OBLIGATOIRES
LA FISCALITÉ
ENVIRONNEMENTALE
AU DÉFI DE L’URGENCE
CLIMATIQUE
Septembre 2019
Conseil des prélèvements obligatoires
La fiscalité environnementale au défi de l’urgence climatique - septembre 2019
https://www.ccomptes.fr/fr/institutions-associees/conseil-des-prelevements-obligatoires-cpo
LA FISCALITÉ ENVIRONNEMENTALE AU DÉFI DE L’URGENCE CLIMATIQUE I
Les rapports du
Conseil des prélèvements obligatoires
En sont membres :
M. Martin MALVY, ancien ministre, ancien député, président du Grand
Figeac,
M. Éric DOLIGÉ, ancien sénateur,
M. Dominique BAERT, ancien député, maire de Wattrelos,
M. Pierre COLLIN, conseiller d’État,
M. Patrick WYON, conseiller à la Cour de cassation,
M. Jean-Pierre LABOUREIX, conseiller maître à la Cour des comptes,
Mme Rolande RUELLAN, présidente de chambre honoraire à la Cour des
comptes,
M. Olivier LE GALL, inspecteur général des finances,
Mme Mireille ELBAUM, inspectrice générale des affaires sociales,
M. Alain BAYET, secrétaire général de l’Insee,
M. Daniel GUTMANN, professeur agrégé des universités, avocat en droit
fiscal,
M. Martin COLLET, professeur agrégé des universités,
Mme Agnès BÉNASSY-QUÉRÉ, professeur agrégé des universités,
M. Yves DUBIEF, président de la société Tenthorey, président de l’Union
des industries textile,
Mme Nathalie MOGNETTI, directrice des affaires fiscales de Total,
M. Benjamin FERRAS, inspecteur des affaires sociales.
Les rapports particuliers sont des documents de travail qui ont été
débattus en détail par le Conseil des prélèvements obligatoires mais ne
l’engagent pas.
Par ailleurs, ont été auditionnés par le Conseil pour les travaux relatifs à
la fiscalité affectée :
Avant-propos méthodologique
Sommaire
INTRODUCTION .............................................................................. 1
CHAPITRE I - UNE FISCALITE CENTREE SUR L’ENERGIE 5
I - Une part modeste dans les prélèvements obligatoires....................... 9
Un ensemble représentant moins de 5 % des prélèvements
obligatoires ............................................................................................. 9
Des outils fiscaux moins mobilisés qu’en Europe .......................... 11
Des enjeux financiers plus significatifs en intégrant les dépenses
fiscales .................................................................................................. 13
II - La place prépondérante des taxes sur l’énergie ............................. 20
Une fiscalité environnementale composée à 83 % de taxes sur
l’énergie ................................................................................................ 20
Une fiscalité sur les énergies fossiles marquée par une logique de
rendement ............................................................................................. 23
Des produits fiscaux sur les énergies fossiles revenant
principalement au budget de l’État ....................................................... 32
III - Des enjeux renforcés par l’urgence climatique ............................ 36
Des négociations internationales sur le climat prescrivant une
meilleure tarification du carbone .......................................................... 36
L’émergence d’un outil de taxation des émissions de gaz à effet de
serre en France après deux échecs ........................................................ 44
Le moratoire intervenu fin 2018 ..................................................... 46
CHAPITRE II – UNE FISCALITE CARBONE SOUS
CONTRAINTES ............................................................................... 51
I - Des objectifs environnementaux plus ambitieux, inatteignables sans
changements de comportements ............................................................ 52
Des objectifs environnementaux en passe d’être renforcés ............ 52
La nécessité d’une action ambitieuse pour les atteindre ................. 56
II - Un effet limité sur les équilibres macroéconomiques, mais une
contribution significative à la réduction des émissions de gaz à effet de
serre.......................................................................................................... 60
Des effets macroéconomiques modestes ........................................ 61
Une baisse des émissions de gaz à effet de serre à nuancer au regard
du poids du carbone importé................................................................. 69
III - Des effets hétérogènes sur les ménages et sur les entreprises ...... 76
Des dépenses énergétiques stables pour les ménages ..................... 76
Une fiscalité énergétique régressive pour les ménages ................... 85
Des effets variables pour les entreprises selon les secteurs et
activités économiques ........................................................................... 97
IV - Un « double dividende » incertain ............................................... 104
Les conditions de réalisation d’un « double dividende ».............. 104
Introduction
*
L’ensemble des engagements internationaux et européens que la
France a souscrits suppose une action volontariste en faveur de la réduction
des émissions. Plusieurs instruments peuvent être mobilisés à cet effet : la
réglementation, les marchés de permis, la fiscalité et les subventions.
La réglementation, par interdiction ou encadrement des
comportements et des pratiques, apparaît le mode d’intervention le plus
adapté face à des menaces irréversibles pour l’écosystème et aux risques
pesant sur la santé publique. Cependant son caractère uniforme prend mal
en compte les situations particulières et les coûts de mise en conformité qui
peuvent être très élevés pour certains acteurs, sauf à créer de nombreuses
dérogations, complexes à définir et à contrôler.
Le marché est censé assurer une répartition optimale des efforts
entre les pollueurs. Il permet ainsi à une entreprise ayant réduit sa pollution,
parce que le coût de « dépollution » est inférieur au prix du quota sur le
marché, de vendre ses quotas à un autre acteur pour qui le coût de
dépollution est plus élevé. Il n’est pas adapté à une pollution diffuse par un
grand nombre d’acteurs. C’est pour cette raison que le système européen
d’échange de quotas d’émission (SEQE) mis en place en 2005, concerne
11 000 installations grandes consommatrices d’énergie et couvre environ
45 % des émissions de l’Espace économique européen (EEE).
Le but de la fiscalité environnementale est d’inclure dans les prix de
revient les externalités négatives résultant des activités humaines (gaz à
effet de serre, pollution locale, atteinte à la biodiversité, bruit). La fiscalité
du carbone vise à inciter les agents économiques à adopter de nouveaux
comportements de consommation ou de production. Elle accroît ainsi le
prix des carburants et des combustibles fossiles (charbon, gaz naturel et
pétrole) afin d’en dissuader l’usage. Elle diffère en cela de la fiscalité
énergétique « de base » qui porte sur la quantité d’énergie utilisée et taxe
la consommation de celle-ci, même si les deux instruments sont liés.
L’usage de la subvention publique (aides à la transition bas-carbone,
dépenses d’investissement dans les infrastructures et les bâtiments, etc.)
vise, à l’inverse, à réduire le coût relatif des solutions les plus favorables à
l’environnement pour les consommateurs.
En pratique, la politique climatique mise en œuvre en France
mobilise tous ces instruments.
L’intégration, en 2014, d’une composante carbone dans le calcul des
tarifs des taxes intérieures sur la consommation d’énergie sur les énergies
fossiles s’inscrit dans un mouvement international tendant à développer les
systèmes de tarification du carbone. En 2000, seuls sept pays avaient
* *
Chapitre I
Taxe sur le
Pollution TICGN Danemark
méthane
Objectif Application
Champ Application en
environnemental Instrument au sein de
taxé France
principal l’OCDE
TGAP Suède, ainsi
Lutter contre la Taxe sur le Eco-contribu- que
mise en décharge stockage et tions4 Autriche,
Pollution
et en faveur du l’incinération des TEOM, REOM, Belgique,
recyclage déchets TEOMi, Danemark,
REOMi5 Pays-Bas
Source : CPO. SEQE : système européen de quotas d’émissions de gaz à effet de serre ;
TICPE : taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques ; TICGN : taxe
intérieure de consommation sur le gaz naturel ; TICC : taxe intérieure de
consommation sur les charbons ; HFC : hydrofluorocarbures ; HCFC :
hydrochlorofluorocarbures ; TGAP : taxe générale sur les activités polluantes ;
TEOM : taxe d’enlèvement des ordures ménagères ; REOM : redevance d’enlèvement
des ordures ménagères ; TEOMi : taxe d’enlèvement des ordures ménagères
incitative ; REOMi : redevance d’enlèvement des ordures ménagères incitative.
8 Créée par l’article 131 de la loi de finances pour 1990 (n° 89-935
du 30 décembre 1989).
9 Créée par l’article 174 de la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition
écologique » recense les moyens financiers publics et privés mis en œuvre et leur part
dans les prélèvements obligatoires.
budgétaire et la comptabilité nationale, il existe des écarts entre les recettes des
différents instruments publiées l’Insee ou Eurostat et les recettes de ces mêmes
instruments publiées dans les documents budgétaires.
14 Règlement (UE) n ° 691/2011 du Parlement européen et du Conseil du 6 juillet 2011
60 000
50 000
en M€ courants
40 000
30 000
20 000
10 000
0
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018 (P)
Taxes sur l'énergie Taxes sur la pollution
Taxes sur les ressources Taxes sur les transports
2,60
2,40
2,20
2,00
1,80
en % PIB
1,60
1,40
1,20
1,00
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018 (P)
Taxes sur l'énergie Taxes sur la pollution
Taxes sur les ressources Taxes sur les transports
2,8 7
2,6
6,5
2,4
en % des PO
2,2 6
en % PIB
2
5,5
1,8
1,6 5
1,4
4,5
1,2
1 4
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
France en % PIB UE 28 en % PIB
France en % PO UE 28 en % PO
2,00
1,50
1,00
0,50
0,00
Zone euro (19…
Grèce
Lettonie
Rép. Tchèque
Lituanie
Pays-Bas
UE - 28 pays
Slovénie
Croatie
Italie
Finlande
Chypre
Estonie
Bulgarie
Malte
Pologne
Hongrie
Autriche
France
Belgique
Suède
Roumanie
Espagne
Allemagne
Slovaquie
Irlande
Portugal
Royaume-Uni
Danemark
Luxembourg
10000
8000
6000
M€
4000
2000
0
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
23 C’est notamment le cas pour les dépenses fiscales relatives à la TICPE qui prennent
la forme d’un remboursement (comme le remboursement de TICPE en faveur du
transport routier de marchandises) : remboursement de la différence entre le tarif de
droit commun et un tarif de remboursement intérieur. Cf. infra chapitre III.
