RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.
me/whatsnws
Télécoms Nouvelles pertes d’abonnés pour Free
qui poursuit sa difficile transition // P. 21 ET « CRIBLE » P. 32
Brexit : bras de fer
entre Boris Johnson
et le Parlement
l Les conservateurs l Le Premier ministre
ont perdu la majorité menace d’élections
au Parlement. anticipées.
l Les députés opposés l La livre à son plus bas
à une sortie sans depuis octobre 2016.
accord sont déterminés. // PAGES 6-7 ET 26
Francois Mori/AP/Sipa
SUR Les rémunérations
des cadres en hausse
La rémunération médiane des
cadres a augmenté de 4 % de
2016 à 2018, pour atteindre
50.000 euros, mais seuls les
hommes en ont profité. Les
NICOLAS BARRÉ jeunes diplômés ont de
ÉDITO ÉCO DU JOURNAL DE 7H meilleures perspectives que
DANS LE 6H-9H DE MATTHIEU BELLIARD leurs aînés. Un cadre sur deux
envisage de demander une
augmentation. // P. 3
Un fragile dialogue
sur le nucléaire iranien
« D e l ’ a u d a c e , t o u j o u rs d e
l’audace ». Jean-Yves Le Drian
e s p è r e s a u ve r l ’a c c o r d
nucléaire avec l’Iran en dépit
ISSN0153.4831 112e ANNÉE
NUMÉRO 23025 32PAGES du retrait américain. Mais le
Antilles Réunion 4 €. Guyane-St Martin chef de la diplomatie française
5,20 €. Belgique 3,40 €. Espagne 4,30 €. estime que le dialogue est « fra-
Grande-Bretagne 3£70. Grèce 4 €. Italie g i l e » ave c Té h é r a n , q u i
4,30 €. Luxembourg 3,70 €. Maroc 30 DH.
Suisse 5,70 FS. Tunisie 4,8 TND. Zone CFA menace d’enrichir de nouvelles
3000 CFA. quantités d’uranium. // P. 7
Football Les ventes du mercato
d’été atteignent un nouveau record
l’essentiel
Loi audiovisuelle : de
nouvelles contraintes
pour Netflix et consorts
La réforme de l’audiovisuel va
imposer de nouvelles obliga-
tions de financement dans
l’audiovisuel et le cinéma aux
plates-formes. En cas de non-
respect, les sanctions pourraient
aller jusqu’à une interdiction de
ces plates-formes. // P. 15
Les risques de collision
dans l’espace augmentent
L’Agence spatiale européenne
a annoncé avoir opéré pour la
première fois de son his-
toire une manœuvre
d’évitement pour pro-
téger un de ses satel-
lites d’une collision
avec un autre petit
satellite d’une cons-
tellation développée
par SpaceX. // P. 19
MERCREDI 4 SEPTEMBRE 2019
// P. 16
AFP
Retraites : la carte Delevoye
pour une réforme explosive
EXÉCUTIF
Le haut-commis-
saire à la réforme
des retraites intè-
gre le gouverne-
ment à un moment
charnière.
Après dix jours de cacophonie
au sein du gouvernement et le
revirement spectaculaire
d’Emmanuel Macron se pro-
nonçant en faveur d’un sys-
tème basé sur la durée de coti-
sation plutôt que sur un âge
pivot pour le futur système uni-
versel des retraites, Jean-Paul
Delevoye reprend son bâton de
pèlerin de la réforme en inté-
grant le gouvernement, tou-
jours comme haut-commis-
saire aux retraites, auprès de la
ministre de la Santé et des Soli-
darités, Agnès Buzyn. La
concertation avec les partenai-
res sociaux reprend ces jeudi et
vendredi à Matignon.
// PAGE 3 ET L’ENQUÊTE Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites,
PAGE 13 est entré au gouvernement. Photo AFP/Kenzo Tribouillard
Grandes L’inquiétant Libre popos
Gaspard Koenig
manœuvres recul du
dans la collecte libéralisme
Partout sur la planète, les
idées libérales sont remises
des impôts en cause, écrit Gaspard
Koenig. En Chine, d’abord, où
le gouvernement poursuit le
FISCALITÉ Le ministre de l’Action musellement des intellec-
et des Comptes publics a reçu tuels et économistes. Et jus-
mardi les syndicats de Bercy pour qu’au Royaume-Uni, où le
leur présenter un projet de réforme Brexit menace la démocratie
dans la collecte des impôts qui vien- elle-même. // PAGE 11
drait s’ajouter à une longue liste de
restructurations en cours au sein
de l’administration fiscale. Il est
question que la douane cède une
majeure partie de sa collecte au fisc
pour ne conserver que les taxes
liées aux flux de marchandises. Ce
transfert concernerait quelque
36 milliards d’euros de taxes,
actuellement encaissées par 700 à
1.000 agents au sein de la douane.
// PAGE 5 ET L’ÉDITORIAL
D’ÉTIENNE LEFEBVRE PAGE 14
PSA embauche un homme
clef de Renault-Nissan
Arnaud Deboeuf, ex-directeur
du CEO Office de l’Alliance
Renault-Nissan, va rejoindre
PSA comme directeur de la
stratégie industrielle. Il était
tombé en disgrâce depuis
l’arrestation de son ex-mentor
Carlos Ghosn, en novembre
dernier. // P. 17
En Allemagne, la finance
sur le banc des accusés
Le procès « CumEx », du nom du
scandale de fraude aux dividen-
des, commence ce mercredi à
Simon Lambert/Haytham-RÉA
Bonn. Deux banquiers et
cinq établissements sont
poursuivis. Mais toute
la finance européenne
risque gros dans cette
affaire, qui a coûté
10 milliards d’euros au
fisc allemand. // P. 27

FRANCE
Delevoye entre au gouvernement
pour relancer la réforme des retraites
l Le haut-commissaire à la réforme des retraites intègre l’équipe gouvernementale.
l Une nouvelle étape à la veille d’un round de discussions avec les partenaires sociaux à Matignon.
POLITIQUE
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
Qui d’autre que lui pouvait annon-
cer son entrée au gouvernement
avant même le communiqué officiel
de l’Elysée ? Mardi, alors que les
rumeurs étaient insistantes, Jean-
Paul Delevoye, haut-commissaire à
la réforme des retraites, a confirmé
lui-même à « La Voix du Nord » son
entrée imminente dans l’équipe
d’Edouard Philippe, avec le titre de…
haut-commissaire à la réforme des
retraites, délégué auprès de la
ministre des Solidarités et de la
Santé, Agnès Buzyn. Une manière
de faire qui marque une grande
liberté et montre la place toute parti-
culière de cet ex-chiraquien dans le
dispositif d’Emmanuel Macron.
« C’est disruptif », a souri un pro-
che du chef de l’Etat. « Il était logique
qu’ayant commencé comme haut-
commissaire, je poursuive mon tra-
vail comme tel », a simplement
expliqué Jean-Paul Delevoye à la
« Voix du Nord », évacuant ainsi
toute discussion et crispation sur
son titre, mais asseyant d’emblée
son autorité. « Je garde la même
équipe, le même lieu, pour être
l’interlocuteur privilégié des parte-
naires et écrire la future loi », a pré-
cisé au quotidien de sa région natale
l’artisan de la réforme des retraites.
« Le titre, Jean-Paul s’en fout, ce n’est
pas son sujet. Son sujet, c’est sa con-
naissance du dossier, c’est le fond »,
lâche un proche.
« As de la négociation »
Confirmée en fin d’après-midi par
l’Elysée, son entrée au gouverne-
ment, à soixante-douze ans, était
dans l’air depuis des semaines. Sa
nomination lui permettra de pré-
senter le futur projet de loi réfor-
mant les régimes de retraites en
Conseil des ministres et de le défen-
dre devant le Parlement. Elle mar-
que une nouvelle étape pour ce dos-
sier explosif qui est la grande
priorité de l’exécutif.
« C’est le dossier majeur, on essaie
d’éteindre tous les feux de forêt de ren-
trée pour cette réforme », glisse un
conseiller ministériel avant le sémi-
Nommé aux Transports, Djebbari brûle les étapes
Le nouveau secrétaire
d’Etat aux Transports,
Jean-Baptiste Djebbari, s’est
fait remarquer de l’exécutif
en assumant sans fausse
note la fonction de rappor-
teur de la réforme ferro-
viaire à l’Assemblée.
Lionel Steinmann
@lionelSteinmann
Il y pensait manifestement (et sans
fausse pudeur) depuis quelques
RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX
DANS « L’ÉDITO ECO »
À 7H45
DU LUNDI AU VENDREDI
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
L’entrée au gouvernement, à soixante-douze ans, de Jean-Paul Delevoye était dans l’air depuis des semaines. Photo Kenzo Tribouillard/AFP
naire gouvernemental de ce mer-
credi auquel doit participer Jean-
Paul Delevoye. La nomination de
« cet as de la négociation, qui a un res-
pect rare pour les corps intermédiai-
res » intervient alors que les parte-
naires sociaux, avec lesquels il a
déjà travaillé dix-huit mois pour
remettre son rapport mi-juillet au
Premier ministre, sont attendus
jeudi et vendredi à Matignon pour
un round de négociations avec
Edouard Philippe et en présence,
aussi, de la ministre de la Santé et
des Solidarités, Agnès Buzyn. C’est
aussi lui qui devrait conduire la con-
certation citoyenne sur les retraites,
voulue par Emmanuel Macron à la
manière du grand débat national et
dont les détails doivent être présen-
tés aux partenaires sociaux.
mois. Le voilà exaucé. Jean-Baptiste
Djebbari, l’un des députés de la
majorité les plus investis sur les
sujets de mobilité, intègre le gou-
vernement comme secrétaire
d’Etat aux Transports.
Cette nomination, annoncée
mardi soir, confirme le rythme éche-
velé auquel ce jeune homme (trente-
sept ans), issu d’un milieu modeste
(son père était vendeur à la FNAC et
sa mère femme au foyer), mène sa
carrière. En 2008, dix-huit mois à
peine après avoir intégré la Direc-
SUR
Dans son rapport pour l’instau-
ration d’un système universel par
points remplaçant les 42 régimes
actuels, Jean-Paul Delevoye pro-
pose un âge pivot de 64 ans pour
une retraite à taux plein. Emma-
nuel Macron, lors de son interview
« C’est le dossier
majeur, on essaie
d’éteindre tous
les feux de forêt
de rentrée pour
cette réforme. »
UN CONSEILLER MINISTÉRIEL
tion générale de l’aviation civile
comme contrôleur aérien, il quitte
son poste pour devenir pilote (sa
passion depuis l’enfance) dans une
compagnie d’affaires britannique.
Trois ans plus tard, il change
d’employeur pour cumuler les heu-
res de vol et la fonction de directeur
des opérations aériennes. Encore
trois ans, et le voilà néo-chef d’entre-
prise, planchant sur la création
d’une compagnie aérienne interré-
gionale en France.
Boulimique de travail
C’est dans le cadre de ce projet (qui
ne verra finalement pas le jour) qu’il
rencontre le ministre de l’Econo-
m i e d e l ’é p o q u e , E m m a n u e l
Macron. Et lorsqu’En marche se
crée, il s’implique peu à peu dans le
mouvement. Après la victoire de
son champion à la présidentielle,
Jean-Baptiste Djebbari est investi
dans la Haute-Vienne, terroir de sa
famille maternelle, et devient
député avec 54,5 % des voix.
Son inexpérience de la vie parle-
mentaire ne le fait pas reculer devant
la difficulté : il s’investit dans la com-
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
télévisée du 26 août sur France 2,
a fait une ouverture surprise, Comment Delevoye
a séduit Macron
plaidant pour un système basé sur
la durée de cotisation plutôt qu’un
âge pivot.
« La position d’Emmanuel
Macron fait partie du débat. La loi Le haut-commissaire a, en deux ans, su faire sienne
s’écrit en marchant. Il faut considérer la « vision » présidentielle de la retraite universelle,
que la solution est à trouver entre qui n’est pas forcément celle du Premier ministre.
deux », a déclaré mardi Jean-Paul
Delevoye à « La Voix du Nord », les conseils de celui qui était
ajoutant : « La confiance que me LE FAIT devenu à ses yeux un expert
montre le président par ma nomina- DU JOUR du climat social. Il a su enfin
tion montre en réalité qu’il nous faut POLITIQUE défendre la réforme voulue
réapprendre en France la culture de par Emmanuel Macron
la controverse. Le président n’est pas Cécile et la faire sienne, y compris
lié par mon rapport. Il apporte sa cla- Cornudet en tenant tête au Premier
rification. » « On veut que les débats ministre. L’éclaireur s’est
O
perdurent, commente un cadre ainsi, sans le savoir, paré
d’En marche, il ne faut pas tout cris- n ne met pas de toutes les qualités que
talliser d’emblée sur les retraites. » n un éclaireur sous la rechercherait Emmanuel
lumière. Lorsqu’il est Macron pour son acte II :
nommé haut-commissaire homme d’écoute, tête dure
à la réforme des retraites,
en septembre 2017, Jean-Paul
Delevoye reste en marge du
(face à Edouard Philippe),
ayant intégré la « vision »
présidentielle. Le charme
gouvernement. Il ne faudrait a opéré. Le voilà donc
mission Développement durable et pas que l’une des multiples au gouvernement. Avec pour
hérite au bout de quelques semaines bombes qui jalonnent la route mission de mettre ses talents
du rôle de rapporteur de la Réforme des retraites vienne de magicien à la réalisation
ferroviaire, texte explosif sur le plan éclabousser le gouvernement. de cette réforme clef
social. Mais ce boulimique de travail Sa drôle de place en laisse du quinquennat. A ceci près
passe l’obstacle sans broncher, les alors plus d’un sceptique. qu’il devra désormais le faire
syndicats lui faisant acte de sa maî- Et d’ailleurs, que vient faire à découvert. Dans son art de
trise parfaite du dossier. Au passage, cette figure du vieux monde ne pas trop fâcher, il y a
il rode ses interventions médiati- dans l’équipe des jeunes aussi un art d’embrouiller
ques, devenant un invité régulier des macronistes ? A-t-il été que ne souffrira pas Edouard
chaînes d’info en continu. récompensé à peu de frais Philippe, allergique
Après ce fait d’armes, le retour à pour services rendus dans par définition au fait
l’ordinaire parlementaire a, semble- la campagne ? Il laisse dire, d’emprunter un chemin
t-il, été un peu dur. Jean-Baptiste caché qui s’en contente, à l’aveugle. « Pour lui, Jean-
Djebbari s’est plongé dans plusieurs et trace sa route. Paul Delevoye a certes défini
dossiers, comme celui du finance- Un magicien, en revanche, un objectif mais aucunement
ment des infrastructures de trans- ça se récompense. Sur le les moyens de l’atteindre »,
port, mais ces propositions ont jus- sujet le plus sensible qui soit, relève un ministre.
qu’ici été sèchement reçues par Jean-Paul Delevoye a depuis Sans parler des Français qui,
l’entourage d’Elisabeth Borne. deux ans réussi à engager un eux aussi, demanderont à
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
L’entente entre le nouveau titulaire dialogue quand personne, au voir le dessous des cartes. S’ils
des Transports et sa ministre de sein de l’exécutif, ne pouvait ont désormais officiellement
tutelle sera donc à surveiller. Son ni ne savait parler aux un « monsieur Retraites »,
activisme a aussi agacé ces derniers syndicats. Il a su résister à la c’est pour comprendre
mois certains de ses collègues dépu- crise des « gilets jaunes » pourquoi, comment, quand,
tés, qui estiment que le capitaine du sans rogner ses ambitions à quel prix et avec quelles
XV parlementaire, qui pratique le ni perdre d’interlocuteurs. compensations ils devront
rugby depuis l’enfance, joue trop Emmanuel Macron, au plus basculer dans la retraite par
perso sur le terrain politique. Des fort des tensions, a d’ailleurs points. Tout commence.
tensions qu’il lui faudra apaiser. n plusieurs fois sollicité ccornudet@lesechos.fr

Les Echos Mercredi 4 septembre 2019
Un négociateur-né,
macroniste
avant l’heure
Le haut-commissaire
à la réforme des retraites
entre au gouvernement
sans changer son titre.
Jean-Paul Delevoye va
pouvoir reprendre le fil
de la concertation avant
le dépôt d’un projet
de loi. Retour sur
un riche parcours.
Solveig Godeluck
@Solwii
Un retraité âgé de 72 ans est
entré mardi au gouvernement,
à la porte duquel il se tenait
depuis 2017. Le haut-commis-
saire à la réforme des retraites
Jean-Paul Delevoye – il garde le
même titre – a pour mission de
créer le nouveau système de
retraite universel où un euro
cotisé donnera les mêmes
points à chacun. Une consécra-
tion paradoxale, alors que la
cathédrale bâtie par Jean-Paul
Delevoye vient de subir un
sérieux coup de boutoir. En une
petite phrase glissée à la télévi-
sion le 26 août, Emmanuel
Macron a remis en question
l’âge du taux plein à 64 ans pour
tous et, avec lui, tous les grands
équilibres inscrits dans son rap-
port. Publié le 18 juillet, ce texte
avait pourtant été validé ligne
par ligne par l’exécutif.
Endormir la critique
Jean-Paul Delevoye va donc
devoir reprendre le fil de la dis-
cussion avec les partenaires
sociaux. Le géant du Pas-de-Ca-
lais, 1,93 mètre, larges pognes et
voix de stentor, est dans son élé-
ment. En tant que haut-commis-
saire à la réforme des retraites, il
a déjà « concerté » une année
durant, tout en évangélisant
politiques et journalistes, et en
sondant les citoyens. Alternant
les citations de Claude Lévi-
Strauss, Victor Hugo, Teilhard
de Chardin et les blagues d’un
autre temps, ce bon vivant
s’entend à charmer son auditoire
et à endormir la critique.
Le nouveau membre du gou-
vernement va devoir composer
avec les équipes du Premier
ministre, après un semestre
émaillé d’accrochages – « les
cons de Matignon », aurait-il
dit. Sa connaissance du dossier
des retraites et ses relations
avec les partenaires sociaux
sont précieuses. De plus, le sep-
tuagénaire a fait partie du très
restreint premier cercle
d’Emmanuel Macron au cours
de la crise des « gilets jaunes ».
L’artisan de la réforme
Raffarin
Sa première réforme des retrai-
tes remonte à 2000-2002, en
tant que ministre de la Fonction
publique, en duo avec un cer-
tain François Fillon, alors aux
Affaires sociales. Malgré l’aug-
mentation de la durée de cotisa-
tion de 37,5 à 40 ans pour les
fonctionnaires et la mise en
place d’une décote, « tous les
syndicats de la fonction publique
ont gardé de lui un bon souve-
nir », assure Gérard Aschieri,
ex-secrétaire général de la FSU.
« Tous les
syndicats
de la fonction
publique ont
gardé de lui un
bon souvenir. »
GÉRARD ASCHIERI
Ex-secrétaire général
de la FSU
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
Maire de Bapaume de 1982 à
2014, Jean-Paul Delevoye
habite toujours cette petite
bourgade du Pas-de-Calais,
avec sa deuxième épouse, qui y
a tenu une pharmacie. Ce chira-
quien a pratiqué avant l’heure
le « en même temps » macro-
niste : un maire SFIO l’a par-
rainé à Bapaume, puis Jean-
Paul Delevoye a tendu la main à
une socialiste pour lui succéder.
Président de l’Association
des maires de France pendant
dix ans jusqu’en 2002, ce gaul-
liste social a échoué à prendre la
tête du RPR en 1999 face à
Michèl e Alliot-Marie. En
février 2017, à la suite des révé-
lations sur les emplois fictifs de
l’épouse de François Fillon, il
décide de s’engager derrière
Macron. On confie à ce calibre
de droite l’investiture des candi-
dats du nouveau parti aux légis-
latives, puis aux sénatoriales.
« Tu n’as pas de parti, tu n’as
pas de projet, mais tu mets le
désordre et j’aime bien ça »,
a u r a i t- i l d i t à E m m a n u e l
Macron à l’heure de franchir le
Rubicon. Jean-Paul Delevoye
confesse avoir été rassuré de
deux façons. Primo, le candidat
forme un tandem solide avec
son épouse, Brigitte ; sa vie con-
jugale ne va pas prendre le pas
sur la vie du pays. Secundo, ils
se reconnaissent, entre élèves
des jésuites, passés par La Pro-
vidence, à Amiens, où ils ont été
biberonnés à la philosophie et
aux humanités.
« Tu n’as pas
de parti, tu n’as
pas de projet,
mais tu mets
le désordre et
j’aime bien ça. »
JEAN-PAUL DELEVOYE
À EMMANUEL MACRON
EN 2017
Au QG électoral de Macron,
le retraité découvre la
« start-up nation ». Un bain de
jouvence jubilatoire pour lui,
qui n’avait cessé d’alerter l’opi-
nion sur la désespérance des
classes populaires et des jeu-
nes, d’abord en tant que média-
teur de la République, puis à
partir de 2010, en président du
Conseil économique social et
environnemental.
Hélas, tout va de travers pour
lui au sein de cette assemblée
des forces vives, où il a été para-
chuté par Nicolas Sarkozy.
« Une erreur de casting », cingle
Françoise Geng, présidente de
la section travail et emploi du
Conseil. « En interview, il ne par-
lait jamais des travaux de cette
maison, il faisait sa propre pro-
motion. Apparemment, cette
assemblée ne le mettait pas assez
en lumière », poursuit la cégé-
tiste. Après avoir tenté de faire
le ménage dans la gestion du
Cese, pas toujours très carrée, il
a été mis en minorité par une
large coalition, syndicats,
patronat, mutuelles, associa-
tions, quittant l’institution par
la petite porte.
Les œuvres du haut-com-
missaire à la réforme des
retraites ont permis de refer-
mer la blessure. Jean-Paul
Delevoye apparaît désormais
comme un pacificateur et un
sage. Sa maestria politique
sera bien utile lorsque le projet
de loi arrivera au Parlement,
notamment si l’attelage gou-
vernemental commence à
brinquebaler. n
FRANCE // 03
La rémunération des cadres
reste au beau fixe
qui emploie deux cadres sur dix, a salaires, poussant les autres des cadres reste bien orienté à telle
SOCIAL beau n’être plus que l’ombre de ce régions, du Nord-Est en particulier, enseigne que 37 % d’entre eux
qu’il a été il y a trente ans, c’est dans à faire des efforts pour attirer les jugent intéressantes, voire très inté-
La rémunération ce secteur que le salaire médian y est jeunes, notent les auteurs de l’étude. ressantes, les perspectives d’évolu-
médiane des cadres le plus élevé : 53.000 euros (+ 6 % en Un autre phénomène agit en paral- tion de leur rémunération à moyen
du privé a progressé dix ans). Soit 5.000 euros de plus que lèle : les jeunes cadres sont beau- terme (2 points de plus qu’en 2018).
de 4 % de 2016 à 2018 dans la construction ou les services coup plus diplômés que leurs aînés, Et 48 % d’entre eux vont demander
pour atteindre (sauf la finance), et 3.000 de plus que ce qui tend à gonfler leur fiche de une augmentation (+3 points), le
50.000 euros, selon dans le commerce. paie plus vite. meilleur moyen d’en obtenir res-
une étude de l’Apec Ce sont les entreprises d’Ile-de- Sauf retournement de conjonc- tant de changer de poste ou
publiée ce mercredi. France qui offrent les meilleurs ture brutal, le climat de confiance d’employeur. n
Alain Ruello
@AlainRuello
Moins de 30 ans, bac+5, salarié dans
l’industrie par une entreprise de
plus 1.000 salariés en Ile-de-France :
c’est, en résumé, le quinté des critè-
res gagnants en matière de rémuné-
ration du baromètre de l’Associa-
tion pour l’emploi des cadres
(Apec), publié ce mercredi. Ceux qui
ne cochent pas les cases ne sont pas
en reste : sous l’effet d’une conjonc-
ture « bien orientée » dans « un
contexte de forte demande de compé-
tences hautement qualifiées », le
salaire brut annuel médian (fixe
+ variable) des cadres s’est élevé à
50.000 euros en 2018 dans le secteur
privé. Soit une hausse de 2 %, du
même niveau que celle enregistrée
en 2017, après avoir été stable
durant les six années précédentes.
Le salaire médian
des femmes stagne
Ce mouvement n’a profité qu’aux
hommes. Le salaire médian des fem-
mes cadres a stagné ces deux derniè-
res années, malgré toutes les incita-
tions des pouvoirs publics à réduire
les écarts de rémunérations. Cette
médiane cache aussi d’importantes
disparités puisque huit cadres sur
dix gagnent entre 36.000 et
83.000 euros brut pour une
LA SEULE MARQUE
moyenne annuelle de 56.000 euros.
Plusieurs paramètres influent sur le
niveau de rémunération, au premier
rang desquels l’âge : la distribution
DE LUXE DISPONIBLE
va de 41.000 euros pour les moins de
30 ans à 63.000 euros pour les 50 ans
ou plus, toujours en moyenne. Au
cours des cinq dernières années, ce
sont les plus jeunes qui ont bénéficié
EN KIOSQUE.
des plus fortes augmentations (+6 %
entre 2014 et 2018).
Après l’âge, ce sont les fonctions
qui influent le plus. Dans le palma-
rès de tête figurent celles de direc-
tion d’entreprise (70.000 euros de Le mensuel de luxe offert ce jeudi avec Les Echos
médiane) devant les métiers liés à la
production industrielle (53.000).
En termes d’évolution, celles qui ont
le plus progressé ressortent du
champ de l’informatique (+11 %
depuis 2008), devant les ressources
humaines ou la formation (+5 %).
Quel que soit l’âge ou la fonction,
mieux vaut travailler dans une
entreprise industrielle de plus de
1.000 salariés. Le made in France,

04 // FRANCE
Fraude sociale :
alerte aux « assurés
fantômes »
SOCIAL
La mission
parlementaire
Grandjean-Goulet
demande qu’on
recompte les
assurés sociaux.
Solveig Godeluck
@Solwii
Chargées d’une mission sur la
fraude sociale, la sénatrice UDI
Nathalie Goulet et la députée
LREM Carole Grandjean ont
présenté mardi leurs premières
propositions, envoyées à Mati-
gnon la veille. Le rapport lui-
même devrait être rendu plus
tard. En sortant du bois dès à
présent, les parlementaires
espèrent que certaines proposi-
tions seront suivies dès
l’automne, notamment celles
qui doivent passer par la loi.
« Réputés en vie »
La mission lance l’alerte sur
l’obtention de prestations socia-
les grâce à de faux numéros de
Sécurité sociale. Les rapporteu-
res ont constaté que les deux
fichiers recensant les assurés
sociaux, celui de l’Insee et celui
de la Caisse nationale d’assu-
rance-vieillesse (personnes
nées à l’étranger) comptent
3,1 millions de centenaires
« réputés en vie ».
Vendredi 6 septembre
DOSSIER
SPÉCIAL
SPÉCIAL IMMOBILIER :
CE QUI CHANGE À LA RENTRÉE
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
Ce chiffre absurde tient au fait
que les actes de décès sont rare-
ment communiqués aux orga-
nismes sociaux. Toutefois, il n’y
a pas que des fraudeurs : ces
« morts-vivants » ne perçoivent
pas tous des prestations socia-
les. Ainsi, la CNAV, sensibilisée à
la question des « pensionnés
fantômes », ne verse des presta-
tions qu’à 1,2 million de person-
nes nées à l’étranger, pour
2,7 millions d’assurés recensés.
Autre bizarrerie, 11.000 per-
sonnes ont été enregistrées
sans patronyme. La mission
réclame une expertise com-
plète des fichiers qui recensent
les assurés sociaux, afin de faire
le ménage. Elle souhaite qu’il
soit obligatoire de verser les
prestations sur un compte ban-
caire domicilié en France.
Par ailleurs, elle veut que
l’administration exige plus de
preuves avant d’ouvrir des droits
sociaux : des « preuves de vie » à
fournir annuellement à sa caisse
de retraite pour conserver sa
pension ; une carte Vitale à
renouveler tous les ans. Les
administrations, universités,
bailleurs, etc. devraient tous
recourir au cachet électronique
visible (Flashcode) afin de mieux
authentifier les individus. La
mission appelle à « sortir du
déclaratif », à « rétablir les contrô-
les physiques et développer l’usage
de la biométrie », sans chiffrer à
ce stade le coût des nouvelles
procédures à mettre en œuvre. n
Le Premier ministre, Edouard Philippe, et la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, à gauche,
ont ouvert mardi le Grenelle des violences conjugales. Photo Eric Feferberg/AFP
Violences conjugales : Philippe
dévoile des mesures d’urgence
SOCIÉTÉ
Lors de l’ouverture,
mardi à Matignon,
du Grenelle
des violences conju-
gales, le Premier
ministre a annoncé,
entre autres, la créa-
tion de 1.000 places
d’hébergement supplé-
mentaires en 2020.
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
Dix ministres, deux témoignages
poignants et éprouvants, un numéro
d’appel – le 3919 – répété en boucle.
C’est ainsi que s’est ouvert mardi le
Grenelle des violences conjugales
sous la houlette de Marlène
Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée
de l’Egalité entre les femmes et les
hommes, et autour d’Edouard Phi-
lippe, qui a ensuite répondu en duo
avec elle aux questions des internau-
tes lors d’un Facebook Live consacré
à ce fléau qui a provoqué, depuis le
début de l’année, la mort de plus de
100 femmes. Signe de l’importance
pour l’exécutif d’afficher sa mobilisa-
tion sur un phénomène qu’Emma-
nuel Macron avait qualifié en 2017 de
« honte nationale », l’Elysée avait fait
savoir que le chef de l’Etat a rendu
visite durant deux heures au 3919, la
plate-forme téléphonique d’accueil
des violences conjugales.
Une partie des associations atten-
dent un plan Marshall de ce Grenelle
La candidature de Villani à Paris
perturbe la rentrée d’En marche
POLITIQUE
Le mathématicien
va se déclarer candidat
ce mercredi soir face
à Benjamin Griveaux.
Les marcheurs
parisiens sont divisés.
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
Sur le chemin de la rentrée de La
République En marche, le (gros)
caillou dans la chaussure s’appelle
Cédric Villani. Prévue pour être
annoncée ce mercredi, la candida-
ture du député de l’Essonne à la Mai-
rie de Paris vient perturber la rentrée
du parti présidentiel. Or celui-ci a les
élections de mars 2020 dans son
viseur : à six mois du scrutin, la ren-
trée de LREM met clairement le cap
sur les municipales. Le parti prési-
dentiel, qui tient ce week-end à Bor-
deaux son « Campus des territoi-
res », joue son implantation locale.
Avec en ligne de mire les sénatoriales
de septembre 2020, les départemen-
tales et régionales de 2021 et, bien sûr,
la présidentielle de 2022.
Après son échec face à Benjamin
Griveaux devant la Commission
nationale d’investiture du parti, au
terme d’une procédure qu’il a quali-
fiée de « viciée », la candidature dis-
sidente du mathématicien, que son
entourage présente comme un
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
qui doit durer jusqu’au 25 novembre
– « un exercice collectif de lutte contre
les violences conjugales », dixit
Edouard Philippe. Mais le Premier
ministre a tenu, pour ce qui a été
déclaré grande cause du quinquen-
nat il y a deux ans, à annoncer des
mesures d’urgence, et d’abord, pour
la mise à l’abri de femmes victimes, et
« notamment les mères de famille », la
création de 1.000 places d’héberge-
ment supplémentaires en 2020
( 2 5 0 p l a c e s e n h é b e rg e m e n t
d’urgence et 750 places de « loge-
ment temporaire »), via une enve-
loppe de 5 millions d’euros. Elles
s’ajouteront aux 5.000 existantes.
Autorité parentale
Afin d’améliorer le parcours
d’accompagnement des victimes, le
Premier ministre a promis la généra-
lisation de la « possibilité de porter
plainte à l’hôpital » à partir du
25 novembre. Aussi, des « procureurs
référents spécialisés » dans les violen-
ces conjugales doivent être identifiés
dans « les 172 tribunaux de France
« retour aux sources du macro-
nisme », fait désordre. « C’est tou-
jours dommage d’avoir une déchi-
rure comme celle-là dans une ville
emblématique comme Paris. Mais
c’est son choix et sa responsabilité »,
estime un dirigeant de LREM.
Imperdable sur le papier
Alors que les municipales s’annon-
cent compliquées pour le parti
macroniste, qui devra faire alliance
avec plusieurs maires sortants, Paris
fera plus que jamais office de baro-
mètre national. Sur le papier, la capi-
tale semble imperdable. Emmanuel
Macron a réalisé 35 % des voix au
premier tour de la présidentielle de
2017, un score confirmé aux euro-
péennes par la liste LREM (33 %).
Mais, sur le terrain, Cédric Villani
et Benjamin Griveaux, le candidat
officiellement investi, vont entrer
dans une lutte fratricide qui, déjà,
divise les marcheurs parisiens.
LREM connaît ainsi sa première
grande crise interne depuis sa créa-
tion en avril 2016. « La balance com-
mence légèrement à pencher pour
Villani », constate un marcheur his-
torique. Malgré les excuses de
l’intéressé, l’enregistrement dans
lequel Benjamin Griveaux insulte
ses concurrents pour l’investiture
continue de laisser des traces.
Pour l’instant, ce n’est pas encore
l’affrontement direct et les deux can-
didats se ménagent. Lundi soir,
l’entourage de Cédric Villani a indi-
qué que sa « possible candidature
métropolitaine et d’outre-mer » et des
chambres d’urgence doivent être
expérimentées. La première le sera à
Créteil. Un audit de 400 commissa-
riats et gendarmeries, avec évalua-
tion de l’accueil de 500 victimes, doit
être conduit pour « identifier et corri-
ger les dysfonctionnements ».
La « possibilité
de porter plainte
à l’hôpital » sera
généralisée à partir
du 25 novembre.
La mise en place d’un bracelet
électronique anti-rapprochement
sur l’auteur de violences doit être per-
mise via une proposition de loi qui
sera examinée cet automne. De
même, sera donnée la possibilité de
suspendre ou d’aménager l’exercice
de l’autorité parentale du père violent
par le juge pénal et elle pourra être
suspendue de plein droit en cas de
féminicide dès la phase d’enquête. n
alternative à Paris ne serait pas
l’expression d’une défiance » à l’égard
d’Emmanuel Macron et d’Edouard
Philippe. Il entend aussi ne pas
s’exprimer « contre LREM ». De son
côté, Benjamin Griveaux s’est dit
mardi, sur LCI, convaincu qu’ils fini-
ront « rassemblés ». Il s’est aussi pro-
noncé contre une exclusion du
mouvement de Cédric Villani. « Le
virer coûterait trop cher politique-
ment », estime un député.
Le mathématicien peut se targuer
du soutien de 131 personnalités civi-
les qui ont signé une tribune diman-
che dans « Le Parisien ». De son côté,
Benjamin Griveaux aligne les rallie-
ments politiques. Mais certains font
grincer des dents, comme celui de
Jean-Christophe Lagarde, le prési-
dent de l’UDI. Il passe mal auprès des
marcheurs, mais pas seulement.
Déjà mécontent du choix de Benja-
min Griveaux dans un contexte où
les relations avec LREM sont tendues
pour le choix des têtes de liste, le
Modem est vent debout contre ce ral-
liement et ne soutient pas encore offi-
ciellement Benjamin Griveaux. n
131
Le nombre de personnalités
« civiles » qui ont signé une
tribune dimanche dernier dans
« Le Parisien » en soutien à la
candidature de Cédric Villani.
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Les Echos Mercredi 4 septembre 2019 FRANCE // 05

Big bang en vue dans la collecte des impôts

l Le projet de loi de finances
pour 2020 va entériner une réforme
d’ampleur dans la collecte des impôts.
l Les Douanes devraient céder
une majeure partie de cette mission
à l’administration fiscale avec
à la clef des suppressions de postes.
FONCTION
PUBLIQUE
Ingrid Feuerstein
@In_Feuerstein
et Renaud Honoré
@r_honore
Si la réforme de l’Etat cale dans de
nombreux ministères, elle avance à
grands pas dans les services de
Bercy. Le ministre de l’Action et des
Comptes publics, Gérald Darma-
nin, a reçu mardi les syndicats pour
L’Inpi épinglé
par la Cour
des comptes
L’Institut national de
la propriété industrielle
(Inpi) souffre de « la persis-
tance de dysfonctionne-
ments », dans ses achats,
les ventes immobilières
et les rémunérations
tions du Comité action publique de ses dirigeants, relève
2022 consiste à regrouper le recou- la Cour des comptes dans
vrement au sein de la Direction un référé rendu public
générale des finances publiques mardi. Cette situation
(DGFIP). Le Premier ministre trouve son origine dans
devrait prochainement nommer « un modèle économique
un haut fonctionnaire, Alexandre n’imposant aucun effort
Gardette, pour piloter ce chantier. de gestion et dans la fai-
L’idée était initialement de créer blesse des contrepouvoirs »,
une structure de recouvrement estime la Cour. Dans leur
unique pour la douane, l’adminis- réponse aux magistrats
tration fiscale et les Urssaf. Finale- financiers, les ministres
ment, la réforme qui sera inscrite de l’Economie, Bruno
dans le prochain projet de loi de Le Maire, et celui
finances ira moins loin, puisqu’elle des Comptes publics,
Gilles Rolle/RÉA

leur présenter un projet de réforme
dans la collecte des impôts qui vien-
drait s’ajouter à une longue liste
de restructurations en cours au sein
de l’administration fiscale.
En discussion depuis plus d’un
an, ce projet issu des recommanda-
laisse pour l’instant de côté le Gérald Darmanin, disent
champ social porté par les Urssaf. partager « largement les
constats et les recomman-
36 milliards de taxes dations » du rapport.
transférées Les Douanes ne devraient conserver, à terme, que les taxes liées à des flux de marchandises.
Dans le détail, il est question que la
douane cède une majeure partie de taxe à l’essieu. Le tout représente un Sur le plan législatif, cette res- des outils pour indemniser les cette mission ? A Bercy, on assure
sa collecte à la DGFiP pour ne con- montant de 36 milliards d’euros, tructuration devrait être votée départs volontaires. que le taux de recouvrement serait,

3.000
AGENTS
Le nombre de fonctionnaires
des Douanes affectés
aux missions fiscales, dont
700 à 1.000 pour les impôts
concernés par le transfert.
server que les taxes liées à des flux
d e m a r c h a n d i s e s (d r o i t s d e
douane, TICPE, TVA à l’importa-
tion pour les entreprises qui ne pra-
tiquent pas l’autoliquidation). Ce
transfert concernerait une quin-
zaine de taxes, parmi lesquelles
les accises sur les tabacs et les alco-
ols, taxes énergétiques (TICFE,
TICC, TICGN), les droits de franci-
sation pour les navires, ou encore la
soit un p eu plus de la moitié
des recettes actuellement encais-
sées par les Douanes. « Il apparaît
logique que la DGFiP ait en charge le
recouvrement de l’essentiel de la fis-
calité et que la douane ne conserve
que la fiscalité proprement doua-
nière, indissociable de ses missions
de contrôle des flux et de marchandi-
ses », a expliqué Gérald Darmanin
face aux syndicats.
dans le projet de loi de Finances
2020, qui sera débattu au Parle-
ment à l’automne, dans la perspec-
tive d’une entrée en vigueur éche-
lonnée de 2021 à 2024. Sur le plan
pratique, sa mise en œuvre ne fait
que commencer. Un groupe de tra-
vail est prévu le 12 septembre pour
aborder le volet social avec les syn-
dicats, sachant que la toute récente
loi sur la fonction publique prévoit
Le ministre ne s’est pas avancé
sur le nombre de suppressions de
postes, avant le début des négocia-
tions avec les syndicats. Les mis-
sions fiscales de la douane
emploient environ 3.000 agents,
dont 700 à 1.000 pour les impôts
concernés par le transfert.
Ce chantier présente un enjeu sur
la qualité du recouvrement. Sera-
t-il maintenu malgré le transfert de
au contraire, amélioré. « En globali-
sant la gestion des impôts, un mau-
vais payeur pour les accises sur le
tabac ou l’alcool le sera aussi sûre-
ment pour la TVA ou l’impôt sur les
sociétés », indique -t-on dans
l’entourage de Gérald Darmanin.
( Lire l’éditorial
d’Etienne Lefebvre
Page 14

Bercy, dernier bastion

de la réforme de l’Etat
Gérald Darmanin a
annoncé 5.775 suppres-
sions de postes à Bercy
d’ici à 2022. Le fisc et les
Douanes sont engagés dans
une vaste transformation,
tandis que le « spoil
system » fonctionne
à plein pour les directeurs
d’administration.
S’il ne doit plus en rester qu’un…
Alors que la mise à la diète des
effectifs de l’Etat est passée de
mode au gouvernement depuis la
crise des « gilets jaunes », Bercy
continue pourtant de jouer l’élève
modèle en la matière. Le ministre
de l’Action et des Comptes publics,
Gérald Darmanin, a reçu mardi
les syndicats de son ministère
pour leur annoncer la trajectoire à
venir pour ses services : ceux-ci
devraient perdre 5.775 emplois
entre 2020 et 2022, ce qui amène-
rait à un total de 10.000 suppres-
sions de postes sur le quinquennat.
Autant dire qu’il a été demandé
à Bercy d’assumer les deux tiers de
l’effort de réduction des effectifs de
l’Etat sur cinq ans, dont l’ambition
a été revue à la baisse en juillet de
50.000 à 15.000 emplois en moins.
« Nous enchaînons les restructura-
tions d’ampleur, et nous avons un
peu l’impression d’être les seuls à
qui s’applique ce régime », soupire
un syndicaliste.
De fait, la forteresse des finances
publiques n’est pas épargnée
par les changements, et ce, à tous
les niveaux. Emmanuel Macron
regrette au printemps de ne pas
avoir obtenu de « spoil system » à
la française ? Le message a été
entendu par Gérald Darmanin, qui
vient de renouveler en six mois la
direction de trois de ses principales
administrations : le départ des
Douanes de Rodolphe Gintz
(ancien conseiller budgétaire de
François Hollande), la semaine
dernière, suit ainsi le changement
de patron en juillet de Tracfin (le
service de lutte contre le blanchi-
ment et le financement du terro-
en bref
risme) et l’arrivée de Jérôme Four-
Spécial VIN
nel – ancien directeur de cabinet Perturbateurs
de l’élu de Tourcoing – à l’adminis- endocriniens : une
tration fiscale (DGFiP) en mai. Il
n’est guère que la Direction du bud-
nouvelle stratégie
get – tenue par Amélie Verdier, nationale
ancienne camarade de promotion
SANTÉ Lister les perturba- di
Vendre
d’Emmanuel Macron à l’ENA – à
ne pas avoir changé de tête. teurs endocriniens et mieux
Les transformations se font éga-
lement sentir aux autres niveaux
informer la population... Le
gouvernement a lancé mardi
avec
os
du paquebot de Bercy. La rationa-
lisation des réseaux chargés de
son nouveau projet de lutte
contre ces substances suscep-
Les Ech
recouvrir les impôts va entraîner tibles de causer des problè-
de vastes transferts de missions mes de fertilité, croissance,
des Douanes vers le fisc. A la clef, comportement, voire cer-
sans doute quelques centaines de tains cancers. Le plan, qui
suppressions de postes. « Le chan- couvre la période 2019/22,
tier est lancé alors que nous allons charge l’Anses d’établir une
peut-être faire face à un “hard liste officielle des perturba-
Brexit” », regrette un syndicaliste. teurs, en expertisant au
moins six substances en
Refonte des trésoreries 2020, puis neuf par an à partir
Par ailleurs, le fisc est engagé dans de 2021. La première liste sera
une refonte de son réseau de tréso- rendue publique en 2020 et
reries. Une nouvelle cartographie les produits classés sur trois
a été dévoilée en juin dernier, et fait niveaux, « avéré, présumé ou
l’objet d’une consultation. Certes, suspecté ».
les ambitions ont été revues à la
baisse par rapport au premier pro-
jet de l’été 2018. Mais certaines des Six polluants
trésoreries seront reconverties en présents dans
maison « France service » où les
citoyens peuvent accéder à plu-
l’organisme de
sieurs services publics, tandis que tous les Français
le contact pourrait aussi se faire par
des permanences dans des mairies SANTÉ Bisphénols, phtalates,
ou des bureaux de Poste. solvants, parabènes... Une
Les agents du fisc doivent aussi vaste étude publiée mardi par
gérer la généralisation de la déma- Santé publique France montre
térialisation pour les paiements (le que six « polluants du quoti-
cash sera encaissé seulement par dien » dont on connaît encore
les buralistes pour des montants mal les effets « sont présents
inférieurs à 300 euros) et devront dans l’organisme de tous les
s’adapter à la fin de la déclaration Français ». Les mesures ont
des revenus pour une partie des été réalisées entre 2014 et 2016
contribuables. Par ailleurs, il a été sur un échantillon composé
demandé à la Direction générale d’environ 1.100 enfants et
des finances publiques de montrer 2.500 adultes. Des niveaux
l’exemple pour la déconcentration d’imprégnation plus élevés
des services de l’Etat en régions. sont retrouvés chez les
Dénonçant un manque de moyens enfants, ce qui peut s’expliquer
et les suppressions de postes, les par le fait qu’ils touchent et
syndicats du fisc ont appelé à la portent davantage les objets à
grève pour le 16 septembre pro- la bouche et sont plus exposés
chain. — In. F. et R. Ho. aux poussières domestiques.

