Вы находитесь на странице: 1из 4

réalités en nutrition et en diabétologie # 31_Janvier/Février 2011

Revues générales

Nutrition et Alzheimer :
comprendre et prévenir la maladie ?

Résumé : La maladie d’Alzheimer est un problème majeur de Santé publique qui croît avec le vieillissement
de la population. Le peptide Ab, issu du catabolisme d’une protéine précurseur, forme des oligomères solubles
qui sont les agents principaux des pertes synaptiques et des altérations des fonctions cognitives observées
dans cette maladie.
Différents facteurs sont à la source de l’augmentation intracérébrale de ces oligomères et de leur toxicité.
Parmi ceux-ci, le diabète de type II et l’obésité centrale à l’âge moyen augmentent le risque de survenue de
la maladie d’Alzheimer en relation avec un déficit central d’insuline ou de leptine. La prise en charge de ces
maladies métaboliques apparaît donc cruciale pour la prévention de la maladie d’Alzheimer. Cette prévention
pourrait ainsi bénéficier d’une augmentation des apports alimentaires en acide docosahexaénoïque et de
polyphénols.

L e problème de Santé publique


que constitue aujourd’hui la
maladie d’Alzheimer (MA) dans
les pays développés ne peut que croître
avec le vieillissement de la popula-
La connaissance des facteurs nutrition-
nels est essentielle dans le sens où ils
sont fortement impliqués dans la MA et
où leur maitrise peut être une base de ces
stratégies préventives. Nous développe-
tion. Ainsi, selon le rapport de 2004 rons ces deux aspects après avoir examiné
de l’Office Parlementaire d’Evaluation les connaissances actuelles sur les méca-
des Politiques de Santé (OPEPS) [1], le nismes physiopathologiques de la MA.
taux de malades triplerait presque pour
atteindre un taux de 36,3 ‰ en 2040 si la
prévalence actuelle se maintient (accord
de temps ?). Or la recherche de thérapeu-
[ Des mécanismes complexes
tiques efficaces a connu de nombreux Le rôle des oligomères solubles de pep-
échecs jusqu’à maintenant. La complexité tide Ab a été mis en lumière par de nom-
des mécanismes physiopathologiques breux travaux depuis une dizaine d’an-
➞ J.L. Olivier 1, 2
, T. Pillot1,
impliqués et le caractère multifactoriel née [2]. Les niveaux de ces oligomères
T. Oster1, C. Malaplate-
Armand1, 2, C. Stenger1, de la MA sont probablement parmi les solubles dans le cerveau des patients
F.T. Yen1 causes de ces échecs, tout comme le fait sont corrélés avec celui des pertes synap-
1 Laboratoire Lipidomix (EA 4422), que les approches développées ont ciblé tiques [3]. Le peptide amyloïde Ab est
INPL,
2 Service de Biochimie-Biologie les formes constituées de la maladie où le produit à partir de la protéine précur-
Moléculaire, Hôpital Central, CHU, processus neurodégénératif aboutissant seur membranaire APP dont la fonction
NANCY. aux pertes synaptiques et aux altérations exacte est encore inconnue, mais qui
consécutives des fonctions cognitives est pourrait contribuer à la survie et la crois-
trop avancé pour être entravé. sance des neurones.

Des stratégies plutôt préventives pour- La protéine APP est métabolisée selon
raient alors être une alternative d’intérêt. deux voies se distinguant principale-

