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La légende d'Arianye

Raphaël GOURLAOUEN
Sommaire
Prologue ........................................................... 3
Chapitre 1 L’éveil ........................................ 15
Chapitre 2 Mise en garde ...................... 29
Chapitre 3 Le début du voyage .... 48
Chapitre 4 La fuite ..................... 65
Chapitre 5 Le traître. ................. 78

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Commentaire [A1]: !!!!!! IDEE : Une
croyance dirait que si l’on dit le nom de

Prologue
Rúcare ferait mourir celui qui le dit.
Ilfirin n’y croit pas car il l’a déjà dit sans
conséquences.
Un jour, il le dit et Rúcare lui parle.
« Tu oses dire mon nom, humain ? Qui
es-tu ? Je te connais il me semble... Ne
serait tu pas celui qui à tué tants de mes
enfants ? Si, c’est cela... Je le vois dans
Un soleil assommant tapait sur le village de tes yeux.
Commentaire [A2]: Il existe plusieurs
Quilde. Les habitants sortaient de chez eux villages principaux dans le royaume.
Quilde est un des plus grands. Il existe
seulement pour voir si l’étouffante chaleur avait aussi quatre cités gigantesques. Elles se
nomment Antàra, Nicu, Alcarin et
disparue. Seuls quelques enfants jouaient sous un Haru.
Une dizaine d’autres cités existent
arbre. Un d’eux appela soudain ses compagnons. aussi.
Un homme à cheval venait d’entrer dans le village. Commentaire [A3]: Les villages
suivent une organisation. Il y a une
Ce dernier portait un arc et un bouclier sur son dos. épicerie qui vent de tout, des armes aux
plats préparés. Une auberge permet
A sa taille pendaient une belle épée ouvragée et un d’accueillir les visiteurs, et constitue le
seul point où l’on peut manger. La
carquois rempli de flèches de toutes sortes. Les maison de la Dame est au centre du
village. Une écurie se trouve près de
enfants accoururent pour jouer autour du cheval. l’entrée. Toutes les habitations se
répartissent autour du centre formé par
Cela fit rire le cavalier. Dés qu’il arriva près de la maison de la Dame, l’auberge et
l’épicerie.
l’écurie du village, il s’arrêta et mis pied à terre. Il
appela le tenancier de l’écurie, qui s’était réfugié
sous un arbre pour échapper au soleil et qui dormait
maintenant d’un profond sommeil. Il se réveilla
difficilement, et dés qu’il vit qu’il avait un client, il
accourut.
-Bonjour monsieur ? En quoi puis-je vous être
utile ?
-Je désirerais laisser mon cheval ici pour
quelques jours si c’est possible, répondit le jeune

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homme. Je reviendrai le chercher dans deux ou trois
jours. Enfin non, je viendrais demain mais vous le
laisserait le soir.
-Très bien. Vous m’avez dit deux ou trois jours,
Commentaire [A4]: Monnaie la plus
c’est cela ? Cela fera quinze aryons s’il vous plait. Et courante en Arianye.
Dans certains territoires, d’autres
votre cheval sera nourri bien entendu, annonça monnaies ont cours :
-Lisce.
l’homme. -Auresse.
-Elenion.
-Les voilà. Je vous remercie, dit le cavalier en
se dirigeant vers ce qui semblait être une auberge. Il
entra dans le bâtiment. Et découvrit un charmant
petit intérieur, douillet et accueillant. Il alla
directement voir une femme qui avait l’air de
s’occuper de nettoyer les vases.
-Heu... Excusez-moi...
-Ah, mon dieu, dit la femme en se retournant.
Je ne vous avais pas entendu entrer.
Désolé. Je suis bien dans l’auberge ici ?
-Tout à fait. Vous désirerez ?
-Une chambre pour deux nuits s’il vous plait.
La femme, qui semblait être l’aubergiste, alla
chercher un trousseau de clés, et invita le jeune
homme à la suivre.
-Je m’appelle Zora. Si vous avez besoin de
quelque chose, je suis toujours au rez-de-chaussée.

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Vous payerez pour la chambre à votre départ, dit-
elle.
Commentaire [A5]: Ce sont toujours
-C’est toujours Dame Agda qui dirige le village des femmes qui dirigent les villages.
Elles portent alors la distinction de
n’est-ce pas ? « Dame ».
-Oui c’est ça. Vous connaissez le village ?
demanda Zora.
-Pas vraiment, je ne suis venu qu’une fois,
mais Dame Agda est une connaissance.
-Bien. Je vous laisse. Le repas est servi dans
deux heures. Cela vous laisse le temps de flâner
dans le village.
-Merci beaucoup, dit le jeune homme.
-Par contre ne sortez pas du village après la
nuit. Il y a des ours dans le coin. Et pour ne rien
arranger, depuis l’attaque du Fléau, des bêtes
Commentaire [A6]: Il existe à
étranges rôdent. Enfin, vous devez déjà le savoir. Arianye de nombreux types de
monstres. Certains ne sont pas
-Ne vous inquiétez pas pour moi... agressifs, mais la plupart attaque les
humains qui ont le malheur de croiser
Le jeune homme saisit les clés que lui tendait leur route.
Zora, et sortit de l’auberge. Il se dirigea vers le
bâtiment qu’il savait être la demeure de Dame Agda,
et monta les escaliers qui permettaient d’accéder à
la belle maison. Il frappa deux coups secs à la porte
et entra. Une vieille femme se retourna en
l’entendant arriver, et dés qu’elle vit quel était son
visiteur, un large sourire s’étala sur son visage.

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-Ilfirin! Quel bon vent t’amènes ici ?
-Pas un bon vent malheureusement. J’en
entendu dire que les créatures se réveillaient. C’est
une très mauvaises nouvelles. Je crains que nous
Commentaire [A7]: Période de 300
nous fassions rattraper par l’âge des Bannis. Je ans où les Bannis étaient à l’apogée de
leur puissance et détruisaient le monde.
venais voir si vous en saviez plus à ce sujet, dit Rùcare contrôlait tout. Il a depuis été
défait.
Ilfinir.
-Je sais cela. Je l’ai sentie, et j’ai vu il y a
quelques semaines une légion de ces maudits
Chiens de Guerre. Je n’en ai pas parlé aux villageois
pour ne pas les effrayer. Je le regrette presque.
J’espère que ce n’est rien. Mais si cela se révèle plus
grave, le royaume pourrait bien être détruit comme
aux temps anciens. Si cela devait arriver, je compte
sur toi pour nous protéger. Mais surtout protéger la
Commentaire [A8]: La princesse est
princesse. Tu sais bien que sans elle nous sommes la plus puissante des femmes du
royaume. Elle contrôle toutes les formes
perdus. C’est ton rôle de Gardien. du Pouvoir et dirige le royaume. Ilfirin
avait pour rôle de la protéger.
-Je le ferais Dame Agda. Ne vous inquiétez pas
pour cela.
-Mais d’ailleurs Ilfirin, tu n’as rien d’autre à
me demander ? Je te vois impatient. Dis-moi tout.
-C'est-à-dire.... C’est délicat, mais je sais que je
peux me confier à vous. Je sens une grande force
grandir. J’ai peur que ce ne soit celui qu’on craint
tant. Je sais que je l’ai déjà vaincu, mais c’était

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presque dans une autre vie, et avec mes
compagnons Gardiens. J’ai peur que quelque chose
de grave ne se prépare.
-Toi, tu n’as pas usurpé ta réputation de grand
Commentaire [A9]: Magicien.
istyar*. Je ne sais quoi te dire. On ne sait même pas
où peuvent être les autres Gardiens. Il va falloir que
tu les retrouves, dit dame Agda
-Je le sais...répondit Ilfirin.
-Rentre à l’auberge pour te reposer Ilfirin. Je
vois bien que tu es épuisé.
Ilfirin salua dame Agda et repartit vers
l’auberge. Cependant, une lueur avait attiré son
attention. Il grimpa sur une petite colline pour
observer d’où elle pouvait venir. Devant lui, à perte
de vue, une immense plaine s’étendait. Des
champignons brillants étaient collés aux pieds de
beaux sapins se dressant dans la plaine. La lune
éclairait les animaux qui chassaient et couraient
partout, les nimbant d’une belle lumière blanche.
Ilfirin était émerveillé par ce spectacle incroyable.
La nature n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle
s’endort.

Le lendemain matin, Ilfirin fut réveillé par des


cris d’enfants. Il se leva, et poussa les lourds rideaux

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de la fenêtre pour observer le village qui se
réveillait. Après quelques minutes, il revêtit sa
tunique et descendit de l’auberge. Il était bien tenté
de ne pas prendre de petit-déjeuner pour tout de
suite profiter de l’extérieur, mais son ventre criait
famine, et il ne put résister. Dés que son repas fut
terminé, il alla chercher ses armes dans sa petite
chambre, et partit chercher son cheval. Il arriva près
de l’écurie où son cheval l’attendait. Quand ce
dernier le vit, il poussa des hennissements. Ilfirin se
rapprocha :
-Tout doux Fafnir, tout doux, dit-il pour
calmer son cheval.
Il le fit ensuite sortir et le monta directement
avant de prendre la direction de la porte du village.
Il voulait aller chasser un peu, puis revenir avant la
nuit. Ilfirin savait qu’il y avait du gibier à profusion
dans cette région, et comptait bien en profiter.
Lorsqu’il fut sorti du village, il lança Fafnir au galop
et profita du superbe paysage qui s’offrait à lui. Des
ruines de maisons, et même une gigantesque
Commentaire [A10]: Le royaume est
muraille au loin venait rappeler au passant les entouré de gigantesques murailles qui
le protègent des dangers. De plus, il
destructions qu’avait causé le Fléau, aux temps des existe trois parties du royaume qui sont
inaccessibles pour la plupart des gens
Anciens. Les Bannis avait maintenant disparus on car elles flottent dans l’air.
ne savait où, et une période de paix s’était installé

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Commentaire [A11]: Le royaume
dans le royaume d’Arianye. Malheureusement, ils principal du monde. Il est dirigé par la
princesse.
refaisaient surface. Il s’agissait d’hommes et de
Commentaire [A12]: Le royaume est
femmes, parfois illustres, qui possédaient le Pouvoir divisé en plusieurs zones distinctes.
Chacune d’entre elles à un climat
mais qui s’étaient laissé tenter par la puissance que différent et possède plusieurs villages et
cités. Un peuple spécifique habite
leur offrait Rúcare. Ils avaient été privés de leurs chaque zone.

pouvoirs lors d’une grande cérémonie qui avait Commentaire [A13]: Voir plus tard
pour l’organisation.
réunis la plupart des grands mages du royaume.
Malheureusement, Rúcare leur avait fourni des
pouvoirs bien plus terribles. Les bannis étaient peu
avec chacun des pouvoirs différents. Ilfirin les avait
chacun combattus. Ilfirin était un Gardien. Un
guerrier qu’on aurait pu croire divin lui aussi. Il
avait des compagnons, au nombre de deux, mais il
était le plus fort d’entre eux. Ses compagnons
avaient malheureusement disparus dans la nature,
voulant se faire discrets, ainsi que la princesse du
Commentaire [A14]: Princesse
royaume, Ingwinil. actuelle du royaume d’Arianye.

