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KW/ 1s3 N 4
OBSERVATIONS
· C R I T I Q U E S,
SUR LA NOUVELLE TRADUCTION
EN VERs FRANçoIs
DES GEORGIQUES DE VIRGILE,
E T s U R L E s P o E Mr E s
DES SAISONS, -
DE LA DÉCLAMATION,
ET DE LA PEINTURE,
PAR M. CLÉMENT,
Suivies de quelquès Réflexions ſur le Poème
de Pſyché.
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A G E N E V E. A
M. D C C. LXXI, · -
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A VE RTI ss E M E N T.
CEs critiques, quoi qu'on en ait
dit, ne ſont point des ſatyres. Dans
les obſervations ſur la traduction de
M. Delille, c'eſt la cauſe de Virgile,
& celle du bon goût que j'embraſſe ;
mais ſansaucune intention de déplaire
au nouveau Traducteur, que je ne
connois pas. Il ne peut s'offenſer ſi je
m'adreſſe au Public éclairé, lorſqu'il
s'agit de la gloire de Virgile & de l'in
térêt des Lettres. Il ſeroit à craindre
pour la bonne Littérature, qu'on ſe
crût diſpenſé d'étudier dans l'original
l'ouvrage le plus parfait du plus fa
meux Poëte de l'antiquité ; ſous pré
texte qu'on en auroit en vers françois
une traduction digne de lui.Au reſte,
quoique je n'aie point pour cette nou
velle traduction l'enthouſiaſme de ſes
Admirateurs, je regarde M. Delille
| iv AVERTISSEMENT .
· comme un Littérateur très-eſtimable,
Je n'ai autre choſe à dire des re
marques que j'ai hazardées ſur les
trois autres Poëmes Didactiques, ſinon
qu'elles ſont dictées par le ſeul amour
de l'Art. Plus les Auteurs critiqués
aimeront l'Art qu'ils cultivent, & lui
feront honneur , moins ils ſeront
bleſſés de la critique. -
6 , Obſervations Critiques
paſſer d'entrer dans un Poëme ſur l'Agriculture
que dans le ménage de l'homme des champs.
Ces difficultés , qui rendent intraitable un
Poëme françois ſur les choſes ruſtiques , ſe
rencontrent avec beaucoup d'autres dans la
traduction des Géorgiqûes; auſſi le Traducteur
a t-il employé fort mal à propos pour les
oreilles poëtiques, la plûpart des mots que nous
venons de citer, & pluſieurs autres non moins
malheureux ; tels que Orillons, Couloir, Fan
non , Dai-brun , Alezan.- clair, Sainfoin ,
Coſſe, Provigné , Compartiment , Veſce , Lu
pin, Avoine, Claie , Crapaud , &c. Comment
M. Delille,qui avoit ſi bien obſervé que notre
langue, & ſur-tout notre Poëſie , avoit attaché
un préjugé de baſſeſſe à tous ces mots, eſt-il
allé choquer cet écueil ? A-t-il cru être excuſé
par le deſſein de traduire Virgile ? Mais il n'eſt
aucune raiſon qui juſtifie ce que le goût ré
prouve. Toutes les expreſſions de Virgile ſont
nobles dans ſa langue , & ne peuvent toujours
être noblement tranſportées dans la nôtre : il
faut les laiſſer dans la ſienne; & ne point tra
duire un ouvrage qui choquera, s'ill'eſt fidéle
\
º
8 obſervations Critiques
Jamais aucun bon Poëte Latin n'a traduit en
vers un Poëte Grec. Jamais aucun bon Poëte
, François M'a traduit en vers un Poëte Grec ou
Latin. Ce qui doit nous donner beaucoup de
défiance ſur ces traductions Angloiſes & Ita
liennes des anciens Poëtes, ſi vantées par la
nation où elles ont été produites; & dont
cependant nous ne recevrions jamais de loix
en matiere de goût. -
Virgile imitoit Théocrite & Homére. Il
faiſoit paſſer dans ſa langue les beautés de ces
Poëtes qu'il pouvoit s'approprier; mais il n'au
roit pas conſumé un tems précieux à lutter
contre des beautés qui tiennent à la langue
où elles ſont écrites, & qui ne peuvent ſe
tranſplanter dans une autre ſans perdre de leur
grace ou de leur force. Un homme de génie
· ne peut ſe réſoudre à reſter toujours à côté
ou au deſſous d'un autre; & c'eſt ce qui arri
ve à tout homme qui traduit Racine , La
Fontaine & Boileau ont fait comme Virgile.
Ils ont cueilli avec choix les fleurs poëtiques
de l'antiquité ; laiſſant toujours celles qui au
, roient pu ſe flétrir ſur une tige étrangère.
* -, -
ſur les Géorgiques de Virgile. 9
I 6) Obſervations Critiques
mer; eſt-il poſſible que vous peigniez les mê
mes choſes, avec le même élan , avec la mê
me vérité ? -
Neptune qui . . • . . .
Fis ſortir de la terre un courſier indomptable.
Eſt-ce là traduire en vers Frementem fudit
equum tellus : quelle vivacité dans fudit ! in
domptable donne-t-il l'image du frementem * ?
* Le défaut principal de M. D. L. eſt de changer les
ſur les Géorgiques de Virgile. 25
J'aime mieux Martin qui dit, quoiqu'encore
foiblement : le cheval henniſſant.Du moins il
cherche à peindre,& indomptable ne peint rien.
•08$9» -
$"
ſur les Géorgiques de Virgile. 41
Tous ces d'abord ſont dans la même page.
Il eſt sûr qu'on ne peut ſe paſſer de ce mot,
dans un Poëme didactique ; mais il faut le
placer plutôt au milieu du vers qu'au com
mengement; & d'ailleurs M. D. L. l'emploie
ſouvent , lorſque Virgile n'a rien d'équivalent.
•08$o» -
«08$o»
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-
ſur les Géorgiques de Virgile. 47
Le Traducteur qui ne traduit point , dit :
Chacun a ſon emploi, mais dans ce choix du tems.
Ainſi que d'heureux jours, il eſt d'heureux inſtans.
Pas un ſeul mot de tout cela dans le latin
qui met ſeulement au premier vers , qu'on
peut faire pluſieurs choſes beaucoup mieux pen
dant les fraîcheurs de la nuit. Jamais Virgile
ne ſe ſeroit aviſé de dire qu'il y a des inſtans
heureux dans d'heureux jours.