1
réalités en nutrition et en diabétologie # 31_Janvier/Février 2011

Revues générales

ment par les protéases impliquées et les vent et stabilisent l’assemblage. Sous S’il y a, dans les formes familiales de la
métabolites produits. forme hyperphosphorylée, t s’agrège MA (environ 1 % des cas), surproduc-
en fibrilles insolubles qui s’accumulent tion du peptide Ab en raison de muta-
1. La voie non amyloïdogène dans le neurone, conduisant au déman- tions de 3 gènes, les gènes codant APP
tèlement des microtubules et altérant les et les présénilines-1 et -2 (g-sécrétases),
Représentant 95 % du métabolisme phy- transports axonaux. la question qui reste posée dans les
siologique d’APP, elle est caractérisée formes sporadiques de la MA (99 % des
par deux clivages endoprotéolytiques Le lien exact entre la production d’oli- cas) concerne le point de départ de ce
séquentiels catalysés par une a-sécré- gomères solubles de peptide Ab et l’hy- cercle vicieux qui associe augmentation
tase, puis par une g-sécrétase permettant, perphosphorylation de la protéine t est des taux intracérébraux d’oligomères de
entre autres, la production du fragment encore mal identifiée, mais de nombreux peptide Ab, hyperphosphorylation de t,
APPa soluble (sAPPa) qui est plutôt chercheurs ont suggéré que l’action des dérégulation des transports intraneuro-
neuroprotecteur. premiers pourraient activer des kinases naux, stress oxydant et d’autres dérégu-
susceptibles de phosphoryler t [5]. lations des neurones et des autres cel-
2. La voie amyloïdogène lules cérébrales (fig. 1).
Par ailleurs, une altération des transports
Dans la voie amyloïdogène, la protéine neuronaux, sous l’influence de la perte Quel est le rôle de la nutrition ?
APP est cette fois clivée par une b-sécré- de fonction de t ou d’autres protéines,
tase (et non plus l’g‑secrétase), puis par la pourrait orienter la protéine APP vers la L’association entre la MA et les deux
g‑sécrétase, produisant ainsi le peptide Ab. voie amyloïdogène. Cela générerait, avec grandes maladie nutritionnelles, l’obé-
d’autres facteurs comme le stress oxy- sité et le diabète de type II, a retenu l’at-
En raison de la présence de sites alter- dant observé dans la MA [6], un cercle tention des chercheurs, non seulement
natifs de coupure par les b- et g-sécré- vicieux conduisant aux pertes synap- par le fait que ces affections représentent
tases, ce peptide peut comporter de 32 à tiques, puis à la mort de neurones et la des facteurs de risque potentiels de la
43 acides aminés, les formes principales dégradation des fonctions cognitives. MA, mais aussi en raison de l’éclairage
étant les peptides Ab[1-40] et Ab[1-42].
Le routage d’APP vers la membrane Obésité centrale
synaptique favoriserait la voie non-amy- Diabète type II
âge moyen
loïdogène tandis que sa rétention dans le
réticulum ou son endocytose favoriserait
la voie amyloïdogène.

Une fois générés, les peptides Ab sont ?


éliminés par différents mécanismes de Stress Altérations
clairance parmi lesquels la dégradation oxydant transports cellulaires
par diverses peptidases dont l’enzyme
Production
IDE dégradant l’insuline ou la néprily- oligomères Phospho-
sine [4], mais ils peuvent aussi s’accu- Aβ rylation τ
muler d’abord en oligomères solubles,
puis s’agréger en fibrilles insolubles à
l’origine des plaques amyloïdes qui sont
l’un des deux types de lésions histolo-
MCI
giques pathognomoniques. Pertes synaptiques

L’autre lésion histologique observée Apoptose neuronale Altérations


dans la MA, les dégénerescences neu-
cognitives
rofibrillaires, sont des dépôts intraneu- modérées
Plaques amyloïdes
ronaux dont le principal constituant
est la protéine t sous forme hyper-
phosphorylée. La protéine t appartient Atrophie corticale sévères
à une famille de protéines associées
aux microtubules dont elles promeu- Fig. 1 : Processus de la maladie d’Alzheimer et facteurs déclenchants.

