Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
THÈSE
Présentée pour obtenir le grade de
Chapitre 1 Généralités 1
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Description d’un réseau de carrefours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2.1 Caractéristiques d’un carrefour à feux . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2.2 Caractéristiques des feux d’un carrefour . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.3 Caractéristiques du mouvement du trafic . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.4 Infrastructures de mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3 Régulation des feux de signalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3.1 Boucle de régulation d’un réseau de carrefours . . . . . . . . . . 11
1.3.2 Modes de régulation d’un réseau de carrefours . . . . . . . . . . 12
1.3.3 Stratégies de régulation d’un réseau de carrefours . . . . . . . . . 14
1.3.3.1 Stratégies fixes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.3.3.2 Stratégies adaptatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4 Conclusion et objectif de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
ii TABLE DES MATIÈRES
Références 152
iv TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES FIGURES
Journals
1. Huide Zhou, Rachid Bouyekhf, Abdellah El Moudni. Modeling and entropy based
control of urban transportation network. Control Engineering Practice, Volume 21,
Issue 10, pp. 1369-1376, 2013.
2. Huide Zhou, Rachid Bouyekhf, Abdellah El Moudni. Constrained H∞ control of ur-
ban transportation network. Journal of Advanced Transportation, Published online
in Wiley Online Library (wileyonlinelibrary.com). DOI : 10.1002/atr.1281, 2014.
Conférences
1. Huide Zhou, Rachid Bouyekhf, Abdellah EL Moudni. Modelling and H∞ Control
of Urban Transportation Network Control in Transportation Systems. 13th IFAC
Symposium on Control in Transportation Systems, Sofia, Bulgaria, Septembre 2012.
2. Huide Zhou, Rachid Bouyekhf, Abdellah EL Moudni. Modeling and Constrained
Control of Transportation Network. 10th IEEE International Conference on Net-
working, Sensing, and Control, Paris, France, April 2013.
3. Huide Zhou, Rachid Bouyekhf, Abdellah EL Moudni. An Approach of Model Pre-
dictive Control for Urban Transportation Network. 13th IFAC Symposium on Large
Scale Complex Systems, Shanghai, China, July 2013.
xii LISTE DES TABLEAUX
Les systèmes de transport sont des systèmes complexes en raison non seulement
du nombre élevé d’acteurs qui y participent, mais aussi à cause de leurs structures très
maillées sur lesquelles le trafic se déroule. Cette complexité a engendré un besoin gran-
dissant d’outils et de méthodes pour la modélisation, la régulation ainsi que l’évaluation
des performances de tels systèmes.
Les approches largement utilisées dans la modélisation des systèmes de transport sont
la théorie de files d’attente, l’approche de la mécanique des fluides, les automates cellu-
laires, les réseaux de Petri etc. Ces méthodes ont été mises au point au cours des dernières
décennies et ont été appliquées dans de nombreuses stratégies de contrôle de la signali-
sation routière. Cependant, bien que ces approches soient efficaces pour la modélisation
du trafic, elles sont souvent confrontées à la complexité du modèle obtenu. En effet, si le
réseau routier étudié est de grande taille, l’utilisation de ces méthodes devient rapidement
problématique et très coûteuse en terme de temps de calcul.
Ce travail se propose d’aborder le problème de la modélisation et la régulation du trafic
des réseaux de carrefours signalisés par une nouvelle approche, qui, à notre connaissance,
n’a pas encore été explorée. Nous nous intéressons tout particulièrement à la manière dont
les liens se tissent entre les systèmes de transport et les systèmes thermodynamiques. En
effet, en considérant les véhicules comme étant l’énergie fournie au réseau de transport,
nous pouvons considérer le réseau d’intersections comme un système thermodynamique
où il y a des échanges ou transferts de l’énergie (véhicules) entre les sous-systèmes (in-
tersections signalisées) qui transitent entre différents états : stable (non congestionné),
xiv Introduction
instable (congestionné) et en équilibre (fluide). Nous pouvons ainsi, comme dans le cas
thermodynamique, produire une régulation de la circulation à partir d’énergie sous forme
d’information.
L’étude basée sur des concepts thermodynamiques permet d’ouvrir une nouvelle pers-
pective sur la dynamique et la gestion de flux de véhicules. En effet, l’approche énergé-
tique permet d’une part de modéliser les interactions entre différentes intersections rou-
tières et d’autre part, d’analyser l’énergie interne (véhicules) du système qui est l’un des
facteurs qui détermine l’état du trafic. De plus, elle permet d’étudier le problème de la
gestion dynamique basée sur un modèle de trafic qui a fait ses preuves en thermodyna-
mique.
Cependant, les systèmes de transport sont des systèmes dynamiques sujets à des in-
certitudes et des limitations d’ordre physique ou dictées par des impératifs de sécurité.
Ces limitations se traduisent dans la majorité des cas par des contraintes sur les variables
d’état et/ou de commande. La prise en compte de ces incertitudes et de ces contraintes
dans la conception du plan de feux est donc nécessaire. Notre travail s’inscrit dans ce
cadre pour la régulation des réseaux de carrefours.
La régulation du trafic dans un réseau de carrefours à feux concerne en général deux
objectifs distincts : la fluidification ou la résorption de congestion. Dans le premier cas,
on évite de se retrouver dans une situation de trafic très dense en essayant d’ajuster les
durées de commutation des feux en fonction de la demande d’affluence au carrefour :
c’est une action a priori. Dans le second cas, on est confronté à un trafic saturé (état de
congestion). Dans ce cas, il faudra agir a posteriori.
Dans ce mémoire, nous nous intéressons essentiellement à un travail en amont (action
a priori) permettant d’éviter la congestion en forçant les files d’attente à ne pas dépasser
le niveau du trafic correspondant à l’optimum opérationnel des lignes.
Plan de la thèse
Ce mémoire est structuré en cinq chapitres.
Le premier chapitre présente tout d’abord les carrefours à feux ainsi que les différents
éléments les caractérisant. Les notions essentielles pour la régulation du trafic aux abords
des carrefours sont ensuite présentées. Une dernière partie est consacrée à la présentation,
non exhaustive, des méthodes développées pour la gestion et la régulation des carrefours.
xv
1.1 Introduction
Le transport a toujours été l’un des composants déterminants de la vie urbaine et de
son développement économique. A partir de la seconde moitié du siècle dernier, l’amé-
lioration du niveau de vie moyen et du taux d’équipement des ménages a permis au plus
grand nombre d’accéder au déplacement par véhicule particulier. Nous avons donc assisté
à une course entre la croissance du trafic routier et les progrès quantitatifs et qualitatifs de
la voirie. Cette quantité d’actions génère des problèmes au niveau de la fluidité du trafic,
d’où l’apparition de phénomènes de congestion.
La congestion se produit aujourd’hui de façon quasi-quotidienne dans les réseaux
routiers. Elle est source de perte de temps, augmentation de la consommation d’énergie,
nuisance et détérioration de l’environnement.
La solution aux problèmes de congestion routière ne passe pas toujours par la construc-
tion de nouvelles routes, comme cela se faisait dans un passé récent. Étant donné que
l’offre de terrains est épuisée et que le développement de l’infrastructure routière est coû-
teux, la tendance actuelle est plutôt à une meilleure utilisation des infrastructures exis-
tantes. En particulier, les feux de signalisation jouent un rôle important parmi les ap-
2 Chap 1. Généralités
Couloir et tronçon : Un couloir est caractérisé par sa longueur, son nombre de voies
ainsi que par les sens de circulation ; certaines de ces voies peuvent être affectées à un cou-
rant particulier appelées voies spéciales. Les courants de véhicules sont soit directs, soit
des courants de tourne-à-gauche ou tourne-à-droite (voir Figure 1.2). Une voie spéciale
pourrait être affectée à un courant tourne-à-gauche ou tourne-à-droite. Un tronçon d’un
carrefour représente chaque couloir d’entrée et de sortie. Ainsi, il peut contenir plusieurs
voies. Chaque voie écoule un mouvement de véhicules unidirectionnel et donc correspond
à une phase unique. Un tronçon est caractérisé par plusieurs paramètres, entre autres, sa
longueur qui représente la mesure en mètres de la distance séparant la ligne géométrique
où sont implantés les feux associés au tronçon (cette ligne est considérée comme la sortie
du tronçon) et la ligne géométrique en amont considérée comme l’entrée de ce tronçon
(voir Figure 1.3).
1 3
(1,2) Tourne-à-droite
(1,3) Tout droit
2 (1,4) Tourne-à-gauche
exemple, si la concentration maximale d’une voie est de 0.2 véh/m et, sachant que la
longueur de la voie est de 100m, alors la capacité de cette voie est de 100*0.2=20 véh.
Longueur des files d’attente : Cette variable correspond au nombre de véhicules arrê-
tés derrière la ligne d’arrêt à un feu de circulation. La longueur des files d’attente constitue
l’une des grandeurs majeures de l’évaluation d’une stratégie de régulation.
États des feux : Un feu tricolore est un signal lumineux situé à la frontière de chaque
zone de stockage et de la zone de conflit. Il commande le passage libre (feu vert), toléré
(feu orange) ou interdit (feu rouge) du trafic des véhicules. Ces différentes couleurs sont
nommées les états de feux. Le changement de feu d’un état à l’autre est appelé commu-
tation. Pour la sécurité des usagers, le temps de passage par état doit au moins durer une
période minimale, fixée par les exploitants. Contrairement aux durées du feu vert ou du
feu rouge, la durée du feu orange est invariable. Notons que l’implantation des feux de
signalisation doit respecter la géométrie d’un carrefour.
Rappelons quelques concepts essentiels de la signalisation à feux :
1.2 Description d’un réseau de carrefours 7
– Cycle : Les indicateurs des feux - vert, orange, rouge - se succèdent à l’intérieur
d’un cycle, défini comme étant la durée constante séparant deux passages successifs
de l’ensemble des signaux par le même état.
– Phase : Le cycle est partagé en phases, temps pendant lequel un ou plusieurs cou-
rants sont admis dans le carrefour. Une phase est dite spéciale quand elle a pour
seul but de favoriser l’écoulement d’un mouvement tournant. Elle est dite saturée
lorsqu’un véhicule au moins de cette phase est contraint d’attendre plus d’un cycle
pour franchir le carrefour. Le carrefour est lui-même saturé quand au moins une des
ses phases est saturée.
– Vert effectif : On appelle temps de vert effectif, la somme du temps de vert réel et
du temps de l’orange (qui est souvent de 3 à 5 secondes selon la vitesse d’approche
dans le cas d’un carrefour urbain ordinaire).
– Vert utile : On définit le temps de vert utile, en retranchant du temps de vert effectif
le temps perdu (somme des temps perdus au début du vert, c’est-à-dire au démar-
rage, et du temps perdu en fin de phase). Les temps perdus par phase se situent en
moyenne autour de 8 secondes [7].
– Rouge utile : On appelle rouge utile la différence entre la durée du cycle est celle
du vert utile. Pour des raisons de sécurité, à la fin de chaque phase, l’ensemble des
feux du carrefour est maintenu au rouge pendant une certaine durée, appelée rouge
intégral. Dans le cas d’un carrefour simple à 4 branches par exemple, on adopte
une durée de rouge intégral de 2 secondes.
Le plan des feux d’un carrefour signalisé : Considérons l’intersection montrée dans
la Figure 1.1. On constate qu’il y a deux paires de courants en conflit, à savoir la paire de
courants provenant des rues R1 et R2 et la paire de courants provenant des rues R3 et R4 .
En supposant que les mouvements dominants soient les mouvements directs (aller tout
droit) et que les mouvements de tourne-à-gauche soient soumis à la priorité à droite, nous
pouvons découper le cycle en 2 phases, i.e. Phase I et Phase II.
Supposons que les durées des phases I et II soient identiques et que la séquence des
phases soit fixe. Les feux installés aux rues R1 et R2 sont d’abord verts, puis rouges pour
que les feux aux rues R3 et R4 deviennent à leur tour verts ; et ainsi de suite. Les deux
phases se succèdent, constituant un cycle. Le plan des feux pour cette intersection est
illustré dans la Figure 1.5. Pour des raisons de sécurité, l’ensemble des feux de l’intersec-
8 Chap 1. Généralités
tion est maintenu au rouge pendant une certaine durée à la fin de chaque phase, appelée
rouge intégral. Ainsi, l’équation qui décrit le plan des feux dans cet exemple est donnée
par :
Cycle = Vert effectifPhase I + Vert effectifPhase II + 2 × Rouge intégral (1.1)
Notons que le cycle et le rouge intégral sont fixes en général [8]. Par conséquent, la somme
des temps de vert effectifs d’un carrefour dans un cycle reste constante.
La stratégie de régulation des feux dépend de l’état du trafic estimé grâce aux mesures
réalisées. Ainsi, la fluidité du trafic est généralement la mission du système de régulation
qui décide de la séquence des phases et de la durée de chaque phase.
du véhicule [12, 13, 14], la théorie de l’onde cinétique (KWT : kinematic Wave Theory)
[15, 16, 17, 18] et la théorie des files d’attente (queuing theory) [19, 20], etc.
Dans cette section, on distingue trois grandeurs principales caractérisant les flux de
trafic dans le réseau de carrefours.
N (x, t1 , t2 )
q(x, t1 , t2 ) = (1.2)
t2 − t1
où N (x, t1 , t2 ) désigne le nombre de véhicules qui passent par le point x entre les instants
t1 et t2 . En particulier, deux débits importants sont considérés :
– Le débit d’entrée d’une voie est le débit de son flux d’entrée. Notons que les flux
d’entrée du milieu extérieur dépendent des activités humaines. Par conséquent, les
débits d’entrée sont évolutifs dans le temps et ils ne sont pas commandable par les
feux de signalisation. L’évolution des débits d’entrée exprime les incertitudes dans
la demande de trafic.
– Le débit de saturation d’une voie est le nombre maximum de véhicules pouvant
sortir de la voie et accéder à l’intersection en aval sans interruption par unité de
temps, le feu étant continuellement au vert. Pour chaque voie, il est exprimé en
unités de véhicules particuliers par heure de feu vert. On adopte souvent les va-
leurs de référence suivantes : s=1820 uvp/h/voie dans une agglomération impor-
tante, s=1650 uvp/h/voie dans une petite agglomération. Ces valeurs peuvent être
ajustées en fonction de divers facteurs liés à la géométrie de l’aménagement du
carrefour et à son environnement (taille de l’agglomération, visibilité,...). Puisque
ces facteurs ne changent pas en général, le débit de saturation est considéré fixe et
connu dans cette thèse.
Pour un carrefour à feux, nous partageons le débit en deux parties ; le débit d’entrée
et le débit de sortie. Notons que, contrairement aux arrivées, les départs sont dépendants
des durées de commutation de l’ensemble des feux d’un carrefour.
10 Chap 1. Généralités
Charge d’un carrefour : La charge Y d’une entrée est définie comme le rapport entre
le débit d’entrée mesuré q et le débit de saturation s. C’est donc le rapport de la demande
sur l’offre :
q
Y = (1.3)
s
Cette définition s’étend à l’ensemble du carrefour. La charge globale du carrefour est la
somme des charges de chacune des phases :
X
Y = yp (1.4)
Remarque 1.1 Si le courant directionnel ayant la plus forte charge est commun à 2
phases, on prend la charge immédiatement inférieure. Toutefois, il convient de s’assu-
rer que la somme de la charge immédiatement inférieure et de la charge prédominante
de l’autre phase est supérieure à la charge du courant utilisant les 2 phases. Dans le cas
contraire, c’est cette dernière que l’on utilise. I
Régulateur
Plan de feux
Dispositifs de
signalisation Couleur des feux
Feux tricolores, Panneaux de
signalisation, ...
Mode manuel : dans ce cas, c’est un individu qui actionne le changement d’état du
carrefour. C’était le cas des premiers feux de circulation, mais aujourd’hui encore, les
feux peuvent fonctionner en mode manuel si la situation l’exige, ou également en mode
semi-manuel (ou semi-automatique).
1.3 Régulation des feux de signalisation 13
Mode automatique : ce mode n’exige aucune intervention extérieure ; les états succes-
sifs d’un cycle se déroulent séquentiellement suivant les plans de feux en place dans le
contrôleur. On parle aussi de fonctionnement en cycles fixes.
Mode coordonné : ce mode signifie que plusieurs contrôleurs, donc plusieurs carre-
fours, sont soumis à une même stratégie de régulation. Il existe deux grandes applications
du mode coordonné. La première est la régulation d’axes de circulation. Elle consiste à
coordonner les phases des différents carrefours d’un même axe routier afin de rendre plus
confortable et plus fluide la progression des véhicules, c’est-à-dire, d’éliminer leurs arrêts
aux carrefours (du moins s’ils respectent une vitesse moyenne, définie par le gestionnaire
des feux). La seconde application de la coordination est la régulation des zones. Dans ce
cas, ce sont les feux de l’ensemble d’un périmètre géographique déterminé (un quartier
urbain par exemple) qui sont coordonnés entre eux, afin d’optimiser les déplacements des
usagers, c’est-à-dire, de minimiser le temps qu’ils passent dans cette zone.
Les deux derniers modes (adaptatif, coordonné) évoqués soulèvent chacun des com-
plexités techniques que ne posent pas les deux premiers. Ces modes exigent de disposer
de moyens de détection des variations du trafic, c’est-à-dire de recueillir des informations
caractérisant la circulation en temps réel. D’où la nécessité d’utiliser des capteurs auto-
matiques. Il en existe de différentes sortes : pneumatiques, hydrauliques, acoustiques, à
boucles électromagnétiques, à ultrasons, à infrarouges, radars, caméras, etc... Ces capteurs
sont placés à une certaine distance du carrefour concerné, reliés par câble ou par ondes
au contrôleur qui reçoit et interprète l’information codée par le détecteur (un élément
électronique qui transforme l’information issue du capteur en signal électrique).
Notons également que les modes adaptatifs et coordonnés, ainsi que leur combinaison,
se trouvent aujourd’hui gérés à distance à partir d’un poste de contrôle. Cette télé-gestion
14 Chap 1. Généralités
repose évidemment sur des transmissions d’informations entre les feux et le poste de
contrôle. Les modes manuel et automatique entrent dans le cadre des systèmes de com-
mande en boucle ouverte. Ce sont des systèmes qui s’appuient sur des bases de données
prédéfinies. Dans ces conditions, le système marche sans prendre en considération les
problèmes brusques : la forte congestion, les incidents, etc. L’utilisation de ces systèmes
est désormais impossible pour répondre à la demande actuelle. Donc il est nécessaire
d’adopter des approches qui nous permettent d’en savoir plus sur l’état en temps réel et
qui agissent directement pour fluidifier le trafic. D’où l’utilisation actuelle dans les re-
cherches récentes des systèmes en boucle fermée dont nous pouvons inclure les modes
adaptatifs et coordonnés.
temps réel et nécessite une remise à jour régulière des plans de feux pour tenir compte de
l’évolution du trafic moyen.
Une deuxième catégorie de travaux est communément désignée sous le nom de stra-
tégie adaptative ou temps réel. Cette stratégie est plus coûteuse, parce qu’elle néces-
site l’installation, l’exploitation et la maintenance d’un système de contrôle en temps réel
(capteurs, communications, salle de contrôle centrale, contrôleurs locaux). Grâce au déve-
loppement des techniques liées, la stratégie adaptative, si bien conçue, est potentiellement
plus efficace.
