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ATELIERS

Les syndromes lipodystrophiques


Kristell Le Mapihan, Claire Douillard, Marie-Christine Vantyghem Mots clés : Lipodystrophie, lipoatrophie,
insuline-résistance, lipomatose

e spectre des pathologies du tissu


L adipeux est modulé par des aspects
quantitatifs (obésités vs lipoatrophie
Triglycérides > 1,5 g/L
Parfois très élevés avec risque
de pancréatite et de cétoacidose
complète), topographiques (répartition Attention aux estro-progestatifs
viscérale, sous-cutanée, ectopique) et
qualitatifs (inflammation, fibrose, stress HDL–cholestérol < 40mg/L chez l’homme
oxydant et hypoxie). Les désordres du Pression artérielle > 130/85 mmHg < 50mg/L chez la femme
tissu adipeux blanc favorisent l’insulino-
résistance, la survenue d’un diabète de
type 2, d’une dyslipidémie et de compli- Syndrome métabolique: 3 critères/5
cations cardiovasculaires.
Insulinémie à jeun >20 mU/l MAIS
Les lipodystrophies constituent un Intolérance au glucose rapport taille/hanche non fiable
groupe de maladies rares congénitales ou Diabète car lipodystrophie
acquises caractérisées par une absence
généralisée ou partielle du tissu adipeux,
DE PLUS
plus ou moins associée à une hypertrophie acanthosis nigricans
de ce tissu adipeux dans d’autres sites. Hyperandrogénie (hirsutisme, alopécie, oligo-spanioménorrhée, infertilité)
Ces anomalies de répartition sont à l’ori- Stéatose hépatique non alcoolique (risque de cirrhose métabolique)
gine d’un syndrome métabolique avec insu- Microalbuminurie
lino-résistance, (hyperinsulinémie supérieure
à 20 mU/l à jeun, acanthosis nigricans, Figure 1. Particularités du syndrome métabolique des lipodystrophies
hyperandrogénie). Le rapport taille/hanche
est ici pris en défaut puisqu’un certain nom-
bre de syndromes lipodystrophiques s’ac- L’objectif de cette mise au point est et du tronc à partir de la puberté avec accu-
compagnent de l’absence d’accumulation d’aider le clinicien à identifier les syn- mulation de graisse au niveau du visage et
de graisse abdominale (Figure 1). dromes lipodystrophiques au sein de la du cou (Figure 2 gauche).
Les lipodystrophies sont classées en population de patients diabétiques de type
formes familiales ou acquises, généralisées 2 et obèses. Motif de consultation
ou partielles (Figure 2), mais cette classi-
fication peut être prise en défaut. En effet Diagnostic clinique Les signes fonctionnels sont assez rares.
certaines formes génétiquement détermi- des lipodystrophies Des crampes ou des douleurs généralisées
nées peuvent n’apparaître qu’à la puberté peuvent exister mais les plus fréquemment
(Dunnigan), ou au décours d’épisodes La forme la plus fréquente des lipodystro- signalées sont des algies au niveau des
inflammatoires. De plus, certaines causes phies est représentée par le syndrome lipo- mains avec parfois aspect infiltré des
(auto-immunes, laminopathiques) peuvent dystrophique partiel familial de Dunnigan doigts. Un hirsutisme, une spanioménor-
induire des lipodystrophies aussi bien par- (FPL2 ; Omim 151660), caractérisé par une rhée mais surtout un diabète sont les motifs
tielles que généralisées. disparition du tissu adipeux des membres de consultation les plus fréquents. Ces syn-

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OSTÉOPOROSE

Lipodystrophies

GENETIQUES
Partielles (FPLD)
• Dunningan (LMNA)
• ZMPSTE24, PPARg, AKT2, CIDEC, PSMB8, CDG, PLIN1 ACQUISES

Iatrogènes
• Antiretroviraux
• Stéroides
• Post-injection
• Réaction greffon vs.hôte

Immunes
• Dermatopolymyosite
• Syndrome Lawrence
• Barraquer-Simons

Köbberling
Lipomatoses
• Launois Bensaude
Généralisées (BSCL) • Dercum disease
• AGPAT2, Seipine
• Caveoline 1 (CAV1)-cavine (PTRF)
• ZMPSTE24 , WRN, FBN1, BANF
• PIK3R1 et SHORT, c-fos

