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EDITORIAL considération est secondaire. Dès lors, la fin justifie de puissants moyens : menace,
intimidation, intox. Tout ce qui sera plaidé par l'accusation lors du procès est à ce titre
Il y a quelques années, Bill Gates avait coutume de dire à ses cadres qu'ils ne devaient révélateur. Mais tous ces excès se comprennent à l'aune de la personnalité de Bill Gates.
pas se faire d'illusion sur la pérennité de leur travail : pas une ligne de code que vous Business Week révèle cette semaine que le jour où Gates était au téléphone avec le
écrivez aujourd'hui, leur disait-il en substance, n'aura la moindre valeur d'ici trois ans. département de la Justice pour une ultime négociation; à New York, ses hommes
Malgré sa position dominante, Microsoft est sur un secteur où l'obsolescence se mesure doublaient l'offre d'achat d'un concurrent sur une firme spécialisée dans les connexions
tous les six mois. ultra-rapide à l'Internet. Microsoft y avait discerné la possibilité de mettre ses logiciels
dans les décodeurs numériques. C'est le même Bill qui aurait assuré aux investigateurs
C'est ce qui pousse Gates à "verrouiller" le plus possible le marché du PC qu'il domine antitrusts qu'il déménagerait hors des Etats-Unis le QG de Microsoft si on le forçait à
pourtant à 90%. Plus que jamais, Microsoft veut lier son système d'exploitation démanteler celle-ci. Ce qui eu pour effet de les braquer un peu plus.
Windows à ses propres applications (Word, Excel, etc.). Non content d'en avoir fait des
best-sellers, la firme cherche à les imposer. Au public, par le biais des fabricants de PC La motivation de Bill Gates réside dans une profonde paranoïa doublée par l'ego et
qui les proposent à des prix imbattables avec leur machine, mais aussi dans les l'ambition propres à un chef d'entreprise de ce calibre. Bill Gates se sent menacé de
entreprises. Récemment, Microsoft a ainsi mis en place un système commercial qui, toute part. Par les concurrents dont il réalise parfois un peu tard la portée des
moyennant une redevance par machine, laisse aux entreprises-clientes toute latitude innovations (exemple-type : Netscape, terrassée après trois ans d'efforts acharnés et de
pour l'utilisation de Windows NT (la version pro de l'OS) mais aussi de Microsoft manoeuvres quasi maffieuses); par les consommateurs qui montrent des signes de
Office et ses dérivés. Toujours pour bouter ses concurrents hors du marché, Microsoft lassitude et qui font des infidélités à Windows dès qu'on leur propose un Linux à visage
va offrir avec son serveur de base de données un programme d'analyse habituellement humain (il y a encore du travail) ou un iMac qui redonne de la joie au plug-and-play ;
vendu 30000 francs par un concurrent. Face à quoi, les autres fabricants de logiciels enfin par l'écosystème qu'il a créé, et qui nécessite, on l'a vu, une croissance continue.
hurlent aux pratiques déloyales. Les utilisateurs de leur côté sont satisfaits, jusqu'au jour Mais paradoxalement cet environnement est aussi menacé par sa croissance: c'est le
où ils verront leurs coûts s'envoler sous l'effet des nouvelles versions vendues, elles, au syndrome IBM, celui de l'albatros industriel qui, devenu trop gros, perd son agilité et sa
prix fort une fois le marché capté par ces promotions exceptionnelles. De façon encore capacité d'innovation. Cette perspective hante Gates jour et nuit. Alors, face à ces petits
plus discutable - c'est une des choses que le procès devra démontrer - Microsoft aurait juges gris brandissant leurs lois antitrust, il va se battre pied à pied. Pour lui c'est une
utilisé sa maîtrise de certaines fonctionnalités secrètes de Windows pour faire en sorte question de survie, personnelle et de son entreprise (ce qui se tend à se confondre).