Ilfirin s’était donné comme mission de réunir


ses compagnons, pour combattre les Anciens si il le
fallait. Il savait qu’il était possible de les battre, il
l’avait déjà fait. Mais les Bannis s’étaient peut-être
améliorés. Ilfinir ne désespérait pas malgré tout. Il
avait espoir de pouvoir un jour réunir les Gardiens,
et d’à nouveau battre les Bannis s’ils

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réapparaissaient. Il espérait même, dans ses rêves
les plus fous, pouvoir en prendre le contrôle. Avec
de telles créatures sous leurs ordres, les Gardiens
Commentaire [A15]: Le fléau.
pourraient sûrement détruire Rúcare Sombre-Fléau, Homme qui détruisit tout le Royaume
en mettant à sa coupe la plupart des
le monstre qui avait détruit le royaume d’Arianye peuples et des monstres. Il est
considéré comme un être
autrefois. apocalyptique.
Malheureusement, il serait long pour lui de
retrouver ses deux compagnons. Il n’avait aucune
idée d’où ils pouvaient se trouver en ce moment, et
le royaume d’Arianye était gigantesque. Le traverser
prenait des semaines entières, ou peut-être même
des mois.
Ilfirin fit sortir ces pensées de son esprit et se
rendit sur la place principale du village. A nouveau,
des enfants jouaient. Cela le fit sourire Ilfirin. Il alla
chercher son cheval à l’écurie, et sortit du village
pour aller visiter la campagne environnante. Il
remarqua un des nombreux temples qui se trouvait
partout dans le royaume. Ces temples abritaient
parfois des moines, gardiens de la sagesse des
Commentaire [A16]: Il existe trois
déesses d’Aranye. Ilfirin aimait beaucoup s’y déesses principales en Arianye. Chacun
des Gardiens est placé sous la
recueillir, mais n’en avait pas toujours le temps. Il protection de l’une d’elles.
décida donc d’aller faire un tour à ce temple au
retour de sa petite expédition. Il chevaucha donc Commentaire [A17]: Lac à l’ouest du
royaume. Il s’agit d’un des plus beaux
pendant une heure pour aller au lac Arian. Il lieux d’Arianye.

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s’agissait d’un grand lac, au milieu duquel se
trouvait une belle île. Sur cette île, Ilfirin aimait se
reposer à l’ombre des grands arbres. Il avait un
souvenir agréable sur cette île. C’était il y a une
simple année. Juste après avoir battu Rùcare avec
ses compagnons, Ilfirin s’était retrouvé avec eux et
la princesse sur cette île, pour se reposer. Il avait à
ce moment passé quelques jours heureux, avec ses
amis.
Lorsqu’Ilfirin arriva au lac, il vit sur l’île une
fumée blanche s’élever doucement vers le ciel. Cela
l’intrigua : normalement, personne ne venait sur
cette île. Les gens devaient la croire hantée, car rien
que d’évoquer sa présence suffisait à faire fuir les
habitants de la région. Il décida d’aller voir ce qui
pouvait bien se passer. Il alla chercher la petite
barque qui lui servait à aller sur l’île. Il débarqua
discrètement, puis remonta une petite pente pour
Commentaire [A18]: Cette créature
voir d’où venait la fumée. Il s’agissait d’un arauco est trop poltronne pour s’approchez des
villages humains, mais sautera sur la
une sorte de monstre humanoïde bleu. Ces bêtes première personne qui passera près
d’elle. Elles sont bêtes et ne pensent
étaient des petites brutes, qui ne pensaient qu’à généralement qu’à manger. Il arrive
malgré tout qu’elles soient prises d’un
manger et à embêter les humains. Ilfirin sursaut d’intelligence.
Elle ressemble à un petit humain
combattaient régulièrement ces créatures. Depuis musclé, mais est bleuté et sa tête
ressemble à une face de cochon.
que les Bannis avaient refaits surface, ce genre de
créatures grouillait à Arianye. Ilfirin sauta du

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promontoire sur lequel il était perché, et se jeta sur
l’arauco. Il décapita ce dernier d’un simple coup
d’épée. Ilfirin n’aimait pas faire ce genre de choses,
mais il était bien obligé. Son devoir était de protéger
le royaume de tous ces monstres.
Le jeune guerrier repartit vers la terre et
appela son cheval qui s’était éloigné. Il fit le tour du
lac, profitant de la beauté des lieux, puis s’allongea
dans l’herbe. Il était allongé près d’une petite niche
contenant deux statuettes, d’une des déesses
d’Arianye.
Un souvenir lui revint aussitôt à l’esprit, et il se
laissa entrainer par le flot de sa mémoire.

-Ilfirin, que fais-tu ? Nous ne te voyons plus


depuis des semaines !
Ilfirin était prés de deux petites statuettes des
la déesse Valìe coincé dans une petite niche. Il
répondit :
-Je suis au lac Arian. Je ne faisais que
prendre un peu de repos. Vous avez besoin de moi ?
Une de ses amies Gardiens lui dit :
Commentaire [A19]: Serviteurs de
-Les Bannis commencent à attaquer les cités. Rúcare, qui se nourrissent de l’énergie
vitale des hommes.
Tu dois revenir pour nous aider à protéger le Ils sont redoutables. Ils contrôlent le
pouvoir.
royaume.

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-J’arrive, ne vous inquiétez pas. Où est-ce que
je peux vous trouver ?
Commentaire [A20]: Une des cités
-Nous sommes dans la cité Nahamna pour principales, hors les plus grandes.
l’instant. Dépêche-toi, le royaume est menacé.

Revivre ce souvenir rappela à Ilfirin le besoin


qu’il avait de retrouver ses compagnons. Et il fallait
qu’il le fasse vite. Mais cela ne l’empêcha pas de
s’endormir sous le doux soleil qui réchauffait le lac
quelques minutes plus tard. Lorsqu’il se réveilla,
l’après-midi était bien avancé, et il mourrait de
faim. Il rentra donc le plus vite possible au village,
pour aller manger à l’auberge. Il se fit la réflexion
qu’il aurait dû prendre des provisions pour éviter
d’avoir à revenir avant le soir.
Il alla donc se rassasier à l’auberge, et retourna
dans sa chambre. Il avait entreposé là les quelques
armes qu’il avait emporté. Il attrapa une belle épée
ouvragée, qui possédait un superbe pommeau orné
du blason royal. Il ne se séparait jamais de cette
épée qui lui avait été offerte par le roi. Il s’agissait de
l’épée mythique du royaume, et Ilfirin y faisait
particulièrement attention. Il avait aussi emmené
un marteau de guerre et avait ramené de son
expédition l’arme de l’arauco qu’il avait combattu

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un peu plus tôt. C’était une petite massue plantés de
pointes. Ilfirin ne savait pas vraiment ce qui lui avait
pris de ramener cette arme, mais son instinct lui
disait qu’il en aurait peut-être besoin. C’est à ce
moment là qu’il vit la gérante de l’auberge entrer
précipitamment dans sa chambre.
-Que faites-vous ? demanda t-il étonné de cette
soudaine intrusion.
-Les Bannis... Les Bannis attaquent le village.

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Chapitre 1

L’éveil
Où suis-je ? C’est la première question qui
vient à l’esprit d’Ilfirin lorsqu’il se réveilla. Il avait la
tête toute embrumée, et l’impression d’avoir dormi
pendant des mois. Il se leva, tituba un peu à ses
premiers pas, et se figea au centre de la pièce. Il se
trouvait dans une petite pièce sans ouverture, si ce
n’était une petite porte dans un mur. Une lumière
chiche éclairait le centre de la salle, provenant d’un
feu qui mourrait dans une minuscule cheminée. Des
armoires étaient adossées aux murs et une sorte de
dessin étrange et lumineux était sous les pieds
d’Ilfirin. Ce dernier ne savait que faire. Il alla ouvrir
une des armoires, sans s’attendre à trouver quoi que
ce soit. Un arc se trouvait au fond du meuble,
accompagné d’un carquois et de quelques flèches.
De plus, accroché à un minuscule crochet, une
bourse qui semblait bien remplis se trouvait
également là. Cela pouvait bien aider Ilfirin. Il
était un des Gardiens, et il maniait parfaitement ce
genre d’arme.

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Ilfirin tenta d’ouvrir la porte qui l’empêchait
de sortir. C’était un fin battant en bois, qui si le
besoin se faisait sentir, pouvait facilement être
enfoncé. La porte ne s’ouvrit pas, malgré l’insistance
du jeune homme. Ne faisant pas dans la finesse, il se
jeta effectivement dessus, la faisant sortir de ses
gonds après quelques essais. Il longea les murs de
près, au cas où une personne mal intentionnée
n’arriverait. Dés qu’il aperçu la lumière du jour, il se
précipita dehors. Le spectacle qu’il découvrit le
laissa sans voix. Le ciel était rouge, et une grande
forme noire flottait dans l’air. Ilfirin ne savait que
penser de cette chose.
-Cela n’est pas... Non, c’est impossible... dit-il
pour lui-même.
Il fit un tour sur lui-même, tentant de
découvrir l’origine de ce phénomène. Une fumée
épaisse sortait de ce qui semblait être le volcan
Commentaire [A21]: Volcan du
Fuirayú Mais cela était habituel, le volcan était royaume : Fuirayú
presque continuellement en éruption et seul le
peuple Tiuca pouvait prétendre avoir la capacité de
voyager et d’habiter dans cet environnement. A l’est,
la grande plaine s’étendait jusqu’à une gigantesque
muraille qui semblait bien faire une dizaine de
mètres de haut.

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D’après ce qu’il voyait, Ilfirin se situa dans la
plaine des vents, au nord du Royaume d’Arianye. La
muraille devait être celle qui avait protégée les cités
de la plaine lors de l’âge des Anciens. Ilfirin ne
s’attarda pas plus longtemps à observer le paysage.
Il aurait tout loisir à découvrir les bouleversements
qu’avait connus son royaume plus tard. La seule
chose qui le laissait perplexe, c’était comment tout
cela avait-il pu arriver.
Il n’avait aucune idée de ce qui avait bien pu
lui arriver, mais même si il avait disparu, cela
n’avait pas été pour trop longtemps. Il n’avait
qu’une hâte, et c’était de retrouver la civilisation afin
de poser toutes les questions qui lui brûlaient la
langue. Il se mit donc en route, se dirigeant vers
l’ouest où devait normalement se trouver le village
de Raita.
Il marcha pendant des heures, essayant de ne
pas penser à la faim qui le lancinait. Après une
longue marche, il aperçu enfin des habitations. Ou
plus précisément, une habitation. C’était une petite
demeure construite au milieu de nulle part. Ilfirin
courut la maison, espérant y trouver des habits, et
de quoi boire et manger. Il ouvrit la porte, qui
n’était étonnamment pas verrouillée, et découvrit

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un petit intérieur douillet. Des buches reposaient
dans l’âtre d’une cheminée, et une table recouverte
de poussière était placée au milieu de la pièce.
Ilfirin aperçu un placard, et se précipita dessus pour
chercher de quoi se sustenter. Rien, à part quelques
pommes trop mûres. Par contre, il vit par une
fenêtre un puits où il pourrait sûrement puiser de
l’eau. C’est ce qu’il alla donc faire après un dernier
tour de la maison. Lorsqu’il fut revenu, il but avec
délectation l’eau fraiche. Il décida ensuite d’aller se
reposer un peu. Dés qu’il s’allongea sur le petit lit de
la maison, il sombra dans un profond sommeil sans
rêves.

Ilfirin se réveilla le lendemain, l’esprit encore


embrumé. Il se leva dans le froid glacial qui régnait
dans la maison. Il n’avait pas fait de feu le jour
précédent, et le regrettait à présent. Il décida de
partir tout de suite. Si ses estimations étaient
bonnes, il n’était qu’à une demi-journée de marche
du village de Raita.
Ilfirin partit immédiatement, après avoir
mangé quelques champignons qu’il avait trouvés
dehors. Ce n’était pas un festin, mais c’était mieux
que rien. Il marcha, marcha, et marcha encore. Et

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ce n’est que quand le soleil fut à la moitié de sa
course journalière qu’Ilfirin vit enfin loin de lui ce
qui semblait être Raita. Il redoubla donc de vitesse,
malgré son épuisement. Et après encore deux
heures de marche, il put s’arrêter devant les portes
du village.
Deux gardes à la mine patibulaire observaient
toutes les personnes qui prétendaient vouloir entrer
dans la ville. Ilfirin s’avança, et passa discrètement,
sans se faire des gardes. Il craignait que si les gardes
le voyaient dans cet accoutrement, sans cheval et
épuisé, ils ne se posent des questions. Il fila donc
vers une auberge. Au moment où il poussa la porte,
il vit dans la rue un homme vêtu d’une grande cape
noire. Il semblait dégager une froideur incroyable.
Ses pas ne faisaient aucuns bruits, et les personnes
qui se trouvaient sur son chemin n’y restaient pas
longtemps. Ilfirin ne s’attarda pas plus sur cet
étrange personnage et entra véritablement.
L’aubergiste l’accueillit d’un regard soupçonneux.
-Tu as de quoi payer j’espère ? Ne compte pas
trop venir ici manger à l’œil.
Ilfirin ne dit pas un mot mais sortit quelques
pièces de sa bourse.