Pour autant, comme l’avait fait le Conseil des impôts dans son
rapport de 2005, d’autres instruments peuvent être assimilés à la fiscalité
environnementale, au-delà du périmètre retenu par la comptabilité
nationale24 : c’est le cas notamment du versement transport (8,5 Md€) et
des taxes et redevances d’enlèvement des ordures ménagères (7,66 Md€).
L’ensemble de ces instruments assimilables à la fiscalité environnementale
représente environ 17,9 Md€ en 2018.
Source : CPO.
Ce montant intègre les taxes environnementales au sens de la
comptabilité nationale (55,9 Md€), les dépenses fiscales
régie par l’article 266 quinquies C du Code des douanes. Son assiette a été élargie par
la loi de finances rectificative 2015 afin de correspondre à l’ancienne CSPE.
27 Les taxes intérieures de consommation sont des accises. Leur assiette porte sur une
1986, est régie par l’article 266 quinquies du code des douanes.
29 La taxe intérieure de consommation sur les charbons, instaurée au 1er juillet 2007, est
32,00
En Md€ constants (2018)
30,00
28,00
26,00
24,00
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Source : CPO, à partir de données DGDDI et lois de règlement, déflatées sur l’indice
des prix à la consommation. Données avant remboursements.
d’énergie finale calculé pendant une année civile. Il mesure les impôts prélevés sur
l’utilisation de l’énergie qui contribue à stimuler l’efficacité énergétique. Les recettes
fiscales de l’énergie sont mesurées en euros, tandis que la consommation d’énergie
finale est exprimée en tonnes d’équivalent pétrole (tep).
300
280
260
en €/tep
240
220
200
180
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
France UE (28 pays)
33 Au sens du droit européen, l’« accise » peut être définie comme un impôt indirect
frappant la consommation des produits mentionnés à l’article 1er de la directive
2008/118/CE (produits énergétiques et électricité, alcool et boissons alcoolisées, tabacs
manufacturés).
34 CJUE, 4 mars 2015, Ministero dell’Ambiente e della Tutela del Territorio e del Mare
e.a. contre Fipa Group Srl e.a., aff. C-534/13 (§ 41).
35 Dérogation à la procédure législative ordinaire prévue au a) du 2 de l’article 192
TFUE.
36 Le 15 janvier 2019, la Commission européenne a publié une communication « Vers
douanes.
39 Directive 2008/118/CE du Conseil du 16 décembre 2008 relative au régime général
40 CJCE, 10 juin 1999, Braathens Sverige AB, aff. C-346/97 qui se rapporte à la
directive de 1992.
41 C’est le choix qu’a fait la France en 2014 d’intégrer la fiscalité carbone au sein-même
42 CJUE, 25 juillet 2018, Messer France SAS, aff. C-103/17. Elle a en effet relevé que
l’affectation du produit de la taxe à une entité gestionnaire particulière (un compte de
la Caisse des dépôts et consignations) et la détermination de son montant par référence
aux dépenses à couvrir ne permettaient pas, à elles seules, de valider la totalité du
dispositif, dès lors que sur les trois actions financées, les deux dernières étaient des
« dépenses à caractère général » susceptibles d’être financées par le produit de taxes de
toute nature et ne correspondaient donc pas à une finalité spécifique.
43 Sur le principe d’égalité devant l’impôt, voir Olivier Fouquet, « Le Conseil
Critère de
Taxe de rendement Taxe comportementale
contrôle
Contrôle fondé sur les capacités Contrôle fondé sur la situation
contributives. au regard du comportement
Le juge « peut seulement encouragé.
Cohérence examiner si l’assiette retenue Le juge « examine si le critère
dans le par le législateur correspond retenu pour fixer le champ
traitement bien à une faculté contributive d’application ou la base taxable
de identifiable et s’il n’a pas exclu est suffisamment large pour
situations de manière injustifiée des avoir l’effet que le législateur
identiques éléments d’assiette identiques ou veut promouvoir »48. Il contrôle
très comparables à ceux alors la cohérence du traitement
retenus »47. fiscal des assujettis au regard de
ce critère.
Contrôle de l’absence de Contrôle de l’absence de
caractère confiscatoire ou de caractère confiscatoire ou de
Proportion- rupture caractérisée de l’égalité rupture caractérisée de l’égalité
nalité de devant les charges publiques. devant les charges publiques
l’impôt (incertain, au regard de la
jurisprudence actuelle).
(p. 18).
Outre son coût, la mesure est peu efficace, car elle rend la
consommation insensible au prix, puisque celui-ci est administré par l’État et
que les pays producteurs sont incités à maintenir des prix élevés au détriment
des pays importateurs.
D’autre part, si l’effet « prix à la pompe » à court terme est le même
pour le consommateur, les effets de structure sont différents. En effet, une
trajectoire de fiscalité carbone permet une anticipation de hausse (ou de
stabilité) amenant à des comportements structurels d’économie d’énergie, qui
ne sont pas constatés aussi nettement en cas d’augmentation du prix de marché.
Dans une note de mars 2019 sur la fiscalité carbone54, l’Ademe propose
un mécanisme de taxe carbone flottante qui consisterait à moduler
l’augmentation de la taxe en fonction des variations des cours mondiaux et de
l’atteinte des cibles de réduction de gaz à effet de serre (dispositif en vigueur
en Suisse). Selon les auteurs, ce mécanisme aurait pour objectif de limiter les
pics tarifaires en instaurant d’une part des décélérations de trajectoire de
fiscalité carbone en cas de baisse d’émissions plus rapides que prévu (et non
des baisses de taux de taxe carbone) et, d’autre part, des ajustements de taux
automatiques fondés sur une règle objective, liée au respect des budgets
carbone du pays, par exemple.
(5,5 %) pour tous les consommateurs. Si elle est supérieure à 36 kVA, le taux normal
est appliqué sur toute la facture.
Régions, départements
et établissements
publics locaux
21%
Etablissements
publics de
l'Etat
3% Budget
général de
CAS transition l'Etat
énergétique 54%
22%
57 Jusqu’en 2015, la compensation des charges de service public dues par les entreprises
des secteurs de l’électricité et du gaz – dispositifs de soutien aux énergies renouvelables
(EnR), solidarité énergétique et dispositifs sociaux essentiellement - était assurée par
des contributions spécifiques sur la consommation finale d’électricité et de gaz : la
contribution au service public de l’électricité (CSPE) ; deux contributions sur la
consommation finale de gaz naturel – contribution au tarif spécial de solidarité (CTSS),
et contribution biométhane.
58 Cf. supra, analyse juridique de l’arrêt de la CJUE du 25 juillet 2018, Messer France
SAS.
59 À compter de 2017, le produit de la TICFE a été reversé au budget général de l’État
traduit par une perte de recettes de TICPE pour l’État, sauf pour les modulations offertes
aux régions qui ont consisté en une majoration optionnelle des tarifs.
35,00
30,00
25,00
20,00
En Md€ courants
15,00
10,00
5,00
0,00
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Budget général Etat CAS transition énergétique
TICPE AFITF TICPE Départements
TICPE Régions (Grenelle) TICPE Régions (hors Grenelle)
TICPE Formation professionnelle TICPE STIF
Source : Lois de règlement ; DGDDI ; AFITF.
plafonnée des tarifs de taxe intérieure sur les carburants dont les recettes « sont
exclusivement affectées au financement d’une infrastructure de transport durable,
ferroviaire ou fluvial, mentionnée aux articles 11 et 12 de la loi n° 2009-967 du 3 août
2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement ».
La fiscalité sur les énergies fossiles voit ses enjeux renouvelés par
la politique de lutte contre le réchauffement climatique. Celle-ci a pour
ambition de réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment par
une meilleure tarification du carbone. En parallèle des négociations
internationales sur le climat, la France a entrepris d’adapter sa fiscalité à
ces nouveaux enjeux, mais a rencontré des difficultés. La France avait
échoué par deux fois à créer une taxe sur le carbone, en 2000 et en 2009
avant d’introduire une composante carbone intégrée aux tarifs de la
fiscalité sur les énergies fossiles en 2014. La dynamique d’augmentation
progressive de cette fiscalité jusqu’en 2022 et 2030 a été cependant stoppée
à la fin de 2018 par les pouvoirs publics, à la suite d’un mouvement de
contestation sociale de grande ampleur qui est parti du refus de la fiscalité
carbone dans un contexte de hausse du prix du pétrole.
carbone et d’autres gaz à effet de serre, les États parties à cet accord
s’engageant à mettre en œuvre des programmes nationaux et/ou régionaux.
L’accord de Rio trouve sa concrétisation dans le protocole de Kyoto,
signé le 11 décembre 1997 et entré en vigueur le 16 février 2005, aux
termes duquel les États parties souscrivent des engagements chiffrés en
termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (- 5 % en 2012
par rapport au niveau de 1990). Pour aider les pays développés à atteindre
leurs objectifs, le protocole prévoit la création d’un marché carbone
international reposant sur l’attribution, à partir de 2008, de quotas de
carbone par pays. Si les émissions réelles d’un pays sont supérieures ou
inférieures à son objectif, le pays peut racheter ou revendre des quotas.
Si le marché mondial prévu dans le protocole de Kyoto n’a jamais
vu le jour, l’accord a permis d’initier une dynamique internationale visant
à « donner un prix au carbone » afin de faire supporter le poids des
dommages par ceux qui en sont responsables.
