant le travail du photographe. Sur tous les sites un photographes, pour constituer une base plus large qui pourrait – par pole constitue en réalité un cabinet interne d’exper tise des nouveaux
module promo permet de mettre en avant différents photographes exemple – déterminer ponctuellement les sujets à traiter collective- medias et se révèle être également une source de revenu impor tante
du network de façon aléatoire pour inciter les clients et les lecteurs à ment tel le ferai un Rédacteur en Chef ou un Directeur Ar tistique gé- si on considère que ce service peut être proposé à d’autre medias ou
découvrir l’ensemble des talents – et mettre en avant ainsi, la diversité néral, contribuer à l’élaboration d’un sujet via un par tage de ressourc- agences désireuses de s’adapter aux nouvelles réalités du marché (2
et la richesse du fond. L’espace publication pour les agences peut être es ou via contributions bénévoles. Il ne s’agit pas de faire l’aumône ou 3 personnes). Enfin un pole de production multimédia complet
un espace type freemium (une par tie du contenu gratuit pour inciter pour palier à un manque d’effectif ou une carence professionnelle, mais capable de produire mini sites dynamiques, récupérer du matériel brut,
à découvrir un contenu place derrière un pay wall) ou complètement bien d’engager le public dans la réalisation afin de lui faire percevoir d’éditer, de monter et publier du contenu web. En sélectionnant 10
gratuit. L’essentiel étant de publier des travaux qui ne sont pas pub- la réalité concrète du travail de photographe, de l’impliquer dans le photographes, parmi les plus productifs et les plus motivés au sein des
liées par la presse traditionnelle. Si un sujet ne trouve pas de débou- processus créatif, de créer un lien nouveau. agences à vocation éditoriale, et en leur fournissant un enregistreur de
ché, autant qu’il soit vu quelque par t, autant que ce soit sur le site de qualité ($200) on se dote d’une capacité de proposition de contenu
l’agence et dans une section magazine appropriée ou/et via un maga- multimédia pour $2000 seulement (la vidéo n’est pas essentielle dans
zine .pdf . L’agence devient éditeur et publie désormais elle-même le
2- La structure un premier temps, la grande majorité des journaux américain ayant
travail de ses photographes, dont elle a par ailleurs déjà cautionné le tenté le multimédia, l’expérience Magnum in motion ou encore les
Sur la structure traditionnelle de l’agence – le socle éditorial et com-
travail en acceptant les images. productions de Mediastorm on toutes débutées avec des productions
mercial - on peut venir ajouter trois nouveaux pôles, constitués pour
photo+audio seulement dans leur catalogue et continuent d’en produ-
assurer la pérennité du découpage mis en place ci-dessus. Le premier
Elle finance ce magazine online de façon traditionnelle par la vente ire, l’impor tant c’est l’histoire).
est un pole « Publishing » qui a pour vocation de s’occuper de la par-
d’espace et de liens sponsorisés, le téléchargement d’application
tie publication des sites des agences. La création et conception des
(iphone ou android) ou de numéros .pdf ou encore le paiement
d’abonnement et rémunère en conséquence les photographes publiés.
maquettes des magazines web et de leur déclinaison .pdf, la promo- 3- Créer la rupture.
tion et la recherche des par tenaires pub, les choix éditoriaux etc…
Cette stratégie de publication vient de pair avec le volet « socialisation
façon fanzine élaboré. (2 personnes + 1 commercial par tagé avec Alors que le NYT allait au plus mal et cherchait à combler ses défic-
» et l’engagement nouveau et profond qui doit être mis en place dans
le service général). Le second – et le plus impor tant – consiste en its en hypothéquant son immeuble de la 42eme à New York, cer tains
cette structure. L’ouver ture implique en premier lieu les photogra-
un pole « Beta » en charge de la veille technologique et stratégique analystes ont pensé que la véritable stratégie pour le journal n’était
phes qui doivent comprendre la nécessité de créer un lien plus profond
sur la toile ainsi que du développement du réseau social des sites des pas de glisser mollement vers le net, mais réellement de cesser toute
avec les lecteurs que la simple connexion visuelle évidente avec leurs
agences. C’est de ce pole dont dépends le développement à moyen et publication durant la semaine (à l’instar du Christian Science Monitor).