Dans la suite de ce chapitre, certaines stratégies populaires des deux catégories sont
présentées.
Dans ce mode de régulation, tous les paramètres sont déterminés et réglés à partir de
données recueillies avant l’installation. Le rôle principal des plans de feux fixes est de
mettre en marche cycliquement une série de phases pendant des durées données. Cette
série de phases doit permettre de mieux répondre à la demande moyenne de la capacité
estimée du carrefour. Pour calculer le plan de feux, il est nécessaire de définir la notion
de phasage. Cette notion est définie comme étant l’ensemble des phases utilisées pour la
commande de l’intersection. Une fois le phasage est déterminé, le calcul du plan des feux
consiste en la détermination des trois paramètres suivants :
– la durée du cycle ;
– la répartition des verts : la durée du vert attribuée à chaque feu au cours du cycle ;
– les décalages entre les débuts des cycles dans le cas de plusieurs carrefours à coor-
donner.
Les commutations des feux de signalisation sont constantes d’un cycle à un autre. Ainsi,
on retrouve à chaque cycle la même longueur et la même durée des phases. Nous trouvons
dans ce mode de régulation les systèmes à base de plans de feux fixes.
Il est à noter que les plans de feux fixes ne sont pas fixés pour toutes les périodes
d’une journée ou pour tous les jours. Un choix doit être effectué entre les différents plans
disponibles au poste de commande selon la situation du trafic. Un opérateur peut réa-
liser ce choix manuellement ; c’est généralement le cas lorsqu’il détecte un événement
exceptionnel nécessitant une gestion adaptée du réseau.
16 Chap 1. Généralités
Nous présentons dans ce qui suit les systèmes de type fixe les plus utilisés dans les
grandes villes mondiales :
TRANSYT : C’est l’un des logiciels les plus connus et utilisés qui permettent de pré-
parer les plans de feux fixes. Initialement développé par Transport Research Laboratory
[31], TRANSYT est un programme qui permet de fournir un plan optimal du point de vue
des durées des feux verts et de leurs décalages. Il sert souvent de stratégie de référence
pour évaluer la qualité de la commande des feux dans un réseau urbain. Durant la der-
nière décennie, TRANSYT a été substantiellement étendu et amélioré en de nombreuses
versions. En particulier, TRANSYT-7F développé et maintenu par l’University of Florida
est l’une des versions les plus importantes, qui s’appelle aussi la version des États-Unis
[32].
1.3 Régulation des feux de signalisation 17
Dans ce mode de régulation, la recherche actuelle s’est orientée vers la réalisation des
systèmes de régulation qui tiennent compte de l’évolution du trafic au cours du temps et
qui réagissent en temps réel. Selon [34], un système de contrôle en temps réel du trafic
doit répondre aux exigences suivantes :
– la stratégie doit répondre réellement à la demande actuelle et non pas à une demande
prédite ou historique.
– la stratégie ne doit pas être réduite à intervenir sur des périodes de contrôle fixées
arbitrairement.
Cette analyse est rendue possible grâce aux différents capteurs mis en place : des boucles
noyées dans la chaussée, radar etc. La mise en service d’une régulation aux feux d’un
réseau répond le plus souvent aux objectifs suivants : rendre crédible la signalisation
tricolore, assurer le confort de l’usager en minimisant son temps d’attente, diminuer le
nombre d’arrêts de véhicules et surtout minimiser la longueur des files d’attente.
18 Chap 1. Généralités
SCOOT : Split Cycle and Offset Optimisation Technique : Ce système a été déve-
loppé en 1981 par le Traffic and Road Research Laboratory TRRL en Grande Bretagne.
1.3 Régulation des feux de signalisation 19
Ce système se base initialement sur un plan de feux fixes issu du système TRANSYT
avec un algorithme d’optimisation fourni pour l’application en ligne [36, 37, 38].
Le principe général de SCOOT est d’ajuster par petits incréments successifs les para-
mètres des plans de feux de manière à répondre au mieux à la situation de trafic actuelle.
Le réseau de carrefours commandé par SCOOT est subdivisé en plusieurs zones. Les
carrefours d’une même zone opèrent avec la même durée de cycle. Cette méthode ne né-
cessite qu’un capteur par voie pour mesurer le débit et l’occupation de la boucle. A partir
de l’enregistrement du profil de la demande, et grâce au modèle de TRANSYT, SCOOT
prédit l’évolution de la longueur de file d’attente. Un critère est alors créé pour l’optimi-
sation à partir de la somme des valeurs moyennes des files d’attente ainsi que le nombre
total d’arrêts de la région régulée.
L’optimisation de SCOOT considère trois types de réglages :
– Répartition des temps verts : Au niveau de chaque carrefour, cette méthode dé-
cide, peu avant le changement de phase, si la durée de ce changement doit être
maintenue, avancée ou reculée, afin de minimiser le degré de saturation des tron-
çons entrants.
– Décalages : Une fois par cycle et pour chaque carrefour, les décalages entre car-
refours sont légèrement modifiés pour améliorer la somme des performances des
carrefours adjacents.
– Durée de cycle : Périodiquement et pour certains cycles, SCOOT modifie la durée
du cycle de quelques secondes, afin que le degré de saturation du chaînon le plus
chargé se rapproche de 90%.
SCOOT conduit à une réduction de 12% du temps moyen perdu par rapport à une
méthode basée sur des changements de plans de feux fixes [39]. Cependant, à cause du
manque de coordination entre les différentes zones gérées par SCOOT, il s’avère souvent
difficile de partager un réseau en différentes zones. De plus, les performances de SCOOT
se détériorent en situations saturées.
OPAC : Optimization Policies for Adaptative Control : OPAC a été développé par
[40]. Il s’agit d’une stratégie de commande des feux en temps réel adaptée à la demande
en utilisant l’optimisation par la programmation dynamique (DP). OPAC utilise un niveau
de contrôle locale pour minimiser le délai total de chaque intersection et ensuite une
synchronisation pour le réseau global [41].
20 Chap 1. Généralités
Bien qu’OPAC fonctionne acycliquement dans le niveau local, il utilise des cycles
virtuels pour maintenir la synchronisation du réseau au niveau global. La longueur du
cycle virtuel varie selon les besoins d’une intersection ou d’une majorité des intersections.
Il faut noter qu’OPAC souffre d’une exigence informatique énorme. La mise en œuvre
en temps réel de la stratégie OPAC est toujours limitée aux intersections isolées en raison
de la complexité de calcul pour un réseau.
Débit
Flux réel
Flux moyen
Objectifs de la thèse : Dans le cadre de notre travail, nous adoptons une stratégie diffé-
rente pour résoudre le problème de la modélisation et la régulation du trafic urbain par les
feux de signalisation. De point de vue de la modélisation, nous introduisons un nouveau
regard sur les systèmes de transport en proposant un premier travail sur la manière dont
les liens se tissent entre ces systèmes et la thermodynamique. Le point de vue dominant
est la considération des véhicules comme étant l’énergie fournie ou/et échangée entre les
intersections signalisées. Contrairement aux approches existantes, le modèle développé
se base sur la notion d’énergie au lieu du débit.
De point de vue de la régulation, nous nous intéressons essentiellement à un travail
en amont permettant d’éviter la congestion en forçant les files d’attente à ne pas dépasser
le niveau de trafic correspondant à l’optimum opérationnel des lignes. Pour ce faire, deux
approches sont utilisées, la théorie des systèmes dissipatifs et la synthèse H∞ .
L’idée qui a guidé notre choix a été d’appliquer des techniques et des formulations qui
ont prouvé une efficacité certaine dans des applications industrielles. Elles mettent en jeu
des grandeurs et des caractéristiques concrètes qui s’interprètent clairement comme une
interconnexion entre le système et son environnement. En outre, elles se conforment le
plus aux objectifs fixés pour notre investigation, à savoir, l’obtention de commandes pour
la régulation du réseau des carrefours permettant :
– la faisabilité en temps réel ;
– une flexibilité dans son utilisation ;
– une prise en compte des perturbations instantanées affectant le système.
CHAPITRE 2
MODÉLISATION
THERMODYNAMIQUE DES
RÉSEAUX DE TRANSPORT
2.1 Introduction
La complexité sans cesse croissante des systèmes de grande dimension, tels que les
réseaux de transport, a engendré un besoin grandissant d’outils et de méthodes pour la
modélisation et l’évaluation des performances de tels systèmes. Cette situation a motivé
de nombreux chercheurs à développer différentes techniques pour la modélisation des
systèmes de transport en fonction de la complexité du problème.
Les approches largement utilisées dans la modélisation des systèmes de transport sont
la théorie de files d’attente, l’approche de la mécanique des fluides, les automates cellu-
laires, les réseaux de Petri etc. Ces méthodes ont été mises au point au cours des dernières
décennies et ont été appliquées dans de nombreuses stratégies de contrôle de la signali-
sation routière. Cependant, bien que ces approches soient efficaces pour la modélisation
du trafic, elles sont souvent confrontées à la complexité du modèle obtenu. En effet, si le
réseau routier étudié est de grande taille, l’utilisation de ces méthodes devient rapidement
problématique et très coûteuse en terme de temps de calcul.
24 Chap 2. Modélisation thermodynamique des réseaux de transport
Dans ce chapitre, nous proposons une nouvelle approche pour la modélisation d’un
réseau de transport signalisé, qui, à notre connaissance, n’a pas encore été explorée. Nous
nous intéressons tout particulièrement au lien existant entre les systèmes de transport et les
systèmes thermodynamiques. En effet, en considérant les véhicules comme étant l’énergie
fournie au réseau de transport, nous pouvons considérer le réseau d’intersections comme
étant un système thermodynamique où il y a des échanges ou transferts de l’énergie (vé-
hicules) entre les sous-systèmes (intersections signalisées) qui transitent entre différents
états : stable (non congestionné), instable (congestionné) et en équilibre (fluide). Nous
pouvons ainsi, comme dans le cas thermodynamique, produire une régulation de la circu-
lation à partir d’énergie sous forme d’information (travail).
L’étude basée sur des concepts thermodynamiques permet d’ouvrir une nouvelle pers-
pective sur la dynamique et la gestion de flux de véhicules. En effet, l’approche énergé-
tique permet d’une part de modéliser les interactions entre différentes intersections rou-
tières et d’autre part, d’analyser l’énergie interne (véhicules) du système qui est l’un des
facteurs qui détermine l’état du trafic. De plus, elle permet d’étudier le problème de la
gestion dynamique basée sur un modèle de trafic qui a fait ses preuves en thermodyna-
mique.
Ce chapitre est organisé de la manière suivante : la première partie présente une brève
introduction aux systèmes thermodynamiques. La deuxième partie porte sur le lien étroit
qui existe entre les systèmes de transport et les systèmes thermodynamiques. Nous mon-
trons dans un premier temps, que certains concepts thermodynamiques tels que la tem-
pérature, la capacité thermique, l’équilibre thermique, trouvent leurs similitudes dans le
cadre des systèmes de transport. Ensuite, nous présentons la notion d’entropie du réseau
de transport qui sert à mesurer le degré de désordre d’un système. Ce concept d’entro-
pie représente le visage thermodynamique de notre système et prend source et forme à
partir de l’énergie (véhicules) échangée ou transférée entre les sous-systèmes. Avec cette
fonction, nous pouvons définir le sens de l’évolution du trafic. En effet, plus l’entropie
est grande plus le système est désordonné. Elle peut donc être considérée non seulement
comme un très bon moyen d’évaluer les performances du réseau de transport mais aussi,
comme une source d’information pour remettre de l’ordre dans le système.
2.2 Quelques notions sur les systèmes thermodynamiques 25
évolue car des échanges ont lieu, dans ce système s’il est composite et/ou entre ce système
et le milieu extérieur. L’énergie qui s’échange au cours de la transformation des systèmes
peut être sous deux formes :
1. l’énergie calorifique qui fait intervenir la chaleur ;
2. l’énergie mécanique qui prise au sens large, incluant toutes les autres formes d’éner-
gie connues, notamment le travail mécanique.
Dans ce chapitre, nous nous intéressons plus particulièrement à la chaleur. Générale-
ment, l’échange de chaleur est la conséquence d’une différence de température (des corps
chauds vers les corps froids). Les notions de chaleur et de température sont les plus fon-
damentales de la thermodynamique. En effet, on peut définir la thermodynamique comme
la science de tous les phénomènes qui dépendent de la température et de ses changements.
Chaleur et température
La définition précise de la température est difficile. Chacun a une connaissance in-
tuitive de la notion de température. Un corps est chaud ou froid, selon que sa température
est plus ou moins élevée. En effet, il existe plusieurs échelles de température : les de-
grés Celsius (°C), les degrés Fahrenheit (°F), etc. Si on prend le 0 °C, cette valeur ne fait
qu’indiquer le passage de l’eau de l’état liquide à l’état solide (c’est-à-dire que de l’eau
liquide va se transformer en glace). L’un des grands succès de la thermodynamique clas-
sique au dix neuvième siècle, est d’avoir donné une définition de la température absolue
d’un corps, qui a mené à la création de l’échelle kelvin. Celle-ci donne la température
minimale pour tous les corps : zéro kelvin, soit -273,15 °C. Il s’agit du zéro absolu, dont
le concept apparaît pour la première fois en 1702 avec le physicien français Guillaume
Amontons.
De l’autre côté, la chaleur est un transfert d’énergie qui ne découle pas du déplace-
ment du point d’application d’une force. Généralement, on considère que la chaleur est
également une énergie, ou précisément une forme d’énergie qu’on appelle alors "énergie
thermique". Un corps n’a pas une quantité de chaleur déterminée (contrairement à la tem-
pérature). Il perd ou gagne de la chaleur en fonction des corps avec lesquels il entre en
contact et en fonction du type d’expérience menée (on dira plutôt "transformation").
En général, si un système gagne de la chaleur du milieu extérieur, sa température aug-
mente, et la quantité de chaleur absorbée est proportionnelle à la variation de température,
2.2 Quelques notions sur les systèmes thermodynamiques 27
i.e.
∆T = E ∗ × Q
∆U = W + Q
où W est la partie de l’énergie qui correspond au travail échangé avec le milieu extérieur
et Q est la quantité d’énergie transférée par chaleur. En clair, pour que l’énergie d’un
système varie, il faut qu’il y ait un échange d’énergie entre celui-ci et le milieu extérieur.
Si le système ne fournit aucun travail avec le milieu extérieur, le premier principe peut
s’écrire :
∆U = Q
Le premier principe de la thermodynamique est aussi une loi générale pour toutes
les théories physiques (mécanique, électromagnétisme, physique nucléaire,...) On ne lui
a jamais trouvé la moindre exception, bien qu’il y ait eu des doutes parfois, notamment à
propos des désintégrations radioactives.
28 Chap 2. Modélisation thermodynamique des réseaux de transport
Donc, on a Z
dQ
dψ ≥ (2.1)
Ta
L’expression ainsi obtenue a été formulée par Clausius. On l’appelle encore inégalité de
Clausius. C’est une autre façon d’exprimer le second principe.
Une autre notion, directement liée à l’entropie, est son contraire la disentropie (en-
tropie négative ou force de cohésion qui s’oppose à la tendance naturelle à la désorga-
nisation des systèmes). La disentropie (non-entropie) trouve son origine dans les travaux
du physicien autrichien Erwin Schrödinger en 1944, est développée par les américains
Claude Shannon et Warren Weaver en 1948, puis par le français Léon Brillouin en 1956.
A l’inverse de l’entropie qui a une tendance naturelle à la désorganisation, la disentropie
peut-être assimilée comme une entropie à croissance négative ou une croissance disentro-
pique positive. La disentropie est considérée en physique des systèmes comme un facteur
d’organisation.
Ainsi, le deuxième principe de la thermodynamique peut aussi être représenté par une
inégalité faisant intervenir la disentropie
Z
dφ ≤ dQ × T a (2.2)
Notons tout de suite que dans cette équation, seuls sont explicités les termes correspondant
e
à des liens effectifs du système. En d’autres termes, les σi,j , rie et dei correspondant à des
liens inexistants n’apparaissent pas dans les équations.
Si l’on considère maintenant les n sous-systèmes, l’équation (2.4) peut s’écrire sous
la forme matricielle suivante :
sortie et le = [l1e , · · · , lne ]T représente tous les échanges d’énergie entre les sous-systèmes,
c’est à dire : n
X
lie = e
(σi,j e
− σj,i ), i ∈ {1, · · · , n} (2.6)
j=1,j6=i
où ψ(E) est l’entropie du système thermodynamique, Tia (k+1) est la température absolue
du i-ème sous-système à l’instant k + 1 et Qi (k) est l’énergie échangée par le i-ème sous-
système avec le milieu extérieur :
En se basant sur cette inégalité, Haddad a formulé l’entropie du système comme suit :
T1a
ψi (E1 ) − ψi (E2 ) = Ei∗ ln , (2.9)
T2a
Ei
Or Tia = τ + Ti et Ti = Ei∗
, il vient aussitôt que :
E1
τ+ Ei∗
ψi (E1 ) − ψi (E2 ) = Ei∗ ln E2
, ∀i ∈ {1, · · · , n} (2.10)
τ+ Ei∗
2.3 Sur la représentation mathématique des systèmes thermodynamiques 33
Remarque 2.1 Pour un système isolé, i.,e, Qi (k) = 0, ∀i ∈ {1, · · · , n}, l’inégalité (2.7)
montre que ψ(E(k + 1)) ≥ ψ(E(k)). Ceci montre que l’entropie définie par (2.8) est une
fonction croissante pour un système isolé. Ce qui traduit exactement le deuxième principe
de la thermodynamique (l’entropie d’un système isolé ne peut pas diminuer). Néanmoins,
la diminution d’entropie d’un système non isolé est possible si l’augmentation de l’entro-
pie du milieu extérieur fait plus que compenser la diminution d’entropie de ce système.
Le bilan entropique reste alors conforme à la deuxième loi de la thermodynamique et se
traduit par une augmentation globale de l’entropie, assimilée à une création d’entropie qui
est donc la caractéristique de toutes les transformations réelles. I
Remarque 2.2 Pour un système isolé, i.,e, Qi (k) = 0, ∀i ∈ {1, · · · , n}, l’inégalité (2.15)
montre que φ(E(k + 1)) ≤ φ(E(k)). Ceci montre que la disentropie est une fonction
décroissante pour un système isolé. Par conséquent, l’entropie augmente si et seulement
si la disentropie diminue. Ceci montre la dualité entre l’entropie (mesure du désordre) et
la disentropie (mesure de l’ordre). I
Dans la section suivante, nous allons voir comment les liens se tissent entre les sys-
tèmes de transport et la thermodynamique. Pour cela, plusieurs paramètres et principes
thermodynamique vont trouvé leurs parallèles dans le cadre des systèmes de transport.
entre les voies ou quittent le tronçon vers l’extérieur. Ainsi, si nous effectuons une projec-
tion de la figure 2.2 sur la figure 2.1, nous pouvons considérer le tronçon i comme étant
un compartiment dont l’énergie stockée est représentée par le nombre des véhicules sur
le tronçon. Ainsi, les véhicules sont équivalents à l’énergie et les tronçons à des compar-
timents dans le contexte thermodynamique.