Phénotypes frontières
Avec diabète type 2 et obésité
Strickland Diabetes Care 2013

Figure 2. Classification des syndromes lipodystrophiques

dromes étant peu connus du grand public, Signes physiques trophie généralisée ou un syndrome de Bar-
l’anomalie de répartition du tissu adipeux raquer-Simons.
est rarement la cause du recours médical. L’inspection est l’étape la plus importante Le tissu adipeux est réparti de façon
du diagnostic. Elle doit être effectuée en dysharmonieuse, singulièrement faciotron-
Interrogatoire sous-vêtements de face et de profil, bras culaire (et parfois dorsal) dans la lipodys-
le long du corps, ainsi que de face bras trophie de Dunnigan, avec une lipoatrophie
Il faut rechercher des antécédents person- écartés à l‘horizontale, et en mouvement. abdominale et des membres inférieurs. Les
nels ou familiaux de myopathie, mort Des photos peuvent être utiles pour suivre patientes ainsi atteintes se présentent avec
subite, pace-maker, cardiomyopathie, qui l’évolution de la lipodystrophie. Des une carrure élargie.
orientent vers une laminopathie. La notion mesures du tour de taille, de hanche, de la Dans les syndromes lipodystrophiques
d’un phénotype familial lipodystrophique circonférence des membres et de l’épais- familiaux liés à une laminopathie, on dis-
est importante. seur des plis cutanés permettent de quan- tingue des formes très nettement lipodys-
tifier de manière peu coûteuse la masse trophiques avec un phénotype clinique de
Signes généraux grasse. type « batracien » du fait de l’accumulation
de graisse dans le cou, tandis que d’autres
L’indice de masse corporelle (IMC) est La lipodystrophie orientent davantage vers un vieillissement
< 25 kg/m2. En dépit de la lipodystrophie, La lipodystrophie est parfois évidente prématuré, voire une pseudo-acromégalie.
les patients sont capables de prendre du lorsque l’accumulation de graisse au niveau La disparition du tissu adipeux rend les
poids avec l’âge, ce qui va aggraver l’insu- du visage et du cou donne un aspect muscles et les veines saillantes au niveau
lino-résistance. pseudo-cushingoïde d’autant qu’une éry- des membres. Mais la lipoatrophie peut
L’hyperphagie, parfois renforcée par un those faciale est souvent associée. A l’in- s’associer à une authentique hypertrophie
diabète déséqulibré, est plus marquée dans verse un visage émacié avec atrophie des musculaire, peut-être liée au degré d’insu-
les formes généralisées que partielles. boules de Bichat peut évoquer une lipoa- lino-résistance encore que ce mécanisme