photos. Transmettre l’expérience vécue, le contexte, la valeur, mettre
long terme des agences du groupe puisque c’est lui qui est à l’écoute L’idée était de basculer la publication sur le site et de ne conserver
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que l’édition papier du weekend. Une telle manœuvre aurait été si audacieuse et si remarquable qu’elle
aurait créé plusieurs effets positifs à commencer par l’augmentation spectaculaire de son cours de bourse
(le culot et l’innovation étant bien perçus par les investisseurs) qui aurait immédiatement remboursé la
dette du journal, mais aurait aussi contribué a créer une dynamique chez les concurrents qui auraient tous
accéléré la transition vers le digital. Impossible de reproduire cette stratégie dans l’industrie de la photo
tant les forces en jeu ne sont pas comparables, mais je reste convaincu qu’imaginer une structure évolu-
tive, différente, ouver te vers le lectorat, présente en force sur le net et encore identifiable comme agence
photo serait un veritable changement dans le paysage. Une audace qui enverrait un signe positif et clair à
l’ensemble de l’industrie et, en tous cas, tirerait les agences du groupe hors de la nostalgie des années 70.
Je pourrai continuer ainsi pendant des heures, mais hélas, cela ne laisserait guère de place au dialogue, et
je n’ai fait ici que des propositions. Par ailleurs je n’ai guère espoir de voir un jour ce type de stratégie se
réaliser tant j’ai conscience que le poids des habitudes et la peur des changements peuvent avoir la peau
dure et résister même aux meilleures volontés.
En tous cas j’aurai essayé d’appor ter ma contribution au débat, en espérant nourrir notre réflexion collec-
tive.
Si le choc structurel violent engendré par la per te brutale des revenus "News business strategies for Photojournalists" présente les modèles at, créer un lien nouveau et se mettre a son service. C'est en créant
du au découplage pub/édition a suffit pour plonger l'univers des mé- "a la française" comme de possibles nouveaux modèles pour les Etats un dialogue nouveau que les traditionnelles tentatives de diversifica-
dias et en par ticulier du "print" dans une sor te de chaos permanent, il Unis, ignorant au passage la disparition de l'Oeil Public et la banalité tion (tirages d'ar t ou édition) comme celle plus novatrices (magazine
n'empêche qu'un cer tain nombre d'effor ts de la par t des agences et des modèles économiques de Fedephoto et Pixpalace (de brillantes online, app pour mobiles etc) pourront s'épanouir pleinement.
photographes pour amor tir ce choc n'ont pas toujours été menés, ou réussites sur le marché français ou européen mais qui n'appor tent rien
s'ils l'ont été, de façon tout à fait marginale. Désigner systématique- de nouveau quant au modèle de revenus). A mon sens le photographe doit comprendre qu'il ne suffit plus d'agir
ment à la vindicte populaire un "plus responsable" que soit (Cf liste plus en producteur et qu'il doit désormais intégrer la dimension de publica-
haut) reviens à faire l'examen d'une por tion du problème, et donc d'y Seul lumière dans ce four, l'agence VII et son nouveau magazine, qui tion dans son activité.
appor ter une réponse fausse. explore un concept dont j'avais parle dans "Parenthèse pour Cas Pra-
tique" après avoir lu "What Crisis" de Stephen Mayes. Ce qui à mon
sens mérite d'être souligné, c'est que cette démarche a été saluée
Po-si-tif!
Le sur place? aussi bien par la profession que par un nombre impor tant de "non
La sor tie de la tablette d'Apple et la nouvelle ère qu'elle présage en
professionnels". En créant une mini rupture, en explorant de nouveaux
En 2003, le psychologue Michael J. Apter publie dans la revue "The terme de consommation d'information et de débouché économique
horizons et en exploitant le matériel photographique pour intégrer
Psychologist" une tribune dénonçant le manque d'ouver ture des ap- pour l'image, rebat les car tes et achève de créer ce fosse entre inno-
dans un magazine propriétaire des auto-produtions multimédia, du
proches theoriques des psychologues . Il écrit: vation et l'industrie de la photo. La discussion entre Jeff Jarvis, Steve
texte et de l'image, VII a réussi ce que d'autre ne font pas: bouleverser
Coll de la "New America Foundation" et ancien du WaPo and John
le statut quo.
