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du système respiratoire
Pneumocystis carinii.
Ce mycète provoque une
pneumonie chez les personnes
immunodéprimées.
La structure et les fonctions trompe auditive (figure 24.1). Les conduits partant des sinus
et les conduits lacrymo-nasaux de l’appareil lacrymal (qui
du système respiratoire produit les larmes) débouchent sur la cavité nasale (figure 16.3).
La trompe auditive, ou trompe d’Eustache, s’ouvre sur la
Objectif d’apprentissage partie supérieure du pharynx ou nasopharynx.
■ Décrire les mécanismes qui s’opposent à l’entrée des micro- Sur le plan anatomique, les voies respiratoires supérieures
organismes dans le système respiratoire. sont dotées de plusieurs mécanismes de défense contre les
agents pathogènes aéroportés. Les poils rugueux du nez
Pour des raisons pratiques, on divise le système respiratoire filtrent les grosses particules de poussière contenues dans l’air.
en deux grandes parties : les voies respiratoires supérieures et De plus, la muqueuse qui tapisse le nez et le nasopharynx
les voies respiratoires inférieures. Les voies respiratoires comporte de nombreuses cellules ciliées et des cellules sécré-
supérieures sont constituées du nez, du pharynx comprenant tant du mucus. Le mucus humidifie l’air inhalé et emprisonne
le nasopharynx, l’oropharynx et la laryngopharynx, et des les poussières et les microorganismes, en particulier les parti-
structures associées, qui comprennent l’oreille moyenne et la cules dont le diamètre dépasse 4 ou 5 m. Les cellules ciliées
2 QUATRIÈME PARTIE Les microorganismes et les maladies humaines
Sinus frontal
Trompe auditive
Cavité buccale
Amygdales palatine et linguale Orifice de la trompe auditive
Langue
Épiglotte Pharynx
Larynx
Colonne vertébrale
Œsophage
Trachée
jouent un rôle dans l’élimination de ces particules ; le mouve- combinée des cils et du mucus ; ce mécanisme s’appelle esca-
ment de leurs cils les refoule vers la bouche. lier mucociliaire (figure 16.4). Le lysozyme, une enzyme pré-
À la jonction entre le nez et l’oropharynx, communé- sente dans tous les liquides biologiques tels les sécrétions
ment appelé gorge, se trouvent les amygdales, formées de nasales et le mucus des voies respiratoires, concourt à la
tissu lymphoïde, qui participent à la lutte contre certaines destruction des bactéries inhalées. Dans l’épaisseur de la
infections. Il arrive cependant que les amygdales s’infectent muqueuse bronchique se trouvent de petits follicules lym-
et contribuent à la dissémination de l’agent pathogène jusqu’à phatiques composés de macrophagocytes, de lymphocytes B
l’oreille par l’intermédiaire de la trompe auditive. Étant (secrètent des IgA) et T. L’activité immunitaire de ces
donné que le nez et la gorge sont reliés aux sinus, à l’appareil différentes cellules contribue à la protection des bronches.
lacrymo-nasal et à l’oreille moyenne, il n’est pas rare qu’une En général, si des microorganismes atteignent néanmoins
infection se propage d’une de ces régions à une autre. les alvéoles pulmonaires, des macrophagocytes (macrophages)
Les voies respiratoires inférieures comprennent le alvéolaires les localisent, puis les ingèrent et les détruisent.
larynx, la trachée, les bronches et les alvéoles pulmonaires À cette action non spécifique s’ajoute l’action spécifique
(figure 24.2). Deux ou plusieurs alvéoles sont regroupées des anticorps de type IgA contenus dans certaines sécrétions
en sacs alvéolaires, qui constituent le tissu pulmonaire ; c’est tels le mucus des voies respiratoires, la salive et les larmes
à l’intérieur de ces sacs que s’effectuent les échanges gazeux (tableau 17.1) ; les anticorps IgA jouent un rôle dans la protec-
entre les poumons et le sang. Les poumons humains com- tion des muqueuses contre de nombreux agents pathogènes.
portent plus de 300 millions d’alvéoles, de sorte que la sur- Ainsi, le corps est doté de divers mécanismes de défense
face de tissu où ont lieu les échanges gazeux mesure au qui participent à l’élimination des agents pathogènes respon-
moins 70 m2. La membrane à deux feuillets qui entoure les sables des infections respiratoires :défense non spécifique d’une
poumons est la plèvre. part, de nature tant mécanique que chimique et cellulaire, et
La muqueuse ciliée tapissant les voies respiratoires infé- défense spécifique d’autre part, associée à la présence d’anti-
rieures du larynx jusqu’aux bronchioles s’oppose également corps IgA dans les sécrétions. Ces mécanismes contribuent
à l’entrée des microorganismes dans les poumons. Les parti- au maintien de l’homéostasie de l’organisme humain en le
cules emprisonnées sont repoussées vers la gorge par l’activité protégeant contre l’action des microbes.
CHAPITRE 24 Les maladies infectieuses du système respiratoire 3
Artériole
pulmonaire
Pharynx Bronchiole
(gorge)
Veinule Capillaires
Larynx
pulmonaire
Poumon gauche
Trachée
Poumon droit
Bronche
Bronchiole
Plèvre Alvéoles
Diaphragme
(muscle de
la respiration) Cœur
La flore normale font partie de la flore normale des voies respiratoires supé-
rieures. En général, ils ne provoquent pas de maladie parce
du système respiratoire que les microorganismes prédominants de la flore normale
font obstacle à leur croissance en s’appropriant les nutriments
Objectif d’apprentissage
et en produisant des substances inhibitrices ; il s’agit de
■ Décrire les caractéristiques et le rôle de la flore normale des l’antagonisme microbien ou effet barrière dont nous avons
voies respiratoires supérieures et inférieures. parlé au chapitre 14. Par exemple, les streptocoques du
groupe viridans présents dans la bouche exercent un effet
La flore normale du système respiratoire colonise la muqueuse
barrière sur Streptococcus pyogenes.
des cavités nasales et du pharynx. Staphylococcus aureus,
Par contre, les voies respiratoires inférieures sont norma-
Staphylococcus epidermidis, Streptococcus pneumoniæ et les diph-
lement presque stériles – bien que la trachée puisse abriter
téroïdes sont majoritaires dans le nez et le nasopharynx, alors
quelques bactéries – grâce à l’efficacité de l’escalier mucoci-
que les streptocoques du groupe viridans sont plus nom-
liaire dans les bronches et à l’activité phagocytaire.
breux dans la cavité buccale et l’oropharynx. Un certain
nombre de microorganismes potentiellement pathogènes
FIGURE 24.3 Pharyngite streptococcique. FIGURE 24.4 Érythème cutané rouge rosé, caractéristique de la
scarlatine. L’éruption s’étend à presque toute la surface du corps,
■ Quelles sont les complications possibles d’une à l’exception de la paume des mains et de la plante des pieds.
pharyngite streptococcique ?
■ Un phage lysogène, à l’intérieur de S. pyogenes,
porte le gène de la toxine érythrogène qui cause
Les enfants de 5 à 15 ans forment le groupe cible de la la scarlatine.
pharyngite streptococcique. Au cours des dernières années,
l’augmentation de la fréquentation des garderies s’est accom-
pagnée d’une hausse de la fréquence de l’infection chez les desquamation de la peau affectée, comme après un coup de
plus jeunes enfants. À l’heure actuelle, la pharyngite strepto- soleil, ce qui évoque le syndrome de Ritter-Lyell causé par
coccique se transmet principalement par contact direct Staphylococcus aureus (figure 21.4).
avec les sécrétions respiratoires d’une personne infectée ; La gravité et la fréquence de la scarlatine semblent varier
le contact avec des porteurs asymptomatiques augmente les en fonction du temps et des endroits où la maladie se
risques de contagion. Autrefois, elle donnait souvent lieu à déclare, mais en général elles ont diminué au cours des der-
des épidémies dont la source était le lait non pasteurisé. nières années. Il s’agit d’une maladie transmissible, qui se
Comme pour toute infection respiratoire, le moyen le plus propage principalement par l’inhalation de gouttelettes
efficace de prévenir la pharyngite est de se laver souvent les infectieuses provenant d’une personne infectée. On pensait
mains après s’être mouché, avoir éternué ou toussé, et après autrefois que la scarlatine était associée à la pharyngite strep-
avoir manipulé des mouchoirs ou des objets contaminés par tococcique, mais on sait maintenant qu’elle peut aussi accom-
des sécrétions. pagner une infection cutanée streptococcique.