M. D. L. s'eſt peut-être rappellé cette an
tithéſe de M. le C. de B.
Perdent leurs plus beaux jours pour ſaiſir des inſtans.
Le Traducteur continue :
Les corbeaux . . . .. . . - -
«08$9» • º
v#"
m=
L I V R E S E C O N D.
«08$o»
40( S9»
•08$G»
-9c8e
Sin armenta magis ſtudium, vituloſque tueri,
Aut fœtus ovium, aut urentes culta capellas.
Ces deux vers ſi harmonieux, ſi remplis, où
ſont détaillées les richeſſes des Bergers, le
ſur les Géorgiques de Virgile. 79
Traducteur n'en tire que celui-ci qui ne dit
rien.
Voici la traduction.
Pluſieurs même obſervant, dans l'endroit dont il ſort,
Quel côté vit le ſud , & quel côté le nord,
| F
32 Obſervations Critiques
Conſervent ces aſpects qu'ils gravent ſur l'écorce,
Tant de nos premiers ans l'habitude a de force !
«0S$)G»
ſurvient.
84 Obſervations Critiques
Dubius Mars mediis errat in armis.
Voilà une peinture vraiment poëtique &
forte.
',
Elle eſt défigurée par cette jolie phraſe.
Quand Mars prélude encore à l'horreur des combats.
Préluder à l'horreur cela eſt nouveau. Ce
mot préluder eſt précieux & puérile, dès qu'il
n'eſt pas à ſa place, c'eſt-à-dire , dans une
image agréable.
«08$6»
- - - »
Leur pié touche aux enfers, leur cime eſt dans les cieux.
«0839»
, «oSSo»
O fortunatos, &c.
Heureux le Laboureur, trop heureux s'il ſait l'êtrel
-
- -
» ,
Un
º
\ -
-
- - - -
aſſueta º»
juventus ? *. - - t -»
.. ,' T :(
--
, Hyberni.
Quid tantûm oceano
· · · properent
A * -.
ſe tingere ſoles
- •©8S)o» -
:º )
fur les Géorgiques de Virgile. 1o5
& digne d'être confrontée avec celle de Vir
gile.
· Les vingt vers ſuivans ſont aſſez bien faits,
quoique preſque toujours éloignés de la tour
nure & de l'eſprit du Poëte latin; mais les der
niers ſont de la ſeule fabrique
de M. D. L. qui
abandonne totalement ſon modéle. A cette cir
conſtance ſi philoſophique, ſans en avoir l'air,
. . • . .. : Antè . .. : . : . -
'
ſur les Géorgiques de Virgile. 1o7
· L IV R E T R O I S l É M E.
pris les vers que je viens de citer que dans les deux pre
miers Livres, en les parcourant fort vite. Quiconque
a lu Virgile ſait fort bien ſi aucun de ſes vers eſt ſur ce
ton là.
H
1 I4 Obſervations Critiques
Je me trompe, ou déja la pompe auguſte eſt prête.
Allons, marchons au Temple & commençons la fête.
Voilà certes un enthouſiaſme bien concer
té. On croiroitentendre La Mothe. Virgile
n'examine point s'il ſe trompe; mais il fait
illuſion au Lecteur, Il ſe jette au milieu de la
fête; il la conduit, il regle la marche du triom
phe, les facrifices & la cérémonie. Il vous en
traine avec lui, tandis qu'un autre vous dit
lourdement : allons, marchons, commençons.
Ecoutez Virgile. -
«©S3©»
ceux qu'on deſtine au ſoc, il faut dès leur jeune âge,
Diſcipliner au joug leur docile courage.
- -
· ſur les Georgiques de Virgile. 121
c'eſt redire moins heureuſement ce qu'avoit
dit Malherbe, '
Mars eſt comme l'amour, ſes travaux & ſes peines
Veulent des jeunes gens.
Ce qu'avoit déja imité Segrais.
Amour eſt comme Mars, il veut de la jeuneſſe.
Le latin ne montre aucune trace de ces
deux vers :
Pour ſon corps dévoré d'un impuiſſant deſir,
L'hymen eſt un tourment & non pas un plaiſir.
Car je ne préſume pas qu'ils veuillent ex
primer fruſtràque laborem ingratum trahit ,
Il ſe conſume envain dans un travail ingrat.
Qui cache une idée ſi piquante ſous une ex
preſſion ſi naturelle.
La peinture de la courſe des chevaux, je le
répéte , approche aſſez près de l'original. Que
ce paſſage donne de regret pour le reſte ! Je
remarquerai ſeulement, dans ce morceau, un
vers de Virgile très-beauj, oublié dans le fran
çois. Virgile recommande d'obſerver
L'âge, la race, le courage d'un courſer.
Il ajoute ,
I22 Obſervations Critiques
Et quis cuique dolor viºlo, qua gloria palme.
Ce qui n'eſt point traduit par ce vers,
Et ſur-tout dans la lice obſerve ſon ardeur.
» mammelles preſſées «.
Plus bas on a encore oublié une autre ima
ge bien vraie. Il s'agit toujours des chêvres.
" Atque ipſœ memores redeunt in tecta, ſuoſque
Ducunt, & gravido ſuperant vix ubere limen.
| Et le ſoir, ſous ſon toit, qu'elle ſait reconnoître,
Rentre avec ſa famille & vient nourrir ſon maître.
•96S9» A
«98$o»
- #5 4i )} ^
. ' !! ' - , , ,
Etleur ſoif plus ardente épuiſant les ruiſſeaux,
En des flots de Nectar ils transforment ces eaux.
V.
ſur les Géorgiques de Virgile. I 33
Puis il ajoute , i . -
- - 1 iij
-
I 34 . Ohſervations Critiques !
Ce dernier vers n'eſt point une traduction
de artus depaſcitur arida febris; mais une imi
tation de ces deux beaux vers de Boileau ,
Si dans cet inſtant même un feu ſéditieux
Fait bouillonner mon ſang & Pétiller mes yeux,
1 36 · Obſervations Critiques - .
# Pourtant , au commencement d'une phraſe,
eſt de la plus vieille datte de la Poëſie fran
çoiſe. Cependant on pourroit l'y mettre avec
grace dans le ſtile familier de la Comédie ;
mais dans le ſtile poëtique il faut l'éviter, &
mettre en place toutefois ou cependant, ou
· bien inſérer pourtant dans le milieu du vers.
| ... · · · · · Boileau ... ... ... - .