2
réalités en nutrition et en diabétologie # 31_Janvier/Février 2011

que ces associations donnent sur sa phy- bien que d’autres études soient discor- gras majoritaire dans les phospholipides
siopathologie, certains auteurs ayant en dantes [8]. L’obésité majore la résistance des membranes des neurones. Des dimi-
effet assimilé la MA à une pathologie à l’insuline et le risque de survenue d’un nutions des taux d’acides gras w3 ont été
neuro-endocrine. L’apparition d’un dia- diabète. Mais le rôle de la leptine, hor- mesurées dans le plasma et le cerveau de
bète de type II à l’âge moyen augmente le mone impliquée dans la régulation du patients atteints de la MA [10] par rap-
risque de 1,5 à 2 fois de survenue de MA métabolisme énergétique et de la prise port aux sujets du même âge non affectés
et à un âge plus précoce [7]. alimentaire, a attiré l’attention [9]. En par cette maladie.
effet, comme l’insuline, la leptine favo-
La MA est caractérisée par une diminu- rise la plasticité neuronale et augmente Une consommation fréquente de pois-
tion de l’activité métabolique et de la les capacités mnésiques, notamment sons gras et un apport alimentaire suf-
consommation de glucose par les neu- chez les animaux modèles de MA [10]. fisant de DHA sont associés à un risque
rones. La MA aussi bien que le diabète moindre de développer la MA [11].
impliquent aussi un stress oxydant et Enfin, en association avec l’insuline, la Plusieurs études ont montré qu’une
une augmentation des produits de gly- leptine diminue le niveau de phospho- supplémention en DHA de courte durée
cation, les deux phénomènes se majo- rylation de t. De même, des leptinémies protège les fonctions cognitives de sujets
rant d’ailleurs l’un l’autre [6]. L’insuline élevées seraient corrélées avec un risque présentant des atteintes prodromales à
exerce un rôle trophique sur les neu- moindre de MA [9]. Cependant, il reste une MA (sujets MCI), mais pas celles
rones comme sur d’autres types cellu- à déterminer si une résistance périphé- de patients chez qui la MA est consti-
laires et favorise la plasticité synaptique. rique à la leptine et une hyperleptiné- tuée [12, 13]. De nombreuses études ont
mie sur plusieurs années, notamment démontré que le DHA exerce des effets
Pour certains auteurs, l’hyperinsuliné- à certaines périodes de la vie, peuvent neurotrophiques et protecteurs contre la
mie et la résistance à l’insuline périphé- entraîner une diminution de la leptine neurotoxicité des oligomères solubles de
rique entraîneraient une hypo-insuli- au niveau cérébral et fragiliser le réseau peptide Ab, en activant des voies mul-
némie au niveau du système nerveux synaptique comme dans le cas du diabète tiples (fig. 2).
central qui a été mesurée post mortem et de l’insuline. Si le rôle neuroprotecteur
dans les cerveaux de patients atteints de de la leptine et d’autres hormones reste à Les polyphénols, composés d’origine
MA, ainsi qu’une baisse de l’expression approfondir, celui de certains nutriments végétale très divers et très abondants
des récepteurs à l’insuline et à l’IGF-1 lipidiques, comme l’acide docosahexaé- dans l’alimentation humaine, ont des
[7]. L’injection intracérébrale d’insuline noïque, et les polyphénols a fait l’objet propriétés antioxydantes reconnues, en
chez des rongeurs a amélioré leurs per- d’une littérature déjà abondante, comme particulier les polyphénols du raisin (et
formances cognitives. L’administration nous le décrivons ci-dessous. du vin, comme le revestratol) ou du thé

[
intranasale d’insuline 2 fois par jour vert. Des études sur les modèles murins
dans une petite série de patients atteints de la MA ou des cultures neuronales ont
de formes légères de MA ou de MCI a  es nutriments pour prévenir
D établi que les polyphénols peuvent agir
permis d’améliorer leurs capacités la maladie d’Alzheimer ? dans la MA, au-delà de leur action anti-
cognitives après 3 semaines [7]. L’acide docosahexaénoïque oxydante, en diminuant la production
(DHA) et les polyphénols de peptide Ab, en inhibant son oligomé-
Les modes d’action de l’insuline sur la risation et ses effets cellulaires [14].
production et la sensibilité aux oligo- L’acide docosahexaénoïque, acide gras
mères solubles de peptide Aß ou la phos- polyinsaturé à longue chaine de la série Certaines études épidémiologiques sou-
phorylation de t restent encore à identi- oméga-3 (DHA ; C22:6 w3), est l’acide tiennent le rôle bénéfique de ces molé-
fier. En outre, le diabète peut aggraver le
facteur vasculaire et inflammatoire. Mais
SorLA/LR11
il est indéniable que le dépistage et la (routage APP
Expression gènes

prise en charge du diabète de type II et, membrane Récepteur GPR40 Neurogenèse


mieux encore, la diminution de sa fré- synaptique) Acide
docosahexaénoïque Conversion en Protection
quence peuvent avoir une répercussion
(DHA, C22:6 ω3) neuroprotectine contre
importante sur la prévalence de la MA.
Transthyrétine (docosanoïdes) apoptose (Bcl2)
(chélation Aβ)
Certaines études indiquent qu’une obé-
sité centrale à l’âge moyen majorerait le
risque de survenue ultérieure d’une MA, Fig. 2 : Les mécanismes neuroprotecteurs multiples du DHA. D’après [13].