MONDE
Brexit : les députés rebelles tiennent tête à B
l Malgré les menaces
du Premier ministre, les députés
opposés à un Brexit sans accord
fin octobre n’ont pas reculé.
l Ils étaient résolus, mardi, à lancer
dans la soirée leur offensive législative
pour bloquer un tel scénario.
ROYAUME-UNI
Alexandre Counis
@alexandrecounis
— Correspondant à Londres
Les députés opposés au scénario
d’un Brexit sans accord pour la fin
octobre n’ont pas reculé. Malgré les
menaces d’exclusion proférées par
Boris Johnson, ils étaient résolus
mardi à mettre dans la soirée leur
promesse à exécution, en votant
une motion leur permettant de
reprendre ce mercredi le contrôle
de l’ordre du jour parlementaire.
L’objectif de ces élus de tout bord,
dont une vingtaine de conserva-
teurs : adopter dans la journée une
loi qui obligerait Boris Johnson à
repousser la date du Brexit au
31 janvier en l’absence d’accord avec
Bruxelles le 19 octobre.
Le Premier ministre conserva-
teur a prévenu : si les députés adop-
tent leur motion, il appellera dès ce
16 milliards
d’exportations
vers l’Europe
perdus
Un Brexit sans accord
ferait perdre aux Britanni-
ques 16 milliards de dol-
lars (14,6 milliards
d’euros) d’exportations
vers l’Union européenne
et plusieurs autres mil-
liards vers les autres pays,
a alerté mardi l’ONU.
Les exportateurs les plus
touchés devraient être
l’industrie automobile
(5 milliards de dollars
de pertes), ainsi que les
secteurs des produits
d’origine animale (2 mil-
liards) et des vêtements
et textiles (2 milliards).
Les PME exportatrices et importatrices
ne sont pas prêtes pour un Brexit sans accord
Le gouvernement exhorte
les entreprises françaises
qui exportent au Royaume-
Uni ou qui importent à
anticiper un Brexit sans
accord. Surtout en ce qui
concerne les formalités
douanières et le paiement
des droits de douane.
Guillaume de Calignon
@gcalignon
Le gouvernement est inquiet des
conséquences que pourrait avoir
un Brexit sans accord sur les
entreprises françaises. Mardi, à
Bercy, trois ministres ont réuni
les fédérations sectorielles pour
leur faire passer un message : pré-
parez-vous au pire.
Car un Brexit dur, de plus en
plus probable, mettrait fin à la
libre circulation des marchandi-
ses. « L’harmonisation technique
et le principe de la reconnaissance
mutuelle, qui stipulent qu’un pro-
duit légalement commercialisé
dans un État membre peut l’être
dans tous les autres, ne s’applique-
raient plus », selon les Douanes.
Ainsi, l’ensembl e des règles
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mercredi à des élections anticipées
pour le 14 octobre. Les élus rebelles
du Parti conservateur ont fait mardi
dans la provocation, en privant
numériquement Boris Johnson de
sa majorité absolue. Le député
Phillip Lee, en démissionnant pour
rejoindre les Libéraux-démocrates,
a laissé les tories en minorité d’une
voix à la Chambre des communes.
Ils avaient jusque-là une majorité
d’une seule voix d’écart, ne tenant
que grâce au soutien des
10 élus du DUP, le parti unioniste
nord-irlandais.
L’offensive législative
des députés
a de quoi rendre
furieux le nouveau
Premier ministre
britannique.
L’offensive législative des députés
a de quoi rendre furieux le nouveau
Premier ministre britannique, qui
veut continuer de pouvoir menacer
Bruxelles de quitter l’UE avec ou
sans accord au 31 octobre. Une
manière pour lui de se redonner du
poids dans la négociation pour ten-
ter, dit-il, d’arracher un nouvel
accord. Il souhaite l’expurger du
« backstop », ce mécanisme exigé
par Bruxelles pour éviter le rétablis-
sement d’une frontière dure entre
les deux Irlandes, mais que les hard
Brexiters du Parti conservateur
accusent d’enfermer leur pays dans
une relation éternelle avec l’UE.
« Il n’y aura pas de délai inutile
supplémentaire », a scandé Boris
Johnson, en appuyant lentement
sur chaque syllabe, mardi, dans une
allocution à la Chambre des com-
munes. Pour lui, l’offensive législa-
tive soutenue par le chef de l’opposi-
tion travailliste, Jeremy Corbyn, ne
fait que saper sa position de négo-
ciation. C’est une « loi de capitula-
tion » (« Corbyn surrender bill »),
à l’entrée de marchandises dans
l’UE s’appliqueront aux importa-
tions en provenance du Royau-
me-Uni : formalités et contrôles
douaniers, contrôles sur la TVA,
contrôles sanitaires, vétérinai-
res… Ce qui ralentira sans nul
doute la circulation des marchan-
dises. Alors qu’en 1993 un million
de camions sont passés par Calais
pour se rendre en Grande-Breta-
gne, ils ont été 5 millions l’an
passé. De quoi faire cauchemar-
der Bison Futé et quelques doua-
niers à l’approche du Brexit.
Sixième client
Pour l’économie française, le
Royaume-Uni est important puis-
que le pays est notre sixième client.
Environ 30.000 entreprises fran-
çaises exportent outre-Manche et
100.000 importent des produits
britanniques, selon le recense-
ment des douanes. Au cours des
douze derniers mois, les entrepri-
ses hexagonales ont exporté
34 milliards d’euros de biens
outre-Manche, principalement
des produits agroalimentaires, des
équipements automobiles et des
voitures ainsi que des produits chi-
« Il n’y aura pas de délai inutile supplémentaire », a scandé Boris Johnson, en appuyant lentement sur chaque syllabe, mardi, dans une allocution
a-t-il dénoncé, qui reviendrait à
« hisser le drapeau blanc » et empê-
cherait de facto toute nouvelle
négociation.
« Aucune proposition
concrète »
Mais y a-t-il réellement, en ce
moment, des négociations avec
Bruxelles ? Les députés opposés à
un Brexit sans accord en doutent et
soupçonnent Boris Johnson de
viser sans le dire un « no deal ». A les
en croire, le Premier ministre don-
nerait le change, en demandant que
deux réunions de négociation
soient organisées par semaine au
lieu d’une. « Il n’y a pas de progrès
parce que le Royaume-Uni n’a mis
miques. Cela a permis à la France
de dégager un excédent commer-
cial de 13 milliards d’euros, le plus
élevé de tous les pays avec lesquels
nous commerçons.
Or, aujourd’hui, 25 % des entre-
prises françaises exportatrices vers
le Royaume-Uni et 61 % de celles
qui importent, soit 68.200 sociétés,
ne réalisent aucune formalité
douanière extracommunautaire.
Elles n’ont donc aucune expérience
de ce qui pourrait arriver après le
31 octobre prochain. Et la plupart
d’entre elles sont des PME et TPE.
« Elles n’ont pas les moyens d’avoir
une veille juridique en perma-
nence », a souligné Agnès Pannier-
Runacher, secrétaire d’Etat auprès
du ministre de l’Economie. Olivier
Dussopt, secrétaire d’Etat chargé
100.000
ENTREPRISES FRANÇAISES
importent des produits
britanniques
et 30.000 entreprises françaises
exportent outre-Manche, selon
le recensement des douanes.
aucune proposition concrète sur la
table », a dénoncé mardi matin sur
les ondes de la BBC l’ex-ministre
conservateur des Finances Philip
Hammond, qui fait partie des rebel-
les. « Londres n’a même pas d’équipe
de négociation », a-t-il ajouté.
« A ce stade, je ne peux faire état
d’aucune proposition concrète qui
nous aurait été soumise », a reconnu
mardi Mina Andreeva, porte-pa-
role de la Commission européenne.
Elle a néanmoins souligné que les
deux camps discutaient, ce qui
n’était pas le cas avant le G7 de la fin
août à Biarritz.
( Lire nos informations
Page 26
de la Fonction publique, a lui
exhorté les entreprises à anticiper.
D’abord l’impact logistique et éco-
nomique du Brexit. Ensuite, les for-
malités douanières.
Un flou complet
Cela exige de s’inscrire auprès des
douanes pour pouvoir exporter
hors de l’Union européenne, de
remplir des déclarations de transit,
de vérifier les autorisations préala-
bles sanitaires ou vétérinaires,
d’immatriculer les camions auprès
des douanes. « Sans quoi, les
camions de marchandises devront
s’arrêter à la frontière », prévient Oli-
vier Dussopt. Avec une difficulté qui
s’ajoute au flou complet sur la situa-
tion qui prévaudra le 31 octobre pro-
chain. « Nous avons des indications
sur les formalités que les Britanni-
ques mettront en place en cas de “no
deal”, mais nous n’avons pas de texte
juridique ni de catalogue de droits de
douane », précise Agnès Pannier-
Runacher. « Il est possible que nous
n’ayons les règles qu’au dernier
moment », selon la secrétaire d’Etat.
Bref, les exportateurs français ne
savent pas encore exactement à
quelle sauce ils seront mangés. n
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
Appeler à des législatives
anticipées, un pari osé
pour le Premier ministre
Doté d’une confortable
avance sur le Labour et de
véritables atouts face au
Brexit Party, le Premier
ministre devrait batailler
contre les Libéraux-démo-
crates et le Scottish
National Party.
Il est convaincu qu’il peut l’empor-
ter. Mais l’expérience montre que
rien n’est gagné d’avance. Si Boris
Johnson décidait dans les heures
qui viennent d’appeler à des légis-
latives anticipées pour le 14 octo-
bre, le pari qu’il tenterait alors
peut lui rapporter gros. Il n’en
serait pas moins osé. Sur le papier,
plusieurs signes donnent au Pre-
mier ministre des raisons d’espé-
rer pour retrouver une majorité
parlementaire, perdue pour une
voix d’écart depuis la défection,
mardi, de Phillip Lee (parti chez
les Libéraux). Plusieurs sondages
récents le créditent d’une avance
de 11 points sur l’opposition
travailliste, à 33 % contre 22 %,
selon l’enquête YouGov réalisée
pour le « Times » mercredi et
jeudi derniers.
Un autre réalisé par Survation
et publié vendredi par le « Daily
Mail » montre que 45 % des per-
sonnes interrogées jugent qu’il est
le meilleur au poste de Premier
ministre, loin devant la dirigeante
libérale-démocrate, Jo Swinson
(19 %), et le chef du Labour, Jeremy
Corbyn (17 %). Enfin, son arrivée
au pouvoir semble avoir requin-
qué les forces du parti dans les
enquêtes d’opinion au détriment
du Brexit Party de Nigel
Farage. D’un point bas à 17 %, selon
YouGov, après les européennes de
la fin mai, les tories ont doublé
leurs soutiens, pendant que le
Brexit Party fondait de 24 % à 12 %.
Les Lib Dems continuent en
revanche de siphonner l’électorat
travailliste. Mais rien n’est acquis
pour autant. L’expérience mal-
heureuse de Theresa May en
juin 2017, qui partait avec 20 points
d’avance dans les sondages mais a
perdu sa majorité parlementaire,
montre combien les paris électo-
raux peuvent s’avérer dangereux.
Talents de bretteur
La montée en puissance des
petits partis au détriment des
gros complique les prévisions, et
le Scottish National Party comme
les Lib Dems pourraient être les
mieux placés pour tirer leur épin-
gle du jeu. La démission de la très
populaire Ruth Davidson, la chef
de file des conservateurs écossais,
en désaccord avec Boris Johnson
s u r l e B r ex i t , c o m p l i q u e r a
d’abord la tâche des tories en
Ecosse, où ils pourraient perdre
une bonne partie de leurs 13 siè-
ges. Les libéraux-démocrates,
voire les travaillistes, pourraient
ensuite leur voler certaines gros-
ses circonscriptions qui ont voté
« remain » dans le sud du pays.
Lib Dems et Labour pourraient
même s’entraider pour gagner là
où ils sont le mieux placés.
L’entourage de Boris Johnson
semble néanmoins convaincu que
son champion, flanqué d’une
bonne équipe, montrera tous ses
talents de bretteur pendant la
campagne. Ils sont aussi convain-
cus que les marges de manœuvre
budgétaires devraient permettre,
en annonçant ce mercredi des
dépenses pour l’école, les infras-
tructures ou la police, de contrer le
discours du Labour contre l’austé-
rité. « Les risques sont nombreux,
mais ce sont des risques que l’on
peut et que l’on doit prendre,
résume Tim Bale, politologue à
l’université Queen Mary. Pour
Boris Johnson, c’est maintenant ou
jamais. » — A. C.

Les Echos Mercredi 4 septembre 2019
Le Drian plaide pour une
Boris Johnson diplomatie plus audacieuse
n à la Chambre des communes. Photo AFP
La publication du plan
de préparation au
« no deal » repoussée
Signe que le pays est loin
d’être prêt à affronter
un Brexit sans accord,
le ministre en charge,
Michael Gove, a renoncé
à dévoiler, mardi,
le plan qui liste
les problèmes à régler.
Chargé des préparatifs en vue
d’un éventuel Brexit sans
accord, le ministre britannique
Michael Gove devait dévoiler
mardi son plan d’urgence pour
affronter un tel scénario, connu
s o u s l e n o m d e c o d e Ye l -
lowhammer (« Bruant jaune »,
une espèce de passereaux). Il y a
finalement renoncé lundi, le
jugeant si négatif qu’il risquait
d’alarmer la population.
Ses collaborateurs avaient
pourtant travaillé tout le week-
end pour le remanier, et rendre
ses conclusions plus présenta-
bles. Mais le comité chargé de
préparer le pays au « no deal »,
présidé par le ministre, a préféré
repousser sa publication à plus
tard. « La réunion s’est mal pas-
sée », a confié une source proche
au « Financial Times ». L’ensem-
ble a été jugé bien trop pessi-
miste sur le « no deal ».
Selon une version consultée
par le « Sunday Times » mi-août,
le Royaume -Uni p ourrait
connaître, en cas de Brexit sans
accord, une pénurie de carbu-
85 %
DES CAMIONS
traversant la Manche
« pourraient ne pas être prêts »
pour les douanes françaises,
ce qui pourrait entraîner
des retards allant jusqu’à
deux jours et demi.
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
rants (notamment à Londres et
dans le Sud de l’Angleterre), de
nourriture (en particulier sur le
frais, où les étals pourraient
s’éclaircir et les prix s’envoler) et
de médicaments (où de « sévè-
res délais supplémentaires »
sont d’autant plus à redouter
que les trois quarts des médica-
ments britanniques entrent
dans le pays en empruntant les
principaux points de traversée
de la Manche).
Difficultés
Selon ce document, qui tente de
dresser un tableau de la situa-
tion la plus probable et non du
scénario du pire, jusqu’à 85 %
des camions traversant la Man-
che « pourraient ne pas être
prêts » pour les douanes françai-
ses, ce qui pourrait entraîner des
retards allant jusqu’à deux jours
et demi. Et les « perturbations
significatives » à attendre dans
les ports pourraient durer trois
mois avant de se résorber. Sans
compter les retards dans les
aéroports, l’Eurostar et l’Euro-
tunnel. Le document, qui souli-
gne que les préparatifs britanni-
ques au « no deal » ont dû être
réactivés après avoir calé fin
mars, indique aussi que le gou-
vernement se prépare au retour
d’une frontière dure entre les
deux Irlandes.
Michael Gove a expliqué que
la situation s’était améliorée
depuis la rédaction du docu-
ment début août. Il a aussi averti
que davantage d’argent avait été
débloqué. Mais le pas en arrière
qu’il a fait lundi montre que tou-
tes les difficultés ne sont pas
aplanies, loin s’en faut. Et ce,
alors même que Boris Johnson
promet à qui veut l’entendre de
quitter l’UE avec ou sans accord,
le 31 octobre. — A. C.
l Après
le succès du G7,
la diplomatie
française
se sent pousser
des ailes
pour jouer
les médiateurs.
l Multilatéra-
lisme et
souveraineté
européenne
restent
les grands piliers
de la politique
étrangère.
INTERNATIONAL
Jacques Hubert-Rodier
@jhrodier
« Il faut de l’audace » et « la France
doit jouer tout son rôle » sur la scène
internationale, a dit mardi Jean-
Yves Le Drian, le ministre le plus
populaire du gouvernement avec
une cote de confiance de 46 %, selon
le dernier sondage Harris. Devant
l’Association de la presse diploma-
tique (A PDF), le ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères a
décliné les trois grands piliers de la
politique étrangère que le gouver-
nement entend mener : la France
est une puissance d’équilibre, elle
souhaite refonder le multilatéra-
lisme et elle veut affirmer la souve-
raineté européenne.
Après le « succès » du G7 de Biar-
ritz présidé par la France et avant la
74e Assemblée générale de l’ONU,
fin septembre, la diplomatie fran-
çaise se sent pousser des ailes pour
jouer les médiateurs sur presque
tous les fronts. Le groupe des sept,
qui réunit les Etats-Unis, l’Allema-
gne, le Royaume-Uni, le Japon, la
France, l’Italie et le Canada, « a
retrouvé une sorte de dynamique du
départ » en permettant aux chefs
d’Etat et de gouvernement d’avoir
des discussions informelles et
d’ouvrir de nouvelles voies, a ajouté
le ministre. « Des portes que l’on con-
sidérait comme fermées se sont un
peu entrouvertes ». Outre l’Iran, c’est
également la Russie qui donne des
signes d’« inflexion manifeste ». « La
défiance n’est utile à personne » et
« la Russie est européenne », a lancé
Iran : des « négociations fragiles »
Avant l’échéance du
6 septembre, date à laquelle
les Iraniens menacent
de prendre encore des
distances sur leurs engage-
ments dans le nucléaire,
Paris tente avec l’appui
de Londres et Berlin de
trouver un nouveau terrain
d’entente avec Téhéran.
Virginie Robert
@virginierg
Paris continue de pousser ses pions
avec l’Iran alors qu’approche une
nouvelle échéance. A compter de ce
vendredi, Téhéran s’est dit prêt à
réduire encore plus ses engage-
ments pris dans le cadre de l’accord
international de 2015 sur le
nucléaire (et reprendre ainsi l’enri-
chissement de l’uranium) si les
négociations avec les Européens
n’ont pas suffisamment progressé.
Pour ne pas rester lettre morte, le
coup diplomatique d’Emmanuel
Macron – qui a rencontré à Biarritz,
Jean-Yves Le Drian est le ministre le plus populaire du gouvernement avec une cote de confiance
de 46 %, selon le dernier sondage Harris. Photo Gilles Rolle/RÉA
le ministre. Mais cette « inflexion »
semble bien limitée. On est loin du
vœu du président français qui, en
recevant son homologue russe cet
été au fort de Brégançon, avait évo-
qué l’Europe de « Lisbonne à Vladi-
vostok ». Comme s’il s’agissait de
dépasser la formule du général de
Gaulle – de « l’Atlantique à l’Oural ».
Car aujourd’hui, a dit Jean-Yves Le
Drian, les motifs de défiance vis-à-
vis de Moscou n’ont pas disparu sur
la Syrie, l’Ukraine et la question des
ingérences russes. Mais « il y a une
volonté de dialogue », a-t-il noté.
Un avertissement à Pékin
Pour la première fois depuis 2014 et
l’annexion de la Crimée, les minis-
tres français et russes de la Défense
et des Affaires étrangères se retrou-
veront lundi prochain, à Moscou.
Ce qui, aux yeux des Français, pour-
rait ouvrir la voie à une réunion en
« format Normandie » (France,
Allemagne, Russie et Ukraine)
alors que le nouveau président
ukrainien, Volodymyr Zelensky, a
en plein G7, Mohammed Javad
Zarif, le ministre des Affaires étran-
gères iranien –, vise à créer une nou-
velle donne. La partie est difficile,
mais les discussions se poursui-
vent. Depuis ce sommet, observe en
effet Jean-Yves Le Drian, le chef de
la diplomatie française, « Trump est
disposé à atténuer sa stratégie de
pression maximale et à trouver un
deal ». Le président américain s’est
même dit ouvert à une rencontre
avec le président Rohani.
Une délégation iranienne était à
Paris lundi, menée par Abbas Ara-
ghchi, numéro deux de Javad Zarif,
« Il y a encore
beaucoup
de choses
à régler. »
JEAN-YVES LE DRIAN
Chef de la diplomatie française
Le groupe des sept
qui réunit
les Etats-Unis,
l’Allemagne,
le Royaume-Uni,
le Japon,
la France, l’Italie
et le Canada,
« a retrouvé une sorte
de dynamique
du départ ».
afin de poursuivre le processus
engagé à Biarritz. « Nous discutions
à un niveau suffisamment significa-
tif pour que cela ait un sens », a relevé
mardi Jean-Yves Le Drian, devant la
presse diplomatique, admettant
toutefois que « cela reste très fra-
gile » et « qu’il y a encore beaucoup de
choses à régler ». Les objectifs sont
un retour de l’Iran dans le cadre de
l’accord conclu à Vienne en 2015
(JCPOA) sur le nucléaire iranien
– sans imposer de mesures nouvel-
les –, d’assurer la sécurité dans le
Golfe et de prévoir l’ouverture de
négociations sur la sécurité régio-
nale et pour la période post-2025,
qui marque la fin prévue de l’accord
de 2015. Ce que ne veulent pas les
Iraniens, c’est d’une négociation à la
nord-coréenne – avec les photos des
dirigeants qui font le tour du monde
sans progrès avéré.
Mardi, le président Rohani a
redit qu’il refusait une négociation
bilatérale avec les Etats-Unis. En
revanche, il est prêt à accepter des
discussions avec Washington dans
MONDE // 07
semble-t-il donné quelques signes
de bonne volonté.
Le chef de la diplomatie française
a tenu, en tout cas, un discours
extrêmement ferme face à la Chine
confrontée à un mouvement sans
précédent de contestation à Hong
Kong. « Il y a des principes » qui ont
été pris lors de la rétrocession en
1997 de l’ancienne colonie britanni-
que : « Un pays, deux systèmes ». Il
faut que les Chinois « comprennent
qu’il y aurait des conséquences for-
tes » en cas d’intervention, a-t-il dit.
Et le ministre a rappelé la présence
de 20.000 Français à Hong Kong.
Un discours ferme que compte
tenir aussi Emmanuel Macron lors
de sa rencontre avec Xi Jinping pré-
vue en novembre.
Sur les relations avec les Etats-
Unis, le ministre a affirmé avec
force que la France « avait un inter-
locuteur : c’est le président Trump. Il
dit ce qu’il pense ». Il s’est refusé à
rentrer dans les « nuances » de son
entourage entre John Bolton, Mike
Pompeo et Jared Kushner. n
le cadre du format 5+1 qui réunis-
sait les pays signataires du JCPOA.
Une ligne de crédit
La situation économique ne cesse
d’empirer en Iran et le président
français aurait proposé aux Iraniens
une ligne de crédit garantie par son
pétrole. Le ministre français des
Affaires étrangères a refusé de don-
ner un chiffre, mais « Le Figaro »
évoquait mardi la somme de 15 mil-
liards de dollars. Français, Alle-
mands et Britanniques – dont les
conversations sur le sujet entre les
chancelleries sont au moins biheb-
domadaires – seraient d’accord pour
poursuivre la mise en place d’Instex,
une sorte de plate-forme qui per-
mettrait d’acheminer produits
agroalimentaires et médicaments
en contournant les règles extraterri-
toriales imposées par les Etats-Unis
qui empêchent tout commerce avec
l’Iran. « C’est un troc subtil. Il faut que
les Iraniens mettent en place une
structure miroir », a indiqué mardi le
chef de la diplomatie française. n
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08 // MONDE Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos

Deux millions d’Indiens menacés

de perdre leur nationalité
ASIE
Un recensement
controversé, dont
l’objectif officiel est de
lutter contre l’immi-
gration illégale, me-
nace aujourd’hui de
priver de leur nationa-
lité plus de 1,9 million
d’habitants de l’Assam,
Etat situé dans
le nord-est de l’Inde.
Carole Dieterich
caroledieterich
— Correspondante à New Delhi
Citoyens indiens ou clandestins ?
Près de deux millions de person-
nes sont aujourd’hui confrontées à
un avenir incertain. Leur nom ne
figurant pas sur la liste du Registre
national des citoyens publiée
« Pas d’apatrides », réclame la pancarte de ce manifestant opposé samedi 31 août, elles sont mena-
au Registre national des citoyens. Avijit Ghosh / SOPA Images/Sipa cées d’être déchues de leur natio-
nalité. Ce recensement, com-
mencé en 2015 sous la tutelle de la
Cour suprême, demandait aux
habitants de l’Assam de prouver
leur nationalité indienne.
L’objectif officiel de ce processus
est de lutter contre l’immigration
illégale dans cet Etat qui partage
une frontière poreuse avec le Ban-
gladesh. Les opposants à ce regis-
tre accusent les nationalistes hin-
dous du Bharatyia Janata Party
(BJP) au pouvoir de s’en servir con-
tre la minorité musulmane. Plu-
sieurs sources gouvernementales
se sont pour leur part défendues de
tout biais religieux, affirmant que
les hindous et les musulmans
avaient été exclus à parts égales.
Citoyens de seconde zone
Pour figurer au Registre national
des citoyens, il fallait pouvoir prou-
ver que sa présence ou celle de sa
famille sur le territoire indien était
antérieure au 24 mars 1971 à
minuit, veille de la guerre d’indé-
pendance du Bangladesh qui
poussa des millions de personnes à
se réfugier en Assam.
« La plupart des personnes qui ont
été exclues de cette liste sont de vérita-
bles citoyens indiens, affirme Aman
Wahud, un avocat basé à Guwahati,
la plus grande ville d’Assam. Ils sont
inquiets et n’ont aucune idée de ce qui
les attend. » Parmi les exclus, on
trouve en effet un officier de l’armée
à la retraite ou encore un élu de
l’assemblée législative régionale. De
quoi mettre en doute la fiabilité du
processus.
Ces « orphelins de la nation »,
comme les a qualifiés un éditorial
du quotidien « The Indian
Express », disposent de 120 jours
pour faire appel de cette décision
devant des tribunaux spéciaux
pour étrangers. En attendant
d’avoir épuisé tous les recours
légaux à leur disposition, les exclus
du Registre national des citoyens
continueront de bénéficier pleine-
ment de leurs droits.
Des habitants transformés
en « étrangers »
Mais après, que se passera-t-il pour
ceux qui ne figureront toujours pas
sur ce registre ? Les autorités elles-
mêmes n’ont pas encore décidé du
sort qu’elles réserveront à ces habi-
tants transformés en « étrangers »,
au terme d’un processus judiciaire
qui pourrait, selon les défenseurs
des droits de l’Homme, durer plu-
sieurs années. « Lorsque le gouver-
nement connaîtra le nombre exact
de personnes exclues de la liste
finale, alors seulement, il décidera
de la démarche à suivre », a déclaré
une source gouvernementale, sous
couvert d’anonymat.
La position du Bangladesh est
claire, le pays ne les accueillera pas
sur son sol. « Allons-nous les jeter à
la mer ? Allons-nous les placer dans
des centres de détention ? Et si oui,
pour combien de temps ? », inter-
roge Harsh Mander, défenseur
des droits de l’Homme, qui craint
que cette situation n’ouvre la porte
à une citoyenneté de seconde
zone. n
« La plupart des
personnes qui ont
été exclues de
cette liste sont de
véritables citoyens
indiens. Ils sont
inquiets et n’ont
aucune idée de
ce qui les attend. »
AMAN WAHUD
Avocat

en bref
Italie : le M5S approuve le projet
de coalition avec le Parti démocrate
POLITIQUE Quelques dizaines de milliers d’adhérents du Mou-
vement 5 Etoiles (M5S, antisystème) ont voté sur leur plate-
forme informatique « Rousseau » en faveur d’une alliance avec
le Parti démocrate, de centre gauche. Ils se sont prononcés à
79,3 % en faveur de cette alliance, a déclaré à la presse Luigi Di
Maio, chef de file du mouvement. Giuseppe Conte, qui a été
chargé jeudi de former un nouveau gouvernement, va pouvoir
achever la mise sur pied de cette nouvelle coalition. Il devra
ensuite obtenir la confiance des deux chambres.

Sombres perspectives pour l’industrie

manufacturière aux Etats-Unis
CONJONCTURE L’activité du secteur manufacturier aux Etats-
Unis s’est contractée en août pour la première fois depuis trois
ans. L’indice ISM manufacturier a perdu 2,1 points de pourcen-
tage, à 49,1 points en août. « Les commentaires des personnes
interrogées reflètent une chute notable de la confiance des entre-
prises », explique l’association des directeurs d’achats dans
un communiqué. « Août a vu la fin progressive de 35 mois
d’expansion du secteur manufacturier », avec une demande et
des nouvelles commandes en repli, des exportations en chute et
une consommation qui diminue. « Les questions commerciales
demeurent le plus grand problème, qui se reflète dans l’important
recul des nouvelles commandes à l’exportation », a indiqué
Timothy Fiore, responsable de l’enquête de l’ISM.

Donald Trump met en garde la Chine

sur les pourparlers commerciaux
NÉGOCIATIONS Donald Trump a mis en garde mardi la Chine
contre la tentation de jouer la montre dans les négociations
commerciales dans l’espoir que le président américain ne soit
pas réélu en 2020. « Pensez à ce qu’il arriverait à la Chine si je
gagnais », a-t-il lancé dans un tweet. « Les termes de l’accord
seraient bien plus durs ! », a-t-il menacé, prédisant d’ici-là une
hémorragie d’emplois et d’entreprises en Chine. Il a dans le
même temps assuré que « les négociations avec la Chine se pas-
sent bien ». Le négociateur en chef chinois, Liu He, proche du
président Xi Jinping, s’est entretenu mardi avec une délégation
du Groupe de travail Etats-Unis-Chine du Sénat américain,
conduite par les présidents Steve Daines et David Perdue, a rap-
porté l’agence officielle Chine Nouvelle.

Zone euro : hausse des prix

producteurs
CONJONCTURE Les prix à la production dans la zone euro ont
légèrement augmenté en juillet après quatre mois de recul. Ils
ont progressé de 0,2 % en juillet, conformément aux estima-
tions du marché, selon les données publiées par Eurostat. Ils
avaient baissé sur les quatre mois précédents, avec notamment
un repli de 0,6 % en juin. La hausse de juillet s’explique par une
augmentation de 1 % des prix de l’énergie, très volatils, qui
avaient reculé de 2,2 % le mois précédent.
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Les Echos Mercredi 4 septembre 2019 // 09

idées&débats
Comment Matteo Salvini
prépare son retour
Olivier Tosseri
@OlivierTosseri
« Gouverner les Italiens, ce n’est pas
difficile, c’est inutile. » Qui sait si
Matteo Salvini, désormais ancien
vice-président du Conseil italien,
ne pense pas à cette phrase désabu-
sée de Benito Mussolini, lui qui
aime provo quer en citant de
manière plus ou moins, explicite le
« Duce ». Comme il le fit le 9 août
dernier lorsqu’il demande aux Ita-
liens de lui confier « les pleins pou-
voirs » en ouvrant une crise politi-
que en plein été. « Je veux faire à
fond ce que nous avons promis de
réaliser sans être ralentis et sans
boulets aux pieds », se justifiait-il.
Le « Capitano » se décidait finale-
ment à rompre les amarres avec
son ancien allié, le M5S, et à passer
à l’abordage du Palazzo Chigi, siège
de la présidence du Conseil des
ministres italiens. Trois semaines
plus tard, il doit faire le bilan
du naufrage de ses ambitions. Il
pensait pourtant pouvoir compter
sur des scores élevés de popularité
qui atteignaient les 51 % en juillet et
frôlaient les 40 % pour son parti, la
Ligue. Mais, pour devenir prési-
dent du Conseil, ce n’est pas l’arith-
métique mais le calcul politique
qu’il faut savoir maîtriser.
Si le sens de l’Etat lui fait défaut, il
ne lui manque en revanche pas le
sens du spectacle. En juillet, il
déplaçait le plus souvent ses activi-
à l’envie de concrétiser au plus vite
dans les urnes des sondages qui
pouvaient difficilement continuer
de croître.
Habitué à considérer la politique
sous l’angle de la communication,
il a oublié que, si le pouvoir peut
L’ANALYSE parfois se conquérir grâce au Web,
DE LA RÉDACTION il ne peut pas faire l’économie du
Parlement et du jeu des alliances
Le leader de la Ligue s’il veut perdurer. L’Italie n’est pas
et ex-ministre de encore une démocrature. Matteo
l’Intérieur italien, fort Salvini a négligé la subtilité des
mécanismes parlementaires ita-
de ses scores dans les liens et a sous-évalué leurs effets.
sondages, a cru Son blitz pour un retour immédiat
devant les électeurs a lamentable-
pouvoir passer en ment échoué sur le renversement
force pour exercer des alliances M5S-Parti démo-
seul le pouvoir. C’était crate. Le grand pourfendeur du
système, dont il fait pourtant partie
compter sans la depuis près de vingt-cinq ans, a
résistance du système démontré qu’il méconnaissait son
adversaire. Cet animal politique a
parlementaire italien mésestimé l’instinct de survie des
et sur le jeu des parlementaires. Leur transfor-
alliances politiques. misme s’est révélé l’arme la plus
efficace pour résister au popu-
lisme. Le président du Conseil, Giu-
seppe Conte, ne s’est pas privé de le
lui rappeler. Lors d’un discours-ré-
quisitoire devant le Sénat le 20 août
dernier, il regrettait « la carence de
culture constitutionnelle » de son
ministre de l’Intérieur.
Isolé, Matteo Salvini ne trouve
D personne pour assurer sa défense.
Pas même son mentor Donald
Les points à retenir Trump, qui a honoré Giuseppe

Pinel pour « Les Echos »

tés au Papeete Beach, bar d’une
plage touristique sur l’Adriatique.
Un cocktail à la main, il n’hésitait
pas à passer derrière la console du
DJ pour faire danser les touristes
en mixant l’hymne national. Mais
ce n’est pas l’ivresse du mojito qui
explique son erreur. C’est celle pro-
voquée par l’hubris. Le nouvel
homme fort du pays, avec une
opposition exsangue et un M5S
soumis, était surtout fort de l’adula-
tion de près de 4 millions de fans
sur Facebook. Une bulle 2.0 tout
aussi pernicieuse que celle tradi-
tionnelle des palais dorés de la
République. Matteo Salvini a cédé
à la pression de son électorat du
Nord, frustré par les entraves de
l’alliance avec le M5S, mais surtout
•provoqué
Trois semaines après avoir
une crise politique,
Matteo Salvini doit faire
le bilan du naufrage
de ses ambitions.
• Si la popularité du leader de
la Ligue enregistre une
brutale chute, son parti séduit
toujours un tiers de l’électorat.
• Le 19 octobre prochain
il appelle à une marche sur
Rome pour une « journée
de l’orgueil italien ».
• Désormais dans
l’opposition, il mise sur l’échec
de l’actuelle coalition entre
le M5S et le Parti démocrate et
ne désespère pas d’un retour
triomphal dans les urnes.
Conte d’un tweet de soutien après
l’accueil chaleureux réservé au
président du Conseil italien au G7
de Biarritz. Le président du Conseil
européen, Donald Tusk, saluait
même sa « grande loyauté » envers
l’UE. De quoi conforter l’argumen-
tation traditionnelle de Matteo Sal-
vini sur le « complot des pouvoirs
forts qui privent les Italiens de la la traversée du désert promise aux une brutale chute, mais son parti Ligue table sur un rapide échec du
démocratie », déjà invoquée par Sil-
vio Berlusconi en 2011. Là encore
vaincus Matteo Salvini préfère la
marche sur Rome. Il y a convoqué
séduit toujours un tiers de l’électo-
rat. De quoi nourrir de nouveaux
nouveau gouvernement Conte et
un retour triomphal dans les
les coupables désignés se trouvent ses partisans le 19 octobre pro- espoirs. Ils reposent surtout sur le urnes. Il y a encore quelques semai-
à « Paris, Berlin, Bruxelles, qui chain pour une « journée de pari que l’actuelle coalition entre le nes, il déclarait qu’il était persuadé
[…] soutiennent un gouvernement de
perdants qui ont peur des élections.
l’orgueil italien ». D’ici là, il a
annoncé des stands sur les places
M5S et le Parti démocrate ne
durera pas, victime des dissensions
de diriger l’Italie ces trente pro-
chaines années. En attendant, il
Mais vous ne vous libérerez pas de de toute la péninsule les 20 et internes au sein des deux partis et sera à la tête de l’opposition. « C’est
moi avec un petit jeu de palais. Je 21 septembre pour réclamer « la de leur conflictualité ancienne. ce qu’on sait faire de mieux », con-
reviendrai », menace-t-il. démocratie, le respect du vote et des Matteo Salvini ne perdra aucune fesse son bras droit, Giancarlo
Dans la rue pour commencer. A règles ». Sa popularité enregistre occasion de l’attiser. Le leader de la Giorgetti. n

LE
COMMENTAIRE Une vraie industrie numérique est encore possible en Europe
de Jean-Hervé Lorenzi

T out semble converger vers

la prise de conscience géné-
rale que l’on ne peut laisser
l’évolution des grandes entreprises
technologiques, notamment les
Gafa, se poursuivre sans limite. Il
n’est pas question de remettre en
cause le rôle positif que représente
la mise à disposition de services
numériques ; ni de suivre cette idée
naïve que toute régulation donne-
rait un avantage compétitif à leurs
concurrents chinois.
Cette prise de conscience se tra-
duit, ô miracle, par des actes. Aux
Etats Unis, notamment, le retentis-
sant scandale de Cambridge Analy-
tica s’est soldé par une amende
record de 5 milliards de dollars
infligée à Facebook. En Europe,
c’est actuellement la libra, la future
cryptomonnaie qui est sous les
radars de l’antitrust. Quant à la
fameuse « taxe Gafa », elle a fait à
Biarritz l’objet d’un débat apaisé et
d’un compromis entre la France et
les Etats-Unis. Débat fondé sur le
maintien d’une position française
et la perspective d’un projet de fisca-
lité internationale du numérique de
l’OCDE. Réjouissons-nous, la RGPD
et la directive sur les droits d’auteur
posent des éléments de protection
des données individuelles et collec-
tives ainsi que sur leur utilisation
par les entreprises numériques.
Tout laisse donc à croire qu’une
régulation intelligente de ces entre-
prises permettrait de redonner aux
Etats et aux individus une vraie maî-
trise de leur destin. Et pourtant, ce
tableau assez optimisme ne reflète
qu’une partie très limitée du pro-
blème. Deux questions fondamen-
t a l e s d é s o r m a i s s’ i m p o s e n t .
L’Europe peut-elle demeurer sans
grande entreprise technologique
correspondant à la réalité de sa puis-
sance économique ? Et cela même si
se sont développ és quelques
moteurs de recherche alternatifs
comme Qwant ou Ecosia. Le second
immense défi est celui de la société
Voulons-nous
un numérique qui,
peu à peu, se
substitue aux Etats
et mette en péril
notre démocratie ?
du numérique que nous souhaitons
pour nous-mêmes et les générations
à venir. Voulons-nous celle promise
par ces géants du numérique qui
progressivement se substituent aux
Etats, remettent en cause notre libre
arbitre et finalement mettent en
péril notre démocratie ?
Pour l’émergence d’une industrie
numérique européenne, tout est
possible. Que l’on ne vienne pas
nous dire que le retard est si grand
qu’on ne puisse le combler. La
caractéristique première des pério-
des de développements technologi-
ques rapides est qu’il est toujours
possible pour de nouveaux
entrants de profiter d’une avancée.
Or nous avons en Europ e les
moyens et la compétence, reste la
volonté de s’imposer. Quant à la
société numérique, partout dans le
monde la réflexion est lancée, cela
tout particulièrement en France. En
témoignent, « La Nouvelle Résis-
tance »* que nous publions avec
Pierre Dockès et Mickaël Berrebi,
les remarquables essais de Bruno
Patino, roman de Marc Dugain et
tribunes de Sylvain Tesson et bien
d’autres. Tous s’interrogent sur la
manière d’infléchir le cours de cette
société technologique intrusive et
irrespectueuse. Là il n’est plus ques-
tion du simple démantèlement de
quelques entreprises qui aura lieu
quoi qu’il arrive parce que les Etats
ne se laisseront pas déposséder de
leur pouvoir, ni de fiscalité ou de
simple régulation mais du monde à
venir. Ce qui est proposé, c’est de
remettre le développement numé-
rique à sa place, désidéologiser son
expansion et ses outrances trans-
humanistes, maintenir des lieux et
des temps dédiés aux relations
humaines exemptées temporaire-
ment d’intermédiaires technologi-
ques. En un mot, créer un huma-
nisme numérique.
Jean-Hervé Lorenzi est président
du Cercle des économistes ;
* La Nouvelle Résistance – Face à la vio-
lence technologique. Editions Eyrolles.

10 // IDEES & DEBATS
opinions
LE MEILLEUR DU
CERCLE DES ÉCHOS
Robotisation : anticiper
pour ne pas être débranché
Erwann Tison, directeur des études de
l’Institut Sapiens, revient sur la
robotisation de la profession de caissier.
Selon lui, plutôt que limiter cette évolution,
il est mieux de faire évoluer nos principes
et nos paradigmes sociaux.
DISPARITION DES MÉTIERS « “Ne vous
plaignez pas que le progrès technique
détruise des emplois, il est fait pour cela”,
disait l'économiste Alfred Sauvy. C’est bien
là l’apanage de chaque révolution
technologique que de faire disparaître des
métiers : poinçonneur, réveilleur, cocher,
copiste, porteur d'eau, placeur de quilles,
marchand de chandelles ou encore crieur
sont autant de professions qui ont leur place
dans un musée plutôt que dans une
entreprise. Selon les études prospectives, ce
sont près de 40 % des métiers actuels qui
présenteraient un fort risque de
remplacement par la machine. »
COMPÉTENCES IMPLICITES « La
meilleure politique publique à développer est
celle du libre accès à la formation
professionnelle à tous. De nombreuses
expérimentations nous montrent que les
personnes occupant un métier de caissier
font d’excellents commerciaux après une
légère formation. Ces professionnels ont des
compétences implicites très importantes. »
EN FINIR AVEC LE SACRE DU DIPLÔME
« Nous devons également nous débarrasser
de certains totems pour favoriser
l'émergence de nouveaux emplois : en finir
avec le sacre du diplôme qui fige le destin
d'une personne dans les premières années de
sa vie ; en terminer avec le culte du temps de
travail qui standardise les carrières en
imposant à chacun de fournir le même
volume horaire de travail sans s’intéresser à
la productivité ou à la réalisation effective
des tâches. »
a
A lire en intégralité sur le Cercle :
lesechos.fr/idees-debats/cercle
LE LIVRE
DU JOUR
Syrie : la sale guerre
LE PROPOS Huit ans de guerre
civile, plusieurs centaines de
milliers de morts sous les bombes,
dans les geôles du régime,
décapités par des terroristes,
Michel Duclos, ancien
ambassadeur de France en Syrie
et aujourd’hui conseiller spécial
à l’Institut Montaigne, dresse
un bilan sombre du pays de Bachar
Al Assad, « le tyran inhumain face
au supplicié », de sa mutation en
« criminel de masse ». Si l’auteur
livre une réflexion fine sur
les conflits à l’intérieur de la Syrie
et sur l’enjeu des interventions
étrangères, Russie, Iran et de ses
« proxies » du Hezbollah libanais,
l’intérêt de l’ouvrage réside
également dans l’analyse
passionnante de ce qu’est le régime
des Assad. On pourrait même
parler de la « banalité du mal »
au XXIe siècle. Pour le diplomate,
c’est la nature même du système
qui peut expliquer le drame syrien
d’aujourd’hui.
LA LEÇON L’ouvrage de Michel
Duclos donne plusieurs leçons,
dont celle portant sur le rôle de
la France et des voyages des
responsables français sous Nicolas
Sarkozy en Syrie après l’assassinat
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
DANS LA PRESSE
ÉTRANGÈRE
L’agriculture verticale :
une révolution
•trielle
Etes-vous pour l’agriculture indus-
ou pour la culture traditionnelle ?
Aujourd’hui la question semble dépla-
cée. « The Economist » se lance dans un
véritable plaidoyer, non plus d’un travail
de la terre à l’horizontale, mais pour la
culture verticale.
Grâce à cette nouvelle technologie,
poursuit l’hebdomadaire, les consom-
mateurs peuvent avoir accès à une plus
grande variété de fruits, de légumes.
Pourquoi ne pas cultiver du mizuna, ce
chou japonais ancien qui est en train de
refaire son apparition dans les assiettes
des meilleurs restaurants ? L’objectif est
de cultiver, non plus dans des champs ou
dans des serres, mais dans des fermes
verticales où les semis sont placés dans
des bacs disposés l’un sur l’autre. Cette
activité peut être déployée aussi bien
dans des conteneurs, comme à Broo-
klyn, ou d’anciens abris anti-bombarde-
ments, comme à Londres, voire des
entrepôts, comme à Dubaï ou un peu
partout en zones urbaines. Elle est
aujourd’hui financée par des géants
comme le holding japonais SoftBank ou
par Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon.
L’intérêt de ce type de culture est de
faire pousser des fruits et des légumes
bio sans recours à des pesticides ou
autres produits chimiques. L’autre avan-
tage c’est d’utiliser moins d’eau grâce à
une technologie de pointe. Sans oublier
la réduction du transport polluant. Cer-
tes, souligne « The Economist », il n’est
pas pensable de faire pousser du blé ou
du riz dans des bacs. « Mais au fur et à
mesure de la réduction des coûts d’exploi-
tation grâce à de nouvelles technologies,
l’agriculture verticale sera de plus en plus
compétitive face aux vieilles méthodes des
serres ou des fermes horizontales. » Peut-
être un jour aussi toute l’humanité
pourra avoir accès à la culture verticale.
A condition de trouver de l’eau. —J. H.-R.
La Longue Nuit syrienne.
Dix années de diplomatie
impuissante
Michel Duclos, Editions de
l’Observatoire, 240 pages, 19 euros.
de l’ancien Premier ministre
libanais Rafic Hariri, ordonné selon
toute vraisemblance par le régime
syrien. Mais la principale leçon
est bien celle portant sur la totale
impuissance de la diplomatie.
LA CITATION « La guerre de Syrie
est une sale guerre, comme il est
inconcevable qu’il s’en produise
au XXIe siècle. »
— J. H.-R.
Emmanuel Macron accueille Vladimir Poutine dans la forteresse de Brégançon, le 19 août dernier,
pour des entretiens quelques jours avant le sommet du G7.
L’Europe doit se tourner vers
l’Oural pour tracer son avenir
Alors que la Grande-Bretagne de Boris Johnson nous tourne le dos pour
s’aligner sur l’agenda américain, l’Europe doit entamer un vrai rappro-
chement avec la Russie. A condition de ne pas faire preuve de naïveté.
LA
CHRONIQUE
d’Edouard
Tétreau
L
’ E u r o p e , d e l ’At l a n t i q u e à
l’Oural. » Après les succès écla-
tants de sa diplomatie lors du
sommet du G7 à Biarritz, Emmanuel
Macron va-t-il mettre en œuvre la
vision du général de Gaulle pour
L’Europe, cinquante ans après sa
mort ? L’Europe, cet immense territoire
de 720 millions d’habitants, allant de
Brest jusqu’aux montagnes de l’Oural,
partageant depuis des siècles une com-
munauté de destins souvent contrariés
par les guerres et les rivalités internes.
Or aujourd’hui, ce ne sont pas les
rivalités internes qui menacent la
grande Europe, mais bien les deux puis-
sances dévorantes du XXIe siècle : à l’est,
la Chine de Xi Jinping, ses routes de la
soie et sa capacité infinie à acheter ter-
res, ports, ressources naturelles ; à
l’ouest, les Etats-Unis de Donald Trump,
et leur impérialisme numérique, juridi-
que, monétaire et militaire éprouvé. Un
drôle d’allié, qui ne cesse d’insulter ou
de faire chanter ses partenaires.
La vocation de l’Europe est-elle de se
laisser dominer par les Etats-Unis
aujourd’hui, et piller par la Chine
demain, ou bien de choisir une troisième
voie : celle de l’autonomie stratégique ?
Alors que la Grande-Bretagne de Boris
Johnson nous tourne le dos pour s’ali-
gner sur l’agenda américain, c’est vers
l’est que nous devons désormais orienter
nos initiatives stratégiques. L’Union
européenne va perdre la Grande-Breta-
gne, ses 66 millions d’habitants, son PIB
de 2,8 trillions de dollars, son budget
militaire de 50 milliards de dollars, ses
215 têtes nucléaires ? La belle affaire. En
faisant de l’Ukraine, de la Biélorussie, de
la Géorgie, du Kazakhstan et de la Russie
des partenaires stratégiques privilégiés,
l’Europe continentale pourrait
« gagner » 270 millions d’habitants sup-
plémentaires générant un PIB de
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
2,4 trillions de dollars, possédant des
ressources naturelles et énergétiques en
abondance. Et 6.500 têtes nucléaires
pour la seule Russie.
Comment réussir un tel rapproche-
ment avec un Etat dont les mauvaises
manières et la dangerosité sont
constamment éprouvées ? Entre les
thés au polonium en plein centre de
Londres, les robinets de fake news sur
les réseaux sociaux, la mise en œuvre
de la doctrine Guerassimov pour saper
les démocraties occidentales, la guerre
hybride en Ukraine, le financement de
quasiment tous les partis d’extrême
droite européenne, la liste des exactions
de la Russie en Europe est longue.
Le rapprochement
entre la Russie et
l’Europe pourrait
démarrer par
la mutualisation
de ressources et
de compétences clefs
comme l’énergie,
la technologie, voire
l’armement.
Avec un pouvoir russe fragilisé par
son économie moribonde et sa contes-
tation interne, le moment est venu de
mettre un terme à cette délinquance, et
de créer les conditions d’un New Deal.
Nous avons les mêmes préoccupations
existentielles : l’islamisme radical et les
bombes démographiques latentes
autour de la mer Caspienne et de la mer
Noire et au sud de la Méditerrannée ; la
rivalité sino-américaine pour le lea-
dership mondial au XXIe siècle ; des
démographies vieillissantes et donc des
économies en croissance structurelle-
ment faibles.
A l’instar de la Communauté euro-
péenne qui s’est construite d’abord
autour du charbon et de l’acier, le rap-
prochement entre la Russie et l’Europe
pourrait démarrer par la mutualisation
de ressources et de compétences clefs.
Les énergies fossiles et nucléaires (le
Gérard Julien / sources diverses / AFP
charbon allemand, le nucléaire fran-
çais, le gaz russe) sont un premier
domaine à explorer. Le numérique, où
l’Europe se laisse quotidiennement
piller et vassaliser par les infrastructu-
res et plates-formes américaines
aujourd’hui, demain chinoises, sera un
autre chantier prioritaire. On souligne
que la Russie possède un moteur de
recherche efficace et indépendant
(Yandex), mais qu’il lui manque un éco-
système à la française d’entrepreneurs
du numérique, d’écoles 42, de Station F,
capables de générer de l’emploi et de la
richesse. Les seuls hacking, bots, trolls
et fake news les veilles d’élections en
Europe n’aideront pas durablement ce
grand pays, le plus vaste de la Terre, à
sortir ses habitants de leur pauvreté
(PIB par habitant équivalent à celui du
Venezuela ou de Cuba).
Militairement, tout peut être envi-
sagé : des exercices communs, et une
remise en cause de la présence incon-
grue de la France dans l’Otan. Diplomati-
quement, les erreurs funestes de la diplo-
matie sarkozyste (courir derrière
l’Amérique au moment où elle faisait son
pivot vers l’Asie ; détruire l’Etat libyen
pour favoriser la dispersion de son arse-
nal en Afrique, et les vagues migratoires)
pourront être corrigées là où nos intérêts
sont communs : en Afrique (Libye), au
Levant (Syrie) et au Proche-Orient (Iran).
L’univers des possibles de la coopéra-
tion franco-russe et russo-européenne
est vaste. Elle réussira à trois condi-
tions : 1) se donner des clauses de
revoyure régulières pour évaluer la sin-
cérité des engagements ; 2) convaincre
les pays scandinaves et d’Europe de l’Est
du bien-fondé de ce mouvement straté-
gique vers ce voisin envahissant ;
3) trouver les termes d’une paix durable
en Ukraine, ce pays-frontière entre
l’Europe catholique et la Russie ortho-
doxe, et qui doit le rester.
La dérive de nos alliés traditionnels
anglo-américains, que l’on espère pro-
visoire, nous oblige à préparer ce pivot
vers l’Eurasie. Mais sans naïveté, et sans
sacrifier nos alliés du nord et de l’est de
l’Europe. La partie d’échecs entamée à
Brégançon par le président Macron ne
fait que commencer. n

