Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
Définition de l’exercice
Faire un plan
Conseils de rédaction
L’introduction
Le développement
La conclusion
Voici un exemple de sujet : Pensez-vous qu’il est plus efficace de défendre une
cause ou de dénoncer une injustice à travers un personnage inventé, comme le
font Victor Hugo et les autres auteurs du corpus ? Vous répondrez dans un
développement argumenté, en vous appuyant sur les textes du corpus, les
œuvres étudiées en classe ou lues personnellement, ainsi que, éventuellement,
sur des exemples empruntés à d’autres formes d’art, y compris le cinéma.
À cette fin, il faut bien sûr travailler régulièrement durant l’année scolaire. Il
n’est pas question, pour cet exercice difficile, d’improviser le jour de l’examen.
Faire un plan :
les exemples que vous choisissez n’illustrent pas vos propos (arguments) ;
les arguments et les exemples que vous proposez ne sont pas présentés dans
un ordre logique, c’est-à-dire lorsque votre raisonnement n’est pas progressif ;
votre dissertation ne respecte pas les règles de cet exercice académique : il n’y
a, par exemple, que deux « grandes » parties ou seulement deux sous-parties
dans une partie (dans ce cas, les différentes parties de votre devoir ne sont pas
équilibrées).
N’hésitez pas à utiliser des citations (exactes) si elles sont pertinentes : vous
montrez ainsi que vous êtes capable de mobiliser vos connaissances et de les
exploiter avec perspicacité. Assurez-vous de commenter votre citation, sans
quoi elle perd toute sa valeur. Utilisez des guillemets pour les citations et pour
les titres de poème :
Se sent pris comme aux lacs, car l’huître tout d’un coup
Entrée en matière / accroche / amorce : phrase générale en lien avec le sujet. Il peut s’agir
par exemple du contexte littéraire ou de l’historique, n’importe quelle phrase pouvant
accrocher le lecteur.
Citation du sujet : si celle-ci est trop longue, n’hésitez pas à la reformuler. Rédigez ensuite
votre problématique sous forme de question
Annonce du plan : Utilisez des phrases élégantes et fluides. Evitez les formulations lourdes
telles que « Dans une première partie nous analyserons… puis dans une seconde partie nous
nous intéresserons à … »
Récapitulation des propos : bilan de la Comment être sûr de bien avoir traité le sujet ?
Lors de votre préparation au brouillon, assurez-vous que toutes vos idées ont un
rapport avec le sujet et que chaque idée est illustrée avec des exemples. Ne donnez
pas votre opinion. Assurez-vous aussi que les éléments soient organisés entre eux et
que la progression des idées est logique. Vos arguments doivent être rangés (du plus
fort au plus faible, du moins important au plus important, du contre au pour, du pour
au contre).
https://www.doc-etudiant.fr/Francais/Dissertation/
Voici un exemple rédigé de dissertation qui vous montrera les articulations ici signalées entre
crochets à respecter dans sa rédaction.
[argument 1 de la première partie ] Un scientifique sait que certaines opinions ne résistent pas
aux critères de validité expérimentaux. Même si toute vérité scientifique est provisoire, il n’en
reste pas moins que certaines opinions sont fausses. Par exemple croire et affirmer que l’humanité
est apparue en 6 jours est scientifiquement faux. La vérité scientifique ne tolère pas l’ignorance.
[argument 2 de la première partie] Nous parlons ici de vérité objective mais les règles de
conduite produites dans notre esprit, nos valorisations sont aussi liées à des critères de validité. Il
y a par exemple peu d’authenticité de notre part à vivre nos expériences centré sur nous-même
alors que nous condamnons l’égocentrisme. La racine de notre égoïsme ne subsistera-t-elle pas
tant que nous vivrons en personnalisant notre expérience ? Ceux qui s’approchent de cette vérité,
peuvent-ils supporter les opinions qui font la promotion du narcissisme, c’est-à-dire d’une attitude
où tout est centré sur soi, sa famille, son clan, son pays, sa religion ?
[transition critique introduisant la deuxième partie] La vérité sait que l’opinion nie
l’expérimentation ou la réalisation intérieure de ce qui est authentique. Seule la vérité est
tolérable dans l’esprit de celui qui se libère des opinions toutes égocentriques mais cette
intolérance vis-à-vis de toute opinion doit-elle entraîner l’intolérance vis-à-vis des personnes qui
restent inauthentiquement attachées à leurs opinions égocentriques ? [argument 1 de la
deuxième partie] Tolérer n’est pas forcément encourager mais laisser être. Le primate qui s’est
mis à penser pour la première fois a-t-il méprisé ses congénères incapables d’accomplir la même
opération ? Non, il était tout simplement d’une autre espèce, mieux doté pour vivre. Celui qui est
plus conscient regarde avec tristesse voire avec compassion ceux qui le sont moins. Il supporte le
poids d’une ignorance où lui-même se tenait précédemment.[argument 2 de la deuxième
partie] Il laisse les autres être ce qu’ils sont tant qu’ils lui permettent d’exister. Une opinion
intolérante est tolérable en droit tant qu’elle ne produit pas l’intolérance en fait. « Tout peut se
dire », comme le dit Raoul Vaneigem (philosophe belge contemporain) mais bien sûr pas se faire.
