Méfiez-vous de Facebook

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’instance américaine de régulation, la
Federal Telecommunication
L Commission (FTC), a infligé à
Facebook une lourde amende, jamais
égalée, de cinq milliards de dollars pour
des violations en matière de données à
caractère personnel. La décision étonne
moins pour son montant que par les attri-
butions qu’elle induit au profit de l’instan-
ce de régulation, qui se trouve ainsi en
charge des violations touchant à la vie
privée des consommateurs, dans un pays
qui ne dispose par encore de loi générale
en la matière.
Créée par le Congrès en 1934, la FTC
est en charge de la régulation des télé-
communications, avec un droit de regard
sur les contenus des émissions de radio,
télévision et Internet.
Le seul précédent qui pouvait présa-
ger l’intrusion de la FTC dans le Net est la
décision par laquelle le Congrès donna
en 1960 à une autre autorité de régula-
tion, en charge de la communication, la
Federal Communication Commission
(FCC), le pouvoir de sanctionner les
médias enfreignant la loi fédérale prohi-
bant la diffusion de propos indécents,
obscènes ou blasphématoires, pouvoir
confirmé par la Cour suprême des Etats-
Unis en 1978 dans l'arrêt Federal
Communication Commission contre
Pacifica Foundation.
C’est, toutefois, par un tout autre
moyen qu’elle vient de négocier le tour-
nant. Le biais par lequel la FTC a élargi
ses prérogatives est assez singulier : elle
s’est approprié un texte de 1914 sur la
protection des consommateurs qui inter-
dit toute pratique déloyale ou trompeuse
dans le commerce. 1914, du temps de
l’Exécutif Wilson Woodrow, est en effet la
date de signature du Federal Trade
Commission Act, le texte portant création
de l’organe du même nom dont la mission
consommation et le contrôle des pra-
tiques commerciales anticoncurrentielles
telles que les monopoles déloyaux.
Winston Maxwell, directeur d'études,
enseignant en «droit et numérique», à
Télécom Paris – Institut Mines-Télécom, y
voit une transformation de la FTC en
«super CNIL»(*) – la Commission nationale
de l'informatique et des libertés (CNIL) de
France.
Cette dernière est une autorité indé-
pendante chargée de veiller à ce que l’in-
formatique soit au service du citoyen et
qu’elle ne porte atteinte ni à l’identité
humaine, ni aux droits de l’Homme, ni à la
vie privée, ni aux libertés individuelles ou
publiques.
«Il n’était pas évident pour la FTC de
transformer un texte général sur la pro-
tection des consommateurs en une loi
sur la protection des données à caractère
personnel. La FTC devait affronter deux
obstacles. Premièrement, il fallait créer
une doctrine suffisamment claire pour
que les entreprises comprennent ce
qu’est une pratique déloyale ou trompeu-
se en matière de données à caractère per-
sonnel. Ensuite il fallait trouver le moyen
d’imposer des sanctions financières, car
le FTC Act de 1914 n’en prévoyait pas»,
relève fort à propos Winston Maxwell.
La nouvelle doctrine de l’instance en
charge des télécommunications relatives
aux pratiques trompeuses en matière de
données à caractère personnel, punit
toute entreprise qui «ne tient pas ses pro-
messes» en la matière.
Ce n’est pas la première fois qu’elle le
fait : «La FTC avait commencé une pre-
mière procédure contre Facebook en
2011 en l’accusant de pratiques trom-
peuses en raison du décalage entre ce
que Facebook a dit aux consommateurs,
et ce qu’elle a fait. Pour détecter une pra-
tique trompeuse, la FTC va scruter
chaque phrase de la politique de confi-
dentialité pour déceler une promesse,
même implicite, qui ne serait pas tenue.»
La nuance se veut de taille ici entre
une pratique déloyale et une pratique
trompeuse : «Une pratique déloyale est
plus délicate à démontrer qu’une pratique
trompeuse, ce qui explique pourquoi la
FTC préfère s’appuyer sur le concept de «
pratique trompeuse» plutôt que celui de
pratique déloyale. La FTC considère
comme pratique déloyale toute pratique
qui surprendrait le consommateur moyen
et ne pourrait être facilement évitée par
lui.»
Il restait à l’autorité de régulation de
surmonter un autre écueil, d’ordre procé-
durier : «Le FTC Act ne permet pas à la Par Ammar Belhimer
FTC d’imposer une sanction financière ambelhimer@gmail.com
directement. Elle doit demander au
la FTC ne crée pas de précédent car l’en-
Département de la justice américain d’in-
treprise n’admet pas sa culpabilité dans
tenter un procès. Pour contourner cette
l’accord. L’entreprise garde ainsi les
difficulté, la FTC privilégie la conclusion
mains libres pour clamer son innocence
d’accords transactionnels. Le FTC Act
lors d’autres procédures. En plus d’aug-
permet au régulateur d’imposer des sanc-
menter les pouvoirs de sanction de la
tions directement en cas de violation de
FTC, les accords transactionnels permet-
ces accords. Le tout est de faire signer un
tent à la FTC d’imposer des obligations
accord lors de la première violation par
détaillées en matière de protection des
l’entreprise. En cas de deuxième infrac-
données personnelles. Un accord tran-
tion, la FTC est en position de force. La
sactionnel avec la FTC peut devenir un
nouvelle affaire Facebook s’inscrit dans
mini-RGPD qui lie l’entreprise pendant 20
cette logique.»
ans, la durée habituelle de ces accords.»
Aux États-Unis, le procédé, courant,
En l’espèce, Facebook s’engage à
d’accords négociés avec le gouverne-
obtenir le consentement explicite de l’uti-
ment est une forme de négociation sous
lisateur avant toute utilisation de ses don-
contrainte. En Europe, les accords tran-
nées de reconnaissance faciale, ou de
sactionnels n’existent pas pour les viola-
tout partage de son numéro mobile avec
tions de données à caractère personnel,
des tiers.
mais sont fréquents en droit de la concur-
«Même si l’accord transactionnel de
rence.
2012 n’a pas empêché Facebook de fran-
«Les procédures de négociation de
chir la ligne rouge dans l’affaire
sanction regroupent la clémence, la non-
Cambridge Analytica, cet accord a néan-
contestation des griefs et la procédure
moins permis à la FTC d’intervenir avec
d’engagements. Elles ont été introduites
force pour sanctionner cette deuxième
dans un contexte d’encombrement des
violation.»
affaires, et dans le but de le résorber en
L’avenir nous dira s’il suffit à rendre
accélérant le temps des procédures, en