• • • • • • • © • • .. It triſtis arator
Mœrentem abjungens fraternâ morte juvencum,
Atque opere in medio defixa reliquit aratra.
v , .
ſur les Géorgiques de Virgile. 137
, Il meurt, l'autre affligé de la mort de ſon frere,
Regagne triſtement l'étable ſolitaire ;
Son maître l'accompagne, accablé de regrets,
Et laiſſe en ſoupirant ſes travaux imparfaits.
Fraternâ morte, ſi touchant en latin, devient
ridicule, lorſqu'on traduit de la mort de ſon
frere; il eſt vrai que cet hémiſtiche eſt pris à
Martin. De plus on ne voit pas l'image de
Virgile. On ne voit pas le triſte laboureur dé
telant le taureau qui lui reſte, & laiſſant la
charrue au milieu de ſon ouvrage. :
«38 )or
Le criſtal d'un ruiſſeau qui rajeunit les prés,
d'argent ſur des ſables dorés. -
Et roule une eau
•,
133 Obſervations Critiques
ne peint rien, qui convient mal à la choſe.
Auſſi Virgile, dit-il,
- . . . .. Oculos ſtupor urget inertes.
»
•06Sg>
L I VR E Q U A TRI E M E.
D.• ces petits objets que de grandes merveilles !
Puérile antithéſe qui n'eſt point dans Vit
gile , où l'on voit,
Admiranda tibi levium ſpectacula rerum.
L'antithéſe, cette figure favorite du ſiécle
de Sénéque, eſt auſſi celle de notre ſiécle.
Les Auteurs diſtingués, par leur goût autant
que par leur génie, n'ont rien employé plus
ſobrement que l'antithéſe, qui eſt preſque
toujours un jeu de mots, fi on ne la manie
avec beaucoup d'adreſſe. Quand la poſtérité
n'auroit que cette enſeigne pour diſtinguer les
écrits de ce tems d'avec ceux du ſiécle précé
dent, elle ne pourroit s'y méprendre. S'il y a
quelque choſe de ſouverainement ridicule, c'eſt
de traduire Virgile avec le goût de Sénéque.
«063e»
«ô8S9»
2
14s obſervations critiques
· Cette épithéte tenacia eſt très - heureuſe.
Elle peint au mieux la liqueur gluante du miel.
Le Traducteur croit avoir tout fait en mettant :
& pétrit de ſon miel le liquide tréſor. Pétrir le
tréſor de ſon miel, eſt une locution recherchée
& précieuſe, le tréſor liquide ne l'eſt pas moins.
Enfin ce tréſor liquide convient moins au miel
qu'à toute autre choſe beaucoup plus liquide,
par exemple le Vigneron .
Entonne de ſon vin le liquide tréſor.
%.
«66S9»
K iij
1 5o · Obſervations Critiques
Dans la fameuſe comparaiſon des abeilles
empreſſées à leur travail, & des Cyclopes qui ſe
hâtent de forger la foudre ; M. D. L. a tronqué |
. . . . . - . .. Brachia tollunt
In numerum , verſantque tenaci forcipe ferrum.
Je demande ſi des oreilles accoûtumées à
ſentir cette harmonie, trouvent le moindre
plaiſir à entendre cette prétendue traduction :
ſur les Géorgiques de Virgile. 151
# Et leurs bras vigoureux levent de lourds marteaux
la Qui tombent en cadence & domptent les métaux.
V
ſur les Géorgiques de Virgile. 157
la douleur d'Ariſtée, & le ton convenable à ce
ſujet ? A la place de cette rondeur de phraſes
dont Virgile commence cette narration, M. D.
L. a mis dans ſon début une ſéchereſſe , & des
vers détachés & ſans harmonie, qui le rendent
le plus ridicule du monde, le voici :
Ariſtée autrefois vit mourir ſes abeilles.
Des vallons de Penée il part en ſoupirant.
Vers la ſource du fleuve, il arrive en pleurant.
- , , • · · : · · · · ,
c-oSSo- - *
| ,- i
ſur les Géorgiques de Virgile. 169
Tandis qu'à l'écouter les Nymphes attentives,
· Font tourner leurs fuſeaux entre leurs mains actives,
«06Se»
· \
ſur les Géorgiques de Virgile. 171
ne met aucune attitude dans cette ſituation.
Stat lacrymans montre la choſe. Penei geni
toris ne devoit pas être omis. C'eſt une cir
conſtance touchante. Le troiſiéme vers eſt.
lourd, ſans ame. Le dit-il eſt plat & traînant;
inſenſible à ſes pleurs eſt trivial , & te cru
delem nomine dicit. Il vous nomme cruelle.
ht
Voilà un reproche vif & douloureux. Voilà
un trait de paſſion qui donne la vie à ce
tableau. Voyons ee qu'a fait M. le B.
« Pour charmer leurs loiſirs, Climéne, au milieu d'elles,
Leur chantoit de Vénus les amours infidelles,
Les doux larcins de Mars , les fureurs de Vulcain,
Et ſes réſeaux, tiſſus d'un inviſible airain.
Ses Nymphes, en filant, écoutoient ces merveilles*,
Quand un lugubre cri frappe encor leurs oreilles.
Cyrene, en pâliſſant , tremble à ce cri fatal :
ſ,
Chaque Nymphe ſe trouble en ſon lit de criſtal.
Toutes, avec effroi, gardent un long filence.
Plus promte que ſes ſœurs , Aréthuſe s'élance ,
-
-
. /
. / . :
-
- - -
- - ' - - :
· · · · · -- · · · -
près Homére ,
. . . . . .. Novit namque omnia vates
Quae ſint, quae fuerint, quae mox ventura trahantur.
Racine a dit de Calchas : il ſait tout ce qui
fut, & tout ce qui doit être. L'Ecriture nous
dit, que l'Etre ſuprême embraſſe d'un ſeul de
ſes regards, (& non de ſon vaſte ſouvenir :)
le paſſé, le préſent, l'avenir. L'expreſſion de
M. D. L. eſt tout à la fois giganteſque & pue
rile. Si Boileau avoit pu ſe ſouvenir qu'on
M iij
182 , Obſervations Critiques |
employât jamais une telle façon de parler ,
combien il s'en ſeroit moqué d'avancé ! mais
nous qui pourrons nous en ſouvenir, nous en
rirons long-tems. «ºS$o»
- # . # .
#
ſur les Géorgiques de Virgile. 19 r
Tenarias etiam fauces, juſqu'au Tenare même,
&c. : il falloit imiter cette rapide tranſition.
