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« Que votre OUI

sì sì no no
soit OUI, que votre NON soit NON, tout le reste vient du Malin »
(Mt 5, 37)
Année XLI n° 300 (490) Mensuel - Nouvelle Série Mai 2007
Le numéro 3€

EN MÉMOIRE DE MGR SPADAFORA


Mgr Spadafora naquit à Cosenza le 1er tique de Rom. 5, 12 avancée par le jésuite Romains avaient donné le devoir de la
janvier 1913. Il fréquenta le Séminaire Stanislas Lyonnet, qui la tenait en réalité défendre contre le modernisme.
régional « Saint Pie X » de Catanzaro, qui d’Erasme et du criticisme rationaliste. Selon
était alors confié aux soins d’excellents cette exégèse hérétique, le texte paulinien Avec autant de courage, sans craindre
jésuites. Il fut ordonné prêtre à l’âge de 22 « tous meurent parce que tous ont péché » d’aller à contre-courant et sans se soucier du
ans le 10 août 1935. Après avoir obtenu une doit être compris non pas en rapport avec le succès, mais uniquement par amour de la
licence en théologie à la Faculté théologique péché originel, tel qu’il fut implicitement vérité et de l’Église, Mgr Spadafora mena,
de Pausilippe (1935-1936), il fréquenta de défini par le Concile de Trente dans deux dans l’après-Concile, une bataille tenace
1936 à 1939 l’Institut Biblique Pontifical, canons (II et IV sur le péché originel), mais (qui avait déjà commencé pendant le Conci-
d’où il sortit avec un doctorat en Sciences en rapport avec les péchés personnels de le) pour la défense du dogme de l’inerrance
Bibliques. Il fut professeur d’écriture sainte chacun. absolue de l’Écriture Sainte (ainsi l’avait
aux séminaires régionaux d’Assise et de Mgr Spadafora, dans l’article Rom. 5, 12 : défini, en 1917, la Commission Biblique
Bénévent, jusqu’à ce qu’il soit appelé, en exégèse et réflexes dogmatiques (Divinitas pontificale), et en défense de l’origine apos-
1950, à enseigner au « Marianum » puis, en 4, 1960, 289-298), démontra que le jésuite tolique et de la pleine historicité des Évan-
1956, à l’Université Pontificale du Latran. Il Lyonnet, en plus d’avancer des arguments giles, en particulier de leur date de composi-
jouit de la confiance du Préfet du Saint philologiques inconsistants, ne tenait aucun tion, attestée par la tradition. L’exégèse néo-
Office, le cardinal Ottaviani, qui avait cou- compte du Magistère infaillible de l’Église, moderniste, en effet, attelée au charriot du
tume de le consulter sur des livres d’exégèse alors que celle-ci a donné l’interprétation protestantisme libéral, s’est efforcée de
soumis à l’examen de cette Sacrée Congré- authentique d’un texte relatif au dogme. limiter l’inerrance de l’Écriture Sainte aux
gation. Pendant le Concile Vatican II, il fut seules expressions qui concernent la foi et la
Dans le conflit, qui s’annonçait très grave, morale, et de nier l’historicité des Évangiles
expert en Écriture Sainte au sein de la Com- entre autres parce qu’il impliquait la Sacrée
mission préparatoire pour les Études et les et leur origine apostolique, en retardant le
Congrégation des Séminaires et des Univer- plus possible leur date de composition, pour
Séminaires. sités (Mgr Romeo), l’Université Pontificale
Auteur de plus de 30 ouvrages et de cen- donner le temps à la « communauté primi-
du Latran (Mgr Spadafora) et l’Institut
taines d’essais spécialisés parus dans des tive »... d’inventer les quatre Saints Évan-
Biblique Pontifical (Stanislas Lyonnet S.J.),
revues hautement scientifiques, secrétaire giles.
intervint le Saint Office qui, après un exa-
de l’Association Biblique Italienne, il fonda men approfondi, et après avoir entendu les C’est dans le cadre de cette lutte que se
et dirigea pendant cinq ans la Rivista Bibili- deux parties, condamna le jésuite Lyonnet et place le mérite de Mgr Spadafora d’avoir
ca, il collabora à Palestra del Clero, à L’Os- son confrère Zerwick en les éloignant de mis en lumière une précieuse découverte du
servatore Romano, à Divinitas, à Renovatio Rome et de l’enseignement. jésuite le père O’Callaghan, que ses
et à d’autres revues ; il fut rédacteur de la Mais deux ans plus tard, Paul VI, à peine confrères du Biblicum avaient au contraire
Bibliotheca Sanctorum et rédigea plus de élu, rappela à Rome les « exilés » et les délibérément vouée à l’oubli.
100 articles de l’Encyclopédie Catholique, réintégra au corps enseignant du Biblicum, Nous nous référons au célèbre fragment
concernant l’Ancien et le Nouveau Testa- sans autre raison que son philomodernisme de papyrus 7Q5 trouvé dans les grottes de
ments. personnel, et sans aucune rétractation de Qumram, avec les versets 52-53 du chapitre
Avec Mgr Antonino Romeo, il combattit leur part. Ce fut l’aval tacite donné par Paul VI de Saint Marc. Ce fragment, daté de l’an
l’exégèse moderniste, qui s’était infiltrée VI à la « nouvelle exégèse » modernistico- 50 après J-C, confirme scientifiquement ce
dans le « Bibilicum » dans les années 1950 rationaliste, et le triomphe des biblistes que l’Église a traditionnellement enseigné
et 1960, en opposition manifeste avec les « novateurs ». Depuis, l’interprétation héré- sur la date de composition du deuxième
buts pour lesquels cet Institut avait été pro- tique de Rom. 5, 12 défendue par Lyonnet a Évangile. Le protestant Carsten Peter Thie-
jeté par Léon XIII et réalisé par saint Pie X. occupé le terrain. Mais il reste à Mgr Spa- de avait déjà brisé la conspiration du silence
Tandis que Mgr Romeo, dans les pages de dafora (comme à Mgr Romeo) le mérite, sur la providentielle découverte, mais le
Divinitas (1960), dénonçait et combattait, devant Dieu et devant les hommes, de ne mérite de l’avoir portée au grand jour, en la
avec l’article L’encyclique « Divino Afflante pas s’être ménagé, en s’exposant à toutes les sortant d’un cercle restreint de « chargés des
Spiritu » et les opiniones novæ, le virage formes d’ostracisme, pour empêcher l’af- travaux », revint à Mgr Spadafora. Ses
catastrophique de l’Institut Biblique Pontifi- faissement de l’exégèse catholique par la articles sur le sujet attirèrent en effet l’atten-
cal, Mgr Spadafora attaquait l’exégèse héré- faute de cet Institut auquel les Pontifes tion de Il Sabato et de 30 Giorni, qui à leur
2 Courrier de Rome Mai 2007
tour attirèrent l’attention de la presse inter- aussi simple que profonde, engagé particu- Concile Vatican II a pénétré l’Église depuis
nationale et des spécialistes. lièrement dans la direction spirituelle des ses entrailles jusqu’à son sommet. Son
La découverte du père O’Callaghan religieuses. Il fut entre autres directeur spi- denier livre fut la biographie de don Putti
devint ainsi du domaine public et fut confir- rituel de sœur Elena Aiello, « la sainte (Héraut de la foi catholique), qui grâce à Sì
mé de façon incontestable par des papyro- moniale », maintenant béatifiée, et un vrai Sì No No a donné une voix et un corps à la
logues et des archéologues de réputation père spirituel pour les sœurs Disciples du résistance catholique contre l’apostasie néo-
mondiale. Même le cardinal Martini qui, à Cénacle de Velletri, fondées par don Fran- moderniste.
l’époque de la découverte, était Recteur du cesco Putti, auprès desquelles il vécut les Mgr Spadafora possédait, en plus d’une
Biblicum et avait dissuadé Paul VI de la dix dernières années de sa vie. grande science, une intense charité, très
divulguer, dut admettre – à contrecœur – Il collabora assidûment à Sì Sì No No spontanée et sincère, loin de toute affecta-
que le petit fragment 7Q5 contenait « une pour combattre avec beaucoup d’autres tion. Altruiste, parfois même ingénu comme
exceptionnelle confirmation documentaire un enfant, il n’a jamais joué à « faire » le
théologiens (Mgr Landucci, père Antonio
de ce que l’Église a enseigné sans interrup- saint, mais il se montrait à tous tel qu’il était
tion pendant dix-neuf siècles » (30 Giorni, Coccia, père Cinelli, père Silli, père Corne- avec une extrême simplicité qui l’a rendu
juin 1991). lio Fabro, S.E. Mgr De Castro Mayer, les cher et inoubliable, en particulier aux nom-
cardinaux A. Ottaviani, Pietro Palazzini et breux ecclésiastiques qui l’eurent pour
Mgr Spadafora fut non seulement un éru- Pietro Parente, pour ne nommer que les Maître à l’« Université du Pape ».