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L’aubergiste hocha la tête et lui fit un petit
signe pour lui indiquer qu’il pouvait aller s’asseoir.
Il arriva peu après pour demander à Ilfirin ce qu’il
voulait.
-Un repas bien consistant, répondit celui-ci.
Avec une chope de bière !
L’aubergiste cria un ordre vers ce qui semblait
être les cuisines. Une dizaine de minutes plus tard,
une grosse tourte chaude fut apportée par
l’aubergiste.
-Essaie donc de manger tout ça ! plaisanta t-il.
-Je relève le défi, répondit Ilfirin en souriant.
Il se jeta sur la tourte appétissante qu’il avait
devant lui, l’engloutissant parts par parts. Elle était
délicieuse, et il la finit effectivement.
Lorsque l’aubergiste passa chercher son
payement, il dit :
-Tu n’avais pas menti dis donc. Tu as l’air
d’être un gros mangeur toi ! Repasse quand tu veux,
ça me permettra d’arrondir mes fins de mois.
Ce trait d’humour le fit éclater de rire, Ilfirin
ne restant pas non plus en marge. Le rire gras de
l’aubergiste résonna encore jusqu’à ce qu’Ilfirin
sorte dehors.

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Il s’agissait maintenant d’acheter des habits un
petit peu plus décents que les loques qu’il portait. Il
en profiterait d’ailleurs pour acheter un cheval. Il
devait à tout pris rentrer chez lui. Un mauvais
pressentiment l’habitait. L’impression que quelque
chose de grave était arrivé ne la quittait pas.
Il partit donc immédiatement s’acheter un
cheval. Il acquit donc une jument. Ce n’était pas une
bête de course, mais elle était endurante, et elle lui
permettra d’arriver rapidement à destination.
Il repartit à l’auberge pour dormir, et se leva
tôt le lendemain. L’aubergiste était déjà en bas,
essuyant avec un torchon gras une assiette. Il dit :
-Si j’étais toi, je ne m’approcherais pas trop du
château. J’ai entendu dire qu’il y a des problèmes là-
bas. On parle même de Sombre-Fléau. Enfin, ce ne
sont que des dires.
Ilfirin n’y fit pas trop attention. Il y avait
toujours des racontars de ce genre. Il sortit. Le
soleil était encore bien bas, et peu de personnes
étaient dans la rue. Seuls quelques commerçants
ouvraient boutique. Ilfirin commença donc sa
chevauché vers le Château. Il avait l majorité de son
matériel entreposé près de là, et il voulait surtout
s’assurer que la princesse Ingwinil allait bien. Il

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chevaucha sans pause pendant toute la journée.
N’importe qui aurait été épuisé à la mi-journée par
ce traitement, mais Ilfirin était entrainé à cela. Il
avait plus d’inquiétude pour son cheval. Il faudra
qu’il aille plus lentement les jours suivants, pour lui
laisser le temps de se reposer.
Ilfirin monta son campement, et fit un feu
pour se réchauffer. Il n’avait pas chassé, et le
regrettait : il devra se contenter de pain et de viande
séchée pour ce soir. Il posa donc des collets avant la
tombée de la nuit, en espérant qu’un petit animal se
laissera prendre. Après cela, il se contenta de
plonger dans un profond sommeil.
Il se réveilla le matin, à l’aube, et repartit en
direction du château, bien qu’à une allure plus
modéré. Malgré cela, il avança bien, et il ne lui
restait, selon ses estimations, que deux jours pour
arriver au château. Mais quelque chose lui faisait
peur. Il avait la nette impression que plus il
avançait, plus les rencontres se faisait rares. Cela
faisait des heures et des heures qu’il n’avait pas vu le
moindre signe de vie. De plus, il lui semblait-sans
que cela ne soit une certitude- qu’il faisait de plus en
plus froid. Enfin, ce n’était sûrement que les
conséquences de l’hiver approchant.

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Enfin, après encore une nuit mouvementée et
une morne journée, il arriva devant le château, où la
vue le laissa sans voix.
Le château était en ruine.
Ilfirin n’en croyait pas ses yeux. Le château
qu’il avait connu, habité, était détruit. Qu’est-ce qui
avait bien pu causer tout ces ravages ?
Il s’approcha prudemment, mais ne sentit la
Commentaire [A22]: Un des
présence d’aucun serviteur du Maudit. Arrivant surnoms de Rúcare.
devant la grande porte des murailles, il vit un
gigantesque dragon peint qui s’étalait sur toute la
longueur de la porte. C’était la marque abominée de
Rúcare. L’aubergiste semblait avoir dit vrai.
Ilfirin s’enfonça dans le château, espérant que
tout n’avait pas été détruit. Heureusement, sa
première impression se révélait exagérée.
Mystérieusement, seul le centre du château était
éventré, tout le reste était presque intact. Tous les
ornements superbes, les parcs qui entouraient le
château étaient restés en l’état, et cela contentait
Ilfirin. Il en aurait presque été soulagé, s’il avait une
idée d’où pouvait bien être la princesse. Après un
tour complet du château, il revint dans le parc nord,
à l’entrée. Les statues des Gardiens, dont la sienne,
qui se trouvait sur les côtés du château semblaient

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surveiller d’un œil attentif ce qui se tramait derrière
les murs épais.
Ilfirin n’avait vu personne, et cela le travaillait.
Il était encore plongé dans ce genre de réflexions
lorsqu’il entendit une voix.
-Ilfirin ! Je suis là !
Ilfirin avait reconnu la voix. Il se retourna d’un
bond, et vit trois chevaux, ainsi que leurs cavaliers,
avancer vers lui. Il avait reconnu la voix d Ingwinil,
la princesse. Elle chevauchait en tête d’un petit
groupe de cavaliers. Ilfirin se précipita vers elle,
pendant qu’elle descendait de cheval.
- Où étais-tu passé Ilfirin ? demanda la
princesse en riant. J’ai envoyé des coursiers dans
tout le royaume. Même mon père était inquiet, et tu
sais à quel point il en faut pour qu’il angoisse. Mais
passons mon père. Tu as disparu deux semaines !
Que faisais-tu ?
-Vraiment ? C’est incroyable... Je me suis
réveillé il y a quelques jours, dans un petit bâtiment
perdu au milieu de la plaine. J’étais avant cela dans
le village de Quilde. Je rendais visite à Dame Agda,
et des Anciens ont attaqué le village. Après en avoir
tué quelque -uns, un grand noir a envahie mon

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esprit, et je ne me suis réveillé que dans le bâtiment
dont je t’ai parlé.
Ingwinil regarda Ilfirin quelques secondes puis
éclata de rire.
-Si tu veux arrêter de jouer au chevalier, tu
peux devenir conteur, dit-elle entre deux
gloussements de rire. Quelle histoire tu nous as fait !
Le rire de la princesse étant contagieux, ses
deux compagnons ainsi qu’Ilfirin commencèrent à
rire à leur tour. Mais Ilfirin arrêta bien vite. Il s’en
voulait de se laisser aller à l’insouciance alors que de
toute évidence quelque chose de grave était arrivé.
Le château était tout de même un des édifices les
plus prestigieux et les plus solides du royaume. Son
sérieux arrêta Ingwinil aussi.
-Tu penses à ce qui a bien pu se passer n’est-ce
pas ? demanda-t’elle en prenant un air grave. Alors
voila. Il y a deux semaines, le Maudit à attaqué le
château. Il a fondu sur le château, après avoir jaillit
des montagnes *******. Il a détruit le centre du
château, puis a disparu. Étrangement, il a choisi de
faire son attaque à un moment où peu de personne
était au château. A ce moment, j’étais parti en
ballade. Lorsque j’ai vu ce qui s’était passé, je me
suis réfugiée à Cili Oswe. Et j’en reviens tout juste.

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Ilfirin en resta bouche bée. Cela faisait
longtemps que Rúcare ne s’était pas manifesté ainsi.
Il était omniprésent dans la vie des habitants du
royaume, essayant toujours de pervertir les plus
faibles. Mais il était extrêmement rare de le voir
faire une démonstration de force comme celle-ci.
Cela n’était pas pour le rassurer. Il avait senti
que des forces maléfiques étaient de plus en plus
puissantes, et c’était cela qui l’avait poussé à partir à
Quilde, mais que des choses de cette ampleur
arrivent était incroyable.
-Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est
pourquoi tu as disparu comme cela. Si c’était un des
sous-fifres de Rúcare, tu serais mort à l’heure qu’il
est. Donc ce n’est pas le cas. Qui a bien pu te faire
ça ? repris Ingwinil, réfléchissant tout haut plus
qu’elle ne parlait à ses interlocuteurs.
Ilfirin écourta la conversation :
-Nous devons partir au plus vite. Où pouvons-
nous aller ?
Commentaire [A23]: Ville où siège le
-Je me suis réfugié à Cili Oswe, répondit conseil des dames.
La plus sûre du royaume.
Ingwinil.
Cili Oswe était la cité où siégeait le conseil des
Dames, presque toutes contrôlant le Pouvoir. Il
s’agissait, grâce à la présence de ces Dames de la

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ville la plus sûre du royaume. Même les forces de
Rúcare évitaient cette place forte.
Le petit groupe se mit donc en route vers Cili
Oswe, qui se trouvait à cinq jours du château. Les
conversations allaient bon train au début de la
journée, mais la fatigue de la chevauchée se faisant
de plus en plus sentir, personne ne parla plus bien
vite. Le soulagement envahi tout le monde lorsqu’il
fut temps de monter le camp. Ingwinil ne resta pas
en reste, aidant chacun des membres du petit
groupe.
Le repas se fit dans une bon ne ambiance, mais
personne ne resta éveillé très longtemps. La journée
avait été épuisante, et le bon repas avait achevé
d’endormir tout le monde.
Ilfirin ne fut pas le dernier à sombrer dans le
sommeil. Sa nuit fut agité de cauchemars. Il se
voyait dans une grande ville vide, poursuivi par un
être dont il ne savait rien. Il marchait pendant des
heures, lorsque quelqu’un apparu devant lui. C’était
un grand homme, tout habillé de noir. Le plus
étonnant était que cet homme portait un masque.
Ilfirin, prit d’une soudaine rage, cria :
-Que Rúcare t’emporte, maudit !

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Le mystérieux homme ne dit rien, mais eu un
petit rire ironique, comme si la situation était
comique.
Juste après cela, Ilfirin se réveilla en sursaut.
Il se leva, dans le noir. Il ne voyait ni lune, ni
étoile, et ne sentait même pas le sol sous ses pieds.
C’était comme si tous ses sens avait été occulté. Il
tournait sur lui-même, essayant de se repérer.
Soudain, une voix retentit :
-Je vois que tu oses dire mon nom, humain.
Quel courage...
Ilfirin se retourna, affolé. Dans l’obscurité, un
œil rouge, comme de feu, luisait, lui permettant de
distinguer une fine silhouette.
Cette dernière s’avança, dévoilant un homme
vêtu de noir, et qui semblait aspirer la lumière.
Mais avant tout, ce qui pétrifia Ilfirin, c’était le
masque que portait l’homme. Un masque
légendaire, que seul un être pouvait prétendre
porter.
Rúcare...

