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Monsieur Lucien-Alexandre Castronovo, vous êtes conseiller municipal d’opposition à Aix-en-Provence. Quelle est votre place au
sein du conseil municipal ? Comment concevez-vous votre mission dans l’opposition ?
Monsieur Castronovo, vous êtes élu de l’opposition à Aix. Pensez-vous que votre rôle est de dénoncer la corruption ?
Dénoncer les cas de corruption lorsqu'on en possède les preuves, oui, c'est un des rôles de l'opposition. Il faut évidemment
dénoncer la corruption mais pas seulement sur le mode incantatoire.
Personnellement, j'ai engagé de nombreuses procédures devant les tribunaux.
Quelques exemples et pas des moindres concernant des abus de pouvoir et des contournements de la loi :
- En 2005, le régime indemnitaire établi à la tête du client.
- En 2005 aussi, le contrat abusif et illégal accordé au directeur de cabinet du maire, contrat annulé par le justice après dix ans
de procédures à mes frais 5 passages devant les juridictions.
- En 2005, plainte contre la députée Joissains pour conflits d'intérêts susceptibles de la déchoir de son mandat. Je n'ai jamais eu
de réponse du procureur.
- En 2017, plainte simple pour conflit d'intêrêts entre la maire d'Aix et son époux.
- Divers signalements d'infractions au code de l'urbanisme.
- Les errements décisionnels : l'annulation du Plan de déplacements urbains, l'annulation du contrat de signalisation commerciale
urbaine, le scandale immobilier par la vente au prix d'amis à des proches de la municipalité, la gestion désastreuse de la
délégation de service public relative au réseau de bus.
Je n'ai jamais eu à en subir des conséquences personnelles car la fonction d'élu protège contre cela. En revanche, cela prend du
temps et coûte cher. Ma chance est que j'ai toujours gagné et que j'ai pu récupérer une grande partie de mes frais (11.200 euros
dépensés).
Je précise que le combat est inégal car les élus attaqués font la plupart du temps payer la collectivité pour leur défense et
n'hésitent pas à engager des avocats de renom qui coûtent cher.
On rencontre régulièrement des cas de corruption jugés avérés et pourtant les élus concernés restent en place, que peut-ont faire
contre cela ?
Je vois deux raisons à cela. La justice est trop lente, parce qu'elle manque d'effectifs, et j'estime que les sanctions ne sont pas
assez sévères pour décourager un maximum les élus de tricher.
J'ai souvent alerté la presse.
J'ai aussi saisi la Chambre régionale des comptes mais les délais de traitement sont longs et les rapports ne sont faits que tous
les quatre ou cinq ans en moyenne, parfois plus.
Je ne fais plus confiance au préfet ou au sous-préfet et pas trop au procureur qui sont nommés par l'Etat. J'ai toujours préféré
saisir les juridictions qui sont plus indépendantes, à mes yeux.
Mais là encore, il ne faut jamais lâcher. L'obstination paie. Je veux juste rappeler que ma demande d'annulation du contrat illégal
Joissains a duré 10 ans, avec 5 passages devant les juridictions pour ce même dossier.
LA TRANSPARENCE
L.A. Castronovo : Selon votre propre expérience, qu’en est-il de la transparence dans les instances où vous avez exercé votre rôle
d’élu ? Et quels sont les outils que l’on peut mettre en place pour l’appliquer ?
Personnellement, notamment lorsque j'ai fait partie d'une majorité, j'ai toujours tout mis sur la table. C'est, à mon avis, le seul
moyen d'être crédible auprès des citoyens en leur montrant que l'on se place du côté de l'intérêt général. L'élu doit avoir une
conduite exemplaire.
L’électeur se sent convoité mais le citoyen est oublié et souvent trahi !
Les citoyens aspirent à la transparence totale de la vie politique. Or, l'opacité des décisions conduit au repli sur soi ou à la
recherche de solutions simplistes.
Il faut veiller scrupuleusement à empêcher toute confusion entre intérêts publics et intérêts privés et à s'en tenir à l'obligation
faite à des détenteurs de mandats électifs de respecter la loi.
Alors, comment garantir une bonne gestion publique et rétablir un dialogue constructif avec les citoyens ?
Les outils ?
La loi a progressé peu à peu vers plus de transparence et de clarté.
Les mesures les plus récentes concernent la limitation du cumul des mandats et l'obligation de déclaration de patrimoine pour des
élus locaux. Mais cela n'est pas suffisant.
Vie municipale
De nombreuses professions ont adopté des chartes de déontologie: journalistes, médecins, avocats… L'Etat s'est également doté
de codes tel que celui de la bioéthique (limites de ce qui est permis et acceptable).
Les notions attachées à l'éthique sont nombreuses et portent plusieurs noms : transparence, intégrité, probité, loyauté, respect.
M. Castronovo, qu'est ce que réprésente pour vous le partage de la démocratie ? L'avez-vous déjà expérimenté ? Qu'est-ce
qu'elle apporte ?
- La concertation avec les citoyens et les corps intermédiaires et les institutions érigée en règle permanente pour favoriser et
faciliter le dialogue entre les élus et la population.
- Des instances d'initiatives citoyennes, d'écoute et de concertation permanente et efficace doivent être mises en place afin de
faciliter le dialogue et assurer l'épanouissement et la sécurité de tous et de chacun : notamment les conseils de quartiers et de
cadre de vie prévus par la loi (et quasiment pas appliqués à Aix à ce jour), des conseils de sages représentant les jeunes et les
personnes âgées, les associations, syndicats et groupements professionnels.
- L'information générale, institutionnelle et administrative, doit être mise à la disposition de tous.
- Rétablir un fonctionnement démocratique et transparent de l'administration municipale fondé sur le respect de la réglementation
s'appliquant aux personnels municipaux.
- Chaque année, faire un compte-rendu et un point de situation du projet de mandature.
- Une vie associative dynamique et transparente en mettant un terme aux disparités de traitement et en fixant une démarche de
rééquilibrage des moyens qui repose sur la définition et l’application de critères objectifs et équitables permettant d’assurer
sainement la prise en compte de la diversité de la vie associative.