dit, mais aussi un apôtre et un prêtre à la foi plus célèbres) le modernisme qui avec le

LA LÉGITIMATION DE L’HOMOSEXUALITÉ,
PÉCHÉ PROPRE À NOTRE ÉPOQUE
Depuis le temps du saint patriarche Abra- hypothèses, par rapport aux actes homo- vement) se répandent parmi les catholiques,
ham, l’humanité connaît le péché de sodo- sexuels désormais acceptés comme licites infectant l’Église d’hérésies actuelles ou
mie, qui provoque la juste colère de Dieu – et respectables. La « question anthropolo- potentielles. Depuis des années, l’Église est
« propter quod ira Dei venit in filios diffi- gique » est certainement beaucoup plus inquiétée par des pressions de lobbies pour
dentiæ » (in Præcepta antiquæ rotomagen- ancienne, plonge dans la modernité et, l’approbation morale de l’homosexualité,
sis) – destructrice des cités corrompues auparavant, dans certaines hérésies pressions qui, en réalité, s’appuient bien
(Gen. 18, 16-33 ; 19, 1-29). La modernité anciennes. Les racines des erreurs sont souvent sur des réalités ecclésiales et aussi,
ne peut donc pas se vanter d’avoir accouché anciennes, mais l’éclosion est relativement hélas, sur certains prêtres. Face à des
de l’immonde péché ; mais c’est le propre récente. prêtres de Jésus-Christ qui comparent la
de notre époque de nier radicalement la loi Le paradigme anthropologique, qui sous- condamnation de l’homosexualité au ra-
naturelle, et d’aller jusqu’à nier la perver- tend la légitimation de l’homosexualité jus- cisme, en affirmant la légitimité et la bonté
sion de l’homosexualité. qu’aux plus récentes aberrations juridiques, morale de cette perversion, tandis qu’ils
À partir des soi-disant batailles pour les morales et religieuses, bien qu’unitaire en dénoncent la réprobation de celle-ci comme
droits civils des homosexuels, dans le sil- soi, présente une dichotomie généalogique une trahison de l’amour évangélique (cf.
lage de la révolution sexuelle, l’Occident en deux troncs parallèles et autotéliques par ex. Les mains du potier. Un enfant
tout entier a été lentement convaincu de la (Réforme protestante et Révolution fran- homosexuel, que faire ? de don Domenico
nature anodine des préférences sexuelles, çaise), dont on peut retrouver la racine Pezzini), il n’y a pas à s’étonner du
réduites à une affaire de goût personnel, désordre moral qui règne parmi les fidèles
commune dans la gnose, c’est-à-dire, en
dans la plus totale négation de toute nature et de celui, encore plus grave et radical, des
dernière analyse, chez Lucifer. Les fruits
et / ou finalité de la sexualité. Si l’on ajoute législations séculières des nations chré-
empoisonnés du protestantisme libéral et du
à cette conviction pseudo-morale, dévelop- tiennes.
radicalisme libertaire montrent, par rapport
pée et enracinée dans le terrain fertile du à l’homosexualité, une unité essentielle. L’homosexualité est-elle
conventionnalisme éthico-juridique occi- L’État qui, après avoir refusé la lex natura- une pathologie ?
dental, l’idéal romantique du sentiment lis et la doctrine morale, subvertit l’institu-
irrationnel d’amour (passion érotique) L’homosexualité, comprise comme « atti-
tion du mariage (Zapatero est le porte-dra-
comme valeur absolue en soi et justifica- rance sexuelle, exclusive ou prépondérante,
peau de nombreuses autres autorités
tion divine de tout acte (c’est l’interpréta- envers des personnes du même sexe (CEC,
civiles), et les chrétiens qui prétendent légi-
tion romantico-vitaliste de l’ama et fac 2537) », est une inclination objectivement
timer les actes homosexuels, sinon confor- désordonnée (CEC, 2358) en tant que
quod vis augustinien, l’erreur des aveugles mer le sacrement de mariage aux législa-
qui se font guides), il est facile de com- contraire à la nature humaine. Ce désordre
tions civiles scandaleuses, telle est la dra- sexuel est-il pathologique ? Si l’on s’en
prendre l’exaltation actuelle de l’homo- matique actualité. Si la communion angli- tient au sens général de ce mot, oui. En
sexualité comme forme licite d’amour, cane risque le schisme interne et révèle sa effet, toute infirmité ou aberration des
autorisée par conséquent à revendiquer de propre distance intrinsèque de la vérité conditions psycho-physiques normales
l’État une reconnaissance légale qui la chrétienne, le monde catholique est lui (norme déterminée par la nature spéci-
mette a pied d’égalité, sous tous ses aussi touché par de multiples infections : fique) d’un individu est une maladie. Si
aspects, avec l’hétérosexualité. l’hétérodoxie morale de nombreux théolo- l’on voulait se placer sur un terrain de spé-
Le dépassement des sexes dans le concept giens et clercs, les sacrilèges et les graves cialiste, on devrait parler de pathologies au
artificiel de « genre » et la mise à égalité de abus de certains prêtres (par ex. les pluriel, le même désordre étant une consé-
l’homosexualité et de l’hétérosexualité sont « noces » célébrées par don Franco Barbero quence possible de maux physiques, de
implicitement déjà présents dans la philoso- entre homosexuels et transsexuels), le rela- dérangements psychiques, d’altérations
phie moderne et dans le droit libéral, bien tivisme moral de nombreux f idèles, la génétiques, etc. Nous laissons à la science
que non encore totalement réalisés. Tout en révolte arrogante des autorités civiles médicale, pratiquée honnêtement, l’investi-
attribuant aux faits contingents leur juste envers le Magistère moral de l’Église, etc. gation étiologique et pathogénique. Qu’elle
poids par rapport aux idéologies bien plus On est contraint de constater douloureu- soit causée par des facteurs physiologiques,
radicales qui en fournissent le support, sement qu’encore une fois, les erreurs qui psychologiques ou par la conjonction de
nous ne pouvons pas passer sous silence le ont germé dans la terre du protestantisme plusieurs d’entre eux, l’homosexualité a été
fait que l’Occident présente aujourd’hui des sécularisé (il suffit de penser à l’œuvre dia- qualifiée unanimement de pathologie par la
législations neutres, dans la meilleure des bolique du Lesbian and gay Christian mo- neuropsychiatrie, par la psychologie cli-
Mai 2007 Courrier de Rome 3
nique et par la psychanalyse elle-même, constances) répondent au bien, alors qu’il rée morale et conforme à la loi naturelle,
avant que la reconnaissance de sa normalité suffit qu’un seul de ces trois éléments soit est pure propagande. Elle est de plus gros-
ne soit imposée de façon dogmatique. L’Or- mauvais pour que l’acte soit mauvais : sièrement anachronique dans sa volonté de
ganisation Mondiale de la Santé, jusqu’au bonum ex integra causa, malu ex quo- projeter sur l’antiquité des idées totalement
17 mai 1990, comptait l’homosexualité cumque defectu. Or, pour qu’un acte sexuel modernes telles que le concept culturel de
parmi les pathologies psychiatriques, et soit bon, l’intention doit être celle de s’unir « genre » et la négation de la finalité pro-
c’est la pression des lobbies pro-gay, et non conjugalement, à la lumière de la chasteté créative de la sexualité. S’il est vrai que les
pas de nouvelles découvertes scientifiques, conjugale, l’acte extérieur doit être un rap- Gentils toléraient les rapports homosexuels
qui imposa qu’elle soit rayée de cette caté- port sexuel en soi propice à la procréation comme occasion de plaisir, il faut préciser
gorie. des enfants, accompli de façon humaine que ces actes n’étaient pas exclusifs, étant
La nature humaine est sexuellement entre époux, les circonstances doivent être pur instrument de plaisir n’excluant pas la
déterminée comme masculine ou féminine, celles de l’intimité et exclure les périodes sexualité procréative liée au mariage. Le
et cette différence substantielle se manifeste vouées à la continence, etc. Il est facile de mariage était une prérogative exclusive-
comme relation de complémentarité, comprendre qu’à l’acte homosexuel ment hétérosexuelle ; jamais un couple
visible, au plus haut degré, dans l’union manque la bonté tant de l’acte intérieur que homosexuel ne fut considéré comme une
conjugale. Aucun acte de volonté ne peut de l’acte extérieur (il n’est pas propice à la famille, et la pédérastie, bien que largement
effacer cette bipolarité sexuelle (« c’est procréation, il n’est pas accompli entre pratiquée et tolérée, était en réalité considé-
notre opinion que tout homosexuel est, en époux, il n’est pas humain mais bestial, rée comme une faiblesse morale, sinon un
réalité, un hétérosexuel latent », Irving Bie- etc.) : c’est l’objet même du désir homo- vice, au point que le refus opposé par
ber, Homosexualité, La Pensée Scientifique sexuel qui est illicite et intrinsèquement Socrate aux avances du jeune Alcibiade
Éditeur, 1977, p. 241) qui implique, dans pervers. Les circonstances, par ailleurs, constitua une raison ultérieure d’admiration
l’unité du composé humain, tant le corps sont souvent elles aussi immorales dans les pour le Sage athénien (cf. Platon, Sympo-
(caractères sexuels somatiques) que l’âme, rapports homosexuels. sium 217-219e). Juvénal, dans les Satires,
si bien que le sexe, déterminé à la concep- Une objection fondamentale consiste bien condamne l’homosexualité comme vice,
souvent à nier, outre la complémentarité cause et symptôme de décadence morale de
tion, est établi pour l’éternité et implique en
sexuelle naturelle, la procréation en tant la civilisation, tandis que l’historien Tacite
tant que tel une inclination relationnelle
que cause finale de l’acte sexuel, en consi- qualifie les sodomites de « troupeau de
précise envers le sexe opposé (personne
dérant le plaisir comme véritable fin de la débauchés » (Ann. XV, 37, 8) jugeant sévè-
n’est homosexuel par nature). Toutefois,
sexualité, ce qui permet de mettre à égalité rement, avec Suétone et Dion, les habitudes
l’humanité blessée par le péché des pre- sexuelles déviées de Néron. Tout ceci per-
miers parents est exposée à la perversion de hétérosexualité et homosexualité. L’objec-
tion est facilement réfutable, car la cause met de comprendre quel était le jugement
ses propres inclinations naturelles, y com- sur l’homosexualité dans le sens commun
pris l’inclination sexuelle qui, réglée par la finale particulière d’un acte ne peut être
que sa perfection (identité de fin implique des Gentils, jugement qui n’est pas sans
complémentarité conjugale orientée vers la quelque ressemblance, dans le mépris et la
procréation, peut au contraire se tourner identité d’acte), tandis que le plaisir est un
mouvement naturel de tout l’agir humain réprobation morale de la sodomie (souvent
vers des objets différents de l’objet naturel, passive), avec celui des païens d’aujour-
générant ainsi de graves pathologies psy- et, puisque les actes humains sont diffé-
rents, et que différente est la perfection par- d’hui.