Ceci fait, nous allons voir dans la suite comment le concept de la température en ther-
modynamiques peut être introduit dans le contexte de transport. Pour ce faire, remarquons
d’abord que chaque tronçon a une longueur fixe. Il s’ensuit que chaque tronçon i admet
une certaine capacité x∗i à contenir les véhicules. Par conséquent, la capacité x∗i s’appa-
rente à la capacité thermique Ei∗ . Ainsi, si nous définissons le taux d’occupation d’une
voie comme la proportion entre le nombre des véhicules sur le tronçon et sa capacité,
c’est à dire :
xi
fi = , i ∈ {1, · · · , n} (2.17)
x∗i
nous pouvons considérer le taux d’occupation de la voie comme étant la température
Ti = Ei /Ei∗ dans le contexte thermodynamique. En résumé, le tableau 2.1 montre les
correspondances des concepts de base entre les systèmes de transport et les systèmes
thermodynamiques.
Ainsi, la prise en compte de l’ensemble des ces caractéristiques thermodynamiques
du réseau de carrefours justifie le modèle mathématique suivant du i-ième tronçon entre
l’instant k et k + 1 :
où
36 Chap 2. Modélisation thermodynamique des réseaux de transport
Théorème 2.1 Soit , [1, · · · , 1]T le vecteur dont toutes les composantes sont égales à
1. Définissons :
U , T x (2.20)
Il vient alors :
∆U (k) − Q(k) = T l
38 Chap 2. Modélisation thermodynamique des réseaux de transport
=0
ce qui montre que le réseau de transport est conservatif par rapport à la fonction de sto-
ckage U , T x et la fonction d’approvisionnement Γ(u, y) = T u(k) − T y(k). Ceci
implique (voir [56]) que :
où
k−1
X
Ua (x0 ) = sup T u(j) − T y(j) (2.24)
u
j=k0
0 −1
kX
T T
Ur (x0 ) = inf u(k) − y(k) ; k ≥ 1 − k0 (2.25)
u
−k
Ua (x0 ) est la quantité maximale de véhicules stockées qui peut être extraite du réseau de
transport à chaque instant k. Ur (x0 ) est la quantité minimale de véhicule qui peut être
délivrée au réseau pour le transférer à partir de l’état x(−k) = 0 à l’état x(k0 ) = x0 . Il
en résulte à partir de (2.23) que le réseau de transport est capable de délivrer à l’extérieur
tous les véhicules stockés en son sein et peut stocker tous les véhicules échangés entre ses
sous-systèmes.
2.5 Entropie du transport 39
∆U (k) = −T d ≤ 0
Ceci montre que l’état d’équilibre x = 0 est stable au sens de Lyapunov et U (k) (le
nombre total des véhicules à l’intérieur du réseau de transport) est une fonction de Lya-
punov pour le système.
modynamique, un ordre élevé signifie une plus grande capacité de réaliser un travail,
ce qui se traduit par une grande différence de températures entre les sous-systèmes. Par
exemple, dans un système thermodynamique composé de deux sous-systèmes comme le
montre la figure 2.3, si la plupart de l’énergie se concentre sur un seul sous-système pour
générer un gradient de température, l’énergie du sous-système le plus chaud aura le po-
tentiel de se déplacer vers celui le plus froid. Ainsi, la quantité d’énergie potentielle de
la transmission est également déterminée par la différence de température. Ce potentiel
correspond à la capacité du système d’effectuer un travail. Dans ce cas, le système est
dans une organisation élevé. D’autre part, si l’énergie est répartie uniformément dans ces
deux sous-systèmes de sorte qu’ils partagent la même température, il n’y aura pas de
mouvements d’énergie potentielle. Dans ce cas, le système est considéré comme étant
mal organisé.
Ainsi, l’entropie d’un système thermodynamique est maximale quand la température
est identique en tout point. De même, si on verse un liquide colorant dans un verre
d’eau, l’entropie du système coloré sera maximale quand, suite au mélange, la couleur
du contenu sera devenue uniforme.
système. Pour un système thermodynamique isolé sans apport d’énergie, le désordre (en-
tropie) augmente jusqu’à ce que le système atteigne l’équilibre. Au contraire, si, à un
moment donné, le système de transport ne possède pas d’entrée de véhicules, le système
dissipe les véhicules existants, et par conséquent devient mieux organisé.
En résumé, les notions de l’ordre et du désordre dans les deux systèmes sont oppo-
sées. Ceci signifie que l’ordre thermodynamique (mesuré par la disentropie) correspond
au désordre dans le contexte du transport. En d’autres termes, l’entropie du transport
correspond à la disentropie thermodynamique. Ce qui nous permet d’écrire :
1
ψ(x) , xT P x, Entropie du transport (2.26)
2
φ(x) , x∗ T ln(τ + P x) − T x∗ ln τ, Disentropie du transport (2.27)
Traffic Flow
Traffic Density
Ainsi, dans ce cas nous avons ψ(x(k2 )) = xT (k2 )P x(k2 ) ≤ ψ(x(k1 )) = xT (k1 )P x(k1 )
car 0 ≤ x(k2 ) ≤ x(k1 ). Par conséquent, l’entropie peut être considérée comme une me-
sure de la tendance du système à perdre son désordre.
Dans le cas général, la réponse à la question peut être donnée par la théorie de la ma-
jorisation qui a été introduite par Hardy, Littlewood et Polya [57]. C’est une formalisation
de la notion de la diversité dans les composantes des vecteurs. Au cours des dernières
décennies, cette théorie a trouvé des applications dans plusieurs disciplines comme les
statistiques, la théorie des probabilités, l’économie, la génétique mathématiques, la mé-
canique quantique, l’algèbre linéaire et la géométrie. Pour plus de détails, les lecteurs
peuvent se référer à l’excellent livre sur le sujet de Marshall [58] .
En mathématiques, on désigne par majorisation un certain préordre sur les éléments
de l’espace vectoriel Rn . Pour un vecteur x = (x1 , · · · , xn )T ∈ Rn , on note x↓ =
(x[1] , · · · , x[n] )T le vecteur de Rn qui a les mêmes composantes, mais ordonnées en ordre
décroissant, c’est-à-dire,
x[1] ≥ x[2] ≥ · · · ≥ x[n]
Par exemple, pour x = (2, 5, 1, 9), on a x↓ = (9, 5, 2, 1).
Définition 2.1 Soient x et y deux vecteurs de Rn . On dit que x est faiblement majoré par
y et on note x ≺f m y si :
r
X r
X
x↓[i] ≤ ↓
y[i] , ∀r = 1, · · · , n (2.28)
1 1
c’est-à-dire,
x[1] ≤ y[1]
x[1] + x[2] ≤ y[1] + y[2]
..
.
X n Xn
x[i] ≤ y[i]
1 1
Pn Pn
Si de plus 1 x[i] = 1 y[i] , alors on dit que x est majoré par y et on note x ≺m y. I
Il est clair que si x ≤ y, alors x est faiblement majoré par y. Ainsi, la définition 2.1
inclut le cas mentionné plus haut. En plus, la majorisation ne dépend pas de l’ordre des
composantes des deux vecteurs, et ce n’est donc pas une relation d’ordre, malgré son nom
puisque x f m y et y f m x n’implique pas que x = y, mais seulement que x↓ = y ↓ .
Le concept de la majorisation fournit une procédure de calcul simple et évidente pour
la comparaison de deux vecteurs, mais il offre peu de lumière sur le sens de l’ordre. Une
approche plus pratique est donnée par les matrices dites doublement sous-stochastique et
les fonctions convexes.
Pn Pn
Si de plus j=1 Λij = i=1 Λij = 1, Λ est dite doublement stochastique. I
Pour introduire ce que nous allons faire, rappelons tout d’abord la définition des fonc-
tions convexes.
Dans le travail déjà cité [57], Hardy, Littlewood et Polya ont démontré le résultat
suivant qui donne une caractérisation de la notion de majorisation.
2.5 Entropie du transport 45
Lemme 2.1 Soient x ∈ Rn+ et y ∈ Rn+ deux vecteurs positifs. Alors les trois conditions
suivantes sont équivalentes :
1. x ≺f m y, (x est faiblement majoré par y)
2. il existe une matrice doublement sous-stochastique Λ telle que x = Λy
3. quelle que soit la fonction convexe croissante Θ définie dans R, on a
n
X n
X
Θ(xi ) ≤ Θ(yi )
i=1 i=1
Si de plus x ≺m y (x est majoré par y), alors Λ est une matrice doublement stochastique
et Θ une fonction convexe.
Or,
n n
X x2i
X
ψ(x) = xT P x = = ψi (xi )
x∗
i=1 i i=1
ce qui implique que ψ(x(k2 )) ≤ ψ(x(k1 )). Nous en déduisons qu’une faible entropie
correspondant à la distribution la plus uniforme des véhicules dans le réseau.
Inversement, si pour k2 ≥ k1 nous avons ψ(x(k2 )) ≤ ψ(x(k1 )), alors d’après le lemme
x(k2 ) est faiblement majoré par x(k1 ). Par conséquent, x(k2 ) représente une distribution
plus uniforme des véhicules dans le réseau que x(k1 ). Ainsi, aucune concentration parti-
culière de véhicules n’existe dans un tronçon du réseau à l’instant k2 et par suite, l’ordre
émanant de la distribution x(k2 ) est plus grand que celui de x(k1 ).
En conclusion, il devient maintenant clair que l’entropie de transport ψ(x) est une me-
sure appropriée du désordre du système. En effet, une faible entropie de transport (faible
désordre) correspond à une distribution plus uniforme des véhicules dans le réseau. Il
s’ensuit alors une faible concentration de la circulation, et par conséquent (diagramme
fondamental) une augmentation de la vitesse de circulation des véhicules puisque la vi-
tesse est inversement reliée à la concentration et donc une meilleure organisation du réseau
de transport. Ainsi, l’entropie ψ(x) peut donc être considérée non seulement comme un
très bon moyen d’évaluer les performances du réseau de transport mais aussi, une source
d’information pour remettre de l’ordre dans le système.
Puisque la température s’apparente au taux d’occupation des voies d’un réseau de car-
refours, ce concept d’équilibre thermique peut être facilement introduit dans le contexte
du transport pour désigner l’état lorsque les taux d’occupation de toutes les voies de cir-
culation sont les mêmes. Cet état est appelé l’équilibre du taux d’occupation dans ce
chapitre. Il est désigné par l’expression suivante :
x̄1 x̄n
∗
= · · · = ∗ = f¯i = constante (2.29)
x1 xn
Théorème 2.2 Supposons que le réseau de transport soit isolé. Soit alors N le nombre
total des véhicules dans le réseau. Soient ψ et φ l’entropie et la disentropie du système
réspectivement. Définissons l’ensemble D par D = {x ∈ R+ /T x = N }. Alors :
N
arg min ψ(x) = arg max φ(x) = x̄ = x∗
x∈D x∈D T x∗
et
N2
min ψ(x) = ψ(x̄) =
x∈D 2T x∗
N
max φ(x) = φ(x̄) = x ln τ + T ∗ − T x∗ ln τ
T ∗
x∈D x
Preuve: L’existence et l’unicité de la solution x̄ vient du fait que ψ(x) ainsi que −φ(x)
sont des fonctions convexes et D est un ensemble compact. Il s’agit maintenant de connaître
la valeur minimale de la fonction ψ(x) sur l’ensemble D, c’est-à-dire :
1
min ψ(x) = xT P x
2
sous la contrainte T x = N
48 Chap 2. Modélisation thermodynamique des réseaux de transport
Pour résoudre ce problème, nous allons appliquer les conditions de Kuhn et Tucker
(voir chapitre 4). En effet, soit le Lagrangien J :
1
J(x, λ) = xT P x − λ(T x − N })
2
Alors, si x̄ est la solution recherchée, il existe un scalaire λ̄ ∈ R tel que :
∂J
= x̄T P + λ̄T = 0, (2.30)
∂x
∂J
= T x̄ − N = 0 (2.31)
∂λ
Ainsi, à partire de (2.30) on a x̄ = −λ̄P −1 . On en déduit à partir de (2.31) λ̄ = N
T P −1
,
∂2J
ce qui implique x̄ = N
T x∗
x∗ . Or, la matrice Hessienne de J est ∂x2
= P qui est définie
positive. Donc le point x̄ est un minimum de ψ(x).
De la même manière, pour connaître la valeur maximale de la fonction disentropie
φ(E) = ni=1 x∗i ln(τ + xx∗i ) − x∗i ln τ sur l’ensemble D, on définit le Lagrangien J :
P
i
n
X xi
J(x, λ) = x∗i ln(τ + ∗
) − x∗i ln τ − λ(T x − N })
i=1
xi
∂J
= T x̄ − N = 0 (2.33)
∂λ
Il vient à partir de (2.32) que :
1
λ̄ = − , ∀i = 1, · · · , n
τ + xx̄∗i
i
Si λ̄ = 0, alors la seule valeur possible de x̄ = +∞, ce qui viole le fait que T x = N pour
une valeur finie de N . Ainsi, λ̄ 6= 0 si bien que : x̄i = −(λ̄ + τ )x∗i , ∀i = 1, · · · , n, ce qui
implique x̄ = −(λ̄ + τ )x∗ . Ainsi, l’équation (2.33) donne :
N
λ̄ = − −τ
T x∗
2.5 Entropie du transport 49
d’où x̄ = N
T x∗
x∗ . Or, la matrice Hessienne de J est :
1 ..
− 2 0 . 0
x̄
x∗1 (τ + x∗1
1
1
2
0 − 2 0 ···
∂ J
x∗2
x̄
(τ + x∗2
=
2 2
∂x
.. ...
. ··· 0
1
0 ··· 0 − 2
x∗1 (τ + x̄
x∗
n
n
qui est définie négative. Donc le point x̄ est un maximum de φ(x). Finalement, on en
déduit que
N
arg min ψ(x) = arg max φ(x) = x̄ = x∗
x∈D x∈D T x∗
et
N2
min ψ(x) = ψ(x̄) = T ∗ (2.34)
x∈D 2 x
N
max φ(x) = φ(x̄) = T x∗ ln τ + T ∗ − T x∗ ln τ (2.35)
x∈D x
Il vient immédiatement à partir du théorème (2.2) que l’équilibre pour lequel le désordre
(résp, l’ordre) est minimal (réps, maximal) quand le système est en équilibre du taux d’oc-
cupation. En effet, il est clair que x̄ = TN ∗ x∗ implique x̄∗i = TN ∗ = f¯i = constante, ∀i =
x xi x
1, · · · , n. Ainsi, pour que le réseau du transport soit bien organisé, toute stratégie de
contrôle de signalisation doit avoir comme objectif essentiel la réalisation de l’équilibre
du taux d’occupation.
Par ailleurs, puisque T x = N , il vient à partir de (2.34)
n n−1 n
N2 1 X x2i 1 X X (x∗j xi − x∗i xj )2
ψ(x̄) = T ∗ = − T ∗
2 x 2 i=1 x∗i 2 x i=1 j=i+1 x∗i x∗j
n−1 n
1 T 1 X X (x∗j xi − x∗i xj )2
= x Px − T ∗
2 2 x i=1 j=i+1 x∗i x∗j
n−1 n
1 X X (x∗j xi − x∗i xj )2
= ψ(x) − T ∗
2 x i=1 j=i+1 x∗i x∗j
(2.36)
50 Chap 2. Modélisation thermodynamique des réseaux de transport
Ainsi, si x = x̄ alors x∗j x̄i −x∗i x̄j = 0. Nous en déduisons que l’entropie (le désordre) pour
un système isolé diminue jusqu’à ce que l’équilibre du taux d’occupation soit atteint. De
la même manière on montre que la disentropie (l’ordre) pour un système isolé augmente
jusqu’à ce que l’équilibre du taux d’occupation soit atteint.
2.6 Conclusion
La thermodynamique est une branche de la physique et de la chimie liée à l’étude du
comportement thermique des corps, à l’étude de l’énergie et de ses transformations (en
particulier de l’énergie interne). Bien que sa puissance dans différents domaines indus-
triels n’est plus à démontrer, aucun travail, à notre connaissance, n’a été élaboré pour son
utilisation dans la régulation du trafic.
Le but de ce chapitre était donc de proposer un premier travail sur la manière dont les
liens se tissent entre les systèmes de transport et la thermodynamique. Pour cela, plusieurs
paramètres et principes thermodynamiques ont trouvé leurs parallèles dans le cadre des
systèmes de transport tels que la température (taux d’occupation de la voie), la capacité
thermique (capacité de la voie), l’équilibre thermique (l’équilibre du taux d’occupation),
le premier principe de la thermodynamique (loi de conservation des véhicules) et les no-
tions d’entropie et disentropie. Le point de vue dominant est l’assimilation des véhicules
à l’énergie fournie ou/et échangée entre les intersections signalisées. Contrairement aux
approches existantes, le modèle développé se base sur la notion d’énergie au lieu du débit.
L’avantages majeur du choix énergétique est qu’il fait apparaître sur le modèle le
nombre de véhicules présents sur les segments de route comme variable d’état, ce qui per-
met de suivre les modifications de l’infrastructure routière dues à des situations nouvelles
sans avoir à reprendre les démarches de modélisation depuis le début. En outre, il permet
de décrire explicitement les phénomènes qui gouvernent le trafic tel que le phénomène de
congestion qui est facilement représenté par l’augmentation de l’entropie (désordre).
Cependant, bien que les systèmes thermodynamiques et les réseaux de transport puissent
être similaires, le second principe de la thermodynamique n’est pas applicable dans le
contexte du transport. La raison en est que la propagation des véhicules est déterminée
par la volonté des conducteurs et aucune règle n’existe pour obliger les véhicules de se
déplacer seulement des voies les plus chargées vers celles les moins chargées (comme le
principe de la propagation de la température). En outre, les notions de l’ordre et désordre
2.6 Conclusion 51
dans les deux systèmes sont opposées. Ceci signifie que l’ordre thermodynamique (me-
suré par la disentropie) correspond au désordre (mesuré par l’entropie) dans le contexte
du transport. Cette entropie du transport est liée à la densité de la circulation ce qui lui
confère une légitimité de son utilisation. En effet, non seulement elle peut être considérée
comme un moyen pour la compréhension des phénomènes du trafic, mais aussi comme
un outil d’évaluation pour avoir une idée rapide sur l’évolution du trafic surtout lorsqu’il
s’agit de traiter des réseaux de grande taille. Un autre avantage à souligner de l’utilisation
de l’entropie se situe au niveau de la commande du trafic. En effet, puisque l’entropie me-
sure le désordre dans le système, elle peut être considérée comme un outil de régulation
car sa diminution fournit un moyen de réduire le désordre et donc de rendre le système
mieux organisé. Ceci est l’un des objectifs du chapitre suivant.
52 Chap 2. Modélisation thermodynamique des réseaux de transport
CHAPITRE 3
3.1 Introduction
L’objectif principal de contrôle et de régulation des systèmes de transport est de main-
tenir un trafic plus fluide afin d’assurer une meilleure qualité de service. Les feux de
signalisation représentent dans cette optique, le moyen le plus important pour réguler les
réseaux de carrefours. Néanmoins, la conception d’une commande nécessite de dispo-
ser d’un modèle et d’un représentant (critère) afin de préciser les objectifs par rapport
auxquels la commande est définie.
