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Indications et contre-indications
Les indications de l’épreuve d’effort cardiorespiratoire dans l’insuffisance
cardiaque sont multiples :
• évaluation fonctionnelle objective ;
• rattachement des symptômes à la pathologie cardiaque ;
• indications thérapeutiques : médicaments, stimulateurs multisites, trans-
plantation cardiaque ;
• évaluation des effets des thérapeutiques ;
• estimation du pronostic.
L’insuffisance cardiaque a longtemps été considérée comme une contre-
indication à l’épreuve d’effort. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais il faut
quand même respecter des précautions :
• un angor instable, des troubles du rythme ventriculaire non controlés, une
hypotension symptomatique, un thrombus intracardiaque non adhérent
restent des contre-indications. De même que le bloc de branche gauche si
l’on ne connaît pas l’anatomie coronaire ; en revanche, si la coronarographie
est normale, le test peut être réalisé ;
• un thrombus adhérent, une HTAP sévère sont des contre-indications
relatives.
Protocoles
• Pas de test chez un patient qui a été récemment déstabilisé ; de toute les
façons, ce test serait sous-maximal et peu informatif (notamment pour la
détermination du pronostic) ; de façon générale, ces patients étant souvent
déconditionnés, un 2e test en ambulatoire est souvent plus informatif ;
• Protocole « doux » : 10 W.min-1 au maximum, les incréments trop brutaux
étant mal tolérés. Il faut savoir qu’avec de tels protocoles, un état stable n’est
jamais atteint à la fin de chaque palier ; pour avoir un état stable à chaque
palier quel que soit le degré d’insuffisance cardiaque d’un patient, il faudrait
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Insuffisance cardiaque
Figure 22 : Évolution de la consommation d’O2 au cours d’un test pratiqué sur tapis
roulant (T) selon le protocole de Naughton modifié ou sur cycloergomètre (C) (protocole de
10 W/min).
Le pic de VO2 est plus bas de 10 % sur bicyclette mais l’augmentation de V02 est plus
régulière.
2500
T
2000 C
(*p < 0,05)
V02 (mL.min–1)
1500
1000
cycloergomètre
500
tapis roulant
0
0 5 10 15 20
Temps (min)
Page et Cohen-Solal (1994).
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Applications
PARAMÈTRES MESURÉS
La VO2 reste le paramètre le plus utilisé. Mais l’intérêt de l’EECR est de fournir
une multitude d’informations à côté du pic de VO2 qui ne saurait résumer à lui
seul les informations fournies par le test.
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Insuffisance cardiaque
tion artérielle de fin d’effort et d’une grande baisse du débit, les modifications
observées au niveau des muscles actifs n’étant observées qu’avec retard au
niveau de l’échangeur pulmonaire. Mais, par convention, on ne retient que les
valeurs les plus hautes de VO2, mesurées pendant le test et non en récupération.
Figure 23 : Exemple de rebond de VO2 et VCO2 en début de récupération, alors que
la ventilation et la fréquence cardiaque baissent normalement.
Cet aspect est toujours pathologique.
200
180 140
0 0
0 10 20
Temps (minutes)
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Figure 24 : Relation ΔVO2/ΔCharge chez des sujets sains et des insuffisants cardiaques (IC)
de gravité variable (classe A, B ou C-D de Weber) au cours d’un test sur cycloergomètre
(10 W.min-1). Alors que la pente des IC classe A est superposable à celle des sujets sains, elle
est d’autant plus abaissée que l’IC est sévère.
25
*p < 0,05 vs témoins
20
VO2 (mL.min–1.kg–1)
15
10
Témoins
IC classe A
5 IC classe B
IC classe C-D
0 20 40 60 80 100 120
Charge (Watts)
Cohen-Solal et al (1990).
Survie
1,0
ΔVO2/ΔW≥9
0,9
7≤ΔVO2/ΔW<9
0,8
ΔVO2/ΔW<7
0,7
ΔVO2/ΔW<7
0,6
et FEVG<0,5
0,5
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Insuffisance cardiaque
Attention toutefois à ne pas passer à coté d’une erreur de calibration, que l’on
doit toujours évoquer quand la pente ΔVO2/ΔW est supérieure à 11 ou
inférieure à 8.