Malgré l'horreur de ſes profondes voutes, eſt de
l'imagination du Traducteur. Virgile ne par
le point de voutes. Ni fauces, ni oſii t n'ont
ſignifié des voutes : quelle liaiſon y a-t-il dans
ces idées, malgré les voutes de l'enſer, Orphée
en franchit les routes ? Cela a bien l'air d'a
voir été mis pour la rime. Les deux vers ſui
vans n'ont pas dû coûter beaucoup à M. D.
L. car M. Dulard, qui avoit déja traduit cet épi
ſode , aſſez mal à la vérité, avoit mis :
:
Vit ces forêts, où regne un éternel effroi ,
Aborda des enfers le redoutable Roi.
«0GS9»
«08$9»
º62e»
• • • • , . : .. Jamque pedem referens, &c.
Dit ſeulement Virgile ; & M. D. L. délaie
ces trois mots en deux vers :
- · · · - . . , , , , i "
Elle dit, & ſoudain dans les airs s'évapore.
«06SG»
N iv
2 OO Obſervations Critiques
Et les chênes émus s'inclinoient dans les airs.
«08$9»
2 Io Obſervations Critiques \
cette harmonie preſque continuelle dont les
vers de Virgile ſont remplis ; non cette har
monie vague & indéterminée qui convient à
une choſe comme à une autre, mais cette
harmonie propre à la choſe que l'on veut pein
dre, & qui la fait entrer dans votre eſprit
par les oreilles & par les yeux. Talent qui
caractériſe tous les grands Poëtes, & qui met
la Poëſie ſi au-deſſus de la Peinture, puiſque
celle-ci ne peut paſſer à l'ame que par la vue ;
& que la Poëſie, dans les mains de Virgile,
réunit les charmes de la Peinture, & l'har
monie de la Muſique.
Ce n'eſt pas qu'on ne rencontre quelque
fois dans l'ouvrage de M. D. L. des paſſages
qui ſe liſent avec plaiſir, même à côté de
Virgile ; mais il n'y en a pas un qui ſoit ſu
périeur à l'original, très-peu qui l'égalent, &
les autres, ſelon l'expreſſion de Boileau,
Toujours baiſent la terre & rampent triſtement.
v#º
fur les Géorgiques de Virgile. - 2 I I
V E R S
Pris , ou en entier , ou en partie , ou imi
tés de Segrais & de Martin , dans leurs
traductions des Géorgiques ; ou de M. Du
lard dans ſa traduction de l'épiſode d'Ariſtée.
L IV RE P R E MI E R.
M. D. L.
l': M. D. L.
-à
M. D. L.
s E G R A I S.
Qu'aux deux côtés du ſoc tiennent les orillons,
Et le coutre au-devant pour ouvrir les ſillons.
' M. D. L. !
S E G R A I S.
, M A R T I N.
Séme l'orge, le lin, les pavots nourriſſans.
- M. D. L.
Promener la navette.
M A R T I N.
Fait courir la navette.
M. D. L.
La Corneille enrouée.
M ART iN.
Les Corbeaux enroués. y
•°
M. D. L.
- M. D. L.
M. D. L.
s E G R A Is. , . .
# Et roula ſur les champs ſes entraillrs fondues.
· MART IN.
Des bois muets ſortoient des voix épouvantables.
M A R T I N.
• • • • • • • • • • . . . .. D'épouvantables voix
Sortirent du ſilence & de l'ombre des bois.
M. D. L.
s E G R A I S. . | |
Pere & Roi des Romains, fils du Dieu des batailles,
Protectrice du Tibre, appui de nos murailles.
\
M. D. L. '
Aucun champ ne verra tant de bœufs attelés \
T'aporter à pas lents le tribut de ſes blés.
S E G R A I S.
ººns2r | ic .
22 6 | Obſervations Critiques
L IV R E T R O I S I É M E.
M. D. L. . -
s E G RA I S.
L'excès de l'embonpoint rendroit le champ ſtérile.
tſt M, D. L.
· M. D. L.
. . - : -- . - . . . - Ce ſérpent écaillé
Qui rampe fiérement ſur ſon ventre émaillé . :: .
Et ſe roule ſur l'herbe ... quand le Printems humide.
· MA R. T I N. . -
- : - M. D. L. - • • -
- M. D. L. !· i Cº .
· L'oiſeau même eſt atteint, & des traits du trépas,
Le vol le plus léger ne le garantit pas.
- ' M A R T.I.N. .. . . .. . . .
L'oiſeau, hôte de l'air, y trouve le trépas, : ſ .
- - -
- ..- , » * . *
Le vol le plus léger ne- l'enrégarantit
-s- pas.º
sº, \ # ºº
> : ) r" -
L I VR E Q U A T R I E M E.
M. D. L.
Le• • • • .............
N'auront, dans leur contour, qu'une étroite ouverture
· M A R T I N. .
La ruche . . . . . . . - • • • • • •
N'aura, dans ſon contour, qu'une étroite ouverture ,
', | M D.. L.
.: | ' _
-
MA R T I N.
Fai bouillirſa racine en un vin odorant.
M. D. L.
#
. . . - . . , . .. .. Et vous êtes ma mere !
Achevez . . .. ravagez ces côteaux ....
- Dans ces jeunes forêts allez porter la flamme
Puiſque l'honneur d'un fils ne touche plus votre ame.
M. ' D U L A R D.
M. D. L. - •,
, M. D. L.
MARTIN. 1
Qu'on pouvoit pardonner, ſi l'enfer pardonnoit,
Il s'arrête, & ſe tourne.
A Monſieur * " * *
Q
2 42 Obſervations Critiques
Virgile eſt ſans contredit celui qui a le
mieux entendu ce genre de Poëſie. Son but
étoit de faire aimer la campagne aux Romains
plongés dans le luxe, & fatigués des guerres
civiles ; mais il falloit d'abord faire lire &
faire aimer ſon Poëme, afin de parvenir plus
fûrement à ſon but; car ſi ſon ouvrage eût été
ennuyeux, peut être auroit-on ſoupçonné la
campagne de l'être auſſi. En un mot ſes Géor
· giques ont un plan donné par le Poëte, & non
pas commandé par le ſujet, ni diviſé comme un
Almanach. Le ſujet eſt intéreſſant, utile pour
tous les hommes. Ce ſont les préceptes de
l'agriculture, & les devoirs, les occupations,
les plaiſirs,le bonheur de l'homme des champs.