65 La directive SEQE-UE dispose qu’au moins 50 % des recettes des enchères doivent
être utilisés par les États membres dans des actions liées au climat et à l’énergie. Selon
la Commission européenne, les États membres ont consacré ou envisagé de consacrer
80 % environ de ces recettes à des fins précises liées au climat et à l’énergie en 2017
(Rapport de la Commission européenne sur le fonctionnement du marché européen du
carbone, décembre 2018). En France, les produit des enchères s’est élevé à 830 M€ en
2018, dont 550 M€ ont été affectés à l’ANAH au profit des opérations d’aide à la
rénovation énergétique.
quant à lui être supérieur à la valeur tutélaire du carbone car l’utilisation de produits
fossiles est aussi à l’origine d’externalités négatives non liées au climat, comme la
pollution de l’air, la congestion du trafic routier ou le bruit (cf. infra, chapitre III).
68 France stratégie, La valeur de l’action pour le climat. Une valeur tutélaire du carbone
Fin 2018, au niveau mondial, 25 pays avaient mis en place une taxe
carbone. Au sein de l’Union européenne, 13 des 28 États membres
disposent d’un instrument fiscal assis sur le carbone. Il ne s’agit pas pour
autant d’un instrument très répandu au niveau mondial.
Dans l’ensemble, les instruments de tarification du carbone
n’assurent qu’une couverture limitée des émissions mondiales. Ainsi, selon
la Banque mondiale, moins de 15 % des émissions mondiales de carbone
sont couvertes en 2018 par un instrument de tarification du carbone. De
fait, parmi les principaux émetteurs, rares sont les pays dotés d’un système
de tarification du carbone. Les États-Unis et la Chine ne disposent que de
systèmes régionaux parcellaires de tarification du carbone
16
en % des émissions mondiales de CO2
13,8
14 12,6 12,8 12,8
12
10,1
10 8,7
8 6,6
6 4,8
4,3
4
0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Source : CPO, données Banque mondiale. À noter 0,11 % en 2018 pour l’Amérique du
Sud.
Note de lecture : la taille de cercles est proportionnelle aux recettes de la taxe carbone,
l’axe des abscisses représente la part des émissions couvertes, tandis que l’axe des
ordonnées représente les taux nominaux appliqués. Les cercles bleus correspondent à
des taxes carbone, les cercles verts à des systèmes d’échange de quotas d’émissions.
Source : Banque mondiale, State and Trends of Carbon Pricing, 2018.
80
en €/ tCO2
60
40
20
0
2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2030
Source : Loi de finances initiale pour 2014 et loi de finances initiale pour 2018.
Figurent en à-plats rayés les montants non programmés mais non réalisés et en
pointillés le montant cible de 100 € par tonne à l’horizon 2030.
8 6,6 2,6
6 3,6 1,8 10,8
4 8,8
0,9 6,8
2 4,8
2,7
0
2018 2019 2020 2021 2022
160
Prix de la tonne carbone (€/tonne)
140
120
100
80
60
40
20
0
Suède France
Linéaire (Suède) Linéaire (France)
Chapitre II
74 La neutralité carbone désigne une situation dans laquelle les émissions de CO2
d’origine humaine sont compensées par des quantités équivalentes de CO2 absorbées
par des « puits de carbone », soit naturels (forêts, stockage carbone dans les sols, etc.),
soit technologiques (capture et séquestration du carbone sur des sites industriels ou
diffuse en puisant le carbone dans l’air, etc.).
15,00
0,25
10,00 0,2
0,15
0,1 Intensité
5,00 carbone de
0,05
l'économie
0,00 0 (éch. d.)
Source : CPO, à partir de données OCDE (émissions nationales totales de gaz à effet
de serre, hors usage des terres, cultures agricoles et foresterie). L’intensité en carbone
est le rapport entre les émissions de gaz à effet de serre et le PIB. Pour la France
l’intensité en carbone est de 0,187 % PIB et les émissions par habitant de 7,19 tCO2.
Source : CPO.
600
300
200
100
0
1990 1995 2000 2005 2010 2015 2023 2028 2033
Transports Bâtiment
Agriculture / Sylviculture Industrie
Production d'énergie Déchets
Source : CPO.
77La valeur ajoutée de l’industrie a augmenté en France entre 2000 et 2017 de 36 Md€
en euros courants alors que celle de l’industrie allemande a augmenté sur la même
période de 281 Md€. (source : Insee, Tableaux de l’économie française - 2019).
82 Suphi Sen & Herman R. J. Vollebergh, 2016. « The Effectiveness of Taxing Carbon
Content of Energy Consumption », CESifo Working Paper Series 6003, CESifo Group
Munich.
83 Nicholas Rivers, Brandon Schaufele, Salience of Carbon Taxes in the Gasoline
Market, 2014.
84 Julius J. Andersson, Cars, Carbon Taxes and CO Emissions, Department of
2
Geography and Environment, London School of Economics and Political Science,
March 2017.
85 Cette étude souligne que l’effet aurait été plus important en l’absence de
compensation de la hausse de fiscalité carbone par une baisse des accises sur le transport
entre 2000 et 2005.
86 C’est-à-dire le fait que l’amélioration de l’efficacité énergétique d’une technologie
peut conduire à une utilisation accrue de celle-ci, et donc à une baisse des émissions
moindre qu’anticipée.
87 Par exemple les coûts d’investissements nécessaires pour s’adapter au changement
biens et services, alors qu’ils ont peu de marges de manœuvre à court terme
pour s’adapter.
Compétitivité
Évolution des
taux d’intérêt
Demande adressée aux
PIB et emploi
acteurs nationaux
Evolution des
salaires
25 avril 2019 3
Source : CPO.
Deux effets viennent atténuer ces impacts négatifs, sans toutefois les
éliminer. En premier lieu, la fiscalité carbone peut stimuler
l’investissement, notamment en matière d’efficacité énergétique. En
second lieu, la demande nationale pour les biens énergétiques fossiles
importés diminue.
Afin de mesurer les effets macroéconomiques de la fiscalité
carbone, le Conseil des prélèvements obligatoires a mobilisé le modèle
macroéconomique ThreeME pour simuler plusieurs hypothèses
d’évolution de la fiscalité carbone en France92.
Source : CPO.
périmètre Kyoto, émissions hors utilisation des terres, leurs changements et la forêt.
Source : Projet de stratégie nationale bas carbone, février 2019 (AIE, CITEPA,
DGDDI, Eurostat, Insee, Météo France, Traitements : SOeS, 2017).
développées dans les pays régulés, peuvent être transférées dans les pays non
régulés qui peuvent ainsi diminuer leurs émissions.104.
Les premiers travaux sur les pertes de compétitivité dues à
l’accroissement des coûts de production des entreprises des pays régulés en
raison de la taxation des émissions polluantes donnaient à penser qu’elles
étaient faibles105, notamment en raison de l’effet dit « de Porter » lié à l’effort
d’innovation des firmes confrontées à la taxation de leurs émissions. Des
travaux plus récents mettent cependant en évidence la réalité des havres de
pollution106.
Source : d’après Dominique Bureau, Lionel Fontagné, Katheline Schubert,
« Commerce et climat : pour une réconciliation », Notes du CAE, n° 37, janvier 2017.
Même si les principaux secteurs exposés à la concurrence
internationale et aux fuites de carbone sont exclus de l’assiette de la
fiscalité carbone française, les simulations réalisées par le CPO (cf. supra)
font apparaître un effet légèrement négatif sur la balance commerciale,
sous l’effet de deux mécanismes. En premier lieu, les compensations
reversées aux ménages et entreprises entraînent une hausse de la
consommation qui stimule les importations au regard des préférences des
consommateurs pour les biens importés. En second lieu, la compétitivité-
prix des entreprises françaises se dégrade légèrement, y compris sur le
marché domestique, puisque la taxe carbone a un effet sur les coûts
intermédiaires de production.
À partir des données sur le contenu carbone des importations
françaises calculées par l’OFCE dans le cadre d’un appel à projet financé
par l’Ademe, le Conseil des prélèvements obligatoires a cherché à évaluer
l’impact, sur l’empreinte carbone totale de la France, d’une fiscalité
carbone portée à 250 €2018 / tCO2 en 2030.
Voir également les travaux de Böhringer C., E.J. Balistreri et T.F. Rutherford, « The
Role of Border Carbon Adjustment in Unilateral Climate Policy: Overview of an
Energy Modeling Forum Study (EMF 29) », Energy Economics, vol. 34, supplément 2,
décembre 2012.
104 Gerlagh R. et O. Kuik, « Spill or Leak? Carbon Leakage with International
Technology Spillovers: A CGE Analysis », Energy Economics, vol. 45, 2014, p. 381-
388.
105 Erdogan A.M., « Foreign Direct Investment and Environmental Regulations: A
-10
-20
en Mt CO2
-30
-40
-50
-60
Source : CPO, à partir des estimations de contenu carbone des importations françaises
réalisées par l’OFCE (appel à projet financé par l’Ademe).
107L’évaluation est réalisée en supposant que le contenu carbone des importations reste
fixe dans le temps et que les pays exportateurs vers la France ne réalisent aucun effort
supplémentaire de décarbonation de leur production. Ces hypothèses conduisent donc
à considérer que la baisse de l’empreinte carbone ici évaluée est conservatrice.
Les accises sur les produits énergétiques fossiles pèsent plus sur les
ménages qui acquittent nominalement 64 % de la charge fiscale, que sur
les entreprises et les administrations qui en paient 36 %108. La proportion
est quasiment identique en concentrant l’analyse sur la seule composante
carbone de la fiscalité énergétique dont les recettes sont estimées à 8,0 Md€
en 2019. La part ménages est de 65 %, tandis que la part des entreprises et
des administrations est de 35 %.
Les ménages utilisent de l’énergie dans leur logement pour
différents usages : le chauffage du logement, l’eau chaude sanitaire, la
cuisson et l’électricité dite « spécifique »109. Les énergies « domestiques »
sont l’électricité, le gaz de ville, le fioul, le bois, l’énergie solaire ou
géothermique et le GPL. Les énergies du transport directement
consommées par les ménages sont destinées à leurs véhicules : les
carburants automobiles diesel et essence.
110 Le poids de la facture énergétique du logement est également stable sur plus longue
période puisqu’il était de 3,9 % en 1960 (même si les chocs pétroliers avaient fait
grimper la facture à 5 à 6 % de la consommation totale à la fin des années 1970 et au
début des années 1980).