Valeur du pic de VO2 pour la classification fonctionnelle
Le pic de VO2 peut permettre une classification de l’intolérance à l’effort des
patients en 4 classes selon la classification de Weber et Janicki (Tableau 11).
Cette classification est discutable, car elle sous-entend que la réponse à l’effort
maximale est un reflet de la gêne fonctionnelle pour des efforts sous-maxi-
maux, ce qui n’est pas nécessairement le cas.
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plusieurs études ont confirmé cette observation, avec toutefois des nuances.
En effet, il est trop risqué de ne retenir qu’une valeur unique pour poser des
indications thérapeutiques et la valeur pronostique du pic de VO2 est continue.
Pour des raisons pratiques, on continue à raisonner en termes de seuils. Il vaut
mieux réfléchir alors avec deux seuils :
• un seuil haut, au-dessus duquel le risque est faible : il pourrait correspondre
à 18 mL.min-1.kg-1 chez ces patients avec un risque de mortalité à un an
inférieur à 5 % ;
• un deuxième seuil, bas, serait effectivement celui de 14 avec une survie à
un an inférieure à 75 % dans ce cas, chiffre de survie qui est généralement
celui retenu pour la greffe cardiaque (figure 26).
Figure 26 : Valeur pronostique du pic de VO2 indexé au seul poids, supérieur ou inférieur
à 17 mL.min-1.kg-1 dans une population de 180 insuffisants cardiaques chroniques, non
traités par bétabloquants.
100
80
60
Survie (%)
40
20
Survie (Pic VO2 > 17 mL.min–1.kg–1)
Survie (Pic VO2 < 17 mL.min–1.kg–1)
0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Durée (jours)
Cohen-Solal et al (1997).
À l’heure actuelle, toutefois, la majorité des patients sont traités par des
bêtabloquants. Or, ceux-ci améliorent très nettement le pronostic (réduction de
35 % de la mortalité à un an), alors qu’ils ne modifient pas significativement le pic
de VO2 (figure 27). Dans ces conditions, il a fallu revoir les valeurs seuils :
• pour la valeur seuil basse, le seuil défavorable semble être aux alentours de
11 ou 12 plutôt que 14 mL.min-1.kg-1 ;
• on ne connaît pas bien la valeur seuil supérieure de bon pronostic, mais on
peut de la même façon penser qu’elle a diminué et qu’elle se situe aux
alentours de 16 mL.min-1.kg-1.
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Insuffisance cardiaque
Figure 27 : Modification de la valeur pronostique du pic de VO2 chez des IC avec et sans
bêtabloquants.
On voit que pour les patients avec un pic de VO2 > ou < à 14 mL.min-1.kg-1, le fait de
prendre des bêtabloquants décale les courbes de survie vers le haut, sans que la valeur
discriminante de cette séparation soit altérée.
100
Survie sans événement (%)
75
50 pic VO2
mL.min-1/kg-1
La pente VE/VCO2
La pente VE/VCO2 (pente de la ventilation par minute sur le volume expiré de
dioxyde de carbone [CO2]) est un témoin de l’efficience respiratoire,
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Figure 28 : Courbes de survie en fonction du pic de VO2 indexé aux valeurs théoriques.
100
60
Survie (%)
20
c’est-à-dire du nombre de litres d’air que le patient doit ventiler par minute
pour rejeter 1 L de CO2 ramené par la circulation. Cette pente a normalement
un gain de 20 à 25, c’est à dire qu’il faut ventiler 20-25 L.min-1 pour rejeter
1 L de CO2. Néanmoins, dans la grande majorité des cas, notamment après
40 ans, il faut plutôt considérer des valeurs normales jusqu’à 30. Cette pente
est naturellement augmentée dans toutes les pathologies respiratoires. Elle
augmente aussi chez le patient insuffisant cardiaque pour des motifs qui sont
multiples et complexes. Ainsi, si l’on reprend l’équation reliant la ventilation à
la production de CO2 [VE/VCO2 = 863/PaCO2 – (1 – Vd/Vt)], deux facteurs
interviennent : la PaCO2 et l’espace mort Vd, ou plutôt le rapport espace/venti-
lation alvéolaire.