que (comme par hasard), ses propres applications fonctionnent bien mieux que les
autres. Il n'est pas besoin d'être ingénieur pour avoir connu ce sentiment lors de Au moment de son procès antitrust en 1911, la Standard Oil avait bâti du tangible: des
dysfonctionnements inexpliqués sur son PC. puits de pétrole, des raffineries, des pipe-lines, des circuits de distribution ; plus tard en
1984, AT&T avait aussi tissé un maillage technologique concret avec des câbles, des
Cela, c'était pour le côté verrouillage d'un marché extrêmement instable. Passons centraux téléphoniques à l'échelle du continent comme à l'échelle locale (AT&T tirera
maintenant à l'obsession de la croissance. plutôt profit de son démantèlement). A tort ou à raison, Gates est convaincu que son
empire est fragile. Il mesure plus que n'importe qui le caractère éphémère d'une position
Tous les matins en arrivant sur le campus de Redmond près de Seattle ou dans les même dominante dans cette industrie dont on a coutume de dire qu'elle évolue sept fois
multiples filiales dispersées partout dans le monde, la plupart des employés de plus vite que toute autre. C'est ce qui le pousse à utiliser chaque seconde pour étendre
Microsoft commencent leur journée en regardant le cours de l'action. Ceux qui le font son emprise sur la technologie et à utiliser tous les moyens pour y parvenir. Il y va de sa
depuis cinq ans ont de quoi se réjouir. Le titre Microsoft a pris 940 %, contre 338 % santé mentale. Dans ce contexte, le procès antitrust est pour lui une question de survie.
pour l'ensemble du secteur de la high tech et seulement 148 % pour le reste du marché
boursier américain. Cette préoccupation des brillants ingénieurs, programmeurs et
vendeurs "microsofties" vient du fait que l'essentiel de leur richesse est indexé sur le PROCEDURE
cours de l'action, via le généreux mécanisme des stocks options. Pas de hausse des
cours, pas de valorisation des stocks. Si l'envolée constante devait cesser, Microsoft se La procédure
retrouverait alors au niveau de n'importe quelle boîte de high tech, exigeant soixante ou
quatre-vingt heures par semaines pour un bon salaire, sans plus. Question: comment Douze témoins pour l'accusation, douze pour Microsoft vont se succéder tout au long du
maintenir cette croissance for ever ? Surtout dans le contexte où le profit généré par le procès, qui pourrait durer jusqu'à huit semaines. Le juge Thomas Penfield-Jackson
PC commence à montrer - saturation "aidant" - des signes de ralentissement. Réponse : devra décider s'il a été convaincu par le gouvernement américain. Si c'est le cas, le
il faut investir d'urgence de nouveaux marchés, et si possible avec la même énergie ministère de la Justice proposera au juge une série de «remèdes» que celui-ci devra ou
déployée depuis 1975. non approuver. Un règlement à l'amiable est possible. La décision du juge pourra
ensuite être contestée en appel et devant la Cour suprême.
Mutation stratégique
Le juge
En toute discrétion Microsoft semble aborder une nouvelle phase de son existence. La
semaine dernière à l'issue de l'une de ces retraites bi-annuelles qu'il s'accorde pour <Image>Le juge fédéral Thomas Penfield-Jackson, 61 ans, est connu pour avoir présidé,
réfléchir au futur, Bill Gates a pondu un mémo habilement distillé à la presse. Son titre : en 1990, au procès du maire de Washington Marion Barry (possession de cocaïne). Son
The Era Ahead (littéralement : l'ère qui est devant nous, allusion à son livre The Road ton à l'égard de Microsoft a, pour l'instant, été plutôt sévère. Il n'est pas spécialiste des
Ahead, - la Route du futur). Rien de fracassant, mais un message subliminal: Gates va questions technologiques comme l'a noté, en juin, la cour d'appel, en soulignant «la