111 Au total depuis les années 1960, la part du poste « Logement hors énergie » dans la
consommation totale des ménages a été multipliée par plus de 3 (elle était de 7 % au
début des années 1960).
112 Les autres postes concernent l’achat de véhicules et les dépenses associées à leur
utilisation (hors carburants) pour 8,2 % et les services de transport (aérien, routier,
ferroviaire, etc.) pour 2,5 %. Le coût d’usage de la voiture pour les ménages provient
en premier lieu de l’achat et de l’utilisation hors carburants (entretien, coût du
stationnement ou du garage), auxquels s’ajoutent les frais d’assurance qui ne sont pas
comptabilisés ici. Selon l’Automobile Club, le coût le plus élevé pour les ménages
associé à la voiture est la dépréciation annuelle du bien (voir « Le budget de
l’automobiliste de l’ACA »).
113 Ces ratios doivent s’interpréter en gardant à l’esprit que les assiettes sont très
différentes.
150
facture "réelle" d'énergies du logement par UC
140
130
pouvoir d'achat par UC
120
110
100
114 Rappelons que les taxes sur les énergies fossiles sont proportionnelles aux volumes,
à l’exception de la TVA qui s’applique sur les prix.
Essence SP95
220
200
180
160
140
120
100
80
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Gazole
220
200
180
160
140
120
100
80
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
115 Soit le nombre de litres de carburant consommés pour 100 km parcourus. Ce recul a
été plus marqué pour les véhicules essence que pour les véhicules diesels, mais les
véhicules diesels consomment encore en moyenne 1,2 litre de moins aux 100 km que
les véhicules essence en 2017.
116 Alors qu’ils représentaient 15 % des voitures particulières en 1990, leur part avait
plus que doublé en 2000 (35 %) et a été multipliée par quatre entre 1990 et aujourd’hui
(elle a atteint 62 % en 2015, pour diminuer légèrement à 61 % en 2017). La France a
aujourd’hui du parc de véhicules particuliers le plus « diéselisé » en Europe.
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
Électrique ou hybride
Diesel
5 000 Essence
nb de résidences principales
0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
Source : CPO à partir de Bilan de la circulation – SDES (d’après SDES, CCFA, Setra,
Asfa, Kantar-Worldpanel, TNS-Sofres, CPDP).
117 La baisse du kilométrage moyen des véhicules gazole et essence traduit le fait que,
parmi les ménages initialement équipés de véhicules essence, ceux qui se sont dirigés
vers le gazole sur la période (avec la diésélisation du parc de véhicules) sont ceux qui
roulaient le plus à l’année, mais roulaient toutefois moins en moyenne que ceux
initialement équipés de véhicules diesel.
118 Par comparaison, la consommation totale de carburant pour les véhicules autres que
les voitures particulières (motocycles, véhicules utilitaires légers, poids lourds, bus et
cars) suit la même tendance.
60 000
50 000
en milliers de m3
40 000
30 000
20 000
10 000
0
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
Autres consommations routières Essence VP Gazole VP
119 Selon le rapport 2018 de l’Observatoire des territoires du CGET (Les mobilités
résidentielles en France. Tendances et impacts territoriaux, janvier 2019), la
massification de l’accès à l’automobile a contribué à façonner l’espace en favorisant
l’implantation des fonctions résidentielles, économiques et commerciales à proximité
des axes routiers en périphérie des plus grandes villes. Le développement des
métropoles a renforcé cette dynamique. Dans les communes périurbaines des plus
grandes aires urbaines – soit celles qui connaissent la plus forte croissance migratoire –
plus de 77 % des déplacements quotidiens sont effectués en voiture, contre 51 % dans
les communes-centres des aires urbaines – globalement en déficit migratoire – et 75 %
dans les communes hors aires urbaines.
Parmi les mobilités internes aux très grandes aires urbaines, la majorité des
déménagements se fait au sein du pôle, et même, pour beaucoup, dans la même
commune. Il s’agit en général de l’agrandissement du logement, souvent lié à
l’élargissement du ménage ; l’autre motivation est d’emménager dans une maison :
72 % des ménages quittent un appartement pour une maison. Environ un tiers des flux
résidentiels entre pôles et couronnes coïncide avec l’achat d’un logement.
Source : à partir des données de François Cusin « Les prix immobiliers dans les
métropoles françaises, un révélateur de la pénurie de logements ? », Revue de l’OFCE,
n° 218, 2013. Lecture : une valeur négative indique que les logements en zone
périurbaine sont moins chers qu’en centre-ville ; une valeur positive indique à l’inverse
que les prix de centre-ville sont moins chers.
De manière symétrique à la stabilité de la consommation de
carburant, les émissions de gaz à effet de serre des voitures particulières
sont restées stables sur longue période, représentant entre 53 et 55 % des
émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports, et entre 55 et
58 % des émissions du secteur routier.
140,0
120,0
en Mt eq. CO2
100,0
80,0
60,0
40,0
20,0
0,0
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017(p)
Autres modes de transport non routiers Autres véhicules routiers
Voitures particulières
Source : CPO, à partir des comptes transport de la Nation.
moyenne
3 000 40
médiane
30
2 000
1er quartile Q1
20
1 000
1er décile D1 10
0
Facture Énergies du … facture Carburants
totale logement nette du 0
chèque Facture totale Énergies du Carburants
énergie logement
123 Les deux principales énergies utilisées pour le chauffage des logements sont le gaz
de ville (ou gaz de réseau) et l’électricité : 38 % des ménages sont chauffés au gaz de
ville, et 35 % à l’électricité. Le quart restant des ménages se chauffe principalement au
fioul (11 %), au bois (5 %), au chauffage urbain (4 %), via l’énergie solaire thermique
ou une pompe à chaleur (3 %) ou au GPL (1 %).
124 Pour rappel, il ne s’agit pas de la part de la fiscalité dans la facture de fioul ou
d’électricité, mais bien de la part de la fiscalité dans la facture de toutes les énergies
domestiques pour les ménages chauffés au fioul ou à l’électricité.
1 000 34%
500
0
Gaz de ville (38%) Électricité (35%) Fioul (11%) Bois (5%) Urbain (4%)
1 960 €
2 000
60%
1 500 1 320 € 62%
64%
920 €
1 000
60%
500 64%
0
1 essence ES 1 gazole GO 2 ES (4%) 1 ES et 1 GO 2 GO (15%) 3 véhicules ou
(19%) (28%) (11%) plus (5%)
Facture de carburant selon les véhicules possédés
Kilométrage annuel moyen parcouru par le ménage selon les véhicules possédés
8 800 km 15 000 km 19 600 km 25 300 km 32 600 km 42 200 km
125 Armelle Bolusset, Christophe Rafraf, « Sept salariés sur dix vont travailler en
voiture », Insee Focus n°143, février 2019.
126 Frédéric Tallet, Vincent Vallès, « Partir de bon matin, à bicyclette... », Insee
travailleurs dont l’emploi est situé dans une autre commune que leur commune
de résidence, plus d’un tiers travaillent à moins de 10 km de leur domicile127.
La voiture concerne moins de 45 % des salariés à Grenoble, Strasbourg
et Bordeaux, les trois villes où l’usage du vélo pour aller travailler est le plus
développé, ainsi qu’à Lille, troisième ville après Lyon et Paris où les transports
en commun sont les plus utilisés.
127 Maud Coudène, David Levy, « De plus en plus de personnes travaillent en dehors
de leur commune de résidence », Insee première n°1605, 2016.
128 « Covoiturage courte et moyenne distance, retours d’expérience, freins et leviers »,
129Le taux d’effort est le rapport entre la facture énergétique et les revenus des ménages.
Les revenus pris en compte intègrent l’ensemble des revenus et prestations perçues par
les ménages (revenu total), avant la redistribution opérée par les prélèvements directs.
1200 12
10,5
1000 10
TEE net du chèque énergie
8,7
800 8
7,2 7,2
600 6
4,8 4,5
400 4,1 4
3,4
Taux d'effort de la fiscalité énergétique (yc TVA)
200 2,1 2
0 0
q1 q2 q3 q4 q5
Quintiles de revenu total par UC
1600 16,0
1400 14,0
1200 12,0
0 0,0
Commune rurale Unité urbaine de moins Unité urbaine de Unité urbaine de Unité urbaine de Paris
(22%) de 20,000 habitants 20,000 à 200,000 200,000 à 1,999,999 (17%)
(18%) habitants (19%) habitants (25%)
Zone d'habitation
132La « vulnérabilité » est ici définie comme les ménages pour lesquels le taux d’effort
de la composante carbone est deux fois supérieur à la médiane du taux d’effort moyen
observé pour l’ensemble de la population. Pour une analyse plus détaillée, voir Mathilde
Clément, Alexandre Godzinski, Isabelle Vincent, Les effets économiques de la fiscalité
environnementale sur les ménages et sur les entreprises. Rapport particulier n° 5 du
CPO, 2019.
133 Sur la base des consommations 2016, les taxes intérieures de consommation sur les
énergies fossiles acquittées par les entreprises représentent 12 Md€, dont 2,9 Md€ au
titre de la composante carbone.
Source : CPO, d’après modèle ELFE du CGDD. Calculs sur la base des niveaux de
consommation de 2016. Note de lecture : assiettes en abscisse et taux effectifs en
ordonnée.
134 Ne sont néanmoins inclus dans ce dispositif que les entreprises dont les émissions
peuvent être mesurées, déclarées et vérifiées avec une grande précision.
135
La notion d’entreprise grande consommatrice d’énergie est définie à l’article 17 de
la directive 2003/96/CE. Ce sont des entreprises dont les achats d’énergie atteignent au
moins 3 % de la valeur de la production ou dont les taxes énergétiques annuelles
représentent plus de 0,5 % de la valeur ajoutée.
