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Review

Reviewed Work(s): Empédocle, I : Introduction à l'ancienne physique by Jean Bollack


Review by: Jacques Brunschwig
Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 157 (1967), pp. 128-133
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41094103
Accessed: 30-07-2019 13:59 UTC

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128 REVUE PHILOSOPHIQUE

études récentes à travers tous les renouvellements de la recherche,


auxquels Jean-Pierre Vernant apporte ici une contribution de premier
ordre.
P. -M. Schuhl.

Jean Bollack. - Empédocle, 1 : Introduction à Vancienne physique.


Paris, Éditions de Minuit, 1965, in-8°, 411 p.
La vaste somme empédocléenne qu'inaugure ce premier volume
s'annonce dès maintenant comme une entreprise d'une ampleur et
d'une ambition considérables. Elle comprendra une édition et un
commentaire analytique de tous les fragments et témoignages indirects ;
ce tome I présente sous une forme synthétique les résultats d'un effort
de compréhension et de restitution d'une puissance peu commune. Il
faut regretter que l'auteur n'ait pas eu la possibilité de publier simul-
tanément la totalité de son travail. Soucieux, à très juste titre,
d'éclairer réciproquement ensembles et détails les uns par les autres,
et fort bien armé de surcroît pour allier les méthodes de l'analyse
philologique à celles de l'interprétation philosophique, il dit lui-même
de son projet (p. 7) : « II ne peut aboutir que par la comparaison des
textes et par la vue de l'ensemble qui se reflète dans le détail. Aussi
ai-je dû mener conjointement le commentaire qu'on lit dans le
volume II et la reconstitution que je présente ici. » Le lecteur voudrait
bien pouvoir, lui aussi, disposer conjointement des fruits de ce double
travail, non seulement parce que M. Bollack renvoie lui-même assez
souvent à son futur tome II, mais aussi parce qu'on a plus d'une fois
envie de s'y reporter, même sans invitation expresse. L'originalité et
l'assurance sont en effet au nombre des vertus dont M. Bollack manque
le moins ; devant certaines interprétations de détail qui surprennent,
et dont les justifications manquent ici, on se voit contraint de sus-
pendre son jugement, jusqu'à communication du dossier complet.
En ce qui me concerne, je suis curieux de lire ce qui, dans le volume II,
correspondra entre autres aux passages suivants : p. 29, n. 2 ; p. 38,
n. 5 (répété p. 181, n. 1) ; p. 55, n. 5 et 6.
En attendant, ce livre a bien de quoi frapper l'esprit et nourrir la
réflexion. Il étonne d'abord par son style. La langue de M. Bollack
est « personnelle, difficile, initiatique », pour reprendre les mots mêmes
dont il se sert (p. 7) pour caractériser celle d'Empédocle. La phrase
est courte, impérieuse ; elle se love sur elle-même en formules denses,
parfois hermétiques, voire ambiguës, souvent aussi d'une hautaine
beauté. La syntaxe est sans complaisance : M. Bollack aime procéder
par affirmations discontinues ; « donc » et « en effet » sont des mots
qu'il a bannis de son vocabulaire, comme les deux-points de sa ponc-
tuation ; rarement thèse de doctorat fut moins oratoire que celle-ci.
La structure autoritaire du discours se reproduit aux échelles supé-
rieures : paragraphes et chapitres sont brefs, leurs liaisons logiques
rarement explicitées. Les titres que portent les chapitres, ainsi que les