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Chapitre 2

Mise en
garde
Rúcare, d’une voix puissant qui semblait venir
de partout, dit :
-Il me semble te connaitre. Qui es-tu ? Dis-
moi, que je sache.
Ilfirin, contre sa volonté mais contraint par
une force impitoyable, répondit :
-Ilfirin Er Hlóce, dis-tu, reprit Rúcare. Je crois
bien avoir déjà entendu ce nom. Ne serais-tu pas
celui qui, tant de fois déjà, a tué nombre de mes
créatures ? C’est cela, je le vois bien. Tu mériterais
de mourir, sache-le.
Soudain, il disparut, mais Ilfirin entendit tout
de suite une voix murmurer à son oreille :
-Mais tu m’amuses petit être. Tu cours dans
tous les sens, pour tuer quelques araucos, en
pensant que cela m’affaibli. Mais ils ne sont rien

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pour moi. Les Guerres Sombres sont finies depuis
longtemps, ils ne me servent plus à rien.
Encore une fois, Rúcare changea de place
instantanément. Il se trouvait à présent en l’air,
volant entouré de l’ombre qui ne semblait pas
vouloir le quitter.

-Tu ne peux pas m’échapper de toute manière.


Si tu te demandes comment tu as pu te retrouver au
milieu de nulle part il y a quelques jours, sache que
c’était moi. Je voulais pouvoir détruire ce ridicule
édifice qu’est le château sans me faire agacer par des
parasites en ton genre.
Rúcare descendit majestueusement pour se
mettre à hauteur d’Ilfirin.
-Si tu veux tout savoir Ilfirin Er Hlóce, le
monde se prépare à accueillir un nouveau maître. A
toi de déterminer si tu veux être avec ou contre lui.
Si tu ne me rejoins pas, je te conseille fortement de
te terrer dans le plus petit village que tu trouves.
Retourne chez les tiens et ne fait plus rien qui puisse
m’importuner, tu le regretterais. Tremble, car mes
troupes marchent sur ton royaume. Tu ne les vois
toujours pas, mais elles arrivent. Bonne chance pour
les stopper...

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Rúcare disparut en riant, le noir avec lui.
Ilfirin retrouva les sens qu’il avait perdus. Il se
tourna plusieurs fois sur lui-même, affolé. Ses
mouvements incessants ne tardèrent pas à tirer un
des gardes royaux du sommeil.
-Un problème seigneur ? demanda t-il.
Soudain Ilfirin se figea en regardant vers le
sud. Un sens qui ne l’avait jamais trompé venait de
réagir. Des serviteurs de Rúcare arrivaient.
-Il faut partir ! Des ennemis arrivent, nous ne
sommes plus en sécurité. Préparez les chevaux, je
réveille la princesse.
Il s’approcha d’Ingwinil, et la secoua
doucement. Elle se réveilla en gémissant
doucement.
-Qu’est-ce qui se passe ? Il y a un problème ?
-Des ennemis marchent vers nous. Nous
devons partir.
Ces quelques mots achevèrent de réveiller la
princesse. Elle se leva d’un coup, et commença à
donner quelques ordres pour que les préparations
aillent plus vite.
En une dizaine de minute, tout le monde fut
prêt, et Ilfirin prit la parole :

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-Une légion des Chiens de Guerres du Maudit
arrive. Ils sont trop proches pou que nous ne les
évitions. Partez devant, je vais rester ici afin de
détourner leur attention et tenter d’en éliminer un
maximum. Je ne serai pas long et je vous rejoindrai
quand j’aurai finis.
-Tu es sur de toi ? En tous les cas, ne risque
pas d’être blessé. Fais attention à toi Ilfirin, je t’en
prie.
La princesse fit un signe de tête à ses gardes et
les trois cavaliers s’élancèrent à toute allure.
Ilfirin resta seul, à attendre ses adversaires. Au
fur et à mesure que ceux-ci avançaient, il entendait
une clameur grandir. Au bout de vingt longues
minutes, il vit déferler vers lui une trentaine
d’homme criant leur rage en chevauchant de petits
chevaux. Ils étaient habillés de peaux, et leurs
visages étaient presque noirs de poussière. Quand
ils virent Ilfirin, ils s’arrêtèrent comme un seul
homme. Ils descendirent tous des chevaux et un des
hommes, probablement leur chef, lança avec un
accent étrange :
-Pourquoi reste tu là, Gardien ? Tu cherche à
mourir ? Quelle chance que tu sois là... Notre maître

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voulait la princesse, il sera encore plus satisfait si
nous lui apportons a tête.
D’un geste vif, Ilfirin sortit son arc, et sans que
personne ne puisse suivre ses mouvements, il le
banda et tira une flèche entre les deux yeux du chef
des Chiens de Guerres, qui s’écroula dans un bruit
mat. Le reste du bataillon resta sans bruit devant
cette scène avant d’éclater de rage. Ils se lancèrent
tous vers Ilfirin en hurlant. Celui-ci sortit son épée
et lorsque le premier homme arriva, il le pourfendit.
Puis, allant à une vitesse surhumaine, il élimina tous
les hommes qu’il trouvait à porter. Frappant de
taille et d’estoc, rien ne semblait pouvoir l’arrêter.
Ce n’est finalement que quelques minutes après
qu’il acheva d’un coup d’épée son dernier
adversaire. Seule une fine coupure au bras
témoignait de son combat.
Ses compagnons ayant pris avec eux son
cheval, il fut contraint de monter un de ceux des
Chiens de Guerre. Il partit à grand galop vers Cili
Oswe. Il chevaucha pendant toute la journée, et ce
n’est qu’une heure après le coucher du soleil qu’il
aperçut une petite lumière. Il descendit de cheval, et
s’approcha doucement. Heureusement, ce n’était
que ses compagnons qui avaient monté un camp. Il

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libéra donc son cheval, et approcha de la douce
chaleur du camp. Lorsqu’il approcha du camp,
l’homme qui montait la garde sursauta et dit :
-Qui va là ? Montrez-vous !
-Ce n’est que moi, dit Ilfirin en s’avançant dans
la lumière.
Le garde, soulagé, le laissa passer. Dés que la
princesse l’aperçut, elle se jeta dans ses bras.
-Je suis vraiment soulagé que tu sois revenu...
Je me faisais tellement de soucis pour toi.
-Il ne fallait pas, tout c’est bien passé.
Ilfirin la reposa à terre, et lui dit :
-Je me suis toujours entrainé pour cela. Je ne
risquais presque rien.
Un des hommes qui les accompagnait lança :
-Le diner est prêt, nous pouvons manger. Je
préviens, ce n’est pas de la grande cuisine.
Ils mangèrent tous avec appétit, affamés par
cette dure journée. Puis, il fut l’heure de dormir.
Ilfirin se proposa pour garder le camp, mais les
grades refusèrent :
-Vous en avez déjà fait assez aujourd’hui, dit
l’un d’eux. Nous nous en occuperons.
Ilfirin s’endormit donc, et passa une nuit
reposante.

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Le lendemain, la routine reprit. Démonter le
camp, charger les chevaux, et partir. C’était
aujourd’hui que les voyageurs étaient censés arriver
à Cili Oswe.
En effet, en fin de journée, de hautes murailles
apparurent aux yeux des voyageurs. La ville était
superbe, mais une atmosphère sombre semblait
régner sur la ville. Les gardes contrôlaient tous les
voyageurs d’un air suspicieux, et ils étaient un
nombre impressionnant sur les murailles. Mais
quand la princesse se présenta à la porte, leur
sourire revint, et ils l’accueillirent chaleureusement.
Et quand ils virent Ilfirin, ils se précipitèrent sur lui.
-Bonjour seigneur ! Cela faisait longtemps !
-On vous a dit pour le château ?
-J’en reviens, répondit Ilfirin. Puis, il coupa
court à toutes les interrogations, et poussa la petite
troupe à entrer dans la ville. Ils se rendirent tout de
suite au palais où siégeait le conseil des dames.
C’était un majestueux bâtiment blanc, dont les murs
semblaient faits de nacre et le toit recouvert de
marbre. Pour entrer, Ilfirin poussa une grande porte
en fer. Une femme qui semblait diriger l’assemblée
se retourna vers lui.

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-Gardien ! dit-elle. Cela faisait longtemps. Que
venez-vous faire ici ?
-Je reviens du château où j’ai pu constater les
dégâts qu’à fait notre ennemi. Pour ma part je n’ai
pas pu intervenir, car une étrange machination a fait
que je suis resté inconscient pendant près de deux
semaines. Je ne me suis réveillé qu’il y a quelque
jours, dans la plaine ******.
-Et puis-je savoir par quel moyen vous vous
êtes trouvés dans l’impossibilité d’intervenir ? Vous
êtes censé protéger le royaume et sa princesse ! dit
la femme en haussant la voix.
-Comme je vous l’ai déjà dit, je n’en ai aucune
idée, répondit Ilfirin en restant de marbre. Mais je
compte bien le découvrir. Et si vous avez fini de
passer vos nerfs sur moi, avez-vous des nouvelles de
mes compagnons ?
-Comment osez-vous, jeune insolent ! cria la
doyenne, en devenant rouge comme une pivoine.
Sortez d’ici !
Ilfirin voyait bien que dans l’assemblée, de
nombreuses femmes se retenaient de rire. Une en
particulier était hilare. Elle fit signe à Ilfirin de la
rejoindre. Ce dernier sortit par une porte latérale, et
rejoint la femme, accompagné de la princesse. Les

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deux gardes étaient retournés à la caserne de la
ville. Nin, la jeune femme qui avait fait signe à
Ilfirin dit :
-Salut toi ! Que viens-tu faire dans cette bonne
ville ?
Puis, apercevant la princesse, elle se reprit :
-Oh, mes hommages majesté. C’est un honneur
de vous rencontrer.
Ilfirin dit :
-Nin... Tu te rends bien compte à qui tu parle,
n’est-ce pas ?
-Oui, oui, répondit-elle avec désinvolture. Mais
toi, qu’est-ce qui t’a pris de défier Dame Ear comme
tu l’as fait. Déjà qu’elle ne t’aimait pas trop, gloussa
t-elle.
Ingwinil paraissait soucieuse, Ilfirin la pris
donc à l’écart pour lui demander :
-Qu’est-ce qui ne vas pas Princesse ? Je vous
trouve bien soucieuse.
-Cesse de m’appeler « Princesse » ! dit-elle
d’un ton agacé en s’écartant à grand pas. Ilfirin
trottina derrière elle pour la rattraper.
-Et c’est cette fille... Elle ne m’inspire pas
vraiment confiance.

