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LETTRE À LA RÉDACTION
MOTS CLÉS Résumé En Amérique du Nord, le fellowship, encore appelé monitorat au Québec, s’adresse
Formation médicale ; aux médecins spécialistes souhaitant réaliser une formation complémentaire postdoctorale et
Mobilité ; obtenir une surspécialisation. Au Canada, en gynécologie-obstétrique, trois programmes de
Canada fellowship agréés par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada sont proposés :
médecine maternelle et fœtale, oncologie gynécologique et endocrinologie gynécologique de la
reproduction et de l’infertilité. Réaliser un fellowship de deux ans au Canada est une expérience
particulièrement enrichissante tant sur un plan professionnel que personnel. Nous présentons
ici les modalités des différents programmes et les démarches à entreprendre pour réaliser un
fellowship au Canada.
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Summary In North America, postdoctoral fellowships are proposed to physicians and surgeons
KEYWORDS after their residency to obtain an expertise in a specific domain of their speciality. In obstetrics
Postdoctoral and gynecology, three fellowship programs are accredited by the Royal College of Physicians
fellowships in and Surgeons of Canada: maternal fetal medicine, gynaecological oncology and reproductive
medicine; endocrinology and infertility. A two-year fellowship in Canada provides a great professional and
Professional mobility; personal experience. We present here the organization of these programs and the conditions
Canada to be admitted in a fellowship program in Canada.
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0368-2315/$ – see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.jgyn.2009.01.006
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Fellowship au Canada : mode d’emploi 189
varient d’une personne à une autre. Voici donc les principaux Le Canada étant un pays bilingue et le Québec majori-
intérêts que nous avons retenus : tairement francophone, notre pratique clinique quotidienne
au CHU Sainte-Justine à Montréal est majoritairement
• obtenir une expertise dans une surspécialité ; en français. Nous avons donc pu avoir une pratique dès
• découvrir les pratiques médicales dans un autre pays : notre arrivée sans ressentir la barrière de la langue. De
celles-ci sont parfois différentes de celles apprises en plus, concernant les démarches administratives, les formu-
France. Travailler dans un service signifie accepter une laires d’immigration sont rédigés en français. Cela permet
prise en charge différente des patientes et suivre les pro- un gain de temps non négligeable et facilite sans aucun
tocoles établis. Changer les habitudes médicales avec au doute la compréhension dans ce long parcours administra-
final des résultats identiques nous permet de nous ques- tif. Cependant, le bilinguisme étant la règle, la pratique
tionner sur nos pratiques pour améliorer la prise en charge de l’anglais est également fréquente dans le milieu franco-
des patientes [1] ; phone.
• faire connaître les pratiques françaises en gynécologie- Enfin, l’accueil chaleureux, le mode de vie et la généro-
obstétrique à l’étranger : le fellowship n’est pas une sité des canadiens, et plus spécifiquement des québécois,
formation à sens unique mais un échange entre deux pays. est probablement l’argument principal pour choisir le
Les praticiens du pays d’accueil sont généralement très Canada comme destination de fellowship.
intéressés de connaître les pratiques médicales dans les
autres pays à la recherche d’une meilleure prise en charge
des patientes ;
Les principales différences avec un
• mener des projets de recherche : l’organisation du fel-
lowship permet un juste équilibre entre une pratique postinternat en France
clinique et un temps réservé à la recherche. Les fellows
sont sollicités et encadrés pour la réalisation de projet Devant les difficultés actuelles, en France, pour obtenir
de recherche pouvant amener à des publications ou des deux années postinternat en gynécologie-obstétrique, faire
communications dans des congrès nationaux et interna- un fellowship en Amérique du Nord, peut également être
tionaux. Lors d’un fellowship, les contraintes cliniques une solution pour patienter avant un poste de chef de cli-
sont généralement moindres que lors d’un clinicat ou d’un nique ou d’assistant [3]. Cette solution permet de poursuivre
assistanat avec, en particulier, plus de temps alloué à la une formation universitaire tout en attendant un poste, en
recherche et plus de temps pour la formation théorique France, nécessaire à notre formation. Cependant, cette for-
[2] ; mation à l’étranger n’est pas reconnue en France sur le
• valider une mobilité à l’étranger en vue d’une carrière plan académique et ne valide pas l’équivalent d’un clini-
hospitalo-universitaire en France ; cat ou d’un assistanat pour une installation dans le secteur
• se créer un réseau de contacts professionnels à privé.