[transition critique introduisant la troisième partie] Mais n’y a-t-il pas un impensé ? Une insulte
n’est pas seulement une parole mais aussi un acte. La parole peut agir et faire agir. Tolérer le
discours xénophobe ne risque t-il de nous en faire les complices ? [argument 1 de la troisième
partie] Comme le souligne Comte Sponville la tolérance est une vertu non un droit. Le xénophobe
n’a pas à exiger qu’on le tolère, on tolère déjà son existence et son inauthenticité. La vertu de
tolérance doit avoir en vue le droit à la liberté d’expression. La Tolérance doit servir la liberté de
conscience même si celle-ci se trompe comme le souligne Voltaire. Ainsi si des actes et des paroles
menacent ces droits, nous devons y être intolérant.[argument 2 de la troisième partie] La
nécessité de faire des lois pour limiter les agissements de ceux qui la menacent traduit notre
fragilité politique. [argument 3 de la troisième partie]Faire des lois cependant ne suffit pas, il
faut que nous œuvrions à une mentalité plus authentique et donc moins centrée sur ses intérêts
individuels. Les intolérants recrutent parmi les laissés pour compte de notre sociétés.
[conclusion de la dissertation] Pour la vérité, toute opinion est finalement égocentrique et donc
seulement tolérable comme on tolère avec compassion notre ignorance passée. La vérité pour
exister a aussi besoin d’un espace où elle est tolérée. Elle trouve dans la défense de la liberté
d’expression et de la liberté de conscience la parfaite défense de son droit à être et le sens
profond de sa vertu de tolérance. [facultatif : ouverture à un nouvel enjeu par une question
mais qui ne montre pas qu’on a omis de traiter un aspect essentiel du sujet] Reste maintenant
à se demander plus précisément ce qu’est la vérité.
• A propos de l’ouverture Elle est facultative car souvent elle trahit le fait qu’un aspect essentiel
du sujet n’a pas été traité.
[1]- Ce qui est rare se paie cher, or l’amour est rare, donc l’amour se paie cher. [4]-
D’après le philosophe Kant, nous sommes libres. [5]- « La Beauté sauvera le monde », car
l’émerveillement ouvre l’esprit. [2]- Si chacun cherche son intérêt, il enrichira les autres
pour s’enrichir encore plus. [3]- Socrate est un homme or les hommes sont mortels donc
Socrate l’est.
Explications
• A propos de [1]- Ce qui est rare se paie cher, or l’amour est rare, donc l’amour se paie
cher. L’argument le plus faible est le [1] qui dit « Ce qui est rare se paie cher, or l’amour
est rare, donc l’amour se paie cher. ». Du même genre et plus célèbre il y a : « Ce qui est
rare est cher, or un cheval bon marché est rare donc un cheval bon marché est cher. ». En
fait cela ressemble à un raisonnement logique mais cela part d’un préjugé très discutable
que « Ce qui est rare est cher ou se paie cher ». Il y a des choses rares qui n’ont pas de
prix tel que savoir apprécier la beauté lorsqu’elle se présente. Ce type de raisonnement
est un SOPHISME. Un sophisme est un procédé rhétorique pour persuader quelqu’un de
n’importe quoi. Notre sophisme est plus efficace que celui du cheval bon marché cher car
il joue sur le sens du mot payer qui désigne le fait de donner de l’argent et aussi le fait de
faire des efforts pour atteindre un but. Le terme sophisme vient des sophistes grecs
contemporains de Socrate qui contre paiement voulait apprendre à persuader n’importe
qui de n’importe quoi. Leurs techniques ont été reprises par les politiciens, les avocats
mais surtout par les publicitaires. AUCUN SOPHISME N’EST PERMIS DANS UNE
DISSERTATION.
• A propos de [4]- D’après le philosophe Kant, nous sommes libres. Ceci est typiquement
un ARGUMENT D’AUTORITE. C’est-à-dire que nous avons là la conclusion de cet auteur mais
aussi l’idée qu’il suffit de citer le nom d’un philosophe, d’un écrit sacré pour que ce soit
vrai. Il faut être en mesure de restituer le raisonnement de l’auteur si on veut éviter toute
soumission irréfléchie à une autorité. Certes l’argument d’autorité n’a pas l’ambition de
tromper l’autre comme l’argument qu’est le sophisme mais historiquement l’argument
d’autorité a toujours été au service de l’ignorance et du refus d’évoluer. AUCUN
ARGUMENT D’AUTORITE N’EST PERMIS DANS UNE DISSERTATION.
• A propos du [2]- Si chacun cherche son intérêt, il enrichira les autres pour s’enrichir encore
plus. Cet argument est la base même du libéralisme politique et économique. Imaginons que
quelqu’un s’empare de toutes les richesses de la terre, à quoi lui serviront ces richesses si
elles ne signifient plus rien pour le restant de l’humanité. Ceux-ci auront alors d’autres modes
d’échange ou se sentant esclave renverseront le tyran. La richesse ne garde son intérêt que s’il
y a quelque chose à échanger. S’enrichir durablement dans l’échange consiste donc à ne pas
appauvrir l’autre lorsqu’on échange quelque chose avec lui. Les adversaires du libéralisme
essaieront de dire que la solidarité, la gratuité des échanges sont plus nobles. Le libéral
répondra en demandant : l’amour du prochain ne serait-il pas un intérêt élargi au-delà de soi-
même à tous les êtres humains plutôt qu’une absence d’intérêt ? Dans l’idéal, une société
libérale peut donc évoluer vers une société de solidarité et de gratuité créatrice. Cependant
ce raisonnement contient un défaut, il présuppose que les hommes évoluent dans l’intelligence
de leurs réels intérêts. Cet argument est logique du point de vue de l’intelligence et de la
logique mais il présuppose que nous soyons ou devenions logiques et intelligents jusque dans
nos comportements. Ce n’est donc pas l’argument le plus fort de notre liste.