Les Echos Mercredi 4 septembre 2019
LE POINT
DE VUE
de Jean-Guillaume Follorou
A lors que Donald Trump
menace la France de repré-
sailles, la taxe sur les services
numériques (plus communément
appelée « taxe Gafa »), adoptée le
11 juillet dernier, fait déjà polémique.
Présentée comme un dispositif nova-
teur pour lutter contre l’injustice fiscale
qui résulterait du (trop) faible niveau de
taxation effective des géants du numéri-
que, sera-t-elle efficace ?
Un examen attentif de la nouvelle
taxe conduit pourtant à une conclusion
plus nuancée, la taxe Gafa mettant une
nouvelle fois en évidence les lacunes
d’un cadre conceptuel incapable de
faire face aux défis d’une économie de
plus en plus liquide/immatérielle.
Avec la complexification des cycles
de production et de distribution ainsi
que la prépondérance de la technologie
dans une économie dominée par les
flux, les politiques fiscales des Etats, par
définition territorialement contraintes,
se trouvent démunies pour appréhen-
der, ne serait-ce que conceptuellement,
une base taxable correspondant vérita-
blement à la valeur ajoutée générée sur
leur territoire.
C’est la raison pour laquelle la France
a choisi, pour assujettir à l’impôt les
grandes entreprises du numérique
– établies en France ou non, dont le
montant annuel des recettes tirées des
services taxables excède 750 millions
d’euros au niveau mondial et 25 mil-
lions d’euros au niveau national – de
recourir à une taxe assise sur le chiffre
d’affaires plutôt qu’à un impôt sur les
bénéfices.
LE POINT
DE VUE
d’Arnaud Marion
et Valérie Ohannessian
L
e millésime 2019 des assemblées
générales d’actionnaires et les
positions de plus en plus tran-
chées des agences en conseil de vote,
comme Proxinvest, Glass Lewis ou ISS
laissent à penser que l’actionnaire
apparaît de moins en moins comme
« le gestionnaire passif de l’activité des
autres ». Or, si la loi Pacte du 22 mai der-
nier comme la deuxième directive
européenne SRD (« Shareholder
Rights Directive ») du 10 juin musclent
ses droits, c’est pour mieux lui donner
les moyens d’exercer son rôle fonda-
mental. Pas seulement comme gardien
du temple mais aussi comme édifica-
teur de ses colonnes et de l’ouverture de
ses portes à la Société.
L’actionnaire est ainsi placé au cœur
d’une nouvelle approche téléologique
de l’entreprise. En introduisant dans le
Code civil la notion de raison d’être et sa
possible inscription statutaire, le légis-
lateur français confie à l’actionnaire la
responsabilité suprême de définir la
finalité de l’entreprise et d’en surveiller
la mise en œuvre conforme et durable.
Il en fait l’inspirateur créatif de son sens
profond, le promoteur d’une gouver-
nance respectueuse de ses valeurs et
missions, l’animateur attentif de ses
parties prenantes et l’arbitre ultime de
son modèle d’affaires.
Ainsi, Larry Fink, dirigeant de Black-
Rock, explique que « les profits et la rai-
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
Les limites
et les risques
de la future taxe Gafa
Malheureusement, toute taxe sur le
chiffre d’affaires est, même si les redeva-
bles légaux de celle-ci seront les entre-
prises, une taxe sur la consommation
dont le coût est in fine supporté, en par-
tie, par le consommateur. Elle génère
donc des distorsions de concurrence
dès lors qu’elle dépend de la qualité du
redevable et non de la nature du service
rendu ou du bien livré.
L’administration fiscale
devra déployer
des moyens
considérables pour
exercer son contrôle.
La taxe Gafa n’échappera donc cer-
tainement pas à cette fatalité. Se pose
donc la question de l’opportunité éco-
nomique de répondre à ce qui pouvait
apparaître comme une injustice fiscale
par une inflation des prix.
Au-delà, la taxe Gafa pose le pro-
blème de la collecte et du contrôle de
l’information nécessaire à l’évaluation
de la base taxable des redevables. Ce
sont, en effet, les entreprises elles-mê-
mes qui devront déclarer les données.
L’administration fiscale française
devra, pour exercer son contrôle, dispo-
ser de moyens qui risquent de générer
un coût considérable au regard du pro-
duit fiscal attendu (soit environ
400 millions d’euros en 2019 et 650 mil-
lions d’euros en 2020).
En outre, l’instauration d’une diffé-
rence de traitement fondée sur un
La raison d’être des
entreprises couronne
l’actionnaire actif
son d’être ne s’opposent pas, ils sont inex-
tricablement liés. […] Il faut envisager
une nouvelle génération d’entreprises
focalisées sur la raison d’être ». Ainsi, le
mouvement Tech for Good a pour pré-
occupation l’impact social de l’innova-
tion, sa mise en œuvre au service de
l’humain et les enjeux globaux de nos
sociétés. Le Act for Food de Carrefour
est devenu la nouvelle ligne stratégique
de transformation de l’entreprise. Il ne
s’agit plus de « chercher à être la
meilleure entreprise du monde mais la
meilleure pour le monde ». Il y a bien
l’idée d’une transformation dans l’acro-
nyme « PACTE », mais ce passage du
« comment » au « pourquoi » boule-
verse l’approche traditionnelle de la
création de valeur fondée sur la seule
recherche du profit.
L’actionnaire devient celui qui donne
du sens, mais il comprend aussi qu’il a
le pouvoir de sanctionner, de dire non,
et donc d’influer sur les valeurs de
l’entreprise. La directive SRD précise
bien que la politique de rémunération
des administrateurs (« say on pay »)
devra « contribuer aux intérêts et à la
pérennité à long terme de l’entreprise ».
Les membres des conseils d’adminis-
tration et de surveillance sont appelés à
être les garants exigeants du contrat
entre sa société et la Société, faute
d’ailleurs de courir le risque de ne pas
être renouvelés.
niveau de chiffre d’affaires paraît diffici-
lement justifiable au regard de la posi-
tion du Conseil constitutionnel, qui
impose généralement de retenir des cri-
tères d’assujettissement objectifs et
rationnels, en lien avec les capacités
contributives des contribuables… loin
donc de conditions liées au seul chiffre
d’affaires réalisé.
Le droit européen risque également
de mettre à mal la validité de la taxe
Gafa compte tenu de la liberté de pres-
tations de services qu’il garantit et qui
interdit « les discriminations ostensibles
fondées sur le siège des sociétés, mais
encore toutes formes dissimulées de dis-
crimination qui, par application d’autres
critères de distinction, aboutissent en fait
au même résultat* ».
Enfin, la compatibilité de la taxe Gafa
avec les conventions fiscales internatio-
nales conclues par la France semble
pareillement discutable dans la mesure
où elle conduit à imposer des bénéfices
qui devraient échapper à l’impôt sur le
territoire français en vertu de ces enga-
gements internationaux.
On voit que la question n’est pas que
politique, et certainement pas seule-
ment nationale. Seule une coopération
internationale permettant l’émergence
d’une nouvelle définition de l’établisse-
ment stable taxable devrait permettre
de pallier les difficultés rapidement
évoquées ici.
Jean-Guillaume Follorou est associé
au cabinet d’avocats Jeantet.
*(CJUE, 5 février 2014, aff. C-385/12).
L’actionnaire passif ne rend finale-
ment pas service à l’entreprise. Les
fonds dits « activistes », au-delà des
caricatures, ont fait figure de précur-
seurs dans la demande de prise en
compte par les directions générales de
leurs souhaits d’actionnaires, certains
pour de simples raisons de profits à
court terme, d’autres avec une vision de
création de valeur par rapport à des
concurrents comparables.
Les profits et la raison
d’être ne s’opposent pas,
ils sont étroitement liés.
Ni passif, ni nécessairement acti-
viste, l’actionnaire d’aujourd’hui est
encouragé à être actif dans la cocons-
truction de l’entreprise comme com-
munauté de destin. Certains y verront
une nécessité morale et le triomphe du
Bien commun.
Mais la logique économique est tou-
jours là, tirée par l’attente des consom-
mateurs et la sanction des marchés,
impatients de faire émerger un nouvel
actif immatériel, créateur de valeur(s)
pour tous…
Arnaud Marion est fondateur
de Marion & Partners
et Valérie Ohannessian est
fondatrice de Pharma Conseil.
Manifestation devant le 10 Downing Street, à Londres, contre Boris Johnson, le
28 août dernier. Photo Daniel Leal-Olivas/AFP
La mondialisation
hargneuse
LIBRE
PROPOS
Par Gaspard Koenig
L
a « rentrée » est ce moment si français,
intraduisible dans d’autres langues et
incompréhensible pour la plupart des
cultures, où une nation tout entière compare
son bronzage et se lance avec fougue dans
des projets extravagants, fruits de l’insolation
et du vague à l’âme. Cette année, pourtant, je
ne peux me défaire de l’impression de ren-
trer en sens inverse. De pénétrer non pas
dans le monde de demain mais dans celui
d’hier, comme Stefan Zweig décrivait
l’étrange période de grâce qui précède les
déflagrations. L’extrême droite la plus dure
progresse au cœur de l’Europe, de l’Allema-
gne à l’Italie. La gauche revient aux formules
collectivistes des années 1950, depuis le néo-
péronisme en Argentine jusqu’au Labour
britannique qui promet une attaque sai-
gnante sur la propriété privée. Les progres-
sistes se muent en censeurs. Les écologistes,
longtemps en pointe sur la question des
droits, se convertissent à une forme de totali-
tarisme vert. Où se tourner ? Les institutions
multilatérales se délitent. Quant à la tech, qui
était supposée jusqu’à peu sauver le monde,
elle ne peut plus cacher ses motivations pro-
fondes : Apple a reconnu la semaine dernière
que ses ingénieurs écoutaient parfois les con-
versations privées enregistrées par Siri, avant
de s’engager à revoir ses procédures (un peu
comme si le patron de la Stasi proclamait que
cette fois, promis-juré, il arrêtait de placer des
micros chez les dissidents). Il devient compli-
qué de fermer les yeux. Même le Medef s’est
aperçu, lors de ses universités d’été, que
« l’idée libérale est remise en cause partout ».
Parmi la longue liste des innovations illi-
bérales de l’été, deux m’ont touché person-
nellement. En Chine, le gouvernement vient
d’interdire sous un prétexte farfelu Unirule,
think tank fondé par l’éminent économiste
Mao Yushi, et l’une des très rares institutions
indépendantes en République populaire.
J’avais rencontré Mao Yushi et son équipe à
Pékin il y a trois ans : ils publiaient des études
sur la privatisation des entreprises d’Etat et
plaidaient pour la liberté d’expression, sans
provocation excessive mais avec une vérita-
ble constance doctrinale. Victime de la Révo-
lution culturelle, Mao Yushi savait que la
marge de manœuvre dont il disposait était
subtile et précaire. Il œuvrait depuis un quart
de siècle dans une zone grise, à la fois menacé
par le pouvoir et consulté par ses représen-
IDEES & DEBATS // 11
opinions
tants. Peu à peu, la Chine est entrée dans l’ère
Xi et la zone grise s’est obscurcie : le compte
Weibo de Mao Yushi, suivi par plusieurs mil-
lions de Chinois, a été bloqué il y a deux ans.
Puis les bureaux d’Unirule ont subi toutes
sortes de tracasseries, condamnant l’équipe
à travailler dans des cafés. Depuis quelques
jours, Unirule n’existe plus. Une voix libre de
moins dans un pays qui en compte peu, et qui
menace d’en faire taire beaucoup d’autres.
Pendant ce temps-là, au Royaume-Uni,
où je vis à moitié, la « mère des Parlements »
est entrée en phase terminale. Le Premier
ministre, Boris Johnson, déploie une vio-
lence politique inédite au pays de la Magna
Carta. Le Parlement a été suspendu pour
museler les représentants démocratique-
ment élus qui s’opposent à un « no deal »
pour lequel le gouvernement ne dispose
d’aucun mandat. Ce mini-coup d’Etat
s’accompagne de tous les symptômes auto-
ritaires habituels : Boris Johnson entretient
une rhétorique glaçante opposant ses fidèles
aux traîtres et prépare une purge stalinienne
au sein des tories, tandis que son homme de
main et conseiller spécial du gouvernement,
Boris Johnson entretient
une rhétorique glaçante
opposant ses fidèles aux
traîtres et prépare une
purge stalinienne au sein
des tories.
Dominic Cummings, « psychopathe profes-
sionnel » selon David Cameron, fait régner la
terreur dans les équipes gouvernementales.
L’impact économique du Brexit me sem-
ble secondaire par rapport à la révolution
politique en cours. Dans un pays sans Consti-
tution formelle, où l’Etat de droit dépend du
respect des conventions et de l’équilibre fra-
gile des pouvoirs, chaque passage en force
crée un précédent, menaçant de dérégler la
plus vieille démocratie parlementaire au
monde, et ce quelle que soit l’issue du Brexit.
D’un côté des dictatures qui se durcissent,
de l’autre des démocraties qui perdent leurs
valeurs. C’est un cycle familier : au IIe siècle
avant notre ère, Polybe décrivait déjà le mou-
vement de corruption naturel par lequel
l’autocratie se mue en tyrannie et la démo-
cratie, gouvernement du peuple, en ochlo-
cratie, règne de la foule et de ses tribuns sans
scrupule. Ce qui est nouveau, c’est la coordi-
nation de ce cycle au niveau mondial. Bonne
rentrée dans la mondialisation hargneuse.
Gaspard Koenig est philosophe et
président du think tank GénérationLibre.

12 // IDEES & DEBATS
art&culture
CINÉMA // Le Festival du cinéma américain de Deauville a révélé de nombreux talents,
célébrés ensuite à Cannes ou aux Oscars. On célèbre aussi les 10 ans de l’apparition d’une section
réservée aux séries, désormais incontournable.
Deauville, Saison 45 : moteur !
Robert Mitchum pose sur la terrasse du casino de Deauville, en septembre 1989. Photo Mychele Daniau/AFP
Thierry Gandillot
@thgandillot
A
chaque femme correspond un
séducteur. Son bonheur, c’est
seulement de le trouver. Alors
peut-être qu’entre Deauville et le cinéma
s’ouvrira cette séduction. » Tels sont les
mots qui viennent à l’esprit du maire de
Deauville, Michel d’Ornano, pour lancer
la première édition du Festival du
cinéma américain en ce mois de sep-
tembre 1975. L’idée de cette manifesta-
tion revient au journaliste et producteur
de télévision André Halimi et au publici-
taire Lionel Chouchan, fondateur deux
ans plus tôt du Festival d’Avoriaz. Ils sont
épaulés financièrement par le groupe
hôtelier de Lucien Barrière et la ville.
Cette année-là, les studios américains
poussent deux superproductions :
« Antoine et Cléopâtre » de et avec Charl-
ton Heston et « Nashville » de Robert Alt-
man. A quoi on ajoutera le documen-
taire de Howard Alk « Janis », consacré à
Janis Joplin, décédée, à 27 ans, cinq ans
plus tôt. Autant dire, le grand écart. Dans
les rues, on peut croiser Michèle Mercier
Un marathon « Game of Thrones »
Cela fait dix ans que les séries
ont fait leur entrée au Festival
du cinéma américain de
Deauville. Pour marquer
le coup, les huit saisons de
« Game of Thrones » seront
projetées sur grand écran.
Avec, en bonus, la présence
de l’actrice Sophie Turner.
Fanny Guyomard
@FannyGuyomard
Soixante-treize épisodes et presque
autant d’heures à visionner en sept jours
top chrono. C’est le marathon que lance
le Festival du cinéma américain de
Deauville pour fêter les dix ans d’entrée
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ou Marie-José Nat. Des CINÉMA Tom Cruise, Sharon
cow-boys et des Indiens Festival du cinéma Stone, Al Pacino, Julia
américain de
déguisés et maquillés, à Roberts, Nicole Kid-
cheval ou dans des cha- Deauville man, Jessica Chastain,
riots de la conquête de Du 6 au 15 septembre. CID Meryl Streep…. On ne
l’Ouest. Mais, à peine né, Deauville. www.festival- peut les citer tous, ni
les critiques fusent. On deauville.com toutes. Bruno Barde, le
déplore l’absence de directeur du Public Sys-
compétition entre les films ; on reproche tème Cinéma, qui organise la manifesta-
aux studios américains de se servir de tion, se souvient avec émotion de quel-
Deauville comme d’un tremplin pour ques séquences.
faire la promotion des films qui sortiront « Un soir, Clint Eastwood m’a demandé
bientôt dans les salles françaises. s’il pouvait rentrer discrètement dans une
loge du balcon à la fin de son film “Sur la
Clint Eastwood en habitué route de Madison” pour voir les réactions
Les stars américaines sont d’abord du public. Soudain, quelqu’un a remarqué
venues timidement fouler les planches sa présence et il y eut une formidable et
ou dévoiler leur nom peint sur les barriè- interminable standing ovation. Il était
res des cabines de bain. Les premiers, en incroyablement ému. Une autre fois nous
1977, furent le vétéran Gregory Peck et le sommes allés chercher à l’aérodrome Syd-
jeune Harrison Ford (qui reviendra sept ney Pollack, qui pilotait lui-même son
fois, la dernière en 2009). Parmi les habi- avion. Il est sorti juste avec son étui à smo-
tués de Deauville, Clint Eastwood et king à la main et on l’a accompagné à son
Michael Douglas (4), John Travolta et hôtel… »
Robert De Niro (3), George Clooney et En 1995, il y a un quart de siècle, sous
Kirk Douglas (2). D’autres stars ont brillé l’impulsion de Bruno Barde, le festival
dans le ciel normand : Burt Lancaster, prend un virage stratégique. Même si les
Liz Taylor, Bette Davis, Robert Mitchum, majors sont toujours invitées à montrer
de la série au festival. Et SÉRIES daire du cinéma et la
pour souffler ces bou- Game of Thrones série s’arrête là. Compo-
gies, il fallait, explique le Au Festival du cinéma sition à partir de scènes
directeur Bruno Barde, américain de Deauville et de séquences et non
une œuvre à l’image de Du 7 au 14 septembre. en plans, dépendance à
l’art, cette chose hors Entrée gratuite la musique contre con-
limites. Le choix a été fiance donnée au
rapide : « Game of Thrones ». Car silence… autant de données qui distin-
« Game of Thrones » n’est pas qu’une guent les deux arts audiovisuels, selon le
série raflant les récompenses – 47 Emmy directeur. « La série n’est ni mieux ni
Awards, un record. C’est un phénomène moins bien », précise-t-il, en vantant les
mondial, capable de soulever des hordes séries « Tchernobyl », « Euphoria » ou
de fans, qui se lèvent la nuit pour dévorer « Big Little Lies ». Mais celui qui regarde
le dernier épisode. Un succès que Bruno plus de 1.000 films par an nuance :
Barde attribue à ce qui a fait le succès de « Depuis que le cinéma existe, rien ne lui a
« Star Wars » : toucher au mythe de volé la vedette ! » Alors si le festival donne
l’homme, au récit de sa chute. ses lettres de noblesse à « Game of Thro-
Le rapprochement entre le film légen- nes » en la projetant sur grand écran, la
leurs production, l’accent est mis sur le
cinéma indépendant. Surtout, une com-
pétition est organisée avec un grand prix
décerné par un jury prestigieux. Cette
année, c’est Catherine Deneuve qui pré-
side. De nombreux cinéastes ont été
révélés à Deauville, que l’on retrouvera à
Cannes, Berlin, Venise ou aux Oscars :
Tom DiCillo (« Ça tourne à Manhattan »),
Jonathan Nossiter (« Sunday »), Spike
Jonze (« Dans la peau de John Malko-
vich »), John Cameron Mitchell (« Hed-
wig and the Angry Inch »), Paul Haggis
(« Collision »), Jonathan Dayton et Vale-
rie Faris (« Little Miss Sunshine »), Jeff
Nichols (« Take Shelter »), Benh Zeitlin
(« Les Bêtes du Sud sauvage »), Damien
Chazelle (« Whiplash », le film qui pré-
cède « La La Land »), Ira Sachs (« Broo-
klyn Village »), Chloé Zhao (« The
Rider »). En 1998, Barde lance Les Docs
de l’Oncle Sam, puis, en 2010, Deauville
Saison, qui fête donc sa dixième édition
(voir ci-dessous). Le succès est tel que le
festival, qui ne durait que deux week-
ends, se déroule désormais sur dix jours.
Et maintenant, comme disent les Améri-
cains : « Action ! » n
série ne concurrence en rien le septième
art. « Prenez l’exemple d’ “Avengers Infi-
nity War”, remarque Bruno Barde. Ça a
fait un carton, plus qu’ “Avatar”, et à l’épo-
que d’ “Avatar” il n’y avait pas Netflix ! Les
gens sont boulimiques. Rien ne remplace
rien, les choses existent côte à côte. »
C’est ainsi que l’actrice Sophie Tur-
ner, qui joue Sansa Stark dans « Game
of Thrones », viendra sur le tapis rouge
présenter le long-métrage « Heavy », où
elle joue une toxicomane. Ce sera un des
plans mémorables de ce festival, cons-
truit un peu comme un film, avec un
scénario en partie écrit et d’imprévisi-
bles scènes, relevant du talent des
acteurs. A moins que ce ne soit comme
une série, on ne sait plus trop. n
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
« Festen » de famille
LA
CHRONIQUE
de Thierry Gandillot
O n le sait depuis le terrifiant « Festen » de
Thomas Vinterberg, il faut se méfier des
fêtes de famille. Comme si elle voulait
conjurer le sort, Andréa (Catherine Deneuve)
annonce d’emblée : « Aujourd’hui, c’est mon
anniversaire et j’aimerais qu’on parle de choses
joyeuses. » Mais « les choses » ne vont pas se
passer comme prévu. Ils sont venus, ils sont
(presque) tous là. Romain, Vincent, Emma,
Marie… Tout commence dans la joie et la bonne
humeur, même si on ressent une certaine
électricité dans l’air. On dresse la table sous les
pommiers de la vieille demeure un peu défraîchie,
ce qui laisse supposer qu’Andréa et son époux, s’ils
ont eu du bien, ne nagent plus dans l’opulence. La
cuisine est en surchauffe, guirlandes et lampions
sont déroulés. Les enfants courent partout dans
un joyeux désordre et préparent une petite pièce
de théâtre autour de quelques hauts faits
familiaux.
Vincent (Cédric Kahn lui-même), l’un des fils
d’Andréa, fait un peu la police – c’est dans son
caractère, abrupt et directif. Lui, il a réussi comme
en témoigne sa belle voiture. Il est d’évidence le
pilier de cette smala par ailleurs un peu fantasque,
rôle qu’il assume parfaitement. A l’inverse, Romain
(Vincent Macaigne) est le chien fou de la famille. Il
est là avec sa nouvelle copine sud-américaine
Rosita dont il partage le goût pour les substances
illicites, ce qui va provoquer quelques
carambolages. Romain est arrivé caméra au poing
et ne cesse de filmer, prétendument pour un
documentaire qu’une chaîne de télévision lui a
commandé. C’est pour le moins intrusif, ça intrigue,
ça agace. On comprendra peu à peu que son geste
n’est pas anodin ; il a une idée derrière la tête.
Crescendo narratif
Dans le Cluedo familial qui se met en place, il
manque une carte : Claire (Emmanuelle Bercot).
Elle a disparu de la circulation, à New York,
depuis un moment, laissant sa fille en France, et
on ne l’attend pas. Quand elle débarque à
l’improviste, avec toutes ses affaires, ce n’est pas
exactement pour souffler les bougies d’Andréa
dans la joie et la bonne humeur. On n’en dira pas
plus. Cédric Kahn signe une tragi-comédie qui
respecte les trois règles de l’unité de temps (une
journée), de lieu (la maison) et d’action
(l’anniversaire). Le crescendo narratif
fonctionne à merveille, servi par une pléiade
d’acteurs et d’actrices impeccables, Catherine
Deneuve en tête. Cédric Kahn signe là l’un de ses
films les plus personnels, peut-être son meilleur.
Fête de famille, de Cédric Kahn, avec Catherine
Deneuve, Emmanuelle Bercot, Vincent Macaigne,
Cédric Kahn… 1 h 35.
Film en bref
FILM D’ANIMATION
Les Hirondelles
de Kaboul
de Zabou Breitman
et Eléa Gobbé-Mévellec.
Avec les voix de Simon
Abkarian, Zita Hanrot,
Hiam Abbass… 1 h 21.
•lesLatalibans
fin des années 1990, en Afghanistan, alors que
imposent à la population un cortège inin-
terrompu d’horreurs. Dans un Kaboul dévasté, Moh-
sen et Zunaira, un jeune couple d’intellectuels, ten-
tent de résister à l’abjection… Zabou Breitman n’aime
rien tant que changer de registre. Après avoir signé
plusieurs films convaincants – « Se souvenir des bel-
les choses », « No et moi » –, la réalisatrice adapte
aujourd’hui un roman de l’écrivain algérien Yasmina
Khadra et opte pour… le cinéma d’animation.
Dans « Les Hirondelles de Kaboul », Zabou Breit-
man, épaulée par une jeune cinéaste spécialisée dans
le genre, Eléa Gobbé-Mévellec, reste fidèle à l’esprit
du livre de Khadra et, avec une infinie délicatesse,
retrace l’histoire bouleversante de plusieurs person-
nages confrontés à l’abomination de leur temps. Des-
siné et mis en scène avec une douceur qui tranche
avec la violence des événements racontés, le film
entraîne le spectateur dans son récit émouvant et,
sans surenchères, dresse un plaidoyer à la fois sensi-
ble et puissant contre l’obscurantisme religieux.
—Olivier de Bruyn

Les Echos Mercredi 4 septembre 2019
enquête
Etienne Lefebvre
@e_lefebvre
L undi 26 août. Emmanuel Macron
enchaîne les gammes au JT de
France 2 quand tout à coup : « Je pré-
fère trouver un accord sur la durée de cotisa-
tion plutôt que sur l’âge de départ à la
retraite », lâche-t-il. C’est peu dire que la
surprise est totale : du haut-commissaire
Jean-Paul Delevoye, entré ce mercredi au
gouvernement, aux syndicalistes en pas-
sant par les ministres, personne n’est au
courant. « Je l’ai appris par les SMS de jour-
nalistes qui me demandaient de réagir »,
raconte Frédéric Sève, le « monsieur
Retraites » de la CFDT. Au haut-commissa-
riat, le lendemain, c’est la sidération. Moins
d’un mois plus tôt, le passage à 64 ans de
l’âge de la retraite à taux plein avait été
quasi acté. Toutes les cartes sont rebattues.
Retour sur un débat piégeux qui dure
depuis près d’un an.
•LE8COUP
OCTOBRE 2018 :
DE TONNERRE
En ce début d’automne, les « gilets jaunes »
n’ont pas encore envahi les ronds-points. A
deux jours de la reprise des discussions avec
les partenaires sociaux sur les retraites,
« Les Echos » titrent : « Un âge pivot à
l’étude pour retarder les départs en
retraite ». L’émoi est immédiat. Si la CGT et
FO poussent les hauts cris attendus, la
CFDT, qui plaide depuis dix ans pour un
régime universel à la Macron, frappe fort,
elle aussi : « Tous ceux qui ont dans la tête un
élément paramétrique – jouer sur l’âge pour
cette réforme – auront l’opposition de la
CFDT. C’est clair et net », réagit Laurent Ber-
ger. Jean-Paul Delevoye calme le jeu pour
garder ses interlocuteurs autour de la table.
Il assure qu’il n’est nullement question de
retenir cette option, dont lui-même ne veut
d’ailleurs pas à l’époque.
• LA VRAIE GENÈSE
En réalité, la genèse de l’âge pivot est plus
ancienne. L’idée est poussée début 2018 par
la Direction de la recherche, des études, de
l’évaluation et des statistiques (DREES),
administration clef des ministères sociaux.
Elle alerte Matignon et le haut-commissa-
riat sur le risque de voir les salariés partir
massivement dès 62 ans lors de la mise en
œuvre de la réforme. Ce qui serait l’inverse
du résultat recherché, alors qu’aujourd’hui,
l’âge moyen de départ atteint 63 ans et demi
(hors retraites anticipées). Avec la dispari-
tion de la durée de cotisation minimale
pour obtenir une retraite à taux plein, les
comportements pourraient, en effet, chan-
ger brutalement. D’où la proposition d’un
« âge pivot » à 63 ou 64 ans. Ceux qui parti-
raient avant subiraient une décote même
s’ils ont beaucoup cotisé. Ceux qui parti-
raient après auraient un bonus. Avantage :
l’âge légal reste fixé à 62 ans, comme promis
par Emmanuel Macron.
• LES PETITS PAS DE DELEVOYE
Après le clash d’octobre, les équipes de Jean-
Paul Delevoye remettent l’ouvrage sur le
métier en janvier. Avec d’autant plus de pru-
dence que la situation sociale reste haute-
ment inflammable. Un document de travail
soumis aux syndicats propose des « coeffi-
cients majorants » pour les salariés prolon-
geant leur activité au-delà de 62 ans, jusqu’à
un âge de référence non précisé. Bref, des
surcotes mais pas de décotes. Les syndicats
restent mesurés. L’attention est focalisée sur
le grand débat national lancé par Emma-
nuel Macron. Les retraites attendront.
• BUZYN RALLUME LA MÈCHE
La température remonte brutalement mi-
mars. L’identité de l’incendiaire est inatten-
due : Agnès Buzyn, figure du pôle social de
l’exécutif, se dit favorable « à titre person-
nel » à un relèvement de l’âge légal de la
retraite. Interrogée sur RTL, la ministre des
Solidarités s’est, en fait, emmêlé les pin-
ceaux, pensant évoquer la hausse de l’âge
effectif de départ. Mais le coup est parti. Et
dans cette période de flottement où la majo-
rité est suspendue aux arbitrages post-
grand débat d’Emmanuel Macron, chacun
pousse ses pions. A Bercy, Gérald Darma-
nin et Bruno Le Maire enfoncent le clou sur
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Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, entré ce mercredi au gouvernement, et Emmanuel Macron.
Retraites : l’âge maudit
RÉFORME // Depuis un an, le gouvernement cherchait à imposer un « âge pivot »
à 64 ans pour inciter à travailler au-delà de l’âge légal de 62 ans.
Jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron y renonce, la semaine dernière. Alors que la concertation
reprend ce jeudi à Matignon, plongée dans les coulisses d’un revirement spectaculaire.
l’âge de la retraite, alors même qu’Agnès
Buzyn (jugée « très courageuse » par le
ministre des Comptes publics) rétropédale.
Age légal, âge pivot, la cacophonie est totale,
la remise en question des 35 heures revient
même dans le débat ! « Personne ne savait ce
que le président allait décider, on était dans le
flou complet », rappelle un conseiller.
• LES « CONS DE MATIGNON »
Pour ne rien arranger, l’exécutif met en
avant les besoins de financement de la
dépendance pour justifier l’irruption sou-
daine du « travailler plus ». Les deux réfor-
mes se télescopent. Jean-Paul Delevoye ful-
mine « contre les cons de Matignon » (il ne
démentira pas cet écho paru dans « Le
Canard enchaîné ») et met sa démission
dans la balance. « Ça a vraiment chauffé avec
Matignon, où certains ne voulaient pas et ne
veulent toujours pas de la réforme », affirme
un député de la majorité. De fait, la réforme
des retraites est alors en grand danger.
•DELECOTISATION
RETOUR DE LA DURÉE
Des garanties sont finalement données par
Edouard Philippe lui-même à Jean-Paul
Delevoye, le 3 avril, sur le maintien des
62 ans. Mais le haut-commissaire reste à
cran. Un départ du grand manitou de la
concertation serait catastrophique, il faut
donc y aller avec des pincettes. D’autant
qu’un autre front s’est ouvert avec les dépu-
tés de l’aile gauche de la majorité, excédés
par ces polémiques « droitières ». On
recherche donc d’autres leviers, plus soft,
pour inciter à travailler plus tard. Seule
alternative : la durée de cotisation. Une piste
qui fuite opportunément dans les médias,
sans faire de vagues cette fois.
« Il y a toujours eu deux écoles au sein du
gouvernement, les partisans d’un âge pivot, à
64 ans, et ceux préférant le maintien d’une
durée de cotisation minimale », souligne un
conseiller du président. Cette dernière
option présente bien des avantages politi-
ques : elle ne requiert pas de référence nou-
velle à l’âge, et les Français y sont habitués.
Beaucoup ont intégré le fait que même si
l’âge légal est fixé à 62 ans, ils devront aller
au-delà pour avoir le nombre de trimestres
requis. En revanche, le critère de durée colle
moins à la logique du système par points. Et
il pénalise les personnes aux carrières heur-
tées, en particulier les femmes, souvent
obligées de travailler jusqu’à 67 ans pour
éviter toute pénalité… « L’option durée est
alors remisée, mais pas évacuée », explique
un artisan de la réforme.
• LE DEAL MACRON-DELEVOYE
C’est quelques jours avant la conférence de
presse post-grand débat d’Emmanuel
Macron, le 25 avril, que se noue un épisode
clef : le chef de l’Etat assure au haut-com-
missaire que la réforme se fera. En échange,
Jean-Paul Delevoye endosse les 64 ans. Le
24 avril, ce dernier lâche publiquement :
« Notre engagement est de préserver la liberté
de partir à 62 ans, tout en sachant que l’inté-
rêt de l’équilibre du système est que vous par-
tiez de préférence à 63 ans, 64 ans, d’où les
idées de surcote et de décote. » Le lendemain,
Emmanuel Macron détaille ses mesures
sociales (réindexation des retraites de
moins de 2.000 euros, garantie d’une
retraite à 1.000 euros minimum pour les
carrières complètes, etc.) tout en donnant le
« go » à la réforme systémique. Le rapport
Delevoye est promis pour juillet. Pendant
deux mois, les « technos » vont turbiner.
• LA BATAILLE DES ÉCONOMIES
Mais les secousses recommencent, car la
chasse aux économies est ouverte. La faute
aux mesures post-« gilets jaunes », très coû-
teuses, et à des prévisions financières plus
pessimistes pour les retraites. Bercy cher-
che 10 milliards d’économies sur la sphère
sociale, à horizon 2022. Les retraites sont en
première ligne. Avec deux pistes : accélérer
l’augmentation de la durée de cotisation,
qui doit passer de 41,5 ans aujourd’hui à
43 ans d’ici à 2035, ou introduire dès l’année
prochaine le fameux âge pivot. « Voire les
deux en même temps ! » s’étrangle un syndi-
caliste. Jean-Paul Delevoye se fâche de nou-
veau – cela reviendrait à saboter son chan-
tier, assène-t-il –, et la CFDT met tout son
poids dans la balance : si une mesure para-
métrique est prise dans le budget 2020, la
réforme se fera sans nous, prévient Laurent
Berger, qui a déjà « les nerfs » après les cou-
pes sévères sur l’assurance-chômage.
• LA VOIE EST DÉGAGÉE
Dans les réunions à Matignon avec les
ministres concernés, il n’y a pas grand
monde pour assumer un serrage de vis
immédiat… Emmanuel Macron tranche
une semaine avant la présentation du rap-
port Delevoye : il n’y aura pas d’économies
en 2020. La voie est dégagée pour le haut-
commissaire. Mais l’objectif de ramener les
comptes à l’équilibre en 2025 demeure, et il
est lourd de conséquences futures.
• L’AVERTISSEMENT DE LA CFDT
Emmanuel Macron rencontre Laurent Ber-
ger en toute discrétion peu avant la sortie du
rapport. Le syndicaliste prévient : il dira
haut et fort son opposition à l’âge pivot à
64 ans (une mesure « totalement stupide »,
clamera-t-il ensuite). Et rappelle l’attache-
ment historique de la CFDT au critère de
durée de cotisation. A l’Elysée, on prend
bonne note.
// 13
Photo Damien Meyer/AFP
• ÂGE PIVOT, ÂGE D’ÉQUILIBRE,
ÂGE DU TAUX PLEIN
Le jeudi 18 juillet, c’est un Jean-Paul Dele-
voye fringant qui monte les marches de
l’hôtel Matignon avec son rapport de
132 pages sous le bras. Il n’est plus ques-
tion d’âge pivot, ni d’âge d’équilibre (autre
terme testé au printemps) mais d’« âge du
taux plein » à 64 ans. Pourquoi ce nouveau
vocable ? Il renvoie à la signification
actuelle : on obtient une retraite sans
pénalité (à taux plein) quand on a suffi-
samment cotisé ou au plus tard à 67 ans.
« L’idée est de montrer qu’avec la réforme
on ne passe pas l’âge de la retraite de 62 à
64 ans, mais que, au contraire, on va per-
mettre à beaucoup de salariés de partir trois
ans plus tôt », explique l’un des rédacteurs.
Rendez-vous est donné en septembre
pour la nouvelle phase de concertation
avec les partenaires sociaux. C’est sans
compter sur Emmanuel Macron, qui
enterre quasiment les 64 ans, le 26 août,
dix jours avant les rencontres à Matignon.
« On voit bien que cet âge pivot n’est pas bien
compris, c’est le seul argument des oppo-
sants à la réforme qui prend vraiment »,
justifie-t-on le lendemain, à l’Elysée.
• ET MAINTENANT ?
Après la bombe post-G7, les communicants
du gouvernement, au premier rang des-
quels Sibeth Ndiaye, temporisent : « Le chef
de l’Etat n’a pas écarté l’âge pivot, il a ouvert le
jeu avec la durée de cotisation. » Mais en
jugeant ce critère plus juste, il l’a plutôt
fermé. La CFDT savoure sa victoire, avec
prudence. Car le président a répété que le
système devrait être équilibré en 2025. Et,
sans mesure paramétrique, c’est impossi-
ble. En outre, les partisans des 64 ans res-
tent en embuscade. L’acte II de la concerta-
tion, qui démarre ce jeudi à Matignon,
promet d’être tout aussi sportif. n
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« Trottinettes » par Jonathan Sobel pour « Les Echos ». En partenariat avec les Beaux-Arts de Paris

DERNIÈRE HEURE

Un pochoir de Le capitaine du Pologne : l’opposition Afrique du Sud : le

Banksy volé à Paris FC Nantes transféré veut une femme cheffe président condamne
L’ÉDITORIAL à Marseille du gouvernement la xénophobie
' CULTURE – Le Centre
DES « ÉCHOS »
' ' '
Pompidou a porté plainte FOOTBALL – Le mercato ÉLECTIONS – La principale VIOLENCES – Cinq
mardi après avoir « constaté estival avait été rythmé par force d’opposition polonaise personnes ont été tuées
Quand la réforme le vol » d’une œuvre du célèbre
street-artist Banksy, « réalisée sur
la « telenovela » Neymar, il
s’est terminé, mardi, par le dernier
a désigné, mardi, l’ex-prési-
dente du Parlement, Malgorzata
dans les violences
xénophobes qui secouent l’Afrique
de l’Etat paie l’envers du panneau d’entrée » de
son parking souterrain. L’œuvre
épisode du feuilleton. Valentin
Rongier, le capitaine du FC Nantes,
Kidawa-Blonska, candidate au
poste de Premier ministre, dans
du Sud depuis dimanche, et près
de 200 autres arrêtées dans
représente un rat au museau étant finalement transféré une tentative d’arracher aux con- ces attaques et pillages jugés
Qu’on se le dise, l’acte II du quinquennat sera plus social, masqué brandissant un crayon. à l’Olympique de Marseille, servateurs nationalistes la victoire « totalement inacceptables » par
fondé sur la « bienveillance » et l’« humilité ». C’est Le pochoir « était apparu le 25 juin comme joker. La vente du jeune aux législatives du 13 octobre. le président sud-africain, Cyril
le discours martelé par l’exécutif, qui entend en faire 2018 » et avait été « revendiqué le milieu de terrain français (24 ans), Cette annonce surprise a été faite Ramaphosa. « Il ne peut y avoir
la pédagogie lors du séminaire de rentrée du lendemain sur le compte Instagram qui souhaitait partir à l’OM, par le chef du parti centriste Plate- aucune justification pour qu’un
gouvernement, ce mercredi. Consigne est donnée aux de l’artiste ». Une première tentative devrait rapporter au club nantais forme civique (PO), un des diri- Sud-Africain s’en prenne à des gens
ministres de faire baisser la température partout où de dégradation ou de vol avait été 13 millions d’euros, plus 2 millions geants d’une coalition électorale d’autres pays », a insisté le prési-
couve le feu de la contestation : grèves aux urgences, interrompue en 2018. Des œuvres de bonus et un pourcentage non (KO) regroupant plusieurs mouve- dent de la « nation arc-en-ciel »
tensions sur la réforme du lycée, violences du mystérieux artiste britannique précisé en cas de revente future du ments opposés au parti nationa- rêvée par son prédécesseur et
conjugales, etc. L’entrée au gouvernement de Jean-Paul sont régulièrement dérobées. joueur par Marseille. liste Droit et Justice (PiS). mentor, Nelson Mandela.
Delevoye pour mettre en œuvre la réforme des retraites
se veut aussi un signal : le haut-commissaire est un
apôtre de la concertation. Est-ce à dire que toute velléité LA PHOTO DU JOUR
de mener des réformes impopulaires d’ici à 2022 serait
désormais vouée à l’échec ? Ce serait une grave erreur.
Les décisions prises sur l’indemnisation du chômage
montrent que l’Etat, quand il a donné sa chance au
préalable à la négociation, est légitime pour revoir des
règles inefficaces et coûteuses.
Les réformes en cours à Bercy
démontrent également que des
gisements d’économies
importants sont à portée de
main dans la sphère publique.
A condition de mener les
chantiers de transformation
nécessaires : déclaration
Par Etienne préremplie puis prélèvement
Lefebvre à la source de l’impôt sur
le revenu, réorganisation
Il est géographique des trésoreries,
possible de meilleur ciblage du contrôle
fiscal, etc. Le gouvernement
supprimer accélère la réforme du
des postes recouvrement des impôts et des
dans la cotisations, avec une idée
simple : concentrer la collecte
fonction au sein de la Direction générale
publique des finances publiques, dont
sans altérer c’est le cœur de métier, plutôt
que de continuer à voir d’autres
la qualité de administrations de Bercy
service. (comme les Douanes) ou
d’autres ministères (la DGAC
pour les taxes aéroportuaires, par exemple) prélever
taxes et impôts. Pour les entreprises, c’est aussi un enjeu
de simplification : il est préférable d’avoir, côté Etat, un
interlocuteur unique. A terme, cette logique devra
mener à des rapprochements entre Urssaf et DGFiP.
Grâce à toutes ces réformes, quelque 10.000 postes
de fonctionnaires vont être supprimés dans les
administrations de Bercy au cours du quinquennat.
Tout en maintenant une présence importante au
niveau local. Là, c’est la logique des mutualisations, via
les maisons de service au public, qui doit prévaloir.
Preuve est ainsi faite que la réforme de l’Etat peut payer,
même si elle suscite des tensions sociales aux Douanes CYCLONE L’ouragan Dorian, qui a fait au moins cinq morts dans l’archipel des Bahamas (photo), a perdu en intensité, mardi, mais s’est étendu sur une plus grande
et à la DGFiP. Cette ambition de transformation devrait superficie à son approche des côtes de la Floride. Dorian était désormais classé en catégorie 3 sur l’échelle de Saffir-Simpson (qui compte cinq degrés), avec des vents
être davantage poussée et revendiquée par le soutenus atteignant les 185 km/h, soit nettement moins que lorsqu’il a touché terre dimanche dans le nord des Bahamas. Classé en catégorie 5, il s’est alors inscrit
gouvernement dans l’ensemble de la sphère publique, parmi les cyclones les plus puissants jamais enregistrés dans l’Atlantique. Photo via Reuters
où les gains potentiels liés à la numérisation des
services restent, notamment, considérables.