Mon intention, en écrivant ce bref ar ticle, est d’attirer l’attention sur Sturm de la Newspaper Association of America dresse les contours
cer taines idées que les non-psychologues peuvent trouver très impor- de la presse d'ici a 5 ans et entrevoit la disparition par tielle (mais
Et si l'on se retranche derrière les traditionnels contre-arguments "oui
tantes et utiles (ou du moins évidentes), idées qui continuent cepen- franche) des versions papiers des newspapers au profit du Net. Une
mais VII c'est par ticulier", regardons Magnum et leur "in Motion" ou
dant d’être négligées par la plupar t des psychologues professionnels. tendance qui sera sans doute amplifiée par l'ipad et ses concurrents et
VU et leur "VU Mag" ou les précurseurs Zuma avec "DOUBLEtruck"
qui - loin d'appor ter les solutions magiques a l'industrie de la presse
et "zRepor tage". Au final, il faudrait renverser la proposition et à ceux
Les pros de notre secteur en sont, selon moi, au même point. La ré- - va créer un environnement technologique favorable pour précipiter
qui plaident l'exceptionnelle qualité des agences sus nommées comme
flexion et l'innovation ne semblent aujourd'hui plus être synonymes de la transition analogique/digital. Je ne m'étendrai pas sur la pub on-
excuse a l'innovation, on pourrait leur reprocher ce manque d'identité
solution. Tout au plus, lorsqu'on aborde le sujet, est-on considéré com- line, mais il y a for t à parier que les annonceurs - qui ont encore le
ou d'originalité qui les empêche également de franchir le pas.
me un doux rêveur, un éternel optimiste, un utopiste en herbe rêvant cul entre deux chaises - choisirons très vite le média qui nous accom-
un peu trop au grand soir. Les solutions transversales (explorées ici) pagne dans chaque minute de nos vies et délaisserons pour bonne
La solution se trouve dans l'exploration et le courage. L'adoption de
ne sont pas examinées avec le sérieux qu'elles requièrent quand elles par t le papier. Allons-nous, dans ce contexte, continuer de vendre
nouvelles tendances, l'expérimentation et l'amélioration de la col-
ne sont pas purement et simplement écar tées d'un revers de manche les images que nous produisons comme nous les vendions déjà a Life
laboration entre photographes et les structures. Si les agences veulent
par le premier cynique venu. Épuisés par le combat quotidien qui est le Magazine et Paris Match il y a 30 ans? Allons-nous continuer de parier
survivre, elles doivent devenir indispensables, différentes, prouver leur
leur, les patrons d'agences et photographes influents ont abandonné sur l'écroulement de nos principaux rivaux et continuer d'exploiter
originalité et développer sans attendre leur sources de revenus au delà
le pont pour se concentrer sur la salle des machines. des outils et des méthodes dépassées dans l'univers qui nous attend?
du traditionnel cercle de leur clients. Elles doivent engager le public
Sommes-nous prêt à ce changement?
passionné de photographie et d'information, la communauté, le lector-
Même les observateurs aver tis semblent épuisés. Ken Kobré dans son
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Car il va falloir changer. Changer les méthodes de vente sur le net, les barèmes de rémunération, les calculs
de ces mêmes rémunérations, les technologies permettant la vente, le tracking et la recherche des images.
Il va falloir adapter les staffs, intégrer l'aspect "programmation" au sein des bureaux, massivement dévelop-
per le multimédia, créer du liens et les outils pour exploiter la valeur de ces liens. Enfin il va falloir revoir la
place du photographe et/ou de l'agence dans le paysage, revoir les interactions entre ces deux groupes et
avec le public - le lecteur, l'internaute - comme avec les publications historiques et numériques .
LA solution évidement n'existe pas, seulement un ensemble convergent d'actions permettrons un rebond
vers le mieux. Mais ces actions ne pourront prendre de l'ampleur dans un univers ou règne en perma-
nence méfiance et critique, défiance et scepticisme, ou Internet est perçu comme une menace et se con-
jugue dans les esprits au vol et à la violation de copyright. L'idée - vue comme naïve, mais corroborée
par un ensemble d'études compor tementales - qu'un discours résolument optimiste favorise l'action et la
mobilisation, doit aujourd'hui s'imposer auprès des vecteurs d'opinion de notre industrie. Il ne s'agit pas
de naïveté crasse ni d'angélisme aveugle, mais bien de promouvoir un discours qui rompt avec la culture
de l'impuissance pour renouer avec l'esprit de Capa et HCB, d'Henrotte et Depardon, qui a leur époque
avaient su créer les structures dont ils avaient besoin.
Nous sommes dans une industrie du présent, du contexte, de l'immédiat et nous inscrivons notre marque
dans ce présent grâce aux outils inventés après guère. Nous avons passe la dernière décennie à redouter
le futur en regardant avec nostalgie vers cet age d'or passé. Il faut que nous réalisions enfin que la peur
et l'immobilisme ne nous préparent pas au futur. Le genre de futur que Ian Goldin nous présente et dans
lequel nous devrons, professionnels de l'image et de l'information, nous insérer.