136 Les transports sont ici définis comme les consommations énergétiques des
1%
3%3%
10%
6% Agriculture
En % d’émissions
28% Branche
37% énergie
Industrie
Tertiaire
12% 17%
Transport
En % de fiscalité
83%
137À l’exception, pour les transports, du carburant d’aviation pour les vols
commerciaux intérieurs à l’Espace économique européen, inclus dans le périmètre du
SEQE.
100% 250,0
tarification effective du carbone (prix)
204,6
80% 200,0
70%
60% 150,0
50%
40% 100,0
30%
20% 48,9 50,0
10% 18,0 21,7
13,4
0% 0,0
138Le carburant d’aviation pour les vols commerciaux intérieurs à l’Espace économique
européen est inclus dans le périmètre du SEQE.
Les montants de taxes sur les énergies fossiles acquittés par les
entreprises représentent une part très inégale de la valeur ajoutée selon les
secteurs, traduisant à la fois des processus de production hétérogènes et des
niveaux variables de valeur ajoutée, faibles pour l’agriculture, les
industries extractives ou certains sous-secteurs de l’industrie
manufacturière.
Services
Construction
Assainissement, gestion des déchets et
dépollution
Industrie manufacturière
Transports et entreposage
Industries extractives
Les effets économiques de la fiscalité environnementale sur les ménages et sur les
entreprises. Rapport particulier n° 5 du CPO, 2019.
141 Le seuil de 0,5 % de la valeur ajoutée correspond au seuil retenu pour la définition
142 La distorsion fiscale est définie en économie comme la perte de bien-être social (ou
perte de surplus) des agents économiques liée à l’instauration de la taxe, par rapport à
une situation sans taxe. Certaines taxes peuvent être plus distorsives que d’autres, au
sens où les pertes sociales sont plus importantes en termes relatifs.
143 Voir notamment Larry Goulder, « Environmental taxation and “double dividend” :
a reader’s guide », International Tax and Public Finance, 2, 1995, p. 157-183 ; Mireille
Chiroleu-Assouline et Mouez Fodha, « Verdissement de la fiscalité : à qui profite le
double dividende ? », Revue de l’OFCE, 2011, n° 116, p. 409-432.
144 Il s’agit par exemple des coûts d’équipement ou des dépenses rendues nécessaires
147
Goulder (1995), op. cit.
149 Voir par exemple Don Fullerton, Holly Monti, “Can pollution tax rebates protect
low-wage earners?”, Journal of Environmental Economics and Management, vol. 66,
2013.
150 William Baumol Wallace Oates, The Theory of Environmental Policy, Cambridge
154 David Klenert, Linus Mattauch, Emmanuel Combet, Ottmar Edenhofer, Cameron
Hepburn, Ryan Rafaty, Nicholas Stern, « Making carbon pricing work for citizens »,
Nature climate change, vol.8, août 2018.
155 Pour une synthèse, voir notamment David Klenert et al. (2018), op.cit.
156 David Klenert et al. (2018), op. cit.
157 OCDE, « The use of revenues from carbon pricing », février 2019.
de 50 % des recettes de la taxe. L’aide aux ménages est estimée à 1,5 Md AUD
pour l’année fiscale 2011-2012.
Une part importante des revenus de la taxe carbone australienne (40 %)
a également été utilisée pour soutenir le secteur industriel dans la transition
énergétique, avec des plans d’aide pour l’industrie intensive en émissions de
gaz à effet de serre et exposée au commerce international.
Compte tenu de la visée essentiellement budgétaire des accises sur
les carburants dans la plupart des pays qui la pratiquent, les recettes
affectées sont le plus souvent fléchées sur le secteur des transports
(« benefit principle » : paiement d’un service utilisé), sans volonté de
soutien à la transition énergétique. Ainsi, la taxe fédérale sur les carburants
aux États-Unis est intégralement affectée à un fonds (highway trust fund)
qui finance l’entretien du réseau autoroutier. Les mêmes types
d’affectation se retrouvent en Inde ou en Corée du Sud. On peut citer aussi
quelques cas isolés d’usage des revenus des taxes d’accise sur les
carburants en direction de la transition environnementale (Luxembourg,
Portugal, Pays-Bas).
Source : d’après OCDE, « The use of revenues from carbon pricing », février 2019.
158 Cf. Nicolas Dupas et Quentin Jagorel, Enseignements tirés des expériences
étrangères de fiscalité environnementale. Rapport particulier n° 3 du CPO, 2019.
carbone à 80 € / tCO2 d’ici 2030, mais a renoncé à son augmentation annuelle en 2019
dans le contexte du Brexit.
161 https://www.clcouncil.org/economists-statement/
162 George P. Shultz, Ted Halstead, « The dividend advantage. The 10 Reasons Why
Rebating All Carbon Fee Revenues Directly to the American People Offers the Most
Popular, Equitable and Politically Viable Climate Solution », octobre 2018.
163 OCDE, “Environmental Fiscal Reform, Progress, prospects and pitfalls”, juin 2017.
164 Elle a été introduite en octobre 2012 après la catastrophe nucléaire de Fukushima en
2011. Elle couvre environ 70 % des émissions de gaz à effet de serre au Japon, avec un
taux de 3 USD par tonne de CO2 en avril 2016. Les revenus estimés sont passés de
500 M$ en 2012 à 2,2 Md$) en 2016 et les années suivantes.
Source : MTES, Les chiffres clés du climat en 2019 d’après I4CE (2018). (*) :
Colombie-Britannique. Les étiquettes au-dessus des barres donnent le montant total
des revenus carbone en Md$.
165 C’est-à-dire qu’une hausse de 10 % du prix TTC des carburants induit à court terme
une baisse de la consommation entre 2,5 % et 3,5 %. Cette définition de la réaction de
la consommation à une variation en pourcentage du prix TTC n’est pas partagée par
tous les auteurs, certains préférant commenter les évolutions de prix en valeur.
166 Lucie Calvet et François Marical, « Consommation de carburant : effets des prix à
court et à long terme par type de population », Économie et statistique, n° 446, 2011,
p. 25-44.
période168, ou encore, mais sur une assiette plus large, par la baisse continue
de l’indice d’intensité énergétique169.
Plusieurs mécanismes contribuant au phénomène d’érosion de
l’assiette de la fiscalité pétrolière semblent donc, d’ores et déjà, en action.
À défaut d’étude économétrique, il est difficile d’en quantifier les origines.
Certaines relèvent des politiques publiques spécifiques en faveur de
l’environnement déjà engagées (niveau de tarification de la consommation
et effets de long terme de cette tarification170 ; durcissement des normes ;
aides fiscales ou budgétaires en faveur de la performance énergétique ;
réduction des subventions aux énergies fossiles ; politique de quotas ; etc.).
D’autres sont liées à des éléments exogènes plus ou moins directs (prix
hors toutes taxes de l’énergie, démographie, structure productive de
l’économie, etc.).
168 Selon les données du CPDP publiées par l’Insee, la consommation totale de produits
pétroliers est passée de 89,7 Mt en 2000 à 74,5 Mt en 2014 et à 75,1 Mt en 2017.
169 Voir MTES, Les chiffres clés de l’énergie, édition 2019.
170 En raison d’un coefficient d’élasticité plus fort à long terme qu’à court ou moyen
172 Rapport de la commission présidée par Alain Quinet, La valeur de l’action pour le
climat. Une valeur tutélaire du carbone pour évaluer les investissements et les
politiques publiques, France stratégie, février 2019.
173 Compte tenu d’un niveau de tarification du carbone plus élevé dans ce cas de figure
que dans le précédent, les effets de l’érosion de l’assiette sur le rendement de la taxe
sont plus importants.
pour les carburants en 2030 par rapport à 2019, sans compter l’évolution
du prix du pétrole hors taxes.
Chapitre III
carbone
300
1990
1995
2000
2005
2010
2015
2018
2030 fisc.carb. à
2030 fisc.
100€/t
250€/t
/1990
Source : CPO.
174Dans ses simulations, le CPO a retenu une progression linéaire entre 2020 et 2030,
mais la trajectoire pourrait être plus progressive pour tenir compte des élasticités et de
l’apparition de technologies de substitution à moindre coût.
175Ces résultats portent sur le seul champ des émissions soumises à la composante
carbone, soit 46 % des émissions nationales.
terme176. Les ménages sont donc globalement plus prompts à baisser à court
terme leur consommation de carburant que leur consommation de
combustibles du logement. La réduction de la facture est cinq fois plus
élevée pour les carburants que pour les énergies domestiques177.
50 118
49 50 baisse de facture due à la réduction
27 de consommation
0
-28
dont : fiscalité hors CC sur la baisse de
-50 consommation
-129
-100 facture énergétique moyenne
-150
Trajectoire Trajectoire
100€/CO2 250€/CO2
en 2030 en 2030
Source : CPO, à partir des résultats du modèle Prometheus (MTES/CGDD).
176Cf. supra chapitre II, encadré sur les coefficients d’élasticité de la fiscalité carbone.
177 Pour une présentation détaillée, voir Mathilde Clément, Alexandre Godzinski,
Isabelle Vincent, Les effets économiques de la fiscalité environnementale sur les
ménages et les entreprises. Rapport particulier n° 5 du CPO, 2019.
1er 2e 3e 4e 5e
En euros
quintile quintile quintile quintile quintile
Trajectoire 10 % les plus
>50 >60 >65 >80 >90
cible affectés
100€2030 Moyenne 35 40 50 55 65
/tCO2 en 10 % les moins
2030 <0 <5 <10 <10 <10
affectés
Trajectoire 10 % les plus
>300 >345 >405 >485 >550
cible affectés
250€2018 Moyenne 140 170 200 245 280
/tCO2 en 10 % les moins
2030 <0 <15 <30 <40 <45
affectés
Source : CPO, à partir des résultats du modèle Prometheus (MTES/CGDD). Résultats
avec élasticités.
UU UU
Com- UU
20 000 - 200 000 UU de
En euros munes < 20 000
200 000 –2M Paris
rurales hab.
hab. hab.