désormais se consacrer à projeter son entreprise dans le XXIe siècle. S'il reste le patron, compétence limitée des tribunaux». Réputé lent, il entend pourtant conduire le procès en
il a nommé aux commandes quotidiennes son fidèle lieutenant et compère de Harvard un temps record et ne pas renouveler le précédent du procès IBM, treize ans de
Steve Ballmer, aussi agressif et motivé que lui (malgré une fortune personnelle de 12 procédure.
milliards de dollars contre 58 milliards pour Bill). Plus qu'au travers de cette note
"politique" la stratégie de la firme se lit dans la presse économique ; elle se résume à un La sanction
mot d'ordre : investir - et contrôler - tous les marchés où il y a un tant soit peu de
logiciels : téléphone, voiture, maison, jouets, transactions commerciales. Le but de <Image>Si les tribunaux donnent raison au gouvernement, plusieurs solutions sont
Microsoft est que chacun d'entre nous, en passant un coup de fil ou en faisant ses possibles. Elles vont de la modification des contrats de licence et de commercialisation
courses, actionne sans le savoir, une pièce logicielle crée par Microsoft. des logiciels Microsoft à l'éclatement de l'entreprise en plusieurs sociétés concurrentes
(comme cela avait été le cas pour ATT). Les juges peuvent aussi contraindre Microsoft à
On peut se gausser de cette vision universelle. Mais on peut aussi regarder comment faire de Windows un «standard ouvert» avec obligation pour l'entreprise de rendre
cette firme est parvenue en vingt ans à contrôler un marché aussi vaste et protéiforme publics ses secrets de fabrication (codes source)
que l'informatique. Le propre de Microsoft est de tenter, de se tromper, et de
recommencer et ce, jusqu'au succès. Il a fallu attendre la troisième version de Windows Le contexte
pour que le marché l'adopte, il en sera de même pour les "portails" sur l'Internet, le
commerce électronique, les logiciels embarqués dans les éléments de notre vie <Image>Les sondages sont favorables à Microsoft, mais, comme pour le procès
quotidienne. Face à une telle ambition, on voit mal ce qui pourrait stopper Microsoft. Clinton, la presse l'est moins. Les commentaires critiques à l'égard de l'empire de Bill
Cette firme est richissime : 14 milliards de dollars de liquidités. Elle peut tout tenter, sa Gates se sont multipliés ces derniers mois. Et la vague libérale-libertaire sur laquelle la
richesse l'immunise contre les échecs. Et, par le biais de ses logiciels, elle est implantée Silicon Valley a surfé ces dernières années se heurte désormais à ceux qui redoutent les
partout. dangers d'un laisser-faire absolu. Ce qui vaut pour les marchés financiers où les appels à
une remise en ordre se multiplient vaut pour Microsoft. Nombre de ses concurrents
C'est à cause de cet enjeu planétaire que les audiences qui commencent ce lundi à comptent aujourd'hui sur le gouvernement pour mettre un frein aux ambitions de Bill
Washington peuvent être qualifiées de "procès du siècle". Même si le juge Jackson Gates. Et l'idée progresse selon laquelle le libéralisme économique ne peut prospérer
ordonnait un démantèlement de la firme, en séparant par exemple les activités purement sans un arbitre puissant. Reste à savoir si cette opinion est désormais partagée par les
système (Windows) des applications, il n'est pas sûr que cela contrarie l'ambition de tribunaux américains. Depuis le début des années 80, une autre école y est majoritaire,
Microsoft. Car il faut compter avec un élément déterminant: la personnalité de Bill convaincue, au contraire, que les monopoles et les entorses à l'antitrust sont des maux
Gates. passagers qui seront corrigés par la loi du marché et non par l'Etat.