Une première cause d’augmentation de cette pente est donc une diminution
importante de la PaCO2. Celle-ci peut être en rapport avec une hyperventilation
compensatrice d’une hypoxie, quelle qu’en soit la cause (œdème interstitiel par
exemple).
Elle peut également être liée à une hyperventilation d’origine centrale en
rapport avec une anomalie des chémorécepteurs aortiques et carotidiens,
démontrée chez ces patients.
Une troisième explication à une baisse de PaCO2 est le métaboréflexe de
l’insuffisant cardiaque. On a en effet mis en évidence l’existence d’un
ergoréflexe musculaire c’est-à-dire d’une augmentation de la ventilation par un
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90
80
70
60
VE
(L.min-1) 50
pente initiale
40
30
pente finale
20
10
pente globale
0
200 600 1000 1400 1800 2200
VCO2 (mL.min-1)
140
120 Normal
100 IC modérée
VE (L.min–1)
80
60
IC sévère
40
20
0
0 1 2 3 4 5 6
VCO2 (L.min–1)
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Insuffisance cardiaque
Le quotient respiratoire
Il doit être supérieur à 1,10 pour considérer le test valide. Des valeurs de 1,2-1,3
observées chez le sujet sain sont rarement atteintes par les insuffisants
cardiaques. Rappelons qu’il n’y a aucune relation entre un quotient respiratoire
de 1 et le seuil ventilatoire, toujours plus précoce, et que le même sujet peut
débuter un test avec un quotient à 0,70 ou 0,90 selon qu’il est à jeûn ou non.
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de vie des patients, il permet d’évaluer les efforts réalisables sans participation
significative du métabolisme anaérobie, donc sans dyspnée ou fatigue
musculaire excessives et ainsi de fixer le niveau d’entraînement.
Il reste toutefois souvent difficile à détecter de façon fiable et sa détermination
souffre d’une grande variabilité interobservateur ; il faut aussi faire attention à
ne pas confondre seuil non atteint et seuil non déterminable : les implications
en sont différentes. Le franchissement précoce du SV1 a une valeur pronosti-
que péjorative mais toujours moindre que celle d’un pic de VO2 bas.
Le SV1 enfin témoigne de la qualité du test et oriente vers la cause de
l’arrêt (tableau 12) :
• un insuffisant cardiaque s’arrête toujours après le SV1 ;
• un arrêt juste après le SV1 suggère un test sous-maximal ;
• un test arrêté avant le SV1 suggère soit un test sous-maximal par motivation
insuffisante, soit une cause non circulatoire à l’arrêt de l’effort.
Tableau 12 – Algorithme d’interprétation d’un teste selon le seuil ventilatoire et le pic de VO2
Le mode de calcul du SV1 a été détaillé auparavant. Dans l’IC, il est préférable
de confirmer la détermination du seuil par plusieurs méthodes. La méthode la
plus sensible semble être celle des équivalents respiratoires en O2 et CO2
(VE/VO2 et VE/VCO2) : le SV1 correspondant à l’augmentation de VE/VO2 après
son nadir et sans augmentation concomitante de VE/VCO2 (cas clinique n°1) ;
l’augmentation simultanée de VE/VO2 et VE/VCO2 correspond au SV2. Il est
important de bien différencier les deux seuils (le 2e n’est pas toujours atteint
ou alors confondu avec le SV1) (figure 31). On s’aide souvent du graphe où
sont représentées les pressions téléexpiratoires en O2 et CO2 (PetO2 et
PetCO2) en fonction du temps : ici, le SV1 correspond à l’augmentation de la
PetO2 (du fait de l’hyperventilation) sans diminution simultanée de la PetCO2.
La méthode du V-slope où VCO2 est en ordonnée et VO2 en abscisse est moins
précise chez ces patients.
La ventilation maximale
La ventilation minute maximale n’est pas très altérée dans l’IC et la réserve
ventilatoire non entamée, les patients s’arrêtant généralement à 40-60 % de
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Insuffisance cardiaque
40
100 100
100
30
20 50 50
50 Seuil VO2 Max
Temps 4 : 33 6 : 27
VO2 558 732
VO2/Kg 7 9
10 OR 1,06 1,23
SV1 SV2 FC 97 124
VE 27 45
VE/VO2 49 61
PetO2 121 130
0
Watts – 351 – 333
1 Temps
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Cas clinique n°1 : (a) Exemple de difficulté de détermination d’un seuil ventilatoire chez
un insuffisant cardiaque.