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ANALYSES ET COMPTES RENDUS 129

huit grandes sections en lesquelles ils se regrou


une valeur plus poétique que didactique. Il faut
seur d'Empédocle déjà pour se douter qu'on tro
reproduction sexuée dans un chapitre qui s'ap
ses idées sur la perception et sur la connaissan
s'appelle « La métamorphose du sang ». Mais c
d'écrivain : les pages que M. Bollack a intitulé
du sang » seraient incapables de s'appeler « La t
de la perception et de la connaissance », parce
avec son modèle un rapport beaucoup trop inte
de la distance qu'introduit le ton universitair
son sujet. Avec tout l'arsenal de Térudit, du phi
un poète ici s'attache, par-delà les siècles, à re
poète. Pour ressusciter Empédocle, M. Bollack
il est normal qu'il n'y ait pas retrouvé ses sand
d'autres chaussures.
Ne quittons pas les questions de style sans parler des traductio
de M. Bollack. Il est rare qu'elles fassent vraiment difficulté sur le pl
lexical ou grammatical ; j'en ai signalé quelques exemples. Mais i
est fréquent que la tonalité en soit un peu montée, soit par addit
de surcharges poétiques (« Sphairos à l'orbe pur », p. 88), soit pa
choix de vocables insolites (« les dieux longé vif s », p. 239 ; « les gom
d'Harmonie », p. 259 ; les plantes qui « s'éjouissent et souffrent
p. 251), soit plus souvent encore par excès de littéralité, dans la synta
(« Point de naissance pour aucune, toutes /Mortelles, point de f
dans la mort funeste », p. 16) et surtout dans le vocabulaire (« l
naissance des membres est déchirée », p. 216 ; « selon la croissance
donnée à chacun », p. 266 ; « les misères innombrables qui émoussent
le souci », p. 268; « vois par toute palpe », p. 238, qui devient, p. 298,
« vois par chaque paume »). Je ne sais si le rapprochement fera plaisir
à M. Bollack, mais j'ai souvent pensé, en lisant ses traductions
à certains essais de Péguy, suivant son Sophocle au ras du texte
(« Ο enfants, du Kadmos d'il y a longtemps neuve génération
nourrissonne... »).
Il est temps d'examiner l'apport de M. Bollack à l'interprétation
de la pensée d'Empédocle. Le chapitre qui, sur ce point, retiendra
l'attention des spécialistes est le second, qui s'intitule « Le faux
problème », et qui entreprend de ruiner de fond en comble la plus
grande partie des interprétations modernes de l'Agrigentin. A très
peu d'exceptions près (au nom de von Arnim, il faut maintenant
ajouter celui de M. Solmsen, qui, indépendamment de M. Bollack,
a lui aussi remis en question les dogmes de l'exégèse empédocléenne,
dans un article récent de Phronesis), les historiens d'Empédocle ont
admis, avec diverses variantes de détail, que son système se caracté-
risait par un cycle cosmique à quatre phases. Deux de ces phases
marquent les pôles et les points de rebroussement de l'évolution : elles

tome CLVii. - 1967 9

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représentent le règne absolu, soit de l'Amour (Sphairos), soit de la