Paranoïa ACCUSATION

C'est peut-être ce qui perdra Microsoft. Ce procès est l'aboutissement de l'absence de L'affaire
sens politique du leader charismatique de Redmond. Pour lui, un bon concurrent est un Internet Explorer
concurrent mort, un marché porteur est un marché qu'il domine. Toute autre
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Qu'on s'imagine une marque de pâtes, en quasi-monopole, et qui vendrait ses paquets Pour Microsoft, Internet Explorer est un module intégré à Windows. Dissocier les deux
avec une sauce tomate dont elle serait également le fabricant. Les acheteurs seraient reviendrait, selon eux, à vendre des souliers sans lacets. Par ailleurs, l'entreprise met en
enclins à consommer cette sauce plutôt qu'une autre, et la concurrence serait lésée. avant les raisons techniques qui l'empêchent de procéder à une dissociation et réfute
C'est, en simplifiant, ce qui est reproché à Microsoft: fournir automatiquement son toute pression illégale sur ses concurrents. Si ses produits sont retenus par ses
programme de navigation pour le Web, Internet Explorer, avec son système partenaires, c'est, dit-elle, parce qu'ils sont les meilleurs.
d'exploitation Windows, lui-même présent dès l'achat sur la quasi-totalité des PC vendus
dans le monde. De ce fait, Microsoft s'appuierait sur Windows pour améliorer sa Le bataillon d'avocats
position dans les logiciels de navigation, secteur dans lequel il fut pris de vitesse par
Netscape. La législation américaine (le Sherman Antitrust Act qui date de 1890) interdit Le juriste maison de Microsoft et le principal porte-parole de l'entreprise depuis le début
de profiter d'une situation de monopole dans un secteur pour améliorer sa position dans du procès, Bill Neukom, 55 ans, est un ami de la famille: aujourd'hui vice-président, il
un autre. faisait partie de la firme du père de Bill Gates, avocat à Seattle. Associé à toutes les
décisions stratégiques et doté d'un budget apparemment illimité, il dirige un régiment de
Autres abus juristes redoutés. La défense de Microsoft au tribunal sera assurée principalement par
de position dominante John Warden, 57 ans, qui a acquis ses lettres de noblesse dans le droit de l'antitrust en
défendant avec succès Kodak, accusé en 1979 d'abus de monopole avec l'Instamatic.
Le dossier d'accusation s'est épaissi depuis le dépôt de la plainte du ministère de la
Justice en mai dernier. Les plaignants accusent Microsoft d'avoir «abusé de sa position Défense en ligne
dominante sur le marché des systèmes d'exploitation pour PC» (Windows) et de «s'être
engagé dans une série de pratiques destinées à préserver illégalement cette domination Une masse d'articles, une chronologie, des prises de position, des fiches pratiques
et à l'étendre illégalement à de nouveaux marchés». Microsoft se voit reprocher de résumant les arguments... La couverture de l'affaire sur le site de Microsoft (1)
contraindre d'autres entreprises à utiliser ses produits ou à abandonner le développement s'apparente à celle d'un média. Mais, ici, le Web est utilisé pour détailler sa propre
ou l'utilisation de produits concurrents. Ainsi, Microsoft aurait imposé l'adoption argumentation et critiquer la position adverse. C'est ainsi que les articles les plus récents
d'Internet Explorer à America Online, numéro un mondial des services en ligne, en ont pour titre «Des experts économiques contestent les fondements de la plainte
échange du placement d'une icône AOL dans Windows. Microsoft aurait également gouvernementale» ou «Pourquoi Microsoft vend-il Windows si peu cher?» (article signé
proposé à Netscape un accord illégal de partage du marché. d'un groupe d'économistes). Les fiches techniques, intitulées «Les faits contre la
fiction», détaillent les contre-vérités qui, selon Microsoft, entourent le procès. Les
Les témoins à charge nombreux articles publiés par la presse auxquels le site renvoie sont sélectionnés avec
soin. Pendant le procès, le web sera régulièrement mis à jour et Microsoft France
Le patron de Netscape, James Barksdale, devrait ouvrir le feu. Son entreprise est proposera une traduction des principaux documents (2).
présentée comme la victime principale des pratiques anticoncurrentielles de Microsoft
et, à ce titre, il est donc le premier allié du gouvernement contre Bill Gates. Avec les Le soutien des Américains
autres témoins, le gouvernement tentera de faire la preuve des pratiques
anticoncurrentielles de Microsoft. David Colburn (vice-président du service en ligne Si les sites anti-Microsoft sont légion et si la presse américaine est très remontée contre
America Online) s'expliquera sur son choix d'imposer en priorité aux 13 millions celui qui fut son idole, Bill Gates et son entreprise mettent en avant le soutien des
d'abonnés à son service le logiciel Internet Explorer contre Navigator. Steven D. consommateurs. Selon un sondage publié la semaine dernière par US News, 80% des
McGeady (responsable des activités logiciels et Internet du fabricant de Américains ont une bonne opinion de Microsoft et 45 % pensent que le procès qui lui
microprocesseurs Intel) dira si Microsoft a dissuadé Intel de développer certains est intenté n'est pas une bonne idée
logiciels. Avie Tevanian (chargé chez Apple du logiciel QuickTime) s'expliquera sur les
tentatives de Microsoft pour freiner les ambitions d'Apple avec ce logiciel multimédia. Chronologie des faits