La scarlatine La diphtérie
La diphtérie est également une infection bactérienne des
Si la souche de S. pyogenes responsable de la pharyngite voies respiratoires supérieures ; elle fait partie des maladies à
streptococcique élabore une toxine érythrogène (provoquant déclaration obligatoire. Jusqu’en 1935, c’était la maladie
des rougeurs), elle cause une infection appelée scarlatine. infectieuse responsable du plus grand nombre de décès chez
C’est ce qui se produit lorsque le streptocoque est infecté les enfants de moins de 10 ans en Amérique du Nord. La
par un bactériophage au cours du processus de lysogénie diphtérie débute par des maux de gorge et de la fièvre, suivis
(figure 13.12). Nous avons vu que l’information génétique le plus souvent d’un malaise général et d’un œdème du cou.
du phage (virus) est alors intégrée dans le chromosome de la Le microorganisme responsable est Corynebacterium diphteriæ,
bactérie, et que les caractéristiques de cette dernière en sont un bacille à Gram positif, non producteur d’endospores, dont
modifiées. la morphologie pléomorphe évoque fréquemment une griffe
La toxine érythrogène altère la résistance du corps à et dont la coloration n’est pas uniforme (figure 24.5).
l’infection en diminuant la phagocytose et la production Dans les pays industrialisés, le vaccin DCT fait partie du
d’anticorps. Elle provoque une forte fièvre et un érythème programme normal d’immunisation des très jeunes enfants ;
cutané rouge rosé, probablement dû à une réaction d’hyper- il est suivi d’une dose de rappel au cours de l’enfance. La lettre
sensibilité de la peau à la toxine en circulation dans le sang D désigne l’anatoxine diphtérique, une toxine inactivée qui
(figure 24.4). La langue prend un aspect dit framboisé déclenche la production d’anticorps contre la toxine diphté-
(papilles enflammées saillantes) et devient rouge écarlate et rique.Au Canada, très peu de cas de diphtérie ont été signa-
enflée lorsque la membrane superficielle se détache. Au fur lés depuis les années 1980, et aucune déclaration n’a été faite
et à mesure que la maladie évolue, on observe souvent une en 1998.
6 QUATRIÈME PARTIE Les microorganismes et les maladies humaines
Cellules en
forme de griffe
Arrangement
en palissade
MO
5 mm
FIGURE 24.6 Membrane caractéristique de la diphtérie. Chez
FIGURE 24.5 Corynebacterium diphteriæ, agent causal de la les jeunes enfants, la présence de la membrane, dont l’aspect
diphtérie. La coloration de Gram représentée ici met en évidence évoque le cuir, et l’inflammation de la muqueuse des voies
la morphologie en forme de griffe de la bactérie ; les cellules en respiratoires supérieures risque de bloquer les conduits aériens
train de se diviser se replient fréquemment les unes sur les autres et d’interrompre l’approvisionnement en air.
de manière à former un V ou un Y. Notez aussi l’arrangement
en palissade des cellules bactériennes juxtaposées. ■ Qu’est-ce que la diphtérie cutanée ?
dans une blessure ou une lésion, et la circulation de la toxine autres bactéries souvent responsables, on note les souches
dans l’organisme est minimale. Dans les infections cutanées, non encapsulées de H. influenzæ (de 20 à 30 %), Moraxella
la bactérie cause des ulcères recouverts d’une membrane catarrhalis (de 10 à 15 %), S. pyogenes (de 8 à 10 %) et S. aureus
grisâtre et lents à guérir. (de 1 à 2 %). Dans 3 à 5 % des cas environ, on ne décèle aucune
La diphtérie cutanée est fréquente dans les pays tropi- bactérie. Il peut alors s’agir d’infections virales, et les isolats
caux.Aux États-Unis, elle touche surtout les autochtones et les plus courants sont des virus respiratoires syncytiaux (p. 19).
les adultes des classes socioéconomiques défavorisées. Cette L’otite moyenne touche 85 % des enfants de moins de
forme de la maladie constitue la majorité des cas de diphté- 3 ans, et elle est la cause de près de la moitié des consulta-
rie déclarés chez les adultes de plus de 30 ans. tions en pédiatrie. Bien qu’elle puisse être d’origine virale, on
Autrefois, la diphtérie se transmettait surtout à des por- suppose toujours, pour prescrire un traitement, que l’otite
teurs sains par l’intermédiaire de gouttelettes. On a observé moyenne est due à une bactérie. Les pénicillines à large
des cas de la forme respiratoire provoqués par contact avec spectre telles que l’amoxicilline sont les médicaments d’élec-
une personne atteinte de diphtérie cutanée. tion pour les enfants. De nos jours, beaucoup de médecins
remettent en question l’utilisation d’antibiotiques, car ils ne
sont pas certains qu’elle permette de réduire la durée de la
L’otite moyenne maladie. Les chercheurs sont en train d’élaborer des vaccins
L’infection de l’oreille moyenne, appelée otite moyenne contre les trois bactéries pathogènes les plus communes. Un
ou « mal à l’oreille » par les enfants, est l’une des complica- vaccin conjugé contre S. pneumoniæ (p. XXX) ne semble pas
tions les plus gênantes du rhume ou de toute autre infection avoir beaucoup d’effet sur l’incidence de l’otite moyenne.
du nez ou de la gorge (telle que l’amygdalite). Les agents
pathogènes provoquent la formation de pus dont la présence
accroît la pression sur la membrane du tympan, qui Les viroses des voies respiratoires
s’enflamme et devient douloureuse (figure 24.7). Cette affec-
tion est particulièrement fréquente chez les jeunes enfants, supérieures
probablement parce que, étant plus petite, la trompe auditive
Objectifs d’apprentissage
– qui relie l’oreille moyenne à la gorge – s’obstrue plus faci-
lement (figure 24.1). La pénétration de microorganismes ■ Décrire l’épidémiologie du rhume et notamment la
peut aussi se faire directement par le biais d’une petite lésion virulence des agents pathogènes en cause, leurs réservoirs,
du tympan ; les baignades en piscine où la tête est plongée leurs modes de transmission, et les facteurs prédisposants
sous l’eau sont parfois mises en cause dans la transmission de de l’hôte réceptif.
la maladie. ■ Décrire, pour la même maladie, les symptômes de
Diverses bactéries sont susceptibles d’occasionner une l’infection et les particularités de la réponse immunitaire,
otite moyenne. L’agent pathogène le plus souvent isolé est ainsi que les moyens de prévention.
S. pneumoniæ (dans environ 35 % des cas) ; cette bactérie est
communément présente chez des porteurs sains. Parmi les La maladie probablement la plus fréquente chez les humains,
du moins dans les zones tempérées, est une infection virale,
ou virose, des voies respiratoires supérieures : le rhume.
Le rhume
Bombement Un certain nombre de virus jouent un rôle dans la cause du
de la membrane
du tympan
rhume. Environ 50 % des cas sont dus à des Rhinovirus ;
les Coronavirus sont sans doute responsables de 15 à 20 % des
cas ; divers autres virus sont responsables d’environ 10 %
des cas ; enfin, dans 40 % des cas, on ne peut déterminer
aucun agent infectieux.
Au cours de leur vie, les humains ont tendance à accu-
muler différentes immunités contre les virus du rhume, ce
qui expliquerait qu’en vieillissant ils aient en général moins
souvent le rhume ; les jeunes enfants ont 3 ou 4 rhumes par
année, tandis que les adultes de 60 ans ont en moyenne
moins de 1 rhume par année. L’immunité repose sur le rap-
FIGURE 24.7 Otite moyenne aiguë accompagnée d’un bombe-
ment de la membrane du tympan.
port d’anticorps IgA et de sérotypes donnés, et elle n’est
réellement efficace que pendant un court laps de temps.