( Lire nos informations

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n n n J n
CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT) Mercredi 4 septembre 2019
5.466,07 points 26.094,06 points 1,0966 $ 1.537,85 € 57,71 $ www.lesechos.fr
-0,491 % -1,1711 % -2,8539 % 0,7798 % -1,5356 %

DEVISES EUR/GBP 0,9073 EUR/JPY 1,1611 EUR/CHF 1,0827 GBP/USD 1,2086 USD/JPY 1,0589 USD/CHF 0,9873 TAUX EONIA -0,359 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,436 OAT 10 ANS -0,4401 T-BONDS 10 ANS 1,5322

La France met l’exception culturelle Gaz : la

à l’heure de Netflix
AUDIOVISUEL
Marina Alcaraz
@marina_alcaraz
L’étau se resserre sur les plates-formes
comme Netflix, Amazon Prime Video
ou encore, demain, Disney+. Alors que
les obligations des chaînes de télévision tra-
ditionnelles ont été assouplies (sur la publi-
cité ou les jours interdits de cinéma, par
exemple) pour permettre aux « champions
français » de rivaliser avec les acteurs mon-
diaux, la grande réforme audiovisuelle
impose, en même temps, de nouvelles obli-
gations aux acteurs de la SVoD (service de
vidéo à la demande par abonnement).
« C’est une révolution », a martelé Franck
Riester, devant l’Association des journalistes
médias mardi. Par exemple, dans le finance-
ment de la création, les plates-formes
devront au minimum investir 16 % de leur
chiffre d’affaires en France dans la produc-
tion d’œuvres françaises et européennes
dans le cadre de la directive sur les services de
médias audiovisuels. Ce chiffre est « un plan-
cher ». Des plates-formes très axées sur la fic-
tion pourraient ainsi investir davantage dans
la création que certaines chaînes hertzien-
nes, pour préserver l’exception culturelle.
« Ce sera une source de richesse pour la pro-
duction », a plaidé le ministre de la Culture.
Selon le bilan du Centre national du cinéma
et de l’image animée, le chiffre d’affaires
de Netflix et consorts devrait être proche de
500 millions d’euros en France, en 2018, soit,
sur la base de 16 %, environ 80 millions
d’euros de financement possible. « C’est
davantage que ce qu’elles investissent, estimé à
environ une cinquantaine de millions d’euros
en France en production originale », juge un
bon connaisseur. Le montant et le type de
financement seront précisés dans les con-
ventions que signeront les plates-formes
avec le nouveau régulateur élargi. Franck
Riester a confirmé la fusion du CSA (Conseil
supérieur de l’audiovisuel) et d’Hadopi pour
Papouasie-NG
donne son feu
vert à un projet
de Total et Exxon
ÉNERGIE
Enrique Moreira avec agences
Le projet de gaz naturel liquéfié (GNL)
de Papouasie à 13 milliards de dollars va
enfin pouvoir reprendre, avec plusieurs
mois de retard. « Le gouvernement a
désormais donné son feu vert à Total
pour avancer », a annoncé dans un com-
muniqué le ministère du Pétrole de
Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Le projet, intitulé « Papua LNG », est
doté « d’une capacité de 5,4 millions de
tonnes par an […] et permettra d’exploiter
des ressources gazières de plus de 1 mil-
liard de barils équivalent pétrole », pré-
cise Total sur son site Internet. Cela doit
permettre au pays de doubler ses expor-
tations de GNL, ce qui en ferait un
acteur international majeur.
« Maximiser les bénéfices »
Ce projet, porté par le pétrolier français,
Franck Riester l’américain ExxonMobil et l’australien
a présenté les Oil Search – conclu en avril 2019 –, était
grandes lignes en suspens depuis l’arrivée au pouvoir,
de sa réforme en mai, de James Marape. Tout juste
à la presse élu, le nouveau Premier ministre de
mardi. Photo Papouasie avait promis de modifier une
Hamilton/RÉA loi jugée trop favorable aux entreprises
étrangères exploitant les ressources
former une grande autorité de régulation prévoit une alternative avec une définition Pour faire respecter les nouvelles règles, le
qui va changer de nom. plus stricte de la production indépendante gouvernement est prêt à aller loin. Un non- Le projet Papua LNG
(avec des producteurs ayant davantage de respect pourra entraîner des sanctions doit permettre au pays
De nouvelles contraintes droits) et un quota relevé pour les chaînes en pécuniaires et, dans le pire des cas, une rési- de doubler ses
pour les plates-formes production dépendante (interne). « Or, le liation de la convention. Ces mesures posent
Autre contrainte pour les plates-formes : elles nœud du problème va porter sur ce point, les de nombreuses questions sur leur faisabilité,
exportations de GNL,
devront respecter les nouvelles règles qui plates-formes ayant l’habitude de travailler en mais, de l’avis de Franck Riester, les plates- ce qui en ferait un
seront établies sur le sujet épineux de la pro- gardant le maximum de droits sur les œuvres », formes sont « coopératives ». De son côté, Net- acteur international
duction. Le projet de loi et les décrets cher- dit un spécialiste. Le ministre estime parallè- flix reste relativement laconique indiquant
chent à favoriser les accords entre produc- lement que la chronologie des médias va être « accueillir favorablement la volonté du gou-
majeur.
teurs et diffuseurs, qui seront homologués revue. « Si les plates-formes sont vertueuses, vernement d’inventer un système équilibré en
par les pouvoirs publics. Toutefois, la réforme elles pourront avoir des avantages. » bonne intelligence avec tous les acteurs ». n naturelles du pays. Il honorait ainsi
une promesse de campagne.
James Marape souhaitait « maximi-

= LES ENTREPRISES ser les bénéfices » des richesses du pays,

CITÉES
l’essentiel Taylor Swift, la vedette l’un des plus pauvres d’Asie, mais possé-
dant plusieurs champs gaziers. Le PDG

d’Universal, cartonne en
de Total, Patrick Pouyanné, estimait
quant à lui que l’accord avait déjà été
Alrosa 20 Euro Techno Oh My Cream
PSA débauche Arnaud Deboeuf, négocié par l’ancien Premier ministre,

Chine avec son nouvel album

Altice 22 Com 22 20
Altiservice 25 Fast 24 OneWeb, 19 homme clef de Renault-Nissan Peter O’Neill. Celui-ci « a très bien
Amazon 19 Free 21 Orange 21 Directeur du CEO Office de l’Alliance défendu les intérêts de son pays », avait
Axione 22 Furla 20 PSA 17 depuis 2015, il était tombé en disgrâce déclaré le dirigeant du géant pétrolier
Bescent, 25 HSBC 28 RBS 28 depuis l’arrestation de son mentor Carlos français.
Bolloré Trans- Huya 22 Renault-Nissan
Ghosn. // P. 17 l’accent chinois cet été puisque Vivendi a
port & Logistics Ilek 25
Kamp’n 25
17 MUSIQUE décidé, courant août, d’ouvrir le capital de sa Pas de renégociation
24 Sanofi 32
Bouygues Kering 32 Sedelka 25 Free poursuit sa transition filiale à Tencent. Le groupe français, qui Finalement, après une rencontre avec
Telecom 21 Kuhn 24 SFR 21 dans la douleur Basile Dekonink compte vendre jusqu’à la moitié du capital les dirigeants de Total à Singapour le
Carlyle 22 L'Oréal 32 Socomac 24 Faute d’enrayer l’hémorragie de ses @Bdekonink du numéro un mondial de la musique, a mois dernier, le gouvernement de
De Beers 20 Lloyds Banking SpaceX 19 clients Free Mobile et Freebox, l’opéra- trouvé dans le propriétaire de WeChat un Papouasie-Nouvelle Guinée a renoncé
Devineau 25 Group 28 TDF 22
Edéis 24 Maison Berger Tesco Bank 28
teur vante l’amélioration des résultats, à Les Chinois sont « in love » avec Taylor Swift, premier partenaire, propriétaire de 10 % des à demander une renégociation du
Edenred 26 25 mesure que sa base migre vers des offres et cela fait les affaires d’Universal (UMG). parts au terme d’une opération valorisant contrat. Selon le ministre du Pétrole,
Engie 18 Mavive 20 plus chères. // P. 21 « Lover », le septième album de la chanteuse Universal 30 milliards d’euros, bien supé- Kerenga Kua, le pétrolier français s’est
ESL 22 Momo 22 américaine qui a signé en novembre chez la rieure aux estimations. toutefois engagé à préparer un plan
Checkmyguest explore filiale de Vivendi, a dépassé la semaine der- Tencent pourrait même doubler sa parti- détaillant les retombées du projet pour
une nouvelle opportunité nière le million de ventes (physique et strea- cipation à la faveur d’une option d’achat vala- les populations locales, mais aussi à
pour la location courte durée ming confondus) en Chine. Ce qui en fait ble un an. L’accord prévoit que le chinois ait négocier avec les parties souhaitant un
La start-up a levé 7 millions d’euros. Elle l’artiste internationale la plus populaire de la possibilité de monter sa participation à accès aux gazoducs, ou encore évaluer
aide les investisseurs à transformer des l’année. 20 % aux mêmes conditions, une opération le recours aux tankers du pétrolier
locaux commerciaux en location de La performance est d’autant plus mar- qui reste tributaire d’une « due diligence » public papouasien Kumul.
courte durée, dont elle assure ensuite la quante qu’aux Etats-Unis, le nouvel opus de (un audit complet des comptes), selon Total, pour sa part, s’est contenté
SUR gestion. // P. 23 Taylor Swift « plafonne » à 867.000 ven- Vivendi. de saluer la décision du gouvernement
tes − dont 679.000 en physique, le Tencent Music, la filiale du chinois dédiée d e Pa p o u a s ie - No u ve l l e - G u in é e
Concentration en vue format privilégié de la chanteuse au streaming musical, pourrait ainsi bénéfi- « d’honorer le contrat gazier ». « C’est un
dans la manutention − plus d’une semaine après sa cier « d’un bon prix pour diffuser le catalogue signe positif pour les investissements
portuaire sortie, le 23 août. Ce record chi- Universal », soulignait début août aux étrangers dans le pays », déclare le
Bolloré Transport & Logis- nois lui permet de cumuler « Echos » Thomas Singlehurst, analyste groupe français. La finalisation de
DANS tics cède ses activités en près de 3 millions de ventes au chez Citigroup. Les deux groupes « étudient l’accord Papua LNG permet dès lors
« LA CHRONIQUE
BOURSE » France au groupe breton niveau mondial, contre 1,6 mil- également en parallèle différents domaines de aux partenaires du projet de poursuivre
Shutterstock

À 13H ET 17H30 Kuhn. Le nouvel ensemble lion pour « Reputation », son coopération commerciale à caractère stratégi- les études d’ingénierie. Celles-ci
DU LUNDI AU VENDREDI couvrira la plupart des ports de précédent album sorti en 2017. que », indiquait Universal dans le communi- devraient conduire à une décision
commerce de l’Hexagone. // P. 25 Universal a décidément pris qué officialisant l’accord. n finale d’investissement en 2020. n

ENTREPRISES
Les ventes de joueurs de football
ont atteint un nouveau record en Europe
l Le marché d’été des transferts de joueurs de foot professionnels s’est achevé lundi à minuit.
l Animé par le feuilleton Neymar, la star brésilienne restant finalement au PSG, le mercato a généré
près de 6,6 milliards d’euros de vente dans le Top 5 des championnats européens. Soit deux fois plus qu’il y a cinq ans.
SPORT
Antoine Boudet
@Aboudet
Les arbres ne montent pas au ciel,
dit-on. La question pourrait donc
se poser assez vite de savoir si le
marché des transferts de joueurs
de football professionnels n’est pas
en train de constituer une bulle ? Et
si oui, quand pourrait-elle éclater ?
En attendant, le mercato d’été, qui
s’est achevé lundi à minuit (il l’était
depuis le 8 août en Angleterre et se
poursuit jusqu’au 22 septembre au
Portugal), a pulvérisé le record de
ventes de 4,6 milliards d’euros réa-
lisées dans le Top 5 des champion-
nats européens à l’été 2017, selon les
données du site spécialisé Trans-
fermarkt. Il avait été établi à la
faveur notamment du transfert du
Brésilien Neymar du FC Barcelone
au Paris Saint-Germain (PSG) pour
222 millions d’euros, transaction
qui reste à ce jour la plus élevée
pour un joueur de foot.
Transferts spectaculaires
Cette fois, le feuilleton Neymar qui
aura animé le mercato estival
autour d’un éventuel transfert de la
star brésilienne vers son ancien
club ou le rival Real Madrid s’est
terminé sur un statu quo, le joueur
restant finalement au PSG. Pour
autant, jamais les cinq grands
championnats européens n’auront
autant dépensé que pendant cet
été 2019. Transfermakt a compta-
bilisé pour 6,6 milliards d’euros de
ventes, soit plus du double que le
chiffre atteint il y a cinq ans. Pour
Bernard Caïazzo, président de Pre-
mière Ligue, organisation repré-
sentative des vingt clubs de la
Ligue 1, qui s’exprimait mardi
devant la presse, « par certains côtés
c’est indécent, mais c’est le marché
qui veut ça ».
A défaut d’une nouvelle transac-
tion record, ce mercato aura quand
même été marqué par plusieurs
transferts spectaculaires, à com-
mencer par le plus cher cette
fois-ci, à 126 millions d’euros, du
jeune attaquant portugais de
19 ans, Joao Félix, du Benfica Lis-
bonne à l’Atlético de Madrid. La
La Ligue 1 renforce son attractivité
Selon le président de
Première Ligue, Bernard
Caïazzo, la présence
confirmée de Neymar au
PSG, la venue de joueurs
étrangers ou encore
l’investissement d’un
milliardaire britannique
dans l’OGC Nice témoignent
de la bonne santé du
championnat français.
L’échec des négociations finales
entre le PSG et le FC Barcelone pour
un éventuel retour du Brésilien
Neymar dans son ancien club à
l’heure de la clôture du mercato
d’été lundi à minuit aura au moins
une vertu : celle de conserver dans
le championnat français l’un des
joueurs les plus talentueux et les
plus populaires au monde, à défaut
d’être toujours le plus performant.
Pour Bernard Caïazzo, le prési-
dent de Première Ligue, organisa-
tion représentative des vingt clubs
de Ligue 1, qui s’exprimait mardi
devant la presse, c’est une bonne
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
La Liga espagnole
truste les trois
transactions
les plus élevées
de cette saison.
Liga espagnole truste d’ailleurs les
trois transactions les plus élevées
de cette saison, avec celle d’Antoine
Griezmann de l’Atlético de Madrid
au FC Barcelone pour 120 millions
et celle d’Eden Hazard de Chelsea
au Real Madrid pour 100 millions.
Avec 1,3 milliard d’euros dépen-
sés, le championnat espagnol
talonne même la Premier League
nouvelle malgré le psychodrame
qui a entouré le sort de la star brési-
lienne. Celui qui est, par ailleurs,
copropriétaire et président de l’AS
Saint-Etienne veut croire que le
« Ney » saura à nouveau briller sur
les pelouses du championnat fran-
çais et de la Ligue des champions.
Le PSG très raisonnable
De la même manière, Bernard
Caïazzo se félicite de la venue au
PSG du gardien international costa-
ricain Keylor Navas et de l’attaquant
argentin Mauro Icardi, dernières
recrues du club de la capitale, resté
au demeurant très raisonnable à
l’achat lors de ce mercato. Le prési-
dent de Première Ligue se réjouit
aussi du rachat de l’OGC Nice par
Ineos, le groupe pétrochimique de
l’homme d’affaires britannique Jim
Ratcliffe. « Il faut être fier de voir un
milliardaire britannique investir
dans la Ligue 1. C’est positif à tout
point de vue », a-t-il souligné.
Pour Bernard Caïazzo, « notre
football connaît une évolution écono-
anglaise, néanmoins toujours soli-
dement accrochée à la première
place d’acheteur de joueurs,
avec un total de 1,5 milliard. La
Serie A italienne est du coup redes-
cendue sur la troisième marche du
podium, avec 1,18 milliard d’euros
dépensés contre 1,12 milliard un an
plus tôt. La Ligue 1 française a, elle,
été rétrogradée de la quatrième à la
cinquième, malgré des dépenses
passées de 588 à 670 millions. Car
les clubs de la Bundesliga alle-
mande ont cassé leur tirelire pour
acheter des joueurs… français.
Le transfert du champion du
monde Lucas Hernandez de l’Atlé-
tico de Madrid au Bayern Munich
pour 80 millions d’euros établit
ainsi un nouveau record sur le mar-
mique forte, avec quatre clubs affi-
chant un budget de dépenses supé-
rieur à 200 millions d’euros ». A
défaut de chiffres officiels, il estime
celui du PSG supérieur à 500 mil-
lions d’euros, celui de l’OL supé-
rieur à 300 millions, celui de
Monaco à environ 250 millions et
« Notre football
connaît une
évolution
économique forte,
avec quatre clubs
affichant un budget
de dépenses
supérieur à
200 millions. »
BERNARD CAÏAZZO
Président de Première Ligue
ché allemand. Mais les clubs
d’outre-Rhin ont aussi jeté leur
dévolu sur les jeunes joueurs pro-
venant de la pépinière française,
devenant leur deuxième destina-
tion après celle des clubs anglais.
Le championnat tricolore
vend plus qu’il n’achète
Cette capacité des clubs français à
sortir de leurs centres de formation
des footballeurs en devenir très vite
bien valorisés sur le marché per-
met d’ailleurs à la Ligue 1 d’être le
seul des grands championnats à
vendre plus qu’il n’achète. Des res-
sources bienvenues compte tenu
du différentiel de revenus sur les
droits télé, qui subsistera encore
jusqu’à l’année prochaine. n
celui de l’OM autour de 210 mil-
lions. L’OGC Nice, dont le budget
serait autour de 100 millions, pour-
rait rapidement les rejoindre.
Le président de Première Ligue a,
en outre, souligné la performance
des clubs français à la vente, résul-
tant notamment de leur politique
de formation. Selon lui, huit des
vingt clubs de Ligue 1 ont vendu
pour plus de 25 millions d’euros, la
palme revenant au LOSC, le club de
Lille, avec 145 millions de revenus,
suivi de l’Olympique Lyonnais (133),
du PSG (103), de Monaco (83), de
Rennes (54), de Montpellier (40), de
Nantes et de l’OM pour 27 millions
chacun. « Après l’apport des inves-
tisseurs, la vente des joueurs est la
deuxième ressource des clubs devant
les droits télé », a rappelé Bernard
Caïazzo. Plus pour longtemps sans
doute. Ces derniers augmenteront
en effet sensiblement sur la période
2020-2024, à 1,15 milliard par saison
pour la Ligue 1, contre 620 millions
environ sur la période qui s’achève.
— A. Bo.
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
L’Allemagne, nouvel
eldorado pour les
footballeurs français
Le championnat d’Allema-
gne est la deuxième
destination préférée
des tricolores, derrière
l’Angleterre. Le Bayern
Munich a réalisé un trans-
fert record en recrutant
Lucas Hernandez.
Adrien Lelièvre
@Lelievre_Adrien
Au rythme où vont les choses, les
centres de formation français vont
bientôt imposer la langue de
Goethe en LV1. A l’instar de la sai-
son dernière, plusieurs footbal-
leurs tricolores ont pris le chemin
de l’Allemagne cet été. C’est
notamment le cas du champion
du monde Lucas Hernandez, qui a
rejoint le Bayern Munich.
Les prometteurs Marcus Thu-
ram, Christopher Nkunku et
Moussa Diaby ont, eux aussi, fran-
chi le Rhin. Ils y croiseront Benja-
min Pavard, Corentin Tolisso et
Kingsley Coman, qui ont déjà
porté le maillot de l’équipe de
France et sont des piliers du cham-
pionnat allemand (Bundesliga).
Depuis l’arrêt Bosman en 1995,
qui a abouti à la libéralisation du
marché des transferts en Europe,
la Ligue 1 exporte massivement
ses talents. Et principalement en
Premier League (Angleterre), où
31 Français évolueront cette sai-
son. Mais la cote du championnat
allemand monte en flèche. Vingt-
six tricolores y joueront cette
année, contre huit en 2015-2016.
« Partir en Bundesliga peut
garantir plus de temps de jeu qu’en
Premier League, où les effectifs sont
de très haut niveau et où la concur-
rence est plus rude qu’ailleurs »,
analyse Bastien Drut, économiste
du sport et auteur du livre « Mer-
cato, l’économie du football au
XXIe siècle ». Les footballeurs
français sont également attirés
par les salaires confortables, le
st yle de jeu réputé offensif,
l’affluence dans les stades (100 %
dans certaines enceintes) ou
encore la réussite exceptionnelle
de Frank Ribéry, parti à Florence
après douze ans en Allemagne.
Plus-value à la revente
Les clubs allemands y trouvent
aussi leur compte. « Nous avons
recruté Marcus Thuram pour une
somme (12 millions d’euros payés à
Guingamp) qui serait tout de suite
montée à 20 millions pour un
joueur au profil comparable en
Bundesliga », se félicitait récem-
ment le directeur sportif du Borus-
sia Mönchengladbach, Max Eberl,
dans « L’Equipe ». Un club comme
le RB Leipzig s’est ainsi spécialisé
dans le recrutement d’espoirs
français dans le but de réaliser de
jolies plus-values à la revente.
Cela n’empêche pas d’autres
clubs de casser leur tirelire. Le
Bayern Munich a ainsi déboursé
80 millions d’euros – un montant
record dans l’histoire du cham-
pionnat – pour s’offrir Lucas Her-
nandez. Et 35 millions pour Benja-
min Pavard. « Il est intéressant de
noter que les clubs allemands ont
été plus dépensiers cette année »,
poursuit Bastien Drut. « Le solde
sur le marché des transferts est
ainsi nettement déficitaire alors
qu’il était légèrement bénéficiaire
l’an passé. » L’Europe du foot est
prévenue. n
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Les Echos Mercredi 4 septembre 2019 ENTREPRISES // 17

PSA débauche Arnaud Deboeuf,

homme-clef de l’Alliance Renault-Nissan
AUTOMOBILE
Arnaud Deboeuf,
directeur du CEO Office
de l’Alliance depuis
avril 2015, était tombé
en disgrâce depuis
l’affaire Carlos Ghosn.
Il devient directeur
de la stratégie
industrielle de PSA.
Anne Feitz
@afeitz
C’est assurément une belle prise.
PSA a confirmé, mardi, l’arrivée
d’Arnaud Deboeuf, directeur du
CEO Office de l’Alliance Renault-
Nissan depuis avril 2015, comme
directeur de la stratégie indus-
pouvais pas non plus aller travailler
chez Nissan, ses paroles auraient pu
me blesser si je n’avais pas eu à
l’esprit tous les moments que nous
avions partagés et les témoignages de
confiance que vous m’aviez donnés »,
a expliqué Arnaud Deboeuf dans
un message interne destiné aux
salariés de Renault-Nissan, que
« Les Echos » a pu consulter. Son
départ, qui fait suite à celui de
Thierry Koskas, le directeur com-
mercial, en mars, ou encore à celui
à venir de Mouna Sepehri, l’ex-
femme de confiance de Carlos
Ghosn, était largement anticipé
depuis plusieurs mois. Arnaud
Deboeuf explique dans son cour-
rier qu’il a eu lieu cet été.
Plusieurs autres transferts
Ce départ représente aussi un nou-
veau transfert de choix entre
Renault et PSA depuis qu’en 2013
Carlos Tavares, alors numéro deux
temps interdit de tels transferts non
autorisés, selon une règle tacite
remontant à 2013, qui semble Arnaud Deboeuf
aujourd’hui largement caduque. était entré chez
Rattaché directement à Carlos Renault en 1993.
Ghosn depuis 2015, Arnaud
Deboeuf avait rejoint Renault en
1993 comme ingénieur du départe-
ment assemblage moteurs. Il avait
ensuite intégré la direction des
fabrications. De 2004 à 2007, il avait
été responsable de la stratégie et du
contrôle des coûts des achats pour
Renault Samsung Motors en Corée
du Sud.
A son retour en France, il avait été
nommé directeur de programme
adjoint, puis, en 2011, directeur de
programme de la gamme Entry de
Renault. En 2010, il avait rejoint
l’Alliance en tant que chargé du pro-
jet Common Module Family A
(CMF-A). En 2012, il avait été promu
directeur de la gamme Entry, avant
trois ans plus tard de prendre le fau-

trielle. Homme-clef de l’attelage
franco-japonais, le dirigeant de cin-
quante-deux ans était tombé en dis-
grâce en novembre dernier, après
l’arrestation spectaculaire de son
ex-mentor, Carlos Ghosn – comme
plusieurs proches de l’ex-PDG de
l’Alliance.
Entré chez Renault en 1993, il n’a
pas manqué de tacler au passage
l’actuel directeur général de
Renault. « Lorsque Thierry Bolloré
m’a déclaré que plus personne ne
voulait travailler avec moi et que
c’était la raison pour laquelle je
devais quitter Renault, et que je ne
DR
du Losange, est devenu numéro un teuil de directeur de l’Alliance. n
de l’autre grand constructeur auto-
mobile de l’Hexagone. Thierry Kos-
kas est ainsi devenu en mars senior
vice-président et directeur des ven-
tes et du marketing de PSA. De son
côté, le patron des moteurs de
l’Alliance Renault-Nissan, Alain
Raposo, a pris l’an dernier la tête des
moteurs de PSA. Quant à l’actuel
directeur industriel de PSA, Yann
Vincent, dont dépendra Arnaud
Deboeuf, il a, par le passé, dirigé la
qualité du groupe au losange et
l’exploitation chez AvtoVAZ. Les
deux constructeurs s’étaient long-

à suivre
Fréquentation record en France
pour l’expo Toutankhamon
CULTURE Depuis son ouverture le 23 mars 2019 à La Villette,
l’exposition « Toutankhamon, le Trésor du Pharaon » a attiré
plus de 1,3 million de visiteurs. Il s’agit du record absolu pour
une exposition tenue en France. Elle détrône celle organisée en
2016-2017 à la Fondation Louis Vuitton sur la collection Cht-
choukine (1,2 million de personnes en quatre mois et demi).
Mais auparavant, c’est déjà une exposition consacrée au souve-
rain d’Egypte le plus célèbre en Occident qui avait établi un
record. En 1967, « Toutankhamon et son temps », organisée au
Petit Palais, avait atteint 1,24 million d’entrées sur six mois.

AMS lance formellement son offre

de 4,3 milliards sur Osram
ÉCLAIRAGE AMS a lancé formellement mardi une offre de
4,3 milliards d’euros pour le rachat du spécialiste allemand de
l’éclairage Osram, dette incluse. Cette offre de 38,50 euros par
action du groupe autrichien dépasse d’environ 10 % le prix pro-
posé par deux fonds américains, Bain Capital et Carlyle, a pré-
cisé AMS. La période d’acceptation de celle-ci court jusqu’au
1er octobre. Le groupe autrichien s’intéresse aux technologies
d’Osram sur les voitures autonomes et veut créer un groupe
mondial spécialisé dans les capteurs et les signaux optiques.

Les Agnelli veulent coter

leurs camions en Bourse
AUTOMOBILE Le fabricant de véhicules industriels CNH Indus-
trial, détenu par Exor, le holding de la famille Agnelli, prévoit de
se scinder en deux et de coter en Bourse sa division de camions,
d’autobus et de moteurs (marques Iveco et Heuliez). Né en 2013
de la fusion de Fiat Industrial et de sa filiale CNH, le groupe veut
boucler cette scission d’ici à début 2021. Le plan, baptisé
« Transform 2 Win », s’accompagnera « d’actions de restructu-
ration ciblées », a indiqué CNH Industrial. La mise en œuvre
complète du plan est attendue pour fin 2022 et les charges avant
impôts évaluées entre 411 et 457 millions d’euros.

EDF met la main sur la start-up

américaine PowerFlex Systems
ÉNERGIE Pour accélérer dans les véhicules électriques aux Etats-
Unis, EDF vient de mettre la main sur la start-up californienne
PowerFlex Systems. Spécialisée dans les technologies de rechar-
ges, celle-ci a développé des dispositifs de recharge de véhicules
électriques qui optimisent la fourniture d’électricité afin de gérer
la recharge en fonction de la demande des utilisateurs, de la
charge d’énergie des bâtiments ou de la production d’électricité
sur site. Le montant de l’acquisition n’a pas été communiqué.
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18 // ENTREPRISES Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos

Energies renouvelables :
Engie mise sur les entreprises
l L’énergéticien vise 9 gigawatts de capacités supplémentaires dans l’éolien et le solaire dans le monde d’ici à trois ans,
de quoi plus que doubler son parc actuel.
l Les contrats passés de gré à gré avec des entreprises et des collectivités locales, plus complexes et plus rentables,
représenteront la moitié de ces projets.
ÉNERGIE
Vincent Collen
@VincentCollen
Engie s’est fixé un objectif ambitieux
dans les énergies renouvelables.
L’énergéticien français vise 9
gigawatts de capacités de génération
d’électricité supplémentaires dans
l’éolien et le solaire dans le monde
d’ici à 2021. De quoi plus que doubler
son parc d’éoliennes et de panneaux
photovoltaïques actuel.
Ces capacités supplémentaires
représenteront environ l’équivalent
de neuf réacteurs nucléaires classi-
ques. Il s’agit d’une très forte accélé-
ration pour Engie, qui développait
six fois moins de capacités ces der-
nières années dans ce domaine (un
demi-gigawatt par an en moyenne
sur la période 2012-2018). La quasi-
totalité de ces 9 gigawatts (8,5) sont
déjà lancés (construits, en construc-
tion ou sécurisés), a annoncé
mardi Gwenaëlle Avice-Huet, direc-
trice générale adjointe.
Moteur de croissance
Engie va développer près de 550
gigawatts de capacités solaires et
520 gigawatts d’éoliennes en France,
650 gigawatts d’éolien en Espagne,
450 gigawatts de solaire en Inde… Le
français est aussi très actif aux Etats-
Unis, au Brésil et au Mexique.
« Engie se tourne résolument vers les
énergies renouvelables, l’un de ses
nouveaux moteurs de croissance »,
commentaient les analystes d’UBS
dans une note publiée en juillet.
L’ex-GDF Suez
cherche à rattraper
son retard vis-à-vis
d’industriels
plus avancés.
L’ex-GDF Suez cherche à rattra-
compte de plus en plus sur les
contrats passés directement avec
les collectivités locales et les grandes
entreprises, qui demandent une
particulier en France, où le coût rela-
tivement bas de l’électricité, très lar-
gement d’origine nucléaire, les rend
moins compétitifs. La SNCF vient
Les renouvelables représentent
aujourd’hui 1,1 milliard d’euros de
bénéfices pour Engie, soit près de
22 % du total (le gros du résultat
Le gouvernement
veut doper la croissance
du solaire
La ministre Elisabeth
Borne a annoncé le
lancement de nouvelles
périodes d’appels d’offres
en 2020 pour pousser
l’essor de l’énergie
solaire. Les centrales
mettent toutefois plus de
temps que prévu à sortir
de terre.
Sharon Wajsbrot
@Sharonwaj
Voilà de quoi rassurer la filière
du solaire. En fin de semaine
dernière, la nouvelle ministre
de la Transition écologique, Eli-
sabeth Borne, a annoncé de
nouveaux appels d’offres pour
les projets photovoltaïques en
2020. Les centrales au sol
devraient surtout en bénéficier
puisque deux périodes d’appels
d’offres pour 850 mégawatts
(MW) et 1 gigawatt (GW) ont été
annoncées contre une seule
pour 300 MW dans les projets
sur bâtiment. « Il subsistait une
incertitude sur les projets du gou-
vernement au deuxième semes-
tre 2019. Ces annonces sont de
nature à donner une visibilité
bienvenue au secteur », se féli-
cite le délégué général du Syndi-
cat des énergies renouvelables,
Alexandre Roesch.
Un coup d’accélérateur
nécessaire
Pour l’exécutif, qui s’est fixé des
objectifs ambitieux en
matière d’énergie solaire dans sa
nouvelle feuille de route (la pro-
grammation pluriannuelle de
l’énergie), le coup d’accélérateur
sol atteignaient 5 à 6 centimes
le kilowattheure dans les derniers
appels d’offres attribués, soit un
niveau très proche du prix de gros
qui atteint 4 à 5 centimes. Soute-
nir la filière solaire, via des appels
d’offres qui assurent un niveau de
rémunération aux projets, est
donc efficace pour la collectivité »,
estime Arthur Omont, chargé
d’affaires au sein du cabinet
Finergreen, spécialisé dans le
financement des projets d’éner-
gie renouvelable.
Dans le détail, pour atteindre
les objectifs de la feuille de route
énergétique du gouvernement,
« il va falloir multiplier par qua-
tre les raccordements de centrales
sola ires au réseau chaque
année », prévient le président du
Syndicat des professionnels de
l’énergie solaire, Daniel Bour.
Les délais ont toutefois déjà du
mal à être tenus. Si les appels
d’offres prévoient deux ans pour
la mise en chantier des centrales
solaires, en réalité, il faut trente
mois et parfois plus pour les voir
sortir de terre, explique-t-il.
« Il y a une prise de conscience
de la biodiversité qui ralentit les
dossiers de permis de construire.
Par ailleurs, en 2018, nous avons
connu des difficultés conjonctu-
relles dans la disponibilité des
panneaux solaires », précise-t-il.
Au total, en 2018, selon les don-
nées de l’observatoire de France
Territoire Solaire, 850 MW
d’installations photovoltaïques
ont été raccordés au réseau en
France. « On devrait avoir encore
un peu de retard à l’allumage en
2019 », prévient Daniel Bour. n

per son retard vis-à-vis d’industriels
plus avancés dans les renouvelables,
comme l’italien Enel ou l’espagnol
Iberdrola. En développant quelque
3 gigawatts par an, le groupe fran-
çais se placera « dans le Top 3 au
niveau mondial », se félicite Gwe-
naëlle Avice-Huet.
Outre les appels d’offres lancés
par les pouvoirs publics, Engie
électricité verte « 24 heures sur 24 et
sept jours sur sept », explique Thierry
Kalfon, en charge des renouvelables
pour le groupe. Engie a déjà conclu
des contrats d’achat d’électricité de
ce type aux Etats-Unis avec le distri-
buteur Target, l’opérateur de télé-
coms T-Mobile ou encore l’univer-
sité de Boston. Ces contrats sont
encore peu nombreux en Europe, en
toutefois d’en conclure un avec le
développeur Voltalia. Engie estime
que ce type de contrats représentera
la moitié de ses projets dans les
renouvelables ces trois prochaines
années. La bonne nouvelle pour le
français et ses concurrents, c’est que
ces contrats sont souvent complexes
et donc plus rentables que les appels
d’offres publics.
vient encore des activités gazières).
Engie vise une progression de 8 à
11 % par an pour atteindre 1,5 mil-
liard en 2021. Aujourd’hui comme
dans trois ans, ce sont les barrages
hydroélectriques en France et au
Brésil qui représenteront la majorité
de cette somme, mais la part de
l’éolien et du solaire, qui progresse
plus vite, est appelée à gonfler. n
30
est nécessaire. A ce jour, la capa-
cité de production solaire se
limite à 9,1 GW en France. Or, le
gouvernement veut la porter
entre 35,6 et 44,5 GW d’ici à
2028. Aux yeux des pouvoirs MOIS
publics, le photovoltaïque pré- C’est le délai pour voir
sente l’avantage de disposer de sortir de terre les centrales
prix désormais compétitifs. solaires, au lieu des 24 prévus
« Les tarifs de l’énergie solaire au par les appels d’offres.

La loi d’orientation des mobilités revient au Parlement

Lionel Steinmann
TRANSPORT @lionelSteinmann
Le gouvernement Recalé in extremis le 10 juillet, le pro-
prévoit, à partir du jet de loi d’orientation des mobilités
10 septembre, des (LOM) redouble depuis lundi son
débats à un rythme cursus parlementaire. L’adoption du
soutenu et une adoption texte avait capoté dans la dernière
avant la fin de l’année. ligne droite, du fait de l’incapacité
des représentants des députés et des
sénateurs à se mettre d’accord sur
une version commune, lors de la
commission mixte paritaire.
Un échec qui avait passablement
agacé l’exécutif : conçue à l’origine
pour lutter contre les « déserts de
mobilité » (ces territoires où la voi-
ture individuelle est la seule option
pour se déplacer) et dépoussiérer la
politique des transports, la LOM a
été lestée ces derniers mois de plu-
sieurs mesures destinées à répondre
au mouvement des « gilets jaunes » :
possibilité pour les présidents de
par an les frais liés au covoiturage.
Mais tant que la loi n’est pas promul-
guée, ces mesures ne peuvent ren-
trer en application.
Le gouvernement a donc décidé
de procéder dès que possible à une
nouvelle lecture, qui devrait être
menée tambour battant. Entamé
lundi, l’examen du texte par la com-
mission du Développement durable
de l’Assemblée devait être bouclé
mardi soir, pour un passage en
séance publique à partir du 10 sep-
tembre. Celui-ci s’annonce égale-
times de l’exonération de TICPE
« Il ne faudrait pour les poids lourds.
Ces deux mesures ont été confir-
pas que cela amène mées lundi par la ministre des
à remettre en Transports, Elisabeth Borne, qui a
question des présenté la seconde comme « un
arbitrages qui ont choix écologique et de justice », ce qui
n’a pas apaisé la colère des transpor-
été négociés avec teurs routiers. Pour le reste, la minis-
précision pendant tre n’envisage que « quelques ajuste-
des mois. » ments, afin de parfaire le texte ».
Des plates-formes de VTC aux
UN CHEF D’ENTREPRISE jeunes pousses du covoiturage, en
passant par les sociétés d’autorou-

n FORMATION
LES ECHOS départements qui le souhaitent de
relever de 80 à 90 km/h la vitesse
maximale sur certaines routes
Les marchés européens de l’électricité et du gaz naturel secondaires, accès au permis de con-
Identifiez les stratégies des compagnies duire simplifié…
d’électricité et des opérateurs gaziers, anticipez
la reconfiguration des marchés de l’énergie. Des mesures en stand-by
Bénéficiez de l’expertise de notre intervenant, D’autres dispositions sont censées
Ludovic Mons. incarner l’engagement environne-
mental de l’exécutif, comme le plan
Rendez-vous les 08 et 09 octobre 2019 à Paris en faveur du vélo, ou encore le forfait
En savoir plus sur www.lesechos-formation.fr/marche-europeen-electricite-gaz.htm mobilité durable, qui doit permettre
Un service proposé par Les Echos Solutions aux employeurs qui le souhaitent de
rembourser à hauteur de 400 euros
ment nettement plus court que les
deux semaines nécessaires en juin
dernier pour examiner plus de
3.400 amendements.
Si la cadence est soutenue, c’est
notamment parce que de nombreux
amendements déposés ces derniers
jours ont été déclarés irrecevables.
Comme le stipule une jurisprudence
du Conseil constitutionnel datant de
2006, il n’est pas possible de propo-
ser en seconde lecture des modifica-
tions proposant des paragraphes ou
des articles additionnels, ou n’ayant
pas un lien « direct » avec la pre-
mière version.
Le gouvernement ne souhaite
pas, lui non plus, jouer au chambou-
le-tout. La principale évolution
depuis juin concerne le financement
des infrastructures, que le gouverne-
ment a précisé en juillet, avec la créa-
tion d’une « écocontribution »
acquittée par le transport aérien et
par la réduction annoncée de 2 cen-
tes, la quasi-totalité du monde du
transport va néanmoins suivre le
débat avec attention. « Plusieurs
interlocuteurs clefs au ministère ont
changé cet été, dont le directeur de
cabinet. Il ne faudrait pas que cela
amène à remettre en question des
arbitrages qui ont été négociés avec
précision pendant des mois », expli-
que un chef d’entreprise. Pour le pas-
sage au Sénat, aucune date n’est
annoncée, mais le gouvernement
table sur une adoption définitive
d’ici à la fin de l’année. n
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Les Echos Mercredi 4 septembre 2019 ENTREPRISES // 19

L’ESA alerte sur le risque accru Latécoère :

de collision entre satellites
ESPACE
L’Agence spatiale
européenne a annoncé
qu’elle avait dû
changer la trajectoire
d’Aeolus pour éviter
une collision avec l’un
des petits satellites
de la constellation
Starlink de SpaceX.
Un cas d’école pour
dénoncer l’absence
de réglementation
dans l’espace au
moment où les projets
de constellation
de petits satellites
se multiplient.
Anne Bauer
@annebauerbrux
L’Agence spatiale européenne
(ESA) aurait pu perdre l’un de ses
plus récents satellites, ADM-Aeo-
lus, chef-d’œuvre technologique
destiné à mesurer les vents, lancé
en août 2018, si elle n’avait pas
opéré une manœuvre d’évitement
afin d’éviter une collision avec l’un
des microsatellites de la constel-
lation Starlink développée par
SpaceX. « Pour la première fois de
son histoire, l’Agence spatiale euro-
péenne a dû procéder à un évite-
ment avec un autre opérateur de
satellites, ce qui oblige à savoir qui
bouge sa trajectoire. D’habitude, on
évite des débris », a expliqué aux
« Echos » Holger Krag, chef du pro-
gramme sur la sécurité spatiale à
l’ESA. Et d’expliquer que le proces-
sus : recevoir une alerte, trouver un
interlocuteur au sein de l’autre
opérateur, décider qui fait quoi,
programmer la trajectoire…. est
bien trop long et dangereux, dans
un monde où le nombre de satelli-
tes va exploser.
Tandis que le patron de la
constellation Iridium, Matt
Desch a expliqué qu’il ne cessait
déjà de changer la position de ses
satellites sans en faire de publi-
cité, le patron de la constellation
d e s a t e l l i t e s O n e We b , G r e g
Wyler, a à son tour réagir pour
affirmer que l’espace ne pouvait
pas être un lieu sans aucun Code
de la route, quand les routes, la
mer et même le ciel en sont pour-
vus d’un trafic régulé.
Mutisme de SpaceX
Pour l’Agence spatiale euro-
péenne, l’alerte est en tout cas
donnée. ADM-Aeolus, un satellite
Avec la densification du trafic spatial, le risque de collision et de création de débris s’accroît.
Photo ESA/AOES Medialab
ver et SpaceX, mardi, ne commu-
niquait aucune information sur
cet incident, laissant le public
s’interroger sur la capacité ou non
de l’opérateur de piloter à distance
sa constellation. La semaine pro-
chaine à Paris, la patronne de Spa-
ceX, Gwynne Shotwell apportera
peut-être quelques explications
sur Starlink, dont un premier lot
de 60 satellites a été mis en orbite
« Pour la première
fois de son histoire,
l’Agence spatiale
européenne
a dû procéder à un
évitement avec
un autre opérateur
de satellites,
basse à 440 kilomètres de la Terre
au printemps dernier.
Alors que la société Euroconsult
a recensé 55 projets de constella-
tion pour un total de 7.000 satellites
ainsi qu’une quarantaine de cons-
tellations d’observation, l’absence
complète de règle de management
du trafic dans l’espace extra-atmos-
phérique commence à susciter de
lourdes inquiétudes. A l’heure
actuelle, il n’existe pas la moindre
organisation internationale de
l’espace, pas plus qu’il n’existe de
règles de navigation en orbite basse
(de 200 à 2.000 kilomètres de la
Terre). Tout au plus, l’Union inter-
nationale des télécoms (UIT), à
Genève, tente d’arbitrer l’attribu-
tion de fréquences, sur le thème :
premier arrivé, premier servi.
Musk, patron de SpaceX et de
Tesla avec sa constellation Star-
link, et Jeff Bezos, patron d’Ama-
zon, qui parle de 3.300 satellites
pour sa constellation Kuiper. A
sa décharge, l’espace était jusqu’à
présent si difficile d’accès qu’il
obligeait les acteurs du monde
netier à une bonne entente. Une
époque visiblement révolue : les
fonctionnaires européens du spa-
tial ont eu maille à partir pour la
première fois avec un « chauf-
fard » nommé SpaceX. n
ce que veut faire
Searchlight
AÉRONAUTIQUE
Le fonds d’investis-
sement espère
lancer début octo-
bre son OPA amicale
sur l’équipementier.
L’objectif serait
d’accélérer, par
des acquisitions,
la croissance
de Latécoère.
Bruno Trévidic
@BrunoTrevidic
Un nouveau chapitre de la
longue histoire de Latécoère
est sur le point de s’ouvrir,
sous la houlette du fonds
d’investissement Searchlight
Capital. Devenu en avril le
principal actionnaire de
l’équipementier aéronauti-
que français, avec 26 % du
capital, Searchlight Capital a
annoncé fin juin, son inten-
tion de lancer une offre publi-
q u e d ’a c h a t a m i c a l e . S i ,
comme l’espère Searchlight,
l’opération est approuvée par
le conseil d’administration de
Latéco ère avant la fin du
mois, l’OPA pourrait être lan-
cée dans la deuxième
semaine d’octobre.
Rentabilité
Les dirigeants de Searchlight
doivent encore convaincre du
bien-fondé de leurs intentions.
Si Searchlight s’est fait connaî-
tre dans les télécoms, cette
opération serait sa première
opération dans l’aéronautique
et en France. Néanmoins, l’un
de ses trois représentants au
conseil d’administration de
Latécoère, Ralf Ackermann,
connaît bien l’entreprise pour
s’être déjà occupé du dossier
dans ses précédentes fonctions
chez Apollo, le mégafonds
d’investissement américain
qui avait contribué à sauver
l’équipementier de la faillite en
2015. Ralf Ackermann a suivi
toutes les étapes de la restruc-
turation de Latécoère. Passé
chez S earchlight en 2018,
celui-ci compte poursuivre le
travail, en passant à l’étape sui-
vante : celle de la croissance et
des acquisitions. « Nous avons
rétabli la situation financière,
nous avons entamé la moderni-
sation de l’entreprise et nous
souhaitons nous développer par
croissance interne et externe,
souligne-t-il. Nous sommes
convaincus qu’un actionnaire
engagé, stable et en situation de
contrôle est le meilleur allié
pour atteindre ces objectifs. »
Si Latécoère a renoué avec
les bénéfices, sa marge opéra-
tionnelle de 4,2 % en 2018 reste
nettement inférieure à la
moyenne du secteur, située
entre 8 % et 12 %. Et avec ses
659 millions d’euros de chiffre
d’affaires en 2018, l’équipe-
mentier aéronautique n’a pas,
non plus, la taille nécessaire
pour affronter les poids lourds
américains et européens du
secteur, dont le chiffre d’affai-
res se compte en dizaines de
milliards.
Doubler de taille
Selon un bon connaisseur du
dossier, Latécoère devra dou-
bler de taille dans les prochai-
nes années pour pouvoir parti-
ciper, en tant que fournisseur
de rang 1, aux appels d’offres
des nouveaux programmes
aéronautiques attendus vers
2025. Cinq ans, c’est aussi la
durée moyenne des investisse-
ments de Searchlight. D’où la
nécessité d’accélérer la crois-
sance de Latécoère par des
acquisitions.
Plusieurs dossiers seraient
déjà à l’étude. Les cibles poten-
tielles seraient plutôt des
entreprises nord-américai-
nes, afin de renforcer la pré-
sence de Latécoère sur le pre-
mier marché aéronautique
mondial et de réduire son
exposition aux fluctuations du
dollar. Et, si possible, des
entreprises ayant un savoir-
faire dans le domaine des
aérostructures en thermo-
plastique, domaine de prédi-
lection de Latécoère et mar-
ché en forte croissance. n

scientifique de 1.300 kg d’un coût
de 480 millions d’euros, a été
menacé par un des microsatellites
de Starl ink, qui prévoit d’en
envoyer 12.000 dans l’espace pour
app orter Internet au monde
depuis l’espace. Il semble que
le satellite en question n’était pas
dans l’orbite où il aurait dû se trou-
« Chauffard » de l’espace
FUSIONS
ce qui oblige
à savoir qui bouge
Face aux Etats-Unis, qui poussent
à une complète dérégulation du
marché spatial afin d’encourager
ACQUISITIONS
sa trajectoire. » leur industrie privée, l’Europe
HOLGER KRAG semble tétanisée, loin de com- Jeudi 10 octobre 2019
Chef du programme sur prendre les enjeux de cette nou- 08h30 - 14h00
la sécurité spatiale à l’ESA velle conquête spatiale, dont les Groupe Les Echos - Le Parisien
premiers cow-boys sont les mil- 10 boulevard de Grenelle - Paris 15e
liardaires américains : Elon

Inscription et information :
www.lesechos-events.fr

Japan Tobacco
va tailler dans ses
effectifs mondiaux
CIGARETTES Le numéro trois
mondial des cigarettes, Japan
Tobacco, prévoit une vaste réor-
ganisation de ses fonctions admi-
nistratives (hors Jap on) qui
devrait affecter 3.720 salariés,
soit 6 % du total de ses effectifs. Sa
division internationale, JTI, va
recentrer ses services à Varsovie,
Saint-Pétersbourg et Manille.
Près de 270 réductions de postes
sont prévues au siège de Genève
(Suisse) qui compte 1.100 salariés.
Malteurop s’installe
au Mexique
BIÈRE Le français Malteurop,
filiale de la coopérative Vivescia
et un des premiers malteurs mon-
diaux, va construire sa première
malterie au Mexique, opération-
nelle fin 2021. Il y investit plu-
sieurs dizaines de millions
d’euros. La production de bière
est en forte croissance au Mexi-
que (+5 % par an) selon Olivier
Parent, le directeur général. Mal-
teurop vise à développer locale-
ment une filière d’approvisionne-
ment en matières premières.
à suivre
Agrial acquiert deux
charcutiers
ALIMENTATION La coopérative
agricole Agrial (5,8 milliards
d’euros) va acquérir deux sociétés
de charcuterie, La Bresse et
Sibert. Après Brient en 2017 et
Tallec en 2018, le projet marque
une nouvelle étape dans le déve-
loppement de la branche viandes
de la coopérative caennaise. Les En partenariat avec :
deux entreprises de l’Ain, spécia-
lisées dans la charcuterie cuite
(boudin, andouillette...) affichent
un chiffre d’affaires de 20 mil-
lions en 2018 pour 130 salariés.

