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Nutrition et Alzheimer :
comprendre et prévenir la maladie ?
Résumé : La maladie d’Alzheimer est un problème majeur de Santé publique qui croît avec le vieillissement
de la population. Le peptide Ab, issu du catabolisme d’une protéine précurseur, forme des oligomères solubles
qui sont les agents principaux des pertes synaptiques et des altérations des fonctions cognitives observées
dans cette maladie.
Différents facteurs sont à la source de l’augmentation intracérébrale de ces oligomères et de leur toxicité.
Parmi ceux-ci, le diabète de type II et l’obésité centrale à l’âge moyen augmentent le risque de survenue de
la maladie d’Alzheimer en relation avec un déficit central d’insuline ou de leptine. La prise en charge de ces
maladies métaboliques apparaît donc cruciale pour la prévention de la maladie d’Alzheimer. Cette prévention
pourrait ainsi bénéficier d’une augmentation des apports alimentaires en acide docosahexaénoïque et de
polyphénols.
Des stratégies plutôt préventives pour- La protéine APP est métabolisée selon
raient alors être une alternative d’intérêt. deux voies se distinguant principale-
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ment par les protéases impliquées et les vent et stabilisent l’assemblage. Sous S’il y a, dans les formes familiales de la
métabolites produits. forme hyperphosphorylée, t s’agrège MA (environ 1 % des cas), surproduc-
en fibrilles insolubles qui s’accumulent tion du peptide Ab en raison de muta-
1. La voie non amyloïdogène dans le neurone, conduisant au déman- tions de 3 gènes, les gènes codant APP
tèlement des microtubules et altérant les et les présénilines-1 et -2 (g-sécrétases),
Représentant 95 % du métabolisme phy- transports axonaux. la question qui reste posée dans les
siologique d’APP, elle est caractérisée formes sporadiques de la MA (99 % des
par deux clivages endoprotéolytiques Le lien exact entre la production d’oli- cas) concerne le point de départ de ce
séquentiels catalysés par une a-sécré- gomères solubles de peptide Ab et l’hy- cercle vicieux qui associe augmentation
tase, puis par une g-sécrétase permettant, perphosphorylation de la protéine t est des taux intracérébraux d’oligomères de
entre autres, la production du fragment encore mal identifiée, mais de nombreux peptide Ab, hyperphosphorylation de t,
APPa soluble (sAPPa) qui est plutôt chercheurs ont suggéré que l’action des dérégulation des transports intraneuro-
neuroprotecteur. premiers pourraient activer des kinases naux, stress oxydant et d’autres dérégu-
susceptibles de phosphoryler t [5]. lations des neurones et des autres cel-
2. La voie amyloïdogène lules cérébrales (fig. 1).
Par ailleurs, une altération des transports
Dans la voie amyloïdogène, la protéine neuronaux, sous l’influence de la perte Quel est le rôle de la nutrition ?
APP est cette fois clivée par une b-sécré- de fonction de t ou d’autres protéines,
tase (et non plus l’g‑secrétase), puis par la pourrait orienter la protéine APP vers la L’association entre la MA et les deux
g‑sécrétase, produisant ainsi le peptide Ab. voie amyloïdogène. Cela générerait, avec grandes maladie nutritionnelles, l’obé-
d’autres facteurs comme le stress oxy- sité et le diabète de type II, a retenu l’at-
En raison de la présence de sites alter- dant observé dans la MA [6], un cercle tention des chercheurs, non seulement
natifs de coupure par les b- et g-sécré- vicieux conduisant aux pertes synap- par le fait que ces affections représentent
tases, ce peptide peut comporter de 32 à tiques, puis à la mort de neurones et la des facteurs de risque potentiels de la
43 acides aminés, les formes principales dégradation des fonctions cognitives. MA, mais aussi en raison de l’éclairage
étant les peptides Ab[1-40] et Ab[1-42].
Le routage d’APP vers la membrane Obésité centrale
synaptique favoriserait la voie non-amy- Diabète type II
âge moyen
loïdogène tandis que sa rétention dans le
réticulum ou son endocytose favoriserait
la voie amyloïdogène.