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soit hypothétique. La pseudo-hypertrophie risant une difficulté à se tenir sur les talons, congénital du syndrome d’insulino-résis-
des mollets est un signe quasi-constant de une tendance à marcher sur la pointe des tance.
lipodystrophie partielle de Dunnigan pré- pieds. Un déficit des ceintures La fréquence des troubles du rythme
sent dès l’enfance. Le signe du « coup de scapulaires doit être suspecté si, lorsque la ou de conduction dans les mutations du
hache » signe une lipoatrophie péri-humé- personne se déshabille, elle ne lève pas les gène de la lamine A/C classiquement res-
rale. bras pour retirer son pull-over. Un signe de ponsables des syndromes lipodystro-
L’hypomastie est toujours très nette Trendelenburg (bascule du bassin à la phiques semble relativement faible. Néan-
dans le syndrome de Dunnigan et permet marche) et des difficultés à se relever de la moins l’existence d’antécédents familiaux
de différencier les lipodystrophies partielles position accroupie témoignent d’un déficit ou personnels dès l’enfance incite à une
des obésités androïdes classiques. Certains proximal des ceintures. grande prudence, surtout lorsque le syn-
syndromes de Dunnigan s’accompagnent drome lipodystrophique s’associe à des
d’un dépôt pubien et vulvaire de tissu adi- Signes cutanés mutations « non classiques » ou décrites
peux pouvant entretenir des infections Les signes cutanés ne sont pas exception- dans les cardio ou les myopathies.
gynécologiques et rendre le port de panta- nels. Indépendamment de tout hirsutisme,
lons difficile. la peau est souvent épaisse, parfois sébor- Signes endocriniens autres que les OPK
Le diagnostic est plus facile à porter rhéique ou acnéïque. Une fréquence accrue de goitres est sus-
chez les femmes que chez les hommes dont L’appréciation de la qualité du tissu pectée sans que l’on sache si ceux-ci sont
l’aspect athlétique surprend moins, et à adipeux (souple, fibreux, induré) par la pal- favorisés par l’hyperinsulinisme ou la lami-
l’âge adulte que dans l’enfance compte- pation, la recherche de petits lipomes sous- nopathie elle-même. Le diagnostic clinique
tenu de l’apparition péri-pubertaire (estro- cutanés en particulier abdominaux, est de goitre est rendu difficile par la présence
géno-dépendante?) de la lipodystrophie. importante. d’un pannicule adipeux cervical souvent
Chez les hommes, la discordance entre un Un acanthosis nigricans axillaire ou marqué. Celui-ci est toutefois fixe à la
faible niveau d’activité physique et une pré- plus généralisé en particulier au niveau de déglutition.
sentation athlétique peut orienter vers une la ceinture et du cou, peut être présent.
laminopathie. Une leuco-mélanodermie (coloration Signes gastro-entérologiques
Le spectre du diabète s’étend de l’hy- cutanée finement pommelée) a été rappor- Une hépatomégalie stéatosique est fré-
perinsulinisme, exceptionnellement absent, tée. quente. Celle-ci peut évoluer vers une cir-