■ S. pneumoniæ est la cause la plus fréquente des Certaines populations isolées acquièrent une immunité col-
infections de l’oreille moyenne. lective, de sorte qu’elles n’attrapent plus le rhume jusqu’à ce
8 QUATRIÈME PARTIE Les microorganismes et les maladies humaines
que de nouveaux virus soient introduits dans la commu- feraient ainsi passer ces virus de leurs mains à leurs voies
nauté. On estime que plus de 200 agents pathogènes sont nasales. Cette théorie a été étayée par une expérience dans
susceptibles de provoquer un rhume. De ce nombre, au laquelle on a observé que, chez des personnes saines qui
moins 113 sont des sérotypes de Rhinovirus, si bien qu’il s’enduisent les mains d’une solution virocide d’iode, l’inci-
semble impossible d’élaborer un vaccin efficace contre dence du rhume est beaucoup plus faible que la normale.
autant d’agents pathogènes. On a effectué une série d’expériences avec un groupe de
Chacun connaît bien les symptômes du rhume, qui joueurs de cartes, dont la moitié avait le rhume tandis que
comprennent des éternuements, des sécrétions nasales abon- l’autre moitié ne l’avait pas, et on a abouti à une conclusion
dantes et de la congestion. (Selon une école de médecine de différente. Des contraintes imposées à la moitié des joueurs
l’Antiquité, l’écoulement nasal était constitué de déchets sains ne leur permettaient pas de transférer à leur nez les virus
provenant du cerveau, d’où l’expression « avoir un rhume qui seraient passés des cartes à leurs mains ; ces contraintes ne
de cerveau ».) L’infection s’étend facilement de la gorge s’appliquaient pas à l’autre moitié des joueurs sains. On n’a
aux sinus, aux voies respiratoires inférieures et à l’oreille observé aucune différence quant à la fréquence du rhume
moyenne, et peut donc s’accompagner de complications telles chez les deux sous-groupes de joueurs sains – ce qui viendrait
qu’une laryngite ou une otite moyenne. En l’absence de étayer l’hypothèse de la transmission par voie aérienne. Par
complication, le rhume ne cause généralement pas de fièvre. ailleurs, on a placé des sujets sains dans une pièce où aucune
La température optimale de réplication des Rhinovirus est des personnes présentes ne souffrait du rhume, et on a pris des
légèrement inférieure à la température corporelle normale, et précautions pour qu’ils n’entrent pas en contact avec des aéro-
correspond approximativement à la température dans les voies sols de sécrétions, mais on les a fait jouer avec des cartes qui
respiratoires supérieures, qui sont ouvertes sur l’air ambiant. étaient littéralement imbibées de sécrétions nasales ; aucun
On ne sait pas pourquoi le nombre de cas de rhume est beau- participant n’a contracté le rhume. Au cours d’une autre série
coup plus élevé durant la saison froide dans les zones tempé- d’expériences, peut-être moins désagréables, les chercheurs
rées. Il reste à démontrer si les contacts résultant de la vie à ont demandé à des volontaires sains d’embrasser des personnes
l’intérieur favorisent une transmission de type épidémique, souffrant du rhume pendant 60 à 90 secondes ; seulement 8 %
ou si la sécheresse de l’air est en cause, ou encore si des chan- des volontaires ont contracté l’infection. Les autres per-
gements physiologiques rendent les individus plus sensibles. sonnes étaient-elles immunisées ou protégées grâce à une résis-
Un seul Rhinovirus déposé sur la muqueuse nasale suffit tance particulière ? On ne connaît toujours pas la réponse.
souvent à provoquer un rhume. Cependant, il n’y a pas Comme le rhume est causé par des virus, l’antibiothéra-
consensus sur le mode de transmission du virus du rhume pie est inutile. L’évolution d’un rhume mène généralement
qui pénètre dans le nez. Selon une approche expérimentale, à la guérison en une semaine. Les médicaments vendus sans
les personnes enrhumées déposeraient des virus sur les poi- ordonnance, actuellement offerts sur le marché, n’ont aucun
gnées de porte, les téléphones et d’autres surfaces, où les effet sur le temps de récupération, mais ils peuvent alléger
virus persistent pendant des heures. Des personnes saines certains signes et symptômes.
dotées d’une capsule. La bactérie se fixe à des cellules ciliées manière à conserver une voie aérienne adéquate, la coque-
spécifiques de la trachée, ce qui entrave d’abord leur action, luche provoque parfois chez eux des épisodes d’apnée et de
puis les détruit graduellement (figure 24.8).L’activité de l’esca- cyanose entraînant des altérations cérébrales irréversibles, et
lier mucociliaire (figure 16.4) est ainsi inhibée, et le mucus le taux de mortalité est relativement élevé dans cette classe
n’est plus expulsé. B. pertussis produit plusieurs toxines. La d’âge. Chez les adultes, la maladie s’exprime d’habitude par
cytotoxine trachéale (une endotoxine), qui est une fraction fixe une simple toux persistante et on la confond fréquemment
de la paroi cellulaire de la bactérie, est responsable des dom- avec une bronchite.
mages causés aux cellules ciliées, tandis que la toxine coquelu- Le diagnostic de la coqueluche repose principalement
cheuse, qui pénètre dans la circulation sanguine, est associée sur les signes et symptômes cliniques. On peut faire croître
aux symptômes systémiques de la maladie. l’agent pathogène à partir d’un prélèvement de gorge,
La coqueluche est avant tout une maladie d’enfance et obtenu en insérant par le nez un écouvillon que l’on main-
peut être très grave ; elle se manifeste tout au long de l’année tient dans la gorge du patient pendant qu’il tousse. On peut
et dans tous les pays du monde. Elle se transmet par contact aussi avoir recours à une culture sur un milieu spécifique,
direct ou par inhalation des sécrétions (écoulements et gout- mais les tests sérologiques et l’amplification en chaîne par
telettes) provenant du nez ou de la gorge d’une personne polymérase (ACP) effectués directement sur le prélèvement
infectée. Le premier stade, appelé stade catarrhal, ressemble à de gorge sont plus rapides. On traite les cas graves de coque-
un rhume avec apparition d’une fièvre et d’un écoulement luche avec l’érythromycine. Bien qu’ils ne procurent pas
nasal. De longues quintes de toux caractérisent le deuxième nécessairement une amélioration rapide de l’état du patient,
stade, appelé stade paroxystique. (Le nom pertussis est formé les antibiotiques rendent ce dernier non infectieux au bout
des éléments latins per- ⫽ en abondance et tussis = toux.) de 5 jours de traitement. En l’absence d’antibiothérapie, la
Lorsque l’activité mucociliaire est perturbée, le mucus période de contagion s’étend jusqu’à 3 semaines à partir de
s’accumule et la personne infectée fait des efforts désespérés la phase catharrale.
pour le rejeter en toussant. Chez les jeunes enfants, la vio- Après la guérison, le patient possède une bonne immu-
lence de la toux peut entraîner une fracture des côtes. L’ins- nité ; du moins, une deuxième infection ne provoque que de
piration prolongée entre les quintes de toux produit un légers symptômes. Depuis son avènement en 1943, la vacci-
sifflement aigu évoquant le chant du coq, d’où le nom de la nation a entraîné une réduction de la fréquence de la
maladie. On observe des accès de toux convulsive plusieurs maladie de près de 90 % au Canada. Aux États-Unis, on ne
fois par jour, pendant 1 à 6 semaines ; ces quintes de toux dénombre généralement pas plus de 10 décès dus à cette
épuisantes sont souvent suivies de vomissements. Le troi- maladie par an. L’efficacité de la vaccination des enfants tend
sième stade, appelé phase de convalescence, peut durer des mois. à diminuer au bout d’une douzaine d’années, si bien que de
Comme les nourrissons ont plus de difficulté à tousser de nombreux enfants vaccinés deviennent à nouveau réceptifs
à la coqueluche à l’adolescence ou à l’âge adulte.
On a remis en question la sécurité du vaccin anticoque-
lucheux, qui contient des bactéries tuées par la chaleur. Étant
donné qu’il renferme une plus grande quantité d’endotoxines
que tout autre vaccin, il provoque souvent de la fièvre et on
pense même qu’il pourrait être la cause de troubles neuro-
logiques. Au Japon, en Suède et en Angleterre, la mauvaise
presse dont le vaccin a fait l’objet a entraîné un refus massif
de la vaccination active, qui a eu comme conséquence une
augmentation du nombre de cas de coqueluche. De nou-
veaux vaccins acellulaires, contenant des fragments de cellules
mortes de B. pertussis et ayant peu d’effets secondaires, sont
en train de remplacer l’ancien vaccin. Au Canada, un
nouveau vaccin acellulaire combiné contre la coqueluche, la
diphtérie et le tétanos (ADACELMC ) a été homologué. Ce
vaccin a été approuvé pour être administré aux adolescents
et aux adultes comme dose de rappel.
MEB
2 mm
La tuberculose
La tuberculose (TB) est une maladie infectieuse causée par
FIGURE 24.8 Cellules ciliées des voies respiratoires infectées Mycobacterium tuberculosis, un mince bacille aérobie obligatoire.
par Bordetella pertussis. La photo représente des cellules
de B. pertussis en croissance sur les cellules ciliées ; elles finiront
Cette bactérie – aussi appelée bacille de Koch, du nom du
par entraîner la destruction de ces cellules. médecin qui l’a découverte – se développe lentement (son
temps de génération est de 20 heures ou plus) ; elle forme par-
■ B. pertussis est l’agent causal de la coqueluche. fois des filaments et a tendance à croître en amas (figure 24.9).
10 QUATRIÈME PARTIE Les microorganismes et les maladies humaines
les deux tiers des cas (figure 24.13). Chez les Américains de 400
race blanche, ce sont en majorité les personnes très âgées qui
sont atteintes par la maladie. 300
On estime qu’un tiers de la population mondiale est
infectée par le bacille tuberculeux. Au moins 3 millions de 200
personnes meurent chaque année des suites de la tuberculose,
100
T.-N.