Dans le chapitre précédent, nous avons vu que l’entropie du transport représente le
visage thermodynamique du système et prend source et forme à partir de l’énergie (véhi-
cules) échangée ou transférée entre les sous-systèmes. Avec cette fonction, nous pouvons
définir le sens de l’évolution du trafic. En effet, plus l’entropie est grande plus le sys-
tème est désordonné. Elle peut donc être considérée non seulement comme un très bon
représentant pour évaluer les performances du réseau de transport mais aussi, comme une
source d’information pour remettre de l’ordre dans le système.
Dans ce chapitre, nous nous intéressons essentiellement à l’apport que pourrait avoir
l’implication de la théorie des systèmes dissipatifs dans le cadre des systèmes de transport.
54 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
Les systèmes dissipatifs sont des systèmes qui ne peuvent pas stocker toute l’énergie
échangée avec l’environnement extérieur. Autrement dit, ils dissipent partiellement ou
totalement l’énergie absorbée. Cette théorie joue un rôle très important dans l’analyse des
propriétés et la commande des systèmes physiques et a donné lieu à plusieurs résultats
importants dans les domaines de la thermodynamique, de l’électronique, de la mécanique,
etc.
L’idée fondamentale de notre approche est de faire le lien entre la théorie des systèmes
dissipatifs et les systèmes des carrefours signalisés. En effet, comme nous l’avons vu au
chapitre 2, l’entropie peut être vue comme étant le désordre stocké dans le réseau. Les feux
de signalisation peuvent alors être considérés comme des vannes dissipant ce désordre.
Dans le cas des carrefours congestionnés par exemple, ce concept se traduit par le
fait que l’énergie stockée (véhicules en files d’attente) est beaucoup plus importante que
l’énergie dissipée (véhicules sortants). Ce constat nous amène donc à réfléchir sur des
commandes permettant de dissiper cette énergie (désordre) stockée. C’est précisément
là où se situe l’intérêt d’utiliser la théorie des systèmes dissipatifs. En effet, cette théorie
offre des outils qui permettent de moduler par rétroaction l’énergie physique de façon à ce
que cette énergie soit utilisable comme fonction de Lyapunov à des fins de commande et
de stabilisation. Ces développements ont conduit à ce qu’on appelle parfois dissipativity-
based control, ou commande dissipative. C’est une stratégie qui consiste à trouver un
contrôleur qui transforme un système non-dissipatif, comme dans le cas des carrefours
congestionnés, en un système dissipatif. De cette manière, le système sera mieux organisé.
Cependant, le fonctionnement des systèmes de transport imposent souvent des incer-
titudes et des contraintes de type inégalité sur les variables de commande et de l’état du
modèle considéré. De ce fait, synthétiser une loi de commande dissipative pour les sys-
tèmes de transport nécessite la prise en compte de ces contraintes.
Notre contribution dans ce chapitre consiste à fournir des solutions au problème de la
dissipativité avec contraintes sur l’état et la commande pour les systèmes de transport, qui
soient aussi simples que possible à mettre en œuvre en temps réel. L’approche utilisée vise
à appliquer les techniques des Inégalités Matricielles Linéaires (LMI). Leur succès vient
du développement des méthodes dites du point intérieur (interior point methods) qui per-
mettent d’apporter des solutions intéressantes par la manipulation des contraintes de fa-
çon systématique. La mise en évidence de l’approche LMI a ouvert des possibilités telles
qu’il est devenu possible d’aborder des problèmes d’analyse et/ou de commande jusque
3.2 Rappels mathématiques et résultats préliminaires 55
Rn+ = {x ∈ Rn , x ≥ 0}
Rn+∗ = {x ∈ Rn , x > 0}
56 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
De la même façon, nous définissons les relations > et ≥ pour les matrices (m × n) :
– A > B ⇔ ∀(i, j), aij > bij
– A ≥ B ⇔ ∀(i, j), aij ≥ bij
Nous définissons donc les matrices :
– A est non-négative, i.e., A ≥ 0
– A est positif, i.e., A > 0
Clairement : A > 0 ⇒ A ≥ 0.
L’espace vectoriel Rn muni de la relation d’ordre partiel ≥ est un espace de Riesz
[59], c’est-à-dire pour tout couple (x, y) d’éléments de Rn ,
– sup(x, y) existe (le plus petit des majorants de {x, y}
– inf(x, y) existe (le plus grand des minorants de {x, y}
Définissons maintenant pour tout x ∈ Rn :
x = x+ − x− ; |x| = x+ + x− (3.1)
x=u−v
x+ = u − v ≤ u, car u, v ≥ 0
3.2 Rappels mathématiques et résultats préliminaires 57
et si u ≤ v, alors :
x+ = v − v = 0 ≤ u
A+ = (A+
ij ); où A+
ij = sup(Aij , 0)
A− = (A−
ij ); où A−
ij = − inf(Aij , 0)
A+ ≥ 0; A− ≥ 0; A = A+ − A − ; |A| = A+ + A− (3.2)
En nous servant du lemme 3.1, nous pouvons aisément établir le lemme suivant :
Posons :
u = A+ x + + A − x − , v = A+ x − + A− x +
Théorème 3.1 (Hennet [60]) Une condition nécessaire et suffisante pour que Q ⊆ P est
qu’il existe une matrice K ∈ Rp×q telle que :
Kij ≥ 0; ∀i = 1 · · · p, j = 1···q
KQ = P
Kλ ≤ β
Une propriété remarquable des LMIs est la possibilité de regrouper plusieurs LMIs
F 1 (x) 0, · · · , F q (x) 0 en une seule LMI bloc-diagonale :
F 1 (x)
F (x) =
..
0
.
q
F (x)
3.3 Définition des systèmes discrets dissipatifs 59
Cette propriété découle du fait que les valeurs propres d’une matrice diagonale par blocs
sont constituées par les valeurs propres des matrices de la diagonale.
Définition 3.1 Le complément de Schur du bloc Q(x) de la matrice F (x) est la matrice :
Lemme 3.3 ([61]) On suppose que Q(x) est définie positive (respectivement semi-définie
positive).
– F (x) 0 si et seulement si R(x) − S(x)Q−1 (x)S T (x) 0.
– F (x) 0 si et seulement si R(x) − S(x)Q−1 (x)S T (x) 0.
Remarquons à partir de ce lemme que R(x) 0 est une condition nécessaire pour que
F (x) 0. Pour le montrer, il suffit de remarquer que :
" #
R S y
(y T , z T ) T = y T Ry + 2y T Sz + z T Qz 0
S Q z
implique, en posant z = 0 , y T Ry 0.
Autrement dit, toute augmentation de l’énergie stockée est seulement due à l’environne-
ment extérieur. Cette remarque implique l’existence de deux types de fonctions d’éner-
gies : la fonction d’approvisionnement représentant l’énergie injectée au système et la
fonction de stockage représentant l’énergie stockée dans le système.
L’interaction entre la théorie des systèmes dissipatifs et les systèmes dynamiques ne
remonte pas assez loin dans le passé. La présentation de la chronologie des résultats per-
met de réaliser à quel point cette théorie est récente. En effet, dans [62], en étudiant les
phénomènes de dissipation dans les circuits électriques, Zames semble être le premier à
étudier les systèmes dissipatifs sans qu’ils aient été encore nommés. Plus tard, dans [63],
Willems, sous une écriture condensée, a repris ce travail en introduisant pour la première
fois les notions d’énergies d’approvisionnement et de stockage. L’objectif de l’étude était
de faire l’interconnexion entre les systèmes dissipatifs et la théorie de la commande. Une
première application de cette théorie a été mise en évidence par Popov [64] pour la syn-
thèse d’une loi de commande pour les systèmes Lury Postnikov. L’objectif de la com-
mande était la stabilisation absolue de ce type de système. Plus récemment, ce principe
a été largement exploité d’une manière implicite ou explicite pour de nouveaux dévelop-
pements en matière de stabilité et de stabilisation. On consultera avec profit l’ouvrage de
Brogliato [65] qui présente une excellente introduction sur ce sujet.
Dans la suite, les définitions et les notations utilisées sont présentées de la façon la
plus générale, dans le but de montrer le principe de la dissipation. Des spécialisations
sont apportées chaque fois que cela est opportun.
On s’intéresse aux systèmes discrets non linéaires affines par rapport à la commande
définis par l’équation suivante :
x(k + 1) = f (x(k)) + g(x(k))u(k),
(3.5)
y(k) = h(x(k), u(k)),
où x ∈ Rn et u, y ∈ Rm sont l’état, l’entrée et la sortie du système respectivement.
f : Rn → Rn , h : Rn → Rm et g : Rn → Rn×m sont supposées continues avec f (0) = 0.
Supposons donnée une fonction S(·) définie sur Rm × Rm , S est une fonction de u et
de y et S(0, 0) = 0. Cette fonction est appelée taux d’approvisionnement. Notons que
seules l’entrée et la sortie sont utilisées pour formuler la fonction d’approvisionnement.
Ceci est cohérent avec la logique physique de cette formulation. En effet, pour la plupart
des systèmes physiques, la fonction S(·) représente la quantité d’énergie fournie au sys-
tème. Par exemple, dans le cas des réseaux électriques, en appliquant un potentiel v aux
3.3 Définition des systèmes discrets dissipatifs 61
bornes on obtient un courant i. La quantité d’énergie fournie se traduit alors dans ce cas
par la puissance électrique donnée par P = vi.
Il va sans dire que cette énergie doit être définie par une limitation pratique, à savoir,
elle doit être finie. C’est pourquoi, dans la suite, nous supposons que pour tout u ∈ Rm
et pout tout x(0) ∈ Rn , la sortie y(k) du système (3.5) doit être telle que S(y(k), u(k))
vérifie :
k
X
S(y(i), u(i)) < ∞, ∀k ≥ 0.
i=0
En termes plus précis, la somme de la fonction S(y(k), u(k)) sur un intervalle de temps
borné doit être finie.
Définition 3.2 Le système (3.5) est dit dissipatif par rapport au taux d’approvisionne-
ment S(y, u), s’il existe une fonction non-négative V : Rn −→ R, avec V (0) = 0,
appelée fonction de stockage, telle que pour tout u ∈ Rm et pour tout k ∈ N :
Cette équivalence peut être démontrée comme suit : (3.6)⇒ (3.7) est triviale. Inversement,
puisque (3.7) est satisfaite pout tout k, pour tout u ∈ Rm et pout tout état initial x(0) =
x ∈ Rn , posons x(0) = x = x(j), y(0) = y(j), u(0) = u(j) et k = j, on déduit à partir
de (3.7)
V (x(j + 1)) − V (x(j)) ≤ S(y(j), u(j)); ∀j, u(j).
ce qui est exactement (3.6).
L’inégalité (3.7) est appelée inégalité de dissipation. Elle signifie que la quantité
d’énergie stockée dans un intervalle de temps n’est jamais supérieure à l’énergie totale
fournie durant cette période. Autrement dit, un système dissipatif ne peut stocker plus
d’énergie que l’environnement extérieur lui fournit.
Remarque 3.1 Il est important de noter que, malgré qu’initialement, le concept de la
dissipation a été motivé par l’étude de l’énergie, les définitions et les résultats qui en
découlent restent valables même si aucune interprétation de l’énergie n’est donnée. I
62 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
soit dissipatif. Autrement dit, le système transformé (3.8) vérifie l’inégalité de dissipation
suivante :
V f (x) + g(x)α(x, v) − V (x) ≤ S(α(x), y). (3.9)
n
X
– li (k)= (σi,j (k) − σj,i (k)) les échanges de véhicules entre le tronçon i et les
j=1,j6=i
tronçons j.
Xn
– σi,j , le flux de véhicules entrants dans le tronçon i depuis les tronçons j.
j=1,j6=i
X n
– σj,i , le flux de véhicules sortants du tronçon i vers les tronçons j.
j=1,j6=i
Rappelons que σi,j = 0, dj = 0 si et seulement si xj = 0. Cette contrainte implique que si
le nombre de véhicules du sous-système j est égal à zéro, alors ce sous-système ne peut
pas fournir des véhicules à son environnement.
L’utilisation de la commande dissipative pour les systèmes de transport n’est pas sys-
tématique. Elle nécessite donc un travail d’adaptation afin de pouvoir l’appliquer à notre
système. En effet, la théorie des systèmes dissipatifs nécessite de définir clairement les
deux points suivants :
– Les énergies d’approvisionnement et de stockage.
– Le domaine de commande admissible.
Les énergies d’approvisionnement et de stockage précisent les objectifs par rapport aux-
quels la commande est définie. Le domaine de commande admissible est le sous-ensemble
de l’espace de commande dans lequel une commande est à rechercher.
Energie de stockage : Dans le chapitre précédent, nous avons vu que l’entropie ψ(x) =
T
x P x est une mesure du désordre dans le réseau de transport. Ce désordre est provoqué
par l’accumulation des véhicules dans les voies. Ces dernières stockent une partie des
véhicules en files d’attente et en dissipent d’autres par les feux de signalisation. Ainsi,
l’entropie est un représentant idéal pour la fonction de stockage.
Définition 3.3 Le système de transport (3.10) est dissipatif par rapport au taux d’appro-
visionnement S(k) et la fonction de stockage ψ(x) si et seulement si :
Ainsi, la dissipativité par rapport au taux d’approvisionnement S(k) implique que la quan-
tité du désordre stockée pendant un cycle n’est jamais supérieure au désordre fourni par
le milieu extérieur durant ce cycle. Autrement dit, un système de transport dissipatif a une
tendance à diminuer son désordre et par conséquent, devient mieux organisé.
Soulignons tout de suite que le système de transport (3.10) n’est pas dissipatif par
rapport au taux d’approvisionnement S(k). En effet, observons d’abord que la différence
totale de l’entropie ψ(x) le long de la trajectoire du système est donnée par :
1 1
∆ψ(x(k)) = xT (k + 1)P x(k + 1) − xT (k)P x(k)
2 2
T
= x (k + 1)P x(k + 1) − x(k) − l(k)
1 T
− x(k + 1) − x(k) P x(k + 1) − x(k) + xT (k + 1)P l(k)
2
Or, x(k + 1) − x(k) − l(k) = r(k) − d(k) et S(k) = xT (k + 1)P r(k), il vient :
T 1 T
∆ψ(x(k)) = S(k) − x (k + 1)P d(k) − x(k + 1) − x(k) P x(k + 1) − x(k)
2
+ xT (k + 1)P l(k)
66 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
Comme la matrice P est définie positive et l’état x(k) ainsi que d(k) sont positifs, il
s’ensuit :
1 T
− x(k + 1) − x(k) P x(k + 1) − x(k) ≤ 0; −xT (k + 1)P d(k) ≤ 0
2
On en déduit alors :
∆ψ(x(k)) ≤ S(k) + xT (k + 1)P l(k) (3.13)
Pour simplifier les équations, posons g(x(k)) = xT (k + 1)P l(k). Puisque :
n
X
li (k) = (σi,j (k) − σj,i (k))
j=1,j6=i
il vient :
n n n
X xi (k + 1)li (k) X X xi (k + 1)(σi,j (k) − σj,i (k))
g(x(k)) = =
i=1
x∗i i=1 j=1,j6=i
x∗i
n−1 X
n
X xi (k + 1) xj (k + 1)
= − σ i,j (k) − σ j,i (k)
i=1 j=i+1
x∗i x∗j
xi (k+1) xj (k+1)
Si nous supposons que x∗i
− x∗j
σi,j (k) − σj,i (k) ≤ 0 pour tout i 6= j et
pour tout k ∈ N, alors ∆ψ(x(k)) ≤ S(k), ∀k ∈ N. Par conséquent, le système de
transport serait dissipatif. Malheureusement, cette hypothèse n’existe pas dans la réalité,
car elle implique que les voies les plus chargées fournissent plus de véhicules aux voies
les moins chargées ; ce qui n’est pas réaliste dans les systèmes de transport. Même la
situation où σi,j (k) = σj,i (k) pour tout k ∈ N (les voies i et j échangent la même quantité
de véhicules) n’est pas réaliste car les directions des véhicules sont déterminées par les
conducteurs. Ainsi, contrairement aux systèmes thermodynamiques, la dissipativité des
systèmes de transport n’est pas naturelle, d’où la nécessité de faire appel à la notion de
commande dissipative.
g1 = g2 = ge1
g3 = g4 = ge2
où ge1 et ge2 sont les temps des feux verts effectifs de la phase 1 et la phase 2 respecti-
vement (voir chapitre 1). Or, on sait que les feux verts effectifs sont liés par l’équation
suivante :
ge1 + ge2 = c − lo
où lo est le rouge intégral pendant un cycle. Il s’ensuit que ge1 et ge2 ne sont pas indépen-
dants. Ainsi, si ge1 est choisi comme la variable de commande, les temps des feux verts
des quatre mouvements peuvent être représentés par la relation linéaire suivante :
g1 ge1 1 0
g2 ge1 1
= = ge1 + 0
g g −1 c − l (3.14)
3 e2 o
g4 ge2 −1 c − lo
Ainsi, pour un carrefour à deux phases, il existe une seule variable de commande indé-
pendante.
68 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
Comme :
ge1 + ge2 + ge3 = c − lo
3.4 Spécialisation aux systèmes de transport 69
il existe alors deux variables indépendantes. Si nous choisissons ge1 et ge2 comme les
variables de commande, alors l’équation (3.15) devient :
g 1 0 0
1
g 0 −1 c − l
2 ! o
g3 −1 −1 ge1 c − lo
= + (3.16)
g −1 0 g
c − lo
4 e2
g5 0 1 0
g6 1 1 0
En résumé, notons g ∈ Rn le vecteur des feux verts du réseau de carrefours et soit u ∈
Rm le vecteur des feux verts effectifs du réseau dont les composantes sont indépendantes.
Alors g et u sont liés par la relation suivante :
g = Gu + ξ (3.17)
où G ∈ Rn×m et ξ ∈ Rn .
Regardons maintenant comment les échanges de flux σi,j entre les tronçons peuvent
être exprimés par la commande. En effet, comme les échanges des flux de trafic entre les
tronçons sont déterminés par les feux de signalisation, ils peuvent s’écrire sous la forme
(voir [44])
σi,j (k) = sj λi,j gj (k) (3.18)
où λi,j est la proportion du flux de sortie de la voie j vers la voie i, c’est-à-dire le pourcen-
tage des véhicules allant de la voie j vers la voie i par rapport au nombre total de véhicules
présents sur la voie j. gj (k) est le feu vert de la voie j et sj son débit de saturation. Ainsi,
à partir de l’équation (3.18) nous avons :
Xn n
X
li (k) = σi,j (k) − σj,i (k)
j=1,j6=i j=1,j6=i
X n n
X
= sj (x)gj (k)λi,j (x) − si (x)gi (k)λj,i (x)
j=1,j6=i j=1,j6=i
X n n
X
= sj (x)gj (k)λi,j (x) − si (x)gi (k) λj,i (x) (3.19)
j=1,j6=i j=1,j6=i
= Li Gu(k) + Li ξ (3.20)
ne peut pas dépasser la capacité de chaque tronçon, les contraintes sur l’état sont
alors définies par :
X = {x ∈ Rn / 0 ≤ x ≤ x∗ } (3.23)
Notons que ces deux contraintes traduisent une cohérence avec le fonctionnement réel
d’un carrefour. En effet, puisque le cycle de signalisation est borné, le temps du feu vert
effectif doit être borné. En outre, puisque l’état traduit dans notre cas le nombre de véhi-
cules présents dans un tronçon, nous comprenons aisément qu’il soit positif.