souvent marqué, à la cétoacidose diabé- Les syndromes sclérodermiformes avec rhose. Des pancréatites aiguës très sévères
tique sur pancréatite aiguë en passant par télangiectasies, limitation de l’ouverture peuvent compliquer le syndrome d’insu-
le trouble de tolérance glucidique. de la bouche et de l’amplitude des articu- lino-résistance. Les prolapsus rectaux ne
lations, rétractions tendineuses sont surtout sont pas exceptionnels, peut-être favorisés
Particularités anthropométriques constatés dans les mutations N-terminales par la lipoamyotrophie.
Le diamètre bi-acromial est supérieur au du gène de la lamine A/C avec lipoatrophie
diamètre bi-tronchantérien chez la femme généralisée et parfois rétrognathisme. Signes neurologiques
et les membres inférieurs sont relativement La recherche d’une neuropathie diabé-
courts avec un rapport taille/ hauteur des Le syndrome des ovaires polykystiques tique ou quelquefois liée à la laminopa-
membres inférieurs mesurée en position (OPK) thie elle-même est indispensable. Le syn-
debout entre l’épine iliaque et le talon, Le diagnostic de SOPK n’a pas de spécifi- drome d’insulino-résistance peut se
supérieur à 2. Les mains sont petites et cité. Une infertilité peut nécessiter une prise compliquer d’accidents vasculaires céré-
larges avec des doigts en fuseau. en charge particulière, en général après braux. L’intellect est habituellement nor-
Il est indispensable de rechercher des conseil génétique compte tenu de la trans- mal dans les lipodystrophies familiales
anomalies de la statique rachidienne, mission autosomique dominante des lami- partielles. Il peut être altéré dans certaines
cyphose, scoliose, ptose des épaules, rec- nopathies. Le risque de diabète gestationnel formes de lipoatrophies généralisées, en
titude du rachis, hypoplasie mandibulaire, est élevé de même que les complications à général non liées à une laminopathie, sans
décollement des omoplates. type d’avortements spontanés précoces et que les mécanismes en cause soient bien
de pré-éclampsie par rapport aux témoins identifiés.
Signes musculaires: le déficit apparentés non mutés.
des ceintures Diagnostic différentiel clinique
Il faut examiner la personne en mouve- Signes cardio-vasculaires
ment, la faire marcher, accroupir et se rele- Il faut rechercher les complications du syn- Les syndromes lipodystrophiques par-
ver. à la recherche de petits signes d’atteinte drome d’insulino-résistance telles qu’une tiels de Dunnigan doivent faire écarter un
musculo-tendineuse hypertension, un souffle carotidien ou syndrome de Cushing, une acromégalie,
Outre la pseudo-hypertrophie des mol- fémoral, une absence des pouls liée à une un énolisme, certaines formes d’obésité
lets, on peut constater un enraidissement artérite, une ischémie myocardique silen- androïdes et le syndrome de Launois-Ben-
des tendons d’Achille ou des coudes favo- cieuse précoce compte-tenu du caractère saude.