Ont.
N.-É.
T.N.-O.
C.-B.
Nun.
Sask.
Man.
N.-B.
Qc
Yn
Noirs non hispaniques Blancs non bactéries ou par des mycètes, des protozoaires ou des virus
5 831 (31,8 %) hispaniques sont appelées pneumonies atypiques. Cependant, cette distinc-
4 495 (24,5 %) tion est de moins en moins nette en pratique.
On distingue aussi les pneumonies en fonction de la par-
tie des voies respiratoires inférieures qui est atteinte. Par
Inconnus exemple, si les lobes des poumons sont infectés, on parle de
60 (0,3 %) pneumonie lobaire ; les pneumonies provoquées par S. pneumoniæ
sont généralement de ce type. Le terme bronchopneumonie
Asiatiques ou en
indique que les alvéoles pulmonaires adjacentes aux bronches
provenance des îles sont infectées. La pleurésie est une complication fréquente de
du Pacifique diverses pneumonies ; elle est caractérisée par une inflamma-
3 623 (19,7 %)
tion douloureuse des membranes pleurales. Les symptômes
Autochtones
Hispaniques 252 (1,4 %)
classiques d’une pneumonie comprennent une fièvre élevée,
4 099 (22,3 %) des difficultés respiratoires et des douleurs thoraciques.
FIGURE 24.13 Distribution des cas de tuberculose aux La pneumonie à pneumocoques
États-Unis. Pourcentage des cas selon la race ou l’origine
ethnique. [SOURCE : Morbidity and Mortality Weekly Report On appelle pneumonie à pneumocoques la pneumonie
(MMWR), vol. 47, no 53, 31 décembre 1999.] provoquée par S. pneumoniæ. Cette bactérie fait partie de la
flore normale des voies respiratoires, mais elle peut devenir
■ Le VIH favorise la progression de la tuberculose. pathogène ; elle est aussi une cause fréquente de l’otite
moyenne, de la méningite et de la septicémie. S. pneumoniæ est
une bactérie sphérique (coccus) à Gram positif (figure 24.14).
Comme les cocci sont généralement regroupés par paires, le
genre a d’abord été nommé Diplococcus pneumoniæ. Les paires
qui est encore aujourd’hui la maladie infectieuse provoquant de bactéries sont entourées d’une capsule dense qui les rend
le plus grand nombre de décès dans le monde. résistantes à la phagocytose ; les pneumocoques encapsulés
Notez que, dans certains groupes, le VIH fait progresser peuvent alors se multiplier et envahir les tissus pulmonaires.
la maladie plus rapidement qu’on ne l’aurait cru possible. Par Les capsules ont servi de base à la différenciation sérologique
ailleurs, comme nous l’avons mentionné, les voyages inter- des pneumocoques en quelque 83 sérotypes. Avant l’avène-
nationaux, les échanges commerciaux, l’immigration sont ment de l’antibiothérapie, on traitait la maladie à l’aide
autant de facteurs qui favorisent la propagation de la tuber- d’immunsérums dirigés contre ces antigènes capsulaires.
culose hors des frontières des pays touchés. La tuberculose La pneumonie à pneumocoques atteint à la fois les
est en passe de devenir un problème de santé mondial. bronches et les alvéoles pulmonaires (figure 24.2). Les symp-
tômes apparaissent brutalement – fièvre élevée, difficulté à
respirer et douleurs thoraciques. (L’évolution initiale des
Les pneumonies bactériennes pneumonies atypiques est généralement plus lente ; la fièvre
Objectifs d’apprentissage est moins élevée et les douleurs thoraciques sont moins
intenses.) Les poumons ont un aspect rougeâtre à cause de la
■ Décrire les similitudes et les différences entre les sept types
dilatation des vaisseaux sanguins. En réaction à l’infection,
de pneumonies bactériennes décrites dans le présent chapitre.
les alvéoles se remplissent d’érythrocytes, de granulocytes
■ Décrire l’épidémiologie de la légionellose, de la psittacose
neutrophiles (tableau 16.1) et de liquide provenant des tissus
et de la fièvre Q, et notamment la virulence des agents adjacents ; l’altération des alvéoles réduit les échanges
pathogènes en cause, leurs réservoirs, leurs modes de trans- gazeux, ce qui peut entraîner une détresse respiratoire.
mission, ainsi que les facteurs prédisposants de l’hôte réceptif. Les crachats sont fréquemment de couleur rouille, car ils
■ Relier les dommages physiopathologiques et les symptômes contiennent du sang expulsé des poumons. Les pneumo-
de la pneumonie à pneumocoques au pouvoir pathogène coques peuvent s’introduire dans la circulation sanguine,
des microorganismes en cause. dans la cavité pleurale entourant les poumons et, parfois,
■ Relier ces infections pulmonaires aux épreuves de dans les méninges. On ne connaît aucune relation nette
diagnostic, au type de thérapeutique et aux mesures entre une exotoxine ou une endotoxine bactérienne et la
de prévention utilisées pour contrer leur transmission. pathogénicité du microorganisme.
On établit un diagnostic de présomption en isolant des
Le terme pneumonie désigne de nombreuses infections pneumocoques de la gorge, des crachats ou d’autres liquides.
pulmonaires dont la majorité sont d’origine bactérienne. La On peut distinguer les pneumocoques des autres strepto-
pneumonie provoquée par Streptococcus pneumoniæ est la plus coques ␣-hémolytiques en observant l’inhibition de la
fréquente, d’où l’appellation pneumonie typique (voir l’enca- croissance autour d’un disque d’optochine (chlorhydrate
dré de la page XXX). Les pneumonies causées par d’autres d’éthylhydrocupréine) ou en effectuant un test de solubilité
CHAPITRE 24 Les maladies infectieuses du système respiratoire 15
La pneumonie à mycoplasmes
MO
2 mm Les mycoplasmes, qui sont dépourvus de paroi cellulaire, ne
se développent pas dans les conditions de culture prévalant
FIGURE 24.14 Streptococcus pneumoniae, agent causal le plus en général lors de l’isolement de la plupart des bactéries
courant de la pneumonie à pneumocoques. Notez le regroupement
pathogènes. C’est pourquoi on confond souvent la pneu-
des cellules par paires. On a rendu la capsule plus apparente en
la faisant réagir avec un antisérum pneumococcique spécifique,
monie à mycoplasmes avec une pneumonie virale.
qui la fait paraître enflée. L’agent responsable de la pneumonie à mycoplasmes
est la bactérie Mycoplasma pneumoniæ. On a découvert cette
■ La capsule de S. pneumoniæ fait obstacle forme de pneumonie en constatant que des infections aty-
à la phagocytose. piques réagissaient aux tétracyclines, ce qui révélait un agent
pathogène non viral. La pneumonie à mycoplasmes est fré-
quente chez les jeunes adultes et les enfants ; elle constitue
environ 20 % de tous les cas de pneumonie, mais sa déclara-
de la bile. On peut aussi les différencier sur le plan sérologique.
tion n’est pas obligatoire. La transmission se fait par contact
Les cas reconnus d’infections envahissantes à S. pneumoniæ
avec les sécrétions d’une personne infectée. Les symptômes,
doivent faire l’objet d’une déclaration auprès des services de
qui durent au moins 3 semaines, comprennent une faible
santé publique.
fièvre, de la toux et des maux de tête. Ils sont parfois assez
De nombreux individus sains sont porteurs de pneumo-
graves pour nécessiter l’hospitalisation du patient. L’immunité
coques ; 95 % des enfants de moins de 2 ans le sont à un
acquise ne semble pas permanente. La pneumonie à myco-
moment donné. La transmission se fait de personne à per-
plasmes est aussi appelée pneumonie atypique et maladie d’Eaton.
sonne par des gouttelettes infectées et par contact indirect
En croissant sur un milieu contenant du sérum de che-
avec des objets fraîchement contaminés. La virulence de la
val ou un extrait de levure, les isolats provenant de frottis de
bactérie semble dépendre principalement de la résistance
la gorge ou de crachats constituent des colonies qui ont
de l’hôte, qui peut être affaiblie par le stress. Beaucoup de
un aspect caractéristique d’« œuf frit » (figure 24.15), trop
maladies touchant les personnes âgées évoluent vers une
petites pour être visibles à l’œil nu. Comme ils n’ont pas de
pneumonie pneumococcique.