10 % les plus
Trajectoire >105 >95 >95 >100 >110
affectés
cible
Moyenne 50 45 50 50 50
100€2030
/tCO2 en 10 % les
2030 moins <10 <5 <10 <5 <0
affectés
10 % les plus
Trajectoire affectés >430 >400 >400 >440 >485
cible
Moyenne 210 195 200 215 215
250€2018
/tCO2 en 10 % les
2030 moins <30 <25 <35 <25 <0
affectés
Source : CPO, à partir des résultats du modèle Prometheus (MTES/CGDD). Résultats
avec élasticités.
178Le prix du carburant est également déterminé par la marge brute de raffinage et par
la marge brute de transport-distribution, qui couvre également le coût des obligations
supportées par les carburants : certificats d’économie d’énergie (CEE), incorporation
des biocarburants (taxe incitative à l’incorporation de biocarburant - TIRIB), obligation
de recours au pavillon français, obligation de stocks stratégiques.
Avec une cible de 100€ /tCO2 en 2030, la hausse des prix à la pompe
se situerait entre 6 et 8c€/l en 2023 et entre 27 et 32c€/l en 2030
respectivement pour l’essence et pour le gazole. Le surcoût cumulé en
euros courants (+ 18,5 % pour l’essence et + 25 % pour le gazole en 2030
par rapport à 2018) semble limité si on le rapporte aux prévisions
d’inflation sur la même période (+18,5 %)179.
Dans cette hypothèse, la progression de la composante carbone au
sein de la TICPE aurait un effet sur les prix à peine supérieur à celui d’une
indexation des tarifs de la TICPE, telle qu’elle a été en vigueur jusqu’à la
fin des années 1990. Globalement, cette hypothèse a donc seulement pour
effet de stabiliser les tarifs de la TICPE en termes réels.
L’atteinte de la cible de 250 €2018 /tCO2 en 2030 aurait des effets
nettement plus significatifs sur les prix à la pompe des carburants,
puisqu’ils progresseraient de 27 à 32 c€/l en 2023 et de 75 à 87 c€/l en
2030, respectivement pour l’essence et pour le gazole. Compte tenu de la
valeur plus élevée du facteur d’émission du gazole (2,651 kg CO2/l, contre
2,287 kg CO2/l pour l’essence) retenue dans le calcul de la fiscalité
carbone, cette hypothèse assurerait la convergence de la fiscalité du gazole
sur celle de l’essence en 2029, sans mesure spécifique de rattrapage.
179 Le rapport préparatoire au débat d’orientation des finances publiques de juin 2019
prévoit une inflation de 1,3 % en 2019 et en 2020, de 1,5 % en 2021 et de 1,75 % en
2022 et au-delà.
180 Pascale Scapecchi, « L’impact sur les secteurs industriels de l’introduction d’une
181 Damien Dussaux, « The joint effects of energy prices and carbon taxes on
environmental and economic performance: Evidence from the French manufacturing
sector », OCDE, Worhing party on integrating environmental and economic policies,
juin 2019.
182 Ce qui signifie qu’une augmentation de 10 % du prix de l’énergie se traduirait par
entre 2018 et 2022, telle que votée en loi de finances pour 2018, abrogée en 2019.
Comme tous les débats sur les niches fiscales, celui sur les dépenses
fiscales liées à la politique fiscale en matière d’énergie a ses pesanteurs, et
les remises en cause d’avantages souvent anciens sont nécessairement
conflictuelles, même si les raisons qui les motivent sont largement
partagées.
À la seule TICPE sont attachées aujourd’hui 23 dépenses fiscales,
dont le coût (5,8 Md€ en 2018)185 est en forte croissance (+1,9 Md€ depuis
2012).
185
Dont 10,2 Md€ en 2018 en incluant les mesures « déclassées » (cf. supra, chap. I).
186Dans la limite des possibilités offertes par la directive 2003/96/CE du 27 octobre
2003 restructurant le cadre communautaire de taxation des produits énergétiques.
187 Voir l’analyse menée par la Cour des comptes sur la base des données 2014
disponibles dans son rapport sur L’efficience des dépenses fiscales relatives au
développement durable, 2016
188 Voir Mathilde Clément, Alexandre Godzinski, Isabelle Vincent, Les effets
189Le tarif de remboursement est de 30,20c€/l pour le gazole, alors que le plancher
communautaire est de 33,00c€/l.
0,55
Différentiel =
dépense fiscale
0,5
TICPE
Prix en €/l
tarif
0,45 normal
0,4 Tarif de
rembourse
0,35 ment
TICPE
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
TRM
Source : CPO.
190 1,14 Md€ selon les données d’exécution 2018 de la DGDDI, dont 1,05 Md€ pour les
poids lourds français (92 %) et 90,3 M€ pour les poids lourds étrangers (8 %).
191Les données d’exécution 2018 de la DGDDI montrent que les entreprises sous
pavillon étranger ne bénéficient que de 9,6 % du volume (en hl) remboursé, alors
qu’elles contrôlent 40 % du trafic total de transport routier de marchandises.
La fiscalité des énergies fossiles est déjà très sollicitée pour assurer
le financement de l’ensemble des externalités environnementales, bien
qu’elle soit loin d’en assurer la couverture intégrale. La montée en charge
de la fiscalité carbone exige une meilleure articulation avec les autres
192 Claude Gressier, Dominique Bureau, Couverture des coûts des infrastructures
routières. Analyse par réseaux et par sections types du réseau routier national,
Ministère de l’équipement, 2003.
193 Laurent Meunier, « La circulation routière est-elle bien tarifée ? », Revue du CGDD,
novembre 2009.
194 Les recettes considérées sont la TIPP/TICPE, les péages, la taxe à l’essieu, les
la couverture des externalités par les recettes, il existait une très grande
hétérogénéité pour les poids lourds selon que la circulation routière
interurbaine s’effectuait sur le réseau concédé (sur-couverture des externalités
en raison des péages) ou sur le réseau non concédé – national ou local – avec
une sous-couverture très importante pour ce dernier. Elle concluait également
que la TIPP (désormais TICPE) méritait d’être complétée par une taxation du
CO2 s’appliquant à l’ensemble des carburants routiers.
Bilan de couverture des coûts de la circulation routière en France en 2005
Total des Total des Taux de
coûts externes recettes Taux de couverture par
(Md€2005) (Md€2005) couverture la TIPP/TICPE
TOTAL
Poids lourds 16,9 7,7 45,6% 31,4%
Véhicules
utilitaires légers 13,0 4,7 36,2% 29,2%
VP Essence 18,7 9,7 51,9% 42,2%
VP Diesel 28,7 9,2 32,1% 23,3%
Total 77,3 31,3 40,5% 30,7%
INTERURBAIN
Poids lourds 6,8 6,7 98,5% 66,2%
Véhicules
utilitaires légers 4,5 3,7 82,2% 64,4%
VP Essence 6,3 7,7 122,2% 98,4%
VP Diesel 9,6 7,5 78,1% 55,2%
Total 27,2 25,6 94,1% 69,5%
URBAIN
Poids lourds 10,1 2,1 20,8% 7,9%
Véhicules
utilitaires légers 8,6 1,8 20,9% 9,3%
VP Essence 12,3 3,8 30,9% 13,8%
VP Diesel 19,0 3,6 18,9% 7,9%
Total 50,0 11,3 22,6% 9,6%
Source : Laurent Meunier, « La circulation routière est-elle bien tarifée ? », Revue du
CGDD, novembre 2009.
Malgré la montée en charge de la composante carbone et de la
convergence entre le gazole et l’essence dans les tarifs de la TICPE depuis le
bilan réalisé en 2009, le taux de couverture des externalités routières tend à se
dégrader légèrement195. Mais c’est surtout en milieu urbain que le taux de
couverture est manifestement très insuffisant.
Hausse de la
composante carbone
Composante carbone
2019
Transfert de la
couverture des
externalités vers d’autres
instruments plus
adaptés
196
Cour des comptes, « Les missions fiscales de la Douane : des coûts trop élevés, une
modernisation et une simplification à mettre en œuvre », Rapport public annuel 2018.
199 Le projet de loi d’orientation des mobilités en cours d’examen au Parlement au 1er
semestre 2019 a renoncé à mettre en place un instrument de tarification des poids lourds,
ne serait-ce que sous la forme d’une simple taxe forfaitaire (vignette).
200 Ce différentiel est permis par la directive de 2003 sur la taxation de l’énergie, à
de 2015 sur Les politiques publiques de lutte contre la pollution de l’air, les oxydes
d’azote sont émis à 60 % par les transports, dont 94 % par les véhicules diesel.
Ces émissions émanent, notamment, des véhicules particuliers diesel (40 % des
émissions du routier), des poids lourds diesel (39 %) et des véhicules utilitaires légers
diesel (16 %). De même, le secteur des transports représente 16 % des émissions de
PM10. 91 % de ces émissions émanent des véhicules diesel. Elles proviennent
principalement des voitures particulières (52 % des émissions et 46 % du parc national),
mais également des véhicules utilitaires légers (24 % des émissions et 13 % du parc) ou
des poids lourds et cars (15 % des émissions et 2 % du parc). La technologie des moteurs
à essence est par nature faiblement émettrice de particules, à l’exception notable des
nouveaux types de motorisation à injection directe.
202 Avec une efficacité supérieure aux zones de protection de l’air (ZPA), aux zones à
faible émission (ZFE) pour le Grand Paris et à la zone de circulation restreinte de Paris,
dont le respect impose un dispositif de contrôle très coûteux. Les ZPA couvrent des
zones géographiques définies, qui peuvent englober plusieurs municipalités et
métropoles. Ces zones sont activées uniquement en cas de pic de pollution
atmosphérique et valable en général quelques jours seulement.203 En s’appuyant sur
l’étude de l’OCDE “Differences in the Tax Treatment of Gasoline and Diesel for road
use” de 2014.
203 En
s’appuyant sur l’étude de l’OCDE “Differences in the Tax Treatment of Gasoline
and Diesel for road use” de 2014.