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Les lipoatrophies généralisées doivent génétique. Un prélèvement sanguin de 10 qu’une cardiopathie dilatée dans les lami-
faire écarter une maigreur constitutionnelle ml de sang sur EDTA sera alors réalisé nopathies cardiaques.
ou un amaigrissement. après information du patient et signature - un holter électrocardiographique à
L’appétit vorace peut conduire à tort d’un consentement pour étude des gènes la recherche d’une arythmie complète par
au diagnostic de troubles du comportement dans un laboratoire agréé. Les anomalies fibrillation auriculaire, de dysrythmies ven-
alimentaire en particulier lorsque le syn- géniques rapportées sont autosomiques triculaires ou de troubles de conduction,
drome lipoatrophique se démasque à la dominantes sauf les mutations de CIDEC au moins à la découverte puis avec une fré-
puberté avec une aménorrhée. dans les lipodystrophies partielles fami- quence qui dépend du type de mutation et
Les lipodystrophies de Barraquer et liales ainsi que certaines mutations de la des symptômes. Une exploration du fais-
Simons sont assez spécifiques et ont peu lamine et de ZEMPSTE 24 dans les lipo- ceau de His sera réalisée tout particulière-
de diagnostics différentiels. Il faut penser dystrophies associées à une dysplasie acro- ment s’il existe des antécédents de troubles
à évoquer ce diagnostic devant une glomé- mandibulaire. du rythme familial, et sur le plan personnel
rulonéphrite. s'il existe des épisodes de tachycardie ven-
Les douleurs font parfois évoquer une Diagnostic paraclinique triculaire en salves sur le holter ou de frac-
fibromyalgie. tion d’éjection inférieure à 45 %.
La quantification de la masse grasse - Enfin l’IRM cardiaque avec analyse
Diagnostic paraclinique totale par impédancemétrie ou absorptio- du profil lipidique permet d’affiner l’étude
des lipodystrophies métrie biphotonique aux rayons X (DEXA) du myocarde.
est de l’ordre de 23% du poids corporel
Diagnostic biologique dans les syndromes de Dunnnigan. L’IRM musculaire (mollets, quadri-
ceps, ceinture scapulaire), peut montrer une
Une hyperglycémie à jeun, une intolé- L’IRM métabolique avec mesure de amyotrophie ou une dégénérescence adi-
rance aux hydrates de carbone, un diabète la graisse intra-péritonéale et abdominale peuse modérée de certains faisceaux mus-
doivent être recherchés systématiquement sera associée à la quantification d’une stéa- culaires en particulier au niveau des cuisses
par HPO si nécessaire. Un hyperinsuli- tose hépatique La valeur de graisse abdo- tandis que les muscles des mollets sont
nisme ≥ 20 mU/l ou au moins 15 mU/l est minale totale en IRM est en général de hypertrophiés avec une disparition prati-
fréquent avec des valeurs dépassant souvent l’ordre de 200 cm3 versus 100 cm3 pour la quement totale du tissu adipeux sous-
200 mU/l au cours de l’HPO. graisse intra-péritonéale avec un rapport cutané.
graisse abdominale totale/IMC inférieur à
Le bilan lipidique met fréquemment en 10 et un rapport graisse abdominale L’électromyogramme montre des per-
évidence une hypertriglycéridémie avec HDL totale/graisse intra-péritonéale inférieur à turbations myogéniques dans les lipodys-
bas. L’hypertriglycéridémie peut être majeure 2 dans les syndromes de Dunnigan. Le trophies compliquées de myopathie sévère
conduisant à des pancréatites aiguës en par- pourcentage de graisse totale/IMC est infé- ou des signes de neuropathie le plus sou-
ticulier sous estro-progestatifs, dont l’instau- rieur à 1. vent chez les patients diabétiques.
ration doit être soigneusement surveillée.
Les complications d’un diabète doi- Les biopsies musculaires qui ont pu
Les transaminases sont fréquemment vent être recherchées en particulier 1) la être réalisées dans les formes à composante
élevées avec une prédominance sur les micro-albuminurie, 2) les complications lipomyopathique des laminopathies mon-
TGP, reflet de la stéatose hépatique. hypertensives (mesure de la pression arté- trent des signes de dystrophie, un excès de
rielle ambulatoire, échocardiographie), 3) gouttelettes lipidiques avec expression nor-
Le dosage des CPK est également fré- l’athéromato (échodoppler des membres male de l’émerine et de la lamine A/C
quemment élevé, mais à des valeurs dépas- inférieurs et des vaisseaux du cou), 4) nucléaire.
sant rarement 500 U/l. l’ischémie myocardique silencieuse
(épreuve d’effort, scintigraphie myocar- Diagnostic étiologique
Une hyperandrogénie biologique est dique, …). des lipodystrophies
fréquente.
Une échographie ovarienne permettra Le diagnostic étiologique repose sur l’ana-
La leptine est < 10 ng/ml avec une sen- de rechercher un syndrome des ovaires lyse clinique de la répartition du tissu adi-
sibilité de 69 % et une spécificité de 78 % polykystiques. peux et la notion de maladie familiale ou
dans notre expérience. Cependant des acquise, en sachant que certaines formes
valeurs nettement plus élevées sont consta- Dans les laminopathies, il faut réaliser génétiquement déterminées peuvent appa-
tées en fonction de l’IMC des patients. de façon systématique outre un ECG : raître tardivement (syndrome de Dunnigan
- une échocardiographie à la recherche à la puberté). Les patients savent souvent
Le phénotype clinique et le caractère qu’une hypertrophie septale cardiaque dans très bien s’il existe d’autres cas dans la
familial peuvent orienter vers une anomalie les laminopathies lipodystrophiques, plutôt famille.

