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Réunion publique à Fuveau : Ethique et transparence

Vendredi 14 juin 2019 à 18h30

par Lucien-Alexandre Castronovo


Conseiller municipal d'Aix-en-Provence
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PRÉSENTATION DE LA RENCONTRE ET DES INTERVENANTS

Monsieur Lucien-Alexandre Castronovo, vous êtes conseiller municipal d’opposition à Aix-en-Provence. Quelle est votre place au
sein du conseil municipal ? Comment concevez-vous votre mission dans l’opposition ?

- 1983 : élu depuis 1983 opposition


- 1995 : dans la majorité du maire Jean-François Picheral (adjoint des quartiers sud à Pont de l'Arc + délégué aux relations avec
les CIQ)
- 2001 à aujourd'hui : opposition (36 ans en tout)
Le rôle de l'opposition est important. Elle a un devoir, celui de contrôler la politique de la majorité. C'est le jeu normal de la
démocratie.
On peut en profiter par exemple pour développer la vision que l'on a de l'action politique, défendre ses idées et les confronter
avec celles de la majorité.
A mes yeux, il faut un engagement total. Qui prend beaucoup de temps. Je m'y consacre pleinement.
Il faut aussi aller à la rencontre des citoyens et être présent partout où on le peut.
Je termine en précisant que je suis très attaché à l'éthique et à la transparence qui sont deux principes absolus pour la
démocratie.
Le mot éthique ne se confond pas avec celui de morale.
La morale est la distinction que l'on fait entre le bien et le mal, le juste et l'injuste.
L'éthique fait la distinction entre le bon et le mauvais, le légal et l'illégal, le légitime et l'illégitime.
La morale est variable et relative, selon les préceptes personnels que l'on choisit pour juger. C'est une affaire de conscience.
L'éthique est un principe de vie et de comporterment qui doit répondre à des règles communes et qui doit écarter tout mobile
subjectif. C'est donc à la fois une affaire de conscience et de droit.

RETOUR D’EXPÉRIENCE SUR LES THÈMES DE LA RENCONTRE

LA CORRUPTION, LES GARDE-FOUS

Monsieur Castronovo, vous êtes élu de l’opposition à Aix. Pensez-vous que votre rôle est de dénoncer la corruption ?

Dénoncer les cas de corruption lorsqu'on en possède les preuves, oui, c'est un des rôles de l'opposition. Il faut évidemment
dénoncer la corruption mais pas seulement sur le mode incantatoire.
Personnellement, j'ai engagé de nombreuses procédures devant les tribunaux.
Quelques exemples et pas des moindres concernant des abus de pouvoir et des contournements de la loi :
- En 2005, le régime indemnitaire établi à la tête du client.
- En 2005 aussi, le contrat abusif et illégal accordé au directeur de cabinet du maire, contrat annulé par le justice après dix ans
de procédures à mes frais 5 passages devant les juridictions.
- En 2005, plainte contre la députée Joissains pour conflits d'intérêts susceptibles de la déchoir de son mandat. Je n'ai jamais eu
de réponse du procureur.
- En 2017, plainte simple pour conflit d'intêrêts entre la maire d'Aix et son époux.
- Divers signalements d'infractions au code de l'urbanisme.
- Les errements décisionnels : l'annulation du Plan de déplacements urbains, l'annulation du contrat de signalisation commerciale
urbaine, le scandale immobilier par la vente au prix d'amis à des proches de la municipalité, la gestion désastreuse de la
délégation de service public relative au réseau de bus.

Y a-t-il des conséquences personnelles à le faire ?

Je n'ai jamais eu à en subir des conséquences personnelles car la fonction d'élu protège contre cela. En revanche, cela prend du
temps et coûte cher. Ma chance est que j'ai toujours gagné et que j'ai pu récupérer une grande partie de mes frais (11.200 euros
dépensés).
Je précise que le combat est inégal car les élus attaqués font la plupart du temps payer la collectivité pour leur défense et
n'hésitent pas à engager des avocats de renom qui coûtent cher.

On rencontre régulièrement des cas de corruption jugés avérés et pourtant les élus concernés restent en place, que peut-ont faire
contre cela ?

Je vois deux raisons à cela. La justice est trop lente, parce qu'elle manque d'effectifs, et j'estime que les sanctions ne sont pas
assez sévères pour décourager un maximum les élus de tricher.
J'ai souvent alerté la presse.
J'ai aussi saisi la Chambre régionale des comptes mais les délais de traitement sont longs et les rapports ne sont faits que tous
les quatre ou cinq ans en moyenne, parfois plus.
Je ne fais plus confiance au préfet ou au sous-préfet et pas trop au procureur qui sont nommés par l'Etat. J'ai toujours préféré
saisir les juridictions qui sont plus indépendantes, à mes yeux.
Mais là encore, il ne faut jamais lâcher. L'obstination paie. Je veux juste rappeler que ma demande d'annulation du contrat illégal
Joissains a duré 10 ans, avec 5 passages devant les juridictions pour ce même dossier.
LA TRANSPARENCE

L.A. Castronovo : Selon votre propre expérience, qu’en est-il de la transparence dans les instances où vous avez exercé votre rôle
d’élu ? Et quels sont les outils que l’on peut mettre en place pour l’appliquer ?