206 Olivier Paul-Dubois-Taine, Péage urbain : Principes pour une loi, Centre d’analyse
stratégique, septembre 2008.
207 Ademe, État de l’art sur les péages urbains : Objectifs recherchés, dispositifs mis
210À compter de 2019, la prime à la conversion est versée par le budget général de
l’État (programme 174), et non plus à partir du CAS.
Source : OCDE. Note de lecture : pour chacun des secteurs, les émissions de CO2 sont
présentées en abscisse et les taux effectifs de tarification en ordonnée, en distinguant
la tarification par la taxe et celle par le marché SEQE.
décarbonée grâce à l’énergie nucléaire, alors que les efforts ne sont pas
assumés par les plus gros pollueurs avec la même intensité.
Un quatrième facteur est lié au fait que, malgré la hausse de la
composante carbone entre 2014 et 2018, les émissions de CO2 ont
progressé en 2015 et 2016216. De la même manière, les efforts consentis
donnent le sentiment de produire des effets inverses (augmentation du
carbone importé et de l’empreinte carbone), voire même durablement
négatifs (désindustrialisation).
Un cinquième facteur tient au sentiment que la fiscalité carbone
n’est qu’un prétexte pour augmenter la pression fiscale ou transférer des
assiettes fiscales depuis le capital et le travail vers la consommation, avec
un scepticisme sur l’efficacité du signal-prix. Ce malentendu a pu être
renforcé, d’une part, par l’affichage du fléchage du produit de la
composante carbone vers le financement du CICE en 2014 et par la
décision simultanée de relever la CSG et de supprimer l’ISF en 2018, alors
même que les gains attendus de ces réformes sont de moyen terme, tandis
que la hausse de la fiscalité énergétique est immédiatement perçue. Les
compensations annoncées en 2018 (augmentation du chèque énergie, prime
à la conversion, aides à la rénovation énergétique) ne sont pas parues
suffisamment lisibles. Par ailleurs, le fait que la fiscalité carbone ne soit
pas distincte du reste de la fiscalité énergétique (ni juridiquement, ni dans
la perception des contribuables) nourrit le soupçon qu’elle vise non à
modifier les comportements, mais à collecter des ressources dans une pure
logique de rendement.
Un sixième facteur, lié au précédent, est relatif à l’illisibilité de
l’utilisation des recettes. D’une part, les recettes de la composante carbone
ne sont pas isolées de celles de la TICPE, ce qui ne permet pas d’en suivre
l’usage. D’autre part, même pour les fractions affectées, l’usage du produit
est peu lisible. Ce sentiment est alimenté par les revendications des ONG
environnementales qui demandent l’affectation de la recette à des
« dépenses vertes ».
216 Ce phénomène résulte du fait que les prix hors taxes ont diminué plus fortement que
la fiscalité carbone n’a augmenté entre 2013 et 2016 : le prix TTC réel ayant baissé, le
signal-prix n’a pas été perçu.
217 Selon les résultats de l’enquête sur les questions environnementales publiés par
l’Ademe en mars 2019 : « entre 8 et 9 Français sur 10 se déclarent sensibles ou très
sensibles à l’environnement, et ce de façon très stable depuis 1995. Ils se sentent
préoccupés en premier lieu par la changement climatique (22 %), la dégradation de la
faune et de la flore (22 % également), et la pollution de l’air (18 %). 82 % d’entre eux
estiment qu’il sera nécessaire de prendre des mesures importantes dans l’avenir pour
s’adapter aux nouvelles conditions climatiques sur leur propre territoire ».
mobiliser et orienter les comportements de tous, ce que seul peut susciter un prix,
progressivement croissant et programmé, à l’émission d’une tonne de CO2 ».
220 La loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 retenait
une étape intermédiaire à 56 €/tCO2 en 2020, et une cible de 100 € /tCO2 à l’horizon
2030, adossée à la valeur tutélaire du carbone issue du rapport Quinet de 2008
(cf. supra). La loi de finances pour 2014 a défini une première trajectoire pluriannuelle
de 2014 à 2017. La loi de finances rectificative pour 2015 a complété cette trajectoire,
pour la prolonger jusqu’en 2020 en cohérence avec l’objectif intermédiaire de la
LTECV en 2020. Enfin, la LFI pour 2018 a fixé une trajectoire 2018-2022, en revenant
sur la trajectoire précédemment fixée pour les années 2018 à 2020.
221 Quelques auteurs s’inquiétaient, avant la contestation de l’automne 2018, de l’avenir
Source : CPO.
225 Le projet de loi de finances pour 2014 avait ainsi consacré le principe selon lequel
la composante carbone de la fiscalité énergétique permettrait de financer le crédit
d’impôt compétitivité-emploi (CICE) à hauteur de 3 Md€. Dans le cadre du projet de
loi de finances pour 2018, le renforcement de la trajectoire de la composante carbone
et de la convergence diesel essence ont plus généralement été présentés comme
s’inscrivant dans un mouvement fiscal d’ampleur, impliquant notamment une baisse
progressive de la taxe d’habitation et une réforme de la fiscalité du capital, en plus du
basculement des cotisations sociales vers la CSG.
226 En loi de finances rectificative pour 2015, il a ainsi été décidé que le CAS
2 ct€/l de la TICPE sur le gazole pour les véhicules légers et de quatre centimes pour
les poids lourds, en remplacement de la recette attendue de l’écotaxe poids lourds. Le
montant de TICPE affecté à l’AFITF net de la compensation des indemnisations dues
au titre de l’abandon de l’écotaxe poids lourds s’élève à 702 M€ en 2018 (1,03 Md€
d’affectation brute de TICPE en incluant la fraction correspondant à la compensation
des coûts de sortie de l’écotaxe).
229 Ce remboursement complet est envisagé en 2020 : Cour des comptes, Note d’analyse
de l’exécution budgétaire 2018 du CAS Transition énergétique, mai 2019.
230 Le tarif réglementé de l’électricité a augmenté de 5,9 % au 1er juin 2019.
30%
20%
10%
0%
-10%
-20%
-30%
-40%
Q1 Q2 Q3 Q4 Q5
Prestations : prime d'activité et minima sociaux
Prestations : aides au logement
Prestations familiales
Impôts indirects : TICPE
Impôts indirects : TVA
Impôt directs : taxe d'habitation
Impôt directs : impôt sur le revenu (y.c. crédits d'impôt)
Contributions sociales
Cotisations sociales
Total (prestations moins les prélèvements, la TVA et la TICPE)
Source : CPO, d’après Insee-Drees-Cnaf, modèle INES 2017, calculs Insee. Le champ
considéré est celui de la redistribution monétaire tel qu’utilisé dans les publications de
l’Insee « France Portrait social » : il ne prend pas en compte les cotisations sociales
contributives,ni la part maladie de la CSG et la CRDS.
Dans son étude publiée en mars 2019 sur les effets des réformes des
prélèvements sociaux sur le pouvoir d’achat des ménages231, l’Insee relève
que l’impact sur l’ensemble des ménages de la hausse de la fiscalité
carbone en 2018 (hors effet de la hausse des prix pétroliers hors taxes) est
en moyenne inférieure à l’effet favorable des réaménagements de
prélèvements sociaux (baisse de cotisation sociales, hausse de la CSG).
De même, l’effet de réformes fiscales structurelles sur le pouvoir
d’achat des ménages ne peut être négligé, notamment la suppression
progressive de la taxe d’habitation. Dans une publication de janvier
2019232, l’OFCE estime que la suppression progressive de la taxe
d’habitation procurerait un gain de 0,3 % de revenu disponible des
ménages en 2019 (+120 €). Ce gain est supérieur à l’impact de la hausse
de la fiscalité carbone prévu en 2019 par la loi de finances pour 2018, et
abrogé par la loi de finances pour 2019 (-0,2 %).
Des effets de la suppression de la taxe d’habitation à apprécier
La loi de finances pour 2018 a engagé la réforme de la taxe d’habitation
sur la résidence principale, sous la forme d’un dégrèvement progressif sur trois
ans (de 2018 à 2020) de taxe d’habitation pour 80 % des ménages. Le
Gouvernement estime que cette réforme permettrait une amélioration du
pouvoir d’achat des ménages à mesure de sa montée en charge (gains estimés
de 200 € par ménage en 2018, de 400 € en 2019 et de 600 € en 2020).
Si une étude détaillée des effets distributifs de deux mesures reste à
conduire, il est néanmoins possible de constater que la réforme de la taxe
d’habitation a un effet sur le pouvoir d’achat des ménages supérieur à celui
d’une reprise de la hausse de la composante carbone à court terme, quel que
soit le scénario retenu.
Cependant les gains comparés ne sont pas nécessairement vérifiés pour
les plus bas revenus, en raison du plafonnement de la taxe d’habitation en
fonction du revenu.
En outre, ils ne sont pas nécessairement vérifiables pour tous, en
particulier les ménages ruraux, en raison de la facture énergétique liée aux
déplacements et de l’hétérogénéité particulièrement marquée des taux de taxe
d’habitation dans les petites communes. En effet, si la somme de la taxe
d’habitation et de la TICPE est plutôt constante pour les ménages quel que soit
231 Anne-Lise Biotteau, Laurence Rioux, « En octobre 2018, les gains des réformes des
prélèvements sociaux contrebalancés par le renchérissement du pétrole », Insee Focus,
n° 149, mars 2019.
232 Pierre Madec, Mathieu Plane, Raul Sampognaro, « Budget 2019 : du pouvoir d’achat
235 Dominique Bureau, Fanny Henriet et Katheline Schubert, « Pour le climat : une taxe
juste, pas juste une taxe », Note du CAE, n° 50, mars 2019.
236 Gaël Callonnec, Hervé Goëdard, Patrick Jolivet, « La contribution climat-solidarité.
Une taxe carbone pour la transition écologique et pour plus de solidarité fiscale »,
Ademe, mars 2019.