paroi cellulaire, les mycoplasmes présentent des formes très
La réapparition d’une pneumonie pneumococcique
diversifiées (figure 11.17). Grâce à leur flexibilité, ils passent
n’est pas rare, mais en général l’agent infectieux est sérologi-
à travers les filtres dont les pores n’ont pas plus de 0,2 m de
quement différent. Avant l’avènement de la chimiothérapie,
diamètre et qui retiennent la majorité des autres bactéries.
le taux de mortalité atteignait 25 %. Il ne dépasse pas 1 %
Le diagnostic fondé sur l’isolement de l’agent pathogène
maintenant chez les jeunes patients traités dès le début de la
n’est pas nécessairement utile pour déterminer le traitement
maladie mais, chez les patients âgés hospitalisés, il est encore
puisque le microorganisme, à croissance lente, prend par-
de près de 20 %. Le médicament d’élection est la pénicilline,
fois jusqu’à 2 semaines pour se développer. Cependant, on a
mais on a observé des souches de pneumocoques résistantes
grandement amélioré les épreuves diagnostiques au cours de
à cet antibiotique. Ce problème, qui va en s’aggravant, porte
ces dernières années. Elles comprennent maintenant l’ampli-
sur au moins 25 % des isolats dans certaines régions des
fication en chaîne par polymérase et des tests sérologiques
États-Unis. On a élaboré un vaccin à partir de la substance
permettant de déceler les anticorps IgM contre M. pneumoniæ.
capsulaire purifiée des 23 types de pneumocoques respon-
sables d’au moins 90 % des cas de pneumonie à pneumo-
coques. Ce vaccin est administré aux groupes les plus La légionellose
susceptibles d’être infectés, soit les personnes âgées et les indi- La légionellose, ou maladie du légionnaire, a attiré
vidus immunodéprimés. Par ailleurs, on a mis au point récem- pour la première fois l’attention du public en 1976,
ment un vaccin antipneumococcique conjugué (p. XXX). lorsqu’une série de décès se sont produits parmi les membres
16 QUATRIÈME PARTIE Les microorganismes et les maladies humaines
R É S O LU T I O N D E C A S C L I N I Q U E S
E V
S P
T
a) b) c)
transmission les plus courants est l’inhalation de particules dans les animaleries sont le plus souvent (mais pas toujours)
d’excréments séchés. Quant aux oiseaux, ils ont habituelle- exempts de la maladie. Beaucoup d’oiseaux sont porteurs de
ment la diarrhée, le plumage ébouriffé, des troubles respira- l’agent pathogène dans la rate, sans présenter de symptômes ;
toires et un port mou. Les perruches et les perroquets vendus ils ne deviennent malades que s’ils sont soumis à un stress.
18 QUATRIÈME PARTIE Les microorganismes et les maladies humaines
Les employés des animaleries et les éleveurs de dindes sont les 5 à 10 ans après l’infection initiale. Il semble que pendant
personnes qui risquent le plus de contracter une ornithose. ce laps de temps l’agent pathogène réside dans le foie, où il
Le diagnostic repose sur l’isolement de la bactérie dans des risque de provoquer une forme d’hépatite.
œufs embryonnés ou sur une culture cellulaire. Des tests séro- C. burnetii est un parasite de plusieurs arthropodes, en
logiques permettent d’identifier l’organisme isolé. Il n’existe particulier de la tique du bétail, et il se transmet d’un animal
pas de vaccin, mais les tétracyclines sont des antibiotiques à un autre par la morsure de tique. Chez les animaux,
efficaces pour le traitement de la maladie chez les humains l’infection est habituellement subclinique. La tique du bétail
et les animaux. La guérison ne confère pas une immunité propage d’abord la maladie chez les bovins laitiers, et le
efficace, même si le titre d’anticorps dans le sérum est élevé. microbe est libéré dans les fèces, le lait et l’urine des bêtes
Le nombre de cas d’ornithose est généralement faible et infectées. Lorsque la maladie atteint un troupeau, elle s’y
les décès sont rares. Le fait que la maladie tarde à être dia- maintient par transmission par aérosol. Elle se transmet aux
gnostiquée constitue le principal danger.Avant l’avènement humains par l’ingestion de lait non pasteurisé et par l’inha-
de l’antibiothérapie, le taux de mortalité était d’environ lation d’aérosols des microbes produits dans les étables à
20 % en Amérique du Nord. vaches laitières et provenant principalement de débris pla-
centaires pendant la saison de vêlage. L’inhalation d’un seul
La pneumonie à Chlamydia agent pathogène suffit à provoquer l’infection, de sorte que
On a découvert que des épidémies d’une maladie respira- de nombreux travailleurs de l’industrie laitière contractent
toire étaient dues à un organisme du genre Chlamydia. On a au moins une infection subclinique. Le risque est également
d’abord cru qu’il s’agissait d’une souche de C. psittaci, mais élevé pour les employés des usines de transformation de la
on a nommé l’agent pathogène Chlamydia pneumoniæ et la viande ou de préparation des peaux. La température de pas-
maladie porte le nom de pneumonie à Chlamydia. Cette teurisation du lait, d’abord fixée de manière à détruire le
affection ressemble cliniquement à la pneumonie à myco- bacille tuberculeux, a été augmentée en 1956 de manière à
plasmes. (Il se pourrait qu’il existe une association entre garantir l’élimination de C. burnetii. En 1981, on a découvert
C. pneumoniæ et l’athérosclérose – c’est-à-dire l’obstruction un élément ressemblant à une endospore dont la présence
d’artères par des dépôts de matières grasses.) explique peut-être la résistance à la chaleur de la bactérie
La pneumonie à Chlamydia se transmet apparemment de (figure 24.16b).
personne à personne, probablement par voie respiratoire, On identifie l’agent pathogène par isolement, par cul-
mais pas aussi facilement que des infections comme la grippe. ture dans un embryon de poulet ou un œuf et par culture
Cette forme de pneumonie est assez courante en Amérique cellulaire. Les employés de laboratoire se servent de tests séro-
du Nord puisque près de un individu sur deux possède des logiques pour vérifier la présence d’anticorps spécifiques de
anticorps contre C. pneumoniæ. Il existe plusieurs tests séro- Coxiella dans le sérum d’un patient.
logiques servant au diagnostic, mais les résultats sont diffi- La majorité des cas de fièvre Q surviennent dans l’ouest
ciles à interpréter à cause de la variation antigénique. canadien et américain. La maladie est endémique dans les
L’antibiotique le plus efficace est la tétracycline. États de Californie, d’Arizona, d’Oregon et de Washington.
Il existe un vaccin pour les employés de laboratoire et les
La fièvre Q autres travailleurs exposés. La tétracycline constitue un trai-
Une maladie est apparue en Australie durant les années tement très efficace.
1930. Elle était caractérisée par une fièvre persistant de 1 à
2 semaines, des frissons, des douleurs thoraciques, des maux Autres pneumonies bactériennes
de tête intenses et d’autres signes et symptômes propres à une On découvre de plus en plus de bactéries responsables de
infection de type pulmonaire ; elle était rarement mortelle. pneumonies ; les plus importantes sont Staphylococcus aureus,
Étant donné qu’il n’y avait pas de cause évidente, on a nommé Moraxella catarrhalis, Streptococcus pyogenes et des anaérobies
l’affection fièvre Q (query signifiant « point d’interrogation »), résidant dans la cavité buccale. Des bacilles à Gram négatif,
un peu comme on dirait fièvre X. On a par la suite découvert tels que les espèces de Pseudomonas et Klebsiella pneumoniæ, pro-
que l’agent responsable était Coxiella burnetii, une bactérie voquent aussi parfois des pneumonies bactériennes. La pneu-
intracellulaire, parasite obligatoire (figure 24. 16a). Cette monie à Klebsiella touche principalement les personnes âgées
bactérie vit à l’intérieur du macrophagocyte qui l’a capturé dont la résistance est affaiblie, en particulier celles qui sont hos-
et peut s’y multiplier grâce aux conditions acides du pha- pitalisées, qui ont une déficience immunitaire ou qui souffrent
golysosome ; la bactérie contourne ainsi le moyen de défense d’alcoolisme. La pneumonie à Pseudomonas, bactérie qui fait
habituellement efficace de la phagocytose. La majorité des partie de la flore normale intestinale, est fréquente en milieu
bactéries intracellulaires, telles que les rickettsies (famille à hospitalier. Présentes sur de la literie souillée, les bactéries sont
laquelle appartient Coxiella), ne sont pas assez résistantes projetées dans l’air au cours des manœuvres de la réfection des
pour se transmettre par voie aérienne, mais C. burnetii fait lits. Pseudomonas résiste à de nombreux désinfectants et per-
exception grâce à sa grande résistance à la dessiccation. siste même sur les feuilles des plantes. Les personnes affaiblies
La complication la plus grave de la fièvre Q est l’endo- qui respirent l’air ambiant d’un hôpital sont particulièrement
cardite, que l’on observe dans 10 % des cas, généralement de susceptibles de contracter une pneumonie de cette nature.