• A propos du [4]- Socrate est un homme or les hommes sont mortels donc Socrate l’est. Ce
raisonnement imparable est un SYLLOGISME. Les prémisses « Socrate est un homme » et
« les hommes sont mortels » ne sont pas des préjugés contrairement aux prémisses d’un
faux syllogisme comme le sophisme de l’énoncé [1]. C’est le philosophe Aristote (grec,
IIIe s. av. JC) qui lui a donné son nom. Ce raisonnement aurait pu rester le même si on avait
écrit plus simplement : « Les hommes sont mortels donc Socrate l’est ». Mais pour plus de
justesse il conviendrait de remarquer que le corps est mortel car Socrate lui-même
n’excluait pas, selon ce que nous rapporte son disciple Platon une, forme d’immortalité de
l’aspect individuel de la conscience et il était certain que la conscience a une dimension
universelle immortelle.
• Conclusion Ceci suggère qu’il n’existe pas d’argument absolu et définitif mais des
arguments plus ou moins forts.
2- Exercice pour éviter le plan « oui », « non », « peut-être », etc.
Appliquez cette technique de problématisation au sujet « Doit-on respecter la nature ? » a) Noter
toutes vos idées sur ce sujet en 3 ensembles : oui/non ou inclassables. b) Repérer les sous-débats
qui opposent les idées d’un même ensemble. c) Regrouper les idées des ensembles « oui » et
« non » formant un même sous débat. A partir de là, proposer un plan en trois parties.
1- correction de la question a)
Voici des ensembles non exhaustifs d’arguments à propos de « Doit-on respecter la nature ? »
• Dans l’ensemble des arguments en faveur du « OUI » a) Si nous ne respectons pas la nature dans
notre développement technologique, il y aura des déséquilibres climatiques, bactériels, viraux,
chimiques, etc. qui feront de nombreux morts et menaceront l’avenir de l’espèce humaine. b) Il
faut respecter notre mémoire en respectant les espèces qui témoignent du parcours évolutif dont
nous sommes issus. Il y a un sens du sacré et surtout de la beauté qui s’éveille face à la nature.
Kant (Allemand, XVIIIe s.) parlait d’une analogie entre le sentiment de la beauté du ciel étoilé et le
sentiment de l’obligation morale. Il faut respecter le mystère de la nature qui est notre mystère.
c) Il est dommageable de gaspiller la biodiversité qui pourrait être utile à nos recherches
médicales, à la connaissance du vivant. Il faut respecter la nature car ses processus même
lorsqu’ils se retournent contre le vivant ne menacent jamais sa survie en général. Un accident
technologique comme la diffusion involontaire d’un virus fatal ou une guerre thermonucléaire
aujourd’hui pourrait menacer d’extinction la race humaine même si la vie en réchapperait. Nous
devons apprendre de la nature à évoluer sans risquer l’extinction de notre espèce. d) Il faut
retourner vivre au sein de la nature. Nous sommes par notre culture des animaux malades et
dénaturés alors que le bonheur consiste à vivre simplement comme un animal qui ne se soucie pas
de la mort mais de l’instant présent, de ses simples désirs naturels et nécessaires qui sont mange,
boire, dormir, etc. et bien sûr du désir naturel mais non nécessaire de se reproduire. Ceci est le
point de vue des Cyniques de l’antiquité grecque, des philosophes qui adoptaient un mode de vie
animal comme celui du chien. Le premier fût Diogène le Cynique au IVe s. av. JC.
• Dans l’ensemble des arguments en faveur du « NON » e) Les maladies, la mort et de nombreuses
catastrophes sont naturelles pourtant qui peut affirmer qu’elles sont respectables ? On ne doit pas
respecter unilatéralement la nature. f) La vocation de l’homme est devenir comme Descartes
(français, XVIIe s.) le disait « comme maîtres et possesseur de la nature ». Nous devons donc
apprendre à substituer à la biosphère naturelle ce que le philosophe Bruno Latour (français,
contemporain) a appelé une technosphère. Autrement dit tous les processus naturels doivent être
soumis à des processus techniques inventés par l’homme. Ceci est notre garanti de survie à travers
l’univers : nous pourrions si la technosphère se substitue à la biosphère envisager de coloniser
d’autres planètes. g) Le Respect moral implique la notion de conscience personnelle or la nature
ne semble pas doter d’une conscience personnelle. Si elle était dotée d’une telle conscience elle
ne serait guère morale vue les catastrophes naturelles que nous devons subir. Il est vrai qu’un
chien nous inspire plus le respect qu’une limace mais n’est-ce pas parce que nous voyons comme
plus de conscience dans un chien qu’une limace ?
• Dans l’ensemble d’arguments inclassables en faveur du « OUI » et du « NON » h) Il se peut que
nous soyons l’émergence de la conscience dans la nature. Autrement dit la nature prend
conscience d’elle à travers nous. Respecter la nature consiste donc à nous respecter nous même en
tant que conscience évolutive de la nature dont nous sommes les agents individuels. Finalement
n’est-ce pas là le sens du sentiment de sacré et de beauté dans la nature ? i) Respecter la nature
revient donc réaliser à chaque instant la fausseté des interprétations de nous-même qui nous
définissent comme individu étroitement lié à ses désirs personnels et ses peurs, comme membre
de tel clan, tel pays, telle religion plutôt que telle autre. Respecter la nature extérieure ne pourra
s’accomplir qu’à travers le respect de notre véritable nature intérieure. j) La technique est à
reconsidérer comme une émergence évolutive au sein de la nature. Que serait une évolution
consciente de la technologie comme évolution consciente de la nature à travers l’homme ? Ce ne
serait certainement pas une main mise mécanique.