chiatriques qui prennent le nom de nécro-
philie, pédophilie, zoophilie et homosexua- ticulière à laquelle ils tendent, le plaisir ne L’immoralité de la sodomie est d’une telle
lité. peut pas être la causa finalis de la sexualité évidence que la Modernité elle-même, bien
(pas plus que des autres actes humains), car qu’athée et sourde à la loi naturelle, n’est
L’homosexualité, comme toute pathologie il est la cause impulsive générale : « la pas allée jusqu’à affirmer sa bonté morale,
(par ex. la cécité prive l’aveugle de la vue, nature n’a prévu aucune opération à la sinon dans les dernières décennies, c’est-à-
mais n’efface pas sa nature d’être voyant), seule fin d’obtenir le plaisir. Nous consta- dire lorsque les quelques bastions intellec-
ne change pas la nature de l’individu : les tons en effet que la nature a placé le plaisir tuels de la conscience droite qui avaient
goûts et les habitudes homosexuels parais- dans les opérations qui sont les plus indis- survécu aux dévastations précédentes sont
sent naturels à l’inverti à cause de sa patho- pensables à la vie, comme dans les actes tombés chez la presque totalité des occi-
logie, et non parce que ces actes et habi- vénériens, à travers lesquels se perpétue dentaux. Si, en Italie, l’ouvrage populaire
tudes cessent d’être objectivement contre l’espèce, et dans l’usage des aliments et des de vulgarisation par excellence, bien que de
nature. Ce que la raison démontre, la théo- boissons, par lequel se conserve l’individu » matrice illuministe, définit l’homosexualité
logie le confirme, en dénonçant comme (Jacques de Pistoia, Le bonheur suprême, comme « aberration sexuelle » (Encyclopé-
hérétique la proposition : « le péché contre 9 ; cf. S. Th. I-II, q. 31 et II-II, q. 141). die Garzanti Universelle 1962 / 69), et si la
nature (...), même s’il est contre la nature culture marxiste léniniste catalogue la
En distinguant la condition ou tendance
de l’espèce, n’est toutefois pas contre la sodomie parmi les vices antisociaux, sans
homosexuelle des actes homosexuels, la
nature de l’individu [homosexuel} » (Étien- parler de Freud qui, bien qu’hostile à la foi
raison conduit d’elle-même à la reconnais-
ne Tempier, Opiniones 219 condemnatæ). et à la morale, se risqua au traitement psy-
sance de la première comme inclination
Les actes homosexuels objectivement désordonnée, et des seconds chiatrique des homosexuels, on ne peut que
comme grave faute morale. Le philosophe conclure en reconnaissant, dans ces témoi-
sont-ils moralement licites ? gnages des ennemis de la Vérité, l’évidence
par excellence, Aristote, l’atteste lorsque,
Si l’inclination homosexuelle offense la trois siècles avant Jésus-Christ, il reconnaît du jugement moral sur les actes homo-
nature humaine en en refusant la vocation rationnellement que les actes homosexuels sexuels, qui était tel que même ceux qui
conjugale, les actes homosexuels se confi- font partie des « comportements bestiaux » niaient Dieu et la réalité n’osaient pas, sous
gurent comme moralement mauvais en (Aristote, Et. Nic. 1148, 24-38), et sont peine de ridicule, affirmer le contraire.
eux-mêmes, en tant qu’ils actualisent cette donc indignes de l’homme. Platon avait À ceux qui invoquent les mœurs liber-
offense et privent l’acte sexuel de sa fin déjà condamné la sodomie en tant que pra- tines établies aujourd’hui pour justifier le
naturelle, qui est la procréation : les actes tique contre nature (Platon, Lois, 836C). En péché impur contre nature, il sera suffisant
homosexuels « interdisent à l’acte sexuel le voulant considérer le jugement de la loi de rappeler que les données statistiques et
don de la vie. Ils ne sont pas le fruit d’une morale naturelle sur l’homosexualité (incli- les analyses sociologiques ne constituent
vraie complémentarité affective et sexuelle. nation et actes) tel qu’il a été histori- pas un argument valide de démonstration et
Ils ne peuvent être approuvés en aucune quement admis, et préciser l’accidentalité encore moins de réfutation de la loi morale,
façon » (CEC, 2357). de la praxis historique par rapport au ju- le factuel se distinguant du normal : «...
Un acte n’est moralement bon que gement rationnel, nous devons détruire cer- multitufo facere simplicem fornicationem
lorsque les trois éléments constitutifs (acte tains mythes. En effet, l’idée que, dans l’an- non esse peccatum mortale, vel magis tole-
intérieur ou intention, acte extérieur et cir- tiquité, l’homosexualité aurait été considé- rabile, si omnes fornicarentur ? » ; « la
4 Courrier de Rome Mai 2007
multitude pourrait-elle faire que la simple sexuel prive le pécheur de la grâce sancti- bien que péché très grave, la sodomie trou-
fornication ne soit pas péché mortel, ou fiante, détruit en lui la charité et le condam- ve elle aussi le pardon de Dieu pourvu que
qu’elle soit plus tolérable, si tous forni- ne à l’enfer (CEC, 1033 ; 1035 ; 1472 ; le pécheur contrit reçoive l’absolution
quaient ? » (Pierre le Chantre). Par analo- 1861). sacramentelle après avoir accusé ses péchés
gie, la quantité de temps ne peut pas non Il faut se souvenir que le péché impur mortels en une confession humble, complè-
plus influencer le jugement moral, si bien contre nature – le péché de luxure le plus te, sincère et prudente, accompagnée du
que les actes homosexuels constituent une grave (S. Th. II – Iiæ, q. 154, a. 11 ; Gra- ferme propos, universel et efficace, de ne
faute très grave même s’ils sont commis tien, D. II, XXXII, 7, cc. 12 et 14) – crie plus pécher.