Sur ce, nous terminons notre aperçu général de la formulation du modèle non-linéaire
pour passer à la définition du problème de la commande et sa solution en terme de LMI.
soit dissipatif pour tout h ∈ R. En d’autres termes, d’après l’inégalité (3.13), trouver un
retour d’état u = α(x) tel que pour tout h ∈ R, l’inégalité suivante est satisfaite :
Il est important de noter que l’existence des contraintes (3.25) implique que le retour
d’état u = α(x) n’est admissible que dans une région déterminée de l’espace d’état,
c’est-à-dire :
Ux = {x ∈ Rn / umin ≤ α(x) ≤ umax } (3.28)
Toutefois, tout état émanant de X peut parfaitement donner une trajectoire sortant
de l’ensemble Ux . De ce fait, il est nécessaire d’assurer l’inclusion X ⊆ Ux . De cette
manière, si x(k) ∈ X alors on est sûr que x(k) ∈ Ux . L’objectif de la commande est donc
le suivant :
Objectif :
1. trouver un retour d’état u = α(x) tel que pour tout h ∈ R, l’inégalité suivante est
satisfaite :
2.
X ⊆ Ux (3.30)
Dans la suite, nous adoptons une démarche qui consiste à séparer l’étude de la dissi-
pativité du système et l’étude de l’inclusion X ⊆ Ux . Il s’agit de simplifier la présentation
tout en traitant l’ensemble des aspects du problème. Une fois que ces deux études sont
présentées séparément, leur intégration dans une formulation complète devient évidente.
Solution du problème :
Sur la dissipativité du système :
Or, on sait que uT w ≤ |uT w| ≤ kuk2 kwk2 . De plus, pour tout h ∈ R nous avons :
1 1 1
kwk2 = k B T P hk2 ≤ kB T P k2 khk2 ≤ kB T P k2 hm , wm
2 2 2
On en déduit que :
g(u) ≤ uT M u + 2uT y + 2kuk2 wm (3.32)
Or, on sait que kuk2 ≤ kuk1 , où kuk1 est la norme 1. Il vient kuk1 = T u, car u > 0.
Rappelons que = (1, · · · , 1)T . Ainsi, l’inégalité (3.32) implique :
C = diag(ν1 ; · · · , νp , 0, · · · , 0)
avec νi > 0 sont les valeurs propres de M et p = rang(M ). Les colonnes de K sont les
vecteurs propres de M . Posons D = diag(ν1 ; · · · , νr ), D est donc inversible et M peut
s’écrire comme :
1
! ! 1
!
D2 0 Ip 0 D2 0
M =K KT
0 Im−p 0 0 0 Im−p
Alors J −1 est bien définie car la matrice K est orthogonale. Il vient alors :
!
Ip 0
M =J JT
0 0
74 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
I − (R + I)T (R + I) 0 (3.35)
Remarquons que si la matrice R est symétrique (i.e., RT = R), alors d’après (3.34),
f (θ) ≤ 0 si et seulement si −2 ≤ λi ≤ 0, pour toute valeur propre λi de R. En effet,
puisque R est symétrique, elle est toujours diagonalisable. Ainsi, il existe une matrice
orthogonale F telle que R = F LF T , où L est une matrice diagonale dont les éléments
diagonaux sont les valeurs propres de R. Il vient alors :
Remarque 3.2 Il vient immédiatement à partir de ce corollaire que pour un choix arbi-
traire de la matrice R telle que −2 ≤ λi ≤ 0, ∀i = 1, · · · , m, le retour d’état (3.38)
fournit la classe des commandes rendant le système dissipatif. Ainsi, le corollaire 3.1
donne une solution explicite mais pas unique au problème de la commande dissipative.
Cette liberté de choix de la matrice R confère à la commande dissipative dans le cadre
de la régulation des carrefours à feux une flexibilité permettant de l’adapter à plusieurs
situations possibles. Ceci est, à notre sens, un avantage certain, car elle nous offre un
ensemble de choix possibles pour améliorer les performances de la commande de notre
système. En outre, dans le cas particulier d’un système de transport sans flux d’entrée,
i.e., r ≡ 0, le taux d’approvisionnement devient S(k) = 0. Dans ce cas, si R est choisie
telle que −2 < λi < 0, ∀i = 1, · · · , m, alors (R + I)T (R + I) − I est définie négative.
Il vient ∆ψ(x(k)) < 0, x 6= 0, ∀k ∈ N, ce qui montre que l’état d’équilibre x = 0 est
asymptotiquement stable au sens de Lyapunov. I
76 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
Sur l’inclusion X ⊆ Ux
Pour introduire ce que nous allons faire, commençons par préciser un peu le cadre.
Soit XA l’ensemble défini par :
XA = {x ∈ Rn / 0 ≤ Ax ≤ x∗ } (3.39)
Uπ = {x ∈ Rn / − π2 ≤ HA(x)x ≤ π1 } (3.41)
XA ⊆ Ux ⇐⇒ XA ⊆ Uπ
Uy = {y ∈ Rn / − π2 ≤ Hy ≤ π1 }
Xy = {y ∈ Rn / 0 ≤ y ≤ x∗ }
y ∈ Xy ⇒ y ∈ U y (3.42)
I ∗
y ≤ x0 alors y est
En d’autres termes, si y est solution du système d’inégalités −I
H
y ≤ ππ12 . Ainsi, en vertu du théorème
aussi une solution du système d’inégalités −H
3.4 Spécialisation aux systèmes de transport 77
3.1 (voir rappels mathématiques), la condition (3.42) équivaut à l’existence d’une matrice
non-négative K ∈ R2m×2n
+ telle que :
I H
K = (3.43)
−I −H
∗
x π1
K ≤ (3.44)
0 π2
Posons : !
K11 K12
K=
K21 K22
Il s’ensuit à partir de (3.43) et (3.44) que :
si bien que :
Il résulte de cette proposition et l’inégalité (3.50) que :
! !
H+ O x∗ K11 O x∗ π1
≤ ≤ (3.52)
O H− x∗ O K21 x∗ π2
Par conséquent, les conditions (3.43) et (3.44) et l’équation (3.49) sont équivalentes à
l’existence de deux matrices non-négatives H1 ∈ Rm×n
+ et H2 ∈ Rm×n
+ :
H1 − H2 = H (3.53)
H1 x∗ ≤ π1 (3.54)
H2 x∗ ≤ π2 (3.55)
Finalement, en réunissant les conditions citées plus haut, nous avons la proposition
suivante.
H1 − H2 = H (3.56)
H1 x∗ ≤ π1 (3.57)
H2 x∗ ≤ π2 (3.58)
0 ≤ H1 y ≤ H1 x∗ (3.59)
3.4 Spécialisation aux systèmes de transport 79
−π2 ≤ Hy ≤ π1
d’où y ∈ Uy .
Nécessité : il suffit de prendre H1 = H + et H2 = H − et d’appliquer le raisonnement
plus haut.
Finalement la solution de notre problème de commande est résumée dans le théorème
suivant :
Théorème 3.3 Supposons que π1 > 0 et π2 > 0. Alors, s’il existe une matrice R et deux
matrices non-négatives H1 et H2 telles que :
!
I (R + I)T
0
(R + I) I
H1 − H2 = H (3.62)
H1 x∗ ≤ π1 (3.63)
H2 x∗ ≤ π2 (3.64)
Sur ce, nous terminons notre solution du problème de la dissipativité du modèle non-
linéaire pour passer au cas linéaire.
où c est le temps du cycle des feux et q(k) est le débit d’entrée du i-ième tronçon. C’est
le nombre de véhicules par unité de temps franchissant une ligne d’entrée d’un tronçon.
D’après l’équation (3.18) nous avons :
n
X n
X
li (k) = sj (x)gj (k)λi,j − si (x)gi (k) λj,i (3.69)
j=1,j6=i j=1,j6=i
Pn
Puisque j=1 λj,i = 1, il vient :
n
X
li (k) = sj (x)gj (k)λi,j − si (x)gi (k)(1 − λi,i ) (3.70)
j=1,j6=i
= Li Gu(k) + Li ξ (3.71)
Dans ces conditions, l’équation d’état du réseau de transport (3.21) prend la forme linéaire
suivante :
x(k + 1) = x(k) + q(k)c + Bu(k) + h (3.72)
où q = [q1 , · · · , qn ]T est le vecteur de débits d’entrée, B = (L − D)G, h = (L − D)ξ et
D ∈ Rn×n est une matrice diagonale dont les éléments diagonaux sont si λi,i .
Comme il a été étudié par Diakaki [51], dans les carrefours à feux, il existe une situa-
tion où le nombre d’entrées est égal au nombre de sorties. Cette situation est appelée état
nominal ou état d’équilibre et est notée xN . La commande et le débit d’entrée corres-
pondants quant à eux sont notés uN et qN . Dans cette situation, nous avons :
qN c + BuN + h = 0. (3.73)
X = {x ∈ Rn / 0 ≤ x ≤ x∗ } (3.77)
U = {v ∈ Rm / − v2 ≤ v ≤ v1 , v1 , v2 > 0} (3.78)
Remarque 3.3 Soulignons que, comme dans le cas non-linéaire, le débit d’entrée q(k)
n’est pas connu en général. Ainsi, w(k) représente les incertitudes du modèle. Cependant,
contrairement au cas non-linéaire, nous supposons qu’aucune information sur ce vecteur
incertain n’est disponible. I
où A = I + BK.
Soulignons que, comme dans le cas non-linéaire, l’existence des contraintes (3.78)
implique que le retour d’état u = Kx n’est admissible que dans une région déterminée de
l’espace d’état, c’est-à-dire :
Ce domaine représente l’ensemble des états admissibles pour la commande pour K choi-
sie telle que rang(K) = m. Il est polyédral dissymétrique contenant l’origine. De ce fait,
il est nécessaire d’assurer l’inclusion X ⊆ Ux . De cette manière, si x(k) ∈ X alors on est
sûr que x(k) ∈ Ux . l’objectif de la commande est donc le suivant :
Pour expliquer comment on peut trouver un retour d’état rendant le système (3.76)
dissipatif sans connaissance préalable sur les bornes des incertitudes w, il nous faut com-
mencer à préciser le cadre. Commençons donc par donner le lemme suivant.
3.4 Spécialisation aux systèmes de transport 83
Si le système (3.76) est dissipatif par rapport au taux d’approvisionnement Sω (k), alors
il est aussi dissipatif par rapport au taux d’approvisionnement S(k).
Preuve: Puisque le système (3.76) est dissipatif par rapport au taux d’approvisionnement
Sω (k), alors d’après la définition 3.3 :
Or, r(k) = q(k)c et ω(k) = (q(k) − qN )c, il vient alors ω(k) = r(k) − rN . Ainsi :
Puisque −x(k + 1)T P rN (k) < 0 car x(k + 1) ≥ 0 et rN (k) ≥ 0, il s’ensuit que :
P − AT P A 0
84 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
Or,
P − AT P A = P − (I + BK)T P (I + BK) = −K T B T P − P BK − K T B T P BK
= −K T B T P − P BK − K T B T P P −1 P BK
D’où le théorème.
alors, le retour d’état v = Kx rend le système (3.76) dissipatif par rapport au taux
d’approvisionnement S(k) = xT (k + 1)P r(k) et la fonction de stockage ψ(x) = 12 xT P x.
Notons tout de suite que la condition P − AT P A 0 peut aussi être déterminée par
une autre procédure. En effet, puisque A = I + BK, alors
P −1 − P −1 (I + BK)T P (I + BK)P −1 0
Il s’ensuit que :
P −1 − (P −1 + BKP −1 )T P (P −1 + BKP −1 ) 0
alors, le retour d’état v = Kx rend le système (3.76) dissipatif par rapport au taux
d’approvisionnement S(k) = xT (k + 1)P r(k) et la fonction de stockage ψ(x) = 21 xT P x.
Remarquons à partir de ce lemme que pour calculer le gain K, Il suffit donc de ré-
soudre la LMI ci-dessus en Y = KQ puis de calculer K = Y Q−1 .
Sur l’inclusion X ⊆ Ux
Regardons à présent les nouvelles conditions sur K pour que X ⊆ Ux . En effet, défi-
∗ T
nissons le vecteur v ∗ = [v1∗ , · · · , vm ] par :
Soit Ki la i-ème ligne de la matrice K. Nous avons alors pour tout i ∈ {1, · · · , m} :
|vi |2 = |Ki x|2 ≤ kKi k22 kxk22 ≤ kKi k22 max kxk22 = kKi k22 kx∗ k22 (3.89)
x∈X
alors X ⊆ Ux .
Preuve: Soit x ∈ X et soit v = Kx. En vertu de (3.89), l’inégalité (3.90) implique pour
tout i ∈ {1, · · · , m} :
2
|vi |2 ≤ vi∗
86 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
ce qui donne −vi∗ ≤ vi ≤ vi∗ . Puisque vi∗ = min(v1,i , v2,i ), il vient aussitôt que :
vi ≤ v1,i
Ainsi, −v2,i ≤ vi ≤ v1,i , ou d’une manière équivalente −v2,i ≤ Ki x ≤ v1,i pour tout
i ∈ {1, · · · , m}, ce qui prouve que x ∈ Ux .
Pour transformer la contrainte (3.90) en LMIs, observons qu’elle est équivalente à
2
vi∗
− Ki KiT ≥ 0, ∀i ∈ {1, · · · , m} (3.91)
kx∗ k22
Soit N ∈ Rm×m une matrice symétrique dont les éléments diagonaux vérifient Nii ≤
2
vi∗
kx∗ k22
. Il est clair que si l’inégalité suivante est satisfaite :
alors l’inégalité (3.91) est satisfaite. Ceci dit, remarquons que l’inégalité (3.92) est équi-
valente à :
diag[N − KK T ] ≥ 0 (3.93)
Or, il est bien connu que si une matrice est semi-définie positive, alors nécessairement
ses éléments diagonaux sont non-négatifs. Ainsi, si la matrice K est choisie telle que la
matrice N − KK T est semi-définie positive, alors l’inégalité (3.93) est satisfaite. L’ap-
plication maintenant du lemme 3.3 de Schur sur N − KK T 0 avec R = N , Q = I et
S = K T donne la LMI suivante :
!
N K
0 (3.94)
KT I
Pour résumer les résultats précédents, notons qu’une propriété remarquable des LMIs
est la possibilité de regrouper plusieurs LMIs en une seule LMI bloc-diagonale. Cette
propriété nous permet finalement d’énoncer la solution de notre problème de commande
en termes d’une seule LMI.
3.4 Spécialisation aux systèmes de transport 87
Soulignons un fait majeur qui résulte aussitôt de ce Lemme. En effet, pour un choix
2
vi∗
arbitraire de la matrice N telle que Nii ≤ kx∗ k22
, le retour d’état v = Kx fournit la
classe des commandes rendant le système dissipatif. Cette liberté de choix de la matrice N
confère à la commande dissipative dans le cadre de la régulation des carrefours à feux une
flexibilité permettant de l’adapter à plusieurs situations possibles. Ceci est, à notre sens,
un avantage certain, car elle nous offre une multitude de choix possibles pour améliorer
les performances de la commande de notre système.
Par ailleurs, remarquons que l’inclusion X ⊆ Ux peut aussi être déterminée par l’ap-
plication du théorème 3.1. En effet, cette inclusion implique que si x est solution du
I ∗
y ≤ x0 alors x est aussi une solution du système d’inégalités
système d’inégalités −I
K v1
−K
x ≤ v2
. Ainsi, en vertu de la proposition 3.3 la condition X ⊆ Ux est équivalente
à l’existence de deux matrices non-négatives K1 ∈ Rm×n
+ et K2 ∈ Rm×n
+ :
K1 − K2 = K (3.96)
K1 x∗ ≤ v1 (3.97)
K2 x∗ ≤ v2 (3.98)
Pour transformer les inégalités (3.97) et (3.97) en LMI, il suffit de remarquer que ces
inégalités peuvent s’écrire sous la forme :
v1 − K1 x∗ ≥ 0
v2 − K2 x∗ ≥ 0
88 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
3.5 Conclusion
Dans ce chapitre, une approche basée sur la commande dissipative a été adaptée avec
succès et appliquée aux réseaux de carrefours à feux. Dans un premier temps, le principe
3.5 Conclusion 89
de cette approche a été donné dans sa formulation la plus générale, puis un examen a été
fait afin de mettre en évidence ses avantages. Dans un deuxième temps, une spécialisation
du problème de la commande dissipative aux systèmes des carrefours à feux a été réalisée.
En considérant l’entropie comme étant le désordre stocké dans le système, nous avons
élaboré une loi de commande rendant le système dissipatif, c’est à dire permettant de
rendre le système mieux organisé. Cette étude est faite dans une formulation qui prend
en compte explicitement les contraintes aussi bien sur la commande que sur l’état. Deux
cas ont été étudiés : celui où le modèle du système est non-linéaire est d’abord analysé.
Ensuite, nous nous sommes intéressés au cas où le système peut être représenté par un
modèle linéaire. Dans les deux cas, la mise en évidence de l’outil LMI nous a permis
d’énoncer des conditions suffisantes pour la résolution de notre problème de commande
dissipative.
Dans le cas non-linéaire, nous avons trouvé une borne supérieure sur la norme des
incertitudes wm en deçà de laquelle la propriété de la dissipativité du système incertain
est conservée. Cependant, dans le cas linéaire, la commande n’impose aucune pénalité sur
les incertitudes. Par conséquent, l’effet des perturbations sur le comportement du système
bouclé est difficile à maitriser, et en particulier la stabilité n’est plus garantie.
Ce dernier point est un handicap qui est, à notre sens, sérieux. En effet, il enlève à
l’approche des systèmes dissipatifs l’un de ces principaux avantages, à savoir la possibilité
de réaliser un compromis entre un comportement souhaité et le coût de la commande
nécessaire pour l’obtenir. Il faut donc se tourner vers d’autres méthodes de synthèse pour
un traitement quantitatif plus rigoureux garantissant une loi de contrôle qui amortisse
le plus rapidement possible les perturbations susceptibles de déstabiliser les systèmes.
La commande H∞ se positionne parmi les approches permettant d’atteindre cet objectif.
C’est le sujet du chapitre suivant.
90 Chap 3. Commande dissipative des réseaux de transport
CHAPITRE 4
4.1 Introduction
Ce chapitre utilise le concept d’invariance positive des ensembles pour la régulation a
priori des carrefours signalisés. La vérification de cette propriété permet de conclure sur la
possibilité de restreindre l’état d’un système à l’intérieur d’un ensemble donné, au moyen
d’une commande appropriée sans supposer aucune structure particulière des contraintes.
Comme il est souligné dans la conclusion du chapitre précédent sur l’inconvénient
de l’approche de la commande dissipative dans le cas linéaire, notre souci premier est
de déterminer une loi de commande permettant de maintenir un comportement désiré
face aux incertitudes et fluctuations qui affectent le système pendant son fonctionnement.