2- correction de la question b)
Les lettres renvoient aux arguments. Dans l’ensemble des arguments en faveur du « OUI », (d)
s’oppose à (c) et (b) et peut s’allier à (a). Une écologie du retour à la nature (d) s’oppose à une
écologie mettant au centre le développement de l’homme. Dans l’ensemble des arguments en
faveur du « NON », (e) peut s’allier à (f) mais n’est pas du même ordre que (g) à cause de sa
confiance technologique un peu aveugle. On distingue un projet technologique faisant de la nature
qu’un objet à exploiter (f) d’une relation vivante à la nature (g). Dans l’ensemble des arguments
inclassables, il y a unité de la vision formée par (h), (i), (j).
3) Correction de la question c)
On constate bien dans chacun des ensembles en faveur du « OUI » et du « NON » des positions
inconciliables ou différentes. A partir de là on peut construire un plan qui échappe au « OUI »,
« NON », « peut-être » ou « ça dépend ». Voici un plan possible parmi d’autres :
Première partie : Vue les menaces écologiques, respecter la nature ne serait-ce pas
retourner à la vie animale ? C’est une possibilité avec (a) et (d) mais pour la majorité
d’entre nous nous préférons (e), (g).
Deuxième partie : Respecter la nature n’est-ce pas respecter ses seules lois physiques en
vue du seul respect de la conscience humaine par le progrès technologique ? oui avec (f)
mais c’est à nuancer avec (c) et même à interroger avec (b).
Troisième partie : Respecter la nature n’est-ce pas réaliser que l’homme est la conscience
de la nature ? (h), (i), (j) dessine un nouveau contexte pour le problème.
• Le préjugé du sujet [1]- La vie donne t-elle au plus fort le droit d’exploiter les plus faibles ? Ce
sujet peut choquer nos bons sentiments et il peut être difficile de mettre en cause son préjugé.
Car malgré nos bons sentiments nous acceptons bizarrement le préjugé qu’il y ait des forts et des
faibles. Il est évident que personne n’est fort sur tous les plans, chacun s’avère faible sur certains
plans. Celui qui nous considérions comme un faible parce qu’il semble handicapé, souvent pointe
en nous des dimensions de la vie qui nous échappent. Bien sûr, notre relative force physique ou
intellectuelle nous fait sentir supérieur mais si nous prêtons attention, qu’en est-il de notre
transparence émotionnelle ? Qu’en est-il de nos qualités sensitives dans des domaines tel que le
toucher, l’odorat, etc. Peut-on être le champion du monde du 100m et en même temps celui du
marathon ? Non, car le corps du marathonien est construit pour l’endurance, il n’est pas bâti avec
une lourde musculature dans le seul but de l’accélération. Un être humain ne peut pas donc être
fort en tout. De même intellectuellement, nous ne pouvons pas accumuler toutes les
connaissances humaines. Aucun être humain ne saurait par exemple construire la fusée Ariane tout
seul ! Méfions-nous donc en usant de notre force à ne pas nier le visage de notre faiblesse !
• Le préjugé du sujet [2]- Le progrès doit-il nous faire perdre le souvenir du passé ? Le préjugé ici
est l’idée qu’il y a un progrès. Le progrès moral et spirituel de l’humanité est loin d’être une
évidence. Et on peut même se demander si la technique est un progrès [voir cours sur ce point
p.66]. Pour ne pas s’égarer dans un hors sujet en se demandant seulement s’il y a du progrès ou
non, on peut remarquer que c’est bien le souvenir du passé qui permet de juger de la qualité de
nos progrès. Mais aussi on peut voir que ce qui est insignifiant de ce point de vue peut s’oublier.
Enfin tout progrès réel nous arrache à notre identification à notre histoire. [sur ce dernier point
voir notre traitement du sujet « La liberté a-t-elle une histoire ? » p. ]
• Le préjugé du sujet [4]- Faut-il accepter son destin ? Le préjugé ici est l’idée de destin. L’idée
de destin entendu comme idée que nous serions prédéterminé à l’avance pour faire telle et telle
chose est très discutable. Le sujet peut donc être traité sous l’angle du refus de l’idée même de
destin. [pour approfondir ce point voir notre cours sur la liberté et plus particulièrement p. ]
2- corrigé de b)
• Le préjugé du sujet « Peut-on connaître les lois de la nature ? » Le préjugé difficile à trouver
tant on nous y a habitué est ici l’idée qu’il y ait des lois de la nature. Certes la nature répète des
comportements similaires dans des circonstances données. Mais tout comme un fumeur a
l’habitude de fumer en telles circonstances plutôt que telle autre jusqu’à ce qu’il arrête, ce qu’on
appelle les lois de la nature ne serait-elle pas des habitudes qu’a prise la nature. La loi est associé
à l’idée de nécessité. Mais la nécessité ne serait-elle pas elle-même comme une formation du
hasard ou de la contingence (ce qui peut être autrement) ? Sheldrake (anglais, contemporain,
biologiste et philosophe) prend l’image d’un fleuve et de son lit, le trou qu’il a creusé dans la
terre et le roc. En un sens ce sont les hasards des flux du fleuve qui ont creusé son lit mais ce lit
dicte maintenant une nécessité au fleuve. Ainsi on a un modèle parfait d’une loi nécessaire qui
n’est qu’une habitude prise par hasard ou de façon contingente. Certains physiciens envisagent
sérieusement comme John Gribbin (USA, contemporain) par exemple qu’à chaque instant des
univers parallèles se mettent à exister avec d’autres tournures et au final d’autres lois. Ces idées
pour l’instant hypothétiques sont connues de la plupart d’entre nous car elles ont inspiré de
nombreuses séries TV ou film de science fiction.