par des personnes appartenant à des vengeance devant Dieu car il appartient, Si l’on considère la finalité de la sexualité
peuples s’adonnant traditionnellement à ces comme l’enseigne le Saint Esprit, à la caté- et la nature objective des actes homo-
pratiques (cf. Mt. 15, 3 ; Mc. 7, 8) ; en effet, gorie des péchés « les plus graves et sexuels, « les personnes homosexuelles
« la longueur du temps ne diminue pas les funestes parce que directement contraires sont appelées à la chasteté) (CEC, 2359),
péchés, mais les augmente (X. 5. 3. 8-9) au bien de l’humanité, et odieux, si bien c’est-à-dire qu’elles sont tenues à l’absti-
(Raymond de Penafort, Summa de pœniten- qu’ils provoquent, plus que les autres, les nence sexuelle à travers la vertu de maîtrise
tia, lib. II, tit. 3). On ne peut qu’approuver châtiments de Dieu » (Saint Pie X Caté- de soi soutenue par la grâce sacramentelle
Gratien lorsqu’il affirme « flagicia, quæ- chisme de la Doctrine Chrétienne, 154) et par la prière (la chasteté est le douzième
sunt contra naturam, ubique ac semper (vérité confirmée par une révélation privée fruit du Saint-Esprit). Que les homosexuels
repudianda atque punienda sunt » (Gratien, aussi ancienne que vénérable : un ange de qui craignent Dieu se souviennent des
D. II, XXXII, 7, c. 13 ; « les délits contre Dieu révéla au moine Wettinio que « in
nature doivent toujours et partout être paroles de saint Paul : « vous ne pouvez pas
nullo tamen Deus magis offenditur quam appartenir au Christ sans crucifier la chair
réprouvés et punis). » contra naturam pecatur ; Hatto évêque de avec ses passions et ses désirs. » (Gal. 5,
Le malade d’homosexualité, lorsqu’il Bâle, Visio Wettini, 19). Le Troisième 22-24). La loi naturelle et divine impose
accomplit des actes homosexuels, Concile du Latran sanctionna la sodomie aux homosexuels d’exercer leur liberté
peut-il avoir un plein consentement et par la peine de l’excommunication, confir- rationnelle en refusant la tentation et en
une pleine advertance ? mant ainsi son caractère pénal : « qui- reniant leur propre inclination sexuelle
cumque incontinentia illa quæ contra natu- maladive : « la conformité de l’auto-renie-
Oui. La nature pathologique de l’homo- ram est (...) si laici excommunicationi sub- ment d’hommes et de femmes homosexuels
sexualité ne prive pas celui qui se souille duantur, et a cœtu fidelium fiant prorsus par le Sacrifice du Seigneur constituera
d’actes homosexuels de la responsabilité alieni » (canon 11 ; confirmé par Grégoire pour eux une source de don d’eux-mêmes
morale, parce que la déviance sexuelle ne IX, Decretales liv. V, tit. 31, chap. 4). Le qui les sauvera d’une forme de vie qui
prive pas le malade de l’usage de la raison sévère jugement du Magistère au sujet des menace continuellement de les détruire
ni du libre arbitre, étant donné qu’il s’agit actes homosexuels est parfaitement cohé-
d’une simple inclination à laquelle la per- (Pastorale, 12). L’Église, de son côté, s’ap-
rent avec lui-même dans le temps, car il est plique à assister spirituellement ses fils
sonne peut donner ou refuser son consen- fondé sur la sainte Tradition apostolique
tement. L’appétit sexuel naturel n’oblige infortunés dans la dure lutte contre la tenta-
(par ex. saint Polycarpe, Lettre aux Philip- tion, en les protégeant des pièges tendus par
pas l’homme à la fornication, et il en va de piens, V, 3 ; saint Justin, Prima Apologia,
même pour le désir sodomitique patholo- de fausses doctrines morales qui ne peuvent
27, 1-4 ; Athénagore, Supplique pour les que les mener, s’ils les écoutent et les prati-
gique. La concupiscentia carnis (que son chrétiens, 34 ; etc.) et la Sainte Écriture, où
objet soit naturel ou dévié) tire son origine quent, à la mort spirituelle.
les pratiques homosexuelles sont
de la chair blessée par le péché originel, « condamnées comme graves dépravations L’autorité civile peut-elle modifier
mais la volonté personnelle, étant de nature et présentées comme la funeste conséquen- l’institution matrimoniale en refusant
spirituelle et non matérielle, est libre de ce d’un refus de Dieu » (Persona humana, l’hétérosexualité des époux comme
consentir ou non au désir. Nous apprenons
de Dante qui, après avoir écrit, esclave de
8) à partir de Gen. (19, 1-29) jusqu’au Nou- conditio sine qua non ?
veau Testament (1 Tim. 1, 10 ; Rom. 1, 18- Non. Le mariage étant une institution de
l’erreur, que « le libre arbitre ne fut jamais
32) en passant par le Lévitique où Moïse – droit naturel, il est déterminé pour
affranchi » face à la passion amoureuse
définissant la sodomie comme une « pra- l’éternité ; c’est pourquoi personne, même
(Rimes CXI, v. 10), s’assagit et s’amenda
tique abominable » (Lév. 18, 22) – « exclut pas Dieu, et donc encore moins l’autorité
en abandonnant l’absurde déterminisme
du Peuple de Dieu ceux qui ont un compor- civile, ne peut intervenir pour en modifier
psychologique pour nous donner une pré-
tement homosexuel » (Pastorale 1, 6), si la nature essentielle. Comme les sujets et la
cieuse vérité : « d’où, supposons que de
nécessité / naisse tout amour qui en vous bien que saint Paul peut confirmer cette matière du contrat nuptial sont un homme
s’enflamme, / de le retenir est en vous le exclusion dans une perspective eschatolo- et une femme, et que la fin première de
pouvoir » (Pg XVIII, vv. 70-72 ; cf. Gen. 4, gique (1 Cor. 6, 9-10). On ne peut pas non l’institution est la procréation, l’union de
7 : « le péché ne couche-t-il pas à ta porte ? plus taire le lien intime entre l’homosexua- deux personnes de même sexe ne peut et ne
[...] mais tu dois le dominer »). lité et le Malin, lien objectif qui n’implique pourra jamais être un mariage. Etant recon-
pas nécessairement un asservissement à
Oui, même les malades d’homosexualité, nu que, de droit naturel, il n’y a de mariage
Satan des invertis, mais qui affirme l’origi-
bien qu’ils perçoivent, de façon irration- qu’entre deux personnes de sexe différent ;
ne diabolique de la perversion 2. Toutefois,
nelle, les actes sodomitiques comme natu- mariage institué par le Créateur comme
rels, ont la possibilité de connaître ration- fondement de la famille – société naturelle
nellement l’immoralité de ces pratiques, 1. Cf., à la fin de cet article, la liste des documents avec des propriétés essentielles et des fina-
l’intelligence n’étant pas corrompue par la ecclésiaux cités. lités propres – et élevé par le Christ au rang
déviation. Brunetto Latini en fournit un 2. À l’heure actuelle, plus que l’existence de la sorcelle- de sacrement, la possibilité d’un mariage
illustre exemple en soutenant avec convic- rie (cf. INNOCENT VIII, Summis desiderantes affectibus ; homosexuel est exclue par définition : « s’y
tion, bien que sodomite (cf. If XV), l’exé- HEINRICH INSTITOR et JACOB SPRENGER, Malleus malefi- oppose, avant tout, l’objective impossibilité
cration de l’impur péché dans son Livres carum ; fr. JOHANNES NIEDER, Forinicarius ; etc.) il est de faire fructifier l’union par la transmis-
dou Trésor. intéressant de mettre en évidence le lien intime existant sion de la vie (...) ainsi que l’absence des
entre sodomie et présence satanique : avec le péché présupposés pour cette complémentarité
Les actes homosexuels sont-ils cause sodomitique le corps humain se transforme en « delubra interpersonnelle que le Créateur a voulue,
de damnation éternelle ? demonum » (Visio Wettini, 19), raison pour laquelle « les tant sur le plan physico-biologique que sur
La sodomie est sans aucun doute une saints Pères (Concile d’Ancyre, canon 17) décidèrent le plan éminemment psychologique, entre
matière grave (Compendium CEC, 492) ; que les sodomites devaient prier avec les possédés, car l’homme et la femme » (Jean-Paul II, Dis-
par conséquent, s’il y a pleine advertance et ils ne doutaient pas qu’ils fussent habités de l’esprit dia- cours au Tribunal de la Rota Romaine,
plein consentement, un seul acte homo- bolique » (Saint Pier Damiani, Liber Gomorrhianus). 21 / 01 / 1999).