l’étranger ; En Amérique du Nord, tous les seniors travaillant en
• s’informer sur le fonctionnement des autres systèmes de milieu universitaire ont eux-même réalisé un fellowship
santé, systèmes universitaires, l’accès à la recherche ; et ont donc une surspécialisation. Le statut de fellow
• perfectionner son anglais, que ce soit dans la vie usuelle ou moniteur est une prolongation du statut d’interne
ou dans la pratique médicale ; (appelé résident), c’est-à-dire un statut intermédiaire entre
• vivre une expérience personnelle enrichissante en décou- l’interne et l’obstétricien-gynécologue surspécialisé. Ce sta-
vrant une autre culture, un autre mode de vie. Choisir de tut intermédiaire a l’avantage d’une autonomie progressive
réaliser un fellowship signifie s’intégrer au niveau profes- et d’un encadrement présent mais discret. Être fellow
sionnel et personnel. Le fait de rester deux ans dans un signifie être intégré dans le fonctionnement du service
pays est une expérience sociale et humaine. et ses activités, participer au tour de garde, générale-
ment sous la supervision d’un médecin senior (présent ou
non sur place). En médecine maternelle et fœtale, par
Pourquoi choisir le Canada ? exemple, le fellow aura en charge les dossiers de gros-
sesse à haut risque et sera présent sur tout geste opératoire
Il existe des avantages spécifiques à réaliser un fellow- classé difficile. Certains gestes techniques (transfusions in
ship au Canada et plus particulièrement au Québec. Tout utero. . .), rarement réalisés au cours de l’internat ou du
d’abord, les diplômes de thèse de docteur en médecine et de clinicat, sont pratiqués exclusivement par les fellows, per-
médecin spécialiste (DES) sont reconnus par le Collège des mettant une courbe d’apprentissage maximale. La période
médecins du Québec et des autres provinces canadiennes. entre la fin de l’internat et le début d’un clinicat ou
Contrairement à un fellowship au États-Unis, il n’est géné- d’un assistanat semble le moment le plus propice pour
ralement pas nécessaire de passer d’autres examens pour réaliser un fellowship mais ce dernier peut également
pouvoir pratiquer dans un centre universitaire. Toutefois, être entrepris après le clinicat dans l’attente d’un poste
cette équivalence permet de pratiquer comme fellow, donc hospitalier de surspécialité. La place du fellow, vis-à-vis
sous supervision d’un médecin diplômé au Canada et pour des obstétriciens-gynécologues seniors, d’un côté, et des
une durée limitée, mais ne permettra pas de s’installer internes, de l’autre, est probablement différente d’un pro-
comme médecin par la suite dans le pays. Cela nécessite gramme à l’autre, d’un département à l’autre ou encore
d’autres démarches (examens complets de spécialité ou d’une université à l’autre. La clé d’un fellowship réussi
équivalence obtenue par un recrutement sur un poste uni- reste l’intégration dans l’équipe soignante et l’équipe de
versitaire spécifique). recherche.
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190 Lettre à la rédaction
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Fellowship au Canada : mode d’emploi 191
Tableau 1 Directeurs de programmes des trois surspécialités dans les différentes universités canadiennes (source : Collège
royal des médecins et chirurgiens du Canada).
Program directors of the three accredited fellowship programs.