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-Ne vous inquiétez pas Princ... Ingwinil. Je la
connais depuis longtemps, elle m’informe de ce qui
se passe au conseil des Dames. Elle a mon entière
confiance.
-Je le vois bien, mais... Je ne sais pas vraiment,
disons qu’il me semble que le pouvoir tente de
m’avertir.
Les princesses héritaient de leur mère une
forme du Pouvoir particulière, qui leur permettait
entre autres de savoir qui contrôlait ou non le
Pouvoir.
-De toute façon, je la vois rarement. Si vous
voulez, nous pouvons tout de suite nous rendre
Commentaire [A24]: Doyenne du
chez Dame Queni. C’est elle la véritable dirigeante conseil des dames. Amie d’Ilfirin.
du conseil des Dames. Elle saura vous accueillir
dignement.
-Moi qui m’étais contentée d’une auberge la
dernière fois que j’étais venue, dit Ingwinil en
retrouvant le sourire, je me souviendrai de cela.
D’ailleurs tu peux me tutoyer. Tu me donnes
l’impression de ne pas me connaitre. Nous sommes
pourtant amis, non ?
Ilfirin ne répondit pas. Il connaissait la
princesse depuis son plus tendre âge, car il avait été
destiné à être son protecteur. Mais, aussi loin qu’il

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arrive à se souvenir, il l’avait toujours vouvoyée. Il
faudra qu’il fasse des efforts, songea t-il en la
conduisant à travers la ville.
Les deux amis marchèrent donc pendant
quelques minutes, jusqu’à arriver devant une belle
demeure, au toit couvert de chaume et à l’aspect
chaleureux. La maison était toutefois protégée par
des gardes qui patrouillaient autour d’un petit mur
d’enceinte. Ilfirin aborda l’un d’entre eux, et n’eut
même pas besoin de se présenter : l’homme le
reconnut et le laissa entrer avec un grand sourire. La
princesse quand à elle se contenta de suivre son
ami. Une vieille femme accueillit les deux jeunes
gens. Elle se montra particulièrement surprise de
voir la princesse :
-Bonjour Princesse, dit-elle d’une voix quelque
peu chevrotante. Il est rare de vous voir par ici
quand ce n’est pas pour des cérémonies officielles.
C’est un plaisir de vous voir. Puisse les déesses
éclairer votre chemin.
-Puisse les déesses vous protéger aussi
répondit Ingwinil.
Ilfirin qui était resté silencieux jusque là
intervint alors :

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-Désolé de vous interrompre mais le temps
nous manque. Ma Dame, je suis venu ici vous
demander de protéger la princesse. J’ai fort à faire,
car je crains qu’une chose terrible soir sur le point
de se produire.
La princesse ne dit rien, mais il était clair que
quelque chose la dérangeait. Elle attendit qu’Ilfirin
soit fini, puis elle s’excusa auprès de Dame Queni et
sortit avec lui.
-Je n’avais pas compris que tu me laissais ici !
Je veux venir avec toi !
-Mais tu es la princesse ! Je ne peux pas te
faire prendre le risque de venir avec moi.
- Ne commences pas à jouer le jeu de mon
père, à m’empêcher de faire ce que bon me semble
sous prétexte que je suis la future dirigeante ! Je sais
que mes capacités te seront utiles, et je ne te gênerai
de toute façon pas.
-Mais... tenta de protester Ilfirin.
-Et si cela ne te convient pas, comme tu me l’a
si justement rappelé, je suis princesse. En tant que
fidèle sujet tu es tenu de m’obéir.
Ingwinil détestait devoir jouer comme cela à
l’enfant gâté, mais elle voulait à tout prix aller avec
Ilfirin. Qui pour sa part, s’il tentait d’avoir l’air

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énervé, était assez content que la princesse vienne
avec lui. Il saurait la protéger, et il lui faisait
confiance pour ne pas prendre de risques inutiles.
-Je suis contraint d’accepter. Je vais parler à
Dame Queni. Attends-moi ici, je te retrouverai dés
que j’aurais fini.
Il entra dans la maison, et en ressortit bien vite
avec un air sombre. Il dit :
-Je lui exposer ce qui me tracassait, et elle
semble malheureusement d’accord avec moi. Je te
parlerais de notre mission lorsque nous serons
partis. Pour l’heure, il est temps de trouver une
auberge où diner et glaner quelques
renseignements. Si tu préfères rester ici, libre à toi.
-Tu plaisantes ! Ce sera ma première dans une
auberge.
-Par contre quelques précautions sont à
prendre. Il ne faudra pas que quelqu’un puisse te
reconnaitre. Tu mettras donc ceci sur ton visage, dit
Ilfirin en sortant de sa sacoche un petit masque de
bois lisse.
Ingwinil l’enfila, et annonça :
-Je suis prête !
L’étrange duo partit donc en direction de
l’auberge principale de la ville, la Poule aux œufs

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d’or. Ils entrèrent, et l’aubergiste les accueillit avec
quelques réticences.
- Qui est-elle ? demanda t-il en désignant
Ingwinil du regard.
-Une amie, répondit Ilfirin. Ne craignez rien.
-Tu as de la chance d’être un ami, Ilfirin !
repris l’aubergiste, Lyatar en partant d’un grand
éclat de rire.
Ilfirin fut soulagé que Lyatar ne pose pas plus
de questions. Même si il était sûr de la discrétion de
son ami, qui était une des seules personnes à
connaitre son vrai nom, il préférait ne révéler à
personne l’identité véritable de la jeune femme qui
l’accompagnait. Et qui, comme on pouvait le deviner
malgré le masque qui lui recouvrait le visage, jetait
des regards émerveillés à la salle commune de
l’auberge. Lyatar le remarqua car il dit :
-Qu’est ce qu’elle a votre copine ? Elle n’a
jamais vu d’auberge ou quoi ?
-C’est un peu ça, répondit Ilfirin avec un
sourire gêné. Mais passons. Quelles sont les
nouvelles ?
-Oh, rien de bien important. Je suppose que tu
as entendu parler de l’attaque du château ? Si, il y a
tout de même une chose qui pourrait bien

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t’intéresser. Il y a cinq semaines, si ma mémoire est
bonne, un homme est venu me demander si je te
connaissais, en évoquant ton nom. Hors je crois que
tu m’as déjà dit que peu de personnes te connaissait
sous ce nom ?
Cela troubla Ilfirin. Il dit :
-Qu’as-tu répondu ?
-Evidemment je ne lui ai pas dit que je te
connaissais. Quelque chose chez cet homme me
dérangeait.
-Tu as bien fait Lyatar, je te remercie. Y a-t-il
une table où nous pourrions diner ?
-Petit tête à tête ? dit Lyatar en faisant un clin
d’œil à Ilfirin, qui rougit immédiatement. Va
t’installer dans le coin vous serez moins dérangés.
Ou alors veux-tu que je t’ouvre une salle privée ?
-Avec plaisir.
Lyatar s’exécuta et Ilfirin s’installa avec
Ingwinil dans une petite salle où trônait une table
seule, ainsi que trois chaises. Ingwinil pur enfin
enlever le masque qui lui cachait le visage. Elle
secoua sa blonde chevelure et émit un petit rire.
-Quelle ambiance dans l’auberge ! dit-elle. Je
n’avais jamais vu cela. Je ferais bien de sortir un peu
plus.

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C’est à ce moment que Lyatar entra, en portant
un lourd plateau où était placée une dinde rôtie,
accompagnée de quelques légumes.
-Et voila pour les deux tourtereaux !s’exclama
t-il.
Ingwinil détourna le regard en rougissant
tandis qu’Ilfirin lançait :
-Lyatar, s’il te plait...
Celui-ci sortit de la pièce dans un gigantesque
éclat de rire. Les deux compagnons attaquèrent le
repas un petit eu gênés, mais la conversation vint
vite, et une discussion animée remplit bientôt la
pièce. Lorsque le repas fut fini, Ilfirin proposa à
Ingwinil de rentrer chez Dame Queni pour dormir ?
Ingwinil dit alors :
-Ne pouvons-nous pas rester dormir ici ? Je
t’en prie, c’est la première fois que je viens dans une
auberge.
Ilfirin ne voyant pas ce qui pouvait ce passer
dans la nuit, il accepta. Lyatar était là pour veiller au
grain, et il avait toujours sous la main quelques
hommes de bonne constitution pour l’aider. Il
demanda alors deux chambres, et chacun entra dans
celle qui lui était attribuée. Ilfirin enleva sa tunique
et enfila un simple pantalon de soie pour la nuit. Il

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se coucha ensuite. Malgré son état de fatigue, il ne
trouvait pas le sommeil. Et tard dans la nuit, trois
petits coups secs et discrets furent frappés à sa
porte. Il se leva pour ouvrir, trouvant Ingwinil sur le
palier. Elle lui dit :
-Je n’arrive pas à m’endormir... J’ai peu que
quelque chose n’arrive. Puis-je dormir avec toi ?
Ilfirin accepta, confus. Il se recoucha, et
Ingwinil le rejoint dans le lit, se serrant contre lui.
Elle s’assoupit bien vite, et Ilfirin en fut heureux car
il se sentait rougir de plus en plus. Le sommeil ne
tarda pas à le rattraper lui aussi.
Il se réveilla tôt le lendemain, et réveilla
Ingwinil en tentant de se lever sans trop l’agiter.
-Qu’est-ce qui se passe ? demanda t-elle d’une
voix pâteuse et endormie.
- Rien, rendort-toi, répondit Ilfirin.
Ingwinil suivi le conseil et se rendormit. Ilfirin
enfila sa tunique et descendit. Il décida de faire
quelques achats avant que le jour ne soit trop
avancé. Il alla d’abord se procurer deux chevaux à la
caserne de la ville, avant de les confier à l’écurie de
l’auberge. Puis il alla acheter deux grandes sacoches
qu’il remplit de provisions et acquit par la même
occasion un support qui permettrait au cheval de

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porter ses armes. Il avait aussi profité de son
passage à la caserne pour récupérer une épée ainsi
qu’un arc et qu’une belle collection de flèches.
Puis, il revint à l’auberge où Ingwinil
l’attendait assis sur son lit.
-Qu’étais-tu allé faire ? demanda t-elle.
-Je suis allé chercher des chevaux et des
provisions.
La jeune femme haussa les épaules et se retira
dans sa chambre pour se changer. Les deux amis
allèrent ensuite déjeuner sous l’œil attentif d’un
voyageur que le masque d’Ingwinil semblait
intriguer. Mais il suffit d’un regard d’Ilfirin pour
qu’il tourne la tête. Dés que les besoins de chacun
furent accomplis, Ilfirin récupéra les chevaux et ce
fut le grand départ. Ils chevauchèrent pendant une
heure avant qu’Ilfirin ne se décide enfin à dire ce
pourquoi ils s’étaient mis en route.
-Ingwinil... Il faut que je te dise pourquoi nous
sommes partis. Alors voila... De nombreux signes
me font penser que Rúcare cherche à mettre la main
sur un homme qui lui permettrait de contrôler le
royaume.
-Et qui est-ce ? demanda Ingwinil avec
désinvolture.

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-Ton père lâcha Ilfirin après un instant
d’hésitation.
Le cheval d’Ingwinil, sous l’impulsion de cette
dernière ralentit, puis s’arrêta. Ilfirin fit de même.
-Qu’à tu dis ? Mon père risque quelque chose ?
-En effet. C’est pour cela qu’il faut se dépêcher.
Je crains le pire pour ton père. Malheureusement, je
pense que je suis trop faible pour empêcher l’action
de Rúcare. Et c’est là que les choses se compliquent.
Il me faut trouver un objet qui me permettra
d’acquérir plus de puissance. J’ai une idée, un lieu
où, selon de nombreuses légendes, il serait possible
de trouver ce que nous cherchons. Le Morwen...

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Chapitre 3

Le début du
voyage
Le Morwen était un lieu maudit. C’était là que
selon les croyances, Rúcare trouvait la source de son
pouvoir. Les rares personnes qui s’étaient risquées à
y mettre un pied revenaient rarement indemne, tant
mentalement que physiquement. Mais Ilfirin devait
bien se résigner à y aller s’il voulait avoir une chance
de sauver le roi.
Lui et Ingwinil reprirent leur chemin, mais
cette dernière semblait profondément ébranlée par
ces révélations. Ilfirin, soucieux de la voir dans cet
état lui dit :
-Je dois me rendre au village de Quilde, pour
essayer de comprendre ce qui s’est passé le jour de
ma disparition. Il ne sera pas trop tard pour que tu y
reste. Je ne t’en voudrais absolument pas.