Mai 2007 Courrier de Rome 5
Est-il permis à l’autorité civile de reurs Théodose le Grand et Valentinien II historique nous en est donné par le Ta-
reconnaître les unions de fait dans la lex « non patimur urbem Romam » Tsing-Leu-Lee (Code pénal chinois de
entre homosexuels ? de 390 (in Mosaicarum et romanarum 1799) où l’homosexualité, conformément à
legum collectio, V, 3). la droite raison liée à la tradition morale du
À cette hypothèse s’opposent des argu- Céleste Empire, est condamnée comme
Bien que le Magistère (CEC, 2266)
ments rationnels d’ordre relatif à la droite crime contre nature (cf. Section CCCLXVI,
conforme l’admissibilité morale de la peine
raison, d’ordre biologico-anthropologique, statut n. 3). La communauté politique,
capitale, quand d’autres moyens sont insuf-
social et juridique synthétiquement exposés orientée vers le bien commun, c’est-à-dire
fisants (ibid., 2667), la sodomie peut légiti-
dans les Considérations sur les projets de vers la perfection de l’homme, doit, quand
mement être sanctionnée par le système
reconnaissance légale des unions entre per- elle connaît la véritable anthropologie et,
pénal séculier d’une autre façon, le choix
sonnes homosexuelles publiées par la avec elle, la lex naturalis, se doter d’« une
des peines revenant à l’autonomie du gou-
Sacrée Congrégation pour la doctrine de la vernant temporel. De même que Charles V loi qui oblige à un usage naturel de la
Foi le 3 juin 2003. Empereur (Lex Carolina, § 116) et le Pape sexualité ayant pour fin la procréation et
Reconnaître publiquement les unions de Grégoire XIII, en qualité de prince territo- donc excluant les rapports homosexuels »
fait s’oppose aux principes mêmes du droit rial (Statuta Urbis Romæ, liber II, cap. 49), (Platon, Lois VIII, 838 E) ; non pas, bien
libéral énoncés dans le Code Napoléon où confirmèrent le bûcher pour les sodomites, sûr, en plaçant la sexualité honnête sous le
l’on affirme la symétrie : les concubins de même le caudillo d’Espagne Francisco contrôle de l’État comme c’est le cas dans
ignorent la loi, la loi ignore les concubins. Franco Bahamonde agit sagement en pro- les régimes totalitaires (par ex. contrôle des
La fausse conception libérale du droit veut mulguant, en 1970 3, la Ley de peligrositad naissances ou eugénisme), mais en empê-
que l’on juge indifférente à la loi la cohabi- social, exemplaire dans la condamnation de chant ces formes immorales de sexualité
tation more uxorio quand, en vérité, il s’agit l’homosexualité et dans la prévision de qui nient en elles-mêmes la fin naturelle de
d’un délit. Pour corriger le législateur libé- mesures punitives alternatives à la peine de la procréation.
ral, nous réaffirmons que, le concubinage mort. Mais, si la peine change, la recon-
étant un scandale public (outre un désordre Le droit naturel reconnaissant au domi-
naissance de la sodomie en tant que crime cile une relative inviolabilité, l’autorité
objectif), il revient à l’autorité civile de ne change pas et ne pourra jamais changer :
poursuivre pénalement les concubins (ce publique, en poursuivant les délits d’homo-
« cum vir nubit in feminam (...) ubi sexus sexualité, ne frapperait, de fait, que ceux
qui est le cas par ex. dans les États de Flori- perdidit locum (...) iubemus insurgere
de, Michigan, Mississipi, Caroline du Nord, qui pratiquent ou tentent de pratiquer –
leges, armari iura gladio ultore, ut exquisi- « etsi effectu sceleris potiri non possunt,
Virginie et Virginie de l’Ouest). Ce devoir tis pænis subdantur infames, qui sunt vel
regarde, avec bien sûr une plus grande propter voluntatem perniciosæ libidinis
futuri sunt rei » (Costanzo II et Costante in extra ordinem puniuntur » (Gratien, D. II,
sévérité, les concubins homosexuels. Les C. IX, 9, 30). Un système qui ne reconnaît
unions homosexuelles sont une grave of- XXXIII, 3, d. 1, c. 15) – ou favorisent des
pas l’acte homosexuel comme crime consti- rapports contre nature sans intimité, confes-
fense à l’ordre civil et, en tant que telles, tue, étant donné la fonction pédagogique de
non seulement elles ne peuvent pas pré- sent publiquement ce crime ou se rendent
la loi, une légitimation de la perversion et, coupables d’apologie de l’homosexualité,
tendre à une reconnaissance publique, mais la porte étant ainsi ouverte au désordre
elles doivent au contraire faire l’objet d’une et garantirait au contraire une large toléran-
moral, il n’y aura rien d’étonnant à ce que
interdiction légale. ce à l’égard des invertis discrets. La ratio
d’autres formes de déviation sexuelle,
legis devrait être différente, en condamnant
L’autorité civile peut-elle discriminer encore réprouvées et punies, revendiquent
l’homosexualité en soi sans tenir compte
elles aussi les mêmes droits que ceux
et poursuivre pénalement accordés à l’homosexualité, en trouvant un des circonstances, mais, en pratique, l’ac-
les homosexuels ? terrain culturel qui leur est favorable : tion pénale s’exercerait d’une façon ana-
Oui, l’autorité civile peut, et même doit « quand (...) l’activité homosexuelle est logue à ce qui est prévu par le Code pénal
discriminer les homosexuels. En effet, « les acceptée comme bonne, ou quand on intro- émanant du pourtant très laïc roi Victor
personnes homosexuelles, en tant que per- duit une législation civile pour protéger un Emmanuel II pour le Roi de Sardaigne
sonnes humaines, ont les mêmes droits que comportement auquel personne ne peut (livre II, tit. VII, art. 425). Il en va de même
toutes les autres personnes (...), néanmoins revendiquer quelque droit que ce soit, ni pour la discrimination civile des homo-
ces droits ne sont pas absolus. Ils peuvent l’Église ni la société dans son ensemble ne sexuels, qui frapperait uniquement les
être légitimement limités en raison d’un doivent ensuite s’étonner que d’autres opi- homosexuels déclarés et orgueilleux : « la
comportement extérieur objectivement nions et pratiques déformées gagnent du tendance sexuelle d’un individu n’est en
désordonné. Ceci est parfois non seulement terrain, et que les comportements irration- général pas connue des autres, à moins
permis, mais obligatoire » (Quelques consi- nels et violents augmentent » (Pastorale, qu’il les manifeste publiquement, ou qu’au
dérations., 12). L’autorité civile doit pour- 10). moins certains comportements extérieurs le
voir à ce que les homosexuels soient exclus manifestent » (Quelques considérations.
Bien que la lex divina soit une révélation 14). Par conséquent, le problème de la juste
de l’enseignement comme d’autres fonc- de justice extraordinaire, la foi n’est pas
tions pédagogico-éducatives (l’éducateur discrimination ne se pose pas normalement
nécessaire pour connaître l’importance
doit être « vita pariter et facondia pour les homosexuels chastes, ou du moins
pénale de la sodomie ; la loi naturelle suffit,
idoneus » C. Th. XIII, 3, 6), de la vie mili- non exhibitionnistes.
loi naturelle qui est disponible à la connais-
taire, du soin physique, sportif et sanitaire sance de tous les hommes : un témoignage L’action publique doit tourner son atten-
des enfants, de la possibilité d’adopter, etc. tion, nous l’avons vu, non seulement vers
Oui, l’autorité civile peut, et même doit, les actes homosexuels, mais aussi vers la
poursuivre pénalement ceux qui se rendent 3. Rappelons aussi les propositions de loi n. tendance homosexuelle, en discriminant les
coupables de sodomie ou de tribadisme en 2990 / 1961, 1920 / 1960 et 759 / 1963 présentées à la personnes déviantes en raison du bien com-
tant que coupables de violence envers Dieu Chambre des Députés afin de pénaliser les actes homo- mun et en garantissant (ou, s’il le faut, en
Créateur (cf. If XI, vv. 46-51), c’est-à-dire sexuels. La quasi-totalité des ordonnances reconnut, jus- imposant) aux homosexuels un traitement
de très grave violation de la loi naturelle et qu’à la moitié du XXe siècle, la nature criminelle des adapté, ayant pour objectif une réorienta-
divine. La lex divina vetus, non abrogée par actes homosexuels ; par ex. le § 175 du code pénal alle- tion sexuelle. L’inclination homosexuelle ne
le Christ, (cf. Mt. 5, 17 ; Lc 16, 17), affirme mand compta parmi les crimes les actes homosexuels constituant pas un péché, sa persécution
la nature criminelle de l’acte homosexuel et jusqu’au 25 juin 1969, et en reconnut l’intrinsèque pénale serait illégitime, car l’inclination est
donc sa nécessaire punition : « si un immoralité jusqu’au 23 nov. 1973. En Italie, bien que indépendante de la volonté, qui seule peut,
homme a des relations (sexuelles) avec un Giuseppe Zanardelli ait dépénalisé la sodomie en 1889, en vertu du libre arbitre, déterminer une
autre homme, tous deux ont commis une le Ministère de l’Intérieur publiait encore, le faute ; ce qui n’empêche pas le traitement
abomination et seront frappés de mort » 30 / 04 / 1960, une circulaire sur la répression de l’ho- forcé des invertis réfractaires à la réorienta-
(Lév. 20, 13), peine acceptée par les empe- mosexualité. tion, dans la mesure où cette action de l’au-
6 Courrier de Rome Mai 2007
torité publique ne se présenterait pas loi tendant à la reconnaissance légale des dernières, la tendance homosexuelle est un
comme exercice du pouvoir punitif, mais unions homosexuelles, « il a le devoir désordre objectif et réclame une préoccupa-
comme traitement sanitaire obligatoire. moral d’exprimer clairement et publi- tion morale » (Quelques considérations.,
Quand les autorités civiles, une fois affirmé quement son désaccord et de voter contre le 10) « étant donné qu’il n’y a pas de droit à
– explicitement ou implicitement – le projet de loi. Accorder son suffrage à un l’homosexualité » (Quelques considéra-
caractère naturel de l’homosexualité, ne texte législatif aussi nocif pour le bien com- tions., 13).