La preuve par l'e-mail Avril 1994: Création de Navigator de Netscape, logiciel de navigation sur l'Internet.
Juillet 1994: Accord à l'amiable entre Microsoft et les autorités antitrust. La firme de
Le 6 juin 1996, le responsable des ventes de Microsoft avertissait par courrier Seattle s'engage à ne pas obliger les constructeurs informatiques à installer les
électronique une représentante de Compaq: «Chère Céleste, (...) dans l'intention programmes en même temps que le système d'exploitation Windows.
d'instaurer à nouveau confiance et coopération mutuelles, (...) Microsoft demande que Mai 1995: Bill Gates réoriente la stratégie de Microsoft autour de l'Internet.
Compaq replace l'icône (...) d'Internet Explorer sur l'écran d'accueil de toutes les Août 1995: Lancement de Windows 95, le nouveau système d'exploitation de Microsoft.
machines Compaq Presario.» Devant la pression de Microsoft, Compaq finissait par Novembre 1995: Microsoft propose gratuitement sur son site Explorer 2.0, navigateur
remplacer l'icône de Netscape par celle d'Internet Explorer. Ces quelques lignes sont ex- maison, alors très en retard sur celui de Netscape.
traites des 3,3 millions de pages d'e-mails et de notes internes que Microsoft a remises Décembre 1996: Un directeur de Microsoft, Jim Allchim, envoie un email au
au ministère de la Justice. Tous ces comptes rendus de réunions, ces notes stratégiques, responsable des systèmes d'exploitation, Paul Maritz, pour accélèrer l'intégration directe
ces échanges avec d'autres entreprises fournissent une bonne partie des preuves retenues d'Explorer dans Windows.
contre Microsoft. Avec les courriers électroniques, la broyeuse ne sert plus à rien. Le Octobre 1997: Microsoft introduit Explorer 4.0, qui partage l'essentiel de son code avec
bouton «envoi» appuyé, un e-mail se trouve copié sur l'ordinateur de l'expéditeur, celui le système d'exploitation Windows. Les constructeurs informatiques ont obligation
du destinataire, ceux des fournisseurs d'accès au réseau. «Faire un tri dans les e-mails d'installer Explorer avec Windows 95.
avant de les remettre à la justice, ce serait de la folie, explique Douglas Glucroft, avocat 20 octobre 1997:Le département de la Justice porte plainte contre Microsoft pour
spécialisé dans les nouvelles technologies. Les sanctions peuvent être considérables si violation de l'accord à l'amiable de 1994.
l'on s'aperçoit par la suite que toutes les pièces n'ont pas été communiquées.» Selon le Janvier 1998: Microsoft et les autorités antitrust annoncent qu'un accord à l'amiable a
Wall Street Journal, Microsoft devrait réagir en produisant pendant le procès un courrier été trouvé, l'entreprise ayant accepté d'offrir temporairement aux contructeurs une
électronique de Jim Clark, fondateur de Netscape, qui propose une coopération des deux version de Windows 95 sans les aspects visibles d'Explorer. Au même moment le