(b) Ce seuil est beaucoup plus évident quand on le recherche sur les courbes des
équivalents respiratoires, aux alentours de la 7e ou 9e minute.
2.0
FC RC O2/HR VO2/kg VO2%p
Vol(t)
[L]
-2.0
FC VE
[L.min–1] [L.min–1]
VCO2 VCO2
(mL.min–1) 160 (mL.min–1)
120
140
2000 2000
100
120
80
60
1000 1000
60
40
40
500 500
20
20
Temps [min]
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
EqO2 EqO2
60 60
55 55
50 50
45 45
40 40
35 35
30 30
25 25
20 20
15 15
10 10
5 5
Temps (min)
0 0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22
(b)
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Insuffisance cardiaque
Cas clinique n°2 : Épreuve d’effort d’un patient insuffisant cardiaque présentant
un déconditionnement marqué.
Sur la courbe du bas, on voit que la production de VCO2 (courbe en rouge) se rapproche dès
le début de l’épreuve d’effort de la consommation d’oxygène (courbe en vert) ; les deux
courbes se croisant pratiquement à l’arrêt de l’exercice.
Sur la courbe des équivalents respiratoires, en haut, on voit que l’équivalent respiratoire en
oxygène, VE/VO2 (courbe rouge) augmente dès la 4e minute d’effort, ce qui suggère soit une
insuffisance circulatoire sévère, soit comme c’est probablement le cas, un déconditionnement
marqué.Dans ce cas, la notion de seuil ventilatoire est discutable.
10 10 10
0 0
Temps (min) 14
VO2 VCO2 FC VE
1500 1500 200 100
150 75
1000 1000
100 50
500 500
50 25
0 0
0 Temps (min) 14
Le pouls d’oxygène
Le pouls d’oxygène correspond au rapport de la VO2 par la fréquence cardiaque. Il
représente à chaque instant le produit instantané du volume d’éjection systolique
par la différence artérioveineuse en oxygène ; il est donc un reflet indirect de
l’évolution du volume d’éjection systolique. Lors d’une épreuve d’effort à charge
croissante, la DAVO2 augmente, même en présence d’une insuffisance circulatoire
évoluée. Une stagnation du pouls d’oxygène observée au cours de l’effort est donc
le reflet d’une baisse du volume d’éjection systolique, que l’on peut ainsi détecter
par le monitorage du pouls d’oxygène. Plus le plafonnement du pouls d’oxygène
est précoce, plus précoce est le plafonnement ou la baisse du volume d’éjection
systolique (cas clinique n°3). Un pouls d’oxygène augmenté est en général associé
à un bon pronostic (mais cette valeur pronostique reste néanmoins inférieure à
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celle du pic de VO2). Il peut alors témoigner, soit d’une DAVO2 max haute, soit
d’un VES max élevé, soit des deux. Il est très dépendant de la CaO2 initiale (il est
donc abaissé en cas d’anémie) et de la fréquence cardiaque (figure 32).
Quelques exemples :
• Un patient a un pic de VO2 à 15 et une FC maximale à 150 ; son pouls
d’O2 max sera de 10. Si le même patient est mis sous traitement bradycar-
disant et que sa FC max soit de 100, pour un pic de VO2 identique, le pouls
d’O2 max sera à 15, essentiellement par augmentation du VES, mais sans
que le pronostic soit nécessairement meilleur.
• Deux patients peuvent avoir un pouls d’O2 max à 8 avec, dans un cas, une
augmentation régulière de 4 au repos à 8 ; dans l’autre cas, une montée
rapide du pouls de 4 à 8, suivie d’un plafonnement du pouls d’O2 pendant
la majeure partie de l’effort. Lequel à le meilleur pronostic ? Dans la mesure
où on ne connaît pas les valeurs de départ et de fin de la DAVO2, il est
toujours hasardeux de tirer des conclusions sur le VES à partir du pouls
d’O2 : une augmentation par 3 du pouls d’O2 à l’effort peut correspondre à
une augmentation modérée du VES si la DAVO2 ne fait pas plus que doubler
(ce qui peut se voir en cas d’effort sous-maximal, d’augmentation initiale
importante de la DAVO2 ou en cas d’anémie) ; où à une baisse du VES si la
DAVO2 est multipliée par plus de 3 à l’effort, passant par exemple de 5 à
16 volumes d’O2/100 ml de sang.