20 // ENTREPRISES
Les anciens dirigeants de Sandro
et Maje investissent dans la beauté
COSMÉTIQUES
Le fonds Experienced
Capital a réalisé une
seconde levée de fonds
de 70 millions mi-
juillet, avant un total
de 150 millions
d’ici à la fin 2019.
Il a investi dans Oh My
Cream, un concept-
store de beauté, avec
des marques de niche
en phase avec les
attentes des
Millennials.
Dominique Chapuis
dchapuis@lesechos.fr
Une beauté plus naturelle et effi-
cace, mais aussi experte, c’est le
concept de la jeune enseigne Oh My
Cream. Dans ses boutiques, une
quarantaine de marques de niche,
conçues dans le Vermont ou la forêt
autrichienne, conjuguent ingré-
dients naturels ou bios. Ces labels,
Tata Harper, REN Skincare ou
Susanne Kaufmann, affichent en
plus une démarche éthique. Des
valeurs dans l’air du temps. « Nous
voulons en faire le futur Sephora du
luxe accessible », résume Emma-
nuel Pradère, président et cofonda-
teur d’Experienced Capital,
avec Frédéric Biousse et Elie Kouby.
Oh My Cream (8 millions d’euros
de chiffre d’affaires) est la dernière
« prise » de ce fonds sectoriel, lancé
en 2016 par les anciens dirigeants
de Sandro et Maje (SMCP). C’est
aussi la première prise de participa-
tion, à hauteur de 41 %, réalisée à
l’occasion de sa seconde levée de
fonds de 70 millions d’euros mi-
juillet. D’ici à la fin 2019, ce montant
atteindra 150 millions, avec l’entrée
de « family offices » et d’investis-
seurs institutionnels.
180 magasins ouverts
« Notre modèle a fait ses preuves. Le
luxe accessible prend des parts de
marché dans la mode, mais aussi les
cosmétiques, la déco ou les loisirs,
poursuit le dirigeant. Grâce à notre
soutien opérationnel, des marques
émergentes ont vu leur croissance
accélérer. » Une équipe de huit
experts travaille aux côtés de cha-
cune pour les aider dans la transi-
tion numérique ou la gestion des
stocks…
En trois ans, Experienced Capital
a investi 78 millions d’euros,
Diamants : l’étoile de De Beers pâlit
LUXE
Les ventes de pierres
brutes du premier
producteur de la
planète sont en nette
baisse cette année,
comme celles du russe
Alrosa.
Le secteur s’interroge
notamment sur l’arri-
vée des diamants de
synthèse, qui ont fait
une apparition remar-
quée dans le monde de
la bijouterie.
Muryel Jacque
@MuryelJacque
Le marché du diamant serait-il en
crise ? Paul Zimnisky, un des ana-
lystes reconnus du secteur inter-
rogé par le « Financial Times », pré-
fère parler de « malaise ». Le fait est
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
Dans les boutiques de ce concept-store se côtoient une quarantaine de marques de niche qui conjuguent ingrédients naturels ou bio.
avec dix marques en portefeuille,
dont un tiers né sur Internet. Elles
sont en majorité dans la mode
− Sessùn, Soeur, Le Slip Français −
mais aussi dans l’optique, avec les
lunettes Jimmy Fairly, ou le mobi-
lier, avec NV Gallery, un site de ven-
tes en ligne de meubles. « Depuis
2016, nos marques ont multiplié leur
chiffre d’affaires entre 3 à 6 fois, et
leur Ebitda par 14, reprend Emma-
nuel Pradère. Nous avons partagé
avec elles notre expérience et nos
erreurs. »
Ces pépites ont ouvert 180 maga-
sins en France et commencent leur
aventure internationale. « A nom-
bre de points de vente comparable,
leur croissance sur le premier semes-
tre 2019 a été en moyenne de 14 % »,
précise le président. Balibaris s’ins-
que les nouvelles maussades s’accu-
mulent, sur fond d’incertitude de
plus en plus vive quant à la santé de
l’économie mondiale.
La semaine dernière, De Beers,
premier producteur de la planète, a
indiqué que ses dernières ventes,
réalisées par cycle à dix occasions
dans l’année, avaient baissé de
44 %, à 280 millions de dollars. Ses
ventes précédentes avaient été
encore moins fructueuses. La
société en avait retiré seulement
250 millions de dollars, le montant
le plus faible depuis 2015. Consé-
quence, à ce stade de l’année, les
ventes de De Beers sont inférieures
de 1 milliard de dollars aux mon-
tants enregistrés à la même période
en 2018. Son grand concurrent, le
russe Alrosa, ne fait pas mieux : le
groupe a accusé une chute de plus
de 50 % de ses ventes en juillet, à
164,6 millions de dollars.
Difficile d’être rentable
De Beers, filiale du géant minier
coté Anglo American, vend la très
grande majorité (90 %) de ses dia-
talle ce mois-ci à Londres, comme
Sessùn. D’autres ont des projets en
Espagne, en Italie et en Asie. « Cha-
cune peut atteindre 100 millions de
chiffre d’affaires », estime-t-il.
La quête de pépites
Avec cette seconde levée de fonds,
Experienced Capital veut se diversi-
fier vers la bijouterie, les accessoires
ou l’alimentaire pour un ticket
d’entrée entre 10 et 30 millions
d’euros. « Au départ, 90 % des dos-
siers que nous recevions venaient de la
mode. Aujourd’hui, ce n’est plus que
15 %, poursuit Emmanuel Pra-
dère. Nous cherchons une marque de
café, de thé ou de chocolat incarnée par
son fondateur et avec du potentiel. »
Trouver une « pépite », c’est le
credo du fonds. Ce dernier a
m a n t s b r u t s à l ’o c c a s i o n d e
« sights », des événements réservés
à ses gros clients, qu’elle organise en
Afrique. Elle écoule le reste de ses
gemmes (10 %) via des ventes aux
enchères. Mais, depuis plusieurs
mois, ceux qu’on a pp elle les
« sightholders » − moins d’une cen-
taine de tailleurs, polisseurs et
négociants de pierres, qui figurent
parmi les principaux diamantaires
du monde −, se montrent extrême-
ment prudents dans leurs achats.
Ils ont accumulé beaucoup de
stocks. Le conflit commercial entre
la Chine et les Etats-Unis, les deux
plus grands marchés pour les
bijoux en diamants, pèse sur la
demande. Tout comme les événe-
ments récents à Hong Kong. Pour
certains d’entre eux, il est devenu
difficile d’être rentable.
« Les participants du secteur inter-
médiaire continuant à réduire leurs
stocks de diamants polis et leur pro-
duction dans les principaux centres
de taille, De Beers a offert aux clients
une plus grande flexibilité d’approvi-
sionnement au cours du septième
démontré son flair depuis 2016,
avec 550 dossiers étudiés pour « évi-
ter les feux de paille ». Une première
marque étrangère, L:a Bruket, dont
les produits de soins sont issus de la
tradition suédoise des spas, a inté-
gré le fonds en avril. D’autres pour-
raient suivre.
Avec Oh My Cream, les anciens
de Sandro et Maje parient sur un
nouveau modèle de distribution, en
phase avec les attentes des Millen-
nials. En 2013, sa fondatrice, Juliette
Levy, trouvait l’offre de la distribu-
tion « trop uniformisée ». Difficile
d’y trouver ces jeunes labels déjà
partagés sur les réseaux sociaux.
D’où son idée de ce concept-store
avec des marques pointues du
monde entier. Oh My Cream a déjà
dix magasins, à Paris, Lyon ou Bor-
cycle de 2019 », a révélé Bruce Clea-
ver, le directeur général. D’après
Bloomberg, ces derniers ont eu la
possibilité de refuser d’acquérir une
partie des gemmes et d’en revendre
d’autres à De Beers à des conditions
favorables. Une concession qui est
Le conflit commercial
entre la Chine
et les Etats-Unis
pèse sur la demande.
Tout comme les
événements récents
à Hong Kong.
une première pour l’entreprise plus
que centenaire, puisque les
« sightholders » sont d’ordinaire
tenus d’accepter le prix des pierres
et les quantités proposées. Plu-
sieurs ont sauté sur l’occasion pour
reporter leurs achats.
Les producteurs miniers font
aussi face à l’essor des diamants de
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
Oh My Cream
deaux. Après 13 millions de ventes
attendues en 2019 (dont 50 % sur
Internet), l’ambition est d’aller vers
50 millions dans les trois à quatre
ans. Une croissance portée par un
marché de la beauté que bouscu-
lent les jeunes générations en quête
de produits plus responsables et de
conseils personnalisés. n
78
MILLIONS D’EUROS
La somme investie en trois ans
par Experienced Capital avec
dix marques en portefeuille
dans la mode, l’optique
ou le mobilier.
synthèse. Longtemps cantonnés à
une utilisation industrielle, les dia-
mants « artificiels » ont fait il y a peu
une entrée remarquée dans le
monde de la bijouterie, grâce aux
progrès de la technologie. Au point
que la montée en puissance de ces
pierres forgées par des machines en
quelques jours pourrait concurren-
cer les pierres naturelles (surtout
celles destinées à la fantaisie), nées
il y a un, voire deux ou trois mil-
liards d’années. Leur émergence et
leur impact à long terme sont l’un
des grands enjeux du secteur. Elles
représentent aujourd’hui une toute
petite part du marché mais elles
font leur chemin.
Au premier semestre, le bénéfice
de De Beers a reculé de près de 30 %
et la société a annoncé qu’elle comp-
tait limiter sa production de dia-
mants au minimum de la four-
chette prévue pour cette année. Sa
direction continue cependant
d’afficher son optimisme pour le
marché mondial dans les années à
venir et parie sur une hausse de la
demande des consommateurs. n
Furla lance
son premier
parfum
LUXE
Le maroquinier
italien annonce
un accord de licence
avec le groupe
Mavive, pour la
production et la
distribution de son
premier parfum.
Olivier Tosseri
— Correspondant à Rome
Furla parachève sa stratégie
de diversification commencée
en 2014 avec de nouvelles lignes
de chaussures et une collection
pour hommes. La marque à
l’origine spécialisée dans les
accessoires de mode en cuir
féminins lance maintenant un
parfum qui s’ajoutera à son offre
de chaussures pour femmes
et aux licences pour les ventes
de lunettes et de montres. Celle
qui lui permettra de commer-
cialiser sa nouvelle fragrance
a été signée avec le parfumeur
Mavive. Fondé en 1986 par
Massimo Vidal, il est présent
dans plus de 90 pays.
Etoffer l’offre
« Pour Furla, entrer dans l’indus-
trie de la beauté est stratégique
dans notre désir de diversification
et de renforcement du positionne-
ment “lifestyle” de la marque. La
création d’un parfum rappro-
chera encore plus la marque des
consommateurs du monde
entier », a commenté Alberto
Camerlengo, l’administrateur
délégué de l’entreprise de maro-
quinerie fondée en 1927 par
Aldo Furlanetto à Bologne.
En 2018, son chiffre d’affaires
a atteint 513 millions d’euros, les
exportations représentant 85 %.
Elles reposent sur une présence
dans 100 pays avec 490 maga-
sins monomarques et un réseau
de distribution comptant plus
de 1.000 points de vente officiels.
La famille Furlanetto est tou-
jours propriétaire de la marque
qui a doublé son chiffre d’affai-
res au cours des quatre derniè-
res années. « Le groupe a réussi
son pari de rendre les produits
de luxe plus accessibles avant de
se déplacer vers le marché pre-
mium et convoite désormais le
“mass market”. Plus on développe
une marque, plus il faut étoffer
l’offre. Le parfum est le produit
idéal dans cette stratégie »,
ajoute Stefania Saviolo, direc-
trice du Centre du luxe et de
la mode à l’Université Bocconi.
Mais si la croissance du groupe
était de 20 % en 2017, elle n’était
que d’un peu plus de 5 % l’an
dernier.
Appel à des influenceurs
La concurrence est plus forte
qu’auparavant, avec le succès
des Américains dans le secteur
des sacs et des accessoires,
notamment celui de Michael
Kors. Furla a fait de gros efforts
en particulier sur l’e-commerce
ou encore sur la promotion de
ses produits sur Instagram. En
2018, pour sa nouvelle campa-
gne, la marque n’a pas eu
recours à des mannequins
mais à six influenceurs actifs
sur les réseaux sociaux.
Le projet de mise en Bourse
semble pour l’instant aban-
donné. Un accord avait été signé
en mai 2016 avec Tamburi
Investment Partners. La ban-
que d’affaires s’est engagée à
investir au moins 30 millions
d’euros au capital du maroqui-
nier dans la perspective d’une
IPO annoncée pour 2017, puis
2018. « Pour le moment, l’idée est
de continuer comme mainte-
nant », a déclaré au printemps
dernier la présidente de Furla,
Giovanna Furlanetto. n

Les Echos Mercredi 4 septembre 2019
Free poursuit
sa transition
dans la douleur
l Les départs d’abonnés Free Mobile et Freebox
se sont poursuivis au deuxième trimestre.
l Faute d’enrayer cette hémorragie de clients,
l’opérateur vante l’amélioration des résultats,
à mesure que sa base migre vers des offres plus chères.
TÉLÉCOMS
Sébastien Dumoulin
@sebastiendmln
Free continue de perdre des abon-
nés. Au deuxième trimestre, l’ex-
trublion des télécoms a vu partir à la
concurrence 77.000 abonnés mobi-
les et 15.000 clients Freebox. L’opé-
rateur ne parvient pas à stopper
l’hémorragie qui s’est déclarée
début 2018. En un an et demi, c’est un
demi-million de « Freenautes » qui
ont quitté le navire. Dans le même
temps, Orange, SFR et Bouygues
Telecom ont affiché des gains nets
de clients dans le mobile et le fixe.
« La performance économique a
été très bonne, assure pourtant
Thomas Reynaud, le directeur
général d’Iliad. Le premier semestre
se caractérise par un retour à la crois-
sance. » Effectivement, le chiffre
d’affaires du groupe augmente
(+8 % depuis le début de l’année, à
2,6 milliards d’euros). Il est tiré par
les ventes en Italie, mais progresse y
compris en France (+1,5 %). Plombé
par les coûts du lancement de l’autre
côté des Alpes, l’EbitdaaL recule en
revanche (–7 % à 800 millions
d’euros au premier semestre),
comme le résultat net (–61 %, à
91 millions). Et malgré les efforts de
la direction, la hausse des revenus
peine à faire oublier les autres indi-
cateurs orientés à la baisse.
Guerre des prix
Si l’opérateur de Xavier Niel a autant
de mal à retenir ses abonnés, c’est
qu’il n’a pas réussi à adapter son
offre à la guerre des prix qui fait rage
depuis l’an dernier dans le secteur.
La fameuse offre à 2 euros de Free
Mobile, avec ses deux heures
d’appels et ses 50 Mo de données,
était un séisme en 2012. Six ans plus
tard, c’est un anachronisme. Quant
à l’offre illimitée à 19,99 euros par
mois, elle paraît bien chère, après
que Bouygues Telecom et SFR ont
dégainé des forfaits mobiles très
Le ton monte sur les enchères des fréquences 5G
Free et Bouygues Telecom
s’inquiètent de ne pas pou-
voir acquérir suffisamment
de spectre lors de la vente
qui aura lieu en fin d’année.
Raphaël Balenieri
@RBalenieri
Les télécoms ont fait leur rentrée et
pourtant, chez certains, le moral est
loin d’être au beau fixe. A quelques
jours d’intervalle, Free et Bouygues
Telecom ont tous les deux profité de
la publication de leurs résultats tri-
mestriels pour critiquer très sévère-
ment le processus de mise aux
enchères des précieuses fréquences
5G. Les modalités ont été définies
cet été par l’Arcep, le régulateur du
secteur, et soumises à consultation
publique jusqu’au 4 septembre.
Les deux opérateurs redoutent de
ne pas pouvoir acquérir suffisam-
ment de spectre lors de la vente pré-
vue en fin d’année. Et donc de ne pas
être en mesure d’offrir, en 2020, une
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riches en gigaoctets à 10 euros par
mois, et même jusqu’à 5 euros, sans
limitation de durée. Sous ce tapis de
bombes commerciales, le soldat
Free n’a pas eu la même résistance
qu’Orange, protégé par son statut
d’opérateur historique et la qualité
de son réseau mobile. Free, parti
dernier dans la course aux pylônes,
ne disposait que de 13.000 sites 4G
en service début août – un tiers de
moins qu’Orange. Les consomma-
teurs lui ont fait payer.
L’histoire est peu ou prou la
même pour ce qui est des box.
L’agressivité commerciale de Bouy-
gues Telecom et de SFR leur a valu
de jolis succès, aux dépens de Free –
tandis qu’Orange sauvait les meu-
bles en profitant de son statut de pré-
curseur dans la fibre. Fin 2018, Free a
essayé de reprendre la main, avec le
lancement d’une nouvelle box – du
jamais-vu depuis 2010. Les innova-
tions du boîtier (assistant vocal,
débit de 10 Gb/s, enceinte Devialet…)
ont été saluées même par ses
concurrents. Mais le tarif annoncé
(60 euros par mois, le double du
standard de marché) a refroidi
l’ardeur des consommateurs.
Face à ces revers commerciaux
persistants, Free pointe le verre à
moitié plein. Certes, il perd des
clients. Mais ce sont les moins rému-
nérateurs qui partent. Les nouveaux
venus, eux, souscrivent au forfait 4G
illimitée (+145.000 clients depuis le
début de l’année). Et la rentabilité de
ces néo-Freenautes doit s’améliorer.
Beaucoup ont souscrit au forfait
intermédiaire à 8,99 euros pendant
un an, proposé par Free depuis l’été
dernier. L’opérateur espère bien en
conserver une proportion substan-
tielle à l’issue de la période promo-
tionnelle, quand chacun de ces
clients paiera deux fois plus cher.
En ce qui concerne les box, Free
se félicite de ses succès dans la fibre
(+322.000 clients depuis début
2019). En passant des accords avec
les différents réseaux publics, l’opé-
rateur s’est constitué la deuxième
empreinte FTTH commerciale de
5G équivalente à celle d’Orange ou
de SFR, avec des conséquences
néfastes, selon eux, pour la compéti-
tivité des entreprises, qui attendent
beaucoup de la 5G.
La répartition des 310 MHz de
fréquences disponibles entre les
quatre opérateurs est un enjeu
stratégique pour tout le secteur. La
procédure pourrait impacter mas-
sivement le paysage concurren-
tiel des télécoms, voire le figer
jusqu’au passage à la 6G.
Système hybride
« Le processus de l’Arcep a été conçu
pour nous détruire, Free ainsi que
Bouygues Telecom, a attaqué Xavier
Niel mardi matin lors d’une confé-
rence de presse en marge des résul-
tats. On est en train de refaire les bêti-
ses de la 3G. » Une déclaration choc
qui fait suite aux inquiétudes,
fin août, de Didier Casas. Le secré-
taire général de Bouygues Telecom
estime lui aussi que le processus
d’enchères imaginé par l’Arcep
HIGH-TECH&MEDIAS
l’Hexagone : il peut proposer la fibre
à 11,5 millions de foyers français – à
peine moins qu’Orange (13,5 mil-
lions). Au deuxième trimestre, Free
est même en tête des recrutements
d’abonnés sur cette technologie
d’avenir. Un abonné Freebox sur
cinq est désormais relié avec un fil
de verre, synonyme des meilleurs
débits, contre un sur quatre chez
Orange. Bref, on vend moins, mais
on vend mieux.
La question italienne
Pour finir de rassurer les investis-
seurs, échaudés par la chute vertigi-
neuse de l’action Iliad (le cours a été
divisé par deux en un an et demi et
cédait hier plus de 5 % en début
d’après-midi), la direction vante ses
relais de croissance. Elle redit son
ambition de s’attaquer au marché
professionnel en 2020 – en capitali-
sant sur sa récente acquisition de
Jaguar Network.
Enfin, l’incursion sur le marché
italien mi-2018 est un succès com-
mercial, avec plus de 4 millions de
clients dans la Botte. « Le bémol, c’est
que la consommation de données par
les abonnés italiens est plus élevée que
prévu, ce qui se traduit par de gros
frais d’utilisation du réseau de Wind
Tre, assure un bon connaisseur de
l’entreprise. La rentabilité du projet
est une vraie question. S’il faut sortir
du cash pour construire un réseau
plus vite que prévu en Italie, ce sera
difficile. » Comme en réponse à cette
remarque, l’opérateur a annoncé
une nouvelle cession : celle de la
moitié de son réseau de fibre opti-
que français, déployé en propre ou
cofinancé avec d’autres opérateurs,
au groupe InfraVia. L’opération, cal-
quée sur celle menée par Altice, rap-
portera 300 millions d’euros dans
les caisses. Ils viendront s’ajouter
aux 2 milliards d’euros que doit rap-
porter la cession à Cellnex de 70 %
de ses tours mobiles, annoncée au
trimestre dernier.
( Lire « Crible »
Page 32
favorise les « gros » opérateurs
au détriment des « petits ».
Concrètement, le différend porte
sur le premier bloc de fréquences
avec lequel repartiront, quoi qu’il
arrive, tous les opérateurs. Pour pré-
server la concurrence entre les qua-
tre opérateurs, l’Arcep a en effet
imaginé un système hybride. Dans
un premier temps, chaque opéra-
teur pourra acheter, à prix fixe, un
bloc d’au moins 40 MHz. Ce n’est
« Le processus de
l’Arcep a été conçu
pour nous détruire,
Free ainsi que
Bouygues
Telecom. »
XAVIER NIEL
Vice-président d’Iliad
Les chiffres clefs
+8 %
L’AUGMENTATION
du chiffre d’affaires
du groupe depuis début 2019,
à 2,6 milliards d’euros,
tiré par les ventes en Italie.
13.000
SITES 4G
étaient en service
pour Free début août,
un tiers de moins qu’Orange.
322.000
CLIENTS FIBRE
ont été recrutés par Free
depuis le début de l’année.
qu’après qu’ils pourront se démar-
quer, en misant, via des enchères
cette fois, sur des tranches supplé-
mentaires de 10 MHz chacune.
Free et Bouygues Telecom esti-
ment cependant qu’un bloc de
base de 40 MHz ne suffit pas pour
offrir une « bonne 5G ». « On veut au
moins 60 MHz, et que le solde soit
ensuite mis aux enchères », plaide
Thomas Reynaud, le directeur géné-
ral d’Iliad, la maison mère de Free.
Orange et SFR, en revanche, ont
intérêt à acheter à prix fixe 40 MHz
pour pouvoir ensuite mieux se
démarquer sur les tranches restan-
tes. Dans ce ménage à quatre, il est
vrai qu’Orange et SFR disposent
d’une force de frappe financière
plus importante. Au premier
semestre, l’opérateur historique
a généré 3,9 milliards d’euros
d’Ebitda en France, contre environ
2 milliards pour SFR. Bouygues
Telecom et Free sont loin derrière,
avec respectivement 953 millions et
910 millions sur la même période. n
L’Arcep choquée
par une procédure
engagée par Orange
L’opérateur historique
a soumis au Conseil d’Etat
une QPC qui pourrait
priver le régulateur de
ses pouvoirs de sanction.
L’Arcep est sous le choc. Le prési-
dent du gendarme des télécoms,
Sébastien Soriano, ne le cache
pas. « Je suis extrêmement per-
turbé par une procédure qui ne peut
avoir pour objectif que de déstabili-
ser l’Arcep », lâche-t-il.
Le motif de cet effarement : une
requête déposée par Orange
devant le Conseil d’Etat et dévoilée
mardi par « Le Monde ». Le
groupe dirigé par Stéphane
Richard veut contester, par une
QPC (question prioritaire de
constitutionnalité), le bien-fondé
juridique d’une mise en demeure
adressée par l’Arcep en janvier.
L’Autorité reprochait à Orange de
ne pas respecter ses obligations
vis-à-vis des autres opérateurs
lorsqu’il leur met à disposition
ses réseaux fixes. La requête
d’Orange ne sera examinée par
les sages du Conseil constitution-
nel que si le Conseil d’Etat décide
de lui transmettre le dossier.
Gendarme privé de bâton
Mais le problème est bien plus
large que ce dossier très technique
du marché des offres de gros.
Orange argue que l’Arcep est à
la fois juge et partie, et qu’il existe
une trop grande porosité entre ses
trois missions : édicter des règles
pour le marché, contrôler les opé-
rateurs télécoms et sanctionner
ces derniers en cas de manque-
ment à leurs obligations. Si le
Conseil d’Etat venait à statuer
en faveur de l’opérateur, l’Arcep
serait de facto amputée de son
pouvoir de sanction. Un gen-
darme privé de bâton. « Les consé-
quences pourraient être cataclysmi-
ques, prévient Sébastien Soriano.
La procédure peut faire s’effondrer
toute la crédibilité des engagements
contraignants pris par les opéra-
teurs pour déployer la fibre et la 4G
– auprès du gouvernement, des col-
lectivités, des consommateurs… »
Autrement dit, si l’Arcep ne
peut plus sanctionner des dérives,
les chantiers prendront du retard,
et les objectifs fixés par Emma-
nuel Macron pour doper l’accès
au très haut débit ne seront pas
tenus. « Quand le chat n’est pas là,
les souris dansent », fait valoir
le président de l’Autorité. Cette
passe d’armes intervient alors
qu’Orange a été visé en quelques
mois par trois mises en demeure
d’affilée – chacune pouvant entraî-
ner une amende de 1 milliard – sur
ses offres de gros donc, sur l’entre-
tien du réseau cuivré et sur les
retards des déploiements de la
fibre dans les villes moyennes.
Le gendarme avait aussi envoyé
cet été une mise en demeure anti-
cipée aux quatre opérateurs sur
les retards dans la couverture
mobile, que les « telcos » s’étaient
engagés à muscler dans le cadre
du « new deal mobile ».
Est-ce la goutte qui a fait débor-
der le vase ? Chez Orange, on
assure que la procédure est une
question juridique et n’aura pas
de conséquence sur les engage-
ments pris. L’opérateur souligne
que l’Arcep a déjà été privée de son
pouvoir de sanction dans une pro-
cédure similaire en 2013. « A l’épo-
que, j’étais au cabinet de Fleur Pelle-
rin, rappelle Sébastien Soriano.
Et cela avait fait prendre un retard
considérable sur les déploiements
3G et le service universel. Nous
sommes échaudés. » — S. Dum.

22 // HIGH-TECH & MEDIAS
E-sport : le suédois
ESL s’attaque
au gigantesque
marché chinois
JEUX VIDÉO
L’organisateur
de compétitions de
jeux vidéo fait entrer
à son capital Huya,
un géant chinois
de la vidéo en direct
et en streaming
financé par Tencent.
Florian Dèbes
@FL_Debes
Le pionnier de l’organisation
de compétitions e-sport ne
pouvait pas passer longtemps
à côté du très prometteur mar-
ché chinois. Très connu des
fans de jeux vidéo compétitifs,
ESL vient d’acter ses ambitions
d a n s l ’e m p i r e d u M i l i e u
en ouvrant un joint-venture
local avec la plate-forme de
vidéo en streaming en direct
Huya, l’un des concurrents
chinois de Twitch (Amazon)
et de Mixer (Microsoft).
Dans le même temps, Huya
va consacrer une partie des
fonds que l’entreprise a levés
en Bourse, notamment auprès
de Tencent, pour acheter pour
30 millions de dollars d’actions
d’ESL, soit 7 % de la valeur esti-
mée d’ESL après cette opération
(425 millions de dollars).
Une croissance rapide
« Le partenariat stratégique avec
Huya donne à MTG [la maison
mère suédoise d’ESL, NDLR]
un accès au marché de l’e-sport
qui connaît la croissance la plus
rapide, renforçant ESL dans sa
position de plus grand acteur
mondial de l’e-sport, ce qui
augmente l’attrait qu’ont pour
lui les annonceurs occiden-
taux », écrit dans une note Julia
Matoshchuk, l’analyste de
Morgan Stanley.
D’après le cabinet d’études
Newzoo, le marché chinois
doit générer 210,3 millions de
dollars en 2019 dans l’e-sport
et dépasser, du même coup, la
CONFÉRENCE • FINALE STARTUP TOUR •
PRÉSENTATIONS
10 DE START-UPS
50 places Special Guest avec le code :
startuptour.frenchfounders.com/americas/startuptour-final/
24 SEPTEMBRE 2019
12h30 - 18h30
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
taille du marché européen.
Le marché américain pèsera,
lui, encore près du double
(409 millions de dollars).
En Asie, la référence de
l’e-sport n’est donc plus la
Corée du Sud mais bien la
Chine. « Il y a deux semaines, la
finale du jeu de stratégie Dota 2 a
attiré 18.000 personnes à Shan-
ghai, essentiellement des Chi-
nois, pendant cinq jours, c’était
complet », note le consultant
spécialisé Frédérick Gau.
Des millions
de spectateurs en ligne
Conformément à la loi locale,
ESL avait impérativement
besoin d’un partenaire pour
organiser des événements sur
le sol chinois. Ces compétitions
seront pleinement intégrées
dans le calendrier sportif dont
l’entreprise fait la promotion
mondialement, sur des jeux
comme Counter-Strike : Global
Offensive ou Overwatch. A
ce titre, la collaboration et les
liens capitalistiques avec Huya
lui permettraient de toucher
144 millions d’utilisateurs
mensuels du géant chinois de
la vidéo en ligne.
L’engouement
chinois pour
le jeu vidéo
ne se cantonne
pas à l’e-sport.
L’engouement chinois pour
le jeu vidéo ne se cantonne
pas à l’e-sport. De retour de la
Gamescom, un Salon organisé
à Cologne en Allemagne, plu-
sieurs professionnels du jeu
vidéo ont noté l’intérêt croissant
des sociétés chinoises du sec-
teur pour l’achat de droits de dis-
tribution des jeux européens, et
plus largement occidentaux,
dans leur pays. Notamment à la
condition de toiletter le jeu pour
respecter la censure chinoise
qui interdit de montrer du sang
rouge sur un écran. n
NEW YORK • 24 SEPTEMBRE
INTERVENANTS HEURES
30 INSPIRANTS 6 D’ÉCHANGES
LesEchos-STguest
BNP PARIBAS
AUDITORIUM
New York
ETC fournit 2.000 clients, dont tous les opérateurs tricolores, notamment ceux qui déploient la fibre en zone rurale. Photo Denis Allard/RÉA
L’américain Carlyle investit
dans la filière fibre tricolore
TÉLÉCOMS
Le fonds de capital-
investissement prend
une participation
majoritaire dans Euro
Techno Com, un distri-
buteur français d’équi-
pements télécoms
spécialisé dans la fibre.
Il compte lui ouvrir
en grand les portes
du marché américain.
Sébastien Dumoulin
@sebastiendmln
Carlyle avait annoncé la couleur
début février. Le mythique fonds
américain comptait accélérer ses
prises de position dans la tech euro-
péenne et levait pour cela 1,35 mil-
liard d’euros – le double de son
fonds précédent. Ce nouveau véhi-
cule devait lui permettre d’investir
AWARDS
LEADERS
500+ INTERNATIONAUX
Un évènement co-organisé par
en particulier sur des projets tran-
satlantiques. Sept mois plus tard,
le gestionnaire d’actifs passe à
l’action. Et pour sa première prise
de participation dans le cadre du
nouveau fonds (Carlyle Europe
Technology Partners IV), il a jeté
son dévolu sur une entreprise fran-
çaise, du secteur des télécoms :
Euro Techno Com (ETC). Pour un
montant non communiqué, le
financier rachète une majorité du
capital à son fondateur, Cédric
Varasteh, et à l’équipe de direction.
10 millions de kilomètres
de fibre
Inconnue du grand public, cette
ETI de 550 salariés fondée il y a
vingt-cinq ans à Eaubonne, dans le
Val-d’Oise, est assise sur une mine
d’or. Ou plutôt de fibre optique. Il
s’agit en effet d’un distributeur spé-
cialisé dans la fourniture aux opéra-
teurs télécoms de ce précieux fil de
verre qui permet d’apporter le très
haut débit aux particuliers comme
aux entreprises, ainsi que de tous les
équipements périphériques néces-
Zao, la nouvelle application star
en Chine, fait polémique
APPLICATION
Disponible depuis
vendredi, Zao est
actuellement l’applica-
tion la plus téléchargée
sur iPhone en Chine,
selon App Annie.
Nicolas Richaud
@NicoRichaud
En Chine, Zao est la nouvelle appli-
cation tendance. Disponible depuis
vendredi, elle y est la plus téléchar-
gée actuellement sur iPhone, selon
les données de la société App Annie.
Dans le détail, Zao permet aux
utilisateurs de « placer » leurs visa-
ges à la place de celui de célébrités
dans des vidéos extraites de films,
de séries, d’émissions de télévision
ou de clips musicaux, grâce à son
logiciel d’intelligence artificielle
s’appuyant sur la reconnaissance
faciale. Pour ce faire, les utilisateurs
doivent fournir plusieurs photos
avec différentes expressions facia-
les. Cette appli a été mise au point
par Momo, une société chinoise qui
génère la majorité de ses revenus
(plus de 600 millions de dollars
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
saires à son déploiement (prises,
pièces de raccordement, équipe-
ments de tests…).
« Avec 10.000 références produits,
dont 60 % à sa marque, et 10 millions
de kilomètres de fibre achetés cha-
que année, ETC est l’acteur dominant
en France », se félicite Vladimir
Lasocki, codirigeant du fonds.
L’entreprise fournit 2.000 clients,
dont tous les opérateurs tricolores,
notamment ceux qui déploient la
fibre en zone rurale, comme Axione
ou TDF. Son plus gros client, Altice,
l’a emmenée dans ses bagages aux
Etats-Unis après le rachat par
Patrick Drahi de deux câblo-opéra-
teurs outre-Atlantique.
La greffe a bien pris : aujourd’hui,
ETC réalise 200 millions d’euros
de chiffre d’affaires aux Etats-Unis
– soit la moitié de ses revenus,
eux-mêmes en hausse de 38 %
en moyenne ces trois dernières
années. Et en y ajoutant la péninsule
Ibérique ainsi qu’Israël, la propor-
tion de l’export dans ses ventes
grimpe à 60 %. L’ambition de Car-
lyle est d’appuyer cette sortie de
lors du dernier trimestre) via ses
activités dans le live streaming.
Coté sur le Nasdaq, le groupe a une
capitalisation boursière supé-
rieure à 7 milliards de dollars.
Ces dernières années, d’autres
applications du même genre (dit de
« face-swapping ») ont rencontré
un vif succès, à l’instar de Masque-
rade, racheté par Facebook en 2016.
Ou, plus récemment, de FaceApp,
qui permet de vieillir les visages.
Un tollé suscité par
les conditions d’utilisation
Mais le buzz naissant autour de
l’appli Zao s’est vite retourné contre
elle. Comme pour FaceApp en juillet
dernier, les conditions d’utilisa-
tion ont très vite suscité la polémi-
que. La raison ? Les utilisateurs
devaient consentir à céder à Zao
leurs droits sur leurs photos de
manière « irrévocable » et « perma-
nente ». Ce qui laisse planer un doute
sur l’usage qui peut être fait de
tous les contenus recueillis.
Depuis plusieurs mois, le phéno-
mène de « deepfake » – une vidéo
truquée produite avec de l’intelli-
gence artificielle capable de recons-
tituer visages et voix – se répand et
inquiète les autorités du monde
entier. Usurpation d’identité, cyber-
l’Hexagone, en ouvrant grandes à
ETC les portes des directions géné-
rales des opérateurs télécoms amé-
ricains locaux et régionaux.
« La France est très en avance dans
le déploiement de la fibre. Aux Etats-
Unis, beaucoup d’opérateurs histori-
quement présents dans le câble vont y
passer, explique Vladimir Lasocki.
ETC offre un avantage en termes de
logistique, d’approvisionnement et de
tarifs. Pour les opérateurs, c’est
l’occasion de gagner en agilité : chez
Cablevision [groupe Altice], 160 pos-
tes d’acheteurs ont disparu à la faveur
de l’adoption de ce modèle. Mais il
faut frapper à la porte de la direction.
La décision est plus facile à prendre
par le board que par le service achat. »
La filière tricolore de la fibre opti-
que rêve de capitaliser sur son
expertise pour s’exporter. D’autant
plus que les déploiements en France
doivent décroître rapidement
après 2022. Avec Carlyle aux com-
mandes, ETC leur montre la voie. Le
fonds veut multiplier par deux les
ventes aux Etats-Unis dans les
cinq prochaines années. n
harcèlement, « fake news » : les ris-
ques de détournement de la techno-
logie sont nombreux.
Devant le tollé suscité, Zao a rapi-
dement réagi. Dimanche, la société a
indiqué qu’elle « comprenait complè-
tement les inquiétudes de tout le
monde sur les problèmes liés à la vie
privée. […] Nous sommes en train de
réfléchir à comment résoudre les pro-
blèmes, nous avons besoin d’un peu de
temps. » Puis l’application a modifié
ses conditions d’utilisation, promet-
tant d’utiliser les photos et vidéos en
sa possession uniquement pour
améliorer ses services, mais aussi de
retirer de ses serveurs tout contenu
ayant été effacé par les utilisateurs.
Ce qui n’a pas suffi à rassurer tout
le monde. En Chine, WeChat, la mes-
sagerie phare utilisée par plus de
1 milliard d’utilisateurs actifs men-
suels, vient de restreindre l’utilisa-
tion de Zao par l’intermédiaire de sa
plate-forme. Ces derniers n’ont plus
la possibilité d’inviter une connais-
sance, via WeChat, à utiliser l’appli-
cation de « face-swapping ». Pro-
priété du géant Tencent, WeChat
pointe du doigt les « risques de sécu-
rité ». Une décision qui pourrait frei-
ner la croissance en nombre d’utili-
sateurs de Zao. Pour l’heure, son
succès ne se dément pas en Chine. n

Les Echos Mercredi 4 septembre 2019
Checkmyguest explore une nouvelle
opportunité pour la location courte durée
IMMOBILIER
La start-up a levé
7 millions d’euros.
Elle aide les investis-
seurs à transformer
des locaux commer-
ciaux en locations
de courte durée,
dont elle assure
ensuite la gestion.
Déborah Loye
@Loydeborah
L’été fut fructueux pour les start-up
officiant dans la gestion des loca-
tions de courte durée. Après les
levées de fonds de HostnFly (9 mil-
lions d’euros en juillet) et de Guest-
Ready (5,3 millions d’euros en
juin), c’est au tour de C h e c k -
myguest d’annoncer avoir bouclé
un tour de table de 7 m i l l i o n s
d’euros auprès d’Entrepreneur
Particularité de la
start-up : elle fait
déjà travailler
50 personnes, dont
la moitié s’occupe
de l’entretien des
appartements.
Venture, de bpifrance ainsi que
de plusieurs business angels. Le
modèle de ces jeunes pousses est
simple : elles soulagent les proprié-
taires mettant leurs logements en
location sur des plates-formes
comme Airbnb de toute la logisti-
que qui entoure cette activité (mise
en ligne des annonces, accueil des
hôtes, ménage…) et prélèvent au
passage une commission sur les
revenus locatifs, généralement
autour de 20 %.
Tout comme Airbnb, ces pépites
ont vu leurs perspectives de crois-
sance restreintes par l’interdiction
aux particuliers, dans les grandes
villes françaises, de proposer sa
résidence secondaire à la location,
ou de louer son logement principal
plus de 120 nuitées par an. Il reste
cependant une fenêtre d’opportu-
nité pour les investisseurs souhai-
tant profiter des plates-formes
comme Airbnb : proposer à la loca-
tion des logements à usage com-
mercial et non à usage d’habitation.
Et alors que des acteurs comme
WeHost et HostnFly proposent
des offres liées à ces locaux com-
merciaux en plus de leur offre de
base, Checkmyguest a choisi de se
spécialiser dans ce type de bien. « Le
en microns
MIXITÉ Station F annonce la
tenue d’un événement le
1er octobre prochain entière-
ment dédié à l’entrepreneu-
riat féminin. Baptisé « F For
Femme », il va rassemble des
personnalités issues de la
diversité qui ont réussi à se
frayer un chemin dans la
Tech. Seront par exemple
présentes Jessica Livingston,
cofondatrice du Y Combina-
tor à San Francisco, Jenny
Wang, cofondatrice de Re-
Inc ou Sarah Noeckel, fonda-
trice du site Femstreet. Sta-
tion F revendique 45%
d’entreprises présentes dans
ses programmes qui ont au
moins une femmes au sein
de l’équipe fondatrice.
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
Kevin Cohen et Joffrey Ichbia ont implanté Checkmyguest à Paris, Cannes, Deauville et Tel Aviv. Photo Checkmyguest
caractère commercial du bien,
auquel s’ajoute la licence d’héberge-
ment hôtelier, que nos clients deman-
dent aux mairies, les autorise à louer
leurs logements 365 jours par an »,
se félicitent les fondateurs de la
jeune entreprise, Kevin Cohen et
Joffrey Ichbia.
L’entretien internalisé
Depuis sa création fin 2016, la
start-up accompagne ainsi ses
clients dans l’acquisition de biens à
usage commercial, les conseille
dans leur rénovation, puis gère leur
location. Ce n’est que sur ce dernier
point que Checkmyguest se rému-
nère en prélevant 20 % sur les reve-
nus locatifs. La première partie de
l’accompagnement est gratuite et
pour cause : elle assure à la start-up
d’obtenir des clients, sur ce modèle
encore peu connu, et prend une lon-
gueur d’avance sur ses concurrents
en les fidélisant dès le début du pro-
Exotec lance ses robots à l’assaut des Etats-Unis
ROBOTIQUE
La jeune pousse lilloise
a ouvert une filiale et
trouvé un intégrateur
pour ses solutions de
logistique robotisées
dans l’e-commerce.
Guillaume Bregeras
gbregeras
Exotec est désormais prêt. Après
quatre années passées à mettre au
point son système logistique roboti-
que et un déploiement chez sept
clients, la jeune pousse lilloise fait le
grand saut au-dessus de l’Atlantique.
Elle vient d’ouvrir une filiale aux
« Le caractère
commercial du
bien, auquel
s’ajoute la licence
d’hébergement
hôtelier, que nos
clients demandent
aux mairies, les
autorise à louer
leurs logements
365 jours par an. »
KEVIN COHEN
ET JOFFREY ICHBIA
Fondateurs de Checkmyguest
Etats-Unis et trouvé un intégrateur,
AHS, pour y trouver de nouveaux
partenaires. « C’est évidemment un
marché important par sa taille et les
acteurs y sont friands de solutions en
logistique robotique », expli-
que Romain Moulin, cofondateur
et PDG d’Exotec.
Les acteurs, ce sont les poids
lourds et émergents de l’e-com-
merce, ceux de l’alimentaire, ainsi
que les prestataires B to B. L’ensem-
ble de ces secteurs sont en crois-
sance et la pépite sent qu’il est temps
de conquérir des parts de marché
avant que d’autres entreprises ne lui
dament le pion. Les jeunes sociétés
se sont multipliées et imaginent des
solutions concurrentes à Exotec,
notamment en Amérique du Nord.
En revanche, la jeune pousse a
cessus d’investissement. « Nous
créons un nouvel actif immobilier,
dont nous estimons la rentabilité
entre 8 % et 12 %, contre 2,5 à 3 %
pour un investissement locatif classi-
que », décrivent les jeunes entrepre-
neurs, qui ont tous deux travaillé
dans la finance avant de créer
Checkmyguest.
Autre particularité de la start-up :
elle fait déjà travailler 50 personnes,
dont la moitié s’occupe de l’entre-
tien des appartements. « Nous
avons choisi d’internaliser toute la
chaîne de valeur, dont les fonctions
ménage et maintenance, expliquent
les fondateurs de la start-up. Les
investissements de nos clients se font
sur quinze à vingt ans, nous avons
donc besoin de nous assurer du
meilleur entretien de ces apparte-
ments. » Une stratégie qui a plu
à Pierre-Alexis de Vauplane, direc-
teur d’investissement chez Entre-
preneur Venture : « Nous avons été
conçu un concept qui, elle le croit,
forme une véritable barrière à
l’entrée. Elle propose à ses clients un
bloc de solutions baptisé « Sky-
Une dizaine de
recrutements vont
avoir lieu au sein de
sa filiale américaine
pour assurer le suivi
avec ses clients.
pod », qui inclut un robot automati-
que, des racks, mais surtout un logi-
ciel pour piloter un ensemble et qui
peut aisément grandir dans le temps
avec l’ajout de matériel en fonction
des flux générés par ses utilisa-
START-UP
impressionnés par leur capacité à
convaincre de très nombreux clients
grâce au bouche-à-oreille et sans
dépenser un euro en marketing, indi-
que-t-il. Et nous avons été conquis
par leur vision éthique et long
terme. »
Présente à Paris, Cannes, Deau-
ville et Tel Aviv, Checkmyguest uti-
lisera les 7 millions d’euros fraîche-
ment levés pour développer son
activité à Bordeaux, Lyon, Lille et
Toulouse. « Nous estimons qu’il
nous faut 30 logements dans une ville
pour pouvoir être rentable et créer
une équipe de gestion de ces apparte-
ments », indiquent Kevin Cohen et
Joffrey Ichbia. En 2020, les entre-
preneurs se sont fixé comme objec-
tif de « doubler le nombre de biens en
gestion pour atteindre plus de
1.000 appartements, dépasser
40 millions d’euros de volume
d’affaires et engager 20 person-
nes ». n
teurs. L’ensemble de sa production
reste basé dans le nord de la France
et l’entreprise emploie désormais
120 personnes, alors qu’elle n’a
démarré qu’avec 3 personnes à l’été
2015. Une dizaine de recrutements
vont avoir lieu au sein de sa filiale
américaine pour assurer le suivi
avec ses clients et la relation avec son
intégrateur.
Un gros travail de conformité a
déjà été réalisé pour entrer sur ce
marché, et ce modèle de vente
déportée est celui sur lequel Exotec
devrait s’étendre à l’avenir, prévient
son PDG : « C’est ce type de modèle
que nous allons développer de plus en
plus. Pour cela, il faut que notre orga-
nisation permette à nos partenaires
de pouvoir nous intégrer très facile-
ment, avec un mode de montage simi-
Coorganiz
multiplie
les partenariats
pour aider les
accompagnants
SANTÉ
La start-up lève
1,2 million d’euros
et va déployer les
services en collabo-
ration avec les
entreprises
de services
et les assurances.
La rentrée n’appartient pas
qu’aux enfants. C’est aussi
le moment où les personnes
accompagnant des proches en
situation de dépendance se
posent la question de savoir
comment améliorer leur dispo-
sitif. C’est là qu’intervient Coor-
ganiz, une application permet-
tant aux familles d’organiser
leur assistance quotidienne et
qui vient de lever 1,2 million
d’euros auprès du groupe Inter
Mutuelles Assistance (IMA),
MM’Innov (le fonds de Malakoff
Médéric Humanis) et de busi-
ness angels. Avec ces fonds, la
jeune pousse veut accélérer son
développement et le nombre
d’utilisateurs de son appli en
nouant des partenariats avec
des acteurs clefs. Ce qu’elle a déjà
entamé avec Elior par exemple,
explique Emma Berger, cofon-
datrice avec Anne-Béatrice
Sonnier : « Pour Elior, nous fai-
sons de la veille sociale. Par exem-
ple, leurs chauffeurs qui livrent
des repas chez les personnes en
situation de dépendance établis-
sent un rapport sur leur état de
santé via notre plate-forme. »
Ce type d’association permet
donc à Coorganiz d’augmenter
son nombre d’utilisateurs et
c’est l’une des raisons qui a
poussé le groupe IMA à investir
dans la start-up. Cette entreprise
met à disposition sur sa plate-
forme 3.200 structures de ser-
vice dans toute la France, qui
proposent la mise en relation
avec des aides ménagères par
exemple. Ce qui permet notam-
ment aux assureurs de créer des
parcours personnalisés pour
leurs assurés. Avec 52.000 parti-
culiers qui utilisent l’appli, Coor-
ganiz a enregistré un bon
démarrage. Il vise désormais
3 millions d’utilisateurs d’ici à
trois ans et un chiffre d’affaires
de 1 million d’euros pour 2020.
Jusque-là, sa croissance s’était
faite par le bouche-à-oreille,
mais depuis que la jeune pousse
a démarré une campagne
d’acquisition, le rythme s’est
accéléré, plus de 5.000 téléchar-
gements par semaine, avec un
taux de rétention d’un tiers des
utilisateurs. — G. B.
laire au concept des cuisines Ikea. »
Une simplicité de prise en main doit
l’aider à accélérer rapidement
ailleurs à l’étranger ! Déjà présente
en Italie, la start-up est en phase de
conclure de nouveaux partenariats
dans d’autres pays limitrophes à la
France dans les prochains mois.
Pas encore rentable, elle ravit ses
investisseurs de la première heure
(Breega et 360 Capital Partners),
ainsi qu’Iris Capital, qui a rejoint
l’aventure en 2018 en misant 15 mil-
lions d’euros avec l’aide de ses inves-
tisseurs historiques. En 2012 puis en
2019, Amazon a racheté Kiva Sys-
tems et Canvas Technology, et
investi dans Aurora, des pépites
valorisées autour du milliard de
dollars et évoluant dans le même
secteur. n

PME&REGIONS
Concentration en vue
dans la manutention portuaire
l Bolloré Transport & Logistics cède ses activités en France au groupe breton Kuhn.
l Fort de ses 620 collaborateurs et 120 millions d’euros de chiffre d’affaires, le nouvel ensemble couvrira la plupart
des ports de commerce de l’Hexagone.
Stanislas du Guerny
— Correspondant à Rennes.
Regroupement dans le domaine de
la manutention et logistique por-
tuaires. Bolloré Transport & Logis-
tics cède l’ensemble de ses activités
en France à son concurrent brestois
Kuhn. « Le départ des ports français
de Bolloré nous fait mal, nos ports per-
dent un grand acteur historique »,
indique sans détour Christian de
Tinguy, le président de l’Union
nationale des industries de la manu-
tention dans les ports français
(Unim). « Heureusement, continue-
t-il, les implantations de Bolloré tom-
bent dans l’escarcelle du breton
Kuhn », et non pas dans celle d’un
étranger, comme pouvait initiale-
ment le craindre la profession.
Bolloré Ports France apporte
dans la corbeille ses 320 collabora-
teurs répartis entre 14 ports. Kuhn,
qui dispose d’une présence dans
10 ports, va, dans le cadre de ce
rachat, ajouter à son réseau ceux
de Dunkerque, Rouen, Saint-
Brieuc, Les Sables-d’Olonne,
Rochefort et Sète, dont il était jus-
qu’à présent absent.
Composé de 620 salariés pour
120 millions d’euros de chiffre
d’affaires annuel, le nouvel ensem-
ble contrôlé à 100 % par la famille
Kuhn répartit ses activités entre la
manutention portuaire, la consi-
gnation des navires, l’affrètement et
le stockage.
« L’objectif est de dévelop-
per » les sites portuaires
Le rachat a été signé fin juillet. Il sera
pleinement concrétisé à
l’automne, car il est soumis à l’avis de
l’Autorité de la concurrence. Il per-
mettra « de créer une offre complète
sur le territoire national », indique la
direction de l’entreprise brestoise.
Chaque site est d’un poids économi-
que différent : ils sont tous analysés à
la loupe par Kuhn, qui « n’a pas
l’intention de fermer des implanta-
tions ; l’objectif est de les développer »,
précise encore un proche du groupe.
Bolloré Transport & Logis-
tics justifie son désengagement des
quais par un recentrage de ses activi-
tés de manutention et de logistique
portuaire sur les marchés interna-
tionaux où le groupe est déjà
implanté, « notamment en Afrique
Le port de La Rochelle s’achemine
vers les 10 millions de tonnes
Dopée par le trafic
de céréales, de produits
pétrolier et de pâte
à papier, l’activité du port
progresse.
Frank Niedercorn
@FNiedercorn
— Correspondant à Bordeaux
Le port de La Rochelle va-t-il dépas-
ser cette année la barre symbolique
des 10 millions de tonnes qu’il
approche depuis plusieurs
années ? En 2018 il a enregistré une
progression de 12,5 % de son acti-
vité, avec 9,6 millions de tonnes trai-
tées, sans toutefois dépasser son
plus haut historique de 9,8 millions
de tonnes en 2015. Quand le voisin
bordelais a connu de gros problè-
mes de gouvernance et souffre de sa
situation au fond d’un estuaire,
celui de La Rochelle, avec son accès
direct en eau profonde, est en pleine
santé. Devenant même le sixième
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
Les activités du port de commerce de Brest sont très liées à l’agriculture. Photo Pierre Pleizes/RÉA
de l’Ouest » et en Asie. De son côté,
Kuhn va profiter de ce rachat pour
étendre sa toile et prendre une
dimension de portée nationale. Jus-
qu’à présent uniquement basé dans
les ports de l’Atlantique et de la Man-
che – de Brest à Lorient en passant
par La Rochelle et Le Havre –, il
s’ouvre à de nouveaux horizons, en
Méditerranée, par exemple, grâce à
l’agence de Bolloré de Sète.
Pour financer cette acquisition,
les trois frères Kuhn, associés dans
la même société holding Groupe
Maritime Kuhn, évoquent les fonds
engrangés par leur groupe suite à la
cession organisée en 2016 par leur
père, Jacques Kuhn, de l’armement
à la pêche au thon CFTO (Concar-
neau) vendu au groupe néerlan-
dais Parlevliet & Van der Plas. Le
groupe Kuhn est aussi soutenu par
ses partenaires bancaires dans ce
port français et devançant désor-
mais le voisin girondin. Le trafic est
toujours tiré par le transport de
céréales, qui pèse pour 41 % de
l’activité, suivi des produits pétro-
liers pour 30 % et des produits
forestiers. Le port étant d’ailleurs
devenu le deuxième en Europe
pour l’importation de pâte à papier.
Les entreprises de manutention,
qui depuis la réforme portuaire de
2008 se sont vu transférer la gestion
et l’exploitation des outillages, ont
investi 53 millions d’euros l’an der-
nier. Socomac, qui appartient au
Groupe Soufflet, a ainsi investi
32 millions d’euros dans un nou-
veau silo de 63.000 tonnes connecté
via une bande transporteuse jus-
qu’au portique de chargement sur
le quai aujourd’hui occupé par Bol-
loré. L’industriel, dont les activités
de manutention sont en voie d’être
reprises par le groupe breton Kuhn,
exploite au total trois terminaux
sur le port charentais, qui en
Le rachat a été signé
fin juillet.
Il sera pleinement
concrétisé
à l’automne,
car il est soumis
à l’avis de l’Autorité
de la concurrence.
rachat. Directeur général de cette
filiale du groupe Bolloré, Stéphane
Courcoux indique dans un commu-
niqué que ce projet « entre deux
groupes bretons » correspond à l’évo-
lution de la filière portuaire fran-
çaise « dans un contexte de concen-
tration des principaux clients ». Pour
répondre aux différentes fusions
compte huit. Il manutentionne
2,75 millions de tonnes par an, dont
deux tiers de céréales.
Vrac agricole et colis lourds
A l’image du port, le groupe Kuhn
présent à La Rochelle depuis 2004
avec le rachat de Fast (Forest
Agency Service Terminal) spécia-
liste de l’importation de produits
forestiers. Réussissant à quintupler
ses volumes en cinq ans, pour
atteindre 1 million de tonnes.
70
EOLIENNES
Le nombre d’unités débarquées
en 2018. Cette activité
a nécessité un élargissement
des voies pour permettre l’accès
de convois mesurant
jusqu’à 80 mètres de long.
des armateurs, des logisticiens et
des industriels, les manutentionnai-
res portuaires sont tenus de se
regrouper afin « d’optimiser les
investissements ». Il leur faut capter
de nouveaux tonnages, sachant que
la logistique portuaire présente un
chiffre d’affaires plutôt atone
compte tenu de la forte concur-
rence des ports néerlandais, belges
et espagnols. « Les marchés sont sta-
bles dans le vrac et progressent légère-
ment de 2 à 3 % dans le conteneur »,
précise Christian de Tinguy.
Il existe 66 ports de commerce
répartis sur le littoral français. Les 8
plus grands (Marseille, Le Havre,
Bordeaux, Nantes…) concentrent
80 % du trafic annuel d’un volume
global de 350 millions de tonnes de
fret. Vingt-trois ports, plus petits,
présentent un trafic annuel de plus
de un million de tonnes. n
« Nous avons connu des hauts et des
bas et nous nous sommes restructu-
rés notamment en nous orientant
vers le vrac agricole et en augmentant
la manutention de colis lourds, et
notamment les éoliennes pour les-
quelles nous avons désormais une
forte expérience », explique Fran-
çois-Georges Kuhn. Fast, qui
emploie 15 salariés et 45 dockers en
équivalent temps-plein, a ainsi
débarqué 70 éoliennes sur la seule
année 2018. Une activité pour
laquelle le port a dû réaliser des
investissements en élargissant les
voies qui devaient être accessibles à
des convois mesurant jusqu’à
80 mètres de long.
Pour le port, qui anticipe un trafic
à nouveau en croissance, la pro-
chaine grande étape sera celle du
projet Port Horizon 2025. Un inves-
tissement de 80 millions d’euros qui
doit encore obtenir l’avis favorable
du Conseil national de la protection
de la nature (CNPN). n
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
Saint-Malo ne cesse
de perdre des tonnages
Les volumes de fret se
réduisent d’année en
année dans ce port de
commerce qui souffre de
son enclavement et d’une
trop faible diversification.
Les chiffres parlent d’eux-mê-
mes. Quand le port de commerce
de Saint-Malo traitait 1,9 million
de tonnes de marchandises en
2008, l’an dernier son trafic n’était
plus que de 1,2 million de ton-
nes. Président de l’Union mari-
time de Saint-Malo, qui regroupe
les acteurs locaux, Jean-Luc Win-
ter met notamment en évidence
la situation géographique des ins-
tallations portuaires « enclavées
près de la ville close ».
Il est difficile, voire impossible,
d’envisager des extensions, des
créations de locaux de stockage,
alors que les utilisateurs histori-
ques comme le Groupe Roullier,
spécialiste des engrais, « ont
réduit de moitié en quinze ans ses
volumes débarqués », conti-
nue Jean-Luc Winter. D’autres
acteurs, comme la société ISB, qui
importe du bois, a préféré investir
au port de Nantes-Saint-Nazaire,
où elle a pu construire un bâti-
ment de stockage.
Certaines activités du port de
commerce de Saint-Malo sont
« Il faut diversifier
les activités,
ne plus dépendre
essentiellement
de la nutrition
animale. »
JEAN-LUC WINTER
Président de l’Union maritime
de Saint-Malo
situées dans la partie intérieure
protégée par une écluse qui ne
peut pas recevoir des bateaux de
plus de 150 mètres de long, ce qui
freine d’autant plus les activités.
Mais Jean-Luc Winter estime qu’il
est encore possible de renouer
avec la croissance. Il met en exer-
gue l’hinterland malouin, le mil-
lion d’habitants qui vivent à moins
d’une centaine de kilomètres. « Il
faut diversifier les activités, ne plus
dépendre essentiellement de la
nutrition animale », soupire le
dirigeant qui reproche aux princi-
paux acteurs de ne pas avoir su
« suffisamment anticiper ».
Redynamiser
le port de commerce
Une prochaine délégation de ser-
vice public sera mise en œuvre à
partir de 2020 par la Région Bre-
tagne, le propriétaire des installa-
tions portuaires. Deux candidats
sont officiellement en lice, il s’agit
de la CCI d’Ille-et-Vilaine, le délé-
gataire sortant, et de la société
Edéis, jusqu’à présent surtout
référencée dans la gestion d’aéro-
ports régionaux.
Des investissements sont pré-
vus pour redynamiser le port de
commerce, il est prévu un appro-
fondissement de l’avant-port pour
l’accueil de ferrys de grande taille
et la rénovation de la gare mari-
time. Compte tenu du montant à
investir – de l’ordre de 75 millions
d’euros –, la Région a prévu de
prendre à sa charge les travaux. La
compagnie finistérienne Brittany
Ferries est la principale utilisatrice
du port. L’armateur embarque et
débarque 500.000 passagers cha-
que année, qui effectuent la traver-
sée entre la Cité corsaire et Ports-
mouth au sud de l’Angleterre. Ses
ferrys chargent à leur bord du fret
p a r c a m i o n s , d e l ’o r d r e d e
250.000 tonnes par an. — S. de G.