• Proposition de transition d’une première partie où le préjugé est montré vers un traitement plus
subtil du sujet L’idée de nécessité impérieuse de la nature sous la formes de lois qui seraient
toujours vraies au cours du temps peut être remises en questions. Cependant s’il n’y a que des
habitudes de la nature, nous devons reconnaître que nous avons parfois des difficultés à les
repérer. Et d’autre part, si ce ne sont que des habitudes, pourrions nous connaître la dynamique
première qui les a formées ? Pourrions-nous maîtriser cette dynamique ou impulsion première afin
de devenir nous-même les créateurs de la nature ? Ici le lien entre connaissance et nature devient
plus étroit, notre connaissance n’est-elle pas elle-même une habitude de la nature, une forme
dynamique prise par la dynamique ou impulsion première ? La focalisation de notre connaissance
sur les lois de la nature qui ne seraient en fait que des habitudes ne devrait-elle pas être mise en
question pour s’intéresser directement à la dynamique créatrice des lois de la nature ? Y a-t-il
dans notre faculté de connaître quelque chose qui soit créateur ? [ceci croise les idées de la
troisième partie de « Doit-on respecter la nature ? » p. ]
CORRIGE DE L’EXERCICE 4
1)- corrigé du a)
• Contradiction problématique du sujet [1]- Une guerre peut-elle être juste ? La contradiction
problématique saute au yeux : l’idée de justice implique un ordre moral social paisible or la guerre
utilise la violence, le meurtre et crée un désordre conflictuel.
• Contradiction problématique du sujet [3]- Un objet peut-il être à la fois beau et utile ? Il y a une
contradiction problématique entre l’idée de beauté qui évoque la gratuité, le désintéressement et
l’idée d’utilité qui par excellence évoque l’intérêt.
2)- corrigé du b)
Le « peut-on » nous demande si c’est une possibilité de fonder le droit sur la nature, il ne semble
pas forcément y avoir d’obligation à ce sujet. Il conviendra de remarquer qu’on peut fonder le
droit tout à fait en dehors de considération sur la nature : le droit est alors un contrat entre des
libertés individuelles pour ne pas empiéter les unes sur les autres (comme l’envisage au XVII e s. le
philosophe anglais Locke). Ne faut-il pas alors considérer le droit à partir de notre nature humaine
qui serait celle paradoxalement d’être libre en s’arrachant à la nature ? Mais ce mot nature
suggère aussi au moins deux façons de l’entendre dans son sens large. La première est de voir la
nature comme un monde soumis à des lois matérielles. Nos lois politiques pour ne pas conduire au
désordre ne devraient-elles pas découvrir quelles sont les lois matérielles qui dirigent les
comportements humains ? Une autre approche insistera plutôt sur les dynamiques matérielles, sa
capacité de faire émerger de nouvelles lois donnant aux êtres plus de possibilité. Notre droit est
alors de participer à cette dynamique de lois émergentes. Et donc même si on ne fonde pas le
droit sur la nature telle qu’elle est, comment tenir compte de sa dynamique d’émergence et lui
donner son droit qui sous-tend le nôtre ?
• Proposition de plan pour le sujet [1]- Peut-on fonder le droit sur la nature ? Première Partie : Si
les lois des conduites humaines sont des lois matérielles, ne doit-on pas fonder le droit en vue d’un
ordre social harmonieux à partir de ces lois ? (Une version de cette approche se trouve chez
Auguste Comte, philosophe français du XIXe inventeur de la sociologie) Deuxième Partie : L’homme
n’est-il par excellence l’être s’arrachant à sa nature et donc socialement libre des lois naturelles
condamnés à en instaurer par lui-même ? (On pourra défendre l’approche d’un contrat social entre
libertés individuelles). Troisième Partie : Mais aujourd’hui où se découvre un devoir urgent envers
la nature ne faut-il pas un nouveau droit naturel ? (Il y a urgence de fonder une écologie politique)
• Analyse problématique du sujet [2]- La liberté a-t-elle une histoire ? L’énoncé de ce sujet peut
susciter un étonnement : l’histoire des historiens ou notre propre histoire ne sont-ils pas avant
tout le récit de notre marche jamais acquise vers une liberté affective, individuelle, politique,
économique, etc. On ne voit pas comment envisager un instant que la liberté n’ait pas d’histoire.
L’analyse des divers sens des termes est ici nécessaire pour élargir notre réflexion. La liberté n’est
pas seulement la liberté qui se matérialise. Il faut distinguer la liberté intérieure (métaphysique,
c’est-à-dire en dehors du contexte matériel) des libertés extérieures morales et politiques. Si on
veut penser une liberté qui n’a pas d’histoire on réfléchira du côté de la liberté intérieure. Le mot
histoire a plusieurs sens : il désigne les récits qu’ils soient de fiction ou historiques, et il désigne ce
qui a eu effectivement lieu et que le récit historique, scientifique tente de reconstituer
objectivement. On peut alors poser une série de questions :
La liberté intérieure propre à l’homme n’est-elle pas liée à sa capacité de faire des
fictions ? La liberté n’est-elle pas avant tout alors notre capacité d’imaginer des histoires
que nous pouvons ensuite essayer de matérialiser ?