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192 Lettre à la rédaction
Tableau 1 (Suite )
McGill University, Montréal Dr Angelina Mallozzi Dr Lucy Gilbert Royal Dr Hananel Holzer McGill
Royal Victoria Hospital Victoria Hospital Reproductive Center
Department of 687 Pine Ave W 687 Pine Avenue West,
Obstetrics/Gynecology 687 Suite F9.06 Room F6.58
Pine Avenue West Montréal Montréal QC H3A 1A1 Montréal QC H3A 1A1
QC H3A 1A1
l’université pour les différentes modalités d’admission L’employeur, c’est-à-dire dans le cas présent l’université,
et d’inscription. Pour l’université de Montréal, toutes les entreprend la plupart des démarches et fait une lettre
modalités d’admission sont disponibles sur le site : http:// d’acceptation pour le fellowship demandé. Mais, il faut
www.med.umontreal.ca/etudes/programme formation/ avant cela lui fournir certains documents afin que son offre
postdoctorales/admission/stage perfectionnement.html. d’emploi soit approuvée, en particulier : une copie de la
L’université, une fois le dossier d’admission complet, lettre attestant l’admissibilité à une carte de stage délivrée
envoie une copie pour étude au Collège des méde- par le Collège des médecins du Québec, un formulaire de
cins du Québec pour obtenir la lettre d’admissibilité du demande de certificat d’acceptation pour travail temporaire
moniteur à des stages de perfectionnement à titre de moni- du Québec et les pièces justificatives requises.
teur (fellow) octroyée par le Collège des médecins du Il faut également faire une demande de permis de tra-
Québec. vail auprès de l’ambassade du Canada à Paris (bureau des
visas). L’obtention du permis de travail officiel se fait à
l’arrivée sur le territoire canadien, sur présentation de la
Obtenir un permis de travail lettre d’autorisation, remise par le bureau canadien des
Ce permis de travail est obligatoire pour entrer au Canada. visas.
C’est l’université qui envoie tous les documents nécessaires En France, le gouvernement du Canada exige que tous
pour la demande du permis de travail. Les délais d’obtention les immigrés même temporaires, ainsi que chaque membre
sont parfois longs, il faut compter plusieurs mois. de la famille, passent un examen médical effectué par un
médecin désigné par Citoyenneté et immigration Canada.
En France
Le financement
Une immigration pour un fellowship est une immigration
temporaire avec des démarches spécifiques et donc moins Tous les candidats étrangers à un fellowship doivent être
longues que pour l’immigration permanente. boursiers d’un organisme reconnu. Le financement est obli-
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Fellowship au Canada : mode d’emploi 193
Tableau 2 Description de la formation pratique et théorique des trois programmes de fellowship proposés à l’université de
Montréal et accrédités par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada.
Obstetrics and gynecology accredited fellowship programs: description of structure and organisation at Montreal University.
Périodesa facultatives 2 périodes à option choisis 4 périodes au choix parmi : 3 périodes à options parmi :
en fonction du plan de
carrière du candidat
chirurgie colorectale uroandrologie
soins palliatifs génétique de la
reproduction
soins intensifs échographie et dépistage
prénatal
chirurgie cœlioscopie
chirurgie urologique
chirurgie vasculaire
pathologie
gatoire et fait partie des conditions d’admission pour entrer fellows étrangers (environ 25 000 euros annuels). Avant de
au Canada. postuler pour un poste de fellowship, il est donc primor-
Du côté canadien, certains programmes de fellowship dial de se renseigner auprès du directeur de programme et
proposent des bourses disponibles pour les candidats étran- de la direction de l’enseignement du centre hospitalier. Les
gers. Au CHU Sainte-Justine, la Fondation Sainte-Justine demandes sont à faire avant janvier de chaque année et les
octroie sur dossier académique des bourses annuelles à des bourses sont accordées lors d’une assemblée qui se réunit
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194 Lettre à la rédaction
une seule fois dans l’année. D’où l’importance de connaître Camille Le Ray et Sandrine Wavrant ont été financées par la
les dates limite. Fondation de l’hôpital Sainte-Justine.
En France, certains organismes et sociétés offrent des Nous remercions vivement le docteur Pierre Drouin,
financements pour des séjours à l’étranger mais ceux-ci sont le docteur Jacques Kadoch et monsieur Martin Vezina de
relativement peu nombreux et la concurrence avec d’autres l’université de Montréal pour la relecture de ce manuscrit.
spécialités médicales est importante. Avoir un projet de
recherche précis et au mieux un cursus scientifique parallèle Conflits d’intérêts
(Master, Doctorat ès sciences) avant de partir est sans doute
une des clés pour obtenir un financement du côté français. Nous ne déclarons aucun conflit d’intérêt.