Haine (séparation absolue des éléments). Entre les deux pôles se
disposent deux phases de mouvement, Tune marquant l'avance
progressive de l'Amour et la victoire peu à peu du mélange sur la
séparation, l'autre marquant l'avance progressive dela Haine et la
dissociation toujours plus poussée des composés. Dans chacune de
ces deux dernières phases se situe la formation d'un monde analogue
au nôtre, avec ses zones cosmiques et ses êtres vivants ; mais il
s'atteint tantôt par la réunion d'éléments d'abord séparés, tantôt par
la dislocation de mélanges d'abord homogènes. La plupart des inter-
prètes s'accordent enfin pour penser que notre monde est celui de la
Haine croissante.
En face de ce schéma, tâchons de résumer celui que propose
M. Bollack. Essentiellement, il rejette l'anti-sphère, règne absolu
de la Haine, et l'anti-monde, réplique inversée du nôtre. Le cycle
a deux phases : l'Un-Sphairos et le Multiple-Monde. Dans le Sphairos,
l'Amour règne sans partage ; le monde dans son devenir est le produit
de la lutte et de l'équilibre des deux puissances antagonistes. La
Haine ne se pose qu'en s'opposant ; elle ne saurait rester seule maî-
tresse du terrain. Les textes qui parlent de la séparation totale
des éléments ne décrivent pas son triomphe sur le monde, en fin de
phase, mais les premiers effets de son offensive-éclair contre le Sphairos,
au début de la cosmogonie. Les phases de l'évolution sont les suivantes :
Sphairos ; destruction instantanée du Sphairos par l'attaque de la
Haine, qui désintègre le mélange ; dès ce moment, mise en route d'un
processus de reconstitution et d'unification, d'où sortira le monde :
constitution, d'abord, par attraction des semblables, des grandes
zones cosmiques, masses mono-élémentaires étagées concentrique-
ment ; ensuite, formation du monde et des êtres vivants par union
des dissemblables. Grâce à la première étape, Partisane Aphrodite
dispose des matériaux purs qu'elle mélange harmonieusement au
cours de la seconde. Il n'y a de zoogonie que de l'Amour, et c'est à
tort que l'on a voulu appliquer aux quatre phases du cycle tradi-
tionnel les quatre étapes des naissances biologiques décrites par
Aétius (DK, A, 72) : elles se disposent en réalité sur une ligne continue,
celle du progrès de Philotès. Le jeu des tensions entre Amour et Haine
se poursuit jusqu'à réfection du Sphairos, où se dissout le monde.
Il faudrait beaucoup de temps et de place pour peser convenable-
ment les mérites de cette interprétation ; et il faudrait avoir dans sa
poche un Empédocle de rechange pour se sentir tout à fait en droit de
la critiquer. Faute de temps, de place, et d'Empédocle de rechange,
je me contenterai de noter que, sur beaucoup de points, les solutions
de M. Bollack l'emportent en cohérence et en économie sur les solu-
tions traditionnelles. Bien des difficultés, sur lesquelles chacun reve-
nait buter, s'évanouissent : on sait assez le mal qu'éprouvaient les
commentateurs pour remplir toutes les cases de leur schéma, et l'appel

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ANALYSES ET COMPTES RENDUS 131

fréquent qu'ils faisaient à l'état lacunaire de


l'incompréhension des doxographes. La cosmologie d'Empédocle
devient moins fantasque, et moins isolée : M. Bollack la rapproche
significativement de plusieurs autres, notamment des théogonies
mythiques et de la Doxa parménidienne. Le point délicat reste naturel-
lement l'exégèse des textes sur lesquels prenait appui l'interprétation
courante ; le traitement que leur fait subir M. Bollack est parfois
bien surprenant. J'en donnerai deux exemples, l'un pris dans les
fragments, l'autre dans les témoignages.
a) Le début du fragment 17 (« Double ce que je dirai : tantôt l'Un
s'accroît pour être seul, / De plusieurs qu'il était, tantôt il se sépare
pour être plusieurs, d'Un qu'il fut », trad. Bollack) s'accommode au
moins aussi bien du schéma Bollack (du monde au Sphairos, et vice
versa) que du schéma traditionnel (de l'apogée de la Haine au Sphairos,
et vice versa, avec un monde sur chaque trajet). Mais la suite ? « Double
est la naissance des choses mortelles, double leur anéantissement »,
dit le vers 3. Comment échapper à l'idée d'une double cosmogonie ?
M. Bollack commente (p. 118-119) : « Le double mouvement qui
rythme les avatars du Tout (δίπλ' έρέω) se retrouve dans la dualité
(δοΐή δέ) à laquelle sont soumis les êtres mortels. Il n'y est pas (dans
ce vers) proprement question du cycle cosmique, mais de la dualité
fondamentale qui s'exprime dans le temps. » Entendons : de l'expres-
sion dans le temps de la dualité fondamentale (celle du Sphairos et
du monde). Ce commentaire un peu cryptique s'éclaire en effet plus
loin (p. 119-122), à l'occasion du fragment 26, qui, on s'en souvient,
répète à quelques variantes près plusieurs vers du fragment 17. On
s'aperçoit alors que le système de M. Bollack est un système à épi-
cycles (soit dit sans vouloir évoquer des précédents fâcheux). Il y a
d'abord « l'alternance majeure », celle qui fait se succéder l'unité
absolue du Sphairos et l'univers, que se disputent les deux forces
antagonistes ; et puis, dans l'univers même, il y a « l'alternance
mineure », reflet de la première dans le monde du multiple, celle qui
met aux prises l'Amour et la Haine. Alors, quand Empédocle dessine
ses oppositions célèbres (tantôt..., tantôt...), attention : tantôt c'est
l'alternance majeure, et tantôt la mineure. Par exemple, aux vers 5-6
du fragment 26, c'est la mineure, et M. Bollack écrit (p. 120-121) :
« L'opposition de tantôt... tantôt..., n'a pas trait au cycle, mais au jeu
des forces qui donne naissance aux choses. Ce rythme exprime l'action
alternée, qui n'est jamais strictement simultanée dans le même corps,
partout à travers le monde et à chaque instant. »
Ici l'on s'interroge : Amour et Haine ont-ils, au sein du devenir
d'un même monde, des phases de prédominance alternée ? M. Bollack
a perçu la difficulté ; mais la note qu'il ajoute ne fait que lui compliquer
encore la partie : « En fait, écrit-il (p. 121, n. 1), la succession τοτέ μέν...
τοτέ δέ ... est chose analysée. Dans les êtres vivants les contraires
héraclitéens s'opposent constamment sous l'égide de la double force. »