veillent pas à la réorientation sexuelle des mun de la société est un acte gravement
homosexuels, mais au contraire l’entravent, immoral », et que par rapport à d’éven- À la lumière de tout ceci, apparaissent dans
« on empêche que des hommes et des tuelles lois déjà en vigueur, « il doit s’oppo- toute leur immoralité ces législations civiles
femmes homosexuels reçoivent ce trai- ser comme il le peut et rendre connue son qui rendent « illégale une discrimination sur
tement dont ils ont besoin et auquel ils ont opposition : il s’agit d’un acte nécessaire de la base de la tendance homosexuelle »
droit » (Pastorale, 15). témoignage envers la vérité » (Cons., 10) ; (Quelques considérations., préambule) 4,
À ceux qui revendiqueraient la dimension • à tous les fidèles qu’« ils sont tenus de allant jusqu’à poursuivre pénalement ceux
exclusivement privée et, comme telle, abso- s’opposer à la reconnaissance légale des qui rappellent la nature déviée et peccami-
lument libre, de la sexualité (revendication unions homosexuelles » (Cons., 10) ; neuse de l’homosexualité, empêchant de fait
libertaire acceptée par le droit libéral : par • aux homosexuels qu’ils sont tenus à la mission de l’Église (le 29 juin 2004, un tri-
ex. par la Cour Suprême des États-Unis l’abstinence sexuelle. bunal suédois condamnait à la prison le pas-
dans la sentence Lawrence et al. vs. Texas teur luthérien Borgholm dr. Ake Green pour
du 26 juin 2003, qui renversa la sentence En 1986, la Congrégation pour la avoir critiqué, dans son sermon dominical,
Bowers vs. Hardwick du 30 juin 1986 ; le Doctrine de la Foi avait déjà dénoncé la les « mariages » gays, tandis qu’en Andalou-
Wolfenden Report de 1957, qui fut un tour- tentative, dans quelques pays, de « manipu- sie, le Rév. P. Domingo Garcia Dobao a été
nant pour la dépénalisation des actes homo- ler l’Église en s’attirant le soutien de ses dénoncé pour avoir infligé, en lui refusant la
sexuels, affirmait que les comportements pasteurs, dans l’effort entrepris pour chan- communion, une humiliation publique à un
homosexuels en privé entre adultes consen- ger les règles de la législation civile. La fin sodomite notoire).
tants ne pouvaient plus être considérés de cette action est de conformer cette légis-
comme des crimes), il faut rappeler la na- lation à la conception propre à ces groupes Si Dieu, à travers la loi morale naturelle
ture profondément sociale de la sexualité, de pression, selon lesquels l’homosexualité et la Révélation confiée à l’Église, de-
tant parce qu’elle implique une relation est au moins une réalité parfaitement inno- mande aux homosexuels d’être chastes
entre deux personnes que parce qu’elle est cente, sinon totalement bonne » (Pastorale, dans l’abstinence, la seule voie pour y arri-
naturellement orientée vers la procréation, 9). Face à cette diabolique action, l’ex Saint ver est de pratiquer constamment la chaste-
c’est-à-dire la génération d’une troisième Office rappelait que la doctrine morale « ne té par la force de la volonté soutenue par la
personne. Mais ce n’est pas tout. Il faudrait peut pas être modifiée sous la pression de grâce sacramentelle et par la prière, afin
aussi refuser la notion libérale du droit la législation civile ou de la mode du que l’âme prenne l’habitude morale de la
selon laquelle « le seul aspect de sa condui- moment » (Pastorale, 9) et que les groupes chasteté (les habitudes morales ne se pos-
te dont chacun doit rendre compte à la agissant, même à l’intérieur de l’Église, sèdent que par la pratique constante de vie).
société est celui concernant les autres : pour l’acceptation de l’homosexualité et la En revanche, chaque fois qu’un homo-
pour l’aspect qui ne regarde que lui, son légitimation des actes homosexuels sont sexuel cède à la tentation en accomplissant
indépendance est, de droit, absolue. Sur lui- « mus par une vision opposée à la vérité sur des actes homosexuels, non seulement il
même, sur son esprit et sur son corps, l’in- la personne humaine (...). Ils manifestent
dividu est souverain » (J. S. Mill) et l’on commet un péché mortel très grave, mais il
(...) une idéologie matérialiste, qui nie la renforce en lui-même « une inclination
devrait au contraire affirmer le devoir pour nature transcendante de la personne hu-
l’État de garantir le respect de la loi natu- sexuelle désordonnée » (Pastorale, 7) se
maine, ainsi que la vocation surnaturelle de faisant ainsi l’esclave d’un abominable
relle même là où il n’y a pas d’intérêt col- chaque individu » (Pastorale, 8).
lectif apparent. Nous disons apparent parce vice.
qu’en réalité les relations homosexuelles Étant donné la détérioration morale des
catholiques eux-mêmes, c’est avec une plus Bladasseriensis
« sont nocives pour le développement cor-
rect de la société humaine » (Cons. 8), en grande force encore que résonne la de-
plus d’offenser Dieu et d’attirer ses châti- mande faite par la Suprême Congrégation
aux Évêques « d’être particulièrement vigi- Documents ecclésiaux cités
ments (« souvent une ville entière souffre à
lants à l’égard de ces programmes qui ten- • Pastorale = Sacrée Congrégation pour
cause d’un homme mauvais / qui pèche et
projette intrigues sacrilèges » Hésiode). tent de fait d’exercer une pression sur l’É- la Doctrine de la Foi : Lettre aux Évêques
glise pour qu’elle change sa doctrine » de l’Église catholique sur la pastorale à
Si, au XIIe siècle, Gauthier de Lille pou- (Pastorale, 14) ; le ministère épiscopal, en l’égard des personnes homosexuelles, 1er
vait chanter : « Et quia non metuunt animæ effet, leur impose de repousser, censurer et octobre 1986.
discriminem, / principes in habitum verte- combattre « les opinions théologiques qui
runt hoc crimen, / virum viro turpiter jungit • Cons. = Sacrée Congrégation pour la
sont contraires à l’enseignement de
novus hymen » (Carmen IV, XXVIII), que Doctrine de la Foi : Considérations à pro-
l’Église » (Pastorale, 17) et de retirer « tout
devrions-nous écrire de nos gouvernants ? appui à toute organisation qui cherche à pos des projets de reconnaissance juridique
subvertir l’enseignement de l’Église, qui des unions entre personnes homosexuelles,
CONCLUSIONS 3 juin 2003.
soit ambiguë à son égard ou qui le laisse
Notre Sainte Mère l’Église rappelle complètement de côté » (Pastorale, 17). • Quelques considérations. = Sacrée
• aux pouvoirs temporels que « recon- Si, comme nous l’avons montré précé- Congrégation pour la Doctrine de la Foi :
naître légalement les unions homosexuelles demment, s’est répandue jusque dans le Quelques considérations concernant la
ou les placer à égalité avec le mariage monde catholique l’idée selon laquelle réponse à des propositions de loi sur la non
signifierait non seulement approuver un condamner les actes homosexuels serait discrimination des personnes homo-
comportement déviant, avec la consé- une forme de « racisme » inconciliable avec sexuelles.
quence d’en faire un modèle dans la société l’Évangile, le Magistère enseigne au
actuelle, mais aussi porter atteinte à des contraire la bonté morale d’une juste discri-
valeurs fondamentales qui appartiennent au mination sur la base de la tendance homo- 4. Le parlement européen est, comme l’a dénoncé JEAN-
patrimoine commun de l’humanité » (Cons. sexuelle ; parce que la tendance sexuelle ne PAUL II dans son Mémoire et Identité (p. 23), particuliè-
11) ; constitue pas une qualité comparable à la rement actif pour protéger juridiquement le droit présu-
• aux parlementaires et à tout législateur race, à l’origine ethnique, etc. par rapport à mé à l’abominable vice : cf. Résolutions 08 / 01 / 94 ;
catholique que, face à des propositions de la non discrimination. Contrairement à ces 20 / 09 / 96 ; 17 / 09 / 98.