CHAPITRE 24 Les maladies infectieuses du système respiratoire 19
a) Notez la croissance intracellulaire MET b) La cellule illustrée ici vient tout juste de se divi- MET
de Coxiella burnetii, dans les vacuoles 5 mm 0,5 mm
ser ; l’élément ressemblant à une endospore (E)
de la cellule hôte. est probablement responsable de la résistance
relative du microorganisme.
FIGURE 24.16 Coxiella burnetii, l’agent causal de la fièvre Q.
Les viroses des voies d’une pneumonie est indéterminée, on suppose fréquemment
que l’affection est d’origine virale si on peut éliminer la pos-
respiratoires inférieures sibilité d’une pneumonie à mycoplasmes.
Objectifs d’apprentissage
Le virus respiratoire syncytial
■ Énumérer les agents responsables de la pneumonie virale.
■ Décrire l’épidémiologie de l’infection au VRS et de la L’infection au virus respiratoire syncytial (VRS) est pro-
grippe, et notamment la virulence des agents pathogènes bablement la principale cause de maladie respiratoire virale
en cause, leurs réservoirs, leurs modes de transmission, chez les jeunes enfants de 2 à 6 mois. Les symptômes com-
muns sont la toux creuse avec sécrétions abondantes, des
ainsi que les facteurs prédisposants de l’hôte réceptif.
frissons, de la dyspnée, des sibilances et des douleurs thora-
■ Décrire, pour l’infection au VRS et la grippe, les dommages
ciques ; les bronchioles sont souvent atteintes, ce qui entraîne
physiopathologiques et les symptômes de l’infection et une bronchiolite marquée par une détresse respiratoire grave.
les particularités de la réponse immunitaire, ainsi que La transmission se fait par contact direct avec les sécrétions,
les moyens de prévention et de traitement. par inhalation de gouttelettes et par contact avec des objets
■ Décrire les difficultés associées à la prévention et à la fraîchement contaminés. Le virus persiste près de 8 heures
thérapie de ces deux infections virales. sur les objets et une demi-heure sur les mains. Le VRS peut
aussi provoquer une pneumonie potentiellement mortelle
Un virus doit vaincre plusieurs défenses de l’hôte qui visent
chez les personnes âgées. Les épidémies ont lieu l’hiver et au
à le piéger et à le détruire avant qu’il atteigne les voies res-
début du printemps. Presque tous les enfants sont infectés
piratoires inférieures et y déclenche une maladie.
avant l’âge de 2 ans. Nous avons déjà mentionné que le VRS
est aussi responsable de cas d’otite moyenne. Il doit son nom
à l’une de ses caractéristiques ; il provoque en effet l’hybrida-
La pneumonie virale tion somatique, ou syncytium, lorsqu’on le met en culture
La pneumonie virale est une complication potentielle de cellulaire. Il existe maintenant plusieurs tests sérologiques
la grippe, de la rougeole et même de la varicelle. Un certain rapides, portant sur des échantillons de sécrétions des voies
nombre d’Enterovirus et d’autres virus sont responsables de respiratoires, qui permettent de déceler à la fois le virus et
pneumonies virales, mais on isole et on détermine l’agent ses anticorps.
responsable dans seulement 1 % des cas d’infections ressem- L’immunité naturelle acquise est pratiquement nulle. On a
blant à une pneumonie, car peu de laboratoires ont l’équipe- approuvé l’emploi d’un produit d’immunoglobuline pour la
ment requis pour analyser de façon adéquate des échantillons protection des jeunes enfants ayant des troubles respiratoires,
cliniques susceptibles de contenir un virus. Lorsque la cause tels que l’asthme, qui mettent leur vie en danger. Un vaccin
20 QUATRIÈME PARTIE Les microorganismes et les maladies humaines
La grippe Spicule H
Lorsqu’il est question de la grippe, on ne peut passer dont les résultats devraient être disponibles en moins d’une
sous silence la grande pandémie de 1918-1919*, qui a entraîné heure, dans le cabinet même du médecin.
la mort de plus de 20 millions de personnes à l’échelle mon-
diale. On ne sait pas exactement pourquoi le nombre de
décès a été aussi élevé.Aujourd’hui, la majorité des victimes
sont de très jeunes enfants ou des personnes très âgées mais, Les mycoses des voies
en 1918-1919, le taux de mortalité a été particulièrement
élevé chez les jeunes adultes, qui mouraient souvent en quel- respiratoires inférieures
ques heures. L’infection, qui se limite d’ordinaire aux voies
Objectifs d’apprentissage
respiratoires supérieures,envahissait les poumons et causait une
pneumonie virale, en raison d’une modification particulière ■ Décrire l’épidémiologie de trois mycoses du système
La coccidioïdomycose
La coccidioïdomycose est aussi une mycose pulmonaire,
mais sa distribution est relativement limitée. L’agent causal,
Coccidioides immitis, est un mycète dimorphe. On rencontre
des conidies (spores) dans les régions semi-désertiques telles
b) Forme filamenteuse, productrice de spores, MO
que les sols alcalins secs du sud-ouest des États-Unis (Texas,
50 mm Californie et Arizona) et dans des sols du même type
présente dans le sol à des températures infé-
rieures à 35 °C ; les particules infectieuses du nord du Mexique et d’Amérique centrale ou du Sud.
sont généralement des spores. Étant donné que la maladie est fréquente dans la vallée du
FIGURE 24.18 Histoplasma capsulatum, mycète dimorphe
San Joaquin, en Californie, elle est parfois appelée fièvre du
responsable de l’histoplasmose. désert ou fièvre de San Joaquin. Dans les tissus, le microorga-
nisme forme des granulomes à paroi épaisse, remplis de
■ Que signifie le terme dimorphe ? spores, appelés sphérules ou sporanges (figure 24.20). Dans le
24 QUATRIÈME PARTIE Les microorganismes et les maladies humaines
sol, il produit des filaments qui se reproduisent par la forma- en Arizona. Les facteurs favorisants comprennent la crois-
tion d’arthroconidies qui, transportées par le vent, transmet- sance du nombre de résidents âgés et de personnes porteuses
tent l’infection. Il existe souvent une telle abondance du VIH ou atteintes du SIDA, de même que la période de
d’arthroconidies qu’une personne peut contracter la maladie grande sécheresse, qui a facilité la transmission par les pous-
simplement en conduisant son véhicule dans une région sières.Aux États-Unis, on estime que le nombre d’infections
endémique, surtout s’il y a des tourbillons de poussière. est de 100 000 par année et on dénombre annuellement de
Ainsi, on a observé une augmentation de l’incidence de la 50 à 100 décès dus à la maladie.
maladie après un tremblement de terre. On utilise l’amphotéricine B pour traiter les cas graves.
La majorité des infections ne sont pas apparentes, et Cependant, des médicaments imidazolés moins toxiques,
presque toutes les victimes guérissent en quelques semaines, dont le kétoconazole et l’itraconazole, sont des substances
même si elles ne sont pas traitées. Les symptômes de la coc- de remplacement utiles.
cidioïdomycose comprennent des douleurs musculaires et
parfois de la fièvre, de la toux, des infiltrats pulmonaires et
une perte de poids. Dans moins de 1 % des cas, une maladie La pneumonie à Pneumocystis
évolutive semblable à la tuberculose s’étend à tout l’orga- La pneumonie à Pneumocystis est causée par Pneumocystis
nisme humain. Dans cette forme plus sévère de la maladie, il carinii (figure 24.21). La classification taxinomique de ce
apparaît des nodules dans les poumons et parfois, dans d’autres microbe prête à controverse depuis sa découverte en 1909.
organes ; ces nodules sont souvent confondus avec des can- On a d’abord pensé qu’il s’agissait d’un trypanosome à un
cers pulmonaires. Chez une bonne proportion des adultes stade non mature, mais on n’est jamais arrivé à déterminer
habitant depuis longtemps dans une zone où l’infection est de façon certaine s’il est un protozoaire ou un mycète, car il
endémique, le test cutané démontre l’existence d’une infec- présente des caractéristiques des deux types de microorga-
tion à C. immitis antérieure. nismes. Des analyses récentes de l’ARN et d’autres proprié-
La coccidioïdomycose ressemble tellement à la tubercu- tés structurales indiquent qu’il est étroitement apparenté à
lose qu’il est nécessaire d’isoler l’agent pathogène pour éta- certaines levures.
blir un diagnostic exact. La méthode la plus fiable consiste La pneumonie à Pneumocystis sévit dans toutes les
à déterminer la présence de sphérules dans des tissus ou des régions du globe, et elle est parfois endémique en milieu
liquides. On peut mettre en culture le mycète prélevé dans hospitalier. L’agent pathogène est normalement présent dans
un liquide ou une lésion, mais les employés de laboratoire les poumons d’adultes sains, mais il déclenche une infection
doivent prendre bien soin de ne pas inhaler d’aérosols infec- opportuniste chez les patients immunodéprimés. Ce groupe
tieux. Il existe plusieurs tests sérologiques et sondes d’ADN comprend les personnes qui reçoivent des médicaments
permettant d’identifier les isolats. Un test cutané à la tuber- immunodépresseurs, destinés à réduire au minimum le risque
culine sert à éliminer la possibilité d’un cas de tuberculose. de rejet de tissus greffés, et celles dont le système immuni-
L’infection atteint particulièrement les hommes adultes ; taire est affaibli par le cancer. Les patients atteints du SIDA
des facteurs hormonaux seraient en cause. L’incidence de la sont également très sensibles à P. carinii, sans doute à cause de
coccidioïdomycose a augmenté récemment en Californie et la réactivation d’une infection asymptomatique.