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132 REVUE PHILOSOPHIQUE

Est-il bien vraisemblable, dès lors, qu'Empéd


langage, celui de l'alternance temporelle, po
aussi différentes que la succession solennelle
simultanéité tendue des puissances du deveni
De plus, on accordera facilement que le jeu
donne naissance aux choses ; mais cela ne fait pas une « double
naissance » pour les êtres mortels ; tout au plus une naissance sous
double responsabilité.
b) Dans le De Caelo (301 a, 14 sq.), Aristote approuve Anaxagore
et les autres auteurs qui ont fait d'un mélange immobile le point de
départ de la cosmogonie. Il écrit ceci, que je traduis comme on a
l'habitude de le faire : « II n'est pas raisonnable de faire partir la
genèse de choses séparées et mues. C'est pourquoi Empédocle passe
sous silence la naissance du monde sous l'action de Philotès (παραλείπει
την επί της Φιλότητος, se. γένεσιν) ; car il n'aurait pas pu composer
l'univers (ου γαρ αν έδύνατο συστήσαι τον ούρανόν) en le construisant à
partir d'éléments séparés, et en les faisant combiner par Philotès ;
en effet, le monde est composé d'éléments en état de séparation (έκ
διακεκριμένων γαρ συνέστηκεν ό κόσμος των στοιχείων) ; si bien qu'il est
nécessairement issu de quelque chose d'un et de mélangé. » De ce
texte, on tire ordinairement la conclusion qu'Empédocle n'a pas décrit,
ou n'a fait qu'esquisser, une phase délicate de son cycle, celle qui
confie à l'Amour la création d'un cosmos. Aristote donnerait la raison
théorique de cette lacune : l'univers étant différencié, la cosmogonie
va nécessairement de l'indifférencié au différencié.
Tout autre est l'interprétation de M. Bollack (p. 55), qui retrouve
dans ce texte les étapes successives de la formation du monde : la
désintégration du Sphairos par l'attaque de la Haine, la répartition
des éléments en zones séparées, la constitution du monde organisé
grâce aux mélanges de Philotès. Il traduit ainsi : « Empédocle ne
décrit pas la naissance de l'univers (γένεσις, la naissance absolue
des éléments, par opposition à σύστασις του ουρανού, la formation du
monde organisé) sous l'effet de Philotès. Sinon, il n'aurait pas pu
construire son univers (συστήσαι τον ούρανόν) en se servant, comme il
le fait (c'est moi qui souligne), d'éléments séparés qui se réunissent par
la force de Philotès. Car les éléments se sont organisés au moyen de
parties séparées (M. Bollack construit ό κόσμος των στοιχείων, l'arrange-
ment des éléments, c'est-à-dire les zones, résultat de la γένεσις due à la
Haine). Si bien que la génération (γίγνεσθαι) se fait à partir de l'Un
et du mélange. » Autrement dit : Empédocle n'a pas assigné la γένεσις
à Philotès, parce que l'office propre de Philotès est la σύστασις, et
que celle-ci s'opère par des mélanges qui requièrent une phase anté-
rieure de préparation des corps purs. Pour que l'Un puisse se refaire,
il faut qu'il ait été préalablement dissocié.
Les objections ne manquent pas : 1) Le contexte ne favorise pas
l'idée qu'Aristote distingue ici, au sein de la formation du monde,