Figure 32 : Le pouls d’O2 n’a pas de valeur pronostique, à la différence du pic de VO2,
dans l’insuffisance cardiaque.
100
80
Survie (%)
60
20
NS
0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Durée (jours)
Cohen-Solal et al (1997).
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Insuffisance cardiaque
Cas clinique n°3 : Cette patiente a un pouls d’O2 à 3-4 ml O2 au repos ; il n’augmente
pas au cours de la première minute d’effort, ni après, en raison de l’apparition de la
tachycardie supraventriculaire.
FC
O2/HR
L/min [mL]
200 30
28
180
26
160 24
22
140
20
120 18
16
100
14
80 12
10
60
8
40 6
4
20
2
Temps [min]
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
89
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Figure 33 : T1/2 VO2 (en s) en récupération chez des sujets sains après un effort
triangulaire poussé à 100 %, 75 % ou 50 % de la charge maximale.
On voit que le T1/2 VO2 reste constant autour de 80 secondes.
120
100
80
T1/2VO2
60
40
20
0
50 % 75 % 100 %
Cohen-Solal et al (1995).
90
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Insuffisance cardiaque
250
Témoin
225 IC A *p < 0.05
IC B
IC C-D
200
175
T1/2 (s)
150
125
100
75
50
25
0
VO2 VCO2 VE
Cohen-Solal et al (1995).
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bon est le pronostic ; de même, leur persistance à l’effort semble plus péjorative.
La valeur pronostique indépendante de ces phénomènes reste controversée,
mais est indiscutablement mauvaise. Ces oscillations gênent malheureusement
la détermination du pic de VO2 et de VE/VCO2 et invalident toute détermination
du SV1 (figures 35 et 36).
150 75
. FC
V02
.
500 500 VC02 100 50
50 25
.
VE
0 0
0 Durée (min) 10
Cohen-Solal et al (2002).
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Insuffisance cardiaque
VO2 VCO2 FC VE
(mL.min–1) (mL.min–1) (bpm) (L.min–1)
500 500 50 25
0 0
0 Temps (min) 16
Corra et al (2002).
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d’un pic de VO2 peu abaissé et d’une pression artérielle qui ne monte pas est
péjorative et doit interpeller le médecin ; la puissance circulatoire à l’avantage
d’intégrer cette réponse dissociée (tableau 13, figure 37).
Tableau 13 : Algoritme d’interprétation d’un test selon le pic de VO2 et la pression artérielle
systolique (PAs).
PAs max basse Mauvaise réponse circulatoire Compensation par une bonne périphérie d’une
mauvaise réponse cardiaque
100
80
événement (%)
60
Survie sans
40
20
Puissance circulatoire > 3 047
0 10 20 30 40 50 60 70
Durée (mois)
La réponse en fréquence
Une incompétence chronotrope est bien documentée dans l’IC, indépendam-
ment de toute thérapeutique médicamenteuse. Elle est liée à la tachycardie de
repos et à la difficulté fréquente d’atteindre la FMT, du fait d’une internalisa-
tion membranaire des récepteurs béta-adrénergiques myocytaires. Elle a une
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Insuffisance cardiaque
valeur pronostique. Néanmoins, son analyse est difficile du fait des thérapeu-
tiques médicamenteuses généralement utilisées chez ces patients : bétablo-
quants, digoxine, amiodarone. En dehors de cas extrêmes, il est difficile, en
cas d’incompétence chronotope, de rattacher celle-ci à l’intolérance à l’effort.
La cinétique de décroissance de la fréquence cardiaque est liée à la diminution
du tonus sympathique et la réapparition du tonus vagal. Certains auteurs ont
trouvé une valeur pronostique à une décroissance ralentie de la FC dans la
population. Ceci n’est pas à ce jour démontré dans l’IC.