Mai 2007 Courrier de Rome 7

1962 - RÉVOLUTION DANS L’ÉGLISE


BRÈVE CHRONIQUE DE L’OCCUPATION
NÉO-MODERNISTE DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE
Le nouveau Pape « conciliaire » : Paul VI pu s’empêcher de souligner avec complaisance : habilement et jusqu’au bout l’occasion propice
« Quand on sait que le père Boyer fut le pour s’imposer de toutes les façons, prenant
Le Pape Jean XXIII mourut le 3 juin 1963, ainsi de fait les rênes du Concile Vatican II.
en plein déroulement du Concile. grand adversaire romain de Teilhard (et le
mien !), cette lettre prend toute sa significa- Nous ne pouvons pas nous étendre sur ce
Le 21 juin de la même année était élu Souve- tion » 4. sujet, mais il nous semble utile, à ce propos, de
rain Pontife son ami Giovanni Battista Montini rapporter ici au moins deux témoignages qui
(créé cardinal par Roncalli aussitôt après son Et quand on sait – ajoutons-nous – que Lubac
avait été éloigné de l’enseignement par Pue XII, peuvent aider à mieux comprendre le climat de
élection comme Pape), admirateur de Teilhard rébellion sourde qui s’était instaurée entre les
de Chardin, de Lubac et de la nouvelle théolo- et que le père Teilhard de Chardin avait été frap-
pé d’un Monitum du Saint Office dénonçant Pères de Vatican II.
gie en général, qui prit le nom de Paul VI.
dans ses écrits « des ambiguïtés et même de Le premier témoignage est celui du père
L’aile libérale moderniste du Concile pouvait Wiltgen, qui rapporte, dans sa chronique de la
graves erreurs en matière philosophique et
exulter : si elle avait pu jouir, sous Jean XXIII, séance conciliaire du 30 octobre 1962 :
théologique, offensant la doctrine catho-
d’une bonne liberté d’action, elle allait désor-
lique », si bien que les évêques et les autorités « Le 30 octobre... le cardinal Ottaviani [Pré-
mais avoir le champ pratiquement libre, avec le
académiques étaient exhortés à « défendre les fet du Saint Office – ndr] intervint pour pro-
soutien et la protection du pape Montini.
âmes, surtout celle des étudiants, des dangers tester contre les modifications radicales que
« De nombreux théologiens de grande répu- inhérents aux œuvres du père Teilhard de certains proposaient de faire subir à la Messe.
tation – écrit le p. René Latourelle S.J. – Chardin et de ses disciples » (Décret du 30 juin Parlant sans texte... il dépassa les dix minutes
absents au début [parce que déjà censurés ou 1962), on peut mesurer toute la portée de la tra- auxquelles tous étaient priés de se limiter.... Le
soupçonnés d’hérésie – ndr] entrèrent […] hison de la foi et des âmes opérée, au moins sur cardinal Alfrink agita sa clochette. Mais l’ora-
progressivement dans le cercle des experts, le plan objectif, par Paul VI. teur était tellement pris par son sujet qu’il ne
grâce à l’influence discrète de Paul VI, qui l’entendit pas – à moins qu’il ne l’ait délibé-
leur manifestait sa faveur en les recevant en « L’esprit du Concile » ou la Révolution
rément ignorée. Sur un signe du cardinal
audience particulière, concélébrant avec eux, Le Concile Vatican II inaugura sa deuxième Alfrink, un technicien débrancha le micro. Le
louant leur collaboration » 1. session le 29 septembre 1963 sous le nouveau cardinal vérifia le fait en grattant sur son
Une des premières préoccupations de Paul VI Souverain Pontife. micro et, humilié, dut se rasseoir. Le cardinal
fut de faire inviter – toujours de façon discrète Nous ne suivrons pas ici tout le processus le plus puissant de la Curie avait été réduit au
et transversale, bien sûr – le père de Lubac à des travaux conciliaires et de l’approbation des silence, les Pères conciliaires applaudirent de
parler sur Teilhard de Chardin au Congrès tho- documents finaux : nous renvoyons pour cela joie » 6.
miste international de septembre 1963. les lecteurs à une chronique sérieuse et impar- Face à l’incroyable et misérable spectacle
Voici en effet ce que le père Charles Boyer tiale des événements, comme celle déjà citée d’un épiscopat mondial qui, en majorité, et en
S.J., recteur de l’Université Pontificale Grégo- du père Wiltgen. plein Concile œcuménique, applaudit de joie
rienne, écrivait à Lubac dans une lettre du 10 Nous nous limiterons à faire remarquer la défaite symbolique de celui qui, dans l’Égli-
juin 1963 : comment, sous la discrète et prudente couver- se, est officiellement chargé de la défense de la
« Ayant été reçu ces jours-ci par le Saint ture de Paul VI, l’aile néomoderniste de Vati- Foi et de la morale – car c’est le rôle su Préfet
Père, j’ai pu constater la grande estime qu’il a can II réussit presque toujours à s’imposer. du Saint Office – on ne peut qu’être atterré et
pour votre personne et vos écrits. Dans le Nous disons presque toujours, car la réaction conclure inévitablement, avec Mgr Marcel
même temps, il a estimé, bien qu’avec une cer- d’une minorité de 250 Pères fidèles à la Tradi- Lefebvre, qu’« à un moment donné, Satan
taine réserve, un jugement sur le père Teilhard tion catholique – réunis dans le Cœtus Interna- s’empara du Concile ». Avec la permission de
de Chardin qui ne vous aurait pas déplu. C’est tionalis Patrum – réussit, dans certains cas, à Dieu, évidemment, et en punition d’une chré-
pourquoi mes réflexions m’ont poussé à pen- éviter des dommages irréparables 5. tienté endormie dans son bien-être et sans
ser que nous devrions entendre au congrès un Et la Curie Romaine ? À la vérité, les amour de la Vérité.
exposé favorable à la pensée du père Teilhard membres de la Curie essayèrent tout d’abord de Le deuxième témoignage, toujours à propos
de Chardin sur notre sujet (de Deo). Personne réagir, mais ils s’aperçurent bien vite avec stu- et comme preuve de l’incroyable climat
ne pourrait le faire mieux que vous. Je vous peur que les Pères « conciliaires » n’étaient d’ivresse révolutionnaire dans lequel agirent
prie donc simplement de participer à notre plus de leur côté, c’est-à-dire du côté de la Tra- les Pères conciliaires », est celui du nouveau
congrès » 2. dition catholique, mais tendaient à soutenir les théologien, puis Préfet de l’ex Saint Office, et
Cette incroyable lettre est symptomatique de novateurs. Les cardinaux, les évêques et les actuellement Pape, le cardinal Joseph Ratzin-
la pression que Paul VI, abusant de son autori- Monsignori de la Curie furent décontenancés ger, qui participa à Vatican II comme théolo-
té, avait commencé à exercer pour réhabiliter par ce fait inouï auquel ils n’étaient pas prépa- gien personnel du cardinal Frings, archevêque
sans aucune justification des théologiens et des rés, et leur réaction en fut paralysée. de Cologne :
exégètes condamnés par l’Église (autre cas De son côté, l’aile libérale moderniste du « On avait de plus en plus l’impression –
scandaleux : sa « réhabilitation » – sans aucune Concile en était bien consciente, et elle exploita écrivait en effet le card. Ratzinger – qu’il n’y
rétractation de leur part – des exégètes jésuites avait dans l’Église plus rien de stable, que
M. Zerwick et S. Lyonnet, condamnés par le tout pouvait être objet de révision. Le Concile
Saint Office pour leurs hérésies évidentes 3). 4. Ibidem. ressemblait de plus en plus à un gros parle-
Et ce à tel point que Lubac lui-même n’avait 5. Le « Cœtus » comptait, parmi ses membres les plus ment ecclésiastique, qui pouvait tout changer
connus, S.E. Mgr de Proença-Sugaud, archevêque de Dia- et révolutionner toutes choses à sa façon.
mantine (Brésil), S.E. Mgr Luigi Carli, évêque de Segni, L’accroissement du ressentiment vis-à-vis
1. AA. VV., Vatican II – Bilan et perspectives…, cit. p. 17. S.E. Mgr Marcel Lefebvre, ancien archevêque de Dakar de Rome et de la Curie était évident, car elles
2. H. DE LUBAC, Mémoire autour de mes œuvres, éd. Jaca (Sénégal), appuyés par la suite par les cardinaux Rufino apparaissaient comme le véritable ennemi de
Book, 1992, p. 451. Santos (Manille), Giuseppe Siri (Gênes), Ernesto Ruffini
3. F RANCESCO S PADAFORA , La Tradition contre le (Palerme), Arcadio Larraona et Michael Browne (de la
Concile, éd. Volpe, Rome 1989, pp. 8 et 273. Curie Romaine) : cf. R. WILTGEN, op. cit., pp. 146-148. 6. R. WILTGEN, op. cit., p. 28.