Tout cela eſt revêtu d'agrémens, d'images,
& de toutes les richeſſes de la Poëſie; mais
les ornemens acceſſoires n'étouffent jamais le
fonds principal Les deſcriptions en font une
des plus belles parties ; mais cet embelliſſe
ment eſt ſubordonné. Il ne faut pas que tout
ſoit œil dans un corps. -
* Epit. 2, liv. 2.
ſur le Poème des Saiſons. z49
* Pleniùs, ac meliùs Chryſippo & Crantore dicit.
Otez à la Poëſie l'imagination & les images,
vous l'anéantiſſez. Les jeunes gens, que vous
endoctrinerez, ſeront de petits Pédans qui
enfileront des ſentences, comme des grains de
chapelets, mais toutes ces ſentences priſes
dans vos livres ne pourront jamais faire une
piéce de Poëſie; & vos graves verſificateurs
toujours raiſonnans ou déraiſonnans , morali
ſans, philoſophans, & nous glaçant, ne ſe
ront jamais des Poëtes. -
de ſa Nation. - :
| Riij
2 62, Obſervations Critiques .
· n'ont rien de remarquable que la fadeur avec
· laquelle elles ſont écrites.
Dans le Chant de l'Hiver : des vues philo
ſophiques; mais point d'autre épiſode que le
monologue d'un Seigneur de Château qui ra
· conte des choſes fort ordinaires. Obſervez que
l'Auteur a mis dans ſon Poëme, pluſieurs mc
nologues de vieillards, toujours ſur le même
ton; mais très-peu de ſcenes, ou riantes ou pa
thétiques. -
R iv
2 44 Obſèrvatións Critiques ^
L'Auteur ne vous fait pas grace de la moindre
circonſtance Il prendl'orage, dès ſes commen
cemens , le ſuit dans ſon cours, & ne le quitte
que quaudil eſt paſſé. - 2
• - • - . : • . .. ille flagranti
Aut Athon, aut Rhodopen , aut alta Ceraunia, telo
Dejicit . . . .
'- . "
M.
La
ſur le Poème des Saiſons. 273
La fraiſe, le lait frais, le cidre, & le pain bis. '
· · Un " philoſophe dira : pourquoila Poëſie ſe
· roit-elle aſſez dédaigneuſe pour ne pas nom
mer le pain bis, le pain du pauvre ? C'eſt parce
que la Poëſie ne ſe pique pas de tout nom
mer par ſon nom, ccmme Diogene. C'eſt que
par délicateſſe , & non par orgueil , elle veut
embellir tout ce qu'elle touche. . | | |
#
· La Fontaine, ayant à peindre la même cho
ſe, dans Philémon & Baucis , n'oſe pas mê
me ſe ſervir du mot pain : il dit plus élégam
Ine11t : - - - º - , - **
2.x !
Le linge, orné de fleurs, fut couvert, pour tout mets,
§ D'un peu de lait, de fruits, & des- dons de Cerès.
2: • .. , il ,
ºé -
tirée d'un cahier de l'école : il en eſt ainſi des
• • • ".
ſuivans, - - - - -
-
Fxemples de vers proſaiques.
-
« * :
- -
-
O mon Concitoyen,
- , - - ſ
mon compagnon, mon frere !
- *, -
Amour . • • . » -
}
ſur le Poéme des ſaiſons. 3 o7
| * Devient en ce moment, triſte,pauvre & ſtérile.
Je ne les verrai plus ces émaux éclatans ,
La pompe de l'Eté, les graces du Printems :
Ces nuances du verd, des bois & des prairies.
Le pourpre des raiſins , l'or des moiſſons muries. &c..
/
ſur le Poème des Saiſons. 3o9
Le premier mérite de la verſification, com
me du ſtyle , eſt la variété ; & c'eſt ce que
M. D. S. L. connoît le moins. II n'a qu'une
maniére de verſifier. Qui a lû les quatre pre
miers vers de ſon Poëme , ſait comment eſt
fait tout le reſte. Toujours les mêmes chûtes.
Jamais de ſuſpenſions qui empêchent, de tems
en tems, un vers de tomber comme les autres.
Hémiſtiches réguliérement faſtidieux. Rimes
platement obligées , & rapportant ſans ceſſe
leur double ſon, avec une inſipide uniformi
·té ; tandis qu'il faut ſouvent rompre ce ſon ,
par la marche différente des vers , en finiſ
ſant une phraſe à une rime, & gardant l'au
tre rime pour la phraſe ſuivante.
Le grandart eſt dans la coupe des phraſes.Tan
tôt c'eſt une période nombreuſe de dix à onze
vers, & quelquefois plus, qui vous entraîne dou
cement ; tantôt ce ſont trois ou quatre vers dé
tachés, qui courent avec rapidité. Plus loin, ils
vont par trois ou par cinq ou par ſept, aſſez
fréquemment par deux; mais non pas trop de
ſuite. Tout à coup un vers ſeul, un hémiſti
che vous arrête & vous donne à penſer. Voilà
V iij
3 Io · Obſervations Critiques
comment on peut varier à l'infini ſa marche,
& éviter l'engourdiſſement de la monotonie.
Cet art ne donne point le génie, & ne fera
pas faire de bons vers à un homme qui n'eſt
pas Poëte ; mais celui qui eſt vraiment Poëte,
trouvera infailliblement cet art, ſans lequel la
Poëſie ne ſeroit plus qu'un inſtrument à une
ſeule corde.
M. D. S. L. je le répéte, ne connoît nulle
ment cette heureuſe variété. Sa verſification
eſt par-tout , en tout tems, la même; dans une
ſituation vive, comme dans une ſituation tran
quille. Ses vers ſont enfilés deux à deux, ou qua
tre à quatre, & il ne ſort pas delà.Je n'en vais
rapporter pour exemple qu'un endroit aſſez
long. Il faudroit citer tout le Poëme. C'eſt la
· fin de l'épiſode de Liſe & de Damon, au Chant
de l'Eté. - -
' Là Colin rit tout haut des bons mots qu'il va dire.
| Et les bombes . . . . . .
Semblent, tombant ſur la terre,
* Namur.
Le
ſur le Poème des Saiſons. 32 1
Le Gerondif tombant, qui ſeroit lourd dans
une autre occaſion , fait ici un grand effet,
Par oppoſition au vers précédent qui eſt léger.