L’avantage de cette approche serait de donner aux systèmes de transport modélisés par
une équation d’état linéaire, une certaine capacité à résister ou s’adapter aux perturba-
tions extérieures. Pour ce faire, la commande H∞ est une bonne candidate pour réaliser
nos objectifs. En effet, il est bien connu que l’un des principaux avantages de la com-
mande H∞ est l’atténuation des effets des perturbations susceptibles de déstabiliser un
système. En outre, contrairement à l’approche de la commande dissipative, la commande
H∞ permet d’intégrer directement les contraintes sur l’état dans la synthèse du régulateur.
92 Chap 4. Commande H∞ des réseaux de transport
max f (x)
sous les contraintes hj (x) ≤ cj , j = 1, · · · , m
kzk2
kwk2
Lorsque ce système est rebouclé sur la commande u = K(z)y, le transfert boucle fermée
de w à z est donné par :
Lemme 4.1 [66] Soit M (η) = C(ηI −A)−1 B +D, la fonction de transfert entre la sortie
z et la perturbation w. Donnons nous une tolérance γ > 0. Alors, les deux propositions
suivantes sont équivalentes :
96 Chap 4. Commande H∞ des réseaux de transport
Sur ce, nous terminons notre aperçu général des rappels mathématiques pour passer
aux sections suivantes à la définition du problème de la commande de notre système et sa
solution.
où x(k) est l’état du système à l’instant k, v(k) est la commande et ω(k) est le vecteur
des incertitudes (perturbations) affectant le système.
Pour pouvoir appliquer la commande H∞ comme cela est montré dans la figure 4.1, il
est nécessaire de définir la sortie du modèle. Cette dernière peut représenter toute grandeur
mesurable du système. Cependant, la synthèse H∞ exige que la sortie soit en fonction de
la commande v et les perturbations w. Dans notre cas, le taux d’occupation f (k) = P x(k)
est un bon candidat qui se prête à cette exigence. En effet, le système de contrôle dyna-
mique du trafic est un système qui dispose de capteurs lui donnant des informations sur
l’état du trafic, et notamment, le nombre de véhicules x(k) sur certaines rues ou inter-
sections du réseau routier. En outre, à la fin du cycle k, le taux d’occupation est donné
par :
z(k) = f (k + 1) = P x(k + 1) = P x(k) + P Bv(k) + P ω(k) (4.3)
X = {x ∈ Rn / 0 ≤ x ≤ x∗ } (4.5)
4.3 Commande H∞ des réseaux de transport 97
U = {v ∈ Rm / − v2 ≤ v ≤ v1 , v1 , v2 > 0} (4.6)
xc (k) , x(k) − xN
où xN est l’état nominal (voir chapitre 3). Dans ce cas, la sortie z se transforme en :
zc (k) , P xc (k + 1) = P x(k + 1) − P xN = z − zN
où K ∈ Rm×n . Dans ce cas, le système (4.7) en boucle fermée est donné par :
Xc = {xc ∈ Rn / − x2 ≤ xc ≤ x1 , x1 , x2 ≥ 0} (4.10)
avec x1 = x∗ − xN et x2 = xN .
Par ailleurs, observons que l’inégalité 0 ≤ x ≤ x∗ implique 0 ≤ P x ≤ P x∗ . Il
s’ensuit que 0 ≤ P x ≤ , où = (1, · · · , 1)T , car P est diagonal dont les éléments
1
diagonaux sont x∗j
. Dans ce cas, les contraintes sur xc (k) se transportent sur zc (k) en :
Zc = {zc ∈ Rn / − z2 ≤ zc ≤ z1 , z1 , z2 ≥ 0} (4.11)
Remarquons aussi que, comme dans le chapitre précédent, l’existence des contraintes
(4.6) implique que le retour d’état u = Kxc n’est admissible que dans une région déter-
minée de l’espace d’état, c’est-à-dire :
Ce domaine représente l’ensemble des états admissibles pour la commande pour K choi-
sie telle que rang(K) = m. Il est polyédral dissymétrique contenant l’origine.
Soulignons tout de suite que les contraintes (4.11) et (4.13) sont de nature fonda-
mentalement différente. En effet, la contrainte (4.11) exprime une exigence du cahier des
charges du contrôleur, alors que la contrainte (4.13) est une contrainte technique imposée
par l’ingénieur pour garantir la faisabilité de son contrôleur. Ainsi, violer les contraintes
(4.11), c’est ne pas respecter l’objectif de la commande, alors que trouver un autre schéma
de commande dans lequel (4.11) n’est pas nécessaire, c’est réaliser les objectifs autre-
ment.
zc (0) ∈ Zc =⇒ zc (k) ∈ Zc , ∀k
positive par les normes euclidiennes n’est pas chose évidente. L’idée alors est de chercher
à garantir le respect des contraintes sur l’état et la commande par la restriction de l’état
en boucle fermée à un ensemble Z∗c positivement invariant ellipsoïdal centré à l’origine et
tel que Z∗c ⊆ Zc . De cette manière, si zc (0) ∈ Z∗c alors on est sûr que zc (k) ∈ Zc pour tout
k. C’est la raison pour laquelle nous montrons le lemme suivant qui représente un résultat
utile pour la suite (voir Remarque 4.2).
Donnons nous une tolérance γ > 0. On sait maintenant que l’objectif de la commande
H∞ est de trouver un gain K tel que kG(η)k∞ ≤ γ. Ceci est équivalent à :
alors on est sûr que pour tout k, zc (k) ∈ Z∗c et par conséquent la commande H∞ permet
l’invariance positive de Z∗c . Ce problème est représenté schématiquement par la figure
4.2 :
Il est clair que pour atténuer l’effet des perturbations, il faut maximiser αγ car la valeur
α
max( ), fournit le plus grand domaine des incertitudes Ωopt garantissant l’invariance po-
γ
sitive de Z∗c . Ainsi, pour maximiser αγ , il suffit de minimiser γ car la valeur α est calculée
à partir des bornes de Zc et donc imposée par le système. L’objectif de la commande H∞
pour l’invariance positive de Z∗c est donc :
min γ
sous la contrainte kG(η)k∞ ≤ γ
Problème 3 : Comme dans le chapitre précédent, rappelons que tout état émanant de
Zc peut parfaitement donner une trajectoire sortant de l’ensemble Ux . De ce fait, il est
nécessaire d’assurer l’inclusion Zc ⊆ Ux ou d’une manière suffisante Z∗c ⊆ Ux . De cette
manière, si xc (k) ∈ Zc (xc (k) ∈ Z∗c ) alors on est sûr que xc (k) ∈ Ux .
En résumé, l’objectif final de la commande est donc le suivant :
4.3 Commande H∞ des réseaux de transport 101
Minimiser γ
sous les contraintes kG(η)k∞ ≤ γ
Zc ⊆ Ux ou Z∗c ⊆ Ux
Par application du lemme Schur (voir chapitre 3), cette relation est équivalente à :
X ∗ ∗ ∗
0 I ∗ ∗
A I X −1 ∗ 0 (4.18)
C D 0 γ 2I
Il s’ensuit que :
Q ∗ ∗ ∗
0 γI ∗ ∗
A I Q−1 ∗ 0 (4.19)
C D 0 γI
où Q = γX. D’où le théorème suivant.
Théorème 4.1 Pour le système de transport (4.9), une condition nécessaire et suffisante
pour l’invariance positive de Z∗c est l’existence d’une matrice K et une matrice symétrique
Q = QT solution de la LMI suivante :
Q ∗ ∗ ∗
0 γI ∗ ∗
0
−1
(4.20)
I + BK
I Q ∗
P + P BK P 0 γI
4.3 Commande H∞ des réseaux de transport 103
Soulignons tout de suite un point important qui va nous servir pour la suite. En ef-
fet, l’invariance positive de Z∗c peut aussi être établie par la dissipativité du système par
rapport au taux d’approvisionnement :
1
W (zc (k), ω(k)) = (γ 2 kω(k)k22 − kzc (k)k22 ) (4.21)
2
et la fonction de stockage :
1
V (xc (k)) = γxc (k)T Qxc (k), ∀k ∈ N (4.22)
2
En effet, par application du lemme de Shur, la relation (4.20) est équivalente à :
! !T ! !
Q 0 A I Q 0 A I
− 0
0 γI C D 0 γ −1 I C D
ou d’une manière équivalente ∀xc (k), ω(k) ∈ Rn :
!T " ! !T ! !# !
xc (k) Q 0 A I Q 0 A I xc (k)
− ≥0
ω(k) 0 γI C D 0 γ −1 I C D ω(k)
Puisque : ! ! !
A I xc (k) xc (k + 1)
=
C D ω(k) zc (k)
il vient :
Il s’ensuit :
1 1 1
4V (xc ) = γxc (k + 1)T Qxc (k + 1) − γxc (k)T Qxc (k) ≤ (γ 2 kω(k)k22 − kzc (k)k22 )
2 2 2
(4.23)
ce qui montre que le système de transport est dissipatif par rapport au taux d’approvision-
nement (4.21) et la fonction de stockage (4.22). D’où le corollaire suivant.
Corollaire 4.1 Pour le système de transport (4.9), une condition nécessaire et suffisante
pour l’invariance positive de Z∗c est que le système soit dissipatif par rapport au taux
d’approvisionnement :
1
W (zc (k), ω(k)) = (γ 2 kω(k)k22 − kzc (k)k22 ) (4.24)
2
et la fonction de stockage :
1
V (xc (k)) = γxc (k)T Qxc (k), ∀k ∈ N (4.25)
2
104 Chap 4. Commande H∞ des réseaux de transport
Sur ce, nous terminons notre aperçu général du sujet pour passer à l’examen des condi-
tions supplémentaires que doit vérifier la matrice de gain K pour la condition d’inclusion
Zc ⊆ Ux ou Z∗c ⊆ Ux .
Sur l’inclusion Zc ⊆ Ux
Voyons à présent les nouvelles condition sur le gain K pour que Zc ⊆ Ux . L’inclusion
Z∗c ⊆ Ux sera étudiée à la fin de cette partie. En effet, remarquons d’abord que :
Il s’ensuit que :
Zc ⊆ Ux ⇐⇒ Xc ⊆ Ux
Ainsi, pour des raisons de simplicité, nous allons travailler avec l’inclusion Xc ⊆ Ux . En
effet, observons que les ensembles Xc et Ux peuvent s’écrire sous la forme :
( " # " #)
I x1
X c = x c ∈ Rn / xc ≤ (4.26)
−I x2
( " # " #)
K v1
Ux = x c ∈ Rn / xc ≤ (4.27)
−K v2
En vertu du théorème 3.1 (voir chapitre 3), l’inclusion Xc ⊆ Ux équivaut à l’existence
d’une matrice non-négative T ∈ R2m×2n
+ telle que :
" # " #
I K
T = (4.28)
−I −K
" # " #
x1 v1
T ≤ (4.29)
x2 v2
Posons : " #
T11 T12
T=
T21 T22
Il vient à partir de (4.28) et(4.29) que :
K1 − K2 = K (4.33)
K 1 x1 + K 2 x2 ≤ v 1 (4.34)
K 2 x1 + K 1 x2 ≤ v 2 (4.35)
−K1 x2 ≤ K1 xc ≤ K1 x1 (4.36)
−K2 x1 ≤ K2 xc ≤ K2 x2 (4.37)
−v2 ≤ Kx ≤ v1
d’où xc ∈ Ux .
Nécessité : Supposons que Xc ⊆ Ux . Soit :
K + ≤ T11 et K + ≤ T22
K − ≤ T12 et K + ≤ T21
106 Chap 4. Commande H∞ des réseaux de transport
K + x1 + K − x2 ≤ T11 x1 + T12 x2 ≤ v1
K − x1 + K + x2 ≤ T21 x1 + T22 x2 ≤ v2
K1 = K +
K2 = K −
Soient V1 , V2 des matrices diagonales de termes diagonaux v1i et v2i respectivement. Nous
avons alors :
1 1
v11
0 ··· 0 v21
0 ··· 0
1 ..
1 ..
0 v12
0 . 0 v22
0 .
V−1 = , V−1 =
1 .. .. .. 2 .. .. ..
. . . 0
. . . 0
1 1
0 ··· 0 v1m
0 ··· 0 v2m
avec !
H 1 = V−1
1 K
H= , = (1, 1, · · · , 1)T
2
H = −V−1
2 K
4.3 Commande H∞ des réseaux de transport 107
Ux = {xc ∈ Rn / Hi xc ≤ 1, i = 1, · · · , 2m}
où Hi est la iième ligne de la matrice H. Ceci fait, il est clair que la condition Z∗c ⊆ Ux est
équivalente à :
max∗ Hi xc ≤ 1 (4.42)
xc ∈Zc
max Hi xc
sous la contrainte xTc M xc ≤ 1
Pour résoudre ce problème, nous allons appliquer les conditions de Kuhn et Tucker
(voir section 4.2.1). En effet, soit le Lagrangien L :
L(xc , λ) = Hi xc − λ(xTc M xc − 1)
Cas 1 : x̄Tc M x̄c = 1 (la contrainte est saturée à l’optimum). Dans ce cas, on a :
∂ x̄Tc M x̄c
∀x̄c ∈ Rn
rang = rang 2M x̄c = 1,
∂xc
Ainsi, la contrainte de qualification est vérifiée. Il s’ensuit alors que dans ce cas nous
avons λ̄ > 0 car sinon on aurait Hi = 0 en vertu de (4.43), ce qui absurde car Hi 6= 0. Il
vient alors à partir de (4.43) :
1 −1 T
x̄c = M Hi
2λ̄
108 Chap 4. Commande H∞ des réseaux de transport
qui est une solution possible du problème de maximisation de la fonction Hi x sur l’en-
semble Z∗c .
Cas 2 : x̄Tc M x̄c < 1 (la contrainte n’est pas saturée à l’optimum). Dans ce cas, on a
λ̄ = 0. Or, l’équation (4.43) donne HiT = 0, ce qui viole le fait que Hi 6= 0.
Finalement, on en déduit que les conditions de Kuhn et Tucker admettent une seule
solution :
1
x̄c = (Hi M −1 HiT )− 2 M −1 HiT
Or, Hi xc est concave et les contraintes sont convexes, donc x̄c est un maximum global.
Par conséquent, la valeur maximale de Hi xc sur l’ensemble Z∗c est donnée par :
1
max∗ Hi xc = (Hi M −1 HiT ) 2
xc ∈Zc
Hi M −1 HiT ≤ 1
d’où :
1 − Hi M −1 HiT ≥ 0, i = 1, · · · , 2m
1
D’autre part, puisque Hi1 = v1i
Ki et Hi2 = − v1i Ki , avec Ki est la iième ligne de la matrice
2
K, la dernière LMI devient :
1
1 v1i
K i 1 − v1i Ki
0, 2 0, i = 1, · · · , m
1
vi
K T
i M − v1i KiT M
1 2
En outre, puisque plusieurs LMI peuvent s’exprimer sous la forme d’une seule LMI
simple diag(LM Ij ) 0, nous avons alors le résultat suivant.
Théorème 4.3 Pour que Z∗c ⊆ Ux , il est nécessaire et suffisant que la LMI suivante soit
faisable :
1
1 v1i
Ki
1 KT 1 2
O
v1i i α2
P
0, i = 1, · · · , m (4.46)
1 − v1i Ki
2
O
− v1i KiT 1
α2
P 2
2
Théorème 4.4 Pour le système de transport (4.9), s’il existe un grain K, une matrice
définie positive Q et deux matrices non-négatives K1 , K2 solutions du problème d’opti-
misation suivant :
min γ (4.47)
sous les contraintes (4.20) et (4.33)-(4.35).
Remarque 4.1 Anticipons sur ce qui va suivre pour noter que la solvabilité du problème
d’optimisation (4.47) est difficile car, la recherche à la fois de la matrice inconnue Q et
110 Chap 4. Commande H∞ des réseaux de transport
son inverse Q−1 introduit une non-linéarité dans la contrainte LMI (4.20). Cette condition
nécessite une recherche qui est à la fois difficile à accomplir et très coûteuse en temps de
calcul. C’est le problème de l’optimisation non-linéaire non-convexe. I
Pour contourner le problème posé par le théorème 4.4, remarquons que d’après le
corollaire 1, la matrice Q définit la fonction de stockage et par conséquent, nous pouvons
la remplacer par l’entropie du système, c’est-à-dire :
1
V (xc (k)) = ψ(xc (k)) = xc (k)T P xc (k)
2
ce qui donne Q = γ −1 P . Ainsi la LMI (4.20) devient :
γ −1 P ∗ ∗ ∗
0 γI ∗ ∗
0
(4.48)
I + BK
I γP −1 ∗
P + P BK P 0 γI
ce qui équivaut à :
P ∗ ∗ ∗
2
0 γ I ∗ ∗
0
(4.49)
I + BK
I P −1 ∗
P + P BK P 0 I
Si on pose β = γ 2 , (4.49) devient une LMI affine par rapport aux variables de décision.
Ce qui donne le corollaire suivant.
Corollaire 4.2 Pour le système de transport (4.9), s’il existe un grain K et deux matrices
non-négatives K1 , K2 solutions du problème d’optimisation suivant :
min β (4.50)
sous les contraintes
P ∗ ∗ ∗
0 βI ∗ ∗
0
LM I : −1
(4.51)
I + BK
I P ∗
P + P BK P 0 I
K1 − K2 = K (4.52)
K1 x1 + K2 x2 ≤ v1 (4.53)
K2 x1 + K1 x2 ≤ v2 (4.54)
4.3 Commande H∞ des réseaux de transport 111
Remarque 4.2 Dans ce corollaire, l’existence de la LMI (4.51) affine par rapport aux
variables de décision pourrait être trompeuse. En effet, ceci suggérerait que le problème
lié au temps de calcul de la commande posé par le théorème 4.4 est résolu. Or, il n’en est
rien, car la complexité est simplement déplacée vers la recherche des matrices K1 , K2 , et
le temps de calcul est consommé dans la vérification des conditions (4.52), (4.53), (4.54).
Si nous voulons éviter la recherche des matrices K1 , K2 , nous pouvons utiliser les ré-
sultats du théorème 4.3, ce qui fournit la solution finale de notre problème de commande.
Théorème 4.5 Pour le système de transport (4.9), s’il existe un grain K solution du pro-
blème d’optimisation suivant :
min β
sous la contrainte
P ∗ ∗ ∗
0 βI ∗ ∗
O O
I + BK
I P −1 ∗
P + P BK P 0 I
1
0,
1 i
v1
K i
O
1 T 1 2
O
K i α2 P
v1i
− v1i Ki
1
O O 2
− v1i KiT α12 P 2
2
i = 1, · · · , m
Ce théorème est très important dans le sens où il offre une condition pratique de mise
en oeuvre de la stratégie de commande. En effet, le problème d’optimisation LMI posé
dans ce théorème est convexe en K et par conséquent, il peut facilement être résolu avec
des outils sous Matlab [67, 68].
4.4 Conclusion
Dans ce chapitre, une approche basée sur la commande H∞ a été appliquée pour éviter
les congestions du trafic urbain par les feux de signalisation en forçant les files d’attente
à ne pas dépasser le niveau de trafic correspondant à l’optimum opérationnel des lignes.