FIGURE 24.20 Le cycle de vie 3 Une arthroconidie aéroportée 4 L’ arthroconidie inhalée grossit
de Coccidioides immitis, agent est inhalée. et commence à se transformer
causal de la coccidioïdomycose. en sphérule.
Des arthroconidies
■ Les arthroconidies se se propagent Les endospores
trouvent dans le sol et dans l’air. Une partie des libérées se Sphérule (diamètre
la poussière des régions arthroconidies disséminent d’environ 30 mm)
retournent dans un tissu
semi-désertiques. Les arthroconidies dans le tissu
se séparent de dans le sol et chacune
l’hyphe. se transforme
en une
2 L’hyphe nouvelle 5 Les endospores
commence à sphérule se développent
se segmenter Sol Humain dans la sphérule.
en arthroconidies.
Hyphe
tubulaire
6 La sphérule libère
des endospores.
1 Une arthroconidie (d’environ 5 mm de
longueur) germe dans un hyphe tubulaire.
CHAPITRE 24 Les maladies infectieuses du système respiratoire 25
La blastomycose (nord-américaine) sous forme filamenteuse dans le sol ; il survit aussi sous
La blastomycose est une maladie surtout nord-américaine forme de conidies dans le sol. On dénombre annuellement
qui sévit notamment aux États-Unis dans la vallée du Missis- aux États-Unis de 30 à 60 décès consécutifs à une infection
sippi et de l’Ohio ; au Canada, on la retrouve dans le sud de disséminée, mais la majorité des cas sont asymptomatiques.
l’Ontario et de l’Alberta ainsi que dans la vallée du Saint- La transmission se fait par inhalation du mycète ou par
Laurent au Québec. Le microorganisme se développe pro- son introduction dans le corps à la suite d’un traumatisme
bablement dans le sol lorsque ce dernier est riche en matières cutané. L’infection, qui touche d’abord les poumons, peut se
organiques. La maladie est provoquée par Blastomyces dermati- répandre rapidement et entraîner des lésions secondaires.
tidis, un mycète dimorphe existant sous forme de levure On observe fréquemment des ulcères cutanés, la formation
dans les tissus des êtres humains et animaux à sang chaud et d’abcès étendus et la destruction de tissus. L’atteinte cutanée
26 QUATRIÈME PARTIE Les microorganismes et les maladies humaines
peut aussi être l’unique manifestation de la maladie en gillus flavus, une moisissure des céréales, des arachides, secrète
particulier chez les individus dont le système immunitaire une aflatoxine qui a des effets mutagènes (chapitre 8, p. 251).
est affaibli par un diabète ou le SIDA. L’agent pathogène Le compost constitue un milieu propice à la croissance de
peut être isolé d’un échantillon de pus ou d’un prélèvement ces mycètes, de sorte que les agriculteurs et les jardiniers
par biopsie. L’amphotéricine B constitue généralement un sont fréquemment en contact avec une quantité infectieuse
traitement efficace. de ce type de spores.
Des personnes contractent des infections pulmonaires
similaires lorsqu’elles sont exposées à des spores de moisissures
Autres mycètes associés de genres différents, tels que Rhizopus et Mucor. Certaines
à des maladies respiratoires de ces maladies sont très dangereuses, en particulier les asper-
gilloses pulmonaires envahissantes. Les facteurs prédisposants
Plusieurs autres mycètes opportunistes sont susceptibles comprennent un affaiblissement du système immunitaire, le
de causer des maladies respiratoires, en particulier chez les cancer et le diabète. Comme pour la majorité des infections
personnes immunodéprimées ou atteintes de maladies chro- fongiques systémiques, il existe peu d’agents antifongiques
niques (cancer, diabète par exemple) ou en contact avec un efficaces ; il semble que l’amphotéricine B soit le plus utile.
nombre considérable de spores. L’aspergillose est une infec-
tion importante de ce type, qui se transmet par les spores * * *
d’Aspergillus fumigatus et d’autres espèces du genre Aspergillus Le tableau 24.2 présente une récapitulation des maladies
souvent présentes dans la végétation en putréfaction.Asper- respiratoires infectieuses décrites dans le présent chapitre.
peut-être encore à cause de changements physiologiques 7. La tuberculose miliaire est caractérisée par une perte
chez l’humain. de poids, de la toux et de l’atonie due aux multiples
7. Il y a production d’anticorps spécifiques des virus responsables. lésions organiques.
8. Le rhume est une infection courante à tout âge, 8. La chimiothérapie consiste habituellement à administrer
particulièrement chez les jeunes enfants. deux médicaments pendant 1 à 2 ans ; M. tuberculosis est
de plus en plus fréquemment résistant aux antibiotiques.
9. Un résultat positif à un test cutané à la tuberculine indique
soit une tuberculose active, soit une infection antérieure,
ou simplement le fait que la personne a été vaccinée
LES MALADIES INFECTIEUSES DES VOIES et qu’elle est immunisée contre la maladie.
RESPIRATOIRES INFÉRIEURES (P. XXX) 10. Le diagnostic de laboratoire repose sur la présence de bacilles
1. Beaucoup des microorganismes qui infectent les voies acido-alcoolo-résistants et sur l’isolement de la bactérie,
respiratoires supérieures infectent aussi les voies respiratoires laquelle requiert jusqu’à huit semaines d’incubation.
inférieures. 11. Mycobacterium bovis est responsable de la tuberculose bovine
2. Les infections des voies respiratoires inférieures comprennent et se transmet aux humains par l’intermédiaire de lait non
la bronchite et la pneumonie. pasteurisé.
12. Les infections à M. bovis touchent généralement les os
et le système lymphatique.
LE S BACT ÉRIOSES D ES VOIES 13. Le vaccin antituberculeux BCG est constitué d’une culture
RESPIRATOIRES IN FÉR IEURES ( p . X X X -X X X )
vivante avirulente de M. bovis.
14. Le complexe M. avium-intracellulare infecte les personnes
La coqueluche ( p . XXX) atteintes du SIDA à un stade avancé.
1. La coqueluche est causée par la bactérie Bordetella pertussis.
Cette maladie touche surtout les enfants. Les pneumonies bactériennes (p . X X X -X X X )
2. B. pertussis produit plusieurs toxines, dont la cytotoxine
trachéale, qui est responsable des dommages causés aux 1. La pneumonie typique est causée par S. pneumoniæ.
cellules ciliées, et la toxine coquelucheuse, qui est associée 2. Les pneumonies atypiques sont dues à d’autres
aux symptômes systémiques de la maladie. microorganismes.
3. Le stade initial de la coqueluche ressemble à un rhume ;
on l’appelle stade catarrhal. La pneumonie à pneumocoques (p . X X X -X X X )
4. L’accumulation de mucus dans la trachée et les bronches et la
destruction des cellules ciliées provoquent une toux profonde, 1. La pneumonie à pneumocoques est due à Streptococcus
caractéristique du stade paroxystique (le deuxième stade). pneumoniæ encapsulé qui résiste à la phagocytose.
5. La phase de convalescence (le troisième stade) peut durer 2. Les symptômes comprennent de la fièvre, de la difficulté
plusieurs mois. à respirer, des douleurs thoraciques et des crachats couleur
6. Le diagnostic de laboratoire repose sur l’isolement des rouille.
bactéries sur des milieux sélectifs, suivi de tests sérologiques. 3. L’identification des bactéries se fait au moyen de la production
7. L’incidence de la coqueluche a diminué grâce à la vaccination d’␣-hémolysines, de l’inhibition par l’optochine, de
systématique des enfants. la solubilité de la bile et de tests sérologiques.