8 Courrier de Rome Mai 2007
toute nouveauté et de tout progrès. II]... avait dit à un “ expert ” de la Commis- aveuglément pour le fatidique « aggiornamento »
Les discussions conciliaires étaient de plus sion théologique qu’il était contrarié de voir voulu par le Pape Jean XXIII.
en plus présentées selon le schéma partisan que l’on exposait dans le schéma [de Lumen Ce qui vient d’être dit – affirmait le père
typique du parlementarisme moderne [...]. Gentium] ce qui semblait être le point de vue Henrici – « permet de comprendre clairement
Pour les croyants, il s’agissait d’un phéno- libéral modéré sur la collégialité ; personnel- avec quelle violence se heurtèrent [pendant
mène bizarre : à Rome, leurs évêques sem- lement il [le p. Schillebeeckx – ndr] était favo- Vatican II] deux traditions théologiques diffé-
blaient montrer un visage différent de celui rable au point de vue libéral extrême. rentes, qui étaient radicalement incapables de
qu’ils montraient chez eux. Des pasteurs qui, “ Nous nous exprimons de façon diploma- se comprendre. Et comme la majorité des
jusque-là étaient considérés comme rigi- tique, lui avait répondu l’expert, mais après le Pères conciliaires avaient été, pendant leurs
dement conservateurs apparaissaient tout à Concile, nous tirerons du texte les conclusions études, introduits directement ou indirectement
coup comme les porte-voix du progressisme, qui lui sont implicites ”. Le p. Schillebeeckx dans la tradition doctrinale “ romaine ”, le
mais était-ce vraiment de leur cru ? » 7. trouvait cette tactique “ malhonnête ” » 9. rôle des théologiens pendant le Concile appa-
Ce n’était pas de leur cru – comme le fait raît clairement : ils devaient dire et indiquer à
La « nouvelle théologie » hérétique de nombreux évêques comment pouvait se
comprendre le cardinal Ratzinger entre les devient « la théologie de Vatican II »
lignes – mais du cru des habituels Lubac, présenter un “ aggiornamento ” théologi-
Congar, Rahner, Küng et leurs amis, appelés Il faut enfin préciser qu’une grande partie quement et pastoralement responsable de l’an-
comme « experts » au Concile par Jean XXIII des évêques présents au Concile, bien que lar- nonce de la doctrine de l’Église » 11.
et par Paul VI pour l’imprégner de nouvelle gement corrompus par l’esprit d’indépendance Les « nouveaux théologiens » réussirent ainsi,
théologie, dans le but insensé d’expérimenter et de révolte à l’égard de ce qu’ils appelaient le avec l’appui décisif de leur admirateur et pro-
dans le corps vivant de l’Église les utopies « centralisme romain », étaient dans l’igno- tecteur Paul VI, à faire ingurgiter à une masse
modernistes obstinément cultivées pendant de rance tant des véritables objectifs des néomo- de Pères conciliaires inconscients et superficiels
longues années. dernistes que du contenu spécifique de leur (et c’est le moins que l’on puisse dire) le distillé
nouvelle théologie. de leurs hérésies, obtenant leur approbation
Erreurs et ambigüités volontaires
C’est ce que nous apprend le père Henrici « officielle », pour pouvoir ensuite les faire pas-
dans les textes conciliaires S.J. : ser pour la « doctrine de l’Église », et peut-être
Entraînée par les théologiens « têtes pen- «... pour l’ “ aggiornamento ” – écrit en effet même menacer d’« excommunication » qui-
santes » des épiscopats du nord de l’Europe et Henrici – les Pères conciliaires durent s’ap- conque voudrait s’y opposer.
par l’influence de cardinaux de gros calibre, puyer (ne pouvant faire autrement, pourrait-
eux aussi sous leur emprise (tels que Döpfner, Une « culbute » doctrinale dans les règles de
on dire) sur le travail déjà accompli par les l’art.
Bea, König, Frings, Tisserant, Suenens, Léger, théologiens [“nouveaux ”, évidemment – ndr]
Alfrink...), la majorité des Pères conciliaires Don A. M.
avant le Concile [...]. Enfin, dans les textes
finit par approuver, avec l’aval déterminant de (à suivre)
approuvés par le Concile, ils lui donnèrent,
Paul VI, des textes gravement ambigus dans
pour ainsi dire, une sorte d’authentification
lesquels la doctrine catholique était atteinte, et
ecclésiale. Si ces textes ont pu paraître nou-
d’autres textes dans lesquels, au milieu d’évi- 11. Ibidem
dentes (et volontaires) contradictions, elle était veaux, c’est seulement parce que le travail des
niée, du moins indirectement, surtout au sujet théologiens et l’état de la théologie catholique COURRIER DE ROME
[“nouvelle ” elle aussi, bien évidemment – ndr] Édition en Français du Périodique Romain
de l’identité et de la structure hiérarchique de Sì Sì No
l’Église, de l’œcuménisme, de la liberté reli- à la fin des années 50 étaient largement
Directeur : R. Boulet
gieuse et des rapports entre Église et État. méconnus de ceux qui n’étaient pas chargés
Rédacteur : Abbé de Taveau
des travaux (et parmi ceux-ci, de nombreux Adresse : B.P. 156 — 78001 Versailles Cedex
Le tout – nous le répétons et le soulignons – Pères conciliaires), ou aussi parce qu’une par-
au milieu de contradictions volontaires. Pour N° CPPAP : 0408 G 82978
tie des résultats de ce travail, qui peu de temps Imprimé par
les nouveaux textes conciliaires, les nouveaux avant était encore objet de censure, était à pré- Imprimerie du Pays Fort
théologiens utilisèrent en effet, avec succès, sent reconnue comme orthodoxe ». 18260 Villegenon
une technique moderniste éprouvée, déjà défi- Direction
nie et dénoncée en son temps par le Pape saint Et de continuer : « C’est pour l’une et
Administration, Abonnement
Pie X de la façon suivante : l’autre raison que l’on explique comme ce Secrétariat
Concile est devenu dans une large mesure un B.P. 156
« À les entendre, à les lire, on serait tenté de
“ Concile des théologiens ”. 78001 Versailles Cedex
croire qu’ils tombent en contradiction avec
eux-mêmes, qu’ils sont oscillants et incer- Mais il est nécessaire de se souvenir d’une E- mail : courrierderome@wanadoo.fr
chose : le Concile n’a créé aucune nouvelle Correspondance pour la Rédaction
tains. Loin de là : tout est pesé, tout est voulu
théologie, il a seulement porté à la lumière et Via Madonna degli Angeli, 14
chez eux [...]. Telle page de leur ouvrage pour- Italie 00049 Velletri (Rome)
rait être signée par un catholique : tournez la approuvé la théologie [néomoderniste – ndr]
Abonnement
page, vous croyez lire un rationaliste » 8. déjà existante » 10. • France :
Les « taupes » de l’Alliance européenne Le choc dramatique entre catholiques - de soutien : 40 € , normal : 20 € ,
avaient parfaitement accompli leur devoir, en - ecclésiastique : 8 €
et libéraux modernistes Règlement à effectuer :
maintenant toujours la plus grande prudence :
il était en effet prudent, à ce moment-là, d’agir Pendant le Concile – révélait encore Henrici – - soit par chèque bancaire ou à l'ordre du
eut donc lieu le choc inévitable entre la doctrine Courrier de Rome, payable en euros, en
par degrés, sans forcer l’époque, et de se France,
contenter le plus souvent de cacher des catholique (qu’il réduit, en bon néomoderniste,
- soit par C.C.P. Courrier de Rome 1972-25 F Paris.
charges explosives çà et là dans les textes à une simple « tradition romaine ») et la nou- • Suisse :
conciliaires, pour les faire ensuite exploser au velle théologie gnostique : choc qui déboucha - de soutien : CHF 100, normal CHF40
moment opportun. sur la victoire (temporaire, bien sûr) des « nou- - ecclésiastique : CHF 20
Pour preuve, le père Wiltgen nous apprend veaux théologiens » auxquels les Pères conci- Règlement :
que Schillebeeckx, « nouveau théologien » de liaires, dans leur grande majorité, se confièrent - Union de Banques Suisses - Sion
C / n° 891 247 01E
l’aile la plus extrémiste et opposé à toute pru- • Étranger : (hors Suisse)
dence, « dans la deuxième session [de Vatican - de soutien : 48 € ,
9. R. WILTGEN, Le Rhin se jette dans le Tibre, cit., p. 238 :
- normal : 24 €,
article du père Schillebeeckx dans De Bazuin, hebdoma-
- ecclésiastique : 9,50 €
7. CARDINAL J. RATZINGER, Ma vie. Souvenirs / 1927- daire religieux d’Amsterdam, du 23/01/1965. Règlement :
1977, éd. San Paolo, 1997, pp. 97-99. 10. Communio, nov-déc. 1990, article La maturation du IBAN : FR20 3004 1000 0101 9722 5F02 057
8. SAINTT PIE X, Pascendi. Concile – Expériences de théologie du préconcile, p. 13. BIC : PSST FR PPP AR

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