· · · · dans les airs, »
»
e º © © e ©
• '
-. -
-
|
ſur le Poème des Saiſons.
eſt il Juif? Rome dégradée ſous Nerc
elle pas admirablement peinte ? Tac
mieux fait ? Les mœurs turques ne ſont-enes
pas bien conſervées dans Bajazet & ſurtout
dans le caractère du Viſir Acomat ?
| Le
ſur le Poëme des Saiſons. 337
-
338 · Obſervations Critiques
les parties. Louer M. D. V, de ce côtélà, c'eſt,
comme dit Boileau,
'. c ! - * - - - - -
-
º
ſur le Poëme des Saiſons 339
Y ij
A U MEME
s U R L E P o E M E
DE LA DE CLAMATION,
DE M o NS I E U R D****.
E Siecle dernier, Monſieur , fut inondé
de Poëmes épiques qui tous ont diſparu.
Le nôtre voit groſſir tous les jours le torrent
des Poëmes Didactiques qui n'auront peut
être pas un ſort plus heureux. Tous pêchent
autant par le cnoix du ſujet, que par la ma
nière dont ils ſont traités. -
! - - · Y iij
344 Obſervations Critiques ,
Il trouve à le fiffer des bouches toujours prétes. ' ,
Chacun le peut traiter de fat & d'ignorant ; l' 1
Si Deſpreaux
ques. .. parle ainſi- aux
. . | Auteurs Comi-
! •
F
«98$6»
- «O$$9»
dicule
ſur le Poème de la Déclamation 369
» dicules à un plus haut point qu'elles n'ont ja
» mais été portées », -
V. «ô6$o»
«06$g»
•98$9»
-
-
-
-
on1curgue ,ii
-
, Licurgue , • 1age ,!
, · ! O Véritable ſ
. De ces # † politique †, -
,, , . , , , !- - - ' • . ",
Vous. . . . . . . . - -- ' .
. . .. • • • • . .. Le chant,
S'il eſt manieré, ceſſe d'être touchant.
Que mon rapide vers brille, parte & s'élance,
comme l'inſecte aîlé, qui dans l'airſe balance.
-
ſur le Poëme de la Déclamation. 395
Quand M. D. recommande les graces né
ceſſaires pour bien danſer, il en donne cette
, raiſon :
Elles vous donneront le poli des reſſorts.
Dans vos pas, s'il ſe peut, enchainés vos penſées.
Lorſque le grand Dupré, d'une marche hautaine.
Le grand Dupré ſignifie-t'il ici ſimplement
que Dupré étoit d'une grande taille ? ou bien
l'Auteur dit-il le grand Dupré comme on dit
le grand Corneille, le grand Condé, le grand
Rouſſeau ? Dans l'un & l'autre cas le grand
Dupré ne peut être que fort ridicule. •
· · · · · -
Quel frais ronceau de lys mêlés de quelques roſes!
C'eſt ainſi que Sallé s'empara de la ſcène,
Et Peintre des Amours, en paroiſſoit la Reine.
Les détails ſont parfaits, ſans eclipſer l'enſemble.
Transfuges des Palais, danſez ſous des berceaux,
Tout objet bien ſaiſî conſerve un prix réel, &c. &c.
- A ,
Cc
4O2 Obſervations Critiques
Revient, dans ſon azile obſcur & parfumé,
Dépoſer le tréſor du miel qu'elle a formé.
Voyez les vers du Satyrique.
Ainſi, dès qu'une fois ma Verve ſe réveille ,
Comme on voit, au Printems, la diligente abeille, *
Qui, du butin des fieurs, va compoſer ſon miel,
Des ſottiſes du tems je compoſe mon fiel.
Il auroit fallu que M. D. ne ſongeât point
à être le rival de Deſpréaux dans ces endroits
& dans quelques autres; mais qu'il prît de lui
la méthode de donner à ſes préceptes un tour
vif, preſſé & laconique qui les fixât dans la
mémoire. Pour cela, il faut ſouvent les reſ
ſerrer en un ſeul vers, comme
Qui ne ſait ſe borner, ne ſut jamais écrire.
Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire.
Soyez plutôt Mâçon, ſi c'eſt votre talent, &c.
· en queſtion.
' C c iij
4o6 Obſervations Critiques
» Ce que je ne puis comprendre, & ſerois
preſque tenté de ne pas croire, malgré la
foule des autorités qui l'appuyent, c'eſt ce
biſarre partage de la Déclamation, entre
l'Acteur chantant & l'Acteur geſticulant.
Ce double emploi devoit diſtraire l'atten
tion, diviſer l'intérêt & nuire à cet enſem
ble ſi recommandé dans les repréſentations
2)
4
LETTRE I I I.
A U M E ME ,
SUR DIFFER E N S P O E MES
D E L A P E I N T U R E.
J EAhe ſçais, Monſieur, comment on a oſé
avancer que l'Art Poètique étoit un ſujet
moins heureux pour les vers que l'Art de
Peindre.Je ne ſuis pas moins étonné que l'Au
teur d'une pareille aſſertion ait oſé compoſer un
Poëme de la Peinture ; car ſi Deſpréaux a fait
un chef-d'œuvre d'un ſujet ingrat, on s'im
poſoit la loi de faire mieux encore dans un
ſujet plus heureux. C'eſt une mal-adreſſe de
venir lutter contre Boileau, en avouant qu'on a
de meilleures armes, & ſur-tout quand on mon
tre tant d'infériorité dans l'art de s'en ſervir.
Pour conſoler M. L. ſur les conſéquences
4I 6 Obſervations Critiques
peu flatteuſes qu'on pourroit tirer contre lui,
de ſon propre aveu, il ne me ſera pas diffi
cile de prouve• combien la Poéſie a plus d'a
vantage pour parler dignement de ſon art, que
pour traiter de la Peinture : après quoi je
m'entretiendrai avec vous des différens Poëmes
Latins & François qu'on nous a donné ſur
l'Art de Peindre.
Je vous ai dit, dans ma Lettre précédente,
que les principes généraux de tous les beaux
Arts étoient les mêmes : c'eſt une vérité in
conteſtable, puiſqu'ils ont tous le même but,
l'imitation de la nature. Ce n'eſt que dans la
maniere d'opérer que ſe trouve la différence
des moyens. Ce qui appartient au génie eſt
égal dans le Poëte , le Peintre & le Muſicien.
Ce qui regarde le méchaniſme de leur Art
demande des regles particulieres.