Les Echos Mercredi 4 septembre 2019
Maison Berger achète Devineau,
le leader français de la bougie
NORMANDIE
L’inventeur du système
de diffusion de parfum
par lampe à catalyse
annonce ce mercredi
4 septembre l’acqui-
sition de Devineau,
créateur et fabricant
de bougies.
Claire Garnier
— Correspondante à Rouen
Maison Berger Paris veut rimer
avec autre chose que ses lampes
Berger. L’inventeur du système de
diffusion de parfum par lampe à
catalyse annonce, ce mercredi
4 septembre, l’acquisition de l’entre-
prise familiale Devineau, leader
français de la création et fabrication
de bougies depuis cinq générations.
« Pour grandir, nous devons nous
intéresser à d’autres supports et pro-
duits, car la lampe à catalyse est un
marché de niche et le restera », expli-
que Olivier Sillion, PDG de Maison
Berger. « Sur un marché du parfum
d’intérieur de 15 milliards d’euros, la
bougie pèse 7 milliards d’euros, souli-
gne-t-il. D’où l’intérêt d’internaliser
cette compétence supplémentaire
pour élargir notre offre. »
Sedelka marie services connectés
et construction de logements
LA PME À SUIVRE
NORMANDIE
Installé à Caen,
le promoteur immobi-
lier lance ses premiers
logements connectés.
Philippe Legueltel
— Correspondant à Caen
Des logements, Sedelka en cons-
truit en moyenne 300 par an. Mais
le premier promoteur immobilier
indépendant de Normandie, à Caen
(Calvados), veut aller plus loin dans
son offre de services à ses résidents.
« Nos clients attendent plus de nous.
Montagne : Engie cède à suivre
Altiservice à un fonds de Mirova Paris : les bus
OCCITANIE
Le groupe énergétique
a vendu 80 % des parts
de l’opérateur privé de
ski, qui gère les stations
de Saint-Lary et de
Font-Romeu-Pyrénées
2000, au fonds BTP
Impact Local de Mirova
(groupe Natixis).
Altiservice à Toulouse, qui gère en
délégation de service public (DSP)
les première et troisième stations de
ski des Pyrénées françaises, Saint-
Lary (Hautes-Pyrénées) et Font
Romeu-Pyrénées 2000 (Pyrénées-
Orientales), a changé d’actionnaire
majoritaire cet été. Engie a vendu
80 % des parts au fonds BTP Impact
Local géré par Mirova, une filiale de
Natixis Investment Managers
(groupe BPCE), et garde 20 %. « Engie
a souhaité se recentrer sur les énergies
renouvelables et nous avons cherché
un nouveau partenaire pour investir
dans les stations », dit Yves Rougier,
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
Le groupe Devineau, repris par Maison Berger, est solidement
implanté dans la grande distribution. Photo Maison Berger/Devineau
L’entreprise installée à Bourgthe-
roulde dans l’Eure a réalisé 48 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires en
2018, avec 150 salariés. Devineau
affiche, lui, 43 millions d’euros de
chiffre d’affaires avec 350 salariés
répartis entre le siège social et
l’usine de Carquefou (Loire-Atlan-
tique), le site de Cugand (Vendée),
dédié aux petites séries, et l’usine
de Bizerte (Tunisie), spécialisée
dans les produits à fort taux de
main-d’œuvre.
Notre valeur ajoutée va au-delà de
bâtir quatre murs. Il nous faut main-
tenir le lien commercial avec le client
et l’accompagner dans son parcours
résidentiel », explique Malek
Rezgui, le président de Sedelka.
Avec un chiffre d’affaires de
55 millions d’euros et 40 collabora-
teurs, le groupe a décidé d’innover
en travaillant sur la numérisation de
l’habitat. « C’est l’avenir. Je fais le pari
que les habitants voudront vivre plus
d’expériences et d’émotions directe-
ment chez eux », ajoute Malek
Rezgui. En 2013 il a donc lancé sa
filiale GestHome pour développer
des technologies favorisant le main-
tien à domicile. Trois ans plus tard,
naît Dommee, un petit boîtier élec-
tronique visant une interopérabilité
PDG d’Altiservice. Créé en 1990 par
la Lyonnaise des Eaux pour gérer la
station de Saint-Lary et vendu à
Engie en 2012, Altiservice perd de
l’argent depuis plusieurs années
dans une économie du ski rendue
difficile par le réchauffement du cli-
mat. L’entreprise, qui emploie 95
permanents et 450 saisonniers, a
supporté des pertes nettes de
2,5 millions d’euros en 2018 et de
2,9 millions en 2017 pour un chiffre
d’affaires resté stable à 29 millions.
Avant de changer d’actionnaire,
Altiservice a apuré ses comptes en
se retirant de la gestion de deux peti-
tes stations, Artouste (Pyrénées-At-
lantiques), en cours de contrat en
avril dernier, et Guzet (Ariège), à la
fin de la DSP en 2017. « Nous perdions
29
MILLIONS D’EUROS
Le chiffre d’affaires 2018
d’Altiservice. Les pertes nettes
atteignent 2,5 millions.
Le rapprochement ne vient pas
de nulle part. Devineau était le four-
nisseur de bougies parfumées de
Maison Berger, qui avait com-
mencé à se diversifier en 2017, lors
de l’acquisition de l’entreprise par le
fonds Argos Wityu. Ce dernier
détient 91,5 % du capital aux côtés
du management (6,5 %) et de la
région Normandie (2 %) via son
fonds Normandie Participations.
Maison Berger tire aujourd’hui
30 % de ses revenus de produits par-
avec tous les objets connectés exis-
tants et relié à la télévision. Mais
les complexités techniques et la
défiance des utilisateurs ralen-
tissent son essor.
Prestataires de services
Sedelka décide alors d’adosser
sa filiale à la start-up MSH (Ma-
SmartHome) de Montp ellier
(Hérault). « Comme GestHome, nous
constatons aussi que les utilisateurs
préfèrent des équipements discrets,
cachés, afin de ne pas se sentir enva-
his. Les technologies connectées
doivent servir des scénarios de vie
quotidienne et personnalisables en
fonction des habitudes de chacun »,
explique Angelo Blot, créateur de
MSH. Au résident de choisir, via la
2 à 2,5 millions d’euros par an avec ces
deux stations qui sont trop petites
pour rentabiliser les remontées
mécaniques », déplore Yves Rougier.
Avec le soutien de son nouvel action-
naire, Altiservice prévoit d’investir
dans des canons à neige, des travaux
de pistes voire des remontées méca-
niques à Font Romeu-Pyrénées
2000 et à Saint-Lary, dont les conces-
sions se terminent en 2022 et 2024.
Téléphérique toulousain
Pour compenser la saisonnalité du
ski, la société se diversifie dans
l’exploitation des téléphériques
urbains et industriels. Elle gère des
remontées de la société d’hydroé-
lectricité Shem (Engie) et a obtenu
un gros contrat de maintenance du
téléphérique urbain de Toulouse
qui ouvrira en 2021, d’un montant
de 38 millions d’euros sur 20 ans.
Altiser vice a aussi répondu à
l’appel d’offres pour opérer le télé-
phérique toulousain et s’intéresse
aux projets d’Ajaccio, Créteil,
Lille, etc. L’entreprise propose aussi
des prestations de services aux sta-
tions de ski. — L. M.
fumants, hors lampe Berger. Ce
sont des bougies et bouquets parfu-
més, des diffuseurs de parfums de
voiture sans oublier le réveil olfac-
tif Sensorwake de la start-up nan-
taise Bescent, qu’il a acquise en
mars 2019.
Deux entreprises
du « Patrimoine vivant »
Titulaires toutes les deux du label
Entreprise du patrimoine vivant,
Maison Berger et Devineau font le
pari de générer de la valeur avec
leurs différences et leur complé-
mentarité. Ainsi Devineau réalise
75 % de son chiffre d’affaires dans
la fabrication de produits pour
d’autres noms (dont LVMH, L'Oréal,
Yves Rocher, Procter & Gamble),
Ilek
alors que Maison Berger ne tra-
vaillait, jusqu’à présent, que pour
ses propres marques.
Autre différence, Devineau est
solidement implanté dans la
grande distribution ce qui n’est pas
le cas de Maison Berger. Qui pos-
sède en revanche un important
réseau de distribution à l’interna-
tional (60 pays) avec un chiffre
d’affaires à l’export de 75 % contre
seulement 10 % pour Devineau.
Enfin, Maison Berger a un déficit
d’image auprès des jeunes et des
« digital natives ». Handicap qu’il
espère corriger en s’associant avec
le leader de la bougie. n
plate-forme créée, ses équipements
connectés avec la certitude qu’ils
sont interopérables. Des services
seront alors accessibles, du baby-
sitting à la restauration ou le main-
tien à domicile. « Notre métier va
évoluer. Nous allons devenir des pres-
tataires et intégrateurs de services »,
juge le promoteur. De premiers
logements connectés seront livrés
à Mondeville, près de Caen.
Sedelka développe parallèlement
ses activités de promotion. Déjà pré-
sent àChartres, il entend partir à la
conquête de l’Ile-de-France cette
année et de Rhône-Alpes-Auvergne
l’an prochain en ouvrant des
bureaux à Paris et à Lyon. De quoi
atteindre 1.000 livraisons de loge-
ments par an à l’horizon 2023. n
Kamp’n
touristiques
sous pression
ÎLE-DE-FRANCE La préfec-
ture de police a procédé
mardi à des contrôles sur les
lignes régulières touristiques,
aboutissant à 18 contraven-
tions. Un coup de pression
supplémentaire sur les qua-
tre opérateurs présents dans
la capitale, deux opérant sans
permis, alors que la Ville et la
région se sont mises d’accord
pour réguler ce secteur.
Agrial renforce
ses activités
dans les viandes
NORMANDIE La coopérative
agricole Agrial va acheter
dans l’Ain les firmes de char-
cuterie La Bresse et Sibert,
qui cumulent une vingtaine
de millions d’euros de chiffre
d’affaires et 130 salariés. Elle
a déjà acheté Brient en 2017
e t Ta l l e c e n 2 0 1 8 . A g r i a l
évoque « une nouvelle étape »
pour sa branche viandes.
PME & REGIONS // 25
innovateurs
LE FINANCEMENT ILEK
6 millions pour décupler
ses centrales d’énergie verte
Date de création : 2016
Président : Julien Chardon
Montant : 6 millions d’euros
Effectif : 25 personnes
Secteur : énergie verte
Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse
En croissance régulière depuis
sa création il y a trois ans, la
plate-forme de vente d’énergie
renouvelable ilek, localisée à
Toulouse, annonce ce mercredi
avoir bouclé une levée de fonds
de 5 millions d’euros auprès
d’Alter Equity, chef de file de
l’opération avec 4 millions, de
Kima Ventures et Sorepar. A ce
montant s’ajoute un prêt de
1 million de bpifrance. C’est le
premier investissement du nou-
veau fonds Alter Equity 3PII, qui
a bouclé un premier closing à
55 millions en décembre der-
nier. Les deux cofondateurs
d’ilek, le polytechnicien Julien
Chardon et le spécialiste du
marketing Rémy Companyo,
gardent la majorité du capital.
Ils achètent l’électricité verte à
six exploitants de centrales
LA LEVÉE DE FONDS KAMP’N
2 millions pour optimiser
la publicité digitale
Date de création : 2014
Président-fondateur :
Charles Martin-Laval
Montant : 2 millions d’euros
Effectif : 20 personnes
Secteur : publicité digitale
Paul Molga
— Correspondant à Marseille
Les succès s’enchaînent pour la
technologie d’optimisation de la
performance des campagnes
publicitaires en ligne de Kamp’n.
Après avoir été reconnue
comme Google et Facebook
Marketing Partner, un statut que
partagent une poignée d’entre-
prises dans le monde, la jeune
société marseillaise vient de
convaincre ACG Management
de participer à un tour de table
de 2 millions d’euros, aux côtés
de plusieurs investisseurs du
réseau d’amorçage Provence
Business Angels, qui avaient
déjà placé 1 million d’euros en
2016. L’opération laisse le fonda-
teur, Charles Martin-Laval,
majoritaire. « Elle va nous per-
hydroélectriques et éoliennes, et
le biogaz de méthanisation à
deux fermes d’élevage en Breta-
gne et en Alsace et, depuis mai, à
la station d’épuration de Perpi-
gnan Méditerranée Métropole.
A la recherche de nouvelles
sources, la jeune entreprise
accompagne aussi six projets de
parc éolien dans les Pays de la
Loire et en Rhône-Alpes, qui
entreront en production d’ici à
deux ans. Ilek achète l’énergie
verte en garantissant aux four-
nisseurs un prix fixe pendant 3 à
5 ans et la revend localement à
ses clients au prix du marché
réglementé. « Ce circuit court
permet aux producteurs d’être
mieux rémunérés que sur le mar-
ché de gros de l’énergie », affirme
Julien Chardon, président.
Doubler l’effectif en un an
La plate-forme atteindra le cap
des « 50.000 abonnés à la fin sep-
tembre », principalement des
particuliers. Leur nombre aug-
mente de 10 % par mois. La
France ne compte que trois
fournisseurs exclusifs d’énergie
verte, les deux autres étant
Enercoop et Energie d’ici. Ce
financement permettra à ilek de
décupler son portefeuille de
production d’ici à cinq ans pour
atteindre 2,5 térawattheures
par an, soit 2,5 milliards de kilo-
wattheures. En même temps,
l’entreprise développera de
nouveaux services aux clients
pour leur permettre de mieux
gérer leur consommation. Pour
cela, elle va doubler son effectif
en recrutant 25 personnes en
un an. n
mettre de renforcer nos équipes
commerciales pour nous dévelop-
per en Europe, et d’investir dans le
développement de la plate-forme
sur d’autres réseaux », explique-
t-il. Dans son viseur figure Lin-
kedIn, Snap, Pinterest et Twitter,
en plus de Facebook, Google et
Instagram. Kamp’n n’a pas de
concurrent frontal. La société a
mis au point une solution logi-
cielle qui automatise et contex-
tualise l’affichage des publicités
en ligne. Son système s’appuie
sur un ensemble de règles tirées
de partenariats avec d’autres
acteurs du Web : services météo,
informations sportives, chaîne
vidéo… Pour configurer leur
campagne, les marques n’ont
qu’à cocher les cases correspon-
dantes. Afficher une promotion
en montagne quand la neige se
met à tomber, relancer des paris
sur un match après un but, ou
encore gérer les offres de maga-
sins en tenant compte du com-
mentaire des internautes.
France Télévisions et But
Selon l’entreprise, sa plate-
forme améliorerait la perfor-
mance des campagnes digitales
de 35 % en moyenne et engen-
drerait un gain de productivité
de plus de 75 %. Commercialisée
sous forme de licence mensuelle
au coût non divulgué, elle a déjà
convaincu une centaine de
clients, dont France Télévisions,
Odalys, Digitick ou But, qui ont
dépensé au total plus de 10 mil-
lions en campagnes publicitai-
res dopées par Kamp’n. n

FINANCE&MARCHES
La livre sterling au pied du mur après
le coup de poker de Boris Johnson
l La livre est tombée à son plus bas
depuis octobre 2016 après les derniers
développements autour du Brexit.
l Les marchés des changes sont proches
de la rupture après des mois d’incerti-
tude, qui ont miné la confiance dans
la devise et dans sa classe politique.
DEVISE
Nessim Aït-Kacimi
@NessimAitKacimi
L’imbroglio sans fin du Brexit et ses
derniers rebondissements ont pré-
cipité une nouvelle chute de la livre
sterling, tombée à son plus bas
depuis octobre 2016. Elle est arrivée
sous le seuil de 1,20 dollar, à
1,1959 dollar mardi, avant de se
stabiliser à 1,2030 dollar. Si l’on
exclut le « flash crash » du 7 octobre
2016, lorsqu’elle perdit près de 9,6 %
à 1,1491 dollar en 40 secondes avant
de rebondir, la devise a atteint son
plus bas face au billet vert depuis
1985. Et la volatilité reste élevée,
compte tenu du regain d’incertitu-
des politiques. « Tous les scénarios
politiques sont de nouveau possibles,
commente Viraj Patel, stratège
changes chez Arkera. Une sortie de
l’Europe sans accord le 31 octobre
reste l’hypothèse la plus négative
pour la monnaie, et les marchés assi-
gnent une probabilité de 60 à 65 % à
ce scénario, contre 45 % pour les sites
de paris en ligne. »
Le consensus des stratèges établi
par Bloomberg prévoit que la livre
s’établira à 1,23 dollar en fin d’année.
Mais deux banques, Mitsubishi UFJ
Financial Group et Barclays, antici-
pent un décrochage de la monnaie
anglaise, respectivement à 1,10 et
1,09 dollar fin décembre. « Les ris-
ques d’une nouvelle baisse de la
devise anglaise sont plus élevés qu’un
éventuel rebond. Elle est plus vulné-
rable aux mauvaises nouvelles qu’il y
a quelques semaines », avertissent
de leur côté les stratèges de Deuts-
che Bank. La livre sterling, qui a
effectué un grand saut dans
l’inconnu depuis le vote du référen-
dum en 2016, connaît un mouve-
ment de défiance généralisée.
Notoirement pessimistes
Cette année, la devise a perdu 6 %
par rapport au billet vert, 5 % contre
le franc suisse, 9 % par rapport au
yen et 1,6 % contre l’euro. Les hedge
funds sont notoirement pessimis-
tes sur son évolution, à l’exception
de Crispin Odey, partisan du Brexit
qui avait gagné 220 millions de
Zéro coupon, rendement négatif : l’étrange succès des convertibles
MARCHÉS
OBLIGATAIRES
L’ex-filiale d’Accor
a émis 500 millions
d’euros d’obligations
convertibles,
à zéro coupon
et à rendement négatif.
Cette classe d’actifs
a le vent en poupe.
Laurence Boisseau
@boisseaul
C’est la première émission d’obliga-
tions convertibles en Europe depuis
cet été. Mardi matin, le groupe de
services prépayés Edenred a donné
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
livres après le référendum de 2016,
et ne parie plus sur la chute de la
devise anglaise, a-t-il assuré fin août
au quotidien « The Telegraph ».
« En cas de nouvelle élection, les
fonds alternatifs pourraient racheter
leurs positions vendeuses et faire
rebondir la livre sterling dans la zone
de 1,22 à 1,24 dollar. Quand Theresa
May annonça des élections législati-
ves anticipées en juin 2017, la devise
anglaise avait progressé de 1,5 % à
2 % par rapport au dollar », rappelle
Viraj Patel.
Plongeon incontrôlé
L’incertitude politique se reflète
dans les convictions des investis-
seurs : 44 % des clients de la banque
Nomura pensent que le Royaume-
Uni quittera l’Europe le 31 octobre
et 56 % qu’un nouveau délai sera
accordé. Mais ceux qui croient que
l’échéance sera tenue sont pessi-
mistes sur l’issue des négociations.
Les trois quarts estiment que le pays
sortira de l’Europe dans les temps
mais sans accord. Compte tenu des
risques pour l’économie britanni-
que et les marchés, la Banque
d’Angleterre (BoE) pourrait inter-
venir et venir, le cas échéant, au
secours de la livre. Elle intervien-
drait sur le marché des changes en
cas de plongeon incontrôlé de sa
monnaie.
Une sortie sans accord coûterait
2,5 points de PIB au pays sur deux à
trois ans, estiment les économistes
de Citi. Sa croissance serait au point
mort en 2020 et 2021 et le taux de
change global de la livre sterling
pourrait perdre 5 % à 10 %. Pour
sortir le pays du marasme, la BoE
pourrait ramener ses taux d’intérêt
à zéro jusqu’en 2022, et reprendrait
son programme de rachat d’actifs à
un rythme de 50 milliards de livres
par mois. « Si la chute de la monnaie
anglaise est bien plus forte qu’anti-
cipé, on ne peut exclure une crise de la
balance des paiements et une accélé-
ration des sorties de capitaux à des
niveaux critiques qui contraindrait
la BoE à relever les taux d’intérêt.
Cela aggraverait la crise », avertit la
banque Citi.
( Lire nos informations
Pages 6 et 7
le coup d’envoi à la réouverture de
ce marché : l’entreprise française a
émis 500 millions d’euros de dette
convertible à échéance 2024. Ces
produits hybrides cumulent à la
fois les bénéfices d’une obligation
(coupon procurant un rendement)
et d’une action (participation à la
hausse potentielle du titre en cas de
conversion).
Cette opération – la première de ce
type pour Edenred – a été couronnée
de succès. « Elle a été réalisée dans les
meilleurs termes pour la société, dans
le haut des fourchettes proposées, avec
une forte demande des investisseurs »,
explique Cyril Revenu, responsable
des marchés primaires actions chez
HSBC France, qui a participé à l’opé-
ration, aux côtés de BNP Paribas,
Société Générale, Crédit Agricole et
JP Morgan.
Pourtant, les conditions des obli-
gations émises par l’ex-filiale
d’Accor, connue pour ses Ticket
Restaurant, peuvent surprendre.
Non seulement le coupon (taux
d’intérêt versé aux prêteurs) est à
zéro ; ce qui signifie que les investis-
seurs ne seront pas rémunérés
durant les cinq ans de vie de l’obliga-
tion, mais le rendement proposé est
négatif. A –1,53 %, il a même battu
un record. « C’est le plus bas jamais
proposé par une entreprise sur le
marché européen », explique Cyril
Revenu. Cela signifie que pour
108 euros investis, en cas de non-
conversion, les investisseurs ne tou-
cheront que 100 euros à maturité.
Enfin, la prime de conversion est
élevée. Pour que l’investisseur
puisse demander une conversion
de sa dette en actions, il faudrait que
l’action Edenred bondisse de 40 %
au cours des cinq prochaines
années. Or, le titre a déjà gagné 36 %
depuis janvier et cote très près de
son plus haut historique.
A l’heure actuelle,
les obligations
convertibles
permettent aux
entreprises de lever
de la dette sans payer
d’intérêt.
Depuis janvier, le marché des
obligations convertibles se porte
bien. En Europe, le volume d’émis-
sions a atteint 11,1 milliards de dol-
lars, contre 12 milliards pour
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
Les secteurs exposés
en cas de « hard Brexit »
La Bourse britannique
est fragilisée par l’incerti-
tude politique. 30 milliards
de dollars de capitaux sont
sortis des fonds « actions
britanniques » depuis 2016.
Sophie Rolland
@Sorolland
« Sous-pondéré, peu cher et mal
aimé. » Les qualificatifs choisis
par les experts d’AllianzGI pour
décrire le marché britannique
risquent de rester d’actualité
encore un moment. L’incertitude
politique, la perspective d’élec-
tions anticipées et la menace d’un
« hard Brexit » agissent comme
un repoussoir sur les investis-
seurs internationaux. Depuis
l’annonce du départ de Theresa
May, il y a un peu plus de trois
mois, les fonds « actions britanni-
ques » ont subi 4,2 milliards de
dollars de décollecte, selon les
derniers chiffres d’EPFR. Si l’on
remonte au référendum sur le
Brexit de juin 2016, les sorties de
capitaux frôlent désormais les
30 milliards de dollars.
Corrélation inverse
Compte tenu de l’instabilité poli-
tique, un certain nombre de stra-
tégistes de marché, comme ceux
de JP Morgan, recommandent
aux investisseurs de « sous-pon-
dérer » les actions britanniques
dans les portefeuilles « même avec
une livre sterling plus faible ». La
baisse de la devise soutient les
résultats des groupes internatio-
naux – typiquement, des groupes
comme le fabricant de spiritueux
Diageo ou le spécialiste des pro-
duits d’hygiène et de santé Reckitt
Benckiser – car elle gonfle méca-
niquement les profits réalisés à
l’étranger. Elle s’accompagne donc
généralement d’une hausse de la
Bourse. Mais cette corrélation
inverse « risque de disparaître si les
tensions politiques s’exacerbent »,
estiment les experts de JP Morgan.
Alors que Boris Johnson pour-
rait provoquer des élections anti-
cipées le 14 octobre prochain si
le Parlement s’oppose à sa con-
duite du Brexit, les valeurs
do mest i q u es ap p arai s sent
encore plus vulnérables que les
valeurs exp ortatrices. « Le
FTSE 250, plus exposé à l’écono-
mie domestique que le FTSE 100, a
rebondi ces derniers temps, mais
la tendance pourrait s’inverser »,
l’année 2018 dans sa totalité. Der-
nière opération en date, fin juillet,
Worldline, filiale d’Atos, a levé
600 millions d’euros, sur une durée
de sept ans, avec un coupon à 0 %.
En mars, le britannique Vodafone
avait réalisé la plus grosse opéra-
tion de l’année en levant 4 milliards
d’euros de dette convertible en
actions pour financer l’acquisition
des actifs de Liberty Global.
Le niveau historiquement bas des
taux d’intérêt en Europe constitue
un réel facteur de soutien à cette
classe d’actifs. Dans ce contexte, les
obligations convertibles offrent aux
investisseurs un droit de conversion
qui se revalorise au fur et à mesure
de la hausse de l’action, ce qui les
rend particulièrement attractives.
En outre, les liquidités sont abon-
dantes pour les gérants de porte-
p oursuivent les exp erts de
JP Morgan. L’augmentation du
risque politique mine l’économie
britannique. Celle-ci a enregistré
une croissance négative au
deuxième trimestre, l’investis-
sement a fortement ralenti et le
climat des affaires est en berne.
Secteurs à surveiller
Parmi les secteurs à surveiller,
dans la perspective d’élections
anticipées : les services aux col-
lectivités (typiquement, des
valeurs comme National Grid,
SSE, United Utilities et Severn
Trent). Le Labour a en effet évo-
qué, à plusieurs reprises, son sou-
hait de nationaliser une partie des
sociétés d’eau et d’électricité. Les
entreprises de défense ou d’exter-
nalisation de services publics
pourraient, elles, voir le volume
de leurs contrats diminuer avec
l’instabilité politique. Capita, BAE
Systems et Babcock International
sont en première ligne.
La construction et le secteur
immobilier au sens large
(Countrywide, Hammerson)
sont, eux, touchés de plein fouet
par le ralentissement de l’activité.
Tout comme les banques ayant
une forte activité domestique
comme Lloyds Banking Group,
Royal Bank of Scotland ou Metro
Bank. Citigroup prévoit une
baisse de 25 % des résultats des
banques britanniques si le gou-
vernement met en œuvre une
sortie sans accord.
M&S pourrait
être exclu
du Footsie
La célèbre chaîne
de magasins britannique
Marks & Spencer (M&S)
pourrait bien être exclue
du FTSE 100, à l’issue
de la revue trimestrielle
de l’indice mercredi. M&S,
qui faisait partie des mem-
bres fondateurs du Footsie
en 1984, a perdu environ
40 % en Bourse depuis le
début de l’année dernière.
Le groupe plus que cente-
naire souffre du dévelop-
pement du commerce
en ligne. Goldman Sachs
prévoit une baisse de
ses bénéfices de 22,5 %
cette année.
feuilles, et cela va continuer : d’ici à
la fin de l’année, 7,8 milliards
d’euros d’obligations convertibles
vont arriver à échéance et ce cash
sera rendu aux prêteurs. Telenor
doit rembourser 1 milliard de dol-
lars, d’ici à fin septembre ; Bayer,
4 milliards en novembre.
A l’heure actuelle, les obligations
convertibles permettent aux entre-
prises de lever de la dette sans payer
d’intérêt. En même temps, le risque
de dilution pour les actionnaires
actuels est très faible car les primes
de conversion sont extrêmement
élevées. Depuis deux ou trois ans, de
grandes entreprises sont venues
gonfler les rangs des émetteurs.
Plus de la moitié en Europe sont
aujourd’hui notés « investment
grade » ou équivalent, contre 25 %
seulement en 2015. n

Les Echos Mercredi 4 septembre 2019
En Allemagne, la finance européenne
sur le banc des accusés
l Le premier procès du scandale des « CumEx » sur la fraude aux crédits d’impôt s’ouvre ce mercredi à Bonn.
l Les nombreuses banques européennes qui ont profité du système surveillent l’affaire de près.
BANQUE
Thibaut Madelin
@Thibaut Madelin
Plus de soixante journalistes accré-
dités, une dizaine de chaînes de
télévision attendues et une armée
de sténographes embauchés pour
l’occasion par les banques impli-
quées de près ou de loin dans le
scandale des « CumEx ». S’il con-
cerne d’abord deux banquiers
d’investissement britanniques, le
procès qui s’ouvre ce mercredi à
Bonn s’annonce comme celui de la
finance européenne. Il s’agit du pre-
mier procès en Allemagne concer-
nant ce vaste scandale de fraude
aux crédits d’impôt, qui aurait
coûté quelque 10 milliards d’euros
de manque à gagner fiscal au pays
entre 2006 et 2011. Alors qu’il fait
tache d’huile en Europe et que des
enquêtes sont en cours dans plu-
sieurs villes allemandes, il a valeur
de pilote. D’autres procès sont en
effet attendus.
« Le plus grand casse fiscal
de l’histoire allemande »
« Il est grand temps que l’Etat traîne
en justice les premiers coupables du
plus grand casse fiscal de l’histoire
allemande, a déclaré Gerhard
Schick, ancien député écologiste et
fondateur de Finanzwende, une
ONG en faveur de la finance éthi-
que. J’espère que les principaux res-
ponsables finiront derrière les bar-
reaux, car c’est le seul langage que les
gens comprennent. » Le montage
« CumEx » consiste, entre plusieurs
intervenants, à acheter et revendre
des actions autour du jour de verse-
ment du dividende, si vite que
l’administration fiscale n’identifie
plus le véritable propriétaire et
accorde de fait plusieurs crédits
d’impôt pour le même titre rece-
vant un dividende. Les fraudeurs se
partagent ensuite le bénéfice.
10
MILLIARDS D’EUROS
Le manque à gagner fiscal
entre 2006 et 2011.
« CumEx » : comment les banques
ont joué d’une faille juridique
Dans ce scandale de fraude
fiscale impliquant de
nombreuses banques,
des complices s’échangeaient
la même action autour
de la date de versement
du dividende pour recevoir
un crédit d’impôt.
Après les « Panama Papers » ou le
procès UBS, le scandale aux divi-
dendes vient compléter une longue
liste d’affaires de fraude fiscale qui
rattrapent aujourd’hui les banques
européennes. Selon une enquête
menée par 19 médias européens, le
manque à gagner fiscal se chiffre-
rait à 55 milliards d’euros à l’échelle
de l’Europe. Comment les Etats – à
commencer par l’Allemagne – ont-
ils pu laisser passer de tels abus
pendant si longtemps ? La réponse
se trouve dans la complexité du
mécanisme mis en place par des
acteurs financiers sophistiqués et
unis, qui ont profité d’un vide juridi-
que, des faibles ressources des
administrations fiscales et d’une
absence de réaction politique.
Dans le scandale « CumEx », plu-
sieurs complices s’échangeaient la
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
Les banques impliquées de près ou de loin dans le scandale des « CumEx » profitaient d’un vide juridique que le gouvernement a comblé en 2012. Photo Shutterstock
A Bonn, deux anciens traders de
HypoVereinsBank (UniCredit) sont
accusés d’être à l’origine de 34 mon-
tages qui auraient permis 389 mil-
lions d’euros d’évasion fiscale. Mais
cinq établissements financiers,
dont le français Société Générale, la
banque privée allemande M.M.
Warburg ou l’américaine BNY Mel-
lon, sont également poursuivis
pour leur complicité.
« Who’s who de la finance »
Les juges ont fait usage d’un nou-
veau texte législatif, selon lequel les
profits réalisés à partir de pratiques
illégales ne doivent pas être rem-
boursés seulement par l’auteur mais
aussi par ses complices. Reste à
savoir si ces pratiques, qui profi-
taient en réalité d’un vide juridique
jusqu’à ce que le gouvernement les
interdise en 2012, peuvent être consi-
dérées a posteriori comme illégales.
ANALYSE
même action autour de la date de
versement du dividende. Chacun
recevait une attestation fiscale au
titre de l’impôt sur les revenus du
capital, pourtant payé qu’une seule
fois. Les autres pouvaient alors
demander un crédit pour des
impôts qu’ils n’avaient pas payés.
Ce système, courant outre-Rhin
jusqu’à 2011, nécessitait la collabo-
Selon une enquête
menée par 19 médias
européens, le manque
à gagner fiscal
se chiffrerait
à 55 milliards d’euros
à l’échelle de l’Europe.
ration d’une série d’acteurs,
incluant un acheteur domicilié fis-
calement en Allemagne, des ven-
deurs à découvert qui emprun-
taient les titres à des fonds
d’investissement, des maisons de
FINANCE & MARCHES // 27
Toutes les banques ayant profité
du système auront donc le regard
rivé sur ce procès pilote, dont les
audiences sont prévues jusqu’à
début janvier 2020. Elles sont si
nombreuses que leur liste ressem-
ble au « Who’s who de la finance »,
incluant l’allemand Deutsche Bank,
les conférences de
le britannique Barclays, le français
BNP Paribas, l’espagnol Santander
ou l’américain Morgan Stanley.
Pour les acteurs, la facture pour-
rait être lourde. HypoVereinsBank
avait accepté en 2015 de payer deux
amendes pour un montant de
30 millions d’euros. Dans une autre C O M P R E N D R E L’ A R T M O D E R N E
affaire, les autorités fiscales bava-
roises ont demandé à Caceis, la
filiale de Crédit Agricole, une resti-
tution d’impôts portant sur un
montant de 312 millions d’euros,
19
demande assortie de 148 millions
d’intérêts. Le groupe français con-
teste « vigoureusement ». n
De Seurat à Bonnard,
la peinture
postimpressionniste
SEP
courtage ou encore des banques 17 1900 : entre
OCT Art Nouveau
19 L’Art Déco et
MAR les Expositions
dépositaires, qui éditaient les attes-
tations fiscales. et Symbolisme internationales
de 1925 et 1937
Pour le parquet, ces acteurs
21 Les Avant-Gardes :
devaient « se rassembler régulière- NOV autour des Fauves 23 De Pollock
ment et de manière méthodique pour et des cubistes AVR à Soulages :
apparemment faire du courtage abstraction américaine
d’actions dans une démarche com- 19 Entre archaïsme et et reconstruction
DÉC expressionnisme, européenne
merciale, mais en réalité pour se faire une nouvelle esthétique
restituer des impôts de manière illé- 28 L’objet du
gale », indique le tribunal de Bonn, 23 Les révolutions MAI quotidien, entre
où débute le premier pro cès JAN dans l’art :Bauhaus, Nouveau Réalisme
Constructivisme, et Pop culture
« CumEx » ce mercredi. Abstraction
Pour les investisseurs, le jeu en 25 L’éclatement
valait la chandelle. Grâce aux volu- 27 Dada et les
FÉV Surréalistes, l’art
JUIN des pratiques
mes financiers mis à disposition dans les années
par les différents acteurs, ils pou- comme terrain de jeu 1960 et 1970
vaient obtenir des « rendements
incroyables de 10 à 15 % en seulement
trois mois », selon Finanzwende,
une association allemande en
De 18h30 à 20h
faveur de la finance éthique. 10,boulevard de Grenelle
Face au scandale, le gouverne-
ment allemand a interdit ces prati-
Paris 15e
ques depuis 2012. Les autres pays Inscrivez-vouspourles10conférences
10 conférences
ont aussi réagi, mais plus tard. La autarifpréférentielde225€aulieude250€
au tarif préférentiel de 225 € au lieu de 250 €
France, qui aurait perdu entre 1 et connaissancedesarts.com/conferences
3 milliards d’euros par an de recet-
tes fiscales à cause de cette pratique,
s’est ainsi dotée fin 2018 d’un bou-
clier antifraude. — T. M.

28 // FINANCE & MARCHES
Le crédit à la consommation freiné
par la panne du marché automobile
CRÉDIT
En juin, les volumes
de prêts ont baissé
de 7 % sur un an,
à 3,6 milliards d’euros.
Raphaël Bloch
@Bloch_R
Coup de froid sur le crédit à la
consommation. Après des mois
d’avril et de mai dynamiques, la pro-
duction a chuté au mois de juin. Sur
un an, elle a reculé de 7 %, à 3,6 mil-
liards d’euros, selon les chiffres
publiés mardi par l’Association fran-
çaise des sociétés financières (ASF),
qui regroupe les filiales des banques
spécialisées dans cette activité. Cette
baisse mensuelle constitue une pre-
mière depuis janvier et un début
d’année particulièrement compli-
qué pour le secteur sur fond de crise
des « gilets jaunes ». Au total, la pro-
duction au deuxième trimestre reste
RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
toutefois en légère progression :
entre avril et juin, les volumes ont
augmenté de près de 1 %, après une
hausse de 0,4 % entre janvier et
mars. Depuis le début de l’année, les
Français ont emprunté 21,2 mil-
liards d’euros via ce type de crédits.
Recul de la production
de financements
La contre-performance de juin est
essentiellement due au ralentisse-
ment du marché automobile. Selon
le Comité français des construc-
teurs automobiles), les immatricu-
lations de voitures neuves ont
décroché de plus de 8 % en juin
(230.967 véhicules), alors qu’elles
étaient stables entre janvier et
mai. Les immatriculations du
groupe PSA ont baissé de 11 % et cel-
les de Renault de près de 12 %. Pour
les spécialistes du crédit à la
consommation, cela s’est traduit
par un recul de la production de
financements dédiés aux véhicules
neufs (prêts affectés et location avec
ABONNeZ-VOUS
MAINTeNANT
AUX eCHOS
BIENVENUE DANS LA NOUVELLE ECHOSNOMIE
abonnement.lesechos.fr
option d’achat) de plus de 14 %, à
785 millions d’euros en juin sur un
an. « L’année 2018 a été particulière-
ment bonne en matière de crédit à
l’automobile. Donc il n’y a rien
d’anormal à ce qu’il y ait une légère
baisse l’année suivante », expli-
que Françoise Palle-Guillabert,
déléguée générale de l’ASF. Dans le
financement des véhicules d’occa-
sion, les volumes, deux fois moins
élevés que dans le neuf, n’ont pas
bougé (404 millions d’euros) et n’ont
donc pas compensé la tendance.
Signe inquiétant pour le secteur, le
marché de l’automobile ne semble
pas montrer de signes de reprise
pour la fin de l’année. En août, les
immatriculations de voitures neu-
ves ont reculé de 14 %, signant un
troisième mois de suite à la baisse,
après juin et juillet. « Le marché auto
est important pour le crédit conso »,
souligne dans un euphémisme
Françoise Palle-Guillabert. Le troi-
sième trimestre risque toutefois
d’être assez compliqué. n
50
%
de réduction
Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos
Les immatriculations de voitures neuves ont décroché de plus de 8 % en juin. Photo Patrick Allard/RÉA
Outre-Manche, Lloyds
met la main sur les crédits
immobiliers de Tesco
CRÉDIT
Au Royaume-Uni,
la guerre du crédit
immobilier a eu raison
des ambitions de Tesco.
Le distributeur
britannique a cédé
à Lloyds un portefeuille
de prêts à l’habitat de
3,7 milliards de livres.
Edouard Lederer
@EdouardLederer
Il n’y a pas qu’en France que la
guerre du crédit immobilier fait
rage. En Grande-Bretagne, cette
concurrence effrénée entre les ban-
ques vient de faire une victime :
Tesco Bank, filiale bancaire du
géant de la grande distribution, a
annoncé mardi avoir cédé son por-
tefeuille de crédit immobilier à
Lloyds Banking Group, l’une des
principales banques britanniques,
pour 3,8 milliards de livres (environ
4,2 milliards d’euros).
« Cette vente est en ligne avec la
stratégie de Tesco Bank visant à se
concentrer sur un nombre réduit de
produits et services et elle va réduire
les coûts opérationnels et de finance-
ment », a expliqué le distributeur
qui n’accorde plus de crédit immo-
bilier depuis le mois de mai. Tesco
avait alors mis en avant des « condi-
tions de marché exigeantes » – en
clair, une guerre des prix – limitant
la rentabilité de ce métier.
Il faut dire que le jeu s’est durci
outre -Manche, au détriment
d’acteurs de plus petite taille. Les
banques qui prêtaient entre 45 %
et 50 % de la valeur d’un bien
n’hésitent plus à monter à 65-70 %
en moyenne sur leur nouvelle pro-
duction, selon Bloomberg. Le
Le jeu s’est durci
outre-Manche, au
détriment d’acteurs
de plus petite taille.
Les banques qui
prêtaient entre 45 et
50 % de la valeur d’un
bien n’hésitent plus
à monter à 65-70 %
en moyenne sur leur
nouvelle production.
patron d’HSBC pour le Royaume-
Uni vient d’annoncer son inten-
tion de passer de 7 à 10 % de parts
de marché. Et, de son côté, grâce à
Tesco, Lloyds met la main sur un
portefeuille de 23.000 clients,
totalisant 3,7 milliards de livres de
crédits, qui seront logés dans sa
filiale Halifax. Le leader de la ban-
que de détail outre-Manche l’a
emporté face à Santander et Royal
Bank of S cotland, relève le
« Financial Times ». Reprendre
un portefeuille de crédits existant
offre une meilleure rentabilité que
de nouveaux prêts. « Le porte-
feuille va générer de bons rende-
ments pour le groupe, au-delà des
opportunités de marché organi-
ques », souligne Lloyds. Ces prêts
ont ainsi dégagé 81 millions de
livres de revenus en 2018-2019
(résultats annuels arrêtés au
28 février 2019) et 9,1 millions de
livres de résultats avant impôts.
L’opération reste limitée à l’échelle
de Lloyds, qui affichait un porte-
feuille de prêts immobiliers de
290 milliards de livres à fin 2018.
Déclenchement
des hostilités
C’est en partie la régulation ban-
caire britannique (« ring-fencing »)
qui a provoqué les hostilités sur ce
marché à 1.450 milliards de livres.
La loi a ainsi établi une séparation
entre les activités de banque de
détail domestiques, et celles de
financement et de marché. Les
grandes banques se sont ainsi
retrouvées avec des excédents de
liquidités au Royaume-Uni qu’il
leur faut employer localement… De
quoi doper le crédit immobilier et
les rachats de portefeuille. Les
« importants capitaux disponibles
nous donnent de la flexibilité pour
envisager des opérations de crois-
sance externe », abonde Lloyds dans
un communiqué.
Enfin, protéger et développer le
marché domestique est devenu
essentiel alors que la possibilité
d’un Brexit sans accord se précise.
Dans une récente note, Citi estime
que les revenus des banques britan-
niques pourraient perdre jusqu’à
25 % dans un tel cas de figure. En
attendant d’y voir clair, « nous
conjecturons que les dirigeants de
Lloyds maintiendront leurs excé-
dents de liquidité et de capitaux »,
estimaient fin juillet les analystes de
Bloomberg. Dans ce contexte, les
valeurs bancaires britanniques
restaient boudées, mardi, Lloyds
accusant une chute de 1,4 % à la mi-
journée, et RBS de 1,58 %. n
 RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws

Les Echos Mercredi 4 septembre 2019 FINANCE & MARCHES // 29

Le Mozambique va restructurer sa dette

dans un climat judiciaire chargé
que a fait défaut –, ils recevront pour
MARCHÉ 900 millions de dollars de nouveaux
OBLIGATAIRE titres dont le remboursement s’éta-
lera entre 2028 et 2031.
Les investisseurs La fin de ce feuilleton commencé
doivent approuver il y a trois ans ? Pas vraiment. Le
la restructuration dossier est en effet extrêmement
des « tuna bonds » complexe. Son origine remonte à
d’ici à vendredi. 2013. A l’époque, Maputo veut lan-
cer une flottille de thoniers pour
profiter des ressources du golfe du
Le pays cherche à
Mozambique. Plusieurs sociétés
obtenir une indemni- sont créées, dont Ematum. Celle-ci
sation de Credit Suisse doit opérer la flottille fournie par
et Privinvest. Prinvivest, propriété de l’homme
d’affaires franco-libanais Iskandar
Guillaume Benoit Safa. Ematum se finance auprès des
@gb_eco banques VTB et Credit Suisse avec
un prêt garanti par le gouverne-
Le Mozambique s’apprête enfin à ment mozambicain, replacé sur les
tourner la page du scandale des marchés sous forme d’obligations :
« tuna bonds ». Du moins, en ce qui les « tuna bonds ».
concerne sa dette obligataire. Les L’opération est un fiasco écono-
créanciers ont jusqu’à vendredi pour mique. De plus, on découvre qu’une
accepter la restructuration propo- partie des fonds levés a servi à finan-
sée par Maputo. En échange de leurs cer des bateaux militaires et des ins-
727 millions de dollars d’obligations tallations de sécurité. En 2016, l’Etat
actuelles, qui arrivent à échéance en reprend à son compte la dette
2023 – et sur lesquelles le Mozambi- d’Ematum en émettant de nouvel-
A Maputo, le gouvernement cherche à se sortir du scandale
de la dette cachée. Photo Shutterstock
les obligations. Au même moment
éclate le scandale de la « dette
cachée ». Les banques, qui avaient
monté le placement obligataire de
2013, ont également fourni, dans le
plus grand secret, des prêts bancai-
res eux aussi garantis par Maputo à
d’autres sociétés liées au projet. Le
FMI suspend son aide au pays, qui
tombe en défaut. Rapidement des
soupçons de corruption émergent.
Le gouvernement a porté plainte
en début d’année devant la justice
britannique. Selon Bloomberg, il
demande l’annulation de la garan-
tie d’Etat sur l’un des prêts cachés
accordé par Credit Suisse. Mais sur-
tout, il demande à la banque ainsi
qu’au constructeur Privinvest une
indemnité pour compenser le pré-
judice subi, voire une participation
directe au remboursement des por-
teurs de « tuna bonds ».
Arbitrage
Credit Suisse n’a pas souhaité faire
de commentaire. Privinvest de son
côté, conteste sa mise en cause. Il a
pour sa part lancé deux procédures
d’arbitrages en Suisse, estimant
qu’il a respecté ses engagements
dans le cadre du contrat et qu’il a dû
compenser des défaillances de
l’Etat du Mozambique. Selon
Bloomberg, Privinvest demande-
rait 800 millions de dollars. « Il est
encore trop tôt pour établir un chiffre
précis, mais les montants seront
s i g n i f i c a t i f s » , ex p l i q u e a u x
« Echos » Philippe Pinsolle, avocat
chez Quinn Emanuel, conseil du
constructeur naval.
VTB, pour sa part, n’est pas visé
par la plainte. Les prêts accordés
par la banque russe ont fait l’objet
d’une restructuration séparée. On
peut y voir un geste envers Moscou,
alors que les deux pays cherchent à
renforcer leurs liens. Le 22 août, le
président mozambicain a rencon-
tré Vladimir Poutine. Des investis-
sements du groupe pétrolier
Rosneft au Mozambique, qui pos-
sède d’importantes réserves gaziè-
res, ont été évoqués.
Dernier front judiciaire :
l’enquête pour corruption menée
par le ministère de la Justice améri-
cain. Un ancien cadre de Privinvest,
Jean Boustani, et trois ex-banquiers
de Credit Suisse ont été mis en
cause. Tout comme l’ancien minis-
tre mozambicain de l’Economie,
qui a apporté la garantie du gouver-
nement. Il a été arrêté en Afrique du
Sud à la demande de Washington. n

carnet
fr

PORTRAIT
par Laurance N’Kaoua
ENTREPRISES en 2016 et 2017. Dernièrement, il
était directeur financier adjoint. +
@LauranceNKaoua
GROUPE LA POSTE
Valérie Decaux Helle Kristoffersen, 55 ans,
Ils sont nés
devient directrice générale ancienne élève de l’ENS (Ulm), un 4 septembre
adjointe du groupe La Poste, diplômée de l’Ensae, titulaire

Hélène Duval, chargée des ressources

humaines et des relations
d’une maîtrise d’économétrie de
l’université de Paris-I, est une •présidente
Catherine Barthélemy,
yogi dans l’âme sociales. Elle est également
membre du comité exécutif.
ancienne auditrice de l’IHEDN.
Après avoir été notamment 75 ans.
de Manuloc,

Valérie Decaux, 51 ans, diplô-

directrice stratégie d’Alcatel
puis d’Alcatel-Lucent, elle a
•et Lou Doillon, actrice
chanteuse, 37 ans.