Malgré la prédisposition structurelle et historique des agences photo sation totale restent encore colossaux. Il suffit pour s'en convaincre ‘It’s not about finding new ways to do old things, but time to radically
à pouvoir s'intégrer dans la sphère numérique et le potentiel énorme de considérer l'état des fonds Keystone laissés par Eyedea, les archives rethink our business models by redefining our products, our partners,
dont elles disposent pour pouvoir y prospérer, il semble qu'aucune Sygma ou Sipa pour réaliser que la transition n'est pas complète. and our clients.’
d'entre elle ne soit parvenue à développer ces oppor tunités. Et tandis Enfin les photographes eux-mêmes ont longtemps peiné a recon- Stephen Mayes
que d'un coté, la marche en avant technologique conduit à un con- naitre que le numérique était l'outil de demain et qu'il se substituerait
texte de plus en plus dématérialisé, photographes et responsables a l'ancienne generation de matériels. Comme la génération Speed Imaginer que l'on puisse travailler dans 10 ans de la façon dont nous
se réfugient encore pour beaucoup dans une posture classique de Graphic craignait le Leica, celle du film craignait celle du capteur. travaillions il y a 10 ans est un suicide collectif annonce. Joel De Ros-
méfiance vis-à-vis de la numérisation et de l'environnement digital. Si Un paradoxe lorsqu'on sait à quel point nous réfutons la prédomi- naisnous prédit le Symbionet, un net augmente consultable par tout en
les avancées se font - et c'est heureux - elles ne procèdent que par nance du matériel par rappor t au regard. Si, comme le dit J.Leroy, il y permanence. John Underkoffler nous annonce l'arrivée des visualisa-
petites touches et reposent sur le minimum vital exigé, sur la réponse a de plus en plus de gens avec une caméra et de moins en moins de tions spatiales (type Minority Repor t) d'ici à 5 ans sur les PC de tout
à un service demandé plus que sur la proposition de nouvelles oppor- photographe (sous-entendu ceux qui ont l'œil vs ceux qui ne l'ont pas) à chacun. D’ores et déjà 1000 milliards d'images circulent sur le net et
tunités. pourquoi craindre de perdre notre regard en changeant de matériel? le volumecroit de jour en jours, imprimant leur marque dans l'histoire
Pourquoi tant résister à changer un élément - en théorie - accessoire? visuelle du réseau. Si on y ajoute la crise de la presse (Cf Quaderni.
Et du coup, pourquoi craindre le désintérêt de la presse lorsque celle-ci N. 24, Automne 1994. Crise et presse écrite ) et la bascule de la pub
Paradoxe numérique. ne constituera plus le principal débouché de nos photographies d'ici les vers internet. La montée des plateformes de contenus - agrégateur,
5 à 10 années à venir? pure players, web sites adosses aux tradis - qui se multiplient et ren-
Comme il y a un "avant" et "après" J.C, dans l'histoire de la photog- forcent leurs audiences jour après jour. La montée en force de la vidéo
raphie on peut sans aucun doute estimer qu'il y a un "avant" et un et de son audience. Parier sur le retour à une situation équivalente à
C'est la bel est bien le paradoxe du numérique (ou de l'imprimerie à
"après" numérique. Pas une discussion entre vieux de la vieille qui ne
l'époque de Gutenberg). Chacun y voit les raisons de ses échecs pour celle que nous connaissions dans les années 80 constitue un déni de
réfère à cet âge sacre de l'argentique, pointant avec nostalgie ce qui
éviter d'avoir à faire l'examen de ses responsabilités, mais personne ne réalité et les contre-révolutions des médias traditionnels (lire: Why
pouvait être considéré comme une période bénie ou les limites matéri-
peut raisonnablement s'y opposer tant le bénéfice de l'adoption parait Big Media's Anti-Google Counter-Revolution Will Fail ) a l'encontre
elles se conjuguaient avec professionnalisme (la bobine imposait-elle de du suppose "méchant" Google (How to save the News) sont une er-
plus grand.
faire de meilleure images, ou moins de d'excellentes images?) . reur. L'univers de l'image change durablement et se développe à une
vitesse jamais atteinte jusqu'ici sans que pour autant nous fassions les
Pour tant, nous avons cer tainement été parmi les premiers à transiter Prospective 2020 effor ts nécessaires pour anticiper le futur proche.
d'un monde analogique a un monde digital, les premiers à adopter
les équipements pros de l'époque (DCS100 Kodak et plus tard le D30 Un véritable effor t de prospective doit désormais être mené pour Concrètement, quelles sont les actions que nous pourrions envisager?