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Syndromes lipodystrophiques Tableau 1. Spectre phénotypique Syndromes auto-inflammatoires asso-


génétiquement déterminés des laminopathies ciés au protéasome (lipodystrophies
• Dystrophie musculaire autosomique autosomiques récessives)
Lipodystrophies partielles à prédomi- dominante d’Emery-Dreifuss et Les mutations d’une sous-unité ß du
nance faciotronculaire myopathies apparentées protéasome de type 8 (PSMB8) sont res-
• Cardiomyopathies dilatées
ponsables des syndromes de Nakajo-
• Laminopathies (autosomiques domi- Nishimura, du syndrome japonais auto-
nantes) • Lipodystrophie familiale partielle inflammatoire avec lipodystrophies, du
Les syndromes lipodystrophiques par- de Dunnigan ou complète syndrome de Candle (pics fébriles, pan-
tiels à prédominance facio-tronculaire ou • Neuropathie de Charcot-Marie-Tooth niculite, dermatose neutrophile chro-
syndrome de Dunningan, correspondent le type 2B1 nique atypique avec lipoamyotrophie
plus souvent à des mutations du gène de la secondaire partielle) et du syndrome
lamine A/C (FPLD2). • Progeria, dysplasie acromandibulaire, d’enraidissement des articulations avec
dermopathie restrictive
Ce sont de loin les plus fréquents des lipodystrophie-post-paniculite et amyo-
syndromes lipodystrophiques génétique- trophie. Le protéasome est l’une des 2
ment déterminés. Les laminopathies, aussi Les mutations du gène CIDEC (cell voies de dégradation des protéines avec
dénommées nucléopathies sont des patho- death-inducing Dffa-like effector (E186X) le lysosome. Ces lipodystrophies appa-
logies liées à une dysfonction de la lamina, sont autosomiques récessives et celles du remment acquises sont en fait généti-
réseau de filaments intermédiaires tapissant gène de la périlipine (PLIN1) autosomiques quement déterminées et résultent d’une
la face interne de la membrane nucléaire, dominantes anomalie de régulation de l’immunité
et assurant l’organisation structurale de la - les lipodystrophise partielles associées innée induisant des désordres auto-
chromatine. Les lamines A, C, B1 et B2 à une dysplasie acromandibulaire sont auto- inflammatoires.
sont les principaux constituants de la somiques récessives. La lipoatrophie sous-
lamina. Les altérations des lamines A cutanée touche surtout les extrémités, pré- Troubles de la glycosylation (autosomique
entraînent une instabilité génomique et des servant le cou et le tronc dans le type A lié à récessif) et notamment les déficit en phos-
pathologies dégénératives (mutations de la des mutations homozygotes du gène LMNA, phomannomutase de type 2 (PMM2-
lamine) ou tumorales (défauts d’expression ou à l’inverse l’atteignant dans le type B lié CDG), les mutations de FBN 1 et d’autres
de la lamine). à des mutations hétérozygotes composites gènes impliqués dans le vieillssement pré-
Les laminopathies ont un spectre phé- du gène ZEMPSTE 24. Des anomalies mus- maturé ou la signalisation de l’insuline
notypique très vaste qui leur donne une culo-squelettiques à type de rétrognathie et sont également responsables de syndromes
place à part au sein des syndromes lipodys- d’épaules tombantes, des signes de vieillis- lipodystrophiques (WRN, PI3R1, SHORT,
trophiques (Tableau 1). sement prématuré sont présents. c.fos…)
On peut rapprocher des laminopathies
les mutations du gène ZEMPSTE 24 qui Lipoatrophies généralisées (Syndrome Lipodystrophies acquises
correspond à une enzyme intervenant dans de Berardinelli-Seip) autosomiques
la maturation de la pré-prolamine à l’origne récessives Lipodystrophies partielles faciotroncu-
du syndrome de vieillissement prématuré Les lipoatrophies généralisées sont liées à laires iatrogènes
de type Hutchinson Gilford une disparition quasi complète du tissu adi- Les lipodystropies associées au HIV dési-
peux dès la naissance en dehors du tissu gnent un ensemble d’anomalies de répar-
• Autres Mutations : beaucoup plus adipeux de soutien au niveau des paumes tition du tissu adipeux (lipoatrophie et lipo-
rares (Figure 2) et des plantes. Le visage apparaît souvent hypertrophie) et d’altérations métaboliques
- Gènes interférant avec la différentia- émacié en raison de l’atrophie des boules (dyslipidemie et insulino-résistance) asso-
tion adipocytaire graisseuses de Bichat. La croissance statu- ciées à l’utilisation des traitements antiré-
Les mutations pertes de fonction de rale est accélérée avec une avance de l’âge troviraux (analogues des thymidines et
PPARgamma (peroxisome-proliferator- osseux. Le syndrome métabolique est pré- inhibiteurs des protéases), mais également
activated receptor gamma) (autosomiques coce et sévère avec possible retard mental. au déficit immunitaire (lymphocytes T
dominantes) (FPLD3) s’accompagnent Ces lipoatrophies généralisées sont liées à CD4+ < 500 mm3).
d’une lipoatrophie moins sévère avec syn- des mutations de la seipine (lipodystrophie • Des syndromes lipodystrophiques par-
drome métabolique précoce et présentation généralisée congénitale de type 2 /BSCL2), tiels faciotronculaires apparaissent sous
pseudo-acromégalique (sudations pro- de BSCL1 ou AGPAT2 (codant pour une 1- glucocorticoïdes d’autant plus fréquem-
fuses). acyl-sn-glycerol-3-phosphate acyltransfe- ment que la leptinémie est > 5,9 ng/ml
Les mutations Akt2 sont autosomiques rase beta) entraînant une pseudo-acromé- avant traitement.
dominantes. galie, de la cavéoline et de ses protéines • Les lipodystrophies localisées sont en
- Gènes impliquées dans la gouttelette associées (PTRF ou cavine) et également général iatrogènes et secondaires à des
lipidiques de PPAR gamma. injections de médicaments (analogues de