Mais alors comment penser l’incarnation matérielle de cette capacité ? Dans un premier
sens, comment comprendre que la fiction puisse devenir réalité ? Mais aussi dans un second
sens comment une telle capacité a-t-elle pu émerger dans l’univers physique ?
Pour devenir réalité la fiction doit avoir un socle objectif, une fiction réaliste et
pragmatique semble avoir plus de chance de s’incarner. Mais paradoxalement c’est un
esprit détaché du réalisme et du pragmatisme réduits au seul impératif de l’efficacité qui
produit les possibilités les plus libératrices. Sans une dimension utopique (hors du temps et
de l’espace) notre liberté serait tout entière soumise aux processus matériels, elle ne
serait qu’invention et non pas création. En ce sens l’impulsion créatrice propre à la liberté
intérieure est détaché de toute forme d’identification à l’histoire qu’elles soient les récits
auxquels on s’identifie ou même celle des faits objectifs. Mais si cette idée d’un puissance
créatrice hors du temps et de l’espace n’est pas fausse comment libérer notre liberté
intérieure de son esclavage et de sa soumission aux situations ?
Ceci recoupe et amplifie la question de savoir comment la liberté qui n’a pas d’histoire
parce qu’elle en est libre peut surgir dans l’histoire ?
Finalement les progrès de la liberté dans l’histoire du point de vue moral et politique ne
sont-ils pas liés à la croissance de plus en plus harmonieuse et intense dans le monde
matériel de notre liberté créatrice ?
Dernier point, il faut s’interroger sur le préjugé de notre approche qui réduit la liberté
créatrice au pouvoir et à l’inspiration de la fiction ? Quel pourrait être une puissance
créatrice matérielle au-delà de la fiction ? Ne faudrait-il pas aller au-delà de l’intuition, de
l’inspiration poétique ? Là où la chimie de nos esprits croise la conscience…
• Proposition de plan pour le sujet [2]- La liberté a-t-elle une histoire ? Première Partie : La liberté
de la conscience humaine n’est-elle lié à sa capacité de raconter des histoires ? ( Le philosophe
français Ricoeur approche ainsi notre identité humaine) Deuxième Partie : Se raconter des
histoires n’est-ce pas par excellence l’illusion d’être libre puisqu’il y a la nécessité matérielle
autrement dit les lois incontournables de la matière ? (On traitera à l’occasion le préjugé du sujet
qui suppose qu’on est libre) Troisième Partie : Une liberté créatrice peut-elle se découvrir en nous
au-delà de notre capacité fictive ? La conscience est-elle le fruit hasardeux de l’histoire matérielle
ou bien la conscience est-elle l’impulsion créatrice impersonnelle en nous qui anime le monde
matériel y compris en notre cerveau ? (Ces questions sont abordées au début du XXe s. par Bergson)
A ce sujet, nous renvoyons à notre corrigé détaillé "La liberté a-t-elle une histoire ?"
• Analyse problématique du sujet On peut exploiter les deux sens du mot « échapper » pour se
demander si on peut « fuir » (sens 1) le malheur ou si on peut « s’en délivrer » (sens 2). Par
exemple le divertissement nous permet de fuir l’ennui ou le souvenir de la souffrance mais n’est-il
pas possible de nous en délivrer ?
• Oppositions problématiques au sein des réponses « oui/non » Il y a deux raisons différentes voire
opposées de ne pas échapper au malheur. La première est qu’être moral revient souvent à
sacrifier son bonheur. La seconde consiste à penser que l’univers entier est une erreur
malheureuse. Cette seconde raison rend la première obsolète, toute espérance morale est pour
elle une illusion. De même il y a au moins deux façons opposées d’échapper au malheur. La
première consiste à découvrir dans l’acceptation non résignée du malheur un espace de bonheur
indépendant des circonstances extérieures. La deuxième consiste à mettre en valeur notre joie de
créer et d’améliorer le réel.
• Préjugé problématique du sujet Le malheur existe-t-il vraiment ? Où est la malheur si je n’ai plus
aucune interprétation de ce qui m’arrive centrée sur moi-même, si je vois tout comme un
problème impersonnel auquel il faut apporter une réponse… Le malheur ne serait-il pas l’illusion
qu’il y a du malheur. Et si nous vivions dans un jeu inventé par nos esprits ? Le malheur ne
viendrait-il pas de mal prendre le jeu ?
Si gagnant en perfection morale j’interprète de moins en moins ce qui se passe selon mes
intérêts égocentriques, mon sentiment d’apitoiement sur un malheur personnel s’efface.
Mais au premier plan, un sentiment de malheur demeure sous la forme d’une blessure du
cœur devant les résistances au progrès moral.
Cette blessure du cœur n’est pas égocentrique, si loin de décourager l’action morale, elle
l’encourage alors une forte espérance morale lui fait donc toujours écho.
Cette espérance morale nous apprend en spectateur patient du monde à accepter avec
bonheur toute imperfection que ce soit la nôtre, celle des autres ou de l’univers comme le
terreau même de la perfection.
• Troisième partie : La joie créatrice délivre du malheur.
http://www.lyc-vinci-st-witz.ac-versailles.fr/spip.php?article35&artpage=2-9#outil_sommaire_1
Sommaire
1- PRESENTATION DE L’EPREUVE, p1
2- COMMENT EST JUGEE LA (...), p2
3- ARGUMENTER N’EST PAS (...), p3
4- UNE METHODE POUR FAIRE (...), p4
5 – UN DEBAT OUI/NON N’EST (...), p5
6- NE PAS ADMETTRE DE PREJUGE, p6
7 – UN PARADOXE N’EST PAS (...), p7
8- L’ANALYSE DES TERMES (...), p8
9 - Lien vers des applications, p9
LES METHODES DE LA DISSERTATION
Après avoir étudié la méthode on trouvera un exemple de dissertation rédigée et des exercices en
cliquant ici.