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-Non ! cria t-elle presque en donnant un coup
de poing d’ans l’air. Si mon père est concerné, je
veux tout faire pour le sauver. Ma détermination est
plus grande que jamais.
-Cela me rassure, repris simplement Ilfirin.
La suite du trajet, et ce jusqu’au soir et à
l’arrivée au village suivant, se fit dans le silence.
Dés leur arrivée, les voyageurs s’enquirent de
l’emplacement d’une auberge et s’y rendirent.
Quand Ilfirin demanda à Ingwinil de mettre son
masque, celle-ci refusa.
-Je doute fort que quelqu’un ne connaisse mon
visage dans tout le village. Et même si un paysan
venait à me reconnaitre, je me chargerais de le
remettre à sa place s’il nous importune.
Une détermination nouvelle emplissait
Ingwinil, et cela ne déplaisait pas à Ilfirin.
Ils entrèrent dans l’auberge, et appelèrent
l’aubergiste. Une belle animation remplissait la salle
commune de bruit. L’aubergiste cria pour se faire
entendre, et leur proposa de manger directement au
comptoir, car il n’avait plus de place dans la salle. Il
acceptait de leur faire une petite réduction pour le
dérangement. Ilfirin accepta. Il paya tout de même
une belle pièce d’argent. Le repas fut bon, sans être

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49
exceptionnel. Ingwinil alla vite se coucher, tandis
qu’Ilfirin profitait de la salle commune.
Il alla se coucher, afin de se réveiller tôt le
lendemain. Cela ne l’empêcha pas de se réveiller à
une heure tardive. Le soleil était haut dans le ciel
lorsqu’Ingwinil vint le réveiller. Il émergea
difficilement d’un sommeil sans rêves.
La journée étant bien avance, il décida après
son petit-déjeuner de rester dans le village pour la
journée. Cela permettrait aux chevaux, bien que peu
fatigués, de reprendre leurs forces. Il alla chercher
Ingwinil qui était retournée dans sa chambre, et ils
sortirent tous les deux dans la rue. Ilfirin fut surpris
de constater que beaucoup de soldats arpentaient la
ville. Il aborda donc un passant, pour lui demander
qu’elle en fût la raison. Celui-ci répondit
aimablement :
-He bien mon bon monsieur, sachez qu’un
accident a eu lieu pas plus tard qu’il y a deux jours.
Une sorte de mendiant a été tué par une chose
étrange. Beaucoup de gens disent qu’il s’agit d’un
homme, mais je ne le pense pas. Vous auriez vu....
J’étais deux rues plus loin quand c’est arrivé, mais
j’ai vu un éclair de lumière gigantesque s’élever dans
le ciel. Je me demande bien ce que c’était.

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Il continua à marmonner dans sa barbe quand
Ilfirin rejoint Ingwinil qu’il avait laissé quelques pas
devant.
-Alors, que se passe t-il ? s’enquit-elle.
-Un accident, qui semble magique a eu lieu.
Un mendiant à trouvé la mort. Rien qui nous
concerne en tout cas.
Ils repartirent donc, et se promenèrent
pendant toute la journée. Ingwinil s’arrêtait souvent
devant de petites échoppes, et s’émerveillait des
bibelots qu’on y trouvait. La journée passa vite, et
dans la bonne humeur. Ingwinil ne cessa de
taquiner Ilfirin. Elle semblait avoir retrouvé son
habituelle bonne humeur. Cela fit chaud au cœur à
Ilfirin, et alors que la situation ne s’y prêtait pas
vraiment, il s’amusa franchement. Ce n’est que le
soir, à l’auberge, que la réalité le rattrapa
brutalement. Il devrait avec Ingwinil parcourir une
grande distance le lendemain pour rattraper le
temps perdus. Et nul doute qu’après cela ils
devraient vite changer de chevaux. La nuit fut donc
pour lui agitée, et le départ du lendemain se fit très
tôt. Ingwinil était encore à moitié endormie sur sa
selle, mais Ilfirin ne lui permettait pas de trainer
derrière. Il imposait un rythme rapide, s’arrêtant à

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peine pour faire quelques pauses. Le repas se prit à
cheval, pour ne pas perdre de temps. Mais cette
chevauchée folle était épuisante, tant pour les bêtes
que pour leurs cavaliers. L’arrivée au village se fit
donc avec un immense soulagement.
Ilfirin échangea les chevaux contre des
montures plus fraiches, puis les voyageurs se
rendirent à l’auberge. Ilfirin dit à Ingwinil :
-Nous ne somme plus qu’à un ou deux jours de
Quilde. C’est une bonne nouvelle. Nous passerons
une journée là-bas, après quoi nous partirons en
direction du Morwen.
Ingwinil acquiesça doucement. La nuit passa
rapidement, puis le voyage reprit. Les deux derniers
jours de chevauchée jusqu’à Quilde se firent sans
encombre. Les cavaliers arrivèrent vers midi, t
furent accueillit par un jeune garçon qui se présenta
comme apprenti de l’écurie. Il prit en charge les
chevaux, et Ilfirin se rendit chez Dame Agda. Il la
trouva affairée à trier de vieux papiers. Quand elle le
vit, elle poussa un petit cri de contentement et se
retourna complètement.
-Ilfirin ! Quel plaisir de te voir ! Comment vas-
tu ?

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Puis, elle vit la princesse, et se figea un instant.
Puis elle multiplia les courbettes et dit :
-Mes respects Princesse. Que le Pouvoir vous
éclaire. Qu’ai-je fait pour avoir l’honneur de votre
présence ?
Ilfirin intervint :
-Je viens me rendre compte des dégâts de
l’attaque que vous avez subit.
-A ce propos, reprit Dame Agda, où était tu
passé ? Je me suis fait du mouron pour toi.
-C’est une longue histoire... dit Ilfirin avec un
soupir. Qui me coûte à raconter une fois de plus. Où
est l’auberge où j’avais séjourné ?
-A la même place qu’à la dernière fois,
répondit Dame Agda avec un gloussement. Nous
devons être dans une horrible période pour que les
maisons bougent dans vos contrées.
Ingwinil réprima un gloussement amusé.
Ilfirin quand à lui sortit à grand pas en grognant. Il
se rendit à l’auberge tandis qu’Ingwinil le rattrapait
en courant.
-Te voilà vexé ! Quelle susceptibilité !
Ilfirin répondit par un grognement qui ne fit
qu’augmenter l’hilarité de sa compagne. Il entra

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dans l’auberge, où il fut accueillit par Zora, la femme
qu’il avait déjà vu auparavant.
-Bonjour, dit-il. Je viens voir si vous n’avez pas
trouvé des armes dans une chambre. Une épée
dorée.
-Oui, en effet, la coupa t-elle. C’est à vous ?
demanda t-elle ensuite en sortant l’épée et l’arc
d’Ilfirin.
Il saisit l’arme, et fit quelques mouvements
avec. Cela lui faisait plaisir de retrouver l’équilibre
parfait et la splendeur de la lame. Il remercia la
femme, et sortit tout de suite. Puis il retourna chez
Dame Agda, lui annoncer où il partait. Ingwinil
resta silencieuse tandis que le jeune homme
expliquait tout. La vieille femme resta bouche bée
devant une telle déclaration. Puis elle acquiesça et
proposa à ses hôtes quelques provisions. Ils
acceptèrent en la remerciant de tout leur cœur. Puis,
il fut temps de rentrer à l’auberge. Le repas fut
bientôt servi, dans un calme qui était rare dans une
salle commune. Le village était un peu perdu, et peu
de voyageurs y venaient. Ilfirin proposa une partie
de cartes à Ingwinil ainsi qu’à leur hôte, qui
acceptèrent toutes les deux. Un bon moment de
détente s’ensuivit, et c’est en joie que tout le monde

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alla se coucher. Le départ se fit, le lendemain, sous
un soleil radieux et dans la bonne humeur. Pendant
la chevauchée, Ilfirin dit à sa compagne :
-Nous sommes déjà près de la frontière. Nous
Commentaire [A25]: Royaume
entrerons probablement en Anron dans les frontalier à Arianye.
prochains jours. Il n’y aura normalement aucun
problème. Les gens de ces contrées sont très
accueillants et j’ai un ami qui nous rejoindra dans la
Commentaire [A26]:
première ville où nous nous arrêterons, Nertea.
La princesse répondit, rayonnante :
-Très bien ! Cela me fait plaisir de pouvoir
découvrir le monde d’une autre manière que pour
des cérémonies.
-Il y a une question qu’il faut que je te pose, dit
Ilfirin après quelques minutes de silence. Sais-tu où
es ton père.
-Ingwinil se renfrogna un peu, mais sembla
surtout inquiète.
-Malheureusement non, répondit-elle. Il est
partit après l’attaque, sans me dire où il allait et ce
qu’il voulait faire.
Ilfirin n’insista pas plus, et ils continuèrent
leur longue chevauchée. Ilfirin les fit s’arrêter au
milieu de la journée, afin de pouvoir déjeuner
tranquillement. Et c’est au milieu du repas, et d’une

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longue discussion, qu’il fit signe à Ingwinil de ne
plus faire un bruit. Il se leva, aussi silencieux qu’une
ombre, et contourna le gros rocher à qui il tournait
le dos. Puis Ingwinil entendit un cri, et elle vit Ilfirin
revenir d’un air triomphant, en portant presque un
petit homme qui se recroquevillait sur lui-même. Il
semblait la personne la plus peureuse au monde.
Ilfirin dit :
-Il me semblait bien que j’avais entendu un
bruit. Comment as-tu pu nous suivre, toi, lança t-il
au petit homme.
-Je ne sais pas monseigneur, répondit celui-ci
d’un air miséreux.
-Comment cela, tu ne sais pas ? Et tu peux au
moins nous die qui tu es ?
-A ça oui, seigneur, clama l’homme en
bombant sa maigre poitrine. Je suis Nwalme
Commentaire [A27]: A faire revenir
Luvalin, serviteur dévoué du seigneur Manwen. dans l’histoire. Pourquoi pas les
accompagner un temps ?
A l’évocation de ce nom, une ombre passa sur Serviteur du seigneur Manwen
le visage d’Ilfirin. Commentaire [A28]: Un des ennemis
d’Ilfirin. Il déteste les Gardiens.
-Que viens-tu faire ici ? demanda t-il ensuite.
-Rien mes maîtres, je ne faisais que passer. Je n’ai
rien entendu de votre conversation, vous vous en
douterez... annonça Nwalme de sa voix la plus
mielleuse.

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-Il ment, intervint Ingwinil.
Nwalme tourna son regard, et quand il vit qui
parlait, il cria tout excité, en sautant dans tous les
sens :
-C’est la princesse ! Seigneur, c’est la princesse qui
voyage avec vous ! Vous ne le saviez même pas j’en
suis sûr. Mais c’est la princesse !
Il semblait sur le point de se jeter sur elle.
- Calme-toi, dit Ilfirin. Je savais bien de qui il
s’agissait idiot. Il faudrait être le dernier des abrutis
pour voyager avec elle sans s’en rendre compte.
Maintenant tu vas nous dire la vérité sur ta présence
ici. Pourquoi, au nom des déesses, es-tu ici ?
-Je me vois contraint de tout vous révéler, répondit
Nwalme. C’est mon maître, le seigneur Manwen
comme je vous l’ai dit, qui m’envoie. J’ai cru
comprendre que vous savez son aversion profonde
pour les Gardiens à votre expression de tout à
l’heure. Il m’a chargé de vous espionnez, afin de
pouvoir vous éliminez discrètement.
-Laissons-le ici, dit d’un ton brutal Ilfirin en
rangeant toute les affaires. Je ne sais pas comment il
est arrivé ici, mais il aura sûrement un peu plus de
mal à repartir. S’il y parvient.
Ingwinil protesta :

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-C’est inhumain ! Nous ne pouvons pas le laisser
comme ça ! Il faut au moins le ramener dans une
ville.
Ilfirin fit volte-face et dit d’un ton dur :
-Je suis déjà d’une gentillesse incroyable. Nous
jouons la sécurité de ton père et de tout le royaume !
Si je m’écoutais, il serait déjà mort. Nous ne
pouvons nous permettre aucuns risques.
-Je vous en prie seigneur ! supplia Nwalme. Ne me
laissez pas ici. Je n’en peux plus de servir ce maître !
Emmenez moi avec vous, je ne pourrais rien lui dire
et je serais d’une précieuse aide, je vous le garantis.
-Oui Ilfirin, emmenons-le avec nous. Il ne pourra
pas nous gêner. Il me donne l’impression d’être
sincère.
Ilfirin se retourna en poussant un long soupir.
-J’accepte de le garder au moins pour la journée. Il
ne nous nuira pas s’il est avec nous. Je réfléchirais à
ce que j’en ferais pendant le trajet.
Il se remit en selle, sans même terminer son repas.
Et d’un regard il invita Nwalme à monter derrière
lui. Dés que tout le monde fut en selle, il lança la
chevauchée. Il imposa un rythme dur à tenir, faisant
pousser des petits gémissements à son passager à
chaque nid-de-poule. L’arrivée à Nertea se fit tôt