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Tableau 2. Pistes thérapeutiques des syndromes lipodystrophiques


la somatostatine, pegvisomant, insuline),
des vaccins ou des pressions répétées. Elles
1. Syndrome d’insulino-résistance et diabète peuvent également correspondre à une
réaction greffon-contre-hôte en particulier
• Diététique équilibrée parfois entravée par l’hyperphagie des lipoatrophies
généralisées
après transplantation de moelle osseuse,
• Exercice physique des panniculites. Certaines restent de cause
• Biguanides, traitement de première intention indéterminée.
• Agonistes des PPAR (peroxisomal proliferator agonist receptor) (non disponibles en
France) Lipodystrophies évoluant dans un
– amélioration de l’insulino-sensibilité contexte dysimmunitaire
– augmentation de l’adipogenèse plutôt dans les zones déjà lipodystrophiques
Les lipodystrophies généralisées, partielles
– amélioration souvent nette de la stéatose hépatique
– effets hématologiques et vésicaux à surveiller. ou focales constituent des séquelles fré-
• Agonistes des récepteurs du GLP1 : peuvent aider à limiter la tendance à la prise quentes des dermatopoymyosites juvéniles,
pondérale observée dans un certain nombre de syndromes de Dunnigan favorisant les complications métaboliques.
• Gliptines non spécifiquement étudiées ; contrôler la fraction d’ejection avant Leur délai d’apparition est de 5 à 15 ans.
prescription si atteinte cardiaque dans les laminopathies Leur fréquence est corrélée à la sévérité du
• Glinides, sulfamides, SGLT2 non spécifiquement étudiés tableau clinique initial.
• Insulinothérapie
– parfois l’insulino-résistance est telle qu’il faut administrer l’insuline en pompe
• Les lipodystrophies acquises par-
à des débits de plusieurs dizaines d’unités par heure par voie sous-cutanée. tielles ou syndrome de Barraquer-
– recours à la voie intra-veineuse ou intrapéritonéale au moins transitoire Simons sont caractérisées par une perte
parfois nécessaire. sélective du tissu adipeux de la moitié
supérieure du corps et une activation de
2. Lipodystrophies la voie alternative du complément par le
facteur néphritique C3 (une immunoglo-
Résistantes à une chirurgie bariatrique
• Peuvent relever d’une chirurgie plastique
buline G qui stabilise la C » convertase),
– par liposuccion si le tissu adipeux n’est pas trop fibreux ou lipectomie avec un taux de C3 bas, et fréquemment
– ou autogreffe de tissu adipeux une glomérulonéphrite mésangiocapil-
• Risque d’hématome non négligeable laire. Il n’y en général aucune histoire
• Equilibre métabolique à optimiser avant prise en charge familiale. Certaines formes seraient liées
• Récidive assez fréquente à des mutations hétérozygotes du gène
Métreleptine (commercialisation aux USA en Octobre 2014: affinement modéré du
LMNB2.
visage)
• Les lipodystrophies acquises généra-
3. Spécificités de prise en charge des lipodystrophies associées au HIV lisées (syndrome de Laurence) d’origine
auto-immune, plus fréquentes chez les
• Modifications du traitement anti-rétroviral femmes, se développent dans un contexte
• Tésamoréline, un analogue du GHRH (growth hormone releasing factor) validé par la de panniculite, de maladies auto-immunes
FDA (Food and Drug Administration) en Novembre 2010 (hépatites auto-immunes, possiblement dia-
• Diminution de la graisse viscérale dans 2 essais cliniques de phase 3 prolongés 1 an
• Pas effet délétère sur le métabolisme glucido-lipidique.
bète de type 1) ou demeurent idiopathiques.
Certaines formes auto-immunes s’associent
4. Spécificités de prise en charge des laminopathies à une diminution marquée du C4 liée à
l’activation de la voie classique du com-
Métreleptine ou leptine recombinante plément.
• Efficace si leptine < 6 ng/ml)
– surtout sur dyslipidémie et stéatose hépatique Lipodystrophie partielle à
– avec réduction considérable des besoins en insuline
– et amélioration de la lipodystrophie
prédominance tronculaire ou syndrome
• Risque de survenue d’anticorps avec perte d’efficacité de Köbberling (FPLD 1)
• Risque d’hémopathies Le syndrome de Köbberling est une forme
Rapamycine de lipodystrophie à prédominance troncu-
• Antibiotique de la classe des macrolides laire dont la cause reste inconnue, bien qu’il
– commercialisé comme immunosuppresseur et anti-tumoral soit fréquemment classé dans les formes
– accroît la longévité de certaines races de souris
familiales. La lipoatrophie des membres
• En cours d’évaluation dans les laminopathies progéroïdes
– éliminerait la progérine semble peu marquée et en l’absence de
– éviterait la farnesylation et l’accumulation de la prélamine A gènes connus, il est difficile d’affirmer le
– restaurerait la dynamique de la chromatine diagnostic clinique et de le différencier de
certaines formes d’obésité plus communes