entreprises. Ce message précède la réunion au cours de laquelle Microsoft suggérait à département de la Justice approfondit son enquête, se tournant vers la stratégie de
Netscape un partage du marché. Il prouverait, selon Microsoft, que la proposition Microsoft autour de l'Internet.
initiale d'entente émanait de son concurrent. Le gouvernement répondra avec d'autres e- 18 mai: Le département de la justice et 20 états américains portent plainte contre
mails envoyés par de hauts responsables à Bill Gates, juste avant la réunion. La bataille Microsoft pour pratiques anti-concurrentielles.
des e-mails ne fait que commencer. 23 juin: Une cour d'Appel reconnaît à Microsoft le droit implicite d'intégrer son logiciel
Explorer dans Windows.
DEFENSE 25 juin: Lancement de Windows 98, qui efface les frontières visibles entre le Web et les
applications contenues sur l'ordinateur.
Bill Gates, l'Arlésienne 9 septembre: Leprocès antitrust contre Microsoft qui devait débuter le 15 octobre est
reporté au 19 octobre par décision du juge Thomas Penfield Jackson. Le procès,
La liste des douze témoins présentés par Microsoft compte un grand absent. Bill Gates, initialement prévu le 8 septembre, avait déjà été repoussé au 23 septembre puis au 15
42 ans, ne participera pas au procès. Son témoignage a été recueilli sur cassette vidéo octobre.
par le gouvernement durant l'été. Officiellement, il a pris ses distances avec la gestion 15 septembre: Le juge fédéral Thomas Penfield-Jackson, en charge du dossier anti-trust
quotidienne de l'entreprise en laissant le gouvernail à Steve Ballmer, nommé président de Microsoft refuse de repousser une nouvelle fois le début de ce procès comme cela lui
en juillet. Ces derniers mois, il a tenté de mettre un frein à la détérioration de son image, était demandé par le géant américain.
grâce à une série d'expéditions dans des écoles ou des quartiers défavorisés, et déployé 24 septembre: la Justice rejette la demande de Microsoft de classement de la plainte
de nouveaux efforts maladroits pour paraître plus «humain». Il a continué de courir les anti-trust.
manifestations professionnelles pour prêcher la bonne parole Microsoft. Mercredi, lors 15 octobre: Microsoft publie un document de 40 pages, «Setting the Record Straight»,
d'un débat en Floride, il a été placé sur le gril par un analyste qui voulait savoir en quoi pour réfuter les arguments du gouvernement américain contre l'entreprise.
Microsoft était une entreprise innovante, et a été sifflé par la salle. La semaine passée, 19 octobre: Début du procès devant une cour fédérale de Washington, présidée par le
Gates diffusait aussi dans son entreprise un document d'une quinzaine de pages sur le juge Jackson.
futur de Microsoft. The Era Ahead (l'Ere du futur) ne semble guère contenir d'idées
révolutionnaires. Il vise, en revanche, à démontrer que Bill Gates n'est pas obnubilé par
le procès: le mémo n'y fait aucune référence. ------------------------------------------------------------------------