Dans la pénombre, la lueur des bougies blanches, la

mée de Sup de co Le Havre, a
d’abord travaillé au sein des
rejoint Total en 2011 pour y être
directrice adjointe, puis direc-
•réalisateur,
Cédric Klapisch,
58 ans.
chaleur soyeuse des lampes à infra-rouge et une musi-
que douce, branchée, enveloppent la voix suave
Nouvelles Messageries de la
Presse Parisienne (Presstalis).
trice stratégie et intelligence
économique. En 2016, elle était
•chanteuse,
Beyoncé Knowles-Carter,
38 ans.
d’Hélène Duval, qui invite au bien-être.
A 41 ans, cette Parisienne, entrepreneuse dans l’âme et doit-elle poursuivre son métier sans passion ? « Chez
En 2001, elle a rejoint VediorBis
(devenu Randstad), où elle fut
devenue directrice stratégie et
secrétariat général de la bran-
•ancien
Jean-Georges Malcor,
directeur général
yogi de cœur, a bâti un petit empire du yoga : ligne de “Vogue”, j’étais directrice du développement des annon- DRH et membre du comité de che gas, renewables & power. de CGG, 63 ans.
vêtements, école de formation des professeurs, retraites
collectives, manuel, studios à Paris et à Chamonix…
ceurs de mode. C’était un job formidable ! Mais je n’avais
plus de papillons dans le ventre en allant travailler le
direction en 2003. Elle a été
nommée DRH groupe, membre MEILLEURSTAUX
•deThierry Mallet, PDG
Transdev, 59 ans.
Née en 2013, sa société Yuj, racine du mot yoga en sans-
krit, s’apprête à ouvrir un sixième studio dans la capitale.
matin. » Alors elle saute le pas, démissionne… Son mari,
l’entrepreneur Gaël Duval, l’encourage : « Je lui ai dit
du comité exécutif de Saur en
2008. Six ans plus tard, elle était
Thomas Kienzi
est, depuis lundi, directeur
•cofondateur
Andrew McCollum,
de Facebook,
Pourtant, cette fille de maroquiniers, née par hasard dans “quoi que tu choisisses, sois heureuse dans ce que tu fais” », devenue DRH groupe, commu- administratif et financier 36 ans.
l’Oise, un jour d’automne, a grandi loin de cette pratique
indienne et millénaire, en pension, avant d’étudier le mar-
confie ce pionnier de l’Internet, qui a notamment fondé
Jechange.fr. Elle donne, avec bonheur, des cours de yoga
nication et RSE, membre du
comité exécutif de Monoprix
du groupe Meilleurtaux. •ralLoïc Rivière, délégué géné-
de TECH IN France, 47 ans.
keting dans une école de commerce à Paris. Ses diplômes
de l’Iseg et de MOD’SPE pour passeports, elle part six mois
dans son appartement à des élèves, toujours plus nom-
breux. « Elle est incroyablement généreuse, positive. Elle
(groupe Casino). Thomas Kienzi, 39 ans, diplômé
de l’Edhec, a travaillé chez Crédit
•physicien,
Gérard Toulouse,
80 ans.
en stage chez Wrangler Jeans au Japon. Et ce n’est qu’en
1999, de retour à Paris, qu’elle entend parler pour la pre-
veut vivre chaque jour comme le meilleur. Quelle force ! »
déclare son amie Céline Alazard.
TOTAL
Jean-Pierre Sbraire
Agricole CIB et Deutsche Bank à
Paris et à Londres avant de deve-
•marin,
Yann Queffélec, écrivain,
70 ans.
mière fois de yoga : sa meilleure amie ne tarit pas d’éloges Helle Kristoffersen nir executive director en fusions
sur la discipline qu’elle a découverte à Los Angeles. « Invincible » deviennent respectivement et acquisitions chez Morgan
D’ailleurs, même la chanteuse Madonna en vante les Tous les sports ayant leur « dress code », l’idée lui vient directeur financier groupe Stanley. Dès 2015, il a rejoint GREENHILL
mérites dans les pages de « Vogue » qu’Hélène Duval a de créer une marque de vêtements de yoga. Le reste ? et directrice générale Showroomprive. com, devenant Amélie Négrier-Oyarzabal
coutume de dévorer. Intriguée, elle pousse la porte du stu- Une histoire de rencontres. Mais aussi une foi inébranla- strategy-innovation, membres responsable du développement est nommée managing director
dio d’Ashtanga, discret, un brin vétuste, au pied de son ble, sa passion et du flair. Car elle tient bon lorsqu’un du comité exécutif. corporate et relations investis- de Greenhill France. Elle sera
immeuble.« En 1 heure 30, je suis devenue accro », sourit- investisseur lui conseille de se reconvertir dans la seurs, directeur financier chargée d’ouvrir le bureau
elle. Et de retrouver, à la sortie de ce premier cours, Zumba : la France compte désormais 3 millions de yogis Jean-Pierre Sbraire, 53 ans, adjoint puis Group CFO. parisien de cette banque
l’allégresse ressentie l’année de ses 11 ans, en réchappant à et le monde, cent fois plus. « C’est une femme très diplômé de l’ENSTA ParisTech, d’affaires new-yorkaise.
une grave maladie. « Il faut prendre conscience de l’impor- audacieuse, résume Gaël Duval, saluant son mélange de titulaire d’un master de l’IFP AVANADE FRANCE
tance de l’existence. Et croire en elle ! » dit-elle. féminité et d’efficacité. » Elle évoque plutôt « la chance », School, a débuté chez Total en Emmanuelle Berthier Amélie Négrier-Oyarzabal,
celle, par exemple, de croiser la directrice des achats des 1990. Devenu secrétaire général devient directrice générale. 51 ans, diplômée de Sciences Po
Le goût de la vie Galeries Lafayette, qui lui réserve un stand en test. Après des fili ales de Total au et de la LSE, a commencé sa car-
Le goût de la vie, les pieds sur terre, Hélène Duval, fon- avoir investi ses économies dans la production de ses Venezuela en 2005, il a pris la Emmanuelle Berthier, 50 ans, rière chez Goldman Sachs avant
ceuse, solaire, exigeante, parfois trop, dit-elle, sera 500 premières pièces : des leggings et des tapis, « fabri- responsabilité des opérations diplômée de l’Ecole Centrale de de rejoindre Lazard en 1994,
d’abord attachée de presse puis commercialisera des qués en pleine conscience, le plus en harmonie possible financières pour les filiales de Lyon, a travaillé vingt ans chez d’abord à Paris puis à Pékin et à
espaces publicitaires dans les journaux. Chez « Biba », avec l’environnement », elle ramène, de New York, le l’exploration-production à la Accenture, menant notamment Chicago. Elle avait été nommée
d’abord, puis à « Libé », où elle lance le département Flow, une méthode dynamique qu’elle enseigne dans ses direction financière du groupe des projets de transformation associée gérant de Lazard en
luxe, et enfin, de 2003 à 2008, chez « Vogue ». Pas un studios. Aux saunas du Japon, elle emprunte les lampes en 2009. Il a été nommé direc- dans l’assurance, avant d’entrer 2002.
jour, cependant, elle ne loupe une séance de yoga. « Le à infrarouge, pour évacuer les impuretés liées à la pollu- teur acquisition bruts équités à en 2009 chez Avanade. Depuis
yoga a changé ma vie », assure-t-elle. Lorsqu’en 2008, elle
attend le premier de ses trois enfants, elle s’interroge :
tion et au stress… « Je veux démocratiser le yoga, résume
Hélène Duval. Il rend invincible. » n
la direction trading & shipping
en 2012, puis trésorier du groupe
cinq ans, elle y était chief opera-
ting officer France. , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

Les Echos est une publication du ÉDITRICE ADJOINTE Clémence Callies Daniel Fortin (Magazine, Opinions, DIRECTEUR DE CRÉATION Fabien Laborde LES ECHOS WEEK-END DIRECTEUR DE LA DIFFUSION ET DU MARKETING CLIENTS
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Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : Ptot 0.013kg/tonne de papier Membre de membre ACPM OJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)

Ce numéro comporte un 3e cahier de 12 pages « Les Echos Entreprises & Collectivités »

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30 // FINANCE & MARCHES Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos

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SÉANCE DU 03 - 09 - 2019 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année
CAC 40 : 5466,07 (-0,49 %) NEXT 20 : 11501,18 (-0,93 %) civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations
CAC LARGE 60 : 6038,38 (-0,53 %) supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures
CAC ALL-TRADABLE : 4226,79 (-0,56 %) à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
DATE DE PROROGATION : 25 SEPTEMBRE CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates. Mise en ligne intégrale des informations réglementées sur www.lesechos-comfi.fr

CAC 40 SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
ACCOR (AC) R A 39,38 39,43 + 0,05 + 6,25 MICHELIN (ML) R A 94,5 95,08 + 0,4 + 9,67 GETLINK (GET) LR A 12,85 12,68 - 1,71 + 8,1 RECYLEX SA (RX) g C 3,72 3,82 + 2,69 - 31,79
436120 39,55 + 2,95 41,75 469332 95,32 - 2,36 118,6 851434 12,89 - 1,93 14,85 12911 3,82 - 0,13 7,47
FR0000120404 10/05/19 1,05 270.045.923 39,01 - 9,06 32,39 2,66 FR0000121261 21/05/19 3,7 179.885.424 93,7 - 6,14 83,74 3,89 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 12,65 + 17,57 11,615 2,84 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 3,72 - 39,84 3,11
AIR LIQUIDE (AI) R A 127,1 125,35 - 1,61 + 15,58 ORANGE (ORA) R A 13,845 13,82 - 0,07 - 2,37 GL EVENTS (GLO) g B 23,95 23,5 - 2,08 + 36,47 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 141,1 140 - 0,5 + 41,49
671454 127,2 + 3,3 127,5 3882310 13,85 + 3,13 14,91 6935 23,95 - 4,28 24,95 48360 142 + 7,69 142
FR0000120073 20/05/19 2,65 428.823.511 125,35 + 15,11 102,05 2,11 FR0000133308 04/06/19 0,4 2.660.056.599 13,78 - 0,93 13,08 2,89 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 23,35 - 1,35 15,92 2,77 FR0000130395 31/07/18 1,65 50.149.787 139,8 + 15,23 94,15 1,18
AIRBUS GROUP (AIR) R A 125,52 124,62 - 1,1 + 48,43 3,4 PERNOD-RICARD (RI) R A 177,15 177,25 + 0,03 + 23,69 GROUPE CRIT (CEN) g B 66,4 66 - 0,6 + 24,53 REXEL (RXL) G A 9,73 9,632 - 1,21 + 3,57
619706 125,64 + 1,04 133,86 36,71 387062 177,35 +13,59 177,45 523 66,4 +10,18 69,9
NL0000235190 15/04/19 1,4 778.096.721 123,28 + 15,93 77,5 1,32 FR0000120693 08/07/19 1,18 265.421.592 176 + 30,09 136 0,67 969913 9,76 - 1,79 12,26
FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 65,7 - 3,65 48 1,52 FR0010451203 03/07/19 0,44 304.102.013 9,606 - 28,97 8,528 4,57
ARCELORMITTAL (MT) R A 12,89 12,696 - 1,41 - 30,01 PEUGEOT (UG) R A 20,11 20,22 - 0,05 + 8,45 GROUPE GORGÉ (GOE) g B 13,66 13,9 + 1,91 + 65,28
6131006 12,968 - 4,91 21,775 1658251 20,31 - 0,69 25,02 ROBERTET (RBT) g B 685 672 - 1,32 + 27,76
LU1598757687 16/05/19 0,15 1.021.903.623 12,624 - 51,04 11,2 FR0000121501 02/05/19 0,78 904.828.213 19,83 - 14,68 17,87 3,86 5070 14,1 - 4,66 17,46 695 685 + 4,84 687
FR0000062671 04/07/19 0,32 13.502.843 13,62 - 1,56 8,26 2,3 FR0000039091 27/06/19 5,6 2.305.145 671 + 32,28 502 0,83
ATOS SE (ATO) R A 68,08 67,68 - 0,73 + 27,54 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 43,32 43,45 + 0,07 - 13,24
271843 68,08 - 3,64 79,84 411803 43,61 55,76 GROUPE LDLC (LDL) g C 7,32 7,32 + 26,64 ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 26,2 25,1 - 3,83 - 18,64
FR0000051732 03/05/19 1,7 107.157.904 67,14 - 10,49 50,111 2,51 FR0000130577 25/06/19 2,12 240.369.386 43,15 - 20,97 40,91 4,88 NOM. 1764 7,36 +22,41 8,9 18253 26,2 - 8,23 31,2
FR0000075442 06/10/16 0,5 6.322.106 7,32 - 56,94 5,5 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.567.512 25,1 - 24,96 24,15 3,15
AXA (CS) R A 21 20,81 - 0,86 + 10,35 RENAULT (RNO) R A 51,7 52,43 + 0,83 - 3,89
4288415 21,05 - 6,68 23,985 1102312 53,1 + 6,62 64,2 GTT (GTT) G A 82,8 82,75 - 0,72 + 23,23 RUBIS (RUI) G A 52,45 52,1 - 0,76 + 11,13
FR0000120628 02/05/19 1,34 2.415.192.288 20,775 - 5,92 18,428 6,44 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 51,28 - 28,56 47,585 6,77 35053 83,1 + 1,91 92,5 DIV 2 28/07/17 67525 52,5 + 2,16 53,35
BNP PARIBAS (BNP) R A 41 40,845 - 0,49 + 3,47 SAFRAN (SAF) R A 131,7 129,9 - 1,52 + 23,24 FR0011726835 27/05/19 1,79 37.028.800 81,85 + 43,29 63,7 2,16 FR0013269123 17/06/19 1,59 100.083.076 51,7 + 2,06 43,64 3,05
2764850 41,23 - 0,74 49,315 608931 131,9 + 2,57 137,2 GUERBET (GBT) g B 48,8 50,1 + 1,21 - 4,39
FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 40,505 - 19,37 38,135 7,39 FR0000073272 27/05/19 1,82 435.767.951 129,2 + 15,52 101,1 1,4 1695 50,6 - 5,47 58,1 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 140,1 139,6 - 0,78 + 59,82
FR0000032526 03/06/19 0,85 12.583.761 48,8 - 12,72 46 1,7 DIV 6 10/05/16 67695 140,1 - 2,1 150,7
BOUYGUES (EN) R A 33,99 33,66 - 0,97 + 7,4 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 32,605 32,465 - 0,46 + 11,31 FR0013154002 29/03/19 0,57 92.180.190 137,7 + 26,56 83
776666 34 + 4,05 35,59 744777 32,655 - 2,46 37,2 HAULOTTE GROUP (PIG) g B 6,2 6,11 - 2,24 - 30,8
FR0000120503 30/04/19 1,7 371.880.566 33,53 - 8,95 29,02 5,05 FR0000125007 10/06/19 1,33 546.585.596 32,215 - 11,08 28,275 4,1 110738 6,21 -11,32 9,65 SAVENCIA (BH) B 68,2 66 - 3,23 + 18,28
CAP-GEMINI (CAP) R A 108,2 108,25 + 24,71 SANOFI (SAN) R A 79,8 81,05 + 1,91 + 7,12 FR0000066755 10/07/19 0,22 31.371.274 6,04 - 48,31 6,04 3,6 1858 68,2 - 1,2 71
226004 108,3 - 3,35 118 3348152 81,34 + 9,2 81,34 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 66 - 9,59 55,4 1,52
HEXAOM (HEXA) g B 33,3 33 - 0,9 + 2,96
FR0000125338 05/06/19 1,7 167.293.730 107,15 - 2,3 79,8 1,57 FR0000120578 09/05/19 3,07 1.252.069.627 79,68 + 8,79 71,74 3,79 1376 33,4 - 1,49 39,85 SCOR (SCR) LR A 36,77 36,5 - 0,9 - 7,36
CARREFOUR (CA) R A 15,525 15,56 - 0,29 + 4,36 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 75,2 74,52 - 1,48 + 24,78 FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 33 - 26,75 30 4,55 281579 36,91 - 0,14 42,2
1092483 15,575 - 8,77 18,175 1012721 75,42 + 0,13 81,36 FR0010411983 30/04/19 1,75 186.540.376 36,44 + 2,96 34,69
FR0000120172 20/06/19 0,46 807.265.504 15,435 + 0,48 14,485 2,96 FR0000121972 30/04/19 2,35 581.982.902 74,24 + 6,31 57,58 3,15 HIGH CO (HCO) g C 5,3 5,28 - 0,38 + 19,59
5789 5,36 - 2,94 5,6 SEB (SK) G A 140,1 137,1 - 2,28 + 21,54
CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 10,32 10,295 - 0,58 + 9,17 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 23 22,975 - 0,33 - 17,42 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 5,28 - 11,11 4,305 3,03 59182 141 - 2,42 166,8
3401458 10,365 - 0,44 12,505 2758666 23,115 + 2,48 30,385 FR0000121709 27/05/19 2,14 50.307.064 136,2 - 14,37 107 1,56
FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 10,235 - 13,37 9,095 6,7 FR0000130809 27/05/19 2,2 847.732.648 22,76 - 35,04 20,81 9,58 ICADE (ICAD) G A 80,8 79,8 - 1,12 + 20
55058 80,85 + 1,2 81,95 SES-IMAGOTAG (SESL) g B 30,8 30,85 + 0,16 + 69,69
DANONE (BN) R A 81,7 81,78 + 0,27 + 32,95 SODEXO (SW) R A 104 104,3 + 0,24 + 16,54 FR0000035081 02/07/19 2,3 74.535.741 79,45 - 4,83 64,05 1183 30,85 + 4,22 35,7
1059705 81,78 + 6,15 82 159139 104,3 + 2,66 108,65 FR0010282822 25/06/12 0,5 14.376.762 30,7 + 2,49 16,84
FR0000120644 07/05/19 1,94 686.100.955 80,96 + 20,5 60,2 2,37 FR0000121220 30/01/19 2,75 147.454.887 103,45 + 16,35 86,78 2,64 ID LOGISTIC (IDL) g B 161 157,8 - 1,25 + 37,22
1119 161 - 5,96 182,8 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g B 1,258 1,254 + 0,97 - 47,97
DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 127,7 128 + 0,31 + 23,43 STMICROELETRONICS (STM) R A 15,915 15,835 - 1,37 + 26,83 0,23 FR0010929125 5.643.607 157,6 + 3,54 112,2 143741 1,26 +12,77 3,39
243982 129,3 - 5,01 147,2 1994854 16,055 + 0,16 17,62 69,68
FR0000130650 29/05/19 0,65 262.927.968 127,4 - 8,51 96,02 0,45 NL0000226223 17/06/19 0,05 911.174.420 15,76 - 10,61 10,635 0,38 ILIAD (ILD) G A 93,14 89,02 - 6,3 - 27,42 FR0013006558 34.623.503 1,222 - 79,76 1,044
ENGIE (ENGI) R A 13,845 13,84 - 0,18 + 10,5 1,21 TECHNIPFMC (FTI) R A 22,28 22,16 - 0,89 + 25,55 561946 94,76 - 5,56 123,65 SOITEC (SOI) G A 91 90,1 - 0,99 + 78,06
3627974 13,925 + 1,28 14,39 11,48 1301156 22,33 - 4,24 25,6 FR0004035913 24/06/19 0,9 59.128.951 88,7 - 17,61 83,1 1,01 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 43217 91 - 0,77 100,5
FR0010208488 21/05/19 0,75 2.435.285.011 13,77 + 9,84 12,17 5,42 GB00BDSFG982 19/08/19 0,13 446.481.753 21,92 - 16,03 16,6 IMERYS (NK) G A 36,16 35,44 - 2,58 - 15,58 FR0013227113 30.311.510 89,3 + 37,24 48,6
ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 133,5 133,85 + 0,3 + 21,19 THALES (HO) R A 105,35 104,35 - 1,18 + 2,3 131708 36,26 - 4,94 51,65 SOLOCAL GPE (LOCAL) g B 0,72 0,72 + 0,07 + 42,9
552204 133,85 + 8,69 135,4 304489 105,9 + 4,41 112,5 FR0000120859 20/05/19 2,15 79.485.694 35,26 - 42,56 34,6 6,07 REGR. 490110 0,727 - 0,14 0,979
FR0000121667 21/05/19 2,04 436.070.300 132,5 + 7,68 95,5 1,52 FR0000121329 21/05/19 1,58 213.181.224 104,35 - 14,36 94,32 1,51 INGENICO GROUP (ING) LR A 88,16 89,4 + 0,74 + 80,46 FR0012938884 584.630.522 0,71 - 30,21 0,391
HERMES INTL (RMS) R A 624,2 622,8 - 0,22 + 28,47 TOTAL (FP) R A 45,295 44,775 - 1,12 - 3,04 218417 89,56 + 5,37 90,86 SOMFY (SO) A 78,9 80,3 + 1,26 + 27,46
40803 624,2 + 0,13 652 4448332 45,295 + 0,1 52,27 FR0000125346 17/06/19 1,1 63.713.047 87,28 + 54,56 44,41 788 80,5 + 0,25 85,9
FR0000052292 07/06/19 3,05 105.569.412 616,8 + 10,74 462,4 0,49 FR0000120271 11/06/19 0,64 2.666.726.280 44,44 - 17,3 42,65 1,43 INNATE PHARMA (IPH) g B 6,08 6,005 - 1,4 - 19,23 FR0013199916 03/06/19 1,4 37.000.000 78,9 + 1,01 61,7 1,74
KERING (KER) R A 439,05 433,4 - 1,69 + 5,3 UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 119,4 117,5 - 1,92 - 13,22 55494 6,12 - 1,4 8,08 SOPRA STERIA GP (SOP) G A 115,3 115,3 + 0,09 + 42,96
211080 439,15 - 3,88 539,8 996929 120,15 - 4,7 158,16 FR0010331421 64.135.464 5,97 + 27,98 5,445
FR0000121485 02/05/19 7 126.279.322 427,7 - 6,23 380,7 1,62 FR0013326246 03/07/19 5,4 138.362.710 117,4 - 33,65 116,2 23036 115,4 + 1,14 119,7
INSIDE SECURE (INSD) g C 2,09 2,055 - 0,96 + 59,86 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 114,2 - 24,64 78,1 1,61
L.V.M.H. (MC) R A 363 355,65 - 2 + 37,74 VEOLIA ENV. (VIE) R A 21,88 22 + 0,37 + 22,53 81230 2,09 + 4,31 2,19
420648 363,9 - 0,77 392,65 1792549 22 - 0,95 23,22 SMCP (SMCP) g A 12,26 11,9 - 3,09 - 11,62
FR0010291245 84.731.585 2,04 - 17,62 1,216 105753 12,28 -13,89 17,48
FR0000121014 25/04/19 4 505.431.285 353,65 + 17,65 243,65 1,13 FR0000124141 14/05/19 0,92 565.825.621 21,76 + 21,68 17,5 4,18
INTERPARFUMS (ITP) g A 40,4 40,45 + 0,62 + 19,85 FR0013214145 11,76 - 50,41 11,76
LEGRAND (LR) R A 64,1 64,14 - 0,31 + 30,1 VINCI (DG) R A 99,6 99,98 + 0,14 + 38,82 8540 40,7 - 3,92 49,6
416083 64,56 + 1,01 66,02 704201 99,98 + 9,53 99,98 FR0004024222 02/05/19 0,71 47.262.190 39,95 + 2,02 32,05 1,76 SPIE (SPIE) G A 16,49 16,4 - 1,15 + 41,5
FR0010307819 03/06/19 1,34 267.471.813 63,98 - 0,77 47,91 2,09 FR0000125486 23/04/19 1,92 600.879.862 98,78 + 21,75 70,2 1,92 135243 16,65 - 2,15 17,9
L'ORÉAL (OR) R A 250,3 252,9 + 0,68 + 25,7 VIVENDI (VIV) R A 25,29 25,26 - 0,16 + 18,7 IPSEN (IPN) G A 95,45 95,6 - 0,42 - 15,29 FR0012757854 29/05/19 0,41 150.000.000 16,32 + 2,44 10,99 2,5
421866 252,9 + 6,44 257,8 1692965 25,29 + 4,55 26,69 96744 96,2 - 4,78 126,85
FR0010259150 31/05/19 1 83.814.526 94,9 - 37,43 90,3 1,05 SQLI (SQI) g 19,4 19,2 + 0,21 + 16,5
FR0000120321 26/06/19 3,85 561.545.934 249,2 + 22,17 194,55 1,52 FR0000127771 16/04/19 0,5 1.220.069.353 25,1 + 13,27 20,8 1,98 1820 19,48 - 7,47 24,45
IPSOS (IPS) G A 24,25 23,9 - 1,04 + 16,36 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.426.597 19,02 - 30,43 15,5
44320 24,3 - 0,42 26,65
FR0000073298 01/07/19 0,88 44.436.235 23,85 - 13,47 19,34 3,68 STEF (STF) B 86,5 86 - 0,35 + 11,69
3803 87,4 + 8,86 90
JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 16,44 16,18 - 1,58 + 4,25 FR0000064271 03/05/19 2,5 13.165.649 86 - 11,34 70,5 2,91
13799 16,44 + 0,62 18,46
STENTYS (STNT) C /220719 + 5,99
SRD VALEURS FRANÇAISES FR0000033904
JCDECAUX (DEC) G
02/07/19 0,7 24.028.438
A 24,14
16,16
24
- 35,54 14,76
- 0,58 - 2,12
4,33
FR0010949404 26.824.657 - 62,3
0,724
0,4
180075 24,2 - 4,99 29,74
FR0000077919 21/05/19 0,58 212.813.204 23,9 - 14,59 23,84 2,42 SUEZ (SEV) LR A 14 13,98 - 0,71 + 21,25
VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 35,66 34,9 - 1,47 + 4,49 1759885 14,085 + 5,47 14,205
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 13592 35,66 - 5,88 38,44 FR0010613471 20/05/19 0,65 621.362.579 13,845 + 13,15 10,815 4,65
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT SUPERSONIC IM. (SSI) g C 1,476 1,476 + 8,53
FR0004007813 15/05/19 2,5 21.804.032 34,62 - 21,57 31,1 7,16
AB SCIENCE (AB) g B 4,295 4,25 + 0,71 + 22,55 CATANA GROUP (CATG) g C 2,69 2,69 - 0,19 + 16,96 KLEPIERRE (LI) LR A 27,92 27,49 - 1,72 + 1,97 8385 1,478 - 0,27 1,5
30997 4,295 + 1,8 5,38 3042 2,69 - 4,1 3,03 536134 28 - 1,19 32,72 FR0010526814 23.606.277 1,476 - 26,93 0,851
FR0010557264 43.493.433 4,21 - 1,85 3,378 FR0010193052 30.514.178 2,66 - 19,1 2,115 FR0000121964 08/07/19 1,05 304.594.639 27,4 - 9,9 26,26 SWORD GROUP (SWP) g B 30,2 29,9 - 0,83 + 3,1
ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 6,34 6,34 + 4,28 CGG (CGG) G A 2,098 2,031 - 3,79 + 75,69 KORIAN (KORI) G A 36,46 36,3 - 0,17 + 16,8 3760 30,4 - 3,55 34,25
54664 6,34 + 1,28 6,71 12463594 2,15 + 6,53 2,15 50280 36,46 + 1,45 37,3 FR0004180578 07/05/19 1,02 9.544.965 29,75 - 21,32 28,25 8,03
FR0004040608 09/07/19 0,23 58.512.053 6,27 - 11,2 5,98 3,63 FR0013181864 709.949.912 2,031 - 15,73 1,081 FR0010386334 11/06/19 0,6 82.728.270 36,14 + 23,98 30,08 1,65 SYNERGIE (SDG) g B 28,2 28,5 + 1,42 + 16,56
ABIVAX (ABVX) g B 8,2 8,29 + 0,49 - 29,98 CHARGEURS (CRI) g C 15,7 15,4 - 1,91 - 8,33 LAGARDÈRE (MMB) G A 19,03 18,91 - 0,84 - 14,12 6643 28,65 + 1,42 35,9
4216 8,35 -10,18 12,8 37742 15,86 - 6,55 21,84 291614 19,11 - 5,4 25,26 FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 28,05 - 25 22,6 2,81
FR0012333284 11.788.939 8,2 + 23,73 7,2 FR0000130692 10/05/19 0,37 23.756.103 15,28 - 38,4 15,24 1,95 FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 18,85 - 25,64 18,59 6,88 TARKETT (TKTT) G A 13,01 13,19 + 0,53 - 24,71
ACTIA GROUP (ATI) g C 4,24 4,24 - 0,7 + 25,44 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 451,4 443 - 1,25 + 32,67 LATECOERE (LAT) g C 3,82 3,83 + 0,13 + 37,77 164615 13,6 -10,94 22,36
13777 4,29 - 2,08 5,1 EX D OP 08/06/17 14598 451,4 - 1,77 498,2 84696 3,83 + 0,26 3,85 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 12,86 - 48,84 12,37 4,55
FR0000076655 12/06/19 0,1 20.099.941 4,18 - 50,58 2,99 2,36 FR0000130403 25/04/19 4 180.507.516 441 + 18,67 323,9 0,9 FR0000032278 29/06/07 0,75 95.168.518 3,82 - 5,9 2,61 TECHNICOLOR (TCH) G A 0,788 0,76 - 3,37 - 20,34
ADOCIA (ADOC) g B 11,76 11,52 - 2,7 - 30,35 CNP ASSURANCES (CNP) G A 16,55 16,34 - 1,8 - 11,77 LDC (LOUP) A 113,5 112,5 - 0,88 + 3,69 1387191 0,788 -5 1,29
29968 11,88 -32,31 22,6 216170 16,61 - 9,77 21,72 244 113,5 + 2,27 119 FR0010918292 21/06/17 0,06 414.461.178 0,756 - 35,32 0,687
FR0011184241 6.916.753 11,46 - 33,41 11,46 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 16,34 - 18,3 16,14 5,45 FR0013204336 27/08/19 1,6 16.713.242 112,5 - 10,71 100,5 1,42 TELEPERFORMANCE (RCF) LR A 198,7 196,9 - 1,45 + 41,05
AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 158 157,6 + 0,06 - 4,77 COFACE (COFA) G A 10,65 10,68 + 0,09 + 34,68 LE BÉLIER (BELI) g C 22,95 23 + 0,22 - 23,97 112618 199,1 + 4,62 199,8
47113 158 + 0,7 183,1 117776 10,7 - 1,93 11,51 682 23 -15,13 36,8 FR0000051807 13/05/19 1,9 58.580.600 195,7 + 18,69 133,7 0,97
FR0010340141 07/06/19 3 98.960.602 156,4 - 16,97 150 1,9 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 10,6 + 32,18 7,64 7,4 FR0000072399 21/05/19 1,18 6.582.120 22,75 - 49,51 22,6 5,13 TF1 (TFI) G A 8,4 8,05 - 3,71 + 13,7
AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 10,26 10,11 - 1,22 + 6,65 COLAS (RE) A 142,2 142 + 1,43 LNA SANTÉ (LNA) g B 48,9 48,15 - 1,43 + 10,56 529669 8,4 - 8,78 10,23
1865004 10,26 + 2,87 12,73 95 143 + 2,01 147,8 3986 48,9 - 1,43 50,3 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.657.325 7,995 - 4,45 6,36 4,97
FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 9,928 + 20,59 7,46 FR0000121634 29/04/19 5,55 32.654.499 141,6 - 17,25 131,6 3,91 FR0004170017 08/07/19 0,38 9.705.937 47,35 - 15,67 41,85
AKKA TECHNOLOGIES (AKA) g B 61 60,1 - 0,66 + 35,97 COVIVIO (COV) G A 96,55 96,1 - 0,62 + 14,13 TFF GROUP (TFF) B 35 35 + 0,01
LECTRA (LSS) g B 17,9 17,62 - 2,11 - 3,08 933 35,2 - 2,78 43,6
31363 61 - 2,91 71,9 74289 96,9 + 2,4 97,9 12067 17,9 - 4,13 24
FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 59,6 - 13,15 42,1 1,17 FR0000064578 13/05/19 4,6 87.141.661 95,85 + 7,37 81,95 FR0013295789 06/11/18 0,35 21.680.000 34,6 - 7,41 34 1
FR0000065484 03/05/19 0,4 31.885.155 17,62 - 22,72 16,7 2,27
AKWEL (AKW) g B 16,28 15,9 - 2,21 - 1,24 COVIVIO HOTELS (COVH) A 27 26,9 + 0,75 + 10,7 THERMADOR GROUPE (THEP) B 55,8 56,2 - 1,06 + 26,29
LINEDATA SVICES (LIN) g B 30 30 - 4,76 590 57,2 - 1,75 58,4
3308 16,28 - 9,45 18,78 2611 27,2 + 4,67 28,8 364 30,1 + 4,53 38,3
FR0000053027 05/06/19 0,3 26.741.040 15,86 - 24,11 13,5 1,89 FR0000060303 10/04/19 1,55 121.036.633 26,7 + 0,37 23,5 FR0013333432 23/04/19 1,75 9.109.752 55,8 - 1,4 43 3,11
FR0004156297 05/07/19 1,35 7.180.722 30 - 15,01 26,1 4,5
ALBIOMA (ABIO) g B 23,65 23,7 + 0,21 + 25,4 DASSAULT AV. (AM) G A 1304 1310 + 0,77 + 8,26 TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 17,45 17,4 - 11,45
LISI (FII) g A 24 24,2 + 1,26 + 18,05 EX D S 03/07/17 2805 17,5 - 8,42 22,7
19804 23,8 - 1,46 25,4 6736 1320 + 8,09 1488 5279 24,35 - 6,92 30,7
FR0000060402 11/06/19 0,33 31.320.533 23,45 + 23,18 18,46 1,37 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 1300 - 18,94 1103 1,62 FR0013230612 24/05/19 0,25 135.977.599 17,4 - 39,58 17,15 1,44
FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 24 - 30,26 20,2 1,82
ALD (ALD) G A 13,84 13,52 - 1,6 + 30 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 16,73 16,74 + 0,06 + 57,78 LUMIBIRD (LBIRD) g C 16,3 16,42 + 0,49 + 49,27 TRANSGÈNE (TNG) g B 1,75 1,72 - 1,71 - 37
535702 13,84 - 5,32 14,56 74234 17 - 0,24 22,32 4291 16,48 + 3,66 18,58 35268 1,75 -14 3,385
FR0013258662 29/05/19 0,58 404.103.640 13,4 - 14,48 10,1 4,29 FR0010417345 36.157.777 16,61 - 56,32 9,62 FR0000038242 18.429.867 16,24 + 2,72 10,66 FR0005175080 83.265.464 1,702 - 45,31 1,65
ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 24,6 24,45 - 0,61 - 1,01 DERICHEBOURG (DBG) g B 3,356 3,362 - 0,06 - 15,91 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 15,8 15,78 + 0,13 + 12,39 TRIGANO (TRI) G A 86,6 85,95 - 0,69 + 6,57
5836 24,6 + 0,2 27 137819 3,368 + 3,7 4,376 64998 15,86 + 0,25 18,18 12458 86,6 - 2,33 100,5
FR0000053324 12/03/19 0,65 24.457.051 24,4 - 17,68 22,55 2,05 FR0000053381 12/02/19 0,14 159.397.489 3,304 - 30,19 3 4,16 FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 15,7 - 7,29 12,76 6,34 FR0005691656 11/01/19 2 19.336.269 84,7 - 30,91 66,1 2,33
ALSTOM (ALO) LR A 38,53 38,33 - 0,83 + 8,68 DEVOTEAM (DVT) g C 93 93,1 + 0,32 + 12,85 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 15,95 15,47 - 2,89 - 7,42 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 72,66 72,2 - 1,04 + 2,44
429929 38,83 - 1,19 42,75 18029 93,5 -11,84 113,2 240314 15,95 -13,24 24,86 161028 72,8 - 1,42 85,54
FR0010220475 15/07/19 5,5 224.304.386 38,21 + 0,87 33,4 14,35 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 91,1 - 12 76,5 0,97 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 15,3 - 39,66 15,19 3,04 FR0000054470 112.749.210 71,62 - 21,4 62,8
ALTAREA (ALTA) g A 186,6 186,6 + 0,11 + 12,55 EDENRED (EDEN) LR A 43,8 43,7 - 0,84 + 36,09 MANITOU (MTU) g B 18 17,96 - 0,88 - 19,82 VALEO (FR) LR A 24,51 24,99 + 1,42 - 2,04
610 186,6 + 0,43 191,2 586636 43,93 - 2,52 46,96 15142 18,06 - 9,2 30,8 1228113 24,99 - 4,62 33,8
FR0000033219 29/05/19 12,75 16.700.762 184,8 - 6,7 163,4 FR0010908533 20/05/19 0,86 243.204.857 43,34 + 32,42 31,44 1,97 FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 17,88 - 41,88 17,4 4,34 FR0013176526 30/05/19 1,25 241.036.743 24,35 - 34,99 23,06 5
ALTEN (ATE) G A 108,9 108,7 - 0,09 + 49,52 EDF (EDF) LR A 11,07 11,105 + 0,09 - 19,53 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 2,19 2,55 + 16,44 + 29,52 VALLOUREC (VK) G A 2,597 2,529 - 2,62 + 55,58
26277 108,9 + 1,49 113,4 EX-DS 7/03/17 1463674 11,13 + 1,09 15,475 124090 2,55 +38,14 3,295 3513118 2,597 -14,27 3,19
FR0000071946 20/06/19 1 33.989.123 108 + 21,45 70,25 0,92 FR0010242511 22/05/19 0,16 3.050.969.626 10,99 - 20,19 10,23 1,44 FR0000060873 27/09/07 0,5 37.767.044 2,16 - 43,23 1,759 FR0000120354 04/06/15 0,81 457.987.760 2,517 - 49,02 1,37
ALTRAN TECHNOLOGIES (ALT) G A 14,445 14,465 + 0,07 +106,5 EIFFAGE (FGR) LR A 94,26 93,74 - 0,23 + 28,48 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,502 1,54 + 2,53 - 23,38 VALNEVA (VLA) g B 3,18 3,11 - 2,2 - 1,89
543535 14,49 + 0,8 14,74 159726 94,26 + 5,97 95,4 176028 1,54 + 0,13 2,59 20427 3,19 + 2,13 3,78
FR0000034639 27/06/19 0,24 257.021.105 14,4 + 56,38 6,51 1,66 FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 93,32 - 2,68 71,04 2,56 FR0010609263 25.201.338 1,476 - 46,99 1,412 FR0004056851 92.129.802 3,11 - 22,44 2,935
AMPLITUDE SURG. (AMPLI) g 1,38 1,3 - 5,8 - 52,73 EKINOPS (EKI) g 3,295 3,32 + 0,76 + 24,81 MEDIAWAN (MDW) g B 10,08 10,2 + 0,2 - 7,27 VICAT (VCT) G A 39,05 38,95 - 0,89 - 6,05
147614 1,385 - 4,41 3,39 12618 3,33 - 8,03 4,93 14799 10,2 - 0,39 12,7 13254 39,55 - 1,52 50,9
FR0012789667 47.804.841 1,14 - 58,86 1,14 FR0011466069 23.692.152 3,255 + 4,4 2,535 FR0013247137 31.876.406 10 - 26,88 9,95 FR0000031775 25/04/19 1,5 44.900.000 38,9 - 25,31 37,8 3,85
AMUNDI (AMUN) G A 58,2 58,35 - 0,26 + 26,41 ELIOR (ELIOR) G A 11,8 11,77 - 9,88 MERCIALYS (MERY) G A 10,9 10,79 - 0,92 - 9,86 VILMORIN & CIE (RIN) g A 49,5 48,5 - 1,62 - 5,58
EX-DS 15/03/17 80637 58,6 - 0,93 65,2 173787 11,86 + 1,03 13,74 219054 10,91 + 3,15 13,82 4219 49,5 - 1,02 60
FR0004125920 24/05/19 2,9 201.704.354 58 - 6,01 44,59 4,97 FR0011950732 27/03/19 0,34 172.289.164 11,74 - 12,3 9,605 2,89 FR0010241638 29/04/19 0,62 92.049.169 10,65 - 23,75 10,09 FR0000052516 12/12/18 1,35 22.917.292 48,5 - 9,58 47 2,78
ARCHOS (JXR) g C 0,158 0,157 - 1,38 - 56,93 ELIS (ELIS) G A 16,04 15,99 - 0,75 + 9,9 MERSEN (MRN) g B 30,65 30,15 - 1,79 + 28,3 VIRBAC (VIRP) g A 169,4 170,2 + 0,24 + 49,56
219428 0,159 - 1,5 0,397 346587 16,08 - 2,08 17,75 25643 30,65 - 8,08 34,8 3799 170,8 + 3,03 187,4
FR0000182479 65.637.605 0,15 - 77,77 0,137 FR0012435121 27/05/19 0,37 220.227.365 15,88 - 18,79 12,97 2,31 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.833.944 30,05 - 10 22,8 3,15 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 169 + 27,2 111,8
ARKEMA (AKE) LR A 79,22 78,6 - 1,18 + 4,86 EOS IMAGING (EOSI) g C 1,47 1,232 - 12,87 - 63,6 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,37 1,34 - 2,9 - 16,67 WAVESTONE (WAVE) g B 26,6 26,75 + 0,56 + 15,55
226877 79,24 - 1,92 95,62 1160140 1,54 +19,38 3,46 64100 1,398 - 3,46 1,9 7323 26,9 + 5,73 31,1
FR0010313833 27/05/19 2,5 76.624.220 78 - 26,99 72,24 3,18 FR0011191766 26.237.907 1,232 - 69,8 0,89 FR0004177046 23.261.500 1,25 - 33,66 1,25 FR0013357621 31/07/19 0,23 20.196.492 26,6 - 36,31 23,1 0,86
ARTPRICE.COM (PRC) g C 10,5 10,12 - 3,44 - 29,53 ERAMET (ERA) G A 46,99 46,15 - 1,45 - 23,53 NANOBIOTIX (NANO) g B 8,38 8,37 - 0,3 - 28,09
13386 10,5 -12,61 15,94 194941 47,5 +16,33 72,9 WENDEL (MF) G A 127,1 126,5 - 0,78 + 20,82
25564 8,47 - 5,05 15,8 49167 127,1 + 3,52 127,8
FR0000074783 6.651.515 9,8 - 29,13 9,37 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.635.884 45,86 - 38,14 36,42 1,3 FR0011341205 13/05/19 22.360.039 8,33 - 52,6 7,91 FR0000121204 21/05/19 2,8 45.158.247 125,4 - 0,86 101,4 2,21
ASSYSTEM (ASY) g B 38,45 38,4 - 0,65 + 41,96 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 5,21 5,27 + 0,96 - 15,68 NATIXIS (KN) LR A 3,512 3,47 - 1,48 - 15,76
OPA 24/11/17 189 38,45 + 2,54 40,55 7170 5,36 - 5,05 8,94 3837584 3,517 - 6,32 5,352 WORLDLINE (WLN) G A 62,25 61,4 - 1,37 + 45,5
FR0000074148 17/06/19 1 15.668.216 38,3 + 39,13 25,75 2,6 FR0011471135 17.940.035 5,21 - 42,93 5 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.153.078.482 3,452 - 39,92 3,262 22,48 162545 62,25 - 2,85 66,55
FR0011981968 182.644.703 61 + 15,85 38,44
ATARI (ATA) g C 0,359 0,352 - 0,9 + 3,26 ESI GROUP (ESI) g C 31,3 31,2 - 0,64 + 12,43 NEOEN (NEOEN) A 24,95 23,6 - 1,46 + 24,6
229155 0,359 - 4,66 0,441 1959 31,5 + 2,63 33,6 37959 24,95 + 6,79 24,95 X-FAB SILICON (XFAB) g A 3,8 3,8 - 0,52 - 10,8
FR0010478248 255.105.360 0,349 - 16,88 0,31 FR0004110310 6.017.892 30,6 - 27,94 21,5 FR0011675362 85.049.998 23,3 + 43,03 17,26 80770 3,85 - 8,98 5,6
BE0974310428 130.781.669 3,745 - 53,66 3,365
AUBAY (AUB) g C 32,5 32,6 + 0,31 + 15,81 EURAZEO (RF) G A 60,25 60,2 - 0,58 + 2,28 NEXANS (NEX) G A 29,76 29,73 - 0,1 + 22,19
5516 32,7 + 2,84 33,9 48807 60,6 + 1,01 67,857 83080 30 + 0,61 33 XPO LOGISTICS (XPO) A 314 314 + 1,29 + 0,64
FR0000063737 21/05/19 0,33 13.193.296 32,5 - 21,26 25,8 1,01 FR0000121121 08/05/19 1,25 78.764.149 60,05 - 3,35 57,55 2,08 FR0000044448 17/05/19 0,3 43.606.320 29,48 + 8,58 23,13 1,01 10 314 + 6,8 330
AVENIR TELECOM (AVT) g C 0,027 0,027 + 1,86 - 82,21 EUROFINS SCIENTIFIC (ERF) G A 411,4 412,6 - 0,87 + 26,56 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 314 + 1,95 258 0,19
NEXITY (NXI) G A 42,02 41,46 - 1,61 + 5,23
391240 0,028 -25,14 0,188 25884 416,2 + 8,81 420,6 45245 42,14 - 3,76 45,2
FR0000066052 21/10/11 0,05 139.380.672 0,027 - 87,55 0,025 FR0000038259 03/07/19 2,45 17.779.060 407,8 - 14,82 298,2 0,7 FR0010112524 27/05/19 2,5 56.129.724 41,26 - 19,96 37,02 6,03
AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 11,5 11,55 - 0,43 - 7 EUROPCAR GROUPE (EUCAR) G A 5,54 5,385 - 2,36 - 31,53 NICOX (COX) g B 4,745 4,625 - 1,07 - 7,68
AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
1396 11,55 - 6,1 14,55 461989 5,56 - 2,71 8,395 38405 4,75 + 2,55 7,145
FR0011040500 02/07/19 0,4 21.210.546 11,15 - 37,23 10,6 3,46 FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 5,34 - 33,72 5,32 2,97 FR0013018124 22.869.669 4,62 - 41,23 4,3 EURONEXT (ENX) G A 71,7 71,85 + 0,07 + 42,84
71299 72 + 1,91 72,65
BAINS MONACO (BAIN) B 56 56,4 - 0,7 + 28,18 EUTELSAT COM. (ETL) G A 16,125 15,95 - 0,5 - 7,29 NRJ GROUP (NRG) B 7,08 7,12 + 0,57 - 4,04 NL0006294274 22/05/19 1,31 70.000.000 71,35 + 27,17 49,38 2,14
291 56,4 - 5,05 60 861898 16,125 - 4,03 19,24 3396 7,14 + 6,27 8,1
MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 55,6 + 5,22 43,3 FR0010221234 20/11/18 1,27 232.774.635 15,62 - 21,89 14,8 7,96 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 7,04 - 18,91 6,3 2,39 NOKIA (NOKIA) R A 4,513 4,422 - 1,37 - 12,68 0,3
172800 4,513 - 8,2 5,762 14,93
BÉNÉTEAU (BEN) g A 8,56 8,275 - 2,76 - 27,92 EXEL INDUSTRIES (EXE) B 44,2 44,1 - 0,23 - 35,15 OENEO (SBT) g B 10,68 10,7 + 0,19 + 22,71 FI0009000681 29/07/19 0,02 5.635.968.159 4,42 - 7,95 4,17 1,13
133479 8,56 - 9,46 13,48 56 44,2 - 1,56 79,2 4698 10,72 + 3,08 10,98
FR0000035164 13/02/19 0,26 82.789.840 8,215 - 40,55 8,215 3,14 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 44,1 - 57,18 42,7 2,59 FR0000052680 31/07/19 0,15 64.103.519 10,66 + 4,9 8,58 1,4 SES (SESG) LR 14,39 13,815 - 3,59 - 17,32
BIC (BB) G A 58,25 57,45 - 1,88 - 35,56 FAURECIA (EO) LR A 39,6 39,84 - 0,18 + 20,47 2290444 14,43 - 4,63 18,88
ONXEO (ONXEO) g B 0,668 0,652 - 1,36 - 25,23 LU0088087324 23/04/19 0,68 370.693.490 13,185 - 20,03 12,485 5,79
152057 58,5 - 7,04 92,45 546301 40,08 - 0,7 49,43 71786 0,668 - 8,3 1,045
FR0000120966 03/06/19 3,45 46.010.907 57,25 - 27,05 56,65 6,01 FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 38,96 - 22,79 30,12 3,14 FR0010095596 55.892.509 0,652 - 44,18 0,643
BIGBEN INT. (BIG) g C 11,72
9581
11,76
11,78
+ 0,51 + 46,82
- 0,51 12,58
FFP (FFP) g A 86,6
2958
85,4
86,6
- 1,04 + 6,48
- 4,37 108
ORPÉA (ORP) G A 116,7
104475
116,6
116,7
+ 30,69
+ 4,29 116,7
VALEURS ZONE INTERNATIONALE
FR0000074072 24/07/19 0,2 19.500.119 11,62 + 10,73 7,8 1,7 FR0000064784 20/05/19 2,15 24.922.589 84,9 - 23,89 78,1 2,52 FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 115,1 + 0,87 83,56 1,03
GENERAL ELECTRIC (GNE) 7,578 7,49 - 0,13 + 12,97 1,29
BIOMÉRIEUX (BIM) G A 74,1 73,65 - 1,01 + 28,09 FIGEAC AERO (FGA) g B 11,7 11,66 - 1,02 + 6 PHARMAGEST INT. (PHA) g 52,7 52,7 + 3,13 3525 7,578 -15,47 10,4
81727 74,3 - 2,58 78,85 4570 11,7 - 0,51 13,96 596 52,8 - 9,29 61,9 US3696041033 USD 28/06/19 0,01 8.727.072.000 7,39 - 33,6 6,46
FR0013280286 04/06/19 0,35 118.361.220 73,5 - 1,54 53,1 0,48 FR0011665280 31.839.473 11,58 - 19,81 10,24 FR0012882389 01/07/19 0,85 15.174.125 52,5 - 15 50 1,61
HSBC (HSB) 6,567 6,57 - 0,08 - 9,03 52,19
BOIRON (BOI) g A 39 38,1 - 3,18 - 22,17 FIN. ODET (ODET) A 752 736 - 0,54 - 7,54 PIERRE & VACANCES (VAC) g B 15,86 15,9 + 0,25 - 0,63 57242 6,57 - 8,75 8,02
5049 39,25 - 2,68 57,1 913 760 - 7,07 926 412 15,94 - 6,69 19,38 GB0005405286 USD 15/08/19 0,1 20.203.127.593 6,521 - 12,4 6,37
FR0000061129 30/05/19 1,45 17.565.560 37,9 - 42,45 34,3 3,81 FR0000062234 04/06/19 1 6.585.990 732 - 12,8 732 0,14 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.804.565 15,78 - 48,29 15,02
LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 42,87 43 - 0,56 + 20,01 4
BOLLORÉ (BOL) G A 3,844 3,806 - 1,19 + 8,74 FNAC DARTY (FNAC) G A 58,3 57,1 - 2,31 PIXIUM VISION (PIX) g C 1,14 1,196 + 4,91 - 28,55 39233 43,25 + 0,3 47,82
717386 3,852 + 0,63 4,348 28087 58,5 - 9,79 78,75 83896 1,196 - 2,76 1,978
FR0000039299 04/06/19 0,04 2.937.545.578 3,806 - 1,4 3,412 1,05 FR0011476928 26.615.572 56,9 - 21,62 55 CH0012214059 CHF 20/05/19 2 615.929.059 42,71 + 3,27 35,21
FR0011950641 22.449.160 1,14 - 34,43 1,1
BONDUELLE (BON) g B 22,9 23,1 + 0,44 - 18,66 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 64,6 65,8 + 8,22 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 21,9 21,41 - 3,17 + 6,15 SCHLUMBERGER (SLB) A 29,4 28,8 - 1,87 - 12,2 3,45
10963 23,1 -12,67 32 432 66 - 1,79 70 196133 21,94 - 4,42 29,3 35439 29,4 -19,33 43,3
FR0000063935 14/12/18 0,5 32.538.340 22,6 - 19,09 22,6 2,17 FR0000033409 23/04/19 2,65 46.528.974 64,6 + 8,58 57,8 FR0000124570 02/05/19 0,74 148.566.107 21,34 - 35,69 19,1 3,46 AN8068571086 USD 03/09/19 0,5 1.385.122.304 28,4 - 47,06 28
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621258 21,87 - 1,64 23,53 710153 0,066 -19,41 0,19 DIV 8 02/05/17 16601 5,84 - 4,15 10,8
FR0006174348 20/05/19 0,56 451.971.490 21,59 - 2,48 16,99 2,59 FR0000079634 01/10/01 0,1 187.577.197 0,063 - 62,88 0,061 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 5,73 - 58,12 5,47 3,46
BURELLE SA (BUR) A 760 754 - 0,53 - 5,28 GECINA (GFC) LR A 142,7 142 - 0,91 + 25,66 PROLOGUE (PROL) g C 0,483 0,485 - 2,41 + 26,96
33 760 - 8,94 1025 79795 143 + 0,71 144,5 141015 0,498 + 3,19 0,62
FR0000061137 05/06/19 20 1.757.623 754 - 42 730 2,65 FR0010040865 01/07/19 2,75 76.319.060 141,4 - 3,01 110,3 FR0010380626 46.584.034 0,483 - 23,74 0,37
CARMILA (CARM) g C 15,26 15,04 - 1,7 - 6,93 GENFIT (GNFT) G B 15,17 15 - 1,64 - 13,54 RALLYE (RAL) A 5,42 5,18 - 4,43 - 42,51
22103 15,34 + 1,08 19,16 332674 15,24 - 4,46 24,06 90329 5,46 +27,12 12,96
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CASINO (CO) G A 38,68 38,99 + 0,8 + 7,29 GENSIGHT (SIGHT) g C 1,376 1,35 - 1,6 - 59,46 RAMSAY GDS (GDS) A 18,4 18,9 - 11,68
328653 38,99 +16,04 47,58 60343 1,378 - 4,12 3,79 6 18,9 +5 22
FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 38,33 + 47,3 27,29 4 FR0013183985 28.988.291 1,35 - 41,05 1,33 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 18,4 - 3,57 16,1
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Les Echos Mercredi 4 septembre 2019 FINANCE & MARCHES // 31