A Athènes, au Ve siècle avant J.C., Socrate qui a forgé le mot philosophie signifiant amour de la
sagesse, avait l’habitude d’entrer en dialogue avec n’importe qui. Au cours de ses dialogues, il
interrogeait les opinions de ses interlocuteurs et leur montrait qu’elles faisaient problème. On
peut toujours poser à nos opinions des questions dénonçant leur certitude aveugle. Le sujet de nos
opinions devient problématique. C’est lorsque quelqu’un reconnaît le caractère problématique de
ses certitudes qu’il peut ouvrir son esprit. Cette ouverture d’esprit le rend libre émotionnellement
de ses opinions et peut laisser surgir un nouveau point de vue plus conscient.
Disserter est un exercice philosophique qui consiste à élaborer une problématique nous libérant de
nos opinions courantes concernant un sujet.
La dissertation est un exercice d’ouverture d’esprit à d’autres façons de penser que la vôtre. Elle
n’est pas un dialogue philosophique réel mais elle cherche à le symboliser dans un discours. Trois
parties y sont nécessaires :
celle du poète, du conteur ou du romancier qui suggèrent dans leurs fictions une vérité
propre à tous par des allégories, des métaphores, des symboles…
celle du philosophe et donc de la dissertation qui démontre, argumente, analyse,
synthétise...
Si le discours de la dissertation utilise l’exemple, la fiction, etc., il doit toujours
l’accompagner d’une analyse explicative. La dissertation ne procède pas par énigmes, elle
est la clarification de ce qui est problématique.
• Le piège d’un plan « oui », « non », « peut-être » ou « ça dépend »
On en revient à la confusion des opinions si vos parties de dissertation se contentent de répondre
« oui », « non », « peut-être » ou « ça dépend » aux questions tirées d’un sujet. Il ne suffit pas de
faire de la dissertation un catalogue d’idées pour se libérer des opinions personnelles. La
dissertation doit élargir et approfondir le contexte d’examen du sujet.
5- A retenir :
Bien que s’inspirant du dialogue philosophique, une dissertation est un discours comprenant :
le hors sujet,
le défaut de croire penser en multipliant des anecdotes,
l’illusion d’échapper à l’opinion avec un catalogue d’idées dont les parties se résument à
« oui », « non », « peut-être » ou « ça dépend ».
http://www.lyc-vinci-st-witz.ac-versailles.fr/spip.php?article29&var_mode=calcul
3- La notation
Beaucoup pensent que la note attribuée à une dissertation est le fruit de l’arbitraire du professeur
qui nous note en fonction de ses idées. Bien sûr un professeur est plus ou moins libre de ses
propres opinions. Mais ultimement plutôt que sanctionner la proximité de vos opinions avec les
siennes, il s’efforcera de juger votre travail dans la fidélité à cet esprit de libération vis-à-vis de
l’opinion. Il jaugera davantage la solidité de votre argumentation et votre capacité d’approfondir
une réflexion problématique. Donc plus vous vous éloignez de l’opinion moins vous êtes soumis à
l’arbitraire du correcteur.
1 - Du « je » au « nous »
Puisque la dissertation est un exercice qui vise à vous détacher d’une relation émotionnelle à vos
opinions, les expressions « à mon avis », « je pense que » et plus généralement « je », « mon »,
etc. y sont interdites.
Ecrire « nous », « notre », etc. traduira votre ouverture d’esprit, c’est-à-dire votre capacité à
associer dans votre démarche de pensée individuelle celle de n’importe qui d’autre. Le « on »
désigne aussi une démarche collective qui vous implique mais avec laquelle vous tâchez de prendre
vos distances.
Comme toujours il y a des exceptions où « je » est autorisé mais nous les examinerons
ultérieurement p .
Par exemple, au cours d’un dialogue, au lieu de se contenter d’une opinion émotionnelle affirmant
que vous détestez la xénophobie, ce qui n’ébranlera pas les convictions xénophobes, il vaut mieux
argumenter en montrant que :
La xénophobie recouvre toujours une forme d’égoïsme collectif qui aboutit à des violences
entre les civilisations, les nations, les peuples et les communautés,
La xénophobie ignore la communauté de destin de l’humanité devenue incontournable à
cause de la mondialisation des échanges économiques et culturels et surtout de leurs
conséquences écologiques. La xénophobie au lieu de préserver l’intégrité d’une culture
communautaire la menace donc à long terme.
3 – L’utilité du cours
Un cours de philosophie est un réservoir d’arguments. La tradition philosophique qui s’est toujours
efforcée de se libérer de l’opinion offre des ressources argumentatives et d’approfondissement.
Dialoguer avec les idées des grands philosophes du passé est la meilleure façon d’élargir notre
contexte d’examen des questions posées par nos sujets de dissertation.
Toutefois citer un philosophe peut devenir un argument d’autorité si le raisonnement qui l’a mené
à telle affirmation n’est pas expliqué.