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dans l’après-midi. Ilfirin se hâta de trouver une
auberge et y laissa ses compagnons. Il demanda
tout-de même à l’aubergiste de garder Nwalme à
l’œil. Puis il alla trouver un homme dans une petite
échoppe.
-Arwin, dit-il. J’ai besoin de tes services.
Arwin était le genre d’homme qu’Ilfirin se plaisait à
laisser dans les principales villes, pour avoir
toujours des informations de l’activité sur place.
-Il faudra que tu porte une missive au seigneur
Manwen. Dis-lui bien que c’est de ma part, reprit
Ilfirin en lui tendant une feuille. Je te remercie
d’avance.
Arwin de dit rien mais opina doucement de la tête.
Ilfirin s’en fut sans die un mot de plus. Il retourna
immédiatement à l’auberge, sans se laisse le temps
de flâner dans les rues. Il ne voulait pas que Nwalme
puisse rester sans véritable surveillance trop
longtemps. Il avait bien demandé à l’aubergiste de
s’en occuper, mais ce n’était que pour se donne
bonne conscience. Le patron se devait de gérer son
commerce.
Dés qu’il fut revenu, le soulagement revint. Nwalme
n’avait pas bougé, sauf pour engager une partie de
cartes avec des clients. Il s’assit alors à la même

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table, et observa les joueurs en silence. Après
quelques minutes, un des hommes lui dit :
-Vous voulez..? en laissant sa phrase en suspens.
Mais, ne seriez vous pas Er Hlóce, le Gardiens ?
-C’est cela, répondit Ilfirin, confus que quelqu’un l’ai
reconnu de cette manière.
-Je vous avais vu à une parade, au château. Vous
êtes plus impressionnant de près. Et vous paraissez
encore plus jeune.
Ilfirin remercia l’homme et s’intéressa de nouveau à
la partie. Nwalme menait de peu, et l’homme avec
qui il avait conversé était bon aussi. Puis, il se
désintéressa du jeu. Il se leva donc pour aller
demander à l’aubergiste quelle était la chambre
d’Ingwinil, et s’y rendit. Il frappa doucement à la
porte. Elle répondit doucement, et le jeune homme
entra.
-Je suis venu voir si tout allais bien.
-Oui, ne t’inquiète pas. C’est simplement que je ne
supporte plus ce petit homme, Nwalme. Il a un air
vicieux, et des manières insupportables.
-Je comptais justement rendre visite au seigneur
Manwen. Je l’ai prévenu.

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-Tant mieux. Je regrette à présent de t’avoir
demandé de l’emmener. Nous aurions dû le laisser
où il était.
Ilfirin acquiesça, puis sortit. Il retourna demander à
l’aubergiste de lui servir une boisson, dont il profita
en se plongeant dans ses pensées. Il ne revint dans
la réalité que longtemps après. La partie de cartes
étaient terminées, les joueurs s’étaient attablés.
Nwalme accompagnaient toujours les deux hommes
avec qui il avait fait connaissance. Ilfirin ne s’en
soucia donc plus, et alla chercher Ingwinil pour
dîner avec elle. Il la trouva endormie sur son lit,
toute habillée. L’aubergiste consentit à ce que de la
nourriture soir apportée dans la chambre, Ilfirin
mangea donc seul avant de monter son repas à
Ingwinil. Il déposa l’assiette fumante sur le petit
bureau de la chambre et sortit. Il alla lui-même se
coucher tôt. Le lendemain, ce fût Ingwinil qui vint le
tirer du lit.
-Allez, fainéant, l’houspillait-elle en lui enlevant ses
couvertures. Tu l’as dit toi-même, il nous faut
avancer !
Ilfirin poussa un grognement de fatigue. Il n’avait
pas le courage de faire quoi que ce soit aujourd’hui.
Mais en se rappelant des répercussions que pourrait

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avoir son inactivité, tout sommeil le quitta et il se
leva d’un bond. Il se prépara à toute vitesse et il eût
tôt fait de lancer la petite troupe. Nwalme s’était
procuré comme par miracle un cheval. Ilfirin se
doutait bien d’où ce « cadeau » venait : il n’avait pas
revu les deux joueurs de cartes. Cela ne faisait que
confirmer sa première impression. Il avait hâte
d’arriver au domaine du seigneur Manwen, pour
enfin se débarrasser de ce scélérat. La journée vit le
passage de plusieurs petits villages, et au soir Ilfirin,
suivi de ses compagnons, forcés ou pas, s’arrêtèrent
dans un petit village qui possédait une charmante
auberge. C’est une jeune femme qui les accueillit
avec bienveillance. Elle se présenta sous le nom de
Tyal. Le repas fût excellent, et les lits confortables.
Cela n’empêcha pas Ilfirin de ne dormir que d’un
œil. Et comme pour confirmer ses craintes, il
entendit au milieu de la nuit le craquement du
plancher. Il se leva alors sans bruit, afin de
surprendre l’insomniaque. Il vit une fine silhouette
vêtue de blanc se déplacer dans le couloir. C’est avec
soulagement qu’il se rendit compte qu’il ne s’agissait
que d’Ingwinil. Il attira donc discrètement son
attention et lui demanda :
-Que fais-tu ?

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-Je ne parviens pas à dormir. Je pensais donc qu’un
peu d’air me ferait du bien, répondit-elle.
Ilfirin la laissa, et il s’apprêtait à regagner sa
chambre lorsqu’une ombre, qui ne semblait même
pas l’avoir remarqué, passa sous ses yeux. Cette fois-
ci, il ne pouvait y avoir de doutes : c’était Nwalme.
Ilfirin le suivit donc dans le plus grand des silences.
Nwalme sortit une plaque noire et brillante. Il passa
sa main dessus, et aussitôt, une voix retentit :
-Alors sous-fifre ? Quelles informations as-tu ?
-Mes respects maître, dit le misérable. Vos ennemis
ont encore des doutes sur moi, mais je savais que
vous ne sauriez souffrir trop d’attente.
Ilfirin avait bien reconnu la voix. Il était certain qu’il
s’agissait de celle de Rúcare.
-Imbécile ! tonna Rúcare, pendant que Nwalme
semblait s’étouffer. J’ai tout mon temps devant moi.
Si mes plans sont compromis par ta faute, tu seras
châtié à la hauteur de ta faute.
C’est ce moment qu’Ilfirin choisi pour intervenir. Il
bondit sur Nwalme, qui eu juste le temps
d’entendre :
-Adieu, insecte.
Ilfirin, presque d’un même geste, brisa la plaque
noire avec le pommeau de son épée, puis la planta

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dans le corps de l’espion. Nwalme tenta dans un
sursaut de rage, d’agripper Ilfirin, mais celui-ci le
repoussa. Il reprit son épée et ramassa les morceaux
de l’étrange plaque noire. Puis il courut à la
chambre d’Ingwinil pour la réveiller. Il la trouva en
train de se recoucher après sa petite promenade
nocturne. Il dit :
-Nwalme nous as trahi. Je l’ai trouvé en train de
communiquer avec Rúcare. Il sait sûrement où nous
sommes. Nous devons partir. Nous nous arrêterons
au matin dans un village, afin d’acheter des
provisions et des couvertures. Puis nous passerons
une semaine sans revenir à la civilisation, pour que
les serviteurs du Maudit nous perdent.
-Mais... Il faut au moins prévenir l’aubergiste, dit
Ingwinil. Et qu’à tu fais de Nwalme ?
-Ce qu’il fallait, répliqua simplement Ilfirin.
Il se rendit dan sa chambre afin de rassembler ses
affaires. Puis il descendit et déposa une petite
bourse sur le comptoir, avant de s’asseoir pour
attendre Ingwinil.

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Chapitre 4

La fuite
Elle ne tarda pas, et les deux amis allèrent
chercher leurs chevaux. Puis, ils s’engagèrent sur la
route éclairée par la lune. Les cavaliers
chevauchaient en silence. Ilfirin voyait bien que cela
pesait sur sa compagne, mais il ne voulait pas laisser
déconcentrer. Il était à l’affut de tous bruits,
guettant les ombres comme de mortels ennemis. Il
avait peur de voir des ennemis apparaitre déjà, mais
rien ne vînt. C’est à l’aube que la route fut illuminée
par les lumières d’un village. Les voyageurs
entrèrent dans la petite bourgade.
Ils descendirent de cheval, et se dirigèrent
immédiatement vers ce qui ressemblait à une
épicerie. Un boutiquier jovial les accueillit et leur
proposa une multitude d’objets utiles, ou non. Ilfirin
acheta des provisions, en quantité limité. Il savait
que si la nourriture venait à manquer, il pourrait
toujours chasser. Des couvertures et une lourde
cape de voyage complétèrent les achats. Ilfirin ne
portait généralement pas d’habits de ce genre, car ils

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l’handicapaient dans les combats. Mais il se le
permettait cette fois-ci, car si tout allait bien,
aucune escarmouche n’éclaterait. Il hésita aussi à
faire oublier leur passage à l’épicier. Mais
l’utilisation du pouvoir serait un véritable phare qui
permettrait à ses ennemis de le retrouver sans
peine. Il ne fit rien, en espérant qu’il ne causerait
pas trop de problèmes à l’homme. Dés que les
achats furent chargés sur les chevaux, il lança le sien
au galop. Ingwinil le suivit tant bien que mal. Ce
n’est que quand la forme des bâtiments et les
lumières des lanternes eurent totalement disparus
qu’il ralentit. Ingwinil se mit à sa hauteur et dit :
- Quel empressement ! Je me demande bien
quels sont les horribles dangers que nous courrons
pour que tu veuilles mettre aussi vite de la distance
entre nous et ce pauvre village.
-Des dangers que tu n’imagines même pas.
Rúcare à créer des bêtes qui ferait pâlir de terreur le
plus brave et le plus fort des hommes. J’en ai déjà
combattu, et je peux te dire que ce n’étais pas une
partie de plaisir.
Ingwinil poussa un soupir, et demanda d’une
petite voix :
-C’est vrai ?

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Ilfirin remarqua enfin qu’il l’avait un peu
effrayée, et la rassura :
-En grande partie, mais ne t’inquiètes pas : je
serais toujours là pour te protéger.
Si Ingwinil ne paraissait toujours pas en pleine
confiance, elle était déjà rassurée. Lorsque le soleil
fut à son zénith, Ilfirin se décida enfin à s’arrêter. Il
déballa un paquet de fromage et quelques morceaux
de viandes qu’il fit rapidement cuire. Ingwinil
s’émerveilla devant la nourriture, sûrement trop
heureuse de pouvoir enfin rassasier son estomac
affamé. Les deux amis mangèrent en discutant,
malgré qu’Ilfirin reste toujours sur le qui-vive. Ce
fut un agréable moment qui passa trop vite au goût
de chacun. Le voyage reprit, sous un soleil brûlant.
Ilfirin n’avait pas ressenti cela le matin à cause de
son désir d’avancer, mais à présent la chaleur lui
pesait sur les nerfs. Il avait hâte que la nuit arrive.
Son souhait fut réalisé. L’hiver s’approchait, la nuit
venait donc plus tôt. Les cavaliers étaient fourbus.
Ils montèrent un petit camp sous une excroissance
rocheuse, à l’abri de la pluie. Ilfirin n’avait pas la
force de veiller pour s’assurer que rien n’approchait,
il créa donc, à l’aide du Pouvoir, une barrière qui
empêcherait tout ennemi de s’aventurer près du

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camp. Il hésita longtemps, mais une utilisation du
Pouvoir si ridicule et diffuse ne pouvait attirer
l’attention. La nuit était douce, malgré l’hiver qui
arrivait, et les couvertures furent à peine
nécessaires. L’aube vit le réveil de deux jeunes
personnes courbaturées. Le sommeil avait beau
avoir été bon, le sol était dur. Ilfirin fit quelque
étirements, afin d’être à nouveau disponible.
Ingwinil le regarda quelques instants, avant
d’éclater de rire. Il la regarda, interloqué :
-Qu’y a-t-il ?
-Tu n’as pas vu les positons que tu prends,
répondit t-elle entre deux gloussements. On dirait
une poule.
Ilfirin la rejoint bientôt dans l’hilarité, tant son
rire était communicatif. Cela fit un bien fou au deux
amis. Ils prirent un rapide repas entre deux éclats
de rire, avant de reprendre leur chemin toujours en
gloussant. La journée passa une fois de plus sans
qu’aucun accident ne survienne. Mais au soir, alors
qu’Ingwinil s’apprêtait à s’endormir sur son cheval,
Ilfirin poussa un petit cri. Cela réveilla la jeune
femme, qui se releva. Les venaient de sortir d’un
couloir rocheux, et arrivaient maintenant au-dessus
d’une grande plaine éclairée par un soleil couchant.