Cette étude à été faite grâce à la construction d’un domaine ellipsoïdal Z∗c positivement
invariant, contenu dans le domaine des contraintes sur l’état et la commande. La mise
en évidence des techniques LMIs nous a permis d’énoncer des conditions nécessaires et
suffisantes pour la résolution de notre problème de commande. Ces résultats s’avèrent plus
généraux que ceux de l’approche de la commande dissipative et permettent d’introduire
les incertitudes dans la conception de la commande.
Deux principaux objectifs ont été atteints avec la commande proposée : d’une part, la
commande est robuste vis-à-vis des incertitudes et peut être calculée par une procédure
numérique tirant largement partie des caractéristiques de convexité des LMIs (Théorème
4.5). Ceci lui confère une légitimité indépendante de son efficacité par rapport à l’objectif
fixé par notre investigation, à savoir le calcul de la commande en temps réel. D’autre part,
afin de respecter les contraintes physiques inhérentes à la signalisation des carrefours, la
commande proposée respecte les conditions aux limites.
Dans le chapitre suivant, nous présentons deux exemples de réseaux de carrefours
pour illustrer les contributions de notre travail ainsi que pour mettre en évidence les per-
formances de nos stratégies de commande.
CHAPITRE 5
APPLICATIONS
5.1 Introduction
Dans les chapitres précédents, nous avons présenté deux types de commandes permet-
tant d’améliorer la fluidité du trafic. Afin d’illustrer en pratique les stratégies de contrôle
proposées, nous exposons dans ce chapitre quelques simulations relatives aux réseaux de
transport urbains. En particulier, nous proposons d’évaluer les commandes proposées en
simulation pour deux types de réseaux :
1. les réseaux artériels, et
2. les réseaux en grille.
Dans un premier temps, nous présentons les réseaux sur lesquels les tests seront réalisés.
Ceci passe par la description de leurs caractéristiques géométriques. Ensuite, nous exami-
nons les objectifs des deux commandes pour chaque type de réseau tels que la dissipati-
vité de l’entropie de transport, la réjection des perturbations, le respect des contraintes
sur l’état et la commande. Dans un second temps, afin de montrer les avantages des
commandes proposées, une comparaison est effectuée avec la stratégie linéaire quadra-
tique (LQ). Plus précisément, trois grandeurs importantes sont considérées : l’entropie de
transport, le retard total des véhicules par cycle et le temps de calcul des paramètres de
signalisation dans chaque cycle.
114 Chap 5. Applications
Soulignons enfin que toutes les simulations sont réalisées sur un ordinateur avec un
CPU Core i5, 2.47 GHZ×4, une mémoire 4G, et le système opérationnel Windows 7
(64bit).
que les véhicules tournant à gauche et à droite partagent la même ligne que les autres
véhicules. Pour chaque intersection, la durée d’un cycle est subdivisée en deux phases, et
les temps des feux verts correspondants à la direction horizontale sont considérés comme
les variables de commande, notés
Durant les simulations, les paramètres de ce réseau (e.g., cycle, débits de saturation, λi,j ,
etc) sont supposés constants et connus. Ils sont donnés comme suit :
– tous les carrefours fonctionnent avec le même cycle de durée c = 100s ;
– le temps perdu est de 5s pour toutes les phases ;
– tous les temps des feux verts effectifs sont bornés entre 20s et 70s ;
– dans le cas d’une voie, le débit de saturation varie très légèrement autour de si =
0.5véh/s. Nous considérons donc cette valeur pour toutes les voies ;
– les proportions des flux des échanges λi,j entre voies sont données dans le Tableau
5.1. λi,j désigne le pourcentage des véhicules allant de la voie j vers la voie i par
rapport au nombre total de véhicules présents sur l’arc de la voie j.
– les capacités des voies sont données par x∗ = [80, 70, 50, 50, 70, 70, 50, 50, 70, 70,
50, 50, 70, 80, 50, 50]T véh.
avec :
−0.5 0 0 0 0
−0.5 0.065 0 0 25.65
−45
0.5 0 0 0
0.5 0 0 0 −45
0.095 −0.5 0 0 23.85
0 −0.5 0.085 0 24.3
0 0.5 0 0 −45
0 0.5 0 0 −45
B= h=
0
0.12 −0.5 0
22.95
0
0 −0.5 0.1
23.4
0 0 0.5 0 −45
0 0 0.5 0 −45
0
0 0.105 −0.5
24.3
0 0 0 −0.5 0
0 0 0 0.5 −45
0 0 0 0.5 −45
État nominal : Supposons que les débits d’entrée correspondants à l’état nominal soient
donnés par :
Perturbations : Afin de montrer l’atténuation des effets des perturbations, nous suppo-
sons que le vecteur ω est donné par une fonction sinusoïdale comme suit :
2kπ
ω(k) = 10qN sin( )
15
5.2 Application à un réseau artériel 117
Commande dissipative : Une solution au problème LMI du Théorème 3.6 est donnée
par :
K =(col 1-8)
0.0081 0.0089 −0.013 −0.013 0.0004 0.0017 −0.0029 −0.0029
0.0013 −0.0004 −0.0021 −0.0021 0.01 0.0099 −0.0144 −0.0144
0.001 0.0008 −0.0017 −0.0017 0.002 0.0004 −0.0031 −0.0031
0.0009 0.0008 −0.0015 −0.0015 0.0016 0.0014 −0.0025 −0.0025
(col 9-16)
0.0014 0.0016 −0.0025 −0.0025 0.0008 0.0009 −0.0015 −0.0015
0.0004 0.002 −0.0031 −0.0031 0.0008 0.001 −0.0017 −0.0017
0.01
0.01 −0.0145 −0.0145 −0.0004 0.0013 −0.0021 −0.0021
0.0017 0.0004 −0.0029 −0.0029 0.0089 0.0081 −0.013 −0.013
et le gain K comme :
K =(col 1-8)
0.0604 0.068 −0.0966 −0.0966 −0.0071 0.0053 −0.0075 −0.0075
0.0044 −0.0071 −0.0071 −0.0071 0.0663 0.0663 −0.0941 −0.0941
0.0002 −0.0007 −0.0003 −0.0003 0.005 −0.007 −0.0071 −0.0071
0 −0.0001 −0 −0 0.0005 −0.0004 −0.0008 −0.0008
(col 9-16)
−0.0004 0.0005 −0.0008 −0.0008 −0.0001 0 −0 −0
−0.007 0.005 −0.0071 −0.0071 −0.0007 0.0002 −0.0003 −0.0003
0.0663
0.0663 −0.0941 −0.0941 −0.0071 0.0044 −0.0071 −0.0071
0.0053 −0.0071 −0.0075 −0.0075 0.068 0.0604 −0.0966 −0.0966
Pour illustrer les performances de la commande dissipative, la figure 5.2 montre les
variations des taux d’occupation fi des 16 voies pour 100 cycles. L’existence des per-
turbations sinusoïdales a pour cause les oscillations des fi , mais la tendance majeure est
la convergence vers un intervalle autour de 0.4 pour toutes les voies (notamment pour
les voies des carrefours 12 et 14). En d’autres termes, la commande dissipative rend la
distribution de véhicules plus uniforme. Cette observation est aussi liée à la dissipativité
illustrée par la figure 5.3 où l’on observe que la variation de l’entropie ∆ψ(x) est toujours
inférieure à la fonction d’approvisionnement Sω . Ainsi, la commande dissipative a pour
effet une meilleure organisation du système.
En outre, nous reportons également dans la Figure 5.4 l’évolution de la commande u
durant les 100 cycles. On peut observer que les temps verts effectifs oscillent aussi mais
5.2 Application à un réseau artériel 119
x
1 1 5
x x6
0.9 1 0.9
x2
x7
0.8 x3 0.8
x8
0.7 x4 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3
0.2 0.2
0.1 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Cycle Cycle
1 1
x x
0.9 9 0.9 13
x10 x14
0.8 x 0.8 x
11 15
0.7 x12 0.7 x16
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3
0.2 0.2
0.1 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Cycle Cycle
F IGURE 5.2 – Évolution des taux d’occupation en utilisant la commande dissipative pour
le réseau artériel
convergent vers leurs valeurs nominales uiN = 60s. De plus, ils respectent les conditions
aux limites 20s ≤ gi ≤ 70s.
120 Chap 5. Applications
10
10
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Cycle
60.6
60.4
60.2
La commande u
60
59.8
59.6
59.4
59.2
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Cycle
De la même manière, les taux d’occupation sont illustrés dans la figure 5.5. On re-
marque que les oscillations sont similaires aux résultats de la figure 5.2 à cause de l’exis-
tence des perturbations sinusoïdales. Cependant, contrairement à la commande dissipa-
tive, les taux d’occupation convergent rapidement vers un petit intervalle autour de 0.4.
Ceci est notamment le cas pour les voies du carrefour 12 où on peut observer que la
convergence est atteinte avant le 20ième cycle tandis que la convergence dans le cas de la
commande dissipative demande presque 100 cycles (voir Figures 5.2(b) et 5.5(b)).
1 1 x5
x
0.9 1 0.9 x6
x2
0.8 x 0.8 x7
3
0.7 x4 0.7 x8
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3
0.2 0.2
0.1 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Cycle Cycle
1 1
x9 x13
0.9 0.9
x10 x14
0.8 x11 0.8 x15
0.7 x12 0.7 x16
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3
0.2 0.2
0.1 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Cycle Cycle
De plus, en comparant les figures 5.2 et 5.5, on constate que les amplitudes des os-
cillations des taux d’occupation sont plus petites en utilisant la commande H∞ . Cette
observation confirme l’objectif de la commande H∞ à savoir, l’atténuation des pertur-
122 Chap 5. Applications
kzc k2
bations. Ce fait peut être aussi montré dans la figure 5.6 où la quantité kωk2
est réduite
rapidement dans les premiers 20 cycles puis reste limité dans un petit intervalle. La valeur
kzc k2
maximale de kωk2
durant la simulation est égale à 0.2156 ≤ min γ, ce qui en accord avec
l’objectif de la commande H∞ .
0.25
0.2
0.15
0.1
0.05
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Cycle
kzc k2
F IGURE 5.6 – Évolution de kωk2
en utilisant la commande H∞ pour le réseau artériel
63
62
61
La commande u
60
59
58
57
56
55
54
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Cycle
avec la commande LQ (Linéaire Quadratique) proposée par [8]. Cette méthode joue un
rôle très important dans la stratégie TUC qui a été déployée dans quelques villes et a
présenté de bons résultats [53].
La commande LQ utilise un modèle similaire au modèle linéaire (5.1). La différence
principale est que cette stratégie ne prend pas en compte les contraintes sur l’état et la
commande. C’est la raison pour laquelle la commande LQ sera utilisée sous les mêmes
conditions de notre système. En effet, les figures 5.8 jusqu’à 5.10 comparent les perfor-
mances de la commande LQ et nos stratégies de commandes. Nous avons relevé les faits
suivants :
Comparaisons des entropies : A partir de la figure 5.8, nous pouvons remarquer que
la commande H∞ et la commande dissipative sont meilleurs par rapport à la commande
LQ dans le sens où elles fournissent des faibles entropies pour tous les cycles. Cependant,
l’entropie de la commande H∞ reste un peu faible par rapport à celle de la commande dis-
sipative. En plus, on peut aussi observer que l’entropie de la commande LQ converge vers
un état correspondant à une grande entropie, ce qui se traduit par une faible performance.
124 Chap 5. Applications
130
LQ
dissipative
120
H−infini
110
Entropie de transport
100
90
80
70
60
50
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Cycle
Comparaisons des retards des véhicules : Le retard des véhicules est un critère très
important pour mesurer la qualité de service d’un système de transport. La figure 5.9
illustre les courbes des retards des véhicules par cycle en utilisant ces trois commandes.
Là aussi, il est clair que la commande H∞ conduit au plus court retard pour tous les
cycles. Les performances de la commande dissipative sont un peu plus faibles lors des
premiers cycles, mais deviennent identiques avec celles de la commande H∞ dans la
seconde moitié de la simulation. Une fois encore, la commande LQ fait converger le
système vers un mauvais état.
Efficacité : Pour l’application en temps réel, l’efficacité des commandes doit être consi-
dérée. En effet, la figure 5.10 illustre les temps de calcul des commandes pour tous les
cycles. On constate que les commandes dissipative et H∞ ont un temps de calcul proche
de zéro pour tous les cycles. Celui de la commande LQ oscille entre 0, 008s et 0, 012s, ce
qui confère à nos stratégies de commande un avantage pour des applications temps réel.
5.2 Application à un réseau artériel 125
4
x 10
3.6
LQ
dissipative
3.4
H−infini
3.2
Retard total de vehicule par cycle
2.8
2.6
2.4
2.2
1.8
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Cycle
F IGURE 5.9 – Évolution du retard total des véhicules par cycle pour le réseau artériel
−3
x 10
20
LQ
dissipative
H−infini
15
Temps de calcul par cycle
10
−5
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Cycle
Finalement, les résultats de cette comparaison sont résumés dans le tableau 5.2.
véhicules tournant à gauche et à droite partagent la même ligne que les autres véhicules.
Les sorties du réseau sont ignorées étant donné que les arcs de sortie ne sont pas pris en
compte dans les stratégies.
Nous supposons que tous les carrefours sont à deux phases de même cycle de durée
c = 90s. Pour chaque phase, le temps perdu est égal à 5s, les temps des feux verts effectifs
sont bornés entre 30 et 60s. Comme dans le cas du réseau artériel, le débit de saturation
si = 0.5véh/s est considéré pour tous les arcs du réseau. Par contre, les flux des échanges
λi,j sont données par les pourcentages suivants direct= 0.6, tourne-à-gauche= 0.1 et
128 Chap 5. Applications
tourne-à-droite= 0.3. Pour des raisons de simplicité, nous supposons que toutes les voies
partagent la même capacité moyenne x∗i = 70véh.
État nominal : Pour les voies de connexion entre le réseau et l’extérieur, nous sup-
posons que leurs débits d’entrée nominaux sont tous égales à 0.22véh/s ; d’autre part,
les débits d’entrée nominaux des voies à l’intérieur du réseau sont donnés par 0.02véh/s.
Ainsi, toutes les phases de ces 12 carrefours partagent le même temps vert effectif nominal
uiN = 40s.
Perturbations : Pour mieux mettre en évidence les effets des commandes proposées
dans ce réseau, nous considérons deux scénarios. Le premier utilise des perturbations
sinusoïdales similaires au cas du réseau artériel. Dans le deuxième scénario, nous nous
intéressons aux performances des commandes dans la situation des heures de pointes en
utilisant les perturbations à distribution de Gauss.
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
x5
0.4 x1 0.4
x6
0.3 x2 0.3
x7
0.2 x3 0.2
x8
0.1 x4 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Cycle Cycle
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
x9 x13
0.4 0.4
x10 x14
0.3 0.3
x11 x15
0.2 0.2
x12 x16
0.1 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Cycle Cycle
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
x x21
17
0.4 0.4
x x22
18
0.3 0.3
x x23
19
0.2 0.2
x x24
20
0.1 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Cycle Cycle
F IGURE 5.12 – Évolution des taux d’occupation en utilisant la commande dissipative pour
le réseau en grille
130 Chap 5. Applications
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
x25 x29
0.4 0.4
x26 x30
0.3 0.3
x27 x31
0.2 0.2
x28 x32
0.1 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Cycle Cycle
1 1
0.9
0.8 0.8
0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5
x33 x37
0.4 0.4
x34 x38
0.3
x35 x39
0.2 0.2
x36 x40
0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Cycle Cycle
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
F IGURE 5.13 – Évolution des taux d’occupation en utilisant la commande dissipative pour
le réseau en grille
5.3 Application à un réseau en grille 131
15
10
10
15
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Cycle
40.4
40.3
40.2
La commande u
40.1
40
39.9
39.8
39.7
0 20 40 60 80 100 120
Cycle
Commande H∞ : De la même manière, les figures 5.16, 5.17, 5.18 et 5.19 illustrent
kzc k2
respectivement les variations des taux occupations des voies, l’évolution du rapport kωk2
et la variation de la commande. Nous remarquons sans difficulté que toutes les observa-
132 Chap 5. Applications
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
x5
0.4 x1 0.4
x6
0.3 x2 0.3
x7
0.2 x3 0.2
x8
0.1 x4 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Cycle Cycle
1 1
0.9
0.8 0.8
0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5
x9 x13
0.4 0.4
x10 x14
0.3
x11 x15
0.2 0.2
x12 x16
0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Cycle Cycle
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
x x21
17
0.4 0.4
x x22
18
0.3 0.3
x x23
19
0.2 0.2
x x24
20
0.1 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Cycle Cycle
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
x25 x29
0.4 0.4
x26 x30
0.3 0.3
x27 x31
0.2 0.2
x28 x32
0.1 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Cycle Cycle
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
x33 x37
0.4 0.4
x34 x38
0.3 0.3
x35 x39
0.2 0.2
x36 x40
0.1 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Cycle Cycle
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Occupations
Occupations
0.6 0.6
0.5 0.5
0.25
0.2
0.15
0.1
0.05
0
0 20 40 60 80 100 120
Cycle
kzc k2
F IGURE 5.18 – Évolution de kωk2
en utilisant la commande H∞ pour le réseau en grille
48
46
44
La commande u
42
40
38
36
34
0 20 40 60 80 100 120
Cycle
Comparaison avec la commande LQ : La figure 5.20 compare les entropies pour les
trois stratégies. On peut observer que la commande H∞ est toujours puissante par rapport
aux deux autres. Cependant, cette fois-ci, la commande LQ donne de meilleurs résultats
que la commande dissipative.
480
460
440
420
Entropie de transport
400
380
360
340
320
LQ
300 dissipative
H−infini
280
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Cycle
La figure 5.21 compare le retard total des véhicules par cycle. Là aussi, on peut remar-
quer que la commande H∞ donne de bons résultats par rapport aux autres. Toutefois, la
différence entre la commande LQ et la commande dissipative est très peu illustrée. Cepen-
dant, le tableau 5.3 montre que la commande LQ est un peu meilleure que la commande
dissipative.
Enfin, en ce qui concerne les temps de calcul des commandes par cycle, la figure 5.21
donne un avantage certain à nos stratégies de commandes par rapport à la commande LQ.
136 Chap 5. Applications
4
x 10
10.2
10
9.8
9.4
9.2
8.8
8.6
LQ
8.4 dissipative
H−infini
8.2
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Cycle
F IGURE 5.21 – Évolution du retard total de véhicules par cycle pour le réseau en grille
−3
x 10
15
LQ
dissipative
H−infini
10
Temps de calcul par cycle
−5
0 20 40 60 80 100 120
Cycle
En résumé, ces résultats révèlent toujours que la commande H∞ est bien puissante
et s’adapte aux deux types de réseaux. Par contre, la commande dissipative donne de
mauvais résultats par rapport à la commande LQ. Cependant, pour les applications temps
réel, nos deux stratégies de commande demeurent les meilleures.