4. Il existe un vaccin constitué de substance capsulaire purifiée
provenant de 23 sérotypes différents de S. pneumoniæ.
La tuberculose ( p . XXX -X X X )
1. La tuberculose est causée par Mycobacterium tuberculosis. La pneumonie à Hæmophilus influenzæ (p . XXX)
2. La résistance de l’agent pathogène aux acides et à l’alcool,
de même qu’à la sécheresse et aux désinfectants, est due 1. L’alcoolisme, la malnutrition, le cancer et le diabète sont
au fait que sa paroi cellulaire est riche en lipides. des facteurs prédisposants à la pneumonie à H. influenzæ.
3. M. tuberculosis peut être ingéré par des macrophagocytes alvéo- 2. H. influenzæ est un coccobacille à Gram négatif.
laires, dans lesquels il se reproduit s’il n’est pas détruit.
4. Les lésions formées par M. tuberculosis sont appelées tubercules. La pneumonie à mycoplasmes (p . X X X )
Des bactéries et des macrophagocytes morts composent la
lésion caséeuse qui, si elle se calcifie, devient visible sur une 1. La pneumonie à mycoplasmes, due à Mycoplasma pneumoniæ,
radiographie pulmonaire. est une maladie endémique. Elle est responsable de 20 % des
5. La liquéfaction de la lésion caséeuse produit une caverne cas de pneumonie, et est généralement traitée à la tétracycline.
tuberculeuse, dans laquelle M. tuberculosis est capable 2. M. pneumoniæ produit des colonies ayant un aspect « d’œuf
de croître. frit » après une incubation de deux semaines sur un milieu
6. La rupture d’une lésion caséeuse libère des bactéries dans de culture enrichi contenant du sérum de cheval et un extrait
les vaisseaux sanguins et lymphatiques, et peut ainsi entraîner de levure.
la formation de nouveaux foyers d’infection ; cet état s’appelle 3. Un des tests utilisés pour diagnostiquer la maladie repose
tuberculose miliaire. sur l’augmentation du titre des anticorps IgM.
30 QUATRIÈME PARTIE Les microorganismes et les maladies humaines
2. La majorité des cas sont subcliniques mais, en présence de le mode de transmission, les symptômes, le traitement, la
facteurs prédisposants tels que la fatigue et la malnutrition, prévention et les populations à risque.
l’infection peut évoluer vers une maladie ressemblant
à la tuberculose. 7. Nommez l’agent causal, les symptômes et le traitement de
quatre viroses du système respiratoire, et indiquez si chacune
atteint les voies respiratoires supérieures ou les voies respira-
La pneumonie à Pneumocystis ( p . XXX -X X X ) toires inférieures.
1. On trouve Pneumocystis carinii dans les poumons de personnes
8. Donnez les informations suivantes au sujet de la tuberculose :
saines.
l’agent causal et ses caractéristiques de virulence, le réservoir,
2. Pneumocystis carinii provoque des infections opportunistes
le mode de transmission, les symptômes, le traitement, la
chez les personnes immunodéprimées.
prévention et les populations à risque.
3. On utilise actuellement du triméthoprime ou de la penta-
midine pour traiter la pneumonie à Pneumocystis. 9. Dans quelles conditions les mycètes Aspergillus et Rhizopus
sont-ils susceptibles de causer des infections ?
La blastomycose (nord-américaine) ( p . X X X ) 10. Est-il suffisant de poser un diagnostic de pneumonie pour
1. Blastomyces dermatitidis est l’agent causal de la blastomycose. entreprendre un traitement avec un agent antimicrobien ?
2. L’infection débute dans les poumons et peut par la suite Justifiez brièvement votre réponse.
provoquer des abcès étendus dans d’autres parties du corps.
Des abcès cutanés peuvent apparaître au niveau d’une lésion. 11. Nommez l’agent causal, le mode de transmission et les
régions endémiques des maladies suivantes : l’histoplasmose,
la coccidioïdomycose, la blastomycose et la pneumonie
Autres mycètes associés à des maladies à Pneumocystis. Pourquoi ces infections sont-elles souvent
respiratoires ( p . XXX) dites « opportunistes » ?
1. Divers mycètes opportunistes sont susceptibles de provoquer
12. Décrivez brièvement le procédé et les résultats positifs d’un
des maladies respiratoires chez un hôte immunodéprimé,
test à la tuberculine, et indiquez ce que signifie un test positif.
surtout si la quantité de spores inhalée est importante.
2. Aspergillus, Rhizopus et Mucor font partie de ces mycètes
13. Expliquez l’augmentation de l’incidence du rhume par temps
opportunistes.
froid.
3. Une culture d’un prélèvement provenant d’un patient atteint 1. Vous finissez votre stage en pédiatrie. Votre professeur vous
de pneumonie ne semble pas se développer. Cependant, des soumet le cas d’un enfant de 4 ans atteint d’asthme sévère et
colonies en forme d’œufs frits sont visibles si on examine la hospitalisé parce qu’il présente depuis quatre jours une toux
boîte de Petri avec un grossissement de 100⫻. évolutive accompagnée, dans les deux derniers jours, d’accès
de fièvre. On a obtenu une culture de cocci à Gram positif
4. La détermination de la cause de cette forme de pneumonie assemblés par paires à partir d’un échantillon de sang. Le
requiert une culture cellulaire. diagnostic est une pneumonie à pneumocoques causée par
Streptococcus pneumoniæ.
5. L’examen microscopique d’une biopsie pulmonaire révèle
la présence de sphérules. Les parents de l’enfant sont inquiets car il s’agit de la
troisième pneumonie en un an et demi ; ils se demandent s’ils
6. À San Francisco, 10 techniciens en hygiène vétérinaire pré- ne devraient pas retirer l’enfant de la nouvelle garderie dans
sentent les premiers symptômes d’une pneumonie 2 semaines laquelle ils l’avaient placé. Vous devez leur expliquer pour-
après qu’on a installé 130 chèvres dans l’abri où ils travaillent. quoi l’enfant est sensible à l’infection, leur dire s’ils doivent
La maladie est causée par Coxiella burnetii. Lequel des énoncés laisser l’enfant dans la garderie ou l’en retirer, et leur expli-
suivants est faux ? quer pourquoi ils doivent être vigilants en regard de l’évolu-
a) Le diagnostic devrait reposer sur une culture de crachats tion de la pneumonie.
sur gélose au sang. Vous devez également faire un compte rendu aux autres
b) Il s’agit d’un parasite intracellulaire obligatoire. stagiaires sur les liens entre les caractéristiques de la virulence
c) La maladie est la fièvre Q. du microbe, les dommages physiologiques causés par la
d) La maladie est transmise par des aérosols. bactérie et le dysfonctionnement respiratoire de l’enfant.
e) L’inhalation de quelques agents pathogènes, voire d’un Vous devez aussi expliquer pourquoi une personne peut
seul, suffit à provoquer l’infection. contracter plus d’une fois une telle pneumonie (Indice : voir
le chapitre 15).
7. Lequel des phénomènes suivants entraîne tous les autres lors
d’une coqueluche ? 2. Janie est une fillette de 3 ans qui fréquente la même garderie
a) Le stade catarrhal d) L’accumulation de mucus
familiale que votre enfant durant la journée. Elle vient d’être
b) La toux e) Une cytotoxine trachéale
admise au service de pédiatrie et on a diagnostiqué une
c) La mort des cellules ciliées
coqueluche. Ses parents avaient d’abord cru à un mauvais
Associez les choix suivants aux énoncés des questions 8 à 10. rhume, mais les quintes de toux creuse et profonde de Janie,
a) Bordetella pertussis suivies de vomissements, les avaient inquiétés. Les services
b) Corynebacterium diphteriæ sociaux ont averti le personnel de la garderie. Vous craignez
c) Legionella pneumophila que votre enfant n’ait attrapé le microbe et le transmette
d) Mycobacterium tuberculosis à vos autres enfants, et vous décidez de vous informer sur
e) Aucun des choix précédents la virulence de la bactérie et sur sa contagiosité.
Décrivez les liens qui existent entre les caractéristiques
8. Microorganisme transmis par l’eau des climatiseurs de la virulence de la bactérie, les dommages physiologiques
et des humidificateurs. qu’elle cause et le dysfonctionnement respiratoire de l’enfant
(Indice : voir les chapitres 15 et 16).
9. Microorganisme responsable de la formation d’une membrane Expliquez pourquoi la garderie doit être avisée du cas de
obstruant la gorge. coqueluche.Avez-vous lieu de vous inquiéter si vos enfants
10. Microorganisme résistant à la destruction par des ont reçu le vaccin DCT ? Justifiez votre réponse. (Indice : voir
macrophagocytes. le chapitre 14)