PENSÉE
principale est l'application du droit de la
Voilà déjà 9 ans, disparaissait
Mohamed-Salah MENTOURI
Le 5 septembre 2010, notre cher et regretté
Mohamed-Salah nous quittait à jamais, pour un
monde certainement meilleur et plus juste, laissant
derrière lui un vide insoutenable, que rien ne peut
combler.
En ce jour de commémoration de sa disparition, sa
famille et ses amis demandent à tous ceux qui l'ont
connu et apprécié, d'avoir une pieuse pensée en sa
mémoire et prient Dieu de l'accueillir en Son Vaste
Facebook à la raison.
ce qu’elles sont de nature à faciliter l’ob-
A. B.
tention de la preuve. Elles reposent en
effet sur un schéma incitatif de réduction
(*) Winston Maxwell, «Amende contre
de sanction et, dans un souci de lutte
Facebook : comment la FTC américaine
contre les infractions ainsi détectées,
s’est transformée en ‘’super CNIL’’» The
imposent aux contrevenants des engage-
Conversziotn, 11 août 2019,
ments pour l’avenir. Ceux-ci deviennent
https://theconversation.com/amende-
partie intégrante de la décision et sont
contre-facebook-comment-la-ftc-americai-
revêtus, dès lors, de l’autorité de la chose
ne-sest-transformee-en-super-cnil-
jugée », résume Arnold Vialfont.(**)
120778?
Les accords transactionnels permet-
(**) Arnold Vialfont, «Le droit de la
tent ainsi aux entreprises qui les signent
concurrence et les procédures négo-
d’éviter un procès : «Outre le coût du pro-
ciées», Revue internationale de droit éco-
cès et le mauvais effet sur l’image de l’en-
nomique 2007/2 (t. XXI, 2), pages 157 à
treprise, un procès perdu contre le gou-
184.
vernement américain peut ouvrir la porte

Courage, les jeunes !

Paradis. Repose en paix, cher Mohamed-Salah, et
sois certain de rester toujours vivant dans nos
cœurs et nos pensées.
à d’autres procès et notamment des class
actions de consommateurs. Les entre- Le Soir sur Internet :
prises craignent l’effet boule de neige.
http:www.lesoirdalgerie.com
E-mail : info@lesoirdalgerie.com
Par contre, un accord transactionnel avec

POUSSE AVEC EUX !

Par Hakim Laâlam
Demain mercredi, retour de mon ennemi juré.
Le réveille-matin !
Au début, je n’ai pas compris ! Et en plus de ne pas
comprendre, j’étais perplexe, voire un brin inquiet. Les
jeunes que je croisais hier dans les rues de Dézédie
cachaient leurs mains. Il y en avait qui les dissimulaient
dans des gants, des moufles, malgré la canicule.
D’autres les avaient dans leurs poches, sans jamais les
sortir. D’autres encore arboraient carrément un plâtre à
chaque main ! Les plus précautionneux ayant tenu à se
faire mettre un plâtre intégral du bras, de l’extrémité
des doigts jusqu’au haut de l’épaule. J’ai même vu – et
ce n’est pas les stigmatiser que de le signaler ici – de
jeunes handicapés, dépourvus de bras et de mains, vul-
gairement dit, des manchots enfin marcher dans les
rues en arborant un large sourire, limite narquois ! Les
plus créatifs, ou les plus chtarbés – l’un allant souvent
avec l’autre – avaient confectionné une sorte de protec-
tion, une cotte de maille faite de bouts de fers croisés
et qui isolait totalement leurs mains et bras de tout
contact extérieur, comme un barreaudage ! Que se pas-
sait-il dans les rues de ma Principauté chérie ? Quel
mal mystérieux avait soudain frappé la frange la plus
jeune de la population ? J’en étais là à m’interroger,
lorsque une autre interrogation fusât de la bouche de
ma compagne, au p’tit déjeuner : «Dis ! Tu t’es endormi
tôt hier ? Et ben, t’as raté Djemaï, le patron du FLN invi-
té de Echourouk-News. Le gars a affirmé que lui et le
FLN sont prêts à marcher main dans la main avec les
jeunes du pays». J’adore ma compagne ! Pour un tas
de raisons, j’adore et aime ma compagne ! Mais je
l’adore aussi pour cette raison-là précisément : lorsque
je suis face à une énigme, un phénomène étrange,
jusque-là inexpliqué, elle arrive, elle dit un truc, et tout
s’éclaire. L’énigme est enfin résolue. Merci Omri ! A ta
santé, je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar
continue.
H. L.