Personnellement, notamment lorsque j'ai fait partie d'une majorité, j'ai toujours tout mis sur la table. C'est, à mon avis, le seul
moyen d'être crédible auprès des citoyens en leur montrant que l'on se place du côté de l'intérêt général. L'élu doit avoir une
conduite exemplaire.
L’électeur se sent convoité mais le citoyen est oublié et souvent trahi !
Les citoyens aspirent à la transparence totale de la vie politique. Or, l'opacité des décisions conduit au repli sur soi ou à la
recherche de solutions simplistes.
Il faut veiller scrupuleusement à empêcher toute confusion entre intérêts publics et intérêts privés et à s'en tenir à l'obligation
faite à des détenteurs de mandats électifs de respecter la loi.

Alors, comment garantir une bonne gestion publique et rétablir un dialogue constructif avec les citoyens ?
Les outils ?
La loi a progressé peu à peu vers plus de transparence et de clarté.
Les mesures les plus récentes concernent la limitation du cumul des mandats et l'obligation de déclaration de patrimoine pour des
élus locaux. Mais cela n'est pas suffisant.

 Vie municipale

Pour ce qui concerne la vie municipale : en vrac,


→ se conformer strictement à la loi et aux limites qu'elle impose pour ne pas confondre des intérêts personnels et des intérêts
publics.
→ ne pas influencer des personnes susceptibles par leurs fonctions de vous arranger une affaire à titre personnel.
→ ne pas céder à des pressions extérieures visant à vous "acheter".
→ ne pas se rendre complice de personnes qui poussent à contrevenir aux lois, par intérêt.
→ ne pas prendre part à un vote si l'on est concerné de près ou loin par une décision (cf. Code général des collectivités
territoriales).
→ exercer notre mandat au nom de la parole donnée à ceux qui nous aurons accordé leur confiance et ne pas adopter un
comportement contraire à un souhait majoritaire.
→ pratiquer une assiduité normale aux séances du conseil municipal et au sein des commissions.
→ faciliter la création de missions d'information (loi de 2002).
→ mettre en place une inspection générale des services dont le rôle sera d'assurer une mission de veille, de contrôle et d'alerte (il
existe un contrôle de gestion mais qui ne concerne essentiellement que le service des marchés).
→ Lutter contre le sentiment répandu d’un "deux poids, deux mesures" passe par des orientations claires et des objectifs affichés.
C’est la première phase d’une reconquête possible de la démocratie, par les citoyens eux-mêmes.
Trois orientations peuvent concentrer notre attention :
→ Mise en retrait de ses fonctions systématique d’un élu mis en examen pour des infractions en lien avec son mandat, comme
tous les manquements au devoir de probité. Le maire ne peut obliger un élu à démissionner. En revanche, il peut lui retirer
l’ensemble de ses délégations.
→ Mise en œuvre de procédures pour garantir l’indépendance et l’impartialité du recrutement en qualité de stagiaire ou pour les
emplois publics.
→ Création d'un poste de déontologue (ou "référent-éthique") pour prévenir les conflits d’intérêts et qui aurait compétence pour
se prononcer sur les questions éthiques. Il serait également associé aux décisions dans les domaines d’élection connus du
clientélisme (logement, recrutement, permis de construire, etc.)
Autrement dit, il s'agit de s'imposer des règles intangibles qui font de chacun, dans sa fonction d'élu, une personne irréprochable,
exemplaire.

De nombreuses professions ont adopté des chartes de déontologie: journalistes, médecins, avocats… L'Etat s'est également doté
de codes tel que celui de la bioéthique (limites de ce qui est permis et acceptable).
Les notions attachées à l'éthique sont nombreuses et portent plusieurs noms : transparence, intégrité, probité, loyauté, respect.

LE PARTAGE DE LA DÉMOCRATIE, CONTRE-POUVOIRS

M. Castronovo, qu'est ce que réprésente pour vous le partage de la démocratie ? L'avez-vous déjà expérimenté ? Qu'est-ce
qu'elle apporte ?

La mise en œuvre de la démocratie locale de proximité :

- La concertation avec les citoyens et les corps intermédiaires et les institutions érigée en règle permanente pour favoriser et
faciliter le dialogue entre les élus et la population.
- Des instances d'initiatives citoyennes, d'écoute et de concertation permanente et efficace doivent être mises en place afin de
faciliter le dialogue et assurer l'épanouissement et la sécurité de tous et de chacun : notamment les conseils de quartiers et de
cadre de vie prévus par la loi (et quasiment pas appliqués à Aix à ce jour), des conseils de sages représentant les jeunes et les
personnes âgées, les associations, syndicats et groupements professionnels.
- L'information générale, institutionnelle et administrative, doit être mise à la disposition de tous.
- Rétablir un fonctionnement démocratique et transparent de l'administration municipale fondé sur le respect de la réglementation
s'appliquant aux personnels municipaux.
- Chaque année, faire un compte-rendu et un point de situation du projet de mandature.
- Une vie associative dynamique et transparente en mettant un terme aux disparités de traitement et en fixant une démarche de
rééquilibrage des moyens qui repose sur la définition et l’application de critères objectifs et équitables permettant d’assurer
sainement la prise en compte de la diversité de la vie associative.

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