Le même avantage ſe trouve donc dans
l'Art Poétique & dans l'Art de Peindre pour
les regles générales. Je demande à préſent ſi
le méchaniſme de la Peinture offre des détails
plus agréâbles que celui de la Poëſie. Les opéra
tions les plus méchaniques de celle-ci tiennent
G1lCOIC
*
- • > , * " -4 - - - * - -
:
» Fuyez les vues difficiles & peu naturelles,
» les actions & les mouvemens forcés, ainſi
» que toutes les parties déſagréables à voir,
, » comme les raccourcis. .. > e : - . - p
- » Fuyez encore les lignes & les contours
426 - Obſervations Critiques
» égaux qui font des paralleles & d'autres figu
» res à pans ou géométrales , comme des
» quarrés, des triangles, & toutes celles enfin
» qui pour préſenter trop d'ordre, font une
» certaine ſymmétrie ingrate, qui ne produit
», aucun bon effet , mais, comme nous l'a
» vons déja dit, les principales lignes doivent
» ſe contraſter l'une l'autre; c'eſt pourquoi,
» dans tous les contours , vous aurez princi
2X
palement égard au tout enſemble ; car c'eſt
» de lui que proviennent la beauté & la force
» des parties. « |
Il faut peu s'étonner ſi un Poëte, qui con
ſacre ſes vers à des détails qu'on ne ſouffre
en proſe que dans les Ecoles des Peintres, eſt
lu d'un très-petit nombre de perſonnes.Com
me la Peinture n'eſt pas une partie des Belles
Lettres , un Poëme ſur l'Art de Peindre n'eſt
guère fait pour les Gens de Lettres. C'eſt à
quoi n'a pas aſſez réfléchi Dufreſnoy ni ſes
imitateurs. .. , 2 . · ·
. iIl n'eſt pas inutile néanmoins de remarquer
que le Poëme dont je vous parle, fait avant
d' Art Poétique , n'étoit pas mépriſé de Deſ
ſur différens Poëmes de la Peinture. 427
préaux. Il paroît en avoir imité quelques pen- .
ſées qui ent rapport aux Poëtes comme aux
Peintres. Il y a beaucoup de reſſemblance en
tre les premiers vers du Poëte François.
C'eſt en vain qu'au Parnaſſe, &c.
S'il ne ſent point du Ciel l'influence ſecrette,
Si ſon aſtre, en naiſſant, ne l'a formé Poëte, &c.
. , , . .. .. . . . . • • • Dotes
Ingenii varias, varia argumenta repoſcunt.
. ... , Sua
ſur différens Poèmes de la Peinture. 43 ;
. . . . . . . Sua cuique innata facultas.
Hiſtoriae largos alter, &c. . . . . . . .
Pingit oves alius, &c. . . . - . . . . .
Aſt alius veros, &c. . . . . • . . . - .
· * Traduction de M. de Querlon.
E e ij
436 Obſervations Critiques
Membrorumque ſinus ignis flammantis ad inſtar
Serpenti undantes flexu.
L'Imitateur nous dit de même, au ſujet des
draperies.
sublimes amplique finûs . . : . . . .
. . .. . .. Ut flamma volent, ut lympha dehiſcant
Molliter; ut ſerpens ſinuoſo tramite currant.
· · < --
-
ſur différens Poèmes de la Peinture. 43»
: ... Ubi bella, famem & peſtem, diſcordia, luxus,
Et Romanorum res grandior intulit orbi, -
º
464 Obſervations Critiques
gêné & petit. Le premier & le ſecond vers
ſont proſaïques. Aſſiége finit lourdement le
premier. Les cinquieme, ſixieme, ſeptieme
& huitieme contiennent un détail meſquin,
& ſont péniblement martellés. Veut preſſer à
lui ſeul eſt du langage populaire. Il ſouleve à
· moitié. Qu'eſt-ce qu'il ſouleve ? Soulever n'eſt
point un verbe neutre. La machine eſt ſur pié,
ſtyle plat.
Du Peintre gravement conduit la main légere.
466
-
Obſervations Critiques
vous citer encore quelques-uns de ces vers
durs qu'il ſe permet fréquemment, ou bien
que ſon oreille ne juge pas apparemment auſſi
rocailleux qu'ils le ſont pour des oreilles mieux
conformées & plus difficiles, & qui font dire
que M. L. écorcheroit les yeux s'il étoit
Peintre.
Diſtingue. . • . .. • . . . · · ·
Les mouvemens contraintsd'avec ceux qui ſont libres.
· Dans leurs traits, de leur ſexe, il met les caractères.
Du plomb ſort la couleur qui doit peindre l'aurore.
· L'aſtre brûlant. . . . . . . . . .
Plongeant ſur notre tête, ôte l'ombre aux objets.
Par jets l'or ſéducteur pleut du céleſte ceintre.
· Ce grand ceintre des airs ſur la tête enrichi.
Ces fleches de lumiere & leurs jets différens
" Briſés contre la rive, ou dans l'eau pénétrans.
· Un globe à l'horiſon, & l'autre orbe dans l'onde.
Ces flots amoncelés , ni fixes, ni tombans
Embraſſe au même inſtant , ſi tu peux, l'Art entier.
Du corps ſçache avec art déployer l habitude.
Songe à l'objet préſent ; peins les lieux, mais peins
: - l'homme. - - -
\
ſur différens Poëmes de la Peinture. 475 .
: ſort, ſans avoir néanmoins jamais approfondi
les premieres notions de l'Art d'écrire; ſans
connoître aucune propriété du ſtyle; ſans
avoir fait aucune étude des Anciens ; ſans
avoir même réfléchi ſur la lecture de nos
bons Ecrivains. Aſſurément ce n'eſt pas pour
eux que l'Art eſt difficile; mais voilà ceux
qui haïſſent la critique, & auxquels la Criti
que doit s'attacher, ſans jamais lâcher priſe ;
car ce ſont les ennemis des Lettres, dont ils
font un métier plutôt qu'un art.
La Critique eſt aiſée ; j'en conviens, pour
ceux qui jugent de tout avec légereté, ſans
examen , ſans goût, ſans principes & avec
paſſion; qui ſe ſont fait un petit répertoire de
phraſes uſées & déciſives; & qui ne ſçavent
point donner des raiſons ſolides de leur juge
ment : Qui n'ayant, par exemple, aucune idée
de l'Ode; ne connoiſſant point juſqu'où elle
peut s'élever, & les écarts qu'elle ſe peut per
mettre; ni le ſtyle ſublime & brûlant qui lui
convient, avancent hardiment, j'oſerois dire,
avec une impudence riſible, que Rouſſeau ne
ſçauroit être lû par un homme ſenſé, & n'eſt
474 Obſervations Critiques
bon que pour les jeunes gens qui cherchent
des rimes & des mots. Oſez dire devant
eux le Grand Rouſſeau , & vous verrez
de quel œil dédaigneux, ou enflammé de dé
pit, ils vont vous meſurer, pour avoir appellé
notre plus grand Poëte Lyrique , le Grand
Rouſſeau.