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ATELIERS

De nombreux syndromes lipodystro- L’évolution est caractérisée par une


phiques restent d’origine indéterminée. période initiale de croissance rapide suivie Kristell Le Mapihan, Claire Douillard,
par une progression plus lente sur des Marie-Christine Vantyghem
Service d’Endocrinologie et Maladies
Lipomatoses années, sans régression spontanée après
Métaboliques
arrêt de l’alcool. Hôpital Huriez/ INSERMU859
Les lipomatoses ne sont pas sensibles à la Les transformations malignes sont Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille
réduction calorique, à l’exercice physique extrêmement rares (un seul cas rapporté 1 rue Polonovski – 59 000 LILLE
ni à la chirurgie bariatrique. dans la littérature).
Le traitement est chirurgical par lipec- Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêt
Lipomatose multiple symétrique tomie ou liposuccion lorsqu’il existe des
Correspondance :
bénigne (syndrome de Madelung ou de conséquences cliniques à type de compres- Marie-Christine Vantyghem
Launois-bensaude) sion, psychologiques ou esthétiques. Le Service d’Endocrinologie et Maladies
Le syndrome de Madelung est une maladie risque d’hématome n’est pas négligeable. Métaboliques Hôpital Huriez
rare caractérisée par des dépôts multiples Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille
de tissu adipeux non encapsulé (à la diffé- Maladie de Dercum ou adiposis 1 rue Polonovski – 59 000 LILLE
rence des lipomes) distribué de façon symé- dolorosa tel : 03 20 44 45 17 - fax : 03 20 44 69 85
trique au niveau du visage, du cou, de la Adiposis dolorosa est un syndrome rencon- mc-vantyghem@chru-lille.fr
nuque, parfois de la partie supérieure du tré chez les individus obèses aussi bien que
Références
tronc du médiastin, des épaules et des bras non-obèses caractérisé par une lipomatose
Handelsman Y et al, Endocr Pract. 2013 ; 19:107.
(type 1 avec un aspect pseudo-athlétique), non encapsulée douloureuse dans le tissu- Vantyghem MC et al, Ann Endocrinol (Paris) 2012 ;
plus rarement des membres inférieurs, sous-cutané. 73:170.
(type 2 avec un aspect d’obésité générali- Garg A, J Clin Endocrinol Metab 2011 ; 96:3313
Prieur X et al, Curr Atheroscler Rep 2014 ; 16:437.
sée). Il touche les hommes d’âge moyen Traitement Guénantin AC et al, Semin Cell Dev Biol 2014 ;
présentant une intoxication alcoolique 29:148
chronique Les possibilités thérapeutiques sont détail-
Par ailleurs des désordres métaboliques lées dans le tableau 2.
sont fréquemment associés (diabète, dys-
lipidémies, stéatose hépatique), ainsi que Conclusion
des neuropathies sensitivo-motrices
Les diagnostics différentiels spécifiques Les syndromes lipodystrophiques ont été
correspondent à l’obésité tronculaire sim- identifiés il y a plus d’un siècle, et les pre-
ple, les angiolipomes, les neurofibromes, mières causes génétiques en 2000. Consi-
les lipomes encapsulés, les hibernomes qui dérés comme rares, les syndromes lipodys-
ont la particularité de capter en PET trophiques semblent finalement aussi
scanFDG, les liposarcomes, et les anoma- méconnus. Leur diagnostic reste d’abord
lies des glandes salivaires et aux lipodys- un diagnostic d’inspection. Des traitements
trophies partielles acquises ou congénitales spécifiques dont la métreleptine émergent
facio-tronculaires progressivement.

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