L'argumentaire
Le Sherman Act
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C'est la loi anti-monopole aux Etats-Unis. le Sherman act date de 1890 et a été appliqué 7 octobre 1998: une procédure anti-trust est déclenchée contre Visa et MasterCard, qui
pour la première fois contre l'empire John Rockefeller en 1911. Il condamne le fait de detiennent les trois quart du marché des paiements par cartes de crédit aux Etats-Unis.
tirer profit de sa position monopolistique. La première partie de la loi stipule qu'est
interdite toute pratique restreignant les chances de la concurrence, comme notamment
l'entente sur les prix. La seconde interdit à une entreprise détenant un monopole sur un
marché de s'en servir pour s'emparer d'un autre secteur. Le Clayton Act (1914), a précisé
cette notion en interdisant les contrats d'exclusivité et les contrats de faveur accordés à
des partenaires privilégiés par exemple.

Voir le texte du Sherman Act et un bref historique de cette loi. Le site de Legal
Information Institute sur la législation antitrust.

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L'opinion soutient Bill Gates


Malgré l'internet où les sites anti-Microsoft sont légion et un changement de ton de la
presse américaine, plus agressive que dans le passé à son égard, Bill Gates et son
entreprise mettent en avant le soutien des consommateurs et de l'opinion publique
américaine. Les sondages semblent leur donner raison. D'après le dernier en date (publié
la semaine dernière par l'hebdomadaire US News) 73% des Américains ont une
impression favorable de Bill Gates, 80% de son entreprise et 75% de Windows (contre
7% qui ont l' impression inverse). 49% des sondés estiment que Microsoft respecte les
règles de la concurrence (contre 33% qui pensent que Microsoft bâtit un monopole). Ils
sont 45% à estimer que le procès intenté à Microsoft par le ministère de la Justice est
une mauvaise idée ( 32% pensent que c'est une bonne idée). Quant à Bill Gates, 71% de
ses compatriotes estiment qu'il est travailleur et innovateur et mérite sa fortune (21%
seulement estiment que son patrimoine - estimé à 58 milliards de dollars - est trop élevé
pour un seul homme) et ils sont 48% à souhaiter que leurs enfants lui ressemblent en
grandissant (34% ne le souhaitent pas). Enfin, pour 50% des américains Bill Gates
personnifie parfaitement le «rêve américain».

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Pour Salon, la guerre des navigateurs est terminée


Dans le magazine en ligne Salon, Scott Rosenberg constate que la guerre des
navigateurs est terminée. Microsoft est en train de la remporter, quelle que soit l'issue du
procès, pas attendue d'ailleurs avant plusieurs années compte -tenu des recours
possibles. Rosenberg estime que «la cour n'est peut-être pas le meilleur endroit pour
combattre Microsoft». En marge du procès, il constate que Microsoft faiblit dans
d'autres secteurs (retard de la nouvelle version de Windows NT, atermoiements dans sa
nouvelle stratégie sur le Web) et détaille la menace que représente, à terme, Linux.

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Les «anti» antitrust

Si l'entreprise de Bill Gates est dans la ligne de mire de la justice, elle a aussi ses
fervents défenseurs.<Image>Le Comité de défense de Microsoft (CMDM) s'en prend
sur son site web au département de la Justice, à l'initiative de la plainte, et plus
largement à l'idée même d'une action antitrust, «la plus grande menace pour l'économie
américaine». Le CMDM a lancé une pétition en ligne pour soutenir le géant de
l'informatique et se targue d'avoir récolté plus de 12000 signatures. De son côté l'avocat
d'affaires Robert S Getman se lance dans un vibrant réquisitoire contre les actions
antitrust dans un article intitulé A Government of Men, Not of Laws, dans lequel il tente
d'expliquer «comment les lois antitrust corrompent l'idéal américain d'une justice
reposant sur les lois et non sur les hommes». Dans la revue Capitalism Magazine, le
journaliste Greg Shoom n'est pas moins féroce à l'encontre des lois antitrust, accusées
d'être injustes et de cacher des «motivations irrationnelles». Jay Allen, toujours dans
Capitalism Magazine, va plus loin encore en qualifiant le ministre de la Justice Janet
Reno d'«amateur promue» dans la lettre ouverte qu'il lui adresse.

Les principales actions antitrust

1911: Standard Oil. L'empire de John Rockefeller est éclaté en 30 sociétés.


1945: Alcoa (Aluminium Co. of America). Cette entreprise qui détenait 80% du marché
américain de l'aluminium, est accusée d'entente sur les prix, de collusion internationale
et de pratiques anticoncurrentielles.
1969: IBM. L'entreprise est accusée d'abuser de sa position ultra dominante sur le
marché des puissants ordinateurs de l'époque pour s'imposer dans les services et
équipements informatiques, ainsi que dans la programmation.
Le gouvernement abandonnera la procédure en 1982 alors qu'IBM a désormais perdu
son monopole.
1974: AT and T (American Telephone and Telegraph). Il faudra dix ans de tractations
pour aboutir à l'éclatement du monopole national des télécommunications, en sept
compagnies régionales et une société pour les communications longues distances,
l'actuelle AT and T.
18 mai 1998: Microsoft est accusé de vouloir écraser le marché des logiciels de
navigation en imposant Explorer, fort de sa position dominante sur le marché des
systèmes d'exploitations

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