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que ces associations donnent sur sa phy- bien que d’autres études soient discor- gras majoritaire dans les phospholipides
siopathologie, certains auteurs ayant en dantes [8]. L’obésité majore la résistance des membranes des neurones. Des dimi-
effet assimilé la MA à une pathologie à l’insuline et le risque de survenue d’un nutions des taux d’acides gras w3 ont été
neuro-endocrine. L’apparition d’un dia- diabète. Mais le rôle de la leptine, hor- mesurées dans le plasma et le cerveau de
bète de type II à l’âge moyen augmente le mone impliquée dans la régulation du patients atteints de la MA [10] par rap-
risque de 1,5 à 2 fois de survenue de MA métabolisme énergétique et de la prise port aux sujets du même âge non affectés
et à un âge plus précoce [7]. alimentaire, a attiré l’attention [9]. En par cette maladie.
effet, comme l’insuline, la leptine favo-
La MA est caractérisée par une diminu- rise la plasticité neuronale et augmente Une consommation fréquente de pois-
tion de l’activité métabolique et de la les capacités mnésiques, notamment sons gras et un apport alimentaire suf-
consommation de glucose par les neu- chez les animaux modèles de MA [10]. fisant de DHA sont associés à un risque
rones. La MA aussi bien que le diabète moindre de développer la MA [11].
impliquent aussi un stress oxydant et Enfin, en association avec l’insuline, la Plusieurs études ont montré qu’une
une augmentation des produits de gly- leptine diminue le niveau de phospho- supplémention en DHA de courte durée
cation, les deux phénomènes se majo- rylation de t. De même, des leptinémies protège les fonctions cognitives de sujets
rant d’ailleurs l’un l’autre [6]. L’insuline élevées seraient corrélées avec un risque présentant des atteintes prodromales à
exerce un rôle trophique sur les neu- moindre de MA [9]. Cependant, il reste une MA (sujets MCI), mais pas celles
rones comme sur d’autres types cellu- à déterminer si une résistance périphé- de patients chez qui la MA est consti-
laires et favorise la plasticité synaptique. rique à la leptine et une hyperleptiné- tuée [12, 13]. De nombreuses études ont
mie sur plusieurs années, notamment démontré que le DHA exerce des effets
Pour certains auteurs, l’hyperinsuliné- à certaines périodes de la vie, peuvent neurotrophiques et protecteurs contre la
mie et la résistance à l’insuline périphé- entraîner une diminution de la leptine neurotoxicité des oligomères solubles de
rique entraîneraient une hypo-insuli- au niveau cérébral et fragiliser le réseau peptide Ab, en activant des voies mul-
némie au niveau du système nerveux synaptique comme dans le cas du diabète tiples (fig. 2).
central qui a été mesurée post mortem et de l’insuline. Si le rôle neuroprotecteur
dans les cerveaux de patients atteints de de la leptine et d’autres hormones reste à Les polyphénols, composés d’origine
MA, ainsi qu’une baisse de l’expression approfondir, celui de certains nutriments végétale très divers et très abondants
des récepteurs à l’insuline et à l’IGF-1 lipidiques, comme l’acide docosahexaé- dans l’alimentation humaine, ont des
[7]. L’injection intracérébrale d’insuline noïque, et les polyphénols a fait l’objet propriétés antioxydantes reconnues, en
chez des rongeurs a amélioré leurs per- d’une littérature déjà abondante, comme particulier les polyphénols du raisin (et
formances cognitives. L’administration nous le décrivons ci-dessous. du vin, comme le revestratol) ou du thé
[
intranasale d’insuline 2 fois par jour vert. Des études sur les modèles murins
dans une petite série de patients atteints de la MA ou des cultures neuronales ont
de formes légères de MA ou de MCI a es nutriments pour prévenir
D établi que les polyphénols peuvent agir
permis d’améliorer leurs capacités la maladie d’Alzheimer ? dans la MA, au-delà de leur action anti-
cognitives après 3 semaines [7]. L’acide docosahexaénoïque oxydante, en diminuant la production
(DHA) et les polyphénols de peptide Ab, en inhibant son oligomé-
Les modes d’action de l’insuline sur la risation et ses effets cellulaires [14].
production et la sensibilité aux oligo- L’acide docosahexaénoïque, acide gras
mères solubles de peptide Aß ou la phos- polyinsaturé à longue chaine de la série Certaines études épidémiologiques sou-
phorylation de t restent encore à identi- oméga-3 (DHA ; C22:6 w3), est l’acide tiennent le rôle bénéfique de ces molé-
fier. En outre, le diabète peut aggraver le
facteur vasculaire et inflammatoire. Mais
SorLA/LR11
il est indéniable que le dépistage et la (routage APP
Expression gènes
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