Ce ſont encore ces Critiques d'un goût ſi
délicat, d'un eſprit ſi judicieux, qui ne peu
, vent plus ſouffrir Paſcal, qui ne trouvent ni
ſel ni éloquence dans ces fameuſes Lettres
Provinciales, les délices de Boileau & le chef
d'œuvre de la raiſon & de la bonne plaiſan
terie.
Quant à Boileau lui-même, ils ne conçoi
vent pas comment il s'eſt fait tant de réputa
tion, ni pourquoi ſes vers ſont dans la bouche
de tout le monde. Car enfin, ſelon eux, il
y a bien plus d'eſprit & de Philoſophie dans
le ſeul Ruſſe à Paris , que dans toutes ſes Sa
- tyres. - -
Hh
====
AVIS DU LIBRAIRE.
Les Obſervations ſuivantes ſur le Poème
de Pſyché, ne ſont pas de l'Auteur des
Critiques précédentes.
SUR LE P OEME
DE PS Y c H É.
ON lit dans le Journal des Béaux Arts &
des Sciences, par M. l'Abbé Aubert & Com
pagnie, tom. I. du mois de Mars 177o. Pag.
483 , l'article ſuivant :
· Défenſe de Pſyché, Poéme en huit Chants,
par M. l'Abbé Aubert , qui ſe trouve à Pa
ris chez Moutard, Quay des Auguſtins. Eſt-cè
M. l'Abbé Aubert, eſt-ce Pſyché , eft-ce la
Défenſe du poëme qui ſe trouve à Paris che2
Moutard ? Il n'y a point de riſque à penſer
que ce ſont tous les trois enſemble. .
« En rendant compte dans le Journal de
H h ij
484 Obſervations
>> Novembre 1769 , dit M. L.A. du Poëme
» de Pſyché que nous venons de faire paroî
» tre, nous avons invité ceux qui daigneroient
» le lire, à ne point négliger les piéces qui y
» ſont jointes ».
On voit que M. L. A. ſe charge volontiers
lui-même de rendre compte de ſes propres Ou
vrages,& l'on juge bien que c'eſt toujours aV62C
la plus grande impartialité, le plus parfait dé
ſintéreſſement, la modeſtie la plus ſincere ,
&c.Il n'a pas manqué non plus d'annoncer ſon
Poëme de Pſyché dans ſes petites Affiches,
non avec le Laconiſme ordinaire qu'il obſerve
pour les autres écrits, mais avec toute l'é
tendue qu'il pouvoit ſe permettre. On remar
que depuis longtems, dans ces Affiches, avec
quel zele il affecte de renvoyer, pour tous les
livres qu'il indique, au Journal des Beaux Arts
& des Sciences qui ſe trouve à Paris chez Mou
tard, comme ſi c'étoit le ſeul Ouvrage qu'il y
eût à conſulter ſur les écrits qu'il annonce ; &
comme ſi le ſeul intérêt du Propriétaire des
Affiches de Paris ( à qui appartiennent auſſi
celles de Province) étoit que M. l'Abbé Aubert
: t ſ . .
•.
ſur Pſyché 4s ;
accréditât ſon Journal, même aux dépens de
la Feuille de Province, qui eſt preſqu'entiére
ment littéraire , & ſur laquelle le Journaliſte
a grand ſoin de garder le plus profond ſilen
- \ º \ l.
ce (a). .. | | | | |
M. L. A. voùloit donc qu'on lût non ſeule
ment ſon Poën e, mais encore toutes les Piéces
qu'il y a jointes : c'eſt-à-dire , ſa longue Pré
face qui ne dit rien du tout, qui n'apprend
rien, & les notes prolixes miſes à la fin de cha
que Chant. Voilà ce qu'il nomme éloquem
ment des Piéces, qu'il étoit important de lire,
comme on lit les preuves d'une Hiſtoire &
certains morceaux de critique. .
* Si l'illuſtre crebillon a dit, comme il le
prétend, qu'il n'y a plus aujourd'hui de ſalut
à faire dans quelque Préface que ce ſoit , il
n'a fait que ºredire
: ,, : . :
aſſez gauchement un mot
ſſ1 , · · · ·
Hhiij
486 Obſervations
dit cent fois avant lui , & que M. L. A. pou
voit bien répéter de ſon chef, ſans citer per.
ſonne; mais il n'a pas bien retenu le mot.
On dit : Point de ſalut ſans préface , & non,
point de ſalut à faire dans une Préface, ce qui
devient une expreſſion ridicule.
Que M. L. A. ſe fût contenté de donner ſon
Poëme, ſans Diſcours Préliminaire & ſans no
tes, on l'auroit reçu comme l'ouvrage d'un
homme qui, pour exercer ſon talent, ne pouvoit
choiſir un plus agréable ſujet; on auroit pu,
lui tenir compte de tout ce qu'il perdoit du
côté de l'invention, en faveur du mérite de
la main d'œuvre. Il en ſeroit du moins de ſon
Poëme comme du Roman Comique mis en
vers, il y a 4o ans, par un Original qui eut
du moius le bon ſens de n'y joindre ni Préface
ni Notes. Il ne riſqueroit que de le voir bientôt
. , Jº " . -
F I N.
E R R A T A.
Pag. 1 18, lig. 8 flotte ſon épaule droite, liſez flotte ſur
ſon épaule droite.
Pag. 1 34, lig. 15, ſudor, & ille quidam, &c. mettez
ſudor & ille quidem, &c.
Pag. 1 56, lig. 2 1, multa quœrens, liſez multa querens.
Pag. 175 , lig. 14, flectus inanes, mettez fletus inanes.
Pag. 196, lig 17, le plaiſant de l'affaire eſt que, &c.
liſez, ce qu'il y a de plaiſant, c'eſt que, &c.
Pag. 2o7, vers 7,
Ainſi le roſſignol pleurant ſes tendres fils ;
liſez,
• Ainſi le roffignol pleure ſes tendres fils.
Pag. 292 , lig,5, ce vers emphatique & puérile, liſez
ce vers emphatique & puéril. -
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