237 Audrey Berry, Eloi Laurent, « Taxe carbone, le retour, à quelles conditions ? »,
240 Pour plus de détails sur les hypothèses retenues, voir Mathilde Clément, Alexandre
Godzinski, Isabelle Vincent, Les effets économiques de la fiscalité environnementale
sur les ménages et les entreprises. Rapport particulier n° 5 du CPO, 2019.
241 Au sein d’un groupe aux mêmes niveaux de revenus.
Source : CPO, à partir des résultats du modèle Prometheus. Surcoûts constatés pour
une trajectoire de fiscalité carbone à 100 € /tCO2 à horizon 2030, avec élasticités.
0,20
0,10
0,00
-0,10
-0,20
1er quintile 2e quintile 3e quintile 4e quintile 5e quintile
Source : CPO, à partir des résultats du modèle Prometheus.. Résultats hors élasticités.
0,20
0,15
0,10
0,05
0,00
Commune rurale Unité urbaine de Unité urbaine de Unité urbaine de Unité urbaine de Paris
moins de 20,000 20,000 à 200,000 200,000 à 1,999,999
habitants habitants habitants
Source : CPO, à partir des résultats du modèle Prometheus. Résultats hors élasticités.
Compensation n° 2
- résidence
158,55 121,8 87,15 55,65 26,25 0
commune rurale
- résidence unité
urbaine 20 000 - 200 132,3 100,8 72,45 46,2 22,05 0
000 hab.
- résidence unité
84 65,1 46,2 29,4 14,7 0
urbaine de Paris
18 15,9
16
14
12 10,2
10 8,1
8
6
4 1,8
2
0
Essence Gazole GPL E85
243 « Le carburant (…) se trouvant dans un aéronef d’un État contractant à son arrivée
sur le territoire d’un autre État contractant et s’y trouvant encore lors de son départ de
ce territoire, [est] exempt des droits de douane, frais de visite ou autres droits et
redevances similaires imposés par l’État ou les autorités locales. »
244 Convention relative à l’aviation civile internationale, signée le 7 décembre 1944.
245 Selon la direction des affaires maritimes du ministère de la Transition écologique et
248 Voir notamment le tome II des Comptes transport de la Nation de 2011, 2013.
Toutefois ce constat mériterait d’être actualisé en tenant compte de la nouvelle valeur
de l’action pour le climat, ainsi que de ses perspectives d’évolution : la valeur de
l’action pour le climat était de 32 €2010 en 2010, à comparer à une valeur de 70,3 €2018
pour l’année 2019, et à une valeur cible de 250 €2018 en 2030.
249 Le 15 janvier 2019, la Commission européenne a publié une communication « Vers
sur un vol intérieur ou intra-européen en classe économique, jusqu'à 18 € par billet sur
un vol hors UE en classe affaires.
Conclusion et orientations
Annexes
Annexe n° 1
Recettes de fiscalité environnementale au périmètre de la
comptabilité nationale
En M€ 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Énergie 23 766 24 636 25 158 26 237 26 704 26 404 25 317 27 540 27 477 28 700 28 537 28 936
- Autres taxes sur
805 779 819 976 975 973 987 975 611 517 528 504
l'énergie
- Contribution des
distributeurs d'énergie 277 271 285 272 291 288 276 278 317 323 326 335
électrique basse tension
- Imposition sur les
95 104 113 126 124 128 135 140 149 160 167 174
pylônes
- Impositions
forfaitaires sur les 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
entreprises de réseaux
- Impôt sur énergie
1 291 1 395 1 359 1 207 1 245 1 285 1 235 1 320 1 310 1 357 1 396 1 507
électrique
- Taxe intérieure de
consommation des 21 093 21 870 22 354 23 423 23 825 23 471 22 425 23 295 23 601 24 439 24 084 24 490
produits énergétiques
- Taxe intérieure sur la
consommation de gaz 118 125 136 141 145 155 152 156 160 142 187 99
naturel
En M€ 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
- Taxe sur les mises à
disposition de produits
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
pétroliers pour le
stockage stratégique
- Taxe sur l'utilisation
des voies navigables 87 92 92 92 99 104 107 113 112 107 155 157
(dont taxe hydraulique)
- Taxes pour le fonds
du service public de 0 0 0 0 0 0 0 1 263 1 217 1 655 1 694 1 670
production d'électricité
Pollution et ressources 1 755 1 951 1 585 1 623 1 733 2 014 2 156 2 372 2 193 2 130 2 123 2 196
- Autres taxes sur la
1 528 1 704 1 345 1 379 1 483 1 752 1 898 2 099 1 913 1 840 1 856 1 705
pollution et les ressources
- Redevances sur les
227 247 240 244 250 262 258 273 280 290 267 281
prélèvements de l'eau
- Taxes au profit de
l'ADEME (Agence de
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 210
l'environnement et de la
maîtrise de l'énergie)
Transport 5 002 5 436 4 928 5 179 4 779 3 605 2 666 2 697 2 557 4 506 4 771 5 044
- Droit annuel de
francisation et de 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
navigation
- Taxe additionnelle sur
740 752 724 732 51 51 9 0 0 0 0 0
les assurances automobile
En M€ 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
- Taxe due par les
entreprises de transport
19 26 0 0 0 0 0 0 0 0 27 26
public aérien et maritime
(Corse, DOM)
- Taxe spéciale sur les
véhicules routiers (taxe à 69 71 71 71 127 223 226 227 184 216 205 215
l'essieu)
- Taxe sur les certificats
d'immatriculation des 1 133 1 235 1 170 1 262 1 313 1 373 1 412 1 503 1 427 1 479 1 623 1 832
véhicules
- Taxe sur les véhicules
1 839 1 917 1 588 1 608 1 652 126 0 0 0 0 0 0
(partie ménages)
- Taxe sur les véhicules
416 440 440 508 551 644 0 0 0 843 867 1 126
de tourisme des sociétés
- Taxe sur primes
0 0 0 0 0 0 0 0 0 935 995 901
d'assurance automobile
- Autres taxes sur les
326 516 538 596 672 775 770 762 798 904 909 925
transports
- Taxes sur les
véhicules à moteur
460 479 397 402 413 413 249 205 148 129 145 19
payées par les
producteurs
Total général 30 523 32 023 31 671 33 039 33 216 32 023 30 139 32 609 32 227 35 336 35 431 36 176
En M€ 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Énergie 28 657 28 450 28 384 29 999 31 278 32 102 34 052 34 614 38 537 41 204 43 966 46 571
- Autres taxes sur
506 488 512 517 514 503 519 505 509 547 554 566
l'énergie
- Contribution des
distributeurs d'énergie 408 344 346 324 354 349 374 376 375 377 378 377
électrique basse tension
- Imposition sur les
183 190 190 213 223 233 244 214 231 241 251 256
pylônes
- Impositions
forfaitaires sur les 0 0 0 1 223 1 085 1 142 1 206 1 272 1 297 1 324 1 329 1 346
entreprises de réseaux
- Impôt sur énergie
1 524 1 611 1 734 1 781 1 896 1 946 2 107 2 060 2 040 2 083 2 130 2 126
électrique
- Taxe intérieure de
consommation des 24 264 23 835 23 547 23 577 23 923 23 564 23 693 23 794 26 238 27 926 29 587 31 824
produits énergétiques
- Taxe intérieure sur la
consommation de gaz 149 179 228 259 226 197 204 189 622 901 1 319 1 803
naturel
- Taxe sur les mises à
disposition de produits
0 0 0 0 0 354 367 393 379 364 377 386
pétroliers pour le
stockage stratégique
En M€ 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
- Taxe sur l'utilisation
des voies navigables 157 165 171 169 175 187 192 187 183 174 178 177
(dont taxe hydraulique)
- Taxes pour le fonds du
service public de 1 466 1 638 1 656 1 936 2 882 3 627 5 146 5 624 6 663 7 267 7 863 7 710
production d'électricité
Pollution et ressources 2 412 2 470 2 304 2 282 2 582 2 861 2 986 3 209 3 083 3 205 3 152 3 061
- Autres taxes sur la
1 827 1 819 1 612 1 489 1 799 2 066 2 183 2 456 2 330 2 452 2 399 2 757
pollution et les ressources
- Redevances sur les
317 338 305 304 304 304 304 304 304 304 304 304
prélèvements de l'eau
- Taxes au profit de
l'ADEME (Agence de
268 313 387 489 479 491 499 449 449 449 449 0
l'environnement et de la
maîtrise de l'énergie)
Transport 5 379 5 808 5 512 5 414 5 754 5 983 5 859 5 893 5 873 5 716 5 818 6 317
- Droit annuel de
francisation et de 0 37 37 39 39 37 37 37 37 39 38 38
navigation
- Taxe additionnelle sur
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
les assurances automobile
- Taxe due par les
entreprises de transport
27 29 29 37 41 38 40 39 37 41 42 43
public aérien et maritime
(Corse, DOM)
En M€ 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
- Taxe spéciale sur les
véhicules routiers (taxe à 216 226 172 168 170 172 171 170 169 167 100 102
l'essieu)
- Taxe sur les certificats
d'immatriculation des 1 939 1 968 1 917 1 917 2 080 2 117 2 042 2 077 2 086 2 187 2 229 2 326
véhicules
- Taxe sur les véhicules
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
(partie ménages)
- Taxe sur les véhicules
1 140 1 086 1 098 992 927 983 876 827 753 692 638 751
de tourisme des sociétés
- Taxe sur primes
960 952 951 954 975 1 030 1 051 1 020 1 101 1 030 985 1 019
d'assurance automobile
- Autres taxes sur les
1 097 1 510 1 308 1 307 1 522 1 606 1 642 1 723 1 690 1 560 1 786 2 038
transports
- Taxes sur les
véhicules à moteur
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
payées par les
producteurs
Total général 36 448 36 728 36 200 37 695 39 614 40 946 42 897 43 716 47 493 50 125 52 936 55 949
Annexe n° 2
Récapitulatif des scénarios et variantes
simulés
Source : CPO.