Pour échapper aux pièges de la dissertation, les pages qui suivent présenteront quatre techniques
de problématisation. En effet, par exemple concernant le piège lié au plan « oui », « non »,
« peut-être » ou « ça dépend », seule une problématique issue de la confrontation d’au moins deux
points de vue cohérents ou d’un questionnement organisé permet d’échapper à un catalogue
d’idées « oui », « non », etc. ignorant cohérence et approfondissement.
L’utilisation des quatre techniques présentées dans les pages suivantes forme la méthode pour
construire une problématique et ébaucher un plan. La problématique est exposée en introduction
de la dissertation. Le plan découle de la problématique. Il doit permettre la rédaction d’un
développement en trois parties qui élucide en profondeur cette problématique.
La difficulté consiste à appliquer ces techniques de problématisation. Chaque sujet est différent, il
s’agira donc de trouver la combinaison parmi les quatre techniques qui permet d’en tirer une
problématique puis un plan. En fonction du sujet il faudra utiliser la meilleure combinaison de
une, deux, trois ou quatre techniques. La méthode n’est donc pas l’application aveugle d’un
protocole. La dissertation reste un art, il s’agit comme un artisan qui a du métier d’adapter
l’utilisation des diverses techniques aux contraintes liées au sujet.
Vous verrez dans les pages suivantes comment les techniques de problématisation permettent
aussi d’élaborer un plan en trois parties.
L’utilisation d’une seule technique de problématisation ne permet pas en général d’aboutir à un
plan en trois parties approfondi. Le plan sera d’autant plus élaboré que les fruits des diverses
techniques qui peuvent s’appliquer au sujet y seront intégrés.
3 – Pratique de la méthode
Nous vous invitons dans les pages suivantes à exercer nos quatre techniques isolément avant de les
exercer ensuite plus ou moins simultanément selon les sujets.
A la plupart des sujets, Vous pourriez répondre plus ou moins sèchement « oui », « non », « peut-
être » ou « ça dépend des circonstances ». Mais il y a des raisons diverses voire opposées de
répondre « oui » ou « non ». Apercevoir ceci permet de bâtir une problématique approfondie et un
vrai plan.
• Voici deux raisons de répondre « oui » à la question. 1) On peut insister sur le fait qu’un
psychopathe a un cerveau programmé pour l’être et donc on doit l’éliminer comme toute bête
nuisible (Spinoza). 2) Si quelqu’un commet de son plein gré un crime passible de la peine de mort,
lui appliquer cette peine revient à reconnaître la liberté de ses actes commis en conscience du
risque encouru (Hegel).
Des raisons de soutenir le même point de vue sont souvent strictement incompatibles. Ici la 1)
défend l’idée que nos actes sont déterminés par des lois biologiques alors que la 2) insiste sur la
liberté de nos actes. Si on distingue ces deux points de vue et qu’on envisage la question sous
l’angle de la compassion, il semble que : 1bis) si quelqu’un est un criminel suite à des
conditionnements biologiques, familiaux, ethniques, etc., il faut l’empêcher de nuire mais aussi le
délivrer de ses conditionnements nuisibles 2bis) si un criminel a agi librement, il peut agir
autrement, l’isoler, le tester peut permettre de le réhabiliter. L’enjeu problématique du sujet est
donc de savoir si le modèle de la justice est l’ouverture du coeur, la compassion ou le droit à la
vengeance.
• A partir de là, on peut définir un plan :
Première partie : Le débat de la peine de mort s’éclaire t-il du point de vue du déterminisme ?
a) Argument 1) : le criminel est déterminé. C’est une bête nuisible à éliminer.
b) Argument 1bis) : le criminel est déterminé. C’est un malade à soigner.
Deuxième partie : Le débat de la peine de mort s’éclaire t-il du point de vue de la liberté ?
a) Argument 2) : Le criminel en subissant la peine de mort voit sa dignité d’homme libre reconnue.
b) Argument 2bis) : Le criminel en payant sa dette et en se voyant proposé une réhabilitation est
jugé non seulement pour ses actes mais par respect de sa liberté indépendante de ses actes.
Remarque : on pourra aller par ce lien sur un autre site pour trouver des arguments d’une autre
nature qui obligeraient à formuler autrement ce plan.
3- A retenir
Il s’agit de repérer dans les diverses réponses OUI et NON à un sujet des tensions internes au OUI
ainsi qu’au NON. Ces tensions peuvent être formulées sous la forme de questions problématiques
qui permettront de construire un plan évitant le plan « oui », « non », « peut-être »…
Un bon vendeur ne vous demande jamais « voulez-vous acheter quelque chose ? » car ses questions
ont pour but de créer votre désir d’acheter ce qu’il vend. De la même façon, un sujet de
philosophie pose souvent une question tout en véhiculant un jugement discutable. Lors de la
problématisation d’un sujet il faut donc se demander : quel préjugé cet énoncé peut-il cacher ?
Type 1 (efficace et évitant le hors sujet) : traiter le sujet en deux parties puis en troisième
partie, le contester tout en lui donnant une réponse.
Type 2 (plus subtile et difficile) : contester le sujet en première partie puis le réhabiliter
dans une transition et le traiter dans ce nouveau contexte.
1 – Il y a paradoxe et paradoxe !
1 - Définition
Un vrai paradoxe confronte deux visions défendables et contradictoires. Mais au-delà de leur
contradiction problématique, il pointe leur harmonie.
Pour faire une problématique à partir d’un sujet de dissertation et éviter les pièges (voir chap1,
p.1 ), il est possible de partir d’une analyse des termes du sujet. Mais l’analyse des termes est
inutile si elle consiste seulement à les définir. Une analyse des termes est problématique si elle
permet de poser des questions qui seront organisées en un problème.