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ANALYSES ET COMPTES RENDUS 133

un stade préparatoire qui s'appellerait γένεσι


qui s'appellerait σύστασις ; il oppose simplem
est actuellement et l'état initial que se donne
gonies ; 2) Si σύστασις se distinguait ainsi de γ
pas dû employer συνέστηκεν pour décrire l'o
n'est pas la σύστασις du monde organisé ; 3) Je
aurait écrit παραλείπει την επί της Φιλότητος, au
Φιλότητος n'aurait eu aucune espèce de place, au moins en blanc,
dans le système d'Empédocle ; 4) Peut-on comprendre ού γαρ άν έδύνατο
συστησαι comme : sinon, il n'aurait pas pu construire, comme il le fait... ?
5) L'interprétation de la phrase έκ διακεκριμένων... των στοιχείων
me laisse également sceptique : le parfait συνέστηκεν doit décrire l'état
présent du monde ; et il est plus naturel de joindre των στοιχείων à
διακεκριμένων qu'à ό κόσμος.
En m'attardant à ces remarques, je ne souhaite pas donner l'im-
pression que les originalités de M. Bollack sont toujours des témérités.
Son livre alimentera sûrement bien des discussions ; les Présocratiques
n'ont pas encore fini de nous livrer et de nous refuser leur visage. Mais
il faudrait dire aussi, et plus longuement que je ne puis le faire,
l'exceptionnel brio de toute la partie descriptive (à partir de la p. 163,
« Les membres du monde »), où sont présentées l'astronomie, la biologie
la sexologie, la psychologie, l'épistémologie d'Empédocle. Tout au
long de ces pages, M. Bollack fait preuve d'une admirable compré-
hension de la pensée archaïque, d'un sens presque divinatoire de la
vision présocratique du monde, de ses correspondances, de ses ana-
logies, de ses puissances d'étonnement et de fraîcheur. Il ne se préoc-
cupe pas, comme tant d'historiens positivistes, de savoir comment
Empédocle a relevé le défi lancé par Parménide à l'expérience quoti-
dienne et au sens commun ; ni, comme tant d'historiens idéalistes,
de savoir à quelle étape Empédocle se trouve sur le chemin qui a
conduit l'esprit humain à la conception de l'immatériel. Il se fie trop
à lui pour le voir comme un jalon. N'omettons pas non plus de men-
tionner le dernier chapitre, où les lecteurs compétents, dont jene suis
pas, trouveront des notations approfondies sur la langue d'Empédocle,
son style, sa métrique, sa technique poétique ; on comprend mieux,
après l'avoir lu, pourquoi Aristote l'appelait « homérique ». Bref, il ne
faudra plus désormais parler d'Empédocle sans se référer à ce qu'en dit
M. Bollack - même si cela doit compliquer encore un peu plus le tra-
vail, qui déjà n'était pas simple avant.
Jacques Brunschwig.

Enrico Berti. - Vunilà del sapere in Aristotele. Padoue, Cedam,


1965, 202 p. in-8° (Pubblicazioni délia Scuola di Perfezionamento
in Filosofia dell'Universita di Padova, 3).
M. Berti a le don d'introduire ordre et clarté dans les questions les
plus longuement débattues par les aristotélisants d'aujourd'hui : on

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