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De petits cours d’eau reflétaient une belle lumière,
et une charmante forêt venait compléter le tableau
idyllique qu’offraient cette vue. Seule une
gigantesque muraille noire, qui semblait s’étendre
d’un bout à l’autre de la plaine ternissait un peu la
beauté du paysage.
Apercevant une petite grotte sur le côté, Ilfirin
proposa de s’arrêter ici. Ingwinil ne refusa pas, car
elle était épuisée. Le camp fut donc monté, le repas
prit. Dés que plus rien ne la retint dans le monde
réel, Ingwinil plongea dans celui des ses songes.
Ilfirin quand à lui veilla quelque peu avant, une
nouvelle fois, de créer une barrière magique et de
dormir.
Il cauchemarda. Dans ses rêves, il voyait
Rúcare venir lui prendre Ingwinil. Il criait de
douleur et de rage, mais ne pouvait bouger. Puis
c’était Nwalme avec un visage tordu qui tentait de
l’assassiner.
Il se réveilla en sursaut au milieu de la nuit. Il
vit une lumière flotter au loin. Un voyageur égaré,
pensa t-il peut-être à tort. Il se retourna, et vit
Ingwinil, qui contrairement à lui dormait comme
une souche. Elle respirait doucement, et son visage

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69
était éclairé par la douce lueur de la lune. Elle
semblait comme cela plus belle que jamais.
Ilfirin leva ensuite les yeux vers les étoiles. Il
essaya de repérer les nombreuses constellations
qu’il connaissait. Il en repérait de temps à autre.
Parfois une étoile filante illuminait le ciel de sa
trainée lumineuse. Ilfirin se prit à imaginer ce que
pouvait bien être vraiment les étoiles filantes. Il
imaginait de petits fragments de lumière d’étoile,
brillant toujours d’une lumière bleutée. Ou encore
des pierres précieuses qui viendraient d’une
lointaine galaxie. Ses grands-parents, dans son
village natal, lui disaient toujours que les étoiles
étaient les âmes de ceux qu’on avait perdus. Ilfirin
n’avait jamais cru ces fables. Il était persuadé que
les étoiles cachaient d’autres secrets.
Ces réflexions le ramenèrent une fois de plus
dans le village qui l’avait vu naître.

-Quand je serai grand, disait-il petit, j’irai sur


le plateau du crépuscule, comme les Gardiens ! Je
deviendrai fort et je battrai tout ce que qui veulent
du mal aux autres !

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-Je m’en doute bien, mon chéri, répondait sa
mère bienveillante. Je te fais confiance pour me
ramener un beau souvenir de là-bas, n’est-ce pas ?
-Oui ! Je te ramènerai un morceau d’étoile !
-Et où irais-tu chercher cela, mon petit
garçon?
-J’irais voler dans le ciel pour aller le
chercher. Je chevaucherai des étoiles filantes et
j’irai voir d’autres terres.
Ilfirin était heureux de se rappeler de ces
épisodes de sa vie. Il était finalement bien allé sur le
plateau du crépuscule, malgré qu’il n’est pas ramené
de morceaux d’étoiles ni chevauché de météorites. I
songea alors que sa mère était sûrement inquiète de
ne le voir que si rarement. Mais on lui imposait
toujours plus tâches, qui lui empêchaient d’avoir
vraiment du temps libre.
Il continua dans des réflexions de ce genre
jusqu’au éveil d’Ingwinil. Cette dernière s’assit sur
sa couverture, en étouffant un bâillement. Il était
drôle d voir à quel point elle s’était vite détachée de
sa vie royale. Ilfirin dit alors :
-Nous n’avancerons pas aujourd’hui. Nous
sommes bien à l’abri ici, et j’aimerai en profiter pour
chasser un petit peu. Ingwinil accepta, et en profita

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pour refaire sa toilette. Ilfirin partit dans les bois qui
se trouvaient près de leur abri, et posa une
multitude de collets. Puis, il se percha sur une petite
butte, à l’abri des buissons et attendit du gibier Au
bout d’une heure, une biche passa près de sa
cachette. Il lui décocha une flèche dans la tête, et
redescendit de la butte. Il acheva alors le pauvre
animal et prit sur lui quelques quartiers de viande,
laissant le reste aux charognards de passage. Il
revint au petit camp pour faire cuire la viande. Cela
fut vite fait. Il vaqua alors à ses occupations,
aiguisant parfois la lame de son épée, ou jouant avec
des pierres.
Le soir arriva vite. La barrière était restée en
place, il n’eut donc pas besoin d’en recréer une. Il
s’endormit dés que le repas fut mangé. Mais une fois
de plus, il se réveilla en pleine nuit. Il revit la
lumière de l’autre nuit. Trouvant cela curieux, il s’y
intéressa. Observant la personne qui voyageait par
une telle nuit, il vit une chose qui l’horrifia.
Commentaire [A29]: Serviteur de
-Un Ńoldor ! Rúcare, ils contrôlent le pouvoir.
Et alors qu’il pensait cela, l’être tourna la tête
vers lui et le vit, comme par magie. Il ouvrit la
bouche comme pour pousser un horrible hurlement

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puis disparut. Ilfirin se précipita vers Ingwinil pour
la réveiller.
-Ingwinil, dit-il. Réveille-toi ! Nos ennemis
nous ont retrouvés, il faut partir !
La princesse émergea lentement, mais dés
qu’elle entendit ces mots, elle se mit à tout préparer
à toute allure. Les chevaux furent vite chargés.
Les cavaliers sautèrent en selle et
chevauchèrent au grand galop.
-J’ai vu un Ńoldor ! C’est une des bêtes dont je
te parlais. Elle a disparu, et doit maintenant être en
trin d’alerter ses frères. Nous devons nous réfugier
de l’autre côté de la muraille. Si nous chevauchons
bien, nous y serons avant la nuit.
Soudain, comme le redoutait tant Ilfirin, un cri
retentit dans le lointain.
- Ils nous suivent, dit-il simplement.
Il accéléra encore l’allure. Derrière les fuyards
de grandes ombres se profilaient au loin. Ilfirin y
jeta un coup d’œil et se retourna encore plus inquiet.
-Ils ont fait appel à des Nirwas, des créatures
ailées redoutables. Nous aurons juste le temps
d’arriver.
La folle cavalcade se poursuivit. Les ennemis
semblaient se rapprocher davantage à chaque heure

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qui passait. C’est au milieu de l’après-midi, alors
que la muraille n’était plus loin, un Nirwa se
détacha du groupe et prit une vitesse folle. Il fut
bientôt sur les chevaux. Sa gueule béante étaient
armée de crocs, comme étant de couteaux prêts à
déchiqueter n’importe quoi. Ilfirin bondit alors de
son cheval en sortant son épée. Il asséna un coup
magistral dans la tête de la bête, qui s’écroula au sol.
Il remonta ensuite en selle, et rejoint Ingwinil qui
n’avait pas ralenti.
-Je pense que cela devrait les ralentir plus
encore, annonça t-il. Je l’espère en tout cas.
Ils arrivèrent bientôt aux pieds des murailles.
Ilfirin cria :
-Ouvrez les portes, nous sommes poursuivis !
Les gardes méfiants mais comprenant
l’urgence de la situation, s’exécutèrent. Le couple
pût se mettre à l’abri, alors que les Nirwas
arrivaient.
Ils commencèrent à rôder près de la tour, se
faisant menaçant. C’est ce moment que choisi un
nouveau Nirwa pour faire son apparition. Il
paraissait plus grand que les autres, et un Ńoldor le
chevauchait. Le Nirwa poussa un terrible
hurlement. Ilfirin, qui se trouvait sur la muraille, se

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retourna. La monstrueuse bête possédait une gueule
pleine de crocs acérés, et d’un visage presque plat.
Ses paupières s’ouvraient sur des pupilles fines, qui
semblaient appartenir à Rúcare lui-même.

Un homme vint voir Ilfirin.

- Sire, fit-il. Nous devons nous débarrasser de ces


monstres. Avez-vous une solution ?

Ilfirin ne répondit pas, et saisit un arc qui reposait


près du mur.

-Pourquoi ne viennent-ils pas au dessus des


murailles ?

-Un sort protège la région. Les créatures de ce genre


ne peuvent franchir les murailles.

Ilfirin acquiesça, et demanda :

-Comment puis-je me rendre au plus haut de la


citadelle ?

L’homme lui indiqua un long escalier qui faisait le


tour du bâtiment. Ilfirin l’emprunta, et monta les
marches quatre à quatre. La pente était raide, et une
forte pluie achevait de le gêner. Mais il se tint
bientôt tout en haut du grand édifice. Il sortit un
petit récipient qui contenait un liquide nacré. Il

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trempa son unique flèche dedans, et presque en
même temps, banda son arc pour décocher la flèche.
Elle monta dans les cieux nocturnes, trait lumineux
s’élevant peu à peu. Lorsqu’elle fut au plus haut,
Ilfirin prononça un seul mot. Une explosion de
lumière blanche s’étendit alors dans le ciel. Les
monstres ailés prirent de la distance en criant, au
fur et à mesure que la lumière s’approchait d’eux.
Un des Nirwas se trouva en retard, et il fut consumé
par la lumière en hurlant de tous ses poumons.
Ilfirin mis à son dos, d’un air nonchalant l’arc qui lui
avait servi à cet exploit, et rangea la petite fiole qui
avait contenue le miraculeux produit. L’homme à
qui Ilfirin avait parlé auparavant, qui se trouvait
être le chef des garde, vint le voir une fois de plus.

-Merci, sire ! Quel miracle vous avez fait !

Le Gardien ne répondit pas, se contentant de


redescendre les escaliers. Il retrouva Ingwinil qui
regardait d’un air ébahi le ciel. Elle dit :

-Comment... Comment as-tu fait ça ?

Ilfirin éclata de rire, en répondant :

-Je suis Gardien, ne l’oublie pas. Mon rôle est de


protéger le royaume contre toutes les menaces.

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Il s’en alla alors vers le cœur de la citadelle, où il
savait que logeait le seigneur Manwen. Il n’avait pas
choisi d’entrer en Anron par cette porte pour rien.

Il poussa sans frapper la lourde porte de fer qui


scellait les appartements du seigneur, et entra.

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Chapitre 5

Le traître.
Manwen l’attendait, remplissant l’immense
salle de sa prestance. Il parla :
-Que venez-vous faire ici, Gardien ? Je ne me
souviens pas vous avoir convié en mes quartiers.
- Un de vos sous-fifres, que vous avez envoyé
Commentaire [A30]: Rúcare.
nous espionner, était serviteur du Malin. J’espère
donc recevoir des explications.
-Comment cela ? Vous dites avoir rencontré un
homme qui se revendiquait comme un de mes
serviteurs ?
-Tous à fait.
-Je n’ai jamais envoyé personne à votre
poursuite. Je ne savais de toute façon pas que vous
voyagiez.
Ilfirin, à ces mots, ne dit plus rien. Il se
retourna et sortit de la grande pièce.

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