Divers algoritmes ont été proposés pour tenir compte de l’ensemble des
paramètres tirés de l’épreuve d’effort cardiorespiratoire (figures 38, 39). Aucun
ne remplace une analyse exhaustive et fine de tous les paramètres, patient par
patient.
Figure 38 : Algorithme d’interprétation d’un test selon le seuil ventilatoire et le pic de VO2.
Pic VO2
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Pic VO2
Voir : Voir :
• VE/VCO2 < 45 • VE/VCO2 > 45
• PCirc < 2000 • PCirc > 2000
• PA max < 120 • PA max > 120
• T1/2 VO2 > 180 • T1/2 VO2 < 180
RISQUE +++
Pronostic correct
CAS PARTICULIERS
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Insuffisance cardiaque
Cas clinique n° 4 : Épreuve d’effort d’un patient de 50 ans porteur d’une cardiomyopathie
dilatée avec fraction d’éjection ventriculaire gauche à 15 %, en classe fonctionnelle III de
la NYHA.
L’épreuve sur cyclo-ergomètre a été arrêtée pour dyspnée à 90 watts, à un pic de VO2 de
17 mL.min-1.kg-1. Le 1er trait vertical (R) représente le début de la phase de repos, le 2e (T)
le début de l’exercice et le 3e (R) le début de la phase de récupération. La pente VE/VCO2
(non représentée ici) est à 65. Ce chiffre de 17 pourrait paraître rassurant mais plusieurs
éléments suggèrent l’extrême gravité de l’état circulatoire du patient.
Ces 17 mL.min-1.kg-1 ne représentent que 35 % des valeurs théoriques chez ce patient.
Le test a été arrêté pour dyspnée, ce qui est rare sur cycloergomètre dans l’insuffisance
cardiaque et suggère, soit une augmentation majeure des pressions pulmonaires, soit une
origine respiratoire à l’arrêt de l’effort.
Les oscillations ventilatoires (flèches) ne se voient que dans l’insuffisance cardiaque sévère.
Elles sont majeures ici.
La pression artérielle (PA) ne monte pas (de 90 à 100 mm Hg), suggérant une insuffisance
cardiaque sévère compensée par une bonne adaptation périphérique ; la puissance
circulatoire effondrée (1700 mmHg.mL.min-1.kg-1) le confirme.
La pente VE/VCO2 est très élevée, à des niveaux suggérant une indication de greffe cardiaque.
Il n’est pas possible ici de déterminer un seuil ventilatoire de façon fiable.
VO2 VCO2 FC VE
VO2
mL.min-1 mL.min-1 VE bpm L.min-1
R E VCO2 R
1600 1600 FC
100 100
FC
1400 1400
80 80
1200 1200
1000 1000 60 60
800 800
VE
40 40
600 600
VCO2 VO2
400 400
20 20
200 200
0 0
0 5 10 15
Temps (min)
artérielle au cours de l’exercice. Ces deux paramètres ont une valeur péjorative
extrêmement bien documentée maintenant. Ils sont même devenus parmi les
paramètres pronostiques les plus puissants dans cette affection. Il est donc
indispensable d’évaluer toute CMH à l’effort et de bien noter le profil de la
pression artérielle. On peut noter que la puissance circulatoire, produit de la
pression artérielle systolique maximale par la VO2max, peut également être
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Insuffisance cardiaque
Cas clinique n°5 : Patient de 40 ans, porteur d’une myocardiopathie dilatée à coronaires
saines, adressé pour bilan pré-greffe cardiaque.
(a) En mode TM, le diamètre télédiastolique est à 100 mm à l’échocardiographie.
(b) L’ECG inscrit un bloc de branche complet large.
(c) Toutefois, le pic de VO2 reste conservé à 23 mL.min-1.kg-1, à 80 % des valeurs
théoriques. On note toutefois un plafonnement précoce du pouls d’O2.
Le patient n’a été transplanté que 18 ans après ce test, sur les données favorables du test
d’effort.
(a) (b)
25 175
20
150
VO2 (mL/min/kg)
15
HR (min-1)
125
10
0 75
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
TIME (min)
(c)
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VO2 = + + +
VE/VCO2 – + – –
Pcirc = + + +
Pouls O2 + + + +
VO2/WR = + + +
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