3
réalités en nutrition et en diabétologie # 31_Janvier/Février 2011

Revues générales

06. Reddy VP, Zhu X, Perry G et al. Oxidative


POINTS FORTS stress in diabetes and Alzheimer's disease.
J Alzheimers Dis, 2009 ; 16 : 763-774.
07. Kroner Z. The relationship between Alzhei­
mer's disease and diabetes: Type 3 dia-
ûPOINTS
La maladieFORTS
d’Alzheimer est le résultat d’un cercle vicieux qui implique betes ? Altern Med Rev, 2009 ; 14 : 373-379.
08. Luchsinger JA, Gustafson DR. Adiposity
l’augmentation des taux intracérébraux de peptide Ab sous forme
and Alzheimer's disease. Curr Opin Clin
d’oligomères solubles et une hyperphosphorylation de la protéine t. Nutr Metab Care, 2009 ; 12 : 15-21.
Les modes d’entrée dans ce cycle sont multiples et encore mal déterminés. 09. Conquer JA, Tierney MC, Zecevic J et al.
û Le diabète de type II et l’obésité centrale à l’âge moyen augmentent Fatty acid analysis of blood plasma of
patients with Alzheimer’s disease, other
le risque de survenue d’une maladie d’Alzheimer et à un âge plus types of dementia, and cognitive impair-
précoce. La résistance périphérique à l’insuline ou à la leptine entraînerait ment. Lipids, 2000 ; 35 : 1 305-1 312.
un déficit intracérébral qui serait à la source de cette relation. 10. Harvey J. Leptin : the missing link in

û L’action neuroprotectrice à large spectre de l’acide docosahexaénoïque


Alzheimer disease ? Clin Chem, 2010 ; 56 :
696-697.
et des polyphénols représente des avantages indéniables pour 11. Morris MC, Evans DA, Bienias JL et al.
la prévention d’une pathologie à caractère plurifactoriel comme Consumption of fish and n-3 fatty acids
la maladie d’Alzheimer. Des études prometteuses permettent d’envisager and risk of incident Alzheimer disease.
des stratégies préventives les utilisant. Arch Neurol, 2003 ; 60 : 940-946.
12. Freund-Levi Y, Eriksdotter-Jonhagen M,
Cederh­ olm t et al. Omega-3 fatty acid treat-
ment in 174 patients with mild to mode-
rate Alzheimer disease : OmegAD study :
a randomized double-blind trial. Arch
cules et de la consommation de fruits et Bibliographie Neurol, 2006 ; 63 : 1 402-1 408.
légumes dans la MA [15]. L’intérêt des 01. Gallez C. Rapport sur la maladie d’Alzheimer 13. Florent-Bechard S, Desbene C, Garcia P et al.
polyphénols et du DHA réside dans le et les maladies apparentées (2005). Office The essential role of lipids in Alzheimer's
Parlementaire d’Évaluation des Politiques disease. Biochimie, 2009 ; 91 : 804-809.
large spectre de leurs actions neuropro- 14. Ho L, Chen LH, Wang J et al. Heterogeneity
de Santé, Bibliothèque des Rapports Publics
tectrices, aptes à lutter contre le caractère (www.ladocumentationfrançaise.fr). in red wine polyphenolic contents diffe-
multifactoriel de l’entrée dans la MA. 02. Walsh DM, Selkoe DJ. A-beta oligomers – a rentially influences Alzheimer's disease-
decade of discovery. J Neurochem, 2007 ; type neuropathology and cognitive dete-
101 : 1 172-1 184. rioration. J Alzheimers Dis, 2009 ; 16 :
Cependant, pour parvenir à définir des 59-72.
03. McLean CA, Cherny RA, Fraser FW et al.
stratégies préventives de la MA, il fau- Soluble pool of b-amyloid as a determi- 15. Dai Q, Borenstein AR, Wu Y et al. Fruit and
dra pouvoir identifier les populations à nant of severity of neurodegeneration in vegetable juices and Alzheimer's disease :
Alzheimer's disease. Ann Neurol, 1999 ; the Kame Project. Am J Med, 2006 ; 119 :
risque grâce à l’aide de marqueurs pro- 751-759.
46 : 860-866.
nostiques biologiques ou de neuro-ima-
04. Eckman EA, Eckman CB. Ab-degrading
gerie pertinents qui restent à déterminer. enzymes: modulators of Alzheimer's
En outre, des paramètres comme la durée disease pathogenesis and targets for the-
d’administration, les doses optimales rapeutic intervention. Biochem Soc Trans,
2005 ; 33 : 1 101-1 105.
des nutriments protecteurs et l’intérêt 05. Ma QL, Yang F, Rosario ER et al. Beta-
de leur combinaison exigent des études amyloid oligomers induce phosphoryla-
cliniques d’une durée suffisante par rap- tion of tau and inactivation of insulin
port à la durée du processus d’évolution receptor substrate via c-Jun N-terminal
kinase signaling: suppression by omega-3 L'auteur a déclaré ne pas avoir de conflit
vers la MA, au-delà probablement des fatty acids and curcumin. J Neurosci, d'intérêt concernant les données publiées
standards des études cliniques actuelles. 2009 ; 29 : 9 078-9 089. dans cet article.

Вам также может понравиться