Plus spécifiquement en gynécologie-obstétrique, le
Collège national des gynécologue-obstétriciens français
(CNGOF) offre chaque année une ou plusieurs bourses
Références
pour un séjour d’étude à l’étranger pouvant aller jusqu’à
18 000 euros. Un des critères pour postuler à cette bourse est [1] Le Ray C, Audibert F. Duration of pushing in labor: literature
review. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2008;37:325—8.
de présenter un projet de recherche. La Société française
[2] Mandel R, Maheux B, Chalvon Demersay A. Professional activity
de médecine périnatale (SFMP) propose spécifiquement des of fellows in French pediatric intensive care units. North Ame-
bourses destinées à des voyages d’études d’un montant de rican fellowship programs: a comparative study. Arch Pediatr
2500 à 4000 euros. 2004;11:1419—24.
En cancérologie, les offres sont relativement plus nom- [3] Carcopino X, Bats AS. What about fellowship for French resi-
breuses. Entre autres, la Fondation de France et la dents in obstetrics and gynecology? J Gynecol Obstet Biol Reprod
Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (Paris) 2006;35:242—6.
attribuent des bourses à des médecins pour un projet de
mobilité internationale sur un thème de recherche clinique Pour en savoir plus
en cancérologie. L’Association pour la Recherche contre
le Cancer, la ligue nationale contre le cancer, l’institut Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF) :
Gustave-Roussy, l’Union nationale contre le cancer pro- www.cngof.asso.fr
posent également des subventions. Société française de médecine périnatale (SFMP) : www.sfmp.
Il est également possible de postuler à d’autres pro- net
Société des obstétriciens gynécologues du Canada (SOGC) :
grammes de bourse plus généralistes. Le programme
www.sogc.org
Egide—BFE (boursiers français à l’étranger) du ministère des
Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada :
Affaires étrangères et européennes proposent des bourses http://crmcc.medical.org
(bourses Lavoisier) chaque année aux Français souhaitant Collège des médecins du Québec : www.cmq.org
poursuivre leur formation à l’étranger. L’Association amicale Université de Montréal : www.umontreal.ca
des anciens internes en médecine des hôpitaux et hospices CHU Sainte-Justine : www.chu-sainte-justine.org
civils de Paris décerne une bourse à un interne de spécia- Immigration-Québec : www.immigration-quebec.gouv.qc.ca
lité de la région Île-de-France en exercice au moment du Citoyenneté et immigration Canada : www.cic.gc.ca/francais/
dépôt du dossier pour l’aider soit à réaliser un travail origi- index.asp
nal de recherche clinique ou fondamentale, soit à acquérir Egide : www.egide.asso.fr
Fondation de France : www.fdf.org
une formation complémentaire dans sa spécialité. La fon-
Fondation Rotary : www.rotary.org
dation Rotary accorde également des bourses d’études d’un
ou deux ans à l’étranger. Enfin, certains centres hospitaliers C. Le Ray a,b,∗
français proposent une aide financière versée au retour en S. Wavrant a,c
France dans le service à certains médecins dans le cadre L. Hudon a
d’une formation complémentaire dans leur spécialité. F. Audibert a
a
Département de gynécologie-obstétrique, CHU
Conclusion Sainte-Justine, université de Montréal, Montréal, Canada
b
Maternité de Port-Royal, hôpital
Les programmes de fellowship canadiens sont ouverts aux Cochin—Saint-Vincent-de-Paul, université Paris-Descartes,
candidats français souhaitant obtenir une formation dans Assistance publique—Hôpitaux de Paris, 123, boulevard de
une surspécialité en gynécologie-obstétrique. Le parcours Port-Royal, 75014 Paris, France
c
d’admission et d’immigration pour pouvoir réaliser un Département de gynécologie-obstétrique, hôpital
fellowship au Canada est certes long. Obtenir un finan- Femme—Mère—Enfant, hospices civils de Lyon,
cement peut dans certains cas s’avérer difficile. Mais Lyon, France
l’investissement avant le départ est sans aucun doute large- ∗
Auteur correspondant.
ment récompensé par cette expérience professionnelle et Adresse e-mail : camille.le-ray@cch.aphp.fr
humaine très enrichissante. (C. Le Ray).
Pour leur fellowship, Camille Le Ray a reçu la bourse
du Collège national des gynécologues-obstétriciens français, Disponible sur Internet le 17 mars 2009
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