Canon), les premiers à assurer la continuité des archives d'un univers a aborder de façon constructive les décennies à venir. Sor tir de cette Tout d'abord repenser le mode d'exploitation des images sur le web
l'autre ( à grands frais), enfin, les premiers à ouvrir des plateformes de défiance permanente, de cette peur irraisonnée du net, et des sché- (en termes techniques et commerciaux), repenser le cœur d'activité
distribution sur internet - ou tout du moins - à mettre le web au cen- mas du passe doit devenir la priorité, nous devons être des photogra- des agences photos (abandon progressif du rôle de grossiste pour un
tre de nos échanges. phes résilients. Nous devons réinventer notre univers, non parce que le adopter une position de spécialiste, exploitant une information raf-
Apres près de 20 ans de transition digitale, si la question du posi- "vieux modelé" n'était pas bon, mais parce qu'il n'est plus adapté. finée), arrêter de parier sur des débouchés marginaux - cer tes presti-
tionnement et de l'usage du numérique dans notre industrie semble gieux mais couteux - pour investir dans des secteurs émergents (mul-
définitivement établie, les effor ts à fournir pour atteindre une numéri-
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timédia, publishing web, app mobiles, flux, réalité augmentée) et externaliser leur développement, repenser
l'organisation structurelle de la profession, harmoniser les pratiques commerciales (en accord notamment
avec les lois anti trust américaines pour éviter des murs de verre infranchissables), réexaminer le statut du
photojournaliste pour lui permettre de conserver sa place de rappor teur d'information tout en lui autori-
sant de nouveaux débouchés (Fr).
Comment structurer cet effor t? En initiant une sor te de G20 ou de TEDx de la photo créé par les organi-
sations professionnelles nationales (syndicats, associations, guildes) existantes, une conférence globale sur
les enjeux du photojournalisme, en amont duquel un travail préparatoire serait effectué autour de thé-
matiques précises et concrètes à atteindre à cour t, moyen et long terme (fixation des tarifs de vente, des
accords inter groupes , questions autour du copyright et droit d'auteurs, des œuvres orphelines, des stan-
dards IPTC, le contrôle des flux et des volumes, la digitalisation, le modèle de licensing, les débouchés et les
relations avec médias numériques, la renégociation des accords passés avec la presse traditionnelle type
abonnement etc.). La dessus, création d'un groupement international de surveillance et de coordination
financé par les différentes organisations présente au "G20" et dont l'objectif serait de monitorer les ques-
tions étudiés a la conférence, d'évaluer leurs applications concrètes et de détecter les nouvelles questions à
traiter pour l'année d'après.
J'ai tout a fait conscience de l'énormité de la tache et des implications que tout cela suppose, mais suis
également pleinement convaincu que sans cet effor t décisif - et peut être ultime - notre génération ne
saura survivre aux bouleversements déjà enclenchés sans en payer un prix terriblement lourd tant en ef-
fectif qu'en savoir.
"La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu af-
fecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique pour ne
plus vivre dans la dépression."
June 6, 2010
Estimation du Nombre d’images en ligne 55
ImageShack - 20 milliards
Facebook - 15 milliards Microstock - 20,000,000
= 47 Milliards
Fotolia - 9,056,403
Dreamstime - 8,556,710
Newscom - 40,000,000 iStockphoto - 6,837,000
Reuters - 25,000,000
DPA - 7,500,000
AP - 6,000,000
Corbis - 4,000,000
photos amateur librement par tagees Bloomberg - 290,000
photos sous licence
Src: Blackstar rising
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Bio
Photographe indépendant basé à New York depuis 2006, je suis spécialisé
dans le reportage, le portrait magazine et la couverture d’évènementiels.
A propos de Bulb
Bulb est devenu au fil du temps la partie la plus dynamique du hub
construit autour de gholubowicz.com. Lance le 4 avril 2007 sur typepad
(http://o2blog.typepad.fr ), il a très vite migre sous le nom que vous lui
connaissez aujourd’hui. Outre les actus liées à mon activité pure de pho-
tographe, je consacre de plus en plus d’espace et d’énergie à la réflexion
et au dialogue autour de l’avenir du photojournalisme, notamment à
travers la série “Sortir du Cadre”.
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