euronext//taux&changes
ACTIONS ACTIONS ACTIONS ACTIONS
EURONEXT HORS SRD FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

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FR0000076887 A.S.T. GROUPEg C 3,85 3,85 3,79 3,8 - 0,78 1455 FR0013399474 GENKYOTEXg C 3,8 3,89 3,765 3,77 - 1,82 446 FR0000060832 PRECIA g C 176 + 2,86 GB0002374006 DIAGEO 39,6 40,04 39,6 40,04 + 1,35 866
FR0013185857 ABEOg C 24,6 24,6 24,6 24,6 249 FR0011799907 GENOMIC VISIONg C 0,48 0,48 0,436 0,453 - 3,72 2769399 FR0004044600 PRISMAFLEXg C 5,32 5,32 5,32 5,32 - 0,38 1 US5324571083 LILLY AND CO 101 - 2,94
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BE0974269012 AD CAPITAL 0,082 0,082 0,082 0,082 - 2,98 4720 FR0000124232 GROUPE IRD C 27,21 27,21 27,21 27,21 1 FR0000075954 RIBERg C 1,12 1,126 1,094 1,1 - 1,79 6509 US58933Y1055 MERCK AND CO INC 79 79 78,5 78,5 + 0,64 140
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FR0012821890 ADUX (EX:HI MEDIA)g C 1,42 1,42 1,42 1,42 - 4,38 2661 FR0004050300 GROUPE OPENg C 14,72 14,9 14,6 14,88 + 1,09 2537 FR0000045619 ROBERTET B 44 GA0000121459 TOTAL GABONg A 134,5 135,5 134 135,5 + 1,12 324
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FR0000053043 ADVINI C 29,2 29,2 29,2 29,2 1 FR0004155000 GROUPE SFPIg C 1,9 1,9 1,85 1,87 + 0,27 19137 FR0000060121 SABETON C 24,4
FR0000044612 AFONE PART.g C 12,5 12,6 12,5 12,6 + 0,8 298 FR0000066722 GUILLEMOT CORP.g C 2,78 2,78 2,7 2,735 - 0,18 1016 FR0006239109 SCBSM C 7,8 7,8 7,55 7,55 - 2,58 1720
FR0013421286 ALPHA MOS C 0,635 FR0000038531 HF COMPANYg C 4,58 4,58 4,58 4,58 - 0,22 201 FR0000039109 SÉCHÉ ENV.g B 32,5 32,5 32,2 32,2 - 1,23 1838
FR0000053837
FR0000039216
ALTAMIRg
ALTAREIT
B 16,048 16,05
B
16 16,046 - 0,01
510
2466 FR0012821916
FR0000065278
HIPAY GROUPg
HOPSCOTCH GROUPEg
C 5,78
C 8,24
5,88
8,24
5,78
8,24
5,78 - 0,35
8,24
970
315
FR0004175842
FR0011950682
SELECTIRENTE C 82,5
SERGEFERRARI GROUPg C 5,65
82,5
5,7
82,5
5,65
82,5
5,7
1
1001
EURONEXT GROWTH (Sélection)
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FR0004037125 APRIL GROUP B 23,1 23,1 22,7 22,9 + 0,44 18693 FR0000033243 IMMO. DASSAULTg B 62,5 63 60,5 62,5 + 2,46 759 FR0000036857 SIPH B 80,5 FR0013410370 AUPLATA 0,422 0,425 0,412 0,42 - 0,5 93783
FR0010481960 ARGAN B 62,6 63 62 62,4 4846 FR0000066219 IND. FIN. ENT. C 47 FR0004016699 SMTPCg B 17,95 18 17,9 17,9 - 1,65 693 FR0012788065 BIOCORP 11,1 11,7 11,1 11,7 + 5,41 379
FR0012185536 ARTEA C 12 12 12 12 1 FR0000071797 INFOTELg C 39 39 39 39 513 FR0010209809 SOC. FR. CASINOS C 1,75 FR0012816825 BIOPHYTIS 0,558 0,577 0,513 0,52 - 6,81 118373
FR0000076952 ARTOIS A 4980 FR0000064297 INNELEC MULT.g C 5,76 6,02 5,76 5,9 + 2,43 3122 FR0000072563 SODIFRANCE C 16,5 16,5 16,5 16,5 - 0,6 93 FR0011053636 BLOCKCHAIN GROUP 0,192 0,195 0,188 0,195+ 1,56 43313
FR0011992700 ATEMEg C 11,36 11,36 11,12 11,3 - 0,35 5388 FR0000060451 INSTALLUX SA C 340 FR0000078321 SODITECH ING. C 0,87 0,87 0,87 0,87 - 8,42 1 FR0011648716 CARBIO 6,7 6,86 6,66 6,86 + 2,39 5698
FR0000061780 AUGROS CP C 5,1 FR0000064958 INTEXA C 2,5 FR0000038804 SOFIBUS C 200 FR0010907956 CARMAT 20,8 20,8 20,35 20,8 + 0,48 1886
FR0000039232 AUREA g C 6,34 6,38 6,32 6,34 + 0,64 782 FR0013233012 INVENTIVAg B 2,02 2,06 1,97 2,03 + 2,53 27138 FR0000065864 SOGECLAIRg C 29,7 29,7 29,3 29,5 - 0,67 252 FR0000035818 ESKER 82 82 81,1 81,4 - 0,61 845
FR0013183589 AURES TECH.g C 19,02 19,06 18,92 19 - 0,11 1619 FR0000072597 IT LINKg C 11,9 12,05 11,9 12 + 0,84 877 FR0000131732 SPIR COM. C 4,1 4,18 4,02 4,18 + 1,95 1101 FR0004166197 EVOLIS 29,8 29,9 29,8 29,9 62
FR0011800218 AWOXg C 1,145 1,15 1,12 1,12 - 2,18 8996 FR0004026151 ITESOFTg C 2,95 2,98 2,93 2,98 + 1,02 1225 FR0000054199 ST DUPONTg C 0,121 0,124 0,121 0,124 18350 FR0013256518 EUROFINS CEREP 6300
FR0000064123 BACCARAT B 197 FR0000073843 ITS GROUPg C 4,45 4,47 4,37 4,46 - 0,45 1819 FR0000063307 TAYNINH C 1,08 FR0000044810 EUROPLASMA 0,04 0,04 0,038 0,038- 3,8 1762609
FR0013258399 BALYOg C 2,195 2,235 2,19 2,205 - 0,45 6696 FR0012872141 JACQUES BOGART g C 8,54 8,62 8,28 8,3 - 2,58 1492 FR0004529147 TESSI B 123 127 123 126 + 0,4 198 FR0010342329 GAUSSIN 0,226 0,238 0,225 0,228+ 0,97 2510446
FR0000062788 BARBARA BUI C 8,45 8,45 8,45 8,45 + 0,6 24 FR0004029411 KEYRUSg C 3,38 3,4 3,34 3,34 - 1,48 2994 FR0010407049 TERREIS B 34,5 34,5 34,5 34,5 - 0,29 177 FR0012819381 GROUPE GUILLIN 18,44 18,5 18,24 18,48 + 0,22 9917
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FR0000121857 BEL A280 280 280 280 + 1,45 60 FR0000066607 LACROIX SAg C 19,3 19,3 19 19 - 1,55 230 FR0000060949 TIVOLYg C 23,8 23,8 23,8 23,8 1 FR0000077562 HIOLLE INDUSTRIES 4,06 4,06 4,06 4,06 1
FR0000062150 BLEECKER C 159 FR0000035263 LAFUMA C FR0000033003 TOUAXg C 4,69 4,69 4,66 4,66 - 0,64 598
20,6 FR0004153930 HYBRIGENICS 0,087 0,091 0,087 0,089- 1,11 112214
FR0011592104 BLUE SOLUTIONS B 16,7 16,7 16,7 16,7 24 FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 88,2 89,2 88,2 89,2 + 1,13 211 FR0000039240 TOUPARGEL GROUPE C 0,72 0,755 0,655 0,71 + 2,16 43324
FR0010458729 IMPLANET 0,076 0,076 0,074 0,075 - 1,19 743833
FR0004548873 BOURBONg A 3,1 3,1 3,01 3,01 - 2,9 22254 FR0000075673 LE TANNEUR C 3,2 3,2 3,2 3,2 + 3,9 660 FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 36,6 36,7 36,4 36,4 - 0,82 826
FR0004027068 LANSON-BCC 27,8 27,8 27,4 27,4 - 1,44 176
FR0000074254 BOURSE DIRECT C 1,09 1,09 1,08 1,08 - 0,92 401 FR0000121295 LEBONg C 127 127 127 127 + 1,2 11 FR0000054215 UNIBEL A 575
FR0004155687 MASTRAD 0,463 + 1,45
FR0000078958 BUSINESS ET DEC. C 7,55 FR0004165801 LES HÔTELS DE PARIS C 2,6 2,6 2,6 2,6 - 5,8 10 FR0000034548 QUOTIUM TECH. B 18,9 19,05 18,55 18,55 - 0,8 3164
FR0011584549 MNDg 0,393 0,399 0,39 0,392- 0,25 36382
FR0010151589 CAFOM C 4,88 4,88 4,88 4,88 1 FR0004023208 LES NX CONSTR. B 51,4 51,6 47,6 49 - 4,67 3675 FR0000074197 UTIg C 0,518 0,518 0,5 0,51 - 1,54 2105
FR0004032746 NEOVACS 0,101 0,101 0,099 0,1 - 1,38 442224
FR0012969095 CAPELLIg 35,2 35,7 35 35,4 + 0,57 752 FR0000033599 LEXIBOOKg C 0,81 0,846 0,752 0,794+ 0,76 11146 FR0000062465 VERNEUIL PART. C 1,7
FR0004186856 VETOQUINOL B 59,6 59,8 59 59 - 1,67 379 FR0004171346 NEXTEDIA 0,702 0,72 0,664 0,684- 3,66 67902
FR0000064156 CARP.DE PARTIC. C 59,5 FR0000030074 MALTERIES FR-B C 610
FR0000066680 VIDELIO (EX:IEC) C 1,7 1,7 1,7 1,7 1 FR0000064529 NSC GROUPE 80,5
FR0000072894 CASTg C 3,3 3,33 3,25 3,25 - 0,61 33246 FR0000032302 MANUTAN INTER. B 63,6 63,8 62,8 62,8 - 1,57 254
FR0000050049 VIEL ET CIE C 4,85 4,85 4,66 4,66 - 1,69 2180 FR0000061608 PISCINES DESJOYAUX 12,2 12,2 12,2 12,2 41
FR0000064446 CATERING INTER.g B 11,85 11,85 11,8 11,85 + 0,42 10651 FR0000051070 MAUREL & PROMg A 2,865 2,865 2,82 2,845 - 1,04 91857
FR0000035719 VIKTORIA INVEST C FR0012452746 SAFE ORTHOPAEDICSg 0,049 0,051 0,049 0,049- 1,98 294776
FR0010193979 CBO TERRITORIAg C 3,62 3,63 3,59 3,62 + 0,28 3246 FR0011742329 MCPHY ENERGYg 3,88 3,925 3,875 3,875 - 0,13 3404 3,42
FR0000065765 VISIODENT C 2,24 2,26 2,24 2,26 + 0,89 17 FR0004197747 THERADIAG 1,13 1,145 1,08 1,13 - 0,44 8577
FR0000053506 CEGEDIMg B 26,85 26,9 26,85 26,85 893 FR0000061244 MECELEC C 2,1 2,12 2,1 2,12 + 1,92 1580
FR0010309096 CEGEREAL B 39,4 40,2 39,4 39,8 + 1,02 579 FR0004183960 VOLUNTIS C 2,59 2,94 2,58 2,76 + 4,94 460762 FR0013263878 UMANIS 6,58 6,6 6,54 6,54 - 0,31 478
FR0000052623 DEDALUSg C 0,39 0,425 0,39 0,42 + 9,09 60724
FR0012633360 CELLNOVO C FR0011995588 VOLTALIAg B 10,05 10,05 9,92 9,96 + 1,43 15838 FR0004155240 VERGNET 0,224 0,244 0,224 0,237+ 6,28 427563
0,128 FR0000064404 MÉDIA 6g C 10,5 10,5 10,5 10,5 - 0,94 1
FR0000037475 CFI C FR0000062796 VRANKEN-POMMERY M.g B 21,7 21,8 21,5 21,8 FR0004045847 VOY. DU MONDE 113,5 113,5 110 111,5 - 1,33 1516
1,18 FR0004065605 MEDINCELL C 7,14 7,16 7,04 7,04 2991
FR0000060907 CHAUSSERIA SA C 8,9 FR0010298620 MEMSCAPg C 1,96 1,985 1,955 1,955 521 4570
FR0000054322 CIBOX INTER.g C 0,103 0,104 0,102 0,102 - 1,92 10689 FR0000077570 MICROPOLEg C 1,265 1,265 1,26 1,26 3126 FR0004034072 XILAM ANIMATIONg C 34,5 34,8 33,8 34,2 + 0,15 4723
FR0000079659
FR0013426004
CIE DU CAMBODGE
CLARANOVAg
A
B 7,501 7,54 7,25
6350
7,35 - 2,18 109005
FR0004034320
FR0000060196
MR BRICOLAGE SA
MRM
B 3,05
C 1,39
3,25
1,39
3,05
1,39
3,05
1,39 + 1,46
6387
8641
FR0011471291 YMAGISg 1,24 1,24 1,13 1,21 - 2,42 12877
CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10
FR0000060824 CLAYEUX C INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 127,95 -0,20
FR0000053399 CNIM B 54,2 54,2 53 53
0,3
- 1,85 195
FR0000037970
FR0013018041
MUSÉE GRÉVIN
NAVYAg
C
B 1,26 1,335 1,2
67
1,26 + 0,4 137762
AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 102,3 0,68
FR0013335742 COGELEC C 7,18 7,18 7,18 7,18 - 0,83 151 FR0000120560 NEOPOSTG A 18,3 18,92 18,24 18,68 + 1,36 46008 LU0569974404 APERAMG A 22,44 22,94 22,25 22,8 + 1,47
FR0004031763 COHERISg C 2,26 2,27 2,25 2,25 - 0,44 1153 FR0004154060 NETGEMg C 0,99 0,99 0,99 0,99 1221 BE0974260896 CELYAD C 11,68 12,3 11,6 12,12 + 3,77 39337
FR0000065393 COURTOIS C 115 115 115 115 1 FR0004050250 NEURONES B 22 22 21,6 22 + 1,85 3972 NL0010949392 CNOVA NV A 3,02 3,02 3 3 54
FR0000044323 CR ALPES PROV. C 126,2 127,9 123,04 123,04 - 2,5 1473 FR0012789386 NEXTSTAGE C 95,5 95,5 95,5 95,5 1 BE0974290224 DEXIA C 3,36 3,49 3,36 3,37 + 0,3 53
FR0000185506 CR ATL. VENDÉE C 158,6 158,64 156 156,02 - 1,63 586 FR0010298901 OFFICIIS PROPERTIES C 1,15 1,15 1,15 1,15 - 2,54 500 IE00BJYS1G50 MAINSTAY MEDICAL 3,38 - 11,77
FR0010483768 CR BRIE PICARD. B 28 28,495 28 28,18 + 1,35 3271 FR0010428771 OL GROUPEg C 3,31 3,31 3,28 3,3 - 0,3 13176 BE0003853703 MONTEA CVA 75,9 75,9 74,8 75 + 0,67
FR0000045213 CR ILLE VILAINE C 111,52 112,3 110,5 110,62 - 0,34 274 FR0000075392 ORAPI C 4,71 4,72 4,71 4,72 401 NL0000289783 ROBECO NV 41,02
FR0010461053 CR LANGUEDOC C 82,1 82,25 82,1 82,1 - 2,34 718 FR0013190410 ORCHESTRA-PRE.g C 0,388 0,388 0,38 0,38 - 1,55 5189 NL0000289817 ROLINCO 43,27
FR0000045239 CR LOIRE HTE-LOIRE C 100,08 102 100,08 102 + 2,46 299 FR0010609206 OREGE 1,15 1,15 1,14 1,14 - 0,87 1106
FR0000045551 CR MORBIHAN C100,66 100,82 100,66 100,82 + 0,16 80 FR0013318813 PARAGON IDg C 34,8 34,8 34,1 34,1 - 2,01 132
FR0000185514
FR0000044364
CR NORD FRANCE
CR NORM. SEINE
B 26,4
C 142
27,2
142,32
26,4
142
27,19
142,32
+ 2,86
+ 0,21
4909
182
FR0010263202 PAREF C 76 76 75 76 110 VALEURS ZONE INTERNATIONALE
FR0004038263 PARROT B 3,385 3,385 3,19 3,19 - 5,34 16916
FR0000045528 CR PARIS IDF B 98,35 99,49 98,21 99,05 + 0,71 903 FR0000038465 PASSATg C 3,95 3,95 3,88 3,88 - 3 2277 US00774B2088 AERKOMM INC. C 38
FR0000045346 CR RHÔNE-ALPES C229,05 229,2 227 227 - 0,9 154 FR0011027135 PATRIMOINE & COM B 15,65 15,8 15,6 15,6 - 0,64 1599 CH0008853209 AGTA RECORD B 69
FR0000045544 CR TOULOUSE C 125 125 123,5 124,54 + 0,02 545 FR0000053514 PCAS B 13,3 13,3 13,1 13,1 - 1,5 350 CM0000035113 BRASS. CAMEROUN B 93
FR0000045304 CR TOUR. POITOU C 127,98 127,98 127 127 + 1,58 7481 FR0000066441 POUJOULAT C 30,2 30,2 30,2 30,2 1 US1491231015 CATERPILLAR INC. 106 106 106 106 + 1,92 300
FR0000050395 CROSSWOOD C 4,3
FR0007317813 CS GROUPg C 5,38 5,46 5,38 5,46 + 1,49 751
FR0011026749 DALETg C 12,9 12,9 12,9 12,9 + 1,58 81
FR0010879056
FR0013283108
DEINOVE
DELTA PLUS GROUPg B 37
0,796 0,796
39,6
0,78
36,8
0,79
39,6
- 0,5
+ 8,49
7060
2653
TAUX ET CHANGES
FR0000035784 DIGIGRAM C 0,81
FR0012202497 DMSg C 1,105 1,105 1,105 1,105 - 0,45 100 CHANGES : COURS AU COMPTANT COURS DE CHANGES CROISÉS TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES MARCHÉ OBLIGATAIRE
FR0010436584 DNXCORPg C 3,33 3,34 3,2 3,23 - 3,29 5360 VAR. VAR. 03-09-2019 EUR USD GBP CHF SEK DKK JPY (100) CAD MARCHÉS MONÉTAIRES
03-09-2019 COURS VEILLE ANNÉE 03-09-2019 JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN EUROMTS INDICE VAR % 31/12 VAR %
FR0000065260 DOCKS PÉTROLES A C480 486 480 486 + 2,97 6 1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN % EUR 1 0,9122 1,102 0,9236 0,0927 0,1341 0,8612 0,6839
FR0010099515 ECA B 22,6 22,8 22,4 22,4 - 0,89 2447 ZONE EURO-0,34/-0,64-0,32/-0,62 -0,31/-0,61 -0,34/-0,64 -0,35/-0,65
DOLLAR US 1,0963 -0,08 -4,39 USD 1,0963 1 1,2085 1,0128 0,1017 0,1471 0,9445 0,75 FRANCE 263,44 0.13 245,87 7.00
FR0000072373 EGIDEg C 0,92 0,962 0,92 0,962+ 4,57 12221 LIVRE STERLING 0,9074 -0,19 0,72 GBP 0,9074 0,8275 1 0,838 0,0841 0,1217 0,7815 0,6204
FR0000031023 ELECT. STRASBOURG B109 109 109 109 - 0,46 692 ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE 1-3 ANS 172,44 0.37 171,32 22.29
FRANC SUISSE 1,0827 -0,37 -3,90 CHF 1,0827 0,9874 1,1933 1 0,1004 0,1452 0,9325 0,7403 03-09-2019 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS
FR0012650166 ELECTRO POWER C 6,01 6,45 6,01 6,44 1923 COURONNE DANOISE 7,4568 0,01 -0,13 5-7 ANS 252,22 0.15 236,50 6.48
SEK 10,7917 9,837 11,889 9,9633 1 1,4469 0,0929 7,376 ALLEMAGNE 100,34 -0,91 -0,96 -0,89 -0,73
FR0004030708 ENCRES DUBUITg C 5,68 5,68 5,5 5,6 - 1,41 3184 COURONNE NORV. 9,9852 -0,02 0,78 10-15 ANS 333,21 0.27 287,33 15.43
KUNA CROATE 7,4068 0,01 -0,16 DKK 7,4568 6,7999 8,2176 6,8866 0,6911 1 6,422 5,0983 PORTUGAL -0,34 0,45 0,60 0,72 0,81
FR0000120669 ESSOg B 23,5 23,5 23,3 23,4 2491 COURONNE SUEDOISE 10,7917 0,10 5,35 JPY 1,1612 1,0588 127,9596 107,235 10,7629 0,1557 1 0,7943 PLUS 15 ANS 431,72 0.97 337,19 26.81
FRANCE -0,08 0,07 0,18 0,26 0,29
FR0000061475 EURASIA FONC INV C 0,24 DOLLAR CANADIEN 1,4622 0,02 -6,02 CAD 1,4622 1,3334 1,6118 1,3508 0,1356 19,6145 1,2589 1 PLUS 25 ANS 471,24 1.26 346,89 34.16
YEN JAPONAIS 116,123 -0,34 -8,63 ESPAGNE -0,09 0,38 0,61 0,76 0,87
FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 5,7 5,7 5,7 5,7 1
DOLLAR AUSTRALIEN 1,623 -0,63 -0,50 ITALIE -0,21 0,77 0,41 1,54 1,80 EMTXI-BE 258,63 0.33 235,28 9.56
FR0010490920 EUROPACORPg C 1,1 1,1 1,05 1,07 - 2,73 98401 ROUBLE RUSSE 73,5489 0,46 -7,44
FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,15 3,16 3,06 3,15 3064 ROUPIE INDIENNE 79,1716 0,26 -0,94 COURS A TERME DE L’EURO CONTRE LES PRINCIPALES DEVISES
FR0000064164 EXACOMPTA CLAIREF. C 116 116 116 116 + 0,87 83 DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,7341 -0,30 1,53 03-09-2019 USD GBP CHF SEK DKK JPY (100) CAD
COURONNE TCHEQUE 25,8325 -0,24 0,48 INDICES DE RÉFÉRENCE DES EMPRUNTS À TAUX VARIABLES SOURCE CDC IXIS
FR0000037343 EXPL. PROD. CHIM. C 880
FORINT HONGROIS 330,175 -0,30 2,84 COMPTANT MOY. TMM EURIBOR TME TMOR. MOY. EONIA EURIBOR TEC THE THOR.
FR0000039026 EXPL. PROD. CHIM. C 805 ZLOTY POLONAIS 4,347 -0,30 1,28 ACHAT 1,0966 0,9074 1,0826 10,7870 7,4565 116,1090 1,4618 MENS. 1 MOIS 3 MOIS PUB. PRIV. HEBDO 1 MOIS 3 MOIS 10 PUB. PRIV.
FR0000062341 F.I.E.B.M. C 5,4 LEV BULGARE 1,9562 0,00 -0,27 VENTE 1,0967 0,9075 1,0827 10,7881 7,4588 116,1170 1,4620
FR0000062507 F.I.E.B.M. C DOLLAR HONG-KONG 8,6005 -0,04 -4,36 MAI 17 -0,3585 -0,373 -0,329 0,87 1,07 1,07 29-07 -0,366 -0,395 -0,368 -0,13 -0,07 0,13 0,13
129,98
WON SUD COREEN 1329,7456 -0,15 4,18 A 1 MOIS
FR0000038184 F.I.P.P. C 0,302 0,31 0,294 0,31 - 0,64 13160 PESO MEXICAIN 21,9291 -0,73 -2,79 ACHAT -0,0033 -0,0037 -0,0028 0,0080 0,0018 -0,4137 -0,0023 JUIN 17 -0,3569 -0,373 -0,33 0,71 0,91 0,91 30-07 -0,366 -0,394 -0,367 -0,13 -0,07 0,13 0,13
FR0000063034 FAUVET-GIREL C 31,8 REAL 4,5753 -0,41 2,67 VENTE -0,0035 -0,0038 -0,0032 0,0071 0,0028 -0,4195 -0,0029 JUIL. 17 -0,359 -0,373 -0,33 0,89 1,09 1,09 31-07 -0,368 -0,392 -0,374 -0,14 -0,07 0,13 0,13
FR0011271600 FERMENTALGg C 1,648 1,67 1,626 1,648 5538 DOLLAR SINGAPOUR 1,5252 -0,05 -2,41 A 3 MOIS AOÛT 17 -0,3561 -0,372 -0,329 0,78 0,98 0,98 01-08 -0,365 -0,392 -0,375 -0,14 -0,07 0,13 0,13
RAND SUD-AFRICAIN 16,5915 -0,81 -0,22 SEPT. 17 -0,3573 -0,372 -0,329 0,77 0,97 0,97 02-08 -0,358 -0,393 -0,377 -0,21 -0,09 0,11 0,11
FR0000062101 FERMIÈRE CANNES B 1600 LIVRE TURQUE 6,2848 -1,43 3,51 ACHAT -0,0083 -0,0034 -0,0019 -0,0003 0,0048 -0,4663 -0,0079 OCT. 17 -0,3589 -0,372 -0,33 0,77 0,97 0,97 05-08 -0,357 -0,392 -0,38 -0,24 -0,09 0,11 0,11
FR0000061418 FIDUCIAL OFFICE C 28,2 28,2 28,2 28,2 1 RENMIBI YUAN 7,8723 0,07 -0,14 VENTE -0,0084 -0,0059 -0,0024 -0,0018 0,0046 -0,4927 -0,0085 NOV. 17 -0,3513 -0,372 -0,329 0,65 0,85 0,85 06-08 -0,357 -0,401 -0,384 -0,25 -0,09 0,11 0,11
FR0000060535 FIDUCIAL RE B 189 190 189 190 + 0,53 11 RUPIAH 15565,0771 -0,12 -5,73 A 6 MOIS DÉC. 17 -0,3411 -0,369 -0,328 0,62 0,82 0,82 07-08 -0,356 -0,4 -0,389 -0,30 -0,09 0,11 0,11
FR0000076986 FIN. MONCEY A 4860
PESO PHILIPPIN 57,2812 -0,32 -4,97 ACHAT -0,0157 -0,0088 0,0000 -0,0145 0,0096 -0,4878 -0,0166 JANV. 18 -0,3614 -0,369 -0,328 0,82 1,02 1,02 08-08 -0,36 -0,401 -0,39 -0,28 -0,09 0,11 0,11
RINGGIT MALAIS 4,6164 -0,32 -2,61 FÉV. 18 -0,3649 -0,37 -0,329 0,97 0 1,17 09-08 -0,359 -0,409 -0,398 -0,27 -0,22 -0,02 -0,02
FR0000035123 FINATIS B 24 24 24 24 - 12,41 50 BATH THALANDAIS 33,5567 -0,14 -9,31 VENTE -0,0162 -0,0091 -0,0011 -0,0163 0,0071 -0,5236 -0,0175
A 12 MOIS MARS 18 -0,3628 -0,371 -0,328 0,85 0 1,05 12-08 -0,358 -0,403 -0,404 -0,28 -0,22 -0,02 -0,02
FR0000074759 FLEURY MICHONg B 32 32 31,8 31,9 917
AVR. 18 -0,3648 -0,372 -0,329 0,80 0 1,00 13-08 -0,358 -0,405 -0,4 -0,29 -0,22 -0,02 -0,02
FR0000065930 FONCIÈRE 7 INV. C 1,9 PRINCIPAUX TAUX DIRECTEURS ACHAT -0,0288 -0,0149 0,0030 -0,0416 0,0191 -0,6552 -0,0336
MAI 18 -0,3628 -0,371 -0,326 0,83 0 1,03 14-08 -0,36 -0,413 -0,402 -0,32 -0,22 -0,02 -0,02
FR0000064362 FONCIÈRE ATLAND C 143 146 143 144 + 1,41 29 VENTE -0,0294 -0,0156 0,0010 -0,0452 0,0141 -0,6948 -0,0346 JUIN 18 -0,3614 -0,37 -0,322 0,83 0 1,03 15-08 -0,359 -0,403 -0,406 -0,36 -0,22 -0,02 -0,02
PAYS TAUX DE RÉFÉRENCE TAUX EN %
FR0000038499 FONCIÈRE EURIS B 13,1 JUIL. 18 -0,3636 -0,37 -0,321 0,68 0 0,88 16-08 -0,361 -0,404 -0,404 -0,41 -0,31 -0,11 -0,11
FR0010341032 FONCIÈRE INEA B 41,8 42 41,8 42 722 BCE TAUX PRET MARGINAL 0.25 % AOÛT 18 -0,359 -0,369 -0,319 0,73 0 0,93 19-08 -0,364 -0,423 -0,42 -0,35 -0,31 -0,11 -0,11
Taux repo (refi) 0.00 % TAUX BONS DU TRÉSOR SEPT. 18 -0,3609 -0,371 -0,319 0,79 0 0,99 20-08 -0,364 -0,409 -0,422 -0,37 -0,31 -0,11 -0,11
FR0011277391 FONCIÈRE PARIS NORDgC 0,027 0,027 0,026 0,027 - 2,14 100222 Taux depoT -0.40 % BTF TAUX OCT. 18 -0,3662 -0,37 -0,318 0,86 0 1,06 21-08 -0,364 -0,405 -0,421 -0,37 -0,31 -0,11 -0,11
FR0000053944 FONCIÈRE VOLTA C 6,2 ROYAUME UNI TAUX JOUR LE JOUR 0.55 % NOV. 18 -0,3614 -0,369 -0,316 0,81 0 1,01 22-08 -0,363 -0,409 -0,423 -0,37 -0,31 -0,11 -0,11
FR0013030152 FRANÇAISE ENERGIEg C 17 17 16,6 16,6 - 2,35 1102 Taux de base 0.75 % 1 MOIS -0,57
DÉC. 18 -0,3608 -0,367 -0,312 0,74 0 0,94 23-08 -0,369 -0,415 -0,418 -0,32 -0,32 -0,12 -0,12
FR0010588079 FREY B 35,1 35,1 35,1 35,1 + 0,29 34 USA TAUX JOUR LE JOUR 2.08 % 3 MOIS -0,60 FÉV. 19 -0,3668 -0,366 -0,308 0,58 0 0,78 26-08 -0,361 -0,413 -0,412 -0,35 -0,32 -0,12 -0,12
FR0000031973 FSDV C 36,6
fonds federaux 2.25 % 6 MOIS -0,72 MARS 19 -0,3671 -0,367 -0,309 0,44 0 0,64 27-08 -0,361 -0,423 -0,418 -0,37 -0,32 -0,12 -0,12
2 ans 1.66 % 9 MOIS -0,76 MARS 19 -0,3671 -0,367 -0,309 0,35 0 0,55 28-08 -0,362 -0,416 -0,418 -0,42 -0,32 -0,12 -0,12
FR0011284991 FUTUREN B 1,12 1,12 1,12 1,12 285 10 ans 1.53 % 1 AN -0,74 MAI 19 -0,3657 -0,369 -0,311 0,34 0 0,54 29-08 -0,365 -0,417 -0,422 -0,40 -0,32 -0,12 -0,12
FR0000030611 GALIMMO C 18 18 18 18 1 JAPON BOJ TOKYO -0.10 % 2 ANS -0,84
Taux jour le jour -0.20 % JUIN 19 -0,3548 -0,369 -0,311 0,14 0 0,34 30-08 -0,369 -0,43 -0,428 -0,40 -0,35 -0,15 -0,15
FR0000034894 GAUMONT B 114 115 113,5 115 + 1,77 116 5 ANS -0,77 JUIL. 19 -0,3669 -0,395 -0,365 -0,01 0 0,19 02-09 -0,359 -0,427 -0,433 -0,39 -0,35 -0,15 -0,15
FR0000053035 GEAg C 99 99,5 99 99,5 + 0,51 107 Taux repo (refi) -0.10 %
10 ans -0.27 % 10 ANS -0,41 AOÛT 19 -0,3608 -0,41 -0,408 -0,27 0 -0,07 03-09 -0,359 -0,427 -0,436 -0,41 -0,35 -0,15 -0,15

sicav//fcp
VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER
CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET
CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**
MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE

LU0130728842 PICTET-EMERGING EUROPE 378,75 02/09 Banque Cantonale

Mirabaud Asset Management
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LU0168449691 PICTET-GREATER CHINA 561,19 02/09 LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 167,32 02/09 LU1626129727 SWISS ALL CAPS (CHF) 117,88 02/09
LU0188501257 PICTET-HEALTH 284,05 30/08 LU0375629556 RAM (L) SF EUROPEAN EQ 435,48 02/09 LU1626130816 SILK ROAD ZONE STOCKS (USD) 90,37 02/09
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Tél. : 01 56 88 71 00
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LU0217139020 PICTET-PREMIUM BRANDS 176,07 30/08 LU0705071701 RAM (L) SF L/S EUROPEAN EQ 145,06 02/09 LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR) 159,88 02/09

LU0155303323 PICTET-ASIAN EQ. JAPAN 254,15 02/09 LU1279334210 PICTET-ROBOTICS 152,25 30/08 LU0375630729 RAM (L) SF NORTH AM EQ 294,44 02/09

LU0090689299 PICTET-BIOTECH 684,59 30/08 LU0338483075 PICTET-RUSSIAN EQUITIES 69,36 02/09 LU1074511459 RAM (L) TF CONV EUROPE 144,48 02/09

LU0280430660 PICTET-CLEAN ENERGY 89,47 30/08 LU0256846139 PICTET-SECURITY 260,42 30/08 LU0419186167 RAM (L) TF GB BD TOT RET 148,27 02/09

LU0340554913 PICTET-DIGITAL 332,34 30/08 LU0130732364 PICTET-SMALL CAP EUR. 1149,71 02/09 LU0935723782 RAM (L) TF II ASIA BD TOT RET 150,09 02/09

LU0255798109 PICTET-EMERG LC DEBT 165,01 03/09 LU0104884860 PICTET-WATER 341,44 30/08

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.
Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-
geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».
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32 // Mercredi 4 septembre 2019 Les Echos

= Les chiffres de l'économie

// Budget de l’Etat 2019 : 390,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2.350 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3.377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10,03 euros à partir du 01-01-2019
// Capitalisation boursière de Paris : 1.635,3 milliards d’euros (au 12-08-2019)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104,58 en juin 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8,5 % au 4e trimestre 2018
// Dette publique : 2.322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018

crible
Le portrait sous Dorian
Les réassureurs mondiaux ne doivent pas relâcher leur discipline de souscription. Lutte, flamme et satiété
L’ouragan Dorian en impose A l’instar de ses concurrents, Iliad (Free)
par sa force et sa lenteur – a signé un trimestre encourageant.
à cause des précipitations. Et
la saison des catastrophes na-
turelles est loin d’être termi-
née. Pour continuer de les ap-
précier à leur juste valeur – la
« décorrélation » des risques
financiers –, les investisseurs
boursiers peuvent donc exa-
miner le portrait des traits
« fondamentaux » du secteur
de la réassurance réalisé par
Standard & Poor’s pour le
congrès de Monte-Carlo. La
part du Top 20 des compa-
gnies notées s’avère plutôt sta-
ble depuis sept ans dans le to-
tal des pertes des sinistres
« Cat Nat » du secteur, un si-
gne supplémentaire de l’amé-
lioration du contrôle de la
souscription des risques. 2019
ne réussira pas forcément à
faire revenir la rentabilité du
capital au-dessus de son coût,
mais les dividendes en trem-
bleront d’autant moins.

De la gourmandise à la famine
La livraison de repas aiguise l’appétit
de la City, peut-être trop avec Just Eat.
Il y a des situations où il vaut mieux faire pitié qu’envie, les opéra-
teurs télécoms italiens, qui ont payé 6,5 milliards d’euros leurs fré-
« Parfois, les meilleurs investissements sont ceux que vous ne faites pas. » quences 5G, ne diront pas le contraire. Cela n’a pas été si facile d’y
Takeway.com va pouvoir relire le Donald Trump de « The Art of the Deal », parvenir au deuxième trimestre de ce côté-ci des Alpes pour leurs
au cas où. Car sa fusion « entre égaux » sur les fourneaux depuis un mois homologues qui se préparent à sacrifier à une Sainte Trinité des en-
sent un peu le roussi. Le hedge fund Eminence Capital a rejoint le gestion- chères s’apparentant à une quadrature du cercle : le budget de l’Etat,
naire Aberdeen Standard dans la révolte en cuisine contre sa recette de l’aménagement du territoire et la satisfaction du consommateur. Les
concentration avec Just Eat. Leurs 9,5 % du capital, à eux deux, pèse lourd actionnaires d’Orange peuvent toujours se plaindre de la stabilité du
quand il faut en séduire 75 % de la cible pour valider ce grand mariage euro- dividende, ceux d’Altice Europe transpirer sous une dette équivalant
péen de la livraison de repas. La City trouve la proposition trop peu calori- à 5,7 années d’Ebitda, Martin Bouygues pleurer les « 10 milliards
que et spécule toujours sur une contre-offre. Le menu « stand alone » peut d’euros de pertes » qu’implique la coexistence de quatre acteurs, et les
s’avérer plus nourrissant qu’un brouet trop maigre, comme l’ont montré investisseurs s’inquiéter du goutte-à-goutte d’abonnés quittant Free.
Unilever face à Kraft Heinz ou Snap face à Facebook. Il peut aussi conduire Mais la solidité générale de leurs comptes, obtenue sous une très for-
à la famine des occasions manquées, comme Yahoo! qui avait fait la fine te pression qu’allègent les béquilles des financements d’infrastructu-
mouche à Microsoft en 2008, pour se faire acheter 9 fois moins cher res, est frappante. Le groupe de Xavier Niel a même confirmé l’accé-
neuf ans plus tard par Verizon. En Europe, Ontex vaut bien moins que le lération de la croissance du chiffre d’affaires hexagonal grâce à la
prix offert par un fonds de capital-investissement l’année dernière. Scout 24 hausse de 12 % de la recette par tête dans le mobile. Luxe, calme et
n’a évité le même sort que grâce à l’intervention de l’activiste Elliott, qui a volupté ne sont certes encore au programme de personne. Mais la
relancé le suspense. Les actionnaires de Just Eat devront donc savoir ne pas lutte des promotions connaissant une accalmie, les retours de flam-
se montrer trop gourmands face à ceux de Takeaway.com, qui n’ont pas de me seront moins dévastateurs et leurs objectifs annuels rassasiés.
raison de relever la sauce tant qu’un chevalier blanc ne s’est pas déclaré. En attendant mieux…

La Bourse de Paris marque le pas

EN VUE

Christine Lagarde

F aisant litière au passage des

•séance
La Bourse de Paris a terminé la
en repli de 0,49 %, le CAC 40
clôturant à 5.466,07 points, dans un
volume d’échanges réduit de
2,6 milliards d’euros. Les investis-
seurs étaient sur la défensive. A
l’enlisement des relations commer-
ciales sino-américaines s’ajoute le
psychodrame britannique. Boris
Johnson a entamé un bras de fer
avec les parlementaires, les mena-
çant d’élections anticipées s’ils ne le
soutiennent pas dans sa conduite
du Brexit. Le gouvernement de
Boris Johnson a perdu sa majorité,
qui ne tenait qu’à une voix, avec la
défection du député conservateur
Phillip Lee, qui rejoint le Parti libé-
ral démocrate.
Autre sujet d’inquiétude : l’acti-
vité du secteur manufacturier aux
Etats-Unis s’est contractée en août
pour la première fois depuis trois
ans. L’ISM est tombé à 49,1 points.
Du côté des valeurs, Sanofi a
poursuivi sa hausse (+1,91 %) de la
veille, consécutive à l’arrivée d’un
nouveau directeur général, Paul
Hudson, ancien de Novartis. Le titre
a aussi profité d’un début de suivi
avec la recommandation « surper-
formance » par Bernstein. Autres
titres du CAC dans le vert, Renault
est monté de 0,83 % et L'Oréal a
gagné 0,68 %. Le secteur du luxe a
souffert, LVMH et Kering aban-
donnant respectivement 2 % et
1,69 %.
ambitions justifiées du Français
Michel Barnier, Emmanuel
Macron fut, paraît-il, très fier du ticket
qu’il eut l’idée de proposer pour orner
les têtes de gondole des institutions
européennes. Ursula von der Leyen et
Christine Lagarde, on ne faisait ni plus
chic ni plus politiquement correct. Au-
delà de l’affichage d’une féminisation
nécessaire des postes clefs européens,
la nomination de Christine Lagarde
était justifiée par la qualité de son action
à la tête du FMI. Bien sûr, celle-ci ne
peut naturellement être comparée au
travail acharné de Pierre Moscovici qui
vaut aujourd’hui à ce commissaire
européen une option sur la présidence
de la Cour des comptes. La vie est belle.
Reste que les « BCE watchers » ont rapi-
dement posé une question de fond sur
l’arrivée de Lagarde à Francfort. Fini le
temps des experts, vive celui de la politi-
que ? Il n’est pas certain que la cham-
pionne de natation se laisse facilement
dicter une conduite. Tous les titulaires
d’un DESS de droit social ne deviennent
pas président du plus grand cabinet
d’avocats du monde à 42 ans. La grande
amabilité de l’ex-ministre de l’Econo-
mie cache une volonté et une habileté
qui le sont tout autant. Elle n’est pas une
technocrate, s’est révélée une grande
diplomate. Songez au scepticisme qui
accompagna son arrivée à la tête du
FMI en 2011 après les ravages de l’affaire
DSK dont les exploits sexuels étaient à
la mesure de ses compétences financiè-
res reconnues. « Dix jours plus tard,
DSK était oublié », tranche un connais-
seur du Fonds dans le « Financial
Times ». Combien de temps lui faudra-
t-il pour laisser derrière elle le souvenir
de Mario Draghi ?