5.3 Application à un réseau en grille 137
20
y1
18 y2
y3
16 y4
y5
Perturbations aux heures de pointe
14
y6
y7
12
y8
10 y9
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Cycle
Afin d’examiner les capacités des commandes à gérer ces grandes demandes de trafic,
la simulation est effectuée pour 80 cycles (correspondant à deux heures). A partir des fi-
gures 5.24, 5.25 et 5.26, nous pouvons observer que ces grandes perturbations provoquent
de grandes augmentations des taux d’occupation pour les trois stratégies. Il y en a même
qui dépassent la capacité de la voie (état de congestion). Cependant, les amplitudes et
les durées de ces états sont différentes. En effet, le Tableau 5.4 nous donne, pour chaque
commande, l’amplitude de la première impulsion (réponse à la perturbation y1 ) et le cycle
de fin de l’évacuation (le cycle quand tous les taux d’occupation redeviennent inférieurs
à 0.3). Les résultats montrent que la commande H∞ dépasse largement les autres mé-
thodes avec la plus petite augmentation du taux d’occupation et la plus grande vitesse
d’évacuation.
Ce fait est aussi illustré par rapport aux entropies et le retard total des véhicules dans
les figures 5.27 et 5.28. Cependant, il faut souligner que la commande LQ présente de
meilleures performances par rapport à la commande dissipative.
0.9
0.8
0.75
0.7
0.6
Occupations
0.5 63
0.4
0.3
0.2
0.1
0
10 20 30 40 50 60 70
Cycle
F IGURE 5.24 – Évolution des taux d’occupation en utilisant la commande dissipative avec
les perturbations aux heures de pointe
5.3 Application à un réseau en grille 139
0.9
0.8
0.7
0.59
0.6
Occupations
0.5 58
0.4
0.3
0.2
0.1
0
10 20 30 40 50 60 70
Cycle
F IGURE 5.25 – Évolution des taux d’occupation en utilisant la commande H∞ avec les
perturbations aux heures de pointe
0.9
0.8
0.7
0.7
0.6
Occupations
0.5
0.4
60
0.3
0.2
0.1
0
10 20 30 40 50 60 70
Cycle
F IGURE 5.26 – Évolution des taux d’occupation en utilisant la commande LQ avec les
perturbations aux heures de pointe
140 Chap 5. Applications
180
LQ
dissipative
160
H−infini
140
Entropie de transport
120
100
80
60
40
20
10 20 30 40 50 60 70
Cycle
F IGURE 5.27 – Évolution de l’entropie du transport avec les perturbations aux heures de
pointe
4
x 10
4
LQ
dissipative
H−infini
3.5
Retard total de vehicule par cycle
2.5
1.5
1
10 20 30 40 50 60 70
Cycle
F IGURE 5.28 – Évolution du retard total des véhicules par cycle avec les perturbations
aux heures de pointe
5.4 Conclusion 141
5.4 Conclusion
La difficulté de la mise en oeuvre d’une stratégie de régulation de trafic réside dans
le choix de la géométrie du réseau de test. Pour cela, nous avons choisi deux types de
réseaux à différentes échelles contenant 4 et 12 carrefours afin de tester nos commandes
sur différentes situations : artériel et en grille. Ces réseaux possèdent des caractéristiques
correspondantes aux flux et aux feux des réseaux réels, et donc peuvent servir comme des
systèmes de test.
Les résultats de simulation montrent que les commandes proposées réalisent leurs
objectifs pour chaque système et arrivent à bien réguler le trafic. De plus, confrontées à la
commande LQ, les stratégies proposées offrent de meilleures performances, notamment
la commande H∞ qui montre bien sa puissance dans la diminution de l’entropie et le
retard de véhicules pour les différents scénarii de test. Ces résultats nous encouragent à
privilégier à mettre en pratique la commande H∞ sur un réseau réel.
Enfin, nous terminons cette conclusion pour souligner une remarque importante concer-
nant l’entropie. En effet, lors des comparaisons de nos méthodes avec la command LQ,
les courbes des entropies et du retard des véhicules ont toujours les mêmes allures. Ceci
confirme la légitimité de l’entropie du transport que nous avons introduit dans ce travail
comme une mesure du désordre du système puisque le retard des véhicules est évidem-
ment relatif au niveau d’organisation du trafic.
142 Chap 5. Applications
CONCLUSION GÉNÉRALE
Dans ce travail, nous avons présenté notre contribution portant sur la modélisation
et le contrôle a priori de congestion des réseaux de carrefours signalisés. Ces systèmes
dynamiques sont sujets à des incertitudes et des contraintes d’ordre physique ou imposées
par des obligations de sécurité. Dans ce cadre, nous avons présenté deux contributions
permettant d’apporter des améliorations appréciables pour la fluidification du trafic dans
un réseau de transport tout en tenant compte à la fois des incertitudes et des contraintes
du système.
Du point de vue de la modélisation, nous avons introduit un nouveau regard sur les sys-
tèmes de transport en proposant un premier travail sur la manière dont les liens se tissent
entre ces systèmes et la thermodynamique. Pour cela, plusieurs paramètres et principes
thermodynamiques ont trouvé leurs parallèles dans le cadre des systèmes de transport
tels que la température (taux d’occupation de la voie), la capacité thermique (capacité de
la voie), l’équilibre thermique (l’équilibre du taux d’occupation), le premier principe de
la thermodynamique (loi de conservation des véhicules) et les notions d’entropie et di-
sentropie. Le point de vue prépondérant est la considération des véhicules comme étant
l’énergie fournie ou/et échangée entre les intersections signalisées. Contrairement aux ap-
proches existantes, le modèle développé se base sur la notion d’énergie au lieu du débit.
L’avantage majeur de la modélisation thermodynamique est l’introduction de la notion
d’entropie mesurant le désordre dans les réseaux du transport. Nous avons montré que
cette dernière est liée à la densité de la circulation, ce qui lui confère une légitimité de
son utilisation. En effet, non seulement elle peut être considérée comme un moyen pour
144 Conclusion générale
la compréhension des phénomènes du trafic, mais aussi comme un outil d’évaluation pour
avoir une idée rapide sur l’évolution du trafic surtout lorsqu’il s’agit de traiter des réseaux
de grande taille.
Un autre avantage de la modélisation est que le choix énergétique fait apparaître sur le
modèle le nombre de véhicules présents sur les segments de route comme variable d’état,
ce qui permet de suivre les modifications de l’infrastructure routière dues à des situations
nouvelles sans avoir à reprendre les démarches de modélisation depuis le début. En outre,
il permet de décrire explicitement les phénomènes qui gouvernent le trafic tels que le
phénomène de congestion qui est facilement représenté par l’augmentation de l’entropie
(désordre).
Du point de vue du contrôle, la contribution principale du travail est l’introduction
des concepts de la dissipativité et de la synthèse H∞ dans le domaine de la commande
du trafic. Ces approches nous ont permis de traiter le problème de la commande de deux
façons différentes.
La première fait appel à la commande dissipative. Nous avons exploité cet outil pour
arriver à des résultats théoriques dont la vérification permet de conclure sur la possibilité
de dissiper les véhicules au moyen d’une action de la commande adéquate. L’existence
d’une commande dissipative est caractérisée par la faisabilité de certaines inégalités ma-
tricielles linéaires dont les solutions s’avèrent relativement simples à mettre en œuvre
et non coûteuses du point de vue temps de calcul. Deux cas ont été étudiés : celui où
le modèle du système est non-linéaire est d’abord analysé. Ensuite, nous nous sommes
intéressés au cas où le système peut être représenté par un modèle linéaire.
Dans le cas non-linéaire, nous avons trouvé une borne supérieure sur la norme des
incertitudes en deçà de laquelle la propriété de la dissipativité du système incertain est
conservée. Par contre, le cas linéaire n’impose aucune pénalité sur les incertitudes. Par
conséquent, l’effet des perturbations sur le comportement du système bouclé est difficile
à maîtriser, et en particulier la stabilité n’est plus garantie.
Pour remédier aux inconvénients de l’approche de la commande dissipative dans le
cas linéaire, nous avons dû avoir recours à la commande H∞ pour la solution de notre
problème de commande. Nous avons tiré profit de cet outil pour développer des résultats
assurant l’invariance positive en boucle fermée d’un domaine ellipsoïdal contenu dans
l’ensemble des contraintes. Le test d’existence et le calcul d’une loi de commande par re-
tour d’état peut alors se faire de façon simple par la résolution d’un problème de program-
145
mation linéaire convexe. Cette méthode nous a permis en outre d’intégrer directement les
incertitudes sur la commande dans la synthèse du régulateur.
L’utilisateur dispose ainsi de deux approches à sa disposition selon ses besoins. Ce-
pendant, les résultats de simulation sur les deux types de réseaux du chapitre 5 ont permis
de mettre en lumière l’importance de la méthode H∞ puisqu’elle a réussi à satisfaire les
objectifs de départ à savoir :
– Eviter la congestion en forçant les files d’attente à ne pas dépasser le niveau du
trafic correspondant à l’optimum opérationnel des lignes.
– Le calcul de la commande en temps réel.
– La prise en compte des incertitudes dans la conception de la commande.
Finalement, l’ensemble de ces travaux contribue ainsi à préciser l’intérêt d’utiliser
les concepts de l’entropie et de l’invariance positive pour résoudre le problème de la
régulation du trafic au sein d’un réseau d’intersections signalisées.
Perspectives
Plusieurs perspectives et voies de recherche peuvent être discernées. En effet, il serait
intéressant de poursuivre ce travail sur les points suivants :
1. La perspective la plus directe consiste à valider nos stratégies de commande sur un
réseau de transport réel.
3. Il est intéressant aussi de faire appel à l’outil d’optimisation avec contraintes afin
de prendre en compte les critères dédiés à la régulation du trafic comme le temps
de trajet, le temps d’attente des véhicules, etc.
146 Conclusion générale
BIBLIOGRAPHIE
[10] W. Adams, “Road Traffic Considered as a Random Series,” J. Inst. Civil Engineers,
vol. 4, pp. 121–130, 1936.
[11] B. D. Greenshields, “A Study in Highway Capacity,” Highway Research Board,
Proceedings, vol. 14, p. 458, 1935.
[12] L. Pipes, “An Operational Analysis of Traffic Dynamics,” Journal of Applied Phy-
sics, vol. 24, no. 3, pp. 274–281, 1953.
[13] P. Gipps, “A behavioural car-following model for computer simulation,” Transpor-
tation Research Part B : Methodological, vol. 15, no. 2, pp. 105–111, 1981.
[14] X. Zhao and Z. Gao, “A new car-following model : full velocity and acceleration
difference model,” The European Physical Journal B, vol. 47, no. 1, pp. 145–150,
Sep. 2005.
[15] M. Lighthill and G. Whitham, “On kinematic waves II : a theory of traffic flow on
long crowded roads,” in Proceedings of the Royal Society, London Series A, vol. 229,
1955, pp. 317–345.
[16] P. Richards, “Shockwaves on the highway,” Operations Research, vol. 4, no. 1, pp.
42–51, 1956.
[17] C. F. Daganzo, “The cell transmission model, part II : Network traffic,” Transporta-
tion Research Part B : Methodological, vol. 29, no. 2, pp. 79–93, Apr. 1995.
[18] H. Zhang and W. Jin, “Kinematic Wave Traffic Flow Model for Mixed Traffic,”
Transportation Research Record, vol. 1802, no. 1, pp. 197–204, Jan. 2002.
[19] J. Wardrop, “Some Theoretical Aspects of Road Traffic Research,” in Proceedings
of the Institution of Civil Engineers, Part II, vol. 1, no. 2, 1952, pp. 325–362.
[20] N. Vandaele, T. V. Woensel, and A. Verbruggen, “A queueing based traffic flow
model,” Transportation Research Part D : Transport and Environment, vol. 5, no. 2,
pp. 121–135, 2000.
[21] J. Kamata and T. Oda, “Detectors for road traffic,” Concise encyclopedia of traffic
and transportation systems, 1991.
[22] L. A. Klein, M. K. Mills, and D. R. P. Gibson, Traffic Detector Handbook. U.S.
Department of Transportation Federal Highway Administration, 2006.
[23] S. Avner, R. Glachet, M. Pintado, and F. Boillot, “L’image au service de la gestion
du trafic urbain,” TRANSPORT ENVIRONNEMENT CIRCULATION, vol. 160, pp.
9–13, 2000.
BIBLIOGRAPHIE 149
[24] C. Chaudy, J. Delaigle, and M. Macq, “Analyse du trafic routier par caméra intelli-
gente : MvTraffic,” UCL, Tech. Rep., 2004.
[25] F. Webster, Traffic signal settings, ser. Road research technical paper. London :
Great Britain Road Research Laboratory, 1958, no. 39.
[26] J. T. Morgan and J. D. C. Little, “Synchronizing Traffic Signals for Maximal Band-
width,” Operations Research, vol. 12, pp. 896–912, 1964.
[27] J. D. C. Little, “The Synchronization of Traffic Signals by Mixed-Integer Linear
Programming,” Operations Research, vol. 14, no. 4, pp. 568–594, Jul. 1966.
[28] N. A. Chaudhary, A. Pinnoi, and C. Messer, “Proposed enhancements to
MAXBAND-86 program,” Transportation Research Record, vol. 1324, 1991.
[29] N. H. Gartner, S. F. Assmann, L. F., and D. L. Hom, “A multiband approach to arte-
rial traffic signal optimization,” Transportation Research Part B : Methodological,
vol. 25, pp. 55–74, 1991.
[30] C. Stamatiadis and N. H. Gartner, “MULTIBAND-96 : a program for variable band-
width progression optimization of multiarterial traffic networks,” U.S. Dept. Transp.,
Washington, DC, Transp. Res. Record 1554, 1996.
[31] D. I. Robertson, “TANSYT method for area traffic control,” Traffic Engineering &
Control, vol. 10, pp. 276–281, 1969.
[32] D. Hale, Traffic Network Study Tool : TRANSYT-7F, United States Version. Mc-
Trans Center in the University of Florida, Gainesville, Jan. 2005.
[33] M. T. Li and A. C. Gan, “Signal timing optimazation for oversaturated networks
using TRANSYT-7F,” in 78th Annu. Meeting Transportation Research Board, 1999.
[34] M. Bielli, G. Ambrosino, and M. Boero, Artificial intelligence applications to traffic
engineering. VSP International Science Publishers, 1994.
[35] P. Lowrie, “The Sydney coordinated adaptive traffic system - principles, methodo-
logy, algorithms,” in International Conference on Road Traffic Signalling, London,
United Kingdom, 1982, pp. 67–70.
[36] P. Hunt, D. Robertson, R. Bretherton, and R. Winton, “SCOOT-a traffic responsive
method of coordinating signals,” Transport and Road Research Laboratory, Tech.
Rep. LR 1014 Monograph, 1981.
150 BIBLIOGRAPHIE
[37] R. D. Bretherton, P. Hunt, D. Robertson, and M. Royle, “The SCOOT on-line traffic
signal optimisation technique,” Traffic Engineering and Control, vol. 23, no. 4, pp.
190–192, 1982.
[38] D. Bretherton, “Current Developments in SCOOT : Version 3,” Transportation Re-
search Record : Journal of the Transportation Research Board, vol. 1554, pp. 48–52,
1996.
[39] R. Bretherton, “The use of SCOOT for traffic management,” in INTERNATIONAL
CONFERENCE ON ROAD TRAFFIC CONTROL, 1986, pp. 81–85.
[40] N. H. Gartner, “OPAC : A DEMAND-RESPONSIVE STRATEGY FOR TRAFFIC
SIGNAL CONTROL,” in Transportation Research Record 906. Washington, DC :
U.S. Dept. Transp., 1983.
[41] N. H. Gartner, F. J. Pooran, and C. M. Andrews, “Implementation of the OPAC
adaptive control strategy in a traffic signal network,” in Proceedings of the IEEE
4th International Conference on Intelligent Transportation Systems, Oakland, CA,
2001, pp. 195–200.
[42] D. Gazis and R. Potts, “The Oversaturated Intersection,” in Proceedings of the Se-
cond International Symposium on the Theory of Road Traffic Flow, 1963, pp. 221–
237.
[43] D. C. Gazis, Traffic Theory. Boston : MA : Kluwer, 2002.
[44] M. Papageorgiou, C. Diakaki, V. Dinopoulou, A. Kotsialos, and Y. Wang, “Review
of road traffic control strategies,” Proceedings of the IEEE, vol. 91, no. 12, pp. 2043–
2067, 2003.
[45] G. C. D’Ans and D. C. Gazis, “Optimal Control of Oversaturated Store-and-Forward
Transportation Networks,” Transportation Science, vol. 10, no. 1, pp. 1 –19, Feb.
1976.
[46] P. G. Michalopoulos and G. Stephanopoulos, “Oversaturated signal systems with
queue length constraints ii : System of intersections,” Transportation Research,
vol. 11, pp. 413–421, 1977.
[47] J. H. Lim, S. H. Hwang, I. H. Suh, and Z. Bien, “Hierarchical optimal control of
oversaturated urban networks,” Int. J. Control, vol. 33, p. 727¨C737, 1981.
[48] E. J. Davison and U. Ozguner, “Decentralized control of traffic networks,” IEEE
Transactions on Automatic Control, vol. 28, p. 677¨C688, 1983.
BIBLIOGRAPHIE 151
[49] A. K. Rathi, “A control scheme for high traffic density sectors,” Transportation Re-
search Part B : Methodological, vol. 22, pp. 81–101, 1988.
[50] K.-J. Kim and M. G. H. Bell, “Development of an integrated traffic control strategy
for both urban signalised and motorway networks,” in Proceedings of 1st Meeting
EUROWorking Group on Urban Traffic and Transportation, Landshut, Germany,
1992.
[51] C. Diakaki, “Integrated control of traffic flow in corridor networks,” Ph.D. Thesis,
Department of Production Engineering and Management, Technical University of
Crete, Chania, Greece, 1999.
[52] K. Aboudolas, M. Papageorgiou, and E. Kosmatopoulos, “Store-and-forward based
methods for the signal control problem in large-scale congested urban road net-
works,” Transportation Research Part C : Emerging Technologies, vol. 17, no. 2,
pp. 163–174, Apr. 2009.
[53] E. Kosmatopoulos, M. Papageorgiou, C. Bielefeldt, V. Dinopoulou, R. Morris,
J. Mueck, A. Richards, and F. Weichenmeier, “International comparative field eva-
luation of a traffic-responsive signal control strategy in three cities,” Transportation
Research Part A : Policy and Practice, vol. 40, no. 5, pp. 399–413, Jun. 2006.
[54] W. M. Haddad, Q. Hui, S. G. Nersesov, and V. Chellaboina, “Thermodynamic mo-
deling, energy equipartition, and nonconservation of entropy for discrete-time dy-
namical systems,” Advances in Difference Equations, vol. 2005, no. 3, pp. 275–318,
2005.
[55] Y. A. Cengel and M. Boles, Thermodynamics : An Engineering Approach, 4th ed.
McGraw-Hill Science/Engineering/Math, Nov. 2001.
[56] J. C. Willems, “Dissipative dynamical systems part I : General theory,” Archive for
Rational Mechanics and Analysis, vol. 45, no. 5, pp. 321–351, 1972.
[57] G. H. Hardy, J. E. Littlewood, and G. Pólya, Inequalities, 1st ed. London : Cam-
bridge University Press, 1934.
[58] A. W. Marshall, I. Olkin, and B. C. Arnold, Inequalities : Theory of Majorization
and Its Applications, 2nd ed., ser. Springer Series in Statistics. New York, USA :
Springer, 2011.
[59] F. Robert, Matrices nonnégatives et normes vectorielles, ser. Cours de DEA. Gre-
noble : Institut IMAG, 1973.
152 BIBLIOGRAPHIE